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BIBLIOTHEQUE
HISTORIQUE
ET
MILITAIRE.
Parii. — Typographie cTEinile Allard. rue d'Enghlcn, U.
BIBLIOTHÈQUE
HISTORIQUE
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MILITAIRE,
t>ÉDIËE
A L'ARMKE et a U garde nationale de FRANCE,
,,■ ' PUBLIÉE
Par HMrVM? LISKENNE rr SAUVAN.
TOME CINQUilIE.
PARIS ,
ADMINISTRATION, IV. RUE DE LA VICTOIRE.
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HISTORIQUE
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MILITAIRE.
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FRÉDÉRIC n.
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ÀVÂNT-PROPOS.
La piapftrt des histoires qoe nous
avons sont des oomiHlations de men-
songes mêlés de quelques Térités. De
ee nombre prodigieox de faits qui nous
ont été transmb , on ne peut compter
pour avérés que ceux qui ontfait épo-
que , soit de l'élévation ou de la chute
des empires. Il paraît indubitable que
la bataille de Salamlne s*est donnée «
et que les Perses ont été vaincus par
les'Grecs. n n'y a aucun doute qu'A*
lexandre-le^rand n*ait subjugué l'em-
pire de Darius , que les Romains n'aient
vaincu les Carthaginois , Antiochus et
Persée ; cela est d'autant phis évident,
qu'ils ont possédé tous ces États. L'his-
toire acquiert plus de foi dans ce qu'el-
le rapporte des guerres dvQes de Ma-
rins et de Sylla, de Pompée et de César,
d'Auguste et d'Antoine, par l'authenti-
dté des auteurs contemporains qui
noQs ont décrit ces évènemens. On n'a
point de doute sur le boulerersement
de l'empire d'Occident et surodui d'O-
rient, car on voit naître et se former
des royaumes du démembrement de
l'empire romain ; mais lorsque la cu-
riosité nous invite à descemfaie dans le
détail des fSuts de ces temps reculés ,
nous nous prédpitoQS dans un labyrin*
llppMBd*ajMMrMs0tda oMtrMJSo
tions, et nous n'avons point deffl peur
en trouver Fissue. L'amour du rocr-«
veiileux, le préjugé des historiens, leur
sèle mal entendu pour la patrie , letv
haine pour les nations opposées , tou-
tes ces différentes passions qui ont
guidé leur plume, ainsi que les temps,
de beaucoup postérieurs aux évène-
mens , où ils écrivaient, ont si fort al*
téré les fUts en les déguisant, qu'a-
vec des yeux de lynx même, on ne
parrienArait pas à les dévoiler i pré-
sent.
Cependant, dans la (bule dliutêur»
de l'antiquité , Ton distingue avec sa*
tisfactioA la description que Xénophon
fait de la retraite des dix mille qu'il
avait commandés et ramenés luinnème
en Grèce. Thucydide jouit à peu près
des mêmes avantages. Nous sommes
charmés de trouver dans les fragmens
qui nous restent de Polybe, l'ami et le
compagnon de Scipion l'Afiricain , les
faits qu'A nous raconte, et dont lui-mé*
me a été le témoin. Les lettres de Goé-
ron à son ami Atticus portent le mê-
me caractère ; c'est un des acteurs da
ces grandes scènes qui parie. Je n'oiH
blieral point les Coatiwsnimrst da Cé-
sar, écrits avec la noUe iimplidté d*mi
granf hofonpe*, et ^poi qu'eu lit dl|
VJ ^ •
Hirtiufl, les relations dp itres histo-
riens sont en toat coDforuïes am évè-
nemens décrits dans ces Commentai^
ru ; mais depuis César, l'Jiîstgirç dq
contient qae des panégyriques on des
satires. La barbarie des temps suivans
a fait on chaos de l'histoire du bas-
empire , et l'on ne trouve d'intéressant
que les Mémoires écrits par la GUe is*.
l'amperrar Alexis Comnène, parce
qoe cette princesse rapporte ce qa'ellc
a YfL Depois, les moines, qui seuls
avaient qaelqces connaissances, ont
laissé des annales trouvées dans leurs
conyens, et qoi opt servi 4 i*bistoira
d'àDemagoe; mais quels matériaux
pour l'histoire ! Les Français ont eu un
évéque de Tours, un Joinville et le
J(mrnal d$ l' Étoile, faibles ouvrages de
compilateurs qui écrivaient ce qu'ils
apprenaient an hasard, mais qui difli-
cilement pouvaient être bien instruits.
Depuis la renaissance des lettres, la
passion d'écrire s'est change en fu-
rjBur, Nous n*avQn$ que trop de mé-
moires , d'anecdQti?rs et d^ relaliou^ ,
parmi lesquelles il faut s'en tenir au
patit nombre d*auteurs qui ont eu des
ç^r^es , qui out été eux-*mêmcs ac*
leurs ou attachés à la cour, ou qui ont
^tcnu des souverains la permission
4ç foujUcr duus le^ archives, tels que
1^ 5a^e présidcpt de Tbou , Philippe
(jp Comines , Vargal t fiscal du concile
dp Trente ; mademoiselle d'Orl(*ims, le
cHrdinal de Ret?, etc. Ajouton?-y les
Leltrejf de M. d'Estrades, les Mémoires
de M. de Torcy. monumcns curieux,
surtout ce denuer, qui nous déviiloppe
la vérité de ce test;imeot de Charles II,
rd d'Espace, sur lequel les sentimens
ont été si pvtagés.
Cps réflcilons sur l'iucertitudc iç
l'hîstoite, dont |e ine suis SQuvf^ut oc-
f^é, m'ont fait naîtcç l'idée jlç Ufi^S-
mettrc k la postérité les faits prind-
paux auxquels j'ai on part on dont j'ai
été témoin, aGn que ceux qui, à l'ave-
nir, gouverneront cet État puissent
cûongitf e (a vraie situation des choses
loTsqoe je parvins à la régence, les cau-
ses qui m'ont fait agir, mes moyens ,
les trames de nos ennemis, les négo-
ciations, les guerres, et surtout les bel-
les actions de nos officiers par lesquel-
les ils se sont acauis hmmortalité à
juste titre.
Depuis les révolutions qui bonîbver-
sèrent premièrement l'empire d'Occi-
dent, ensuite celui d'Orient; depuis
les succès immenses de Cbarlemagne ,
depuis l'époque brillante du règne de
Charles-Quint, après les troubles que
la réforme causa eu Allemagne et qui
durèrent trente années ; enfin , après
la guerre qui s'alluma à cause de la
succession d'Espagne, il n'est aucun
événement plus remarquable et plus
intéressant que celui que produisit la
mort de l'empereur Charles VI, der-
nier mâle de la maison d^Hapsbourg.
La cour de Vienne se vit attaquée
par un prince auquel elle ne pouvait
supposer assez de foire pour tenter
UI.C entreprise aussi dinioile. liientôt
il se forma une conjuration de rois et
de souverains , tous résolus à partager
cette immense succession. La cou-
ronne impériale passa dans la mais(^:'
de Bavière , et loriK]u il somblctit qiiv
les évènemens concouraieni à l\ ruine
de la Jeune reine de Hongrie, cette
princesse, par sa formeté et par son
habileté , se tira d'un pas aussi dange-
reux, et soutint sa monur<:hie en sarri-
fiant la Silésie et une petite partie du
Milanais : c'était tout ce qu on pou-
vait attendre d*une jeune pnncesse ,
qui, à peine parvenue au trénc« saisit
Ve^rit du gouvernement et devint
l'àij^ç 4ç ^n conseil.
Cet ouvrage, étant destiné nourla
ÂVANTnPiaMf.
postérité , me délivre de la gdne de
respecter les yivans et d'observer de
certains ménagemeos incompatibles
avec la franchise de la vérité : il me
sera permis de dire sans retenue et
tout haut ee que Ton pense tout bas.
Je peindrai ka princes telsqu ils sont ,
«ians prévention peur ceui qui ont été
nies alliés et sans haine pour ceux qui
ont éti^ mes ennemis; je ne parlerai de
moi-même que lorsque la nécessité m'y
obligera « et Ton me permettra, à
l'exemple de César, de faire mention
de ce qui me regarde, en personne
tierce, pour éviter l'odieux de Tégoïs-
me. C'est à la postérité à nous juger;
mais si nous sommes sages, nous de-
vons la prévenir eu nous jugeant ri-
goureusement nous-mêmes. Le vrai
mérite d'un bon prince est d'avoir un
attachement sincère au bien public,
d'aimer sa patrie et la gloire ; je dis la
gloire, car l'heureux instinct qui anime
les hommes du désir d'une bonne ré-
putation , est le vrai principe des ac-
tions héroïques : c'est le nerf de l'Ame,
il la réveille de sa léthargie , pour la
porter aux entreprises utiles, nécessai-
res et louables.
Tout ce qu'on avance dans ces mé-
moires, soit à l'égard des négociations,
des lettres des souverains, ou de trai-
tés signés, a ses preuves conservées
dans les archives. On peut répondre
des faits militaires comme témoin ocu-
laire : telle relation de bataille a été
différée de deux ou trois jours, pour
la rendre plus exacte et plus véri-
dique.
La postérité verra peut-être avec
surprise dans ces mémoires les récits
de traités faitaet rompus. Quoique ces
exemples soient communs, cela ne jufr-
tîflerait point l'auteur de cet ouvrage,
s'il n'avait d'autres raisons meilleures
(MT fMWiav sa QMiduitcu
▼y
L'intérêt de FËtat doit servir de rè-
gle aux souverains. Les cas de rompre
les alliances sont ceux l"» où l'allié
manque à remplir ses engagemens ;
2 où l'allié médite de vous tromper et
où il ne vous reste de ressource que de
le prévenir; 8" une force majeure qui
vous opprime et vous force à rompre
vos traités; k^ enfin, l'insuffisance des
moyens pour continuer la guerre. Par
je ne sais quelle fatalité ces malheureu-
ses richesses influent sur tout. Les prin-
ces sont les esclaves de leurs moyens ;
l'intérêt de l'État leur sert de loi,etcette
loi est inviohd)le. Si le prince est dans
l'obligation de sacrifier sa personne
même au salut de ses sujets , à plus
forte raison doii-il leur sacrifier des
liaisons dont la continuation leur de-
viendrait préjudiciable. Les exemples
de pareib traités rompus se rencontrent
communément. Notre intention n'est
pas de les justifier tous. J'ose pourtant
avancer qu'il en est de tels, que la né-
cessité ou la sagesse, la prudence ou le
bien des peuples obligeait de trans-
gresser, ne restant au souverain que
ce moyen-là d*éviter leur ruine. Si
François P' avait accompli le traité de
Madrid, il aurait, en perdant la Bour-
gogne, établi un ennemi dans le cœur
de S(^s États. C'était réduire la France
à rétat malheureux où elle était du
temps de Louis XI et de Louis XII.
Si , après la bataille de Miihibcrg , ga-
gnée par Charles-Quint, la ligue pro-
testante d'Allemagne ne s'était pas
fortifiée de l'appui de la France , elle
n'aurait pu éviter de porter les chaînes
que l'empereur lui préparait de longue
main. Si les Anglais n'avaient pas romp
pu Talliance, si contraire à leurs inté^
rets, par laquelle Charles II s'était ua
avec Lom'a XIV, leur puissance coural
risque d'être diminuée d'autant plol
que, dwia la halvice
Tope, la Fraifce raurait emporté de
beaucoup sur rAngletcrre. Les sages,
nui i>rv' voient les effels dans les causes,
* ;i lrm|>s s'opposer à œs causes
i....aruloineiit opposée^ à leurs in-
tLrfits. Qu'on me permeluî de m'ex-
pUquer exactement sur cette matière
délicate, que Ton n*a guère traitée
dogmatiquement. Il me paraît clair et
évident qu'un particulier doit être at-
taché scrupuleusement h sa parole ,
Teât-il même donnée inconsidérément.
Si on lui manque, il peut recourir a la
protection des lois ; et, quoi qu'il en
arrive, ce n'est qu'un individu qui
soulTre ; mais à quels tribunaux un sou-
verain prendra-t-il recours, si un au-
tre prince viole envers lui ses engage-
mens? La parole d'un particulier n'en-
traîne que le malheur d'un seul homme,
celle des souverains, des calamités' gé-
nérales pour des nations entières. (!eci
te réduit à cette question *: vaut 41
mieux que le peuple périsse, ou que le
prince rompe son traité? Quel serait
Fimbécille qui balancerait pour déci-
der cette question? Vous voyez, par
les cas que nous venons d'eiposer,
qu'avant de porter un jugement décisif
sur les actions d'un prince, il faut com-
mencer par examiner mûrement les
circonstances ou il s'est trouvé, la con-
duite de ses alliés, les ressources qu'il
poi/vait avoir ou qui hii manquaient
pour remplir ses engagemens; car,
comme nous l'avons déjà dit, le bon
ou le mauvais état des finances sont
comme le poub des États, qui influent
plus qu'on ne le croit , ni qu'on ne le
sait , dans les opérations politiques et
militaires. Le public, qui ignore ces dé-
tails, ne juge que sur les apparences ,
et se trompe par conséquent dans ses
décisions; la prudence empêche qu'on
ne le désabuse, parce que ce serait le
comble de la démeoee d'ébruiter soi*
*»%•
même , par vaine gloire , la partie ftil*
ble de I État. Les ennemis, charmés
d'une pareille découverte, ne manque-
ra ient pas d'en profiter. La sagesse
ciige donc qu'on abandonne au public
la liberté de sca Jugemcns téméraires
et que, ne pouvant se Justifier pendant
sa vie sans compromettre riotérêt de
l'État, Ton se contente de se légitimer
aux yeux désintéreasét de la postérité.
Peut-être ne sera-t-on pas fliché
que J'ajoute quelques réflexions géné-
rales k ce que je viens de dire, sur les
évènemens qui sont arrivés de mon
temps. J'ai vu que les petits États peu-
vent se soutenir contre les plus gran-
des monarchies, lorsque ces États ont
de l'industrie et beaucoup d'ordre dans
leurs affaires. Je trouve que les plus
grands empires ne vont que par des
abus, qu'ils sont remplis de confusion ,
et qu'ils ne se soutiennent que par
leurs vastes ressources et par la force
intrinsèque de leur masse. Les intri-
gues qui se font dans ces cours per-
draient des princes moins puissans;
elles nuisent toujours, mais elles n'em-
pêchent pas que de nombreuses ar-
mées ne conservent leur poids. J'ob-
serve que toutes les guerres entreprises
loin des frontières de ceux qui les en-
treprennent, n'ont pas les mêmes suc-
cès que celles qui se font à portée de
la patrie. Ne serait-ce pas par un sen-
timent naturel dans l'homme , qui sent
qu'il est plus juste de se défendre que
àe dépouiller son voisin? Mais peut-
être la raison physique Temporte-t-elle
sur la morale, par la difficulté de pour-
voir aux vivres dans an trop grand
éloignement de la frontière, à fournir
à temps les recrues, les remontes,
les habiUeDoens, les mtmitions de
guerre, etc. Ajoutons encore que phia
les troupes sont aventnéies diaiia dea
pays kNotaina, phia éllea <r<lg»et
aVaht-prohm.
ix
qu'on ne leur coupj la retraite, ou
qu'oa ne la leur rende diflîcile. Je m'a-
perçois de la supériorité marquée de la
flotte anglaise sur celle des Français et
des Espagnols réunie, et je m'étonne
comment la marine de Philippe II,
ayant eu autrefois cet ascendant sur
celle des Anglais et des Hollandais, n'a
pas conservé d'aussi grands avantages,
■e remarque encore avec surprise que
DUS ces armemens de mer sont plus
jDiir l'ostentation que pour Teffct , et
^u'au lieu de protéger le commerce,
ils ne Tempôchent pas de se détruire.
D'un côté se présente le roi d'Espagne,
souverain du Potose, obéré en Europe,
créancier à Madrid de ses ofBciers et
le ses domestiques; de l'autre le roi
d'Angleterre , qui répand à pleines
mains ses guinées, que trente ans d'in-
dustrie avaient accumulées dans la
Grande-Bretagne , pour soutenir la
reine de Hongrie et la pragmatique
sanction, indépendamment de quoi
cette reine de Hongrie est obligée de
sacriGer quelques provinces pour sau-
ver le reste. La capitale du monde
chrétien s'ouvre au premier venu, et
le Pape, n'osant pas accabler d'anathô-
raes ceux qui le font contribuer, est
obligé de les bénir. L'Italie est inon-
'dée d'étrangers, qui se battent pour la
subjuguer. L'exemple des Anglais en-
traine comme un torrent les Hollan-
dais dans cette guerre qui leur est
étrangère , et C€S républicains qui , du
temps que des héros, les Eugène , les
Malborough commandaient leurs ar-
mées, y envoyaient des députés pour
régler les opérations militaires, n'en
envoient point lorsiju un duc de Cum-
berland se trouve à la tête do leurs
troupes. Le Nord s'embrase el produit
une guerre funeste à la Suède. Le Da-
nemark s'anime , s'agite et se c<ilme.
iaSaxe change deux fois de par h' ; elle
ne gagne rien ni avec les uns ni avec
les antres, sinon qu'elle attire les Prov-
siens dans ses États et qu'elle se ruine.
Un conflit d'évènemons change les cau-
ses de la guerre ; cependant les effets
continuent, quoique le motif ait cessé.
La fortune passe rapidement d'un parti
dans l'autre ; mais l'ambition et le dé-
sir de la vengeance nourrissent et en-
tretiennent le feu de la guerre. Il sem-
ble voir une partie de joueurs qui veu-
lent avoir leur revanche et ne quittent
le jeu qu'après s'être entièrement rui-
nés. Si l'on demandait à un ministre
anglais : Quelle rage vous oblige à
prolonger la guerre? C'est que la France
ne pourra plus fournir aux frais de la
campagne prochaine, répondrait-il. Si
l'on faisait la même question à un mi-
nistre français, la réponse serait à peu
près semblable. Ce qu'il y a de déplo-
rable dans cette politique, c'est qu'elle
se joue de la vie des hommes et que le
sang humain, répandu avec profusion,
l'est inutilement. Encore, si par la
guerre on pouvait parvenir à fixer so-
lidement les frontières, et à maintenir
cette balance des pouvoirs si nécessaire
entre les souverains de l'Europe, on
pourrait regarder ceux qui ont péri
comme des victimes sacrifiées à la tran-
quillité et à la sûreté publique. Mais
qu'on s'envie des provinces en Améri-
que, ne voilà-t-il pas toute l'Europe
entraînée dans des partis diSérens
pour se battre sur mer et sur terre. Les
ambitieux devraient considérer surtout
que les armes et la discipline militaire
étant à peu près les /nêmes en Europe,
et les alliances mettant pour l'ordinaire
l'égalité des forces entre les parties
belligérantes, tout ce que les princes
peuvent allcndre de leurs plus grands
avantages dans les temps où nous vi-
vons , c'est d'acquérir par des succès
accumulés, ou quelque petite ville
11
Par ce traité l'emperear donnait des
provinces , et ta France de vaines ga-
ranties, à l'exception de la Toscane,
qui doit être envisagée comme une
possession précaire. La France garan^
tissait à l'empereur une loi domestique
qu'il avait publiée pour sa succession ,
si connue en Ear>*>e sous le nom de la
pragmaiique Sanaum. Cette loi devait
assurer à sa fille l'indivisibilité de sa
succession. On a sans doute lieu
d'être surpri3 en trouvant la fin du rè-
gne de Charles VI si inférieure à l'éclat
qu'il jeta à son commencement. La
cause des infortunes de ce prince ne
doit s'attribuer qu'à la perte du prince
Eugène. Après la mort de ce grand
honune, il n'y eut personne pour le
remplacer. L'État manqua de nerf, et
tomba dans la langueur et dans le dé-
périssement. Charles vï avait reçu de
la nature les qualités qui font le bon
citoyen, mais il n'en avait aucune de
celles qui font le grand homme : il était
généreux, mais sans discernement;
d'un esprit borné et sans pénétration :
il avait de l'application , mais sans gé-
nie, de sorte qu'en travaillant beau-
coup, il faisait peu ; il possédait bien
le droit germanique ; parlant plusieurs
langues et surtout le latin, dans lequel
il excellait; bon père, bon mari, mais
bigot et superstitieux comme tous les
princes ée la maison d'Autriche. On
l'avait élevé pour ebéir et non pour
commander. Ses ministres l'amusaient
à juger les procès du conseil aulique,
à s'attacher ponctuellement aux mi-
nuties du cérémonial et de l'étiquette
de la maison de Bourgogne ; et tandis
qu'il s'occupait de ces bagatelles , ou
rRia>iuc n.
avait fait passer à son service le prince
Eugène de Savoie dont nous venons de
parier. Ce prince avait porté le petit
collet en France. Louis XIV lui refusa
un bénéfice; Eugène demanda une
compagnie de dragons ; il ne Tobtint
pas non plus, parce qu*on méconnais-
sait son génie et que les jeunes sei-*
gneurs de la cour lui avaient donné le
sobriquet de Dame-Claude. Eugène,
voyant que toutes les portes de la for-
tune lui étaient interdites, quitta sa
mère, madame de Soissons, et la Fran-
ce, pour offrir ses services à l'empereur
Léopold. 11 devint colonel et reçut un
régiment; son mérite perça rapide-
ment. Les services signalés qu'il ren-
dit, et la supériorité de ses talens, ré-
levèrent dans peu aux premiers grades
nuilibiires. Il dc\ int généralissime, pré-
sident du conseil de guerre, et enfin
premier ministre de Tempereur Char-
les VI. Le prince Eugène se trouva
donc chef de l'armée impériale; il gou-
verna non seulement les provinces au-
trichiennes, mais l'empire même, et
proprement il était empereur. Tant
qu'il conserva la vigueur de son esprit,
les armes et les négociations des Au-
trichiens prospérèrent; mais lorsque
l'Age et les infirmités l'eurent aflfaibli ,
cette tête, qui avait si long -temps
travaillé pour le bien de la maison
impériale, fut hors d'état de conti-
nuer , et de lui rendre les mêmes
services. <}uelles réflexions humdian-
tes pour notre vanité ! Un Condé ,
un Eugène, un Malborough voient
l'extinction de leur esprit précéder
celle de leur corps, et les plus vastes
génios finissent par l'imbécillité! Pau«
que ce prince perdait son temps à la | vres humains, ensuite glorifiez-vous si
diasse, ses ministres , véritablement , vous Tosez ! i .n décadence des forces
maîtres de l'État, disposaicLt de tout ; du prin( (; Euf'î'n'^ îni l'époque des in-
despotiquement. | tri;,irs de ;or^ tes ministres autri*
La fortune de la mai^n d'Autriche chiens. Le comte de ZinzendoriT fCt^
t>ii:tdl«L<:riON.
13
qui( W pluiC?i»ci(*.nir:.î r-.'^i ;ir ilrihiï ih>h pins (\\\\ï\\ |.:;\s v;:i-tt î:r;îvornaît ,
inaîln»; il traYMif-nl \r.'.i. -ii r:r:.;iî |;i ' so l lissiî PfiînMri,'/ in\r > 's rni!::sirv j et
tK>nno ohrro. CV^iïil ^^^:'J::' r-: lu • lirm;;:! cr-^ cîîinr.wnn rniîi»' {WimîiiOî^
roiir inipiTialc, rX l>r';':'Tciir ^ii^^iil finiv;-îlriV.. :: >'-^<,i\ In vc^ff<^ 'ï'm!:'
que les bons ragoiils dr son ininistro ; ccs(i Aiigiiytr {• , roi t'c i*o!:/^T
lui fnisaient de mauvaisos nlfairé'S. Co î Deux i:aii(ii<latsit' pirsoii(v-v .;î ..rur
ministre était haut et fier; il se croyait I occui>er n» trôiic vaLaiii : inn , ( . lail
un Agrippa, un Mécène. Les princes
de l'empire étaient indignés de la du-
reté de son gouvernement; en cela
bien différent du prince Eugène, qui,
n'employant que la douceur, avait su
mener plus sûrement le corps germa-
nique à ses fins.
Lorsque le comte de Zinzendorff fut
employé au congrès de Cambrai, il
crut avoir pénétré le caractère du car-
dinal de Fleuri. Le Français, plus
habile que TAUemand, le joua sous
la jambe , et Zinzendorff retourna à
Vienne, persuadé qu'il gouvernerait la
cour de Versailles comme celle de l'em-
pereur. Peu de temps après, le prince
Eugène, qui voyait l'empereur tou-
jours occupé des moyens de soutenir
sa pragmatique sanction, lui dit que la
seule façon de l'assurer était d'entrete-
nir cent quatre-vingt mille hommes,
et qu'il indiquerait les fonds pour le
paiement de cette augmentation, si
l'empercnir y voulait consentir. Le gé-
nie de l'empereur, subjugué par celui
d'Eugène, n'osait rien lui refuser.
L'augmentation de quarante mille hom-
mes fut résolue , et bientôt l'armée se
trouva complète. Les comtes de Zin-
zendorff et de Stahremberg, ennemis
du prince Eugène, représentèrent à
l'empereur que srs pays , foulés par des
contributions énormes, ne pouvaient
suffire à l'entretirti d'ui.e si grosse ar-
mée, et qu'à moins ue vouloir ruiner
de fond en comble TAutriche , la Bo-
hême et les autres provinces, il fallait
réformer l'augmentation. Charles VI,
^ui ne connaissait rien r.iu imant^ea
Auguste, électeur de Saxe, îjIs dn der-
nier roi de Pologne, soutenu par l'em-
pereur des Romains, rimpératrico de
Russie, l'argent et les troupes saxon-
nes. L'autre était Stanislas Leckzinskv,
appelé par les vœux des Polonais et
protégé par Louis XV, son gendre;
mais le secours qu'il tira de la France
se réduisit à quatre bataillons. Il vit la
Pologne ; il fut assiégé à Dantzick ; il ne
put s'y maintenir, et renonça pour la
seconde fois au triste honneur de por-
ter le nom de roi dans une république
ou régnait l'anarchie.
Le comte de Zinzendorff comptait
si fort sur l'esprit pacifique du cardinal
de Fleuri, qu'il engagea légèrement sa
cour dans les troubles de la Pologne.
Le plaisir de dopner la couronne de
Pologne coûta à l'empereur trois royau-
mes et quelques belles provinces. Déjà
les Français avaient passé le Rhin, déjà
ils assiégeaient Kehl, qu'à Vienne on
faisait des paris sur leur inaction. Cette
guerre qu'on entreprit fut l'ouvrage de
la vanité, et la paix qui s*ensuivit, ce-
lui de la faiblesse. Le nom du prince
Eugène , qui imposait encore , soutint
les armes des Autrichiens sur le Rhin,
pendant les campagnes de 17% et de
1735, et bientôt après il cessa de vivre
mais trop tard pour sa gloire. Deux
emplois, qui avaient été réunis par to
prince Eugène, le conmtiandement de
l armée et la présidence du conseil,
furent séparés. Le comte de Harrach
eut la charge de président, et Kœnig-
seck, Wallis, Seckendorff, Neuperg,
Schmettau , Khevenhiiller et le prince
14
l-iJiDElUC II.
de Hildbourghausen briguèrent Thon-
neur dangereux de commander les ar-
mées impériales. Quelle t&cbe de lutter
contre la réputation du prince Eugène
et de remplir une place qu'il avait si
bien occupée ! D'ailleurs ces généraux
étaient aussi divisés entre eux que les
successeurs d'Alexandre. Pour sup-
pléer au mérite qui leur manquait, ils
avaient recours a l'intrigue : Secken-
dorfr et le (rince de Ilildbourgbausen
s'appuyaient du crédit de l'impératrice
et d'un minisire nommé Bartenstein ,
natif d'Alsace, de petite extraction,
mais laborieux, et qui, avec deux asso-
ciés, Knorr et Weber, formaient un
triumvirat qui gouvernait alors les af-
faires de Tempereur. Khevenhiiller
avait un parti dans le conseil de guerre,
et Wallis, qui se faisait gloire de haïr
et d'être haï de tout le monde, n'en
avait aucun. Les Russes étaient alors
en guerre avec les Turcs ; les succès
des premiers enflammaient le courage
des Autrichiens. Bartenstein crut qu'on
pourrait chasser les Turcs de l'Europe ;
Seckendorff disait au commandement
de l'armée. Ces deux personnes, sous
prétexte que l'empereur devait assister
les Russes, ses alliés, contre Fennemi
du nom chrétien, plongèrent la maison
d'Autriche dans un abîme de malheurs.
Tout le monde voulait conseiller l'em-
pereur; lej ministres, l'impératrice,
le duc de Lorraine , chacun tracassait
de son cdté. Il émanait du conseil im-
périal chaque jour de nouveaux pro*
jetsd'opérations ; les cabales des grands
qui se contrecarraient , et la jalousie
des généraax firent manquer toutes les
jitreprises. Les ordres que les géné-
raux recevaient de la i5u jjt se contre-
disaient les uns les autres, ou bien
obligeaient ces généraux à des opéra-
tions impraticables. Ce désordre do-
mestique devint j)lus funeste aux armes
autrichiennes que la puissance des in-
fidèles. A Vienne, on exposait le Vé-
nérable, tandis qu'on perdait les Inh
tailles en Hongrie, et l'on avait recours
aux prestiges de la superstition , pour
réparer les fautes de la malhabileté.
Seckendorff fut emprisonné à la fin de
sa première campagne, à cause, disait-
on, que son hérésie attirait le courroux
céleste. Kœnigseck, après avoir com-
mandé la seconde année, fut fait grand-
maître de l'impératrice» ce qui fit dire
à Wallis, qui eut le commandement la
troisième année, que son premier pré-
décesseur avait été encoDré, que le se-
cond était devenu eunuque du sérail ,
et qu'il lui restait d'avoir la tête tran-
chée; il ne se trompa guère; car.
après avoir perdu la bataille de Cnitz-
ka, il fut enfermé au château de Bronn.
Neuperg, que l'empereur et le duc de
Lorraine avaient instamment conjuré
d'accélérer la paix, la conclut avec les
Turcs à Belgrade, et pour récompense
fut, à son retour, confiné au château
de Glatz. Ainsi la cour de Vienne, n'o-
sant pas remonter à la cause de ses
malheurs, auxquels tout ce que la cour
avait de plus auguste avait contribué ,
pour se consoler punissait les instru-
mens subalternes de ses infortunes.
Après la conclusion de cette paix ,
l'armée autrichienne se trouva dans un
étal de délabrement affireux ; elle avait
fait des pertes considérables à Widdin,
à Mendia, à Pankowa, au Timoc, à
Crutzka : Pair malsain, les eaux bour-
beuses avaient occasionné des maladies
contagieuses, et la proximité des Turcs
lui avait communiqué la peste; elU
était en même temps ruinée et décou-
ragée. Après la paix, la plus grande
partie des troupes demeura en Hon-
grie ; mais leur nombre ne passait pas
quarante-trois mille combattans : per-
sonne ne pensa à recompléter rarikiée.
tNTKODDCnOil.
»
L*6nipereur n'avait d'ailleim que seize
mille hommes en Italie, dou7<? mille
an plus en Flandre et ( ir:^ ou six ré$n-
mens répandus dans les prrs bëredi-
taires. Au lieu donc que cette armée
devait faire le nombre de cent soixante
et quinie milio hommes , Teifectif ne
montait pas à quatre-vingt-deux miiie.
On avait supputé, l'année 1733, que
l'empereur pouvait avoir vingt-huit
millioaa de revenus ; il en avait bien
fierda depuis , et les dépenses de deux
guenes consécutives l'avaient abimé
de dett6B, qu'il avait peine à acquitter
crée vingt millions de revenus qui lui
partaient Outre cela, ses finances
étaient dans la plus grande confu«><^
Itee méaintdiligenoet ouverte régnait
«lire seft nunistres ; la jalousie divi-
«M les généranx , et l'empereur lui^
aiéuMv découragé par tant de mauvais
ineoèa, était dégoûté de la vanité des
grandeun. Cependant l'empire antri-
ehiem, malgré ses vket et ses faibles
ceoliés, figurait encore l'année 17/ftO eu
Kuope an nombre des puissances les
pfas focmidablee. L'on considérait ses
fesscoreee, et qu'une bonne tète y
pouvait tout changer; en attendant,
sa fierté suppléait à sa force, et sa
Ivoire paasée à sod humiliation pré-
sente.
Il n'en était pas de mên»e de la
France. Depuis l'année 1672, ce
royaume ne sfétnit pas trouvé dans
une situation plus brillante ; il devait
one partie de ses avantages à la sage
administration du cardinal de Fleuri.
Louis XIV avait placé ce csffdinal,
dors ancien évèque de Fréjus, en qua-
lité de précepteur auprès (te son petit-
fib. Les prêtres sont aussi ambiiieux
qae les autres hommes, et souvent
pins raffinés. Aprèa la mort du duc
p^Ortéauft» légent du royaume , Fleuri
fil eiiler le épo de Bourbeo^qui oocti-
pait cette place, pour la reinplir hû^
même. Il mettait plus de prudeiH20 qu;^>
d'activité dcfl? sa manière de ^t>u»<H-.
ner. Du lit de ses maitres^s, i\ pK ff /-
cutait les jansénistes ; il ne voulait, i^i^
des évêques orthodoxes, et cepoïKiaitl^.
dans une grande maladie qu'i) lit, ii
refusa les Siieremens de l'Ëgli&e^ la>
cheheu et Mazarin avaient épuÂié- tv
que la pompe et le faste peuvent tlonî
ner de considération. Fleuri fit, par
contraste, consister la grandeur dftitf
la simplicité. Ce cardinal ne Jimsfk
qu'une asseï mince succession 4 s^
neveux, mais il les enrichit par d;'ijii^
menses bienfaits que te roi répondit
Hnw AUX. Ce premier ministre pré&kaît
les négociations à la guerre, parce
qu'il était fort dans les intrigua» et
qu'il ne savait pas commander les ar-
mées; il affectait d'être pacifique, ponr
devenir t'arbitre plutôt que ie vauv-
queur des rois; hardi dans ^(^ pro-
jets, timide dans leur exécution ; éctA-
nome des revenus de l'Étal, ^ji doaé
d'un esprit d'ordre, qualités qui le rou-
dirent utile à la Fr&nce. dont les finan-
ces étaient épuisées par la guerre de
succession et par une administr^itian
vicieuse. Il négligea Irop le militaire,
et fit trop de cas des gens de Quance ;
4e son temps, la u^arine était presque
anéantie, et les troupes de terre $i fort
négligéea^ qu'elles ue purent, élever
leurs tente» pendant la prexuière. cam-
pagne de 1733. Avec quelques bon-
nes parties pour l'administration iulé-
oieure, ce ministre passait en Europe
pour faible et fourbe , vices qu'il te-
nait de l'Église , où U avait été éle<«
vé. Cependant l'économie du oat^dlinal
avait procuré au royavme le^ ipoyens
de se libérer d'une partie des dettes
immenses contractées sous le règfie
de Louis XIV. Il répara le^ dé^kOrilfes
de la régence ; et. à forced^ tamgp-
IR*'
r
ie
PBtiiÉiac a.
riier, la ftance se rele?a du bouie-
Tenement qu'avait causé le systëine
de Law.
D fallait vingt années de paix à cette
j Olonarchie pour respirer après tant de
calamités. Chauvelin , ministre en se-
cond, qui travaillait sous le cardinal, tira
le royaume de son inaction ; il fit ren-
dre la guerre que la France entreprit
Tannée 1733, dont le roi Stanislas était
le prétexte, mais par laquelle la France
.gagna la Lorraine. Les courtisans de
▼ersailles disaient que Chauvelin avait
eacamolé la guerre au cardinal, mais
que le cardinal lui avait escamoté la
paix. Chauvelin, encouragé et triom-
phant de ce que son coup d*essai avait
fi bien réussi, se flatta de pouvoir de-
venir le premier dans l'État. Il fallait
accabler celui qui Tétait ; il n'épargna
point les calomnies pour noircir ce
prélat dans l'esprit de Louis XV ; mais
ce prince , soumis au cardinal qu'il
croyait encore son précepteur, lui ren-
dit compte de tout. Chauvelin fut la
victime de son ambition. Sa place fut
donnée par le cardinal à H. Amelot ,
homme sans génie, auquel le premier
ministre se confiait hardiment, parce
qu'il n'avait pas les talens d'un homme
dangereux. La longue paix dont la
France avait joui avait interrompu
dans son militaire la succession des
grands généraux. M. de Yillars , qui
avait commandé la première campagne
en Italie, était mort. MM. de Broglîe ,
de Moailles, de Coigny étaient des
hommes médiocres ; Maillebois ne les
surpassait pas. H. de Noailles était ac*
cnsé de manquer de cet instinct belli-
queux qui se confie en ses propres for-
ces; il trouva un jour une épée pendue
à sa porte, avec cette inscription :
faim homicide ne teras. Les talens du
maréchal de Saxe n'étaient pas encore
développés. Le maréchal de Belle-Isie
était, de tous les mitilaires, oelMi fUl
avait le plus séduit le public; on le re-
gardait comme le soutien de la disd*
pline militaire. Son génie était vaste ,
son esprit brillant , son (x>urage auda*
deux ; son métier était sa passion, mais
il se livrait sans réserve à son imagina-
tion. Il faisait les projets, son frère les
rédigeait ; on appelait le maréchal l'i-
magination, et son frère le bon sens.
Depuis la paix de Vienne, la France
était l'arbitre de l'Europe. Ses armées
avaient triomphé en Italie comme en
Allemagne. Son ministre, Villeneuve,
avait conclu la paix de Belgrade ; elle
tenait la cour de Vienne, celle de Ma-
drid et celle de Stockholm dans une es-
pèce de dépendance. Ses forces mili-
taires consistaient en cent quatre-
vingts bataillons, chacun de six cents
hommes ; deux cent vingt-quatre es^
cadrons, à cent têtes; ce qui fait le
nombre de cent trente mille quatre
cents combattans, outre trente -six
mille hommes de milice. Sa marine
était considérable; elle pouvait met-
tre quatre-vingts vaisseaux de divers
rangs en mer, y compris les frégates
et, pour le service de cette flotte , on
comptait jusqu'à soixante mille mate-
lots enda^. Les revenus du royaume
montaient, l'année 17U, à soixante
millions d'écus, dont on décomptait
dix millions aflbctés au paiement des
intérêts des dettes de la couronne, qui
venaient encore de la guerre de sac-
cession. Le cardinal de Fleuri appelait
les fermiers-généraux, qui étaient à la
tête de cette recette, les quarante cù^
lonnes de l'État, parce qu'il envisa-
geait la richesse de ces trattans comme
la ressource la plus sûre du royaume.
L'espèce d'hommes la plus utile à la
société, qu'on appelle le peuple, ei qui
cultive les terres, était pauvre et obé-
rée, aortottt dans les provinces qu'bii
INTaODUCTlON.
17
appelle de conquête. Ëii revanche le
luxe et l'opulence de Paris égalaient
peut-être la somptuosité de l'ancienne
Rome du temps de Lucullus. On comp-
tait pour plus de dix millions d'argent
orfèvre, dans les maisons des parti-
culiers de cette capitale immense. Mais
les mœurs étaient dégénérés ; les Fran-
cis surtout, habitans de Paris, étaient
devenus des sybarites énervés par la
volupté et la mollesse. Les épargnes
que le cardinal avait faites pendant son
administration , furent absorbées en
partie par la guerre de 1733, et en par-
tie par la disette affreuse de l'année
17V0, qui ruina les plus florissantes
provinces du royaume. Des maux que
Law avait faits à la France, il était ré-
sulté une espèce de bien , consistant
dans la compagnie du Sud, établie au
port d'Orient; mais la supériorité des
flottes anglaises ruinant à chaque
guerre ce conunerce , que la marine
guerrière de la France ne pouvait pas
protéger suffisamment, cette compa-
gnie ne put à la longue se soutenir.
Telle était la situation de la France
Tannée 1740 : respectée au dehors,
pleine d'abus dans son intérieur, sous
le gouvernement d'un prince faible ,
qui s'était abandonné, lui et son royau-
me, à la direction du cardinal de
Fleuri.
Philippe V, que Louis XIV avait
placé, en se ruinant, sur le trône d'Es-
pagne, y régnait encore Ce prince
avait le malheur d'être sujet à des at-
taques d'une mélancolie noire, qui ap-
prochait assez de la démence ; il avait
abdiqué l'année 1726 en faveur de son
fils Louis, et il reprit le gouvernement
l'année 1727, après la mort de ce prin-
ce. Cette abdication s'était faite contre
la volonté de la reine Elisabeth Far-
nèse, née princesse de Parme; ellûau-
rait voulu gouverner le monde en-
tier ; elle ne pouvait vivre que sur le
trône.
La reine, pour empêcher le roi de
prendre désormais des dégoûts pour le
trône, l'y retint en entreprenant con-
tinuellement de nouvelles guerres,
soit avec les Barbaresques, soit avec les
Anglais, soit avec la maison d'Autriche.
La fierté d'un Spartiate, l'opiniAtreté
d'un Anglais, la finesse italienne et la vi-
vacité française , formaient le caractère
de cette femme singulière ; elle mar-
chait audacieusement à 1 accomplisse*
ment de ses desseins ; rien ne la sur-
prenait, rien ne pouvait l'arrêter.
Le cardinal Alberoni, si célèbre dans
son temps, avait un génie ressemblant
à celui de cette princesse ; il travailla
long-temps sous elle. La conspiration
du prince Cellamare perdit ce ministre,
et la reine fut obligée de l'exiler, pour
satisfaire à la vengeance du duc d'Or-
léans, régent de France. Un Hollan»
dais de nation, nommé Ripperda, rem-
plit cette place importante ; il avait de
l'esprit, cependant ses malversatâpnt
furent cause qu'il ne put se soutenir
long-temps. Ces changemens de minis-
tres furent imperceptibles en Espagne,
parce que les ministres n'étaient que
des instrumens dont la reine se ser-
vait, et que sa volonté seule réglait les
affaires.
L'année 1740 l'Espagne sortait de
l» guerre d'Italie qu'elle avait terminée
glorieusement. Bon Carlos, que les
Anglais avaient transporté en Toscane
pour succéder à Côme, dernier duc de
la maison de Médicis; ce don Cario8«
dis-je, était devenu roi de Naples, el
François de Lorraine avait reçu cette
Toscane en dédonunagement de la
Lorraine, que la France avait réunie à
sa monarchie. Ainsi ces mêmes An-
glais, qui avaient combattu avec tant
d'achamernoot «ontre Philippe Y. lU-
ao
FREDKRIC 11.
Le caractère dur des Anglais voulait
des tragédies sanglantes; ils avaient
perpétué ces combats de gladiateurs
qui sont l'opprobre de rhumanité ; ite
avaient produit le grand Newton « mais
aucun peintre, aucun sculpteur, ni au-
cun bon musicien. Pope florissait en-
core et embellissait la poésie des idées
mâles que lui fourrvissaient les Sbaf-
tesbury et les Bohnbroke. Le docteur
Swift, qu'on ne peut comparer à per-
sonne, était supérieur à ses compatrio-
tes pour le goût, et se signalait par des
critiques fines des mœurs et des usa-
ges. La vUle de Londres l'emportait
sur celle de Paris, en fait de popula-
tion, de deux cent mille âmes. Les ha-
bitans des trois royaumes montaient à
près de huit millions. L'Ecosse, encore
pleine de jacobites, gémissait sous le
joug de l'Angleterre, et les catholiques
d'Irlande se plaignaient de l'oppression
sous laquelle la haute Église les tenait
asservis.
A la suite de cette puissance se ran-
ge la Hollande , coDune une chaloupe
qui suit l'impulsion d'un vaisseau de
guerre auquel elle est attachée. De-
puis l'abolition du stadhouderat, cette
république avait pris une forme aristo-
cratique. Le grand pensionnaire, as-
sisté du greffier, propose les affaires à
l'assemblée des étatsngénéraux , don-
ne audience aux ministres étrangers
et en fait le rapport au conseil. Les
délibérations de ces assemblées sont
lentes ; le secret est mal gardé, parce
qu'il faut communiquer les affaires à
un trop grand nombre de députés. Les
Hollandais, comme citoyens, abhor-
rent le stadhouderat, qu'ils envisagent
comme un acheminement à la tyran-
nie ; et , comme marchands , ils n'ont
de politique que leur intérêt. Leur
gouvernement, par ses principes, les
rend plus propres à se défendre qu'à
attaquer leurs voisins.
tù'est avec une surprise mêlée d'ad-*
miration que Ton considère cette ré-
publique, établie sur un terrain maré-
cageux et stérile, à moitié entourée de
l'Océan, qui menace d'emporter ses
digues et de l'inonder. Une populatioD
de deux millions y jouit des richesses
et de l'opulence qu'elle doit k son com-
merce et aux jffodiges que son indus-
trie a opérés. La ville d'Amsterdam se
plaignait, à la vérité, que la compa-
gnie des Indes orientales des Danois
et celle des Fr&nçais, établie au port
d'Orient, portaient quelque préjudice
à son conunerce. Ces plaintes étaient
celles d'envieux. Une calamité plus
réelle affligeait alors la république. Une
espèce de vers^ qui se trouve dans les
ports de l'Asie, s'était introduite dans
leurs vaisseaux et puis dans le fasci-
nage qui soutient les digues, et rongea
les uns et les autres ; ce qui mettait la
Hollande dans la crainte de voir écrou-
ler ses boulevarts à la première tem-
pête. Le conseil assemblé ne trouva
d'autre remède à cette calamité que
d^ordonner des jours de jeûne par tout
le pays. Quelque plaisant dit que le
jour de jeûne aurait dû être indiqué
pour les vers. Cela n'empêchait pas
que l'État ne fût très riche ; il avait des
dettes qui dataient^ encore de la guerre
de succession, et qui, au lieu d'affai-
blir le crédit de la nation, l'augmen-
taient plutêt.Le pensionnaire Van der
Heim, qui gouvernait la Hollande, pas-
sait pour un homme ordinab-e : fleg-
matique, circonspect, même timide,
mais attaché à l'Angleterre par coutu-
me, par religion et par la crainte que
lui inspirait la France.
La république avait douze millions
d'écus de revenus, sans compter les
ressources de son crédit ; elle pouvait
mettre en mer quarante vaisseaux de
guerre ; eHe entretenait trente mille
hommes de troupes réglées, qui ser-
IHTROIIITCTJOff
vaieiit principalement à la garde de
»^ barrières, comme cela avait été dé-
terminé par la paix d'Utrecht; mais
son militaire n'était pins, comme au-
trefois, récole des héros. Depuis la
bataille de Malplaquet, où les Hollan-
dais perdirent la fleur de leurs troupes
et la pépinière de leurs officiers, et de-
puis l'abolition du stadhouderat, leurs
troupes s'avilirent manque de disci-
pline et de considération; elles n'a-
vaient plus de généraux capables du
commandement. Une paix de vingt-
huit années avait emporté les vieux
officiers, et Ton avait négligé d'en for-
mer de nouveaux. Le jeune prince
d'Orange, Guillaume de Nassau, se
flattait qu'étant de la famille des stad-
houdcrs, il pourrait parvenir au même
emploi. Cependant il n*avait qu'un pe-
tit parli dans la province de Gueldre,
et les républicains zéltrs lui étaient tous
opposés. Son esprit caustique et sati->
rique lui avait fait des ennemis, et
Toccasion lui avait manqué de pouvoir
développer ses talens. Dans cette situa-
tion, la république de Hollande était
ménagée par ses voisins, peu considé-
rée pour son influence dans les affaires
générales; elle était paciOque par prin-
cipe et guerrière par accident.
Si nous portons de la Hollande nos
regards vers le nord, nous y trouvons
le Danemarck et la Suède, royaumes à
peu près égaux en pm'ssance, mais
moins célèbres qu'ils ne l'avaient été
autrefois.
Sous le règne de Frédéric iV, le Da-
nemarck avait usurpé le Schleswig sur
la maison de Uolstein ; sous le règne
fie Christian VI , on voulait conquérir
le royaume des cieux. La reine Made-
leine de Bareuth se servait de la bigo-
terie pour que ce frein sacré empêchât
son mari de lui faire des infidélités ; et
kC roi, devenu. zélateur <Hitré de Lu-
ther, avait, par son exemple, entraîné
ai
toute sa cour dans le fanatisme. Un
prince dont l'imagination est frappée
de la Jérusalem céleste dédaigne les
fanges de la terre ; les soins des aflhiH
res sont pris pour des momens perdus,
les axiomes de la politique pour des
c^s de conscience ; les règles de TÉvan-
gile deviennent son code militaire, et
les intrigues des prêtres influent dàm
les délibérations de l'État. Depuis le
pieux Ënée , depuis les croisades de
saint Louis, nous ne voyous dans l'his-
toire aucun exemple de héros dérots.
Mahomet, loin d'être dévot, n'étaR
qu'un fourbe qui se servait de la rdi-
gion pour établir son empire et sa do^
mination. Le roi entretient trente-sli
mille hommes de troupes réglées; il
achète les recrues en Allemagne et
vend ces troupes à la puissance cpii
paie le mieux; il peut rassembler tren*
te mille miliciens ; ceux de la Nor-
vège passent pour les meilleurs. Lt
marine danoise est composée de vingt»
sept vaisseaux de ligne et de trente»
trois d'un ordre mférieur. Cette marine
est la partie de l'administration de ee
pays la plus perfectionnée ; tous le»
connaisseurs en font l'éloge. Les reve-
nus du Danemarck ne passent pas dnq
millions six cent mifle écus. Cette poiSr
sance était alors aux gages des Anglais,
qui lui payaient un subside de cent dn^
quante mille écus pour la solde de sii
mille hommes. Le prince de CulmlNich*
Bareuth commandait les troupes d6
terre; ni lui, ni les autres généraux a«
service de cette puissance ne méritent
d'artide dans ces mémoires. M. Sdin-
lin, ministre de ce prince, doit être
rangé dans la même catégorie. Il résulte
de ce que nous venons d'exposer que
le Danemarck doit être compté au nom-
bre des puissances du second ordre et
comme un accessoire qui, se rangeant
d'un parti , peut ajouter un grain h W
balance des pouvoirs.
FREDERIC 11.
Si de là vous passez en Suède , vous
De trouverex rien de comnwn entre
ces deux royaumes, sinon Tavidité de
tirer des subsides. Le gouvernement
Miédois est un mélange d'aristoonilic,
de démocratie et du gouvernement
monarchique , entre lesquels les deux
premiers genres prévalent. La diète
générale des États se rassemble tous
les trois ans. On élit un maréchal, le*
quel a la plus grande influence dans
les délibérations. Si les voix sont par-
tagées , le roi , qiii en a deux , décide
4e Tafiaire ; il choisit , sur trois candi-
dits qu*on lui propose, celui qu il veut
pour remiriir les places vaMnlcs. La
diète élit un comité secret, composé de
cent membres tirés des ordres de la no-
blesse, du clergé, des bourgeois et des
^) sans ; il eiamine la conduite que le
roi et le sénat ont tenue dans Tiiiter-
valle des diètes, et il donne au sénat des
instructions qui embrassent les aflnires
intérieures conune les étrangères. J^i
reine Ulrique , sœur de t'.harlcs \II ,
avait remis les rênes du gouvernement
entre les mains de son époux Frc-diVic
de Hesse. Ce nouveau roi respecta
serupuieiisement les droits de la na-
tion; il considérait sou )X)ste à peu
prèa comme un vieux lieutenant-colo-
nel invalide regarde un petit gouver-
nement qui lui procure une retraite
fcoluurable. Avant d*épouser In reine
L'iriqnet ce prince perdit la bataille de
Mont-Cassei, en Lombardie, pour don-
ner à son père, qui se trouvait dans
son armée, le spectacle d*un combat.
Le comte Oxenstiern avait été chance-
lier du royaume , il fut déplacé par le
comte de tjillenbourg. Ce comte s*était
aliaché les ofliciers, ce qui lui donnait
un parti considérable en Suède ; il dési-
rait la guerre, se flattant de relever sa
nation par quelque conquête. La
France 4éwaîi aneore phis de le aer-
î vir des Suéiiois, ( si)éTont abaisser par
eux la fierté russienne , «?t venger ain-
si les affronts que son ambassadeur
Monti, fait prisonnier à Dantzick, avait
essuyés à Pétersbourg ; dans cette vue
la l^rance payait à la Suède un subside
annuel de trois cx'nt mille écus, qui
ne rengageait ce|)endant a aucune
hostilité.
fji Suède n'était plus ce qu'elle avait
été autrefois. Les neuf dernières an-
nées du règne de Charles XII avaient
été signalées par dv^ ninlhours. L'e
royaume avait perdu la Livonie , un
grand morcc^au de* In PomcTanie et les
duchés de Brème et de Verdcn. Ce dé-
membrement la privait <le n^veiius, de
soldats et de grains (jue précédemment
elle n»tirait de ces provinces : la Livo-
nie était son magasin d'abondance.
Quoique la Suède ne contienne qu'en-
viron deux millions d'âmes, son sol
stérile et quantité de montagnes ari-
des, dont elle est couverte, ne lui fi;ui-
nissnient pas même de quoi nourrir
cette faible {K)|)ulation ; la cession de
la Livonie la réduisit aux abois. Les
Suédois révéraient cependant (quel-
que malheur qui leur fut arrivé] la
mémoire de <]harles Xli ; et, par une
suite assez ordinaire des contradictions
de Tesprit humain, ils loutragèrent
après sa mort en punissant tsœrtz du
dernicT suppli<*e, comme si le mi-
nistre était coupable des fautes de son
maître.
Les revenus de ce royaume mon-
talent environ à quatre millions d e-
cus ; il n'entretenait que sept mille
hommes de troupes réglées, et trente-
trois mille de milii^e étaient payés d'un
fonds différent. On avait donné, du
temps de t^harles XL des terres à cul-
tiver à ce nombre de paysans qui,
en même temps militaires , étaient
ebligés de s'aMembier le dimanche
pour faire Fexerdoe el s'instnim à
combattre pour la défense do pays;
mais lorsque la Suède faisait agir ces
troupes au-delà de ses frontières , il
fallait les solder du trésor public. Ses
ports contenaient yingt-qoatre yais-
seaui de Kgne et trente-six frégales.
Une longue paix avait rendu leurs sol-
dats paysans ; leurs meilleurs généraux
4Ment morts. L^ Bnddenbrock et les
Lœwenhanpt n^étaient pas oompann-
Mes aux Reinsktld ; mais un instinct
bettiquenx anhnatt encore cette na-
tion, et il ne lui manquait qu'un peu
de discipline et de bons conducteurs.
Cest le pays de Pharasmane , qui ne
produit que du fer et des soldats. De
toutes tes nations de l'Europe, la sué-
doise est la plus pauvre. L'or et l'ar-
gent ( j'en excepte les subsides) y sont
aussi peu connus qu'à Sparte ; degrui-
des {riaques de cuivre timbrées leur
tiennent Ueu de monnaie; el, pour
éviter l'incommodité du transport de
ces maases lourdes , on y avait substi-
tué le papier. L^exportation de ce
royaume se borne au cuivre, au fer et
an l>ois ; mais dans la balance du com-
merce, la Suède perd annuellement
dnq cent mille écua , à cause que ses
kesoms surpassent ses exportations. Le
cHmat rigoiveux où eHe est située lui
interdit toute industrie; sa laine groa-
rière ne produit que des draps inrqiresà
vêtir le bas peuple. Les plus beaux édi-
tées de Stoddiolm , ei les meilleurs pa-
lais que les seigneurs aient dans leurs
terres, datent de la guerre de trente ans.
<M royaume était effectivement gou-
«eihfté par ma triumvirat composé des
eantos Ttnro B)dke, Eckeblat et Ao-
'*§Êm. Lataède eonaervmt encore^ sous
lÉferme éa gouvernement républicain ,
4i leriédaseB teaapa monarchiques:
«1 Médoii 86 aïof ait supériev an ct-
mfm 4p MMnjirtM naiieB. Lagéttia
<8
des Gustave -Adolphe /U des Char-
les XII avait laissé des impressions si
profondes dans l'esprit des peuple>,
que ni les vicissitudes de la fortune, qi
le temps n'avaient pu les effacer, hi
Suède éprouva le sort de tout état mo-
narchique qui se change en républi-
cain; elle s'affaiblit. L'amour de la
^oire se changea en esprit d'intrigue ;
le désintéresaemeiit en avidité. Le bie^
puUic fut saeriflé au bien personnel ^
les corruptions aHèrent au point que
tantôt le parti français, tantôt la factiuq
russe l'emportait dans les diètes; mais
personne n'y soutenait le parti natio-r
nal. Avec ces défauts, les Suédois
avaient conservé l'esprit de conquête,
directement opposé à l'esprit républi-
cain, qui doit être padûque, s'il veut
conserver la forme du gouvernement
établi. Ce royaume, tel que nous ve-
nons de le représenter, ne pouvait
avoir qu'une faible influence dans les
affaire générales de l'Europe; aussi
avait-il perdu beaucoup de sa considé-
ration.
La Suède a pom* voisine une puis-
sance des phis redoutables. Depuis le
septentrion, en prenant de la mer gla-
ciale jusqu'aux bords de la mer Noire,
et de la Samogitie jusqu'aux frontières
de la Chine, s'étend le terrain im-
mense qui forme l'empire de Russie ,
ce qui produit huit cents nulles d'Allé
magne en longueur sur trois ou quatre
cents en largeur. Cet £tat, jadis bar-
bare, avait été ignoré en Europe avant
le czar Jwan Basilîde. Pierre P', poui
policer cette nation, travailla sur elle
comme l'eashforie sur le fer ; il fut et
le législaiem* et le fondateur de ce
vaste empire. 11 créa des hommes, des
soldats et des ministres; il fonda la
ville de Pétersbourg; il établit une ma*
rine considérable et parvint à faira
respecter sa nation et ses talens singv
Tl
MHnHWTO &
Uers à l'Europe entière. Anne Iira-
nowna (1), nièce de Pierre !•', gouver-
nait alors ce vaste empire ; elle avait
succédé a Pierre II, fils du premier
empereur. Le règne d'Anne fut mar-
qué par une foule d*évèncmens mé-
morsî>les; et, par quelcpies grands
hommes dont elle eut l'habileté de se
servir, ses armes donnèrent un rot à la
Pologne. Elle envoya au secours (2)
de Tempereur Charles YI dix mille
Russes au bord du Rhin, pays où cette
Aation avait été peu connue. La
guerre qu'elle fit aux Turcs fut un
cours de prospérités et de triomphes :
et lorsque l'empereur Charles VI en-
voyait solliciter la paix jusqu'au camp
des Turcs, elle dictait des lois à l'em-
pire ottoman. Elle protégea les scien-
ces dans sa résidence; elle envoya
même des savans au Kamtschatka, pour
trouver une route plus abrégée qui fa-
vorisât le commerce des Moscovites
avec les Chinois. Cette princesse avait
des qualités qui la rendaient digne du
rang qu'elle occupait; elle avait de l'é-
lévation dans l'Ame, de la fermeté dsis
l'esprit ; libérale dans ses récompenses ;
sévère dans ses chfttimens ; bonne par
tempérament; voluptueuse sans dé-
sordre.
Elle avait fait duc de Courlande Bi-
ron , son favori et son ministre. Les
gentilshommes , ses compatriotes , lui
disputaient jusqu'à l'andenneté de sa
BobleiM. Il était le seul qui eût un
ascendant marqué sur l'esprit de l'im-
pératrice; de son naturel, vain, gros-
sier et cruel, mais ferme dans les af-
faires , ne se refusant point aux en-
treprises les plus vastes. Son ambition
voulait porter le nom de sa maîtresse
fusqu'au bout du monde; d'ailleurs
(i) 1710.
(S) 1735
aussi avare pour amasser que prodigue
en ses dépenses ; ayant quelques qua-
lités utiles, sans en avoir de bonnes m
d'agréables. L'expérience avait formé,
sous le règne de Pierre I«', un homme
fait pour soutenir le poids du gouver-*
nement sous les successeurs de ce
prince : c'était le comte d'Ostermann.
Il conduisit en pilote habile, pendant
l'orage des révodutions, le gouvernail
de l'État d'une main toujours sûre, H
était originaire du comté de la Marck ,
en Westphalie , d'une extraction obs^
cure; mais les talens sont distribués
par la nature sans égard aux généalo-
gies. Ce ministre connaissait la Mo»-
covie comme Veiuey le corps hu-
main ; circonspect ou hardi, sdon que
le demandaient les circonstances, et
renonçant aux intrigues de la cour
pour se conserver la direction des af-
faires. On comptait, outre le comte Oa-
termann, le comte Lœwenwolde et le
vieux comte Golowkin au nombre des
ministres dont la Russie pouvait tirer
parti. Le comte de Munich, qui, du
service de Saxe avait passé à celai de
Pierre I«% était à la tête de l'année
russe : c'était le prince Eugène des
Moscovites. Il avait les vertus et les
vices des grands généraux : habile, ^
treprenant, heureux, mais fier, su-
pert>e, ambitieux, quelquefois tropdea-
potique, et sacrifiant la vie de ses
soldats à sa réputation. Lascy, Reith,
Lœwendahl et d'autres habiles géné-
raux se formaient dans son éeole Le
gouvernement entretenait alors dix
mille hommes de giurdes, CMt batail-
lons, qui faisaient le nombre de soixante
mille hommes, i4ngt mâle dragons,
deux mille cuirassiers, ce qui montait
au nombre de quatre-^inglrdoaie mille
honunes de troupes réglées, tieote
mUle de milice et aatant de Cosaques «
de Tartans el de OaknflBks qu'on poih
INTRODOCTION.
35
Toit assembler ; de sorte que cette puis-
sance mettait, sans faire d'efforts,
cent soixante- dix mille hommes en
campagne. La flotte mssienne était
évalâée alors à douze vaisseaux de li-
gne, vingt-six vaisseaux d'un ordre in-
férieur et quarante galères. Les reve-
nus de l'empire étaient de quatorze
ou quinze millions d'écus. La somme
paraît modique en la comparant à l'é-
tendue immense de ces États; mais
tout y est à bon marché. La denrée la
plus nécessaire aux souverains, les sol-
dats, ne coûtent pas pour leur entre-
tien la moitié de ce que paient les au-
tres puissances de l'Europe. Le soldat
russe ne reçoit que huit roubles par
an et des vivres qui s'achètent à vil
prix; ces vivres donnent lieu à ces
équipages énormes qu'ils traînent après
leurs armées. Dans la campagne que
le maréchal Munich fit, l'année 1737
contre les Turcs, on comptait dans son
armée autant de chariots que de com-
battans. Pierre l*' avait formé un pro-
jet que jamais prince avant lui n'avait
conçu. Au lieu que les conquérans
ne s'occupent qu'à étendre leurs fron-
tières, il voulait resserrer les siennes.
La raison en était que ses États étaient
«al peuplés en comparaison de leur
vaste étendue. Il voulait rassembler en-
tre Pétersbourg, Moscou, Kasan et
rUkraine les douze millions d'habitans
éparfrillés dans cet empire, pour bien
peupler et cultiver cette partie, qui se-
rait devenue d'une défense aisée par
les déserts qui l'auraient environnée
et séparée des Persans, des Turcs et
des Tartares. Ce projet, comme beau-
eoop d'autres, avorta par la mort de ce
grand honune.
le crar n'avait eu le temps que d'é-
bmdier le commerce. Sous l'impé-
fitrioe Anne, là flotte marchande des
île '^Vik entrer en aucune
comparaison avec cènes des puissances
du Sud. Cependant tout annonce a cet
empire que sa population , ses forces,
ses richesses et son commerce feront
les progrès les plus considérables. L'es>
prit de la nation est un mélange de dé-
fiance et de finesse ; paresseux , mais
intéressés, ils ont l'adresse de copier,
mais non le génie de l'invention : les
grands -sont factieux ; les gardes, re-
doutables aux souverains ; le peuple est
stupide, ivrogne, superstitieux et mal-
heureux. L'état des choses, tel que
nous venons de le rapporter, a sans
doute empêché que jusqu'ici l'Acadé-
mie des sciences n'ait fait des élèves
moscovites. Depuis les désastres de
Charies XII et l'établissement d'Au-
guste de Saxe en Pologne , depuis les
victoires du maréchal Munich sur les
Turcs, les Russes étaient réellement
le« arbitres du Nord ; ils étaient si re-
doutables, que personne ne pouvait
gagner en les attaquant , ayant des es-
pèces de déserts à traverser pour les
atteindre, et il y avait tout à perdre,
en se réduisant même à la guerre dé-
fensive, s'ils venaient vous attaquer.
Ce qui leur donne cet avantage, c'est le
nombre de Tartares, Cosaques et Cal-
mouks qu'ils ont dans leurs armées.
Ces hordes vagabondes de pillards et
d'incendiaires sont capables de détruire
par leurs incursions les provinces les
plus florissantes, sans que leur armée
même y mette le pied. Tous leurs voi-
sins, pour éviter ces dévastations, les
ménageaient, ei les Russes envisa-
geaient l'alliance qu'ils contractaient
avec d'autres peuples comme une
protection qu'ils accordaient à leurs
cliens.
L'influence de la Russie s'étendait
phis directement sur la Pologne que
sur ses autres voisins : cette république
fut forcée, a|Nrèa la«B|ort d'Auguste V^,
d'éike Aiignale D pov le placer sur que leur^ iLMi< >*eQi^TeDt. La Pologne
le UÔDe que aoD père avak occopé. La a Uâucouf^ «le productioiis et pas asseï
oatioo était pour ëlaoîdas; mais les d*hûbitâLS pour les coosommer. Ib
troupes rnsÊCà firent changer les vœux n eut de villes que Var^oTie, Cracovie,
de la natios à leur gré. Ce royaume Daclzick et Léopoid ; ks autes feraient
eat ^«^ une anarchie perpétuelle : les . de mauveis \ îUages en tout autre paya.
^Bandes faoûlies sont toutes divisées Comme la république manque entière*
d'intérêt; ib piélerent lenrs avantages ' meut de manufactures, le surplus dn
an bien puUic, et ne se rénni^îûcot blé de la consommation monte seul à
qn'en nsant de la même «Inreté pour deux cent mille winspels; ijoutes-y le
opprimer leurs sujets, qu'ils traitent bois, la potasse, les peaux, les bestianx
mains en hommes qn*en bëtes de et leschevaux dont ils fournissent leurs
somme. Les Polonais sont vains; hauts voisins. Tant de branches d*expoiia-
dans la fmtuoe, rampans dans Tadver- tion leur rendent la balance du com»
site ; eapaUes de tout pour amasser de merce avantageuse. Les villes de Brefr-
fargent, qu'ils jettent aussitôt par lau, Leipzic, Dantzick, Francfortrsur-
ks fenètnes lorsqu'ils Tout; frivoles, TOder et Kœnigsbergleur vendent leurs
sans jugement, toujours disposés à . marchandises, gagnent sur les denrées
prendre et à quitter un parti sans raî- qu'ils tirent de ce royaume, et (ont
son, et i ae précipiter, par Tinûonsé-r , payer chèrement i ee peuple grossie
quence de leur conduite, dans les plus , le prix de leur industrie. La Pologne
mauTaises affaires : ib ont des lois , entretient vingl-qnatre mille himmiea
mab personne no les observe, Csute | effectifs de mauvaises troupes ; elle
de jnstioe coërdtive. La cour voit i peut rassembla dans des cas jH-essana
grossir son parti lorsque beaucoup de son arrière-ban , connu sous le nom do
charges viennent i vaquer : le roi a : la Pospolite Bnsienîe. Cependant an
le privilège d'an disposer et de faire à , fut en vain qu'Auguste I*' le convoqua
chaque gratification de nouveaux in- ; contre Charks XII. U résulte de cet
grats. La diète s'assemble tous les trob \ exposé qu'il était facile à la Russie,
ans, soit à Grodno, soit à Varsovie. La j sous un gouvernement plus perfeci»
eour met sa politique à faire tomber ; tiooiié , de profiter de la faiblesse dgr
l'élection du maréchal de la diète sur { ce pays voisin et de gagner un ascen-
un sujet qui lui est dévoué. Malgré ses ■ dant supérieur sur un Etat aussi arv
soins, durant le règne d'Auguste II , il | riéré. Les revenus du roi ne passent
n*y a eu que la diète de pacification • pas un million d'écus. Les rois saxons
qui ait tenu. Cela ne peut manquer en employaient la plus grande par-*
d'arriver ainsi , puisqu'un seul député
dans les aasand>lées qm' s*oppose i leurs
délibérations, rompt la diète : c'est le
vېo des anciens Tribuus de Rome.
Les principales famillos de la Polo-
gne étaient alors les Czartorinsky, les
Potocky, les Tarlo, ks Lubomirsky.
L'esprit est tomhé en quenouille dans
ee royaume ; les ièmniea font les in-
ti^iisnes, alies iisfsisnt 4b ImI tandb
tie en corruption , dans l'espérance de
perpétuer le gouvernement dans leur
familk, et de rendre avec k temps
ce royaume héréditaire. Auguste II
était doux par paresse, prodigne par
vanité , soumis sans religion i son
confesseur , et sans asoMNif à la vo-
lonté de son épouse ; ajoutons sop
penchant aux directioips de son b^m
k /comte de itaiU. lêiim tmà^
INTUODltmON. 2t
sf?u<r qyi» Ton eut à vaincre pour le j II fallait un prince tei qu-Auguste II
placer sur ie trône de la Pologne, fut î pour qu'un homme du genre de Briihl
son indolence. La reine son épouse [ pût jouer le rôle de premier ministre,
était fille de Temporeur Léopold et Les généraux saxons n'étaient pas les
premiers hommes de guerre qu'il y eût
sœur de Télectrice de Bavière. Le fond
de son esprit (Hait acariâtre ; la hau-
teur et la superstition faisaient son ca-
ractère : eHe aurait voulu rendre la
Saxe catholique ; mais ce n'était pas
l'ouvrage d'un jour. Le comte de Briihl
etpflenechen étaient les ministres de la
Saxe. Le premier avait été page, le se-
cond laquais. Briihl avait été attaché au
premier roi ; il fut le principal instru-
ment qui ouvrît le chemin du trône à Au-
guste II; en reconnaissance, ce prince
Fassocia à la faveur de Sulkovsky, son
favori d'alors. L^ concurrence excite
la jalousie ; aussi s'alluma-t-elle bien-
tôt entre ces deux rivaux. Sulkovsky
avait dressé uu projet suivant lequel
Auguste devait s'emparer de la Bohème
après la mort de l'empereur Charles VI.
QOmme d'une succession qui lui revc-
uajt par les droits de son épouse, en
qualité de flUe de l'empereur Joseph ,
Vivifié des dQXïX frères, dont par consé-
qi^eqt la fille devait succéder préféra-
blemei^t à celle de son frère cadet. Le
rp4 convueuç^t à goûter ce plan.
Bvùiû, pour perdre son rival , commu-
niqua son projeta I0 coqr de Vienne,
qi4 traYaiUa , coojointemeqt avec lui ,
po^^ faire «saler l'auteur d'un dessein
9U|si opposé ^ ses intérêts ; qials par
oOte (Jjépiarche, Br^hl fut comme en-
ci^lm au> initérèt^ i^ la nouvelle mai-
soi» d'ÀijL^icbe. Cfi ijuinistre ne coa-
Qi^îssait qpe Jks finesses et les ruses qui
sont la p(>UUqiie des petits princes.
Citait l'bûiwie 4e ce siècle qui avait
le plu» d'babitii, 4e montres , de den-
UiÛi^^ 4e bottât de souliers et 4e pan-
loMQes. C^ Taur^it riingé daps le
nflioibi^.d^ (^ # Uw friaé^^ ai
bien parfumées qu'il ne craignait guère.
en Eîlrope. Le duc de Weissenfels
avait de la valeur, mais pas assez de
génie. Rutowsky, bâtard du roi Au-
guste I", s'était distingué à l'affaire (hi
Timoc ; mais il était trop épic^rien et
trop indolent pour le commandement.
La Saxe avait quelques gens d'esprit
que la jalousie de Briihl éloignaient
des affaires : cette cour était bien ser-
vie par ses espions et mal par ses mi-
nistres. £lle était si fort dépendante de
la Russie, qu'elle n'osait contracter
d'engagement sans la permission de
cette puissance: alors la Russie, la
cour de Vienne, l'Angietcrre et la
Saxe étaient alliées. La Saxe est une
des provinces les plus opulentes de
l'Allemagne : elle doit cet avantage à
la bonté de son sol et à l'industrie de
ses sujets, qui rendent leurs fabriques
florissantes. Le souverain en retirait
srx millions de revenus , dont on dé-
comptait un million cinq cent mille écus
employés à l'acquit des dettes aux-
quelles les deux élections de Pologne
avaient donné lieu. L'électeur entre-
tenait vingt-quatre mille hommes de
troupes réglées, et le pays pouvait en-
core lui fournir une milice de huit mille
honunes. Après l'électeur de Saxe,
l'électeur de Bavière est un des plus
pDJssans princes de l'AUeijnagne. Char-
les régnait alors. Son père Maxinylien
embrassa le parti de la France dans la
guerre de succession , et perdit, avec
lu bataille de Hoîcbstedt, ses Etats et
ses enfans. Cliarles fut même élevé à
Vienne dans l^ captivité Ce prince,
ep succédant k son père, ne trouva
q»e de^ gttfti^urs ft réparer. Ij éta'tf
doux , bienfaisant , trop facile. Il
«
FREDERIC rT.
comte Tœrring était à la fois son pre-
mier ministre et son général , et peut-
être également incapable de ces deux
emplois. La Bavière, rapporte cinq mil-
lionSf dont un million à peu près sert,
comme en Saxe, pour payer les vieilles
dettes. La France donnait alors à Té-
lecteur un subside de trois cent mille
écus. La Bavière est te pays de TAIIc-
magne le plus fertile et où il y a le
moins de génie : c'est le paradis ter-
restre habité par des bêtes. Les trou-
pes de rélecteur étaient délabrées ; de
six mille hommes qu'il avait envoyés
en Hongrie au service de l'empereur,
il n'en était pas revenu la moitié : tout
ce que la Bavière pouvait mettre en
campagne ne passait pas douze mille
hommes. L'électeur de Cologne, frère
de celui de Bavière, avait mis sur sa
tête le plus de mitres qu'il avait pu
s'approprier. Il était électeur de Co-
logne, évêque de Munster, de Pader-
born, d'Osnabruck, et de plus, grand-
mattre de l'ordre Teutonique ; il en-
tretenait huit à douze mille hommes,
dont il trafiquait comme un bouvier
avec ses bestiaux. Alors il s'était vendu
à la maison d'Autriche. L'électeur de
Mayence, doyen du collège électoral ,
n'a pas les ressources de celui de Co-
logne. Celui de Trêves est le plus mal
partagé de tous. Le baron d'Ëltz, alors
électeur de Maycm^, passait pour bon
citoyen, honnête homme et attaché à
sa patrie. Comme il était sans passions
et sans préjugés, il ne se livrait pas
aveuglément aux caprices de la cour
de Vienne. L'électeur de Trêves ne
savait que ramper. L'électeur palatin
ne jouait pas un grand rôle ; il avait
soutenu la neutralité dans la guerre de
1733, et son pays souflrit des désor-
dres que les deux armées y commi-
rent. 11 entretient huit à dix mille
hommes ; il a deux forteresses, Man-
heim et Dusseldorff; mais il manque
de soldats pour les défendre. Le reste
des ducs, des princes et des Etats de
l'empire était gouvemS par la cour
impériale avec un sceptre de fer. Les
faibles étaient esclaves, les puissans
étaient libres. Bans ce temps le duc de
Mecklenbourg avait un séquestre : les
commissaires de la coi^r d^ Vienne fo-
mentaient la désunion entre le duc et
ses Etats, et consumaient les uns et les
autres. Les petits princes portaient le
joug, faute de pouvoir le secouer;
leurs ministres, qui étaient gagés et
titrés par les empereurs, assujettis-
saient leurs maîtres au despotisme au-
trichien. Le corps germanique est puis-
sant, si vous considérez le nombre de
rois, d'électeurs et de princes qui le
composent ; il est faible, si vous exa-
minez les intérêts opposés qui le di-
visent. Les diètes de Ratisbonne ne
sont qu'une espèce de fantôme qui
rappelle la mémoire de ce qu'elles
étaient jadis. C'est une assemblée de
publicistes plus attachés aux formes
qu'aux choses. Un ministre qu'un sou-
verain envoie à cette assemblée, est
l'équivalent d'un mâtin de basse-cour
qui aboie à la lune. S'il est question
de faire la guerre, la cour impériale
sait confondre habilement sa querelle
particulière avec les intérêts de Tem-
pire, pour faire servir les forces ger-
maniques d'instrument à ses vues am-
bitieuses. Les religions différentes, to-
lérées en Allemagne , n'y causent plus
des convulsions violentes comme autre-
fois. Les partis subsistent, mais le zèle
s'est attiédi. Beaucoup de politiques
s'étonnent qu'un gouvernement aussi
singulier que celui de l'Allemagne ait
pu subsister si long-temps, et par un
jugement peu éclairé, ils attribuent sa
durée au phlegme national. Ce n'est
point cela. Les empereurs étaientélec-
INTRODUCTION.
tifs, et depuis Textinctiou de la race de
r.harlemague on voit toujours des prin-
ces d'une famille différente élevés à
cette dignité ; ils avaient des querelles
avec leurs voisins , ils eurent ce fa-
meux démêlé avec les papes touchant
l'investiture des évèques avec la crosse
et l'anneau ; ils étaient obligés de se
faire couronner à Rome : c'étaient au-
tant d'entraves qui les empêchaient
<rétablir le despotisme dans l'empire.
J>*uutre part, les électeurs, quelques
princes et quelques évêques étaient
assez forts en se réunissant pour s'op-
poser à l'ambition des empereurs;
mais ils ne Tétaient pas assez pour
chaDger la forme du gouvernement.
Depuis que la couronne impériale se
perpétua dans la maison d'Autriche,
le danger d*un despotisme devint ])lus
api>arent. Charles Quint, après la ba-
taille de Miihlberg , put se rendre sou-
verain; il négligea le moment, et
lorsque les Ferdinand ses succès
seurs voulurent tenter cette entre-
prise, la jalousie des Français et des
Suédois, qui s'y opposèrent, leur Ot
manquer leur projet; quant aux prin-
4^;es de l'empire , l'équilibre réciproque
et une envie mucuelle les empêchent
de s'agrandir.
En allant au midi de l'Allemagne
versFoccident, on trouve cette répu-
blique singulière, annexée, pour ainsi
dire, au corps germanique, en quel-
que manière U'ore. La Suisse, depuis
le temps de César, avait conservé la li-
berté, à l'exception d'un court espace,
où la maison d'Hapsbourg l'avait sub-
juguée. £ile ne porta pas long-temps
ce joug; les empereurs autrichiens
tentèrent vainement à difiërentes re-
prises d'assujettir ces montagnards bel-
liqueux : l'amour de la liberté et leurs
rochers escarpés les défendent contre
ramlMtion de leurs voisms. Durant la
guerre de la succession d'Espagne, le
comte de Luc, ambassadeur de France,
y suscita, sous le prétexte de la reli-
gion, une guerre intestine, pour em-
pêcher cette république de se mêler
aux troubles de l'Europe. Tous les deux
ans, les treize cantons tiennent une
diète générale, où préside alternative
ment un ^hultheiss de fieme ou dn
Zurich. Le canton de Berne joue dan!^
cette république ]e rôle de la ville
d'Amsterdam dans la république de
Hollande; il y jouit d'une prépondé^
rance décidée. Les deux tiers de h
Suisse sont de la religion réformée, le
reste est catholique. Ces réformés, par
leur rigidité, ressemblent aux presbyté-
riens de r Angleterre, et les catholiques,
à ce que l'Espagne produit de plus fa-
natique. La sagesse de ce gouverne-
ment consiste en ce que les peuples
n'y étant pas foulés, sont aussi heu-
reux que le comporte leur état, et que
ne s'écartant jamais des principes de
la modération, ils se sont toujours coih
serves indépendans par leur sagesse.
Cette république peut rassembler sans
effort cent mille hommes pour sa dé-
fense, et elle a accumulé assez de ri-
chesses pour soudoyer pendant trois
années ce nombre de troupes. Tant
d*arrangemens sages et estimables
semblent avilis par l'usage barbare de
vendre leurs sujets à qui veut les
payer : d'où il résulte que les Suisses
d'un même canton au service de la
France font la guerre à leurs proches
au service de la Hollande ; mais qu'y
a-t-il de parfait au monde?
Si de là nous descendons en Italie^
nous trouvons cet ancien empire ro-»
main divisé' en autant de parties qui
l'ambition des princes a pu la démenh
brer. La Lombardie est partagée entii
les Vénitiens, les Autrichiens» les Sa*
vpjards et les Génois. De ces
W f HUIBRII! If.
éws , celles dv fol de Snrdslgnc pa- | ment du comte de ÎKdffebols; ces »
laissent les plus consMérabléis. YMôr-
âmédée sortait alors de le gi^^Yre qa'il
trvaît sontemie eèirtre hr maison d'An-
triciie , par IttcpieHe il atait écorné le
doehé de MAan. Ses États hrf rappor-
taient environ ôÈiq mHiîons de reve-
BBS , avec lesquels il eittretenait en
lemps de paii treurte mffl^ hommes ,
qu^il poûraît porter à ({oarante mille
en temps de guerre. Yictor-Amédée
passait en Italie, parmi les connais-
seors, pour nn prînoe verse dans la
pofitiqne et bien éclairé sur ses inté-
rêts. Son ministre, le marqtiis d'Or-
mée, avait la réputation de n'avoir
pas mal profité h l'école de Machiavel.
La politique de cet État consistait à
tenir la balance entre la maison d'Au-
triche et les deux branfches de la mai-
son de Bourbon, afin de se ménager,
par cet équilibre, les moyens d'éten-
dre et d'augmenter ses possessions.
Gharies-fimmanuel av^rit souveAt dit :
c Mon fils, le MHanals est comme un
» artichaut, il faut le manger feuille
» par feuille, n t)atis Ce temps, le roi
de Sardisigne, rmfisposé' contre les
Bourbons au s<rj^ de là pafx de 1737,
que le cardinal de Fleuri avait conclue
à son însQ, pefrchait pour la maison
d'Antricfae.
Le reste de la Lombardie était par-
tagé eomme nous Tavotis dit . L'empe-
reur 7 possédait le Milanais , le Man-
louan, le Plaisatotin, ef on avait établi
en> Toscane son gendre le duc de Lor-
raine. La répHbliqut; âc Gènes , située
à l'occident de la Savoie , était encore
fameuse par sa banque, par un reste
de commerce et par ses beaux palais
de marbre. La Cors>^ s'était rêvoff^e
centime elle. La première rébellion fui!
apaisée par les troupes (pïc Tempereur
y éaftfY^ rànnée 17%; la secoùde,
po^ Ito FMi^a soini lé cottkiUftitife-
eours étrangers étouflgfent te feu pour
un temps, sans pouvoir f étef Adrè toût-
à-fait.
yeirfsé , située du cMé de Torfent ,
est frfus considérable que Gènes. Cette
stf^erbe cité s'élève âur soiiante-doute
lies , qtii contiennent deul cefrt mille
habitans; elle est gouvernée par ut
conseil , à la tète duquel est un doge
soumis à la ridicule cérémonie de se
marier tous les ans avec fa mer Adria-
tique. Au dix-septième siècle , la ré-
publique perdit l'île de Candie ; et ,
alliée des Autrichiens au dix-huitième
siècle, lorsque le grand Eugène con-
quit Belgrade et Témeswar , elle per-
dit la Morée. Venise a des vaisseaux,
sans qu'ils soient assez nombreux pour
former une flotte. Elle entretient
quinze mille hommes de tfoupes de
terre; le général qui les commande
est ce même Schulenbourg qui , dans
la guerre de Pologne, échappa par son
habileté à Charles Xît à la bataille de
Franstadt, et fit cette belle retraite
en âilésie , au passage de la Bartsch.
Les TénîUens et les Génois, avant
la découverte de la boussole , foumis-
saietit l'AHemagne de foutes les mar-
chandises que le luxe fait ramasser aux
extrémités de l'Asie; de nos temps,
ce sont les Anglais et tes Hollandais
qui, leur ayant enlevé ce négoce, s'en
sont attribué les avantages.
La guerre de 1733 avaiï fait passer
don Carlos de toscane sur te trâne de
Naples. Ce royaume avait été conquis
sur Louis XIÏ par Gonsalve de Cor-
doue , surnommé (e grand capitaine ,
pour Ferdinand-le-Catholique. La mort
de Cfiaries lt, roi d'Espagne, le fit pas-
ser, durant la guerre de succession,
sous la domination autrichienne, et
<furant la guerre de 1733, le succès de
f aflfaire de Bîfonto le remit de nouveau
INTHMUC^I'ION . 31
foos les lois de don Carlos. Ce prince , l dans les affiiîfo? fWfWf fqiiê<. La f enaiV
trop jeune pour gouverner, était dirigé | sauce des lettreî^ et h réforme avaient
par le comte de Saint-£stevaa, qui ne
faisait qu'exécuter dans ce royaume
les ordres de la reine d'Espagne. Le
royaume de Naples, y compris la Si-
cile, rapportait environ quatre millions
à son souverain ; l'État n'entretenait
que douze noâlle homme«
Nous ne faisons poîr>t ratention dans
ce résumé, ni du duc de Modène , ni
de la république de Lucques, ni de
celle de Raguse : ce sont des miniatu-
res déplacées dans une grande galerie
de tableaux.
Le ^int^iégef venait alors de va-
quer par la mort de Clément XII, de
la maison de Corstnî; le conclave
dura un an. Le Saint-Esprit denieura
incertain jusqu'au jour que les factions
des couronnes purent s*accommoder.
Le c^dinal Lanbertini, ennuyé de ces
longueurs, dit aux autres cardinaux :
« Décidez-vous enfin sur le choix d'un
» pape. Voulez-vous un dévot? prenez
» Aldobraudi ; voulez- vous un savant?
» prenez Coscia ; ou si vous voulez
» un bouffon, me voici. » Le Saint-
Esprit choisit celui qui était de sï belle
humeur. Land^ertini fut éhi pape et
prit le nom de BenoH XÏV. A son avè-
nement au pontiGcat, Rome et tes pa
pes no gouvernaient plus le monde
comme autrefois; les empereurs ne
servaient plus de marchepied aux pon-
tifes, et n'allaient phis s'avilir à Rome
comnae les Frédéric Rarberousse ; Char-
les-Quint leur avait fait sentir sa puis-
sance, et l'empereur Joseph ne les
trtt4a pas plus doaceAient, lorsque,
durant la guerre de succession, il s'em-
para de Coraachio. Le pape n'étaît, en
Tannée 17W^, qtue îe premier évoque
de la chrétienté; il avait le départe-
ment de la foi, qu'on lui abandonnait;
mais il ninfluait plus comm€i autrefois
porté un coup mortel à la suporstîfion.
On canonisait quefqnefois des saints ,
pour ifetk pas perdre l'usage ; mais un
pape qui aurait voulu prêcher des croi-
sades dans le dix-huitième siè(!le, n'eût
pas attroupé vingt polissons. Il était ré-
duit à l'humiliant emploi d'exercer les
fonctions de son sacerdoce et de faire
en hftte la fortune de ses neveux. Tout
ce que le pape put faire pour l'empe-
reur, engagé dans la guerre des Turcs,
l'année 1737, fut de l'autoriser par i>os
brefs à lever des dîmes sur les biens
ecclésiastiques, et à faire planter des
croix de mission dans toutes les villes
de sa dépendance, on le peuple courait
en foule vomir de saintes imprécations
j contre les Turcs. L'empire ottoman ne
s'en ressentit pas ; s'il avait été battu
par les Russes, il fut partout victorieux
des Autrichiens.
Ronneval, ce fameux aventurier,
se trouvait alors à Constantinople; du
service de France il avait passé à celui
de l'empereur, qu'il quitta par légèreté
pour se faire Turc. Tl n'était pas dé-
pourvu de talens ; il proposa au grand-
visir de former l'artillerie sur le pied
européen, de discipliner les janissaires,
et d'introduire de Tordre dans cette
multitude innombrable de troupes qui
ne combat qu'en confusion. Ce projet
pouvait devenir dangereux pour les
voisins; mais il fut rejeté comme con-
traire à FAlcoran, dans lequel Maho-*
met recommande surtout de ne jamais
toucher aux anciennes coutumes. La
nation turque a naturellement de l'es*-
prit; c'est F ignorance qui l'abrutit.
Elle est brave sans art ; elle ne con-
naît rien à ta police, sa politique est
encore plus pitoyable. Le dogme de la
fatalité , qui chez elle a beaucoup de
créaTice, fait qu'ils rejettent la cause
32 PAiuteic n.
de tous leurs malheurs sur Dieu , et | veut, et qu'il n*y a qu'à y dianger le
nom des acteurs; mais suivre la dé-
couverte de vârités Jusque là incon-
nues, saisir les causes qui ont produit
le changement dans les mœurs et ce
qui a donné lieu à dissiper les ténèbres
de la barbarie, qui empêchaient d'é-
clairer les esprits, ce sont certaine-
ment là des sujets dignes d'occuper
tous les êtres pensans. Commençons
par la physique. Il y a à peine cent
ans qu'elle est bien connue. Descartes
publia ses principes de physique l'an-
née 1644.. Newton vin» ^suite et ex-
pliqua les lois du mouvement (1] et
de la gravitation ; il exposa la méca-
nique de l'univers avec une précision
étonnante. Long-temps après lui, des
philosophes (S) ont été sur les lieux et
ont vérifié , tant en Laponie que sous
réquateur, les vérités que ce grand
honune avait devinées sans sortir de son
cabinet. Depuis ce temps, nous savons
avec certitude que la terre est aplatie
vers ses pôles. Newton fit plus : à l'aide
de ses prismes (3), il décomposa les
rayons de la lumière et y trouva les cou-
leurs primitives. Toricelli pesa l'air (&],
et trouva l'équilibre de la colonne de l'at-
mosphère et de la colonne du mercure ;
on lui doit encore l'invention des ba-
romètres. La pompe pneumatique (5)
fut inventée à Magdebourg par Otton
Guericke ; il s'aperçut, à l'occasion de
la friction de l'ambre , d'une nouvelle
propriété de la nature, celle de l'élec-
tricité. Dufay (6) fit, à Toccasion de
cette découverte , des expériences qui
démontrèrent que la nature recèle des
secrets inépuisables. Il paraît très pro-
^1) En 1687.
(2) La Gondamine el MMipefftMJs. *
(3) En 1704.
(4) En 1704.
(5) En 1648.
^6) En 1738.
qu'ils ne se corrigent jamais de leurs
fautes. La ville de Constantinople con-
tient deux millions d'habitans. La
puissance de cet empire vient de sa
grande étendue ; cependant il ne sub-
sisterait plus, si ce n'était la jalousie
des princes de l'Europe qui le soutient.
Le padichach Mahomet Y régnait alors.
Une révolution l'avait tiré des prisons
du sérail pour le placer sur le trône.
La nature l'avait rendu aussi impuis-
s{int que ses eunuques ; ce ftat, pour
les beautés du sérail, le règne le plus
malheureux. Le voisin le plus redou-
table des Turcs était le schah Nadir,
connu sous le nom de Tharoas-Couli-
kan. Ce fut lui qui asservit la Perse et
subjugua le Mogol ; il occupa souvent
la Porte, et servit de contre-poids ans
guerres qu'elle aurait peut-être entre-
prises contre les puissances chrétien-
nes.
Voilà le précis de ce qu'étaient les
forces et les intérêts des cours de l'Eu-
rope vers Tannée 1740. Ce tableau
était nécessaire pour répandre de la
clarté sur les mémoires suivans ; il ne
nous reste qu'à rendre compte des
progrès de l'esprit humain, tant pour
la philosophie que pour les sciences,
les beaux-arts, la guerre et ce qui re-
garde directement f;ertaines coutumes
établies. Les progrès de la philosophie,
de l'économie politique, de l'art de la
guerre, du goût et des mœurs, est
sans doute une matière à réflexion
plus intéressante que de se rappeler
1rs caractères d'imbéciles revêtus de la
pourpre , de charlatans couverts de la
tinre, et de ces rois subalternes appe-
lle ministres , dont bien peu méritent
d'être signalés dans les annales de la
postérité. Quiconque veut lire l'his-
toire avec application, s'apercevra que
les mêmes scènes se reproduisent sou-
l!<TilOWTCnO!f.
ss
table q«e oe De sera qa*à forc^ de mul-
tiplier les expériences de réiectricité
qu'on parriendra à en tirer des con-
naissances utiles à la société. M. £1-
\ert (1), en mêlant deux liqueurs d'une
Dlancheur transparente, a produit une
eau colorée en bleu foncé; le même a
fait des expériences sur la transforma-
tion des métaux et sur les parties soli -
dese t nitreuses des eaux. liberkiihn (3) ,
par le moyen d'injections, a rendu pal-
pables les ramifications les plus fines
des fibren et des veines, dont la tissure
déliée sert de canal à la circulation du
sang humain ; c'est le géographe des
corps organisés. Boerhaave (3) aorès
Ruysh, découvrit la liqueur volatile
qui drenle dans les nerfs et qui s'éva-
pore aiNTès la m<Hrt des hommes ; on ne
s'en était jamais douté. Sans doute que
cette liqueur sert de courrier à la vo-
lOnlé de rhoDunOt pour lui faire mou-
voir les membres à l'égal de la vitesse
de la pensée. HartsoBcker (k) trouva
dans le qierme humain des animaux
qui peut-être servent de germe à la
INTopagation. Lœwenhceek et Trem-
bley (5) prouvèrent , par leurs expé«
riences sur le polype, que cet étrange
animal se multiplie en autant de piè-
ces qu'on le coupe. La curiosMé des
honmies les a poussés à des recher-
ches immenses ; ib ont fieJt des efforts
étonnans pour découvrir les premiers
principes de la nature, mais vaine-
ment; ils sont placés entre deux infi-
ni, et il parait démontré que l'auteur
des choses s'en est réservé à lui seul le
secret.
La physique perfectionnée porta le
flambeau de la vérité dans les ténèbres
(1) En 1746.
(2) En 1743.
(3) En 1707.
(4) En 107B.
(5) En 1678 et 1706
V,
de ta métaphysique. Il parut un sage
en Angleterre , qui , se dépouillant de
tout préjugé, ne se guida que par l'ex-
périence. Locke fit tomber le bandeau
de l'erreur que le sceptique Bayle,
son précurseur, avait déjà détaché en
partie. Les Fontenelle et les Voltaire
parurent ensuite en France, le célèbre
Thomasius (1) en Allemagne, les Hob-
bes, les Colin, les Shaftesbury , les Bo*
linbroke en Angleterre. Ces grands
hommes et leurs disciples portèrent un
coup m(Mrtel à la religion. Les hommes
commencèrent à examiner ce qu'As
avaient stupidement adoré. La raison
terrassa la superstition; on prit du dé-
goût pour les fables qu'on avait crues ,
et l'on eut horreur des blasphèmes
auxquels on avait été pieusement atta^
ché. Le déisme, ce culte simple de
l'Etre suprême, fit nombre de secta-
teurs. Avec cette religion raisonnable
s'établit la tolérance, et l'on ne fut plus
ennemi pour avoir une façon différente
de penser. S: l'épicuréisme devint fii^ '
neste au culie idolAtire des païens, le
déisme ne le fut pas moins de nos
jours aux visions judaïques adoptées
par nos ancêtres. La liberté de penser
dont jouit l'Angleterre avait beaucoup
contribué aux progrès de la philoso-
phie, n n'en était pas de même des
Français : les ouvrages de leurs philo-
sophes se ressentaient de la contrainte
qu'y mettaient les censeurs théologi-
ques. Un Anglais pense tout haut , un
Français ose à peine laisser soupçon-
ner ses idées. En revanche, les auteurs
français se dédommageaient de la har-
diesse qui était interdite à leurs ou-
vrages, en traitant supérieurement les
matières de goût et tout ce qui est du
ressort des belles-lettres ; égalant par ^
la politesse , les grâces et la légèreté ^
(l}ÀH«lle.
3&
FRÉDÉRIC II.
tout ce que le temps nous a , on^Livé
de plus précieux dc^s î'»critj de Taiili-
quité. Un homme sans passion préfiV
rera la Henridde au poème d*IIomère.
Heiu*! IV n*cst point un héros fabu-
leux ; Gabrielle d'Esirées vaut bien la
princesse Nnusica. Vllicde nous peint
Içs mœurs des Canadiens ; Voltaire fait
de vrais héros de ses personnages, et
son poème serait parfait, s'il avait su
intéresser davantage pour Henri ÏV,
en rexposant à de plus grands dan-
gers. Boileau peut se comparer avec
Juvénal et Horace; Racine surpasse
ses émules de Tantiquité; Chaulieu,
tout incorrect qu'il est, l'emporte sû-
rement de beaucoup, dans quelques
morceaux, sur Anacréon; Rousseau
excella dans quelques odes ; et, si nous
voulons être équitables, il faut conve-
nir qu'en fait de méthode, les Français
remportent sur les Grecs et sur hs Ro-
mains. L'éloquence de Dossuet appro-
che de celle de Démosthène ; Fléchipr
peut passer pour le Cicéron de la Fran-
ce, -nns compter les Patru, les Cochia
et i'Mii d'autres qui se sont rendus ce*
lèbr^'^s dans le barreau. La Pluralité de*
y ulcs et les Lettres persannes sont
d'!!ri genre inconnu à Tantiquité ; ces
é( î's passeront à la postérité la plus
reculée. Si les Français n'ont aucun
autour à opposer à Thucydide, ils ont
le Dixeovrs de Bossuet sur IHUtoift
urivemelle : ils ont les ouvrages djii sage
président de Thou , les Révolutions n»-
.1 aines par Vertot, ouvrage classique,
la Décf'denre de t Entpire romain de
Montesquieu, enfm tant d'autres mor-
ceaux, ou d*histoire, ou de belles-let*
très, ou de commerce, ou d*agrément,
qu*il serait trop long d'en faire ici le
cafalogue. On sera peut-être surpris
qu*^ les lettres, qui fleurirent en Fran-
r-.\ on Angleterre, en Italie, n*aiout
MUS brillé avec autant d*éclat en Aile-
magne. La raisonren est q[ii'«fi ffaHt
elles avaient été i rapportées uRe se-
condes fois de la Grèce, après y avoir
joui, sur la fin de la république et
des premiers empereurs, de toute la
considération qu'elles méritent. I^
terrain était préparé pour les rece^
voir, et la protection des Médicis,
surtout celle de Léon X , contribqa
beaucoup à leurs progrès. Les lettrés
s'çtendirent facilement en Angleterre,
parce que la forme du gouvernement
autorise les membres des Chambres à
haranguer dans le pariement. L'esprit
de parti les animait même à étodier,
afin qu'employant dans leurs discours
les secours de la rhétorique, sorteat
de la dialectique, ils se procurassent
un ascendant sur le parti qui leur était
opposé. De là vient que les Anglais
possèdent presque tous les auteun
classiques, qu'ite sont versés dans le
grec et dans le latin , ainsi que dans
l'histoire ancienne. Le caractère de
leur esprit sombre, taciturne, opiniâ-
tre, les a fait réussir dans la géométrie
transcendante. Les Français, du temps
de François I", avaient attiré quelques
savans à la cour; ceux-là avaient «
pour ainsi dire , répandu les germes
des connaissances dans ce royaume;
mais les guerres de religion qui suivi-
rent, étouffèrent cette semooee, com-
me une gelée tardive retarde les pro-
ductions de la terre. Cette crise dura
jusqu u la fin du règne de Louis XIII,
où le Giirdinal de Kichpiien, ensuite
w
Mazarin , et surtout Louis XIV, doil<^
nèrent une protection éclatante aux
sci(^nces comme aux beaux-arts. Les
Français étaient jaloux des Espagnob
et des Italiens, qui les devançaient dans
cette carrière, et la nature fit naître
chez eux de ces génies heureux qui
bientôt surpassèrent leurs émules. C'est
surtout par la méthode et par un goAt
tlffT90WÇTlO5. K
plus raffiné quf^ Iqs auteurs fraoçaii) se langue lisi d*ètre trop verbeme ; il faut
Ol^lin^ent. Ce (^ui regarda le progrès la resserrer, et en adoucissant quelques
4es Qrts en Allemagne, ce furent les
guerres qui se suivirent depuis Charles-
Quint jusqu'à celle de la succession
d*flspagne. Les pci^ples étaient roal-
liieureux et les princes pauvres : il fal-
lut penser prepiièrenient à s'assiirer
les alimens indispensables, en remet-
tant les terres en culture ; il fallait éta-
blir les manufactures selon que les pre-
mières productions les indiquaient. Et
ces soins presque généraux empêchè-
rent que la nation pût se tirer des res-
tes de la barbarie dont elle se ressen-
tait encore ; ajoutez qu'en Allemagne
les arts manquaient d*un point de ral-
liement, comme étaient Rome et Flo-
rence en Italie, Paris en France, et
Londres en Angleterre. Les universi-
tés avaient, à la vérité, des professeurs
érudits, pédans et toujours dogmati-
ques; personne ne les fréquentait à
cause de leur rusticité. Il n*y eut que
deux hommes qui ae distinguèrent par
leur génie et qui firent honneur à la
pation ; Tun , c'est le grand Leibniti,
et Tautre, le docte Thoma&ius. Je ne
fais point mcntiop de WoUT, qui ru-
minail le système de Leibnitz, et rab^
rhnlt longuement ce que lautre avait
écrit avec feu. La plupart des savans
allemands étaient des manœuvres, les
Français des artistes. Cela fut (^luse
que les ouvrages français s.e répandi-
rent sî universellement, que leur lan-
^e remplaça celle des Latins, et qu'à
présont, quiconque sait le français,
peut voyager par toute l'Europe sans
avoir besoin d'un interprète. L'usage
de cette langue étrangère fit encore du
tort à la langue nationale, qui, ne res-
tant que dans la bouche du peuple, n^
prouvait acquérir ce ton de politesse
qu'elle ne gagne que dans la bonne
compagnie. Le ^)rin<MpaI dçfaut4e l/^.
mots dont la prononciation est dure,
on parviendrait à la rendre sonore. La
noblesse n'étudiait que le droit public ;
mais sans goût pour la belle littéra-
ture, elle remportait des universités le
dégoût de la pédanterie et de ses insti-
tuteurs. Des candidats ou théoiogiens ,
fils de cordonniers et de tailleurs,
étaient les Mentors de ces Téléma-
ques. Qu'on juge do l'éducation qu'ils
étaient capables de donner. Les Alle-
mands avaient des spectacles, mais
grossiers et môme indécens : des bouf-
fons orduriers y représentaient des
pièces sans génie qui faisaient rougir
la pudeur. Notre stérilité nous obligea
d'avoir recours à l'abondance des Fran-
çais, et dans la plupart des cours on
voyait des troupes de cette nation y
représenter les (iiefs-d'œuvre des Mo-
lière et des Racine. Mais qu'est-ce qui
mérite plus l'attention d'un philosophe,
que l'avilissement où est tombé ce peu-
ple roi , cette nation roattresse de l'u-
nivers, en un mot, les Romains? Dans
les mêmes lieux où des consuls me-
naient en triomphe des rois captifs du
temps de la république , de nos tempi
les successeurs des Caton et des Emile
se dégradent de la virilité pour aspirer^
l'honneur de chanter sur les thùàtret
des souve^ins, qui du temps de âdpîofi
étaient regardés avec autant de mépriii
que nous eu inspirent les Iroquoi».
0 temporal o mor«#/Les opéras, les tra-
gédies et les comédies étaient incon-
nus en Allemagne il y a soixante ans.
L'an 17U), l'industrie et le commerc*
pltis raffinés avaient rendu l'Allema-
gne partie copartageante des trésoie
que les Indes versent annuellement
en Europe : ces sources de l'opulence
avaient anieoi& avec elles les plaisira,
l'aisapce, ist peotrétre les déioidres
PfttoftMC II.
gle : il était trop zélé «rotateur des for-
milles de l'étiquette de Bourgogne poor
les abolir ; il avait même dans sa der-
nière maladie, peu de momens avant
sa fin , ordonné les messes et les hen-
res pour Tappareil de sa pompe funè-
bre, et nommé les personnes qui de-
vaient porter s-^n cœur dans un étui
d'or à je ne sais quel couvent. Les
courtisans admiraient sa grandeur et
sa dignité : les sages blâmaient son or-
gueil, qui semblait lui survivre.
Remarquons surtout que par un ef-
fet de l'argent répandu en Allemagne,
et qui était assurément le triple de celui
des temps antérieurs, non seulement
le luxe avait doublé, mais le nombre
des troupes que les souverains entrete-
96
mœurs qui en soDt une suite. Tout avait
augmenté, tes babitans, les équipages,
les meubles, les livrées, les carrosses et
la somptuosité des tables. Ce qu'on voit
de belle architecture dans le Nord,
date environ du même temps. Le châ-
teau et l'arsenal de Berlin , la chancel-
lerie de l'empire, et l'église de Saint-
lean-Boromée, à Vienne, le château de
Nymphenbourg en Bavière, le pont de
Dresde, et le palais chinois de cette
vlUe, le château de l'électeur à Man-
heim , le palais du duc de Wiîrtem-
rberg , à Louisbourg ; tous ces édifices,
quoiqu'ils n'égalent pas ceux d'Athè-
yiies et de Rome, sont pourtant supé-
rieurs à l'architecture gothique de nos
iincètres. Dans les temps passés, les
cours d'Allemagne paraissaient des ; naient , avait augmenté à proportion.
temples ou l'on célébrait des baccha- A peine l'empereur Ferdinand l'^'avait-
nales; actuellement cette débauche,
indigne de la bonne société, a été relé-
guée en Pologne, ou bien est deve-
nue l'amusement de la populace. Il est
encore quelques cours ecclésiastiques
où le vin console les prêtres d'une pas-
lion plus aimable à laquelle ils sont
obligés de renoncer par état. Autrefois
il n'était point de cour d'Allemagne
qui ne fAt remplie de bouffons: la
grossièreté de leurs plaisanteries sup-
pléait à l'ignorance des conviés, et l'on
•ntendait dire des sottises , faute de
pouvoir dire de bonnes choses. Cet
usage, qui est l'opprobre éternel du
bon sens, a été aboli, et il n'y a que la
cour d'Auguste II , roi de Pologne et
électeur de Saxe, où il se conservait
encore. Le cérémonial dans lequel
rJmbédUité de nos aïeux plaça jadis la
science des souverains, parait essuyer
un sort égd à celui des bouffons : l'é-
tiquette sonffire j<mrneDement des brè-
ches; quelques cours l'ont entièrement
abolie. Cependant la cour de l'empe-
reur Charles VI fit exception à la rè-
il entretenu trente mille hommes.
Charles VI en avait soudoyé dans la
guerre de 1733 cent soixante-dix mille,
sans fouler ses peuples. Louis XIII avait
eu soixante mille soldats. Louis XIV en
entretint deux cent vingt mille et juir-
qu'à trois cent soixante mille durant la
guerre de succession. Depuis cette épo-
que, tous, jusqu'au plus petit prince
d'Allemagne, avaient augmenté leur
état militaire. C'était par esprit d'imi-
tation; car dans la guerre de 1683,
Louis XIV leva le plw» de troupes qu'il
put , pour avoir une supériorité déci-
dée sur ceux qu'il voulait combattre :
il ne fit aucune réforme après la paix ;
ce qui força Tempereur et les princes
d'Allemagne à garder sur pied autant de
soldats qu'ils en pouvaient payer. Cette
coutume une fois établie se perpétua
dans la suite. Les guerres en devinrent
beaucoup plus coûteuses; la dépense
des magasins fut immense, pour entre-
tenir ces cavaleries nomtveuses et les
rassembler en quartiers de cantonne-
ment avant l'ouverture de la campa*
INTRODUCTION. HiT
^ùe ei la saison de:» fourrages. L'jn- ' dans la guerre de 1G72 que les Fran -.
ftnterie, toujours entretenue, changea çais trouvèrent l'invention des pontons
l^resque d'état , tant on travailla à la
perfectionner. Avant la guerre de suc-
cession, la moitié des bataillons por-
tait des picpies et l'autre des mous-
quets, et ib combattaient armés sur
six lignes de profondeur; on se servait
4» oes piques contre la cavalerie ; les
raousquets faisaient un feu faible et ra-
taient souvent à cause des mèches. Ces
incoovéniens firent changer d'armes :
on quitta les piques et les mousquets,
et OD les remplaça par des fusils armés
de baïonnettes ; ce qui réunit ce que le
feu et le fer ont de plus terrible. Conome
on fit consister dans le fieu la force des
bataillons , on diminua peu à peu leur
fnofoodeur en les étendant. Le prince
d'Anhalt, qu'on peut appeler un mé-
canicien militaire, introduisit les ba-
guettes de fer ; il mit les bataillons à
trois hommes de hauteur : et le défunt
roi, par ses soins infinis, introduisit
une discipline et un ordre merveilleux
de cuivre transportables. Cet usage fa-
cile de construire des ponts rendit les
rivières des barrières inutiles. L'art de
l'attaque et de la défense des places est
encore dû aux Français. Vauban sur^.
tout perfectionna la fortification; }\
rendit les ouvrages rasans et les couj*
vrit tellement par les glacis, que poui:
établir des batteries de brèche, si on
ne les place à présent sur la crête du
chemin couvert, les boulets ne sau-
raient parvem'r au cordon de fa maçon-
nerie qu'ils doivent ruiner. Depuis
Vauban on a construit des chemins
couverts maçonnés doubles, et peut-
être a-t-on même trop multiplié le$
coupures. C'est surtout l'art des min^
qui a fait les plus grands progrès. On
étend les rameaux du chemin couvert
à trente toises du glacis : les places
bien minées ont des galeries majeures
et commandantes. Les rameaux sont à
trois étages. Le mineur peut faire sau-
dans les troupes, et une précision jus- ter le même point de défense jusqu'à
que là inconnue en Europe pour les
mouvemens et les manœuvres. Un ba-
taillon prussien devint une batterie
ambulante, dont la vitesse de la charge
triplait le feu, et donnait aux Prus-
siens l'avantage d'un contre trois. Les
autres nitions imttèreot depuis les
Prussiens , mais ingparfaiteroent. Char-
lèa Xn avait introduit dans ses trou-
pes l'usage de joindre deux canons à
chaque bataillon. On fondit à Berlin
des canons de trois, de six, de douze
. et de vingt-quatre livres, asaez légers
pour qu'on pût les manier à force de
bras^ et les faire avancer dans lies
combats avec les bataillons auxquels ils
étaient attachés. Tant de nouvelles in-
ventions transformaient une armée en
. une forteresse mouvante, dont l'accès
itpH jnemtrier et formidable, Ce fut
sept fois. Pour les attaques, on a in-
venté les globes de compression , qui^
s'ils sont bien appliqués, minent tour
tes les mines de la place A une distance
de vingt-cinq pas du foyer. C'est dans
les mines que consiste à présent la vé-
ritable force des places, c'est par leur
usage que les gouverneurs pourront le
plus prolonger la durée des sièges. De
nos jours , les forteresses ne se pren-
nent plus que par une nombreuse ar-
tillerie. On compte trois pièces sur
chaque batterie pour démonter un ca-
non des ouvrages : on ajoute à de si
nombreuses batteries ceDes de rico-
chet qui enfilent les lignes de pro-
longation ; et à moins de pouvoir dis-
poser de soixante mortiers employés
, à ruiner les défenses, on ne se ha-
sarde guère à assiéger une j^ce fortç.
rit«0Éid(i 11.
Lès demi-saj^, l6è sapes ordinaires,
IM sApes toornàfites, les pla(;es d'at-
mes et les cavaliet^ fle fxnMhéés, sont
intant de noùtelles inTëntiotis dont
M 6e sert pon^ les attaques , qui en
é^argnàlit le tnoddè, accélèrent la red-
dition dés forteMses. Ce siècle a tti
MyiviN! deè troupe: armées ft la légère :
Ml pattdoors èriitricMetiS , les légions
AMçalses et nos bataillons francs ; les
ttissards, originaires de la Hofigrfe,
ttAis htiités par les autres troupes, rem-
]jMceiit 6ette cavalerie numide et parthe
d ftmkéMe du teidps des Roitiains. Les
flktltcéâ anctennes ne connaissaient
^Int d^uirifbntie ; 11 ti'y a pas un siècle
ipte lei habits d*ordonnftticè ont été
^értlement admis. La marine eii-
éftre à Mt beàucdup dé progrès, tant
|l6tir Ift eotaltmction des vaisseaux que
A6tir reuA^e plus exact le calcul des pi-
RfteA: mais cette matière étant très
HUtèi Je 11 quitte, de crainte (te m*en-
gager iMi trne trop longne digrea^
Hôfl.
De toiit ce que bous tenons de rap-
r^rter du pMgrèâ des arts en Europe,
résulte qfuç les pays du Nord arAient
•feàtiMttp gagné depuis la guerre de
iKtttê Attft. Albi^la i^rttncejonissaitde
n^ntâgè de tout ee (fui ef^t du ressort
tés bénëMeittes et du goAt, les An-
ilàfs dé M géométrie et delft métaphy-
tt^tte, \ti Allemands de la chimie, des
Ikpéflénces de physique et de l'éruâl-
ttôtt ; lés ttaliètts commençaient à tom-
lér, iûtài te Pologne, la Russie, la
tbèdé et le Oabemtfek étfiient encore
Métès dHitt ^dé ëb éôttipAraison des
bâtions \^ phii policéél. Ge qui mérite
^ beut-ètre te pins nns reflétions, c'est
• lë changement qui Sé toit depuis l'an-
née ilM dan» te pttissahce deè £tats.
' Note teh toy<Wié quelques - nnâ dans
létar kcèroistemcnt , d*autres dëmeu-
Mfit , pdffr tàAû ^Rfè, immoMict dins
la même situation , et d'autres enfin
tombent en consomption et menacent
ruine. La Suède jeta son feu sous Gna»
taye-Adolphe^ elle dicta arec te Franen
la paixde Westphalie; sdusCharles XII,
elle vainquit les Danois, les Russes, et
disposa pour on temps du tr6ne de
Pologne : il aemble qub oette puisBanoè
ait alors rassemblé tontes ses forces
pour paraître oonune une comète qià
jette un ;prand éctot et se perd ensuite
dans l'immensité de l'espace; ses en*
nemis te démembrèrent en lui arm-
chant l'Estonie, la LîTonie, les princi-
pautés de Brème et de Verden < et une
grande partie de la Poméranie. La
chute de te Suède fut l'époque de l'é-
lévation de la Russie : cette puissance
semble sortir du néant , pour paraître
tout-àHX)up avec grandeur, pour se
mettre peu de temps après au niveau
des puissances les plus redoutées. On
pourrait appliquer à Pierre I*' ce qu'Ho-
mère dit de Jupiter : il Tit trois pas, et
fl fut au bout du monde. En eSèt,
abattre la Suède, donner successive-
ment des rois à la Pologne, abaisser te
Porte Ottomane et envoyer des troupes
pour combattre les Français sur leurs
frontières, c'est bien aller au binit du
monde. On vit de même la maison de
Brandebourg quitter le banc des élec -
teurs pour s'asseoir parmi les rois ; eUe
ne figurait aucnne|pent dans te guerre
de trente ans. La paii de Westphalie
lui valut des provinces qu'une bonne
admhiistration rendit opulentes. La
paii et la sagesse du gouvernement
formèrent une puissance naissante,
presque ignorée de l'Europe, parce
qu'elle travaillait en silence, et que ses
progrès n'étaient pas rapides, mais
l'ouvrage du temps. On parut étonné
lorsqu'elle commença à se développer.
Les agrandissemens de te ftance,
dus tant è Ses nrmes qu'à sa pniitifWr
IHlIlOWHiHI.
89
ftanent phis prompts et phii ccHisMénh-
bies. Louis XY le trwTa ptt* sespo^
sessions supérieur d'QA tiers à celles
de Louis XlU ; la Fnnch&Cmnté, l' Al-
sace, la Lorraine el une jNirtie de la
Flandre aiiiiéxée à oet empire, M don-
naient une forée falen supérieure à celle
des temps passés; ajoutet-y surtout
I^Bsftagné, sôumiflB à une branche de la
maison de Bourbon, qui ta délivrant,
m moins poui* long-ietnps, des diver-
sions (|tt*elle avait toujours à craindre
des rois diSspaghe de la branche au-
tricUiëniie, lui donne à présent la fh-
eulté de se servfa' de ses forces entières
eontre celui de ses volsiiis qu'elle juge
nécessaire dé cimibattre. Les Anglais,
de leur côté, ne se sont pas oubliés. Gl-
hhdtar et Fort-M ahon sont des aoquisi-
tUms importantes pour une nation com-
Teitincfion de la brandie de cnanesi»
Quint en Espagne, la maison d'Audi»-
die avait perdu pi-emièrement FËSK
pagne, passée entre les mains ddi
Boilrbons ; une partie de la Flandrai;
depuis, le royaume de Naples et uée
partie du Milanais. H ne resta donc à
Charles VI , de k succession de Ghaè-
les H , que quelques villes en Flandfi
et une partie du MUanais. Les
hd enlevèrent encore la Servie, qal
également cédée par la pait de Bel-
grade. La seule chose que la mi
d'Antriche ait gagnée, c'est d'i
établi un préjugé en sa faveur qui fè»
gne asse2 généralement dans Tempift,
en Angleterre, en Hollande, même m
Danemarck , que la liberté de rËurope
est attachée au destin de cette maison.
Le Portugal, laHollande, le Danemah%
therfatite; ib m sont enrldûs prodl- \ la Pologne, étaient demeurés teb
gieiisement tMtf bMlte sorte de traflea :
fetlt-étre qne rélectoint de Hanovre;
Mujéttt i leitf dotnination , ne leur est
fM Ifetttlte, pÊlf l'influence qu'il leur
deitoedatiS les MTaires d'Allemugne,
âuiqueHes ils ne prenaient autrefois
Mcnne patt. On ermt généralement
que la nation «Églaise, à présent sus-
eeptlble de eorrnptioti , en est devenue
moins lib^e; tu Moltis en esl-elle frins
frailquille; La maison de Savoie ne s'est
paii onUiée mHi fAus : elle acquit la
•irtMgneetki royatM; elle écorna le
HHinaiS) et les p<ditiques la regardent
comme uii cancer qui ronge la Lom-
Imrdie. L'Espagne avait établi don
Ottttôfc dans le rayaunie de naplea. La
maison d' Aulrl^ ne jouissait pas des
Mêmes avantagea; La guerre de suc-
aesslon nvalt (M de rempicreor Char-
Mi Tt tAderipUis puissans princes de
l'Europe ; mais l'envie de sel voisins le
«i|>#àilhi MdiiMI dîme partie de ses
'kàftàMmèm^ févM lÊà niveau de la
qu'ils avaient été^ sans augmentathm
ni perte. De toutes ces puissances, la
France et l'Angleterre avaient une pré-
pondérance déddée sur les autresr;
l'une par ses troupes de terre et ads
grandes ressources, l'autre par ses flkA-
tes et les ridiesscs qu'elle devait à adh
conunerce. Ces puissances étaient vft-
vales, jalouses de leur agrandissemenè:
elles pensaient tenir la bdance de l'Eu-
rope, et se regardaient comme detfi
chefs de parti , auiquels devaient s'at-
tadier les princes et les rois. Outle
l'andenne habie que la France con-
servait eontre les Angla!<i, elle avAt
une inimMé égale contre la maiséii
d'Atitriche, par une suite des. guerres
continuelles entre ces deux maismls
depuis là mort de Charies-le-TémM-
nrire, duc de Bourgogne. La Frante
avBit voulu ramger la Flandre et le^
Bràbant sous ses lois et pousser laa
limites de sa domination Juaqn'iu
ImMs du Rhin. On td pn^el M pii-
fiO
que le temps le mArtt et que les ooca*^
^ons le favorisassent. Les Français yen-
lent vaincre ponr faire des conquêtes ;
les Anglais veulent acheter des princes
pour en faire des esclaves ; tous deux
donnent le change au public, pour dé^
tourner les regards de leur propre am-
bition. L'Espagne et 1* Autriche étaient
à peu près égales en force. L'Espagne
ne pouvait faire la guerre qu'au Por-
;togal» ou bien à l'empereur, en Italie.
L'empereur pouvait la porter de tout
côté; il avait plus de sujets que l'Es-
^ pagne, et par l'intrigue il pouvait join-
dre à ses forces celles de l'empire ger-
manique ; l'Espagne avait plus de res*
sources dans ses richesses; l'Autriche
n'en avait guère, et quelque impôt
qu'elle eût établi sur les peuples, il hii
iallait des subsides étrangers pour sou-
tenir quelques années ses troupes en
campagne. Alors elle était épuisée par
la guerre des Turcs, et surchargée de
dettes que ces troubles lui avaient fait
contracter. La Hollande, quoique opu-
lente, ne se mâait d'aucune querelle
étrangère, à moins que la nécessité ne
•l'obligeât à défendre sa barrière contre
la France : elle n'était occupée qu'à
éloigner l'occasion de faire élire un
nouveau stadhouder. La Prusse, moins
forte que l'Espagne et l'Autriche, pou-
vait cependant paraître à la suite de
ees puissances, sans cependant se me-
aorer à elles d'égal à égal. Les revenus
de l'État , comme i|pus l'avons dit , ne
j dépassaient pas sept mOlions. Les pr(>-
vinces, pauvres et arriérées encore par
les malheurs qu'elles avaient soufferts
de la guerre de trente ans, étaient hors
d'état de fournir des ressources au sou-
verain ; il ne lui en restait d'autres que
. tes épargnes : le feu roi en avait fait ,
' et quoique les moyens ne ftisseat pas
fiMt eoosidénihles, ib pouvaient sofire
wimlebesdtapourM pisMsser édiay*
per uoeoecafliM qui se présenfarit
0 fallait de la pradence dans la con-t
duite des albiies, ne pas traîner les
guerres en longueur, et se hâter d'exé-
cuto' ses desseins. Ce qu'il y avait de
plus ftcheux, c'est que l'État n'avait
point de forme régulière. Des provin-
ces peu larges, et pour ainsi dire épar-
pillées, tenaient depuis la Gouriande
jusqu'au Brabant. Cette situation en-
trecoupée multipliait les voisins de
rÉtat , sans lui donner de consistance,
et faisait qu'il avait bien plus d'enne-
mis à redouter que s'il eût été. ar-
rondi. La Prusse ne pouvait agir alon
qu'en s'épauhmt de la France on de
l'Angleterre. On pouviut cheminer
avec la France, qui avait fort i ccnir
la gloire et l'abaissement de la maison
d'Autriche. On ne pouvait tirer des
Anglais que des subsides destinés à se
servir des forc^ étrangères pQur leurs
propres intérêts. La Russie n'avait
point alors assez de poids dans la po-
litique européenne pour dâerminear
dans la balance là supériorité du parti
qu'elle embrassait. L'influence de ce
nouvel empire ne s'étendait epcore que
sur ses voisins les Suédois et les Po-
lonais. Et pour les Turcs, la politique
du temps avait établi que lonque les
Français les excitaient ou contre l'Au-
triche ou contre la Russie, ces deux
puissances recouraient à Tluunaa~KM-
lican , qui , pu* le moyen d'une diver-
sion , les délivrait de ce qu'ils avaient à
craindre de la part de là Poite. Ce que
nous venons d'indiquer était l'allnie
commune de la politique. Il y avait
sans doute de temps à antre des ex-
ceptions à la règle; mais nous ne nous
arrêtons ici qu'an oalcal ordinaire ém
probabilités.
L'objet qui intéreandt alon le ptai
l'Europe, c'était la mmomkm de k
maii^n d'AnIrtdb», qof 4te«it anirer
INTIIOBUCTION.
M
à la mort de Tempereur Charles VI , |
dernier mâle de la maison de Habs-
bourg. Nous avons dit que pour préve-
nir le démembrement de cette monar-
chie, Charles VI avait fait une loi do-
mestique sous le nom de pragmatique
sanction , pour assurer son héritage à
safiDe Marie-Thérèse. La France, l'An-
gleterre, la Hollande, la Sardaigne, la
Saxe, l'empire romain avaient garanti
cette pragmatiaue sanction ; le feu roi
Frédéric-Guillaume même l'avait ga-
rantie, à condition que la cour de
Vienne lui assurât la succession de Ju-
lîers et de Bergue. L'empereur lui en
promit la possession éventuelle et ne
remplît point ses engagemens ; ce qui
dispensait le roi de la garantie de la
pragmatique sanction, à laquelle le feu
roi s'était engagé conditionnellement.
La succession des duchés de Juliers
et de Bergue, dont le cas paraissait pro-
che l'an i7W, faisait alors l'objet le plus
intéressant de la politique de la maison
de Brandebourg. Frédéric-Guillaume
n'avait point contracté d'alliance, sen-
tant sa fin prochaine, pour laisser à
son successeur la liberté de former des
liaisons selon que les circonstances et
Foccasion l'exigeraient. Après la mort
du roi , la cour de Berlin entama des
négociations à Vienne, à Paris, comme
à Ï-X)ndres, pour pressentir laquelle de
ces puissances se trouverait le plus fa-
vorablement disposi^ pour ses intérêts.
Elle les trouva également froides, parce
que les vues ne s'unissent que lorsque
les besoins réciproques forment les
liens des alliances, et l'Europe se sou-*
ciait peu que le roi ou quelque autre
prince eût le duché de Bergue. La
France consentait, à la vérité, à ce que
le roi démembrât une lisière de ce du-
ché ; c'était trop peu pour contenter les
désirs d'un jeune roi ambitieux , qui
voulait tout ou rien. Remarquons sur
toute chose que l'empereur Charles VI
ne s'en était pas tenu à une simple ga-
rantie du duché de Bergue, mais qu'il
en avait promis la possession au roi de
Pologne, électeur de Saxe, et que du-
rant l'ambassade du prince de Lichten-
stein à Paris, il avait donné une pro-
messe toute pareille au prince de Sulz-
bach, héritier de l'électeur palatin.
Fallait-il se laisser sacrifier par la cour
de Vienne? fallait-il se contenter de
cette lisière du duché de Bergue que
la France permettait à la Prusse d'oc-
cuper? ou fallait-il en venir à la voie
des armes pour se faire soi-même rai-
son de ses droits? Dans cette crise, le
roi résolut de se servir de toutes ses
ressources pour se mettre dans une si-
tuation plus formidable : ce qu'il exé-
cuta sans difiérer davantage. Par le
moyen d'une bonne économie, il leva
quinze nouveaux (1) bataillons, et il
attendit dans cette position les évène-
mens qu'il plairait à la fortune de lui
fournir, pour se rendre à lui-même la
justice que d'autres lui refusaient.
(1) Régimens de Gaincf, Munchow, MiBiu
Heori, Penod, Bnniswlck, Eifenaek el
fledel
u
M.
rempereur loi promettait , pour favo-
riser ses droits à la succession des du-
chés de Joliers et de Bergue. Cet ex-
posé montre combien les circonstances
' étaient peu favorables à la maison de
Brandebourg, et ce sont les raisons
qui déterminèrent le roi à s'en tenir
au traité provisionnel que son père
avait conclu avec la France. Mais si des
raisons aussi fortes modéraient les dé-
sirs de la gloire dont le roi était animé,
des motifs non moins puissans le pres-
saient de donner au commencement
de son règne des marques de vigueur
et de fermeté, pour faire respecter sa
nation en Europe. Les bons citoyens
avaient tous le cœur ulcéré du peu d'é-
gard que les puissances avaient eu pour
le feu roi, surtout dans les dernières
années de son règne, et de la flétris-
sure que le monde imprimait au nom
prussien. Comme ces choses influèrent
beaucoup sur la conduite du roi , nous
nous croyons obligés de répandre
cpielques éclaiicissemens sur cette ma-
tière.
La conduite sage et circonspecte du
feu roi lui avait été imputée à faiblesse.
Il eut, l'année 1727, des brouilleries
avec les Hanovriens sur des bagatelles
qui se terminèrent par conciliation :
peu de temps après survinrent des dér
niùlés aussi peu importans avec les Hol-
landais, qui de même furent accommo-
dés à l'amiable. De ces deux exemples
de modération , ses voisins et ses envieux
conclurent qu'on pouvait Tinsulter im-
punément ; qu'au lieu de forces réelles,
les siennes n'étaient qu'apparentes;
qu'au lieu d'ofliders entendus, il n'a-
vait que des maîtres d'escrime, et au
lieu de braves soldats, des mercenaires
peu affectionnés à l'État , et que pour
hii, U menaçait toqjours et ne frappait
jamais. Le monde, superficiel et léger
4vn^ ses jogemens^ accréditait de pa-
• ' t .•• #•• •••• • -•"
reils discours, et ces préjugés se répan*
dirent dans toute l'Europe. La gloire
A laquelle le feu roi aspirait (plus juste
que celledes conquérans) , avait pour ob-
jet de rendre son pays heureux, de dis-
cipliner son armée et d'administrersesfi-
nancesavec l'ordre et l'économie la plus
sage. Il évitait la guerre pour ne point
être distrait d'aussi belles entreprises ;
par ce moyen il s'acheminait sourde-
ment à la grandeur, sans éveiller l'en-
vie des souverains. Dans les dernières
années de sa vie, les infinnités du corps
avaient entièrement ruiné sa santé, et
son ambition n'eût jamais consenti à
confier ses troupes à d'autres mains
qu'aux siennes. Toutes ces diflférentes
causes réunies rendirent so^ règne
heureux et pacifique. Si l'opinion que
l'on avait du roi n'avait été qu'une
erreur spéculative, la vérité aurait tôt
ou tard détrompé le public ; mais les
souverams présumaient si désavanta-
geusement de son caractère, que ses
alliés gardaient aussi peu de ménage-
ment envers lui que ses ennemis.
Preuve de cela, la cour de Vienne et
celle de Russie convinrent avec le feu
roi de placer wi prince de Portugal sur
le trône de Pologne. Ce projet tomba
subitement, et elles se déclarèrent pour
Auguste II , électeur de Saxe, sans dai -
gner même en donner la moindre con-
naissance au roi. L'empereur Char-
les YI avait obtenu, à de certaines con-
ditions, un secours de dix mille hom-
mes que le feu roi envoya l'année 17%
sur le Rhin contre les Français, et il
se crut au-dessus de l'obligation de
remplir ces chétifs engagemens. Le roi
Ceorge II d'Angleterre appelait le feu
roi son frère le caporal ; il disait qu'il
était roi des grands chemins et l'archi-
sablier de l'empire romain : tous les
procédés de ce prince portaient Tem-
preinte du phis profond mépris. Le#
HISTOiHi: UE MO\ TEMPS*
ts
pffkiers prussiens, qui, selon les pri-
vilèges des électeurs, eurôlaient des
soldats dans les villes impériales , se
: trouvaient exposés à mille aranies : on
les.- arrêtait, on les tratnait dans des
cachots où on les confondait avec les
pins vils scélérats : enfin ces excès al-
laient à on point qu'ils n'étaient plus
soutenaUes* Un misérable évèque de
Liège se faisait honneur.de donner des
mortifications au feu roi. Quelques su-
jets de la seigneurie de Herstall , ap-
partenant à la Prusse, s'étaient ré-
voltés ; révèque leur donna sa protec-
tion. Le feu roi envoya le colonel
Creutz à Liège, muni d'une lettre de
iTéance, pour accommoder cette af-
faire. Qui ne voulut pas le recevoir? ce
lut monseigneur Tévéque : il vit arri-
ver trois jours de suite cet envoyé dans
la cour de sa maison , et autant de fois
il lui en interdit l'entrée.
r.et événement et bien d'autres en-
core qu'on^omet par amour de la briè-
veté, apprirent au roi qu'un prince
doit faire respecter sa personne, sur-
^tont sa nation : que la modération est
une vertu que les hommes d'Etat ne
doivent pas toujours pratiquer à la ri-
gueur, à cause de la corruption du siè^
de, et que dans un changement de rè-
gne, il était plus convenable de donner
des marques de fermeté que de dou-
ceur.
Pour rassembler ici tout ce qui pou-
vait animer la vivacité d'un jeune prince
parvenu à la régence, ajoutons que Fré-
4éricl*'% en érigeant la Prusse en royau-
joe, avait , par cette vaine grandeur,
mis un g^me d'ambition dans sa pos^
térité; eHe devait fimctifier tdt ou tard.
La iBonarchie qu'il avait laissée à ses
descendans était , s'il m'est permis de
m'exprimer ainsi , une espèce d'her-
maphrodite qui tenait (dus de l'électo-
rat que du royauBie. 11 y avait de la
gloire à décider cet être, et ce senti-
ment (ut sûrement un de ceux qui for-
tifièrent le roi dans les grandes entre-
prises où tant de motifs l'engageaient.
Quand même l'acquisition du duché de
Bergue n'eftt pas rencontré des obsta-
cles presque insurmontables, le sujet en
était si mince , que la possession n'en
agrandissait que très peu la maison de
Brandebourg. Ces réflexions firent que
le roi tourna ses vues sur la maison
d'Autriche, dont la succession, après la
mort de l'empereur, devenait liti-
gieuse, et le trône des Césars vacant.
Cet événement ne pouvait être que fa-
vorable par le rôle distingué que le roi
jouait en Allemagne, par les différens
droits des maisons de Saxe et de Ba-
vière à ces Etats, par le nombre dés
candidats qui postuleraient la couronne
impériale, enfin par la politique de la
cour de Versailles, qui dans une pa-
reille occasion , devait naturelle-
ment s*en saisir pour profiter des trou<
Mes que la mort de l'empereur Char-
les YI ne pouvait manquer d'exciter.
Cet évènenaent ne se fit point attendre
L'empereur Charles YI tennina ses
jours à la Favorite, le 25 octobre de
l'année 17&0. Cette nouvelle arriva à
Reinsberg , où le roi était attaqué de
la fièvre quarte. Les médecins, infatués
d'anciens préjugé» ue voulurent pofnft
lui donna* du quraquina; il en prit
malgré eux, parce qu'il se iM^posait
des choses plus importantes que de
soigner la fièvre. Il résolut aussitôt de
revendiquer les principautés de la 8i-
lésie, auxquelles sa maison avait des
droits incontestables, et il se prépara
en même temps à soutenir ses préten-
tions, s'ille fdait, parla voie des ar^
mes. Ce projet femplissait toutes ses
vues politiques ; c'était un moyen d'ac^
quérir de la réputation, d'augmenMr
la puissancede ratatel de temrinei^eè
»e
VmÉDÉUC B.
en résulte que ce goavefuemeiit Wê
éBWÙt fBS paraitre redoutable. SfA»
lenrsffléCaiiimpeasibleqiielereiBm- ^
quàl d'dliéfl. U rirritté qui mbiMall )
entre la France et TAnglaterie asHH
rait néceaBairement an roi nne de eei
deux puisaanees; et de pta» taoi kt
prétendans i la ancceasioa de la
qui r«^gardait cette mcoeMÎon lîtiipeafle
4p duché de Bergue. Cepeadait, avant
qM0 de se déterminer eatièfement, le
fiei init en balance les risques qn*il y
avait à courir en entrefirenant une
pareille guerre, et de l'autre les avan-
tages qu'il pouvait en espérer.
Dm côté se présentait la puissante
maitHHi d'Autriche, qui ne pouvait pas j son #Autnche devaient unir leva tan
manquer de ressources avec tant de j térèts à ceux de la Vrasse. Le roi
vastes provinces ; une ûUe d'empereur j disposait de sa voix pow Féteetioii
attaquée, qui devait trouver des alliés: impériale; il pouvait s'acconnoder,
dans le roi d'Angletecre, dans la répn- » quant à ses prétentions sur le dncMin
blique de Hollande et chez la plupart Bergue, soit avec la France, soit avec
des princes de l'empire qui avaient ga- l'Autriche ; et enfin la guerre qu'il
i^ti la pragmatique sanction. Ce duc
de Courlande, qui gouvernait alors la
Knsaie, était aux gages de la cour de
Tienne ; et de plus la jeune reine de j était à portée de ses frontières, et que
Hofigrie pouvait mettre la Saxe dans i l'Oder lui fournissait une conummiea-
aes intérêts, en lui cédant quelques j tion tou|oun> sûre,
cercles de la Bohème : et quant au dé- ; Ce qui acheva de détemiiDer le rai
tail de Texécution, la stérilité de Tan- j à cette entreprise , ce ftit la mort
vait entreprendre en Sîlésie, était Pu-
nique espèce d'ofiensive qne favorisait
la situation de ses £tats, m qn'eUe
née 17M devait faire craindre de man-
quer dfi moyens pour former des ma-
gasins et fournir des vivres anx trom-
pes. Les risques étaient grands. U fallait
craindrn les vicissitudes des armes. Une
J^ttaille perdne pouv^ être décisîvf .
Le pÀ n'avait point d'alliés, et il ne
foavait apposer que des troupes sans j étaient que dorant la minorité du
d'Anne, ImpéraUioe de Rnssie, qui
suivit de près celle de l'em|ierear. Par
am décès, la ceovonne retombait au
jeune iwan , grand-dnc de Russie, fUs
d'une princesse de MecUenbourg et
du iHrinoe Antoine Ulric de Brunswick»
beau-frère du roi. Les nppënmm
expérience à 4e vieux soldats autrî-
chiens Vlancbis sooa le harnais et
aguerris par niQt de campagne^.
D'autre part , une foule de réflexions
nnimaient (eules les espérances du
roi. La situation de la cmir de VÂsnne,
apr^ hi mort de l'empereur, était des
phis ftdmusei. Les finano^ étaient
dérangées, l'armée était délabrée et
dfdQpuragée par les maiivais sui-cès
4«'^ avait eps cd^nti^ Im Tvrcs, le mî-
I
jeune emperanr, la Russie aérait pins
occupée i maintenir la IranqniHllé
dans son empire qu*à soutenir la
pragmatique sanotion, pour laqoeDa
l'Allemagne ne poovait manquer d^é-
prouver des troublea; ajeataa à cas
raisons une «rmée tonla pvMe à ag^,
des fonds tont taenvéa, et penl-éln
l'envie de se ftJrn un nom; ton! cela
fut cause de la gnem qpe le rai dé-
clara i Marie -niéièse #A«ilvlclm,
Histèio ptait désim ; avitdcceia pkvDei a | reine de ttoafriie et de Bohème. B
la t^t# de ce gpiivfmetmei4 ime jeime
pJMMa 9«n9 «qpMepee, qui doit dé^
semblait que ce fût Pépoqne des
gemens et def révoluliona. La prin-
iJtigJWUflt ot li cesse de Mt^kienbMrg-
HISTOIPB n «ON TRUTPS.
kl
mère de Tempereur Iwçn , >e irow- voyé de Temperpur à Berlm . «?erHt sa
vait , elle et son fils, sous la t^l^Ue da cour qu*un orage la menaçait , of qu'il
duc de Courtaude, auquel riropératrice pourrait bien fondre sur In Sih^sle. Le
Anne, en mourant , avait cpnQé l'qd-
mînistration de Fcmpire. Cette prin-
cesse pensait qu'il étajt au-dessous de
sa naissance d*obéir à un autre elle
crut que la tutelle lui convenait plus
en qualité de mère qu'à Biron, qui
n'était ni Russe ni parent de Tempe-
reur. Elle employa habilement le nia-
réchal Munich , dont elle mit Tambi-
tion en jeu. Biron fut arrêté, puis exilé
an fond de la Sibérie, et la princesse de
Meckicnbourg s'empara du gouverne-
ment. Ce changement paraissait avanta-
geux à la Prusse ; car Biron son ennemi
ftit exilé, et le mari de la régente, An-
toine de Brunswick, était beau-frère du
roi. La princesse de Mccklenbourg joi-
gnait à de l'esprit tous les caprices et tous
les défauts d'une femme mal élevée ;
son mari , faible, sans génie, n'avait de
méf ite qu'une valeur distincte . Munich,
le mobile de leur élévation , le vrai hé-
ros de la Russie, était en même temps
le dépositaire de l'autorité souveraine.
Sous le prétexte de cette révolution, le
roi envoya le baron de WinterOcld en
ambassade en Russie, pour féliciter le
K'ince de Brunswick ^t son épouse de
eurcux succès de cette entreprise. Le
frai motif , Tobjet caché de cette mi$-r
sipn, était de gagner Munich, beau-
père de Winterfield , et dp le reiidre
Aivor^le aux desseins qu'on était sur
le point d'exécuter, à quoi Wipterlield
réassit aussi heureusement qu'on le
pouvait désirer.
Quelque précaution que Ton prit à
Beriin pour cacher l'expéditioi) que
Ton mettait, il était impossible 4^
non et de mouvoir des tfPUP^ Ircq-
gnilo ; déjà le public se 4oii|ai( 4^
quelque entreprise M. D^ipnith , e.i|-
cooseîl de la reine lui répondit de
Vienne : a Nous ne voulons ni ne pou-
vons ajouter foi aux nouvelles que
vous nous mandez. » On envoya pour-
tant le marquis de Botta à Berlin, pour
complimenter le roi sur son avènement
au trône, mais plus encore pour juger
si Ilamrath avait donné de fausses
alarmes. Le marquis de Botta, fin et
pénétrant, s'aperçut d'abord de quoi
il était question , et après avoir fait, le
jour de son audience, les complimens
d'usage, il s'étendit sur les incommo-
dités de la route qu'il avait faite et
s'appesantit un peu sur les nuiuvais
chemins de la Silésie, que les inonda-
tions avaient tellement rompus, qu'ils
étaient devenus impraticables. Le roi
ne fit pas semblant de le comprendre,
et répondit que le pis qui pût arriver
k ceux qui auraient ces chemins à tra-
verser, serait d'être des voyageurs
crottés.
Quoique le roi fût fermement déter-
miné dans le parti qu'il avait pris , il
jugea qu*il était cependant convenable
de faire des tentatives d'acconunode-
ment avec la cour de Vienne. Dans
cette vue , le comte de Gotter y fut
eQvoyé. Il devait déclarer à la reine de
Hongrie : qu'en cas qu'elle vonlAt AJre
raison des droits que le roi avait sur la
Silésie, ce prince lui offrait son assis-
tance contre les ennemis ouverts ou
secrets qui voudraient démembrer la
sMcçessioa de Chartes VI , et sa voix à
la diète de l^élection impériale au grand
duc de Toscane. Comme il était à sup-
poser que ces offres seraient rejetées.
filtre 4es majjasins, de préparer du ca- danf ce cas te comte de Gotter était au-
toriié à déclarer la guerre à la reine de
Hongrie. L'armée fut plus diligente
que cette ambassade ; elle entra en Si-
w
FftÉnimc II.
iéiie, comme on le verra daBà la suHe, I nageaient la chate de TEtat , d'autres
deux jours avant l'arrivée du comte de
Gotter à Yieune.
Vingt bataillons (1) et trente-six es-
cadrons furent mis en marche pour
s'approcher des firontiores de la Silé-
sie ; ils devaient être suivis de six ba*
croyaient que le prince abandonnait
tout au hasard, et appréhendaient
qu'il ne prit pour modèle Charles Xn.
Le militaire espérait de la fortune et
prévoyait de l'avancement. Les fron-
deurs, dont il se trouve dans tout
taillons destinés au blocus de la forte- 1 pays, enviaient à l'Etat les accrois-
semens dont il était susceptible. Le
prince d'Anhalt était furieux de ce
qu'il n'avait pas conçii ce plan et n'é-
tait pas le premier mobile de l'exéco-
tion; il prophétisait, f:omme Jonas,
des malheurs qui n'arrivèrent ni à Ni-
nîve ni à la Prusse. Ce prince regardait
l'armée impériale comme son berceau;
il avait des obligations à Charles Vi ,
qui avait donné un brevet de princesse
à sa femme, et il craignait avec cela
l'agrandissement du roi , qui réduisait
un voisin comme le prince d'Ânbalt au
néant. Ces sujets de mécontentement
rengagèrent à semer la déCance et l'é-
resse de Glogau. Ce noml»e, tout
ble qu'il était , parut suffisant pour
s'emparer d'un pays sans défense ; il
donnait d'ailleurs l'avantage de pou-
voir amasser pour le printemps pro-
chain des magasins qu'une grosse ar-
mée aurait consumés pendant l'hiTer.
Avant que le roi partit pour joindre
ses troupes, il donna audience au mar-
quis de Botta, auquel il dit les mêmes
choses que le comte de Gotter devait
déclarer à Vienne. Botta s'écria : « Vous
allex ruiner la maison d'Autriche, Sire,
et vous y abîmer en même temps. — Il
ne dépend que de la reine, reprit le roi,
d'accepter les offres qui lui sont faites.»
Cela rendit le marquis rêveur; il se re-
cueillit cependant , et reprenant la pa-
roled'nn tonde voixetd'unair ironique,
il dit ; « Sire, vos troupes sont belles,
j'en conyiens ; les nêtres n'ont pas cette
apparence, mais elles ont vu le loup ;
pe^isex , je vous en oonjure, à ce que
vous allez entreprendre. » Le roi s'im-
patienta et n^prit avec vivacité : «Vous
trouve! que mes troupes sont belles,
et je vous ferai convenir qu'elles sont
bonnes. » Le marquis fit encore quel-
ques instances pour qu'on différât
l'exécution de ce projet. Le roi lui fit
comprendre qu'il était trop tard et que
'e Rnbicon était passé. Tout le projet
nr la Silésie ayant édaté, une entre-
prise aussi hardie causa une efferves-
cence singulière dans l'esprit du pu*
hlic. Les Ames faiUes et timovées pré-
(1)
•o"o
pouvante dans tous les esprits ; il aurait
voulu intimider le roi lui-même, si cela
aviit été faisable ; mais le parti était
trop bien pris et les choses poussées
trop avant pour pouvoir reculer. Ce-
pendant, pour prévenir le mauvais
effet que des propos d'un grand géné-
ral comme était le prince d'Anhait
pouvaient faire sur les ofQciers, le roi
jugea à propos d'assembler, avant son
départ , les ofQciers de la garnison de
Berlin, et de leur parler en ces termes:
« J'entreprends une guerre, Messieurs,
» dans laquelle je n'ai d'autres alliés
» que votre valeur et votre bonne vo-
» lonté : ma cause est juste, et mes
» ressources sont dans la fortune. Sou-
» venez-vous sans cesse de la gloire que
D vos ancêtres se sont acquise dans les
» pfaunes de Varsovie, à Fehrbellin et
» dans l'expédition de la Prusse. Votre
» sort est entre vos mains ; les distinc-
» tiens et les récompenses attendent
mSTOlE^ l>b HO> iL\kys.
ï9
M que vos belles actioai» les inériteut.
» Mais je n'ai pas besoin de vous esci-
» ter à la gloire ; vous n'avez qu'elle de-
0 vaut les yeux , c'est le seul objet di-
^ gne de vos travaux. Nous allons af-
o fronter des troupes qui, sous le prince
» Eugène» ont eu la plus grande repu-
» tation : quoique ce prince n'existe
» plus, d'autant plus d'honneur y aura-
» t-il à vaincre, que nous aurons à me-
nsurer nos forces contre de braves
» soldats. Adieu ! partez. Je vous <iui
i> vrai incessamment au rendez-vous dt
r la gloire qui nous attend. »
Le roi partit de Berlin après un grand
bal masqué ; il arriva le 21 décembre à
Crossen. Une singularité voulut que ce
jour même , unç corde , apparem-
ment usée, à laquelle la cloche de la
cathédrale était siispenduc, se rompit.
La cloche tomba, el cela fut pris pour
an sinistre présage ; car il régnait en-
core dans l'esprit de la nation des idées
superstitieuses. Pour détourner ces
mauvaises impressions, le roi expliqua
ces signes avantageusement. Cette clo-
che tombée signifiait , selon lui , l'a-
baissement de ce qui était élevé; et
coDune la maison d'Autriche l'était in-
finiment plus que celle de Brande-
bourg , cela présageait clairement les
avantages qu'on remporterait sur elle.
Quiconque conuait le public, sait que
de telles raisons sont suffisantes pour
le convaincre.
Ce fut le 23 décembre (1) que l'ar-
mée entra en Silésie. Les troupes mar-
chèrent par cantonnement, tant parce
qall n'y avait point d'ennemi, que
parce que la saison ne permettait pas
de camper : elles répandirent sur leur
passage la déduction des droits de la
maison de Brandebourg sur la Silésie.
On publia en même temps on mani-
feste contenant en substance : que les
Prussiens prenaient possession de cette
province pour la garantir contre l'ir-
ruption d'un tiers, ce qui marquait as*
sez clairement qu'on n'en sortirait pas
impunément. Ces précautions firent
que le peuple et la noblesse ne regar-*
dèrent point l'entrée des Prussiens en
Silésie comme l'irruption d'un en-
nemi, mais comme un secours offi-
cieux qu'un voisin prêtait à son allié.
La religion encore, ce préjugé sacré
chez le peuple, concourait à rendre les
esprits prussiens ; parce que les deux
tiers de la Silésie sont composés de
protestans qui, long-temps opprimes
par le fanatisme autrichien, regar-
daient le roi comme un sauveur que le
ciel leur avait envoyé.
£n remontant TOder, la première
forteresse qu'on rencontre, c'est Glo-
gau. La ville est située sur la rive gau-
che de cette rivière ; son enceinte est
médiocre, environnée d*un mauvais
rempart dont la moindre partie était
revêtue. Son fossé pouvait se passer
en plusieurs endroits ; la contrescarpe
était presque détruite. Comme la sai-
son rigoureuse empêchait d'en faire le
siège dans les formes, on se contenta
de la bloquer ; d'ailleurs la grosse ar-
tillerie n'était point encore arrivée. L^
cour de Vienne avait donné des ordres
précis à Wenzel Wallis, gouverneur
de la place, de ne peint commettre les
premières hostilités ; il crut que de le
bloquer n'était pas l'assiéger, et il se
laissa paisiblement enfermer dans ses
remparts. Depuis la paix de Belgrade,
la plus grande partie de l'armée autri- .
chienne était demeurée en Hongrie.
Au bruit de la rupture des Prussiens,
le général Braun fut envoyé en Silésie^ ^^
où il put rassembler à peine trois mille
1 hommes ; il tenta de s*cmparer de Bres-
lau tant par la rit -c^ que par h force.
M
FR&D^EIC If.
jnais inotilement. Cette ville jouissait
4e privilèges semblables, à ceux des
villes impériales : c'était une petite ré-
publique gouvernée par ses magistrats,
et qui était exempte de toute garnison,
{/amour de la liberté et du luthérianis-
i^e préserveren t ses habi tans des fléaux
de la guerre ; ils résistèrent aux sollici-
tiitions du général Braun , qui Taurait
pourtant à la fin emportée, si le roi
0*eût hftté sa marche pour l'obliger à
la retraite. Dans ces entrefaites, le
prince Léopold d'Anhalt arriva à Glo-
gau avec rix bataillons et einq esca-
drons ; il releva les troupes du blocus,
et le roi partit sur-le-chonp avec les
grenadiers de Tarmée, six bataillons et
dix escadrons, pour gagner Breslau
sans perte de temps. Après quatre
jours de marche, il se trouva aux por-
tes de cette capitale, tandis que le ma-
réchal de Schwérin longeait le pied
des montagnes et dirigeait sa marche
par Liegnitz, Schweidnitz et Franc^
kenstein, pour purger d'ennemis cette
partie de la Silésie.
JLe premier de janvier, le roi s*empara
des faubourgs de Breslau sans résis-
tance, et envoya les colonels de Borck
et de Goitz pour sommer la ville de se
reudre : en même temps quelque»
troupes passèrent TOder et se eanton-
lièrent au dôme. Par là, le roi se trou-
vait maître des deux côtés de la rivière
et bloquait effectivement cette ville mal
approvisionnée, qui fut forcée d'entrer
en composition. H faut observer que
les fossésde la ville étant gelés, la bour^
geoisie pouvait craindre d'être em^
portée par un assaut général. Le 2èle
de la religion luthérienne abrégea tou-
tes les longueurs de cette négociation :
un cordonnier enthousiaste subjugua
le petit peuple, lui communiqua son
fanatisme et le souleva au point d'o-
bliger les nNfistrats à signer uo acte
de neutraHté avee les PMèsfètls, et i
leur ouvrir les portes de la ville. t)ês
qtie le roi fut entré dans cette capi-
tale, Il licencia toutes les personnes en
place qui se trouvaient au service de
la reine de Hongrie. Ce coup d'autorité
prévint toutes les menées sourdes dont
ces anciens serviteurs dé la maison
d'Autriche auraient fait usage dans la
soite pour cabaler contre les intérêts
des Prussiens. Cette aBhire terminée,
un détachement d'infanterie passa l'O-
de^ pour chasset* de Naraslau une gar-
nison autrichienne de trois cents hom-
mes, qui , quinze jours après, se rendit
prisonnière de guerre. On ne laissa
qu'uti régiment d'Infanterie dans les
faubourgs de Breslau , et le roi dirigea
sa marche sur Ohiau , où Braun avait
jeté le colonel Formentini avec quatre
cents hommes. Cette ville prend son
nom d'une petite rivière qui passe sotis
ses murs; elle était entourée d'un
mauvais rempart à demi éboulé et d'un
fossé sec : le château , qui Vaut un peu
mieux , ne peut se prendre qu'avec du
canon. Pendant qu'on se disposait à
donner un assaut général à cette bico-
que, le commandant capitula. Là gar-
nison se débanda en sortant, et il ne
hH resta que cent vingt hommes, aveé
lesquels il fut envoyé à Kelsse. Les en-
nemis avaient à Brieg une garnison de
douse cents hommes, et pour la blo-
quer, ainsi que les autres places, le gé-
néral Kteist en fit rinvestissement avec
cinq bataillons et quatre escadrons.
Pendant que le roi avait pris ou bloqué
les places le long de l'Oder, le maré-j^
chai de Schwérin était arrivé à Franc-
kenstein , en approchant de la rivière
de Neis^, qui sépare la haute Silésie de
la basse ; il tomba sur les dragons de
Lichtehstein , qu'il poussa sur Ottma-
chau : ce chftteau é|tiscopal a un pont
sur la Neisse. M. A^ Braun , |>oiir
HfSTOIHË tTE MO^ TKMPS.
81
couvrir et facllîter sa retraite , y jeta
trois compagnies de grenadiers. Le
maréchal de Schwérin les bloqua ; ie
lendemain , le roi le joignit avec des
mortiers et quelques pièces de douze
Hvres. Dès que le^ batterieis ftarent en
état de jouer, le» major Mussiing , corn-
mandjamt de h garnison, se rendit à dis-
crétion, n ne restait plus que fa ville de
Ifèisse à prendre i mois eUe valait
lËieux |Nnir sa force que toutes les au-
tres. Cette yille est située au-delà de
Neisse, roftifiée d*un bon rempart de
terre et d*un fossé qui A sept pieds d'eau
de profondeur, environnée d*un ter-
Mn bas et marécageux , où Roth , qui
M était commandant , avait pratiqué
une inondation. Du côté de la basse
Bilésie, cette place est commandée par
une hauteur qui en est éloignée de huit
cents pas. La saison rigoureuse s'oppo-
ttit aux opérations d'un siège formef;
il ne restait donc pour s'en emparer
qne l'assaut t le bombardement ou le
Uecna. Roth avait rendu l'assaut im-
praticable ; il faisait tous les matins ou-
vrir les glaces du fossé ; il faisait arro-
ser le rempart d'eau qui se gelait tout
de fuite; il avait meublé lesbastiotis et
las courtines de quantité de solives et
de faulx pour repousser les assaillans»
ee qui fit renoncer à l'assaut. On essaya
de bombarder la ville ; on- y jeta douze
tenta bombes et trois tnHIe boulets rou-
ges, le tout en vain ; la fermeté de ce
eommandant obligée les Prussiens d'a-
budonner cette entreprise et d'entrer
en quartiers d'hiver. En même temps
le colonel Camas , chargé d'une expé-
ditim sorGlatz, rejoignit l'armée; Il
Ktait manqué son coup faute de bonnes
mesures. Pendant que les Pmsriens se
cmtomiaieni autour de Neisse, le ma-
rédnl de Schwérin , à la tAte de sept
bataillons et dix escadrons, descendit
en liante âilésie ; il délogea le général
Braun de JîEgorndoriT, de Troppau et
du château de Grœtz. Les xKulridiiens
se retirèrent en Moravie; les Prussiens
prirent leurs quartiers derrière rOppa,
et s'étendirent jusqu'à Jublunka , sur
les frontières de la Hongrie. Durant
tes opérations militaires, le comte de
Gotter se trouvait à Vienne ; il y négo-
ciait, plutét pour se conformer k l'u-
sage, que dans l'espérance de pouvoir
réussir. Il avait tenu un langage assez
imposant, capable d'intimider tonte
autre cour que celle de Charles YL
Les courtisans de la reine de Hongrie
disaient d*un ton de hauteur, que ce
n'était point à un prince dont la fonc-
tion était , en qualité d'archi-chambel-
lan de l'empire, de présentera Tempe-
reur le bassin à laver les mains, de
prescrire des lois à sa fille. Le comte
de Gotter, pour enchérir sur ces pro-
pos autrichiens f eut l'effronterie de
montrer au grand -duc une lettre que
le roi lui avait écrite , où se trouvaient
ces mots : a Si le grand-duc veut se
perdre, qu'il se perde. » Le grand-duc
en parut ébranlé. Le comte Kinsky»
chancelier de Bohème, Thohime le plus
fier d'une cour ou la vanité dominait ,
prit la parole ; il traita toutes les pro-
positions du comte de Gotter de flé-
trissantes pour les successeurs des Cé-
sars ; ranima le grand-duc et contribua
plus que tous les autres ministres à rom-
pre cette négociation. LIEùrope était
dans la surprise de l'invasion inopinée
de la Silésie. Lesuns taxaient d'étourde
rie cette levée de boncliers ; d'autres re- * '
gardaient cette entreprise comme une '\
chose insensée. Le ministre d*ÂngIe-
terre, Robinson « qui résidait à Vienne,
soutenait que le roi de Prusse méritait
d'être excommunié en politique. En
même temps que le comte de Gotter
partit pour Vienne, le roi envoya le
général Wf nterféld en Rùiàle ; il /
52
FRÉDÉRIC U.
truîjva le œarnuis de Kutta, qui ) sou- [ écrit au cardital de Fleury , et quoi-
teiitUt, avet- toute (a vivacité de son ca-
ractère, les intérêts de la cour de
Vienne. Cependant, en cette occa-
sion, le bon sens poméranien rem-
porta sur la sagacité italienne, et M. de
Wînterfeld parvînt , par le crédit du
maréchal Munnich , à conclure avec la
Russie une alliance défensive ; c'était
tout ce qu'on pouvait désirer de plus
avantageux dans ces circonstances cri-
tiques. Après que les troupes furent
entrées dans leurs quartiers d'hiver, le
roi quitta la Silésie et vint à Berlin pour
faire les dispositions convenables pour
la campagne prochaine. On fit partir
pourl'armée un renfort dedixbataillons
et de vingt-cinq escadrons. Et comme
les intentions des Saxons et des Hano-
vriens paraissaient équivoques, il fut
résolu d'assembler trente, bataillons et
quarante escadrons auprès de Brande-
bourg, sous les ordres du prince d'An-
halt , pour veiller sur la conduite de ces
princes voisins. Le prince d'Anhalt
choisit Genthin comme l'endroit le
plus propre pour son campement, et
d'où il tenait également en écti^c les
Saxons et les Hanovriens. La plaparC
des souverains étaient encore dans
l'incertitude, et ils ne pouvaient point
débrouiller le dénouement qui se pré-
parait. La mission du comte de Gotter
à Vienne, d'autre part l'entrée des
troupes prussiennes en Silésie, leur
présentaient une énigme, et ils s'effor-
çaient à deviner si la Prusse était l'al-
liée ou l'ennemie de la reine de Hon-
grie. De toutes les puissances de l'Eu-
rope, la France était, sans contredit, la
plus propre pour assister les Prussiens
dans leur entreprise. Tant de raisons
rendaient les Français ennemis des
Autrichiens, que leur intérêt devait les
porter à se déclarer les amis du roi.Ce
pripce, jpoiir sonder le, terriin , avait
qu'il n'eût fait qu'effleurer les objet»,
il en disait assez pour être entendu. Le
cardinal (1] s'ouvrit davantage dans sa
réponse ; il lui dit sans détour : « Qm
» la garantie de la pragmatique saoe^
» tion que Louis XV avait.donnée à fea
D l'empereur ne l'engageait à rien , par
» ce correctif sauf Us droiu d^un titré :
9 de plus, que feu l'empereur n'avait
» pas accompli l'article principal de oe
» traité, par lequel il s'était chargé de
» procurer à la France la garantie 4e
» l'empire du traité de Vienne. » Le
reste de la lettre contenait une déclar
mation assez vive contre l'ambition de
l'Angleterre, uq panégyrique de U
France et des avantages qu'on ren-*
contrait dans son alliance, avec un dé*
tail circonstancié des raisons qui de^
valent porter les électeurs à placer l'é^
tecteur de Bavière sur le trdne impé-
riale Le roi continua cette eorrespon-
danee; il marqua aa cardinal le décnr
sincère qu'il avait de s'unir au rOi
très chrétien , en rassurant de toute la
facilité qu'il apporterait de sa part pour
terminer fort promptement cette né-*
gociatîon. La Suède voulait aussi jouer
un rêle dans les troubles qui aiiaient sur*
venir ; elle était alliée de la France, et
par l'instigation de cette puissance, eHa
avait fait passer un corps de troupes en
Finlande, sous les ordres du général
Buddenbrpek : ce corps, qui avait ioa-
piré de la jalousie à la Russie, accéléra
l'alliance qu'elle fit avec la Prusse;
mais ces engagemens pensèrent être
détruits aussitêt que formés. Le roi de
Pologne venait d'envoyer le beau comte
Lynar à Péterd)ourg. Ce ministre plut
à la princesse de Meclclenbourg , ré*
geote de la Russie ; et oonune les pas-
sions ducoBur iafluait sur les déUbé^
(1) LMtM d«té« (fia «^ jMvJpr iHé.
H1STOIRK DE M05 TEMPS.
rations de l'esprit , la régente fut bien-
tAt liée avec le roi de Pologne. Cette
passion aurait pa devenir aussi funeste
à la Prusse que Tamour de Pflris et de
la belle Hélène le fiit à Troie. Une ré-
volution que nous rapporterons en son
lieu en prévint les eflets.
Les plus grands ennemis du roi,
conune c'est Tordinaire, étaient ses
pins proches voidns. Les rois de Polo-
gne et d'Angleterre, qui se reposaient
sur les intrigues que Lynar liait en
Russie, condurent entre eux une al-
liance offensive, par laquelle ils se par-
tageaient les provinces prussiennes;
leur imagination les engraissait de
cette proie, et tandis qu'ils déclamaient
contre Fambition d'un jeune prince
leur voisin , ib croyaient déjà jouir de
ses dépouilles, dans l'espérance que la
Russie et les princes de l'empire con-
courraient pour faire réussir leurs des-
seins ambitieux. C'était le moment
qu*aurait dû saisir la cour de Vienne
pour s'accommoder avec le roi. Si alors
elle lui avait cédé le duché de Glogau, le
roi s'en serait contenté et Taurait as-
sistée envers et contre tous ses autres
ennemis; mais il est bien rare que les
hommes cèdent ou se raidissent tou-
jours à propos. Le signal de la guerre
fut donc donné à l'Europe. Partout on
se ta tait , on négociait , on intriguait
pour s'arranger et former des alliances ;
mais les troupes d'aucune puissance
n'étaient mobiles ; aucune n'avait eu
le temps d'amasser des magasins, et le
roi profita de cette crise pour exécuter
SCS grands projets.
CHAPITRE II.
Gampagoe de 1741. — NégpciatioDS de paii. —
Hommage de Breslau. — Eelonr ï Berlin.
léÊê i«nfort« de Tarmée de Silésie
arrivèrent à Schweidnitz au mois de
février. De leur côté , les Autrichiens
se préparaient également pour la
guerre ; ils tirèrent le maréchal Neu-
perg des prisons de Brunn , où il avait
été détenu depuis la paix de Belgrade,
pour lui confier le commandement de
cette armée, qui devait reconquérir la
Silésie. Ce maréchal assembla ses trou-
pes aux environs d'Olmutz, et il défa-
dia le général Lentulus avec un corpf
pour occuper les gorges de la prind^
pauté de Glatz, par on Lentulus si
trouvait à portée de couvrir la Bo-
hème et de joindre l'armée de Neu-
perg dans les opérations qu'il méditait
sur Neisse. Les hussards autrichiens
préludaient déjà sur la guerre; ibse
glissaient entre les postes des Pros-
siens, tâchaient d'enlever de petits dé»
tachemens et d'intercepter des con-
vois. 11 se passa de petites actioM.
toutes aussi favorables à l'infanterie do
roi que fâcheuses pour sa cavalerie. G^
prince, en arrivant en Silésie, se pro-
posa de faire le tour de ses quartiers,
pour se procurer la connaissance d'uta
pays qui lui était nouveau. Il partit
donc de SchwidnUz et vmt à Franckèn»
stein. Le général Derschau, qui con»>
mandait dans cette partie, avait poussé
deux postes en avant ; Tun était à Sil-
berberg et l'autre à Wartfaa, tous dent
dans les gorges des montagnes. Le fol
voulut les visiter ; les ennenris en en*
rent vent , et tentèrent de l'enlever.
Ils tombèrent, par méprise « sur une
escorte de dragons postés en relais a«*
près du village de Banmgarten, entre
Silberberg et Franckenstein. Le cohH
nel Ditfort, qui commandait cette es^
oorte, ignorait trop la guerre pour roa^
nœuvrer avec avantage contre des
troupes légères ; il fut battu et perdit
quarante maîtres. On entendit cette
tiraillerie à Wartha : le roi, qui s'y
tfpmaiU rassembla quelques troupes à
I4 hAte^ pour accourir au secours des
dragons qui étaient h un mille de là ;
mm il arriva après coup. C'était uoe
é^ourderic de la port d'un souverain
de ^'aventurer si mal accompagné. Si
le roi avait été fait prisonnier dans
cette occasion, la guerre était termi-
née, les Autricbieni auraient triomphé
sans ooi^) fiirir, la bonne infanterie
prussienne serait devenue inutile, ainsi
que tous les projets d'agrandissement
que le roi se proposait d*exécuter.
plus on ai^urodiait de l'ouverture de^
la campagne (1), plus les affaires de*
Tenaient sérieuses. Le rapport des es-
pfpju s'accordaii unanimement à con-
ftrquer qne les ennemis se renforçaient
ÔIIM leurs postes, qu'il leur arriverait
de noavell^ troupes » et qu'ils médi*
latent de surprendre les Prussiens dans
leurs quartiers, en j pénétrant ou par
G|ati ou par Zukmantel. Vers le m^me
(empift cent dragons et trois cents hus-
sards autrichiens s'étaient jetés dans
Naisse. Cet indice seul était suffisant
pour dévoiler en partie les desseins des
yanemis , et cela fut cause que le roi
donna des ordres pour resserrer ses
qwrtiers. Il aurait dû sur*le-cbamp les
igMseoibler tous: mais il manquait
alors d'eiférience, et c'était propre-
m^t sa premère campagne. La sai*
Ipn n'était pas assez avancée pour que
las blocus de Glogau et de Bricg pus-
sent se convertir en sièges. 11 y avait
cependant un projet tout arrangé pour
prendrp Glogau d'emblée, et le prince
Libopold d'Anhalt eut ordre de Vexé-
cuter sans perte de temps. Ce fut le 9
de mars que la ville fut attaquée par
ciaq endroits à la fois et prise en
nsoins d'une heure de temps ; la cava*
lerie même franchit les remparts, tant
; les ouvrages étiiient tombés en ruine.
Aucune maison im fut pillée, aucun
bourgeois ne fut insultt'^ , et la disci-
pline prussienne brilla dans tout sou
éclat. Wallis et toute sa garnison de-
vinrent prisonniers de guerre. {In ré-
giment de la nouvelle création en prit
possession ; on Gt travailler d'abord à
perfectionner lesouv^-ages, et le prince
Léopold, avec le corps qu'il comman-
dait, joignit le roi à Schwcidnitz. Ce
n'était pas le tout que d*avoir pris
Glogau; les troupes étaient encore
trop éparpillées pour se joindre au bo-
$oin ; surtout les quartiers qu'occupait
le maréchal de Schwérin en haute Si-
lésie, étaient ceux qui causaient le
plus d'inquiétude. Le roi voulut que le
maréchal les levât et qu'il se repliât
sur la Neisse, où le roi voulait le join-
dre avec toutes les troupes de la basse
Sîlésie. Schwérin n'était pas de ce sen-
timent ; il écrivit que si on voulait le
re;^forcer, il promettait de soutenir
ses quartiers jusqucs au printemps.
Pour cette fois le roi en crut plus son
maréchal que lui-même. Sa crédulité
pensa lui devenir fatale ; et comme s*il
eût fallu accumuler ses fautes, il se mit
lui-même à la tèt« de huit escadrons
et de neuf bataillons pour se rendre à
Jfipgerndorff; il rencontra le maréchal
à Keustadt. La première question fut :
a Quelle nouvelle avez-vous des enne-
» mis ? — Aucune, reprit le maréchal ,
» sinon que les troupes autrichiennes
» sont dispersées le long des frontières
» depuis la Hongrie jusqu'à Braunau
» en Bohême, et j'attends à tout mo-
» ment le retour de mon espion. » Le
lendemain le roi arriva à JtTgerndorff ;
son dessein était d'en parlir le jour
suivant, pour ouvrir la tranchée de-
vant Neisse, où le maréchal Kalcksteîn
l'attendait avec dix bataillons et au-
tant d'eseadroos. Le due de Holatein ,
* ^■•-.1* o-^ ■- .
mSTOlBE DE MON ri:jiP0.
qui "(ail alord a.Fraiicki'iistein« devait
> jc.indrc le roi cgaleinent avec sept
li 'i.iilioas ot quatre escadrons. Lors-
4;ue le roi toMchait au moment de son
(i;}part (1), jSt quji donnait ses derniers
(;i(lres au n^échal comme au prince
Ltl'opold, ^pt df^gODS autrichiens ar-
rivèrei^t; Qp apprit de ces déserteurs
qix*ils avaief^t q^tté Tarmée à Freu-
d^thal (qui n*c$tqu*à up mille et demi
de Jaegerndorff], que leur cavalerie y
campait et qu'elle y attendait rarrivée
de Tinfanterie et dii canon pour tra-
verser les quartier» prussiens et les
obliger à lever le blocus de Neisse.
Dans ce temps même» on entendit esr-
carmouclier devant la ville; tout le
monde crut que Tavant-garde de M. de
Meuperg était sur le point d'investir
ia*gemdorir. Il n'y avait que cinq ba-
taiUons dajfis cette mallieureuse ville ,
ç'î^q pièces de trois livres et assez de
poifdre pour quarante charges. La si-
tuation aurait été désespérée, si M. de
Neppeii; avait ^ en proQter ; mais la
OiontPgne n'ei^fanU qu'une souris. Les
eweipis voulaier^t savoir si les Prus-
sieps étaient encore dans leur quar-
tier ; pour s'en instruire, leurs troupes
légères allaient escarmoucher devant
cji»^ue ville, aQi^ de rapporter à leurs
ptficiers ce nm ep était. Les dessoins
lies ejD9^ms i^*étaii( tout-àrfait mani-
festés, lis roi ne b9]ança plus un mo-
ment pour rassembler l'armée. Les
troupes de la basse Sjlésie eurent or-r
dre de passer (a Xeisse à Sorge, et
celles fjo la hante Silésie de joindre le
ror à jAgerikdorff. Le k avril, le roi
liartit ptur Neiistadt avec tous ces
mrf^ nssemblés, m côtoyant l'armée
efio^roie, 4[}i| Awrebajt par Zuckmao-
t§i ^t ^^i^nhals vers Keisse. Le le»-
dffiWip (-2), il m porta mit Steinau,
(f)«atfit.
--p)4^i# ............
éloigné d'un mille de Sorge, où il
avait fait construire des ponts sur la
i rivière de jNcisse. Il fallut lever le blo-
cus de Brieg, et le général Kleist reçut
ordre de joindre l'armée avec son dé-
tachement ; le duc de ilolstein regut
des ordres pareils, réitérés à plusieurs
reprises ; ceux qui en étaient chargés
ne purent les lui rendre, et il demeura
tranquilIcmentàFranckcnstein, voyant
passer l'ennemi à sa droite et à sa gau-
che sans s'en enibarrasser. Des déser^
teurs de l'armée autrichienne arrivè-
rent ù Steinau ; ils déposèrent que le
général Lentulus avait joint, le même
jour, le maréchal Neuperg auprès de
Neisse. Sur cette nouvelle, les quarr
tiers prussiens furent resserrés à l'ins-
tant a l'entour de Steinau, et le roi
choisit un poste où il put recevoir
l'ennemi au cas qu'il voulut se porter
siu* les Prussiens. PoMr comble d'em-
barras, le feu prit sur le soir au quar-
tier de Sleinau ; ce ne fut que par
bonheur (fu'on sauva le canon et les
munitions de guerre par des rues étroi-
tes dont toutes les maisons étaient en-
fiaminf'es. Les troupes passèrent la
nuit au bivoyac sur le terrain que le
roi avait choisi pour son camp. L^
lendemain (1), ce petit corps de treize
bataillons et de quinze escadrons,
après une marche assez fatigante, ar-
riva a Faickenberg, où Ton apprit que
le colonel Stechow, qui couvrait le
pont de Sorge avec quatre bataillons,
avait aperçu un gros corps d*ennemis
qui se fortifiait de l'autre côté de la
rivière , el faisait même un feu assez
vif sur les Prussiens. Le {.lince Charles
y marcha aussitôt avec quatre batail-
lons, et il avertit le roi que Lentulus
se trouvait sur lautre bord de la
Ijeisse ayi^c cfftqnqfftfi escadrons , et
(1) 6 a? ni
Ty'\
FïlÉDÈnTC 11.
Tcrtdoit le passage absolument impra-
liwblc, parce que le terrain était trop
étroit pour déboucher. Cela obligea de
changer la direction de la marche ; on
prit la route de Michelau, autre pont
sur la Neisse , où le général Marwitz
était déjà avec les troupes rassemblées
des quartiers de Schweidnitz et du
blocus de Brieg. Le pont de Sorge fut
levé sans perte de temps, et le soir
tous ces différens corps joignirent le
roi. Le lendemain (1), Tarmée passa
la Neisse à Michelau dans le dessein
de marcher sur Grotkau. Un courrier,
qui avait passé cette ville, apporta des
dépèches au roi, de sorte qu'il ne se
doutait de rien. Une neige, qui tom-
bait à gros flocons pressés, intercep-
tait la lumière et empêchait de discer-
ner les objets. On marchait toujours.
Les hussards de Tavant-garde entrè-
rent dans le village de Leipe, qui est
sur ce chemin, et donnèrent, sans le
savoir, sur un régiment de hussards
ennemis qui y cantonnait. Les Prus^
siens prirent quarante des ennemis,
tant h pied qu'à cheval, et l'on apprit
d'eux qu'une demi-heure auparavant
M. de Neuperg avait pris Grotkau ; un
lieutenant, nommé Mitzschefahl , y
commandait avec soixante hommes : il
se défendit trois heures contre toute
l'armée autrichienne. Les déserteurs
déposèrent, de plus, que le lendemain
l'ennemi marcherait à Ohlau, pour y
prendre la grosse artillerie que le roi
y avait mise en dépôt. Sur cette nou-
velle, les différentes colonnes de l'ar-
mée , qui étaient toutes en marche ,
furent aussitôt assemblées. Le roi la
partagea en quatre divisions, qui can-
tonnèrent dans quatre villages, assez
près les unes des autres pour qu'en
moins d'une heure elles pussent être
(1) 8 aTril.
assemblées à leur rendez-vous. Le roi
prit son quartier dans les villages de
Pogrel et d'Alsen, d'où il dépêcha dif-
férens officiers à la garnison d'Ohlau,
pour l'avertir de son approche et pour
attirer à lui deux régimens de cuiras-
siers qui venaient d'arriver dans ces
environs ; aucun de ces officiers ne put
s'y rendre à cause des partis ennemis
qui infestaient ces contrées. Le jour
suivant, la neige ftit si épaisse qu'à
peine distinguait-on les objets à vingt
pas; cependant on apprit que l'en-
nemi s'était approché de Brieg. Si ce
mauvais temps avait continué , l'em-
barras des Prussiens n'aurait bit que
s'accroître; les vivres commençaient
à devenir r(u^s, il fallait secourir Oh-
lau, et en cas de malheur, il n'y avait
aucune retraite ; mais la fortune sup-
pléa à la prudence. Le lendemain,
10 d'avril, le temps parut clair et se-
rein ; et quoique la terre fût couverte
de deux pieds de neige, rien ne s'op-
posait à ce qu'on voulait entreprendre.
Dès les cinq heures du matin, l'armée
se rassembla auprès du moulin de Po-
grel ; elle consistait en vingt-sept ba-
taillons, vingt-neuf escadrons de ca~
Valérie et trois de hussards; elle se
mit en marche sur cinq colonnes ; celle
du milieu était d'artillerie, les deux
plus voisines du centre, d'infanterie, et
les deux aux extrémités des ailes , de
cavalerie. Le roi savait que l'ennemi
lui était supérieur en cavalerie : pour
obvier à cet inconvénient, il mêla en-
tre les escadrons de chaque aile deux
bataillons de grenadiers; c'était une
disposition dont Gustave-Adolphe avait
fliit usage à la bataille de Lutzen , et
dont, selon toute apparence, on ne se
servira plus. L'armée s'avança dans
cet ordre vers l'ennemi, en suivant la
direction du ciiemin qui mènie à Ob-
lau. Le général Rottemboui|;<| qn
HISTOIRE im MoA Tnm.
naft l'avant-garde, en passant auprès
du village de Pampitz, prit une ving-
taine de prisonniers, qui conHnnèrent
ravis que des paysans du viUage de
Moiwitz étaient venus donner au roi ,
que Tarmée ennemie était cantonnée
dans Moiwitz , Grunigen et Hûneren.
Dès que les colonnes se trouvèrent à
deux mille pas environ de Moiwitz,
Tannée se déploya pour se mettre en
bataille, sans qu'on vtt paraître d'en-
nemis en campagne. La droite devait
s*appuyer au village de HerrendorfF.
M. de Schulenbourg, qui commandait
la cavalerie de cette aile, s*y prit si
maladroitement, qu'il n'y arriva point;
la gauche était appuyée au ruisseau de
Lauchwitz, dont les bords sont maré-
cageui et profonds. Cependant, comme
la cavalerie de la droite n'avait pas
donné assez de champ pour l'infante-
rie t on fnt obligé de retirer trois ba-
taillons de la première ligne, dont,
par un heureux hasard, on forma un
flanc pour couvrir la droite des deux
lignes d'infanterie. Cette disposition
ftat la principale cause du gain de cette
bataille, f.e bagage fut parqué auprès
du village de Pampitz, environ à mille
pas derrière les lignes , et le régiment
de La Motte (1), qui, dans ce moment,
Tenait joindre l'armée, le couvrit. Rot-
tembourg, avec l'avant-garde, s*ap-
prodia de Moiwitz , d'où il vit débou-
cher les Autrichiens ; il aurait dû les
attaquer dans ce désordre, s'il n'avait
en des oi'dres précis de ne rien enga-
gea ; ainsi il ramena sa troupe à l'aile
droite , dont elle faisait partie. Il doit
paraître étonnant qu'un général expé-
rimenté conune H. de Neuperg se fût
' laissé surprendre de cette manière. Il
était cependant excusable; il avait
' donné des ordres à différens officiers
(I] il wTïnw fi*Or»p«fD.
de hussards de battre la campagne,
surtout vers le diemin de Brieg. Soit
paresse, soit négligence, ces officiers
ne s'acquittèrent pas de leur devoir, et
le maréchal n'eut des nouvelles de
l'approche, du roi qu'en voj'ant son
armée en bataille vis^-vis de ses cm?-
tonnemens. M. de Neuperg ftit réduit
à mettre ses troupes en bataille sous le
feu du canon prussien, qui était pnunp-
tement et bien servi ; son aile droite
de cavalerie, sous les ordres de M. de
Rœmer, arriva la prenuère. Cet offi-
cier intelligent et déterminé vit que
Taile droite des Prussiens était plos
près de Moiwitz que la gauche; il
comprit qu'en restant dans son poste,
M. de Neuperg risquait d'être battu
avant 'que la cavalerie de sa gauche
fût arrivée, et sans attendre l'ordre de
personne, il résolut d'attaquer la droite
des Prussiens. M. de Schulenbouig ,
pour gagner le village de Herrendorif .
fit très maladroiteaieDt par escadrons
un quart de conversion à droite; M. de
Rœmer, qui s'en aperçut, sans se for^
mer, donna à bride abattue et en
colonne sur cette aile que M. de Schu-
lenbourg commandait ; les trente ea--
cadrons des troupes de la roine qu'il
menait, culbutèrent dans l'instant les
dix escadrons prussiens, dont cbaciiii
leur prétait le flanc gauche. Cette ca-
valerie en déroute passa devant et en-
tre les lignes de Imfanterie, qu'ils
auraient culbutée si celle-ci n'avait fait
feu sur ces fuyards; ce qui en même
temps écarta les ennemis. M. de Roa-
mer y fut tué; mais ce qui doit sur^
prendre tout militaire , c'est que ces
deux bataillons de grenadiers ^ qui
avaient été entrebcés entre les esca-
drons de la droite, se soutinrent seuls
et se joignirent en bon ordre à la
droite de l'infanterie. Le roi, qui
I croyait rallier l|i cavalerie comme on
m
u
niséMG n.
arréti nh^^ «neate ds dûenf , fui cn-
traioé dans leur déroate jusqu'au cen-
tre de rannéCv où il parvint à rallier
quekpies escadrons qu'il ramena à la
droite. Ils furent obligés d'attaquer
les Autriehiens à leur tour ; mais des
troupes battues et ramassées à la hâte
ne tiennent guère ; ils se débandèrent,
et M. de Schuienbourg périt dans cette
charge. La cavalerie ennemie victo-
rieuse tombent alors sur le flanc drmt
de l'inCinterie prussienne, où nous
avons dit qu'avaient été placés trois
bataillons qai n'avaient pu entrer dans
la première ligne ; cette infanterie fut
vigoureaiement attaquée à trois re-
prises; des officiers autrichiens tom-
bèrent Uessés entre ses rangs; elle
désarçonna i coups de baïonnette des
cavaliers ennemis, et à force de valeur,
elle repoussa les Autrichiens , qui per-
dirent beaucoup de monde. M. de
lleupog saisit ce moment ; son infan-
terie s'ftranla pour entamer la droite
des Pnisiiens dépourvue de cavalerie,
ëccondé de sa cavalerie auiridûenne ,
H fit des aflbrts incroyables pour en-
foncer les tnmpes du roi, mais inuii-
Imeat. Cette valeureuse infanterie ré-
sistait comme nn rocher à leurs atta-
ques, et par son feu leur détruiflait
beancoup de monde. A la gaudie des
Prussiens les choses étaient moins iia-
sardées ; cette aile, qu'on avait refusée
i l'ennemi, était appuyée au ruisseau
ée Lauchwitx; au^ielà de ce marais,
h cavalerio du roi avait chargé celle
de la reine de Hongrie et l'avait battue.
i::ependant fe feu de l'infanterie de la
droHe durait depuis piès de cinq heu-
res avee beaucoup de vivacité ; les mta-
bWous des soldats étaient consumées ,
et ils dépouillaient tes fournitures des
morts pour trouver de la poudre à
charger. La crise était si violente ^pie
sans ressource, et prévoyaient le mor
meut où ce corps sans munition serait
obligé de se rendre à l'ennemi ; mais
il n'en fut pas ainsi, et cela doit ap^
prendre aux jaunies militaires à ne pa^
désespérer tfop vite; car non seule;-
ment l'infanterie se soutint, mais eJlÎQ
gagna du terrain sur rennemî. (^ 0%
réchal de Schwériu, qui sep fl^cricuti,
fit alors un mouvement avec sa ^^^rr
che, qu'il porta sur le flanc droit diy
Autrichiens. Ce mouvemiont fut le si-
gnal de ]^ victoire et de la défaite dey
ennemis; leur déroute tut totale JaL^
nuit empêcha les Prussicus de pour*-
suivre leurs avantages aiHiclà du vil-
lage de hmchwiti. Alojrs arrivèrent
ces dix escadrons d'Oblau, mais trop
tard ; une chaussée , qu'ils avaient à
passer pour joindre l'armée, leur av^it
été barrée par les jhussards autricbieqfi»
qui les arrêtèrent iongrtemps à ce d^
bouché, et ils ne l'ahandoupèrent qsfi
lorsqu'ils virent les leurs ,en fuUe.
Cette journ^ co^ta à l'armée dç j|p
reine cent quatre-vingts oflSciers, sept
mille morte, tant cavalieis que fant^
sins; les ennemis perdirent sept pîèofs
de canon, trois étendards et donne
cents hommes qui fnrent Ciits priso|9p
niers. Du côté des Prussiens, do compta
deux mille cinq c^t^ vx^ts, panpi
lesquels était te margrave Frédér^,
cousin du roi, et trojs ni|ie tdesiés. ifi
premier bataillon dfifk gardes, sur Ifi^
quel tomba i'eifori principal K^e l'eiH
nemi, y perdit la m^îé de ses oIS-
ciers ; et de huit cents hoypiunes dont fl
était composé, il n'en resta que cept
quatre-vingts on ét^t # fau^ le ^f^
vice.
C^U jipuroée devint inp^ des j/ffê
mémorables de ce siècle» parce m/m
deu^ petites armées y di^cidèfi^ j|a
sort de la Silésie , et que les troupes
de vieun officiers croyaient ies aSiBÛres^ 'iu roi y acqmrent npe réput^fîo|i|/iQe
^ BlSTOULfi nf,
It temps .ni Vmvit oe pouFroot leur
ra?ir,
lie lecteur «im remarvié tans doute,
dans te réoit ée cette ouverture de
caiBpafiief ^le c'était à qui ferait le
pks ib iMit^a, duroi ou (tai maréobal
Neoperg. Si le généqil autricbien était
supéinear |>ar set projets , les Prussiens
rélaieoi par raxécdtioo. Le plan de
M« de Meaperg était sa^s et judicieux :
ea entrant en SUésie, il sépare ief
quartiem ds rûl ^.ti pénMne à Neissc,
où Lâotulus le joiiit» et il est sur le
point Rpn swfciiunt de s'enpaier de
Tartitterie sosrele^ assis eneeoe d'enlO"-
veraui Rnûsieni ieui^s anagasias de
Brodaii ^lea seuls qu'ils eussent. Mais
M. de Itaiperg aurait fm surprradre icf
rai à Jseearndorff, et pat ce coup seul
teraûoer toute cette gneire ; de Neisse,
il aurait pu enlever ie cerps du due de
Heistein^ qui cantonnait à an mille de
là; avec 19 peu pins d^activité^ il au-i
rait pn empédiet le roi de passer la
Naisse à Mi^halan; de Giotfcau racore,
il aurait dé mardier Jour el nuit poor
prendra Ohian et eonper le rel de
Bl^stan. An lien de saisir eBseeoasioM»
par une séoMlé impardennaUe , 11 se
tadisa surprendre , et ftit battu en
grande paitie paraa prepre Oiate. Le
roi denaa encore pins de prise qne kû
àlicénaiHe; H fat averti à temps en
pÉejrt deaemémfs, et il ne prit ao-
èiÉie flMsnre snfBsante pour sfen ga-*
nniCir. Au'Hen de narflier à Jœgem-
dorff pour éparpiller encore phis ses
tftMqpês, t aurait de rasseiuMef tonte
sM armée, et la'ptaeer en eanfonno*'
eaènsresseirés àni environs de Neisse ;
a se laissa couper du duc de Hototcn^
et ee nrtt dans la nécesrité deeomtiat-
tre dans tmé |MKdtion eè , en cas de
nsAiéurllI if aratt aucune retraite, oi
il risquait de perdre Tarmée et de se
perdre lui-même. Arrivé à M4fw1tx, où
MOK TEMPS* )(^
rennemi caotounait, au Ken de maiH
cher avec vivacité pour séparer 1^
. cantonnemens des troupes de la reine;
il perd deux heures à se former méri
tliodicpiemeiit devant un vilage m
aucun icnneoû ne paraissait ; s'il avait
seulement attaqué ce village da Mo^
witz, il y eût pris toute «ntte iofenfme
autrichienne, à peuplés de même que
vingt-quatre hataUIona firapçail furei4
pris à Blindheim : mais il n*y amrit
dans son armée qne le marédial d#
Sdiwérin qui fiât un homme de tète et
un général espérimenté. Il régnait
beaucoup de liênne volonté dans Isa
tieupes.1 mais eHes ne connaissaient
que les peUta détaHa, et fauie d'avoir
bit la guerm, #lles n'allaient qu*an tàr
tonnant et araignaient les partiadéd-*
sifs. Ce qnî sauva proprement kf
Frassiens , ce fiit leur vdeur et leur
discipline. Molwiti fat l'école dn roi et
de ses .troupes. Ce prince fit des ré*
lexiona pretaides sur toutes les lautes
qu'il «mit fsîtea, et y tâcha 4e a^en
corriger danalasuile. LeduedejBoir
stein avait en occasion de frapper un
grand aoup; mais peur Ip tes occa-
sions étaient perdues. N'af ant point
reçu d'eedre en roi» il avait mandié «
sans trop saveir pourquoi , d'Ottma*
chae à fitreUen ; il s'y tnwva précisé*-
ment le jour de la bataille et entendît
le ;feu des deui aimées. Le il^ tontes
les tronpes des Autrichiena en déroute
passèrent à im milleée son poate. U
en narait pu détnibe les restes; mais
fente de savoir prendM une réaohiÉion^
a laissa te champ libre à M. de lie^
peif , qui masemUa ses fuyards 4e
KnitraêMédate viHe de Neisse, ette
dueda Mebtein joignit tranquiHemait
Pennée 4u roi anpr^ d'OUau. Après
sa^mstion eft Parrifée d'entrés ren<^
SofiSy ea eofps masamMe œnsiaiSiK'en
éd
l'UfiDÉlIfC )t
Mcadronsde cavalerie et trois de biUH
sards; Pour profiter de cette victoire ,
il fut résolu d'entreprendre le siège de
Brieg. Le maréchal de Klackslein ftit
chargé de la conduite de ce siège, et
l'armée du roi se campa auprès de
Moiwiti pour le couvrir. Huit jours
après Fouverture de ki tranchée,
M. Piccolonnni, qui était commandant
de la place , capitula, avant que son
chemin couvert fût emporté et lors-
qu'il n'y avait encore aucune brèche
aux ouvrages. L'armée resta trois se-
midaes au camp de Moiwiti , pour
donner le temps de combler les tran«-
Cbées et de ravitadler la pkice de
Brieg, dont toutes les munitions avaient
été consumées. Le roi profita de cette
inaction pour exercer sa cavalerie,
pour lui apprendre à manœuvrer et à
changer sa pesanteur en célérité ; elle
Ait souvent envoyée en parti, pour
que les officiers apprissent à pn^ter
du terrain et qu'ils prissent plus de
confiance en eux-mêmes. Dans ce
temps, Winterfeld, le mèAie (fui avait
négocié une alliance en Russie, fit un
si beau coup à la tète d'un détacha*
ment, qu'il acquit la réputation d'être
aussi bon officier que bon négociateur.
11 surprit et battit le général Baranay
à Rothichlot et lui prit trois cents pri-
sonniers. Comme les Prussiens jouis^
saient de la faveur du pays, ils avaient
les meifienres nouvelles; ce qui leur
procura à k petite guerre phisteurs
avantages. Cependant nous ne rappor-
terons point toutes les actions sem*-
blaUes ; par exemple , comment les
Autrichiens ruinèrent, auprès de Leu-
Inis, un nouveau régiment de hussards
de Banderaer, comment ils prirent une
centaine de houlans auprès de Streh-
en , comment ils brAlèreot Zobten ,
«MMient les Prussiens les battirent à
Friedivalde et en d'autres renoofitres ;
parce que oe n'est pas l'histoire des
liussards, mais celle de la conquête de
la Silésie que nous nous sommes iMt>-
posé de décrire. La bataille qui en
avait presque décidé, causa des sensa-
tions bien difEèrentes en Europe. La
cour de Vienne, qui s'attendait à des
succès, s'irrita et s'aigrit de ses pertes;
dans l'espérance d'avoir sa revanche ,
elle tira des troupes de la Hongrie et
quantité de milices dont elle renforça
H. de Nenperg. Le roi d'Angleterre et
celui de Pologne commencèrent à res^
pecter l'armée commandée par le
prince d'Anhalt, qued'abord ils avaient
méprisée. L'empire étai tcomme étouidl
d'apprendre que de vieilles bandes au*
trichiennes avaient été débites par
des troupes peu expérimentées. En
France on se réjouit de cette victoire ;
la cour se flattait qu'en se mêlant de
cette guerre, elle arriverait à temps
pMur donner le coup de grâce A la
maison d'Autriche. Par une suite de
cette disposition favorable, le maré^
dial de Belle-Isie, ambassadeur de
France à la diète d'élection qui se te-
nait à FrancfiDrt, vint dans le camp (1)
du roi lui proposer, de la part de son
maître, un traité d'aDiance, dont les
articles principaux roulaient sur l'é-
lection de l'électeur de Barière, smr le
partage et le démembrement des pro-
vinces de la reine de Hongrie, et sur
la garantie que la France promettait
de donner de la basse Silésie, à condi-
tion que le roi renonçât à la succession
des duchés de Julien» et de Bergue» et
qu'il promit sa voix à l'électeur de Ba-
vière. Ce traité fut ébauché, et il fut
stipidé de plus que la France envjerrait
deux armées dans l'empiio, dont une
irait au secours de l'électeur de Ba-
vière, et l'autre s'établirait en West-*
|1) MohritB.
UJSTOlHi^: DE MON lEillS.
M
phalk', pour en luipo^er ei\ même
temps aux Hanovrieus et aux Saxons ;
et qu'enfin , préférablement h tout, la
Suède déclarerait la guerre à la Russie,
pour lui doniier de ToccupationSur ses
propres frontières. Ce traité, tout avan-
tageux qu'il paraissait , ne fut pas si-
gné. Le roi ne voulait rien précipiter
dans des démarches d'ausji grande
conséquence, et il se réservait ce parti
comme une dernière ressource. Le
maréchal de itelii^Isle se livrait sou-
vent trop à son imagination ; ou au-
rait dit, à l'entendre, que toutes les
provinces de la reine de Hongrie
étaient à l'encan. Un jour qu'il se trou-
vait iiuprès du roi , ayant un air plus
occupé et plus rêveur que d'ordinaire ,
ce prince lui demanda s'il avait reçu
quelque nouvelle désagréabh'. « Au-
n rune, répondit le maréchal; mais ce
y> qui m'embarnisse, sire, c'est que je
» lie sais ce que nous ferons de cette
» .Aloravie. » Le roi lui proposa de la
donner à la Saxe, pour attirer par cet
cippflt le roi de Pologne dans la grande
alliance. Le maréchal trouva l'idée ad-
mirable et l'exécuta dans la suite. Ce
n'était pas à la France seule que se
bornaient les négociations des Prus-
siens ; elles s'étendaient en Hollande,
en Angleterre et par toute l'Europe.
Sur quelques propositions qui avaient
été jetées en avant dans une lettre que
le roi avait écrite au roi d'Angleterre,
ce prince avait répondu que ses enge-
gemens l'obligeaient, à la vérité, à sou-
tenir l'indivisibilité de la succession de
Charles YI, et qu'il voyait avec peine
la rupture de la bonne intelligence en-
vre les Prussiens et les Autrichiens;
qu'il ofirait cependant volontiers ses
bons offices pour moyen ner une ré-
conciliation entre ces deux cours ; il
envoya le lord Hindfort comme mi-
nistre d'Angleterre, et le sieur Sçhwic-
helt comme ministre de HaiK)vre. Ces
deux négociateurs étaient, quoiqu'aa
service du même prince, chargés d'ins-
tructions toutes différentes. Le Hano-
vrien voulait qu'on achetât la neutra-
lité de son maitre en lui garantissant
les évêchés de Hildesheim, d'Osna-
bruck et les bailliages qui lui sont hy-
pothéqués dans le Mecklenbourg ; on
lui donna un contrcprojet, dans lequel
les intérêts de la Prusse étaient mieux
ménagés. L'Anglais offrait les bons of-
fices de son maître pour engager la
reine de Hongrie à la cession de quel-
ques principautés de la basse Silésie ;
on éluda d'entrer sur ces points dans
une négociation formelle, avant d'être
préalablement instruit des dispositions
où se trouvait la cour de Vienne. Ces
ministres étaient dans le camp du roi ,
et il paraissait singulier que le lord
Hindfort donnât plus d'ombrage au
sieur Schwicheit que le maréchal de
Befie-Isle, d'autant plus que ce Uano-
vrien recommandait sur toute chose
qu'on fit un mystère de ses négocia-
tions au ministre d'Angleterre. Ces
Anglais et ces Hanovriens, qui flat-
taient le roi dans son camp» ne vou-
laient que l'endormir ; ils n'agissaient
pas de même dans les autres cours de
l'Europe. En Russie, Finch, ministre
anglais, y soufflait la guerre ; les in-
trigues du comte de Botta et les char-
mes du beau Lynar perdirent le brave
l^lunnich. Le prince de Brunswick, gé-
néral en chef de la Russie, poussé par
sa grand'mère, par l'impératrice douai-
rière et par ces ministres étrangers ,
qui étaient autant de boute-feux, al-
lait incessamment engager la Russie à
déclarer la guerre à la Prusse. Les
troupes s'assemblaient déjà en Livo-
nie ; le roi en était informé, et c'est ce
qui lui inspirait de la méfiance pour
les Anglais, dont il découTrait la du-
is
nhnàtiic 11.
pWdtft. Leurs intrigues avaient égale-
inent extorqué du grand pensionnaire
de Hollande une lettre (1) cxhorta-
toire pour engager le roi à retirer ses
troupes de la Silésic. Toutes ces ma-
chinations des Anglais, et surtout ce
i|u'on prévoyait en Russie, détermi-
tièrent enfin le roi A signer Sun traité
avec la France, aux conditions dont il
était convenu avec le maréchal de
Belle-Isle. ^n y ajouta les deux arti-
cles suivans : que les Français com-
menceraient leurs opérations avant la
fin d*aoùt, et que ce traité serait tenu
secret jusqu*à ce que sa publication ne
pût porter aucun préjudice aux inté-
rêts des Prussiens. On ne i)erdit pas de
temps à conclure cette alliance. Il fal-
lait se presser; on voyait éclater la
mauvaise volonté des Russes ; on vovait
six mille Danois et six mille Hessois
auxquels l'Angleterre donnait des sub-
sides, joints aux troupes hanovriennes
qui campaient déjà depuis le mois d'a-
vril. Les Saxons de leur cAté se pré-
paraient de même, et il était question
de joindre leurs troupes h celles des
HanoVriens ; il ne restait donc qu'à
gagner du temps, jusqu'à l'arrivée du
secours des Français, en amusant le
mieux qu'on pourrait le lord Ilindrord
et le sieur Schwicheit, pour qu'ils ne
pussent pas même soupçonner le traité
qu'on venait de signer avec la France.
Le roi et ses ministres y réussirent si
bien, que cette négociation, qui pa-
raissait toujours sur le point d'être
terminée, s'accrochait toujours à quel-
que nouvelle circonstance , qui obli-
geait l'Anglais de demander & sa codr
de plus amples instructions : on était
sur le point do ronrlnre et on ne fi-
m'ssait jamais. Le cnmp du roi avait
pris fai forme d'un congrès ; mais l'ar-
(1) MiHMl piT GittksI te Iftjlii.
mée se mit en mouvement et elle re-
prit le ton militaire. Dès que la ville
de Brieg fut ravitaillée^, l'armée se mit
en marche et vint camper auprès de
Grotkau. M. de ^^euperg était à trois
milles de là, derrière la ville de Keisse,
où il s'était mis dans un camp inexpu-
gnable. On changea de camp pour la
commodité des subsistances ; l'armée
occupa les hauteurs de Strehlen , d'où
en s'approchant de Breslau, elle pou:-
vait tirer ses vivres et nourrir la ca-
valerie à sec le reste de la campagne.
De ce poste, elle était à une égale por-
tée de Brieg et de Schweidnitz et cou-
vrait toute la basse Silésie. On pro-
fita des huit semaines qu'on resta dans
cette position , pour recruter l'infan-
terie et remonter la cavalerie ; ce qui
se fit avec tant de succès, que l'armée
n*avait pas vie plus complète en en-
trant en campagne qu'elle ne l'était
alors.
Tandis que le roi s'occupait à ren-
dre son arm('*e plus formidable. M* de
Neuperg formait dos projets qui au-
raient été dangereux , si on lui avait
laissé le temps de les exécuter. Nous
croyons qu'il ne sera pas hors de pro-
pos de rapporter de quelle façon le roi
parvint à les décimvrir. Il y avait à
Breslau un nombre considérable de
vieilles dames natives de l'Autriche et
de la Bohême , et depuis long-temps
établies en Silésie : ^lu's parens étaient
à Vienne, à Prague ; quelques-uns ser-
vaient dans l'armée de Neuperg. Le
fanatisme de la religion catholique et
l'orgueil autrichien augmentaient leur
attachement pour la reine de Hongrie;
elles frémissaient de colère au seul
nom pnissien : elles rabalaient souN
dément, elles intriguaient, elles en-
tretenaient des correspondances dans
Tannée de H. de Neuperg par des nsoi-
nes dt dès |[MWiei qot lélur semiient
»
HlSTOme DE MO.X TFMM.
es
d'érnissaires; elles étaient înstrnîtrîi de
tons le» desseins des enTi(»Tnis. r.es fom-
tnes, poar se conforter entre elles,
avaient établi ce qu'elles appelaient
leurs assises , où presque tous les soirs
elles s'assemblaient , se communi-
quaient leurs nouvelles, et délibéraient
•tir les moyoTi's qu'on pourrait em-
ployer pour expulser une armée héré-
tique de la Sîlésie et détruire tous les
mécréans. Le roi était instruit en gros
de ce qui se passait dans ces convcnti-
niles, et il n'épargna rien pour faire
glisser dans ces assises une fausse
soeur qui , sous prétexte de haine pour
les Prussiens, y serait bien reçue, et
pourrait avertir de tout ce qui s'y tra-
mait. C'est par ce canal qu'on apprit
que M de Neuperg s'était proposé,
par ses mouvemens, d'éloigner le roi
de Breslau, de s'y rendre alors par des
marches forcées, et, par le moyen des
intelligences qu'il avait dans cette ca-
pitale, de s'en emparer. C'était pren-
dre aux Prussiens tous leurs magasins
et leur couper en même temps la com-
munication qu'au moyen de l'Oder ils
conservaient avec l'électorat. il fut
aussitôt résolu de prévenir I ennemi à
tout prix et de rompre à l'égard de
Breslau une neutralité à laquelle ses
magistrats avaient porté plus d'une
atteinte. Sur œla, les syndics et les
échevins les plus attachés à la maison
d'Autriche furent mandés au camp du
roi ; on y invita en môme temps les
ministres étrangers, pour ne point ex-
poser leur personne aux désordres aux-
quels une surprise peut donner lieu.
On détacha en même temps quelques
bataillons, qui arrivèrent par difTéren-
tes routes au faubourg (1). On de-
manda è la ville le passage pour un
légknent; pendant qu'il entrait par
«ir
une porte , un rhariof s'embarrassa
dans un autre ; trois bataillons et cinq
escadrons en profitèrent pour se glis-
ser dans la ville. L'infanterie occupa
les remparts, les places, et consigna
les postes. La cavalerie nettoya les
rues principales : en moins d'une heu-
re tout fut soumis; on ne commit an>
cun désordre , ni pillage, ni meurtre :
la bourgeoisie prêta Thommage. Trois
bataillons y restèrent en garnison (1)
et les autres vinrent rejoindre l'armée.
M. de Neuperg, qui ne se doutait pas
qu'il fût découvert, s'était porté sur
Franckenstein, dans l'espérance que le
roi tomberait tout de suite sur Neisse,
et qu'alors il exécuterait son projet sur
Breslau ; mais s'apercevant que son
coup avait manqué , il voulut s'en dé-
dommager en enlevant le magasin que
les Prussiens avaient a Schweidnitz.
Cela encore ne lui réussit pas, car il
fut prévenu. L'avant-garde du roi ar-
riva en même temps que la sienne à
Reichenbach ; celle des Autrichiens n»-
broussa chemin et se replia sur Franc-
kenstein. Le roi fut joint à Reichen-
bach par de nouvelles levées, consis-
tant en dix escadrons de dragons et
treize de hussards. M. de Neuperg avait
judicieusement choisi sa position : il
entretenait sa communication avec la
forteresse de Neisse par Patschkau,
tirait ses vivres de la Bohême par Glatz,
et fourrageait un pays qu'i» oe pouvait
pas consener ; sa droite était appuyée
à Franckenstein , sa gauche sur des
collines non loin de Silberberg , deux
ruisseaux couvraient «on front et le
rendaient inabordable. Ces difficultés
animèrent le roi ; il voulut avoir Thon-
neur de faire décamper les Autrichiens
et de les renvoyer en haute Silésie.
Mais avant que d'en venir à cette opé-
(9) JLe léAértl Mtnvito en devint goover-*
Item.
M
^HÊbÉaii: 11.
ration, il ne nera pas hors dv propos
de jeter auparavant un coup-d'œil sur
ce qui se passait dans le reste de TEu-
-ope.
La reine de Hongrie commençait
alors à voir le péril qui la menaçait.
Les Français passaient le Rhin et lon-
geaient le Danube à grandes journées.
La peur abattit sa fierté ; elle dépêcha
le sieur Robinson, qui était ministre à
sa cour de la part du roi d*Angleterre,
|)our essayer quelques propositions
d'accommodement. Ce Robinson, pre-
nant le ton de hauteur, dit au roi que
la reine voulait bien oublier le passé,
qu'elle lui offrait le Limbourg, la Guel-
dre espagnole et deux millions d*écus
en dédommagement de ses préten-
tions sur la Silésie , a condition qu'il
fît la paix et que ses troupes évacuassent
incessamment ce duché. Ce ministre
était une espèce d'enthousiaste à l'é-
gard de la reine de Hongrie ; il négo-
ciait avec l'emphase dont il aurait ha-
rangué dans la chambre basse. Le roi,
assez enclin à saisir les ridicules, prit
le même ton et lui répondit : « Que
» c'était à des princes sans honneur à
» vendre leurs droits pour de Targent;
» que ces offres lui étaient plus ioju-
» rieuses que n'avait été la méprisante
» hauteur de la cour de Vienne ; » et
haussant le ton , « mon armée, dit-il ,
» me trouverait indigne de I) com-
n mander , si je perdais par un traité
ïi flétrissant les avantages qu'elle m'a
» procurés par des actions de valeur
» qui l'immortalisent. Sachez de plus
A que je ne puis abandonner , sans la
D plus noire ingratitude , mes nou-
n venux sujets, tous ces protestans qui
» m'ont appelé par leurs vœux. Vou-
fi lez- vous que je les livre conune des
» victimes à la tyrannie de leurs per«-
» sécuteurs, qui les sacrifieraient a leur
9 vengeance? Ah ! corament démenti-
» rai-je en un seul jour les seatioieiis
» d'honneur et de probité avec ie»-
» quels je suis né ? et si j'étais capable
D d'une action aussi lâche, aussi in--
» fâme, je croirais voir sortir mes aii-
» cëtres de leurs tombeaux : Non, me
» diraient-ils, tu n'es plus notre sang ;
» tu dois combattre pour les droits
» que nous t'avons transmis, et tu les
» vends ! tu souilles l'honneur que noua
» t'avons laissé comme la partie la plua
» précieuse de notre héritage; indî-
D gne d'être prince, d'être roi, tu n'es
» qu'un infâme marchand qui préfère
» le gain à la gloire. Non, jamais, ja->
» mais je ne mériterai de tels reprc-
» ches ; je me laisserai ensevelir, moi
>; et mon armée, sous les ruines de la
» Silésie, plutôt que de permettre que
r l'honneur et ki gloire du nom prus-
>: sien reçoiventla moindre tache. C'est
r la seule réponse, Monsieur, que je
» puisse vous donner, d Robinson fut
étourdi de ce discours, auquel il ne
s'attendait pas. II retourna le porter à
Vienne ; mais en renvoyant le fanati-
que , le roi continuait à flatter le lord
Hindford et à l'endormir dans une par*
faite sécurité. Il n'était pas encore
temps de se découvrir ; et, pour ména-
ger les puissances maritimes, on leur
communiqua les propositions du sieur
Robinson ; on excusa le roi sur son re*
fus, en alléguant que sachant que le
traité de Bavière liait les mains à la
reine de Hongrie, on n'avait pas ac-
cepté les cessions qu'elle voulait faire
du Limbourg et de la Gueldre ; ce fut
surtout en Hollande qu'on appuya
beaucoup sur la déférence que le roi
marquait pour les intérêts de cette ré-
publique, déférence qu'il pousserait
jusqu'à refuser le Brabant même , si
on voulait le lui offrir. Ce fut environ
alors que ta Prusse signa son traité
avec la Bavière ; elle lui promit sa voix
HlftTOIHb m MUX I
C6
à la diète d'éiectioD. des deux princeii
se garantirent arataellement , Tuu la
Silésie à k Prmse, Paatre la haute Au-
triche, le Tyrol, le Brisgau et la Bo-
hème à la Bavière. Le roi adieta de
cet électeur la inindpauté de Glatz au
prix de quatre ceot mille écus , et le
Bavarois la vendit sans l'avoir jamais
possédée. Mais un des évènemens les
pios avantageux et les plus décisib qui
arrivèrent alors, éclata dana le Nord :
la Suède déclara la guerre à la Russie,
et détruisit, par cette diversion, tous
les desseins du roi d'Angleterre, du
roi de Pologne et du prince Antoine
Ulric contre la Prusse. Le roi Auguste,
déchu des belles espérances de parta-
ger avec le roi d'Angleterre les États
4ta roi , se laissa entraîner au torrent,
•t» bute de mieux , se ligua avec Té-
lecteur de Bavière pour anéantir la
.maiioii d'Autriche. Le maréchal de
BeHerlsle, qui n'avait su que faire de
lalfoiavie et de l'Ober-Mannharstberg,
les érigea en royaume et les donna
AUX Saxons, qui, ntoyennant cette au-
baiœ, sign^^tleur traité le 31 d'août.
La courde Vienne, qui ne pouvait plus
compter sur la divmion des Russes ,
ffesâée d'ailleurs de tous côtés , ren-
vof a dans le camp prussien son négo-
ciateur anglais ; il y apporta une carte
à» la Sîlésie, où la cession de quatre
priodpautés était marquée d'un trait
ë'eocre. n fut froidement reçu, et on
bii donna à connaRi^ que ce qui peut
4tre bon dans un temps , ne l'est plus
dana un autre. Les cours de Londres
et de Vienne avaient trop compté sur
le aecours des Russes : selon leur cal-
cul, il fallait infailliblement que le roi
hunilié, rabaissé, lew deraandét la
paix à genoux ; il s'en fallut peu que
le- contraire n'arrivAt. Teb sont ces
)eox de la fortune si communs à la
guerre, et qui déroutent l'art conjec-
tural des plus habiles politiques.
Déjà les Français et les Bavarois
étaient en pleine action. L'Autriche
était entamée, les troupes s'appro-
chaient de Lintz. Ce n'était que par
des elForts communs et unanimes qu'on
pouvait espérer de terrasser la reine
de Hongrie. Il n'était plus temps de
rester dans un camp les bras croisés.
Le roi, qui brûlait d'impatience d'agir,
tenta de couper H. de Neuperg de la
forteresse de Neisse et de le combat-
tre en marche. Ce projet n'était pas
mal imaginé, mais ii manqua par l'exé-
cution. M. de Kalkstein fut commandé,
avec dix mille hommes et des pontons,
pour se porter avec célérité au village
de Woitz et y jeter un pont, afln que
l'armée, qui le suivait de près, le pût
passer à son arrivée. II partit au cou-
cher du soleil, marcha toute la nuit et
se trouva le lendemain à une portée
de canon du camp. Soit lenteur ou
mauvaise disposition, soit que les che-
mins, gâtés et rompus par les pluies,
l'eussent arrêté, l'armée dépassa son
avant-garde, et arriva même avant lui
au camp de Toupadel et de Siegroth.
Ce jour de perdu ne put se réparer ; le
roi marcha lui-même à Woitz (1) et
fit établir ses ponts sur la Neisse ; mais
l'armée autrichienne, rangée en ordre
de bataille, se présenta environ à huit
cents pas de la rivière. Par quelques
prisonniers que l'on fit, on apprit que
M. de Neuperg n'avait devancé le roi
que de quelques heures. L'armée ne
pouvait arriver à ce pont qu'en deux
heures de temps ; on aurait pu le pas-
ser, si l'ennemi n'avait pas prévenu le
roi; mais c'aurait été de toutes les im-
prudences la plus grande, que de pas-
L% iSepteinbra
pBteénc fli
•er 5or an pool en présence d'une tf-
m^'p qui certiînenient eàt battu les
troupes en détail, et à mesore qu'elles
auraient pris du terrain pour se fonner.
CelaQt résoudre de se poster ponree
jour sur les hauteurs de Woitz. Pen de
temps après , les Prussiens prirent le
camp de Neudorff; et pov tirer leois
subsistances de la ville de Brîeg, Hs en
assurèrent la comnmnicatîon , en oc-
cupant les postes de Loewen et de Mi-
chelau. Les orales qui nenaçaicot la
maison d'Auftriehe , et les dangers qui
devenaient pins pressans de jour en
jour, firent enfin résoudre sérieuse-
ment la reine de Hongrie à se débar-
rasser d'un de ses ennemis, ponr rom-
pre la Ugue formidable qui allait Tao-
cabler. Elle demanda sérieusement la
paix ; elle ne chicana phis sur la rilte
de Breslan ; elte insista seulement pom*
conserver celle de Neisse. Le lord
Hindford, qui négociait alors en son
nom, prétendait q«e le roi, en Eaveùr
d'aussi grandes oessioM, assistai la
reine de Hongrie de tontes ses forces.
Le roi taâ tépoodit qu*it était fâché de
%e trouver dans la nécessité de rejeter
ces offires i mais qu'il ne pouvait pas
violer la foi des traités qu'il venait de
aligner avec la France et la Bavîèrew
1a désolation était si gi«nde k Vieiinev
qooii y attendait les Bavarois d'un
moment à l'autre. Les chemins n'é^
taieai remplis que de gens q«i pre^
oaicQt la fuite ; la cour était sur son
départ. Dan^ cette constemaiion gé-^
nérale, l'impcratrice douwrière écrivit
au prince Ferdinaod de Brunswick >
qui servait dans l'armée, la lettre sui-^
vauie; elte est trop singulière pour
la passer sous silence :
» Mon cher neveu,
V I
» Je roi|ips un silence cruel, que vo-
tre condnite, m stnanteofetreiiMi,
m'a impoaé, ni |eie ferafa, si favib
d'antres votes ponrennimei te rai de
Pmsse de oie rendre en hd nnnèven
que Je ne puis nommai cher ni di-
gne d'estime mèsK aprèa l'Mflidlmi
que vous deuK me caoeik La toMt-
htion en est entre lea mains itami.
La reine, ma fiUe, loi ■ccordi IMt
ce que persomie ne sasmil gaïaMtti
qn-elle-mème, s'il aMé à la meure
en cet état ^ entière tranquiHitA, «t
que le roi ahle à éteindre le fNi qnll
a lui même allumé, et n'agrandlase
yi IttHnéme ses propres ennemis; ear
» il ne faut qlie ta mort de l'éleeten-
palatîn pour lui en attirer d'antres;
plus, que Tagrandissement de Ba-
vière et de ^xe ne pent semAfr
qu'il possède tranqniHement ee ^
la reine lui a laissé en Silésle. AM,
persoadeale roi de devenir notre bon
allié, d'Msister ta reine de tttwpès I
eonaenwr des fitM que tant tfenne-
mis accablent; ear c'est ttéfHe IV
vantage des denx maisons s'ils sotit
en étroite aRfatiee^ lenrpays étante
portée de se pouvoir aider i sdih-
»tenif leurs droits fécip»oq<Des. M
n compte ton! sur votre t^aprésenlatMl
»>et sin* les beHes qualités que piosAift
» le roi, qui, nous afent atUré le mil ,
a vondra aussi «vnir rbonnem* de MIS
» sauver en son temps du préal|riee, Ct
a avoir qnehfneB égBÊÛê Même ftfèt
» ses propres intérto. pour Me tlièM
a et tante eflUgée , qui apt^s pbdfM
a sans mncuneae dire votre aftetlM'^
a née tante ËiiBAaiTB.^LeprintePei^
dtoand répondit en sob^anee A fkâi^
pératrice donairi6re> que le roi «a
poisnraît pas avec honnenr se dépMtt
des engageÉMis qu'il avnit pris aveek
France et ta Bavière^ quil ptaignail
sfocèremeot l'impératrice ; qu'il ma^
drnît ])ouvoir changer sa situation et y
mSTOlRX BB «ON TEMPS.
«7
MiDpatiflflUi, BMto^qiie les tBttps m il
élAit libre de saBoeamoder atec la
«Mr de ViesM étaient fasses. Od in-^
tercepta, à pe« de Jdiis de diffhmce,
«ne lettre 411e rin^èi^tnce dowiffère
darifttkwL priBce Lmris dtt-Bransviek,
fiî se Ireofait alevA m Snsia; elle
. était ptas siBSère,, ^aoîfne le siyle s'en
lattt pas mieux; «i Teiei la copie ti-
lée sv-lWigioal :
« ai MiMsmlpre im.
» MoD cher neveu,
» L'état de ms albéres t pris on
pli si accablant, <pie Ton peut dire
aetre cas an abandon général ; car
plus aucun n'est pour nous. Ce qui
uous conaole dans notre oialfaeur,
est.^pie Dieu prédpRera plus^ d'un
PbBiuou dans la mer Rouge, et con-
fimdra nos fau^i simulés -amis. Il
n'est jias possible ipie la plupart
croient pbis qu'il y a un Bien. Vrai
estHÏ» les busses a^areoces ne
m'ont pas endormie, et malgré ^e
rélecteur da Batière nous a attiré
les Fraofiajs et me chasse d'ici « je
l'estime un digne prince ; il n'a point
simidé ni été finu, il s'est démasqué
d*abonl et agit honnêtement. Je
doute de tous écrire plus d'ici. C'est
une triste année pour moi« Cooser-
ves-nous l'alliance, et qu'ils se gar-
dent de taux €t simulés amis, qui
suis votre affectionnée tante Éusà-
Bvna» a
Le style de ces lettres découvre
^x>mbien la coir de Vienne avait le
oœiir ulcéré des progrès des Prussiens
en Silésie, et que cette cour ne respi-
rait que la vengeance. Mais quelle dia-
lectique !_ Quiconque attaque la mai-
son d'Autriche ne saurait croire en
Dieu ! Offrij:,la paix lorsqu'on est libre
de la &^ire, et refuser des conditions
propesée;s. apr^ d'autre tr^f^. ^gnés ,
s'appeHe ftiusseté , perfidie ! C'est le
langage de l'amour «propre et de l'or-
gueil , qui suppridie f^^netHnde du
raisonnement. Ainsi I Vimmé an en-
visageait l'alianœ fermée oonM la
pragmatique sauctioh eonune la gairre
4ei TitoBsqni voulaient Msaitatar les
cieui pour détrôner Jupiter.
De leur cAté, les Suédois Estaient
pas aussi heurena que lam allé*. Un
détachement de douKo mille hommes
avait été taillé en pitees pm- ka lus-
sesauprès de Wilfenaustraod. Cet éeltec
était conoidérabla pour ee tvyÉÉme
affaibli et niiné depuis Gharim UI.
La Franoe en fet mmtifiée; «Hé se
proposa de réparer d'un autre celé le
revers qu'avaient essuyé ses aiKés;
elle voulut que le marécM de MaiBe-
bois , avec l'armée qu'il eonmmudait
en Westpbalie, pénétrât dans Télec-
torat de Hanovre, pour se tendre met-
tre de ces Étato. Le roi fit une grande
fauta alon en employant toirt sm eié-
, dit pour dissuader les Français de ce
dessein, alléguant que par cette entre-
prise ils se rendraient odieux à l'Eu-
rope, révolteraient contre eux loua les
princes d'Allemagne, etqu'iVanta'aC-
taçher à un objet de peu d' taupertaoMe,
ils négligeraient l'objet prâcipal , ^
était d'écraser la reine de Hongrie
avec toutes leurs forces. Les FrMcais
auraient pu réfliter fsçilenMnt mi «ai-
sonnement aussi faiUa. Slls uvafeat
pris alors Télectûrat de Haupvre^ la-
mais le roi d'Angleterre n'aurait pu
faire des diversionsaur ta BJUn
en Flandre. Jl ne nmnqnait pfais
la garantie de la Franoe au Craitf
le roi avait Gût avec l' électeur de
vière. On pressait M. de Valeri 4a ta
procurer. 8a cour taisait «Maeore
difficultés sur ta eessioB de ta
pauté de data et sur quelques par-
tions deU^uteâilèue^Uluimitan,
68
édant auprès du roi, de laisser tomber
par kaaard un billet de sa poche; saus
. bite flOBUant de rien, le roi mit le
j^ied dessus , H congédia le ministre au
plus vite. Ce biHet était de M. Ame-
ktt secrétaire des aflhires étnoigferes ;
SportaitdeB'aooorderGlatzet la haute
Silésie à la Prusse qu'en cas qu'il en
résultât un phis grand ineonvénient
s'il lés refteait Après cette décou-
verte, M. de Yalori ftit obligé d'en
passer par oà Ton voulut. Les desseins
dea Françms sur le pays de Hanovre
a'ébrailèrent et parvinrent foîentM au
roi d'Angleterre. Ce prince crut son
étectorat perdu ; il n'avait pas le temps
de parer ce coup qui le menaçait de si
prts. Les mesures qu'il avait prises
avec la Russie et la Saxe lui ayant éga-
lement manqué, il voulut tout de bon
travailler à moyenner la paix entre le
roi de Pru»e et la reine de Hongrie.
En conséquence de cette résolution,
le lord Hindford se rendit au camp au-
trichien ; de là il fit dés remontrances
si fortes à la cour de Vienne, il la
pressa avec tant d'énergie, en lui ex*
•^liosaiit <pie pour sauver le reste de ses
Âtats, H fjBflait savoir en perdre à pro-
. pm une partie, que cette cour consen-
tit à h cesdon de la Silésie, dé la ville
de Netsse et d*une lisière en haute Si-
«Maie, en renonçant à toute assistance
donire des ennemis. Le roi qui con-
' naissait la dupUcHé des Anglais et des
Autrichiens, prit ces oOres pour des
"-pièges; et pour ne point se laisser
- aimuser par de belles paroles, qni Tau-
-fuient retenu oisif dans son camp, il
'>Mroba une marche à l'ennemi, passa
la Naisse à Michelau et vint le tende-
'ttain camper à Katsdier, tandis qu'un
•^détachement s'empara d'Oppéln , où
Pmi établit le dépAtdes vivres. Sur ces
Manvemens, M. de Neuperg quitta
IMfib et 16 {Mirta sur OppersdorfT. Le
F«tnÉuc u.
roi le tourna par Friedlatid «et se campa
à Steinan. ^evt^tre que ces difér en-
tes manmuvrai accéléièrent la négo-
ciation du lord Hindford ; il vint aver-
tir le roi que «a négoeiatioii avait si
bien réussi , que M. de Neuperg était
près d'abandonner la SBétie, pourvu
que le roi lui dédarftt verbatement
qu'il n'entreprendrait rien contré la
reine. Les ennemis se contentaient
d'un pourparler quj valait des pro-
vinces à l'État et des quartiers d'hiver
tranquilles aux troupes fatiguées de
onze mois d'opérations. La tentation
était forte ; le roi voulut essayer ce qui
pourrait résulter de cette conférence.
n se rendit en secret, accompagné du
seul colonel Goitz, à Oberschnellen-
dorff, où il trouva le maréchal Neu-
perg, te général Lentulus et le lord
ffindford. Ce ne fut pas sans réflexion
que ce prince fit cette démarche. Quoi-
qu'il eût quelque sujet de se plaindre
de ia France, ces mécontentemens n*é-
taient pas assez: fbrts pour rompre avec
elle; il connaissait par son expérience
les dispositions de la cour de Tienne ;
il n'en pouvait rien attendre d'amiable ;
il était clair que la reine de Hongrie
ne se prêtait à cette convention que
pour semer là méfiance entre les alliés
en l'ébruitant; il fallait donc exiger
des Autrichiens, comme une condition
êine qud non^ que, S^ils divulguaient le
moins du monde les conditions dont
on conviendrait , ce serait autoriser le
roi à rompre cette convention ; le roi
était bien sûr que cela ne manquerait
pas d'arriver. Le lord Hindford tint le
protocole au nom de son mattre. On
convint que Neisse ne serait assiégée
que pour la forme, que les troupes
prussiennes ne seraient point inquié-
tées dans les quartiers qu'elles pren-
draient en Silésie comme en Bohème,
et surtout que , sans le secret le plus
RMTOtRi: M MM tBlIN.
ripde, tout ôe qu'on venot <le ré^br
serait bqI , de lonle DalUté. H CmiI
arooer qae s'il y a une fataKté , elle
9'ert sortoat manifeltée sur M. de
Neoperg, qui paraisadtt destiné à faire
ks traités les plus honilians pour ses
soaferains. Pe« après, M. de Neuperf
St prendre à son armée ia roote^e la
Moravie. Le siège de Neisse ftit anasi-
tM coaunencé; la fUe ne tint q«e
donse jours. La garnison antridiieiMie
n'en était pas encore sortie^ que les
iogénienrs pmsnens y traçaient déjà
les noBveaax ouvrages qui, |>ar la snite ,
la rendirent une des bonnes plaoes de
HEurope. La ville prise , on sépara
rarmée; nne partie mard» en Bo-
hème sous les ordres du prince Léo-
poid d' Anhalt ; quelques régîmens fo-
rent employés au iû)cm de Glatz , et
le reste des troupes, aux ordres du
maréchal Sdiwérin , s'établit dans la
haute Silésie.
Le duc de Lorraine, qui se trouvait
à Presbourg, se flattant que le roi re^
garderait des pourparlers comme des
traités de paix, lui écrivit, demandant
M voix polir l'élection à Tempire. La
réponse fut obligeante, mais conçue
dans un style obscur et si embrouillé ,
«pie l'auteur même n'y comprenait
rien. La campagne terminée onze mois
après» l'entrée en Silésie, le roi reçut
rhommage de ses nouveaux sujets à
Breslau, d'où il retourna à Berlin. H
commençait à apprendre la guerre par
^^ fautes; mais les difficultés qu*n
avait surmontées n'étaient qu'une par*
tie de celles qui restaient à vaincre
pour mettre le comble au grand ou-
vrage qu'il avait entrepris de perfec-
tionner.
CUAPITaS IIL
Bii60M poHlJqoM de to lrè?e. ^ (f nerrc de»
Françaii etdei Bavarois en Bobéine*— L'Ei*
pagne te déclare cootre rAutriche. — piéle
de l'empire. «^ Bérolollon en EoïKle. -^ M-
v»nes aégoeiatlMu. ^
Ponrnepas trop interrompEe le Sa-
des évènemens mSitaires, nous nous
sommes contentés de ne toucher que
snccim^tement les causes qpû occasion*
nèrent cette espèce de suspensien
d'armea entre la Prusse et rAutriche.
Cette matière est déiieate. La démar-
che du roi était scabreuse; il est né*
cessaire d'en développer los motifs ks.
ptas secrets. Le lecteur nous pardon^
nera de reprendre les chaaes d'mi pcsL
phv haut, afin de les éclairair davan-
tage.
Le but de la guerre que le roi avaiti
entreprise était de conquérir la Siiéale r
s'il prit des enga^amens avec la.Ba->
vière et la Frimoë, ce n'était que pouri
remplir ce grand objet ; mais la France
et ses alliés visaient à des fins lovtes
diBérentes. Le ministère de V^saiUes
était dans lapersuaaioB qim c'en était
fait de la puissance autrichienne < et
qu'on allait la détrain pour jamais. Il
voulait élever sur les rainea de cet em*
pire quatre souverafam, dont les fomat-
pourraient se bdaneer wMpMfÊù^
ment, savoir : la reine de Hongrie, fM
gtfderait ce royaume, l'Autriche, te
Styrie, la CarlntMe et la Camioler
l'électeur de Barière, maître de la Bo«
héme, du Tyrol et du Brisgau; hr
Prusse atec la basse Silésie; enfin I»
Saxe Joignant la haute SilMe et la
Mèravie à ses autres possessions. Ces
quatre voisins n'auraient jamais pu
s'entendre à la longue, et la France te
préparait à jouer le riMe d'arbitre et à
donrifier sur des despotes qu'eNe ai^"
!
rait établis elle-même. C'était renou-
veler les usages éé k politicpie des
Romains dans les temps les plus floris-
sa&s dé cette répnbHque. Ce projet
était Incoippatlblp avec ta liberté ger-
niftnique« ne copy^aU en mcxmt
manière an roi, qui tmv9iUait poor
réiévation de sa maison, et qui était
Ùsn éMgBé de Meriflèp aef troupes
pvmrse flamer m se créer des liraux*
St le mU^était tendu i^bntraamil iem
vile de la petKlqw françatoe, H «vûl
pféfoé irt-méme le foùg fii'il se te»
railtaqioaé; M enrarit tout flrit poor la
Fmeeetrien pe«r hiHeème, el pei^
AtieLeeii XV aaiettil parvint à ié»t
Uttr etlle imiiar^iie imivcneliei dent
oû ffwk attiOmei le projet oUmériqM
àCkaiiaaHîrial. AjoolOBa à i«€i, pei^
qofl ftml^Oi* dire, qM liie foi bmH
secondé avec trop de chaleur les opè^
rMiMa des toenpet françaiMa, leur
CmIsm eteairife Taurail sehjo^Bé;
d'aKéfl aarait deveaQ anjet; en l'aur
rril «nliilAé ae-^detà de aea^nMa, et U
se tarait trowé dans Ut nécessité do
osMMtir à UNites les velontéa de la
Fraeeei Mute d'être par la suite en état
de lui résister cm de tronfor des alliée
ifsà piMMaft If eidv à aattir^ eétéKla».
vege^ Uk f md^iee aeadriaft iimc exHi
git dtt roi mee eeedliite nîtigée, par
le^edeil Atridit«ie aorte d'évOUbue
«ÂpfleapiÉiBOM^iàMtriche etde Bam^
be». Jte Mirt de Heagrie était au boi4
M pfédpte; line taère hii douait le
MyMilaYei|)irer» el le rei était sâr di^
kiMipra qamà îl le|egiraîtÀ prepot,
jHirce ipie la pelitique de la eour 4e
Ytenae la preaâaH deéimlgner eo asya^
tère. Aje^toes, peer la pies graiûde
jestifiaetîM dtt roî% «l'il avait déoeun
eatt lea liaisoMaeerètes qee ie eardir»
nà deHeory entietenaît avee M. de
atainfiBei finwMre de «rfiecV4iii&'4e
Teacaae à Vienna i il «a^ iRie.^
icn.
• > ■
caviinal était tout lisposé à aacrilêfl^
les élUés dek France, si la oeur de
Vienne loi effirait le Lnienriieiiri^ eti
une partie dn Brebaat. Il ' a'agisaeit
done de RuaMBavflnr adrûJteeBent^sinN'
teet de ne iMMit se làîsaer piévenir
par WÊk viees pelitiqee qpri l'était jeeé,
danaladamièfeineire deidead'we
tèle cauiaiHMie.
i/évèaenaent ^i8a bieetèt ce ^pm.
levii ateit prévu de l'iediserét«Mrde^
le txmt de Vienne ; elle diveJgiie le :
prétend» traité aveeJa Praïae, eeSaaer
en B«nire% à FmMbri aer le lieîiié elP
pertoet eà eHe evait des èmiaaMi^
I^ epante de Pedewîli, ministra ém ^
affairea étungtees, avait été chartes
à len retwr de la Silésie, de pasaar
par OrasA^ poor sonder cette contt.
qfii a^;eiarqué sens eeiie beaueoep
de jalopie et do mauvaise voleeté
pour tout ee vu intéressait la Pnwe ;
il y trouva le maréchal de Belleflflefo*
rîaei de ce <|tt*il vouait d'apprendre
d'un aertahi Kecbt émtssaîrQ délateur
de Yieeoe, qui, après lui avoir fait dea
prepolîtiens de paix ^e (e marédml
rcyi^ta«')|ii déclara ifae sa. cour s'était,
à tout basardt acoMnuodée avec le rei .
de^^ruise. tten plea, toute la ville de
Dn^de ^t inondée de billets que
feawti98«lont les $mm^ de suspendre
UmarcjlMi de leurs troupes peur la Bo«
lii^me,.p^rGeque le roi de Prusse^ ré«
concilié arec le rfiue de Hongrie , se.
pp^areit;4 ftire eue iavasiou eu Ii^i-
aeeo. La |iD|i4ité oinbrageuse du comto.
de. $nîU fut n^surée par la Earniet4
hardie du co^te de pôdewfls* et lei)
Sa^ns inerçbi^eeV ^n bohème. ^ij(
ces entrefeitoif» V4|ecteuir de £avi^
communiqua au roi une lettre dçj'jp
pératrice Amélie, qui Teihortait à s'ac
commoder avec la reine de Hongrie
avant le mois de décembre, sans quoi
cette princesse se trouverait obligée de
ij
BBTOim M nos TKHPS:
Tl
ratiier les préliniiiiairefi dont elle était
convenue avec les Prosuena. Cette
conduite de la cour de Vienne déga-^
geait le roi de toutes ses promesses.
On Yenra> dans la suite de cet ouvrage,
que cette oow fMiya cher son indisoré^
liOB.
iM guaife avait souvent changé de
tbéàtie pendant ees négociations ; alocs
tMles les armées parurent s*étre donné
rendez-vous en Ikihèaie. L'électeur de
Bavttre avait été à deux marches de
Viemie; s'il eii avancé, il sa serait
trouvé au portes de cette capitale,
qui, usai fournie de troupes, ne lui au-
rait, opposé qu'une faiûe résistiiuce.
L'électeur abandonna ce grand objet
par raïqiréhension puérile que les
Éiaxons étant seuls en Bohème, ils
pemvaient conquérir ee royaume et le
garder. Les Français, par une Qneiae
mal entendue, s'imaginaient qu'Qn
prenapt Vienne, le Bavarois devieq^
drait trop puissant; ils foniOèrent
donc, iiaur l*ea éloigner, sa méfiance
contre les Saigna. Cette fiante capitale
fut la source de tous les malheurs qiM
accablèrent ensuite la Bavière. Cette
armée de Fnngais et à» Bavarois fut
partagée ; on en donna quinze mille
hommes à H» de Ségur, pour couvrir
l'AutHcte et rélectorat; Télecteur,
avec le gros de ses ferœs, f'euipara de
Takwff, de Bu4wei9 et marcha droit à
Prague, où les Saxons le joignirent, de
mè9m de Mt d^ (îOSMon, ks premiers
vewnt de Low^nnUx, le dernier de Pif-
iA wmkM Toarring et M. de )a
LwvîBe, qui commandaient à Tajln^r
et à Bodwei^ f^hmlennère^t ces villes
i l'approche des Autrichiens ; non seu-
leanent \fs ^oemis y trouvèrent un
magasii CMsidérable, mais^^ par cette
pafilîin i»*lbiMeiw^«i\tt 11- de S^-
npmi>iraya ai»p^ <s Tamée de Bo-
hême. M. de Bieuperg e| le prince de
Lobkowitz, qui venaient tous deux de
Moravie, se rorlifièrent dans ce poste.
L'électeur de Bavière, qui se trouvait,
alors devant Prague, ne pouvant Ta^-
Siég^ dans les règles à cause de ia ri-
gueur de la saison, se détermina à la
prendre par surprise. La place éUkH
d'une vaste enceinte ; elle était défeu*
due par une garnison trop faible ; en
multipliant les attaques , il fallait nc-t
cessairement qu'il se trouvât quelque
endroit dans la ville sans rt^sistance, et
cela suifisait pour l'emporter. Prague
fut donc assaillie de trois côtés diQ'é-r
reus. Le comte de Saxe escalada Tan-*
gle flanqué du bastion Saint-Nicolab ,
vers la porte Neuve; il fit baisser le
pont-4evis et introduisit par cette porte
la cavalerie qui , nettoyant les rues,
obligea la garnison d'abandonner la
porte de Igainti-Charles que le comte
Rutoswsl^y essayait vainement de for-
cer; il ne fit donner l'assaut qu'après
que les eunemis eurent quitté le rein-
part. Les Autrichiens , accablés d'en*-
nemis, furent contraints de mettre bas
les armes. Une troisième attaque, que
M. de Polastron devait diriger, man-
qua tout-à-fait. Le duc de Lprrainc ,
grand-duc de Toscane, voulut alors se
mettre à la tèle des armées, et il s*a-
vançait à grondes journées pour se-
courir Prague. A peine arrivé à Km-
nigssaal, il apprend que les alliés
étaient déjà moitres 4q cetto ville. Ce
fut pour lui comme uu coup de fou-
dre ; il retourna avec précipitation sur
ses p^s; ce fat. moins une retraite
qu'une fuite^ I^es soldats se déban-
daient, pillaient )cs villages et se ren-
daient par bandes aux Français. M M . de
Neupcrg et de Lobkowitz se réfugié*
rent, ^VQP leurs troupes découragée^
derrière les marais de Budweis, Tabof*,
^eubaui et WittiugeVt <^mps fiHpeiit
FâtttÉtfIC If.
J'où Zfska, dief des BiMites , atait
braré les forces de tous ses ennemis.
Le maréchÀl de Belle^IsIe, que la scia^
tique avait retena à Dresde , tant que
les aflfkires parurent critiques en Bo*
hème, se rendit à Prague d'abord
après sa reddition. Il détadia Polas-
trou à Teutschbrod, le comte de Saxe
à Picheli, pour nettoyer les bords de
la Sassawa, et d'Aubigné se porta sur
la Wotawa avec vingt bataillons et
trente escadrons. L'intention du ma:-
réchal était de pousser jusqu'à Bud-
veis : mais la circonspection de ce gé-
néral l'arrêta à Piseck. Ainsi l'inacti-
vité des généraux français donna aux
Autrichiens le temps de respirer et de
se fortifier dans leurs quartiers. Le
maréchal deBelle-Tsle, plus flatté de la
représentation de l'ambassade que du
commandement des armées, manda
au cardinal que sa santé ne lui permet-
tant pas de fournir aux fatigues d'une
campagne, il demandait d*ètre relevé.
Le cardinal donna ce commandement
au maréchal de Broglie, aflïtibli par
deux apoplexies; mais se trouvant à
Strasbourg, dont il était gouverneur,
il parut être celui de tous les généraux
qui pourrait joindre le plus vite l'ar-
mée de Bohême. Dès son arrivée, ce
maréchal se brouilla avec M. de Belle-
Isle. Broglie changea toutes les disposi-
tions de son prédécesseur ; il rassem-
bla une masse de troupes, avec les-
quelles il se rendit a Piseck. Le grand-
duc fit mine de l'attaquer ; sa tentative
fut inutile : Lobkowitz ne réussit pas
mieux sur Frauenberg. Enfin les Au-
trichiens, fatigués inutilement, re-
tournèrent à leurs quartiers. Les Fran-
çais, qui aimaient leurs commodités,
trouvaient fort à redire que les enne-
mis les inquiétassent si souvent; ils
auraient bien voulu que les Prussiens
^ missent en avant pour les couvrir ;
mais il aurait fiillu Atre imbécUle pcHir
souscrire à de telles prétentions. M. de
Yalori, qui était ministre de France à
Beriin, s'exhalait en plaintes ; il sinite-
nait que les Allemands, qui n'étaient
bons qu'à se battre, devaient ferrailler
contre les Autrichiens , pour donner
du repos aux Français, qui leur étaient
supérieurs en toute chose. On réeonta
tranquillement, et à la fin, il se laisa
de ses vaines importunités.
Tant de puissances, qui s'étaient al*
liées contre la maison d'Autriehe et
qui voulaient partager ses dépouilles,
avaient excité la cupidité de priooes
qui jusqu'alors s'étaient tenus tran-
quilles. L'Espagne ne voulut pas de-
meurer oisive, tandis que tout le mon-
de pensait à son agrandissement. La
reine d'Espagne, qui était de Parme ,
forma des prétentions sur eette prin*
cipauté et sur celle de naisaoce,
qu'elle appelait son eotillon, poar y
étabbr son second fib don Philippe.
Elle fit passer vingt mille Espagn<ris ,
sous les ordres de M. de Mootemar,
par le royaume de Ma]^es , en même
temps que don Philippe, avec un au-
tre corps, passait par le Dauphiné «t la
Savoie pour pénétrer en Lombardie.
Ainsi un feu qui, dans son origine, ne
parut qu'une étincelle en Mésîe, se
communiqua de prodie en proche, et
causa bientôt en Europe un embraae-
ment universel.
Tandis que tant d'armées cobhmI-
taient, les unes vis-i-vis des autres,
plus de sottises que de belles actions ,
la diète de l'empire, assemblée A Franc-
fort ponrrétectiond'nn empereur, per-
dait son tempsen fri volesdâibéntitions ;
au lieu d'élire un chef, elle disputait
sur des pourpoints ou aur des dentel-
les d'or que les seconds ambassadeurs
prétendaient porter ainsi fue lat pre-
miers. Cette diète était
mSTOlRK DB MON TEMPS,
7a:
deax partis ; les uns, partisans fanati-
qaes de la reine de Hongrie , les an-
tres, ses ennemis outrés. Les premiers
voulaient le grand-duc pour empereur,
les autres désignaient, avec une sorte
d'obstination, l'électeur de Bavière.
La fortune, qui favorisait encore les
armes des alôés, l'emporta, et leur
parti gagna enfin l'ascendant qu'ont
les heureux. La diète de Francfort,
cependant, n'avançait guère. Pour se
faire une idée de cette assemblée et de
la lenteur de ses délibérations , il ne
sera pas inutile d'en donner une es-
quisse. La bulle d'or est regardée
comme la loi fondamentale de TAlle-
niagne ; c'est à elle qu'on en appelle
en toute occasion, et, s'il y a des chi-
canes, elles naissent do la façon de
l'expliquer. Les princes choisissent
donc les docteurs les plus instruits de
cette loi , les pédans les plus lourds et
les plus consommés dans les vétilles
de la formalité, pour les envoyer, com-
me leurs repr^ntans, à ces assem-
blées générales. Ces jurisconsultes dis-
cutent sur la forme des choses, et ont
Tesprit trop rétréci pour envisager les
objets en grand; ils sont enivrés de
leur représentation , et pensent avoir
la même autorité que celle dont cet
auguste corps jouissait du temps de
Dharles de Luxembourg. Enfin , dans
cette diète, au !•' décembre de l'an-
née 171^1, on était aussi peu avancé
qu'avant la convocation de cette illus-
tre assemblée, Siles Autrichiens avaient
eu quelques succès par leurs armes, le
grand-duc aurait emporté la pluralité
des voix ; il fallait donc, dans ces con-
jonctures, brusquer l'élection, pour
profiler de la supériorité des suffrages,
empêcher, par l'élévation d'une autre
famille au trône impérial , que c^tte
dignité ne devint héréditaire dans la
nonvello moisoncJ'Autrirhe. Pourache^
miner les choses k ce but, le roi pro-
posa de fixer un terme pour le jour de
réiection. Cet expédient fut approuvé,
et la diète fixa pour ce choix le âb jan-
vier 1742.
Cette diète et ses délibérations fai-
saient moins d'impression sur le roi
d'Angleterre que ce qui le toudiait de
plus près ; la crainte qu'il avait de cette
armée de Maillebois, qui menaçait son
électorat, fut si vive, qu'il se résolut à
faire le suppliant à Versailles pour ga-
rantir ses possessions. Il y envoya ,
comme son ministre , M. de Harden-
berg, pour signer un traité de neutra-*
lité avec la France. Le cardinal de
Fleuri demanda au roi ce qu'il augu-
rait de cette négociation. Ce prince
lui répondit qu'il était dangereux d'of-
fenser à demi , et que quiconque me-
nace doit frapper. Le cardinîd, pins
patelin que ferme, n'avait pas un ca-
ractère assez mâle pour prendre des
partis décisifs ; il croyait ne rien don-
ner au hasard en tenant les choses en
suspens ; il signa ce traité. Ces tempé-
ramens et cette conduite mitigée ont
souvent nui aux aflUres de la France ;
mais la nature dispense ses talens à
son gré : celui qui a reçu pour lot la
hardiesse ne saurait être timide, et ce-
lui qui est né avec trop de circonspec-
tion ne saurait être audacieux.
Cette année était comme l'époque
des grands évènemens. Toute l'Eu-
rope se trouvait en guerre pour une
succession litigieuse; on s'assemblait
pour élire un empereur d'une autre
maison que de celle d'Autridie, et en
Russie, on détrônait un jeune empe^
reur encore au berceau ; une révolu-
tion plaça la princesse ËHsabeth sur ce
trône. Un chirurgien (1), Français de
naissance, un musicien, un gentilhonh
% FRgufiBic n.
IM de M chanhfe et eemt gardes préo- , roo, Courlaodaiii el étranger comipc
hfazeMki. conompos par Targeot de Lynar ; tant il e»t vrai que les mèaiea
la Fram» , conduiaeet Elisabeth au . choses cessent d'être les mêmes, quapd
palais npèrial. Ils surpreomat les
gardes et les désarment. Le jeune em-
pereur. iOB phre, le priuee Antoine
de Bnuiswick, el sa mère, la piincesse
de MfickluaboiiffB sont arrêtéi. On as-
semble Im Iroopes; eDes prêtent le
sermeal i Elisabeth, qu'ils reoonnaîft-
Si'Di pour leur impératrice. La famille
malheureuse est enfermée dans les
ITisaus de Riga. Oslermann, après
avuir été traité avec ignominie, est
c^ik; en Sibérie : tout cela n'est lou-
\r.ise que de quelques heures. La
Ff attire , qui espérait profiter de cette
révolution, qu'elle avait amenée, vit
bieutit après ses espérances s'éva-
nouir.
Le demain 4q cardinal de Fleuri
était de dégager la Suède du mauvais
pas ou il l'avait engagée. Il crut qu*un
changement de règne en Russie ren-
drait le Qonveau souverain facile à
conclure une paix Earorable à la Sdè-
de; dana cette lue, il avait envoyé un
nommé d'Avennea, avec des ordres
verbaux , an marquis de la Chétardie ,
ambassadeur i Pétenbourg, afin qu'il
elles se font en d'autres temps et par
d'autres personnes. Si Tamour pcidit
la régente, l'amour plus populaire,
dont la princesse Elisabeth fit sentir les
efléts aux gardes préobraienski , re-
leva sur le trône. Ces deux princesses
avaient le même goût pour la volupté;
celle de Mecklenboorg le couvrait dn
voile de la pruderie ; son cceur seul la
trahissait. La princesse ÉUsabeth por-
tait la volupté jusqu'à la débauche ; la
première était capricieuse et méchan-
te; la seconde, dissimulée, mais facile;
toutes deux baissaient le travail ^ tou-
tes deux n'étaient pas nées pour le
gouvernement.
Si la Suède avait su profiter de Toc-
casiou, elle aurait frappé quelque grand
coup pendant que la Russie était agi-
tée par des troubles intestins. Tout lui
présiaigeait d'heureux succès; mais le
destin de la Suède n'était point de
triompher de ses ennemis. Elle dçr
meura dans une espèce d'engourdisse-
ment pendant et après cette révolu-
tion; elle laissa échapper l'occasion,
I cette mère des grands évèneroens; la
employât tous les moyens possibles ! perte de U bataille de Pultawa ne lui
pour culbuter la régente et le généra- 1 fut pas plus fatale qu'alors la moDe
Iis>ime. De telles entreprises, qui pa- ; inaction de <es armé^. Dès que Ilm-
raitraient téméraires dans d'autres pératrice Elisabeth se crut assurée sur
gOttvememens , peuvent quelquefois : le trdne, elle distribua les premières
l'exécuter en Russie. L'esprit de ia na-
tion est endin aux révoltes. Les Rus-
ses ont oela de commun avec les au-
tres peuples, qu'ils sont mécontens du
présent et qu'ils espèrent tout de l'a-
vanir. La régente s'était rendue odieuse
par Ica faiblesses qu'elle avait eu.-s
places de l'empire à ses partisans. Les
deux frères Bestuchew, Woronzow et
Trubetzkoi entrèrent dans le conseil.
Lestoc. le iMt>motrur de TélL^vation
d'Elisabeth, devint une espèce de mi-
nistre subailerno, quoique? chirurgien.
Il était porté pour la France, Bestu-
poor on étranger, le beau comte de chew pour l'Angleterre : de là naqoi-
Lynar, envoyé de Saxe; mais sa de- reiit des divisions dans le conseil el
vancière, Fimpératrice Anne, nvaiten- de< intrigues interminables à la cour.
con* rîi» ouvprfpmf^n» li-tiiiii: B»- I.'imf«^nitT "mvjit 1a prMiWtJon
mSTOIRB M MON TEMM.
ponr aucune des puissances ; mais eDe
se sentait de l'éloîgnement pour la
cour de Vienne et pour celle de Ber-
lin. Antoine llric, p^re de l'empereur
qu'elle arait détrôné, était cousin ger-
main de la reine de Hongrie, neveu de
rimpératrice douairière et beau-frère
du roi de Prusse, et elle appréhendait
que les Ifens du sang ne fissent agir
ces puissances en faveur de la famille
sur la ruine de laquelle elle avait éta-
bli sa grandeur. Cette princesse, pré-
férant sa liberté aux lois du mariage,
trop tyranniques selon sa façon de
penser, pour affermir son gouverne-
ment, appela son neveu, le jeune duc
de Ilo.steîn, à sa succession. Elle le (ît
élever a Pélersbourg en qualité de
grana-nuc de Russie. Ix public croit
assci légèrement que les évènemens
qui tournent à t'avantage des princes
sont res fruits de leur prévoyance et de
leur babileté ; par une suite de cette
prévention, l'on soupçonna le roi d'a-
voir trempé dans cette révolution ar-
rivée en Russie ; mais il n'en était rien.
Le roi n*y eut aucune part, et n'en fut
informé qu'avec le public. Quelques
mois auparavant, lorsque le maréchal
de Belle-Isie se trouvait au camp de
Molwitz , la conversation avait tourné
sur le sujet de la Russie. Le maréchal
parut très mécontent de la conduite
du prince Antoine et de sa femme la
Té|[ente; et, dans un moment où sa
colère s*aUumait, il demanda au roi
s'}} verrait avec peine qu'il se (It une
révolution en Russie en fhveur de la
princesse Elisabeth, au désavantage du
JL jeune empereur Iwan, qui était son
j neveu. Sur quoi le roi répondit qu'il
ne connaissait de parens parmi les sou-
verailis que ceux qui étaient ses amis.
La conversation finit* et voilà tout ce
qui se passa.
Beriin fut, pendant cet hiver, le
centre des négociations. La France
pressait le roi de faire agir son armée;
rAnglcterre Texhorlail à conclure la
paix avec l'Autriche ; TEspagne solli-
citait son alliance, le Danemarit ses
avis pour changer de parti ; la Suède
demandait son assistance, la Russie
ses bons offices à Stockholm ; et Tem-
pire germanique , soupirant après la
paix, faisait les plus vives Instances
pour que les troubles s'apaisament.
Les choses ne restèrent pas long-
temps dans cette situation. Les trou-
pes prussiennes passèrent à peine deux
mois dans leurs quartiers d'hiver. La
destinée de la Prusse entraîna encore
le roi sur ce théAtre que tant de ba-
tailles devaient ensanglanter, et où les
vicissitudes de la fortune se firent sen-
tir tour à tour aux deux partis qui se
faisaient la guerre. Le plus grand avan-
tage que le roi retira de cette espèce
de trêve avec les Autrichiens , (bt de
rendre ses forces plus formidables.
L'acquisition de la Silésie hii procura
une augmentation de revenus de trois
miUions six cent mille écus. La plus
grande partie de cet argent ftat em-
ployée à l'augmentation de l'armée;
elle était alors de cent six bataifions et
de cent quatre-vingt-onze escadrons,
dont soixante de hussards. Nous ver-
rons bientôt l'usage qu'il en fit.
CHAPITRE IV.
brupcioa dei AatrMiiim en Itofiér». — Dé-
part du Bot. - Ce (|ui fo paisa à Drcj<)f ,
Prague et Olmud. — Négociation de Filmer.
- £xp(<di(ion de Moravie, Aalriche et Hon-
grie. — Néfrocialion df lanlni. — Blocus de
BriefT. — Le roi quitta la Mon? ia et Joint
•on année da Bolilina à Chnidin. — Ce qui
•e pyia en Moravie après son départ. —
Ghcugemenl de ministère i Londres. * 1*1^
gociatinn infroctaenif et TlipadlH, qpl M
FRÉDÉRIC 11.
prendre le ptrti de décider itt rê kOluUoa d»
Aatrichiens pir ane bstaill *.
Quoique les Français fussent ma!
ires de Pragne, qu'ils occupassent les
bords de la Votawa , de la Muldau et
de la Sassava, les Autrichiens ne dé-
sespéraient point de leur salut; ils
avaient tiré dix mille honunes dltalie,
sept miDe de Hongrie, auxquels ils
joignirent trois mille hommes du Bris-
gau, arrivant par le Tyrol. Ce corps,
qui montait au nombre de vingt mille
honunes, avait le maréchal Kheven-
hûller à sa tète. Ce général forma aus-
sitôt le plan de tomber sur les quar-
tiers de M. de Ségur et de le chasser
des bords de FEns. Nous ne saurions
nous dispenser de rapporter à ce sujet
un mémoire, en date du 29 juin 17^1,
que le roi envoya à l'électeur de Ba-
vière. Le lecteur verra que tout le mal
qui arriva avait été prévu, et que les
princes qui ne corrigent pas avec célé-
rité les mauvaises dispositions qu'ils
font dans leurs opérations de campa-
gne, en seront toujours punis; car
l'ennemi est mauvais courtisan : loin
d'être flatteur, il chAtie sévèrement les
fautes de celui qui lui est opposé, fût-
il roi ou empereur même. Voici ce
mémoire : .
Baitom qui doivent engager l'électeur
de Bavière à pousser la guerre en
Auiriehe.
« La position des troupes prussien-
» nés occupant une partie considérable
» des forces autriddennes, on contient
» le maréchal de Neuperg en Silésie.
» L'année des alliés , qui n'a point
» d'ennemi devant elle , devrait pous-
» ser ses opérations le long du Danube
i H gabier promptement l'Autriche.
# L'^Mcteur trouve son ennemi au dé-
» pourvu ; il peut s'emparer iuds r/sis-
» tance de Passau, de Linti, dISna, et
» de là se porter sur Vienne, sans reu-
» contrer aucun obstacle. Si Ton n
» rend maître de cette capitale, oa
» coupe, pour ainsi dire, la puissance
» autrichienne dans ses racines. La
» Bohème, qu'mi en sépare par cette
» marche, dégarnie de troupes et pri-
» vée de tout secours , doit tomber
» d'elle-même. 11 faut établir le théê-
» tre de la guerre en Moravie, en An-
» triche et en Hongrie même. Dans
» les circonstances présentes , cette
» q[)ération est aussi aisée que sire, et
» il est incontestable qu'elle obligera
» la reine de Hongrie d'accepter sans
» délai les conditions de la paix qu'on
» voudra lui prescrire. Si l'électeur
» diffère de profiter des conjonctures
» avantageuses où il se trouve, il donno
» à l'ennemi le temps de rassembler
» ses forces. Ce qui est sûr auyour-
» d'hui , ne le sera plus demain. En
» tournant vers la Bohême, l'électeur
» expose ses États héréditaires au ca-
» price des évènemens ; il offre un ap-
» pàt aux ennemis , qui sauront bien
» en profiter. Mon avis est qu'on ne
» prendra jamais les Romains que dans
» Rome ; qu'on ne laisse donc point
» échapper l'occasion de s'emparer de
» Vienne. C'est le moyen unique de
» terminer ces différends et de parve-
» nir à une paix glorieuse. »
Ce mémoire fut lu et aussitôt oubBé.
L'électeur, qui n'était pas du tout mi-
litaire , crut que des raisons supérieu-
res l'engageaient à prendre un auùt
parti . Khevenhiiller profita de ces ftiih
tes. Vers la fin de décembre (1), il passi
l'Ens en trois endroits. Ségur, au lieu
de tomber avec toutes ses forces sur
un de ces trois corps pour les détnûrt
i) nu.
HISTOIAE DB MON TEMPS.
Tr
(^^ détail, ie retira vers la vUle d'Ens;
'^ Ht) >v crut pas même en sûreté.
l'Ue terreur panique hâta sa fuite; il
courut d'une haleine à JJntz, où il se
forlitla. M. de Khevenhûlier ne hii
donna pas le temps de reprendre ses
esprits ; il le poursuivit avec vivacité ;
et le monde apprit avec étonnement
que quinze mille Autrichiens blo-
quaient à Lintz quinze mille Français:
tant un seul homme peut donner d'as-
cendant i ses troupes sur celles de son
ennemi.
L'électeur de Bavière, consterné
d'un reversauquel il ne s'attendait pas,
eut recours à l'amitié du roi; il le con-
jura dans les termes les plus tendres
tte ne le point abandonner et de sau-
ver son État et ses troupes par une
puîBsantediversion: il désirait que les
Prussiens pénétrassent par la Moravie
en Autriche* pour donner à M. de Sé-
^ur le temps de respirer. Il faut se
rappeler pour un moment la situation
où se trouvaient les années. La posi-
tion de l'année principale de la reine
de Hongrie était très judicieuse : elle
avait le dos tourné vers le Danube, sa
droite couverte par les marais de Wit-
tingau^ sa gauche par la Muldau et par
Bodweis, son liront par Tabor. Les alliés
décrivaient avec leurs troupes comme
110 denû-eerde autour de ces quartiers,
de sorte que dans leurs opérations ils
avaient l'are à décrire, et les Autri-
cliiens, qui étaient au 'xsntre, la corde :
de plus, leurs troiqie^ étroitement res-
serrées dans leun quartiers, couvraient
les opérations de M. de Khevenhiiller
contre les Français; ils tenaient à l'Au-
triche, d'où ib tiraient leurs vivres et
leurs secours ; Os gardaient un pied en
ilobAme , de sorte qu'à l'ouverture de
la campagne îb pouvaient se flatter de
rétablir leun aflaires. Pour déloger
0rtte MWÊfk dhm poste aussi avanta-
geux , il était de la dernière nécessité
que les alliés lissent un effort général,
pour que les Autrichiens , attaqués
de tous côtés, succombassent sous le
nombre de leurs ennemis. Le plan fut
proposé à M. de Broglie , sans qu'on
pût jamais hii persuader d'y concourir.
Quoique le peu de concert et de
bonne volonté qui régnait entre les al-
liés, obligeât d'abandonner le projet le
plus décisif pour rendre la supériorité
aux années des Français et des Bava-
rois, il n'en était pas moins important
de soutenir l'électeur à la veille d'ob-
tenir la couronne impériale. Les partis
mitigés n'étaient plus de saison. On il
fallait s'en tenir à la trêve verbale ou*
n'assurait de rien et que les Autr^
chiens avaient si ouvertement en**
freinte, ou ilfallaitdeirumperies sM^^a
de la Prusse de leurs soupçons par
quelque coup d'éclat. L'expédition en
Moravie était la seule que les clrcon'^-
tances permissent d'entreprendre ,
parce qu'elle rendait le roi plus nécev
salre et le mettait en situation d'être
également recherché des deux partis :
ce prince s'y détermina, en même
temps bien résolu pourtant de n'y
emirioyer que le moins de ses troupes
qu'il pourrait et le plus de celles que
ses alliés voudraient lui donner. Les
Saxons, qui gardaient alors les bords de
la Sassava, étaient à portée de se join-
dre à un corps de Prussiens qui devait
entrer en Moravie. De là cette petite
armée pouvait se porter sur Iglau,
en déloger le prince de Lobkowitz, qui
y commandait, et pousser en avant
jusqu'à Hom, en ba^ Autriche. Cette
manœuvre devait ou forcer M. de
Khevenhûlier d'abandonner M. de Se-
gur, ou obliger l'armée principale de
la reine de quitter Wittingau, Tabor
et Bodweis , auquel cas M. de Broglie,
n'ayant rien devant hil , pouvait aUar
. f
aBTOlUB M Bim TKMM.
.'fÔ
U, el^êe reipédittoB d*Igiaii «nAi-
quertit fanle de fotutiiges et de fttb-
fisUnce, La {N-enmèrt objeelion était
«ins relique ; quant è ia sei^née^ le
roi sa chargea de la tef^r, d^idter à
Fragne se conaerler avee M^ de Se-
dteUea, intendatil dé l'année^ sur les
moyena de fournir de& Tivres aox
Saxons^ Sur ces eRlrefaMea le rat de
Pologiie eo^ daiia la chambre. Aprts
qaelqiies cîYiUiés, le rai ?oafait du
moins lui faire Thoiitifar de lui com-
muniquer à quel usage en destînail ses
troupes. Le comte *** avait vite plié la
carte de la Moravie ; le roi la lui re-
demanda, 9B rétala de nouveau, et ce
pnoee fit en quelque sorte le» vendeur
d'orviéian , déûtant sa mwcfaandfse le
mieux qu'il était possible. Il appuyait
principalement sur ce que le roi de Po-
logne n'aurait jamûs la Moravie, s'il ne
fie donnait la peine de la prendre. Au-
guste m répondait oui à tout, avec un
air de couvictîoii mêlé de quelque cho-
se dans le regard qui dénotait l'ennui.
*'\ qne cet entretien iaq^atientait
rioterrenipit en annonçant à son maî-
tre que l'opéra allait commencer. Six
royaumes è conquérir n'eussent pas
reteott le roi de Pologue une minute
de plus. On alla donc i l'Obéra, et le
rai obtint, QMdgré tous eeu qfii s'y
opposaient, une résolution finale» Il
fallait brusquer l'aventure , comme on
prend nue ptace d*assaut; c'était le
seul moyen de réu^r è oetie cour. Le
lendemain « à six hem^ du matin^ te
roi fit inviter te père Guarini, qui était
eoffiéme temps une espèce de fisvm y
de ministre 4 de bouffon et de coufes*
saur. Ce prince lui parh de façon i
lui persttader qu'il ne voulait réussir
que par hiî. La flnasse de cet UaKeii
fat la dupe de «on orgueils Le pèna
Gaarini, en quittant le roi, se rendit
ioprès de aoB maître, qu'il acheva de
eonfirmer dans la h^Muilon <fn'il svAit
prise. Enfin te roi partit de Dn;^^
après avoir vaincu tous les obstadf^ ,
la mauvaise votenie du oomie du ***,
le peu de résolution d'Auguste Ilf ^
les teif ivosatione du cotoilf» de Sait* ,
qid, peu occupé di> la Bivière, avait
eneore les chiâsères de la Gouriande
eu tAte, et croyait, pour Mre sa «our,
être dans la nécessité de coutr^ear-
rer, autant qu'H était en lui, les Prus-
siens^
Lorsque le roi arriva à Prague, linti
tenait encore ; mets le comte de Tœr -
ring, par son inconsfAèraltou, s'était
iaiaié battre par les Autrichiens. On
fit encore quelques tentatives pour
inspirer de l'activité au maréchal Ae
Broglîe, mais inutilement. Le roi con-
vint tout de suite avec M. de Sèdvèlles
pour fournir de subsistmices aux
Saxons; il dit ; «je ferai rimpof^silMe
possible;» Sentence qui devrait être
écrite en lettres d'or sur le bufeftu de
t8«s lesintendann d'armée. M. de 8e-
cheiles ne se contenta pas de te dire,
mais il exécuta tout oa quil avait pra^
mis. De Prague, le roi passa par seft
quartiers de Bohème. Il apprit en dhe^
miu que Glats s'était fendu, et fi la»
dmmina vers la Moravie. H «vaR ap-
pointé le chevalier de Saxe et M. de
Pulastron à Landseron^ pour eaneeftfêt
avec eux les t^éretiens auxqueliés on
se préparait. M. de Polasiron était un
homme confit en dévotion, qui seAi-
Mait ph» né pour dire son chapelet
que pour aller 4 lAgncffre. De là te roi
se rendit à OtauntK, qde le manisM
de Sobwerin venait d'occuper. On de-
vait étàbHr des magasins dans oelta
ville ; mais Mi de SuobélM u'y amfl
pm préaidé. Le séjour du Mi dans
cette vBte Ait trop cMrt pour ui)vîur i
wt jnaouvéMMt, utl*ouprit4m afesH*
leurns mesures que i#u pint pour y ffoii
fcHÉDÉaiC u.
roédier. Fendant que ie roi était À 01-
iDutz, il y arriva un certain Fitzner,
conseiller du Grand Duc de Toscane ;
il était cliargé de cpiclques propositions
de la cour de Vienne. Le roi, qui se
livrait trop à sa vivacité, sans entendre
ce que Fitzner avait à lui dire, lui par-
la sans mettre de points ni de virgules
à son dicours : Taute impardonnable
en négociation, où, la pradence veut
(|u*on entende patienunent les .autres
et qu'on ne réponde qu'avec poids et
mesure. 11 lui rappela toutes les infrac-
tions que sa cour avait faites à la trêve
d'Oberschnellendorff, et il exhorta la
reine à s'accommoder [»t>mptement
avec ses ennemis. Fitzner apprit au
roi la capitulation flétrissante que H.
de Ségur venait de signer à Lintz, d'où
le roi prit occasion de tirer de nou-
velles raisons pour hAter la paix, en
lui insinuant que les Anglais n'avaient
que leur propre intérêt en vue et sa-
crifieraient enCn la reine aux avanta-
ges qu'ib t&dieraient d'obtenir pour
leur commerce. Fitzner ravala ainsi les
choses qu'il était chargé de dire, et
l'on convint de part et d'autre d'entre-
tenir une correspondance secrète par
le canal d'un certain chanoine lanini.
Sur ces entrefaites on reçut des nou-
velles de Francfort sur le Mein qui
annonçaient l'élection et le couronne-
ment de l'électeur de Bavière, qu'on
nonuna Charles VIL Cependant la cour
de Vienne ne restait pas les bras croi-
sés. Si elle négociait avec ardeur, elle
ne négligeait pas non plus de faire
usage de toutes ses ressources pour se
dégager par la force de tant d'ennemis
qui l'accablaient. Elle leva en Hongrie
quinze mille honmie de troupes régu-
lières ; elle convoqua dans ce royaume
le ban etTarrière-ban, qui devaient lui
valoir quarante mille hommes à peu
prèii. Sou intention était d'en former
deux corps^ d'armét', dont Vxïiï devait
pénétrer par Hradisch en Moravie, et
l'autre devait passer par la labluuka, et
gagner en haute Silésie les derrières de
l'armée prussienne, tandis que ie prin-
ce de Lorraine s'avancerait de la Bo-
hême pour combattre de front les trou-
pes du roi. Ce prince n'avait pris que la
moitié des troupes qui hivernaient en
haute Silésie, qui faisaient quinze mille
hommes, à la tète desquelles il joignit
les Français <ît les Saxons auprès de
Trebisch. Un autre corps occupa par ses
ordres Wischau, Hradisch, Krenutir et
les frontières de la Hongrie, pour cou-
vrir ses opérations. La lenteur, jointe
a la mauvaise volonté des Saxons, fit
perdre dans cette expédition des joiun
et même des semaines ; ce qui nuisit
beaucoup au bien des affaires. Tn seul
exemple suffira pour preuve de ce que
nous disons. Budishau est une maison
de plaisance, riche et bien ornée, qui
appartient à un comte Bur : on avait as-
signé par galanterie ce quartier aux
Saxons. Le comte Rutowsky et le che-
valier de Saxe s'y trouvèrent si bien,
que januiis on ne put faire avancer
leurs troupes; ils y demeurèrent trois
jours. Cet empêchement fut cause que
le prince de Lobkowitz eut le tempii de
retirer ses nuigasins d'Iglau, et qu'à
l'approche des alliés il se replia sur
Wittingau. Les Saxons occupèrent
Iglau; mais il fut impossible de les
faire avancer ni sur la Taya ni vers
Hom, en Autriche. C'est le cas de la
plupart des généraux qui commandent
des troupes auxiliaires, de voir échouer
leurs projets faute d'obéissance et
d'exécution. Les Saxons, qui étaient
les plus intéressés à cette expédition,
étaient ceux-là même qui employaient
le plus de mauvaise foi pour la contre-*
carrer.
Ces contretemps obligèrent le roi à
HUT01⣠l>& MON T£JIFf
itffofidre Mtditpositionâ. Il donna aux
Saioos lei quartiers les plus voisins de
b Boiième, elles Prassiens occupèrent
tes bordff^de la Taya, de Znaym josqa'à
Gonfingen, petite ville qui est sur les
frootiëres de la Hongrie. Bientôt un
déCachement de cinq nulle hommes
partit de Znaym et fit une irruption
dans la haute Autriche; la terreur s*en
répandit jusqu'aux portes de Vienne.
La cour rappela sur-Ie-<hamp dix mille
hommes de la Bavière au secours de
cette capitale. Les hussards de Ziethen
poussèrent jusqu'à Stockerau, qui n'est
qn*à une poste de Vienne. Cette irrup-
tion mit les troupes à leur aise par la
quantité de subsistances qu'elle leur
procura. Mais les Saxons s'inquétaient
dans leiu^ quartiers ; ils voyaient par-
tout l'ennemi, la peur grossissait pour
eux tous les objets, ils demandèrent
qu'on leur laissât occuper les quartiers
des Prussiens ; ce qui leur fut accordé.
M. de Polaatron , rappelé en Bohème par
les ordres de M. de Broglie, avait quit-
té l'armée, de sorte que ce qui restait,
formait à peine trente mille hommes.
Leroidécouvritpardes lettres intercep-
tées que les Hongrois commençaient
ise rassembler sur les frontières de la
Moravie. Il n'y avait pas de moment à
perdre ; il fallait dissiper cette miUce
avant que le nombre en devint trop
considérable. Cette commission tomba
sur le prince Thierry d'Anhalt, qui
avec dix bataillons, autant d'escadrons
et nulle hussards, entra en Hongrie,
enleva trois quartiers de pandours,
leur prit douze cents hommes et ré-
pan<fit une telle alarme dans ce royau-
me, qu'une partie de l'arrière-ban se
sépara. Cette expédition si heureuse-
ment terminée, ce prince vint rejoin-
dreFarmée aux environs de Brunn. Car
les Saxons étaient à Znaym, Sab, Nie-
kehbourg, et les Prussiens à Bohrlitz,
V.
Austeriitz, Schlowitz et aux environs
de Brunn. On avait demandé du canon
au roi de Pologne pour assiéger cette
ville : ce prince le refusa faute d'ar-
gent, n venait de dépenser quatre cent
mille écus pour acheter un gros dia-
mant vert : il voulait la chose et se re-
fusait au^ moyens. L'expédition du roi
manqua donc par bien des raisons. M.
de Ségur s'était laissé prendre avant
qu'on le pût secourir ; M. de Broglie
était paralytique; *** craignait plus
mademoiselle de Kling qu'il ne se sou-
ciait de la Moravie ; Auguste HI vou-
lait un royaume, mais il ne voulait pas
prendre la peine de le conquérir. Ce-
pendant sans la prise de Brunn, les al-
liés ne pouvaient pas même se soute-
nir en Moravie. Ce qu'il y avait de pire,
c'était que le roi ne pouvait faire aucun
fond sur la fidélité des Saxons, et il
devait s'attendre qu'ils Tabandonne-
raient à l'approche de l'ennemi.
Un beau jour, lorsqu'on s'y atten-
dait le moins, tous les Saxons aban-
donnèrent leurs quartiers et se jetè-
rent avec précipitation sur ceux que
les Prussiens occupaient. Un millier
de hussards autrichiens leur avait don-
né une terreur panique ; on leur pro-
cura des quartiers et Brunn fut serré
de plus près. Le commandant de cette
place était un homme intelligent; il
envoyait des gens déguisés pour met-
tre le feu aux villages que les troupes
occupaient. Toutes les nuits il y eut
des incendies ; on compta plus de seize
bourgs, villages ou hameaux qui péri-
rent par les flammes. Un jour, trois
mille hommes de la garnison de Brunn
attaquèrent le régiment de Truchsess
dans le village de Lesch ; ce régiment
se défendit pendant cinq heures avec
une constance et une valeur admira*
blés. Le village fut brûlé ; mais les en*
nemis forent chassés "ums avoir rem «
8?
FRiDÉBIC n.
porté le moindre avantage. Truchsess,
Varennc et quelques officiers y furent
blessés en se couvrant de gloire. Enliii
les efforl^ ^u'on avait Taits pour déga-
ger M. de SégUT attiraient naturelle-
Qient les Autrichiens en Moravie. Le
duc de Lorraine allait se mettre en
marche pour dégager Brunn; il fallait
choisir un lieu d^assembléc pour les
troupes, et qui fût en mënxe temps un
camp avantageux. Ces qualités se Irou-
vaienl réunies dans le lorrain qui en-
vironne la ville de Bohrlttz. Le roi
communiqua au chevalier de Sa&e son
dessein d'attendre l'ennemi dans cette
position, ce qui pouvait s'exécuter avec
d'autant plus de sûreté, que le roi avait
été joint par six bataillons et trente
escadrons de renfort de ses troupes.
Le chevalier donna une réponse am-
biguë , qui préparait dè^lors aux ex-
cuses de sa désobéissance. La raison la
plus spécieuse qu'il alléguait se fon-
dait sur le nombre de ses troupes, qu'il
ne disait monter qu'à huit mille corn-
baltans. Le peu de fonds qu'on pouvait
faire sur ces troupes saxonnes donna
à réfléchir au roi sur la situation où U
se trouvait. Ses propres troupes ne
consistaient qu'en vingtrsix mille hom-
mes ; c'étaient les seules sur lesquelles
il pût compter, et c'était trop peu pour
faire tête à Tannée du duc de l^rr^i-
ne. Après tout , pourquoi s'opiniùtrer
à conquérir cette Moravie, pour la-
quelle le roi de Pologne, qui devait
ravoir, témoignait tanld'indiQ'érence?
Le seul parti à prendre , c'était de se
jpiudre aux troupes prussiennes qui
étaient en Bohémo; et, pour couvrir
Ohnutz et la haute Silésie, on pouvait
se servir do l'armée du princ(î d'An-
halt, qui devenait inutile auprès de
Brandebourg. 11 reçut donc iucessam-
miMit l'ordre de la partager, d'en en-
vnvi r une piirtie à i^hnidim, en Bohè-
me, et de mener dix-i^pt bataiUoDS et
trente-cinq escadrons dans la haute
Siiésie, où il serait joint par sou Qls, le
prince Didier, avec les troune« qne k
roi laisserait dans cesi environs. Mal-
gré toutes ceH dispositions le roi se
trouvait dans un pas scabreux. Il avait
tout lieu de se défier des Saxons ; noMiis
leur mauvaise foi u'était pas assez ma-
nifeste. M. de Broglie le tira de cet
embarras^ en demandant les troupes
saxonnes, pour le renforcer, a ce qu'il
disait, contre le prince de Lorraine,
qui voulait l'attaquer dans le temps
que ce prince prenait le chejooiin de la
Moravie avec sou armée. Le roi fit
semblant d'ajouter fol au faux avia du
maréclial de Broglie , pour se défaire
d'alliés suspects. Le départ de la .\lo-
ravie fut résolu; quinze escadrons et
douze bataillons suivirent le roi en
Boluime ; vingt-cinq escadrons et dix-
neuf bataillons demeurèrent, sous Un
ordres du prince Thierry, dans un
càvàf avantageux auprès dX)lmutz> où
ce prince aurait pu se soutenir, si le
maréchal de Schwerin avait veillé,
comme il le devait, à anoAsser suffi-
samment de vivres pour les troupes.
M. de Bulow, qui suivait le roi en qua-
lité de ministre de Saxe, le voyant sur
son départ de la Moravie, lui dit : « Mais,
)> sire, qui couronnera donc mon mai-
» tre? » Le roi lui répondit qu'on ne ga-
gnait les couronnes qu'avec du groA
canon, et que c'était la faute des
Saxons s'ils en avaient manqué pour
prendre Brunn. Ce prince , bien n^
soin de ne commander désormais qu'4
des troupes dont il put disposer et ca-
pables d'obéir» poursuivit sa route pat-
sant par Swittau et Leutomischet, ei
il arriva, le 17 avril, à Chnidim aupite
du prince I.éopold, où il mit ses trou-
l>es en quartier de rafraichissemena.
Les Saxons essuyèrent un petit écheo
dans cette retraite; les hussards en- ^ dans un village où ri'.uueiin avait mis
nëinis leur enlevèrent un bataillon qui le feu. La moitiù dc^ esimUrim^^ se
fili^ait leur arrière-garde. Vainement battit à pied au uiiUeu de:i Huiniue«.
YQuIut-on leur persuader de se joindre
«m Français, iUtrav^isèrent les quar-
tiers des Prutôieps pqur se cantonner
dans le cercle de Saiz« sur les frontiè-
res de levr électorat, Par (eur dofec-
Uon, les Français affaiblis demeurè-
rent à Pi^ck sao^ secQiirs. Le fardeau
i» la guerre pesait presque unique^
ment sur les épaules des Prussiens, et
les ennemis puisaient, dans Taffaiblis-
sèment des alliés, les espérances les
plus flatteuses de leurs succès.
Pendant que les Prussiens se refai-
saient en Bohême de leurs fatigues,
que les Français sommeillaient à Pi-
seck et que les Saxons s'éloignaient, le
plus vite qu'ils pouvaient des hasards
de la guerre, le prince de Lorraine ren-
trait en Moravie; le prince Thierry
d'Anhalt lui présenta la bataille au-
près de Wischau. Son poste était si
bien pris , que les troupes de la reine
n'osiVent le brusquer. Les Prussiens
restèrent dans cette position, et ne la
quittèrent qu'après avoir consumé le
dernier tonneau de farine qui restait
dans leur magasin. Le priuce Thierry
passa les montagnes de la Moravie, et
assit son camp entre Troppau et J«-
gerndorir, sans que l'armée ennemie
fit mine de le suivre. Pans cette re-
traite, les dragons de Nassau, nouvel-
lement levés, eurent une affaire (1)
avec les hussards autrichien?, où ils se
signalèrent par leur valeur et par leur
conduite. En même temps le régiment
de Canneberg (2) se Qt jour à travers
trois mille ennemis qui voulaient le
couper de l'armée, et s'acquit beau-
coup de gloire. Les gendarmes qui
cantonnaient furent attaoués de nuit
[i) \ Napagedell.
^2/ Entr^* Prerau et Grals.
pour donner aux autce$ le temps (A^
montera cheval; alors ils douuèreut
sur les Autrichiens , iça tuittifcul el
^eu( firent des pi:isonQîer« ; un CQloucl
Vrédow les coauoandait. Ces Coati ne
sout pas impprtans; mai^ copuwvt
laisser périr daa« l'oubli d'auasi bi^lten
actions, surtout dans un ouvrage ^<'
la reconnaissance consacre à la gloirt;
de ces brave» troupes? Cependant que
pouvait-on prévoir de cette guerre, en
réfléchissant sur le peu d'accord qui
régnait entre les alliés, sur les pitoya-
bles généraux qui conduisaiont les
Français, sur la faiblesse de leur ar-
mée, sur la faiblesse, plus grande en-
core, de celle de rempereur, sinon
que les vastes projets du cabinet de
Versailles, qui semblaient devoir s'ac-
complir l'année précédente, étaient
alors plus que douteux.
De tels pronostics , fondés sur des
faits certains, avertissaient le roi de ne
pas s'enfoncer trop avant d^ns ce laby-
rinthe , mais d'en chercher l'issue au
plus tôt ; bien d'autres raisons se joi-
gnaient encore à ceUea que nous ve-
nons de rapporter pour renouer la né-
gociation de la pai^ avec la reine de
Hongrie. Le lord Uiqdfort fut employé
pour moyenoer cet accommodement ;
il y était plus propre qu'm wtie, vu
qu'il avait déjà travaillé ù la réconcilia-
tion des deux puissances , et que son
amour-propre se trouvait intéressé à
couronner son ouvrage. U trouvala cour
de Vienne moins docile que par le pas-
sé; l'affaire de Lints, l'évaciiatioD de la
Moravie et la défection des Saxcms lui
avaient rendu son ancienne fierté. Ses
négociations secrètes à fai cour de Ver*
saitfes hii {gisaient même porter ses
\ues plus loin. On a vu de tout temps
-3%
FRiDÉRlC IJ.
l'esprit de la cour d'Autriche suivre les il s*accommodaU assez de la conduite
impressions brutes de la nature ; en- modérée de Walpole , et il craignait
fiée dans la bonne fortune et rampante
dans radyersité, elle n'a jamais pu
parrenfr à cette sage modération qui
rend les hommes impassibles à l'égard
des Mens et des maux que le hasard
dispense. Alors son orgueil et son as-
tuce reprenaient le dessus. Le mau-
rais succès de la tentative de lord
Hindfort fortifia le roi plus que jamais
dans l'opinion où il était, que pour
qu'une négociation de paix réussît avec
les Autrichiens, il fallait auparavant les
avoir bien battus. Une armée belle et
reposée l'invitait à tenter le sort des
armes ; elle était composée de trente-
quatre bataillons et de soixante esca-
drons, ce qui faisait à peu près le nom-
bre de trente-trois mille hommes. Avant
que l'on en vint à cette décision, il ar-
riva un changement dans le ministère
anglais. Cette nation inquiète et libre
était mécontente du gouvernement,
parce que la guerre des Indes se faisait
à son désavantage, et que la Grande-
Bretagne ne jouait pas un r6le conve-
nable sur le continent. On fouetta le
roi sur le dos de son minisU'e ; il fut
obligé de chasser sir Walpole, que lord
(^arteret remplaça. Un mécontement à
peu près semblable, dans le siècle pas-
sé, coûta la vie au roi Charles l«' ; c'é-
tait l'ouvrage du fanatisme, et la chute
de Walpole ne peut s'attribuer qu'à
une cabale de parti. Tous les seigneurs
voulaient parvenir au ministère ; Wal-
()Ole avait occupé cette place trop long-
temps. Après l'avoir culbuté, la possi-
bilité de réussir donna une nouvelle
effervescence à l'ambition des grands ;
ce qui fit que , dans la suite , cet em-
ploi passa de main en main et devint ,
do toutes les places du royaume, la
moins amovible. Le cardinal de Fleuri
' (bt très mécontent de ce changement ;
tout de l'knpétuosité de Carteret, qnl,
à l'exemple d*Annibal , avait juré une
haine implacable à tout ce qui portait
le nom français. Cet Anglais ne dé-
mentit pas l'opinion qu'on avait de lui :
il fit payer des subsides à la reine de
Hongrie , il la prit sous sa protection,
il fit passer des troupes an^^aises en
Flandre ; et, pour diminuer le nombre
des ennemis de l'Autriche , il s'enga-
gea envers le roi à lui procurer une
paix avantageuse. Ces ofires furent re*
çues avec reconnaissance , quoique le
roi fût bien déterminé à n'avoir l'obli-
gation de la paix qu'à la valeur de ses
troupes, et à ne point fonder ses espé-
rances sur l'incertitude d'une négocia-
tion. M. de Broglie, qui se trouvait à
Piseck, avec une douzaine de ducs et
pairs, à la tète de dix mille hommes ,
fit tant , par ses représentations , que
le cardind résolut de lui envoyer quel-
ques secours. On ne les rassembla
qu'au printemps, et ils arrivèrent trop
tard : faute Souvent reprochée aux
Français, de n'avou* pas pris leurs me-
sures à temps. Amis des Autrichiens ,
ils leur avaient fait perdre Belgrade ; à
présent qu'ils étaient leurs ennemis,
ils ne leur faisaient aucun mal. Cette
dernière paix ressemblait à la guerre,
et cette dernière guerre à la paix. C'est
par cette conduite molle qu'ils perdi-
rent les afialres de l'empereur, et que
la prudence engagea la plupart de
leurs alliés à les abandonner. Ce siècle
était stérile en grands hommes pour
la France; celui de Louis XIV en
produisait en foule. L'administration
d'un prêtre avait perdu le militaire.
Sous Mazarin, c'étaient des héros, sous
Fleuri, c'étaient des cosLctisans syba-
rites.
HISTOIRE D£ MON TBIfPS.
85
CHAPITRE V.
ÉféDHMiif qui précèdéot k bataille de Cho-
Imiti. — 1Mt|Milti0ii de l« l»auille« — Alblra
de 8dié. -^ M. do Mto-Isle ttent m emp
prasrieD; n part pour la Sasa. — Pldx de
Breslaa.
L'armée da roi en Bohèoie était par*
tagée en trois divisions : seize batail-
kms et vingt escadrons couvraient le
qaartier général de Chnidim : dix ba-
taillons et vingt escadrons anx ordres
de M. de Gœtz étaient aux environs de
Lentomischel, et M. de Kalckstein oo-
copait avec an nombre pareil Kntten-
berg* Ces trois corps pouvaient se join-
dre en deux fois vingt-quatre heures.
Il y avait outre cela deux bataillons
dans la forteresse de Glatz, un l>atail*
loD gardait les magasins de Kcanigs-
grasU et trois autres couvraient les
dépéts de Pardubitz^ de Podiebrad et
de Nienbourg; de sorte que TElbe cou-
lait en ligne parallèle derrière les quar-
tiers des Prussiens^ et les magasins
étaient distribués de telle sorte, que
de quelque côté que vint l'ennemi,
rarméepouvaitseporterà sa rencon-
tre. Le ^nce d' Anhalt, plus fort qu'il
n'était nécessaire, n'ayant point d'en-
nemi devant lui, garda dix-huit batail-
loos et soixante escadrons pour cou-
vrir la haute Silésie ; il détacha le
général Derschau avec huit batailkMis
et trente escadrons ponrrenforcer Tar-
mée de Bohème. Ce renfort était eu*
oore en oiarche, qu'on apprit que le
prince de Lorraine quittait la Moravie
et niarc;bait|»r Teutschbrod etZwittau
pour entrer en Bohème. On sut même
que le maréchal de Kœnigseclc , qui
commandait cette armée a laiar^, avait
ditqu'ilfaBait tirer <^^it vers Prague et
combattre les Prussieuachemin faisant;
il ne les croyait forts que de quinze
mille honunes et jugeait sa supéri<»ité
assez considérable pour attaquer un
corps aussi faible sans rien hasarder.
Bien des personnes condamnèrent le
maréchal de ce que faisant Vi guerre
dans les propres états de la reine, il était
aussi mal informé: ce n'était pas tou*<-
à-fait sa faute: la Bohème penchait plus
pour les Bavarois que pour les Autri-
chiens ; d'ailleurs les Prussiens étaient
vigilans et observaient attentivement
les personnes qui pouvaient les trahir;
et enfin, des troupes arrivaient, d'au-
tres partaient, de façon que cesmouve-
mens compliqués ne pouvaient guère
être débrouillés par des campagnards
ou par des gens du peuple. M. de Kœ-
nigseck pouvait être mal servi en es-
pions; mais il ne fallait pas légèrement
condamner sa conduite. Ce général
croyait peut-être que si par sa faute
M. de Neuperg avait été battu à Mol-
witz, ce n'était pas une raison de croire
les Prussiens invincibles, et son projet
était beau , d'expédier chemin faisant
les Prussiens, puis de prendre Prague
d'emblée. A l'approche des Autrichiens
le roi avait le choix de deux partis, ou
de mettre l'Elbe devantfoi , ou d'aller
à la rencontre du Prince de Lorraine
et de le combattre. Ce dernier parti
prévalut, non seulement comme le plus
glorieux, mais encore comme le plus
utile , parce qu'il devait hâter la paix ;
les négociations, conune nous l'avons
dit, demandant un coup décisif. L'ar-
mée (1) du roi s'assembla aussitôt au-
près de Chrudim qui en faisait le cen*
tre ; la droite fut appuyée à Tnentti
et la gauche au ruisseau de la GhnH
dimka. Les batteurs d'estrade, /es es-
pions, et les déserteurs de l'ennemi
avertirent que le prince de Lorraine
allait camper ce même jour è betach
(Il fSmat.
YfttntVAr II.
él iBojnnof , «!l <\n*\\ Toulait y séjonr- main '1 , à la poîr?<? du jour, les hu»-
n«r Ir» 15. On apprît d'anlre part qa'nti sards rapp^irUrenl que le camp qu'on
dtoirrh<^ment de l'ennemi avait occupé avait vu la veille à Wiliocor avait dis*
(!za<dan , ^u^un autre corps marchait à para. Ces trouDes, qu'on avait prises
Rnttenlierg et que ses hussards s*é- pour celles an prince de Lobko^itc,
mîent pmparés du pont de KoHIn. ' étaient eflecthement revant-g«rde do
Txî ^lesseîn de M. de Kœntgseck ; prince de Lorraine, qui, pour ne rien
paraissait être d'enlever le magasin ■ risquer, s'était retiré à l'approche des
phissfen de Nlenbourg et de s'avancer , Prtossîe*». AUSiMAt que le )>rinee Léo-
ensttlte fers Prague. Vour le contrecar- ■ poH eut passé le *fi!é de Ilom»-
rcr, le roi partit le 15 avec Tavant- | nfcsitt, l'UVant-gMile continua sa maN
gunfc, suivi dfi rarttiéc, pour gagner | chc. Le roi rhoisit en itMite une posî*
le podte de Knltenberg avant l'en- ; Hon pour l'aimée, et il fit avertir fe
netni : îl falhrt presser cette toarchc , | prince LéopoM de ramier ta droite à
pour arranger lo boulangerie de Tar-
llêe % lN)dfebrad. Cette avant-garde
Àftit composée de dit bataillons, d*Qu-
Czaslau et la gauche au village de Cho*
tusftc. L'avantngaréte tte devançait l'ar^
mée que d*m demi-mille ; elle prit des
tant tf escadrons de dragons et d*au- j cantonnemens entre Neuhof, n la drùi-
tâtit de hussards, tjtt roi cdmpa ces ! te 4e l'armée prussienne , et de Kut-
tn>u][>e8 sur la hauteur de Podcrtttiu, ! tenberg; on trouva dans cette viOe
flttprfes de Colibortz, où ce corps, quoi-
que faible, était dans on poste inex-
Îûghable. Ce prince, pour s'oricYiter
ans ^ tierfain, alla à la découverte ;
1 apetçut d'une hauteur un corps à
peu près de sept à huit mille hotnines
qui Inmipaft h un deml-ntitle de 1à,
têts Wllîticoir. En combinant avec la
ihatrhe yl\i prince de lorraine le corpi
qtt\>n li|i^rcevait, on jttgea qttc ce pou-
vait être le prince dé t^bkowlU , qui
miaît *ft Budvcis potaf se joindre A
h glufidé arMi^e.
!^ prince Léopold, qui suivait le rot,
ftul oitlre d'avancer le tcndemnin, pour
q(!e r«s Aeut corps ftesenl h portée de
M^ ^ercHûffr riWproquement. Cepen-
dftW Wi Yie Vit, anit envtrons de Po-
àmMi que bea«cnup de petits |)ar-
f», que r^nn^tnl envoyait probnblc-
Ift^nl pour reconnaître ce camp. Les
fMfmRl^s de* Prussiens allèrent pen-
dant toute la irtrft; les chevaux de la
riii^lerié «aient sriirs et les soldats
ttahilh^s, ce qui mit Tavant-garde &
I'iIti* lit» toute <inr|ir!s<». Le hnHle-
une cuisson tie paîn préparée pour les
Autrichiens, ainsi que tons les secours
dont les troupes peuvent avoir besoin.
L'avnnt-gardc devait s'assembler, a»
signal de trois coups de canon , sur Hi
hanty«r de Neuhof ; ce qui était fadlé,
pM^ que les régimcns lea plus éloi-
gnés n^étaient qu*è un quart de milfe
des autres. Vers le soir, le prince Léo-
ffM envoya un efflrier pour rapporter
au roi (fié la mafciie de l'armée aj'ant
été retardée par l'artillerie et par le
groft bagage , il n'était arrivé au camp
(fa'uu fMiieH couchant, ec qui l'avait em-
pèdié de prendre Htashm ; il avait ap*
pris que te prfMe Otaries campait A
Wflincof, c'est-è^ire A un mille da
camp prussien. Tout rela préparait fe
bataille qui devait se donner. Danï
cette intention , le roi partit le 17, à
quatre heures du matin , pemr joindre
le prince l^éepold. Rn arrivant aux
hauteurs de Nenhof, on di^couvrit ton-
te l'armée autrichienne, qui, pêmlMit
msToifift
la nuit, aTait fçnf^é Cnmhia, et qui s'a-
vançait sur quatre colonnes pour atta-
quer les Prussien*. Voici l'ordre deins
lequel le i>rince Léopold ayait rangé
les trou|[)cs ; elles étaient dans une
(Haine dont la gauche tire vers le parc
de ^pislau ; entre Ce parc et le village
de ^^hotusitx, le terrain était maréca-
geux et traversé par quelques petits
tuisseaux. La droite aboutissait au voi-
sinage de Nenhof et s'appuyait à une
chaîne d'étangs, ayant une hauteur
dfevaht elle. Le roi fit avertir le maré-
chal de Ruddenbrock d'occuper cette
héutèur avec sa cavalerie , au prince
Léopold de détendre promptement les
tentes, de mettre les deux tiers de l'in-
ftmterie en première ligne, et de lais-
ser, n la droite de la sccotule ligne, du
terrain pour y former l'infanterie de
ravant-garde. Toute cette arant-gar-
de, tant cavalerie qninfanterie, arriva
Ali grand trot pour joindre l'armée.
Les dragons furent mis en seconde
fSftre h l'aile que le maréchal de Bud-
denbrock commandait, les hussards
sur les flaAcs ; et en troisième, Tinfan-
terie forma le flanc et la seconde ligne
de Tafle droite; car les Prussiens
avaient appris à connaître, par la ba-
taille de Mdwitz, l'importance de bien
garnir les flatics. A peine les troupes
fbretit-^llcs Incorporées à l'armée que
la canonnade commença. Les quatre-
1rtngt-4eux pièces de l'armée prussien-
ne firent un feu assez nf. Le maréchal
ie Btiddenbrock avait formé , sur la
ftauteuf qui était devant lui, son aile
le cavalerie, de sorte que sa droite dé-
bordait celle du prince dé Lorraine. 11
attaqua fennCMi avec tant dtmpétuo-
rfté, qu 1 renversa tout ce qu'il trouva
Yl^th de hii. La poussière était pro-
d^ieniie : elle ht cause que la cavalc-
tfe ne put ^ ^fiter de 9ès avantu-
flM^ûMirt ^'dh é&tmiiy attendre.
ii<^!t 'TEMPS. gr
fjes hussards de Bronikowsk) , fiouvel-
lement formés , faisaient partie do l'a-
\iint-garde du roi ; la cavalerie ne les
connaissait pas ; ils étaient habillés de
vert, on les prit pour des ennemis. In
cri s'éleva : Nuus H&mmté toupes^ et
celte première ligne victorieuse s'en-
fuit à vauHle-route. Le comte de Hoir*
tembourg , qui était avec les dragons
de la seconde ligne , renversa cepen*
dont im gros de l'ennemi qui tenait
encore; ensuite il donna sur le flanc
de Tinfanterie autrichienne, qu'il mal-
traita beaucoup et qu'il aurait toute
hachée en pièces , si quelques cuiras-
siers et hussards autrichiens ne lui
étaient tombés à dos et en flanc. RfÊ^
tembourg fut blessé, et sa troupe, vahé
en confusion, se retira de la mêlée
avec peine. La cavalerie , cependant,
se rallia. Lorsque la poussière fut dis-
sipée , il ne parut sur ce terrain, où
tant de monde s'était battu, que cinq
escadrons de Fcnnemi : c'étaient ks
dragons de Wurtemberg, commandés
par ie colonel firctiach. Pendant ce
combat de cavalerie , il parut un cer-
tain flottement dans Tinfuntcrie enne-
mie et qui annonçait son incertitude ,
lorsque M. de Kœnîgseck résolut de
faire avec sa droite un efibrt sur la
gauche des Prussiens. Ce parti était
judicieusement pris, parce que le prin-
ce Léopold, ayant trop tardé à mettre
les troupes en bataille, n'avait pas eu
le temps de former cette gauche sur ie
terrain le plus avantageux. Il nvriit
garni en hâte le village de Chotusitz; le
régiment de Schwerin l'occupait, mais
mal et sans observer de règle. Son ré-
giment était à la gauche de ce village,
mais en l'air, parce qu'il avait supposé,
sans exameu du teirain, que ïa cava-
lerie de la gauche devait occuper l'es-
pace qui se trouvait entre son régi-
ment et le parc de Spislau ; mais ce
terrain éUot eoopé de ruMienx, il ne
fat pas posMble à la ca^'alerie de Yoe-
coper, d'on il réralta que le régimeot
a?ait raile gauche eo Tair. Cependant
la bonne Tolonté de la cavalerie lui fit
tenter rimpoMble ; elle défila en par-
tie par le YiUage de Chotusitz et en
partie par des ponta pour le former.
En débouchant, elle trouva M. de Ba-
thyani tout formé, avec la cavalerie
autrichienne devant elle. Alors les ré-
gimens de Prusse, de Waldau et de
Brédow pénétrèrent à travers la pre-
mière et la seconde ligne de l'ennemi,
hachèrent en pièces les régimens d'in-
fanterie hongroise de Palfy et de Ve-
lÉktch , qui formaient la réserve des
autrichiens ; et, s'aperoevant que leur
ardeur les avait emportés trop loin, ils
se firent jour par la seconde , ensuite
par la première ligne de l'infanterie
ennemie, et revinrent, ainsi chargés
de trophées, rejoindre l'armée. La se-
conde ligne de Taile gauche de la ca-
valerie prussienne (ùt attaquée par un
corps autrichien dans le temps qu'elle
débouchait de Chotusitz ; elle n'eut pas
le temps de se former et fut battue en
détail. M. de Kœnigseck, qui s'aperçut
que , par l'abandon de la cavalerie , le
régiment de l^pold n'était plus ap-
puyé de rien , dirigea tous les efibrts
do son infanterie de ce cAté-là. Ce ré-
giment fut contraint de reculer. L'en-
nemi profita de ce mouvement pour
' mettre le feu au village de Chotusitz ;
i en quoi il conunit une grande sottise ,
parce qu'il ne faut pas embraser un
Tillai;e qu'on veut prendre, les flammes
vous empêchant alors d'y entrer ; mais
il est prudent de mettre le feu à un
village qu'on abandonne, pour empê-
cher Tonnemi de vous poursuivre. Le
régiment de Schwerin, qui s'aperçut à
temps de cet incendie, abandonna le
village of forma le flanc de hi gauche.
Ce feu éleva eomme une barri»? re 4ui
empêcha les deux armées de s'aseaillir
de ce cAté. Malgré cet obstacle, l'en-
nemi attaqua la giaudie des Prussiens
à la droite du Tillage ; entre dutres, uo
régiment d'inbnterie hongroise vou-
lut entrer, le sabre à la main, dans
cette ligne; cet essai lui réiOiit si mal «
que soldats et officiers, de même que
le régiment de LéopoM Daun, étaient
couchés devant les tataïUons prussieiis %
comme s'ils avaient mis les armes bas,
tant le fosil bien manié est devenu une
arme redoutable. Le roi saisit ce mo-
ment pour donner avec promptitude
sur le flanc gauche de l'infanterie au-
trichienne. Ce mouvement décida la
victoire. Les ennemis se rejetèrent sur
leur droite, où ils se trouvèrent acculés
à la Dobroya; ils s'étaient engagés
dans un terrain où ils ne pouvaient
combattre , ce qui rendit leur confo-
sion générale. Toute la campagne fut
couverte de fuyards; le maréchal de
Buddenbrock les talonna vivement
dans leur déroute; il les poursuivit
avec quarante escadrons, soutenus de
dix bataillons, jusqu'à un mille du ^
champ de bataille. Les trophées des
Prussiens consistèrent eu dix-huit ca-
nons et deux drapeaux ; ils firent douze
cents prisonniers. Quoique cette af-
faire n'ait pas été des plus considéra-
bles, l'ennemi , perdit quantité d'offi-
ciers ; et, si l'on voulait évaluer leur
perte en comptant morts , prisonniers
blessés et déserteurs, on pourrait la
faire monter sans exagération à sept
mille hommes. On leur aurait égale-
ment enlevé quantité d'étendards, si,
par précaution , ils ne les avaient tous
laissés en arrière sous la garde de trois
cents maîtres; les Prussiens eniperdi-
rent onze, ce qui doit d'autant moins
surprendre, que l'usage de la cavale-
rie ^mtrfehieaae était alors dt iirer à
HISTOIRK Ufi MON TEMPS.
86
cheval; elle était toujours battue, mais
cela ne laissait pas d*ètre meurtrier
pour les chevaux des assaillans. Les
morts , du cAté des Prussiens , montè-
rent à neuf cents cavaliers et à sept
cents fantassins ; il y eut bien deux mille
Uessés. Les généraux de Werdeck et
de Wédel, les colonels Bismarck, Mal-
ahn, Kortzfleisch et Britz y perdirent
la vie en se couvrant de gloire, et les
troupes y firent des prodiges de va-
leur. L'action ne dnra que trois heu-
res. Celle de Molwitz avait été plus
vive, plus acharnée et plus importante
pour les suites. Si les Prussiens avaient
été battus à Chotusitz , FÉtat n'était
pas sans ressources ; mais en rempor-
tant la victoire, on se procurait la paix.
I..es généraux des deux partis firent
des fautes qu*il est bon d'examiner,
pour n*en pas commettre de pareilles,
i^ommençons par M. de Kœnigseck. Il
forme le projet de surprendre les
Prussiens; il s'empare de nuit de Czas-
lau, et ses troupes légères escarmou-
chent, jusqu'au lever de l'aurore, avec
les grands gardes des Prussiens. Était-
ce à dessein de les tennr alertes et de
les empêcher d'être surpris, ou de les
avertir du projet qu'il méditait? Le
jour de l'action (1), il pouvait, dès
l'aube du jour, tomber sur le camp ^tx
prince Léopold, que le roi ne joignit
qu'A six heures. Que fait-il? il attend
jusqu'à huit heures du matin pour se
mettre en mouvement, et l'avantrgar-
de arrive. Qudies fautes fait-U dans la
bataille même? Il laisse au maréchal
de Buddenbrock la liberté de se saisir
d*ane hauteur avantageuse, d'où la
eavfderie prussienne fond sur son aile
gauche et r accable; U prend le village
de Chotusitz ; et , au lieu de s'en ser-
vir pour tourner entièrement le flanc
(1 17 mai:
gauche de son ennemi , il se prive de.
cet avantage en y mettant le feu et en
empêchant lui-même ses troupes de le
passer, ce qui protège la gaudie des
Prussiens ; il fixe toute son attention
sur sa droite , et il néglige sa gauche ,
que le roi déborde et force de reculer
jusqu'au ruisseau de la Dobrava, où la
confusion de celte aile se communique
à toute l'armée. Ainsi, dans le mo-
ment qu'il tient la victoire entre ses
mains, il la laisse échapper, et se trou-
ve réduit à prendre la fuite pour éviter
l'ignominie de mettre bas les armes.
Ce qu'on peut censurer dans la con-
duite du roi , c'est de n'avoir pas re-
joint son armée dans ce camp ; il pou^
vait confier son avant-garde à un autre
officier, qui l'aurait menée, aussi bien
que lui, à Kuttenberg ; nuiis ce qu'on
peut reprendre, à la manière dont le
terrain fut occupé, ne doit s'attribuer
qu'au prince Léopold ;. il aurait dû exé-
cuter à la lettre les dispositions que le
roi lui avait prescrites; il aurait dû
sortir de sa sécurité , étant averti des
desseins de l'ennemi par de continuel-
les escarmouches , qui durèrent toute
la nuit. 11 n'avait pas fait un usage ju-
dicieux du terrain ou il devait combat-
tre; ses fautes consistaient à n'avoir
pas jeté quelque infanterie dans le
parc de Spislau, qui couvrait la gau-
die ; elle aurait bien empêché M. de
Bathyani, avec sa cavalerie, d'en ap-
procher. La cavalerie du roi aurait dû
s'appuyer à ce parc ; s'il avait été assez
vigilant pour le faire à temps, la chose
n'était point impraticable. Son ordre
de bataille sur la droite était moins dé-
fectueux. £n faisant les changemens
que l'on vient d'indiquer, sa cavalerie
de la gauche aurait laissé loin derrière
elle ces petits ruisseaux qu'elle fut
obligée de passer en présence de Teo-
iMiitt« et seMGiittro«?éedansttiiiter-
60
FRÉDÉRIC 0.
rafn où rieo ne Taurait empêché d^a-
glr librehient. Ajoutons encore que
le vîlïage dfe ChotusiU n'àvafl tout au
plus que Tapparence d*un poste ; le ci-
melière 6iail le seul lieu tenabte, mais
il était entouré de chaumières de bôfs
qui se seraient embrasées aussilAt que
te feu dinfanterle aurait commencé.
Le âeul moyen de défendre ce village
était de le retrancher ; et , comme le
temps manquait pour cet ouvrage» il
ne fallait pas penser à s'y soutenir. La
faute principale que le prince Léopold
commit dans Cc qui précéda cette ac-
tion, fut qu'il ne voulut croire qtie les
ennemts venaient pour Tattaquer que
lorsque! Vît leurs colonnes commen-
cer à se déployer devant son front.
Alors n était bien tard pour penser à
de bonnes dispositions; mais la valeur
des troupes triompha des ennemis, des
obstacles du terrain et des fautes dans
lesquelles tombèrent ceux qui les com^
mandaient. Une pareille armée était
capable de tirer tm général d'embarms,
et le roi est lui-même convenu qu*ll
lùî avilit phis d*une obligation de ce
genre.
Les Autrichlôns, après leur défaite,
ne s'arrêtèrent qu'à trois mBles du
cliamp de bataille , auprès du village
de Babor, où ils prirent un camp for-
tiOé sur la croupe des Ynonlagncs. Le
prince dô Lorraine y fût joint par uti
renfort de quatre mille hommes; le
roi en reçut m en même temps de Sft
mille ^ que le prince d'Anhalt tui en-
voyait de la haute Siléste, sous la con*
âuite du général t)erschau. Les Prus-
siens suivirent les ennemis ; mais toni-
que leur avantHSarde parut; vers le
soir, aut environs xiè Habor, dès la
nuit même le prince de Lûrràîtie en
dtcampa , ^i se jeta, ]^ar de grands Ms«
tar Te chemin éb YMMkhbnMk Les
t^6ût>e^lprUSitM)fM9'/«M IMP libtffitetit I
pas s'enfbncer plus avant ^ BoMni
faute de vivres: allèrent m ca Afier i
Kuttenberg, pour étm è portée de
leurs ttvagasins. Tamife qite h prinoe
de Lorraine se faisait badro v» lei
Pnissiens, Loblmwitz pnss ki MCMm
à la tète de sept milte hommes, ^
vint audacteusemiMt faire le alége do
Prauenberg , dont te ehàlon pomoi*
leRif huit Jouni (1). llroglie> qal avoit
reçu nn i^nforl de dix*nBle hoimet
el qiie te maréchal de Mte-Isle vînt
joindre^ pareo que la dfète de iPranc-
fort était finie, Broglie^ dls-je, se mit
en devoir tie secourir celte ville ; îl filr
passer tout son corps ^ ps- on défilé
très étroit^ eaprèa deSriié, et qwe Lol>«
kmrjttafuftginii dequelqaetnfan^erie.
Les premiers eseadronsfronçuaqui dé^
booehèrentsamordre ni disposition ,«1^-
t«q«èmit losoilirMriers de Holienzûi-*
lern etido Bertiia^ qui fUsaîent I «nière*
farde do Lobkowjlz, et les battimuti
Los Atttifchiens avoiont à dos vu bois oé
tia m loHfèrottt è difiSkioBtea repriaoo;
mais eomine ta nomkio dea Françm
flogmeMait, lia eofonoèreiit enfin loo
onnemiss etM.de Lobkôwitmeoecrat
OÉ aûrelé qu'en gagnant en Mte Bvd^
w^is. Les cnirasfliers oatrichiens pas-
saient aatrelbis pour ko piliers de
r empire; les bataiUes do Qmtkaet de
Molwîtc les privèmt do leurs laeil**
loors ôfficiertç on les romplaçi mal.
Alora cette cavolerie tireit ou «tiae*
qoaît à la débandade^ ot fut par cqa-
séqoonl aooiottt batUio; elle .perdit
cette confianee cb Ses feiiaes qoî a^t
d%i6tiiict à la voleoT. Les Fiançais flr«
rent valoir Tafiaire de Sabé oanuMa la
plus grande victoifet la batattle 4e
Piiai«ale ne fit pis ploa de hnitt à Roiae
que ce polit oiMnbat n'en fit è Parte.
La faihIflwedB caidiBaldo Flottri aradit
1) RpUtion de wnileta.
HISTOIIIE DE
besoin il*ètrc corroborée par quelques
heureux succès, et les deux maréchaux,
qui s'étaient trouvés à ce choc, vou- ;
laient rajeunir la mémoire de h'ur an- ;
cienne réputation. Le maréclial de '■
BèDe-lsIe, ivre de ses succès tant à
Fri|iicfoit sur If Mein qu*à Sahé, vain
(Tavotr donné un empereur à TA 11e-
magûc, se nmdit au camp du roi pour
concerter avec ce prince les moyens
de tirer les Saxons de leur paralysie.
Mm de Belle-Isle avait mal choisi son
temps ; le roi était bien éloigné dVn-
trer dans ses vues. Tant de négocia*-
tkMis sourdes, que les Autrichiens en-
tretenaient avec le cardinal de Fleuri ,
et. des anecdotes qui dénotaient sa
duplicité , avaient dissipé la conOunce
dç ce prince ; on savait que la Chétar-
die avait dit a Timpératrice de Russie
que le moyen le plus sur de la récon-
cilier avec la Suède était d'indemnîsef
cette dernière puissance en Poméra-
nie aux dépens du roi de Prusse (1).
Limpératrice reAnii cet eipt^dient, et
en fit part au ministre de Prusse qui
éMt à sa cour. En mi^e temps le
cardinal Tencin déclara au pape, au
nom de sa cour, qu'il ne devait pas
s'embairasser de rélévatioH de h Pms-
§e , <iu*eii tenfs et lieu hi France y
saurait mettre ordïi?, et humilier ces
hëfètiquels comme elle avait su les
agrandir. Ce qui rendait le cardinal
digne de la plus grande méfiance, c'é-
tait sa cetidulte ténébreuse ; îl entre-
tenait à Vienne un nommé Dnrargis ,
^f était son émissaire et son négocia-
teur, n était donc indispensablement
nécessaire de le prévenir, surtout si, à
tant de raisons politiques, on ajoute
celle des finances, la plus forte et la
plus décisive de toutes; il y avait à
peine cent cinquante mille écus dans
MOK TEMPS. dl
les épargncM. 11 ilail impossible , avec
une somme aussi modique, d'arranger
K»s apprêts pour ta campagne suivante.
Point d(,» ressources pour des emprunts,
ni aucun de ces exptuliens auxquels
les souverains ont recours dans lespaj s
où règncî l'opulence et la rich(*sse.
Toutes ces raisons résumées firent ex-
pédier des pleins-pouvoirs au comte
Poi!cwils, qui était alors à Brcslau,
pour l'autoriser à signer la paix avec le
lord Ilindfort, qui avait des pleins-pou-
voirs de la cour de Vienne. Tout ceci
fut cause que le roi n'entra dans au*
cune des mesures que le maréchal de
Belle-Isie lui proposait, et que les au-
diences ne se passaient qu'en compli-
meus et en éloges. On pouvait prévoir,
par la situation où s'était mis le maré-
chal de Broglic, qu'il s'exposait à re-
cevoir quelque échec ; il ne convenait
pas aux intérêts de la Prusse que les
Autricliiens pussent s'enfler de quel-
ques nouveaux avantages avant que la
paix fût signée. Pour prévenir de pa-
reils contre-temps, le roi avertit le ma-
réchal de BrogUe des mouvcmens du
prince de Lorraine , qui tendait à se
joindre au prince Lobkowitz ; il lui re-
présenta qu'il devait s'attendre a être
assailli par toutes les forces réunies des
Autrichiens, et que s'il ne voulait pas
pousser vigoureusement M. de Lob-
kowitz avant l'arrivée du prince de
Lorraine, il devait au moins ravitailler
Frauenbcrg. ^I. de BrogUc se moqua
des avis d'un jeune liomme ; il n'en
tint aucun compte, et resta tranquille-
ment à Frauenbcrg sans trop savoir
pourquoi. Bientôt les Autrichiens ar-
rivèrent; ils lui enlevèrent un déta-
chement à Tein, passèrent la Miildau
et pillèrent tout le bagage des Fran-
çais. M. de Broglie, fort étonné de ce
qui lui arrivait, ne sut que fuir à Pi
seck ; de la, ayant donné, porr tonte
H
disposition,
marcher, » il se retira à Braunau, d'où
trois mille Croates le chassèrent et le
poursuivirent jusque sous les canons
de Prague. Ces mauvaises nouvelles
firent expédier un courrie'r à Breslau
pour h&ter la conclusion de la paix.
L'éloquence du lord Hindfort, fortifiée
du gain d'une bataille, parut plus ner-
veuse aux ministres autrichiens qu'elle
ne leur avait semblé auparavant; ils se
prêtèrent aux conseils du roi d'Angle-
terre, et voici les articles des prélimi-
naires qui furent signés à Breslau :
1* la cession que la reine de Hongrie
fait au roi de Prusse de la haute et de
la basse Silésie et de la principauté de
Glatz, excepté les villes de "rroppau,
de JœgendortTet des hautes montagnes
situées au-delà de FOppa; 2* les Pru^
siens seront chargés de rembourser
aux Anglais dix-sept cent mille écus
hypothéqués sur la Silésie. Les autres
articles étaient relatifs à la suspension
d'armes, à réchange des prisonniers, à
la liberté de rdigion comme au com-
merce. Ainsi la Silésie fut réunie aux
États de la Prusse. Deux années de
guerre suffirent pour la conquête de
cette importante province. Le trésor
que le feu roi avait laissé se trouva
presque épuisé; mais c'est acheter à
bon marché des États, quand il n'en
n'en coûte que sept ou huit millions.
Les conjonctures secondèrent surtout
cette entreprise ; il fallut que la France
se laissât entraîner dans cette guerre :
que la Russie fût attaquée par la Suè-
de ; que, par timidité, les Hanovriens
et les Saxons restassent dans l'inao-
tion ; que les su^ès fussent non inter-
rompus, et que ie roi d'Angleterre,
ennemi des Prussiens , devint malgré
lui l'instrument de leur agrandisse-
ment. Ce qu? contribua le plus à cette
conquête, fui une armée qui s'était
a c armée doit | formée , pendant TiiigvHiciix aos , par
une admirable discipline, et supérieure
an reste du militaire de l'Europe; des
généraux vrais citoyens, des ministres
sages et incorruptibles, et enfin un
certain bonheur qui accompagne sou-
vent la jeunesse et se refuse à Fâge
avancé. Si cette grande entreprise
avait manqué, le roi aurait passé pour
un prince inconsidéré, qui avait entre-
pris au-delà de ses forces ; le succès le
fit regarder comme heureux. Réelle-
ment ce n'est que la fortune qui décide
de la réputation : celui qu'elle favorise
est applaudi, celui qu'elle dédaigne est
blftmé. Après l'échange des ratifica-
tions, le roi retira ses troupes de la
Bohème. Une partie passa par la Saxe ,
pour rentrer dans ses pays héréditaires ;
l'autre partie nuu'cha en Silésie , et fut
destinée à garder cette nouvelle con-
quête.
CHAPITRE YL
D« 1« ptix. - NottUcaUon au aUiéf. - Gaem
d*Ita]ie. — Les HtDovrient Joignent Icb An-
glais fn Flandre. — Guerre de Finlande. >-
Capitulation de Frîedrichsbamm.— Le duc de
HdtteiD appelé à la racceiiion de Suéde. —
MaiJIebota marehe en Bohême, de là en U*-
viére. — NégoclatiODS dea Français et An-
glais à Berlin. — ÉTtoemens Jusqu'à Tannée
1743.
La bienséance demandait que cette
paix , que l'on venait de conclure , se
notifi&t aux anciens alliés de la Prusse.
Le roi avait eu de bonnes raisons pot!
en venir là ; mais les unes étaient dn
nature à ne point être publiées , et h%
autres ne pouvaient se dire sans acc^
hier la France de reproches, le ro.
loin d'avoir intention d'offenser cette
puissance, voulait conserver tous \en
dehors de la bienaéanee enren eBe ;
HISTOIRE UB MON TBIIM.
93
fteulement il se bornait à ne point cou-
rir la carrière périlleuse où elle était
engagée, et à devenir simple specta-
tettr, d'acteur qu'il avait été. L'on pré-
voyait combien le cardinal serait sen-
sible à ce revirement de système, qui
ftJsait manquer ses desseins les plus
cadiés ; ib étaient bien difiérens de
ceux qu*il affichait en public ; car void
quelle était sa vraie marche. Il présu-
mait si bien du nom français, qu'il pen-
sait qu'une poignée d'hommes suffirait
pour soutenir la Bohème. Son intention
était de faire porter tout le poids de
cette guerre aux alliés, et de fortifier
ou de ralentnr, selon les intérêts de la
France, les opérations militaires, pour
dhiger par cette conduite les négocia-
tions de la paix au plus grand avantage
de f-ouis XV. Cette conduite était bien
différente de celle que le traité d'al-
liance l'obligeait de tenir. De tous les
alliés de la France, l'empereur était le
plus à plaindre, parce que M. de Bro-
glîc n'était ni un Catinat ni un Turen-
ne, et que le maréchal Tœrring et les
troupes bavaroises n'étaient pas des
gens sur lesquels on pût compter. Pour
rélecteur de Saxe, tout jaloux qu'il
était de Fagrandissement de la maison
de Brandebourg, il avait l'obligation au
roi de ce que l'ayant compris dans la
paix de Breslau, il pouvait se tirer ho-
norablement d'un mauvais pas ; de plus,
Auguste III était si peu instruit de
remploi qu'on faisait de ses troupes ,
que lorsque le comte de Wartensleben
fut envoyé à ce prince pour lui annon-
cer, au nom de son allié, le gain de la
bataille de Czaslau, il demanda k War-
tenslebeo si ses troupes y avaient bien
fait. Wartensleben lui répondit qu'el-
les tfy avaient point été, et que long-
temps avant la bataille, elles s'étaient
retirées dans le cercle de Saatz, sur les
frontières de la Saxe. Le roi en parut
étonné; il appela ***, qui sut l'apaiser
par de mauvaises raisons. Avec aussi
peu de bonne volonté de la part de ses
alliés, le roi n'était pas embarrassé de
faire son apologie. Voici la copie de la
lettre (1) qu'il écrivit au cardinal de
Fleuri:
a Monsieur mon cousin,
x> Il vous est connu que depuis que
» nous avons pris des engagemens en-
» semble, j*ai secondé, avec une fidé-
» lité inviolable, tous les desseins du
<x roi votre maître. J'ai aidé, par mes
» remontrances, à détacher les Saxons
» du parti de la reine de Hongrie ; j'ai
» donné ma voix à l'électeur de Bavière,
» j'ai accéléré son couronnement ; je
» vous ai aidé, de tout mon pouvoir, à
» contenir le roi d'Angleterre ; j'ai en-
D gagé celui de Danemark dans vos in-
» téréts ; enGn, par les négociations et
j» par l'épée, j'ai contribué, autant qu'il
D a été en moi, à soutenir le parti de
D mes alliés, sans que les effets aient
x> jamais assez répondu aux désirs de
» ma bonne volonté. Quoique mes
» troupes , cpuisées par les fatigues
» continuelles de la campagne de 1741,
» demandassent à prendre qudque re-
» pos, qui semblait leur être dû, je n'ai
D point refusé aux pressantes soUicita-
x» tions du maréchal de Belle-Isle de les
D employer en Bohème, pour y couvrir
x> l'aile gauche des alliés. J'ai plus (ait :
x» pour dégager M. de Ségur, bloqué
» dans Lintz, le zèle pour la cause oom-
» mune m'a transporté en Saxe, et, à
x> force d'importunités, j'ai obtenu du
x» roi de Pologne que ses troupes, de
» concert avec les miennes , feraient
» une diversion en Moravie. On s'est
x» porté sur Iglau , dont M. de Lobko-
» witz s'est retiré en hâte. Cette diver«-
» sion aurait eu un effet dédaf , A
(1) 10 lutn i'HÊ.
t
4
M. de S^r avait eu U |iatieiKY
(I*attr'ndrc le» ouïtes de cette opéra-
tion, et «î M. de Broglie av^ait clé as-
sez en forie sur la Wf.tavn pour se-
conder me«» efforts ; mai? la pr^ifû-
tation du premier, le peu de îroup«>
de Tautre, la mauvais*:- miIodIa: ôe»
frvnOraux sa\on>. enrïn le défaut J'ar-
till"rie pour assiéger Bninn. ont fait
échouer cette entreprise . et m'ont
obligé de quitter une province que
les Saxons devaient p«)«>Jder et qu'ils
n'avaient pas la volonté de conqué-
rir. De retour en Bohême, j'ai mar-
ché contre le prince de Lorraine : je
Tai attaqué pour sauver la ville de
Prague, qu*il aurait assiégée s'il n'a-
vait été mis en déroute ; je Tai pour-
suivi autant que les livres me Font
permis. Aussitôt que j'appris que le
prince de Lorraine prenait le chemin
de Tabor et de Budweis, j'en avertis
M. de Broglie, en lui conseillant
d*expédier M. de Ix)bkowjtz, qu'il
venait de battre à Sahé, avant que
l'armée de la reine de Hongrie pût le
joindre. M. de Broglie ne jugea pas
à propos de prendre ce parti ; et, au
lieu de retourner à P!sei:k, où le ter-
rain le favorisait, il partagea ses
troupes en différens di'târhemens.
Vous êtes informé quelles en furent
les suites et tout ce qu*il en est ré-
sulté de ncbeux. Maintenant la Ba-
vière est coupée de la Bohème ; et
les Autrichiens, maîtres de Pilsen.
Interceptent en quelque sorte les se-
(X)urs que le maréchal de Broglie
peut attendre de la France. ^ïalgré
les promesses que les Saxons ont fai-
tes au maréchal de Belle-lsle, loin de
se préparer à les remplir, & se join-
dre MU Français, j'apprends qu'ils
n quittent la Bohême et retournent
«dans h^r électoral. I>ans cette sitna-
Uun, où In conduite drs Saxons «^1
I
I »
»
i»
»
u.
phi?» qot susp»-! te. trt iiu il n'y a
a rs{»ércr ue M. a U'ircùurt. ravenir
ne me prés^ote qu'ube guerre lon-
gue et inlefinji)Ue, dODtle princi-
pal fardeau retomberait sur moi.
D'un cdté largeut de» Angiai» net
toute Sa Hongrie en arme^, d'iui an-
tre c6té les eflbrtâ de l'iapératrice-
reine font que ses protioces eoEan-
lent des soldat». Les Hongroiâ ae
préparent a tomber sur la haute Si-
lésie : les âaxons« dans les mauvaistf
dispositions que je leur connais, sont
capables d'agir de concert avec ks
Autrichiens, et de faire une difer-
sion dans mes pays héfêditaires , à
présent sans défense. L'avenir ne
m'offre que de» perspectif es funes-
tes ; et, dans une »itualion aussi cri-
tique (quoique dans l'amertume de
mon cœur >, je me suis vu dans la
nécessité de me sauver du naufrage
et de ga^er un asile. Si des oonjonc^
tures fAcheuses m'ont obligé de pren-
dre un parti que la nécessité justifie,
vous me trouverei toujours fidèle à
remplir les engagemens dont l'exè-
cution ne dépend que de moi. Je ne
révoquerai jamais la renonciation
que j'ai souscrite des pays de JuUen
et de Bergue; je ne troublerai ni di-
rectement ni indirectement l'ordie
établi dans cette succession ; plutAt
mes armes tourneraient contre mot-
mëme que contre les Français. On
me trouvera toi^jours un empresse •
ment égal à concourir à l'avantage
du roi votre maitre et au bien de son
royaume. Le cours de cette guerre
n'est qu'un tissu des marques de
bonne volonté que j'ai données A
mes alliés ; vous en devez ^tre cou*
vniocu« ainsi que de rauthenticiié de^
faits que je viens de vous rappeler*
Je suis persuadé, Monsieur» que voua
regrettez avec moi que le ci^ce dn
•
XL
».
9
Ji
HISTOUIK HE
tort ait fait avorter des Uesseins aussi
Htilutaires à l'Europe qu'étaient les
fidlres.
» Je suiî^, etc. »
Voici la réponse du cardinal (1) :
«5>îre,
a Votre M^csté jugera aisément de
la vive impression de douleur qu'a
faite sur moi ia lettre dont il lui a plu
m'booorcr le 10 de ce mois. Le triste
événement qui renverse tous nos pro-
jets en AUemagno n'eût pas été sans
ressource , si Votre lUcûesté avait pu
secourir M. de Broglie et sauver du
moins la ville de Prague; mais Elle
n'y a pas trouvé de possibilité , et
e'esX à nous à nous conformer à ses
lumières et à sa prudence. On a fait
de grandes foutes, il est vrai, il se-
rait inutile de les rappeler ; mais si
nous eussions réuni toutes nos trou-
pes, le mat n*eùt pas été sans remè-
de, U ne faut plus y songer et ne
penser qu'à la paix, puisque Votre
Majesté la croit nécessaire ; et le roi
ne la désire pas moins que Votre
M(yesté ; c'est à Elle à en régler les
conditions, et nous enverrons un
plein-pouvoir au maréchal de Belle-
Isle pour souscrire à tout ce qu'Elle
aura arrêté. Je connais trop sa bonne
foi et sa générosité pour avoir le
moindre soupçon qu'Elle consente à
nous abandonner après les preuves
authentiques que nous lui avons don*
nées de notre Gdélité et de notre zèle
pour ses [utéréts. Votre Majesté de-
vient Tarbitre de l'Europe, et c'est le
personnage le plus glorieu\ que Vo^
tre Majesté puisse jamais faire. Ache^
vez, sire, de le consommer, eu mé-
IMgeant vos alliés et l'intérêt de Tem-
pereur autant que possible ; c'est tout
ee quo je puis avoir rhouneur de lui
(1) ÎQ^vv xiït
aiON TEMPS. 95
» dire d^ns L'aci'^btement ou îp «n»;
» trouve. Je ne cesserai de fair^ 4}es
A vœux pour la prospérité de Yolre
» Majesté, et d'être avec tout to i^s-
» pect, etc. »
Ce fut ainsi que se termina cette al-
liance, ou chacun de ceux qiu la for-
maient voûtait jouer au plus fin ^ an les
troupes de difKrens souverains étaient
aussi désobéissantes à ceux qui étaient
à la tête des armées, que si on les
avait rassemblées pour désobéir; ouïes
camps ne présentaient qu'anarekio; où
tous les projets des généraux étaient
soumis à la révision d'un vioux prêtre,
qui, sans connaissance ni de la guerre
ni des lieux, rejetait ou approuvait
souvent mal à propos les projets im-
portansdont il devait décider; ce f\il
là le \rai miracle qui sauva la maison
d'Autriche : une conduite plus pruden-
te rendait sa perte inévitable.
Dès que les ratifications de la paix
furent échangées entre les Prussiens et
les Autrichiens, le roi d'Angleterre la
garantit dans la forme la plus solennel-
le, avec la sancrtion du parlement, con^
fermement aux vœux de toute la na-
tion, qui le désirait ainsi. Le lord Car-
teret fut le principal promoteur de cet
ouvrage, parce qu'il se flattiiit d'enga-
ger incessanunent la Prusse dans la
guerre qu'il méditait contre la France.
Ilavait déjàrassemblé en Flandre, con^
me nous l'avons dit, sei^ mille Anglais,
autant de Uanovriens, auxquels six
mille Uessois se joignirent. JLe roi de
Suède « landgrave de Uesse, en avail
un nombre pareil au service de l'em-
pereur, et il eût pu arriver que Heasois
contre Uessois eussent été engagés par
honneur à s'entredétruire ; tuUt l'inté-^
rêt sordide aveugle les hoounes ! Ceti
troupes, qui s'assemblaient en Brabant,
ne donnaient pas assez d'inquiétude
aux Franchis poi^ qu'ils né|^aa{iiei|(
FHÉDÉRIC II. '
de iauver M. de Broglie. On envoya ! parraffreusemisèreàlaquelleilsétaifliil
M. de Maillebois avec son année en
Miëme pour secourir on maréchal et
une armée française assiégés dans Pra-
pie. Les Parisiens, qui aiment assez
à plaisanter sur toat, appelèrent cette
armée celle des Hathorins, parce qa*el*
le devait délivrer des prisonniers. M. de
Maillebois passa le Rhin à Manheim et
dirigea sa marche sur Éger. Depuis que
Ips Prussiens avaient fait leur paix et
que les Saxons s'étaient retirés chez
eux, la fortune s'était entièrement dé-
clarée pour la reine de Hongrie. Le
prince de Lorrame, après avoir pris
Pilsen, vint se camper proche de Pra-
gue. M. de Broglie avait pris auprès de
Bubenitz une position qui lui était très
désavantageuse. Le canon des ennemis
Tobligea de l'abandonner, et de se ré-
fugier dans Prague avec toutes ses
troupes ; il ne tarda pas à s'y voir as-
siégé. Les troupes allemandes de la
reine formèrent l'investissement du
petit côté ; les Hongrois, les Croates et
les troupes irrégulières l'enfermèrent
depuis le Radschin jusqu'à la porte
Neuve ; ils établirent dos communi-
cations par des ponts sur la haute et la
basse Miildau. On regarde comme l'é-
vénement le plus mémorable de ce si(^-
ge la grande sortie des Français, dans
laquelle ils tuèrent et prirent trois mille
hommes aux ennemis, et leur enclouè-
rent le canon qu'ils avaient en batterie.
Les maréchaux de Belle-Isie et de Bro-
glie rentrèrent triomphans dans Pra-
gue au retour de cette expédition, sui-
vis de leurs prisonniers et des trophées
qu'ils venaient d'emporter. Si les Fran-
çais se rendaient redoutables aux Au-
trichiens par la vigueur de leur défen-
se, ils I en étaient pas moins à plaindre
dans I Intérieur de leur armée : leur
situation était digne de pitié, tant par
la mésitfitelligence de leurs chefs que
exposés. La disette était si grande qttli
tuaient et mangeaient leurs chevani ,
pour suppléer à la viande de booche*
rie, qu'à peine on sen'ait à la table des
maréchaux. Dans cette situation déaet-
pérée, où ils ne voyaient dans l'aveiiir
que la mort ou l'ignominie, M. de
Maillebois vint à leur secours pour lèi
délivrer. Si l'on avait donné carte blan-
che à ce maréchal, le destin de la Bo-
hème aurait pu changer; mais de Ver-
sailles, le cardinal le menait à la lisière.
Les occasions étaient perdues pour ce
maréchal, parce qu'il n'osait en profi-
ter. La cour de Vienne sentit le ooop
que le cardinal pouvait Ini porter; trop
faible pour le parer, elle eut recours à
la ruse, qui suppléa à ce qui lui man-
quait en force. Le comte Ulefeld, mi-
nistre des affaires étrangères de la relile
de Hongrie, connaissant le caractère
du cardinal , sut si bien l'amuser ptr
des négociations, qu'il donna & M*, de
Khevenhiiller le temps d'accourir de la
Bavière et de joindre le prince de Lor-
raine. Les Français se laissèrent si bieii
amuser, que les Autrichiens gagnèrent
une marche sur eux et rédultiiènt
M. de Maillebois à choisir entre le com-
bat ou la retraite ; il fut blAmé généra-
lement de n'en être pas venu aux mains
avec le prince Charles. Cependant il
était innocent; nous savons avec cer-
titude que sa cour lui avait donné Tur*
dre positif de ne rien risquer. M. de
Maillebois obéit donc; et^ comme il
lui était impossible de s'approcher de
Prague sans engager une affaire géné-
rale, il retourna sur ses pas rt si» rap-
procha d'Éger. Cette diversion , quoi-
qu'incomplèto , produisit des eflTels
avantageux à ces troupes renfermées
dans Prague. Les maréchaux de Belle-
Isle et de Broglie, débarrassés de l'ar-
mée autrichienne, firent de groi uéta-
■UTOUJK 0|
poor amasser des provisions ,
et raYitailiàrent la ville. M. de Maille-
bois » qui devenait inutile en Bohème ,
où il n'avait presque aucun pied, prit par
Ratisbonne et Straubingen,et se joignit
avec le nuirechal de Seckendorfff qui
commandait les troupes de Tempereur
en Bavière. S'ileùt été possible à l'armée
de Maillebois de contenir plus long-
temps celle du prince Charles de Lor-
raine en Bohème, M. de Seckendorff
aurait pu reprendre Passau , Straubin-
geu et toutes les villes qui tenaient en-
core pour les Autrichiens. M. de Mail-
lebois tenta inutilement de reprendre
liraunau. Le prince de Lorraine l'avait
suivi en Bavière ; et, comme la saison
était avancée et les deux armées acca-
blées de fatigues, elles prirent leurs
quartiers d'hiver.
Les affaires de U maison d'Autriche
étaient sur un pied assez incertain en
Italie. Les Espagnols, sous les ordres
de H. de Montemar, avaient pénétré
jusqu'au Ferrarois. Le maréchal de
Traun les ayant obligés de reculer un
peu, la reine d'Espagne, qui ne vou-
lait pas que ses généraux mollissent ,
envoya H. de Gages en Italie pour 're-
lever M. de Montemar.
L'année 17b2 pouvait s'appeler ceue
des diversions : l'invasion de M. de
Khevenhiiller en Bavière, celle du roi
en Moravie, cette armée que les An-
glais rassemblaient en Flandre, la mar-
che de M' de Maillebois en Bohème ,
la flotte de l'amiral Matthews qui me-
naça de bombarder Naples pour obli-
ger le roi à la neutralité, le passage de
don Philippe par la Savoie pour enga-
ger le roi de Sardaigne à retirer ses
troupes de l'armée autrichienne sur le
Tanaro. Aucune de ces diversions ne
répondit entièrement au but que les
auteurs s'en étaient proposé. Depuis la
retraite de M. de Mailleboiy Prague
MOU TJBIIPS.
f7
fut resserrée de nouf eau par on corps
de troupes légères de Croates et de
Hongrois , qui en formaient l'investis-
sement.
Pendant que tout ceci se passait au
midi de l'Europe, le gouvernement de
la nouvelle impératrice s'affermissait à
Pétersbourg. Les ministres de celte
princesse furent assez adroits pour en-
dormir par leurs négociations et Tarn «
bassadeur de France et M. de Lœweu-
haupt, qui commandait les troupc^s
suédoises en Finlande. Les Russes usè-
rent habilement de ce temps pour ren-
forcer leur armée. I>ès que M. de Las-
cy , qui commandait les troupes russes,
se vit en force, il marcha eu avant; il
n'eut que la peine de se montrer, les
Suédois plièrent partout. Le nom russe
qu'ils ne proféraient qu'avec mépris
du temps de la bataille de Narva, était
devenu pour euv un objet de terreur :
les postes inattaquables n'étaient plus
des lieux de sûreté pour eux. Après
avoir ainsi fui de poste en poste, ils se
virent resserrés à Friedrichsham par
les Russes, qui leur coupèrent l'unique
retraite qui leur restait. Ces Suédois
eurent enfin la faiblesse de mettre les
armes bas, et signèrent une capitula-
tion ignominieuse et flétrissante « qui
imprima une tache à la gloire de leur
nation ; vingt mille Suédois passèrent
sous le joug de vingt-sept mille Rus-
ses. Lascy désarma et renvoya les Sué-
dois nationaux , et les Finnois prêtè-
rent serment de fidélité. Quel exemple
humiliant pour l'orgueil et la vanité
des peuples ! Ainsi les royaumes , les
empires , après s'être élevés , s'afTai-
blissent, se précipitent vers leur clmte.
I C'est bien à ce sujet qu'il faut dire :
I Vanité des vanités, tout est vanité! La
- cause politique de ces cliangemens se
; trouve vraisemblablement dans les dif-
férentes formes de gouvernement pïU'
V.
%iliDÉlb<; it
j i ^i
tè^HelléS léi flftétidis bnt passé, tant
^'ib formaîeni une monarchie, le mi-
litaire était en honneur ; défensour
de rËtat , il ne pouvait jamais lui être
redoutable. Dans une république, c*est
le contraire : le goutcmement doit
être pacifique de sa nature ; le militai-
re n'y tient pas le premier ran^ ; on a
tout & craindre de généraux qui pe\i-
▼cnt s'attacher les troupw ; c'est d'eux
ipie doit venir ilne révolution. Dans
les républiques, l'ambition se jette du
côté de rinlrignè pour parvenir ; les
corruptions avilissent les caractères, et
le véritable point d'honneur se perd,
parce qu'on peut fhire fortune par des
voies qui n'exigent aucun mérite dans
le postulant. Jamais le secret n'est
gardé dans les républiques ; Tcnncmi
étant averti de leurs desseins, îl peut
les prévenir; mais les Fratiçais réveil-
lèrent à contretemps l'esprit de con-
qfttête qui n'était pas encore entière-
ment èffhcé de l'esprit des Suédois ,
pour les commettre avec les Russes ,
au moment où les Suédois manquaient
d'argent, de soldats disciplinés et sur-
tout de bons généraux. La supériorité
que les Russes avaient alors obligea les
Suédois ft envoyer dès sénateurs à Pé-
tersbourg offrir la succession de la
couronne au jeune grand-dùc, prince
de Hotetcîn , neveu de Tlmpératrice.
Rien de plus humiliant pour cette na-
tion que le refus du grand-duc, qui
trouva cette couronne au-dessous de
lui. Le marquis de Botta, alors minis-
tre autrichien i Pétersbourg, dit au
grand-duc en lui faisant compîftnent :
« Je voudrais qu'il fût aussi facile à la
» reine , ma maîtresse , de conserver
» ses royaumes, qu'il l'est à votre al-
"b tesse impériale d'en refuser. » Sur
ce refus du grand-duc, les ()rêtres et
les paysans qui ont voîx aux diètes
voulaient tpron choisît pour successeur
dé leur foi le ïSrfricé ro^M dl» ffetie*
marck ; les sénateurs du parti français
donnaient leurs suArages au prince de
Deuxponts ; maïs Tintpératrice se dé-
clara pour révêque d'Eutin, oncle du
grand-duc, et sa volonté l'emporta sur
rinfluence des antres partis. L'élection
de ce prince ne se fit que l'année 1743,
tant les cabales qui s'étaient formées à
Stockholm tenaient les résoîutîons de
là diète en suspens.
Depuis la paix de Breslau, les négo-
ciations ne finissaient pas. Les Anglais
avaient dessein d'entrafner le roi dans
la guerre qu'ils allaient entreprendre;
les Français voulaient l^engager dans
des mesures incompatibles avec hi neu-
tralité à laquelle il s*était obligé. L'em-
pereur sollicitait sa médiation, mais ce
pririce resta inébranbble. t^lus la guer-
re durait, plus la maison d'Autriche
épuisait ses ressources: et plus la
Prusse testait en pah, phis elle acqué-
rait de fbrces. Le plus difficile , dans
ces conjonctures, était de maintenir
tellement la balance entre les parties
belligérantes, que l'ane ne prit pas
trop d'ascendant sur Tautre. fl Mlait
empêcher que l'empereur né fût dé-
trôné et que les Français ne fussent
chassés d* Allemagne ; quoique les Voies
de fait fussent interdites aux Prussiens
par la paix de Breslau, ils pouvaient
par les inti igues parvenir aux mêmes
fins que par les armes ; Foccasion s'en
présenta promptement. Le roi d'An-
gleterre s'était proposé d'envoyer ses
troupes de Flandre au secours de la
teîne de flongrie; <ie secours atiraît
perdu sans ressource les aflSaires de
rempereur et de la France. Un danger
aussi pressant mit fe roi dans ta néces-
sité d'employer les représentaitîons lej
plus fortes ; fl alla jusque menacer 1«
roi d'Angleterre d'entrer dans s<yi
.*!. c'iôrat, s'il hasardait de feirepmM
BIST01K£ M MON TEMPS.
te RhiD à des troupes étrangères, pour
les introduire dans l'empire sans le
consentement du corps germanique.
Par des insinuations plus douces , les
Hollandais se laissèrent persuader de
De point joindre leurs troupes à celles
des alliés de la reine de Hongrie, et les
Français, ayant le temps de respirer,
pourvurent à leur défense. Les Prus-
siens ne réussirent pas de même dans
uii projet qu*ik avaient formé pour le
maintien de l'empereur. Ce projet avait
pour but de soutenir les troupes de ce
prince en Bavière. Les Français avaient
deux raisons pour y concourir : la pre^
mière, c'est qu'en abandonnant la Ba-
vière, ils étaient contraints de repas-
ser le Rhin et de songer à la défense
de leurs propres foyers; la seconde,
qu'ayant fait un empereur, il y avait
de la honte pour eux à l'abandonner et
a le livrer, pour ainsi dire, à la merci
de ses ennemis. Mais leurs généraux
avaient perdu la tète , et la terreur,
plus forte que le raisonnement, les
subjuguait. Pour remplacer leurs trou •
pes en quelque manière, on avait des-
sein de former une association des
cercles, qui mettrait sur pied une ar-
mée de neutralité. Sous ce prétexte, le
roi aurait pu y joindre ses troupes, et
cette armée aurait couvert la Bavière.
Cette affaire manqua par la crainte
MTVile que les princes de l'empire
avaient de la maison d'Autriche. La
reine de Hongrie menaça, les princes
tremblèrent et la diète ne voulut rien
résoudre. Si la France avait soutenu
œ projet par quelques sommes distri-
buées a propos, il aurait réussi ; la plus
mauvaise économie d'un prince est de
ne savoir pas dépenser son argent lors-
que les conjonctures l'exigent. Ainsi
Unit Tannée 1742, dont les évènemons
variés servirent de prélude à une guerre
qui se fit avec un plus grand udi.ifmv
ment. Les Français étaient les seuis
qui désirassent la paix. Le roi d'Angle-
terre, trop préoccupé da la faiblesse du
gouvernement français, croyait qu'il
suffisait d'une campagne pour l'abat-
tre. La reine de Hongrie eoBvrait son
ambition sous le voile d'une défense
légitime; nous verrons dans la suite
comment , de partie belligérante, elle
devint Tautiliaire de ses alliés.
La Prusse tâcha de proQter de la
paix dont elle jouissait pcrur rétablir
ses finances. Les ressources étaient
usées ; il fallait laborieusement en as-
sembler de nouvelles, perfectionner
[la hâte avait empêché de le faire)
ce qû*il y avait de défectueux encore
dans les recettes de la Silésie, payer
les dettes des Autrichiens aux Anglais.
On entreprenait en même temps de
fortifier cinq places à neuf : Glogau ,
Brieg, Néisse, Glatz et Cosel; on fai-
sait dans les troupes une augmentation
de dix-huit mille hommes; tout cela
demandait de Targent et beaucoup d'é-
conomie, pour en accélérer l'exécuUon.
La garde de la Silérie était commise à
trente-cinq mille hommes qui avaiefnt
servi d'instrument à cette conquête.
Ainsi , loin de profiter de cette tran-
quillité pour s'amollir, la paix devint
pour les troupes prussiennes Une école
de guerre. Dans les places se formaient
des magasins; la cavalerie acquérait
de l'agilité et de riûtelllgehce, et tou-
tes les parties du miHtaIré concotunieiii t.
avec une même ardeur, & raffermisse-
ment de cette discipline qui rendit au-
trefois les Romains vainqueurs ôe tou^
tes les nations.
« I
160
fBBDilLlC 11
CHAPITRE VU.
On dit que c'est une faute capitale
en politique de se fier à un ennemi ré-
condUé, et Ton a raison ; mais c'en est
une plus grande encore à une puissance
faible de.lutter à la longue contre une
monarchie puissante, qui a des res-
sources dont la première manque. Cet-
te réflexion était nécessaire pour ré-
pondre d'avance aux critiques qui cen-
suraient la conduite du roi. Fallait-il,
disait- on , se mettre à la tète d'une
ligue pour écraser la nouvelle maison
d'Autriche , et laisser ensuite repren-
dre le dessus à cette même maison,
pour chasser les Français et les Bava-
rois de l'Allemagne? Mais quel était le
projet du roi? N'était-ce pas de con-
quérir la Silésie? Comment pouvait-il
l'exécuter, si la guerre avait continué,
n'ayant pas assez de ressources pour
fournir aux grandes dépenses qu'elle
entraînait de nécessité? Tout ce qui
dépendait dé hii, c'était d'agir par des
négociations, et, autant que cela était
faisable, de conserver l'équilibre entre
les puissances belligérantes. La paix
lui donnait le temps de respirer et de
se préparer à la guerre ; d'ailleurs l'a-
nimosité était si forte entre la France
et l'Autriche , et leurs intérêts étaient
si opposés, que la réconciliation entre
ces puissances ennemies paraissait en-
core bien éloignée : il fallait se réser-
ver pour les grandes occasions. Les
mauvais succès des armées françaises
avaient fait une assez forte impression
sur J'esprit du cardinal de Fleuri pour
ouè sa santé s'en ressentit ; une mala-
die l'emporta au commencement de
cette année. H avait été ancien évèqne
de Fréjus, précepteur de Louis XV.
cardinal de l'Église romaine, et, de-
puis dix-sept ans, premier ministre. Il
s'était soutenu dans ce poste , ou peu
de ministres vieillissent, par Tart de
captiver la confiance de son maître, et
en écartant avec soin de la cour ceux
dont le génie pouvait lui donner de
Pombrage. Il adoucit les plaies que la
guerre de succession et le système de
Law avaient faites à la France. Son
économie fut aussi utile au royanme
que l'acquisition de la Lorraine lui fol
glorieuse. S'il négligea le militaire et
la marine , c'est qu'il voulait tout de-
voir à ta négociation, pour laquelle il
avait du talent. Son esprit succomba ,
ainsi que son corps, sous le poids des
années. On dit trop de bien de lui pen-
dant sa vie, on le blâma trop après sa
mort. Ce n'était point l'ftme altière de
Richelieu ni l'esprit artificieux de Ma-
zarin semblables aux lions qui déchi-
rent des brebis : Fleuri était un pasteur
sage, qui veillait à la conservation de
son troupeau. Louis XY voulut élever,
à la mémoire de ce cardinal , un mo-
nument, dont on fit un dessin qui ne
fut jamais exécuté ; à peine fut-il mort
qu'on l'oublia. Chauveiin, que le cardi-
nal de Fleuri avait fait exiler, crut, du
fond de sa retraite , pouvoir emporter
ce poste vacant ; il écrivit à Louis XV ,
blftmant l'administration de son enne-
mi et se vantant beaucoup lui-même.
Cette démarche précipitée fit qu'on hû
marqua pour son exil un heu plus éloi-
gné de la cour que Bourges, où il était
relégué. Le roi de France notifia la
mort de son ministre aux cours étran
gères, à peu près dans le style d'ui^
prince qui annonce son avènement à
la couronne. Voici la lettre qu'il écri^
vit au roi; nous l'avons copiée nM4
pour mot :
H1ST01KE UF. MON TKM1f%.
« Monsieur mou frère,
0 Après la perte que je viens de faire
» du cardinal de Fleuri, en qui j*avais
» mis toute ma conBance dans Tadmi-
» nistration de mes affaires, et dont je
» ne puis assez regretter la sagesse et
D les lumières, je ne veux pas différer
» de renouveler moi-même à Votre
» Majesté les assurances quil vous a
» données en mon nom, et que je l'ai
» souvent diargé de vous réitérer, de
» Tamitié parfaite que j*ai pour la per-
» sonne de Votre Majesté, et du désir
» sincère que j'ai toujours eu de pou-
» voir concerter avec Elle tout ce qui
» peut être de nos intérêts communs.
» Je ne puis douter que Votre Ma-
» jesté n'y réponde de sa part comme
n je le désire, et Elle peut compter
M qu'EUe trouvera en moi, dans toutes
» les occasions, la même disposition
» de contribuer à sa gloire et à son
» avantage, et à lui marquer que je
» suis, etc. x>
Le département des affaires étran-
gères notifia en même temps que le
roi, ayant résolu de gouverner désor-
mais par lui-même, voulait qu'on s'a-
dressât directement à sa personne. Jus-
qu'alors Louis XV avait été le pupille,
et le cardinal de Fleuri son tuteur.
Après la mort de Mazarin, Louis XIV
porta lui-même le deuil de son minis-
tre; personne ne le porta pour Fleuri ;
il fut oublié avant qu'on eût prononcé
son oraison tunenre. Pendant l'ad-
ministration de ce cardinal , les rênes
du gouvernement aboutissaient tou-
tes à lui et venaient se joindre dans
ses mains ; II était le point de rallie-
ment qui , réunissant les finances , la
guerre, la marine et la politique, les
dirigeait au moins à un même but.
Depuis sa mort, le roi voulut travaiUer
lui-même avec les ministres qui étaient
à la tête de ces quatre déparien^ens.
fGl
Son ardeur s*éteignil au bout de bnil
jours, el la France fut gouvernée par
quatrCiTois subalternes, indépendans
les uns des autres. Ce gouvernement
mixte produisit des détails de départe-
ment ; mais les vues générales qui réu-'
nissent et embrassent en grand le bien
de l'État et son intérêt, manquèrent
dans les conseils. Pour se faire une
idée du choix des ministres, qu'où se >
représente un chancelier du duc d'Or- /
léans, rempli de Cujas et de Barthole,
qui devient ministre de la guerre dans
ces temps où toute l'Europe était en
feu, un ancien capitaine de dragons,
nommé On, qu'on met à la tête dés fi-^
nances. Maurepas s'imaginait rendre
Louis XV souverain des mers, et le roi
le serait devenu, si les discours d'un
homme aimable avaient pu* opérer ce
miracle. Amelot était de ces esprits
rétrécis, qui, comme les yeux myopes,
distinguent à peine les objets de près.
Cet aéropage gouverna donc la France ;
c'était proprement une aristocratie, ou
bien un vaisseau qui, naviguant sans
boussole sur une mer orageuse, ne
suivait pour système que l'impulsion
des vents. Les armées ne prospérèrent
pas sous cette nouvelle administration.
Quoique l'armée de Maillebois, joint
aux Bavarois, fût encore sur les fron-
tières de l'Autriche, le prince de Lob-
kowitz, avec seize mille Hongrois, te-
nait toujours le maréchal de Belle-Isie
bloqué dans Prague avec seize mille
Français. Le corps de M. de Belle-Isie
était presque entièrement composé
d'infanterie, et celui des Autrichiens
de cavalerie. Cette situation inquiétait
M. d'Argenson ; soit par impatience ,
soit par humeur, soit par légèreté, ce
robin fit expédier au maréchal de Bel-
le-lsle l'ordre d'évacuer Prague. Cet
ordre était plus facile à donner* qu'à
exécuter. Le maréchal de Belle-Isif
IM
rRtoJ:iuc II.
l
t>-
prit ses dispositions en conséquence ; il
Qt sortir la garnison, le 18 décembre au
solTf par un froid très piquant ; il ga-
gna trois marches sur le prince Lob-
kowiti. Enfilant un chemin difficile,
qui donnait peu de prise à la cavalerie
de l'ennemi, il continua de longer l'Ë-
gjBT, et arriva, le dixième jour de mar-
ijie, à la ville d'Egor. Quatre mille
iM>mmes périrent de misère et de froid
par les marches forcées qu'on leur fit
faire; et cette armée délabrée, réduite
a huit mille combattans, fut partagée.
Ce qui était encore en état de servir
joignit M. de Maillebois en Bavière, et
les corps entite^unent ruinés furent en-
voyés en Alsace pour se recruter. La
Bohème fut ainsi conquise et perdue,
saps qu'aucune victoire , ni des Fran-
çais , ni des Autrichiens , eût décidé
eptre eux du sort des empires. Dans
tout autre pays que la France, une re-
traite comme ceHe de M. de Belle-Isie
aurait çfiusé une consternation géné-
rale ; en France, où les petites choses
se traitent avec dignité et les grandes
légèrement , on ne fit qu'en rire , et
H. de Bellc-Isie fût chansonné. Des
couplets ne mériteraient certainement
pas d'entrer dans un ouvrage aussi
grave que le nAtre ; mais comme ces
sortes de traits marquent le génie de
la nation , nous croyons ne point de-
voir omettre celui-ci :
Quâtid Befle-Isle partit onc nuit
Do l^fagw à p(*tft bnilt.
Il dU eo voyaot ta kiac :
Limiére de mes joun,
Asire de mi fortune,
CotiduiMi-inoi touJoBris.
En pareille occasion, on aurait jeû-
né & Londres, expost^ le sacrement à
Rome, coupé des tôfrs ;i Vlonno. Il
valait xsAçxw sp consoînr pnr unt» épî-
le-Islo eut le sort de toutes les actions
des hommes; il y eut des fanatiques
qui, par zèle, la comparèrent à la re-
traite des dix mille de Xénophon;
d'autres trouvaient que cette ftiite hon*
teuse ne pouvait se comparer qu'à la
défaite de Guinegast. Hs avaient tort
les uns et les autres : seize mille hom-
mes, qui évacuent Prague et se reti-
rent de la Bohême devant seize mille
hommes qui les poursuivent, n'ont ni
les mêmes dangers à courir ni des che-
mins aussi longs k traverser que les
troupes de Xénophon pour retourner
du fond de la Perse en Grèce ; mais
aussi ne faut-il pas outrer les choses ,
et comparer une marche où les Fran-
çais ne purent être entamés par les en-
nemis, à une débite totale. Les dis-
positions de M. de Belle-Isie étaient
bonnes ; le seul reproche qu'on puisse
lui faire, est de n'avoir pas , dans sa
marche, assez ménagé ses troupes.
Dès-lors la fortune de la reine prit
un air plus riant. Le maréchal Traun
défit en Italie M. de Gages, qui pas-
sait le Tanaro pour l'attaquer. Cette
victoire ne satisfit point la cour de
Vienne ; elle trouva que le maréchal
Traun n'en avait pas assez fait, elle
voulait des batailles qui eussent de
grandes suites. Enfin ce maréchal fut
jugé comme Apollon par Midas, et c'é-
tait cependant le premier de leurs gé-
néraux qui eût triomphé des ennemis.
La maison d'Autriche commençait à
regagner des provinces perdues, et as-
surait celles qui étaient menacées. Cela
ne l'empêchait pas d'être accablée par
le poids de cette guerre ; peut-être y
aurait-elle succombé, si ces premières
lueurs de prospérité n'eussent ranimé
la bonne volonté de ses alliés. Le roi
d'Angleterre donna des marques du
plus grand zèle pom le soutien de la
reine de Hongrie. Les motifb quf te
HUTOULE D£ MO.N iiUfPS.
103
faisaient agir ainsi étaient en grande ,
partie une haine invétérée qu'il por- |
tait à la France. Il avait servi dans sa
jeunesse contre cette puissance; il s'é-
tait trouvé à la bataille d'Oudenarde ,
où il avait chargé à la tête d*un esca- i
dron hanovrien, en donnant des mar-
ques d'une valeur distinguée ; il ambi-
tionnait de se trouver a la tétc des ar-
mées pour jouir de la gloire des héros.
L-occasioa s'en présentait, il avait des
troupes en Flandre; en se déclarant
pour la reine, en passant la mer, per-
sonne ne pouvait lui disputer 1^ com-
mandement de ses troupes; de plus, il
allait augmenter son trésor de Hano-
vre par les subsides que les Anglais lui
paieraient pour ses Hanovricns. Quant
à lord Carteret, il avait besoin de la
guerre , afin de se soutenir auprès de
son maître et auprès de la nation an-
glaiso. Le commerce de ces insulaires
était gâné depuis qu'ils étaient en guc^
re avec l'Espagne : pour qu'un grand
coup décidât ces affaires de commerce,
il fisUait le frapper sur terre et en Eu-
rope. La France passait pour à-demi
ruinée par les efforts qu'elle avait faits
pour soutenir la Bavière et la Bohème ;
elle était l'alliée de l'Espagne ; en af-
faiblissant l'une jde ces puissances, on
affaiblissait l'autre. II faUait donc bat-
Ire les FrancaM, soit en Allemagne,
èuit en Flandre» pour gagner sur mer
nue supériorité qui put produire un
avantage réel au commerce de l'An-
gieierre. Le roi, son ministre et la na-
tion tendant au même but , quoique
par des Tues différentes, il fut résolu
d'esTOf or an ccaur de l'Allemagne les
iffiHifiesaoglaîses, banovriennes et hes-
floises qui se trouvaient eu Flandre.
. Alitant ce projet pouvait convenir au
, rai d'Angleterre, autant convenait-il
ptaouroi 49 Prusse; il ne devait pas
• foi4re40 ym ^ équilibre poUt^pe
que, pendant la ^ui^*! rt' même, 8QD in-
térêt robligenil do maintenir entre les
puissances belligiTantes. Si la maison
d'Autriche gagnait une supériorité dé-
cidée dans l'empire sur la maison de
Bavière, la Prusse perdait son influen-
ce dans les affaires générales ; il fallait
donc empêcher que le roi d'Angleterre
et la reine de Hongrie, aveuglés par
les succès auxquels ils devaient s'atten-
dre, ne détrônassent l'empereur. La
voie des représentations était la seule
qui convint au roi de Prusse ; et , se
servant des argumens que peut em-
ployer un prince allemand, zélé pour
sa patrie et pour la liberté du corps
germanique, il conjura le roi d'An^jb-
terre de ne pas rendre, sans des rai-
sons très importantes, l'empire théâ-
tre d'une guerre qui était près de s'al-
lumer, et de se souvenir qu'il n'est
point permis à un membre du corps
germanique d'introduire, sans la sanc-
tion de la diète, des troupes étrangères
dans sa patrie. C'était tout ce que ce
prince pouvait faire dans les conjonc-
tures où il su trouvait. Il ne devait
pas compter sur la France, qu*il avait
indisposée contre lui par la paix de
Breslau ; il ne pouvait se brouiller avec
les Anglais , qui étaient les seuls ga-
rans qu il eût de cette paix. Les choses
n'en étaient pas venues à une extrémi-
té assez grande pour replonger ses États
dans une nouvelle guerre; il fallait
donc se contenter de la promesse du
roi d'Angleterre, qui s'engagea de ne
rien entreprendre, ni contre la dignité
de l'empereur, ni contre ses États pa-
trimoniaux.
Ce n'était pas avec les Anglais seuls
qu'on négociait. Le roi avait entamé
une autre affaire à Pétersbourg et
pour des intérêts qui le touchaient plus
directeoaent ; il s'agissait d'obtenir de
l'impératq(De de Russie la garantie du
iOk
FRÉI>ÉniC 11.
traité de fireslaa. Ce Airent les Anglafs
et les Autrichiens qui s* y opposèrent
de toutes leurs forces, quoique sous
main. Les deux frères Bestuchew, mi-
nistres de rimpératrice , trouvèrent,
par les difficultés qu'ils Grent naître,
le moyen d'accrocher continuellement
la Gn de cette affaire. La reine de
Hongrie regardait la cession qu'elle
avait faite de la Silésie comme un acte
de contrainte , dont elle pouvait ap-
peler avec le temps, en rejetant sur la
nécessité ce que la rigueur des con-
jonctures l'avait forcée d'accepter. Les
Anglais voulaient isoler le roi de Prusse
q^ priver de tout appui, pour l'avoir
efiferement sous leur dépendance. De
quelque façon que les princes cachent
ces sortes de vues, il leur est bien df f-
iicile de les rendre impénétrables. Ce
fut alors que la paix de Friedrichsham
fui ratifiée entre la Russie et la Suède.
La perte d'une partie inculte de la Fin-
lande fut le moindre mal dont la Suède
eut à se plaindre. Le despotisme que
les Russes exercèrent à Stockholm mit
le comble à l'opprobre de cette nation.
Un sujet de Timpératrice était consi-
déré en Suède conune un sénateur ro-
main du temps de César pouvait l'être
dans les Gaules. Une nation malheu-
reuse ne manque jamais d'ennemis.
Les Danois voulurent profiter des ca-
lamités de la Suède. La diète de Stock-
holm était assemblée pour ratifier la
paix qui venait de se conclure avec ht
Russie et pour nommer un successeur
au trône ; le roi de Danemarck , dans
le dessein d'unir les trois couronnes
de la Suède, du Danemarck et de la
Norvège sur la tête de son fils, le prin-
ce royal, excita une rébellion dans la
Carélie, souleva des prêtres , corrom-
pit quelques bourgeois ; mais il trouva
tant de diffleultés dans Peiécution de
Wm plan, qu'il avorta af||pt sa nais-
sance. Les troupes danoijH^s et suédci^
ses s'assemblaient déjà sui ^s frontiè-
res ; la diète de Stockholi s'empres-
sait à trouver des secours; % ^ deman-
da les bons offices du roi r*. Pmaae
pour moyenner un accomnk ^tment
avec ses voisins. Le roi s'intéreaaa poor
eux ; le roi de Danemarck lui répondit
qu'eu égard à ses exhortations, il ne
précipiterait pa» tes choses. Mais ce
qui paraîtra presque incroyable , c'est
que ces mêmes Suédois , qïii venaient
de faire une paix si déshonorante avec
la Russie, implorèrent la protection de
rimpératrice contre les Danois. Elisa-
beth la leur accorda ; eUe fit partir le
général Keith sur des galères qni por-
taient dix miUe hommes de secoors.
Ce fut alors qu'à la faveur de ces trou-
pes, le prince de Holstein, évêque de
Lubeck, fut élu, au Ueu du prince da-
nois, successeur du vieux roi de Suède,
landgrave de Hesse. Ainsi, à peu près
dans le cours de la même année , la
Suède fut battue, protégée, enfin doiH
née au prince de Hobtein par l'inapé-
ratrice de Russie. Le sénat de Stoclfr-
holm se consola de tant d'infortmea
par des cruautés ; il fit périr les géné-
raux de Buddenbrock et de Lcewea-
haupt sur l'échafaud. On les accusa de
trahisons, de perfidies, mais rien ne
fut prouvé ; ils n'étaient coupables que
d'ignorance et de trop de faiblesse.
Mais il est temps de quitter ces scè-
nes tragiques du Nord pour retourner
au Sud, et voir ce qui se passa dans la
Bohême après que les Français Tenreiit
abandonnée. La reine de Hongrie se
rendit à Prague pour recevoir l'hom-
mage de ce royaume, au recouvrement
duquel sa fermeté avait autant et plus
contribué que la force de ses armes.
Le jour même de son couronnement ^
elle apprit que le maréchal de HheWH
hfiller ayant marché de Sehsrdfnf à
UISTOIHE DE MOH TEMPS.
Ifrannau, en nvnit chassé le général
Miniiccî, qui commandait un corps de
sept à huit mille impériaux. Les dé-
tails de cette affaire nous sont parvenus
par des officiers prussiens, qui firent
cette campagne, en qualité de volon-
taires, avec les Autrichiens. M. de
Khevenhiiller s'avança vers Scharding,
place située sur Tlnn, proche des fron-
tières de l'Autriche * ^s troupes, sor-
tant de leurs quartiers d'hiVer h'v ren-
dirent par différentes routes. Malgré
les précautions que cet habile officier
prit de cacher ses desseins , le maré-
dial de Seckendorff en fut informé, et
il donna ordre à M. de Minucci de se
retirer de Braunau. Ce général peu in-
telligent ne sut nt disposer sa retraite
pour obéir aux ordres de son chef, ni
choisir un terrain avantageux pour at-
tendre l'ennemi et pour lui résister.
M. de Khevenhiiller se trouva bientôt en
présence des Bavarois ; il reconnut que
le front de Minucci était inattaquable,
ayant un profond ravin qui séparait les
deux armées ; sa droite était appuyée
à Braunau , que Ton avait fortifié en
hâte durant le dernier hiver. Mais au-
tant ce poste était fort par sa droite et
par son front, autant était-il faible sur
sa gauche. M.' de Khevenhiiller s'en
aperçut au premier coup-d*œil ; il dé-
tacha M. de Beriichingen avec un gros
de cavalerie» qui tourna les impériaux,
et, prenant des chemins détournés,
tomba sur cette aile, qui était en Fair,
tandis que NadasU , avec ses hussards ,
attaqua les troupes de Minucci de front.
Ce ne fut point une bataille : les Bava-
rois s'enfuirent sans s'être défendus ;
une partie de leur cavalerie se sauva
dans Braunau, leur infanterie se réfu-
gia sur les glacis de la ville. Minucci,
la plus grande partie de ses troupes et
la ville de Braunau se rendirent tout
de suite à leur vainqueur; quelques.
106
débris de cette cavalerie prirent le
chemin de Burgfaausen, où les impl^
riaux avaient encore un corps de trou-
pes. Les Français, qui étaient à Oster-
hofen, n'attendirent pas rapproche des
Autrichiens. Le vieux Broglie, qui
commandait cette armée avec les ma-
réchanx de Maillebois et de Secken-
dorff, avait été vivement pressé par
Seckendorff de prévenir l'ennoni et
d'assembler ses troupes avant que M. de
Khevenhuller f At en état de rien en-
treprendre; mais ce fut en vain. Se»
ennemis prétendaient même qu'il n'é-
tait pas fikhé de voir le mauvais suc-
cès d'une guerre à laquelle le maréphal
de Belle-Isle avait le plus oontribné ;
d'autres soutiennent, avec plus d'ap-
parence , qu'il avait des ordres de la
cour de retourner en France et d'à •
bandonner la Bavière. Quoi qu'il en
soit, sa conduite sembla autoriser cette
dernière opinion, et la cour ne lui té-
moigna aucun mécontentement à son
retour. Les Autrichiens surent profiter
de l'avantage qu'ils avaient d'agir en
corps contre des troupes séparées par
bandes. Le prince de Lorraine arriva
au camp, et, sans s'arrêter, délogea
les Français de Deckendorff. To«t plia
devant lui ; à mesure qu'il s'avançait ,
les troupes françaises recevaient ordre
de se retirer. Quelques rivières assez
considérables, qui ont leur source dans
le Tyrol, qui traversent la Bavière et
vont se jeter dans le Danube, fournis-
sent aux généraux qui veulent se dé-
fendre la facilité d'en disputer les
bords ; mais le prince de Lorraine les
passa sans y trouver de résistance.
Broglie décampa deStraubingen, où il
avait un gros magasin , en y laissant
une faible garnison, qui fut sacrifiée à
l'ennend. Un secours de dix mille
Français était déji arrivé k Donawerlh
pour le Joindre ; ib definrmt les
106
FlUÊOilllC IK.
pagnmis de sa faite; et, malgré les
plos fortes représentations de M. de
Seekendorff; les Français l'abaiidonnè-
rent et ne s'arrêtèrent qu'à Strasbourg,
oo M. de Broglie donna an bal le joar
de son arrirée , apparemment poor
rélébrer la campagne brillante qu'il
venait de terminer. Le ' malheureux
Seckendorff, s*ocrupant à rassembler
les débris de ses impériaux, qui s'é-
taient si mal conduits à Braunau, les
joignit au corps qui était à Burgfaansea,
et se retira en hAte sur Munich, qu'il
abandonna pour se joindre à Tarmée
française; mais, assuré que ces troupes
voulaient repasser le Rhin, il écrivit au
maréchal de Broglie que , comme les
Français abandonnaient l'empereur, ce
prince se foyaît contraint de les aban-
donner de Bième, et de cher<:her ses
sAretés où il les trouverait. Aussitàt il
demanda au prince de Lorraine et à
M. de KhevenhuUer de convenir avec
lui d'une sospension d'armes , dont il
obtint l'équlvaleat; car les Autrichiens
lui promirent de respecter les troupes
Impériales tant qu'elles occoperaieut
on territoire oeotre de l'empire. Les
Aatricfaiens, d<^euglés par leurs succès,
fliéprkaienC trop ces troiq)e8 pour vou-
loir les désarmer ; ils voiaicat vers le
Rhin, soutenus de la chimérique espé-
rance de reconquérir la Lorraine. La
prospérité est à la guerre souvent phis
dangerease que l'infortune; aux uns
elle inspire one trop grande sécurité ,
aux autres trop de témérité. Le plus
grand général du monde serait celui
qui, dans les diverses fortunes, conser-
verait un esprit égal, et qui ne sépare-
rait jamais l'activité de la prudence.
Tandis que le prince de Lorraine s*a-
cheminait vers le Rhin, TAUemagne
était inondée d*une nouvelle armée
tinngère, qui , sous prétexta de la
fnitégar, concourait à sa raine. Le roi
d'Angleterre avait envoyé vers le
Rhiu ses troupes hanovriennes et an*
glaises, sous le eommandemeut du lord
Stairs. tieorges paâsa lui-même la loer
et vint à Hanovre, pour se mettre en-
suite à la tête de sou armée. Le Ion)
Stairs, qui était à Uœcbst, risqua de
passer le Mein ; les Français, qui l'é-
piaient, roUigèrent d'abord à repren-
dre sa première position Ce pas die
clerc fit appréhender au roi d'Angle-
terre que son général, trop fongueux
par tempérament, ne commit quelque
imprudence plus forte; il se hâta de
prendre hii-mémc le eommandemeut
de ses troupes. Ce corps était conipusé
de dix-«ept mille Aurais, seixc iiùlU:
Ilanovriens et dix mille Autrichii'hs ,
ce qui faisait quarante-trob mille coiu-
baltaiis; six mille Uessois et quoi,4L;.s
régimens banovriens étaient encofi.' m
marche pour le joindre. Le lord ^rU:^ ^
avait agi avec si peu de prudence, q^.:»
ses soldats manquaient de pain e( s s
chevaux de fourrage. Pour subvenir î\
cet inconvénient, le roi vint se cam-
per auprès d'Aschafleubourg ; mais re
moyen ne suffit pas pour remédier a
la négligence qu'on avait eue de ne
pas amasser assez de vivres. Le Rhin
pouvait fournir des $ei*ours«. et le roi,
s'éloignant de cette rivière, se trouva
plus resserré qu'auparavant par le Mein
et par les Français, qui gardaient l'au-
tre bord, et, sur ses derrières, par les
montagnes arides du Spesshart ; il ne
s'aperçut que trop tôt de sa faute. Le
naaréchal de Noailles aOama le monar-
que anglais dans son eamp; et, comme
il prévit qu'il ne pouvait y rester que
peu de jours, Noailles conçut un des-
sein digne du plus grand capitaine. Il
prit Dettingen, et Ot construire deux
ponts sur le Mein et préparer h côté des
guets pour sa cavalerie. Tontes ces
choses s'exécutèrent sans que le roi
HISTOIRE 1>B MON TEMPS.
i(fl
d*Aiigletem en eAt vent : c'élail le
préhide de la bataille qui devait se don-
ner bientAt. Pour en avoir une idée
précise, il est bon de savoir que Tar-
méc anglaise, affamée vers les sources
iu Mei^ , ne pouvait trouver de sub-
Bistances qu'en prenant le diemin de
Hanau. Sa gauche, longeant toujours
le Mein au sortir de ces monticules ,
traversait la petite plaine de Dettingi ik
M. de Koailles, en conséquence, te-
nait un détachement tout prêt pour
occuper Aschaffenbourg au moment où
les Anglais en sortiraient. Il avait fait
dresser, tout le long du Mein, des bat-
teries masquées dont il pouvait tirer a
booi-portanl sur les colonnes des al-
liés en marche. La plus forte partie de
son armée devait passer le Mein, pour
se ranger derrière un ruisseau qui, du
Spesshart, coule devant ce front et va
se jeter dans le Mein ; c^s troupes cou-
paient précisément le chemin de Ha-
ni^u. Le roi d'Angleterre trouvait donc
à ce débouché une armée en face et
des iNitteries ea flanc. Si le maréchal
deMoaiiles avait aussi exactement exé-
cuté ce prcjet qu'il l'avait conçu avec
spgesse. le roi d'Angleterre aurait été
forcé ou d*^taquer l'armée française
dans un poste très avantageux , pour
s'ouvrir, l'épée à la main, le passage à
Haiiau, ou de se retirer par les déserts
du Spesshart ce qui infailliblement au-
rait tait débanaer les troupes faute de
8«d»si6tances. Ia faim chassa les An-
glais d' Aschaffenbourg, comme Noail-
Ica l'avait prévu. Les troupes, qui
lYaient campe par corps, ne mar-
cliaient point par colonnes, mais se
suivaient à distance , d'abord les Ha-
DOvriens, puis les Anglais et enGn
les Autrichiens. Le roi était dans son
cwnroase auprès des troupes de Bano-
m; ou Taverlit, pendant la miirchç,
4Qe son avant-garde était attaquée par
un gros de cavaierle françafee, et bien-
tôt après , que toute l'armée française
avait passé le Mein et se trouvait en
bataîllo vîs-à-vîs ^^ 'ni. Le roi monte
à cheval, il v(3iit voir par lui-même. I^
canonade des Français commence ; son
cheval, prenant l'épouvante, allait
remporter au milieu des ennemis , si
un écuyer ne se f&t jeté en avant pour
l'arrêter. Georges renvoya le cheval ,
et combattit à pied à la tête d'un de
ses bataillons anglais. Les troupes
avaient un petit bosquet à passer, ce
qui leur donna le temps d'avertir les
autres corps du danger qui les mena-
çait. Le duc d'Aremberg et M. de Neu-
pcrg accoururent avec leurs Autri-
chiens, et formèrent leur armée vis-à-
vis de celle des Français, aussi bien
que les circonstances le permettaient.
Ce champ de bataille, n'ayant que
douze cents pas de front , obligea les
alliés à se mettre sur sept ou huit li-
gnes. Les Français ne leur laissèrent
pas le temps de finir tranquillement
leur disposition ; la maison du roi les
attaqua, perça quatre lignes de cava-
lerie, renversa tout ce qu'elle rencon-
tra et Gt des prodiges de valeur. Elle
aurait peut-être remporté l'honneur de
cette journée , si elle n'avait pas sans
cesse trouvé de nouvelles lignes à com-
battre. Ces attaques réitérées l'ayant
mise en désordre, le régiment de Stir-
heim autrichien s'en aperçut et la fit
reculer à son tour. Cela n'aurait pas
fait perdre la bataille aut Français; lu
véritable cause ne doit s'attribuer qu'au
mouvement imprudent de M. d'Har-
court et de M. de Grammont. Ils
étaient à la droite de l'armée avec la
brigade des gjBu*des françaises ; ils qm't-
tent leur poste sans ordre, et s'avisent
de prendre en flanc la gauche des al-
liés, qui tirait vers le Mein. Pai cette
manœuvre, ils énipèchèrent leurs bai«
10B
1 Ji£D£iaC u.
teries, qui étaient au-delà da Mein et
qui inccHiiiiiodaient beaucoup les al-
liés^ de tirer. Les gardes françaises ne
soutinrent pas la première décharge
des Autrichiens; elles prirent la fuite
d*une manière honteuse et se précipi-
tèrent dans le Mein, où elles se noyè-
rent; d'autres portèrent le décourage-
ment et répouvante dans le reste de
Farmée. Le prince Louis de Brunswick,
qui servait dans les troupes autrichien-
nes, eut toutes les peines du monde à
persuader au roi d'Angleterve de faire
avancer les Anglais ; ce furent cepen-
dant eux qui décidèrent les Français à
la retraite et à repasser le Mein. Les
Français plaisantèrent là-dessus. On
appela cette action la journée dc$ M-
tons rompus, parce que M. d'Harcourt
et H. de Granunont n'avaient attaqué
que dans l'espérance d'obtenir le b&ton
de maréchal, comme une récompense
due à leur valeur. On donna aux gar-
des françaises le sobriquet de eanard$
du Mein ; on pendît une épée à l'hôtel
de Noailles avec l'inscription : Point
homicide ne $er€u. Sans doute que ce
maréchal ne devait pas se tenir auprès
de sa batterie au-delà du Mein. S'il
avait été présent à l'armée, il n'aurait
jamais permis aux gardes françaises
d'attaquer si mal à propos, et si les
troupes étaient demeurées dans leur
poste, jamais les alliés ne les y auraient
forcées. Cette tournée ne valut au roi
d'Angleterre que des subsistances pour
ses troupes. Le canon des Hanovriens
fut bien servi ; quelques régimens de
leurs troupes et quelques régimens au-
trichiens, surtout celui de Stirheira, se
distinguèrent. M. de Neuperg eut le
plus de part au gain de cette bataille ,
et fut bien secondé par le prince Louis
de Brunswick. Je sais, d'un oiBcier qui
se trouva sur les lieux, que le roi d'An-
f^aterre se tint, pendant toute la ba-
taille, devant son bataillon hanofrien ,
le pied gauche en arrière, Fépée à la
main et le bras étendu, à peu près
dans l'attitude où se mettent les maî-
tres d'escrime pour pousser la quarte ;
il donna des marques de valeur, mais
aucun ordre relatif à la bataille. Le duc '
de Cumberland combattit avec les An-
glais à la tète des gardes ; il se fit ad* '
mirer par sa bravoure et par son hu-
manité. Blessé lui-même, il voulut que
le chirurgien pansftt avant lui un pri-
sonnier français criblé de coups. Les
alliés ne pensèrent pomt à poursuivre
les Français ; ils ne s'occupèrent qn*à
tirer des subsistances dans leur maga-
sin de Hanau. Le vainqueur, après
avoir soupe sur le champ de bataille ,
poursuivit incessamment sa route pour
se rapprocher de ses vivres. Ce qu'il y
eut de fort extraordinaire, c'est qu'a-
près cette bataille gagnée, le lord Stairs
pria, par un billet, le maréchal de
Noailles d'avoir soin des blessés qui se
trouvaient sur le champ de bataille, que
les vainqueurs abandonnaient. Comme
les alliés portaient tous des rubans
verts sur leurs chapeaux , on attacha
une branche de laurier à celui du roi ,
qui la porta sans scrupule ; ce 9ont des
misères, mais elles peignent les hom-
mes. Cette victoire ne fit pas autant do
plaisir au roi de Prusse qu'en avait
ressenti le roi d'Angleterre. Il était *è
craindre que le ministère Grançais, peu
ferme et découragé par une suite de
revers, ne sacrifiât la gloire de Louis XV
et les intérêts de Fempereur pour se
tirer des embarras, toujours renaissans,
qui l'environnaient. Dans le but d'é-
clairer les démarches des alliés, le roi
fit partir le jeune comte Finck, sous
prétexte de féliciter le roi d'Angleterre
sur sa victoire, mais réellement pour
veiller à la conduite de lord Carteret .
et pour découvrir les négociations ooî
uisToiHK D£ Mon tkmps.
to»
ponmient s'eotamer daus ce camp.
Le prince de Hesse, GuiUaame, frère
du roi de Suède, était très bien inten-
tionné pour les intérêts de l'empereur.
On se servit de son canal pour faire
parvenir à lord Carteret quelques pro-
positions d'accommodement , tendant
à eondiier la Bavière et rAutricfae;
mois oet Anglais ne fut pas asses fin
pour dteslumier le fond de ses pensées,
ei l'on s'aperçut qu'il n'entendrait à
soenn accommodement, que son maî-
tre voulait la guerre, la reine de Hon-
grie le trdne impérial pour son époux ,
ei que les uns et les autres désiraient
également la rume du Bavarois. Le roi
d'Angleterre abandonna bientôt le ea-
raotère de protecteur de l'empire qu'il
avait pris; un r61e d'emprunt est dif-
ficile à soutenir, on n'est jamais bien
cpie soi-même. Il refusa avec fierté les
dédmamagemens que divers souve-
rains lui demandaient pour le dégât
que ses troupes avaient commis dans
leur pays; fi refusa de même le paie-
ment des denrées et des fourrages que
ces princes lut avaient livrés. Il se ser-
vit d'une expression singuUère dans
une pièce qu'fi fit imprimer pour élu-
der ces bonifications ; il y dit « que
» c'est le moins que les princes de
» l'empire puissent faire que de dé-
» frayer l'armée de leur libérateur et
V de leur sauveur; que cependant Q
» aviserait à les payer selon que ces
» ÉtatB se conduiraient envers hou. »
Cette hauteur acheva d'aUéner les es-
prits. Le monarque le plu» despoti-
que ne s'exprime pas en termes plus
impérieux. Le roi agissait par intérêt ;
Carteret était violent ; ces sortes de ca-
ractères n'emploient que rarement des
expressions modérées.
Pendant que tous ces évènemens
a'étaient passés sur. le Mein, le prince
M Lonaine poursuivait les Français
jusqu'au bord du Rhin. Son armée
était partagée en trois colonnes ; tan^
dis qu'eUe s'avançatt vers les frontiitfes
de l'Alsace, lui et le maréchal de Khe-
venhuller se rendirent à l'armée an-
glaise ; ce qui était d'autant plus facile
que M. de NoaiUes avait repassé le
Hhin à Oppenheim. Le roi d'Angle-
terre voulut établir un concert moyen-
nant lequel les mouvemens des deux
armées seraient si bien compassés les
uns avec les autres, qu'Os tendraient
au même but, qui était, selon le pro-
jet dont on convint, de reprendre la
Lorraine. A cette fin, le roi d'Angle-
terre devait passer le Rhin à Mayence,
et se porter en droiture sur l'Alsace ,
pour faciliter au jNince de Lorraine les
moyens de passer le Rhin à Bftle , de
prendre la Lorraine, et ensuite de dis-
tribuer les troupes victorieuses en
quartiers d'hiver, tant en Bourgogne
qu'en Champagne. Ces desseins étaient
Tastes ; l'exécution répondit mal à leur
grandeur. Le roi d'Angleterre, qui
ne se voyait arrêté par aucune diffi-
culté, passa le Rhin à Mayence et se
porta sur Worms. Le prince de Lor-
raine, moins heureux, fit passer quel-
ques troupes dans une tle du Rhin et
quelques Hongrois à Tautre bord ; cel-
les-là furent repoussées avec perte.
L'ile du Rhin fht abandonnée, et ce
prince traîna langutssamment dans le
Brisgau la fin d'une campagne dont les
ccmimencemens avaient été si briHans.
Le camp de Worms devint alors , par
l'inaction des troupes, le centire des
négociations. Lés Français se servirent
de toutes sortes de voies pour tAter le
terrain ; ils firent des ouvertures à lord
Carteret ; ils hasardèrent quelques pro-
pos pour sonder le guet, et voir à quel-
les conditions on pourrait convenir de
la paix. Les desseins du roi d'Angle-
terre atlaienf beaucoup au-dett de teut
et cpie la France pouvait lui offrir avec j et de se rendre lui-même rartiiaa de
iMenséaace. Le roi George», qui savait | la grandeur de la maisoD d'AutrictMs,
que le roi de Psusae était informé de , que les intérêts permaneos de aon
les pourparlersi voulut se servir de ces
circonstances pour lui faire illusion. U
lui communiqua un projet de pacifica-
tion, par lequel la France s'offrait d'as-
Éster la reine de Hongrie dans la con-
quête de 1^ Silésie, à condition que
oeUoHù reconnût Tempereur, et le re-
mit dans la paisible possession de la
Bavière. Lord Uindfort se rendit en
Silésie, où le roi était alors, pour lai
faire cette ouverture ; mais c'était d'un
air si empressé, qu'au lieu de con-
yaincre ce prince de la vérité de la
chose, on lui fit soupçonner que ces
propositions de la France étaient faus-
ses et controttvées. Les dispositions du
roi d'Angleterre envers la Pmsseétaient
trop connues ; sa mauvaise volonté 'se
manifestait à l'égard du comte de i Hertxei, émissaire de la France, était
Finck. Tout cela confirma le roi dans
l'opinion que cette communication cor-
diale était un piège que lui tendait la
politique rusée de Carteret; il répons-
dit cependant à lord Hindfort qu'il
était très sensible aux marques d'ami-
tié que le roi d'Angleterre lui donnait
dans cette occasion, mais que comptant
#ur la bonne foi de la reine de Uon-
gne, sur la sagesse du roi Georges et
sur sa garantie même, il était sûr que
mais dans des vues ausri opposées à
leurs engagemens, et dont l'accomplis-
semeaf 3erait plus difficile à effectuer
qu'on ne le pensait. Le ministre an<-
glais ne s'attendait pas à cette réponse,
et ne put empêcher que son mécon-
tentement n'édatêt sur son visage.
Mais quelle apparence que la roi de
France eût recours à un expédient
aussi ridicule pour moyenner sa paix
•vec l'impératrice-reine, que celui de
f9 plonger dans une noureUe gnene ,
royaume l'obligeaient à rabaisser 7 N'é*
tait-il pas plus naturel de supposer qua
c'était une fable inventée par lord Car*
t^et, pour indisposer le roi de Prusse
contre la France) Garteret ne pou-^
vait-il pas raisonner ainsi : Le roi de
Prusse est vif, il prend fw anémeot;
une ouverture, pareiUe àceUe que nous
lui faisons, le transportera de colère ;
lord Hindfort en profitera en l'aigris-
sant au point de le foire déclarer con-
tre la France ( et, en ce cas, nous au-
rons acheté ce secours à bon marché ?
U faut avouer cependant que cet avis
de lord Hindfort était accompagné de
détails si spécieux, qu'U méritait qu'on
s'en éclairdt avant de le rejeter tottt-
&-fait. Voici ces détails : un certain
venu cbei l'électeur de Mayence pour
insinuer à ce prince les propositions
qu'il vouMt faire parvenir aux Anglais.
Les intrigues des AutrichieDS avaient
fait élire le comte d'Olstein électeur
de Mayence à la place de Schombom,
qui avait couromié Chartes VU. C'était
mie créature des Autrichiens; il était,
de irius, soudoyé par les Anglais, aux-
quds il s'était vendu sans réserve. On
envoya le comte de Ftodc à Mayence
ces deux pmssances n'entreraient ja- pour éclaircir ce fait, et Ton mit tout
en mouvement en France pour voir s'il
y aurait moyeu de pénétrer la vérité :
toutes ces peines furent perdue», Peut-
être <pie Hertsel avait tenu de luiHBBê-
me des propos qui donnèrent lîe« à
cette histoire; c'était un aMoM de
mauvaise foi ; il aurait fslhiim Msvel
(XSdipe pour expliquer ce mystère. ,
Une négociation plus MiperlMte
commençait à se lier alors. La eottr de
Versaillea se proposait de fairo eMper
le roi de Sardaîgue daus laaiiftiffêiade
mSTOIflE DK MOIf TFMPS.
tâchait d'adoucir les unes et d'arrêter
iea autres. C'était beaucoup que d'eip*
pécher qu'on ne jetât de i'Iiuile dam
nala conçu arec tant d'ambi^ité , en 1 4e feu ; il ae serait éteint A io fln faute
lu France et de TEapagne. Il subsistait,
* la vérité, un traité provisionnel entre
Cbarles-Emnianuel et Marie-Thérèse ,
termes si généraux, qu'on pouvait le
rompre sans manquer de foi. La né-
fodation des Français avançait h Tu-
rin, et aurait pu se conclure, si les
-Français et les Espagnols n'eussent pas
trop marchandé sur de petits intérêts.
Lord Carteret fut informé de ce (|ui se
tramait à Turin. Il ne marchanda
poiiit : ses offres, aux dépens des Au-
trichiens; surpassèrent celles des Fran*
tais, et il remporta auprès du roi de
Sardaigne. Par ce traité , la reine de
Hongrie lui cédait te Vigévanasc , le
Tortonois, une partie du duché de
Parme, et le roi de Sardaif^e lui ga-
rantissait tout ce qu'elle possédait en
Italie, s'engageant A la défendre de
tontes ses forces. Ce traité fut ainsi
arrangé et conclu à Worms. La cour
de Vienne était outrée des cessions
que les Anglais l'oUigeaient de faire
sans cesse; on y envisageait les An-
glais comme de plaisans garans de la
pragmatique sanction , qui Tébréchnien t
sans cesse. Le roi de Prusse jugea cette
disposition favorable pour inspirer aux
Atitrichiens des sentimens pins pacifi-
ques; il leur flt représenter que le
rôle quHs jouaient en Europe ne leur
était pas convenable ; que si l'empe-
reur passait poilr la marionette de
Louis XV, ils passaient, eux, pour être
relie de Georges II, et que la paix était
pour dix le seul moyen de se tirer de
là tutéfle de l'Angleterre. Ces repré-
^Nsntati'ons tes piquèrent d'autant phis
'que fies faftis étaient véritables ; mais
eela n'erapèeiia pas que l'espoir de
conquérir la Lorrahie ne les entraînât
è poursuivre letors mesures. Le roi de
Prîisaê voulait la paix ; il prêchait la
m A tontes les puissances ; il
d'aliment. Mais les meilleures inteiv
tiona ne s'accomplissent pas toujours.
Les guinéea anglaises commençaient à
mettre en fermentation la répubiiqno
de Hollande. Ceux qui étaient du pari i
d'Orange voulaient la guerre : les vrais
républicains voulaient le maintien ric
la paix. La force des guinées l'emporU)
enfin sur l'éloquenoe des meilleurs ci-
toyens; les provinces unies épousèrei t
les mtérèts de la reine de Hongrie, qu
leur étaient étrangers, et les desseins
de Carteret qu'ils ignoraient ; ils en^
voyèrent (1) vingt mille hommes pout
renforcer l'armée de Wonns; qua-
torze mille la joignirent, le reste t^i^
débanda.
Le maréchal de Noailles, après airoir
passé une partie de cette campagnr
derrière le Speyerbach, abandonna cet-
te position pour se rapprocher de Lan-
dau, et se trouver A portée de joindre*
le maréchal de Coigni, qui avait pris
le commandement des troupes du vieux
Brogiie, au cas que 1^ prince de Lor-
raine forçAt le passage du Rhin et pé-
nétrêt en Alsace. Le roi Georges sui-
vit les Français Jusqu'au Speyerbach ,
où il tennina les opérations de cette
cantpagne, après avoir fait raser les
lignes que tes Françafs avatent ftiit
construire sur ses bords. H retourna k
Hanovre ; les troupes prirent des quar-
tiers dans le Brabant et dans l'évêché
de Munster. Georges, pendant son sé-
jour A Hanovre , maria sa fille Marie
avec le prince royal de Danemarck ;
après quoi il prit le chemin de Lon-
^h^, pour y faire A son pàriemerit,
dans une harangue pompeuse, le récit
(1 Août •.
N
ttà
rateiuc u,
lift «es expMtg. Mur se convaiuae du
pea de raile ^û y a dans les aetions
iefi hommea, il suffit de foire ranalyse
4e cette canipagoe. Od assemble une
armée sur le liein , saos pomiroîr à ses
sobsistoncee : la faim et la surprise
sUigeot les alliés à se i>attre; ib sont
▼ainqoem^ des Français'; ib passent lé
Rhin , ils vont i Wonns ; le Speyer-
bach les anéte, sans qu'ils trouvent
des expédions pour en dépester les en-
neans ; ib avancent enfin sur le Speyer-
bach, qne M. de NoaiBes leur aban*
donne* et ils ne reçoivent les secours
des Hollandais que pour prendre des
quartiers d'hiver en Bnî>ant et en
Westpfaalie. Rien n'est c<Hiséquent
dans cette conduite ; elle ressemble à
Topération d'un cbimbte cpù, cher-
chant la pierre ]^losopbaie« trouve
une couleur dont il pouvait se passer.
Ce n'est point dans l'intention de cri-
tiquer la conduite du roi d'Angleterre
que nous foisons ces réOeiions , car
bien d'autres généraux en ont foit au-
tant; mais seulement pour convaincre
les lecteurs que l'espèce humaine n'est
pas aussi rusonnable qu*on voudrait
le persuader. Le peu de succès qu'eu-
rent les Autrichiens et les An^^s dans
cette canqwgne de i^k3^ donna aux
Françab le temps de se reconnaître et
de (Nrendre quekpies mesures. Ib
avaient, à h vérité, perdn la Ravière ;
mab leur amour-propre était flatté d'a-
voir empoché leurs ennemis de passer
le Rhin et de pénétrer en Alsace. Si la
fortune cliangea souveni de parti dans
cette guerre, Tintérét ne changea pas
moins la politique des souverains. Nous
avons dit que le roi de Sardaigne avait
signé le traité de Worms. Ce traité fiât
publié dans le temps même qu'il négo-
ciait encore avec la France et l'Espa-
i^e, et qu'on s'attendait à Versailles
ainoevour d'un jour à l'aulre des nou-
Vdles de la <90iiuhiaito dft InMé. Les
mimstnisde Loub KV ne ftarent pas
les maîtres de dissimuler km tm/eat-
timent; et, trouvant danslaeenMte
du roi de Sardaigne des marques de
duplicité et de méprb, ib édalèmit.
Le ministre de Flrance fut inceasam*
moKt rappelé de Turin ; un oorpa de
dix mille hommes de tronpos françai-
ses se ioigntt au maïqub de la Mina ,
qui commandait, sous don Philippe,
dans la rivière de Gènes. La Mina,
pour fweer les passages du Piémont,
tenta de pénétrer par Ch&teau-Dau-
phin, mais le roi de Sardaigne l'avait
prévenu ; il s'y était retrandié et oc-
cupait deux forts qui sont sur des col-
lines à droite et à gauche du passage.
Les Sardes défendirent si vigoureuse-
ment cette gorge, que les Français et
les Espagnob repoussés de tous c6tés
se retirèrent eaDaupbiné, après avoir
perdu six mille hommes dans cette ex-
pédition infructueuse. La facilité qu'eut
la cour de Vienne à faire entrer le roi
de Sardaigne dans son . alliance , lui
persuada qu'elle pourrait se procurer
un avantage sembU>le en. Russie, pour
fortifier par son assistance ce qu'elle
appelait la bonne cause* La France (e
sut et renvoya le marqub de la Cbé-
tardie à Pétersbourg pour s'opposer
aux desseins de ses ennemb. Cet en-
voyé, qui par son adresse avait placé
Elisabeth sur le trône compta de re-
cevoir dans sa mission des marques de
reconnaissanee de cette oour ; il n'en
emporta que des témoignages d'ingra-
titude. Ce pays était en grande fer*
mentation. Tant de souverains déposés
avaient indisposé ceux des grands qui
avaient tenu à lenr fortune ; il ne man-
quait qu'un chef à la rébellion ponr la 1
faire éclater. Les puissances qui von- ^
laient à tonte force des secours de la
Russie et qui ne pouvaient les obtenir.
HISTOlliE li^ MON TE
profitèrent de cei germes de mé-
:»Dtenteinent qui commençaient à
fermenter, pour tramer contre Fimpé-
ratrice une conspiration qui, par bon-
heur pour cette princesse, fut décou-
verte.Pourdéveloppercette dangereuse
intrigue , il faut rappeler que la cour
de Vienne avait vu avec chagrin la ca-
tastrophe qoi perdit le prince Antoine
de Brunswick et son épouse; c'était
aflseï que la France eût travaillé à cette
févolttUon pour la rendre odieuse,
d'autant plus qu'il était à présumer que
rirapératrice Elisabeth n'oublierait pas
le service que la France lui avait ren-
du, et marquerait plus de prédilection
pour cette puissance que pour l'Au-
tridie, surtout a cause de la proche
parenté de la reine de Hongrie avec
la fomille détrônée. Cette supposition
était suflSsante pour que le ministre de
Vienne se crût en droit de tout entre-
prendre pour travailler à la rume de
l'impératrice de Russie. Le marquis de
Hotta Adomo, envoyé de la reine de
Hongrie à Pétersbourg, avait des ins-
tructions secrètes pour ourdir cette
trame; il était dans cette cour comme
un levain qui aigrissait les esprits iif>
ceux qu'il fréquentait; il excita des
femmes, et s'associa avec des person-
nes de tout rang et de tout caractère*
II 8\|outa la calomnie à la trahison, en
assurant de la protection du roi de
Prusse ceux qui travailleraient pour
son beau-frère et pour son neveu, le
jeune empereur détrôné. L'intention
du marquis de Botta, en se servant du
nom du roi dans cette intrigue , était
de brouiller ce prince avec la Russie ,
en cas que la conjuration fût décou-
verte. Elle le fut effectivement ; mais
le knout apprit à l'impératrice de Rus-
sin que Botta en était l'auteur. La
chose se découvrit par un Russe étourdi
et plein de vin, qui tint i|uelques pro-*
V.
lis
pos séditieux dans uu da cafés dp
Pétersbourg. Il fut arrêté par la pot-
lice ; lui et ceux de ses complices qu'on
arrêta avouèrent tout par la crainte
des tourmens. On arrêta quarante per-
sonnes à Moscow, dont la déposition
fut semblable à celle des premiers. La
comtesse Bestuchi;w eut la langue cou-
pée, la femme d'un Bestuchew, frère
du ministre, fut reléguée en Sibérie ;
un grand nombre de personnes du-
rent les jours infortunés qu'elles pas-
sèrent dans la suite aux séductions du
marquis de Botta. Ce ministre avait eu
la précaution de se faire relever par
un nouveau ministre avant que la con-
juration éclatât, pour ne point exposer
sa personne et son caractère, au cas
que les choses ne réussissent point. Il
était accrédité à la cour de Berlin lors-
que la conjuration se découvrit. Le
roi. ayant appris ce qui se passait en
Russie, lui Gt défendre la cour, et il se
juiguit à l'impératrice de Russie pour
en demander satisfaction à la reine de
Hongrie, parce que Botta avait égale-
ment offensé l'impératrice et le roi de
Prusse. Ce qu'il y avait d'odieux dans
la conduite de Botta rejaillit en partie
sur sa cour. Si les Français donnèrent
l'exemple d*une semblable entreprise,
les Autrichiens ne devaient pas les
imiter.
Que deviendraient la sûreté publi-
que et celle des rois mêmes, si l'on
ouvrait la porte aux rébellions , aux
empoisonnemens , aux assassinats ?
Quelle jurisprudence autorise de telles
entreprises? La politique n'ar-t-elle
pas des voies honnêtes dont elle peut
se servir? faut-41 perdre tous les sen-
timens de probité et d'honneur pour
des vues d'intérêt qui même sont trom-
peuses? Il est fAcheux que dans ce dix-
huitième siècle, plus humain, plus
éclairé que ceux qui l'ont précédé, la
9
114
FâiDiAic it.
France et rAotricbe aient de sembla-
Mes reproches à se faire.
La reine de Hongrie n'arona ni ne
désavoua son ministre. Cette fausse
démarche de la cour de Vienne pou-
vait fournir h celle de Berlin les moyens
de i>mir ph» étroitement avec celle
de Pétersbourg. Le roi en écrivit à
M. tk Mardefeld, son ministre auprès
de rimpératrice. Cet habile négocia-
teur essaya de donner plus d'étendue
m traité qui subsistait entre les deux
puissances. Aiȏs bien des longueurs ,
fl ne put obtenir qu'une garantie assez
fague des États prussiens , conçue en
termes si ambigus, qu'il ne valait pas
la peine de Tavoir. QiK>ique ce traité
n'eAt aucune force, il pouvait en im-
poser aui COUTS malintentionnées à
regard de la Prusse; pour faire iikh
fion, un stras vaut un diamant. C'était
le comte Bestuchew qui dissuadait
rimpératrice de conclure une alliance
Iphis intime avec le roi de Prusse. M. de
la Chétardie, mécontent de ce minis-
tre , travaillaft A le déplacer ; M. de
Mardefeld fut autorisé à le seconder ;
rexpérfence de Mardefeld ne put rien
eontre l'étoile de Bestncliew. Nous
nous réservons de parler plus ample-
ment, dans la wîle de cet ouvrage, de
toutes les Intrigues des ministres à la
cour de Russie. Les cours étrangères
intriguaient également è Beriîn. Les
Anglais ne quittaient pas leur prej«it
d'engager insensiblemenl le rei dans
la guerre qu'ils faisaient à ta (^anee ;
les Français défraient qu'il vint A leur
leoeurs et les assiaUitpar quelque di-^
muou. Sur ces enU^ites, Voltaire
•iriva A Beriin. €omme il avait quei-
qHi protecteurs A Versailles , H crut
que cela suffisait pour se donner les
airs de négociateur. Son Imagination
brillante s'élançait sans retenue dans
le vaste champ de la poliMqM. ■
vait pohit de lettre de créance ; sa mis-
sion devint un Jeu, une simple plai-
santerie.
Dans cette paix dont jouissait 11
Prusse, deux objets intéressans étaient
toujours présens au roi : le soutien âê
l'empereur et la paix générale. PO10
ce qui regardait l'empereur, comme la
Francel'avaitabandonnéfleseul moyen
de le soutenir était de former, conune
nous l'avons dit, une ligue desprincas
de FAUemagne, qui levassent l'éten-
dard pour secourir le chef de l'empire
germanique. On avait déjà essayé dîna-
pirer ces sentimens aux souverains de
l'Allemagne, mais en vain. Le roi
pour essjkyer, par de nouveaux effofti.
s'il ne pourrait pas les déterminer à ce
que leur intérêt et la gloire deman-
daient d'eux, entreprit lui-même de
s'aboucher avec quelques-uns. Sous
prétexte de rendre visite aux margra->
ves de Bareuthetd'Anspach» sessœuri»
U se rendit dans l'empire; fl poosM
même jusqu'à Hohen-Oettingeti, fel*-
gnant la curiosité de voir les débris de
l'aimée bavaroise, mais, dans le fond,
pour délibérer, avec le maréchiS de
SeckcndorflT, sur les ressorts qu'oft
pourrait mettre en jeu ponr assister
l'empereur. Toutes les tentatives, tosh
tes les représentations, toutes les rat-
aons furent inutiles. Les entliousiaales
de la maison d'Autriche se siéraient tt-
crifiés pom- elle , et ceux qui étaiettt
attachés à l'empereur étaient li întf^
midés par tant de revers qui aoca-
Uaient ce prince, qu'ils croyaient per»
dre leurs États au moment même ni
ils 8e résoudraient A le secourir. La
éucheise douairière de Wnitembeig
se trouvait alors A Bareutk; éle déiki
que le roi kii rendit ses Mi, dout^lle
lui avait conQé l'éducation. Le roi jtt-
gea qu'il serait plus déeeot que ces
princes parttemnt soos dé pkB ftrfUiu^
HlSTpiKï im HON TEMPS.
113
}^s auspices ; pour cet çff^, il obtint
df l'emp^eur une ^û^pense 4* Age avant
le lerme ordioaire. C'était un moyen
4*attacber ces jeup^^ prioccfi aux inté-
rêts de la Friiuce et d^^ la Jtovière.
^ «'occupant de la politique, lu roi
pe Qt^Ugeait pa^ le gouveruam^nt in-
teneur da &es J^ts. Las fortifications
l|e M Silésie avançaiantà vue d'iBîl.
po fit le grand canal de Plauen pour
abréger la conununicatiofi de TEIbe à
. roder. On avait creusé le port de Sfcet-
Un et rendu navigable le canal de la
Svine. Pes manufactures de soie s*é-
bavèrent; Tinsectc qui produit cette
fpatière précieuse devint une source
nouvelle de richesses pour llb habitans
4e la campagne, et Ton ouvrit toutes
les portes à l'industrie. L'Académie des
sciences fut renouvelée ; les £uler, les
Lieherkubn, les Pott, les Marggraf en
4eyiiureut les oruemens. M, de Um-
, peituis, si célèbre por ses connaissan-
ces et par so^ voyage de Lapouie, de-
vint le président de cette compagnie :
ajnsi finit l'aimée ilki. L'Europe était
an guerre, tout le moude intriguait*
Los cabinets dJes princes agissaient
avec plus d'activité que les armées. La
guerre av^it changé de cause. U ne
^'j3igijKs^t au comn^ancement que en
soutien de la maison d'Autriche, que
de ses F^jets de conquête. L'AngIe<-
t^re comniencajt à gagner» daus ia
Jl^alance des pouvoirs, un ascendant qui
ju.' pronostiquai); que des malheurs à
la France ; la fermeté dis l'impératrii^^-
n^'mid dégénérait eu opiniâtreté, et bu
jt^cnérQiiité apparente du roi d'Augli»^
tarrc Jdu vil intér^ pour son électorat.
J^Iuis la Russie 4fimeurait encore en
^aix. Is roi 4e Prusse, toujours ocr-
cupé à tenir en équilibre le» ppjssauces
li^Mgérontes • se jlattait d'y ^parvenir,
i^jt par dies Insipuatjou;^ mk^i^, soH
même par quelque démonstration.
Mais que sont les projets des bomines !
L'avenir leur est caché: ils ignorent
ce qui doit arriver le lendemain, com-
mept pourraient-ils prévoir les évèue-
mpns que l'enciiainement des causes
iu^condos amuènera dans six mois? Les
conjonctures les forcent souvent d'agir
malgré leiur volonté. Dans ce Aui et
reflux de la fortune, la prudence ne
peut que s'y prêter, agir en consé-
quence, ne point perdre son système
de vue ; mais jaflpiais eHe pe pourra
tout prévoir.
VHL
IMgoalaliOM de ranné^ ITU, «l ee qui précMa
(a gaerre qime Ja 9vm9 M/n^tli fAMTt la
OMMOP d'Aatrictia.
Les affaires de l'empire s'^mbrouH-
lainat de pto en plus. Im SMacès dns
Autrichiens £|is«ent édater leur am-
bition. 11 n'était plus doutons qu'ils ne
voubtssent détrAner l'emperenr ; In mi
d'Angleterre travaillait sourdement au
même but. La faiblesse de Charles VU
et l'énormité des prétentions de la
reine de Hongrie avertissaient surtout
les princes amoureui^ de leur Ubeité ,
qu'ils ne seraient pas long-temps spia-
tateurs 4*nne guerre où leur intésêt <t
leur gloire ei^igeaient de ne pas laiistf
prendre le dessus mt auciena nuqn-
mis de la liberté germanique* A cas
considérations générales , il s'en joi-
gnait de plus fortes pour le roi de
Prusse. Ni la reine de Hongrie, ni i^
roi d'Angleterre ne savainnt asseabinii
dissimuler leur mauvaîsa rolonb^ ; nlli
se manifestait en toute rencontre^ Mer
ri(^Thérâse se plaignant au m Goorgaa
des cessions ^u'U l'oUigeait de &îre ,
suEtout deoetleAe la SUéaie, finoiyM
ilÔ
raiotuc u.
lui répondu : « Madame , ce qui est
» bon à prendre, est bon à rendre. »
Cette anecdote est certaine, et l'auteur
a vu la copie de cette lettre. Enfin
l'on savait que l'Angleterre etrAutri-
die se proposaient de forcer la France
à faire sa paii, de manière que la ga-
rantie de la Silésie n'y fût pas insérée.
Qu'on ajoute à ces choses la conduite
du marquis de Botta à Pétersbourg, et
il paraîtra clair que le roi de Prusse
n'avait pas tort d'être sur ses gardes ,
et de se préparer même à la guerre, si
la nécessité la rendait nécessaire. Com-
me le roi s'était toujours défié des en-
nemis avec lesquels il avait fait la paix,
il avait eu une attention particulière à
se préparer à tout événement. Une
bonne économie avait en quelque ma-
nière réparé les brèches de la dernière
guerre, et l'on avait amassé des som-
mes qui pouvaient suffire, en les em-
ployant avec prudence, aux frais des
deux campagnes. A la vérité les forte-
resses étaient phitAt ébauchées qu'en
état de défense ; mais les augmenta-
tions dans l'armée étaient achevées,
tes munitions de guerre et de bouche
amassées pour une campagne. En un
mot, l'acquisition de la Silésie ayant
tlonné de nouvelles forces à l'État , la
Prusse était capable d'exécuter avec
vigueur les desseins de celui qui la
gouvernait. Il restait à prendre des
mesures pour ne rien appréhender de
ses voisins , surtout pour se conserver
le dos libre, si l'on se proposait d'agir
d'un autre c6té. De tous les voisins de
la Prusse, Tempire de Russie mérite le
^UB d'attention, comme le plus dan-
gereux : il est puissant. Le roi appré-
hendait moins le nombre de ses trou-
pes que cet essaim de Cosaques et de
Tartares qui brûlent les contrées, tuent
les habilans ou les amènent en escla-
vage ; ils font la ruine des États qu'ils
inondent. D'ailleurs, à d'autres enni>-
mis on peut rendre le mal pour le mal,
ce qui devient impossible à Tégard de
la Russie, à moins d*avoir une flotte
considérable pour protéger et nourrir
l'armée qui dirigerait ses opérations
sur Pétersbourg même. Dans la vue
de se concilier l'amiUé de b Russie, le
roi mit tout en œuvre pour y parve-
nir ; il poussa même ses négociations
jusqu'en Suède. L'impératrice Elisa-
beth se proposait alors de marier le
grand-duc, son neveu, afin de s'assu-
rer d'une lignée. Quoique son choix
ne fût pas fixé , son penchant le por-
tait à donner la préférence à la prin-
cesse UMque, soeur du roi. La cour de
Saxe avait dessein de donner la prin-
cesse Marianne , seconde fille d'Au-
guste, au grand-duc, pour gagner du
crédit, à la faveur de cette alliance,
auprès de l'impératrice. Le ministre
de Russie, dont la vénalité aurait mis
sa maîtresse A l'enchère, s'il avait
trouvé quelqu'un assez riche pour la
lui payer, vendit aux Saxons un con-
trat de mariage précoce. Le roi de
Pologne le paya, et n'eut que des pa-
roles pour son argent. Rien n'était
plus contraire au bien de l'État de la
Prusse que de souflrir qu'il se formât
une alliance entre la Saxe et la Russie ;
rien n'aurait paru plus dénaturé que
de sacrifier une princesse du sang
royal pour débusquer la Saionne. On
eut recours à un autre expédient. De
toutes les princesses d'Allemagne en
Age de se marier, aucune ne convenait
mieux à la Russie et aux intérêts prus-
siens que la princesse de Zerbst. Son
père était maréchal des armées du roi,
sa mère, princesse de Holsteîn, sœur
du prince successeur au trône de Suè-
de, et tante du grand-duc de Russie.
Nous n'entrons pas dans les détails
minutieux de cette négociation ; il suf-
HISTOIRE m: ftlO.N TEMP».
117
It de savoir qu'il fallut employer plus
de peine pour lui faire prendre de la
eonsistance , que s'il se fût agi de la
chose du monde la plus importante.
Le père de la princesse même y répu-
gnait ; luthérien , comme on l'était du
temps de la réforme, il ne voulut con-
sentir avoir sa Dite se faire schismati-
qoe, qu'après qn'un prêtre plus traita-
Ûe lui eut démontré que la religion
grecque était à peu près la même que
la luthérienne. En Russie, H. de Mar-
defeld cacha si bien au chancelier Bes-
tucbew les ressorts qu'il mettait en
Jeu, que la princesse de Zerbst arriva
à Pétersbourg an grand étennement
de l'Europe, et que l'impératrice la
reçut à Moscow avec de sensibles mar-
ques de satisfaction et d'amitié. Tout
n'était pas aplani; il restait encore
une difficulté à vaincre : les jeunes
promis étaient parens au degré de
cousinage. Pour lever cet empêche-
ment , on gagna les popes et les évé-
ques, qui décidèrent que ce mariage
était tiès conforme aux lois de l'Eglise
grecque. Le baron de Mardefeld, non
content de ce premier succès, entre-
prit de transférer la prison de la fa-
mille malheureuse, de Riga dans quel-
que autre lieu de la Russie ; il y réus-
sît. Ld sûreté de l'impératrice deman-
dait qu'on éloignât du voisinage de
Pétersbourg ces personnes, qu'une
révolution avait fait descendre du trô-
ne, et qu'une autre révolution pouvait
y replacer. On les mena au-delà d'Ar-
changel, dans un lieu si barbare, que
le nom même en est inconnu. Dans le
temps que nous écrivons ces mémoi-
res, le prince Antoine-Ulric de Bruns-
wick s'y trouve encore. M. de Marde-
feld et le marquis de la Chétardie, qui
te crurent forts après Tarrivée de la
princesse de Zerbst, voulurent oouron-
nfot l'es^vre en faisant renvoyer le
grand-chancelier Bestuchew, ennemi
de la France par caprice et attaché à
l'Angleterre. C'était un homme sans
génie, peu habile dans les affaires, fier
par ignorance, faux par caractère, don*
ble même avec ceux qui l'avaient adie*
té. Les intrigues de ces ministres eu-
rent assez dlnfluence pour séparer les
deux frères. Le grand-maréchal Bes-
tuchew fut envoyé à Berlin en qualité
de ministre plénipotentiaire de la Rus-
sie ; mais le chancelier, trop bien an-
cré à la cour, se soutint contre tous
les assauts qu'on lui donna. M. de
Mardefeld fut assez habile pour ne
point paraître mêlé dans ces intrigues.
M. de la Chétardie, moins prévoyant,
s'y montra à découvert. Dès-lors, sans
que la cour eût d'égard pour son ca-
ractère ni pour les services qu'il avait
rendus, on l'obligea de quitter la Rus-
sie avec précipitation et d'une manière
peu honorable. Après que l'impéra-
trice se fut déterminée au choix de la
princesse de Zerbst pour le mariage
du grand-duc, on eut moins de peine
à la faire consentir à celui de la prin-
cesse de Prusse Ulrique avec le nou-
veau prince royla de Suède. C'était sur
ces deux alliances que la Prusse fon^
dait sa sûreté. Une princesse de Prusse,
près du trône de Suède , ne pouvait
être l'ennemie du roi son frère, et une
grande-duchesse de Russie , élevée el
nourrie dans les terres prussiennes,
devant au roi sa fortune, ne pouvait le
desservir sans ingratitude. Quoiqu'on
ne pût alors rendre l'alliance de la
Russie plus solide, ni remplacer le
chancelier Bestudiew par un ministre
mieux intentionné, on eut recours à
d'autres moyens pour ouvrir un cœur
à portes de fer : ce fut là la rhétorique
dont M. de Mardefeld se servit jusqu'à
l'année i 7i5, pour tempérer lamauvaise
volonté d'un homme aussi mal
118
FRÊDÉnir, ir.
\»
ToM ces faits* (pie tioM v«non{t de dé- tôt la n»''gochition ne rencontra pl(ti
tailfef , IIH)Tttrefil bien que te foi de
Pnme n'atait pas parfaitemenl réitsêi
daiH ses iiitrigties, et que ce qu'il put
ôMetiir de la Russie ne répondait pas
entièretnetit à ses espérances. C'était
tetijottrs beascoiip qtie d'avoir assoupi,
pour un temps, la maUfâise voiotité
d'mè pttissaiiee aussi dangereuse ; qui
gigité du temps a tout gagné. On fit
enoote nû essai pour une association
des princes de l'empire. On pouvait
compter sur le landgrave de Hesse^
sur le duc de Wurtemberg, sur l'éleo^
têor de Cologne et l'électeur palatin ;
00 avait ébranlé l'évèque de Bamberg ;
mais 11 fallait acheter leur assistance s
point d'argent, point de prince d'Al-
lemagne. La France ne voulut pas
cOttSeritir an subsides qu'il lui en eût
ccêié, et la diose manqua une troi^
slftme fois. It aurait été à souhaiter
qu'on eAt pu s'entendre avec la cour
de Saxe; mais on y rencontra phis
d'obstacles que partout ailleurs. Le roi
de Mogne étrit mécontent de ce que
la pait de Bresiau ne l'avait pas mis en
posses^on de la Motavie; il croyait
(Sanquérlr des prt)vinces à eoups de
plume. D était jaloux de ce que la mai-
son dé Brandebourg avait acquis la
9flésie, et de ce qu'il n'avait rien ga-
gné à cette guerre ; il croyait que ses
prétentions sur la succession de Char^
les TI étaient les mieux fondées; il
envfett la couronne impériale h Télec-
teuf te Bavière, et délestait les Fran^
çais, qu'il aoeusait de l'avoir tfompé.
Dés dispositions aussI favorables n'é^
chappèrent pas d la eonr de Vietme.
d'obstacles. On conchit une alliance
défensive entre r Autriche, fAngte»
terre et la Saxe , dont les artidef ii^
crets furent signés h Varsovie. Lea
parties contractantes se gardarent Mes
de les publier. Cela n'empêcha paaqM
le roi de Prusse ne s'en proeurèt tme
copie ; et^ comifie ce traité fUt une des
causes principales de hi gum*e qde kf
roi déclara dans la suite ft la retoè de
Hongrie, il sera néce^aire que Mvâ
en f apportions quelques articles, 4M
justifieront, aux yeux de la postêrHé «
la guerre qu'elles prodoisn*ent s
n Art. S. Pour cet cffMi tes attél
)» s'engagent derechef à une garantie
f) tout eapresse de tous royaume ^
» états^ pays et domaines qu'ils posaè^
n dent actuellement on doittnt pbêèê^
» dèrm i^ntu du traité d'aViaMê faii é
y^ Turin en 1703 ; des traités de paht
>i d'Utrecht et dé Bréda ; du traité de
n paix et d'alliance communément ap*
» pelé la quadruple alKance ; du traité
9 de pacification et d'alliance condtt à
» Tienne le 10 mars 1T31; de VûM
)) de garantie donné eh conséquence ,
» et passé en loi de femphi; le 11 f^
» vrier lT3Si ; de l'acte ffaciîesMon s^
» gné pareillement en conséifuenoe I
» La Haye le 20 février 1788 ; du traitt
D de paix signé à Vienne le 18 UO^
» vembre 1798 ; de ractessîon qui y a
» été faite et signée a Versailles te 8
» fétrier If S9 ; tous lesquels traités
» sont pleinement rappelés et confira
» mc'^s id, autant qu'ils peuvetot coti-
» cerner les alliés, et qu'ils n'y ont pas
t dérogé Spécialement par )e présent
Ce négociateur féminin, la vieille de-^ ! » traité, n
moiselle Kling, était toujours A nresde t
elle ménagea si bien l'esprit du rof , dé
la reine, du comte •*• et dd confesseur,
qtf*«He les amena ft la résolution de
s'alHar Êtm la rrtne dé Rf^n^rle. Wén-
Qniconque lit cet article avec Im^
partialité , doit y trouver le germe
d'une alliance oflfensive pi^éperée eoH*"»
tre lé roi de Pnisse. 1 a i^ine de Bmm
jgrfe se fMt gatSIIintfr dèS BMi ^U'éH6
mSTOIRK DB «Oïl JBMPS,
possédait dn temps de ces traités allé-
rués et qu'elle a perdus par la suite. Si
cette princesse et le roi d'Angleterre
avaient agi de bonne foi, ne devaient*
ils pas rappeler également dans cette
alliance le traité de Breslau? 8i nous
dépouillons cet artiele du style énig-
natique dont il est enveloppé, on y
voit une garantie formelle des États
que rimpéffitrio^^reine doit posséder
conformément à la pragmatique sanc-*
lion, et pai conséquent de la Silésie.
Mais Tartidd 13 de ce traité de Worms,
auquel le roi de Pologne avait accédé ,
eiplique même les moyens dont la
eour de Vienne se servira pour récu-
pérer ses provinces perdues. Le voici :
« Art 18. Et aussitôt que l'Italie sera
délivrée d'ennemis, et hors de dan-
gers ai^parens d'être envahie dere-
chef, non seulement Sa Majesté la
reine de Hongrie pourra en retirer
une partie de ses troupes, bmIa, si
elle le demande, le roi de Sardaigne
lui fuumira ses propres troupes pour
les employer à la sûreté des États de
Sa Miijeeté la reine en Lombardie ,
Êàn qu'elle ppisse se servir d'un plus
grand noaiÂre des siennes «n AlU-
meffia; tout eorame, h hi réquisition
du roi de Sardaigne, la reine de
Hongrie fera passer ses troupes dans
les États dadit roi, s'il le fallait, pour
en défendre les passages qu'une ar-
mée eftoemie entreprendrait de for<
eer, et pour délivrer d'ennemis tous
les États du roi de Sardaigoe, et les
mettre hors de danger d'être enva-
his derechef. »
Voilà donc la reine de Hongrie qui
teut retirer ses troupes d'Italie pour
les employer en Allemagne. Contre
f|ttt sera-eef eontre la Saxe? die a fait
une aIRamre avee te roi, électeur de ce
f&fi. Contre la Savière Telle a si bien
'%umRié Teitopereur, qu'elle possède
son patrimoine. Ce ne peut donc êtrci
que contre le roi de Prusse qu'elle mé-
dite une nouvelle guerre* Le roi d'An-
gleterre , selon les engagemens qu'il
avait pris par le traité de Breslau, de--
vait communiquer fidèlement à celui
de Prusse tous les traités qu'il ferait.
Il se garda bien de rien dire de celui*
ci. La raison en était claire : ce qui
s'était forgé à Worms et ce qui fut ra-
tifié à Turin et 4 Varsoyie, renversait
tant ce que le roi d'Angleterre mênM
avait stipulé par le traité de Breslau
Ces nouvelles aUiances furent commur
niquées aiu États-généraux, et ce fut
de La Haye qu'on apprit ce qui en fai-
sait la teneur. Selon les règles de \fi
saine politiquot les cours de Vienne ef
de Londres n'auraient pas dû démas-
quer si vite leurs desseins. Ces cours
avaient encore les armes à la main, et
eombattaient eontre la France et l'Es-
pagne, de la Lombardie au Rhin et
même eo Flandre. Ne pouvait-on
pas préfoir^ À moins que le roi de
Prusse ne fût devenu entièrement stu-
pide, qu'il n'attendrait pas de sang-
froid qu'on prit des mcsuies pour l'ac-
cabler, et que plutôt il ferait les der-
niers eflTorts pour prévenir les desseins
de ses ennemis. Il est évident que la
Prusse ne to'ouvait plus de sûreté dans
la paix de Breslau; il fallait donc en
chercher ailleurs. La situation était
oritiquo. Il fallait, ou que le roi s'aban-
donnât au hasard des évènemens, ou
qu'il prit un parti violent , sujet aux
phis grandes vicissitudes. Les minis-
tres représentaient à ce prince que
quiconque se trouve bien, ne doit pas ^
se mouvoir; que c'est une mauvaise (
assertion en politique de faire la guerre
pour l'ériter, et qu'fi follait tout at-
tendre da bénéfice du temps. Le roi
leur r^ondait qu» tour tiîiiidité les
•vei^tMps t'élaît une grande iy-
IW
Fntoftiuc n.
pradence de ne pas prévenir à temps
mn malheur, quand on a les moyens
de s'en garantir; qu'il sentait qu'en
faisant la guerre, il exposait sa nobles-
se^ ses sujets, son Etat et sa personne
à des hasards inévitables; mais que
cette crise demandait une décision, et
qu'en pareils cas, le plus mauvais parti
était celui de n'en prendre aucun.
Pour voir d*un coup-d'œil les rai*
sons que le roi crut avoir de déclarer
la guerre è la reine de Hongrie, et les
raisons que lui opposaient ses minis-
tres, nous ferons usage d'un mémoire
qu'il leur envoya écrit de sa main ; en
voici la copie :
« Ponr prendre un parti jndidenx ,
D il ne faut point se précipiter. J'ai
» mûrement réfléchi sur la situation
V où nous nous trouvons, et voici les
n remarques que je fais sur la conduite
» de mes ennemis, en la résumant
9 pour mieux constater leurs desseins.
B 1"* Pourquoi, par la paix de Breslau ,
» la reine de Hongrie s'est*elle si obs-
» tinément opiniAtrée à se réserver les
)» hautes montagnes de la haute Silé-
> sie, qui sont d'un si modique rap-
» port? Certainement l'intérêt n'y a
» aucune part. J'y découvre un autre
» dessein c'est de se conserver, par
» la possession de ces montagnes, des
1» chemins avantageux pour s'en as-
>i surer l'entrée lorsqu'elle le jugera à
» propos. S*" Quelle raison a obligé les
» Autrichiens et les Anglais a s'oppo-
)> ser sous main à la garantie du traité
» de Breslau que Mardofeld négociait
» à Pétersbourg, si ce n'est que cette
D garantie empêchait ces puissances
» de rompre le traité 1 Vous répondez
» que la politique des Anglais est sim-
» pie ; qu'ils veulent m'isoler, afin que,
» n'ayant d'autre garantie que la leur,
» je dépende uniquement d'eux. J'ose
» demander < messieurs les ministres
» si, supposant aux Anglais l'une ou
» Tautre de ces intentions, elles nous
» sont favorables ou désavantageuses?
3* Pourquoi lord Carteret ne se hà-
te-t-il pas de terminer les petits dif-
férends au sujet de quelques frontiè-
res litigieuses entre le pays de Min-
den et celui de Hanovre, pour un
péage des Hanovrienssur TËlbe. en-
fin pour les bailliages qui nous soni
hypothéqués dans le Mecklenbourf^ ?
C'est qu'il ne se soucie point du tout
d'établir une bonne harmonie entre
nos deux cours. Le comte de Pode-
wils suppose que la maison de Ha-
novre a autant d'intérêt que celle de
Brandebourg à terminer ces diffé-
rends. Pourquoi donc ne le fait-elle
pas? Mais le roi d'Angleterre vou-
drait envahir le Mecklenbourg, Pa
derbom, Osnabruck et l'évêcbé de
Hildesheim ; il voit que ces vues d'a-
grandissement sont incompatibles
avec une étroite liaison entre la
Prusse et l'Angleterre. 4« Peutr*on
» compter sur les promesses d'un prin-
D ce qui manque è ses engagemens?
D Le roi d'Angleterre promit, lorsqu'il
assembla, l'année 1743, son armée
sur le Rhin, de ne rien entreprendre
ni contre les États héréditaires de
l'empereur ni contre sa dignité ; à
présent, conjointement avec la reine
de Hongrie, il prend des mesures
pour le forcer à l'abdication. 5"* Rap-
peles^vous les intrigues du marquis
de Botta à la cour de Pétersbom^ ;
ne tendaient-elles pas à remettre la
famille exilée sur le trêne? Pour-
quoi? parce qu'il savait que l'impé-
ratrice Elisabeth était dans nos inté-
rêts, et qu'il s'attendait que le prince
Antoine devant le rétablissement de
sa famille à la cour de Vienne, il lui
serait à jamais dévoué, et partage-
rait sa haine pour tout ce qui
UIS loi liL DE UON TJBIfVS.
lîl
m prussien. De plus, à quel dessein flt-
> il usage de mon nom dans celte abo-
li minable conjuration , si ce n'était
» pour me brouiller avec riropératrice,
» au cas que sa trame fût découverte?
» C'était, dites-Yons, par un effet de la
i> tendresse que la reine de Hongrie a
» pour ses parens. Hélas ! trouvez-moi
» de grands princes qui respectent les
9 liens du sang. 6"" Vous croyez qu'on
A ne doit pas mépriser la garantie du
» traité de Breslau qu*a donnée le roi
p d'Angleterre. Et je vous réponds
»> que toutes les garanttes sont comme
» des ouvrages de flligrane, plus pro-
»' près h satisfaire les yeux qu'à être
i' tie quelque utilité. T"" Mais je veux
> bien vous abandonner tout ce que je
>» viens de vous marquer. Vous sera-
» t-il possible de donner une bonne
i> interprétation au traité de Worms
V el i\ relui de Varsovie? Le langage
» îles ministres aulrichiens est que ce
Imité n'a pour objet que l'Italie. Li-
><•/. les deux articles que j'ai cités, et
\ ous verrez clairement qu'ils regar-
r (lent l'Allemagne en général, et qu'en
» particulier ces articles m'ont direc-
» tement en vue. 8" Cette alliance avec
» la Saxe est encore moins innocente;
y» elle livre aux Autrichiens un passage
9 et des secours pour m'attaquer dans
9 mes pro{M^s foyers. Vous soutenez
» que cette alliance ne s'est faite q^ie
9 pour procurer des présens récipro-
» qnes aux ministres qui sont à la tète
9 des affaires dans les deux cours. En
venté je ne m'y attendais pas; il
faut avouer que vous avez l'esprit
• transcendant. 9*" Voici une autre
question : attendra-t-on que la reine
de Hongrie soit délivrée de tous ses
p embarras, qu'elle ait la paix avec les
9 Français, qu'elle force l'empereur à
9 rabdieation ? Attendra*tron, dis-je,
1^ ^*eHe poisse se servir de toutes ses
}i
)>
D forces, de celles des Saxons et de
» l'argent de l'Angleterre, pour nous
» attaquer, avec tous ces avantages,
0 au moment que nous serons dépour-
» vus d'alliés, et que nous n'aurons
» d'autres ressources que celles de nos
x> propres forces? Vous soutenez qui*
» la reine de Hongrie ne terminera
0 pas cette guerre dans une seule cam-
» pagne, que ses pays sont ruinés, s(*s
» revenus arriérés de dix ans, ^ qu'elle
9 ne sentira son épuisement qu'après
9 la paix. Je réponds que tout le mon-
9 de ne convient pas que ses finances
9 soient aussi épuisées que vous le
9 supposez. De vastes Etats lui four-
9 nissent dé grandes ressources. Qu'on
9 se souvienne qu'à la fin de la guerre
9 de succession, guerre qui avait en-
» glouti des trésors, l'empereur Cbar-
9 les VI soutint encore toute une cam-
9 pagne contre les Français sans sub-
9 sides étrangers, lorsque la reine Anne
» fit la paixd'Utreclit séparément. Faut-
9 il attendre qu' Annibal soit aux portes
» pour se déclarer contre lui? Qu'on
9 se souvienne qu*en l'année 1788 le
9 comte Zinzendorff pariait que les
fl Français ne passeraient pas le Rhin,
9 pendant qu'ils bombardaient^t pre-
9 naient Kehl. La sécurité ajoute que
» lorsque le feu roi acquit la Poméra*
» nie ultérieure, tout le monde crut
9 que la Suède ferait revivre tôt ou
9 tard ses droits sur cette province, et
9 cependant cela n'arriva pas. Cette
9 comparaison est fausse, et ce raison-
9 nement tombe de lui-même. Corn-
9 ment mettre en parallèle un royaume
9 ruiné, épuisé, démembré tel que la
9 Suède, avec la puissante maison d'Au-
9 triche, qui, loin d'avoir fait des pertes,
0 médite actuellement des conquêtes?
9 Les partisans outrés de la reine de
9 Hongrie soutiennent qu'il n^y a point
3 d'exenqiletiue la iiMison d'Âutriehe
in
]:;:.< KKu; il.
■y
i> ait oommencé one guerre pour ré-
D eupérer des prorinoes perdues. li ne
» faut citer de tels foits qu'à des igno-
» mns. Cette maison nVt^Ue pas
» fouin reconquérir la Suisse? Com*-
» bien de guerres n'a-t-elle pas faites
» pour rendre la Hongrie héréditaire?
» Et quelle était cette guerre entre-
» prise par Ferdinand H pour chasser
» Frédéric Y, électeur palatin, de la
» Bohème* dont II avait été élu roi par
» les voBux des peuples? Ne fut-ce pas
» une ^erre sanglante que la maison
» d* Autriche fit à Bethlem Gabor pour
Y»\ul ravir la Transylvanie? Enfin,
» qu'est'^e qui excite à présent la rei«
n ne de Hongrie à presser lés Français
» avec téht d'ardeur, si ce n'est l'espé-
» rance de reconquérir l'Alsace , la
XI Lorraine, et de détrôner l'empereur?
» Haisonnalt-on bien à Vienne quand
B on y disait : H est impossible que le
9 roi de Pmsse nous attaque ; car a'i*
» tan de ses aïeui ne nous a fait la
3 guerre Y Ne nous trompons point : les
a exemples du passé, fussent*ils môme
9 vrais, ne prouvent rien pour l'avenir.
» L'assertion suivante est plus sûre :
» tout ce qui est possible peut arriver.
19 10*" lour fortifier ces argumens par
s des preuves plus palpables , je n'ai
i> qu'à vous rappeler un propos que
» M. de Mole, général autrichien pas-
I» sant par Berlin, tint à M. de Schmet-
» tau. Ma cour n'est pas assez mal
» avisée pour attaquer la Silésie ; nous
kl sommes alliés avec la cour de IXres-
v de ; le chemin de la Lusace mène i
» Berlin le plus directement; c'est là
n ou il nous convient de faire la paix.
» Vous diret que Mole parlait an ha-
* tmrd ; mais voyex ce qui confirme que
» le dessein de faire la paix à Berlin
» étaK celui de la cour de Vienne. Le
» prince Louis de Bnmswick avait en-
» tendu parier deee mèoieplaaà la
» reine de Hongrie, au service de Ift-
» quelle il était ; il en avait (ait gqb#-
9 dence à son frère le duc régnant, ft
D celui-là me l'avait communiqué» Ua
9 aveu de la bouche de l'ennemi tient
» Ueu d'une démonstration. le oon-
» cIiM que nous n'avons rien à gagnai
» en attendant, mais tout à perdra»
x> qu*il faut donc faire la guerre, et qu*il
» vaut mieux périr avec booneur que
)» de se laisser accabler avec bonté
» quand on ne peut plus ae défendre, n
Cependant le roi ne se précipita
point. Le temps n'était pas encore
venu d'éclater; il attendait des cou
jonctures favorables^ pour le faire avec
tout Tavantage passible. Dans ce temps-
là, l'empereur, croyant ses affaires dé-
sespérées, envoya le comte de Seckeu-
dorflTà Berlin, pour engager le roi de
Prusse à le soutenir. Seckendorff se
^;royait assez fort pour obliger la Saxe
a changer de parti. Il assura que les
Français agiraient avec vigueur, que
leurs intentions étaient sincères; H
pressa beaucoup le roi de se déclarer ;
l'heure n'en était pas encore venue ;
il lui fit la réponse contenue dans ces
points :
V Avant de s'engager avec l'empe-
reur et la France, Sa Majesté regarde
comme un préalable que l'alliance du
roi avec la Hussie et la Suède soit cm-
due. 2* La Suède promettra de faim
une diversion dans le pays de Brèm,
en même temps qu'une armée fran-
çaise attaquera le pays de Hanovre.
S^" La France promettra d'agir oflensi-
vement sur le Hhin et de poursuivre
vivement les Autrichiens, lorsque la
diversion que le roi se propose de faire
les attirera en Bohême, i* La Bohème
sera démembrée des Etats de la raipe
de Hongrie; le roi en possédera les
trois cerdes les ptais voisins do lu 8Ai-
sie. B" Les puissances alliées m fapMt
HISTOIRE DE MON TEMPS.
I9i
ptfhit de part séparée, mais resteront
coiistMfMtit mties poar travailter à
rabaisseittent de la noarelle maison
(TAuMSIe. L'afflclé des odnqoètes n'é^
taX aJAtté à 0è pfbjet qti'à tout hasard,
atf eas qtte ta fbrtutté favorîsftt cette
cfltntifisp. 11 était pr»dent de s'accor-
der d'iràne^ siir titi partage qui, dans
bSËîte, attrait po brouiller les alliés.
CêSftiesiirés se prenaient cependant
aréc béaucoop de cîrcoîisp<;ction. Le
roi eonfiaissait la mollesse d«s Français
dans léttri opérations de gtierre, et le
peu d'attachement qu'Hs avaient nion-
tré pour les intérêts de leurs alliés ; il
n*y avait que la nécessité qui pût ame-
ner cette nouvelle Hatson. II fallait se
préparer aux oppositions qu'on éprou-
Teraft de la paft de rAnftoterre, bwk
\ernée par un roi Vindicatif et un mi-
nistre fougueux. Le parlement avait
accordé àtt roi toutes leS sommes qu'il
lai avait demandées; soutenu de cei
richesses, le roi pouvait faire sortir des
armées de terre , et porter la guerre
jof(qti'au bout du tnonde. Cependant
ces premières propositions d*allfancé
ne forent pas reçues à Versailles atcc
l'arctiell auquel on devait s*attettdre.
On continua néanmoins à négocier,
pour cbndtiire cette crise politique &
afm bétu^use fin. I)eut pédans, l'un
Ffança)^ ël l'autre Allemand, s'étaient
afîsés de fbrmer un projet d'associa-
thîn pont h» cerdes de l'ettipire ; l'un
était te sienr de Chavigni et l'antre le
sh?nr de fionau ; ils y procédèrent avec
ttmtes tes restrictions des fbrifiaKfés,
selon lés lois de fempire et la bulle
d'or. Cet ouvrage lourd et pesant fut
aossitM oublié que Nk. Au lien de pen-
ser è cette askocia'ion, la cour de Ver-
sailles prit, Moyennant des subsides,
Ir^ thmpcfS 1ieÂsol!i69 au serrltsê ûè
l'empereur. Cela dérangea les mesures
du roi d'Angleterre , qui votMt les
joindre à son atiaée. On estftyi encwn '
de dissuader le duc 'e Ootht le dtm^
net ses troupes auî puissaiMa nar^
times ; œla ne réussit pas, éaf to dM
avait d^jà reçu des subsides. Le minis-
tère de Versailles était nouveau; il
s'était lien mis au fait des a&hes, de
sorte qfo'il attribuait la paît séparée,
que le roi avait faite avec la reine de
Hongrie, ft la iégèreié de son esprii.
Vn préalable nécessaire, dès qu'on
voolaK se lier avec hi France, était de
rectifier les idées des ministres sur ce
points Le baron de Charabrier, depuis
vingt ans ministre de Prwse à la cour
de Versailles , étant âgé, et n'ayant
pas assez de liaisons avec les gens en
plaee pour se mnk auprès du roi de leur
crédit 4 avait d'ailleurs peu traité de
grandes choses; Il était scrupuleuse-
ment clrconspeol. Cela Bt Juger au roi
qu'il fallait envoyer à cette coof quel^
qu'on qui fttt plus délié et plus actif,
pour savoir à quoi s'en tenir avec elle.
Son choit tomlm sur le comte de Rot-
tembonrg. En 17M , il avait passé do
service de Franee è cehti de Prusse ; il
était en liaison de parenté avec tout ce
quil y avait de plus illustre à la cour;
il pouvait, par ces raisons, se*proeurer
des connaissances qui auraient échap-
pé è d'autres, et par conséquent in-
ftmner le roi de la fa^n de penser de
Louis XV, de ses ministres et de ses
mattresses ; car il fallait une boussole
pour s'orienter. Le liop grand feu du
comte de ^oHembonrg était tempéré
par le flegme de Mi deChambrier ; tons
deux pouvaient rendre des services
utiles è rEtat. Le eomle de Kotlem-*
bourg partR doue pour Versailles. Il
fit faire ses premières insinuations par
le due de llichelieu et pur la Aichesse
dé CMleauront ) on l'envoyé à M. Ane«
lot, ministre des affaires étrangères,
qui ne passait pas pour parMsm ilo la
Pruflse. Mais le cardinal Teocin , le
marédial de Belle*lsle , d*ArgensoD ,
niiiiistre de la guerre, Richellea et la
maîtresse da roi se décl»*èrent pour le
oomte de Rottembourg. Les articles
proposés aa maréchal de Sedceadorff
servireot de base à la négociation qui
s'entama a?ec la France. On insistait
le plus sur ce que l'armée française
de l'Akace poursuivit les Autrichiens,
leur reprit la Bavière, et qu'une autre
armée françaîse entrât en même temps
eu Westphalie. Le roi , de son cAté ,
se réservait de n'entrer en jeu qu'a-
près avoir conclu son alliance avec la
Suède et la Russie. Ce dernier article
lui laissait la liberté d*agir ou de n'agir
pas, selon que les évènemeos lui pa-
raîtraient fovorables ou contraires. Il
se flattait de suspendre encore le mo-
ment de la rupture ; mais la tournure
que prirent les affaires générales, ainsi
que les succès des armées autrichien-
lies en Alsace, l'obligèrent bientôt à se
déclarer contre la reine de Hongrie.
L'alliance des Prussiens était tout ce
qui pouvait arriver alors de plus avan-
tageux à la France. Son pro|Nre intérêt
devait le plus fortement l'animer à fa-
ciliter ces arrangemens ; mais qui peut
compter sur le système d^une cour
gouvernée et ballottée par des intri-
gues, et sur la vigueur et l'activité des
troupes, lorsque des généraux timides
et sans nerf les commandent? Vers
l'été (1) de la même année, le comte
de Tessin vint à Berlin, en qualité
d'ambassadeur de Suède, demander la
princesse de Prusse Ulrique en oB^riage
pour le prince de Holstein, élu succes-
seur au trAne de Suède. Il était suivi
par la fleur de la noblesse ; il avait tou-
tes les qualités qu'il faut pour la re-
présentation, de la dignité, même de
et)
MILOUUC il.
l'éloquence, mais i'espril frivole et su-
perQciel. Les noces se célébrèrent (1)
à Beriin avec magnificence. Le prince
Guillaume, frère du roi, épousa la
princesse par procuration du prince
royal. On remarqua pius de magnifi-
cence dans ces fêtes que dans les pré-
cédentes : tenir un juste milieu entre
la frugalité et la profusion est ce qui
convient à tous les princes. Mais pen-
dant qu'on dansait et qu'on se réjouis-
sait à la cour, on travaillait aux prépa-
ratifs de la campagne qu'on était sur
le point d'ouvrk.
CHAPITRE IX.
GmiMgoef dlUlto» ea Flandn* mt le Rhin,
ci «dSb celle da roi.
La campagne d'Italie s'ouvrit au
mois d'avril par le passage du Tanaro,
la prise de Nice et celle de Yillefran-
che. Les généraux français et espa-
gnote ne purent s'accorder sur lâirs
opérations ultérieures. Le prince de
Conti prétendait que les passages qui
conduisent de Nice en Piémont n'é-
taient pas praticables et qu'il fallait
chercha d'autres chemins. Dans cette
vue, il enfile le col de Tende, attaque
les troupes savoyardes à Montalbon,
force leurs barricades et la nature mê-
me, prend d'assaut le fort Dauphin, et
pénètre ainsi en Piémont. Il faut
avouer que ce début de campagne est
un des pbis brillans qu'on ait vus dans
cette guerre. Le prince de Conti avan-
ce ; il assiège Coni. Le roi de Sardai*-
gne, pour faire lever ce siège, mar~
che a lui. Conti le bat; mais la crue
des eaux, la vigoureuse résistance des
assiégés et le manque de subsistances,
Ul»T01|t£ Ofi MON TEMPS.
ttS
obligent ce prince à lever le siège et à
se retirer en Savoie, après avoir fait
sauter les fortifications de Démont.
Cette campagne fit plus dlionneur à
ses talens qu'elle ne fut utile à la Fran-
ce. Le prince de Lobkowitz, qui alors
était en fdeine marche pour attaquer
le roi de Napies, informé des succès du
prince de Conti, se décontenance ; il
désespère de sa fortune , se retire à
Monte Rotondo et de là à Florence ,
toujours talonné par don Carlos et le
marquis de Gages. Nous supprimons
les petits avantages que les Français
et les Espagnols eurent sur les Autri-
chiens, pour en venir aux expéditions
maritimes. Les flottes française et es-
pagnole sortirent , au commencement
du printemps, de la rade de Toulon ;
eOes attaquèrent, dans la rade de Tou-
lon, la flotte anglaise commandée par
l'amiral Malhews. Après la bataille, les
Français et les Espagnols se retirèrent
à Carthagène et les Anglais à Port-Ma-
hon. L'action fut sans doute indécise,
puisque les deux flottes se retirèrent ;
cependant elle ne laissa pas de faire
honneur à l'amiral espagnol Navaro et
au capitaine français. La cour de France
envoya l'amiral Court en exil ; en pu -
niasant difiérens ofllciers qui avaient
servi sur cette flotte, elle témoigna
son mécontentement. De leur c6té, les
Anglais traduisirent l'amiral Mathews
devant le conseil de guerre. Le vice-
amiral fut conduit en prison ; aucun
de» deux partis n'était donc satisfait
d'ime bataille Uidécise, dont les Fran-
çais et les Anglais eurent la honte et
Wa Espagnols la réputation . Ces actions
de mfif n'étaient que le prélude des
grands oou]^ que la cour de Versailles
se proposait de frapper dans cette cam-
pagne. Son objet capital était d'obliger
lea Anglais à rappeler dans leur tle les
troiipeaquila avaient en Flandre. Pour
cet eOet, avant même l'ouverture de
la campagne , le comte de Saxe con«
duisit à Dunkerque dix mille honunes ;
le Gis du prétendant, nommé le prince
Edouard , s'y rendit aussi. On fit dei
préparatifs pour un embarquement.
L'Angleterre, alarmée, appela des se-t
cours étrangers; six mille Hollandais
et six mille Anglais, des troupes du
lord Stairs furent transportés dans ce
royaume. Les Hollandais, qui man-
quaient de vaisseaux de guerre, armè-
rent des vaisseaux marchands, et les
envoyèrent à leurs alliés pour remplir
leurs engagemens. Le roi de la Gran-
de-Bretagne, saisi d'épouvante, récla-
ma même le contingent prussien. Le
roi répondit qu'il se mettrait à la tète
de trente mille hommes pour passer
dans cette île, si le roi était attaqué.
Georges trouva ce secours trop fort et
se désista de ses poursuites. C'était
pour r£uro|)e un problème politique
que les intentions du conseil de Ver-
sailles dans cette entreprise. Voulait-il
établir le prince Edouard en Angle-
terre, ou était-ce un leurre pour aSiai-
Uir les troupes alliées en Flandre ? Ces
simples préparatifs d'une descente va-
lurent aux Français, pour le commen-
cement de la campagne, tout ce qu'au-
rait produit une diversion réelle. Quant
au projet d'étal^lir le prince Edouard
en Angleterre, il avait été formé par
le cardinal Tencin ; il tenait son cha-
peau de la nomination du prétendant,
et, pour lui témoigner sa reconnais-
sance, il essaya, autant qu'il était en
lui, de procurer à son fils la couronne
d'Angleterre. L'expédition manqua,
parce que les vents furent contraires :
excuse banale de tous les marins. Ca
qu'il y a de certain, c'est que l'amiral
de cette flotte, nommé Roquefeuille ,
n'osa tenter le passage de la Mandie
CD préfence d'uie flotte ^iqpéieQre,
1% Kitf:i>£BtL 11.
Les Croupes fmn^dlsts iravaient point ' avons quittés pour un temp». Les trou-
Yu de roi à leur tète depuis que I pes que le roi d'Angletenre avait eon-
LMis XIV avait cessé d'y paraître. ! mandées l'aiiDée précédente avaieiit
Qoeiqiies campagnes malbeorenses | hivemé, comnie nous l'avons dit, dam
avaient découragé les années ; on crut { le Brabant et en WestphaUe* Lei
^ne la présence du naître serait le | troupes du prinee de Lorraint at aieol
aeal aigoillon capable de réveiUer dans | pris lenre quattiers dlrivar dans k
les troapes rinstinct de l'honnear et i Brisgm et dans la Bavière. Le maié-
de la gloire. Lae fname, par amour I obal de Goigiri comoMBdait en Aisaoe.
poar la patrie , eatreprit de tirer t Les débris des troupes impériales
Loais JkV de la vie oisive qu'il oMnait, • étaient distribués chei des amis de
poar l'envoyer co—ninder ses armées; ' Tempereur, la phipart cependant aai
elle sacrifia à la France les intérêts de î caviionb d*Oettingea. La cour de Yiea-
foa cœur et de sa fortune : c'était • ne perdit cet hiver le nuréchal de
M"* de Chàleaiirooi. EUe paria avec Khevenhiiller; la reine de Hongrie
tant de farce, elle eihorta, elle pressa « honora sa mémoire de qaelqaei lai^
£ vivaannt le roi . que le voyage de ; bms. Le maréchal Trasa le lemalaci,
Flandre fat résohi. Une action aussi I et reçat le commandement de la grm-
générease et mèaw héroïque mérite ; de armée, qui poriait le nom da priaee
d'autant plus de trouver place dans les ' de Lorraine, aoaisdont en alèt il éWt
fastes de l'hisloire. que les maîtresses le chef. Coauiie ce prince de Larrriae
qui Font piêcédée n'ont employé leur < jouera un grand rôle dans cette iris-
crédit que pour le malheur du royaa- i toire, nous croyons qu'A ne «ra pm
me. Louis XV oamt la campagne en i ioatlle de le frire comialtro. 11 élrit
Flandre par le sié^ de Menm. Le |brave« aimé des troupes, possédai tUea
gouverneur de la place, pan versé dans t le détail des vivres, était peaUte
son métier, la rendit après une légère j trop facile à fliivre les impreaaioHfae
résistance. lauiiédialement après, les | ses favoris lai donaaîeat ; se Hnaal
Français entreprirent le siège d'Vpres. j miK channes de la société. I paarit
qui. quoique BMeax défendue, essuya ! pour boire qaelqaefois avec eicèa. Ct
kt même destia. Im force des araKs j prince épousa à Vienne rardndodiaw
friBfiiifi ooDsiite dans les sièges: ils ! Marianne, mnir cadette de la reine;!
ont les phis hatwies ingénieurs de TEa- j conduisit sa nea!v<4le épn«e dan le
rope:rartiilerieBombreasequ'ibeaa-|lrabaal, dont on Tavait fait %mm
ploient dans lews opérations, les as- j neor: après qnai il revint a Vieillie ta-
cevair les ordres de la eoar fioar b
qui alaît s'avnir. Le
des Aalrichiiiat était de
sure dala rcagaÉc de lean entreprises.
Le Jhaaant et la Flandre sont le théi-
Ire de leus eipfaits. parce qtfBs y
peavdit étaler laal Fart de lears înaé- dra la Larraine. et de porter P
nieors. Quantité de canan c4 de ri-
vières fadblent le transport des an-
nitîons de «nerre. r! ils ont Irtaa faaa-
liens à dos. Us rénadaient
à rabdicalion de H
par ce
msTome tm «on T!:hps.
ttt
■êti prinee 4e Lorraine, M. de Coigni
fienforça les troupes impériales des ré-
fijnevs «Hemands qui senraient dans
ton armée. Tous les préparatifs du
prince de Ijonraine annonçaient qu'il
t?aft intefition de passer le Rhin; ce
passage lui était fectlité par le traité
4|iie le roi d'Angleterre venait de con-
dure e^ec rélecteur de Mayence. La
Ipirtialitè de ce prince pour la cour de
Vienne était trop marquée pour qu*ou
t'y trompât, et les subsides qu'il tirait
des Angiais ae laissaient aucun doute
que, malgré sa neutralité, il n'accordftt
au troupes de la reine te passage par
ltoy«iioe, si <hi l'exigeait de lui.
Les AUtrichieiis, qui jouissaient déjà
e« imagination de leur fortune , ne
pouvaient s'empêcher de laisser échap-
per de temps en temps des traits de
liarté et d'arrogance. Ils faisaient cons-
Iruire on port k Manhetm, et agis-
Mûetit despotiquement dans le palati-
nai. l'électeur s'en trouva offense,
comme de raiaon. Cela donna lieu à
des brouilleries, et finit par un mes^
Mge du prince de Lorraine à l'électeur,
foor hii signifier que 6*11 ne donnait
pamnon pont de Manbeim sur-le-champ,
îl leloi ferait enlever de force. En at-
tendant le maréchal de Ooigni , dont
l'intention était de défendre les bords
du Khôl depuis Mayence jusqu'à koti-
Louis, s'était posté, avec ses forces
piincipales, sur les twrds de la Quiecfa,
-d'où Û s'avança vers Spire , et poussa
Mm déUdMsaeBS jusqu'à Worma et
mtÊmt jusqu'à Oppeoheim. Ce mouve-
Mont-aa fit sur ee qu'il apprît que M • de
BBnenklau, nvec nn d^aoberaent de
rarjtoée de la r<;ine, avait manche à Ger-
40effBhaim, vers Fribourg. Biereoklau
At jeter un fiont aur un bras du JUiin,
#rès do SUHàBièdi, poiv dowicr ie
change aui Français et les attirer de ce
€6té4à. En même temps, le pdnfi^ de
Lorraine fit un mouvement avec son
armée , comme s'il avait intention de
passer le Necker avec sa droite, pour
se joindre à Bsrenklau. Le manVhal
de Goigni, trop crédule, se laissa nbii-
ser par ces vaines démonstrations , c(
commit deux fautes de suite : l'un^;,
en faisant passer le Hhin à Serkendorfl,
qu'il chargea de défendre la partîo di»
cp fleuve qui coule entre Spire et Ln\h
tert)ourg; l'autre, en sa portant avr(
son armée vers Worms et Franken-
thal. Il lui était facile de juger que le
prince de Lorraine avait résoin de p«';-
nétrer en Alsace, et d'user de toutes
tes ruses de la guerre pour l'en éloi-
gner te plus qu'il lui serait possible. Il
devait savoir d'ailleurs que ce prince
pouvait disposer du pont de Mayence ,
à quoi l'armée française n'était en état
de porter aucun obstacle. Il semble
que son projet de défense étatt défec-
tueux en tout point. Son mnée était
séparée par corps, cpii n'oocupatent
pas mèiae les vrais postes d'où ils au-
raient pu disputer aux ennemis te pas-
sage du Rhin. Les experts ont été de
l'opinion qu'il aurait dû rassembler en
un corps tes troupes tant impériales
que françaises; qu'il devait se camper
entre la Quiech et te Speyerbaeh, gar-
nir de petits détachemeus les bords du
Mûu depuis Fort-Louis jasqu à Md-
Upsbourg , faire battre l'estrade par
celte cavalerie , pour Être averti à temps
de l'endroit où les ennemis se prépa-
ratent à passer, tenir ses troupes prèi
tes à marctier au premter ordre, at a^
taquer, sans bahooer, avec toatea aei
forces, le pr&aàear corps autriebten qui
aurait passéte Rhin. 8i tefrinœ Chaf*
les passait ce fleuve à Mayeaee, il raa^
tait à H. de Goigni à choisir les postes
de la Qttiech ou du SpeyeriMah, que
le prince n'aurait osé attaquer. De plus,
M. de Coîîqni couvrait égalaBSant, 4)ar
1!
KRiDÉBIC n.
cette positioD , la bas^e Alsace et la
Lorraine. Ce maréchal , dont l'armée
n'était pas aussi forte qne celle des en-
nemis, et qui avait des ordres trop
restreints, prit des mesures bien dif-
férentes. Dès que le prince de Lor-
raine et Traun furent informés des
fausses démarches des Français, ils
détachèrent M. de Nadasti par leur
gauche, avec tous les bateaux qu'ils
avaient assemblés à la sourdine, pour
jeter des ponts sur le Rhin, à un vil-
lage appelé Schreck. Nadasti fit aussi-
tôt passer le Rhin en bateau à deux
mille pandours, sous les ordres du par-
tisan Trenck ; ils surprirent et défirent
un détachement de trois régimens im-
périaux, qui, par une négligence im-
pardonnable , ne s'étaient en aucune
manière précautionoés contre les sur-
prises. Nadasti lui-méone avait déjà
passé le Rhin (1), à la tète de neuf
mille hussards , tandis que Ton ache-
\ ait tranquillement derrière lui la cons-
truction des ponts. Au bruit de ce
passage, Seckendorff, avec vingt mille
hommes, se joignit à un corps de
Français que le jeune Coigni comman-
dait; ils volèrent au secours de ces
Iroia régimens impériaux dont nous
avons fait mention, avant que le prin-
ce de Waldeck eût levé son camp de
Hetinghetm pour joindre Nadasti. Tous
les officiers de cette armée conjurèrent
SedKendorff d'attaquer Nadasti , qu'il
aurait pu facilement culbuter dans le
Rhin ; par ce seul coup, il aurait anéanti
4e8 desseins du nrince de Lorraine.
Seckendorff ne voulut jamais s'y prê-
ter ; il se contenta d'engager une lé-
gère escarmouche avec les Hongrois;
et, comme il apprit que le maréchal
de Coigni s'était retiré à Landau, il
marcha par Germersheim pour le join-
j) l«')ailtoi.
dre au plus tôt. l>ès le 2 de juillet, le
prince de Lorraine se vit maître dn
cours du Rhin depuis Schreck jusqu'à
Mayence. Nadasti et le prince de Wal-
deck étaient déjà à l'autre bord. Baa-
renklau avait de même passé ce Ocnva
du côté de Mayence. Le prince de
Lorraine employa trois jours à passer
ses ponts avec la grande armée. A
peine y eut-il une tête sur l'autre bord,
qu'il envoya un détachement pour
prendre Lauterbonrg et s'emparer de
ses lignes. Nadasti poussa jusqu'à
Weissenbourg; il le prit de même et
se posta dans ses lignes. Les Autri-
chiens firent seize cents prisonniers
dans cette expédition. M. de Coigni
s'aperçut alors cond:>ien il lui impor-
tait de gagner la basse Alsace avant le
prince de Lorraine, et il le prévint en
prenant Weissenbourg par escalade,
et en forçant les retranchemens, où il
éprouva une résistance vigoureuse.
Nadasti, délogé de ce poste, se retira
sur kl grande armée qui campait au-
près de Lauterbonrg, et qui n'osa se-
courir Weissenbourg, parce que les
détachemens de Râerenklan et de Léo-
pold 0ann ne l'avaient pas encore join-
te. M. de Coigni tira parti de ces dé-
lais et de la crue du Rhin , qui empê-
chait la jonction des corps ennemis ; il
passa la Motter auprès de Uaguenau ,
et se campa a Bischweiler. L'éloigné-
ment de M. de Coigni fit nattre l'idée
au prince de Lorraine de bloquer Fort-
Louis, qu'on disait mal approvisionné.
En conséquence Nadasti et Bcerenklau
prirent poste (1) à Wœrd, à Beinheim
et sur les fies qui entourent Fort-Lou»-
La crue du Rhin sauva cette place. La
gamisqn regagna la communication de
Strasbourg ; on la renforça et on la
pourvut de vivres. Ce coup manqué, le
(1} IS Juillet.
HISlUlliJK HH JMa XfilfPS.
prince de Lomniie porta ses troapes
légères sar les ailes de rarmée fran-
taise et dans le bois de Haguenau, ce
qui empêchait celle-ci d'envoyer des
partis au-delà de la Motter. Le maré-
chal de Coigni, embarrassé de la situa-
tion où il se trou\ait, en avait informé
la cour. Louis XV pour sauver l'Al-
sace* résolut de mener lui-même quar
cante mille hommes de l'élite de son
amée de Flandre an secoure de M. de
Coîgni» à qui l'on ordonna de tempo*
riser, et surtout de conserver ses trou-
pes. Ce fut ce qui détenniriP V« de
Coignt à changer de mesures et à évi-
ter tout engagement. Nadasti, renfor-
forcé de troupes réglées, commençait
à s'étendre vers les hauteurs de Reichs-
hofen et Weissenbourg , comme s'il
avait dessein de tourner le camp lan-
çais par Lichtenberg et Buchsweiler ;
sur quoi M. de Coigni se retira par
Mmat à Strasbourg (1). Il se posta
sur le canal de Molsheim, qu'il aban-
donna bientôt pour gagner les déGlés
lie Phaisbourg et de Sainte-Marie -aui*
Uines, Il se décida à ce mouvement
pour empêcher le prince de Lorraine,
qui était à Briimat, et qui faisait cons-
truire des ponts sur la Motter, d'occu-
per les gorges des montagnes par les-
({uelles l'armée du roi devait passer
pour le joindre. Le rôi de France était
arrivé le k août i Metz, où il atten-
dait les troupes de Flandre, pour fon-
dre, i leur tête, sur l'armée du prince
de Lcvraine , et la détruire s'il était
possible. Le maréchal de Schmettau
avait été envoyé par le roi de Prusse
aoprrs de Louis XY , tant pour rendre
compte des mouvemens de farmée
française, que pour presser le roi de
remplir ses engagemens, en poursui-
vant jusqu'en Bavière les troupes de la
(1} aijuiUtt.
T.
reine lorsqu'eUeSr^fpasaèraieiitle Rhia«
Schmettau apprit au roi très chrétiet
que le roi de Prusse entrerait en cani«
pagne le 17 août, et qu'il emploierait
cent mille hommes à la diversion qu'il
allait faire en faveur de l'Alsace. Go
maréchal mit tout en usage pour doo*
ner aux armées françaises plus d'acti*
vite et de vigueur ; et peut-être y se*
rait-il parvenu, si Louis XY ne fttt
paê tombé malade à Metz. Cette mida*
die commença par des maux de tète,
que ses médecins et chirurgiens coh '
rent provenir d'un abcès dans le cer-
veau : ils déclarèrent le mal sans rea**
source. Aussitôt on entoura le roi de
confesseurs, de prêtres, et de toutes
les ressources dont se sert l'Église ro*»
maine pour préparer les mourans.
L'évêque de Soissons, n'écoutant que
son zèle, dont on lui sut peu de gré
dans la suite, exigea du prince, pour
recevoir les sacremens, le renvoi dt
M"« de Chflteauroux. La duchesse fut
obligée de partir de Metz, ayant reçu
l'ordre rigoureux de ne jamais repa*
raitre devant le roi. Ce sacriGce ac-
compli, Louis XY reçut les sacremens.
Le danger devenant pressant, un chi-
rurgien très ordinaire se présenta, et
assura qu'il le tirerait d'affaire, pourvu
qu'on lui donnât la liberté d'agir ; il ne
trouva point de concurrent, et, moyen-
nant une bonne dose d'émétique, ce
prince releva de cette maladie, qui
n'avait été causée que par une indi-
gestion. Les médecins de la cour per-
dirent leur réputation; mais les affai-
res générales en souffrirent davantage.
Pendant la maladie du roi, le due
d'Harcourt était arrivé à Pltalsbourg.
Nadasti avait déjà pris Saverne, et se
disposait à pénétrer par les gorges que
le duc occupait, mais infructueuse-
ment. Quoique souvent attaqué, le
duc Y tint jusqu'au 16, que le secouis
9
pftintaïc tf.
de Flandre «'effroi pMr Joindre
famiée. Le prince de Lorraine avait
di^ reçu l'ordre de ae retirer ; il pre-
nait dea mesures pour Teiécater. II
ne tenait qu'au maréchal de Noâilles
Cen profiter; mais sa circonspection
entrée fàta tool. Schmeitau perdait sa
peine et son temps à l'encourager. Et
quel risque courait la France? Quand
M de NoaiUes aurait été battu, les
troupes de la reine étaient également
obligées de quitter l'Alsace, et si les
' Français étalent Yictorieux, ils détrut-
aaient l'armée autrichienne, qui, vive-
ment poursuivie, au lieu de repasser
ses ponts do Rhin, se serait nojée
dans ce fleuve. Alors les Français et
les Bavaniis s'avancèrent à pas letits
vers Hochfeld, oà Nadasti s'était déjà
fotiré. Noâilles fit trois détachemens
aur la Motter, et 11 apprit par M. de
Lœwendahl, qui avait marché vers Dru-
lenheim, que tes Autrichiens avaient
abandonné leur camp de Brihnat, pour
a'approdier de leurs ponts de Bein-
heim. Le comte de Belte-Isle fut alors
envoyé de Bufielsheim avec un corps ;
les Français passèrent la Motter et sui-
vu-ent les Autrichiens. M. de Belle-
Isle obligea Tennemi è quitter le vil-
lage de Suffelsheim avec perte, et
M. de NoaiUes se mit en mardie pour
joiadre M. de Lœwendahl. Le Soir
Kéme, les grenadiers fhinçaîs attaquè-
rent le village d'Aschenhelm , défendu
par dea grenadiers autrichiens et des
tfoupes hongroises. Les Français em-
portèrent le village, et s^amusèrent à
des formalités superflues, tandis qnc le
prince do Lorraine mit ce temps à
profit pour repasser le Rhin sur ses
ponts de Beinheim, quHl rompit avant
l'aube du jour. Les Français firent son-
ner cette aflhire fort haut : c'étaient
dea rodomontades; la perte, de part
j^ d'autre, ne monta pas à Six cents
hommes, et le ptinée dé tbrfaine con-
tinua paisiblement sa barche par ta
Souabe et le haut paiatinat , pour en-
trer en Bohème. Schmettau, qui Se
trouvait auprès de la personne du roi ,
était désespéré de la mollesse des Fran-
çais. Il ittî présentait des mémoires, il
pressait les ministres, il écrivait aui
maréchaux ; mais fl eût plutôt trans-
porté des montagnes que de tirer cette
nation de son engourdissement. Le
moment décisif où les Français pou-
vaient ruiner l'armée de la reine étant
passé sans qu'ils daignassent en profit
ter, Schmettau Ifteha de dissuader tea
maréchaux du dessein qu'ils avaient de
mettre le siège devant Fribourg; ee
fut encore en vain. Tout ce qu*il put
obtenir, ce furent quelques renForts
de troupes allemandes qu'on s'engagen
de donner aux troupes impériales,
pour que M. de SeckendoriT pût délo-
ger les Autrichiens it la Bavière. Lu
cour promit qu'au printemps de l'an-
née 17^5, on porterait ces troupe$ an
nombre de soixante mille. Ainsi , dès
le commencement de râlitance dea
Prussiens et des Français, ces derniers
manquèrent atix deux articles princi-
paux de leur traité. Ils laissèrent
édiapper le prince de Lorraine sans le
poursuivre, et cette armée, qu'ils de-
vaient envoyer en Westphalie, n'y pa-
rut point. Cependant M. de Secken-
dorff marcha pesamment et à pas
comptés pour s'approcher du Lech;
Louis XV, è la tête de Mixante-dti
mille Français, fit lé siège de Fribourg;
prit cette place à la fin de ta campa-
gne, et en rasa les fortifications.
Les avantages du prince de Lorraine
en Alsace engagèrent le rai dé Prusse
è se déclarer plui tôt qu'il ne Tavalt
projeté, n était fort è craindre que
l'ascendant des troupes autrichiennes
ne forçât les Français à en passer par
HISTOIRE M mon TEMPS.
fei oondilleii» qM PatTOganoe de ses en-
Bemis kur voudrait prescrire ; dans ec
cas, il n'était pas doateax que la reine
D*eAt emidoyé toates «es forées pour
re|>reiidre la Silésie. Gopendantles ar-
fangeoieoa poUtiqoes que la cour de
Beriitt le proposait , étaient encore
bien éloignés de se réaliser. Le comte
Beatochew, qui se crut affermi depuis
9i*il avait fait chasser de Russie M. de
la Cbétardle, engagea l'impératrice
Elisabeth à faire le voyage de Moscow
pour s'y faire couronner, et ensuite à
•otreprendre le pèlerinage de Kiowie
en faveur de je ne sais quel saint.
L'impératrice avait des favoris; fiestu-
ehew voulut leur susciter des rivaui.
Une nouvelle occupation rendit Tim-
pératrice iuvisible à sa cour : c'était le
trîMophe du ministre. Bientôt les or-
dres forent donnés que ceux qui avaient
à négocier avec la Russie, au lieu de
s'adresser directement à l'impératrice,
eommuniquassent dorénavant avec son
Hiinistre. Ce nouvel arrangement va-
lut de grosses sommes au comte de
Bestuchew ; H. de Mardefeld s'aperçut
à regret que les guinées anglaises com-
mençaient à prévalois, chez ce minis-
tre, sur les écos prussiens. Dans tous
les projets que l'on forme, il faut se
contenter des à peu près. L'alliance
de la Russie n'était pas telle qu'on au-
rait pu la désirer ; mais en poussant la
guerre avec vigueur, le roi pouvait es-
férer de la terminer, avant que la
lUusie, lente dans ses résolutions, en
eût pris d'assez décisives pour le gêner
dans ses opérations de campagne.
Voici l'arrangement général qui fut
dt'ïcidé pour entrer en Bohême, et pour
forcer la reine à rappeler ses troupes
de l'Alsace. La grande armée prus-
sienne entrerait sur trois colonnes en
Bohême. Celle que le roi voulut oon-
iluire devait longer la rive gaiKhe dft
i31
l'Elbe , en la remontant Jusqu'à Pra •
gne; la seconde, sous la conduite
du prince Léopold d'Anhatt, devait
traverser la Lusace, et, gardant l'Elbe
à droite, se rendre eb même temps à
Prague. Ces colonnes couvraient Ykt-
tHIerie et des vivres pmt tfolÉ mois,
qu'on avait embarqués sur FElbe, ain
de les conduire à Leutmeritr. Le ma-
réchal de Schwérinf avec une tmfsiMie
colonne, devait déboucher de la Silésie
par Braunau, et se joindre au reste de
l'armée, pour former en même temps
l'investissement de Prague. Outre cette
armée, le vieux prince d'Anhalt avait
un corps de dit -sept miHe hommes
dont il couvrait l'électorat, et M. de
Marwitz commandait vingt-deux mille
hommes destinés à la défense de la
haute Silésie. L'empereur avait ùài
expédier des lettres réquisitoriales au
rui de Pologne, électeur de Saxe, par
lesquelles il lui demandait le passage
par ses États pour ses troupes attxi^
liaires de Prusse, qui devaient entrer
en Bohême. Auguste éuit alors à Var-
sovie. Ces lettres furent remises à ses
ministres, qui gouvernaient la Saxe et
son absence, par ce même WinterfeM
qui avait négocié à Pétersbourg, el
s'était si fort distingué dans les pre-^
mières campagnes. Les Saxons furent
étourdis de cette proposition ; ils vou-
laient gagner du temps, mais les Prus^
siens étaient déjà sur leur territoire.
Ils protestèrent et se récrièrent inut^
lement contre une démarche dont la
but principal était d'empêcher quê
l'empire ne reçût l'aflOront de voir op*
primer et détrôner son empereur. Pen«
dant qu'on nuirmurait à Dresde, qu'on
était furieux à Varsovie, qu'à Londres
on se voyait prévenu, et que la craints
se répandait à Vienne, le roi marcha
droit sur Piraa, oà les régimeos ds
duché et Magdebourg, qêà «vrin»
131
moulin à eau, cl détruisirent les éclu-
seide la Muldau. Les eaux en devin-
rent si basses, qu^elle était partout
gnéable, et cpi'on pouvait prendre la
fille d'emblée, y ayant do ce câté4à
«n assez grand espace sans rempart et
r sans muraille. M. de Uarsch, qui com-
mandait dans la ville, commença à dé-
sespérer de rK>ii salut. Ce gouverneur
s-aperçut que le 16, de grand matin,
un gros corps de grenadiers défilait du
«:ôté de Bubenitz; il prévit Tassant
qu'on se préparait à lui donner, de-
manda de capituler, et se rendit pri-
sonnier de guerre avec sa garnison,
qui consistait en douze mille hommes.
Ce siège ne dura que six jours: il coû-
W ta aux assiégeans quarante morts et
quatre-vingts blessa. Le même jour,
les portos furent consignées, et la gar-
oison conduite en Silésie, où elle fut
distribuée dans les places. La prise de
Prague faisait un beau commencement
de canipagne. On devait supposer qu'il
ferait impression sur les Saxons , et
qu'ils se déclareraient moins que ja-
mais pour la reine de Hongrie ; il était
à présumer qu'en dégarnissant leur
« étectorgt, ils ne le livreraient pas eux*
iqémes w prince d'Anhalt, qui pou*
vpit ruiner Leipsîg , le siège de leur
coHuneree, le nerf de leur État et la
ressource de leur crédit; mais Tor des
Anglais l'emporta i Dresde sur des in-
térêts plus durables. Il se présentait
alors pour l'armée prussienne le choix
de deui opérations : l'une, que le roi
préférait, était de passer la Béraun, de
chasser M. de Bathyani de la Bohême,
de s'emparer de PiUen , du magasin
considérable qu'on y formait pour Tar-
mée du prince de Lorraine, et de pous-
ser jusques aux gorges de Com et de
Fort, qui ouvraient les chemins de la
Bohème aux AutrlcbieBS du oAté du
hmit palattut. Il est sAr que le prince
de Lunaiiie pouvait se jeter sur Éger,
où les Saxons Tauraient joint; qu'il
pouvait suivre, en longeant l'Éger, le
chemin que le maréchal de BeUe-Isie
avait pris dans sa retraite de Pragae;
mais d'où seraient venues les subsis-
tances pour cette armée? Le margim-
viat de Bareuth était trop stérile pour
en fournir, et, de plus, qui aurait dé-
fendu rAutriche, dont M. de Marwili
était en état de faire seul la conquête,
ne trouvant rien devant lui qui pAt
larrôler? C'était donc sans contredit^
le projet qu'on aurait dû exécutera
L'empereur, le roi de France, partioai^
lièrement le maréchal de Belle-Ide,
insistèrent pour que les Prussiens se
portassent du côté de Tabor, de Bnd*
weis, de Neuhaus, afin d*établîr vne
communication avec la Bavière, et de
donner au prince de Lorraine de la ja-
lousie au sujet de l'Autriche. Le ma-
réchal de Belle-lsie soutenait qoe la
faute de n'avoir pas occupé ces postes
l'année 171^1, avait été cause de tons
les malheurs que les Français et tas
Bavarois avaient essuyés : mais ce qui
est bon dans une conjoncture, pcsMI
de même dans une autre? Sans doele
que ces postes étaient nécessaires ee
1741 aux alliés, qui possédaient eneere
la Bavière et même la haute Atriche;
mais en 1744, il n'y avait que des Ae-
trichions dans ces provinces ; d'aiHeoM
c'était donner beau jeu aux ennemis
que de pousser une pointe qui, éldi^
gnant l'armée du roi de Prusse de ses
frontières, donnait aux Saxons la li-
berté de se joindre au prince de Lor-
raine, ou de faire même quelque en*
treprise sur Prague. De tous les partis
le plus sage aurait été de ne point Ifop
s'éloigner de Prague, d'amasser dans
cette capitale, ainsi qu'à Pardubiti et
dans d'autres villes, des tivres pew
les troopas et de voir %enir les enne->
msTonfi m^
nb. Le foi inarqua dans ce moment
trop de faiblesse ; par coiideseeDdaiice
pour ses alliés* il déféra trqp à leurs.
seoUmeos, et craignant d*6tre accusé ,
s'il tenait son amiée douée à Prague,
de n*avQir d'autre objet que de s'assit-
ror des trois cercles qu'on lui avait
ptomis, il entreprit cette malheureuse
eipédilion. On ne fit pas moins de
fiMites dans l'eiécution dd oe projet
On néi^îgaa le transport d^ farines
de LeutmentE à Prague ; on ne ren-
voya point en Stlésie l'artillerie qui
ataît servi au siège de Prague ; l'on ne
lama en garnison dans cette viUe im-
menae que six bataiUons, qui ne sni&-
saient pas pour en défendre la moitié.
Quand vous remontei à la droite de
la MuMati, laissant Prague derrière,
wus trouves un pays raontueux, dif*
fieile^ aussi nml peuplé qu'aride. Si
«•oa avancez onae milles an tirant vers
Parient, vous découvrez la ville de Ta-
tar, située sur un rocher, bâtie au
onzième siàele par Ziska, ce fameux
hngand bnssitey qui ravagea sa patrie
«I combattant pour eHe. Dons ces
leaspa reculés, Tabor passait pour ira-
fvtnaUe ; 4e nos jours elle serait em-
portée d'emblée. La situation est avan-
tageuse ; mais ta ville est petite et n'a
pool dtfenm qu'une mauvaise mu-
faiiie. De là, eu tirant vers le midi,
UOM teOQves la Luschnits, petite ri-
lièit gnéaUe suntous les points, mais
é9Êi les borda, dans beaucoup d'en-
émtA^ sont escarpés ; après Tavoir pas-
•éo, vous Iravorseï, dans l'espace de
taais miHea, des bois et des rochers,
ma sortir desquels vous entrez daus une
plaiM abondante, et trouvez Budweis
à deux milles devant vous. Cette ville
•al aitttée sur la Hiddau, fortifiée d'ou-
fiagoa de terve-, et d'une enveloppe
^fÊê éham eété |k>B «vait rMwpaBrdn
dèBoÉMia, wnMmàkk
mon rsHPs. m
trois quarts de mille, de l'autre o6té do
la Muldau, se trpuve Frauenberg. Ce
château occupe le haut d'une colline}
il est devenu fameux par un siège de
six mois que les Français y ont soute-
nu. Tel était le pays ou l'armée prus-
sienne allait agir.
Comme les Saxons ne s'étaient point
encore déclarés, l'armée se mit en
marche, le 17 septembre, pour Coo^
raditz. De la le général de Nassau fut
détaché, avec dix bataillons et quaran-
te escadrons, pour faire ravant''gardo
de l'armée ; celle-ci fut partagée en
deux colonnes : la droite, sous les oiv
dres du prince Léopold, côtoyait la
Muldau et fot obligée de so faire des
chemins ; la colonne de gauche, con-
duite par le maréchal Schwérin, enfi^
lait le grand chemin de Prague à Ta-
bor, en suivant pied à pied l'avant-
garde. On avait réglé, de plus, que ces
colonnes ne laisseraient entre leurs
camps qu'une étendue au plus d'un
demi-mille d'Allemagne; derrière la
colonne de gauche suivaient les cais-
sons de farine couverts par quinze cents
hpmrocs, sous la direction du général
Posadowsky .Tabor,Biid weis etFrauen-
berg se rendirent, presque sans se dé-
fendre, au général Nassau. L'armée
arriva le 26 a Tabor, où les colonnes se
rejoignirent ; mais Posadowsky n'ame-
na que la moitié de ses caissons, c'est-
à-dîre pour quinze jours de farine ; les
chevaux et les bcsuft de cet attirail
avaient été négligés au point que la
moitié avait péri, sans cependant qu'on
eût vu d ennemi pendant toute la mar-
che. Ce fut là le principe de tous les
malheurs qui arrivèrent depuis. A pei
ne l'armée était-elle « deux marches
de Prague, que M. de Bathyani envoya
on détachement de quelques millîm
de Croates et do hussards à Béraun el
♦ Kfiuigmal; eilte:diffM*M éb» e4
♦
«.
iS6 PKiniMG
srtuée au confluent de la Béraun, dans
la Muldau, à deux milles aa*dessiis de
Prague. Ces troupes légères infestèrent
teUement les avenues, q:i*elles inter-
ceptèrent toutes les livraisons que le
plut pays devait faire, et que les com-
munications étant coupées, Tannée
prussienne fut quatre semaines sans
recevoir de nouvelles ni de Prague ni
de ce qui se passait dans le reste de
l'Europe. On enleva deux malles des-
tinées pour le roi, de sorte qu*il igno-
mit non seulement la marche des
Saxons, mais encore où pouvait être
Tiurmée du prince de Lorraine. Il doit
paraître étrange qu'une armée aussi
forte que l'armée prussienne n'ait pu
tenir le plat pays en respect, le cou-
trairtdre aux livraisons nécessaires, se
procurer des subsistances, et avoir des
espions en abondance pour être infoi^
mée du moindre mouvement des en-
nemis ; mais il faut savoir qu'en Bo-
hème la grande noblesse, les prêtres
et les baillis sont très affectionnés à la
maison d'Autriche ; que la différence
de religion inspirait une aversion in-
vincible à ce peuple, aussi stupideque
superstitieux, et que ta cour avait or^
dooné aux paysans, qui tous sont serfs,
d'abandonner leurs chaumières a l'ap-
proche des Prussiens, d'enfouir leurs
blés, et de se réfugier dans les forêts
voisines ; elle avait ajouté la promesse
de réparer tout le dommage qu'ils
pourraient souffrir de hi part des Prus-
siens. L'armée ne trouvait donc que
des déserts sur son passage, des villa-
ges vides; personne n'apportait au
camp des denrées à vendre, et le peu-
ple, qui craignait les punitions rigou-
reuses des Autrichiens, ne pouvait être
engagé, par quelque somme que ce
ftt, à donner les nouvelles qu'on lui
demandait des ennemis. Ces embarras
f frrant enooie augmentés par un oorps
de dix mille hussards que les Autri»
chiens avaient fait venir de Hongrie,
et qui coupèrent les communications
à l'armée, dans un pays qui n'était
qu'un composé de marais, de bois, de
rochers et de tous les déniés qu'un ter-
rain peut renfermer. L'ennemi avait,
avec cette supériorité en troupes légè-
res, l'avantage de savoir tout ce qui se
faisait dans le camp du roi, et les Prus-
siens n'osaient aventurer leurs batteurs
d'estrade, à moins de les compter pour
perdus, vu la supériorité de ceux des
ennemis ; de sorte que l'armée du roi«
toujours retranchée à la romaine, était
réduite à l'enceinte de son camp. Le
manque de vivres, joint à cette gène
où se trouvaient les Prussiens, les
obligea de retourner sur leurs pas.' Le
maréchal de Schwérin était d'avis de
se porter sur Neuhaus, pour augmenter
la jalousie que les ennemis pouvaient
avoir à l'égard de l'Autriche. Le prinoe
Léopold soutenait qu'il fallait se por*
ter sur Budweis, qui était occupé par
M. de Nassau. Sur ces entrefaites, un
espion apporte la nouvelle que l'armée
du prince de Lorraine se trouvait à
Protiwin. Cet avis décida sur le parti
qu'il y avait à prendre. L'armée re-
passa la Muldau et se campa sur les
hauteurs de Wodnian ; mais a peine y
fut^on arrivé, qu'on reconnut la ftius-
seté de l'avis. Cela mit de la mésiotel-
Ugenoe entre M. da Schvérin et le
prince Léopold ; le roi fut souventdans
le cas d'interposer, son autorité pour
empêcher que la jalousie de ces deux
maréchaux ne nuisit au bien généraL
M. de Janus, lieutenant-colonel dans
les hussards de Thierry, avait été dé-
taché pour presser les livraisons que
les habitans de ces contrées devaieat
faire à Tabor ; le besoin en était d'au-
tant phis pressant, que les farines de
rangée tînsent ver^.lfur fin* Janiia
mSTOlEfi OK JilON TEMPS.
lar
marcha, avec deux cents hussards, à
na village nommé Mûlhausen, situé au
bord de la Muldau. L'ennemi en fut
informé ; un corps considérable de hus-
sards tomba sur lui : c'était un brave
bomme, et il perdit la vie pour que
Ton pût dire qu'il avait été battu ; son
corps fut dissipé. Nadasti Ot des ponts
i cet endroit même, et s'avança droit
à Tabor pour l'attaquer. Le prince
Henri, frère du roi, qui y était tombé
malade, et le colonel Kalnein , qui y
commandait, lui firent comprendre
qa'on ne s'empare pas d'une ville dé-
fendue par des Prussiens, avec de la
cavalerie légère. Ce fut alors qu'on ap-
prit que le prince de Lorraine occupait
un camp fort, derrière la Wotawa, à
denx milles de Pisek ; que les Saxons
Pavaient joint, et que son intention
était de couper les Prussiens de la Sa-
sawa et par conséquent de Prague, en
passant ta Muldau derrière l'armée. Le
manque de subsistances, l'obstacle que
NadastI mettait à en amasser, la possi-
bilité pour les Autrichiens de faire ce
monv^nent, détermina les Prussiens à
s'approcher de Tabor; Ils passèrent, le
8 octobre, la Muldau sur le pont de
Teyn. L*arrière-garde fut vivement
harcelée par des pandours et des hus^
sards; ils ne réussirent point à l'enta-
mer, comme ils s'y étaient attendus.
Le brave colonel Ronch, des hussards,
leur prit un bataillon de Dalmatiens
qui s'aventura trop, et rejmgnit l'ar-
mée, triomphant d'un corps bien su*-
périenr au sien . et qui l'avait attaqué.
L'armée reprit le camp de Tabor, pom*
donner an général Du Moulin, qui était
détaché à Neuhaus, le temps de h re-
joindre. Les Autrichiens étaient si sûrs
de couper l'armée prussienne de Pra-
gue, que par leurs ordres on amassait
des migasios pour eux i Beneaehau
fl mêivia dtns le œrde de
Le roi se repentit trop tard de n'dvoh*
pas mieux garni la ville de Prague de
troupes. Le projet de prendre des
quartiers d'hiver entre Tabor, Nen*
haus, Bndweis et Fratienberg était mal
conçu ; il n'y avait de là à Prague au-
cune ville qui eût seulement des mu-
railles, et dont on pût par conséquent
se servir pour établir la communica-
tion avec la capitale. La Muldau était
partout guéable, et couverte sur la rive
gauche de forêts impénétrables, dont
des troupes légères pouvaient tirer
parti pour harceler sans cesse les quar-
tiers des Prussiens. Si cependant les
vivres n'eussent pas manqué, le roi
aurait pu se soutenir entre la Sasawa
et la Luschnitz; mais le manque et
vivres est le pins fort argument à la
guerre, et le danger de perdre Prague
s'y joignant, l'armée prussienne ht
obligée de rétrograder. On était encore
irrésolu » l'on abandonnerait ou con-
serverait les postes de Tabor et de
Budweis , en s'en éloignant entière-^
ment avec l'année. On avait saos dou-
te à craindre que rennemi ne forçlt
ces villes; d'autre part, il fallait oonai»
dérer qu'on avait été obligé de laisser
à Tabor trois cents malades ou blessés
qu'on n'avait pu transp<Mter faute de
voitures. On ne voulait pas abandon-
ner ces braves gens; on résolut donc
de laisser garnison dans ces deux en-
droits ; l'on espérait que, si l'on en ve*
naît à une ImtaiUe avec les Autrichiens,
conune cela paraissait probaUe aprèi
leur jonction avec les Saxons, \^ éfr*
nemis battus trouveraient ces postes
sur leur chemin, et seraient contraints
de se rejeter vers Pilsen. Ce raisonne*
ment était entièrement faux ; car dans
un cas pressant, il vaut mieux pwira
tiois cents malades que de hasarder
quelques milliers d'hommes dons dei
villes oà M pe p^v^pt se détendre.
lS9 ' FRÉDÉRIC II.
Au contraire, si l'on se proposait de se | dire, abandonné ces régimcns, envoya
battre, il fallait rassembler toutes ses
forces pour être mieux en état de bat-
tre Tennemi. Ces deux misérables
trous ne pouvaient pas empêcher le
prince de Lorraine de faire sa retraite
conune il h jugerait a propos. Mais ,
disait-on, le maréchal de Seckendorff
était déjà arrivé en Bavière ; il avait
rejeté Bœr^nklau en Autriche, il avait
nettoyé d'ennemis tout cet électoral,
a la réserve dlnglostadt, de Braunau
et de Straubingen. Soit; mais les suc-
cès des impériaux ne devaient pas em-
pédier les Prussiens de se conduire
prudemment, et ces avantages n'é-
taient pas assez forts pour qu'on pût
impunément commettre des fautes.
Bans cette situation le poste de Be-
neschau devenait de la dernière im-
portance ; il fallait l'occuper avant le
Prince de Lorraine, parce qu'il était
inattaquable et qu'il pouvait décider
entre les mains des ennemis du destin
de l'armée : la seule ressource qu'on
aurait eue encore, était de passer la
Sasawa à Rottay, pour tirer des vivres
de Pardobiti. Le maréchal de Schwérin
se mit pour cet effet à la tâte de quinze
BiUe homme ; il prit non seulement
le camp de Beneschau, mais il s'em-
para encore des magasins considéra-
bles qu'on y avait amassés pour les
Autrichiens. Le roi le joignit le ik ocr
tobre ; l'avant^rde de l'ennemi était
déjà en marche pour s'y rendre. L'ar-
mée séjourna huit jours entre Benes-
i;hau et Konopitz. On y apprit la nou-
velle désagréable, A laquelle cependant
on devait s'attendre, qu'un détache-
ment de dix mille Hongrois avait fait
prisonnier à Budweis le régiment de
CteBïi et à TaboT celui des pionniers.
Ainsi, pour sauver trois centa naïades,
on perdit trois mille hommes. Le roi.
ordre, par huit personnes différentes
au général Creutz qui commandait
dans Budweis, d'évacuer la ville et je
suivre l'armée; mais aucune n'arrivl|
jusqu'à lui. Budweis se rendit, aprèA
avoir consommé toutes les munitionf
que les circonstances avaient permis
d'y laisser. Tabor fut pris à tranchée
ouverte, par une brèche que l'ennemj
avait faite à la muraille. La première
de ces villes soutint un siège de huit
jours, Tabor un de quatre et Frauen-
bcrg se rendit, parce que les Autri-
chiens avaient coupé le seul canal par
lequel la garnison recevait ses eatujL
Gomme il était à craindre que les vivres
ne manquassent à l'armée , M. de
Winterfeld fut détaché, avec quelques
bataillons et un régiment de hussanil,
pour assurer la communication avec le
magasin d&Leutmeritz. Mais l'avant-
garde du prince de Lorraine dont nom
avons parlé , s'étant aperçue que les
Prussiens les avaient prévenus i B^
nefchau, se retira sur Neweclow et 40
là sur Marscbowitz, où elle fut jointi
par l'armée combinée des Autrichieii
et des Saxons. Le roi apprit cette nou-
velle avec plaisir, dans l'espérance qna
le moment de venger les affronts qQ'H
avait reçus à Tabor et à Budweis éUilt
arrivé. Dans cette vue, le 2k ocloto
après midi, il mit l'armée en marché
sur huit colonnes, pour attaquer l'ao-
nemi, après avoir passe des chen^pt
que jamais troupes n'avaient travfp-
sés ; il arriva au déclin du jour sur une
hauteur qui n'était qu'à un quart de
mille de l'armée autrichienne; les
Prussiens s'y formèrent et y passèrent
la uuit. Le lendemain le roi et tv
principaux ofliciers allèrent reconnit-
tre Teonemi dès la pointe du jour, Qn
trouva qu'il avait changé de loninii ft
qui se fcpeulait devoir, pov emai><itt*iisétaîtpeité»is»¥Îs4ttfltB0iliMpf
BISTOIEE OE MÔH TBMPS.
im VnaâeùS^ sor une bautew eicar*
pée, ao pied de laquelle dans mi ter*
rain marécageox eoQlait une eau bour-
beose ; ce fond séparait les den ar-
mées. Ce cAté était entièrement inat-
taquable. On plaça quelques bataillons
de grenadiers dans un taillis d'où la
droite de l'ennemi pouvait être vue ;
ofl ia trouva aussi avantageusement
placée que sa gauche. L'impossibilité
de réussir dans une telle attaque en
fit abandonner le dessein, et l'on résolut
de retourner au camp de Beneschau.
Les grenadiers qui avaient servi è re-
counattre Tennemi , firent rarriëre-
garde. Les Autrichiens, qui s*attcn-
daient â être attaqués, ne s*apperçu-
reot pas de la retraite de leurs enne-
mis, dont une montagne leur dérobait
les mouveroens : il n'y eut qu'une lé-
gère escarmoche à Tarrière-garde, et
les Prussiens reprirent paisiblement
lear poste de Beneschau. Lorsqu'une
année oA il se trouve cent cinquante
eseaArons, séjourne aunlelà de huit
jûQTS dans le même camp, il n'est pas
étonnant que les fourrages viennent à
loi manquer, surtout lorsque c'esl un
pays de montagnes et de bois, et qu'il
est hnpossible d'obliger le plat pays à
Ihrrer des subsbtanees. C'est ee qui
força le roi à choisir un autre camp,
«A il pAt trouver des fourrages et qui
en même temps <e rapprochât 4e sa
boidangerie. L'armée déeampa donc
le lendemain, passa fat Sasawa à Bors-
dittz et vint se poster auprès de Pys-
eheli. En même temps M. de Nassau
ht détaché avec dii bataillons et trente
escadrons, pour déloger de Kamei^
bourg un corps ennemi de dii mille
hommes, tant troupes réglées que hon-
groises. H. de Nassau Pattaqua sur
uoe hauteur avantageuse qu'il occu-
pait ; quelques coups de canon mirent
l'eiinemi en désordre ; il abandonna
son poste pour rcpagner |a Siisawa à
Rattay. M, de Nassau les cot6ya et
s'apporcevaat qu'ils voulaient gagner
Kolin avant lui, il les prévint, et s'em^
para de ce poste. Depuis l'escarmouche
de Kameihonrg, personne n'eut des
nouvelles de M. de Nassau qui, de soq
cêté , ne put en foire parvenir aucune*
tant les troupes légères dos Autrichiens
avaient, par leur nombre* la sppénprité
sur celles des prussiens : ils étaiep^
dans un terrain fourré, avai#nt la fa*
veur du pays, étaient informés de tout,
tandis que les Prussiens n'ètaieiit iit •
struits de rien, fxs Autrichiens agis-
saient de tous les isùtés pour se procurer
cette supériorité sur les Prussiens; iU
pensèrent surpraudre à Pardubitz avec
son régment le colonel Zimmernau,
qui avait dans ee fort la garde du ma-
gasin : quinte cents grenadiers et six
cents hussards, vomis de la Moravie,
se déguisèrent en paysaqs, et sous
préteite de livrer au magasin» ib eiH
sayénsnt da s'introduire dans la ville
au moyen de leurs chariots. La trame
fut découverte par un Autrichien qui
lâcha imprudemment un coup de pis*
Met; les gardes des portes et des ra*
veiins firent feu sur cette troupe, qui
perdit soixante honimes. Cette défense
àt beaucoup d'honneur à la vigilance
de H. de Zimmemau, et laissa aux en«-
nemis le regret d'avoir inutilemeta
perdu du monde. Peu après que le roi
eut pris la camp de Pyscheli, le prince
de Lorraine prit eehii de Beneschau ;
il avait le pays à sa dévoiion, les cer-
cles lui livraient ses vivres et il ptirviul
à subsister qudques jouis encore là où
les Prussiens anraienl péri de faim siis
y fussent restés : il se porta ensulU^
sur KameiiH>ttrg, où il passa ia JiMisai»ii,
dirigeant sa marche sur JanowiU en
gardant ces maraiti è dos. La dosstjti
du prince, ou pour oùeut dire du
▼leui maréchal Traan, était d'obliger
»e roi d*opter entre la Silésie oa la
Bobème. Si le roi restait auprès de
Prague, les ennemis lui coupaient la
communication avec la Silésie, et si le
roi tirait vers Pardubitz, Prague et la
Bohème étaient perdus. Ce projet était
beau et digne d'admiration : le maré-
chal Traun y ajoutait la sage précaur
tion de dioisir toujours des camps
inattaquables, pour ne point être obli-
gé de combattre malgré lui. Si le roi
avait pu marcher aux ennemis au mo-
ment où ils décampèrent, il les aurait
forcés au combat, ou il aurait gagné
sur eux le poste de Kuttenberg, ce qui
aurait ruiné tous leurs desseins. Le
manque de pain, raison si souvent al-
léguée dans le récit de cette campagne,
empêcha cette opération. Cependant ,
pour tenter Timpossible, le roi avança
le lendemain avec Taile de l'armée ; le
prince Mopold devait suivre avec le
pain qu'on attendait de Prague. Le bon-
heur voukit qu'à Kosteletz, où le roi prit
son camp, il trouvât pour trois jours
du pain, du vin et des viandes desti-
nés aux ennemis ; il fit distribuer ces
provisions A ces troupes. Son intention
était de gagner le lendemain Janowitz ;
mais il fut trompé par des espions qui
assurèrent que le prince de Lorraine y
était déjà. On tourna donc sur la gaur
chc, et l'armée se campa àKaurzim, à
un mille de l'Elbe. Ce ne fut qu'alors
qu'on apprit que M. de Nassau était à
Kolin et qu'un convoi de pain arriverait
incessanunent de Leutmeritz à l'ar-
mée ; pour en faciliter le transport, on
garnit de grenadiers Brandeis et Nien-
burg. Le lendemain le prince Léopold
rejoignit l'armée ; le jour d'après on
se posta sur Planiany. L'ennemi avait
eu dessein d'y venir ; aussi y trouva-
trUffi d'abondantes subsistances. L*aile
droite des Pmasieps était an convept
de Zasmuky, éteigne d'un quart de
mille de la gauche des Autrichiens :
des marais et des bois séparaient les
deux armées. Cependant il y avait tout
à craindre pour PardubilE ; les Autri-
chiens en étaient plus près d'une
demi-marche que les Prussiens. On y
envoya avec huit bataillons et dix es-
cadrons, M. Du Moulin, qui passa par
Kolin et couvrit Pardubitz et les maga-
sins. Le point principal alors était de
gagner Kuttenberg : il n'y avait pas de
temps a perdre, si Ton y voiUait de-
vancer les ennemis. Quoique les trou-
pes fussent fatiguées de trois marches
consécutives, il fut résolu que par un
effort ou arriverait le lendemain à
Kuttenberg, ou que l'on forcerait le
prince Charles au combat, ^i l'un ni
l'autre n'arriva. Un brouillard épais
qui dura depuis six heures du matin
jusqu'à midi, Qt perdre la moitié de
cette journée, et quelque diligence
qu'on fit dans la suite, il fut impossible
d'arriver à la fin du jour plus loin que
Gross-Gubel, où l'on dressa les tentes.
L'armée avait la ville de Kolin et r£lbe
à dos à la distance d'un demi-mille ;
ses deux ailes étaient appuyées à des
villages ; une petite plaine était devant
le front, bornée par un bois touffu, où
campait le prince de Lorraine : ce
prince se servit de l'avance que sa po-
sition lui donnait sur celle des Pru^
siens, et dès le soir il envoya un gros
détachement pour occuper la hauteur
de Jean-Baptiste, fort escarpé et qai
domine tous les environs. Le roi aurait
voulu se battre avant d'avoir consom-
mé ses magasins ; une affaire généraU
convenait à ses intérêts ; mais elle ne
convenait pas à ceux des Autrichiens,
et ils l'évitèrent soigneusement. Tandis
que le prince de Lorraine et Traun
s'établissaient sur la cime des rochers,
Nadasti ^jot se ^cer sur la droite dos
HISTOIRS DM MOM TEMPS.
Ul
Pnissieiis avec, six mille Hongrois ;
GiiilaD, avec an corps de la même for-
ce, se mit dans le bois qui bornait le
front de la plaine ; Trenck et Moratz
se mirent sur la gauche avec leurs
troupes légères, pour resserrer l'armée
dans son camp et l'empêcher d'en
sortir pour aller fourrager. 11 paraîtra
peut-être étrange que les Prussiens
n'aient rien tenté pour déloger ces
corps de leur voisinage ; mais ces corps
avaient des déQlés devant eux, et on
ne pouvait les aborder qu'avec désa-
vantage. La mauvaise nourriture des
troupes, la misère et les fatigues qu'el-
les avaient souflfertes, occasionnèrent
on grand nombre de maladies; il n*y
avait pas cent hommes par régiment
exempts de la dissenterie ; les officiers
n'étaient pas mieux ; les fourrages du
camp étaient consommés ; on ne pou-
vait avoir des vivres que de l'autre
côté de l'Elbe ; la saison devenait plus
rude de jour en jour ; toutes ces rai-
sons obligèrent à repasser l'Elbe à Ko-
Ho et à cantonner les troupes pour
conserver et rétablir les malades.
L'armée décampa le 9 novembre,
el fit sa retraite en si bon ordre, que
q;aand même le prince de Lorraine
aurait voulu l'entamer, on aurait pu
sur ce terrain engager avec avantage
une affaire générale. Dix bataillons
garnirent la ville de Kolin, postés der-
rière des murailles qui formaient un
retranchement naturel: on plaça les
batteries sur des éminences plus près
de la villa, d'où elles dominaient sur
tout le tesraitt. Kolin et Pardubitz de-
venaient alors des postes importans ,
parce qu'ils assuraient la communica-
tkm avec la Silésie comme avec Pra-
gue. Botre ces deux têtes, on établit
des postes le long de la rivière, et der-
rière cantonnaient les troupes. A pei-
na laa Prusriens eureni4s passé l'Elbe,
que les pandours attaquèrent Kolin;
mais ils y furent si mal reçus, qu'ils
perdirent l'envie d'y revenir. La nmt
du 12, les grenadiers de la reine, avec
toutes les troupes hongroises, tentè-
rent une nouvelle attaque et furent
partout repoussés vigoureusement; ils
y perdirent trois cents soldats tués;
Trenck, ce fameux pillard, y fut Uessé.
Le prince de Lorraine croyait la cam-
pagne Unie , et aurait voulu donner
aux troupes un repos qu'elles avaient
bien mérité par les fatigues essuyées
en Alsace et en Bohême. La cour de
Vienne pensa autrement ; elle donna
des ordres exprès au prince de Lorrai-
ne de continuer les opérations. Le roi
se flattait de Tidée que Tennemi pren-
drait ses quartiers entre l'Elbe et la
Sasawa ; dans le dessein où il était de
tomber dessus par Pardubitz et Kolin,
et de nettoyer d'Autrichiens les cer-
cles de Czaslau et de Chnidim , il avait
pris son quartier & Turnow, proche de
Pardubitz; celui du prince Léopold
était peu éloigné de Kolin. L'ennemi
et dans ce temps-là des mouveroens
qui semblaient dénoter qu'il avait quel-
que dessein sur Pardubitz ; ce qui en-
gagea ce prince à s'approcher davan-
tage des quartiers de la gauche. Sur
ces entrefaites, on intercepta des let-
tres de Vienne; elles annonçaient un
grand dessein, qui devait s'exécuter
le 18 novembre. Le général d'EinOe-
del, qui commandait à Prague, man-
dait que l'ennemi faisait travailler à
des échelles dans tous les villages voi-
sins, et le général Nassau avertissait
qu'il s'attendait, dans quelques jours,
à être attaqué à Kolin. Il n'y avait rien
è craindre pour Pardubitz, où se trou-
vait l'aile gauche de l'armée.
De mille en mille, le long de l'Elbe,
il y avait des postes d'infanterie, et
Quarante escadrons de hussards êtaiafit
Astriboés entre deui, pour renier an les bois voisinf, faute de Moiih il
patrouilles et sar les moindres moiife- s'était retiré en bon ordre, par lâ fbrA
mens des troupes dé la reine. Par ces de Wfschejowilz, pour rejoindre Tà^
précaatioDS, le roi doTait tonjours être * mée. Ce passage de FElbe était A-
averti, an cas qne l'ennemi tentât le '■ chenx, soit qne la négligence deft hA
passage de l'Elbe; Il n'j a^ait donc
proprement que la ville de Prague pov
sards en Ittt cause on non ; et oetM èH
treprise décidait de tonte h campâgiM
laqaeHe on pftt appréhender. Le roi y | Le temps empioté à se pUlMM db
envoya M. de hottembourg, avec ses | destin aurait été perdu; on ne sottgHs
dragons et trois bataillons, pour ren- 1 qn^à remédier au mal autant qM ks
forcer la garnison. Ce jour critique, le | circonstances le permettaient. VÈt-
18, arriva enfin, et ne produisit de la i mée reçut d'abord ordre de se rtaseltt-
part deVennemi qne beaucoup de mar- \ Mer à MMschejowitz, qui était ad ced-
ches, de contremarches ; le 19 parut ! tre de ses cantonnemens ; on ne faMs
phu décisif. On entendit, dès les cinq ; à Pardubitz que trois batailloiis , sotk
heures du matin, des décharges de gros i les ordres du colonel Retlow. L*ardiée
canon et un feu d*infanterie assez vif. I se trouva à son rendez-vous le soil; i
Le roi envoya de tous côtés pour sa- 1 neuf heures, campée, en front de IMÉ-
^ oîf oà l'on tirait ; tout le monde était | dière, à l'exception du corps de If . 4e
dans la prévention que c*était quelque I Nassau, qui était à Kolin, et de derii
nouvelle tentative sur Kolin. Les coups i bataillons détachés, l'un k B^ndeb et
qu'on entendait se tiraient à la droite
de l'armée ; et, comme le général
l'autre h 5ienbourg. Le bataiHoB et
Wédel perdit deux officiers et ceM
saus*étaitattenduàqueh|ueentreprise( hommes, tant morts qne Measéa, A
du prince de Lorraine sur son poste et
qu*on ne recevait point d*autre nou-
velle, on ajouta trop légèrement foi à j Cettebelleactionvahit A WédelleiMfe
raflhire de SoMnitz, qui sert i
mémorable dans les fastes praarielfL
ce» apparences. On demeura dansoette
incertitude jusqu'à midi, qu*un officier
de hussards Gt au roi le rapport : que,
pendant la nuit, les troupes de la rei-
ne avaient fait des ponts auprès de
Boidnitz; que la négligence des pa-
tiouilles avait été cause qu*on ne s'en
était aperçu qu*à la pointe du jour;
que le lieutenant-colonel de Wèdel,
dont le bataillon se trouvait le ptas
proche, y avait marché ; que malgré le
feu de cinquante canons, il avait re-
poussé trois fois les grenadiers autri-
chiens; que pendant cinq heures, il
avait disputé ce passage au prince de
Lorraine ; que les husîtards, qu*il avait
envoyés i Tarmée pour l'avertir de sa
aitnation« ayant été tués en chemiD
yar dca hnlani qui s'étaient glissés dan»
de Léonidas. Le prince de Lerrahe,
surpris qu'un seul bataillon praasien M
eèt di^uté, pendant cinq heunraa^ le
passage de l'Elbe, dit aux oAcien (|Bi
ïaocorapagfiaienl : « La reine aenlt
» trop heureuse si elle avait dans ath
a armée des officiers eomnM ee M^
» ros. a
La situation critique où se tmevaHit
les affaves porta le roi i ramcmMe* ks
prindpanx offideta Je ses iRtapaa^
pour délibérer avet eut s» le part
qu'il y avait i prendre. La qneakaa
roulait sur deux objela : maiîhairit
on à Pragae pour se maintenir danatl
royaume, m évacneraii-on tfeign il
la Bohèflse pour se retirer tm ttàèâlb.
Chacun de lea partis avait ése iosfll^
venions. Le prince LéopaU él^l dT»-
UISTOÎHI: DE MOS TIlMIS.
ni
▼is (!e marcher à Prague, puisqu'il so
trouvait encore quelque amas de fa-
rine a Leutmcritz, et qo*en évacuant
Prague, on serait en même temps
oblige d'abandonner la grosse artille-
rie, que le mauvais état des chemins
ne permettrait pas de traîner avec soi,
outre le risque que la garnison avait h
courir par une retraite, au moins de
trente mille ( soiiante lieues ), jusqu'à
ce qu'elle pût regagner, par Leutmc-
ritz et U Lusace, les frontières de la
Silésie. Le roi était du sentiment qu'il
fallait marcher en Silésie, parce que
c'était h parti le plus sûr. Le projet de
se maintenir a Prague donnait a l'en-
nemi la facilité de couper à l'armée
toute communication avec la Silésie.
Les Saxons en auraient fait autant sur
leurs frontières, de sorte que cette ar-
mée aurait été ruinée avant le prin-
temps, faute de vivres, de recrues,
d'armes, de munitions de guerre et de
chevaux de remonte pour la cavalerie.
D'ailleurs, les conununications fer-
mées, d'où seraient venues les som-
mes pour payer les troupes, acheter
des magasins, etc. Comment le géné-
ral de Marwitz, avec vingt-deux mille
liommes, pouvait-il couvrir les deux
Silésîes contre l'armée du prince de
Lorraine? Ces raisons décidèrent le
retour en Silésie, où l'armée trouvait
toutes les ressources dont elle avait
besoin pour se rétablir, où les places
fortes étaient remplies de magasins, le
pays de subsistances, où l'on regagnait
la communication avec le Brande-
bourg, où enGn ni argent, ni chevaux,
ni ressources ne pouvaient manquer.
Et pour prendre les choses réellement
telles qu'elles étaient, le roi ne faisait
de perte, en se retu^nt de la Bohème,
que celle de sa grosse artillerie. Tous
les généraux se rangèrent de cet avis.
La résolution, qui avait été prise
sur-le-champ, Jnv/.îl être elécutée de
même. Le roi Ht partir un homme de
conflance et de ressource, nommé Ru-
iow, son aide-de-camp, pour porter à
tous les corps détachés, ainsi qu*à la
garnison de Prague, l'or Ire d'évacuer
la Bohême. M. de Nassau ftit instruit
de prendre le chemin de Chlumetz ou
de Néchanitz pour rejoindre l'armée ,
tandis que le roi ferait vis-à-vis du
prince de Lorraine les mouvemens les
plus convenables pour faciliter cette
jonction. Bulow fut assez heureux pour
traverser des détachcmens de hussards
ennemis, et pour porter ses ordres à
ceux auxquels il devait les rendre. Ce
parti devenait d'autant plus nécessaire,
que la garnison de Prague n'avait de
subsistances que pour six semaines, et
que la faim l'aurait contrainte de se
rendre, si l'on avait attendu ce terme.
Le 20 novembre, le roi s'approcha de
Chlumetz, alin de seconder les mouve-
mens de M. de Nassau; il demeura
dans ce poste, pour laisser à ce déta-
chement le temps de gagner Bitschow
et Néchanitz. Le 22, l'armée se mit en-
tre Pardubitz et Kœnigsgrxtz, au vil-
lage de Woititz, qui couvrait le défilé
de Néchanitz. Les malades et le baga-
ge, sous une bonne escorte, prirent
les devans pour la Silésie, afm d'alléger
la marche des troupes. M. de Rctzow
évacua Pardubitz ; le 2i, toute la ca-
valerie marcha u la rencontre de M. de
Nassau, et l'amena rejoindre l'armée.
On fit déiilcr l'infanterie par Kœnigs-
gnetz, pour se cantonner dans les vil-
lages qui sont en deçà de l'Elbe. On
resta, le 25 et le 26, dans cette posi-
tion. Le 27, l'armée se partagea en
trois colonnes, dont Tune prit le che-
min du comté de Glatz; la seconde,
que le roi conduisait, passa par les
gorges de Braunau ; et la troisième ,
conduite par M. Du Moulin, enflla U
ikk FRÉDÉRIC 11.
diemin de Trautenau à Schatziar. La en respect. La garuison de Prague ne
première colonne ne fat point inquié-
tée dans sa marche. La brigade de
Trachses, qui était à la seconde co-
lonne et qui en faisait l'arrière-garde ,
fut attaquée en passant le ruisseau de
la Métau, proche du village de Pless.
Trachses s*amusa mal à propos à es-
carmoucher avec les pandours , et il
eut quarante hommes tant morts que
blessés. Ce qui caractérise bien Tesprit
hongrois, c'est qu*au milieu de cette
escarmouche, quelques cochons se mi-
rent à crier dans le village de PIcss;
ce fut le signal de la trêve : les pan-
dours abandonnèrent les Prussiens, et
coururent tous au village égorger des
bètes qu'ils aimaient mieux manger
que de se battre. 11 y a sûrement dans
rhistoire peu d'exemples d'escarmou-
ches aa«si vives, qui aient eu un dé-
nouement aussi grotesque. La colonne
de M. Du Moulin fut attaquée au vil-
lage d*£lse, mais avec si peu de vi-
gueur, que cela ne mérite aucune con-
sidération. La colonne où était le roi
arriva le 4> décembre à Tannhausen ;
le vieux prince d'Anhalt y fut rendu
presque en même temps. Le prince
Léopold était attaqué d'une maladie
qui falsait*craindre pour ses jours. Le
maréchal de Schwérin avait pris de
l'humeur et quitta l'armée avant le re-
tour en Silésie. Le roi fut obligé de
se rendre i Berlin , afin d'y régler les
arrangemens nécessaires pour la cam-
pagne pr(»<,hame, et de préparer en
même temps les voies à quelques né-
gociations, que l'on pouvait rendre plus
vives au cas que les circonstances l'exi-
geassent. Voici ce qui arriva aux autres
corps dans leur retraite. M. de Win-
terfeld ramena heureusement son dé-
tachement de Leutmeritz en Silésie ; il
fut harcelé en chemin, mais ses bon-
nes dispositions tinrent les Hongrois
suivit pas littéralement les ordres
qu'elle avait reçus. M. de Einsiedel de-
vait faire sauter les ouvrages du Wis-
cherad et de Saint-Laurent ; il devait
faire crever les canons de la grosse ar-
tillerie et en brûler les affûts, jeter dans
l'eau les fusils dont la garnison de la
reine avait été armée. M. de Einsiedel
crut faussement que ce premier ordre
serait révoqué ; il en suspendit l'exécu-
tion jusqu'au moment de son départ :
il fut trop tard alors. Lorsqu'il vit que
le moment d'évacuer la ville appro-
chait, il rassembla tous les chevaux
qu'il put trouver, pour amener avec lui
quarante-deux pièces de campagne au-
trichiennes, à la place du gros canon
qu'il fallait abandonner Ce fut le 26 de
novembre que la garnison sortit de
Prague. M. de Einsiedel avait si mal
pris ses précautions, que ses troupes
défilaient encore par la porte Saint-
Charles, que déjà quatre cents pan-
dours s'étaient, d'un autre cûté, intro-
duits dans la ville. Ces Hongrois atta-
quèrent l'arrière-garde. M. de Rottem-
bourg, qui s'y trouvait, fit tirer sur eux
queli;ues canons chargés à mitraille qui
les continrent. Cette garnison arriva le
30 à Leutmeritz. On s'y arrêta quel-
ques jours, afin de s'y pourvoir de pain
et de provisions. Quand M. de Einsie-
del arriva à Lcipe, il apprit que les
Saxons voulaient lui disputer le chemin
de la Silésie : car le prince de Lorraine
n'avait suivi le roi que jusqu'à Nachod,
d'où il avait pris la route de la Moravie,
et les Saxons celle des cercles de Buntz-
lau et de Leutmeritz. Il y eut quelques
escarmouches en chemin avec les trou*
pes légères des ennemis, mais peu im«
portantes. Comme il arriva à Hoch wald .
bourg situé è deux milles de Friediand
et A trois des frontières de la Silésie*
il aperçut un gros corps et apprit par
flinwu M non n
des treMAige» et 4W espions <)ae C'é-
lart QM partie du eofp» saton aax or-
Ac9 Ai'die^ier éc Saxe, annuel dem
miUe grenacHeis antridiiens s'étaient
joifils. M. de Einsiedel, qui ne s'était
jamait tronvé en pareH cas, perdit en-
tièrenienl contenance ; il fut longtemps
indécis s*il attaqnenîl eea Salons , qui
s'élaienl bit des relr»eheniens avec
de la neige entassée, ou sll traverse-
rait la Liiaace poor rentrer en Stiésie.
Les eaoemia avaient fait de si jB^nds
abatis sur le dieAHi de Frîedinnd ,
fi'il était devenu iraprattcabit' dans
oelte sataoo. M. de Rotterobourg,
foyant que Tincertitude de M. de Ein-
«iedel laiaaec&il périr les troupes de
troid et de nîstee, fit reconnaître les
chemins de la Lusace et prit en même
temps la résolution d'attaquer le che-
valier de Saxe, en se chargeant de Té-
Ténement. Un capitaine, nommé Cott-
witz. Saxon de naissance , dcserta la
uuit et avertit le chevaUer det» desseins
de Hotleoiboiirg. Ce dernier se voyant
(rahi« profita de la trahison même : il
se mît le lendemain de bon malin en
marche par sa gauche et entra en Lu-
sace. Les Saxon» n'étaient occupés
(ja'i leur défense, et ils furent instruits
en même temps qu'un gros corps prus-
sien, aux ordres de M. de Nassau, dé-
filait par la Silésie pour leur toml>er à
dos; ils étaient si occupés de ces nou-
velles, que la garnison de Prague leur
échappa hi^reusement. M. de Rottem-
bourg cheminait toujours ; un colonel
Vitzlhom^ qui commandait sur la fron-
tière de la Lii^ace, voulut s'opposor è
^00 passage ; mais lorsqu'il vit le nom-
bre des Prussiens auquel il aurait &
faire, il se désista de son opposition.
U général saxon Amheim, sous les
ordres duquel il était, envoya un autre
onicier pour interdira le passage aux
Pnissiens; mai^ RiUtettbporg» en l'âc-
eaUant de' poHtésses ; poursuivK sa
route et artiva le 13 décembre aux
frontières de In Sîlésie, où ces trotrp^
furent employées à former la chaîne
des quartiers depuis la Lusace jusqu'ati
comté de Glatz. Telle fut la fin de cette
campagne, dont les préparatifs annoil»
çaient de plus heurcmx succès. €e
grand armement, qv") devait engloutir
la Bohème et même monder l'Autri-
che, eut le sort de cette ffotte, nommée
l'invincible, que Philippe TI d'Espagne
miten mer pour conquérir l'Angleterre.
Il faut convenir qu*i! est plus diffi-
cile de faire la guerre en Bohème que
partout ailleurs. Ce royaume est envi-
ronné d*une chaîne de montagnes qui
en rendent rentrée et la sortie égale-
ment dangereuses. Prit-K)n même la
ville de Prague, il faudrait une armée
poor le garder ; ce qui affaiblit trop fe
corps qui doit agir contre l'ennemi.
On n'y peut assembler de magasins
qu'en hiver, oâ tes habitans sont con-
traints, par la rigueur de la saison , de
demeurer dans leurs villages. Quel-
ques contrées fertiles peuvent fournir
des subsistances pour de grandes ar-
mées ; tes fourrages secs et le fourrage
vert oe sauraient y manquer : mais
d'antres cercles montueux et chargés
de bois sont trop stériles pour qu'une
armée y s^ourne long-temps. D'alK
leurs on n'y trouve aucune "place te^
naUe, et si les Autrichiens ' reolent
cliasser l'ennemi de ce royaume sans
en venir à une bataille, ils sont maftres
de Vaffamer en lui coupant ses com-
niunicMions ; à quoi cette chaîne de
monlagneâ dont )a Kohème est envi*^
ronnée, fournit tout ce qu'un officier
intellrgenl fient désirer en fait de gor-
ges et de postes propres à intercep-
ter les convois. Il n'y a qu'une seule
méthode ensuivre pour prendre ce
royaume.
•
10
4-
Traun y joua le rMe de iertorioft, et
le roi oekii de Pompéei Là eondnile
de M. de Trami est m laodMe de par-
fèotion i|tte taitl miiKaire qui aime smi
méiier doit étudier^ pour riiaiter, s*U
en a les talenSi Le roi est ma^eau lui
mètmt qu*ll regardait 49eite eampagoe
comme son étole dans l*art de lagoer
re« et M. de Tranti cMHBe son préce^
teur. La fortune est loufeiit plus fth-
neste aut priiieea (|oa rodfersilé : la
première les enhrro de préioai|Mloti ;
la seconde les rend cireeMpOcti et ■!••
dettes.
U6 . nifiimcu^
Au:tta gén&Bl .ne commit plus de i Enfin étaifrftiHeapewii
fautes que n'en fit le roi dans cette armée en oantonneoKna, 4*eiiaemi ne
campagne. La première fut certaine- | campant qn'à une mar^be de osa
ment de ne s*étre pas pourvu de maga- tiers? Tout Tavaslaga deeette
sins assez considéraiiles pour se soute- pagne fut pour tes Atttrnàidils. M. de
Qir au moins six mois en Bol)ème« On
lait que pour b&tir l*édiOce d'une ar-
mée , il faut se souvenir que le ventre
pn est le fondement v mais ce n'est pas
tout. Il entre en Saxe, sans ignorer
que les Saxons^ avaiont accédé au trai-
té de Wormi : ou il fallait les forcer à
changer de {Uirti, ou les écraser avant
de mettre le pied en Bohème, 11 fait
le siège de Prague et envoie on faible
détachement à fiéraun contre M. de
Bathyani; si les troupes n'avaient pas
fait des prodiges de valeur, il aurait été
cause de leur perte. Prague une fois
prise* il était certaincmenlde la bonne
politique de marcher avec la moitié de
l'armée droit à M. de Baliiyaoi, de
récraser avant l'arrivée du Prince de
Lorraine et de prendre le magasin de
Pilscn ; cette perte aurait empêché les
Autrichiens de retourner en Bohème :
ils auraient été obligés d'amasser de
nouveau de^ subsistances^ ce qui de*
mande dû temps ; de sorte que cette
campagne eut été perdue pour euxi Si
l'on ne s'y est pas pris avec aaaea de
fêle pour remplir les rengaains prus-
siens, il ne faut point l'imputer au roi,
mais aux commis des vivres, qui se
faisaient payer le^i livraisona et lais*-
saient les magasina vidcai, Mais oomk
ment ce Prince eat-H la faiblesse d'a-
dopter le projet de campagne du Ma-
réclial de Relle«Isle qui le mena à Ta-
bor et à Budiveis, lor^u'il convenait
lui-même que ce projet n'était cohh
forme ni aux conjonciures, ni à ses in*
teréis, ni aux lois de la guerre ? Il n'est
pas permis de pousser la condescen-
dance aussi loin. Cettei faute en en-
traîna une foule d'autres à sa suites
€iiAprniB X.
las AauicMcfii faut «m invulafi «fsm ta iMoia
SiiMe et <Ims I« rimié es IBau c W
repousses par lejtrioce (TAnliaU el le
rai Lehwflld. — N<^gocialloiis pu Frame. •-—
Mnri de Chare* Vfl. — In'n'gufs des Frain
caU ft\ Saie. ^ Atttrfé aég^tcia lions avec Yes
fracyaid. -» hégoeiaMns irrc Im Aaglafs
mwir la pais ; dimctilté ^'y ait I 1» l Att«S.tfi
Tarovi»'. — L'Angleterre prami f«a boM
orilcoji.— Prépara l'fs pour la campagne.—
Le roi part pour ta Sflésîe — Le Jeune élec-
ie«r do naiièré Siii. ea itia, la pdt as
Fasaaa avac r Aalficke.
A peine le roi eut^H quitté Pàrflaée ,
que les Autrichiens vouittrent proSter
de ce qu'ils appelaient la terreur des
Prussiens. lia entrèrent dans la haute
Silésie et dans le comté de Glatt.
M. de Marwitt, dont le forps Canton-»
liait aui envimns de Troppau, se re^
tira, avant l'approclie de Tennemi, A
Ratibor, oà il monmt. Le prince
Thierry reconduisit ce corps par Co^
sel et Brleg, pour joindre l'armée eut
mtToiRK m MON TRtfra.
Ifc7
environ» de Neisse. M. deLehwald, :.d« TOder; mai» la foule« qui m» prt>9-
qui commandait dans le comté de | sait pour y passer, le til rompre; en
(îlatz, se retira de mfime vers la capi- i même temps les Prussiens forcèrent la
taie, avant que Teonemi fût à portée. IjîUe, et ce qu'ils ne passèrent pas au
Ces retraites s'exécutèrent sans pert^, Wl de lepi^e se noyo ou fut pris. Un au-
paroe qu'en nitrogradant à propos, on | tre corps hongrois, commandé par le
fitnuinquer aux Autriduens l'occasion général Caroli, n'attendit pas l'appro'-
d'en profiter. Le roi se vit alors obligé , che de M. de Nassau» et se retira de
de retourner en Silésie* pour prendre, Plesse dans la principauté^ de Te«:heo.
ttvec le vieux prince d'Anhalt, des lAe- | Vans ce lemp^-là, >L de Ubwald s'a*
tures capables de déranger les projets I vançait vers WenzelrWallis» qui s'é-
du prince de Lorraine. Le prince ; tait porté sur Uabeischwerd. Cette
d'Anhalt amassa un gros corps auprès ville est située dans une vallée qui cou-
de Keisse. Le 7 janvier (l)i il passa la jfine a la Moravie. Lehwald entra par
rivière et marcha droit à l'ennemi ; ses > Jobannesbcrg dans le pays de Glatz,
troupes s'assemblaient & la pointe du
et se trouva bientAl vi^^-^vis des en-
jour, et passaient les nuits en canton- ■ pemis, postés dans un terrain avantlp*
nomens resserrés. A son opproche,
Traun abandonna le poste de Neustadt,
et reprit le chemin de la Moravie. Dans
cette retraite, les Autrichiens eoucliè^
rent cinq jours sur la neige ; il en pé-
rit beaucoup de froid el beaucoup dé*-
serlèrcnt. Le prince d'Anlialt ne put
entamer qu'une partie de leur nrrièro-
garde, sur laquelle il fit quelques pri-
aonnicrs, après quoi il prit poste à
Jsgendorff et i Tropp<iu. M. de Nas-
sau, avec un corps de six mille hom-
mes, nettoya hi haute Silésie, vers
RAtibor, et de lautrc cUé de l'Oder,
des Hongrois qui Tinfestaicnt; Mb de
Lehwaldi avec un nombre pareil de
troupes, revint à filatx, pour cliasser
de ce comté les Autrichiens qui vou-
laîcot s'y établir. Nassau drlogea aans
peine les Hongrois de Troppau, et fon-
dit brusquement sur (Oderbcrg et de
là sur Kntibor, dès que M. de Traun
fut de retour en Moravie ; trois mille
ennemis furent surpris dans Katibor.
les Hongrois, ayant vainement tenté
de s'ouvrir un passage à la pointe de
répée, voulurent se sauver par le pont
geux, auprès du village de Plomniti ;
devant leur front serpentait un ruis-
seau dont les bords» en bien des en-
droits, étaient d*un accès dilOcile. Hien
n'arrêta M. de Leliwald ; il (1) attaqua
les Autrichiens : les troupes surmon-
tèrent tous los obstacles ; elles franchi-
rent le ruisseau» gravirent la monta-
gne, et fondirent si brusquement et
uvec tant d*audace sur l'ennemi, qu'ils
le chassèrent de son poste. Les Autri-
chiens tentèrent de se reformer dans
un bois qui était derrière le cliamp de
bataille; mais ils en furent empêchés
par les f^reuadiurs prussiens, qui les
poursuivirent la baïonnetti; au bout du
fusil. Derrière ce bois, il y avait uue
petite plaine, puis un taillis, dont l'ee-
nemi tentn pour la seconde fois de
profiter; mais on l'attaqua si impé-
tueusement» que la confusion devint
entière et la fuite générale. Lehwald
n'avait que quatre cents hussards,
qu'on avait jugés suffisans dans un
pays montueux et dilBcile; s'il avait
eu plus de cavalerie, peu d'ennemis
auraient ucbaHrà, Ce corps, qui s'en*
(DUfévHer, ... • ■
tu»
FMÉMllC U.
Ml en fiobème, perdit neof cents
hommes à cette alTaire. Les Prussiens
pnrent trois canons et Orent cent hom-
mes prisonniers ; il ne leur en coûta
que trente soldats, tant morts que bles^
ses. On regretta beaucoup le bra?e
colonel Gandi, officier de réputation;
il af ait rendu un service important au
feu roi lors du iiege de Straisund ; il
indiqua un pas<«ge par lequel on se
rendit maître du retranchement des
Suédois en le tournant du cAté de la
iher, qui alors était basse. Tant de suc-
cès, aussi rapides, encouragèrent les
Prussiens, et Atèrent aux troupes de
la reine l'envie de prolonger cette
campagne. Chacun retourna , de son
cAté, dans les quartiers d*hiyer, et de«-
meura tranquille chet soi.
La fortune avait encore marqué sa
faveur aux Prussiens par la naissance
d'un fils dont la princesse de Prusse
était accouchée (1), ce qui assurait la
succession à la branche régnante, qui,
jusqu'alors, ne s'était étendue qu'aux
trois frères du roi. A Berlin, la cour
attendait l'arrivée du maréchal de Bel-
le-*Isle, que Louis XV envoyait à ses
alliés, pour concerter avec eux les me-
sures à prendre pour l'ouverture de hi
campagne prochaine. Le maréchal s'é-
tait rendu à Munich, de là à Cassel,
où H fai averti d'éviter, pour se rendre
à Berlin, le chemin par le pays de Ha-
novre. On lui indiqua une route plus
sûre ,' qui menait par ie Eichsfeld à
fillberstadt. Le maréchal, imbu de
^son caractère d ambassadeur et du ti-
i|re de prince d'Allemagne, rejeta cet
,atfs, et, par une suite de cet aveugle-
ment, prit le chemin ordinaire. A pei-
■nearrive-t-fl A Elbingerode, que des
^dragons hanovriens l'arrêtent ; il a la
pn^nce desprit de déchirer tous ses
vli u aa M^lonbia 170.
papiers. On le mène en triomphe à
Hanovre, où le conseil s'applaudit d'a-
voir pris un maréchal de France,
l'homme de conflance de la ligue dé
Francfort, enfin un homme qui jouait
un si grand rôle en Europe. Il esl
transféré en Angleterre ; on lui donne
pour prison le château de Windsor, où
il reste quelques mois, et il n'est
échangé qu'après la b^^aHIe de Fonte-
noy. La fletté du roi de France souf-
frait de TaOront que les Hanovricns
hii faisaient dans la personne de son
ambassadeur. On disait à Yersailles
que les Hanovriens avaient manqué,
dans cette occasion, au respect dâ à la
majesté impériale et au droit des gens,
en arrêtant sur les grands chemins, et
ainsi qu'un voleur, un homme revêtu
d'un caractère public. On disait à Lon-
dres qu'après la déclaration de guerre,
tout officier français, qui traversait
sans passe-port les terres du roi d'An-
gleterre, pouvait être arrêté de bon
droit; que le maréchal de Belle-Tsle
était officier et non ambassadeur, ce
caractère, d'ailleurs, n'étant point in-
délébile, et valable seulement a la cour
où le ministre est accrédité. Il n'y
avait proprement que la vengeance du
roi d'Angleterre d'intéressée A Thu-
miliation du maréchal de Belie-Isle.
Georges le regardait comme l'auteur
de la guerre d'Allemagne, comme un
homme qui 1 avait (orcé A donner sa
voix à l'empereur Charles VU, et qui
l'avait contraint, l'année i7H, d'ac-
cepter la neutralité « lorsque le maré-
thal de Maillebois menaçait I électorat
de Hanovre. Le maréchal de Belle-Isie
était donc regardé comme Tennemi
juré de la maison de Brunswick. A
ces désagrémens publics qu'essuyait
Louis XV, Il s'en Joignait de particu-
liers. La duchesse de ChAtcauroux^
de Metz, mourut du
HISTOIRB M HDH TBMPS*
lit
dVoir enoyé un traitement si rigou-
reox. La convalescence du roi réveilla
ses premiers feax ; l'amour, cpie la re-
ligion avait oiTensé, s'en vengea à son
tour en ranimant plus vivement que
jamais, dans le cœur du roi, sa passion
pour sa maîtresse. Dans le temps qu'on
négociait son retour, il apprend qu'elle
est morte. Jamais sacrement ne causa
tantde remords que celui que Louis XV
avait reçu à Metz; il se reprocha la
mort d*ane personne qu'il avait ten-
drement aimée : les désirs, qu'il ne
pouvait plus satisfaire, et des regrets
inutiles émurent si violemment sa sen-
sibilité, qu'il se retira pour quelque
temps du monde. La maladie de ce
prince, funeste à ses alliés et à sa
maîtresse, lui procura au moins la sa-
tisfaction la plus douce qu'un souve-
rain puisse avoir, celle d'obtenir le
nom de Bien-Aimé, désignation préfé-
rable an titre de Saint et de Grand,
que la flatterie et rarement la vérité
donnent aux souverains.
Si le roi de France éprouvait des
contre-temps, la Prusse était exposée
è des malheurs plus réels, depuis la
fAchcuse campagne de ITU en Bohè-
me : d'auxiliaire elle était devenue
partie belligérante, et le théAtre de la
guerre, qui était en Alsace, avait été
porté sur les frontières de la Siié-
sie. La mauvaise volonté des Saxons
s*était manifestée assez ouvertement
pour qu'on pAt prévoir que si cela dé-
pendait d'eux, ils tAchcruicnt d'attirer
la guerre au cœur des anciens États
prussiens. 11 fallait, pour résister à ces
ennemis, des dépenses exorbitantes,
et avec cela même, il aurait été pres-
que impossible d'éviter la ruine du
plat pays. Ces considérations faisaient
envisager la paix comme luoîquc
moyen de se tirer d'une situation aussi
• ritiqut. 1^ Fr^urr ^èlsU engagiSe
d'assister efficacement les Prussfcna,
Le roi écrivit une lettre pathétique à
Louis XV, pour lui rappeler ses enga-'
gemens ; il p^irut, par sa réponse, qu'il
était aussi froid pour l'intérêt de ses ■
alliés que sensible aux siens propres;
cependant la guerre de Bohème ne
s'était faite que pour sauver l'Al-
sace.
Il ne manquait plus, pour embrouil-
ler davantage la politique des puissan-
ces européennes, que la mort de l'em-
pereur Charles VII. Ce prince décéda
le 18 janvier de l'année 1745. Il poussa
la bienfaisance à l'excès, et la libéra-
lité à un tel point, qu'il fvlt réduit lujir
même à l'indigence. Il perdit deift
fois ses États, et sans sa mort, qui
prévint les malheurs qui l'attendaient,
il serait sorti pour la troisième fois de
sa capitale en fugitif. Ce fut là le mo-
ment de la dissolution de la ligue de
Francfort , & laquelle les Français
avaient déjà porté atteinte en ne rem-
plissant aucun des articles de cette al-
liance. Le nom de l'empereur avait
légitimé l'association des princes qui
avaient pris sa défense; toutes leurs
démarches avaient été conformes aux
lois de l'empire; dès qu'il ne fut
plus, l'objet de celte liaison se trou*
vait détruit. Les princes de l'empire
n'avaient plus un but commun, et les
mêmes intérêts ne les attachaient plus
à ceux de la Prusse. Il était facile de
prévoir que la nouvelle maison d'Au-
triche tenterait l'impossible pour faire
rentrer dans sa maison la couronne
impériale. A Versailles, on regardait
en secret la mort de l'empereur com-
me un heureux dénouement, qui allait
terminer les embarras de la France.
On était las de lui payer des subsides
considérables, et l'on se dallait de faire
avec la reine de Hongrie un troc de la
r4>uronn#» impériale contre une bonne
m
initwhinc»
paixv Ce 4|ai doontit to ftes d'imnr
t|ge i' la eouf de Vienne pour Téloc**
tien« c'est que le itéra des éleolmirs se
tiouy&itiHix gagea du roi d'Angleterre,
et que . ^élecU^a^ de Mayence , dont
FinOuence avait du pelda dans ka ié^
libéraliona de Fempire, était dévoué è
la rebie de Hongrie. De pluf , quel
candidat pouvait-on opposer au grand*
duo île To94«ue? L'électeur palatin
était trop faible, le jeuno électeur de
Bavière e'avait poiot encore l'Age pre»*
crit par la buiie d'or pour ^tre éligt«*
bjie- M U^ jiepértal étiiit recafdô
coipinie incompatible avec celui da la
PologoPi ce qui semblait escluro l'é-r
lecteur de Saxe ; il w restait danc que
le grand^dpc dei Toscane, aqulenu par
le^ anqéaa d^ la r^ine de UvogriOi par
rargcfit df^ Aoglaia et par lea intrî-
gijica du clergé. La cimr de Versailles
sentait les djAicultés qu'elle reneon-
tf erait cf lie fois à exclure le graod^r
duc du ln)oa ; ^ voqlut cependant
lui susciter des rivaux, pour rendre
Ifa <;pndi(io(\s de son accorpmode-
ip^t plua avantageuses. Le comte de
Sai.e contribua le plua 4 foire tomber
le chpii^ de la cour «ir Auguste. Ul,
tqp, d^ P^logpe, M' d!Arg;en^ou saisit
viv(î.q)eut cctlq jdée , dans )a vue de
bpouijlcr, par. cette rivalité» le roi de
Colore et h reinff de tiongrie ; il ne
qc^ltrouxer d'opposition à Icxécutiou
dff, cp. Iffojct (\^e de la part de la
Pf j^i^t^, étapt exactement inforiné des
spjia^ de mérx)nienleipent qui subsis-
taieotiUnlfc ce» de.q?^ princçs^
j ^ eS^i^ le roi de Pologne q'avait
rien pqgligé pour se rendre le roi de
Jffiêi^ ipconciliable. Dès le commen-
cemeqt. fie l'année iT*k, Auguste
^vait essayé de faire accéder la repu-
inique d4^ Pologne à l'alliance qu'il
irenait 4^ çoc^çiure avec la maison
qu'au raicwéBettent defanitié 4»
la pragmatique sanction. U repféaente
A In diète de Varsovie la oéoeaaiti
d'augmenter l'armée de la couronii^
de vingt mille hemmea, pour réaistar
aux desi$eiDs d'ua voisin ambitieux •
qui allait «fM^ntineut fondre sur la ré^
publiquct II conclut une aUianre of^
fepsive et défensive avec la Huaaîe;
tout le monde ae diaatt A l'e^iUe qu^
c'était contre la iVusie* Le roi de Po^
logpe ajant paàs^ pac la Silàîi? ppur
<»e cendre a la diète de Pologne^ il n'y
eut poipt d'impostifrea quil «ç débi^
tAt, tant à Varsovie qii'auJi autrea
cours de rf;ur9pe, sur la peu d*égarda
qu'oq avaiit eus pour sa famille pt ppi^r
sa personne^ qugiqcQ toui lea respecta
qu'on doit ai^x têtes couronnéca IhL
eus^enr é(é rendqs. Le paasage dea
troupes prussiennes par la Saxe fit
crier encore plus; on leur alléguait,
concerne exemi^le pareil, qu'çp Tannée
17U les Saxons avaient passé par le
Brandebourg pour attaquer les Sué-
dois; Us trouvaient m exemples bous
pour eux et mauvais pour tes autres.
On avait oflert au roi de Pologne de
prandrc win de ses intérêts, de marier
la princesse Marianne, hix Gllc, au ffy
de Tempereur. Les ministres français
et prpssiens n'épargnèreu* pas môme
des pHTrcs considérables pour gagner le
cpmte de ***, et poqr lui persuader de
prendre le parti de l'empereur ^ le tout
en vain. La place était déjà occupée
par les Anglais, les Autrichiens et les
Uusses. Tant de traits de mauvaise vo-
lonté, de la part des Saxons, n'empê-
chèrent pas qu'avant la guerre le roi
rie permît à six ré^imcns, qu'ils avaient
en Pologne, de traverser la Silésie
pour se rendre en Lusace.
Stolon le traité du roi de Pologne
avec la reine de Hongrie, il nç devait,
4:Mtric)w, e^qw P*i^^t prw^^ment en ca^. de guerre, lui (burnir que aix
■mon» B^'MvvEOTs.
fit
nMê hoiMMf* Bfes (|M tat Pmisfeiw
forent en Bohème, ringl deox mille
Saions se Joignirent aoi Autrichiens ,
et 11 Saie interdit tnx Prussiens le
passage en vivres et des «unitions 4e
guerre \ ètÊa élait équivalent i nne
déclaration de gKfte dans les formes*
Lo rai do Prusaoemt devoir avertir oea
foisira« ai «diaméa contre lui, dea
■umvaiaos airires ipi'îb allaient s'atU-^
rot i oux^HKénes. Cette déclaration ,
poot-4tre f^ito à eontnMorops , ré«
voitt leur amn«irMpropre4 et augmenta
OMore la hame q»'ils portaient aux
Pmsaloiis; Lorsque eeux*H:i abandon-*
BèPOdt in Bohème, le eonite *** attri-
hM lev melheoi h son habileté ; il dit
qa» in retno de Hongrie devait la Bo*
kèmeè 4a valeur des troupes saionnes,
oèae VMta d*ea avoir dMssé les Pnis-
7^-**% non oonleiii do ces fiinfiirann»*
des, avait surtout à ocrar de brauillor
I» i%i dé ItroBSè evco la république de
PMêgffé: H ftiot se rappeler qu'il j a
liM toi ^sévèMv dons cette répubHqoe,
dMitrocen qui eatrompont un mem*-
BMde lo^dièto. ^*% à force deréeoro*
fonflÉ»« engagée un staroate, nommé
WilexoirslLy, è déclarer en pleine diè-
te q|M le ministre prussien Tavalt cor**
rémpo Moyemufnt lar somme de cinq
nriMe dirais; ce qu*H Qt dHm air re^
penlant et d^nl Ion de irrité qui oih
ftlenVptt séduire; mais il fut sévère*
Mtal etamind , et confondu par ses
pftéfHM'déposllhms. La diète de Grod^
H» fM rompue itieonlinent, a|irès
qjÉ^HofMt rejeté PalNmce de TAutri-
dié «I rsTÉgiMiilatiion de Tarmée. La
Mlè^ie fourmlRaii alors de méeon-
flMs, eonfeme t*est rordinaire dans lei
éùM ttfbMeêiïië , tfà H Hbertô n^
MibsisteMe pav les partis dMTérens qui
«Mtieiimntf riîeriiAtivemeiit ramfoi«-
ooiitpns offHrenI an roi de i^russe do
faire une confédération contre les
Ciartortnsky, les Potocky, ou propre-
ment contre Auguste III. C'aurait été
le moyen de susciter bien des cmbar*-^
ras au roi de Pologne ; mais le rot de
Prusse, qui, loin de vouloir attiser le
feu de la guerre, désirait de Téteindre,
eut assez de modération pour conseil*
1er à ces palatins de ne point troubler
la tranquillité de leur patrie ; il fit mê-
me oflnr a ce pnnco, qui l'avait si vi^
vement oflbnsé, et qui voulait rctouiv
ner en 8aia, toutes les sàrelés qu'il
pouvait souhaiter pour son passage
par la 8ilésic. Les refus (Ugiugustc III
ne se ressentirent pas do la politesse
qui régnait autrefois à sa cour ; il prit
lo chemin de la Moravie, province dont
il méditait la conquête en 17^2. Il s'a*
boucha avec Tcmpcreur à Olmutz, d'où
il poursuivit son eliemin par Prague
pour se rendre è Dresde. *** et son
épouse se rendirent à Vienne, où ils
re(!ueillirent les fruits de leur polili-
que.
Dès que ^'* ftil de retour h I>resdo,
il eipédia son premier commis, son
homme de confiance, un certain Saul,
à la cour de Vienne, pour régler avec
Bartenstein, ministre de la reine, le
partage de la Silésit- . Ce fut un article
secret, qnVin ajouta au traité de Var-
sovie. On promettait an roi de Pologne
la principauté do itloga*i et celle de
Sagan ; il s'engageait è faire agir of-
fensi ventent ses troupes en Silésie, è
renoncer à ses prétentioiis à la cou-
ronne impériale, et à donner sa voix
an grand-duc de Toscane; il oOrait,
de plus, de porter son corps d'aoïi-
Kaires à trente initie hommes. On dif*
fère sur les avantages que la reine de
Hongrie promit au roi de Pi>iogne :
quelques personnes prétendent que là
eeer es ^^ieapÉ«e se^dÉargea aimplOi-
■^:
ment d'aroir soin de ses intérêts i la ^
pacification générale, et qu*eUe pro- ,
mit an comte *** la principauté de
Teschen avec la dignité de prince de ;
Fempire. Quoi qu*il en soit, il n'est pas
naturel que le roi ait été séduit par ces
dernières conditions ta vraisemblance
donne du poids an partage de la Silé-
sie stipulé par le traité, et ce qui aug-
mente ies apparences, c'est que le
comte de Saint-Séverin, qui était pour
lors ambassadeur de France en Polo-
gne, crut a%'oir découvert cette parti-
cularité, dont le bruit était assez géné-
ralement répandu.
Tant dcMl^ilés, entre ta cour de
Vienne et oslle de Dresde , augmen-
taient les ombrages que ta Prusse en
devait prendre. Le temps d'ouvrir ta
campagne approchait. Cagnoni, chargé
des affaires de ta Prusse i Dresde, re-
çut ordre de faire expliquer le comte
de *** sur l'usage auquel il destinait
les troupes soioune^ qui se trouvaient
en Bohème, en an mot, de tiier de
lui une déclaration catégonquc, si ces
troupes allaqueraient les provinces de
la domination prussienne ou non. ***
battit ta campagne et crut dissimuler
ses intentions, qui étaient connues de
toute r£urope. Ces deux cours étaient
en ces termes, lorsque ta France fit
proposer au roi de mettre ta couronna
impériale ^ur ta tète d'un ennemi qui
l'avait si grièveonent offensé. Si ce
prince n'avait consulté que son resaein
timent, il aurait rejeté bien loin une
semblable proposition. Il prit un parti
plus modéré. L4 saine politique de-
mandait qu'il employât tous les moyens
possibles de désunir deux cuurs qui s'é-
taient liguées contre lui. Au cas que
le titre d'empereur flattât le roi de
Pologne, ses prétentions et celles de
ta reine de Hongrie devaient les ren-
dre jnéconriltablfi ; alart lemaiail
beau jeu, car, en s'aeeooMMMiml wmm
la nuiism d'Aotriche, il pouvait fruH
trer Auguste du trdoe qu'il brîfCHWk
Mais ce qui rendait ce projet de \a
France impossible dans Teiéciilioa^
c'est que ta couronne impériale el côml
de Pologne ne pouvanl pas ae léBBk
sur la même tète, il aurait falhi
taUement qu'Auguste abdiquAI
de Pologne, ce qui ne hû élaii p»
permis selon les lois du roymuBe^ Le
roi de Prusse ne fit don^ fialnt le éH^,
fiole, se prêtant à tout ce que ta
ce exigeait de lui pour travailler,
jointement avec elle à ce profel
mérique. M. le chevalier de Co«l
avait été chargé de cette négocintioA
à Berlin ; il s'était attendu A treaver,
de ta pari du roi, plus de réstttaoee à
consentir h l'élévatioa de son em^Bmà^
et il regarda son consentement coasom
une marque de ta oeodesoeBdanoe da
ce prince pour sa cour.
Mais le roi n'eut pas liead*èlreaB9ri
satisfait des ptans que ce mioislre poH
posait pour ta campagne procheiiiCk .
Malgré ses parûtes emmielléea, oo aVlr ^
percevait que te dessein de ta Fruit
n'était point de faire des efforts «t
faveur de ses aUiés. On ne prenaii m$t
cun arrangement pour les subsislaaoai
de l'armée de Bavière; on vouiaiidîfri
férer, le plus que l'on pomrail, TMkr
verture de ta caa^Kigye. Les ABeer
mands devaient assiéger Pasaaa « Joi
Français Ingoatadt, et penonne q(
pensait aux entreprises que les AiMn
chiens pouvaient tenter dans cet ijirr
tervallc. L'armée de M. de klaiUebo«|
s'était reUrée de ta Lahn derrière ^le
Mein ; les Français voulaient ta vp^r
forcer et la laisser dans l'inaction. Les
principales forces de cette monanMv
devaient se porter en Flandre» oà
Louis XV avait réaola de (aire oip
La diversion deiii
mSTOIIlK IIB MOU TBlirS.
1^.-)
.->(■
le pays de Hanovre^ stipulée par le
traité de Yersailtes, fut absolument re-
jletée alors par le ministère. Après que
le roi eut épuisé toutes les raisons qui
auraient pu faire changer de sentiment,
le ministre de France, il dressa une
espèce de mémoire, qu'il envoya à
Louis XV, et dans lequel les opérations
militaires des armées étaient adaptées
aux vues politiques des deux cours,
et leurs mouvemens compassés d'a-
près la situation actuelle on elles se
trouvaient, d'après les conjonctures
présentes et la possibilité de rexécu»
tion. Il y était proposé de porter l'ar-
mée de M ailiebois au-delà de la Labn ,
entre la Franconie, la Westphalie et
le bas Rhin, -afin de brider l'électeur
de Hanovre par ce voisinage , et de
l'empêcher d'envoyer des secours en
Bohème pour favoriser l'élection du
grand-duc. Cette armée servait, de
pins, à tenir tous ces cercles en res-
pect, de même qu'à protéger l'étecteur
palatin, le landgrave de Hesse et tous
let alliés 4« défunt empereur. Quand
même ce moyen n'aurait pas été sulB*
sant pour exdure entièrement legrand-
duc du trêne Impérial, il rendait tou-
jours les Français maîtres de traîner
en longueur cette élection ; et qui ga^
gne du temps a tout gagné. Le roi in-
«fittait également pour qu'on pourvût
Tirmée de Bimere de subsistances,
^si que d'un bon général, et qu'elle
sTaBSerobiàt aussitêt que les Autrichiens
commenceraient à remuer dans leurs
quartiers, aQn que les Prussiens et les
Bavarois fissent leurs efforts en même
temps contre leur» communs enne-
mis. 11 avertissait nussi ses alliés que
la campagne de 17U l'ayant fait reve-
nir de la maxime de poursuivre avec
ardeur sa pointe, il ne s'enfoncerait
plus dans le pays d*; la reine qu'autant
qa*il pourrait être suivi de^ ses subai»-
tances ; qu'ayant les Autrichieiih ci [<»
Saxons sur les bras , étant , de plu»,
menacé par les Russes, il avait besoin
do redoubler de prudence, et que si
les Français ne prenaient pas de bon-
nes mesures pour traverser Télection
impériale, il se trouverait dans la né-
cessité de faire sa paix avec lu reine
de Hongrie. Les Français envoyèrent
sur cela M. de Valori à Dresde, pour
persuader au roi de Pologne de bri-
guer le trône impérial ; mais le traité
de Varsovie , l'ascendant des Russes à
cette cour et les.guinées anglaises
liaient les mains aux Saxons.
Ce prélude confirmait la cour de
Berlin dans l'opinion que le granitduc
deviendrait empereur, que l'armée des
alliés serait malheureuse en Bavière ,
que les Français n'auraient à cœur que
leur campagne de Flandre, et que
leurs alliés feraient sagement de pen-
ser à eux-mêmea. Il eût été à souhai*
ter qu'on pût parvenir à pacifier tous
ces troubles, afin de prévenir une ef*
fusion de sang inutile ; mais les tisons
de la discorde jetaient de nouvelles
étincelles sur toute l'Europe, et la
bourse des grandes puissances n'était
pas encore épuisée. Les Prussiens en-
tamèrent, à tout hasard, une négocia-
tion avec les Anglais ; ils se fondaient
sur Tespérance de trouver alors les es-
prits plus enclins à la paii , et sur une
révolution qui venait d'arriver dans le
ministère anglais. Depuis que le lord
Carteret avait fait le traité de Worms,
la nation anglaise avait changé de dis-
positions à son égard. On lui repro-
chait d*être emporté, fougueux, et
d'outrer tout par un efiet de sa viva-
cité. Un mécontentement général obli-
gea le roi à renvoyer un ministre qui
était entré dans toutes ses vues, et qui
couvrait, sous l'apparence de l'intérêt
national, tant ce qote Geargas <mait
1»
.r^i*
fMmàÊM n.
dans rintérèt de sdb élèet«rat« Gd
prince ent la roortiflcatîon de ne pas
pouvoir disposer des seeaui , et fut
obligé dé les remettre au dae de New-
caslle. Lord Harrington devint tntnis^
ire : le peuple appela ee oouveaa con<^
sell la faeifon é^ Peihoms, parce que
ceux qui \^ composaient étaient de
cette famille. Ces nouveaux minisirea
éeerlèrent toutes les créatures de Car'-
teret ; mais ib ne pouvaient rompre
les traités qu^ll avait gM€Iqs« ni ehaii**
ger subitement le mouvement hnpulsit
qu*tt avait donné au \ affaires générales
de TEurope. Carteret était faux ; Il ne
savait pas garder tea ménogemens ifue
lescaraetèrcë les plus maHionnAlesero-*
pMent pour d<^uîser leurs vices. Har*
rhiglon avait la réputation d'homme
de probité ; plus timide que son pré*
dé^sseur, Il réparait ce débnt par
toutes les qualitéa d'une ftme bien née.
Prévenu par le caractère personnel du
aalni^re, on tenta par son moyen de
trouver aebemlnement à la paix gêné-
mie. Voici quelques idées esquissées
qu'ooi loi oomannlqua : on pourvoira
àon Pliiltppe d'un élabHsscmenl en
Italie ; la France gardera de ses oasH»
qoéiea, Ypras et Furnes, moyennant
quoi fBspagne prolongera poor vingt
aniiéea, on plus, la contrebande des
Anglais ; tous lea alliés recomiattront
«Mpereuv le grand^duo de Toscane;
la Pmsae demeurera en possession de
4a Silésie, seien la teneur du traité de
Kreslau. Les nàiiatrea anglaia dédi^
«èrent la négouialloo sur ces artides;
c'est que le roi désirait la coniinuaHen
de la fnem, et qn'il contrecarra toe^
iM lea mesurée des Felhams pour la
terminer. La cause de ces refus obati^
iaés (ht enfin découverte à 1^ Haye.
Le plus beau génlOt et en mAme temps
ybomme le plus éloquent de l'Angle-
:«Bm, te-ilenl GhqsterOeM. élei^ elora
ambaaaadeor en HoNendet 'A be oneha
point au comlede Podewils, mlniatre de
Prusse ouprèa des &tat»HK^'eu&, que
le traité de Varsovie mellaii dos enlra^
ves i la benne volonté dei PeUiaiM«
que par oenséqueet le roi de.Pniese
ne pouveit ffbimt se fleUar de réuasii
par des iiégeokilioDa« meU JevaU &*op-
poaer vifonreHaernent «ux desseins do
ses emienms, qui irawaienfc sa perte.
Cela n'empAcha pas q^ lui fréquentes
insinoetiona ds ministre prussien à
Londrea neooneiliasaent entièrement
au roi de Prusae l'affsctiop d«i hou <^
veau ministère, qui fit assurer ce prÎH^
ce qu'il n'attendait q«e ke oceasioiis
pour le servir. I^ conseil de leni Chee-
terfleid était le meiHeer ^u'on pût sni^
fit.
On continua de négocier ; maia l'at^
tentioii principale du foi se tourne anr
lea ob)^ qui pouvaient lui esaum
d'heureus snccèa peur la oampagM
paodNdne. Un dea pkia Impertam.
aana doiHe, était de Corner en SUélie
de gros megesina) rien «e fU épaagnd
peur les rendre conaidéraUes. Oo it
dea efforts peor reeonpiéter lea trwk^
pea. Le aeldat était bngemeiit entre^
tenu dana les ipartieta d'Mv^r, la ca*^
Valérie était remontée et consplète;
plus de sis miUieea lurent tirés de
u^éaer po«f fouraiff à ten^df fraie; l^s
Étata avancèrent, à titef d*empHint«
quinie cent mlHe é<|us. Toutes eei
aomeoea furent dépenaéea neur que le
mi put réparer en Vtk^ lea fisirtea qu'il
avait faitea en Bohème en t7H« Après
evoir rois le dermèfo main à cea j^é^
peretifs* lo roi partit (i) de Berlip
pour se vendre en Silaaie.
11 apprit en chemin que l'éleeteer
de Bavière avait signé, evee la reine
de UongriOt le tiaité de f ùiaen*. tçîi^
W4»
HurroiRB'Pi MM ïïwmn.
laft
cenrteeiid catta ptix fut ammiée. I»-
médiatemenl «près la mort de Temp^
reoTi SeckeiMlorff «'élidi démit da com*
mmdemenl.de ranaée; tnai* il en
avait ai maldiipoaé lea qoariien, que
sçfi ttoupet élaienl éparpîliées; le ter*
rtîp. qu'elle» oecupateot é4ait trop vaa-
t|ul^ AutrfchîQii9« maiires dea places
fqUbaa et du com% an IlaDube« voyaient
doiiQclle iinporUticQ il était pour eux
de.llQ^d'ttii e&ie, avant de comoaen*
cer leurs opérations d'un autre; ils ju«^
gèrent, par la position des Bavarois et
de leurs alliés, qu'ils en auraient bon
marché. M. de Bathyani prévint ses
ennemis, qui étalent tirois Tois plus
forts que lui, mais qui ne voulaient se
rassembler qu'à la fin de mai. A îà tète
de douze tuille homme$« q^i compo-
saient toutes ses forces, il parait entre
Braunau et Scharding, fond sur les
qttartiers dispemés dea alliéa, leur
piftnd Pfjuiiirdien, Wilshefen et I^ud*
9|iii(« avec le peu de magaiiiui que lea
Buvaroia y avaient amassés, en même
limps qii'im autre détachement d*Au-
tnebiena paase lu Danube à OeckeiH-
i^rff, caupe lea Hessois des Bavarois ^
lef. oblige à passer Vl^n, ensutte à
iq^Ctva h9B les lutnes, et chaeae les Bar
laroia 49giti(a aunlelè de Munich, Le
jflIfiei.^lecteilVf à peine souverain, eat
qirtigé <|e quitter sa ci^pitale a Texem-
pli îi^ëon pare et de son grand père;
iJ49 retire à Augsbourg. M. de Ségur,
•feç Ifi^ Français et les palatiqs qu'il
ayilit sQua aon oommaudenteut t n'é*
prouva^ pa> un nort.phis favorable; il
t^ tmUu en se retirant auprès de PCs^
feQhofen. Lea Autrichiens occupèrent
ea même temps le pont du Hhiu , ce
«|iii,le mit dans la nécessité de gagner
Oopauwert avant reanemî. Tandis que
tes Bavarois, fuyant comme un trou-
Pfsau sons bef gcr, se sauvaient à Fp^d-
;, itoqkeiiporff f)q^ai9it ^ la «N|r.d«
rélecteur de Bavièfo dans ee bonle*^
versoment total, non point conune un
héros qui trouve des ressources dana •
son génie lorsque le vil peuple déses-
père, mais comme une créature de ta
ceur de Vienne, et avec Tintention de
séduire un jeune prinoe sans expè^
rience et accablé de malheurs. Lea
Français avaient déjà, dès 1» eampa«*
gne précédente, soupçonné ce nuffé^
cbal de s'être labsé corrompre, parée
qu'en Abace il n'avait pas agi centra
les Autrichiens emiformément à ce
qu'on devait attendre de hii ; on Ta-^
vait trouvé aana énergie lorsqu'il att»*
qoait l'énnemL, et flami, dana la pour*
suite, lorsqu'il pouvait le détruire. On
Taccusait d'avoir à dessein séparé lea
quartiers des alliés , pour lea livrer,
pieds et poings liés, à leurs ennemis.
On avançait même qu'il avait reçu de
la reine de Hongrio trois cent mille
Horias des arréragea qui lui étaient dua
par l'empereur Charles VI, pour déd^
der rélecteur de Bavière à faire aa
paix. Il y a apparence que ta cour de
Vienne lui avait fait entrevoir dea
avantages ; on pouvait lui avoir promia
cette fortune; mais alors In cour de
Vienne n'était guère en état de l'ac^
quitter. Ce qui dépose le plus contre
lui, ce sont lea mouvemens qu'il se
donna pour accélérer ee traité de Fiis-.
seu. H produisit de fausses pièces an
jeune électeur ; il lui montra des tat»
très supposées du. r^i de Pruase, dans
lesquelles celui«*ci loi faisait part de ta
paix qu'il allait conclure avec la reine
de Hongrie ; il fit valoir des avantages
imaginaires que les armes de cotte
princesse avaient remportés en Flan^
dre et en Italie ; enCn il le conjura de
terminer ses différends avec elle, pour
éviter sa ruina totale. L'électeur, jeo««
oeet saus ei^péricncet se laissa entrai*
pjsr iaa.(;KéatQimidii tatanoi^te
116 ndoÉUG n.
Yieénev dont Sèckendorff rayait en- f rear décède, son flh Mt la pafx* afoc
▼ironné. L'empereur, son père, lui dit
en mottrant : < N*oubKec jamais les
» serrices que le roi de France et le
» roi de Prusse vous ont rendus, et ne
B les payez pas d'Ingratitude. » Ces
paroles, qu*il avait dans Tesprit, ren-
dirent un moment sa plume immobile
entre ses doigts ; mais rablme où il se
trouTait, les impostures de Sècken-
dorff et l'espérance d'une meilleure
fortune, le déterminèrent à signer le
traité de Fiissen le S2 avril de l'année
1745. Par ce traité, la reine de Hon-
grie renonça à tout dédommagement,
et promit de rétablir l'électeur dans la
possession entière de ses États ; de son
cété, l'électeur renonça, pour lui et
pour sa postérité, à toutes les préten-
tions que la maison de Bavière avait
aux États de la maison d'Autrichd ; il
adhéra à l'activité de la voix de Bohè-
me, et engagea la siai^ne pour l'élec-
tion du grand^uc à la dignité impé-
riale ; il promit, de plus, de renvoyer
ses aoiiliaires, à condition qu'ils ne
seraient point inquiétés dans leur re-
trace, et que la reine de Hongrie s'en-
gagerait à ne plus tirer de contribu-
tions de la Bavière. Ces derniers arti-
cles forent si mal observés par les
Autrichiens , qu'ils désarmèrent les
Hessois f^ les menèrent prisonniers
en Ho.igrie> et que sous prétexte d'ar-
rérages, ils tirèrent encore de grosses
contributions de la Bavière. C'est ainsi
que Gnit la ligue de Francfort, et que
les Autrichiens firent voir que lors-
qu'ils sont soutenus par la prospérité ,
rien n'est plus dur que le Joug qu'ils
imposent. Mais quel spectacle plus
instructif pour les bisognnti dighria et
peur les politiques qui se flattent de
déterminer les futurs contingens, que
le résumé de ce qui arriva au com-
uMneraiMt de cette année? L'empe-
la reine de Hongrie, le granéduc de
Toscane va devenir empereur, le trai-
té de Varsovie ligue la moitié de l*En-^
rope contre la Prusse, l'argent prus-
sien rétient la Russie dans TinaetiOn,
l'A ngleterm commence à pencher pour
la Prusse. Le roi avait bien pris ses
mesures pour se défendre ; c'était done
de la campagne qui allait s'ouvrir qu'al-
laient dépendre la réputation et la for-
tune des Prussiens.
CHAPITRE XI.
Campagne d'Italie. - Campagne de Flandre.
— Ce qui «c pa sa »ur le lihin.-— Évéïie-
mens qui précédèrent lc« opérations de l'an-
née 1745.
Pour ne point interrompre dans la
suite le fil de notre narration, nous
croyons qu*il est à propos de rapporter
en abrégé ce qui se passa en Italie, en
Flandre et sur le Rhin, avant que d'en
venir aux opérations des troupes prus-
siennes en Silésie. il faut se rappeler
que M. de Gages avait pris son quar-
tier à Teruf , et quil établit ses Espa-
gnol et ses Napolitains des deux côtés
du Tibre. M. de Lobkowitz avait son
quartier à Imola; rarmée de don
Philippe était en partie en Savoie
et en partie dans le comté de Tiice.
Les Espagnols ouvrirent la campagne
par la prise d*Oneglto. L'armée fran-
chaise et espagnole s'asseikinla aux envi-
rons de Nice. Le prince de Lobkow/tz
s'avança alors jusqu'à Césène ; M. de
Gages marcha i hii, le battit, le 31
mars, auprès de Rimini, lui Ht sept
cents prisonniers, le poursuivit jusqu'à
Lugo; le prince Lobkowitz se retira
par Boulogne, passa le Tanaro et se
posta A Campo-Santo. M. de
■ISTOUU UB MOA TBJm.
I«7
pana presqoe en inènie temps le Ta-
naro auprès de Modène, et s'avança
sur les bords de la Trébia, d*oii il s'ou-
vrit une GommunicatioD avec Finfant
par l'État de Gèoes. M. de Lobl^owiU
marcha a Parme, où il assembla quinze
mille hommes, dan? J'espérance d'em-
pêcher la jonction des deux armées ;
mais M. de Gages passa l'Apennin et
la rivière de Ma^a, sans s'embarrasser
des troupes qui harcelaient son arrière-
garde, il défila sous les murs de Gè-
nes, et gagna la bataille de Polsevero ;
ce qui engagea les Autridiicns à se
porter sur Tortone. Don Philippe et
Maillebois quittèrent les environs de
Nice le 1^ de juin, marchèrent le long
de la mer en remontant la rivière de
Gènes, et continuèrent leur route,
sans s'inquiéter de douze vaisseaux de
guerre anglais qui leur lâchèrent de
grandes bordées de canon à leur pas-
sage et leur tuèrent quelque monde.
Les Espagnols éprouvèrent alors a la
fois les effets de la bonne et de la
mauvaise fortune. Les Piémontais fu-
rent assez rusés pour leur brûler huit
magasins aux environs de Vintimiglia.
Dans ce temps même, les Génois se
déclarèrent contre le roi de Sardaigne,
et joignirent leurs troupes, consistant
en dix mille hommes, à celles de l'in-
fant. Les AutriiJiiens, qui ne connais-
saient.ni le mérite ni le prix des bons
généraux, avaient renvoyé le maré-
chal Traun, qui s'était surpassé l'an-
née précédente, tant en Alsace qu'en
Bohème ; ils choisirent le prince Lob-
kowitz, pour le placer à côté du prince
de Lorraine. Lobkowitz fut donc rap-
pelé d'Italie, et le comte dn Schulen-
boorg prit son poste jusqu'à l'arrivée
du prince de Lichtenstein. auauel la
cow avait déféré le commandement j
de son armée d'Italie Schulenbourg
jua tut IMS plus heureuv' «atUi^ l* .U
'è-ti, i»»0 ' ■
Gages que ne l'avait été >ou prédéces-
seur, tant le génie do. cet Espagnol
avait d'ascendant sur celui des géné-
raux autrichiens. De Giiges poussa son
nouvel adversaire de Novi jusqu'à Ri-
valta, tandis que don Philippe péné-
tra dans le Montferrat par Cairo, s'em-
para d'Aqui, se joignit avec l'armée
napolitaine et espagnole à Asti. Schu-
lenbourg passa le Tanaro, et se posta
au confluent de cette rivière, dans le
Pô, auprès d'un bourg nommé Bassî-
gnano. L'infant saisit cette occasion ;
il fit investir Tortone et marcha aux
Autrichiens, qui se retirèrent au-delà
du Pô, brûlant et détruisant derrière
eux tous leurs ponts. Tortone, avec sa
citadelle , se rendit aux Espagnols. Un
secours de huit mille Espagnols et
Napolitains arriva de la Romagne sous
les ordres du duc de la Vieux ville,
passa par le grand-duché de Florence,
prit Plaisance et sa citadelle, et con-
traignit les Autrichiens à quitter le
territoire de Parme. De Gages passe
aussitôt le Pô à Parpanasso, tandis que
l'infant quitte Alexandrie, franchit le
Tanaro, attaque les Autridiiens, le 37
septembre , à Bassigiiano et remporte
la victoire; il met le siège devant
Alexandrie, qui se soumet, à la cita-
delle près ; Valence, Vigevano et beaik»
coup d'autres villes, que nous suppri-
mons, reçurent la loi du vainqueur.
Dans ces conjonctures, arrive le prince
de Lichtenstein, pour prendre le com-
mandement d'une armée battue, af-
faiblie et découragée. Il ne s'agit point
d'examiner si la cour de Vienne au-
rait pu faire un choix différent de gé-
néraux ; il est toujours sûr que celui-
ci ne porta aucun remède au délabre-
ment des affaires. Personne ne s'op-
posa aux progrès des vainqueurs; ils
prirent Casai, Asti et Lodi au roi de
Sardajgpe. . L'in^pt eatm vidUirieui;
dans Milan, et blcxiua, avec dtx-halt | çaisd'outiir la tnaickéelti^ite
ttiillc hommes, la citadelle de cette
yifie. Les Espagnols étaient donc, à la
Un de cette campa«(ne, maîtres de
presque toute la Lombnrdie, è Texcep-
tion de Turin, de Mantoue et de quel-
ques citatlenes qti*il:i tenaient blo-
quées. Ces succès rapides étaient dus
au génie de M. de Gages, et en partie
au secours des Génoist. La prospérité,
tomme nous Tâtons dit, est confiante ;
die asSou|rft ces Vainqueurs de Tltalle
à rombrc de lèurs lauriers. Il était in-
dispensable, pour assurer leurs quar-
tiers, qu'ils possédassettt les citadelles
rie Milan et d'Alexandrie. Un peu d'ac-
tivité aurait suffi pt)ur les en rendre
maîtres; mais ils manquèrent d'halei-
ne, lorsqu'il ne leur restait que quel-
ques pas à faire pouf remporter le
prix de leur course.
rent cette année en Flandre comme
en Italie. Louis XV s'était mis h la
tête de «on armée de Flandre, compo-
sée de quatre-vingts mille hommes : le
maréchal de Sa\c commandait sous
liiî. A l'ouverture de la catnpagné, les
Français firent de Fausses démonstra-
tions sur diflTérentes places, et ils in-
Yestirent subitement Tournay. Celle
ville, une des principales places de la
barrière, était dérendue par une gar-
nison de neuf mille Hollandais ; la bon-
té de ses ouvrages et la force de la ci-
tadelte, que A^auban avait construite,
préparait aux assiegeans bien des obs-
tacles et des diflictiltés & surmonter.
Les alliés, sous le commandement du
duc de Cumberiand et du maréchal
Kœnigseck, n'avalent que cinquante
mille hommes A oppw^er aux forces
des Frtnçnis; ils s'avancèrent cepen-
dant du cM de Tottrtiay, et vinrent
camper dans les plaines d'Ahderlech.
Les alliés, sentent de quelte impor-
tance il était pour eux de aaMtr
Tournay, résolurent de lo«t iMsarder
pour obliger Louis XV à lever ce M-
ge. Du cAié du Sud, en remoritanfrla
riv^ droite de l'Escaut, estaitoé léMl-
iage de Fontenoy, lieu jusqtt^akrs
obscur, mais qui est devenu célèbre
par révènement qui perte son tiolli.
Ge fut dans cette contrée qee le maié-
chol de Saie choisit un leffailt ^iTil
crut assez, avantageux po«f rénvefMr
les projets du duc de Cumberlaiid ien
s*y présentant. Il ne loissa an siège
qu'un nombre suffisant de trOtapes
pour le continuer ; il appuya sa driHle
è l'Escaut, garnit d'infanterie et de
canons le village d'Antoing, sittlé Éa
bord de cette rivière, forma ses deux
lignes d'infanterie en poleiice vert le
Les armes des Bourbons prospéré- mont de la Trinité, qui se tronvallà
l'extrémité de sa gauche ; sa cavaierfe,
rangée derrière son infanterie, for-
mait sa troisième lignû; do plus, 'le
village d'Antoing était flanqué d'atte
batterie qui s'élevait sur l'autre rive le
TËscaut; trois redoutes, lardées dtîl-
fenterie et de canoii, cotivraieiit aio
front de bataille; vers la gaoche de
son armée régnait un bots où tes Vrtti-
Cais firent des abatis pour le renfte
Impraticable. Le 11 mai, dès Taute tfai
Jour, l'artnéc des alliés déboucha di
bois de Bary, et se forma dans la pbâ-
ne, sur deux lignes, visè-vîs de Tar^
mée française. La gaurbe des alites
engagea l'affaire. Les troupes hoAltt-
daiscs devaient attaquer les villages
de Fontenoy et d'Antoing; elles l'y
portèrent mollement, et furent ddîz
fois de Suite vigoureusement repôj^
secs par les Français. Alors les Aiij^iis
détachèrent quelques brigades pour
s*eraparer des redoutes qui couviMMit
Cv vtrfsMage tf èmpedtà pas IM fVèh- 1 le front de Tarmée rriDi|àlle:leg£B.
UISIOIRE D^
rai ;|ai fiit chargé de cette commission
ta IroaTa pcnt être dangereuse' et ne
l'exécuta pas. M. de Kœnigseck, ju-
geant qu'il perdait du monde en détail
et qu'il n'avançait pas, voulut brus-
quer l'aRaire. Il attaqua Tarmée fran-
faise, en laissant les villages et les re-
doQted derrière lui. Si ce projet lui
avait réussi, tout ce qu'il y avait de
Français enrerroés dans c^ postes au-
Irait été fait prisonnier après la vic-
toire, ce qui aurait rendu cette ba-
taille le pendant de la fameuse bataille
ûe Hœchstsdt; mais l'événement ne
Irépondlt pas h son attente. M. de
Kœnigseck forma deux lignes d'infan-
terie vis-è- vis de la trouée qui est en-
tre Artoing et le bois de Bary; en
tTan(ant, il reçut le feu croisé qui
Ïartait du village et des redoutes ; ses
ancs en souflirlrent et se rétrécirent ;
^n centre, qui en soufTr&it moins,
continuait d'avancer; et, comme ses
ailes se repliaient en arriére , son
corps prit tfne forme triangulaire, qui,
par la continuation du mouvement du
centre et par la confusion, se changea
(en colonne. Ce corps, tout informe
qu'il était, attaqua et renversa les gar-
des françaises, perça les deux lignes,
et aurait peut-être remporté une vie
toire complète, si les généraux des
iDiés avaient mieux su proOter de la
confusion où étaient leurs ennemis, lis
avalent ouvert le centre de l'armée
française ; il était aisé de séparer leurs
colonnes en deut, et, par un à droite
et on à gauche, ils prenaient en flanc
toute l'infanterie qui leur restait op-
posée; ils auraient dû en même temps
faire avancer la cavalerie pour soute-
nir leurs colonnes ainsi divisées ; il est
probable que c'en aurait été fait des
François, si le!» alliés avaient sui\i ces
idées. Mais dans le temps que ceux-ci
voulaient femédier i leur propre con-
Iv'fc.
fusion» le maréfclMl de Sax« les til .at-
taquer par la maison du roi et par les
Irlandais qu*il avait mis en réserve, i-t
il fortîGa cette attaque par les déchar-
ges de quelques batteries formées à la
b&te. Les Anglais se virent ainsi assail-
lis à leur tour ; on les pressa de tous
celés, en front comme sur leurs flancs.
Après une vigoureuse résistance, ils
plièrent, se rompirent, et les Français
les poursuivirent jusqu'au bois de Bary .
Seion Topinion commune, a'tte ba-
taille coûta aux alliés dix mille hom-
mes, quelques canons, et une partie
de leurs bagages. Ils se retirèrent par
Leusc, sous le canon d*Atli, au camp
de Lessines, abandonnant aux Fran-
çais et le champ de bataille et la ville
de Tournay. Louis XV et le dauphin
se trouvèrent en personne à cette ac-
tion. On les avait placés auprès d*un
moulin a vent qui était en arrière ; de-
puis, les soldats français n'appelaient
leur roi que Louis Dumoulin, Ce qu*il
y a de certain, c*est que le lendemain
de cette bataille, Louis XV dit au dau-
phin en passant sur le champ de ba-
taille tout ensanglanté et couvert de
morts : « Vous voyez ici les victimes
» immolées aux haines politiques et
» aux passions de nos ennemis ; con-
A servez-en la mémoire, pour ne point
» vous jouer de la vie de vos sujets, et
» pour ne pas prodiguer leur sang dans
j» des guerres injustes. » Le maréchal
de Saxe, que Thydropisie, dont il était
attaqué, n'avait pas empêché d*agir en
grand général, reçut du roi les éloges
les plus flatteurs; il semblait s'être ar-
raché aux bras de la mort pour vaincra
les ennemis de la France. Le roi de
Prusse le félicita sur la gloire dont 11
venait de se couvrir, regardant sa vic-
toire comme un eDgagement qu*il pre-
nait avec le public , qui attendait de
plus grandes choses encore du maré^
....*^**t' —
FEÀIIÉMIG U.
cbat de Saxe en santé qne da maréchal
de Saxe à Fagonie. L*Europe se vH
inondée de gazettes versIGées, qui an-
nonçaient ce grand événement ; mais
il fant avouer qu'en cette oiu^asion le
temple de la Victoire l'emporta sur ce-
lai des Muses. La prise de Tournay at-
testa la victoire des Français. La gar-
nison, qui s'était réfugiée dans la cita-
delle, se rendît le 19 de juin. La
capitulation fut signée à condition que
les quatre mille hommes qui l'évacué-
raient ne feraient aucun service, pen-
dant l'espace de dix-huit mois, contre
les Français.
Louis XV renforça son armée de
Flandre par un détachement de vingt
mille hommes, que lui fournit l'armée
du Rhin. Le prince de Conti en prit le
commandement à la place de M. de
Maillebois, qui servait en Italie. Un
détachement, fait si mal à propos, cho-
que également les règles de la guerre
et de la politique ; mais comme ce qui
donna lieu à cette conduite demande
quelque discussion, le lecteur trouvera
bon, pour son intelligence, que nous
lui en développions les motifs. La
France avait épuisé tous les ressorts de
sa politique pour persuader au roi de
Pologne d'ambitionner le trône impé-
rial. Le peu de succès de ses intrigues
ne 1 avait point rebutée ; au contraire,
elle continuait à négocier à Dresde.
Le comte de Saint-Séverîn , qui avait
bien servi la France dans cette cour,
s'était attiré la haine du comte de •*%
parce que la finesse du Saxon ne s'ac-
commodait pas de l'esprit clairvoyant
du négociateur français. *** fit tant que
M. de Saint-Séverin fut relevé par le
marquis de Vaugrenant. Celui-ci se
crut plus fin que •*•; réellement ils ne
l'étaient ni l'un ni l'autre ; toutefois ,
dans cette négociation, Vnnî;rf;în»t i
Tut la dupe du Saxon. *'* luii^eniUAda^
que, pour faire une paix avantageuse
avec la reine de Hongrie, l'unique par-
ti que la France eût à prendre était
de ne point s'opposer a l'élection da
grand-duc de Toscane , et de tenir
dans Tinaction l'année que le prince
de Conti commandait sur le Rbio ;
d'autant plus que la France pouvait
tirer plus d'utilité de ces troupes sur
l'Escaut que sur le Mein. Les ministres
de Louis XV donnèrent aveuglément
dans ce piège ; ils n'examinèrent ni le
peu de sincérité de ce conseil, ni si le
parti qu*on leur proposait était con-
forme aux engagemeos qu'ib avaient
pris avec leurs alliés. En alTaiblissant
ainsi Tarmée du prince de Conti^ on le
mit hors d*état de s'opppser aux en*
trcprises de la cour de Vienne. Le
grand-duc fut élu malgré la France ; (a
paix ne se Gt point, et l'amour-propre
du ministère de Versailles lui interdit
jusques aux reproches.
Les troupes tirées de cette armée
arrivèrent en Flandre, lorsqu*après la
réduction de la citadelle de Tournay,
l'armée française en décampait. Elle se
mit en trois corps, dont l'un se posta à
Courtray, le second à Saiot-Guislain
et le troisième à Condé. M. du Chaila
battit un détachement de cinq mille
hommes, sous les ordres du général
Mole, que le duc de Cumberland avait
fait partir de son armée pour se jeter
dans Gànd. Ce petit échec répandit la
terreur dans Tarmée des alÛés; elle
décampa de Bruxelles : Ganf:, Bruges
et Oudenarde, n'étant plus protégées,
se rendirent aux Français, et cette cani«
pagne se termina), par la prise de Nien*
port, de Dendermonde, d'Ostende et
d'Ath, après quoi le maréchal de Saxe
fit entrer ses troupes en quartiers d'hî*
ver derrière la Deudire. Cette campa--
^Mio rendait aux armes français l'hon-
uoiT que celle dé Bobéma leur avait
«H IpriN; fl Loiris UV inbfDgiia
^ |te de tenrafan en 1872, il le perdit
«Mi vite qa*il ratait conquis ; au lieu
que Loub XV assura ses possessions,
et ne perdit rien de ce qu*il avait ga-
gné.
L» Espagnols et les Français avaient
ouvert la campagne >en Italie et en
Flandre plus d'un mois avant que les
troupes entrassent en action en Silésie.
L'armée prussienne et celle des Au-
tiktiiens n'avaient pris des quartiers
pusiUes qu'à la fin de février, et elles
avaient égaEement besoin de n.'pr>s
pour se remettre de leurs fatigues io
rai pouvait prévenir ses ennemis, il ne
dépendait que de lui de fondre sur les
quartiers des Autrichiens en Bohême ;
amis il risquait plus en s*enfouçant
.dans ce royaume qu'en voyant venir
reonemi. Cette considération fit qu'il
resserra ses quartiers de cantonnement
«a centre de la Silésie d'une manière
qui rapprochait également des gorges
dei montagnes par où rcnnemi pou*
vait déboucher. C'aurait été ui> projet
intense que de vouloir disputer un si
grand nombre de chemins, qui con-
duisent de la Bohème et de la Moravie
ta Silésie, dans une étendue de vingt-
quatre milles d'Allemagne. Le phis
flèr était d'attaquer le duc de Lorraine
au moment qu'il sortirait de ces gor-
gée, de le pckirsuivre en Bohème, de
iaanrager le pays , à douze milles à la
ronde, le long des Arontières de la Si*
léaie, et d'amener, à la fin de l'arrière-
saison, les troupes dans ce duché pour
leur procurer des quartiers tranquilles.
Ce projet était simple ; il était propor-
tiOBné à ce qu'il était possible d'eié-
coter et adapté aux conjonctures ; il y
avait donc tout lieu d'espérer qu'il
réussirait. L'armée était distribuée de
Açon que dix bataillons, dix escadrons
%t dnq oents hussards formaient une
r.
iHw T£im. fil
chaîne depùtf hi Loilce juAiu'an com-
té de Glati. Les patrouilles allaient
vers SchaUlar, îlraunau et Dœhmisch-
Fricdland ; ce corps était sous les or-
dres du lieutenant-général Truchses.
Le général de Lehvald, avec dix ba-
taillons et cinq cents hussards, gardait
le pays de Glatz, sans compter trois
bataillons de garnison dans la forte-
resse, dont M. de Fouquet était gou-
verneur. Le margrave Charles défen-
dait les froniières de la haole Silésie
avec seize bataillons et vingt escadrons.
M. de Hautcharmoy, avec cinq batail«>
Ions et seize escadrons, occupait et
couvrait la partie de la haute Silésie
située au-delà de l'Oder. Le gros de
l'année était entre Breslau, Brieg.
Schweidnitz, Glatz et Neisse. Le roi
établit son quartier dans cette dernière
ville; il y régnait une maladie conta-
gieuse; des charbons donnaient la
mort en peu de jours. Si on avait dit
que c'était la peste, toute communi-
cation aurait été interrompue, ainsi
que la livraison des magasins; et la
crainte de cette maladie aurait été plus
funeste pour l'ouverture de la campa-
gne que tout ce que l'ennemi pouvait
entreprendre. On adoucit donc ce nom
redoutable ; on appela cette contagion
une fièvre putride, et tout continua
d'aller son train ordinaire; tant les
mots font plus d'impression sur les
hommea que les choses mêmes. Peu
a|M^ l'arrivée du roi, la petite guerre
recommença avec beaucoup de viva-
cité. Les ennemis se flattaient qu'en
harcebnt continuellement les Prus-
siens, ils les consumeraient à petit feu.
Dii ou douze mille Hongrois, sous les
ordres du vieux maréchal Esterhazi,
des généraux Caroli, Festetisch, Spleni
etGuillani,faisaientdesincursionsdans
la haute Silésie et pénétraient le plus
avant qu'il leur était possible. Un ma-
il
M»
Jor Sdnfltedt, qai était détaché avec
deux cents hommes dans le petit boarg
de Uosenbcrg, Tut attaqué par eux.
Les ennemis mirent d'abord le ft^ au
bourg; le major Gt bonne ctmte^
Banco, mais environné de tous cdtéi,
il ne put se sauver et obtint une capi-
tuialion pour rejoindre son régiment
à Greutzbourg. Il Tallait réparer cet af-
front et rabattre la présomption do ces
troupes hongroises nouvellement le**
vées. Le roi fit donc des détachemens
contre eux ; il se livra de petites be-
tailles qui servirent de préhide aux ac-
tions décisives ; et comme cet ouvrage
est destiné à servir de monument à la
valeur et à la gloire des oiBdcrs qui
ont si bien mérité de la patrie, nous
nous croyons^ par devoir, obligé d'in*
former la postérité de leurs belles ac»
tions^ pour rengager par ces exemples
de magnanimité à les imiter.
Le rare mérite de M. de Winterfeid
le fit choisir pour présider à cette ex-^
pêdilion. On lui donna six bataillonset
douze cents hussards, avec lesquels il
passa roder à Cosei, tandis que M. de
Goltz avec un bataillon et cinq cents
hussards passait la même rivière à Op-
pi'ln, pour attaquer de C3ncert Ester*
hazi et ses Hongrois. Winterfeid tomba
sur le village de Slowentzit, où il fit cent
vingt prisonniers ; il entendit un feo aS*
it:: vif sur sa gauche, il s*y porta d V
Ivrd; c'était cinq mille llongrots qui
entouraient le détachement de Goltz; '
ils furent attaqués et Winterfeid rem» ^
porta un avantage complet sur eut.
S|^eni se sauva avec ^c$ hussards, api^
avoir perdu trois cents hommes et son '
bagage. Winterfeid ne crut point en i
avoir fait assez; il continua sa pour- ;
suite et rencontra le lendemain deux '
mille hussards postés le dos contre un -
marais : il les jeta dans ce m?rais, où '
va plupart périrent ou furent pris. CUis j
•vanlliges tMuMSoIrttit
hussards pnntielia un tM #s tOpirt^
rite sur ceux de ta reine. Le t^tml
Wartenberg des hussards btttK éMMe
un gros d'insurgèi au^teduCMota-
bourg et les dissipa entièrement. '
Pendant œ préambutedu gMM, le
printemps s'avançait, It mois dtMB
tirait vers sa fia» îi était tempo 4m Mi-
sembler Tarmée ; elle Mira ûêêb 4ta
quartiers de eahtoniieiMinciilM MM-
kau et FrabkeuatoiB. On pré|Wié^
chemins pour quatre ooIobmu «fr
cantonnemena à iBefernéoriT, à
et à Schweidnita , comme élHt tel
lieux vers leaqoels Temicml
boucher des moiilagnea. bel
que les Autrichien avQieatfonmiMv
lieux où leurs troupes réglées
Caient à s'assembler, dénolaieBt
leurs desaeiost oa lompHiMil qjil
œs insurgés et ces Hongnota q|Â
avaient daM ta haute Sflérfe,
donner te change aux
les attirer de ce e6té, et
grande armée pénétrerait eu 6iUtfe|»
LandshuU Ce projet n'était
henstUe en IwHibème ; il ne
que par l'exécutioii» Si lea
avaient partagé taun forces
face à l'enneoû de tous oftlAu, ik
raient été trop faibles
important coup sur ta
du prince de Lorraino; ets'ils
assemblés, cette multitude do
légères qui M trouvait rien l|ui ta»
rétftt, les aurait aOaméa à ta loiigmtfi
leur coupant les vivres» Le ptm
parti était doue celui de
force, mai^ en ncièmo temps de
ta fin de cette crise pér 1*
d*une aSkire fénéraiOé Lta
furent prises pour évacuer ta haute flk
lésie vers la fin de mai* à V
de ta forteresse de Coad. Les
deTroppauel de
EUTOlftB Bft IHMI TBMPt.
im
Iranfliportés à Neisse : M» de Roehôw
convrUce convoi avec douze cents clic-
raux et «n bataillon de grenadiers;
quatre mille Ilongroift^moiliéhussards,
moitié pandours* ratloquèrent sans
pouvoir Tcntanicr ; la cavalerie y fit la
première expérience de tes nouvelles
Biaaœuvrei et en éprouva le solidité.
n était nécessaire d'inspirer de la sécu-
rité aux enaemis^ pour que leur pré-
ioniption les rendit négligetis dans Tex*
pédilieaquHls méditaient. A ce dettein
le rei se servit d'un homme de Schœn-
beig qui était un double espion ; il le
fit largement payer, après quoi il lui dit
fue le plus grand service qu*il pût lai
rendre* seraK de Tavertir à temps do
b marche du prince de Lorraine, pour
pouvoir se retirer à Brcsleu, avant que
les Autrichiens eussent débouché des
Montagnes : pour induire encore plus
cet espion en erreur, on lit réparer
des chemins qui menaient à Brelan.
L'espion promit tout; il eut nouvelle
de ces chemins et s'empressA de re-
joindre le prince de Lorraine, pour lui
a^iprendce que tout te monde s'en allait
et qtt*il ne trouverait phis d*ennemls à
combatUVb Gomme Land^hut devenait
•lors Tobjel principal dû Fattention, le
roi détacha le générai Winterfeld pour
obeerver de ce poste les ihouvemens
des Autrichiens; on lui donna quelques
fcataillons et les deuk r^imens de hus-
mti§ de Rusch et de Bmnîkoirsky ! il
ne tarda pas à se signaler ; il dispersa
auprès de Uirschbcrg huit cents Hon^
grois, commandés par un partisan
nommé Putaschitz, et fit trois cents
prisonniers. Nadasti, pour venger cet
aiîront fait à la nation hongroise, mar-
ché à h tête de sept mille hommes,
dafis le dessein d*attaquer auprès de
r;::::ishiif Winterfeld, qui n'avait que
deux mille quatre cents hommes sous
lui. AprdsiUi eombat dequatrn heures.
l'infanterie hongroise ftat tbtilemeiiC
battue, et dans le moment tfie Nâdasti
se disposait à faire sa rethiite, arrive le
général Still A la tète de dix escadrons
(fiu vieui MœUcndôrlT; il fatid sur les
ennemi!}, les Hongrois sorit défaits et
ramenés battant jusqu'aux firontfères
de la Bohême. Le» Autrichiens perdl-
j rent six cents hommes à cette aObire,
avec quelques-uns de leun pnucipaux
Officier blessés, qui (Virent pris. On sut
deà prisonniers que H. de Nadasti avait
ortlre de prendre poste à Lahdshut, et
que s'il avait réussi, le prince de Lor-
raine r«uraft suivi infailhUemeutTant
de capacité et une conduite si sage va-
lurent ft M. de Winterfeld le grade
do tnajor général. Il n'y avait plus un
moment A perdre pour irappeler le
margrave Chartes de la haute Siléste.
La milice hongroise avait profité de la
levée des quartiers pour infester de
partis toute la haute Silésie ; six mille
hussards voltigtsaicnt entns Ja^gem-
dorif et Neustadt, dans intention
d'empêcher la communication du mar-
grave Charles avec Varmée. Pour lui
faire tenir Tordre de se retirer sur
Neissc. le roi lui détacha les hussards
de Ziéthen, ()ut se tirent jour Tépée ik ta
main à travers les Hongrois et lui ren-
dirent sa lettre. Le margrave se mit
en marche le 22 mai ; les troupes
qu'il commandait formaient environ
douze mille hommes. Les ennemis, qui
prévoyaient sa retraite, s*etaient ren-
forcés, jusqu'au nombre de vingt mille
hommes, d'un ramas de nations barba-
res, et de quelques troupes réglées qui
leur étaient venues de Moravie : ils oor
cupèrent la veille toutes les hauteurs
sur le chemin du margrave et y établi-
rent trois batteries qui tiraient en
échnrpe, ce dont les troupes prussien^
nés furent fort incommodées dans leur
marche. Lô margrave, sans f^'embarrai^
IM
fer dei obsUdat que l'enneoil lui op-
posait, s'empara des hanlenrs Toisioes
et* des déOlés les plus considérables
avec quelques batalHons, et ao débou-
ché des gorges, il fornia les régimeiis
de Gésier et de Louis cavalerie, qui
tombèrent avec toute impétuosité pos*
sible sur le régimeut d*Ogilvi, en tail-
lèrent en pièces la plus grande partie,
puis fondirent sur celui d*£sterhazy,
qui formait la seconde ligne, le passè-
rent au Gl de Tépée, puis après s'être
ralliés attaquèrent les dragons de Go-
tha, qui devaient soutenir cette infan-
terie autrichienne, les mirent en dé -
route et firent un grand massacre des
fuyards. Les ennemis laissèrent plus de
huit cents morts sur la place; leurs
troupes irrégulières, qui étaient spec-
tatrices de ce combat, ayant vu le triste
sort des troupes réglées, s'enfuirent
dans le bois en jetant des cris affreux.
Le niiargrave donna dans cette journée
des marques de valeur dignes du sang
de son grand père, Télecteur Frédéric-
Guillaume. Le général de Scfawérin,
en chargeant à la tète de cette cavale-
rie qui défit de suite trots corps diffé-
rens, s'acquit une réputation d'autant
plus éclatante, qu'elle servit d'époque
à celle de la cavalerie prussienne. C'est
une chose étonnante que la prompti-
tude avec laquelle l'audace ou la ter-
reur se communique à la multitude.
En 1741 la cavalerie des Prussiens était
le corps le plus lourd et en même temps
le moins animé qu'il y eût dans les ar-
mées européennes ; en l'exerçant, en
loi donnant de l'adresse, de la vivacité
et de la confiance dans ses propres
forces^ le roi parvint à changer entière-
ment la physionomie de ce corps qui
devint digne de Finfanterie. Les pei-
nes« les récompenses, le blAme et la
louange, employés à propos, changent
Pesurit des hommes et leur inspirent
des sentimens dont on les aurait cru
peu auceptiblea dans Tétat abruti de
leur nature ; joignes à eehi quelques
grands exemples de valeur qui les frap-
pent, comme celui que nous venons de
rapporter : alors l'émulation gagne les
esprits, l'un veut l'emporter sur Tautre,
et des hommes ordinaires deviennent
des héros. Les talens sont souvent en-
gourdis par une sorte de léthargie ; des
secousses fortes les réveillent ; ils s'é-
vertuent et se développent. Le mérite
estimé et recompensé excite l'amour-
propre de ceux qui en sont les témoins.
Dans l'ancienne Rome les couronnes
civiques et murales, et surtout les
triomphes, aiguillonnaient ceux qui
pouvaient y prétendre. Il était donc
nécessaire d'exalter dans l'armée la
glorieuse action de Jœgerndorff. Le
margrave, le général Schwérin et ceux
qui s'y étaient signalés , furent reços
comme en triomphe ; la cavalerie at-
tendait avec impatience Toccasioo d'é-
galer, même de surpasser ces héros ;
tous brûlaient de l'ardeur de combat-
tre, de vaincre. Sons ces heureux aus-
pices toute l'armée fut rassemblée le
28 mai dans le camp de Frankenstein,
à l'exception des troupes qui gardaient
les places et d'un corps de six batail-
lons et de vingt escadrons avec lesquels
H. de Hautcbarmoy qui faisait face à
Esterhazi, pouvait se retirer dans les
forteresses de Cosel, de Bricg et de
Neisse, au cas que la supériorité de
l'ennemi Ty forcit.
CHAPITRE Xn.
Satanie de Friedberg. — Marche cd Bohtee;
ee qui s'y patsa. — Baiaitle de Son. — Ee*
tour de» troupes en SItésie.
La situation du roi était toujours criti-
que. La politique lui présentait dpsabi-
HISTOIRE i)i: 3I0.\ i!:m:»s.
18S
(, la goerre des hasards, et les flnaii-
ees Qii épuisement de ressources pres-
que total. C'est dans ces occasions où
rame doit déployer sa Torce, pour envi-
sager d*un œil ferme les dangers qui
Teolourent ; où il Faut ne point se laisser
troubler par les fantômes de l'avenir et
le servir de tous les moyens possibles
piiur prévenir sa ruine, lorsqu'il en est
encore temps ; mais il ne faut jamais
«Técartcr des principes fondamentaux
ior lesquels on a établi son système mi-
lifaiire et politique. Le projet de campa-
gne du roi était réglé; cependant pour
ne rien négliger, il s'adressa à ses alliés.
Il employa dans cette négociation tout
le feu imaginable afln d'essayer d'en
tirer des secours. La France était la
seule puissance dont il put attendre
qeelque chose. Le roi lui fit représen-
ter l'impossibilité où il se trouvait de
soutenir longtemps cette guerre, dont
tout le fardeau pesait sur lui : il la
somma de remplir ses traités à la lettre,
et comme l'ennemi se préparait à faire
une invasion dans ses États, il pressait
Louis XV de lui donner l'assistance
qu'il lui devait dans ce cas, ou de faire
ufie diversion réelle, qui lui procurAt
quelque soulagement. Le ministère
fkmiçais parut peu touché de ces repré-
sentations ; il les traita à la légère, il
voulut que la bataille de Fontenoy et
la prise de quelques places en Flandre
passassent pour une diversion consi-
dérable. Le roi s'adressa encore direc-
tement à Louis XV ; il lui marqua le
peu de satisfaction qu'il avait de la froi-
deur des ministres de Versailles ; qu'il
se trouvait daiM une situation désa-
gréable , embarrassante , où il s'était
niiis par amitié pour sa majesté très
chrétienne ; qu'il croyait que ce prince
; lui devait quelque retour pour ravoir
secondé dans un moment où les Au-
tridiiens commençaient k faire des
progrès en Alsace ; que la bataille de
Fontenoy et la prise de Toumay
étaient A la vérité des événemens glo-
rieux pour la personne du roi et avan-
tageux à la France, mais que pour l'in-
térêt direct de la Prusse, une bataille
gagnée aux bords do Scamandre ou la
prise de Peckin seraient des diversions
égales. Le roi ajouta que les Français
occupaient h peine six mille Autri-
chiens en Flandre, et que le péril où
il se trouvait ne lui permettait pas de se
contenter de belles paroles,. et l'obli-
geait à demander instamment des
effets plus réels. La comparaison du
Scamandre et de Peckin déplurent au
roi très chrétien ; son humeur perça
dans la lettre par laquelle il répondit au
roi de Prusse ; celui-ci se piqua à son
tour du ton de hauteur et de froideur
qui caractérisait cette réponse.
Pendant ces altercations, nuisibles è
l'union qui doit régner entre des alliés,
les Autrichiens étaient à la veille de
commencer leurs opérations de campa-
gne. Leur armée, composée des trou-
pes de la reine et ijp celles de Saxe ,
s'approchait insensiblement des fron-
tières de la Silésie. Les Autrichiens
étaient venus de Kœnigsgrœtz et des
environs de Jaromirtz, les Saxons de
de Buntziau et de Kœnigshoff ; ils se
joignirent à Trautenau, d'où ils avan-
cèrent à Schatziar. Ils ne devaient guère
s'arrêter en chemin ; on pouvait calcu-
ler leurs mouvemcns à peu de chose
près; il était donc temps d'avertir A
Landshut le général Winterfeld de se
retirer A l'approche de l'ennemi, en se
repliant sur le corps de Du Moulin, et
de continuer ensuite leur retraite jus-
qu'A Schweidnitz, en semant le plus
adroitement qu'ils pourraient le bruit
des préparatifs qu'on faisait pour aban
donner le pied des montagnes et pou?
se mettre sous 1^ canon de Broslao. Ta
1«8
doubk; ^pion dont nous avons parlé
l'avance, recueillit avidement ces
bruils, et se hâta de conGrmer lui-m£me
lu prince de Lorraine la retraite dot
Pnûsiens qu'il lui avait annoncée quel-
que tempsi auparavant. Les ruses ser-
vent souvent mieux à la guerre que la
force ; il ne Tant pas les prodiguer, do
pçur qu'elles ne perdent leur mérite,
maïs en réserver Tusage pour les occa-
sions importantes ; lorstiueles nouvelles
qu'on fait parvenir à l'eimemi flattent
ses passions, on e^t presque sûr do Ten-
tratncr dans te pit^e qu'on lui pré-
pare. Comme Winterfeld et Uu Moulin
avaient une marche d'avance sur Ten-
nemi, ils se replièrent sur Scliweidnitz,
a^ns avoir souQert dans cette marche*
(4'armée du. roi quitta Fraiikenatein et
occupa le $9 mai le camp de Keicbon-^
bach, d'où elle n'avait qu'une petite
marche jusqu'à Schweiilnilz ; elle dé-
passa cette forteresse le l«'juiu;lescoFps
de Du Moulin et de Wiaterfeld firent
son ^V2uU-garde et occupèrent la hau-
teur de Striegau en deçà du Strigauer-
Wasser. M. de Nassau avec son corps
FRÉDÉRIC n.
bourg, Uoben - Friedberg , gchvlMh
haus et Cauder. Le roi fut reoonnattra
ces environs, pour examiner lo$ lieu
et le terrain où il pourrait plœer sqq
armée ; ii employa trois jouni à fam
préparer les chemins, afiu c|u'aiiciHi
empêchement n'arrêtât ses troupe», el
qu'elles pussent voler & l'enneni, lei»
qu'il paraîtrait dans la plaine ; c*étiu|
6ter au hasard tout ce que l» prudeiuii
lui pouvait dérober. Le % juin , les gé»
nérnux autrichiens et saxon» Uiirait
conseil de guerre auprès du gibet de
Uohen-Friedberg. Quoiqu'ib ciiaseï^
de cette hauteur la vue snr toute II
plaine, ils n'aperçurent que do fetill
corps de l'armée prussienne. La pa»»
tic la plus considérable était couverti
par le Nonnen-^Busch et par 4ca
vins, derrière lesquels on s'était
exprès pour tenir l'ennemi danal*igiiat
rance des forces prussiennea, et panr
le confirmer dans l'opinion où il était
qu'il entrait dans un pays où il ne tieo*
vorait aucune résistance. Le prince da
Lorraine clioisit le viUage de Lange*
noets pour s'y camper le londemaîa.
garnit le Nounen-Busch et l'armée ' Wenzel Walliseut ordre de s'empa*
c«impa dans U plaine qui est entre 1 rer en même temps du BiaKasIn da
Jaueruick et Schweidnitï , de sorte 1 Schweidnilz avec son avant*garde ; da
qu'un terrain de deux milles qui sépare là il devait poursuivre les Prussiew à
Strie^nu de Schwoidnitz, était occupé
par une ligne presque continue do
troupes prussiennes; cette position
mettait le roi à portée de se procurer
les plus grg^ds avantages.
Le général WalHs, qui commandait
l'avant-rgardo des (>naerais, et Nadasti
furent Iqs premiers qui se présentèrent
sur les liauteufs de Vribourg. Le prin-
ce de Lorraine avait pénétré en Silésîe
par Landsbut ; de là il avait poursuivi
lia mardie sur ileichenau, d'où il se
transporta à Uohen^Uenncrsdorff. Il
l>ouvait de oef camp descendre dans la
^^ai i>i». par quatre' chcioins, savoir Frk
Kreslau. I^ duc de Wcissenfeb avea
9es Saxons devait prendre Striegau al
de là se porter sur Glogaa , pour ca
faire le siège.
Le prince de Lorraine avait auUié
dans son projet qu'il aurait à combattra
une armée de soixante et dix miUa
hommes, bien résolus à ne hii paa
abandonner un pouce de terrain aaoa
Tavuir défendu jusqu'à l'extrémité.
Ainsi, tes desseins des Autrichiens et
des Prussiens se crobaient, comme
dos vents contraires qui asaemkJeol
des nuages dont le choc produit la
foudre et lo tonnerre. Le roi
tfin kM J<nus les postes avancés; U
était le 91 sur we, hauteur devant le
eanoip <ic^ Du Moulin, d'où Ton 4c€ou->
TTiût toute la campagne» les hauleuni
4e FunteiMîtçîii et méiqie un Uout du
camp aul^îçhîm prà» de Rcicbeuau.
1^ rois'y élaitarr^ assez kmg4emp8,
lovsqu'il vit we puée de poussière i}ui
l^çvait dans M nontagnea, quiavan-
V^( «t dMceudait dans^ la plaine et qui
«Iliit ^ serpeptant de Cauder à Feg^
bentelet Bopstock ; la pousaière tomba
«psuilo, et 1*00 apeiçut distinaeiuent
TilKinift des Autr îchîeos qui était sortie
dM anootagoe^ mr huit grandes cqIoih
Kis; iwr droite s'appuyait au ruisseau
4e ^triegaUt ^t tirait de là vers Roas-
taçk et Bausdorff î les Saxons, qui fai^
aaiimt la gauche, a'éteodaicnt jusqu'à
MlgrîBssheim. M. Pu HouUu reçut
«iiailAt ordre de lever le mmv ^ huit
hiuiea du soir, de passer le ruisseau de
Slriegau et de ae poster sur uoroi:her
éwmk la ville, où il y a uno carrière
4a topsaa et qui en a pris soo nom.
lêWrmAù sa mit eu mouvement le soir
i boit hem-est fltaut sur la droite en
4cm lignes et obMrvant le plus grand
aikiMa; il était même défendu au sot^
dit de fum^. La tête des troupes arri-
tk.à asinuit auprèf des ponts de Slrie-
gssi, où Ton attendit que tous les corps
fusieot bien serrés ensemble. Le k
Juin, à deux heures du matin, le roi
igssamUa tes principaux officiers de
Fsmiée, pour leur donner la disposi-
abn de cemhat ; nous remettrions, si
tnsi • ce qui a lappert à une bataille
dAc&Hve ii*acquéraîl de Timpertanoe.
Voie! celte disposition, a L'armée se
omettra «ncassammmit en marche par
•m ta drotto sur deux lignes ; elle passera
r te ruisseau de Umgau ; la cavalerie
» ae mettra en bataiUe vis^^à- vis de la
»4!Mehade A*«sKpemi du cétéde Pil-
> glîmshilm't le earpé de Bu Iteulin
m
couvrira sa droite , la droite de riu-*
fanterie se Tormcra à la gauclie de U
cavalerie vis-à-^vis do:^ bosquets (ii
Ronstock ; la cavalorio do la gautbi
a'appuyera au ruisseau de Slriegau
gardant au loin à dos la ville de os
nom ; dix escadrons de dragons al
vingt de hussards qui composent la
réserve, se posteront derrière le c€u*
tre de la seconde ligne, pour ôtre
employés où il sera besoin ; derrière
chaque aile de cavalerie un régiment
de hussards se formera en troisième
ligne, pour garantir le dos et le Qane
de la cavalerie, si le Hlprain va en
s*élargissant , ou pour servir à la
poursuite ; la cavalerie chargera im-
pétueusement Tennemi réi>éo à la
main; elle ne fera point «de prison--
niersdans la clialeur de Faction ; elle
portera ses coups au visage; sprès
avoir renversé et dbpersé la cavalerie
contre lai|uelle elle aura choqué, elle
retournera sur Tinfanterie ennemie
et la prendra en flanc ou à dos, selon
que l-occasioB s*en présentera; Tin-i-
fanterie prussienne marchera à
grands pas à rennemi : pour peu que
les circonstances le permettent , elle
fondra sur lui avec la baïonnette ;
s*tl faut charger, elle ne tirera qu*à
cent cinquante pas ; si les généraux
trouvent quelque village sur les ailes
ou devant le front de l'ennemi qu'il
n*«it pas garni, ils Toccuperont et
le borderont eiilérieuiement d'iu-
fanterie, poui s*en senir« si les cir-
constances le permettent, à prendre
Tennemi eM llapc ; mais ils pe place-
ront de troupes ni dans les maisous
ni dans des jordius, pour que rien ne
les gène , et w lès empêche do
poursuivre ceux qu'ils auront vaiq-
cus. a J>ès quQ cliacuu fut de retour
son poste, rarmée s'ébraola. A peiuo
la là^ commiitfoiNlte à pasier le
I«t
frAoéuc u.
raîsseau, que M. Du Moalin lit avertir
qu'ayant apperçu de l'infanterie enne-
mie vis-à-vis de lui sur une éminence,
il avait corrigé sa position ; qu*il avait
pris par sa droite, pour se former sur
une hauteur opposée à l'autre et par
laquelle il débordait même la gauche
de l'ennemi. C'était des Saxons qu'il
voyait, qui, ayant eu ordre de prendre
la ville de Striegau, furent fort éton-
nés de trouver des Prussiens devant
eux. Le roi se hâta d'établir une batte*
rie de six pièces de vingt-quatre sur ce
mont Topaze, laquelle fut très utile
par la grande confusion qu'elle mit
dans les ennemis* Les Saxons venaient
avec tous leurs corps pour soutenir
l'avant-garde qui devait prendre Strie-
gau; ils reçurent cette canonade, à
laquelle ils ne d'attendaient pas; en
même temps l'aile droite de la cava-
lerie prussienne se forma sous cette
batterie, les gardes du corps joignant
le corps de Du Moulin, et la gauche
de l'aile aboutissant à ces bouquets du
bois de ilonstock. Les prussiens, après
deux charges consécutives, culbutèrent
la cavalerie saxonne, qui s'enfuit à vau
de route, et les gardes du corps taillè-
rent en pièces les deux bataillons d'in-
fanterie qui s'étaient présentés au
commencement de l'affaire devant M.
Du Moulin. Alors les grenadiers prus-
siens et le régiment d'Anhalt attaqué*
lent l'infanterie saxonne dans ces
bouquets de bois ou eHe commençait
à se former ; ils les poussèrent et les
délogèrent d'une digue où ils voulaient
se réformer ; de la ils traversèrent un
étang pour attaquer la seconde ligne
sur un terrain marécageux : ce com-
bat, plus meurtrier que le premier, fut
terminé aussi vite : les Saxons furent
encore obligés de s*enfiiir ; leurs géné-
raux raltièreni quelques bataflions en
forme de triangle sur une hauteur ,
I pour couvrir leur retraite ; mais !i
cavalerie prussienne de la droite, déjà
vic^lorieuse, se présenta sur leur flanc,
en même temps que Tinfanterie prus-
sienne déboucha du bois pour les as-
saillir. M. de Kakkstein vint encore
avec quelques troupes de la seconde
ligne, qui débordait de beaucoup les
Saxons; ils virent l'extrémité où ils
étaient , n'attendirent pas l'attaque ,
mais prirent bientôt la fuite. Les Sa-
xons furent ainsi totalement battus,
avant que la gauche de l'armée fut
entièrement formée. Il se passa plus
d'un quart d'heure avant que cette
gauche s'engageât avec les Autrichiens.
L'on avait averti le prince de Lor-
raine à Uansdorf, ou il avait son quar-
tier, du feu de canon et des petites
armes qu'on entendait ; il crut bonne-
ment que c'était les Saxons qui atta*
quaient Striegau et n'en tint aucun
i!ompte; on lui dit enfln que les Saxons
étaient en fuite et que tous les champs
en étaient parsemés ; sur quoi il s'ha-
billa à la hAte et ordonna à l'armée d V
vancer. Les Autrichiens marchaient
donc à pas comptés dans la plaine entre
le ruisseau de Striegau et les bosquets
de Ronstock, qui n'est coupée que par
des fossés qui séparent les possessions
des paysans. Dès que le margrave Char^
les et le prince de Prusse furent A por-
tée des ennemis, ils les chargèrent si
vivement qu'ils plièrent. Les grenadiers
des Aulrichieos se servirent avec iotet-
ligence de ces fossés dont nous avons
foit mention, et Hs auraient pu mettre
de la règle dans leur retraite, si le ré«-
giment des garde» ne les eAt chassés
deux fois à coups de baKumette. Le
régiment de Uacke. oelni de Bévem et
tous ceux qui forent au fea, se dislfn*-
gnèrent par des adtions de valeur.
Conmie H n'y avait phisd*nnoenûade-
vantla dfioitâ, 1^ rai Rt faire m quart
■ISTOIRB DB
de conversion )X)ttr se porter sur le
flanc gauche, derrière les Autrichiens ;
celte droite brossa dans les bois, dans
les marais de Ronstock, et lorsqu'elle
en sortit pour attaquer Tenneroi, la
gauche des Prussiens avait déjà gagné
QD terrain considérable. La cavalerie
de cette gauche avait essuyé un contre-
temps : à peine Kiàu avec sa brigade
de dix escadrons avait-il passé le ruis-
seau de Striegau, que le pont se rom-
pit. Kieu prit le parti d*attaquér la ca-
▼aterie ennemie avec la sienne, le gé-
néral de Ziethen le joignit avec la
réserve, culbuta devant lui tout ce qui
Toaint lui résister, et donna à M. de
Nassau, qni commandait cette gauche,
le temps de la faire passer à gué. ]>ès
qae M. de Nassau eut formé son aile,
il dornia sur ce qui se trouviyt encore
de cavalerie ennemie devant lui et la
mit en déroute, le général Potentz con-
trSma beaucoup à ce succès ; il s*était
glissé avec son infanterie dans le village
de Fegebeutel, d'où il enfilait la cava->
lerie autrichienne ; quelques dédiarges
qa*elle reçut eu flanc, la mit en confu-
sioo et prépara sa défaite. M. de Gés-
ier, qiB eommaiidait la seconde ligne,
▼ayant qu'il n'y avait là aucun laurier
à cueillir, se tourna vers Tinfanterie
prassienne, et trouvant les Autrichien»
en confusion, il Qt ouvrir Tlnfanterie
pour y passer, puis se formant sur trois
eolomies, il fondit sur les Autrichiens
rfee use vivacité incroyable, les dra-
gons en massacrèrent un grand nom-
bre ; ils finent prisonmers vingt et un
bataiMons des régimens de Marchai,
. Griuu, Tungen, Tmnn, Coiowrat,
j Wnrmhrand et d'un régiment encore
' dont le nom nous manque : il i en eut
beaucoup de tués;' cependant on ât
quatre mille prisonniers et Ton s'em-
para de sdiiaûle-aix èrapeanx. Un fait
anasi rare, ansai glorieux mérite d*Mre
mon TftMPS. lit
écrit en lettres d'or dans'les fastes prus-
siens. Un général de Schwérin (cousin
de celui de Jœgerndorff) et une infinité
d'ofilciers que leur grand nombre noua
empêche d'indiquer , y acquirent un .
nom immortel. Cette belle action se fit
en même temps que la droite des Prus- .
siens se portait sur le flanc du prince
de Lorraine ; ce qui rendit le désordre
de ses troupes complet : tout se dé*
banda et s'onfuit dans la plus grande
confusion vers les montagnes. Les
Sasons se retirèrent par Sey flersdorf ;
le corps de bataille des Autrichiens se
sauva par Kauder et leur aile par Ho-
henfriedberg, où heureusement Wallis
et Nadasti étaient vraus pour couvrir
leur retraite : les Prussiens les pour-
suivirent jusque sur les hauteurs de
Kauder, où ib s'arrêtèrent pour pren-
dre quelque repos. Les trophées que
les Prussiens remportèrent en cette
journée furent» en fait de prisonniers :
quatre généraux, deux cents oiBciers
et sept mille hommes : en fait de dra-
peaux, timbales, canons, etc.« soixante-
seiie drapeaux , sept étemkrds, huit
paires de timbales et soixante canons.
Le <^mp de bataille était jonché de
morts ; les ennemis y perdirent quatre
mille hommes, parmi lesquels il y avait
quelques OiBciers de marque. La perte
de l'armée prussienne en morts et Ces-
sés allait à peine à dix-huit cents hom-
mes* Quelques officiers qui devinrent
dans cette journée les victimes de la
patrie, en mér*1èrent les regrets; do
ce nombre furent le général Truchaes*
les colonels liassow, Schwérin et Du-
ring.
Ce ftit là la troisième bataille qui se
donna pour décider à qui appartien-
drait la Silésie, et ce ne fut pas la der-
nière. Quand les souverains jouent des
proviueee, les hoBunea sont lea jetons
qui les parfaat La rupo paipaia eMi
17t rainAticn.
actionetlavaleurrexéGUta.8ileprince|feu et remportèrent la Tictoire.
de Lorraine n'avait pas été trompé | monde no repose pas piiu sùremeiit
par ses espions , qui Fêlaient eux- les épaules d'AtlaSi que la Pniase
mêmes, il n'aurait jamais donné aussi | uue telle armée,
grossièrement dans le piège qui lui t II ne doit pas paraître surpranaiil
était préparé ; ce qui confirme la ! que l'on no poursuivit paa les ÂiitfH
maxime, de ne jamais s*écarter des \ chiens avec plus d'ardeur. La buU du.
principes que Part de la guerre prescrit, i 3 au <h avait été employée à marcher |
et de la circonspection qui doit obliger ; l'ennemi. La bataille, quoique court^i
tout général qui commande à suivre \ avait été une suite dV.flortseontînpellî
inviolaUement les règles que la sûreté i les munitions de guerre étaient épui«
exige pour Texéeution de ses projets, secs ; les équipages et les nmnitîom dl
Lors même que tout semble favoriser | bouche étaient à Schweidnity : il r«ilaj|
les projets que Ton médite, le plus sûr | les conduire a Tarmée. L'arrièrogardi
est toujours de ne pas assex mépriser \ du prince de Lorraine était compuaél
son ennemi pour le croire incapable de j des corps de Wallis et Je Kadasti
résistance. Le hasard conserve toujours j n*avaient point combattu; ils « ._
ses droits. Dans celte action même un | paient les hauteurs de lIohi^n-*Fried«
quiproquo pensa devenir funeste aux j berg, dont il aurait été téméraire di
Prussiens. Au eommenoerocnt du coow j vouloir les déloger : les Prussiena fN3i
bat le roi tira dix bataillons de sa se« cupaient la liauteur de Kauiior; BMii
conde ligne sous les ordres du lieute* colle de Uuhen-Friedberg était à lew
nant-généra) de Kaickstein, pour reu- ' gauche; il ne (allait donc paa penhf
forcer le corps de Du Moulin, et il i par une fougue imprudente ce qiL*«a
envoya un do ses aides de camp pour i avait gagné par la 8ages$e. L« lendf*
avertir le margrave Charles de prendre j main MM. Du Moulin et WinterMI
le commandement de la seconde ligne ' furent détachés h la poursuite de V^i^
d'inninterie pondant Tabsenoe de M. de | nomi ; ils atteignirent le prineeda Iji^
Kaickstein. Cet oflicîer peu intelligent î raine auprès de i^ndshut. Ce prince aa
dltau margrave de renforcer la seconde ; les attendit pas; il leva son canapé
ligne de sa brigade qui était à l'extré** ''\ leur approche et chargea Nadasiî da
mité de la gauche. Le roi s'aperçut a î couvrir sa retraite. Winterfeld attaqaa
temps de cette bévue, il la redressa avec | ce dernier, le mit en fuite et le pour-
promplilude. Si le prince de Lorraine \ suivit jusqu'aux frontières de la Ba«f
avait profité de ce faux mouvement, il ; héme, après lui avoir tué deu^ eaak
aurait pu prendre en flanc la gauche des ; honvnes et fait cent trente priaonnieii^
Prussiens, qui n'était pas encore ap- M, Du Moulin occupa le camp nèM
puyée au ruisseau de htriegau. Tant le que les Autricliiens venaient d'abaiH
sort des États et lu réputation des géué^ donner. Après cette victoire le roi rapt
rau\ tiennent ù peu de rhose. In seul pelaCagnoni, son ministre de Preadl.
instant décide de lu fortune. Mais il faut | Bulau« accrédité à fiorlin de la iNirt di
aveuer,vulavaleurdes troupes qui corn- { roi de Pologne, fut oUigôd'en l>arlir«
battirent a Friedb4;rg, que l'État necou- ! ainsi qu'un résident de Saxe, le ni
rait aucun risquo; il n'y eut aucun eqrp^ déclara qu'il regardait l'inviHuoii dM
^flpmaapt seuleBMMtt iurant an
nmta^
1
HISTOIRE DB
L'nrniée suivit le 6 le corps de Da
moulin et se porta sur Lnndshut. Lors-
que le roi y arriva, il ftit entouré d'une
troupe de deux mille paysans, qui Ini
demandèrent ta permission d*égorger
tout ce qui était catholique dans cette
contrée. Cotte animosité venait de la
dureté des persécutions que les protes-
tans avalent souffertes de la part des
curés dans le temps de la domination
autrichienne, où l'un avait été les égli-
ses au\ hithérienspour les donner h des
prêtres catholiques. Le roi était bien
éloigné deteur accorder une permission
aussi barbare. Il leur dit qu1ls devaient
plutôt se confbrmer aux préceptes de
J'Écriturc, bénir ceux qui les offen-
saient, prier Dieu pour ceux qui les per-
sécutaient, afin d*hériter du rovaume
4Î0S cieux. Les paysans lui répondirent
qu*n avait raison et se désistèrent de
leur cruelle prétention. L*;)vant«garde
avança jusqu'à Starckstadt, où elle ap-
prit que les ennemis avaient quitté
Trautcnau et qu'ils défilaient à Jaro-
mirtz ; sur cehi elle se posta à Scalitz.
L^armée prit le chemin de FYiedIand et
de Nachod^ ce qui était plus commode
pour les subsistances ; après quoi elle
déboucha des montagnes et ^e déploya
le long de la Métau, petit ruisseau dont
les bords sont escarpés: il vient de Neus-
tadt et vase jeter dans l'Elbe auprès de
Ptefs. Le camp des Autrichiens était
derrière l'Elbe entre Schmirgit» et Jaro-
mirtz. NadastI, dont le corps était en-
viron de six mille hommes, fit mine de
disputer à l'avanl-garde prussienne le
passage de la Métau, mais M. de Leh-
wald chassa tes Hongrois sans eflbsion
de sang, passa le ruisseau et campa à un
quart de mHIe à l\xutre bord. Le len-
dcm<iin l'avant-garde fut renforeée de
ouzo bataillons et se porta à Caraval-
hota, d*oà le roi, se mettant h sa téta,
poussa jusqu'à Kcenlgsgrœtz et aoettpa
MON TBKP9. 171
le terrain entre Rufeck qui est vers
l'Elbe et Divetz qui est sur l'Adler;
ce ruisseau-ci vient des montagnes de
Glatz et se jette dans l'Elbe auprès de
Kœnigsgraclz. L'armée, sous le com-
mandement du prince Léopold, campa
à un quart de mille derrière l'avant-
garde. Ces mouvemens obligèrent la
prince de Lorraine à s'approcher de
Kœnigsgrstz. II se i)OSta sur une hau-
teur au confluent de l'Adlf^r et de l'Elbe
vis-î-vis des Prussiens ; il avait appuyé
sa droite h un marais, sa gauche se re«
courbait vers Pardubitz et à dos II avait
une forêt de deux milles qui s'étend vers
llolitsch : ce prince avait établi, moyen*
nant trois ponts sur l'Adler, sa com-
munication avec KœiiigsgrsBtz, où il
tenait un détachement de huit cents
hommes ; il fit élever une redoute de-
vant la ville sur une petite hauteur qui
en déflendalt l'approche aux Prussiens.
Sa position était inattaquable; le roi se
borna A garnir d'infanterie les villes do
Jaromirtz et de Smirgitz, ponr tenir
FEIbe par des détachemons de dragons
et de hussards, et pour assurer et proté*
ger ses fourrages. A voir ces deux ar*
mées rangées autour de Kœnigsgrffitz»
on aurait dit que c'était un même corps
qui en formait le siège. Cependant
l'avant-garde et le corps de iMitaille des
Prussiens étalent si nvantagousoment
placés, qu'il aurait été impossible à
l'ennemi de les entamer. On aurait pa
tenter quelque entreprise sur Kœniga-
grœtz ; il aurait été possible de pren-^*
dre la ville, mais qu*aurait-on gagné ?
La ville n'avait ni fortifications, ni ma-
gasins, et Ton aurait été obligé de l'a-
bandonner tôt ou tard ; c'eut été verser
du sang inutilement. Ceui qui ne ju-
geaient que superikicllemcnt des cIkh
ses, croyaient que dans celte heureuse
sltuatien, le rei devait changer le pro-
jet de eampagne qu'il avait arrêté à
«n
FaiDtucn.
Netsse etqae ses Taesdevaient s'étendre
avec sa fortune. Il n'en était pas ainsi
cependant. La bataille de Friedberg
avait sauvé la Silésie : rennemi était
battu ; niais il n*était pas détruit : cette
bataille n'avait pas applani les monta-
gnes de la Bohème par lesquelles
étaienC obligés de passer les vivres pour
l'armée. On avait perdu en 17&& les
caissons des vivres; les subsistances
ne pouvaient donc arriver au camp que
sur des chariots de paysans de la Silésie.
Depuis le départ du margrave de la
haute Silésie, les Hongrois avaient sur-
pris la forteresse de Cosel, et ils éten-
daient leurs courses jusqu'au voisinage
de Schweidniz et deBreslau; ils allaient
se porter sur les derrières de Tarmée et
en intercepter les subsistances ; d'ail-
leurs le roi ne pouvait s'éloigner que
de dix ou quinte milles de Scliweidnitz,
d'où il ne recevait des vivres que de
cinq en cinq jours. S'il avait voulu
transporter le théâtre de la guerre en
Saxe, il aurait abandonné la Silésie à la
discrétion des Autrichiens.Tant décon-
sidérations importantes flrent que ce
prince resta ferme dans son premier
projet, c'est-à<^ire d'affamer les fron-
tières de la Bohème, pour empêcher
l'ennemi d'y pouvoir hiverner.
Les Français firent encore quelques
tentatives auprès du roi de Pologne, lui
présentant toujours comme une amorce
la couronne impériale, a laquelle il avait
renoncé pour long-temps. La seule né-
gociation qui convint alors aux Prus-
siens, c'était celle avec l'Angleterre ;
parce que cette puissance seule pouvait
ménager la paix avec ia reine de Hon-
grie. Le roi d'Angleterre était alors à
Hanovre ; il avait mené lord Harrington
avec lui. Le jeune comte de Podewils,
qui était ministre à la Haye, reçut or-
dre de se rendre à Hanovre pour son-
der l# twrafn et r«ronfiattre dani
quelles oisposmons étaient lord Rtr*
ritigton et la cour.
Pour ce qui regardait les opérations
de la guerre, il fut résolu de se soute-
nir le plus long-temps possible en Bo-
hème, de choisir avec soin les meilleurs
camps qu'on pourrait trouver, d'expo-
ser d'autant moins les troupes que
M. de Nassau allait être détaché pour
la haute Silésie afin de reprendre Co-
sel, d'affecter en toutes les occasion»
les démonstrations d'une guerre offen-
sive, pour en imposer à l'ennemi, et de
lui cacher le véritable dessein que l'on
avait de ne rien donner au hasard.
M. de Nassau partit le 25 juin avec douze
mille hommes; il passa par Glatz et
Reichenstein, et rejeta d'abordies Hon-
grois sur Neustadt, dont il les délogea
avec perte de leur cèté ; il s'avança en-
suite jusqu'à Cosel et fit les préparatifs
du siège. Cette place avait été prise pa.
la perfidie d'un oiBcier de la garnison
qui déserta : ce traître apprit aux en-
nemis que le fossé n'était pas perfec-
tionné et qu'il était guéable à l'angle
d'un bastion qu'il leur indiqua. Avec
deux mille pandours il passa le fossé,
escalada le bastion et la place, dont
Foris était commandant , il y eut quel-
que monde de massacré ; le reste, au
nomlK-e de trois cent cinquante hom-
mes, fut fait [H*isonnier; cela arriva
deux jours après que le margrave eut
évacué la haute Silésie.
Pendant que M. de Nassau était ainsi
occupé dans la haute Silésie, le roi
mettait tous ses soins à faire subsister
les troupes. Pour cet effet il détacha
sa grosse cavalerie vers Opotschna, qui
était à un demi-mille à la gauche des
deux corps de l'armée prussienne ;
toutes les nuits cette cavalerie donnait
l'allarme au prince de Lorraine, pour
^Mxmver sa contenance, souvent asaes
QMiivaiie, et pour le cpnOnnar dam
Hj^TOmii M mon T£I1M.
m
rôptiiioa que le ru) méditait quelque
grand dessein, qu'il esécuterait à l'im-
^pre? iste. Les Autrichiens furent entre-
tenus dans ces inquiétudes pendant
quatre semaines. Le roi avait sur sa
gauche un détachement à Hohenbnich ,
et par la jalousie que ce camp donnait
aux ennemis, ils craignaient d*étre
attaqués par derrière. Réellement les
prussiens pouvaient se porter sur Rei-
chenau et sur Hohenmath; le prince de
Lorraine se serait vu contraint de cou-
f rir la Moravie, d*où il tirait ses vivres.
Set magasins étaient établis en éche*
Ions ; le plus voisin était celui de Par-
dobitx, derrière celui-là venait celui
de Chrudim, et plus vers la Moravie
i de Teuschbrod. Si cette marche
fût exécutée , elle dérangeait toute
réooHomie des Autrichiens ; elle met-
tait Tannée du roi eu état de tirer ses
Carioes de Glatz, au lieu de les faire
venir de Schweidnitz, ce qui était égal.
Si le roi préférait agir vers sa droite, il
pouvait passer TEIbe non loin de Smir-
gitz et prendre le camp de Clumetz,
qui était bon et très avantageux ; il
avait derrière lui de grandes plaines,
qui fournissaient des fourrages en
abondance ; de là il donnait de la jalou-
se aux Autrichiens sur Pardubitz, et
coupait, en quelque façon, la commu-
nication des Saxons avec la Lusace. Ce
ilemier parti fut préféré au premier,
surtout a cause des Saxons, le roi ayant
ta vent que le comte de *** méditait
quelque dessein sur la marche électo-
rale. Pour mieux cacher ses vues à l'en-
Mini, le roi détacna M. de Winterfeld
avectcois mille hommespour le campde
Beidienan, en même temps que l'ar-
fliée fit un mouvement sur sa droite
pour passer l*£lbe non loin de Jaro-
oUrlx, où tous ses détachemens la
.itBjoignirent. Lai grande armée appuya
«droite tur un bols, où Ton pratiqua
un abatis ; sa gauche «'appuyait à l*Elbe
auprès du village de Néchanitz, ayant
l'avantage des hauteurs et du glads
d'un bout du camp à Tautre. M. Du
Moulin repassa la Métau avec six ba-
taillons et dix escadrons, et se posta à
Skalitz, pour assurer la cooununicatioD
des vivres entre Jaromirtzet Neustadt,
où il y avait un bataillon en garnison.
Peut-être le premier projet dont nous
avons parlé aurait-il été meilleur que
celui qu'on exécuta. On a su depuis
que le duc de Weissenfels n'aurait pas
suivi le duc de Lorraine vers les flronH
tières de la Moravie. De Reichenau à
Glatz il n'y a que cinq milles, au lieu
qu'il y en avait dix de Clum à Schweid-
nitz, ce qui rendait le transport des
vivres plus difficile ; mais les hommes
font des fautes, et celui qui en fait le
moins, a des avantages sur ceux qui
en font plus que lui. Tout le temps que
l'armée séjourna à Clum ne fut em-
ployé qu'à des fourrages de la part des
deux armées, et à pousser de part et
d autre des partis pour les empêcher.
De tous les officiera autrichiens il n'y
eut que le seul colonel Derchofi qui se
signalAt à la petite guerre ; il fit quel-
ques prises, que M. de Fouquet vengea
par les partis qu'il envoyait de Glatz
sur les derrières de Farmée autri-
chienne, et qui les désolaient par de
fréquentes prises qu'ils faisaient sur
eux. Il y avait un poste détaché i
Schmireitz, qui mit un nouveau stra-
tagème en usage pour intimider les
Hongrois qui venaient tirer sur une
redoute et sur une senfluelle placée
près du pont de l'Elbe ; c'est une plai-
santerie qui délassera le lecteur de ta
gravité des matières qu'il a sous les
yeux. Quelques sentinelles ayant été
blessées par des pandoura, les grena-
diera de Kalckstein s'avisèrent de faire
un mannequin, de l'hahillareD
m nu&oàaïc u. ^
dier et de le placer & Tendroit où était jueuor. Un manifeste parut en
la senlinelle: ils faisaient mouvoir ■ temps, lians lequel on déi.larait qm le
cette poupée avec des cordes, de sorte roi ayant devant lui Tcxomple é% la
qu*à une certaine dislance on la pre- reine de Hongrie, qui avait traité €D
naitpourun homme; ils s*embusqttè- ennemis les alliés et tes troupon Nii-
toui en même temps dans des brous- ■ iiutresdu défunt empereur^ savoir ifs
laillcs voisiner. Les pandours arrivent , Hessois, les Palatins et les PraasieM,
et tirent, ^e manm^uin tombe, les [ que le roi, dis-je, se croyait autorisé, i
voilà qui veulent se jeter dessus ; nus- j traiter également en ennettûa tel
•itét part un feu Ires vif des broussail- ; Saxons, auxiliaires de la reine de Haa-
les, les grenadiers fondent sur eux et grie, et à leur faire éprouver tout le
font prisonniers tous ceux qu ils ; mal qu'ils avaient fait ou médité de
avaient blessés : depuis ce temps-là ce . faire aux États du roi. Le prince d'Aa-
poste fut tranquille. j hait avait déjà te bras levé; il aUHt
Mais revenons à des objets plus im- j frapper^ lorsgue la signatura de h
portails. Depuis la bataille de Fried-
berg, le prince de Lorraine n'avait
cessé d*imporluner la cour pour qu'elle
le renforçât. On lui envoya alors huit
régimens, tirés en partie de la Bavière,
de Tarmée du Rhin et de la garnison
de Fribourg, dont rechange venait do
se faire avec les Français; mais en
même temps que ces secours arrivè-
rent, le duc de Weissenfels le quitta,
ne lui laissant que six mille Saxons, au
lieu de vingt-quatre mille qu'il avait.
Voici la raison de cette retraite : le
convention de Hanovre sabpendft la
coup qu*il allait porter.
U faut se souvenir que les Frinçaii
n'avaient accompli aucun des ariMn
du traité de Versailles ; qu'ils refusateit
tout secours aux Prussiens; que la le-
traite du prince de Conti abandouniat
le trône impérial au premier oocttpaBl«
les Français rompaient tous les liées
qui les unissaient aux princes d'AOe^
magne. 11 faut joindre à cea
une raison plus forte encore, l'épi
ment total des finances. Ceê ndoUb
roi avait éti; informé que le'roi de Po- j portèrent le roi à négocier la pali; k
logne était en négociation avec les
Bavarois, pour prendre, moyennant
des subsides, six mille hommes de ses
troupes à son service. Ces troupes au-
raient pu faire une f&cheuse diversion
dans le Brandebourg. Les voies d'ac-
commodement étaient fennées en
Saxe; la seule façon de contenir cette
cour était celle de I intimider. Pour
*cet elFct le prince d*AiihaIt rassembla
ses troupes auprès de Huile; il i\it rcn- j ce traité le 9A septembre» il puraiflait
forcé par quatre régimens d'infanterie alors que la paetiication de l'eiBBÉe
et trois de cavakrie, que M. de Gessler suivrait immédiutcment la conV««lian
lui mena dv Boliémo. i.es Saxons pou- ! de Hanovre; mais il ne suffisait pas
convention de Hanovre avait
base la paix de Breslau^ et le roi Gear-
ges s'engageait, de phis, d'en procurer
la garantie de la part de tontes ks
puissances de rEuro|>e h la paix géné-
rale. Le roi promettait, de son oAlé,
de reconnaître eropereilr te glBuddac
de Toscane. Georges, après avoir été
longtemps ballotté entre tes minirtm
de Hanovre et lord Harrîngtoh ,
vai(*nt s*tiltcn(irc quv le prince d An-
hait agirait offensivemcnt contre eux ;
ea corps était aiset fort peur les snb-
d'avoir calmé les passions du roi d'Aa-
gleterro ; il y avait des ennemis phs
irréconciliaMm qui voulaient etalhs
|i fKÉÊUnm nitMite âm PtMH^m. *
^** i i>fie8(te« et Bartén^Mn à Vtenne
Jugeaient fue le moment en éitti fe-
an, ot U6 vMiaieni proflter des Hr-
•M BtnnocH qu'ils croyaient lenr être
favorables. La uouronne imipériaie re-
haussait la fierté de la cour de Vienne,
et le désir de partager les dépouilles
d'un ennemi donnait de la fermeté à
celle de Dresde^
Il aéra peat^tre nécessaire, pour
rintelUgeoce des faits, de rapporter de
quelle manière la dignité impériale
letouma à la nouvelle nîaison d'Au-
triche. Oepuis la paix de Funen, le
comte de Ségur avait pris le chemin
du Necker, pour se joindre eu prince
de Contik M. de Bathyani le auivit et
traversa Tempiro, aûn do ae joindre au
corps du duc d*Âremheiig, qui avait
wom quartier à Weilbourg. La France
«nrait dù^ dans ce moment, ftûrs les
deniers efforts pour empêcher cette
Jonction ; mais elle n^ogissait pas. Le
yréteite de la guerre était d'empêcher
fue la dignité impériale ne rentrât
dans la nouvelle maison d'Autriche.
JLa France devait donc rassembler des
larces aux environs de Francfort, ce
4|ni raurait rendue maîtresse de l'élec-
tion ; il fallait autoriser le prince de
Coati à chasser le duc d'Arembeiig du
foisinage de cette ville^ et empêcher
surtout sa jonclion avec M. de Bathya-
ai» qui donnait une supériorité mar»
quée aux Autrichiens sur les Fran-
çais» Louis XV et le prince de Conti
javaicnt souvent assuré le roi, dans
laurs lettres, qu'au risque d'une ba»
taille ih s'opposeraient à TéleetioA du
grand-duc; c'étaient de beliea paroles.
La bataille ne se donna point» Le
prince de Conti fut oUigé de détacher
qBioce miUe homnses poor la Flandre»
Le comte de Traun eut le comasande»
peut de l'armée de l'empire. U déta-
MM TJBim. 'ftl
t^ BSBiMkhu , «t M fit )M»iGf ta
Rhin à Biberich. Lé prince de Conti en
prit Falarme; fl Dt sauter ton pont
d'A^haflhnbottrg , rompre celui de
ticeohst , et se relira à Gcrau sur le
Rhin» Le grand-duc se rendit en per*
sonne à son armée. Traun passa le
Mein. Rtfrcnklau dent quelques com-
pagnies franches du prince de Cônti
auprès d'Oppenhcim. Sur cela les
Prancttis n'y tint^ent plus. Le prince
de Conti repassa le Rhin t Gormers-
heîm et à Rhcinturkeim. Son équipage
Ait pris par les ennemis, qui llnqulë-
tèrent fort dans sa retraite ; il campa
i Worms, derrière le ruisseau d*Ost-
hofen, se retira de là è Maulerstadt,
où U Onit une campagne peu glorieuse
pour les aunes fhin^ises.
La rétraite du prince de ttenti fut lo
signai qui Bt éclater Tesprit de vertige
des princes de l'empire et leur attache-
ment pour la maison d'Autriche. On s'é-
tonne avec raison , i7n cousMérant la
hauteur et le despotisme Avec iMquels
cette maison avait gouverné l'Alterna-
gne^ qu'il se trouvât des esclaves assez
vils pour se soumettre au joug qu'elle
leur imposait ; et cependant le grand
BKHBbre était dans ces sentimens. Le
roi d'Angieterro avait è sft dij^posltton
tout le collège électoral ; tl était maf-
tns de la diète de l'empire. LYIeeteut
de Mayence devait sa fortune à la mat-
son d'Autridie, et n'était que l'organe
de ses voiontés^ C'est un anden usage
que le doyen du collège éiecloral mvlte
les électeurs è la diète d'élection. Après
la mort de Charles VII, l'électeuf de
Mayence s'inquitta de ce devoir et fi ta
l'ouverture de la diète an 1^' Juin. Le
baron d'firthai, cliargé de celte ambas-
sade, se rendit à Prague et fit la mê-
me invitation au royaume de Bohème
qu'auH autres éler,teun, ce qui était
contraire aui dédsiom de la defnièfa
dMii f qvi portiltDl qu'oo hûMiait
dormic la Toix de Bohème. On avait
craint au comniencement de ramiée
nu, tant à Vienne qu'à Hanovre, que
I*armée du prince de Conti n*emp6chèt
à Francfort les partisans du grand-duc
de Toscane de lui donner leurs voii, et
l'on avait jeté les yeux sur la ville d'Er-
furt pour y assembler la diète ; cela
aussi était contraire aux 1<hs fondamen-
tales du corps germanique, surtout à
la bulle d'or : la faiblesse des Français
sauva cette transgression à la reine de
Hongrie. La diète de l'empire s'assem*
bla donc à Francfort le 1^' juin. La
France donna l'exclusion au grand-
duc ; mais Tarmée du prince de Conti,
qui devait appuyer cette déclaration,
ayant déjà disparu, c'était de la part
des Français un aveu tacite d'impuis-
sance qui leur aliéna le cœur de tous
leurs alliés. Les ministres de Brande-
bourg et de réiecteur palatin remirent
un mémoire à la diète« lequel demandait
l'examen de trois points : 1* si les am-
bassadeurs invités par Télecteur de
Mayence éUiient admissibles à donner
leur suffrage? 2* Si leurs cours avaient
toute la liberté requise selon la bulle
d'or ? S"" si quelques-uns ne s'en étaient
pas privés eux-mêmes, ou par des pro-
messes, ou par vénalité ? Le premier de
ces points regardait l'ambassadeur de
Bohème, qui ne devait point être ad-
mis; le second désignait l'ambassadeur
palatin, dont le secrétaire avait été en-
levé par les Autrichiens aux portes de
Francfort ; et presque tout le collège
électoral se trouvait dans le troisième
cas. Us flnirent en protestant contre
rassemblée de la diète, qui serait cen«
lée illégale jusqu'au redressement de
tes grieb, et se retirèrent. Comme une
fausse démarche en entratneune autre,
b cabale autrichienne passa par-dessus
toutes tes bienséaoees ; et saos avoir
écARl à cm proteslalloiift, le Jour Ai
l'élection fttt Sxé ta 18 septembre.
L'ambassadeur hrandebMrgeois et le
palatin se retirèrent à Hanau, en pro-
testant contre cette assemblée illicite
et schismatique, dont les résolutions
et les opérations devaient être regar-
dées comme nulles.
Le grand-duc fut élu le IS septen»-
bre, au grand contentement du roi
d* Angleterre et de la reine de Hongrie.
Restait à savoir s'il convenait mieux au
roi de reconnaître purement et simple-
ment le nouvel empereur, ou de lui
rompre entièrement en yisière, en dé-
clarant qu'il ne reconnaissait ni élec-
tion ni élu. Ce prince ttnt un juste mi-
lieu entre ces deux partis. Il garda un
profond silence , parce que : 1* il ne
pouvait mettre la France en action
pour renverser ce qui s'était fait à
Francfort, et qu*en second Keu recon -
naître l'empereur sans nul besoin ,
c'eut été se priver à la paix du mérite
d'une complaisance qu'on pouvait alors
faire valoir. La reine de Hongrie jouis-
sait déjà paisiblement à Francfort dn
spectacle de cette couronne impériale
qu'elle avait placée avec tant de peine
sur la tête de son époux ; elle laissait
la représentation à l'empereur, et ré-
servait pour elle l'autorité ; elle n'était
pas même lâchée qu'on remarquât que
le grand-duc était le fantôme de cette
dignité et qu'elle en était l'âme. Cette
princesse montra trop de hauteur pen-
dant son séjour h Francfort ; elle trai-
tait les princes comme ses sujets, elle
fut même plus qu'impolie & l'égard du
prince Guillaume de Hesse. Elle an-
nonçait ouvertement dans ses discours,
qu'elle aimerait mieux perdre son co-
tillon que la Siiésie ; elle disait du roi
de Plusse, qu'il avait quelques qualités,
mais qu'elles étaient ternies par l'in-
constance et par l'injustice. Par li
HISTOfRB l>b MON Tfîl^IPS.
177
moyen d'émissaires secrets le roi avait !
fait lAcher à Francfort quelques propos
ile paix, qui furent tous rejetés. La fer-
meté de l'impératrice dégénérait quel-
quefois en opiniâtreté ; elle était comme
enivrée de la dignité impériale qu'elle
venait de remettre dans sa maison.
Uniquement occupée de perspectives
liantes, elle croyait déroger à sa gran-
ur en entrant en négociation d'égal
égal avec un prince qu'elle accusait
se rébeUion. A ce motif de vanité se
îoi^iaient des raisons d'État plus soli-
des. Depuis Ferdinand I*% les principes
de la maison d'Autriche tendaient à
établir le despotisme en Allemagne :
lien n'était donc plus contraire à ce
dessein, que de souffrir qu'un électeur
acquit trop de puissance; qu'un roi de
Prusse, fortifié des dépouilles de Tem-
parenr Charles YI, employant ses for-
ces contre l'ambition autrichienne,
aouttntcontre elle avec trop de fermeté
IfS libertés du corps germanique.
Vmlàles véritables raisons qui empé-
dièrent la cour de Vienne d'accéder au
traité de Hanovre. Le roi de Pologne
avait des raisons différentes. Son* objet
piineipal était de conserver la couronne
ile Pologne dans sa maison, et pour
sTen assurer d'avantage, il espérait par
eatte guerre gagner une communica-
tion de la Saxe en Pologne par la Silé-
sie; il ambitionnait la possession du
duché de Glogau, et plus même, s'il
pouvait l'obtenir. ***, qui croyait le roi
de Prusse aux abois, ne voulait point
de composition. Les espérances bien ou
mal fondées de ces deux cours empê-
chèrent que la convention de Hanovre
ne devint alors une paix entre ces trois
imissances belligérantes. Cependant le
roi d'Angleterre se flattait, à force d'in-
aialer sur la même chose, de ramener
euGn l'impératrice et le roi de Pologne
^ «on ?pnti"*<*»»-- ' '•• ;*!:••»»•'» r'Pj! qu'il
on donnait au roi de Prusse, lireiit -
pendre l'expodition d<» Sax(*. ï>:îns rc%
circonstances d'ailleurs il n .mrnit pas
été convenable d'embrouiller les affai'
res plus qu'elles ne l'étaient déjà, et
d'entreprendre une nouvelle guerre.
Cette modération que le roi mit dans
sa conduite, ne pouvait tourner qu'à
la confusion de ses ennemis, qui tâ-
chaient, en calomniant ses démarches,
d'attirer sur lui la haine des souverains
de toute l'Europe.
Mais ces mesures que l'on voulait
garder avec la Saxe, n'empêchaient pas
de pousser la guerre avec vigueur con-
tre l'impératrice-reine. On se trompe
lorsqu'on croit fléchir son ennemi en
le ménageant les armes à la main ; les
victoires seules le forcent à la paii.
"'est ce qui fit qu'on pressa les opéra-
tions de M. de Nassau. Cosel lui oppoi<a
une faible résistance; il ouvrit la trnn*
chée du côté du bas Oder ; le feu prit
par accident à quelques maisons, (^
qui obligea le commandant à se rendre
le 6 septembre. M. de Nassau y flt pri-
sonniers trois mille Croates, et ne pei •
dit au siège que quarante-cinq homme<^ .
Ce général, après avoir ravitaillé la ville
et y avoir laissé une garnison de douze
cents hommes, se porta sur Troppau
avec sa petite armée ; de là ses partis
mirent à contribution quelques cercles
de la Moravie ; il eut de petites affaires
avec les Hongrois, dont il sortit tou-
jours avec avantage et avec gloire.
Mais il est temps de retourner en
Bohème, où nous avons laissé l'armée
prussienne au campdeClum et celle des
Autrichiens à celui de Kœnigsgraeti.
Les ennemis tentèrent deu: fois d'em*
porter de vive force la petite ville de
Neustàdt, où commandait le major
Tauenzien ; mais ils furent toujours re«
poussés par la valeur de ce di^ne of*
(icier. Ce poste était très iiP.;*ortant|
«3
178
FAÉDÉaiC U.
parce qu'il assurait la commuDication
de la Siiesie. Le prince <}e Lorraine,
qui se croyait pluç fort par les secours
qu*il avait rpcus, qii'affaiMi par le dé-
part des Saxpn^, passa I- Adier et s éta-
blie (l^ns le pdipp que les Prussiens
^yaient eu en^fc JÇfpnig^Si'^tz et Cora-
y^liiotfi. Le^ Bfu^içns firept un mou-
^ Yçn^pflt en PflR^éfluepçe ; \\% mirent
rçUlc dcYoqt leur frftiit» lew droite à
§pl)mirsilz pt iQHf g^U^l^p ^ jaromirtz.
M. Du Moulin garda sop pQS^ de S!^ka-
Utf et le gép^ral L^bw^ld occupa la
hauteur (}e f^jf s ^u çopflucnt 4^ la U^
^u daq^ i*£lbc ; ^e sorte qpe les P4U^
f^iensî tenaient ce^ deu^ rivièrq^. M. de
Yalq^i «irait pris yp logement d<|PS le
fauboqrg de 4^fOîpirt*; pp Uv^Ut
qu'il valait {piçpx cntr^^' en Y^le et il
n'ep voulut ripn croire. (Jn partisan
«utn^lûePf nomna^é Erai^quipi, qui en*
tre(çnait (les intcUlgçnces avec VMW
du iparquis, tenta dç Tenl^vçr. II p^
nétra ^ d^s granges çt de^ jardins ;
nia\s par piéprisçi il wleva le sficrétawe
ax\ lieu du miqisti^* C^ secrétaire,
nommé d' Arget, eut TpfprU 4e déchirer
toutes ses lettrçs ; pour ^uvçc ^q mat*
Ue il àit\ qwHl i^Wt Y^lûri, et pe. dé-
trçip^pa Franquli\i qw lûr^u*4 «*àtaU
|pji^s ^mp^de pire^dr^le mini^^
pp^jiliop l'igrmée prus^ieupe élait iuatrr
taïquablo- S\iPH9^ ^9^^^ 4UC le prince
de Murraipe eût voplu tepter l^ passage
4q la If étai]^ à Valda de phiiâieurs ponts
construits sur T^be, le roi pouvait sç
porter derrière Te^pemi et le couper
de Ksnig^r^tz. Era^q^i^î étaUle ^
qui ^nftt q\]^ek!meii ipqwétudçs pppr
lesjivres; ils'ét^i t^tô daps vue (Oh
rÀt noD(\méç. vylgairemept le rp^aum^
^ SQva ; ce boU copunuiûque aui^ dks^
paim de Braunau, Slarckatadt et Tcau-
t^oai^; U tombait de ce içepaire wr tes
opnvoia qui yenaiept da lu SUésie. GhAr
que convoi avait uue petite bataille à
livrer ; souvent il fallait y envoyer
secours ; cela fatiguait les troupes ci
Ton ne se pourrissait que Tépée à h
main.
I/iropératrice-roine eependant CMh
mencail à s^ennuyer de eette gnem
qui sie décidait rien. Biiessée par le ni
d' Angleterre de faice la paix, Mie w0i-
lut an moin^ tenter «encore la fonrlttiie
avant de quitter la irarUe, et donna itt
prince de Lorraine Tordre précit Va-
gir offcnsivcmcnt , et s'il le poonjH
avec av£|ntage, d'engager une aAfJrt
générale avec les Prussiens. Poof PH-
der dans une entreprise aoasi impoi^
tantp, elle lui avait formé oné espèèa
de conseil, composé du duc d*Aria«-
berg et du prince Lobkowitx; elles loi
envoya toi^s deux à Tarmée, se fiêtinîl
d*avoir pourvu à tout, et que la forloÉè
qui avait couropné son époux k ItaM-
fort, lui gagnerait des batailles en ■»•
hAme. On sut bicntAt dans le eaM
prussien que M^. (l'Aremberg et A
Lobkowitz avaient joint le prihce et
Lorraine, et Ton devina à peu près lis
inlçntions de cette princesse. Le prinss
Lpbkowitz, d'un tempéranent vioîeÉk
et impétueux, voulait attaquer etlsfr
railler sans cesse ; il envoyait tons !«
joprs les hussardis à la petite gnem,
souvent même mal i propos, et s^esi-
portait k^squc Nadasti ou FraaqnlÉj
avaient essuyé quelque échec. Le prinee
de lorraine, qpi connaissait les "tnÊh
siens popr avo^ fait trois campanas
contre eux, aurait préféré la gw^n iê
chicana à celle qu'on loi ordonnait 4s
(aire ; il sa serait contenté de dispèltr
les subsistances, de consumer son
nemi i petit feu et d^accumuier
coup de petits avantages, qnl féaak
ton% l'équivalent des phis ^nands sée-
cés. Pour le duc d'Aremberg^ <Vpt-
santi par l&ge, H était de l'avis do dn^
niei qui opinait. Los deux années n'#^
talent distantes Tune de Tautre quç
d'une demi-portée de canon. Le roi,
de sa tente, qui était sur une hauteur,
voyait tous les jours les généraux en-
nemis venir reconnaître sa position :
on les aurait pris pour des astronomes,
car ib obaervaîcint les Prussiens avec
de grands tubes^ ensuite ils délibé-
raient ensemble ; mais ils ne pouvaient
rien entreprendre contre un camp qui
était trop avantageux et trop Tort pour
être brusqué. Bientôt les ennemis don-
nant l'alarme au corps du général
Lehwald; quinze cents pandours pas-
sèrent la Métavi pendant la nuit et se
retranchèrent sur une hauteur voisine
^ celle des Prussiens; un essain de
troupes légères devait les suivre. M. de
de Lehwàld ne leur en laissa pan le
temps ; U marcha h eux à la tête de
d|enx bataillons, les chassa b baïon-
nette au bout du fusil de leur redoute,
leur prit quarante hommes et les fit
poursuivre par seç hussards. Le pont
de la Uétau se rompit pendant leur
fhite précipitée et plusieurs se noyè-
rent. Cette belle action de 10. dq
Lehwald empêcha les Autrichiens d'é-
tablir une communicatioa avec Fran-
quini, qui voulait empêcher les convois
d'arriver au camp prussien. Le prince
de Lobkowltz ne se rebutait pas pour
avoir manqué quelques projets ; il en
fQrmait sans cesse de nouveaux et
tçnta pour la troisième fbisi de prendre
Meustadt. La ville fût investie le 7 sep-
tembre par dix mille hommes ; le roi
il*en fut informé que le 1S. Il envoya
nçontineotDn Moulin et Wînterfeld è
sonsecours. Winterfeld, avec trois cents
fhntassins dn régiment de Schwérin ,
força le passage d*un bois défendu par
i]'^'\\\ cents pandours ; les Hongrois
y r«i:rcnt deux canons et furent je-
r's dans une espèce de précipice qu*fls
^viient derrière leur front. A Tap-
1109 TBMPS. 1*19
proche des Prussiens, le siégQ de Neut-
tadt fut levé ; ils repassèrent la Mé*-
tau et se retirèrent dans leur campt
&I. de Tauçnzien, renfermé dans une
bicoque sans défense, dont la mu-
raille était crevassée en beaucoup d'en-
droits, avait soutenu cinq }ojm ^Q
tranchée ouverte contre dii millQ eiH
nemis qui l'assiégeaient et qui^ les dem;
derniers jours, liii avaient coupé lea ca-
naux qui portaient l'eau aux fontainei
de la ville : les murailles avaient été
battues par dix pièces d'artillerie, qui
en avaicMt fait écrouler un pan consi-
dérable. Nqus avons vu des places for-
tiCées par les Yauban et tes Cœhorn ne
tenir pas aussi long-temps à propor-
tion : ce n'est donc pas toujours la
force des ouvrages qui défend les pla-
ces, mais plutôt la valeur et l'intelli-
gence de l'officier qui y commande. La
poste de Neustadt ne pouvait plus s^
défendre depuis que l'eau y manquait;
mais en l'abandonnant on perdait 4
l'égard de la sûreté des convois : cepen-
dant les fourrages étant tous consom-
més dans le voisinage, il était à propos
de changer de position, et Ton ruin^
les murailles de cette viD^ Le 18 sep-
tembre l'armée passa l'Elbe auprès de
Jaromîrtiet campa à Kowaikowitz, sans
que l'ennemi ftt le moindre mouvez
ment pour s'y opposer. II fallut de c^
camp détacher le généra] Polentz avQi(
mille chevaux et trois bataillons^ pour
couvrir la nouvelle U^rcho et rOder
contre un corps de six mille ulaqs qoM
le roi de Pologne avait levé, et qa*Il
voulait attirer en Saxe, pour y jpindrt
ses troupes ; les autres détachement
rentrèrent dans Parmée et M. PuHoa-
lin eoL couvrit la gauche.
Il se Ot ce jour-là un feu de joie dans
l'armée autrichienne, pour célébrer
l'élection du grand-duc ; le nom d'ir-
mée impériale réjouissait tes offlders
180
pBitoiiuc n.
qui la comîposaient ; deux jours se pas-
sèrent en festins où le vin ne fut pas
épargné. Peut-être auraît-ce été le mo-
ment d'attaquer ; mais le roi ne voulut
point s'écarter de son plan de campa-
gne. Il résolut donc de transporter son
camp à Staudentz ; le chemin qui y con-
irinfanterie pour couvrir les fourra*
geurs; chaque botte de paille coAt^iit
un combat. Moratz, Trenck, Nadasti,
Franquini étaient tous les jours aux
champs ; enfin c'était une école pour la
petite guerre. De tous les officiers au-
trichiens, Franquini était celui qui avait
duJt passe par une vallée bordée de bois la connaissance la plus exacte des che-
et de montagnes qui tiennent à la for6t
de Siiva. Franquini s'embusqua auprès
<ni village de Liebenthal, sur le che-
min où la seconde colonne devait pas-
ser. Le nrince de Léopold qui la con-
anisait. détacha quelques bataillons, qui
traouèrent le bois, en même temps que
ane M. de Malachowsky, à la tête de
quelques centaines de hussards, grim-
pant sur ces rochers escarpés, aida Tin-
faiiterie à chasser ce partisan de son
embuscade : cette action, la plus hardie
que la cavalerie puisse entreprendre,
combla M. de Malachowsky de gloire.
Il eut cependant vingt hommes de tués
et quarante de blessés dans cette af-
faire. L'armée n'entra que sur le tard
dans le camp de Staudentz. M. de Leh-
wald avec son corps occupa Starckstadt
et M. Du Moulin se rendit à Trautenau
avec son détichement, pour couvrir les
convois qui venaient de la Silésie. Les
Prussiens embrassaient ainsi toute la
chaîne des montagnes qui côtoient les
frontières de la Silésie, de Trautenau à
Braunau ; cette partie fut radicalement
fourragée, et l'ennemi n'aurait pas été
en état d'y subsister pendant Thiver.
Cela formait une barrière qui mettait
jusqu'au printemps prochain la Silésie
à couvert d'incursions. Les fourrages
se faisaient toutefois avec bien plus de
difficulté que dans les plaines, par la
nature du terrain coupé et difficile qui
environnait le camp : a6n de ne point
mposer ^es troupes à quelque affront,
il fîilloit fies convois de trois cents che-
mins qui vont de Bohème en Silésie ;
il attaqua avec quatre mille pandours
entre Schatzlar et Trautenau un con-
voi de farine escorté par trois cents
fantassins. Le jeune Mœllendorff, aide-
de-camp du roi, conduisait ce convoi;
il soutint les efforts des ennemis et
s'empara d'un cimetière qui dominait
le déGlé, d'où il protégea les chariots et
se défendit pendant trois heures jus-
qu'à l'arrivée du secours de Du Moulin,
qui le dégagea entièrement. Les enne-
mis laissèrent quarante morts sur la
place : la perte de l'escorte fut légère,
à cela près que Franquini détela une
trentaine de chariots, dont il emmena
les chevaux. Quoique ces petites ac-
tions ne soient que des bagatelles, elles
font trop d'honneur à la nation et à
ceux qui y ont eu part, pour laisser en-
sevelir dans l'oubli ce qui peut devenir
un germe d'émulation pour la posté-
rité. L'ennemi tentait chaque jour de
nouvelles entreprises ; ayant la faveur
du pays, il savait que le dépôt des vi-
vres et la boulangerie de l'armée
étaient établis à Trautenau, et cette
connaissance lui suffit pour faire met-
tre le feu aux quatre coins de cette
malheureuse ville ; en trois heures de
temps toutes Les maisons ne furent plus
qu'un monceau de cendres. Comme on
avait eu la précaution de placer les ton-
neaux de farine dans des caves bien
voûtées, on ne perdit que quelques
chariots de bagages que les flammes
consiunèrent. Cette action inhumaine
>aux et de sept à huit mille bommes [ retomba sur ses auteurs, et Fimpérfr»
HISTOIRE DIC MON TEMPS.
!R1
tike-reiiie, au lieu d'y {gagner, eut en
Bohème une ville de plus de ruinée.
Ces tentatives n'étaient que le pré-
lude de ce que la cour de Vienne et
ses généraux méditaient depuis long-
temps d*exécater. Le prince de Lor-
raine voyait que les Prussiens se pré-*
paraient à quitter la Bohème; il les
suivit et vint camper a Kœnigssaal ,
pour. les observer de plus près. Le
camp de Staudentz n'avait pas été éta-
bli selon toutes les règles de l'art. Le
roi avait affaibli son armée par ses dé-
iachemens ; il ne lui restait pas assez
de troupes pour remplir l'espace qu'il
devait garnir. M. de Nassau était dans
la haute Silésie, M. de Polentz dans la
nouvelle Marche, M. Du Moulin à
Trautenau, lequel , depuis que Fran-
quini avait fait quelques tentatives sur
Schatziar, obligé d'y nMurcher, fut re-
levé par M. de Lehwald à Trautenau ;
il ne restait , après tous ces détache-
miros, que dix-huit mille hommes dans
Tarmée que le roi conunandait, et qui
ne suffisaient pas à occuper tout le
terrain que le caprice de la natm*e
avait formé pour une plus nombreuse
année. Ce corps dominait en certains
endroits les hauteurs voisines , mais la
droite était entièrement dominée par
un monticule que la faiblesse de l'ar-
mée ne permettait pas d'occuper ; ce-
pendant on avait placé des gardes de
cavalerie et des corps de hussards sur
ces hauteurs, pour en être maître en
cas de besoin. La cavalerie, à la vérité,
ne pouvait guère aller à la découverte
au-delà d*un demi-mille, à cause des
bois, des défilés et des gorges des
montagneb, rennemi, en revanche,
envoyait tons les jours des partis de
quatre à cinq cents chevaux, qui rô-
daient autour du camp prussien ; ils
défilaient, allaient et venaient le long
dfi la forêt de Silva, en tirant yers
Marchcndort', où Fraïuiuini avait m>ii
petit camp. L'armée autrichienne n'es-
tait qu'à une marche de celle du roi.
ce qui fit appréhender à celui-ci ([ue'
le dessein du prince de Lorraine ne
fût de gagner Trautenau avant lui.
Pour prévenir l'ennemi , qui aurait
par là coupé son corps de la Silésie , le
roi résoiut de se mettre en marche le
lendemain ; mais, pour être préalable-
ment mieux informé des mouvemens
des Autrichiens, il fit partir sur-le-
champ un détachement de deux mille
chevaux , commandés par le général
Katzier, pour aller à la découverte sur
les chemins d'Arnau et de Kœnigssaal,
avec ordre de faire des prisonniers et
de prendre des paysans des environs,
afin de se procurer des nouvelles de
ce qui se passait dans le camp du
prince de Lorraine. M. de Katzier s'a-
vança avor sa troupe, p( se trouva,
sans le savoir, entre deux colonnes
d'Autrichiens qui se glissaient dans les
forêts pour lui dérober la connaissance
de leur marche. Il aperçut devant lui
un grand nombre de troupes légères
et un corps de cavalerie, de beaucoup
supérieur au sien, qui les suivait; sur
quoi il se replia en bon ordre sur-le-
champ, et rendit compte au roi de ce
qu'il avait vu ; mais il n'avait pas vu
grand'chose. Les troupes reçurent or-
dre de se mettre en marche le lende-
main à dix heures, et le trente sep-
tembre, à quatre heures du matin,
pendant que le roi avait auprès de lui
les généraux du jour, pour leur dicter
la disposition de la marche, un officier
vint l'avertir que les grandes gardes
de la droite du camp découvraient une
longue ligne de cavalerie, et qu'au-
tant qu'on en pouvait juger par réten-
due de la poussière , ce devait être
toute l'armée ennemie. Des offlden
vinrent, un moment aprèi, nppQf-
in
ter que quelques corps autrichiens
commençaient k se déployer vis-à-vis
du flanc droit du camp. Sur ces nou-
velles, les troupes reçurent ordre de
prendre incessamment léi armes, et
lé roi se rendit auprès des grandes
^rdes, pour juger, par âeà propres
yeux, de l'état des choses et da parti
qu'il 7 avait à prendre. Il faut, pour
le Taire une Juste idée de la iNltâille
ié $}orr, se représenter exactement tô
tcnain sur lequel elle se donna. Dans
ta position où était Tarmée ftvaùt la
bataille, sa droite appuyait à uri petit
Bois gardé par un bataillon de grena-
diers; le village de fiurckersdorf se
trouvait sur te flanc droit, venant de
PrDsenitz au chetnm de Trautenau ; il
n^était point occupé, parce qu'il est
iitué dans un fond et que les malsons
en sont isolées. Ce fond-bas régnait
depuis le front jusqu'à l'extrémité de
la droite , et séparait le camp d'uAe
Kauteur assez élevée, qui s'étendait du
chemin de Burckersdorf àt^riiseniU, et
Inr laquelle on atait placé les hussards
et les gardes du camp. Le front de
f armée était couvert par le village de
Staudenfz, au-delà duquel régnaient
des montagnes et des bois qui te*-
naient au royaume de Silvâ. La gau-
iehe de la petite armée était appuyée &
un ravin Impraticable. Deux chemins
itieuaient du camp à Trautenau : l'un
jféT la droite du camp, laissant fiurckers-
dorf i gauche, passait par un petit dé-
filé, et conduisait ensuite, par Une
plaine unie, à Trautenau; l'autre par-
tait de la gauche de Tarmée, passait
par Une vallée pleine de défllés et par
le village de lludersdorf, menant à
Trautenau plutôt par des sentiers que
une route battue. Lorsque le roi
.vriva à ses grandes gardes, il vit que
Autrichiens cômnieiicaietit è se
oimier, et iî jugeA qiilt vêtait plus té-
ITRÊDÉRIC it
mérairc de se retirer & travers deé M-
filés, devant une armée qu'il avait al
près de lui, que de l'attaquer ibalgté
la prodigieuse infériorité dd nôfnbfe.
Le prince de Lorraine avait biéi
compté que le roi prendrait le pêM
de la retraite , et c'était stir quoi il
avait fait sa disposition ; il voulait eiK*
gager une affaire d'arrière-^arde, et ff
est certain que celle-là lui aurait rétâ^
si. Mais le roi prit, san^ halaficef, M
parti de l'attaquer, parce qu'il aurtM
été plus glorieux d'être écfasé en veli«-
ddnt ch<!rement sa vie, que dé périr
dans une retraite qui atirait assuré^
ment dégénéré en fuite ignomi-
nieuse.
Quelque danger qu'il y ait à manoÉ^
vrer en présence d'un ènneiinl ôêjk
rangé en bataille, les Prussiens pasife*-
rent par-dessus ces règles, et firest
un quart de conversion è droite pOôf
présenter un front parallèle k celai de
Tenneml. Cette manœuvre délicate ift
fit avec un ordre et une eélérité ta->
concevables ; mais les Prassietia tie sa
pffsentërcnt que sur une liKne tis4-
vis des Aofrichietis , qui élaiefit
trois lignes de profondeur; il
métne que ée déploiement s'eiéeMM
sous le feu de vingt-huit pièces éé »
rïôn, que les ennemis avaient disposés
en deujt batteries, et d'un bon nonslifa
de grenades royales qu'ils Jetaieat
parmi la cavalerie. Mais rien ne dé-
concerta les Prussiens: attctm soMit
ne parut craindre, aucun ne ^fintlB
son rang. Quelque diligence qee l'an
employât h se former ainsi, la droite
fht exposée près d'une demi heure au
canon de Tennerfll, Avant qm la gau-
che fût entièrement sortie du eamp.
Alors le maréchal de Buddenbmck ra-
çut ordre d attaquer avec la cavalerie;
ee qu'il etéeuta saris balancer. 1^ ter-
rain de» AetrifMens était mai diolM;
mSTOlUfi a 9^ TEMPS.
ISS
a caVaterie avait une espèce de pféci-
I)ice derrière elle ; elle ëiait siir tfdiâ
i^iies, auxquelles le lerfâiii ëtrbit nV
vàit pas periiiis de donner iihe distaiiCë
convehdi)tc. A pëlïié y avdîMl èîhtfd
cfiàqiie ligne vingt pas a'iritcrvahc ; lis
tirèrent de là cdfabihë, selori teiir ûiti-
;e, mais ils h'cdrèrit jfhs le téiiips de
Seitrè Tépëé î la main, ayant été kal-
fiiités en pârtid dans le fond (ju^Ild
Ivâfëht derrière eux, et eti ptitiie jë-
Us sûr léiir propre ihfaniërie. Cela ne
pouvait manquer d'arriver ; car la pre-
ffîiërë ligné renversa deValt néèessal-
remëht se jeter sur la seconde, Celle -là
nir la troisième, ei il n'y avait pdiht
d'espace où ces corps, qui foïiriaictit
éinquahte escadrons, pussent se f efbr-
jner. Là première brigade de t'itifan-
Cerié de la droite dèi f^fuâsiens, ani-
mée par ce succès, se hfttit trop d'atta-
^(lef ces batteries des Autricbiens dont
nous avons parlé; vingt^hflit ofhons,
cargos à inilraiilê, ^'clàirctrcAt dans
un moment les rangs des assaillans et
Îës firent plier : cinq bataillons, ddns
ësqucis consistait la résen'è , arrivè-
rent fort & propos ; ceux qui avaient
été rèpoùssds se rcrôrmèrent auprès
d'eux, èid*ùn effort commun, ces deux
Sètâlllons emportèrent la batterie.
II. de Èoriin, lièutenant-gériéraï , et
If. de CeisC, colonel, eurent Id prin-
cipale p9it à cette belle action. Alors
otr aperçut une grosse colonne d'èh-
nemis oui venait de leur droite et qui
aëscehddit dés liaùteûrs pour s*èmpa-
fer de BurckersdorflT. Lé roi les pré-
vînt éh bordant ce viliage d'un bàfâil-
iôn de iiàfckstein. On mit lé feu aux
maisons les ptùs écartées Vers la gan-
cfié. pour couvnr ce* batallfôri, pendaint
[lié rràfânférié dé fâ gauche se for-
jait derrière. Ce Umûoh iira ^r
Môtons contre réânè'mi, èoîfamé il
réS, fuï dans ohé ^àce d'éXèrcicé, et
là Colonhè se retira eh ftiyant. La ca-
valerie dé là droite des Pmssicos dé-
tenait dès-lors inotile à l'endroit où
elle était. Ce précipice^ dans lequel
elle arait jeté les Autrichiens, prenait
depuis le chemin de Trautenan, et al-
lait en diMindant toujours de largeur
Tcfs le centre des Prussiehs, mais en
tirant vers le village de Sorr, qui était
eri àvàtit. On Mtssa dotic les GuirassierÂ
de Bûddéhbroek et qdelques hussards
^oùr Suivre i'ihf^nterie en seconde li-
^ë. tés gendarmes de Prusse , de
Ktittembonfg et de Kian, qui formaient
tfhgt escddrons, fnrerit envoyés à la
gauche de l'armée, pour renforcer cet-
te aile, tandis que l'infanterie de la
droite prenait celle de l'ennemi en
flanc, et la menait battant devant elle,
en la faisant replier sur la droite des
impériaux. Les gardes, qui étaient au
contre de la ligné , conduites par le
prince Ferdinand de Bi-unswick, atta-
quèrent alors tme hauteur que les en-
tièmis tenaient encore; elle était es-
carpée et chargée de bois; elle fut
emportée cependant; et ce qu'il y
avait de singtilier, c'est que le prince
Louis de Brunswick la défendait con-
tre son frère. Le prince Ferdinand se
distingua beauroi^p dafis cette occa-
^n. f.é terrain dd corhbat n'était al-
térnalivement que fonds et hauteurs ,
ce (jui criga^ait sansceése de nouveaux
èombats; ttif les Autrichien^ tâchaient
de se falliér sur ces hanteurs; mais re-
pousses & friûsleufs reprises, la confu-
sion devint générale, et à la retraite
Hccéda la fuite. Toute la campagne
était couverte de soldai!) lébandés :
cavaliers et fantassins, tout étùl mêlé.
Tandis qûé l'armée ^irussiemie victo-
rieuse pourstiiVàit à grands pas les
i^ifncus, lescMHÉSlé^s de BronsUedt,
^i tortfBMtaient à hr gauche, enve-
bppèrénf le régimerft dé Damniti et
tw
FEiDBttC a.
un bataillon de Gollowrat, prirent dix
drapeaux et firent dix sept cents pri-
sonniers. Le reste de la cavalerie de la
gauche ne put atteindre la cavalerie
autrichienne, qui évita de s'engager,
et se retira en assez bon ordre dans la
forêt de Silva. Le roi arrêta la pour-
suite au village de Sorr, dont la ba-
taille porte le nom; derrière ce vil-
lage est la forêt de Silva , dont nous
avons tant parié. Il ne fallait pas y
suivre Tennemi ; c'eût été risquer mal
à propos et sans nécessité der perdre
tous les avantages qu'on venait d'ob-
tenir : c'était bien assez qu'un corps
de dix-huit milla hommes en eût bat-
tu au-delà de quarante mille ; il n'y
avait rien à gagner en se hasardant
d'aller plus loin. Les vainqueurs per-
dirent le prince Albert de Brunswick;
le général Blanckensée; les colonels
Brédow, Blanckenbourg, Dohna, Le-
debourg; les lieutenans-colonels Lan-
ge et Wédel, des gardes, et mille sol-
dats; victimes illustres, qui sacrifiè-
rent leur vie pour le salut de l'État.
On comptait que le nombre des bles-
sés montait à deux mille. Les vaincus
perdirent vingt-deux canons, dix dra-
peaux, deux étendards, trente oiBciers
et deux mille soldats qui furent faits
prisonniers. Le prince Léopold se dis-
tingua dans cette journée, et surtout
le maréchal de Buddenbrock et le gé-
néral Goitz, qui, avec douze escadrons,
en battirent cinquante. Si cette ba-
taille ne fut pas aussi décisive que celle
de Friedberg, il faut s'en prendre au
terrain où elle se donna. L'ennemi
qui fiiit dans une plaine doit souffrir
des pertes considérables : celui qui a
le dessous dans un pays montueux est
à Tabri de la cavalerie, qui ne peut
l'entamer considérablement; et quel-
que petit que soit le nombre de ceux
teurs, ce nombre est suffisant pour ra*
lentir la poursuite du vainqueur.
Le projet de cette bataille , conçu
par le prince de Lorraine, ou par
Franquini, auquel d'autres l'attribuent,
était beau et bien imaginé. Le poste
des Prussiens était sans contredit mau-
vais ; l'on ne peut les excuser de n'a-
voir pensé qu'à leur front, et d'avoir
néglige leur droite, qui était dans un
fond dominé par une hauteur éloignée
de mille pas seulement. Mais si les
Autrichiens savaient imaginer, ils n'a-
vaient pas le talent de l'exécution ;
voici les fautes qu'ils commirent : le
prince de Lorraine^ aurait dû former
sa cavalerie de la gauche devant le
chemin de Trautenau, à dos du camp
prussien; en barrant ce chemin, l'ar-
mée du roi n'avait ni terrain pour se
former, ni moyen d'appuyer sa droite.
Le prince de Lorraine pouvait aussi ,
en arrivant sur le terrain, lâcher cette
cavalerie, pour donner à bride abattue
dans le camp prussien. Le soldat n'an*
rait eu le temps ni de courir aux ar-
mes, ni de se former, ni de se défen-
dre ; la victoire était certaine. On dit
que M. d'Aremberg avait égaré sa co-
lonne pendant la nuit, et qu'il s'était
formé à rebours, le dos tourné vers le
camp du roi. Cela ressemble assez au
duc d'Aremberg, et c'est, dit-on, ce
qui fit perdre du temps au prince de
Lorraine, qui s'occupa long-temps à
réparer ce désordre ; mais lorsque les
Prussiens commencèrent à se présen-
ter sur le champ de bataille, qui em-
pêchait alors le prince de Lorraine de
les faire attaquer tout de suite avec sa
cavalerie? Cette gauche aurait Tundo
d'une hauteur sur des troupes ooco-
pées à se former, et sur d^utres qui
défilaient encore. On remarquait que
le roi n'avait pas commis moins de
qui se rallient sur la crête des hau- feu tes que son adversaire. On lui
HISTOIRE DE MON TEMPS.
185
prochaît de s*êtrc mis, par le choix
d*un mauvais poste, dans la nécessité
de combattre , tandis qu*an général
habile ne doit se battre que lorsqu'il le
juge à propos. On ajoutait qu'au moins
le roi devait être averti de la marche
des Autrichiens. II répondait à cette
accusation que l'ennemi lui étant de
beaucoup supérieur en troupes légè-
res, il ne pouvait aventurer fort loin
les cinq cents hussards qui lui res-
taient après tous les détachemens qu'il
venait de faire. Mais, objectait- on, il
ne fallait pas tant faire de détache-
mens, et s'affaiblir si fort vis-à-vis
d'une armée supérieure. H répondait
que le corps de Gésier et de Polentz,
qui alla joindre le prince d'Anhalt,
pouvait être regardé comme faisant
l'équivalent des Saxons qui s'en re-
tournèrent chez eux ; que le détache-
ment du général de Nassau avait été
nécessaire pour pouvoir tirer de la Si-
lésie ses subsistances, qui auraient
manqué tout-à-fait si les Hongrois,
qui infestaient tout ce duché, n'en
eussent été chassés : que les détache-
mens de Du Moulin et de Lthwald
avaient été indispensables dans les
gorges des montagnes, qu'il fallait gar-
der. Sous peine d'être affamé par l'en-
nemi. On n'avait qu'autant de che-
vaux qu'il en fallait pour amener, à
diaque transport, de la farine pour
cinq jours. Si un de ces convois eût
manqué, l'armée aurait été sans pain
et sans subsistances. On disait que le
roi aurait dû se retirer en Silésie plu-
tôt que de hasarder une bataille en
Bohême; mais le roi était dans l'idée
qtt'mie batailla perdue en BohAme
était de moindre conséquence qu'une
bataille perdue en Silésie ; et d'ailleurs
one retraite précipitée aurait indubi-
tablement attiré la guerre dans ce du-
ch*^. Ajoutez à cela que Ton consom-
mait en Bohème les suDST^ranccs de
l'ennemi , et qu'en Silésie on aurait
consommé les siennes: mais nous lais-
sons au lecteur la liberté de peser ces
raisons et d'en juger. On ne peut at-
tribuer le gain de cette bataille qu'au
terrain étroit par lequel le prince de
Lorraine vint attaquer le roi ; ce ter-
rain était à l'ennemi l'avantage de la
supériorité du nombre. Les Prussiens
purent lui opposer un front aussi large
que celui qu'il leur présentait. La
multitude des soldats devenait inutile
au prince de Lorraine, parce que set»
trois lignes , presque sans distance ,
pressées les unes sur les autres^ n'a-
vaient pas la facilité de combattre, et
que la confusion s'y mettant une fois,
elle rendait le mal irrémédiable. Mais
heureusement pour la Prusse, la va-
leur des troupes répara les fautes de
leur chef, et punit les ennemis des
leurs.
Pendant que les deux armées se bat-
taient, les hussards impériaux pillaienf
le camp prussien, la gauche et le can
tre n'avant pas Te temps d'abattre
les tentes. Nadasti et Trenck s'en pré-
valurent ; le roi et beaucoup d'oCBders
y perdirent tous leurs équipages; les
secrétaires du roi furent même pris, ils
eurent la présence d'esprit de déchirer
tous leurs papiers. Mais comment pen-
ser ù ces bagatelles, lorsque l'esprit est
occupé des plus grands objets d'inté-
rêt, devant lesquels tous les autres doi-
vent se taire, de la gloire et du salut de
l'État? M. de Lehwald. atUré parle
bruit du combat, vint encore à temps
pour sauver les équipaijpîs de la droite
et mettre fin aux cruautés affreuses que
ces troupes de Hongrois effrénés et
sans discipline exerçaient sur quelques
malades et sur des femmes qui étaient
restés dans le camp. De telles actions
révoltent rhmnanité et cwvfeot d'iiH
ISb
FRÉDÉRIC n.
filmie ceui qui les font ou qui les toïè-
Mtit. Il faut dire à la louange du soldat
pt'tlssien qù*il est vaillant sans être
éHieifCttiu'on la souventvu donner des
f)rëutès d'une grandeur d*âme qu'on ne
flôlt t)as attendre de gens de basse con-
dition. .
La postérité sera peut-être surprise
Qu'tine armée, victorieuse dans deux
bStâittés rangées, se retire devant Tar-
fliée vdincue et ne recueille aucun fruit
de sc6 triomphes. Les montagnes qui
entourent la Ëohème, les gorges qui la
Séparent de la SHcsie, la didiculté de
iKirUfrif les troupes, la supériorité de
f èfineiti! eh troupes légères, enfin Taf-
fâibllsséîhëhtde l'armée, fournissent la
^(rftiUÔii de ce problème. Supposé que
le toi eût voulu établir ses quartiers
tf hiver âûii^ ce royâurtie, voici les dif-
Acuftéd ((\û se présentaient : le pays
était ch'tiërémeht fourragé ; on trouve
dans ces contrées peu de villes, encore
Mrt-clleâ petites et n'ont Id plupart que
de MatftdisôS niurailtes; il aurait fallu^
pdùr la sûreté, y entasser les soldats les
fïhi sot lès autres, ce qui aurait ruiné
tèfntà^ par des maladies contagieuses ;
i fJèlAè àvtfit-om des ctiariots i)our les
fth-hfës, cotmnetit en âurait-oh trouvé faut user de toutes les précautions
^orfr àstëhët lè fourrage a la cavalerie ? sibles pour y conduire les troupes avec
Mafs en ({nittaht la Bohême le roi pou- sûreté. Le petit ruisseau de Traufes-
ftfit rêfA'ÔTiter, recruter, équiper les bach coulait en ligne parallèle derritef
siens. On apprit dans ce camp que M. ds
Nassau avait battu, le jour de la bataîHe
de Sorr, un corps de Hongrois aUptèà
de Léobschutz et qu'il avait fait eeilt
soixante-dix prisonniers. M. de Foih-
quet avait aussi trouvé moyen d'cnle^
ver quatre cents hussards entre Gmlkh
et Ilabelschwert, ils furent conduits à
Glatz. M. Warneri, qui était avee trob
cents chevaux à I^ndshut, ayant apprit
qu'un nouveau régiment hongrois de
Léopold Palfy a voit marché à Borii-
misch-FriedIand, les tourna ^ les sur-
prit et ramena de son expédition hait
officiers et cent quarante soldats pri-
sonniers; mais comme l'infortune se
mêle souvent au bonheur,- M. de Cha-
zot, du corps de I)u Moulin, ne fut pis
si heureux dans son entreprise M
Marchendorff'; il fut attaqué et batti
par l'ennemi et perdit qnatre-vingli
hommes. Après que l'armée eut acheté
de consommer les subsistances des en-
virons de Trautenau. elle se préparai
retourner en Silésie par le diemin de
Schatzlar. Do toutes les gorges et de
tous les défilés de la Bohême, les ptai
mauvais se trouvent sur ce cheniiii :
soit qu'on avance, soit qu'on recule^ il
f^fiupes, les mettre dans l'abondance
é< leur donner âtt repos, pour s'en ser-
tfr s'il le fallait le printemjts prochain ;
èhifé qu'il partffésarit probable qu'après
la bataillé de Sorr l'impératrice reine
Êëhiil pitis dtspo^ée qu'atipafâvaht à
Kàfèession au (rdllé de Hanovre.
kpt^ ài(ni citttpé par honneur cinq
Jours ttir !è dtaihp dé bàtailfe de Sorr,
.é rôl raniéria ^ ffoupes à Trautenau.
t€ ftfnct âê lorraine était encore k
tntii , ptéi i retourner & Rœnigs-
frMz M brttft de YkppGdtie des Prus-
Ic camp du roi ; des rochers et des fc-
rêts formaient l'autre bord. Le Ù oa-
tobre les bagages prirent les devaw
sous bonne escorte, pour rendre II
marche plus facile. On posta le 15. rinq
bataillons sur ies montag:!ies« pour pro-
téger la retraite de l'année et lui servir
ensuite d'arrière-garde. 1/année et-
campa le 16 ; elle matcha sur deni ae^
lonnes. Le prince Léopold^ qui oondii*
sait celle de la gauche qpii paaiafif
Tràutcni)adi « arriva en Siïérie sÉM
avoir vu d*enneniis. La oalouM da k
. i<
HISTOIRE DE AiON TEMPS.
4rfkifp dhiht le roi s'était diargé* fat
iMrttdée par k eavalerie ; l'infanterie
piÊêa l6 imÎ8!>eaa« avant que Franquîni,
tfaioflti et Merftts fussent avertis de la
ttarche d6s P^siicns ; ils accoururent
tainitc ayec sept ou huit mille hom-
ÛMé Qnoiqile toutes les hauteurs fust-
•ènt garnies d'infatitierie, le progrès de
le ma^die obligeait successivement l'ar-
rière-gardd à les quitter ; les pandours
|Nt>Qtaient alors de ces mfimes hauteurs
abandonnées* pour faire feu sur Tar-
rifere-fardei Cette tiraillerie dura de-
^is huit heures du matin jusqu'à six
Iwures du soir ; ils tuèrent un capitaine
tt trente hommes, et en blessèrent
environ quatre-vingts. Tout le corps de
tHi Moulin avait été employé à couvrit
li dernier défilé qui mène à Schatzlaf
f^ une vallée* Ce corps arrêta l'en-
Mmif auquel une attaque de cavalerie
411e la petite plaine de Schatzlar per-^
irit de faire« caosa une perte de trois
cents hommes ; il se mit à l'écart, et
ililhi MouliOfdéGlantà sa droite, passa
fÊt les Rehberge et entra dans le camp
pÊt la tottte que le Roi lui avait ména-
geai L'amée séjourna à Schatzlar ju^
trm*me %9, qu'elle vint camper à Liebau
IfPT te territoire de la Silésie« Le corps
4êQiiMoul»n fut destiné à former un
AordoQ le kmg des frontières. Le reste
ae rarm(;e entra en quartiers de can-
tMUiement entre Ronstock etSchweid-
inte; ebe powaii se rassembler en six
lieoresde temps et se trouvait au large
pÊà ia quantité de villes et de villages
4|i'U X A àtai» cette contrée florissante.
. Ce ttti lA que le roi attendit ia sépara-
Hqn de l'armée autrichienne, avant de
prendve ses quartiers d'hiver. M. de
Nassau^ qoi voukiii s'en procurer dans
kl bspte Silésie, surprit un corps dé
Èm^ffoiê f Hastehiin et chassa le ma-
i(ii|j|i4 .E^te^basi d'Odérbérg; les iias-
sards de Wartenberg, qui étaient de ce
corps, se distiugaèreiit également ; ilj
battirent les dragons de Gotha, leui-
enlevèretit un étendard et flrent cent
otiÈé prisohniers. Après <^la M. de
Kë^ftU Adfcha & PonUbd et hi tf6n-
grois s'enfuirent à ïesclieh et de là
vers Jablunka. U. de Fouquet, qui ne
Voulait t'as être inMlle à Glats, m en-
leyt*^ deut bents httssards qui s'était^nt
trh{)ruddmttictit ehfeirûesdân^ NàChod.
Cet liaLiJe olTicier donna des marc|lies
de génie et de capacité pendant tout le
cours de cette guerre. Nous nous con-
tenterons de dire que quarante partis
qui sortirent de sa garnison durant cette
campagne, enlevèrent plus de huit
cepts hommes à Tennemi.
Le roi apprit le 2i octobre que le
prince de Lorraine avait séparé son
armée en trois corps ; il supposa que
c'était dans le dessein de les étendre
dans fa suite, parce que ta saison des
opérations militaires était fiassée : il
laissa le commandement des tfoupes
au prince Léopold, en lui enjoignant
de ne les point séparer d'avanfâjge,
avant d'en avoir reçu les ordres.
Le roi partit pour Éerlin, oâ sa pré-
sence devenait nécessaire, tant pdur
réchauffer les négociàtioffs qui com-
mençaient à languir, qu'àfln de trûiiver
des fofids pour la campagne prochaine,
au cas que la paix ne pot péri te cfin-
dure pendant Thiver.
CHAPITRE Xm.
RévoUittoB dTcosie, qui fait faillir tUDOvra
«tt roi d'Angleierre et rallenlit loi négocia-
UoDs de la paix. — Dessein des Autrichiens
aides SaiODS sur le Brandeboarg déeoavert.
— Contradietions daos le conseil au minis-
tres. — Projets de campagne. — Le prinee
d'ÀBlMlt rasiemble son année à QaUe. ~Le
roi pari poar la Silésie — Eipédition de la
tnsaca. -- Le prince d*AnhaIt marche à
Heissen. — Bataille de Kesselsdorr. — Prise
' de Dresde. — Négociation et condusion de
la paix.
Si pendant l'année ilib les négo-*
dations des Prussiens eussent eu autant
de succès que leurs armes, ib auraient
pu s'épargner aussi bien qu'à leurs en-
nemis une effusion de sang inutile, et
l'on aurait eu la paix plutôt ; mais plu-
sieurs incidens auxquels on ne pouvait
s'attendre, rendirent les bonnes inten-
tions du roi impuissantes. A peine le
roi d'Angleterre eut-il signé, presque
malgré lui, la convention de Hanovre,
que la rébellion d'Ecosse venant à écla-
ter, elle Tobligea de hftter plus qu'il
n'aurait voulu, son retour à Londres.
Un jeune homme, fils du prétendant,
passe furtivement en Ecosse, accom-
pagné de quelques personnes fidèles ; il
se tient caché dans une île vers le nord
des côtes, pour donner à ses partisans
le temps d'assembler et d'armer leurs
paysans, d'ameuter les montagnards et
de former une milice gui fût au moins
FRÉDÉRIC II.
ment le roi d'Angleterre et ses minis-
tres méprisèrent le jeune Édeuard. aoB
faible parti et cette rébellion naisiante.
On disait à Londres que c'était la sail-
lie d'un prêtre Jacobite (le oardioal
Tencin ) , et l'équipée d'an Jeune
étourdi. Cependant ce jeune étourdi
battit dt chassa le général Cop« que le
gouvernement avait envoyé contre lui
avec ce qu'on avait pu en h&te ras-
sembler de troupes. Cet échec ouvrit
les yeux aux roi ; il lui apprit que dans»
un gouvernement aristocratique une
étincelle peut allumer un incendie. Les
affaires de l'Ecosse absorbèrent toute
Tattention de son conseil : les négo-
ciations étrangères tombèrent en lan-
gueur; les alliés de l'Angleterre la
croyant aux abois, n'eurent plus pour
elle la même considération. Ce qu*il y
avait de fâcheux, c'est que la conven
tion de Hanovre commençait à trans-
pirer ; les Autrichiens et les Saxons l'a-
vaient ébruitée, cela pouvait prodonre
un mauvais effet chez les Français, qui
étaient cependant les seuls alliés qu'eût
la Prusse. Il arriva donc <pie la diver-
sion que le jeune Ëdouaifd ISùsait en
Ecosse, en derint une pour la reine de
Hongrie, en ce qu'elle lui procura la
liberté de faire contre le roi de Prusse
les derniers efforts, malgré le roi d'Aii-
gle terre, dont alors à Vienne on mé-
prisait les conseils.
Le roi, qui se trouvait à Bôiin,
rombic d'une armée. Par cette diver- épuisait tous les expédiens pour trou-
sion la France armait l'Angleterre con-
tre l'Angleterre ; un enfant, débarqué
en Ecosse sans troupes et sans secours,
force le roi Georges à rappeler ses An-
glais qui défendaient la Flandre, pour
soutenir son trône ébranlé. La France
se conduisit sagement dans ce projet,
elle dut i cette diversion toutes les
conquêtes qu'elle fit depuis en Flandre
comme en Brabant. Au commence-
ver des fonds qui le missent en état
de continuer la guerre. Les revenus
de la Silésie ne s'étaient pas perçus
comme en temps de paix, les deux
tiers en avaient manqué 11 fallait
chercher des ressources, et il était
bien ditBcile de s'en procurer. Cet em-
barras était grand : les dangers que les
ennemis préparaient à TÉtst étaient
bien plus terribles. Voici comment le
mSTOTRF DC
roi en fat informé. Depuis le mariage
du prince successeur au trône de Suè-
de, avec la princesse llrique, sœur du
roi, les Suédois étaient en partie por-
tés pour les intérêts de la Prusse.
M. de Rudenschild et M.Wulfenstier-
na, ministres de Suède, Tun à la cour
de Beriin, Tautre à Diesde, étaient
particulièrement attachés à la person-
ne du roi. Wolfenstierna était bien
dans la maison de Brûhl ; il faisait la
partie de jeu du ministre. Briihl n'é-
tait pas aussi circonspect en sa pré-
sence qu'un premier ministre, déposi-
taire des secrets de son maître , doit
l'être généralement envers tout le
monde. Wolfenstierna découvrit sans
peine que le plan de la cour de Vien-
ne et de Dresde était d'envoyer l'ar-
mée du prince de Lorraine par la Saxe,
d'où , joint aux troupes saxonnes, il
devait pendant l'hiver marcher droit
a Beriin. Il fit part de sa découverte à
Rudenschild, qui en avertit le roi h^ 8
novembre, jour où l'on suspendait,
dans les églises, les trophées de Fried-
berg et de Sorr. Rudenschild ajouta
que ce projet avait été fait par Briihl ,
corrigé paf Bartenstcin, amplifié par
Rutowsky, envoyé par Saul à Franc-
fort à la reine de Hongrie; que Briihl
était convaincu qu'on écraserait la
Prusse par ce coup, et que c'était cet-
te ferme espérance qui avait empêché
la cour de Vienne et celle de Dresde
d*adhérer aux sentimens pacifiques du
roi d'Angleterre ; qu'on avait, do plus,
partagé les dépouilles de la Prusse de
façon que le roi de Pologne aurait les
évèchés de Magdebourg , de Halbers-
tadt, avecM«^11e ît son territoire, et
qoe l'imperarrice reprendrait la Silé-
aie. n apprit, de plus, au roi la cause de
.a haine que Briihl lui portait. Il avait
été outré d'un manifeste que le roi
avait fait publier, et surtout de ces
MON TEMPS. 189
passages : « Pendant que tant d'hor-
» reurs se commettaient en Silésie, et
x» que le ciel, juste vengeur des cri-
i» mes, se plaisait à les punir d'une fa-
» çon si palpable, si éclatante et si se-
» vère , on soutenait froidement à
x> Dresde que la Saxe n'était point en
9 guerre avec la Prusse, que le duc de
V de Weissenfels et les troupes qu'il
» avait sous ses ordres n'avaient point
» attaqué les États héréditaires du roi,
» mais seulement de nouvelles acqui-
I» sitions. F.e ministère de Dresde se
» berçait de ces sortes de raisonne-
» mens captieux, comme si de petites
» distinctions scolastiques étaient des
» motifs assez puissans pour justifier
» l'illégalité de ses procédés. Rien de
> plus facile que de réfuter, etc.; » et
du passage suivant : a II parait que
» c'était enfin ici le terme de la pa-
» tience et de la modération du roi;
» mais Sa Majesté, ayant compassion
» d'un peuple voisin, innocent dés of-
» fenses qu'elle a reçues, et connais-
» sant les malheurs et les désolations
» inévitables qu'entraîne la guerre «
» suspendit encore les justes effets de
» son ressentiment , pour tenter de
» nouvelles voies d'accommodement
y> avec la cour de Dresde. Il y a Heu de
> présumer, après ces nouveaux et
» derniers refus qu'elle vient de rece*
> voir, que la confiance du roi de Po-
9 logne a été surprise par l'indigne
v perfidie de ses ministres. Les repré-
^ » sentatioTis les plus pathétiques et les
» offres les plus avantageuses ont été
» prodiguées en pure perte. » Il faut
avouer qpe Briihl était vivement atta-
qué dans ces passages, et que person-
ne ne pouvait s'y m<.prendre ; car les
ministres, qu'on nommait au pluriel,
étaient plutôt ses commis que ses
égaux, f^e rapport parut d'autant phis
vrai, que le roi connaissait le caracMrv
àx^ comte de Qruhl et k( fierté i}e l'im- ! commandeipent de rwnnée qui ^99^
pératriç^-feine. Si le projet des Saxoqs
était dangereux pour la Prusse, i\ ifé-
|«it pas n^oins l^sqrdeu^ pour 1^ S>4xe ;
fpciis M passions, et surtQpt le désir
de Iq vengeancfî qveuglcnt si fort les
hommes, qu*Us ^put capables de tout
flsquçr 4w9 r^spurapce de se satis-
faire.
Ce(te crise violopte d^mond^t doue
uu prompt remè4^« ).*armée 4u prince
d'Anhalt reçut qrdre 4^ s'assembler
mcoutinent à Halle ; et comme il s'a-
gisait c|e prepdre uu pqrti dùtisif, le
roi crut que, sans déroger à sou aulo-
n(é, il pouvait assembler UP copseil,
écouter la voi^ de rexp^ricuce, et sui-
yre ç\; qu'il y aurait de sage daus l'avis
de ceux qu*il consultait. Quiconque est
chargé des intérêts d'une nation , ne
49it rien négli{:er dç» ce qui peut en
procurer le salut. Le prince d'Anhalt
fut un c|es premiers auxquels le roi fit
l'ouverture (\u projet de Briibl* Ce
prince était un 4e ces bQmn^es ^ui,
prévçr\U8 d'amour-pjcopre^ ahqndçut en
leur sens, et sont pour la uégative
Iprsque les autres ofCrmei^^. Il parut
avoir pitié 4e la facilité avec laquelle
op ajoutait foi à cette accusation con-
tre Uriilil ; il dit qu'il néliait pas natu-
rel qu*un ministre du roi de Pologne ,
Saxon de naissance ^ voulut attirer, 4e
gaité de cœur^ quatre armées dans les
États de son roaitre^ et les c\pojScr à
une ruine inéyi^ble. Le roi lui. mon-
tra une lettre qui portait que ^^m
deux jours le générai Grun arrivçfait/
avec son corps, ÇL^érai pour joindre
les Saxons à Leipzig; il lui produisit
dilTércntes lettres 4e la Sifésie, qui
(^tes constataient que les Saxons
semblait à Halle. (^ prince d'Ànlnlt
persista dans ^Q incré4alité ; çepep^
dant on lisait sur lion vi&age qi|*|l éluJUL
(latte de se voir à ^a tâte d'un cqf|^
qui pouvait lui fournir le iRQy^u 4e n-
jeunir son ancienne réputatieq. (#
cpmt« Po4eviis entra un moind^
après- Le roi le trouva touli auw in-
crédule que le prince d'AnJuiit; oç ii'^
tait point par esprit de contradiction
mais par timidité. Ce oçûiiistre fTWl
quelques fonds placés ^ la Steuei*, i
Leipsig ; il craignait de Iqs perdre ; in-
corruptible d'ailleurs, sa faiblesse KHJJr
éloignait de son esprit tou(Q îd^ 4r
rupture avec la Saxe coome uq çjlf^
désagréable, et croyant le^ aijltrçf. m-
si timides que lui, il jugeait BruU U^
capable d'un projet si hardi, ÇoilU
dans ce beau conseil, on discutait b
fausseté ou la vérité du fait, q( per-
sonne ne pensait à prévenir le msl qqî
était sur le point 4'éclater, (•e r^ fîilt
obligé d'employer squ autorité poigr
que le prince d'Anbalt fit les 4isi|IQak-
lions nécessaires à la §iU>sist4pce dl
l'armée 4e Halle, et puur que le oonto
Podewils dress&t les 4<^péche9^ gp
cours étrangères, par lesquelles Qi| jp
avertissait des complots 4e la Sfl^^e, Ht
de la résolution où étaU le rcû 4a lll
prévenir.
£t conune si ce n'çn étHiU pa& WV
4e tant d'embarras, il ei^ siArvi^t en-
core de nouvcaui(. L'envayé 4e ^^sÀf
vint déclarer au rpu au nofu ^ Vint*
pératriçe , qu'elle espérait que \fy pp
s'abstiendrait 4'attaquer V^leclortt ^
Saxe, parce qu'une sensbjlable tij^fom
che l'obligerait à envoyer son contin-
gent au roi de Pologne, com.mç eUft y
ama>sai(M)t de gros mag^ji^sins eu Lusa- , était tenue par son alliance ai(çc ff
ce pour les troupes du prince de Lor- | prince. Le roi lui fit répondra qiCO
Tainç^ qu'on y attendait sous peu; il { était dans l'intention de vivre en po^
Qiiit par lui dire qu'il lui confiait le j avec tous ses voisins, n^s que fi .qii||-
HISTOIEB M MON T£MM.
IM
f^'oii d'eux couvait des dess^tqs per^ { M. de Haidie devait aller au-^v«nt de
Bici^ox contre ses États, aucune puis*
S9Qç^ de TEurope m t'einp^cherait de
8^ défcildrç et de confondre sei eque-
■W- Cepdiidqnl toutes les luttrus de la
S^e et de |a Silésie couQrmaîeut les
avjf d? II. de Audeus^bild. Pour être
epcocf! foieux |qtpf|né d^ft ipouyemens
4i| pripçp 0e Lorraine, )e Fpi forma un
cftrp^ dq (TQtfpes m^l^es, cavalerie, in-
Ù^\fim rt hMftwrd^, nvep lequel M. de
>Yiqterffild l'ayançii veri^ Friedlund,
sur l§f froqti^re^ ^ç U Koh^me et de
FeuDemi et le combattre, avant qu'il
en approchât. Cette précaution était,
à la vértlé, insuffisante ; poais les moyens
n*en permettaient pas une meilleure.
On fit des amingemeni pour transpor-
ter, en cas de malheur, la Eunillaroya*
le, les archives, les bureaux, les con-
seils suprêmes è i^teUin 4:omrae àwi
un asile, si la fort^ne abandonnait les
arip^ prussumnes. Le roi écrivit i^i-
core une lettre pathétique au vol de
France, dans laquelle il lui fuirait une
)ft i40aç^« avec ordre» M le prince de | vive peinture de sa situation, et lui de-
L§rrail»e entrait en Lusace, de le cA-
tqyer f^t de longer le Quies, qui coule
lor bl (routière de la Spésie. Le des-
içia du rpi éUit de tomber sur les
Smqo^ d^ deui i^^^i^ è la fois. L'armée
de ftilésie de\Mt Agir contre celle du
prince de Lorraine, la surprendre, s*il
se pouvait « dans le^ cantonnemens
en itts^ce, ou 1^ combattre, pour la
f^diasser eu Bohéime. Ibins ce danger,
tfii mettait la ville de Ber Uu eu alar-
nia, le roi nflcictct la m^îH^tire conte-
«wço pp^ble, aQn de f^v^uier le pu-
Mc Sçp parti étai^ pris ; la {léclaralion
des itu^^ ne VinquiétaU point , car
çatte puissance ne pouvait agir que
dftn^ lix moi^, el e*était plus de tenais
qu ^ U'W. faUftit pour décider du sort
de^ Fcuiisieus et de^ Sa:i^ou^ : les cho-
ies on i{àm\ k 0?tK extrémité, qu*il
f^^ veiucr^ ou périr. Le roi appfâ-
hëK\<V)it VvwéduUté et h auteur du
Kinçe ^'Aub^l^^ '^9W&^t %u^ que
le corps de Gritu , q^i ét^t de ^pt
nûlb^ l&omoies effectifi, ue maccb&t
dro\t à Bediu- Afin de pPUHOir, aur
tant qu'il se pouvait, à la sûreté de
cette cupitale, te général Haake y était
resté avec une garoison de cinq nvilte
huMPjnr^ ; mais reuceinte de cett^ viHe
ijant deux milles de eirconfiérenee, il
Maii impossible de la défendre, et
mandait instamment les secours qu^l
lui devait selon les traités, il scruil
bien difficile do deviner par quelle
raison le prince d'Auhalt Uoha de di%-
suader le roi de prendre le comipan*
demept de l'armée de Silésie } il pous^
sa si loin ses représentations importu-
nes, qu'enfin le roi lui dit qu^il avait
résolu de se mettre à la tète de ses
troupe^ et que lorsque le prince d'Âu«
hait enlretiepdri^it une armée, il pour-
rait en donner le conunandement ji
qui hou kii semhlerfil ; après quoi il
fot obligé de se rendre à Uall. Le roi
paçtil le U upvemhr^ pour la Silésie,
laissaut BerhU dans h constematiou,
les Saxons dans respérauce, et I^Europe
attentive k l'événement de cette caro-
p»guo d*hiYer.
^e ruî arriva le ih à Liguitx: U y
trouva k prince iéupold et le général
GoUï (qui avait l'inspection des vivres).
9esk lettres, du général Winterfeld, ar-
livée^ eu m^n»e temps, apprirent que
sii^ miUe SaxvM, qi^ Saisaieni l'avenl-
gwfdo du prûpce ^ Lorraine, étAioi^
entvé^en Lu»aee par i^llau, ut que \m
Uoupea autrichiennes allaw^nt tes sui-
VfO- io prince LéofMDild f^ instowA (ta
toutes tes opAratioAS <|na te i«i a^aii
projetées. L'armée de Sjléete. était ol
fectivemmt de trente mUo homme».
IW
FRtoÉRIC II.
tous vieux soldats d'élîte, accoutumés
h vaincre ; refaits par quatre semaines
(le repos, ils étaient disposés à tout en-
treprendre. Il y avait cependant des
précautions nécessaires à prendre en-
core avant de quitter la Silésie. On ne
pouvait abandonner la ville de Schwekl-
iiiU, où il y avait des magasins, et qui
alors n'était pas fortifiée ; il fallut donc
que M. de Nassau quittât la haute Si-
lé!<ie, pour aller vers Landshut b'oppo-
ser au corps de M. de Hohenems, qui
avait ordre de sa cour de faire une in-
vasion dans la haute Silésie» du cdté
de Hirschberg. La situation du roi
était à peu près semblable à celle où il
se vit avant la bataille de Hobenfried-
berg ; il eut recours aux mêmes ruses,
pour attirer les ennemis dans les mê-
mes pièges. On affecta de respecter
scrupuleusement les frontières de la
Saxe, et de borner son attention à ga-
gner Crossen avant le prince de Lor*
raine. Pour fortifier cette opinion,
Winterfeld fit punir quelques hussards
qui avaient commis des désordres en
Lnsace. On prépara des chemins à
Crossen, on amassa des vivres sur la
route, en sorte que les gens du pays ,
qu'il faut toujours tromper les pre-
miers, crurent bonnement qu'on n'a-
vait aucun autre objet. M. de Winter-
feld venait d'occuper Naumbourg sur
le Quels, et publiait qu'il n'était là que
pour côtoyer l'ennemi en longeant
cette rivière, et le prévenir à Crossen.
Le prince de Lorraine, qui était
dans l'idée flatteuse que les Prussiens
se reposaient tranquillement dans Ipurs
quartiers d'hiver, que leurs troupes
étaient découragées, et qu'il n'avait à
redouter qu'un corps de trois mille
hommes, qui l'observait, s*endormit
dans une dangereuse sécurité, et ce
même stratagème réussit pour la se<-
çouda fois. Tant il est vrai que la dt-
fiafice est mère de la sûreté, et qa'i
général sage ne doit jamais méprise*'
l'ennemi, mais veiller sur ses demar
ches, afin qu'elles lui servent de bous
sole dans toutes ses opérations. Pou *
empêcher, autant qu'il était possible
que tes Autrichiens ne fussent instruit
des inouvemens de i'armée, le rc<
avait fait border trois rivières qu'il
avait devant lui : le Quels par M. de
Winterfeld, ta Neisse par des troupes
légères, et le Bober par d'autres déta-
chemens. Tout ce qui venait de la Lih
sace avait le passage libre, mais il était
interdit à tous ceux qui voulaient pas-
ser ces rivières pour aller en Saxe ; de
sorte qu*on se procurait des nouvelles et
qu'on empêchait Tennemi d'un avoir.
Bientôt, sur celles qu'on eut de Tenne-
mi, Tcirmée s*avança en cantonnant sur
le Quels. Le roi prit son quartier à
Holstein ; c'était le 22 novembre, et il
n'était qu'à un raille de Naumbourg.
On fit construire quatre ponts sur la
rivière , pour pouvoir la passer rapi-
dement sur quatre colonnes. Le des-
sein du roi était de se laisser dépasser
par les impériaux, puis de les prendre
par derrière, pour leur couper les vi-
vres, et les forcer ainsi ou à se battre,
ou à s'enfuir honteusement vers les
frontières de la Bohême. Mais pour
suivre le projet qu'on avait une fois
adopté, on s'était interdit d'envoyer
des partis en F^usace, et l'on ne pou-
vait avoir des nouvelles que par des es*
pions, ce qui n'est jamais aussi sûr
que ce que rapportent les troupes. De
plus, l'expédition était si importante,
qu'il fallait préférer la sûreté au bril->
lant.
M. de Winterfeld, instruit des pro-
jets du roi, l'avertit que les ennemis
avançaient par cantonnemens , mais
qu'ils s étendaient si fort, que leur
l^auche était à Lauban ei leur droite à
TEMPS.
IM
floritti ; A i^oiiti qu'ib mucheraient
le lendeamio , selon Favis de ses es-
pions, et qu'il croyait que le moment
tfagir était arrivé. Sur cela Tarmoc
marcha 'e 23 sur quatre colonnes,
chacune conduite par un lieutenant-
général. Le rendez-vous de ces colon-
nes était à Naumbourg ; ce fut là que
le roi leur donna les dispositions ulté-
rieeres. Il l'éleva ce matin un brouil-
lard d'autant plus favorable, qu'il ca-
chait à l'ennemi jusqu'au moindre
mouvement de l'armée. A Naumbourg
il y a un pont de pierre sur le Quels ,
et à côté, deux guets pour la cavalerie ;
on fit en hAte un pont pour la seconde
colonne d'infanterie. Tout cela étant
arrangé, les conducteurs des colonnes,
je veux dire les généraux, se rendirent
à Naumlx>urg ; ils eurent ordre de pas-
ser incessamment le Queis. On leur
donna des guides pour les conduire
àCatboUsch Hennersdorf, avec ordre
de se seconder mutuellement, selon
<ia*une colonne qui donnerait sur les
quartiers de l'ennemi aurait besoin de
cavalerie ou d'infanterie pour réussir
dans son opération ; car, pour ordon-
ner des dispositions complètes, on
manquait d'infonnations exactes sur
les lieax où l'armée du prince de Lor-
raine séjournait. Le brouillard tomba
an moment que les colonnes avaient
peasé le Quels, cielles de la droite et
do la gancbe étaient de cavalerie, les
deu dn centre étaient d'infanterie.
Un régiment de hussards précédait la
marche de chacune d'dles, pour avei^
tir à temps les généraux de ce qui se
passait devant eux. Le roi était à la
tète de la pranière colonne d'infante-
rie;, elle avait pour guide un garçon
naennier, qui la mena à un marais où
lea bestiaux paissaient en été, et qui
n'était guère praticable dans l'arrière-
mJson. On eut de la peine à se tirer de
là ; mais à loi ce de chercher, on tron*
va un chemin qui côtoyait un bois, et
par lequel on pouvait passer. Pendant
que les troupes défilaient, les hussards
de Ziclhen donnèrent dans le village
de Catholisch Hennersdorf, et averti-
rent qu*il élîiit garni de deux batail-
lons et de six escadrons de Saxons; ils
ajoutf-rent qu'ils amuseraient assez
l'ennemi pour donner a la colonne le
temps d'arriver. On Qt à Tinstant avan-
cer deux régimens de cuirassiers de la
quatrième colonne, qui était la plus
proche, et M. de Rochow emmena les
régimens de Gésier et de fiornstœdt ;
M. de Polentz fut commandé, avec
trois bataillons de grenadiers, pour les
soutenir. C'était ce soi disant marais,
qu'on croyait impraticable, qui avait
trompé les Saxons; ils n'avaient aucu-
ne garde de ce côté, ce qui donna
moyen de les surprendre. Le village
de Hennersdorf a un demi-mille de
longueur. L'action commença à qua-
tre heures* vers la partie orientale, et
flnit à six vers l'extrémité qui est an
couchant. Polentz prit les Saxons en
revers, Rochow les attaqua de front et
Winterfeld en flanc. Les régimens de
Gotha, de Daiwitz et la plus grande
partie de celui d'Obirn furent faits
prisonniers; le général Daiwitz, le co-
lonel Obim et trente oiHciers furent
de ce nombre ; en tout les Saxons per-
dirent onze canons, onze cents hom-
mes, six paires de timbales, deux éten-
dards et trois drapeaux ; leurs équipa-
ges tombèrent en partage aux hus-
sards, qui avaient bien mérité cette
petite récompeujk* L'armée campa à
Catholisch Hennersdorf, et l'on aver-
tit les troupes que si l'on était obligé
de les fatiguer pendant quelques jours»
c'était pour leur épargner des batailles.
j. Quoique la moitié de Tannée manquât
I de tentes, que plusieurs légimens
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LiiMfliii qui; M. de Nafl
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lui ni hiMircuw, qu*m
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iliiiMiMon Sil^sie. LeednfPi'
hlM'ii lumit di^hits pirifslii
W A\ UMibory, ot M. de HDtaM
«iVli MU v^riiK^ de LHielMi
HISTOimi ra MON TEMPS.
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itade de sa retraite, ni par la
f) tes bniïages. Les troupes pras-
'^ui étaient en Lusace se roi-
i quartiers do rafraîi hissement
rtrons de Gœrlilz, a Texception
de Lehwnld, qui fut détaché
9 -bataillons et vingt escadrons
Mltseu, avec ordre de pousser
IMII TElbc, afin de donner aux
jdet inquiétudes pour leur capi-
l. de faciliter les opérations du
d'Anhalt. Le colonel Brandis,
b deux bataillons était demeuré
mi, s'empara de Guben, où il
'f;yt>8 magasin aux Saxons.
nt cette expédition de Lusace
Mt aucune nouvelle du prince
U ; mais les Saxons divulguaient
Griine avait passé r£lbe h Tor-
Ptareliait à Berlin. Pendant que
ita donnaient lieu à d'étranges
ins, un oITIcier vint de Hall an-
* que le prince d*Aiiiialt s'était
marche le 30 novembre, qu'il
nmlu attaquer les Saxons dans
«tranchemens de I^ipzig, mais
is avait trouvés abandonnés, que
I l'était soumis, et que les Saxons
ni vers Dresde. Le roi renvoya
d cet ofilcier pour presser le
dWnhalt de gagner Meissen le
qu'il le pourrait, et Tavertir que
e de Lehwald n'attendait que son
I pour le joindre. Lorsqu'on ap-
Dreide que le prince de Lorraine
ité « vite expédié, la consterna-
it fi grande, qu'on fit sur-le-
F rebrousser chemin an corps de
et que le comte de Rutowsky
lige de ramener son armée pour
r Dresde.
dant que le prince d'Anhalt mar-
rers Meissen et que l'armée du
[Reurnit en panne, celui-ci em-
ce temps à renouer avec les
I nne négociation tant df foia in-
terrompue, et que les con jonctares pa
raissaient éloigner plus que Jamais. Il
écrivit pour cet effet à M. de Villiers,
minisire d'Angleterre à la cour de
Dresde, lui déclarant que malgré Ta-
nimosité que ses ennemis venaient en-
core do manifester si ouvertement
coutre lui, et les avantages qu'il avait
remportés sur eux, il persévérait dans
la résolution de préférer la modération
aux partis extrêmes; qu'il offrait la
paix au roi de Pologne, avec l'oubli du
passé, en poiMint la convention de Ha-
novre pour base de cette réconciliation .
Ce parti n'avait été pris qu'après de
mûres réflexions, parce qu'on peut faire
la paix lorsque les armes sont heureu-
ses ; mais si l'on a du dessous, l'ennemi
ne se trouve guère dans la disposition
de se réconcilier. La paix pouvait épar-
gner le sang de tant de braves officiers
prêts a le verser pour remporter la vic-
toire. Il fallait considérer que, quelque
heureuse que (Vit la guerre en Saxe,
c'était un incendie dans la maison du
voisin et qui pouvait se communiquer
à la ndtre ; il fallait outre cela le plus
promptement possible terminer cette
guerre, afin d'empêcher la Russie de
s'en mêler. Le roi n'avait rien à espé-
rer des secours de la France, et si l'on
ne mettait fin à ces troubles pendant
l'hiver, on devait s'attendre au prin-
temps que la reine de Hongrie rappel-
lerait du Rhin son armée, qui lu! deve-
nait inutile, pour la joindre à celle de
la Bohême; ce qui lui aurait donné une
grande supériorité : enfin le prétexte
de la guerre ne subsistait plus depuis
la mortdeCharies YII. Ajoutez encore
que la récolte de Tannée ayant été
mauvaise, les blés étaient aussi rares
que chers, et que les finances étaient
entièrement épuisées. Tji paix deve-
nait donc l'unique remède à tous ces
maux. On s'étonnera peut-être que le
Uk
WÈBÈÊM. 1»
r.
-tt'eassent qOe ûéè caiattet de lotte, ils
te prêtèrent Um% de bonne grftce à ce
qu'ils voyaient que la nécessité eii*
gcait d*eux. Cet hcnreax début fit au-
gurer que le prince de Lorraine ne
tiendrait pas contre les Prussiens. On
ie proposa de profiter de la conster*
nation que renlèvement d'un de ses
quartiers devait causer dans son ar-
mée et de la talonner de suite, pour
M lui pas laisser le temps d'en revë-
tir. Le lendemain Si», le temps était
ri obscur et le brouillard si épais,
qu'on fut obligé d'avancer en tftton-
aant. On campa derrière le village de
Laopoldshain, et pour plus de sûreté ,
on plaça qulnie bataillons dans ce vil-
lage. Les coureurs rapportèrent que
l'ennemi se retirait partout; qu'on ne
trouvait dans les chemins que chariots
détdés, bagages renversés, chariots de
poudre abandonnés, en un mot, tout
€e qui pouvait attester leur fuite. Les
déserteurs, qui arrivaient en grand
nombre, disaient que la coofuston s'é-
tait mise dans leitfs troupes, à cause
que les deux derniers jours on leur
avait donné vingt ordres différons et
contradictoires.
Toutefois on apprit le 95 de bon
iuatin que le prince de Lorraine avait
nssemblé son année à SchmnreU à
«ne lieue du camp du roi. Le roi ne
balança pas : le Jour était serein, il se
ait iiHNNitioent en marche dans le des-
sein d*attaqtter les enfiemis. Comme il
upprochiiitdc Gmrliti, ses partis lut rap-
portèrent qu'ils avaient décampé à petit
jMiiit, en prenant le chemin de Zittau.
L'armée prussienne campa auprès de
tiasrlita, qui se rendit par composition ;
«oiiante ofliclers et deux cent cin-
quante hommes y fiorent faifa prison-
niers, parmi cesoflBciefe il y en avait de
■Mdodes et quelquesHina qui, ayant
été blessés à Catboliadi Heaiimdorr,
•vuimt tfeoiéte moyen 4e le sMVur. n
m trouvait à Oc^rllta un magasin ifA M,
d'un grand secoure pour faciliter eetle
expédition. Le iG l'armée se porte en
avant sur le couvent de RadomlHti, et
l'on mit les troupes en caotonnemens.
MM. de Bonin et de Winterfeid (torent
commandés avec soixante-dix eaci-
drons et dix bataillons pour longer tme
petite rivière qu'on nomme la Neisse.
Ce mouvement, qui menaçait rennemi
d'être coupé de Zittau, fit que le prince
de Lorraine abandonna son camp d'O»*
trits, pour gagner ZitUu avant les Pruf-
siens. Comme cette retraim se (Usait
à la hâte, les hussards prussiens freot
des prises oonsîdéraUes sur les baga^
ges des Autrichiens. I^ roi i*avin{a
à OstriU le 27, et envoya M. de Win*
terfeld à Zittau; l'arrière -gerde du
prince de Lorraine défilait préoisément
par cette ville. M. de Winterfeid donna
dessus et fit trois cents prisonniers : Isa
ennemis perdirent tous leurs bagages»
et mirent eux-mêmes le feu à lenn
chariots, pour qu'ils ne tombassent
point eatre les mains de ceux qui les
poursuivaient. Cette expédition ne
dura que cinq jours. Les Autrichiens y
perdirent des magasins, leurs bagages,
et rentrèrent en Bohême aOMblis dt
cinq mille hommes. On laissa dix ba^
teiilons et vingt esiuidrons dans le vci*^
Binage de Zittau, pour garder ce posli
important, pt Itf. de WintevAiid itot
obligé de retourner en Mlésfe avec cinq
bataillons et cinq escadrons, pour tom**
ber sur les flancs de M de UôhoneiM,
tandis que M. de Nassau se préparait à
l'attaquer de tr^nU Cette expédWet
fut si heureuse^ qu^ moî^s de vingt»
quatre heures H ne resta plus CAutri**
chiens en Silésie. Lan dragons <de Hà^
libert furent défUts par its haasardsda
Wartenberg, et M. de Mobenanii^e la
céda au prince du LiMtee^ ni paru
BlSTOm ni MON TEMPS.
lU
promptitude de sa retraite, ni par la
perte de ses bafirages. Les troupes prus-
•ienoes qui étaient en Lusnee se mi*
rent en quartiers do rarrak hissement
AUX environs de Gœriilz, à Texception
de M. do Leliwald, qui fut détaché
tvee dix bataillons et vingt escadrons
pour Bautien, avec ordre de pousser
4e là vera TEIbe, afin de donner aux
ftuons des inquiétudes peur leur capi-
lile« et de faciliter les opérations du
frince d'Anhalt. Le colonel Brandis,
fOi «voo deux bataillons était demeuré
à Grossen, s'empara de Guben, où il
prit un gros magasin aux Saxons.
Dorant cette expédition de Lusace
M n'eut aucune nouvelle du prince
4*Anhalt ; mais les Saxons divulguaient
411e M. Griîne avait passé l'Ëlbe A Tor-
fio et marchait a Berlin. Pendant que
ces bruits donnaient lieu à d'étranges
réflexions, un officier vint de Hall an-
noncer que le prince d*Anhalt s*6tait
mis en marche le 90 novembre, qu'il
avait voulu attaquer les Saxons dans
leurs retranchemens de Leipzig, mais
qu'il les avait trouvés abandonnés, que
Leipsig s'était soumis, et que les Saxons
fkifâîent vers Dresde. Le roi renvoya
4'abord cet ofBcier pour presser le
prince d'Anhalt de gagner Meissen le
pkitAt qu'il le pourrait, et l'avertir que
le corps de Lehwaid n'attendait que son
arrivée pour le joindre. Lorsqu'on ap-
prit à Dresde que le prince de Lorraine
«Tait été si vite expédié, la consterna-
tion fut si grande, qu'on fit sur-le-
ehamp rebrousser chemin an corps de
Gruoe et que le c^mte de Rutowsky
fut oblige de ramener son armée pour
eouvrir Dresde.
Pendant que le prince d'Anhalt mar-
chait vers Meissen et que l'armée du
roi domeurnit en panne, celui-ci em-
ploya ce temps à renouer avec les
tant do fois fn-
i';.'ii:ki
terrompue, et que les conjonctures pa-
raissaient éloigner plus que jamais. Il
écrivit pour cet effet à M. de Villiers,
ministre d'Angleterre à la cour de
Dresde, lui déclarant que malgré Ta-
nimosité que ses ennemis venaient en-
core de manifester si ouvertement
coutre lui, et les avantages qu'il avait
remportés sur eux, il persévérait dans
la résolution de préférer la modération
aux partis extrêmes; qu'il oflhiit la
paix au roi de Pologne, avec l'oubli du
passé, en poiUint la convention de Ha-
novre pour base de cette réconciliation.
Ce parti n'avait été pris qu'après de
mûres réflexions, parce qu'on peut faire
la paix lorsque les armes sont heureu-
ses ; mais si l'on a du dessous, l'ennemi
ne se trouve guère dans la disposition
de se réconcilier. La paix pouvait épar-
gner le sang de tant de braves officiers
prêts k le verser pour remporter la vic-
toire. 11 fallait considérer que, quelque
heureuse que fttt la guerre en Saxe,
c'était un incendie dans la maison du
voisin et qui pouvait se communiquer
à la nôtre ; il fallait outre cela le plus
promptement possible terminer cette
guerre, afin d'empêcher la Russie de
s'en mêler. Le roi n'avait rien h espé-
rer des secours de la France, et si l'on
ne mettait fln à ces troubles pendant
l'hiver, on devait s'attendre au prin-
temps que la reine de Hongrie rappel-
lerait du Rhin son armée, qui lui deve-
nait inutile, pour la joindre à celle de
la Bohême; ce qui lui aurait donné une
grande supériorité : enfin le prétexte
de la guerre ne subsistait pins depuis
la mort de Charies VIL Ajoutez encore
que la récolte de l'année ayant été
mauvaise, les blés étaient aussi rares
que chers, et que les finances étaient
entièrement épuisées. La paix deve-
nait donc l'unique remède à tous ces
maux. On s'étonnera peutrétre que !«
.¥
roi parût si modéré duis le» coiiditions
qu'il proposait pour la paii ; mais qu'on
observe qu'il était dans une situation
qui l'obligeait à calculer toutes ses dé-
marches et à ne rien hasarder légère-
ment. Premièrement il soutenait les
principes de désintéressement quil
avait annonrés dans les manifestes de
l'année 17l(^ et 17^5; s'il avait extor-
qué quelque cession au roi de Pologne,
il aurait confondu les intérêts de ce
prince avec ceux des Autrichiens, et
serait devenu l'artisan d'une union que
la bonne politique exigeait qu'il tàch&t
de dissoudre. Ensuite l'Europe n'était
que trop jalouse de l'acquisition que le
roi avait faite d& la Silésie ; il fallait ef-
facer ces impressions, et non les re-
nouveler. Ajoutez encoreque le moyen
le plus coortde parvenir à la paix, était
de rétablir l'ordro des possessions sur
le pied où elles étaient avant la dernière
guerre. Comme les conditions propo-
sées n'étaient ni dures ni onéreuses,
elles pouvaient procurer une paix d'au-
tant plus stable, qu'elle ne laissait au-
cune semence ni d'animosité ni de ja-
lousie. Ces principes servirent de loi,
et l'on verra dans la suite que malgré
les succès qui couronnèrent les entre-
prises de ce prince, il ne s'en départit
jamais. Qui n'aurait cru que des propo-
sitions aussi raisonnables seraient bien
accueillies par le roi de Pologne ? Il en
fut tout le contraire cependant. Le
comte Brîîhl n'avait que son projet
en tète. Il avait fait revenir en Saxe le
prince de Lorraine, dans l'intention de
joindre cette armée à celle de Rutowsky
et au corps du i omte de Griine ; Qer de
cef "orces, il se proposa de commettre
le ft^ i de son roi et le salut de sa patrie
à la fortune d'un combat, sacriflant
ainsi tous les intérêts qui sont sacrés
pour la plupart des hoounes, afin de
sa vengeance particulière.
F Ateiaic n.
Villien» se rendit à la cour avec l'air
d'pn homme qui annonce une bonne
nouvelle; il demanda audience et
ajouta aux propositions dont il était
diargé, les exhortations les plus pathé-
tiques, pour porter Auguste à éviter les
malheurs qui menaçaient ses peuples et
sa personne. Le roi lui répondit sèche*
ment qu'il aviserait h ce qu'il y aurait
à faire. Brilhl f erpliqua plus clairement
avec le ministre anglais; il fit sonner
fort haut le secours qu'il attendait des
Russes, parla avec emphase des gran-
des ressources de la Saxe, et finit par
lui dire que par déférence pour le roi
d'Angleterre il ferait délivrer au S' Vil-
liers un mémoire contenant les condi-
tions auxquelles le roi de Pologne pour-
rait se résoudre à faire la paix. Le len*
demain 1*' décembre, le roi de Polo-
gne partit pour Prague, et les deux
princes atnés potir Nuremberg. Qael
contraste de hauteur et de faiblesse !
Après le départ de la cour, un des con-
seillers saxons remit au sieur Villiers
€^ mémoire, qui confenatt en subs-
tance : que le roi de Pologne accéde-
rait à la convention de Hanovre, à la
condition qu'au moment même les
Prussiens feraient cesser toute hosti-
lité, n'exigeraient plus de contribu-
tions, restitueraient celles qu'ils avaient
reçues, évacueraient la Saxe sans plus
différer, paieraient tous les dommages
précédens et ceux que causerait la re-
traite des troupes. Villiers augura mal
d'une paix dont la Saxe dictait les con-
ditions avec hauteur. Il envoya ce mé-
moire au rof. en l'assurant des bonnes
intentions di^ i oi d'Angleterre, il ajouta
qu'il ne garantissait pas la déclaration
des ministres de Saxe ; c'était en dire
assez.
Le roi fut informé en même temps
que le prince de Lorraine avait passé
l'Elbe à Leatmeritx, et qu'il dirigeait
L
HISTOIBB DK HOK TKMPS.
fWt
m mcrdie vers Dre&ae. En combinant
le monvement de cette armée avec la
fuite précipitée da roi de Pologne et
ceOc de se» enfants, il paraissait évi-
demment qœ Briihl ne voulait point la
paix. Pour être donc plus à portée d V
néantir les projets d'ennemis aussi
acharnés, le roi transporta son quartier
à Baotzen et M. de Lebwald se porta
sor Rcmigsbriîck k un mille de Heissen.
En attendant, sa majesté répondit au
sieor Yilliers, qu'elle avait fait venir le
comte Podewils auprès de sa personne,
ppor faciliter tout ce qui pourrait con-)
tribaer i la paix; qu'elle se flattait que
le roi de Pologne voudrai! bien égale-
ment nommer un de ses ministres,
pour qu'on pût mettre la dernière main
à cet ouvrage salutaire, et que les pré-
liminaires signés mettraient fin aux
hostilités; que pour Tarticle des four-
rages et des contributions dont on de-
vait indemniser, le roi pourrait évaluer
également les dégâts que les troupes
saionnes avaient faits en Silésie, mais
que le plus sûr serait de rayer enti^^
ment cet article. Le roi ajouta qu*il
espérait que les ministres de Russie et
de Hollande voudraient bien se rendre
les garans de ce traité de paix, il se
plaignit du départ du roi de Pologne
comme d'une démarche peu aimable,
injurieuse k sa façon de penser, et de
mauvaise augure pour la négociation
entamée. BriUil avait conduit son maî-
tre i Prague, pour l'obséder plus libre-
ment, pour l'empécber de voir les mal-
heurs de la guerre et d'entendre la
Toix de sa patrie gémissante ; il voulait
le maintenir, par le secours des Autri-
chiens,dAns la disposition de continuer
la guerre. C'est ainsi que Briihl saol-
fiait tout aux intérêts de la reine de
Hongrie*
Le roi vit bien qu'H ne fUtadt détor-
na^ négocier qu'à ta faveur dit victoi-
res. Il était temps de reprendre avec
ardeur les opérations de la campagne.
La Lusace était conquise; tout allait
dépendre des entreprises que l'armée
du prince d'Anhalt pourrait exécuter.
Depuis huit jours le roi n'avait pasre^u
de lettres de ce prince. Cette incerti-
tude l'embarrassait d'autant plus, qu'il
n'y avait pas un moment à perdre pour
être à portée d'agir de concert. Le pont
de Heissen était de la dernière impor-
tance ; il fallait s'en saisir avant que
l'ennemi pensât à le ruiner; mais
M. de Lehwald ne pouvait s'emparer de
la ville située sur la rive gauche de
l'Elbe, qu'à l'aide du prince d'Anhalt.
Faute de nouvelles, le roi supputa les
jours de marches de ce prince, et cal-
cula qu'il pourrait arriver à Meissen le
8 ou le 9 décembre au plus tard. Leh-
wald s'y rendit vers ce temps-là ; le
prince d'Anhalt n'arriva point : la ri-
vière, qui charriait des glaces, empêcha
M. de Lebwald d'y construire un pont
avec des pontons ; tous ces inddens
retardèrent cette expédition.
Le sieur de Villlers qui était à Pra-
gue, expédia un courrier au roi, dont
les déptehes portaient, que le roi de Po-
logne n'enverrait aucun ministro avec
des pleins-pouvoirs ; que bien loin delà
il attendait de nombreux secours de ses
alliés, avec lesquels il se vengerait
dans réiectorat de Bandebourg des dé-
gâts qu'il prétendait que les Prussiens
avaient faits en 8axe ; qu'il avait pensé
devoir quitter Dresde, s'attendant à
être moins ménagé encore dans une
guerre ouverte qu'if ne l'avait été dans
les écrits qui Pavaient précédée. On
voit qu'il s'agit bien plus de Briihl dans
ce dernier article que du roi mêaie. Le
roi répondit en substance au sieur Vit»
tiers : qu'il admirait la hauteur et l'in-
fleiibilité du roi de Pologne ; que saM
avoir d'animoiité eOQtro et priMe, V
c
FRÉDimC II.
était impoBMbie de nourrir une armée
de quatre-vingt mîUc hommes dans un
pays, sans lui faire éprouver des cala-
mités; que si les ennemis avaient en
la fortune propice, comme elle leur
était contraire, ils n'auraient pas usé
d'autant de modération dans le Bran-
debourg que le roi en montrait en
Saxe; qu'ils auraient tout pillé, brûlé,
abîmé, comme on en avait eu des
exemples en Silésie : mais que puisque
le roi de Pologne voulait la guerre, on
la loi ferait plus vivement que Jamais.
Le 9 arrivent des dépêches du prince
d*Anhalt datées de Torgau. Il mandait
qu'il avait fait deux cents prisonniers
dans cette ville, et rejetait la lenteur
de sa marche sur les difficultés d'amas-
ser des vivres et des chariots ; c'étaient
des prétextes pour excuser ses délais ;
il employa neuf jours à faire neuf
milles. Sa conduite était d'autant moins
excusable, qu'il avait un magasin à sa
disposition à Hall, qu'il en avait pris
un aux ennemis à Leipzig, qu'il n'avait
point d'ennemi devant lui, et que par
conséquent il était mattre des fourra-
ges, des vivres, des chevaux et des li-
vraisons du pays. Sa lenteur ne peut
s'attribuer qu'à son esprit de contra-
diction et à son ège ; il n'aurait pas été
fâché do faire passer l'expédition de la
Lusace pour Iheureuse étourdcrie d'un
jeune homme; il affectait un air de
circonspection e^ in «agesse, qui, joint
à sa longue expérience, devait former
un contraste avec le feu que le roi
mettait dans ses opérations. Le prince
d'Anhalt ne fut point loué de sa len-
teur. Le roi lui écrivit qu'elle était très
préjudiciable ou bien do son service,
par la raison qu'il avait donné aux Au-
trichiens le temps de se joindre aux
Saxons et de détruire le pont de Mois-
sen; ce qui rendait la jonction des
deux armées presque impossible ; il lui .
enjoignit d'user de diligence poor a^^
i prêcher le plus promptement qtt*3
pourrait. Le Prince promit dans aa ré-
ponse qu*il serait le 12 décembre à
Mcissen. Sur cela tous les quartiers fi^
rent rassemblés. Le roi ne iaisat qua
quatre bataillons et quelques hussardl
à Zittau, un bataillon à Gœrlitz et deu
à Bautzen. Ces troupes se joignirent lu
13 à Camentz, à l'exceptioD de M. dt
Ix'hwald. qui était déjà vis-à-vis dt
Meissen ; le prince d'Anhalt y arriva lu
12 ; mais la garnison saxonne s'en était
sauvée par une poterne, et avait regn-
gné le gros de l'armée. Pendant qai
rinfanterie du prince entrait dans Ueia»
son, les cavaliers, qui avaient un c1m<*
mm creux a traverser, ne le passaieitf
qu'un à un. Les deux derniera régi-
mens, savoir les dragons de Rcebl al
de Uolstein, mirent pied à terre pov
attendre leur tour ; Sibilsky s'en «par»
eut ; il se glissa avec ses Saxons dans m
bois épais, d'où il fondit à l'improvirtl
sur les dragons pnissiensi leur enleva
deux paires de timbales, trois éte»^
dards et cent quatre-vingts hommea | .
d'autres escadrons montèrent a cbeval,
de nouveau chassèrent l'ennemi ; mail
l'alTron t était reçu et le remède vint trop
tard. Il en coûta la vie au général RœUi
qui était malade^ et qui suivait la ea-
lonnc en carrosse. Il faut convenir qna
le froid était eicessif, que la cavalôîa
avait été douze heures à cheval ; mais
on pécha en passant un boia que Ton
n'avait pas fait reconnaître d'avanoa.
Les moindres fautes a la guerre sont,
punies, car l'ennemi ne pardonne pMt
Le 12 fut employé à réparer le pont
de l'Elbe, et le 13 le général LehwaU
se joignit au prince d'Anhalt. < l'est ca
pont do Meissen pour lequel on crai«
gnait tant, que les Saxons auraient dA
détruire. Mais le ministère qui domi-
nait les tf^éraux, ne oompranaît
msTonm ds
qii*an pont peut contribaer à b perte
d'un pays ; ce pont était en partie con v
trait en pierre de taille, il avait coûté
cent cinquante mille écus ; on ne voulut
jamais consentir qu'il fût démoli. Le
eenseil était composé d*an mélange de
pédana et de parvenus. Uenecke, qui
était è leur tétc« élevé par la fortune
de l'état de valet de pied au grade de
miniatre, joignait eu talent d*un finan-
cier Tart de fouler mi^odiquement les
a^eta. Son éconemie fournissait aui
prodigalités du roi comme aux dissipa-
tîMS de SM fiivori ; avec ce crédit il
geavemait la Saxe ee suiialterne sous
le eemle de Bruhl ; de lui émanaient
les ordres à Tarmée, il en dirigeait les
opérations, et c'est à son incapacité
qu'il faut attribuer les fautes grossières
des généraui aaioos dans cette cam-
pegee d*liiver.
L'erosée du roi arriva le 1& A Kœ-
eigsbrncke, et à force d'oigeiilonner le
friece d'AAhalt, il s'avança le mkne
jour A Neustadti où les troupes furent
oUiicées de camper malgré le froid per-
lent qu'il faisait alors. Le prince de
Lomîee était arrivé le 13 décembre
avec aee areiée auprès de Dresde. 11^
aeoke, qui réglait tout, étendit si fort
les quartiers des ▲utricbiens, qu'il leur
émit fdta viogtrquetre heures pour
te rassembler. Le prinoe de Lorraine
il éas eepréaentatioos convenables
r qo'ae nhange&t cette dîspositîm ;
Heeecke, accoutumé è donner la
lel eux fcnEiiers et eux traitaas. n'en
Ifnteecae compte. J> prince de Lor-
inon qej prévo^eit que le comte Ra«^
aiai^ étue attaqué, le pria de
reveetirè tempe s'il tvait besoin de lui«
fmn iqe'îi lui faileit du temps pour
nBiaamMfr aee Éroopca dispersées ; mais
âasomte pépoi»dM^*il ««avait pas be-
4e motmiK qu'il était essez iort
liJpiBle^'Si 4MCupait« mt «ne j»^
I
mtm Tnpe. ||^
mais les Prussiens n'auraient l'andaee
de l'attaquer. Depuis la bataille de Fon*
tenof « que le comte de Saxe avait ga-
gnée par la supériorité de son artillerie^
on vit beaucoup de généraux suivre .
cette méthode. La disposition des Au-
trichiens à la bataille de Sorr en devait
être une copie, et le poste que le comte
Kutowsky avait à Kesselsdorf était de
même modelé sur celui 4e Fontenoy,
La différence du comte de Saxe d ies
imitateurs mit de la diCércnoo dans ^
leurs succès ; cependant les deux ar^
mées prussiennes se mirent en marcho «
celle du prince d'Anhalt pour s'appro-
cher des ennemis, et celle du roi pour
passer l'Elbe A Meissen. Le roi fit en-
trer quatorze bataillons dans celto ville ;
le reste de Tinfanterie et de la cavalerie
était cantonné sur la rive droite de
l'Elbe, de sorte qu'au besoin, en ras-
semblant ses troupes, le roi pouvait se-
courir le prince d'Anhalt, et en cas
que les Autrichiens eussent passé l'Elbe
à Dresde, le roi leur faisait tète de ce
côté.
Il reçut, en arrivant à Meissen, une
lettre de M. Villiers, qui lui apprenait
que le dclabrcmeut eitréme des aflai -
res d*Au(çuste III, et la nécessité où il
était réduit, l'avaient cnGn dclerniiné
A donner les mains A un accommode-
ment; que Saul, le mercure de Driihl,
allait partir pour Dresde, raoni dlns-
tructions et de pleins- pouvoirs pour
les mioisU^s, afin qu'ils pussent tra-
vailler, avec les ministres prussiens ,
au rétablissement de la paix ; que la
reine de Uon^ie voulait y accéder
aussi, moyen narit quelques adoucisse-
mens A la convention de Hanovre ; que
lui, Villiers, se rendrait au plus tôt A •
Dresde, pour intervenir entre les par-
ties au cas qu'il en fM besoin, et ren-
dre leur récnnciliation plus facile. Le
iXM.av«t è imieecbei^ (le lire cet^
nilDfikic u.
lettre, qu'on vint Tovertir que du cAté
de Dresde toute l'atmosphère parais-
sait embrasée, et qu'on entendait le
bruit d'une canonnade terrible. Le roi
se douta bien que le prince d'Anhalt
était engagé avec les ennemis. Incon-
tinent la cavalerie eut ordre de seller,
rinfanterke de se mettre sous les ar-
mes, et je roi courut, avec une cen-
taine de hussards, sur le chemin de
Dresde. Il envoya de petits partis de
tbus côtés ; Tun d'eux lui amena six
fuyards du corps de Sibilsky, qui as-
surèrent que les Saxons étaient battus.
Ce qui fit ajouter foi à leurs discours,
c'est qu'on ne vit paraître aucun Prus-
sien, et ce!a serait arrivé si les affaires
étaient allées mal; mais la nuit, qui
survint, obligea le roi à retourner à
Mcissen, pour ne pas s'exposera quel-
que affront, satisfait d'avoir des pro-
babilités de la victoire du prince. Si la
fortune n'avait pas secondé le prince
d'Anhalt, le roi avait résolu de rassem-
bler ses troupes sur les hauteurs de
Meissen, pour aller au-devant des
troupes battues, de mettre celles-ci en
seconde ligne, son armée en première,
d'attaquer de nouveau les ennemis, et
de les vaincre à quelque prix que ce
fût. Le prince d'Anhalt lui épargna
cette peine : le soir même, un officier
de cette armée arriva, et rendit compte
au roi des circonstances suivantes de
cette glorieuse bataille.
Le prince d'Anhalt, ayant décampé
le 15 de grand matin, avait pris par
Wilsdruf le droit chemin de Dresde.
Ayant passé Wilsdruf, ses hussards
donnèrent sur un gros de hulans, qu'ils
poussèrent devant eux jusqu'à Kessels-
dorf, où ils aperçurent toute l'armée
saxonne rangée en ordre de bataille ;
ils en avertirent incontinent le prince
d'Anhalt. Un profond ravin, dont en
Mftains «ndroits le fond était iparéea -
geux, couvrait le front des ennemis;
sa grande profondeur est du c6té do
l'Elbe; il va toujours en s'aplanissanf
vers Kesseldorf , et se perd entièrement
au-delà, vers la forêt du Tamrot. Les
Saxons avaient appuyé leur gauche à
Kesselsdorf ; le terrain y était, comme
je l'ai dit, entièrement uni. Ce village
était défendu par tous les grenadiers
de leur armée et par le régiment de
Rutowsky ; nne betlene de vingtr-qna-
tre pièces de canon de fort calibre en
rendait l'abord meurtrier. Le corps de
Griine était à l'aile droite de cette w^
mée, qui s'appuyait à Beneridi, pro-
che de l'Elbe. Ce lien était inattaqna-
ble, à can«e des rochers et des préd*
pices qui en interdisent TabOrd. Arant
la bataille, la cavalerie saxonne était à
la gauche de Kesselsdorf, rangée en
ligne avec le reste de l'armée, la gan -
che vers le Tarrant On ne sait pour*
quoi le comte Rutowsky la déplaça, et
la mit en troisième ligne derrière son
infanterie. Lorsque le prince d'Anhalt
arriva sur les lieux avec la tète de son
armée, il jugea d'abord que le succès
de celte journée dépendait de la prise
du village de Kesselsdorf; il Gt ses ar-
rangemens pour l'emporter. Il com-
mença par former ses troupes vis-i-?ii
celles de l'ennemi ; l'infanterie, desti-
née pour donner snr le village, ftat
mise sur trois lignes, et tes dragons de
Bonin formèrent la quatrième. Dès
que ses troupes furent ainsi disposées,
trois bataillons de grenadiers, avec
trois de son régiment. attaquèr«)nt le
village de front. M. de Lehwaid le prit
en flanc ; vingt- quatre canons, chargés
de mitraille, les grenadiers saxons et
le régiment de Rutowsky firent recnler
les assaillans. La seconde attaque m
fM pas plus heureuse, car le fea était
trop violent ; mais le régiDent de R»»
tcrwsU sortit du fillaia m fMPnt
msTona w son temp5.
901
9iifre les Prussiens; il se mit donc
defSDi ses batteries, qc*il empAdioit
de tirer Le prince dAsIielt profita de
ce iBomeRl, et ordonna an colonet
Loderiti, qni eommandaitles dragons,
de cbarg«^. Cdni-ci fondit alors arec
impétnosité sor les Saxons; tout ce
qui résistif fut passé an fil de i'épée; le
reste fui ^ris. L'iobnterie s*enipara
eo même iimpa du rillage, y entra de
tous les côtés, et prit la batterie qni
avait rendu ce peste si fbmridable. Le
général Lehwald mit le oomUe à cette
nctoire, en obligeant toutes les trou-
pes qfoi avaient défendu le village a
mettre bas les armes. Le prince d'An-
hait profita de ce premier succès en
habile capitaine ; il gagna aussitôt le
flaoc gauche de reunemi. La cavalerie
de sa droite renversa d'un seul, choc la
cavalerie saionne; et la dissipa de ma-
nière qu'elle ne put se rallier. Tout
prit la fuite avec asseï de promptitude
pour échapper à des troupes aoeoulu--*
méesà conserver Tordra et à vie point
le débander. La ganche des Prussiens ,
sous les ordres du ^ince Maurice , se
caooona avec l'ennemi, jusqu'à ce que
k village de Kesselsderf fût emporté;
mais impatiente alors d'avoir part à la
gloire de cette journée, die marcha
au Saions en bravant tous les obsta-
des; des rochers à gsavir, des neiges
qui rendaient le terrain glissant, la di^
ikoltè d'assaillir et de forcer les enne-
mis qfû combattaient peur leurs foyers,
tout cela fut entrepris, et tout céda an
courage de% vainqueurs. Les Saxons et
les Autrichiens furent diassés des ro-
chers <vc vpés de Benerich. Les Pma-
[ nens i e pnrent conserver ni l'ordre
des halaihMa ni même des pelotons
formés, tant cea hauteurs qu'ils esc»^
ladaient étaient escarpées : la cavale-
lie ennemie les Attaqua ainsi dispeiaés.
I) est eeripin 4^e.si.lv Sni<ms avaient
été vaieureui , vniTontene prussienne
aurait été taillée en pièces ; mais cette
cavalerie attaqua si moDement et fut si
mal soutenue, qu'après qudques d^
charges que les Prussiens firent sur
elle, elle disparut et céda le champ de
bataille aux vdoqueurs. La cavalerie
de la ganche des Prussiens n'avait pu
agir pendant tout le combat, à cause
des précipices impraticables qui la sé-
paraient des ennemis; le prince d*An*
hait l'envoya k la poursuite des ftiyarda,
sur lesquels M. de Gésier fit encore
un bon nombre de prisonniers. Le
prince d'Anhalt donna dans cette ac-
tion de grandes marques de son ex-
périence et de sa capacité. Les géné-
raux, les ofBeiers, les soldats, tous s'y
distinguèrent : leur succès justifia leur
témérité. Du côté des Saxons, il resta
trois mille morts sur la place ; on fit
prisonniers deux cent quinie oBciers
et six mille cinq centa aoUats ; ils per-
dirent, de plus^ cinq drapeaux, tmis
étendards, une paire de timbales et.
quarante-huit eanona. Les Prussiens
eurent quarante-un ofliGiers et seiw
cent vingt-un soldats tués, et le double'
de blessés.
Si nous examinons les Ikates com-
mises des deux parts dans cette ba-
taille, nous trouvons premièrement
que le comte de Rutowsky n'avait
pensé dans son poste qu'à la sAreté de
sa droite ; la gauche était en l'air, et
l'on pouvait tourner le village de Kes-
selsderf. Si les Prussiens avaient pfais
pris par leur droite, le prince d'Anhalt
aurait pu tourner entièrement le vil*
lage et remporter à moins de frais ;
mais M ne faisait que d'arriver, et
n'ayant pas en le temps de reconnaî-
tre le terrain^ cela seul suffit pour lui
servir d'exense. La i^mi grande faute
des Saxons ftit sina doute de sortir du
THh«a;emills
pra canon d'agir contre les Prussiens , '
et c'était leur meilleure défense. Une
faute non moins considérable fût que
lette inftinterie, postée de Keaselsdorf
ï Benericli, n'était pas sur la crête des
hanteva, mais en arrière do plus de
lent pas, de sorte qu'ils ne défendirent
pas avec les petites ormes le passage
ta précipice et le laissèrent escalader,
se réservant de tirer lorsque l'ennemi
aurait vaincu la plus grande dilBculté.
Mais de pareilles remarques peuvent
avoir lieu sur la plupart des aetiona
des hommes; ils font tous des fautes,
parce qu'aucun d'eux n'est parfait , et
si nous résumons celles qui se sont
commises dans cette bataille , c'est
pour que la postérité apprenne à n'en
pas faire d'aussi grossières que ceilea
des Salons.
Le comte Rutowsky et toute son ar-
mée arrivèitnt à Dreade en pleine
course; ils y trouvèrent te prince de
liOcraîDeoceupé à rassembler ses trou-
pes éparses. Ce dernier offrit an comte
d'attaquer le lendemain les Prussiens
conjointement avec lui ; mais le Saxon
en avait de reste, il allégua pour ex-
cuse que son infanterie était presque
détruite, q«*il avait perdu dix mille
hommes, qu'il manquait d'armes , de
munitions, et que ses soldats n'étaient
pas encore revenus de lt;ur terreur ; il
ajouta que le roi de Prusse allait se
joindre au pnnoe d'Anhalt, que Dresde
manquait de provisions de bouche et
de munitmis de guerre, que pour sau-
ver les débris de Kesseisdorf, il fallait
se sauver i Zest, village voisin des
montagnes qui regardent la Bohème.
Ce projet fut exécuté. Les Saxons éva»
cuèrent Dresde et n'y laissèrent que
des milices ; le 16, ils campèrent au-
prèa de Kceuîgstein et renvoyèrent
leur cwulerie en Bohème, iiuite de
mtfwa your ia wmifir plus lont^i
temps sur le territoire saxon. L'armée
du roi avança le 16 Jusqu'A Wilsdiuf;
le 17, ses troupes formèrent la pr»*
mière ligne, et se portèremC «ur la
ruisseau de Plauen. L'heureux aueeli
de celte expédition fit oublier k Im^
teur que le prince d'Anhalt uvolt tf»
fectée a son début ; la journée éè Kaa»
selsdorf avait jeté un beau voile mm
cette faute. Le roi lui dit les eiioaaa
les plus flatteuses sur la gloire qnfV
s'était acquiae, et n'omit rien de tt
qui pouvait flatter son aqMmr-^pmpnSi
Ce prince mena le roi sur le chîonp de
bataille; Ton fui moins anrpria dut dfl^
ficultéa, quoique grandes, q^e les
troupes avaient eu A surmonter, «t
du nombre considérable dee priao»-*
niers, que de voir toute cette cmap^^
gne couverte d'habilans de ITrrairt,
qui venaient tranquillement à ta ra»»
contre dea Prussiens. Lorsque le mt
traversa la Saxe en 17U, le diue 4a
Weiaseofeb avait jeté dfx baUHIiW
dans Dresde ; on y élevait 4ea
ries, on Msait des coupuret dum
rues» on mettait des palissades purtaal
où un pieu pouvait entrer en tiemi
aucun Prussien n'osait mettre le pial
dans cette capitale ; et en 17A5, le»
que le roi entra dans le pays à la
de quatre-vingt mille hommes,
les troupea saxonnes venaient d*Mn
battues, les portes de Dresde reatèrcil
ouvertes, et les princes cadets de h
famille royale, les ministres, les eeu-
seils suprêmes du pays, tout se relÉi
à discrétion. Telles sont les contra^f^
tions dont l'esprit humain mi capoMe,
quand il n'agit pas systéroatiqtiemeflt,
et lorsque ceux qui le gouvernent mH'
une mauvaise dialectique. Il est vrri»
semblable que la ville était dépovtM
de provisions, et que des délibéfaOeaf
confosa* et la eooslemalion qui ré-
gnait X las wftindtÊUL wilniiHua
BIST01RB DB
dn roi de Pologne, causèrent cet aban-
don général. Les princes pouvaient se
sauver, les ministres également; il n*y
avait qu^à faire quatre milles pour ga-
gner la Bohème. Une chose non moins
étonnante est que ces Saions, qui vou«
laient abandonnei Dresde y jetèrent
six mille honmoes de leurs miliciens,
dont ils auraient pu se servir pour rc-
eojDpléter leurs troupes. BientAt le roi
fit occuper le faubourg de Dresde, [.c
commandant fut sommé de se rendre ;
il répondit qne Dresde n*ctait point
une place de guerre. Les ministres en-
voyèrent un mémoire qui devait tenir
lieu d'une espèce de capitulation. Le
roi en régla les conditions selon son
bon plaisir. Le 18, les Prussiens cn-
feteent dans la ville. La milice fut df'-
sannéeet servit à recruter les troupes ;
oa 7 prit quatre cent quinze officiers
et qoinxe cents blessés de la bataille
de Keasehdorf. Le roi établit son quar-
tier à Dresde avec Tétat-major des
4mi armée». On répandit dans le
monde les bruits les plus injurieux au
«^jet daa intentions du roi sur cette
capitale. On disait que le prince d*An-
linlt avait deouindé le pillage de Dres-
dt pour son armée, à laquelle le sac
40 cette ville avait été promis pour
r^icourager pendant l'action. Le pcn-
^^hut des hommes à la crédulité pou-
vait seul accréditer de telles calomnies.
iMwis le prince d'Anhalt n'aurait osé
Irire an roi une proposition aussi bar-
atte | et d'ailleurs ces sortes de pro-
omnes peuvent se faire à des troupes
tediadplinées, et non à des Prussiens ,
qoi ne cooibattent qne pour l'honneur
et pour ia gloire. Le principe de leurs
tnccès doit s'attribuer uniquement à
rnmtntion des officiers comme i l'o-
àéiamnoe dea «oldata.
A peîM le roi futjl à Dresde qu'il
randît visite aux enfans du roi, pour
«OH TUIPS. M
calmer leur crainte et les rassurer en-
tièrement.Tl tâcha d'adoucir leur Infor*
tune, en leur faisant rendre scrupuleux
sèment tous les honneurs qui leur
étaient dus : la garde du chAteaa iîit
même mise à leurs ordres. 1^ roirépon*
dit ensuite au sieur Vtliiers, qu'il avait
été assez étonné de recevoir des propo*
sillons de paix un Jour de bataille , que
pour abréger les négociations il s'était
rendu lui-même à Dresde ; que la for-
tune qui avait secondé sa cause, Tavalt
mis en situation de ressentir vivement
les mauvais procédés, ia duplicité et là
];crfldie dont le comte de Briîhl avait
fait usage dans toutes ses négociations ;
qu'éloigné cependant d'avoir une façon
de penser aussi basse, il oflait, mais
pour la dernière fols, son amitié au roi
de Pologne; qu'il attendait que les
sieurs de Bulau et de Rex eussent raça
leurs pleins-pouvoirs, pour qu'on pût
conclure avec eux sans autre délai;
qu'enfin il ne se départirait en rien det
engagoroens qu'il avait pris avec le roi
d'Angleterre parla convention de Ua^
notre ; que pour lui, loin d'être aveu-
glé par la fortune, il ne Imusserait ni
ne baisserait ses prétenlion8,et qu'ainsi
la reine de Hongrie ne devait pas s'at-
tendre à le faire changer de résotuUon :
le roi finit en recommandant à M. de
Villiers de lui rapporter exactement le
dernier mot dn roi de Pologne, afin
que dès ce moment rien ne mit d^
nouveaux empèchemens à la pacifica-
tion de rAllemàgne et du Nord. Bien-
tôt le roi fit frtviter chez lui tous les
ministres saxons; il récapitula tout ce
qui s'était passé, leur exposa avec vé-
rité SCS aentimens et les conditions de
paix modérées qu'il ofl*rait à ses enne-
mis : il fut assez heureux pour les con-
vaincre que ces conditions étaient telles
qu'ils auraient pu les souhaiter ou les
dicter eux-mêmes, et que leur roi n'a- ^
vait d'autre parti à prendre que àe lei
ligner. On fit anssi des arraogemeiàs
ponr qne les troupes observassent un
hrès grand ordre. Le roi mit dans ses
procédés toute la douceur possible, afin
|tte ce pays voisin et malheureux ne se
lessentlt que légèrement des fléaux
d'une guerre dont le peuple était in-
nocent. Poiur s'accommoder à la cou-
tume, 00 chauta dans les églises le Te
Deum, accompagné d'une triple dé-
charge de l'artillerie de la ville, et le
soir on fit représenter l'opéra d'Armi-
nhis. On ne fait mention de ces baga-
telles qu'à cause des anecdotes aux-
quelles elles tiennent. Tout jusqu'à
l'opéra devenait entre les mains de
Briihl un ressort pour gouverner l'es-
prit de son maître ; il avait fait repré-
senter la clémence de Titus au sujet de
la disgrâce de Sulkofsky et des préten-
dus crimes que le roi lui pardonna. Ar-
minius fut joué pendant cette dernière
guerre ; ce qui devait faire allusion au
secours qu'Auguste III donnait à la
reine de Hongrie contre les Français, et
les Prussiens qu'on accusait de vouloir
tout subjuguer. Les louanges flatteuses
de la poésie italienne, rehaussées du
charme de l'harmonie, et rendues par
ie gosier flexible des chAtrés, persua-
daient au roi de Pologne qu'il était
l'exemple des princes et un modèle
l'humanité. Les musiciens supprimè-
^ lent un choeur de l'opéra, qu'ils n'psè-
lent produire en présence des Prus-
tiens, parce que les paroles pouvaient
être justement appliquées après ce qui
venait d'arriver en Saxe ; les voici :
SuUê rotine aitrui olxor ntm pemi il iofftto
Coi^ekêaiioi&rgogêiêHàieêogiUvirtk.
Les chœurs des opéras d'Auguste va-
laient les prologues de ceux de
Louis XiV.
Pendant qu'on chantait à Dresde des
Te Deiun af des opéras, Hf . de VflUera,
qu'on y attendait avec impatience, ar-
riva de Prague avec les pleins-pouvoirs
et toutes les autorisations nécessaires
aux ministres saxons pour conclure la
paix : il fut suivi par te comto Frédéric
Harrach, qui venait de la part de l'im-
pératrice-reine pour le même sujet
Lorsque tout se préparait à Dresde à
pacifier les troubles de l'Allemagne, le
roi reçut la réponse suivante de
Louis XV à la lettre touchante qu'il
lui avait écrite de Berlin pour lui de-
mander son assistance. Cette réponse
avait été minutée par ses ministres ; le
roi n'avait prêté que sa main pour la
transcrire, la voici : a Monsieur mon
» frère, Votre Majesté me confirme,
» dans sa lettre du 15 novembre, ce
» que je savais déjà de la convention
a de Hanovre du 26 août. J'ai dû être
» surpris d'un traité négocié, conclu, si-
B gné et ratifié avec un prince mon en-
» nemi, sans m'en avoirdonné la moin-
» dre connaissance. Je ne suis point
» étonné de vos refus de vous prêter à
» des mesures violentes et à un enga-
» gement direct et formel contre moi ;
» mes ennemis doivent connatt]re Votre
» Majesté.C'est une nouvelle injure dV
» voir osé lui faire des propositions in-
» dignes d'Elle. Je comptais sur votre
» diversion ; j'en faisais deux puissan-»
» tes en Flandre et en Italie ; j'occupais
» sur le Rhin la plus grosse armée die h
» reine de Hongrie. Mes dépenses, mes
a efibrts ont été couronnés des plif
» grands succès. Votra Majesté eni
» fort exposé les suites par le tralli
1» qu'EIle a conclu à mon insu. Si oetH
» princesse y avait souscrit, toute so i
» armée de Bohême se serait subite*
» ment tournée contre moi ; ce ne sont
» pas là des moyens de paix. Je n'en
» ressens pas moins l'horreur du péril
» que vous courex : rien n^tatan I'ûik
mgTOlU 1>E MO> TKMPi.
aotî
M patieiio0 de vou^ savoir en sûreté, et
» votre tranquillité fera la mienoe.Vo-
» tre Majesté est en force et la terreur
m de nos ennemis, et a emporté sur eux
m des avantages considérables et glo-
m rieux ; Thiver avec cela, qui suspend
9 les opérai::- N militaires, suffit seul
» pour la défeni/e. Qui est plus capa-
» Me que Votre Majesté de se donner
• de bons eonseils à elle-même ? Elle
» n a qu*à suivre ce que lui dictera son
9 esprit, son expérience, et par-dessus
p tout son honneur. Quant aux secours
• qui de ma part ne peuvent consister
» qu'en subsides et en diversions, j*ai
j» fait toutes celles qui me sont possi-
9 blcs, et je continuerai par les moyens
9 qui assurent le mieux le succès.
9 J'augmente mes troupes, je .ne né-
9 glige rien , je presse tout ce qui
» pourra pousser la campagne pro-
9 chaîne avec la plus grande vigueur.
9 Si Votre Majesté a des projets capa-
9 blés de fortifier mes entreprises, je la
» prie de me les communiquer, et je
9 me concerterai toujours de grand
9 plaisir avec Elle, etc. » D*abord cette
lettre paraît douce, polie ; mais quand
on considère les circonstances fftcheu-
ses où se trouvait le roi de Prusse, et les
différentes négociations avec la France
qui l'avaient précédée, on y remarque
on ton d*ironie d'autant plus déplacé,
que l'on n'était pas convenu de rem-
plir par des épîgrammes les engage-
mens réciproques contractés par le
traité de Versailles. Dépouillons cette
lettre de tout verbiage, et examinons
ce qu'eUe dit réellement : Je suis fort
nché que vous ayez conclu le traité de
Hanovre sans m'en avertir, car le
prinee de Lorraine reviendrait en Al*
aeee, si la reine de Hoojgrie l'acceptait.
Ne Toyei-vous pas que la guerre d'Italie
et de Flandre que je soutiens, est une
Aversion que je fais en votre faveniT
Car je n'ai nul intérêt à la conquête de
la Flandre, et rétablissement de mon
•
gendre Don Philippe en Italie, me tou-
che peu. Conti sait si bien contenir les
forces principales de la reine de Hod*
grie en Allemagne, qu'il a repassé h
Rhin, .aissé faire un "empereur à qui l'a
voulu ; que Traun a pu détacher Gruns
pour la Saxe et pourra le suivre avec h
reste de ses troupes, si la reine de Hon-
grie trouve a propos de l'employer con-
tre vous. J'ai fait de grandes choses
cette campagne : on a aussi parlé de
vous. Je plains la situation dangereuse
où vous vous êtes mis pour Tamour de
moi ; on n'acquiert de la gloire qu'en
se sacrifiant pour la France ; témoi-
gnez de la constance et souffrez tou-
jours ; imitez l'exemple de mes autres
alliés, que j'ai abandonnés à la vérité,
mais auxquels j'ai fait l'aumône lors-
qu'on les avait dépouillés de toutes
leurs possessions. Prenez conseil de i§
votre esprit et de la présomption avec
laquelle vous vous êtes ingéré quelque-
fois à me donner des avis ; vous aurez
sans doute assez d'habileté pour vous
tirer d'embarras ; d'ailleurs le froid de
l'hiver engourdira vos ennemis, et ils
ne pourront vous combattre. Si cepen-
dant il vous arrivait malheur, je vous
promets que l'académie française fera
l'oraison funèbre de votre empire, que
vos ennemis auront détruit. Votre nom
sera placé dans le martyrologe où se
trouve le nom des ^nthousiastes qui se
sont perdus pow le service de la
France et celui des alliés qu'elle a daS
gné abandonner» Vous voyez que j'ai
fait des diversions ; je "^^es ai offeil
jusqu'à un million de hvres de subsides
Espérez beaucoup dans la belle camp»
gne que je ferai l'été prochain, pool
laquelle je prépare tout dès à préseatt ' ^
et comptez que je me concerterai ^ee
vous sur tous les sujets oà vous foih
flMmCTMW MILITAIU
qui coinmandeiil les années oii des
corps séparés , d 'empocher to .d^^-r
lion. Ce qui se Tait : ^^ v i 1
1* En évitant des camps trop près
(i*un bois 00 d'une forêt, si la raison
de $;ucrre ne l'exige pas; ^'* il •
2 En faisant plusieurs appela par
jour ;
3" En enT0jAM;4le|^|0Cll«rrré-'
quentes de hussards, qui rodent autour
du camp ;
\.i'
k i
i • En pbçant pendant la nuit, des exacte. On dira, peut-être, que le oo-
chasseurs dans les blés, et en d()ublant
les postes de cavalerie à l'entrée de la
nuit, pour renforcer la chaîne ;
S* Si vous ne permettez point que
le soldat.se débande, et si l'oflîcier
mène sa troupe en règle à l'eau et à la
paille ;
G' En punissant rigoureusement la
mnraudc, qui est la source de tous les
désordres ;
7* En ne faisant, les jours de mar-
che, retirer les gardes qui sont placées
dans les villages, que quand les trou-
pes ont pris les armes;
S"" En défendant sous peine rigoo-
reose, que le soldat quitte son rang, ou
sa division, les jours de marche ;
9^ En évitant de faire des marches
de nuit, si des raisons Importantes ne
Teiigent pas absolument ;
10^ En poussant des patrouilles de
hussards à droite et à gauche, lorsque
l'infanterie traversera un bois ;
11® Si vous placez les officiers à l'en-
trée et s la sortie d'un dérdé, qui obli-
gent les soldats de reprendre leurs
rangs;
i^ En cachant au soldat les marches
que vous éttU obligé de faire en ar-
rière, ou vous servant d'un prétexte
spécieux qui puisse le flatter ;
iS^ En ayant toujours attention que
k aubfjataaoo néoaaaaira ne maiigiie
du pain, de la viande, du brai;.
dalaitf^re,elç.
>U*. Qlifli^d la (flSsertloa se glisse dans
un régiment ou dans une compagnie,
il faut examiner d'abord la raison de
ce tnàl ;'4'informer si le soldat a en son
prêt, si on lui donne les autres dou-
ceurs accordées ; et si le capitaine n*esl
pas coiNMiWe d% quelyyfc maiversa-
tions. Inie fant'pas wofA taire soi-
gneusement observer une disdpiine
^ jpMii»«tipi*onfottrni»emi&treii9eiiTides eapnHes de quei^oei ftftlw-
lonel yj)rètera son attention, mais cela
ne éumà ^as. Dans une armée, tout
doit tendre à la perfection, pour faire
voir que tout ce qui s'y fait est l'ou-
Vrage flTfn'lOTl homme.
La plus grande pnrUe d*unc armée
est composée de gens indolens; si le
général n'est pas tonjcilifs alCftâlif à ce
qu'ils fassent leur devoir, cette ma-
chine, qui est arlificidlc et ne peut pas
être parfaite, sera bientôt détraquée,
il n'aura à la On au'me arméftdiscipK-
née en idée.
Il faut donc s'aecoutMier àlravaillar
sans relAche ; rexpérienee deceux* qw
n'y manqueront pas, leur fera voir qM
c'est une chose très nécessaire, et qn^il
y a tous les jours à réprimer des ébm
qui ne sont pas aperças de ceux qui ne
s'appliquent pas à les connaître.
Cette application continuelle et pé-
nible paraîtra drue k un général ; mais
il en sera assez récompensé par la s«ite.
Quel avantage ne remportera-t-il pas
avec des troupes si braves, si belles et
si bien disciplinées? Un général, qui,
chez d'autres natiens, passera pîtMur un
téméraire, ne sera chez nous qoe ce
que les règles ordinaires exigent- Il
peut hasarder et entreprendre tout oe
que les hommes sont capables de met-
tre en exécution. Outre que les soldats
ne souiErent pas antre eux det canM-
!■
r.\ ')": viî'ssr.
(1), ce que !*cin ne relèverait sûre-
ment point dans d'autres armées.
i*al ?u des officiers et de simples
soldats dangereusement blessés, qui,
nonobstant cela, ne quittaient pas leur
poste, ni ne voulaient pas se retirer
pour Taire bander leur plaie. Avec des
troopes pareilles on ferait la conquête
du monde entier, si les victoires ne
leur étaient pas aussi fatales qu'aux on-
Remis. Car vous pouvez entreprendre
tout avec elles, pourvu que vous ne les
laissiez pas manquer de vivres. Si vous
marchez, vousdcvancerez votre ennemi
par la vitesse. Si vous l'attaquez dans un
bois, vous l'y forcerez. Si vous leur fai-
tes grimper une montagne, vous en
cbasserez ceux qui y font résistance, et
alors ce n'est plus qu'un massacre. Si
TOUS faites agir votre cavalerie, elle
passera l'ennemi au fil de i'épée, et le
détmira.
Mais,eommeil ne suffit pas d'avoir de
bonnes troupes, et qu'un général, par
son ignorance, perd tout son avantage,
je parlerai des qualités d'un général ,
et donnerai des règles, dont en partie
j'ai fait I expérience à mes dépens, et
d*aatresque de grands généraux m'ont
fottroies.
ARTICLE U.
leb MMstance dea troupes ot des vivre»
(feld-commissariai) .
Certain général dit que, pour bien
établir le corps d'une armée, il faudrait
commencer par le ventre, et que c'est
1; Les Français sont U'è^ poinlillcux sur cet
•ii>cle;suil<oul leurs grenadiers ne ^ou^^i^oI1l
jimiis I nire rux un camarade soupçonné de
^'•^({w faiblesse. GéDéralemeut , touie> les
inupcs Mes dlacifllo^ei, do quelque luiion
là la base et le fondement de toutes lus
opérations. Je ferai deux parties de
cette matière. Dans la première, j'ex--
pliquerai en quels endroits, et de
quelle façon il faut établir les magasins ;
dans l'autre, je démontrerai comment
il faut se servir de ces magasins, et
comment il faut les transporter.
La première règle est d'établir ton-
jours les magasins les plus considérables
I sur les derrières de votre armée, et,
s'il se peut, dans une place fermée.
Dans les guerres de Silésie et de Bo-
hême, nous avons eu notre grand ma-
gasin à Breslau, à cause de la facilité
que nous donnait l'Oder de rafraîchir
ce magasin.
Quand on fait des magasins à la tète
de l'armée, on risque de les perdre an
premier échec, et alors on est sans res-
source ; mais si vous établissez ces ma-
gasins l'un derrière Tautrc, vous fnitcs
la guerre avec prudence, et nn petit
malheur ne peut causer votre ruine en-
tière. Pour établir des magasins dans
la Marche électorale, il faudrait choisir
Spandau et Magdebourg. Ce dernier
servira à cause de l'Elbe, dans une
guerre oflensive contre la Saxe, et ce-
lui de Schweidnitz contre la Bohème.
Il faut avoir grand soin de choisir de
bons commis et commissaires des vi-
vres ; car, si ces gens-là sont ou fourbes
ou voleurs, l'État y perd considérable-
ment. Dans cette vue, il faut leur don-
ner pour chefs des hommes de probité»
qui les examinent de près, et les con-
trôlent souvent.
On établit les magasins de deux ma-
nières. On ordonne à la noblesse et aux
paysans de faire charrier aux magasins,
des grains qu'on leur paie selon la taxe
de la chambre des finances, ou qu'on
leur diminue sur les contributions im-
posées. Si le pays n*est pas abondan'
en fourrage, on fait des marchés avrc
vaÂttÊKii: u.
h iNMt ittéflie, voWiM <te la BoliteBe,
eomme tet eerdes de HnMhberg, de
Btriegeu et de Landsbat. Mais c'était de
cea maux qu'une bonne administration
répare fiicilement La Bohème . et la
5aie se ressentirejt également du sé-
jour de grandei armées; cependant
rien n'y était totalement ruiné. La
ftlne de Hongrie Ait obligée d'em-
ployer tout son crédft pour se procurer
des ressources qui la missent en état de
continuer la guerre : elle tirait i la vé-
rité des subsides de la nation anglaise ;
niaisib n'étaient passuflBsans pour l'in-
demniser des sommes qoe lui coûtaient
les q^tlons de ses armées en Flan-
dre, sur le Rhin, en Italie, en Bohème
ei en Saxe. La guerre coûta au roi de
Pologne ai»delà de cinq millions d'é-
eus. Il paya ses dettes en papiers, en
ccëa de nou? eaux ; car Briîhl possédait
l'art de ruiner méthodicpiement son
maitre.
Le roi de Prusse donna ses premiers
Miios au rétablissement de son armée ;
il la recompléta en grande partie par les
prisonniers autrifrhiens et saxons dont
il avait le choix. Les troupes furentainsi
recrutées aux dépens des éiîfi^fipi^ 4t
U n'en coûta que sept mille hommes i
la patrie pour réparer les pertes que
tant dti batailles sanglantes avaient oc*
casionnées. Depuis qu'en Europe l'ait
de la guerre s'est perfectionné, dqwîs
quèf la politlqœasu établir une cer-
taine balance de pouvoir entro les sou-
verains, le sort coomuin des plus gran-
des entreprises ne produit que xaro*
ment les eflëla auxquels on devrait
s'attendre : des forces égales des deu
eûtes et ralteroative des pertes, et des
succès font qu'à la fin de la guerre la
plusarcharnée, les engagés se Irouveiit
à peu près dans l'état où ils étaient
avant de l'entreprendre. L'épuisement
des finances produit enfin la paix, quî
devrait être l'ouvrage de l'humanité et
non de la uécessîté.En un mot, si la
considération et la réputation des ai^
mes méritent qu'on fasse, des efforts
pour les obtenir, la Prusse, en les g%«
gnant, a été récompensée d'avoir enif»
pris cette seconde guerre;. mais voiÎH
tout ce qu!eile y acquit, et cette fumés
encore lui suscitait des envieux.
i
INSTRUCTION
MILITAIRE
DU ROI DE PRUSSE
FOUB SES CtltBlOl
u
J
Se bien garder , s'entourer d*un réseau impénétrable de survéil-
lAoœ qui ne permette pas à Tennemi d'obsenrer ce qui se passe dans
Yotre camp, dans vos lignes^ et de pressentir ainsi Toe projets, c'est
l'un des premiers devoirs d'un général.
Le grand Frédéric ne pouvait le méconnattre : dans ses récits de
ï Histoire de mon temps et de la guerre de sept ans^ il insiste sur
les services que la cavalerie légère autrichienne, les hussards et les
pandours ont rendus dans les armées de Marie-Thérèse. Ce prince
Toulut doter son armée de ces immenses avantages.
Non seulement il organisa un service qui répondit à ses vues,
mais encore^ dans sa prévision, il rédigea deux instructions spéciales.
Lorsque Frédéric II monta sur le trône, Tinfanterie prussienne,
formée par les soins soutenus de son père, était réputée Tune des
meilleures de TEurope. L'artillerie prussienne jouissait d'une répu-
tation méritée ; la cavalerie de ligne, et surtout la cavalerie légère,
laissaient à désirer, et l'on peut remarquer que c'e^ avec une sorte
de timidité, et toujours en les faisant soutenir par de l'infanterie ou
de rartillerie, que le roi opposa d'abord ces deux armes aux armes
ennemies correspondantes. C'est ainsi que par degrés il inspira à ses
cavaliers cette confiance sans laquelle on ne saurait se promettre de
beaux résultats : les soins du roi furent promptement oouronnén
l'un plein succès : les deux instructions qu'il a laissées, et que nous
uous faisons un devoir de reproduire, y ont laidement contribué.
f
^
DISCOURS
Jk
»U ROI DE PRUSSI
▲ SES GENERAUX,
ms t ■•▼hdmi iifo* thub •■ !.▲ baiaiuji
h Toas ai assemblés, Hessieurs, dou pas pour tous demander
Totre avis, mais pour tous dire que j'attaquerai demain le maréchal
Dtim. Je sais qu'il est dans une bonne position ; mais en même temps
il est dans un cul-de-sac ; et si je le bats, toute son armée est prise
ou aoyée dans TElbe. Si nous sommes battus, nous y périrons tous^
et moi le premier. Cette guerre m'ennuie ; nUe doit tous ennuyeiP
aussi : nous la finirons demain. Ziethen, je tous donne Taile droite
de mon armée ; votre objet sera, en marchant droit sur Torgau, de
oouper la retraite des Autrichiens* quand je les aurai battus et chas*
sis des haotews de Siptitz.
Le roi de Prusse attaqua, le 8 noTembre, à la pointe du jour; le
combat ne finit que le soir. Les Autrichiens repassèrent l'Elbe dans
la nutt qui suivit la bataille, et abandonnèrent Toigau. Landon
quitta la Siièsie ; l'armée de l'Empire se retira en Franconie; lea
Suédois hiveriiérent à Stralsund, et les Russes re|[flgnliiol U Viitulei
«•...Ji^J-iiU
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INSTRUCTION
MILITAIRE
00 AOI D£ PRUSSE
m cteEBiVI.
IW<
AITICLBP;
tu tfMpef pniMienBM, de leart défliiits et de
iean anntegei.
U compeAioB de met trwpeft exige
vne attention inûnîe de la part de ceux
VN hs eomaïaiideoL U faut leiur faire
okienw iMjwrê la diraplûie la (dus
eucte, 6t«f<iirfniod «oia de leur coa*
lervatiao : il faut aussi qu'elles soient
nieiu Boumes q/nM presque toutes les
toopes de rSurii^pe.
Nos régioie&ssoiit oomposés, moitié
(le gens du paysi, moitié d'étrangers,
fù ont été enrôlés pour de l'argent.
Ces deruiers, n*ayaot rien qui les atta-
die, n'attendent que la première occa-
9m pour quitter. U s'agît donc d'em-
ptcberladésertion»
Plusieun de nos généraux croient
qu'au homme n'est qu'un homme, et
que si la perte ea est réparée^ cet
^mm n'a point d'influence sur la to-
talité; mais on no saurait faire à ce
^V^t une juste apphcatiop des autres
fi 10 homme jblen f^ché déserte, et
qu'il soit remplacé par un antre aussi
bien dressé, la chose est égale. Mais, si
un soldat que l'on é formé pendant
deux ans au maniement des armes,
pour lui donner un certain degré d'a-
gilité, vient à déserter, et qu'il soit
i'emplacé par un mauvais sujet, ou
qu'il ne le soit point du tout, cela ti-
É-era, à la longue, à conséquence.
Oii a vu que, par la négligence des
officiers dans le petit détail, des régi-
knens ont peirdu leur irépula)ion, et se,
sont trouvés diminués par la désérliQu.
ICette perte afTaiblit rarmé(\ uaiis te
temps oùH cslhî plus héccssaît-e qu'elle
soit complète. Vous perdrez par M vos
meilleiures rorccs, si vous n'y apportez
la plus grande et la plus prompte At-
tention, ^t voua ne serez pàâ en ^tat
alors de suppléer à ce défaut.
Quoiqu'il y ait grand nombre d?iom-
mes dans moii pays, h est question de
savoir SI vous eti trouverez beaucoup
de la taille de mes soldats ; bt, supposé
même qu'il y en eiit àsse^, sferont-îls
d*atH)rd dreâs^sT c*est éonc fati fles ilfe-
y6M\H phli^ i^isehtiélé dëé t»f$hi&x
I
i
OMSMTIM MILITAIU
k i
qui commandeiil les années on des
rorps séparés, d'eropAcliec to d^^T
lion. Ce qui se fait : f^vàï
1* En évitant des camps trop près
d*un buis ou d*une rorèt, si la raison
de {guerre ne Teiige pas: ^^ il •
2 £n faisant plusieurs appels par
Jour ;
S' En enTojMi;â^f)ai|of|l«rrré-
queutes de hussards^ qui rodent autour
du camp ;
k* En pliiçanl pendant la nuit, des
chasseurs dans les blés, et en dqublaiit
les postes de cavalerie à Tentréér de ta
nuit, pour renforcer la chaîne ;
5* Si vous ne permettez point que
\.i'
le soldat.se débande, et si roffficier' Vragte (Pffn"TOtiI homme.
mène sa troupe en règle à Teau et à la
pnillc ;
G* En punissant rigoureusement la
maraude, qui est la source de tous les
désordres ;
7* En ne faisant, les jours de mar-
che, retirer les gardes qui sont placées
dans les villages, que quand les trou-
pes ont pris les armes ;
8*" En défendant, sous peine rigou-
reuse, que le soldat quitte son rang, ou
sa division, les jours de marche ;
9^ En évitant de faire des marches
de nuit, si des raisons importantes ne
l'exigent pas absolument ;
10^ £n poussant des patrouilles de
hussards à droite et à gauche, lorsque
l'infanterie traversera un bois ;
11® Si vous placez les officiers à ren-
trée et s la sortie d'un défdé, qui obli-
gent les soldats de reprendre leurs
rangs;
12<» En cachant au soldat les marches
que vous étél obligé de faire en ar-
rière, ou vous servant d*un prétexte
spécieux qui puisse le flatter ;
13» En ayant toujours attention que
k aabpiitaûoo néoeaaaira ne mangue
du pain, de la viande, du brat:
delaltf^re,elç.
HM QlàBÊ\i 4a (|6aertioii se glisse dans
un régiment ou dans une compagnie,
il faut examiner d'abord la raison de
ce mai ;'4'informer si le soldat a eu son
prêt, si on lui donne les autres don-
oeurs accordées ; et si le capitaine n'est
pa» coumM d% quetam% mtf versa-
Ubns. Il^e fanf pas wofA taire soi-
gneusement observer une discipline
exacte. On dira, peut-être, que le co-
lonel y prêtera son attention, mais cela
n# éuÉt^as. Dans une armée, tout
doit tendre à la perfection, pour faire
voir que tout ce qui s'y fait est l'ou-
^ jMiiii, #t qu'on fonrniase aux troiqieai rades capables de quefcpie» ftttlai»
La plus grande pnrUc d*une armée
est composée de {;cns indolens; site
général n'e«t pas toujmirs alfÉmif à ce
qu'ils fassent leur devoir, cette ma-
chine, qui est arlificicllc et ne peut pas
être parfaite, sera bientôt détraquée,
il n'aura à la fin du'une arméadiseiplî-
née en idée.
Il faut donc s'accoutumer à IravaAIœ
sans relâche ; retpérience de'ceu qui
n'y manqueront pas, leurfera voirquê
c'est une chose tnfes nécessaire, tî quHl
y a tous les jours à réprimer des abup
qui ne sont pas aperçus de ceux qui n^
s'appliquent pas à les connaftre.
Cette application continueRe et pé-
nible paraîtra dure à un général ; mais
il en sera assez récompensé par la suite.
Quel avantage ne remportera-t-il pas
avec des troupes si braves, si belles et
si bien disciplinées? Un générai, qui,
chez d'autres nathins, passera pour un
téméraire, ne sera chez nous que ce
que les règles ordinaires exigent* il
peut hasarder et entreprendre tout ce
que les hommes sent capables de met-
tre en exécution. Outre que les soldati
ne soufGnent pas. entre eux des canu-
là la base et le fondement de toutes it*s
opérations. Je Terai denx parties oo
cette matière. Dans la première, j'ei-*
piiquerai en quels endroits, et de
quelle façon il faut établir les magasins ;
dans l'autre, je démontrerai comment
il faut se servir de ces magasins, et
comment il faut les transporter.
La première règle est d*établir ton-
jours les magasins les plus considérables
Bemi3. Car vous pouvez entreprendre ! sur les derrîôres de votre urmée, et,
tout avec elles, pourvu que vous no les > s'il se peut, dans une place fermée,
laissiez pas manquer de vivres. Si vous I Dans les guerres de Silésie et de Bo-
tes {!), ce que Yim ne relèverait sûre-
ment point dans d'autres armées.
J*ai vu des officiers et de simples
soldats dangereusement blessés, qui,
nonobstant cela, ne quittaient pas leur
poste, ni ne voulaient pas se retirer
pour faire bander leur plaie. Avec des
troupes pareilles on ferait la conquête
do monde entier, si les victoires ne
leur étaient pas aussi fatales qu'aux on-
marchez, vousde vancercz voti e ennemi
par la vitesse. Si vous l'attaquez dans un
bois, vous l'y forcerez. Si vous leur fai-
tes grimper une montagne, vous en
chasserez ceux qui y font résistance» et
alors ce n'est plus qu'un massacre. Si
vous foites agir votre cavalerie, elle
pas^ra l'ennemi au fil de l'épée, et le
détmira.
Mais,commeil ne suffit pasd'avoirde
bonnes troupes, et qu'un général, par
son ignorance, perd tout son avantage,
je parlerai des qualités d'un général ,
et donnerai des règles, dont en partie
j'ai fait I expérience à mes dépens, et
d'autres que de grands généraux m'ont
foomies.
ARTICLE IL
AehtaUisUnee dei troupes et des Tlvre»
(feld-Gommissaria 1) .
Certain général dit que, pour bien
tlablirle corps d'une armée, il faudrait
commeocer par le ventre, et que c*est
1; Les Français sont tré^ poiiiiilleux sur ccl
û;.icic;sttilout leurs grenadiers ne ^ou^^ironl
jiQiiif rntre eux ufi camarade soupçonné de
qoelqne faiblesse. GénéralemeiK , toutes les
traifpcs Mea diad^oées* de quelque nation
«i'elMiISBieot,
héme, nous avons eu notre grand ma-
gasin à Breslau, à cause de la facilité
que nous donnait l'Oder de rafraîchir
ce magasin.
Quand on fait des magasins à la tète
de l'armée, on risque de les perdre an
premier échec, et alors on est sans res-
source ; mais si vous établissez ces ma-
gasins l'un derrière l'autre, vous faites
la guerre avec prudence, et un petit
malheur ne peut causer votre ruine en-
tière. Pour établir des magasins dans
la Marche électorale, il faudrait choisir
Spandau et Magdebourg. Ce dernier
servira à cause de l'Elbe, dans une
guerre oOensive contre la Saxe, et ce-
lui de Schwcidniti contre la Bohème.
Il faut avoir grand soin de choisir de
bons commis et commissaires des vi-
vres ; car, si ces gens-là sont ou Tourbes
ou voleurs, l'État y perd considérable-
ment. Dans cette vue, il faut leur don*
ner pour chefs des hommes de probité,
qui les examinent de près, et les con-
trôlent souvent.
On établit les magasins de deux ma-
nières. On ordonne à la noblesse et aux
paysans de faire charrier aux magasins,
des grains qu'on leur paie selon la taxe
de la chambre des Gnances, ou qu'on
leur diminue sur les contributions im-
posées. Si le pays n'est pas abondan*
en fourrage, on fait des marchés «vpf
118
».
INSTACClIOiN ihiiM.iTAIRB
des entrepreueun», pour une certaine !
quantité. C'est au commissariat à faire
ces marchés et à les signer.
On a encore des bfttimens construits
exprès, pour transporter les farines» et
les fourrages par les canaux et les ri-
vières.
11 ne faut jamais se servir d'entre-
preneurs que dans le plus grand be-
soin, parce qu'ils sont plus usuriers que
les Juifs mêmes : ils font augmenter le
prix des vivres, et les vendent extrê-
mement cher.
On doit toujours établir de bonne
heure ses magasins, pour être pourvu
de toutes les provisions nécessaires,
lorsque l'armée sort de ses quartiers
pour entrer en campagne.
Si vous attendez trop long-temps, la
gelée vous empêche de les faire trans-
porter par eau, ou les chemins devien-
nent si mauvais et si impraticables, que
vous ne sauriez former des magasins
qu'avec la dernière dlilicullé.
Outre les caissons des régimens, qui
portent du pain pour huit jours, le com-
missariat a des caissons destinés à Irans -
porter des vivres pour un mois.
Mais, s'il y a des rivières navigables,
il faut en profiter, car ce sont elles
seules qui peuvent procurer Tabon-
dance dans une armée.
Les caissons doivent être attelés de
chevaux. Nous y avons aussi employé
des bœufs, mais à notre désavantage. Il !
faut que les vaguemestres des caissons
fassent bien soigner leurs chevaux. C'est
au général d'armée à y tenir la main ;
ear, par la perle de ces chevaux, on di-
minue le nombre des caissons, et par
conséquent la quantité des vivres.
Il y a encore une autre raison, c*est
que ces chevaux n'étant pas bien nour-
ris, n'ont pas assez de force pour sou-
tenir les fatigues. Et quand vous mar-
cherez, vous perdrez non seulement vos :
chevaux, mais vos caissmus, et jes fari*
nés qu'ils porteront. I>e par^lles pertes,
souvent répétées, peuvent uv^oger les
projets les mieux concertés. Il faut
qu'un général ne néglige aucun de ces
détails, qui sont fort importans pour
lui.
Dans une guerre contre la Saxe, il
faut se servir de l'Elbe, pour faciliter
le transport des vivres, et eu Silésîe,de
roder. En Prusse, vous aurez la mer;
mais en Bohême et en Moravie, on ne
peut y employer que le charroi.
On établit quelquefois trois et qua-
tre dépôts de vivres sur une même li-
gne, comme nous avons fait, l'an \7h%
en Bohême. Il y avait un magasin à
Pardubitz, un à Nienbourg, un à Pod-
jcbrod, et un autre a Brandeiss , pour
être en état de marcher à hauteur de
l'ennemi, et de le suivre à Prague, en
cas qu'il se fût avisé d'y aller.
Dans la dernière campagne que
nous avons laile en Bohême, Breslau
fournissait a Schweidnitz, celui-ci à
Jaroinircz, et de là, on transportait les
vivres à I armée.
Outre les caissons de vivres, Tannée
mène encore avec elle des fours de fer,
dont le nombre, n'étant pas suffisant,
a été augmenté. A chaque séjour, il
faut faire cuire du pain. Dans toutes
les expéditions qu'on Veut entrepren-
dra, il faut être pourvu de pain ou de
biscuit pour dix jours. Le biscuit est
très bon, mais nos soldats ne l'aiment
que dans la soupe, et ne savent pas
bien s'en servir.
Quand on marche dans uîi priys en
nemi, on faille dépôt de srs farî-us
dans une ville voisine de Tarméc, o;,
l'on met garnison.
Pendant la campagne de 1745, no-
tre dépôt de farine était au commen-
cement à'Neustadt, puis à Jaromircs,
et à la fin à Traatenau. Si noua riom
DU UOl HE l»Ul -K.
919
liions plus avancés, nous n'aurions ' corto à une lieue en avant du côté de
IrouYé un dépôt assuré qu a Pnrdii- Tohr.^'ini. r^ntië inandeuvre assurera h
kiti. con\oi el le aiasqucrâ.
J'ai fiut faire des moulins ii bras
poiD* Aéqae compagnie, qui leur se-
robl fort utiles ^ on em^iioicra à ces |
mootitas des ^oMats, qui porleront ta ;
farine au dépôt et y recevront le paiii.
Arec cette farine « vous ménagerez
Dan feulement vos magasins, mais elle
TOUS fera subsister . plus long-temps
dana no camp^ que , sans cette res-
SQiffce, vous seriez obligé de quitter.
De plus, on n*aura pas besoin de faire
tant de convois, et on fournira moins
d'escortes.
En parlant des convois, j'ajouterai
kî ce qui concerne cette matière. A
proportion de ce qu'on a à craindre de
reuienii, on augmente ou diminue
les escortes. On fait enirer des déta-
cbemeos diufantcrie dans les villes
ptf où passent les convois, pour leur
donner un point d'appui. Souvent on
fait de gros détachemens pour les cou-
vrir^ comme cela est arrivé en Bo-
hème.
Dàm tons les pays de chicane, il
ARttCLE IlL
De« vivandiers dfe la bièl^ éX Hé reàa-4le-vie.
Si \ô\ï? voulez (bire quelque entre-
prise sur Tenncmi, il faut que le com-
missariat fasse ramasser toute la bière
et reàu-rfe-vic qu'on trouvera sur la
roule, afin que l'armée ti'en manque
point, tùi moins dans les premiers
jours. Aussitôt qtic l'armée entrera
dans un pays ennemi, il faut se saisir
de teuSlos brasseurs de bière et d'cau-
de vte qui se trouveront dans le voisi-
nage, et surloùl faire brasser de l'eau-
de-vîc, afin que le soldat ne manque
pas d'une boisson dont (f ne peut se
passer.
Pour les vivandiers, îl faut les pro-
téger, particulièrement dans un pays
où les habitans se sont sauvés et ont
abandonné leurs maisons, de sorte
qu'on ne peut pas avoir des denrées ,
faut employer l'infanterie pour l'escor- i même en payant. Alors on est eu droit
la des convois; on y joint quelques | de ne plus ménager les paysans.
hussards, pour éclairer la marche, et On envoie des vivandiers et des fem-
pour avertir des endroits où Tenncmi ' mes de soldats pour chercher toutes
pourrait être en embuscade. J'ai em- sortes de léj^mes et du bétail; mais
ployé aassi l'infanterie préférabicment en même temps, il faut faire attention
à la cavalerie, pour en former des es- que les denrées soietit vendues à un
oortes dans un pays de plaine, et je , prix raisonnable, pour qtie le soldat
m'en suis bien trouvé. soit en état de les payer, et qne le vi-
i« vous renvoie à mon règlement > vandier trouve un profit honnête.
miUtaire pour ce qui concerne le dé- , J'ajouterai encore ifi que le soldat a
lail des escortes. Un général d'armée j deux livres de pain f>ar jour et deux
lie saurait jamais prendre assez de ' livres de viande par semaine, qu'il re-
{précautions pour assurer ses convois, j çoit gratis en campagne. C'est une
f4lM bqone r^le pour couvrir tes con- ; doucenr que te pauvre soldat niérf te
▼ois est celle d'envoyer ^es troupes en j bien, surtout en Bohème, où l'on cou
afwt pour faire occuper les défilés par | duit la guerre conAie dans un désert.
M le convoi passerai et do pousser l'es« ! Quafiid 6n fait venir de» coofols pour
120
nfirmucTioN militaiu
Tannée, on les fait suivre par qael-
1068 troupeaux de bœub destinés à la
BDurriture des soldats.
ARTICLE lY.
Dttfonmgct an Mc et an mn.
Le fourrage sec est de l'avoine, de
l'orge, du foin, de la paille hachée, etc.
On le fait transporter au magasin. L'a-
voine ne doit être ni moisie ni puante ;
ce qui donne le farcln et la gale aux
chevaux, et les affaiblit tellement, qu*à
l'entrée même de la campagne, la ca*
Valérie n'est pas en état de faire le
service. La paille hachée ne fait que
remplir le ventre aux chevaux; on leur
en donne, parce que c'est l'usage.
La première raison qui détermine à
fake rassembler le fourrage et le trans-
porter au magasin, est pour prévenir
l'ennemi à l'entrée de la campagne, ou
quand on veut faire quelque entreprise
loin de là. Mais rarement une armée
osera-t-elle s'éloigner de ses magasins,
tant qu'elle est obligée de donner du
fourrage sec à ses chevaux, parce que
le transport est trop embarrassant par
le nombre nécessaire des voitures qu'u-
ne province entière ne peut souvent
pas fournir; et généralement ce ne
sont pas les moyens dont on se sert
dans une guerre offensive, s'il ù'y a
pas des rivières par lesquelles on puis-
se transporter les fourrages.
Pendant la campagne de Silésie, j'ai
nourri toute ma cavalerie de fourrage
sec ; mais nous ne march&mes que de
Strehla à SchweidnitE, où il y avait un
magasin, et de là à Cracau, où nous
étions dans io voisinage de Brieg et de
l'Oder.
Quand on a formé le dessein de fai-
re une ontreprist pendant l'hiver, on
fait ficeler du foin pour cinq joiirn ,
la cavalerie le porte sur ses chevnai .
Si on veut faire la guerre en Bohême
ou en Moravie, il faut attendre le temps
du vert, sinon vous ruinerez toute vo*
tre cavalerie. On fourrage les herties
et les blés dans les champs, et quand
la moisson est faite, on fourrage dans
les villages.
Quand on entre dans un eamp où
l'on a dessein de séjourner quelque
temps, on fait reconnaître les fourra-
ges, et après en avoir évalué la quan-
tité , on en fait la distribution pour
le nombre des jours qu'on veut y res^
ter.
Les grands fourrages se font tou-
jours sous l'escorte d'un corps de ca-
valerie, qui doit être proportionné an
voisinage de l'ennemi, et à ce qu'on a
à craindre de lui. Les fourrages se font
par toute l'armée ou par ailes.
Les fourrageurs s'assemblent tou-
jours sur le chemin qu'on veut pren-
dre ; quelquefois sur les ailes, et quel*
quefois à la tète ou à la queue de l'ar-
mée. Les hussards ont l'avanirgarde.
Si c'est dans un pays de plaine, la ea^
Valérie les suit; si c'est dans un pays
coupé, l'infanterie marche la premièrô.
L'avant-garde précédera la marche de
la quatrième partie des fourrageurs,
suivis d'un détachement de l'escorte «
toujours mêlée de cavalerie et d'infan-
terie ; puis une autre partie des fourra-
geurs, suivis d'un détachement do
troupes ; et puis les autres dans le mô-
me ordre. Une troupe de huasar'^-
fermera la marche de l'arrièi e-f ardi ,
et aura la queue de toute la ootonoe.
Nota. Dans toutes les escortes, Vin
fanterie mènera son canon avec elle •
et les fourrageurs seront toujours ar-
més de leurs carabinea et de feut
épées.
Lorsqu'on sera arrivé à Pendrait eà
PU HOl DIk PJiUSU.
ron v«ut foorrag-r, nu formera une
chaîne, et on placera rinrnnterîe près
des villages, derrière les haies et les
(hemins creux , on mêlera des troupes |
de cavalerie avec Finfanterie, et on se
ménagera une réserve, qu'on mettra
au centre pour être à portée de donner
du secours partout où l'ennemi pour-
rait tenter de percer. Les hussards es-
rarmoucheront avec l'ennemi pour
famuser et pour l'éloigner du fourra-
ge. Quand l'enceinte des troupes sera
placée, alors on distribuera par régi-
ment les champs aux fourrageurs. Les
officiers qui les commanderont auront
grande attention que les trousses soient
grandes et bien liées.
Quand on aura chargé les chevaux ,
les foorrageUTS s'en retourneront au
camp par troupes sous de petites es-
cortes ; et lorsqu'ils seront tous partis,
les troupes de la diatne s^assemble-
ront et feront l'arrière-garde, suivies
des hussards.
Les règles pour les fourrages, dans
les village, sont à peu près les mê-
mes. La seule différence qu'il y ait est
que l'infanterie se placera autour du
wllage, et la cavalerie en arrière, dans
UQ terrain propre à la faire agir. On ne
fait fourrager qu'un seul village à la
fois, et puis un autre, afin que les
troupes de la chaîne ne soient pas trop
dispersées.
Tes fourrages, dans un pays de mon-
tagnes, sont les plus difBciles. II faut
que la plus grande partie de leur es-
corte ne soit composée jque d'infante-
rie et de hosnrds.
Quand on occupera près de l'ennemi
un camp^ où Ton veut rester quelque
temps, 00 tâchera de s'emparer des
Ibumges qui sont entre les deux
camps; puis on fourragera à deux
lieues à la ronde, en commençant par
les champs les plus éloignés, et ^ir-
dant les plus a portée pouries derniers.
Mais si c'est im camp de passage, on
fourragera dans le camp et dans le
voisinage.
Quand on fait de grands fourrages
au vert, je ne voudrais pas qu'on em-
brassât un terrain trop étendu, mais
qu'on fourrageât plutôt deux fois con-
sécutives. De cette manière, votre
chaîne sera plus resserrée, et vos four-
rageurs seront plus à couvert ; au lieu
que si vous occupez un terrain trop
spacieux, vous affaiblirez votre chaîne,
de sorte qu'elle courra risque d'être
forcée.
ARTICLE y.
De la coimaiMaoce dn pays.
Il y a deoi façons de prendre con-
naissance d'un pays La première, et
par où il faut commencer,^ est celle
d'étudier exactement la carte de la
province où l'on veut faire la guerre,
et de bien se pénétrer des noms des
grandes villes, des rivières et des mon-
tagnes.
Quand on s'est formé une idée gé-
nérale du pays, alors il faut passer â
une connaissance plus détaillée» pour
savoir par ou passent les grands che-
mins, comment sont situées les villes,
et tà on peut les défendre, en les ac-
commodant un peu ; de quel cAté on
peut les attaquer, en cas que l'ennemi
s'en soit rendu maître , et combien U^
faut y mettre de garnison pour les dé«
fendre.
Il faut avoir les plans des villes for-
tiOées, pour en connaître la force et
les endroits faibles. Il faut avoir le
cours des grandes rivières et leur pro-
fondeur, jusqu'où elles sont naviga-«
blés, et où l'on peut les paftier
S33
tlfSTBITCTIOll MILITAIBS
a gaé. n faut savoir encore quelles
rivières sont impraticables au prin-
temps et sèches en été. Cette connais-
sance doit s*étcndre même jusqu'aux
principaux marais du pays.
Dans un pays plat et uni, il faut dis-
tinguer les contrées fertiles de celles
^i sont stériles, et savoir quelles mar-
ches l'ennemi peut faire, et celles que
nous ferions pour aller d'une grande
ville ou d'une rivière à l'autre. Il faut
aussi faire lever les plans des camps que
Ton peut prendre sur celte route.
On a bientôt reconnu un pays plat
et ouvert ; mais il est bien plus diffi-
cile de reconnaître un pays couvert et
montagneux, la vue étint bornée.
Pour se ccuicîlier ce^t^ connaissance
importante, on se transporte, la carte
à la main, sur les hauteurs, emmenant
avec soi des gens âgés des villages les
plus voisins, des chasseurs et des ber-
gers. S'il y a une montagne plus éle-
vée que celle où l'on est, on s'y trans-
portera pour prendre une idée du pays
qu'on y peut découvrir.
H faut s'informer de tous les che-
mins , pour savoir non seulement en
combien de colonnes on pourra mar-
cher, mais encore pour former des
projets, et voir par quel chemin on
pourrait arriver et forcer te camp de
l'ennemi, s'iKen vient prendre un dans
^es environs, ou de quelle manière on
pourrait se mettre sur son flanc, s'il
venait à changer de position.
Un des principaux objets est de re-
connaître les situations où l'on peut
prendre des camps défensifs, pour s'en
servir en cas de besoin, de même que
}es champs de bataille et les postes que
Tennemî pourrait occuper.
Il faut se former une juste idée de
toutes ces connaissances, comme aussi
des postes les plus considérables, des
(gorges, des principaux défilés et des
positions avantageuses de tout le pajt.
et bien réfléchir sur toutes les opéra-
tions qu'on-pourrait faire, afin de n'é-*
tre pas embarrassé quand on sera oUi-
gé d'y porter la guerre, ayant d'avaace
un plan de tous les arrangemens qu'il
faudrait prendre alors.
Ces réflexion^ doivent être bien
combinées et mûrement digérées* II
faut y e^nployer tout (e temps qu*uoe
matière aussi impQrta^Uo ?lige, et si
Ton n'y réussît pa^ à |a prçifpière fois,
il faut y retourner une sçcqn/le fois et
examiner tout exî^ctement.
C'est encore une règle générale^ qae
tous les camps qu'on va choisir, soit
pour l'ofleusive, soit pour la défepsive,
doivent être à portée de l'eau et da
bois , et que , le front fermé et bien
couvert, les derrières en soient encore
libres.
S'il est nécessaire de prçp4^e con-
naissance d'un pays voisici, et que les
circonstances ne permettent pas de le
faire de la manière ci-dessus, il (aat y
envoyer des officiers habiles, sous tou-
te sorte de prétextes, et même les fai-
re travestir, si on ne peut s'en dispen-
ser. On les instruira ^e tout ce qu'ils
doivent observer, et, à leur retour^ on
notera sur une carte tous les endroits
et les camps qu'ils ont reconnus ; mais
lorsqu'on peut voir soi-mëq^e, il n*en
faut jamais donner la commission à
d'autres.
ARTICLE ¥1.
Le coup-d'(çil, prSPH^epI ^, «a
réduit à deux points. Le premier est
d'avoir le talent de juger combien on
terrain peut contenir de troupes. Cesl
une habitude qu'on n'acquiert que par
Se bien garder , s^entourer d*un réseau impénétrable de surveil-
lance qui ne permette pas à Tennemi d^observer ce qui se passe d«iii«
votre camp, dans vos lignes^ et de pressentir ainsi Toe projets, c'est
l'un des premiers devoirs d'un général.
Le grand Frédéric ne pouvait le méconnaître : dans ses récits do
V Histoire de mon temps et de la guerre de sept ans ^ il insiste sur
les services que la cavalerie légère autrichienne, les hussards et les
pandours ont rendus dans les armées de Marie-Thérèse. Ce prince
voulut doter son armée de ces immenses avantages.
Non seulement il organisa un service qui répondit à ses vues,
mais encore^ dans sa prévision, il rédigea deux instructions spéciales.
Lorsque Frédéric II monta sur le trône, l'infanterie prussienne,
formée par les soins soutenus de son père, était réputée l'une des
meilleures de TEurope. L'artillerie prussienne jouissait d'une répu-
tation méritée ; la cavalerie de ligne, et surtout la cavalerie légère,
laissaient à désirer, et Ton peut remarquer que c'est avec une sorte
de timidité, et toujours en les faisant soutenir par de l'infanterie ou
de TartiUerie, que le roi opposa d'abord ces deux armes aux armes
ennemies correspondantes. C'est ainsi que par degrés il inspira à ses
cavaliers cette confiance sans laquelle on ne saurait se promettre de
beaux résultats : les soins du roi furent promptement eouronnén
(i*un plein succès : ies deux instructions qu'il a laissées, et que nous
nous faisons un devoir de reproduire, y ont largement contribué.
t
'V
INftTAUCTlON MIUTAUU
it Mm feu, il pulMe rallier sa caTalerie,
alon il faudra changer sa disposition ,
et mettre à rextrémité de ses ailes de
rinfantcrie, pour qu'elle soutienne à
son tour la cavalerie.
Quelquefois on porte toute sa cava-
lerie sur une de ses ailes, quelquefois
on la place en seconde ligne ; dans un
autre temps, on ferme les ailes de la
cavalerie par une ou deux brigades
d'infanterie.
Les postes les plus avantageux pour
une armée sont les hauteurs, les ci-
metières, les chemins creux et les fos-
sés. Si on en sait tirer avantage pour
la disposition de ses troupes, on ne
doit jamais craindre d'être attaqué.
Si vous placez votre cavalerie der-
rière un marais, elle ne vous sera
d'aucun usage; et si vous la mettez
trop piès d'un bois, l'ennemi y peut
avoir des troupes qui fusilleront votre
cavalerie, et la mettront en désordre
sans qu'elle puisse se défendre. Le
même inconvénient arrivera avec vo-
tre infanterie, si vous l'aventurez dans
une plaine sans assurer les flancs; car
l'ennemi ne manquera pas de profiter
de votre faute pour attaquer cette in-
fanterie du cAté où elle ne pourra pas
se défendre.
n faut se réf^er toujours sur le ter-
rain où l'on est. Dans un pays monta-
gneux, je placerai ma cavalerie en se-
conde ligne« et je ne m'en servirai
dans la première que dans les endroits
(vopres pour la faire agir, hormis quel-
c|nes escadrons, pour prendre en flanc
Tinfanterie ennemie qui viendrait m'at-
taquer.
Cest une règle générale, que dans
toutes les armées bien menées, on
forme une réserve de cavalerie, si c'est
dans un pays de plaine, et une réserve
d'infanterie, mêlée de quelques esca-
drons de dragons et de hussards, si
c'est dans un pays <soupé et de obi-
cane.
L'art de distribuer les troupes sur
leur terrain est de savoir les placer de
façon qu'elles puissent agir librement
et être utiles partout. Yilleroi, qui
ignorait peut-être cette règle, se priva
hii-mêmc, dans la plaine de Ramillies,
de toute son aile gauche, Tayant pla-
cée derrière un marais, où elle ne
pouvait ni manœuvrer, ni porter da
secours à son aile droite.
ARTICLE TIIL
Daietnps.
Pour savoir si vous avez bien choiii
votre camp, U faut voir si, par un pe-
tit mouvement que vous ferez, voua
forcerez l'ennemi d'en faire un grand ;
ou si, après une marche, il sera con-
traint d'en faire encore d'autres. Ceux
qui en feront le moins seront les mieux
campés.
Un général d'armée doit choisir lui-
même son camp, puisque le succès de
ses entreprises en dépend, et qu'il de-
vient souvent son champ de bataille.
Comme il y a beaucoup d'observa-
tions à faire sur cette partie de hi
guerre , j'entrerai dans quelques dé-
tails à ce sujet, sans dire toutefois com-
ment les troupes doivent être placées
dans leur camp ; relativement à ce der-
nier objet, je m'en tiendrai à ce que
j*ai dit dans mon règlement militaire ;
je ne parlerai que des grandes parties,
et de ce qui regarde le général même.
Tous les camps ont deux objets;
l'un est la défensive, et l'autre rofTen -
sive. Les camps où une armée s'assem-
ble sont de la première classe ; on n'y
fait attention qu'à hi commodité des
troupes. Elles doivent être campées
OV EOâ U PEDfSS.
9^
par pettlB coqM« à portée da magasin ,
mais de manière qu'elles paissent en
peu de temps se former en bataille ; et
comme ces sortes de camps sont ordi-
nairement loin de Tennemi, on n*en a
neo à craiL>dre. Le roi d'Angleterre,
qui » sans prendre celte précaution ,
était venu ^ ^««^per imprudemment
8Qr le bord du ji^^in, vis^^-vis de Tar-
mée française, courait risque d'être
battu à Dettingen.
La première règle qu ou doit obser-
ver dans tous les camps qu'on marque,
est de choisir un terrain où les troupes
soient à portée du bois et de l'eau.
Noos autres, nous retranchons nos
camps, comme autrefois out fait les
Romains, pour éviter non seulement
les entreprises que les troupes légères
ennemies , qui sont fort nombreuses,
pourraient tenter la nuit , mais aussi
pour empêcher la désertion ; car j'ai
observé que torsque nos rédans étaient
joints par des lignes autour du camp,
la désertion était moindre que quand
celte précaution avait été négligée.
Cest une chose qui , toute ridicule
(pi'elle paraisse, n'en est pas moins
vraie.
Les camps de repos sont ceux où
l'on attend les herbes: quelquefois
c'est pour y guetter Tennemi, qui i/a
pas encore fait de mouvemens, et pour
se régler sur ses manœuvres. Comme
on ne cherche que le repos dans ces
sortes de camps, on les asseoit de ma-
nière que la tète en soit couverte par
une rivière ou un marais ; bref, que le
iront du camp soit toujours inaborda -
Me. Le camp de Strehla était de cette
espèce.
Si les rivières et les ruisseaux qui se
troavent au front du camp n*ont pas
nssn d'eau , on fait des batardeaux
pour les grossir.
11 faut qu'un général d'armée ne
T.
reste jamais oisif dans ces sortes de
camps, où il a peu à craindre de l'en-
nemi. Il peut et il doit donner toute
son attention aux troupes , et proft-
ter de ce repos pour que la disci-
pline reprenne vigoeur. Il examinera
si le service se fait selon les or-
donnances; si les officiers de garde
sont vigtians ; r 'ils sont assex instruits
de ce qu'ils ont à faire, à leur poste ; A
les gardes de cavalerie et d'infanterie
sont placées selon les règles que j'en
ai données.
L'infanterie y fera les exercices trois
fois par semaine, et les recrues tous
les jours ; quelquefois des corps entiers
feront leurs manoeuvres.
Il faut que la cavalerie fasse ausri
ses exercices, si elle ne va pas au four-
rage. Le général aura attention que
les jeunes chevaux et les jeunes cava-
liers soient bien dressés. Il faut qu'il
; sache l'état complet de chaque corps ,
Il faut aussi qu'il visite les chevaux ;
qu'il donne des louanges aux oflicierB
qui en ont soin, et qu'il adresse des
reproches à ceux qui les négligent;
car il ne faut pas croire qu'une grande
armée soit animée par elle-même. U
y a grand nombre de gens indolens ,
paresseux et fainéans. C'est l'affaire du
général de les mettre en mouvement,
et de les obliger à faire leur devoir.
Si ces sortes de camps de repos sont
employés de la manière que j'ai dite, ils
seront d'une très grande utilité. L'or-
dre et l'égalité dans le service étant
rétablis par là, se conserveront pen-
dant toute la campagne.
On prend les camps où l'on fourra-
ge, tante t près de l'ennemi, tantôt
toin de lui ; je ne parlerai que des pre-
miers. On choisit pour cela les con*
trées les plus fertiles, et Ton asseoit ie
camp dans un terrain fort par la nata^
re ou par l'art.
tw
1K9TA6CTIOI1I MlEltAIRB
!1 faut que 1^ camps de feumif^
soient (i*un difficile abord, quand on
les prend dans Id voisinage de renne-
mi, parce que les fourrageurs ne sont
vegardés que comioc des dotachemens
4tt'on envoie conire Pennenii. Quel-
quefois la sixième partie va au fourra-
ge, et quelquefois mdme la raoitié de
l'armée, ce qui donne beau jeu à Ten-
Bcmi de vous attaquer à voire dés*-
vantage, si la situation avantageuse de
?otrc camp ne len empêche point.
Mais, supposé même que votre pos-
te soit eicellent, et que visiblement
vous n'ayez rien à craindre de reime*^
mi, il y a d'autre& précautions que Ton
ne doit jamais négliger, il faut soi-
gneusement caclier le jour et te lieu
où Ton veut fourrager, et n*en donner
ladis^sition au général qui commao^
dera, que la veille et fort tard.
II faut envoyer en dctacheroens au-
taut de partis qu1l est possible pour être
averti des mouvcmens que Teniiemi
pourrait faire ; et si des raisons très im-
portantes ne vous en erapêcbent pas, il
faut fourrager le môme jour qu'il four-
ragera, parce qu'on risque moins alors.
Mais il ne faut pas trop se fier à cela,
car Tennemi s*aperceva»t que vous fa^
tes vos fourrages e» môme temps que
lui, pourrait bien ordonner un four-
rage, et faire rentrer les (burra^urs
pour vous tomber sur le corps.
Le camp du prince Charles de Lor-
raine, sous Kceiuginsgrasti (1), était
(i) ha Cêm^ oe K(vnigiiisgr»<9 paraU^ bien
inattaquable, «^rlon la rarte, et il par.'ilra t< 1 à
ceui qai %ipndronl du cô'é de Prague et dt* Ja-
rbr^iitcr; mais, en rtsmit^ant bien le tprratn, il
ne Teil en élti que imil qae l*on eut mattri^ de
Kcenisint^ratti. Celte ville éia«t située iur uoe
pciilc ciminence, prtfvhéinenl \H-à-%is de l'en-
droit où TAdlcr vie')t Joindre lElbc, et où
CCS deux rivi«'res forment un coude, com-
nlaitde afasotameni ce camp. Elle n'est ftr-
DO i{UF «J'une simple murallla. AMéâêk ito
InattAqtiftMe pfti* là âatttfé , et très pro-
pre pour aller aui foun^agé^. Cehil <^t
nous évions occupé à Ghloitt était fort
par Tart ; c'est-à-dire par des abatls qvt
j'avais fait faire sur notre aîle droite
et par les redoutes construites sitrlf
front du camp de rinfHnterrê.
On fait retrarK^hel* son camp, qQkiiâ
oû veut assîégef uiie place, déknàté
tm piassoffe dîfllefte, et suppléer aux âih
fauts du terrain par dés fbi*Ufi<Mit{ons,
pour le mettre à couvert de to«te in-
sulte de la part de rennemf .
Les règles qu'un général doit obser-
ver dans la construction des retranché-
mens, sont de bien choisir les situa-
tions, et de profiter des marais, des ri-
vières, Inondations et abati^ paf oùTofi
peut rendra difficile retendue des fe-
tranchemens. Il vaut mieux les faire
trop petits, que trop grands; car ce ne
sont pas eux qui arrêtent Tennemi,
mai^ les troupes qui les défendent.
Je n'aurais garde de faire des retk-an-
ehemens que je ne pourrais pas border
d'une chaîne de bataillons, et d'une
réserve d'infanterie pour la porter par-
tout où il sera besoin. Le^ abatis ne soBt
bons que tant qu'ils sont défendus par
l'infanterie. ■*
Il hiat ivoir principalement atten-
tion que les lignes de contrevalation
i6iei>t bien appttjées. Odinairëment,
TAdler, à une portée de fasU> U j a una peUla
coninc qui (Jomînc la >il)e et le camp. Si Tar*
wéé p^Ua^{èt1nf>, 1^ joitrdéinn e'amp de Slatina,
awlc Mndemalii, éatalfaqiff! la place, «u seuli^-
anoni emporté ladHa raHiaev il Ht évfdtÉl ^
lis Autrictiicna n'auraient iacnam pu MewMmfM
dans leur cump. Ils conuaiMaieni trop bien la
fort et L' faible de ce pone. Au»i, avaii-oB fait
iou« les ptéparaifi poui Tabandonoer, et la
garnison (k^panéourt qu( élaieHl dan* la vUle
avait ordre <ia sa retirar. si l^^aa eil fait aine A
Tatiaqier. Ce camp na devloi iBallaqaabla.
qu'après qu*on eût lai^«é au prJDce Cbaiies la
tenip« de fortifier la place, et da retraacher la
aalline.
W ilOl DB PHVSSii.
9»
eHes vont joindre une rivière, et, dans
ce cas, il faut faire conduire le fossé
bien avant dan» la rivière, et le creuaer
ai profond i qn'on ne le puisse passer à
gué; cart si vo«s néglifçez cette pré->-
caution, vous risquef d*ô(re tourné. Il
faut être abondamment pourvu de vi-
vres ai vous assiégez une place, et qae
voua vous roettiei derrière des lignes.
Les retranchcmfiens doivent être bien
flan(|ttéa. Il faut qu1l n'y ait aucun
point que l'ennemi puisse attaquer^ où
il ne soit eiposé a quatre ou cinq feux
croisés. Lesreiranchemensqui défen-
dent des passages et des gorges de
montagnes, demandent iniluiment de
ioin et de précaution. C'est une chose
très es^ntielle d*appu}er breu ses
flancs. Pour y parvenir, on établit des
redoutes sur les deux ailes ; quelquefois
le retrandiement même est formé de
redoutes^ ain que le corps qui le dé-
fend n'ait pas à craindre d*ètre tourrré.
Des généraux biibiles savent mettre
f ennemi dans la nécessité d'attaquer
les points dont ils ont redoublé la for-
tification ; c'est un grand art : on peut
^rvenir à ee but en donnent plus de
largeur et de profondeur au fossé
qu'ils palissadent ; en plaçant des che-
vaux de frise aux barrières ; en Renfor-
çant le porapet, pour qu'il puisse ré-
sister au canon ; enfin en creusant des
j^ils dans les endroits les phis exposés.
Mais je préférerai tou^urs une ar-
mée d'observatiorf jk un camp retranché
pour couvrir le siégé : la raison en est
que l'expérience nous a montré que
\n vieille méthode dès rcIraficbeiAetis
est sujette à caution. Le prince de
<:otr(ié vit forcer sa» retranchement de-
vant Arras^ par Ture^ne; et Gondé
fbrçît celui que Turcnne, st je ne rtie
troîrtpt?, nvait fait devant Vâieocîennes.
l>e|Miis ce temfs là, ces deux grands
matlres dma l'art milita^e n'en cfut
plus fait (l'outres : ils aValelit des ar
mées d'observation pour couvrir le
siège.
Présentefneiit je traiterai les caMps
défénsifs, qui ne Éotit forts q#è par la
situation du terrain^ et qui n'ont d'au-
tre but que d'empêcher qutf l'erihemi
ne puisse rattaquer^
Pour que ces situations fépanieMl à
l'usage qu'on en veut faire^ il faut q^e
le front et les deux flancs soient d'une
force égaie, et que tout soit libre iur
les derrières. Telles sorit les hauteurs
qui ont un front d'une l^atide étendiie,
et dont les flancs sont couverts paR des
marais : comme ie camp de Màrsehi-
%\{Zi où était le prince Charles de Lor-
raine, il avait le front couvert par lilie
rivière marécageuse^ et les flanès par
des étangs ; ou comme celui de Konè-
pist, que nous occupâmes l'an 17t4.
On se met encore sous la proleetion
d'une placé forté^ eotnole fit le maré-
chal de Neuperg, qui^ étant battu à
Molwitz, prit uneanip excellent souila
viHe de Neiss. il est vfaf qu'un géné-
ral qui occupe dés camps pareils, dst
inattaquable, tant qu'il peât s'y Mdu-
tenir ; mais il sera oMigé de le qilitler,
lorsque l'ennemi se met en mouve-
n^ent pour le te^ner. Il fattt donc
qu'il fasse ses dispositions d'avance ^ de
sorte que, si l'ennemi petit le touftier,
il n*ait autre chose à faire ^pie de prea-
dre un autre camp fort sur lés derrières.
La Bohème est un payH iMi l'en
trouve quantité de ces camps. On est
souvent forcé d'en occuper contre son
gré^ parce que ce royaume est, par sa
nature, un pays de chicane.
ie répéterai encore qu'un généitl
doit bien se garder de faire des faiMs
irréparables par le mauvais choix de ses
postes ; ou de se fourrer dans un eH^
de^sac, ou terrain d'où il ne puisse S0f-
tif qpse par un déilé. Gar, si son ate«
IHSTECCTION MILITAIJU
iienii eft habile, il l'y renfermera, et
romme il n'y sera pas en état de com-
battre, faute de terrain, il recevra le
ploa grand affront qui puisse arriver à
an soïdat, qui est de mettre bas les ar-
mes, sans pouvoir se défendre.
Dans les camps destinés à couvrir un
pays, on ne fait pas attention à la force
du lieu même, mais aux endroits qu*on
peut attaquer, et par où l'ennemi poui^
rait percer. Ce sont ceux qui doivent
être embrassés par un camp. Il ne faut
pas occuper tous les débouchés par où
l'ennemi vient à vous, mais seulement
celui qui le mène à son but, et l'endroit
où l'on peut se tenir, sans avoir à le
craindre, et d'où, peut-être , vous lui
donnerez des appréhensions; en un
mot, il faut occuper le poste qui oblige
l'ennemi à faire de grands détours, et
qui vous met en état de rompre tous
ses projets par de petits mouvemens.
Le camp de Neustadt défend toute
la basse Silésie contre les entreprises
d'une armée qui est en Moravie. La
position qu'il faut prendre, est de met-
tre la ville de Neustadt et la rivière, en
avant du front du camp. Si l'ennemi
veut percer entre Ottmachau et Glatz,
on n'a qu'à passer entre Neiss et Zie-
genbals, et y prendre un camp avanta-
geux, qui le coupera de la Moravie.
Par la même raison, l'ennemi n'o-
sera aller du côté du Cossel ; car, si je
vais me placer entre Troppau et Jae-
gemdorff, où il y a des postes très avan-
tageux, je le couperai encore de ses
convois.
Il y a encore un autre camp de la
nême importance, entre Licbau et
fichœmberg, qui garantit toute la basse
fiilésie, contre la Bobêroe.
Dans ces sortes de positions, on ob-
servera, tant que faire se pourra, les
règles que je viens de donner. J'en
i^ttterat encore une autre, qui est.
lorsque vous aurez une rivière devant
vous, de ne point laisser tendre de ten-
tes, dans le terrain qpe vous avez choisi
pour votre champ de bataille, qu*à la
demi-portée de fusil du front du camp.
La Marche électorale de Brande-
bourg est un pays qui ne peut être
couvert par aucun camp, puisqu'il y a
^las de six lieues de plaines, et qu'ii
est ouvert partout. Pour le défendre
contre la Saxe, il faudrait occuper Wît-
tenberg, et s'y camper, ou bien suivre
le plan de l'expédition faite dans l'hi-
ver de l'année 1745. Du côté dii pays
de Hanovre, est le camp de Werben,
qui défend et couvre toute cette partie.
La tête et les flancs d'un camp of-
fensif doivent être fermés ; car on ne
peut rien se promettre de la part des
troupes, si on ne prend pas la précau-
tion de couvrir les flancs, qui sont les
parties les plus faibles d'une armée.
Notre camp de Czasiau, avant la bataille
de 1742, avait ce défaut.
Nous faisons toujours occuper les
villages qui sont sur nos ailes, ou à la
tête de notre camp par des troupes que
nous en retirons dans un jour d'af-
faire; les maisons des villages, chez
nous et nos voisins, étant de bois et
mal bflties, les Uoupes seraient per-
dues, si l'ennemi y mettait le feu. Une
exception de cette règle est, quand il
y a dans ces villages des maisons de
pierre, ou des cimetières, qui ne tou-
chent pas à des maisons de bois.
Mais notre principe étant d'attaquer
toujours, et non de nous tenir sur la
défensive, il ne faut jamais occuper ces
sortes de postes, que lorsqu'ils sont à
la tête ou en avant des ailes de votre
armée ; alors \h protégeront l'attaque
de vos troupes, et incommoderont
beaucoup l'ennemi pendant l'aflaire.
C'est encore une chose très essen-
tielle de faire sonder les petites rivières
DV ROI 1»B PHU!)i>X;.
w
et les marais qui se trouveront à la lèie
oa sur les flancs de votre camp, afin
qa'ii ne vous arrive pas de prendre un
faux point d*appùi, en cas que les ri-
Tîères soient guéables, et les marais
praticalles.
Villars fut battu à Malplaquet, parce
qu'il croyait que le marais de sa droite
était impraticable; mois ce n*était
qa^un pré sec, que nos troupes passè-
rent, pour le prendre eu flanc. Il faut
Toir tout par ses yeux, et ne pas inui-
giner que de pareilles attentions soient
de peu de conséquence.
ARTICLE IX.
ConoKDt il faut atsurer aoD camp.
Les régimens d'infanterie garderont
le front de la première ligne ; s*il y a
une rivière, il faudra placer les piquets
sor le bord. Les piquets de la seconde
ligne garderont les derrières du camp.
Les piquets seront couverts par des ré-
dans, que Ton joindra par des retran-
chemens légers i moyennant quoi, vo-
tre camp sera retranché à la façon des
Romains. On occupera les villages qui
sont aux ailes, ou qui défendent d'au-
tres passages, à unff demi-lieue de là.
Les gardes de la cavalerie seront pla-
cées selon les ordonnances de mon rè-
glement. De quatre-vingts escadrons,
noQS n'avons eu ordinairement que
trois cents maîtres de garde, excepté
quand nous avons été près de l'ennemi,
comme avant la bataiHe de Hohen-
Friedbeif, lorsque nous marchâmes à
Ik^hweidnitz, et encore, lorsque nous
entrâmes dans la Lusace, pour aller à
Naumbourg.
Ces avant-gardes doivent être mê-
lées de tout^ sortes de troupes : par
«exemple, ieox n^lle hussards, quinte
ta»
cents dragons et deux mille grenadiers.
Toutes les fois que vous pousserez des
corps en avant, il tant que le général qui
les commande soit un homme de tète:
etcomme il n'est pas détaché pour com-
battre, mais pour avertir, il faut qu'il
sache bien choisir ses camps, et les as-
seoir toujours derrière des défilés et
des bois dont il soit assuré. Il faut qu'il
envoie des patrouilles fréquentes pour
prendre langue, afin qu'il soit informé
à tout moment de ce qui se passe dans
le camp ennemi.
En attendant, les hussards que vous
avez gardés avec vous, feront des pa-
trouilles derrière le canq> et sur les
ailes ; enfin, vous prendrez toutes les
précautions qui peuvent vous garantir
des entreprises de l'ennemi.
Si un corps considérable de troupes
vient se glisser entre vous et votre ar-
rière-garde, il faut aller à son secours;
car rennemi a formé un dessein contre
elle.
Pour dire tout ce qu'il y a à dire sur
cette matière, j'ajouterai encore que
les généraux qui cantonnent, n'occu-
peront d'autres villages que ceux qm'
sont entre les deux lignes; alors Ht
n'ont rien à craindre.
ARTICLE X.
Coromcint, et par qaelle raison 11 Aiai
d< • détachemens.
Une ac:!enoe règle de la guerre, que
je ne fais que répéter ici, est que, ce-
lui qui partagera ses forces sera battu
en détail. Si vous vou!2z donner ba-
taille, tftchez de rassembler toutes voi
troupes ; on ne saurait jamais les em-
ployer plus utilement. Cette règle est
si bien constatée, que tous les géné-
raux qui y ont manqué, s'en sont prêt-
que toujours mal trouvés.
SM
INSTHUCTIOK 5IIL1TA1RB
Le détachevient d'Albemarle , qui
ftet batta (1) h Oudenarde, fut cause
que le grand Ëogene perdit toute sa
campagne. Le général Stahremberg
s'étani séparé des troupes anglaises,
perdit ia bataille de Villa-Vîctosa en
Espagne.
Dans les dernières campagnes que
les Autrichiens ont faites en Uongrie,
les détachemens leur furent très fu-
nestes. Le prince de Hildbourghausen
(tat battu à Banjaluka , et le général
Wallis reçut un échec sur le boni de la
Timok. Les Saxons furent battus à
Kesselsdorf (â), parce qu'ils ne s^é*
talent pas fait joindre par le prince
Charles, comme ils auraient pu faire.
J^aurais mérité d^étre battu à Sorr, si
l'habileté de mes généraux et la valeur
de mes troupes ne m'eussent préservé
de ce malheur. On me demandera s'il
ne ftiut jamais faire de détachemens. Je
répondrai qu'il le faut quelquefois, mais
c'est toujours une manœuvre fort dô*
licate, qu'on ne doit hasarder que pour
des raisons très importantes, et tou-
jours à propes.
Ke faites jamais de détacheroens
lorsque vous agisses offensivement: ^i
vous êtes dans un pays ouvert, et maî-
tre de quelques places, vous ne déta-
cherez d'autres troupes que celles né-
cessaires pour assurer vos convois.
l-QT^qu,© y^ws fcrvîz la guerre en Bo-
hême ou en Moraviç, vqi^s serez abso-
lument contraint de détacher des corps
pour faire arriver sûrement les vivres.
La chaîne des montagnes que les con^
(f ) ÇMi^ 4 Den^Ul où Albfni«rla fut |>atm.
(2) \jcs ipalheqreut ont tonjoutrs Ion. Il ne
dépendait pas des Saxons de ie fliire joindre par
les Autrk'hicns. Le général qui les commandait
■tait a^vêyé Irais ofllaîflrt au priavc CkarUa,
ptw tl^i itamamVar 4^ fec<iMra. Ce (irii^, pi^
4ai r«MAni fto MiUque, pfs lo jtq^aapt pas à
propos, le promit toojour^, sans se mettre en
BODVcnient.
vois sont obligés 4c passer, exige i^j
envoyer des troupes qui y restept cam-*
pées jusqu'Q ce que vous ay^z assei de
vivres pour subsister quelques mois, et
que vous soyez maître d une place dans
le pays ennemi, où vous puissiez éta^
blir votre i|ép6t.
Pendant que ces corpi seront 4éta-*
chés, vous oa'uperei des caiiip9 avan-
tageux, du vous attendre? que les ^diftr
chemens soient rentrés. Je m cqqi-
prènds pas l'avant-garde dans le nombre
des détaobemens, puisqu'elle dqit dire
a portée de l'armée, et janviis aventii^
rée trop près de Fcnnemi.
Lorsqu'on est obligô de se tenir sur
la défensive, pp sf vçi^ $;ouvent réduit
à faire desdétachemens. Ceux que j'a-
vais (){m« Iq haute Silcsie, y étaieot en
sûreté. lisse tenaient dans le voisinage
dos plaçât fortes, comme ie l'ai remar-
qué ci-dessus.
Las officiers qui ^ommand^n^ de«
détacbemena doivent être fermes^ har-
dis et prudens. L^ chef leqf donuert
une instruction générale ; c'est à eux 4
se eonaultcr, pour avancer sur l'en-*^
nemi, ou ae retirer devant lui, açkui
que les cireonstanees le requerrfipt.
Il faut qu'ils se replient toujours eon*
tre des forced supérieures, jmi^ U faut
qu'ils sachent au#i proPili^r dos leurs
quand ils lui sont supérieursen nombre.
Quelquefois ils se retireront dausî la
nuit à rapproche de reqneHii, et lors-*
qu'il croira qu'ils ont pris la fuite^ ils
reviendront bnisqtiement le charger et
le repenser.
Il faut qu'ils méprisent absolument
les troupes lé^^rea.
Un «Acier qui commande ue déta-
chement doit premièrement pemser à
sa sûreté, et s'il y a pourvu* faire des
projets sur roonemi. S'il veut dormir
trqnquil^ment, il faut qu'il ne le laisse
peint doimir, fluia qu'il fenuç tes^eiM
, M A91 DB pantin. fSi
de» entrcpnses sur lui. S11 réussit en | comme fit Turenne pr^s de Colmar,
deux ou trois, il obKgera rennomi à se où il présenta sa première ligne à Tar-
tenir sur la défensive. I méc de Télecteur Frédéric-iluillaumc,
Si ces détachemens sont à portée de en attendant que sa seconde se portât
rtrraée, lis comn^uniqucront avec elle
par des déiilés sur les flancs de ce prince
au moyen d'une ville ou d*un bois, par qui y fut attaqué et repoussé; ou
lesquels il établira sa communication.
La guerre défensive uon^ mène na-
turellement aui détachemens. Les gé-
néraux peo expérimentés veulent con-
server tout ; 0eux qui sont sages
Dévisagent que le point capital; ils
ckerchent à parer les grands coups, et
aeofirent patiemment un petit mal pour
éviter de grands maux. Qui trop em-
kmse, mal étreiut.
Le point le plus essentiel, auquel il
H faut s'attacher, est Tarmée ennemie.
Il en faut deviner les desseins, et s'y
afposer de toutes ses forces. Nous
•btndonnAmes, Tannée 1745, la haute
•ilésie au pillage des Hongrois, pour
6t9e en état de résister d'autant plus
vigMireusement aux desseins du prmce
Charles de Lorraine, et noua ne fîmes
détachemens que quand nous eu*
battu son armée. Alors le général
Nassau chassa les Hongrois en quinxe
fours de toute la haute ^ilésie.
il y a des génériiux qui détachent des
troupes loraqu'ils èttaquent Tennomi,
pMir venir le prendre en queue quand
Vêlkwe eH engagée; mais c'est un
mouvement fort dangereux, puisque
mêê détachemens s'égarent ordinaire-
HMDt, et viennent ou trop tôt, ou trop
|liv4- Charles Xil fit un détachement
h veille de la bataille de Pultava. Ce
lorps s'éoarta du diemin , et son armée
Alt battue. Le prince Eugène manqua
acpff eeup en voûtant surprendre Cré-
mone; le détachement liu prince de
Voudeiiont, iful était destiné a atta-
quer la porte du Pô, arriva trop tard.
Cfr jour de foalaille, il ne tf^ jamais
comme fit le maréch»I«lû Luxembourg
a la baUilie de Fleurus, lan 1G90 ; 11
plaça, à la faveur des blés qui étaient
fort grands, un corps dinfanterie sur
le flanc du prince de Waldeck ; par
cette manœuvre, il gagna la tmtaillc.
Il ne faut détacher des troupes qua-
près la bataille gagnée, pour assurer
ses convois; ou il faudrait que les dé-^
tachemens ne s'éloignassent qu'à une
demi-heue de l'armée.
Je (inirai cet article en disant que les
détachemens qui affaiblissent l'armée
du tiers ou de la moitié, sont très dan-
gereux et condanmables.
ARTICLE XL
Dti itralscèinei et des ruMt de guerrw.
On se sert .iiternativcment à la
guerre de la f eaudu lion et de celle du
renard. La ruse réussit où la force
échoue. 11 est donc absolument néces-
saire de se servir de Tune et de l'autre,
puis(]ue souvent la force est repoussȎe
par la force; au lieu que plusieurs fois
la forco est obligée de céder à la ruse.
Le nombre des stratagèmes est in-
fint. Jo n'ai pas envie de les citçr ici.
Ils ont tous h', même but, qui est d'en-
gager l'ennemi k faire les fausses dé-
marches qu*on «ouhaite qu*il fasse. On
les emploie pour cacher le vrai dessein,
et |K)ur hii faire illusion, en affectant
des vues qu'on n'a pas. Quand les trou-
pes sont à la veille de s'assembler, on
teurfait faire plusieurs contre-marches
fêt^ ém éêiiieheiMMie^} si ce n'est, peur donner l'ul^rn^ ^ l*^npe«u^ et
IRSnUCTtOll «ILITAIIB
poar lui cacher le point où l'on veut
assembler Tannée, et pénétrer.
Si c'est dans un pays où il y a des
forteresses, on campe dans un endroit
qui menace deux ou trois places à la
fois. Si l'ennemi jette des troupes dans
toutes ces places, il s'aOaiblit, et tous
proGtez de ce temps pour lui tomber
sur le corps ; mais s'il n'a eu cette pré*
caution que pour une seule, on se
tourne du côté où il n'a pas envoyé de
secours, et on en fuit le siège.
Si vous avez le dessein de vous ren-
dre maitrc d*un poste considérable, ou
de passer une rivière, il faut que vous
vous éloigniez du poste et de Tendroit
où vous voulez passer, pour attirer l'en-
nemi où vous êtes. Et quand vous au-
rez tout disposé et dérobé une marche,
vous tournerez tout d*un coup sur l'en-
droit projeté, pour vous en emparer.
Si c'est pour combattre l'ennemi, et
qu'il paraisse en éviter l'occasion, vous
faites divulguer que votre armée est
diminuée, ou vous faites semblant de
craindre Tenneroi. Nous avons joué ce
rôle avant la bataille de Hohen-Fried-
bcrg. Je Bs réparer les chemins, coBime
si j'avais dessein de marcher sur quatre
colonnes à Breslau, à l'approche du
prince Charles : son amour-propre me
seconda pour l'attirer dans la plaine ; il
y fut battu.
On rétrécit quelquefois le camp pour
le faire parait*^ :>lus faible ; on fait de
petits détachemeiis, qu'on annonce être
considérables afin que l'ennemi méprise
votre (aibiesse, et quitte son avantage.
Si j'avais eu l'intention de prendre Kœ-
uigingsœtz et Pardubitz dans la campa-
gne de 17^5. je n'aurais eu que deux
marches à faire par le comté de Glaz,
en tirant sur la Moravie ; le prince
Charles n'aurait pas manqué d'y aller,
parce que cette dânonatratii^ lui don-
nait à craindre pour la Moravie, d'où t!
tirait ses vivres, de sorte qu'il aurait
abandonné la Bohême ; car l'ennemi
prend toujours jalousie quand on me-
nace d'assiéger les endroits qui com-
muniquent avec la capitale, et ceux où
il a établi ses dépêts de vivres.
Si on n'a pas envie de combattre, on
se dit plus fort qu'on ne l'est, et on
fait bonne contenance. Les Autrichiens
sont de grands maîtres en cet art; c'est
chez euK qu'il faut l'apprendre.
En vertu de votre contenance, vous
paraissez vouloir vous engager avec
Tennemi, vous faites répandre le bmit
que vous avez les desseins les plus té-
méraires ; souvent l'ennemi croit qu'il
n'aurait pas trop beau jeu si vous ve-
niez , et se tient aussi sur la défeo-
ave.
Une partie essentielle de la goem
défensive, est de savoir choisir de bons
postes, et de ne les abandonner que
dans la dernière nécessité : alors la se-
conde ligne commence à se retirer,
suivie insensiblement de la première :
et comme vous avez des défilés devant
vous, l'ennemi ne pourra trouver d'oc-
casiou de profiter de votre retraite.
Pendant la retraite même, on prend
des positions si obliques, qu'elles don-
nent toutes sortes de jalousies à l'en-
nemi. Les recherches qu'il en fera l'in-
timideront, en attendant qu'elles tous
mènent indirectement à votre but
Une autre ruse de guerre est celle
de présenter un grand fh>nt à l'enne-
nemi ; s'il prend la fausse attaque pour
la véritable, il est perdu.
Par des ruses, on <d>lige encore Tea
nemi à faire des détachemens, et
quand ils sont partis, on marche è
lui.
Le meilleur stratagème est que dans
le temps où les troupes sont prêtes à
se séparer , pour entrer en quartier
d'hiver, on sftcba endomir am
DU aoi DM pmcmm*
aas
mi. et qu'on se retire pour mieux
avancer. Dans cette vue, on distribue
ses troupes de manière qu'on puisse
les assembler promptement, pour for-
cer les quartiers ennemis. Si vous
réussissez à cela, voas réparez en quin-
ze jours tous les malheurs de la cam-
pagne.
Lisez les deux dernières campagnes
de Turenne, et étudiez-les souvent :
ce sont des chefs-d'œuvre de stratagè-
mes de notre temps.
Les ruses dont se servaient les an-
ciens à la guerre sont aujourd'hui
le partage des troupes légèies; elles
dressent des embuscades, et tAchent
d'attirer l'ennemi dans un déDlé par
une fuite dissimulée , pour le sabrer
après, ^ésentement il y a fort peu de
généraux assez maladroits pour don-
ner dans ces sortes d'embuscades.
Charles XH fut pourtant séduit à Pul-
tawa par la trahison d'un des chefs des
Cosaques. La même chose arriva à
Pierre I«^ sur le Pruth» par la faute
d'un prince de ce pays. Chacun des
deux avait promis des vivres, qu'il ne
pouvait pas fournir.
Conune j'ai assez détaillé, dans mon
règlement militaire, comment il faut
faire la guerre par des partis et des
détachemens, j'y renvoie tous ceux
qui veulent s'en rafraîchir la mémoire,
parce que je ne saurais y rien ajou-
ter.
Pour ce qui regarde l'art de savoir
obliger l'ennemi à faire des détache-
mens, on n'a qu'à lire la belle campa-
pe de 1690, que le maréchal de
Luxembourg fit contre le roi d'Angle-
i terre en Flandre, qui se termina par la
^ bataille de Neerwinde.
ARTICLE XII
Des etpioDf ; eomroent fl raat s'en flerrir mi
toute occiston, et de qaelle manière on pmi
avoir des noaTclles de l'eonenii.
Si on savait toujours d'avance les
desseins de l'ennemi, on ne manque-
rait jamais de lui être supérieur avec
une armée inférieure. Tous les géué-
raux qui commatident des armées tâ-
chent de se procurer cet avantage,
mais il n'y en a guère qui y réussis-
sent.
Il y a plusieurs sortes d'espions:
1» des gens ordinaires, qui se mêlent
de ce métier; S*" des doubles espions;
3* des espions de conséquence , et k*
ceux qu'on force à ce nudheureux mé-
tier.
Les gens ordinaires, comme les pay*
sans, les bourgeois, les {Nrètres, etc.,
qu'on envoie dans le camp ennemi, ne
peuvent être employés que pour sa-
voir d'eux où est l'ennemi.
La plupart de leurs rapports sont ai
obscurs, qu'ils ajoutent aux incertitu-
des où l'on était.
L'énoncé des déserteurs ne vaut or-
dinairement pas mieux. Le soldat sait
bien ce qui se passe dans le régiment
où il est, mais rien de plus. Les hus-
sards étant, la plus grande partie du
temps, absens de l'armée et détacha
en avant, ne savent souvent de quel
côté elle est campée. Malgré tout cela,
on fait coucher leur rapport par écrit ;
c'est le seul moyen d'en tirer quelque
avantage.
On se sert des doubles espions pour
donner de fausses nouvelles à l'enne*
mi. Il y avait un Italien à Schmied^
berg, qui faisait l'espion chez les Au-
trichiens, à qui on fit accroire que
nous nous retirerions à Breslao lorsr
que l'ennemi s'approcherait. H en 400-
SM
na avis an prince Charles de Lorraine,
qui fut trompé.
Le prince £(|gène paya pendant
iQPjt-tismps une pension ai| (naître de
poste de Versailles. Ce malheureux
ouvrait les lettres et les ordres que la
crar dépêchait aux généraux, et en
envoyait une copie au prince Eugène ,
qui la recevait ordinairement plus tôt
que ceux qui commandaient Tarmôe
française.
Luxembourg avait gagné un secré-
taire du roi d'Angleterre, qui lui don-;
nait avis de tout ce qui s*y passait. Le
roi le découvrit, et tira tous les avan-
tages possibles d'une affaire si délicate.
Il força ce traître d'écrire à Luxem-
bourg, et de lui mander que Tarraée
des aHlés ferait le lendemain un grand
fourrage. Il s'en fallut peu que les
Français ne fussent surpris à Slein-
kerque. Ils auraient été entièrement
défaits, s'ils n'avaient pas combattu
avec une valeur extraordinaire.
Il nous serait fort difficile de trou-
ver des espions pareils dans une guer-
re centre les Autrichiens, non pas qu'il
n'y eût chez eux, comme chez d'an-
tres nations, des gens qui se laissassent
wrrompre, mais parce que leurs trou-
pe» légères, qui environnent l'armée
comime un nuage, ne laissent passer
personne sans le fouiller. C'est cequi
mSa donné l'idée qu'il faudrait gagner
quelques ofRciers de leurs hussards,
par lesquels on pourrait entretenir la
oorrespondance, à peu près de la ma-
ttière suivante : Tusoge est que les
hussards, quand ils ont escamondié
enseniMe, font une espèce de suspen-
sion d'^armos entre eux ; on peut se
servir de ce tempa pour se donner des
Mire*.
Quand en veut donner de fhusses
MVteiea à ^ennemi ou avoir des sien-
nfsnrtmion murAtftv
fait passer du camp à celni de Tenue-
mi, et qui lui rapporte tout ce qu'on
veut lui faire croire; l'on fait aussi
courir par lui des billeta, pour exciter
les troupes a la désertion. L'émissaire
rentre alon, par un détour, dans votre
camp.
Si on ne peut trouver aucun moyen
dans le pays de l'ennemi» pour avoir
de ses nouvelles, il y a un antre expé-
dient, quoique dur et crue). On choisit
un riche bourgeois, qui a des fonds de
terre, et une femme et des enfans ; on
lui donne un seul homme, travesti en
domestique^ qui possède la langue du
pays. On force alors oe bourgeois d'em-
mener ledit homme avec lui comme
son valet on son cocher, et d'aller au
camp ennemi, sous prétexte d'avoir à
se plaindre de violences quf lui ont été
faites, et on le menace en même temps
très sévèrement que , s'il ne ramène
pas avec lui son homme, après qu'il se
sera assez long-temps arrêté au camp,
sa femme et ses enfans seront perdus,
et ses maisons brèlées. Je fus contraint
d'avoir recours à ce moyen quand
nous étions campés à , et fl
réussit.
J'ajouterai k tout ceci qn'en iiayant
les espions, il faut être généreux et
même prodigue. Un homme qui, pour
votre servioe, risque la corde, mérite
bien d'en être récompensé.
AaiICLE XIÏL
De eert^inet marquet par lesqadlrs on ptvl
4<^coii;r1r l'iniention fie rennemL
Le plus sûr moyen de découvrir les
desseins de l'ennemi avant l'entrée de
la campagne, est Tençlroit qu'il choisit
pour le dépét de ses vivres. Si les Ao-
neston se serld*an soldat sfBdé, qu'on i trichions, par exemple, font leurs ma-
Bt ROI DK PRUfiV.
gasins à Ohno^, on peut 6tre persuadé
qae leur projet eut d'attaquer la haute
SHésie; et 8*i|i ca fbnt à Kœniginstr
gftttz, la partie do SehweidniU sera
menacâe. Quand les Saxons voulurent
envahir la Ifarehe électorate, leura
magasins montraient le chemin qu'ils
prendraient; car leurs dépôts étaient à
Sttau, Gœrlitïet à (luben, qui est le
chemin pour aller à Crossen.
La première chose dont il faudra
9*tBforraer, est do quel côté et dans
quel endroit Tennemi établira ses ma-
gasins. Les Français ont fait de dou-
bles magasins, partie sur la Meuse,
partie sur TEscaut, pour empêcher
Tenneml de découvrir leur dessein.
Lorsque les Autrichiens sont cam-
pés, on devinera les jours qu'ils mar-
cfieront, parce que c'est un usage chez
eni de (Ûre cuire aux soldats les jours
dé marche. Si voua apercevez donc, à
cinq eu huit heures du matin, beau-
coup de Aimée, vous pouvez hardiment
eroire quMIs (bront un mouvement ce
l^nr-là.
Toutes les fois que les Autriohlens
ont intention de combattre, ils font
rentrer au camp tous leurs gros déta-
chcmens de troupes légères. Quand
vous remarquez cela, vous n'avez qu'à
V4mi \fim ^r vos gArde9,
Si vous attaquez un poste de leurs
faréepes boHgroisea, et qu'elles tien-
nent ferme» voua devex être persuadé
ifBte leur arniée est à portée pour les
soutenir.
Bi leurs troupes lègues vienneBl se
placer entre votre armée et le corps
ifàt vous avec détaehé, vous pourrez
éti eofldure que Tennemi a fbrmé un
éeesetn sur ce détachement; c'est à
TOttSi alors à prendre vos mesures.
' Il faut dire encore que, si Tennemi
ifous oppose toujours le même géné-
ral, vous pourrez apprendre sea m»- 1
m-
nières, et^ découvrir ses desseins par S4
façond'*gir.
Aprîm avoir bien réfléchi sur le payf
où e$t le théûtre de la guerre, sur l'arr
mce que vous comroandci, sur la siV-
raté de vo^ dépôts de vivres, sur la
force des places de guerre, et sur lea
moyens que Tennemi peut avoir pour
s'en emparer, sur le dommage que sei
troupes légères vous causeraient, si el*
les venaient se poster sur vos flancs,
sur vos derrière9 et autres parts ou si
l'ennemi s*eu servait pour faire une
diversion; aprà$ avoir bien réfléchi,
dis-jo, sur tous ces peints, vous pour-
rez compter qu'un ennemi savant fera
précisément ce qui vous nuira le plus;
€^e c'est au moins sou intention, et
qu'il faut par conséquent s'y opposer
autant qu'Û sera possible.
ARTICIE XIV.
pe 90$ pays ; dcf paysi neutres : des pijft en*
nfinb; ôa la dilTérence des religions, et
quel.e conduite eei divers objets requièrenl.
On fait la guerre en trois sortes de
pays : dans le sien, dans celui dos puis-
sances neutres, et dans le pays de Ten-
nemi.
Si je n*avais pour objet que ma gloi-
re, je ne ferais jamais la guerre que
dans mon pays, en raison des avan-
tages que j'y trouverais; chacun y
sertd*esplon, et Tennemi n*y saurait
faire un paé sans être trahi. On peut
hardiment risquer de gros détache-
mens, et leur faire jouer tous les tours
dont la guerre est susceptible.
Si l'ennemi vient d'èlre battu, chu-
qtie paysan fait le soldat et va le har-
celer. L'électeur Frédéric4]uillaume
en fit TexpéFfence après la bataille de
FehrbeWR. Les paysana tuèrent plus
MédelB qttll ft^ p4ril im
INSTHUCnOU MILITAIRB
ie combat. le Tai reconnu après la ba-
taiHe de Hohen-Fricdberg, où les ha-
bitans des montagnes, en Silésie, nous
amenèrent beaucoup de fuyards de
fermée autrichienne.
Quand on fait la guerre dans un pays
neutre, l'avantage parait être égal en-
tre les deux partis; il s'agit alors de
voir qui des deux saura se mieux con-
cilier l'amitié et la conQance des habi-
tans. Pour y parvenir, on observera la
plus exacte discipline ; on défendra la
maraude et les pillages, et on punira
ce crime avec rigueur. Oc %rx;use aussi
l'ennemi d'avoir contre le pays les des^
aeins les phis pernicieux.
Si c'est dans un pays protestant,
comme la Saxe, on joue le rôle de pro-
tecteur de la religion luthérienne, et
on cherche à inspirer le fanatisme au
petit peuple, dont la simplicité peut
être facilement trompée.
Si le pays est catholique, on ne par-
le que de tolérance ; on prêche la mo-
dération; pn rejette sur les prêtres
toute la faute de l'animosité entre les
sectes chrétiennes, qui, malgré leurs
disputes, s'accordent ensemble sur les
principaux articles de la foi.
Pour ce qui regarde les partis qu'on
veut détacher, il faut se régler sur la
protection des habitans du pays. Chez
vous, vous pourrez tout hasarder ; mais
dans un pays neutre, il faut être plus
circonspect, à moins qu'on ne soit as-
suré de l'inclination de tous les pay-
sans ou de la plus grande partie.
Dans un pays tout ennemi, comme
la Bohème et la Moravie, il ne faut
jouer qu*au sûr, et par les raisons ci-
mentionnées, n'aventurer jamais ses
partis. Il faut faire la guerre à l'œil.
La plupart des troupes légères seront
employées alors pour escorter les con-
vois? car il ne faut pas s'imaginer de
gagner jamais ralTection de ces gens-
là. Il n'y a que les Husrites dans le
cercle de Kœni(rinAqrnetz , dont on
pourrait profiter. Les seigneurs y sont
des traîtres, quoiqulls fassent sem-
blant d'être bien intentionnés pouf
nous. II en est de même des prètrn d
des baillis. Leur intérêt est attaché à
celui de la maison d'Autriche ; et con^
me cet intérêt n'est pas conforme m
nôtre, on ne peut et on ne doit jamais
se fier à eux.
Tout ce qui vous reste encore, c'est
le fanatisme, lorsqu'on peut animer
une nation par la liberté de la religioD,
et lui insinuer adroitement qu'elle est
opprimée par les prêtres et les sei-
gneurs. Voilà ce qu'on appelle re-
muer le del et l'enfer pour son in-
térêt.
Depuis le temps que ces Mémoires»
ont été composés, l'impératrice-reine a
considérablement augmenté les impôts
en Bohême et en Moravie ; on pour-
rait profiter de cette particularité pour
se concilier Taffection de ses sujets ,
surtout si on les flattait de les traiter
avec plus de douceur, au cas qu*on fit
la conquête du pays.
ARTICLE XV.
De toatet les mirebes qu'une armée peut fliire
Une armée se met en mouvement,
ou pour faire des progrès dans le pays
ennemi , ou pour occuper un camp
avantageux, pour aller joindre un ac-
cours, pour donner bataille, ou pour
se retirer devant l'ennemi.
La première règle est qu'après avoit
assuré le camp , on fasse reconnaître
tous les chemins qui en sortent et
tous les environs, pour être en état da
faire les dispositions nécessaires, selon
les diOérens évènemens qui peuvent
arrivor.
ftir Eoi OB racsftft.
Dmt ce deaseÎD, on enverra, sous
dlosienn prétextes, de gros détathe-
fflens, accompagnés de quelques ingé-
oieaîs et quartiers « maîtres , qui se
porteroot dans tous les endroits prati-
cables pour des troupes. Ils lèveront la
situatio'j do pays, et reconnaîtront les
dieminspar où on peut marcher; ils
« feront suivre par des chasseurs qui
noteront les chemins pour pouvoir
mener les colonnes, en cas que le gé-
néral y marche.
 leur retour, lesdits officiers feront
leur rapport de la situation du camp,
des diemins qui y mènent, de la qua*
b'tédn terrain, des bois, des monta-
gnes ou des rivières qui s'y trouvent.
Le général, s*étant informé de toutes
ces particularités, fera ensuite sa dis-
position. Lorsqu'on n'est pas campé
trop près de l'ennemi, elle se fait com-
me il suit :
le suppose qu'il y ait quatre che-
mins qui conduisent au camp. L'avant-
garde partira ce soir à huit heures ,
aui ordres de M. NN.; elle sera com-
posée de six bataillons de grenadiers ,
d'un régiment d'infanterie, de deux
régimens de dragons, chacun de cinq
escadrons, de deux régimens de hus-
sards. Tous les campemens de l'armée
suivront cette avant-garde, qui ne
prendra avec elle que les tentes, lais-
sât ses gros équipages à l'armée.
Ces troupes marcheront quatre lieues
en avant , et occuperont le défilé , la
nvière, hi hauteur, la ville, le villa-
ge, etc., dont il est question, et y at-
tendront YanMe de l'armée ; alors el-
fes entreront dans le nouveau camp
fDi aura été marqué.
L'armée suivra le lendemain matin
TaTant-garde, marchant sur quatre co-
lonnes. Les gardes qui ont été postées
daas les villages rentreront dans leurs
régimep^ '^ cavalerie des d^ux lignes
tSI
de l'aile droite, marchant par la droi-^
te. formera la première colonne. L'in-
fanterie des deux lignes de Taile droite»
marchant par la droite, formera la se-
conde colonne. L*infanterie des deux
lignes de l'aile gauche filera par la
droite et formera la troisième colonne;
et la cavalerie de Taile gauche, filant
par la droite, formera la quatrième co-
lonne.
Les régimens d'infanterie NN. de la
seconde ligne, et les trois régimens de
hussards, aux ordres du général NN.,
escorteront les équipages qui marche-
ront à la queue des deux colonnes d'in-
fanterie. Il sera commandé quatre ai-
des-majors , qui auront soin que les
chariots se suivent en ordre , et aussi
serrés qu'il sera possible.
Le général qui commandera l'ar-
rière-garde avertira de bonne heure
le chef, en cas qu'il ait besoin de se-
cours.
Les quatre colonnes seront conduites
par les chasseurs qui auront reconnu
les chemins.
A la tête de chaque colonne mar-
chera un détachement de charpentiers
et de chariots chargés de poutres, de
solives et de planches, pour faire des
ponts sur les petites rivières.
Les colonnes s'observeront dans leur
marche, afin que les tètes ne se de-
vancent pas.
Les généraux aiffont attention que
les bataillons marchent serrés et se
suivent, sans laisser d'intervalles. Les
officiers commandant les divisions gar-
deront bien leurs distances.
Quand on passera un défilé, les tê-
tes marcheront doucement ou s'arrê-
teront, pour donner le temps â la
queue de reprendre ses distances.
Voilà comment on fait les ordres dl
marche.
Lorsque von^ passeres des déillM
INSTAUCriO!! MIUTAIBB
des bois ou des montagnes, vous par-
tagerez vos colonnes ; toute la tète sera
composée de l*infanterte, suivie de la
cavalerie, qui en fermera la marche.
S*ii j a une plaine au centre, on
rassigncra h la cavalerie, et Tinfante-
ric, formant les colonnes sur les deux
extrémités, traversera le bois; mais
cela ne s'entend que d'une marche qui
ne se fait pas trop près de Tennem.i ;
car alors on se contentera de mettre
quelques bataillons de grenadiers à
chaque tète de colonne de cavalerie,
^ pour ne pas rompre tout Tordre de ba-
taille.
Si vous voulez faire arriver hcureu-
iemenl un secours, le moyen le plus
fur est de marcher à sa rencontre par
un terrain difficile, et de vous retirer
de devant Fennemi pour éviter le com-
bat. Parla supériorité que Ton gagne
à l arrivée du secours, on recouvrera
bientôt le terrain qu*on D*a fait que lui
prêter.
Ouand on e^;! ob!igé de faire des
marches parallèles à celles de Tenne-
mi, il faut que cela ait lien 08 par la
droite on par la gauche, en deux li-
gnes, dont chacune formera une co-
lonne, précédée d'une avant-garde.
Au reste, on observera les mêmes rè-
gles que je viens de donner.
Toutes les mafches que noiw fîrttes
de Frankcnberg à Hohcn-Frienberg ,
étaient dirigées ainsi. On y marcha par
la uroile.
Je préfère ces dhrpositrons à tourtes
les autres ; car l'armée es! formée en bo-
'tail!i3 pur un à droite ou un à-gaifche,
qui est la nréthode ta plus prompte pour
se remettreen ordre de rttarchc. Je m'en
servirais toujours sî j'avais le chot\ d'at-
taqnor rcnncmi ; j'en ai perdu l'avanta-
ge à Hohen-Fricdberg et à Sorr. Dans
CCS sortes de marches, il faut bien se
gairder de prêter te llMc à l'emieitii.
I.ors^ue l'ennemi se met en
pour en<;ager une affaire « vom voM
débarrasserez dc vob équipage», et IH
enverrez « sous une escorte , dans vM
des villes le plus a portée. Vous f9h
merez alors une avant-garde qua firt
pousserez à une petite demi-lieve m
avant.
L'armée marchant de front à fa»
nerai, il faut non-seulemenl qM.JS
colonnes ne se devancent paa^
qu'en approchant du champ
elles s'étendent de façtm que les traa-
pes n'aient ni plus ni moina de lemk
qu'elles n'en occupent quand eUaaiMt
formées. C'est uhe manceuvra yèadi
ficile; ordinairement quelqoea batril-
lons n'ont pas assez de terraiii^ d'ê-
tres fois les généraux en dODMl
trop.
I^ marehe qui se fait par ligncan*!
aucun inconvénient; c'est poor adi
que je l'ai choisie eoaame la
leure.
Les marches qu'on fait pour
battre demandent beaucoup de fÀ-
cautions, et un général a taiaon dlfet
sur ses îrardes. H faut qu'il reeeni
le terratii, de distance en dtstancaii
sans s'exposer, aGn qu'H ait
positions en tète, dont ii peiirra
vir en cas que l'ennemi vienne Fi
quer.
Pour reconnaître un lerraHi«a»«
sert des clochers ou dea h«Blaw8i Oa
ouvre le chemin, pour y aller^ par dei
troupes légères qu'on détaébe dlKH
vant*garde.
Les retraites ofd rnaîrea ûe lent difc
manière suivante. Uki du detti ji^i
avant de partir, on se débem«efaA
ses équipages, et on les rei^verva soai
une bonne escorte.
On réglera alors les eotortnaaM^h
nombre des chemins quTon
dre , et la marche des froupaa
têlfpkûe de tefhlin. Si c*ei^t une plnihe,
Hl catàlcrîe fera l'avanl-garde; si c'est
un pays coupé, on en chafgcfa Tînfan-
terie : si c'est un pays de plaine, Tar-
fôée marchera sur quatre colonnes.
L'infanterie de la seconde ligne de
rtile droite, filant par sa droite, et sui-^
tte de la seconde ligne de la cavalerie
ÔKt cette aile, formera la quatrième co-
fohne. L'infanterie de la première li-
glied6 raile droite filant paf sa droite,
Wtht suiTié de la première ligne de ea-
fHlcf ie de cette ailé, et formera la troi-
lèmè cdionme.
L'infanterie de la seconde ligne dé
raile gauche, survie de la raralerie de
fil tifièftte ligne, formera la seconde ct>-
fonde.
L'infanterie de la première ligne de
Taile gaucbe sera suivie de la cavalerie
ite la même ligne, et formera avec elle
fil première colonne.
De cette manière, toute !a cavalerie
formera l'arrière-garde, que vousferez,
pkt précaution, soutenir par des hos-
Éàrds.
Si vous devez passer des' défilés dans
ttttre retraite, il faudra les faire occu-
per, la veille du départ, par Tinfante-
fte, et la placer de façon qu'elle dé-
borde les troupes qui, dans leur re-
traite, passeront le défdé, de sorte que
fe chemin du défilé reste libre.
Supposons que l'armée marche sur
deux colonnes, la cavalerie de la droite
filera pair la gauche ; la seconde ligne
partira la première, et prendra la tête
de ta seconde colonne ; rinfantcric de la
seconde ligne, suivie de la première, se
mettra à la queue de celte cavalerie et
la suivra.
La cavalene de i aue gauche filera
par la gauche : la seconde ligne, par-
tslitt la première, aura la léte de la
première colonne ; elle sera jointe par
nnrFfMterie de Taile gauehe, dont la se^
cônde ligne pfécèdehi la marche dé M
première : c'est ce qui formera la pfe-
inière colonne.
Six bataillons de la queue de la pre-
mière ligne, soutenus de dix escadrons
de hussards, fefont l'ârrièfe-garde. Ces
sii bataillons se mettront en bataille
en avant du défilé sur deux lignes en
échiquief.
Pendant que l'afmée passera le dé-^
filé, il faut que les trolipes postées en
avant débordent celles qui sont ehcore
en-deça du défilé, pour les protéger
par leur feu.
Quand toute l'armée aura passé, la
première ligne de l'avant-garde passera
parles intervalles de la seconde, et se
jettera dans le défilé : celle-ci étant par-
tie, la seconde fera la même manœuvre,
ù la faveur du feu de ceux qui seront
postés de l'autre côté, et qui sui-
vront les derniers pouf faire rdrfîère-
garde.
De tontes les manœuvres, la plus dif-
ficile est de passer dans éà retraite une
rivière en présence de Tennemi. Je ne
saurais citer à ce sujet un meilleur
exemple que la retraite qtie nous fîmes
Tan nV^, en repassant l'Elbe, à Kolin.
Mais, ne trouvant pas toujours déîi
villes dans ces sortes d'endroits, je sup-
posé qu'on n'ait que deux ponts. En ce
cas, il faudra faire travailler à un bon
retranchement, qui enveloppera les
deux ponts, et pratiquer une petite
coupure à la tète de chaque pont.
Cela étant fait on envoie des trou-
pes et beaucoup de canons de l'au-
tre côté de la rivière, et on les place
sur le bord. Il en faut choisir un qui
soit un peu élevé, mais pas trop raide,
pour commander le bord opposé. Alors
on garnira d'infanterie le grand retran-
chement. Après cette disposition, on
fera passer l'infanterie la première : la
cavalerie formant l'arrière-garde, se
avo
UfSTKUCTiON MltlTAlRB
reUnara eo éclriquier par le retranche-
ment.
Quand tout sera passé, on bordera
les deux petites tètes de pont avec de
l'infanterie ; et celle qui est dans le re-
tranchement le quittera pour se retirer.
Si l'envie prend à l*ennemi do lapour-
suivre, il sera exposé au feu des deux
tètes de pont et des troupes placées de
l'autre cÂté de la riviè.re.
L'infanterie qui était postée dans le
retranchement ayant passé la rivière,
on fera rompre le pont ; et les troupes
placées dans les tètes de pont, la tra-
verseront sur des bateaux, sous la pro-
tection des troupes qui ont été pla-
cées à l'autre bord, et qui s'en appro-
cheront pour mieux les soutenir.
Lorsque les pontons auront été char-
gés sur les chariots, les dernières trou-
pes se mettront en marche.
Ou\peut aussi faire des fougasses aux
angles des retranchemens. Les derniers
grenadiers, dans le moment qu'ils pas-
seront la rivière, y mettront le feu.
ARTICLE XVL
QoeUes précautions on prendra dans une re-
traite contre les hussards et les pandours.
Les hussards et les pandours ne sont
redoutables qu'à ceux qui ne les con-
naissent pas. Ils ne sont braves que
quand l'espoir du butin les anime, ou
lorsqu'ils peuvent nuire sans s'exposer.
Ils exercent la première espèce de bra-
>oure contre les convois et les équipa-
fi,(?s ; et l'autre contre les corps qui sont
forcés de se retirer, et qu'ils viennent
aiors harceler dans leur retraite.
Nos troupes n'ont aucun affront à
rraindre d'eux ; mais comme leur ma-
nière d'escarmoucher retarde une mar-
j|ie, et qu'ils ne laissent pas de tuer
quelques hommes, qu'on perd fort mal
à propos, j'indiquerai la manière me
je crois la meilleure pour se tirer d'af-
faire avec eux.
Quand on fait sa retraite par des
plaines, on chasse les hussards par
quelques volées de canon ; et les pan -
dours par des hussards et des dragons
qu'ils craignent beaucoup. Les retrai-
tes les plus difficiles , où les pandours
peuvent faire le plus grand dommage,
sont celles où il faut passer des bois,
des défilés et des montagnes. On ne
peut presque éviter alors de perdre do
monde.
Dans ce cas, il faut que votre avant-
garde occupe les hauteurs, faisant face
à. l'ennemi. Vous détacherez en même
temps des troupes sur les flancs de la
marche, qui, en côtoyant l'armée, se
tiendront toujours sur les hauteurs ou
dans les bois.Vous aurez quelques esca-
drons à portée poiu* vous en servir
quand le terrain le permettra.
11 ne faut jamais faire de haltes dans
ces sortes d'occasions, mais poursuivre
toujours sa marche ; car s'arrêter, est
ce qui s'appelle sacrifier du monde
mal à propos.
Les pandours se jettent à terre et ti-
rent ; on ne voit pas d'où partent les
coups ; et quand la marche de l'armée
oblige l'arrière-garde et les pelotons
détachés de suivre et de quitter les hau-
teurs, alors ils s'en emparent, et étant
à couvert, ils fusillent ceux qui se re-
tirent. Ni le feu de monsqueterie, ni le
canon chargé à cartouches, ne peuvent
leur faire grand mal, étant éparpillés et
cachés derrière les hauteurs ou les ar-
bres.
J'ai fait deux retraites semblables.
Tannée 17^5 ; l'une par la vallée de Lie-
benthal, en marchant à Staudcnitz, et
l'autre de Trautenau à Schazlar. Mal-
gré toutes les précautions imagioaUdi.
MJ AOI DK PRD58B
2^1
perdhMi à la première soixante
boflunes taés oa blessés, et plus dé deux
cents à la seconde.
Quand on se retire par des chemins
dSndles, il fout foire de petites marches
pour pouvoir prendre des précautions
(ha promptes et plus sages. La plus
grande marche ne doit être que de
dBBxlienea^ou d'un mille d'Allemagne ;
M eamme alors on n'est pas pressé, on
fIBViiqiielqaerois forcer les pandours,
pvfiooUteement quand ils ont eu l'im-
pnidence de se fourrer dans de petits
bois qu'on tourne.
ARTICLE XVU.
De iinelle tnaolèra les troopei légérei priusien-
■n combtlIroDt contre les hatiardi et les
Notre manière de forcer un posie,
occupé par des troupes légères enne-
mies, est de le brusquer, car l'habitude
dea hussards et pandours autrichiens
étant de s'éparpiller pour combattre,
ils ne peuvent tenir contre des troupes
régulières. Hais on ne doit pas les mar-
chander ; pas de tâtonnement; l'attaque
doit être vive et poussée à fond. Déta-
chez seulement quelques troupes pour
couvrir les flancs du corps qui marche
i elles ; et pourvu qu'on attaque brus-
quement l'ennemi, on le chasse.
Nos dragons et hussards les atta-
quent serrés et le sabre à la main. Us
ne peuvent soutenir ces sortes d'atta-
ques; aussi les a-t-on toujours battus,
sans se soucier du nombre, quelque su-
ieur qu'il f&t.
ARTICLE XVIII.
Par quels mouTeroens on peat forcer l'ennenil
d'en Taire aussi.
Si l'on croit qu'il nuflise de faire des
mouvemens avec une armée pour obli-
ger l'ennemi d'en faire aussi, on se
trompe beaucoup. Ce n'est pas le mou-
vement seul qui l'y forcera, mais la ma-
nière dont il sera fait. Des mouvemens
spécieux ne feront pas prendre le chan-
ge à un ennemi savant; il faut l'y con-
traindre par des dispositions solides qui
l'engagent à faire des réflexions, et le
réduisent à la nécessité de décamper.
C'est pourquoi il est nécessaire de
connaître le pays, le général avec le-
quel on a afiaire, les places où il a ses
magasins, les villes qui lui sont le plus
commodes et celles d'où il fait venir ses*
fourrages. Il faut bien combiner toutes
ces choses, former un projet et le di-
riger.
Celui des deux généraux qui aura le
plus de ressources dans l'imagination,
et qui tentera le plus souvent sur son
ennemi, remportera à la longue des
avantages sur le rival de sa gloire.
Celui qui, à l'entrée d'une campa-
gne, assemblera le premier ses troupes,
et marchera en avant pour attaquer
une ville ou pour occuper un poste,
obligera toujours l'autre de se régler
sur ses mouvemens et de se tenir sur
la défensive.
Lorsque dans le cours d'une campa-
gne on conçoit le projet de forcer l'en-
nemi à changer de camp, il faut s'y dé-
cider par les raisons suivantes, soit que
l'on se propose de prendre une ville à
la portée de laquelle il a choisi sa po-
sition, soit qu'on veuille le rejeter dans ^
un pays stérile où il ne pourra vivre
qu'avec peine, soit enfin, que l'on es-
père l'amener à une affaire grave et
qui doit procurer des avantages.
16
jto^
INSTRUCTION «ttlifAlRB
Lorsque vous aurez bien constaté la
probabilité de ces motifs, alors vous
Yous occuperez de Texécution, mais en
y procédant, vous examinerez d*abord
et avec attention, si les marches qu*il
?ous faudra faire et les camps que vous
TOUS proposer d'occuper ne vous pla-
œront pas dans une situation plus dé-
savantageuse que celle dans laquelle
▼DOS vous trouvères alors, comme par
exemple en vous éloignant d*une place
mal fortiûée où vous avei votre dépAt,
et que les troupes légères peuvent em-
porter d'emblée en votre absence ; on
en prenant une position dans laquelle
vous pourriez être coupé de votre pays
et de vos places, ou bien, en venant
ocx^uper un pays que vous serez obligé
d'abandonner bientôt après, faute de
subsistances.
Après avoir réfléchi mûrement sur
tous ces objets, et calculé lu possibilité
des entreprises que reuncmi pourrait
faire, vous formerez le projet, soit de
venir vous camper sur un de ses flancs,
soit de vous approcher de la province
d'où il tire ses subsistances, soit de le
couper de sa capitale, soit de menacer
ses dépôts, soit enûn de prendre des
positions par lesquelles vous hii rclran-
dierei les vivres.
Pour en donner m exemple qui est
connu de la plus grande partie de mes
ofiiciers, je dirai le plan sur lequel nous
aurions dû espérer d'obliger le prince
Charles de Lorraine à abandofmer Kœ-
niginsgrœtz et Pardubits en 17tô.
En partant du camp de Dubtetz, nous
soirioDS dû prendre à gauche, côtoyer
le comté de Gfaiti, et marcher sur Uo-
kenmaath. Par cette manœuvre, nous
ittrions forcé les Autrichiens qui avaient
leur magasin à Teutschbred, et qui li-
raient la plus grande partie de leurs
Tivres de la Moravie, de marcher à
Lr.ndsrron, et de nous abandonner Koa-
niginsgnett et PafdiAill. hm
coupés alors de leur ïMiys, ÉaiUMI êà
contraints , pour le couvrir, de se tf-
parer des Autrichiens.
Mais ce qui m'empêcha alors ieflAie
ce mouvement, fut qa*eh gaflSIt
même Kœniginsgrœtx, jie B^aitfiis llk
gagné, puisque j'aurais été oNiglIe
faire des détachemens poat roaftMtr
le prince d' Anhalt, si les SaxaM éMsat
retournés chez en. Ooire éêla, kÊ
gasins de Glatz n*élalent paa
pour me faire subsister penduf
la campagne.
Les diversions que Ton fait eo dé-
tachant des troupes, obligent enoon
l'ennemi de décamper. Généraleneai '
toutes les entreprises auxquelles Teii-
nemi n'a pas été préparé, le défaii|eol
et le forcent à quitteras posîlioft.
De cette espèce sont les passages dei
montagnes que Tennemi croit impralî-
cabies et que l'on peut presque toolei
passer; et aussi les passages été if-
vrères qui se font sans que Venatai
s'en soit aperçu.
On n'a qu'à lire la campagne du prflfle
Eugène de l'année 1701. Ori saK HRl
dans quel désordre se troura rirok
française, quand le prince Charles le
Lorraine la snrprit, Tan f 7l(, en pas-
sant le Rhin.
Je finmii en disant que rexéiflto
de ces sortes d*entreprisesdoittocriiMi
répondre an projet, et que tant qfm
générai fera des dispositions sagM 61
fondées sur des maximes soRdlét, If ft^
cera tonjonrs son ennemi de se Hm
sur la défensive, et de se régler sÉirM.
ARTICLE XIX
Det passages des rivières.
La force est inutile lorsque lenii'^ui
iera d« l'aoM côté d'une liiibte qoe
ttnn dam intentloil de pasfcr; il fint
avoir recours à la rase. On n'a qo'à |
hoitor 1« petufie im Rhin de César ; |
niai da Pd pdr hi prioEe Eagène ; ou i
•tiai dta HfalD par le prince Charlei de
i«mlaa, f 'il i'agit de paMCi* ona groale
fifièfe.
' Ceafinérsux firent detdétacbeSnns
ftmt tm nDpoMr è ^Mnemî, et pour
M eadief l'itddmt <|u'ila anient choisi
poar iMr pMMge. Ils ùnatdét prépan-
ttApsarUcoftstnietiondesponts^dans
des lieux oà ite D'aTalCDtpa9lntenU6n
4e paww, fin attendant qUa )e gros de
lear année fit nne marche de ntift ,
peur s'éloigner de rennemi et gagtler
le temps de passer la rivière, afanlqae
lea troupes destinée» à défendre le pas-
sage, eussent ps se siettre en devoir
de les en empAtdier.
On choisit ordinairement pour le
passage des rivières les endroits où il
y a de petites Iles, ce qui en facilite
l'opér&tioo. On aime aus« à rencontrer
de l'antre cAté de la rivière, des bois ou
d'aatresobstacles,qaiempAcbent l'en-
nemi de vous attaquer avant que vous
ayei déhanché.
n font une attention très particalite^
et prendre les mesures les plus justes
dans ses fortes d'entreprises^ Il est né-
■waircqBelwbBtfflaiouiapontdps.
êttnrtaiitttfiippifell, Attertt au rendei-
TOUS à rbeure marquée, etque chaque
psotonnier ou batelier soit instruit de
- ie beiocne, poar éviter le déaonke qui
■m mn ftrdiiiaifefflenf ânta m eipÀii-
floM de nnit. tôdt étafit amlflg^. An
fait passer des Groupes pour s'établtr de
l'autre cité de la rivière.
Dans les passages de« rivitoea, 11
fatrt toajonrs avoir attention de fMre
itrtrftfirtxrr les deul t£tes de pdnt et à
fes bien garnir de (roupN. On Fortifie
•noeto les Haï qai eonidans le voietnage
m»
pmt MutMifr cet twiiMMM<W) Mi
que, dans le tensps tpié i6\a tiite» tes
opérations, l'eiinnnl fi« lienne pis
prendre ou détruire vos ponts.
gt les rivières soitt étmitM, ÔA ehol-
ili pour Itmr passage le» endrolu où
elles font àt^ condest «t (M \é bdfd
étant plM élevé demiiie mrtielbf ({ai
lui est Opposé. OH y pIMe Mtillri de
Mflonfl que le t^nln le |^t ^erhiet-
lr«« et on le |amlt de trenpM. 6Ms
eett* protection , oti Mttfflrùlt sM fxfhli.
et comme le temiA se rétrécit pâf le
eoude que Mt la rtvMfe^ Il it« fEhidra
avancer qw fort peiij dt IdWfMlbfè-
Brtnt gagner eltHfdn à tNUare tttit I«s
tronpes passeront.
6'ilTadesgtiâi,oit7raMde« hm-
pes, pour que la UtaMrte f pSWle
ARTICLE XX.
ftlen fi'eït phis diffltilé, poiir he fi»
dtfe impossible, que dé défendre le
passage d'une rivière, surfont tors^tie
lefrontd'attatfue est d'une trop ^nde
étendne. Je ne itie char^fdls Jsiiuii
d'tine telJe com[nlj;4ofl, sï le terrdffi à
défendre avait plus di hait Ailfte^ d'Aï-
letmgde [i] de ffont, et s'il n'y avait
pus (Jaits cette distAiice one bû débj
redouiet èlabltes Stir le bofdde (a ri-
vière, il faudrait encore qu'il fi'} At
oQctfti endroit <st foti pM ^aset é gué.
Msis sopposé qae toutes lei ^(rfes
soient telles que Je viens de dire , il
faudra toujours du temps p6ta fes
(1) L'*r1tfHt du pMlttraMml i mHIm tAU-
■■■•(■e, c'«U-i-dlr* trUt UtiMi dt FrMMar Ba
Va tuiti cUni \* tridudioii, qmi^ac If Mot
(tè llMiet piïiiiM plot ip^iMbh iarêiém
i4k
utsTavimoN miuxairb
prépAraUft néoeflMires contre les entre-
prises de Tennemi. La disposition qu'on
aurait à faire alors* serait à peu près
oelle-ci :
On réunira tous les bateaux et tou-
tes les barques qui se trouveront sur
la rivière, et on les fera conduire aux
deux redoutes, pour empêcher que
Tennemi ne puisse s'en servir.
Vous reconnaltret les deux bords de
la rivière, pow marquer les endroits
à la faveur desquels on pourrait la pas-
ser, et vous les ferez démolir.
Vous noterez le terrain qui pourrait
protéger le passage de l'ennemi, et for-
merez le projet d'attaque sur la situa-
tion de chaque terrain.
Vous ferez ouvrir des chemins lar*
ges pour plusieurs colonnes, sur tout
le front de votre défense, le long de
la rivière, pour pouvoir marcher à
l'ennemi conunodément et sans em-
barras.
Après avoir pris toutes ces précau-
tions, vous ferez camper l'armée au
centre de votre ligne de défense, de
sorte que vous n'ayez que quatre milles
à marcher, pour aller à l'une ou l'autre
extrémité.
Vous ferez seize petits détachemens
commandés par des oiBciers de hus-
sards ou de dragons les plus actifs et
les plus habiles, dont huit, aux ordres
d'un général, auront le front d'attaque
de la droite, et huit aux ordres d'un
autre général, auront celui de la
gauche.
Ces détachemens seront destinés à
donner avis des mouvemens de l'en-
nemi, et de l'endroit où il tentera le
passage.
Pendant le jour, ils placeront des
gardes pour découvrir tout ce qui se
passera, et dans la nuit, ils feront d'un
quart-d'heure à l'autre des patrouilles
près de la rivière, et ne se retireront
que quand ik auront dauremeot vu (1)
que l'ennemi ait fait un pont et que la
tète ait passé.
Lesdits généraux etlescommandans
des redoutes enverront quatre fois par
jour leur rapport au clief de l*krmée; .
il (aut qu'il y ait des relais établis en-
tre eux et l'armée pour que les rapporta
arrivent promptensent , et qu'on soit
de suite averti lorsque l'ennemi pas-
sera , conmie il est du devoir du géné-
ral de s'y porter à l'instant même ; il
aura déjà renvoyé ses équipages, pour
être prêt à tout événement.
Ces diflférentes dispositions étant
faites d'avance sur chaque terrain, il
distribuera à ses généraux celles qui
regarderont les points d'attaque. Il
marchera avec toute la céléritépossiMe,
l'infanterie ayant la tète des colonnes,
parce qu'il faut supposer que l'ennemi
se soit retranché. A son arrivée, il at-
taquera vivement sans balança*. Ces
de cette manière qu'il pourra se pro-
mettre le succès le plus brillant.
Les passages des petites rivières sont
plus dilBciles à défendre ; il faut ren-
dre les gués impraticables par des ar-
bres qu'on y jette. Mais, si la rive du
cété de l'ennemi conunande celle où
(t) Si Ton calcale l« temps qu'il faot ponr por>
ter ao séoéral en chef la noaTaUe da paatafa
qu'on luppoM qui te lUl à une dci e&uteltét
de l'étendue du front, et le temps qu'il faut pour
y faire marcher l'armép, on Terra, par ce i te sup-
pntatioD attei'enoemi aura assez de temps poor
passer avec toutei ses troupes, avant qiù la bnI-
tié de rarmée, qui doit faira pn% marche de qoa-
tre milles, en partant de son centre, soit arrivée,
et poisse se mettre en devoir de lui disputer le
passage. Car, quatre miUes sont huit lieues d«
chemin, et toutes les troupes du monde, tellea
ingambes el lestes qu'ellet soient, ne poorrenl
les faire en moins de temps, partIcuUèreflMni
dans la nuit, comme U est question ici. Font
rendre cette manoeuvre possible, il fhudrail
qu'il n'y cÙt que huit lieues de r»>nt pour toute
rarmée, au lieu des huit mOks d*
L
DU ROI DE PRUSS£.
TOUS êtes, il est inutile de faire résis-
tances.
9kh
ARTICLE XXI.
Des f urprises des vOlei.
Pour surprendre une ville, il faot
qa*elle soi^mal gardée et peo fortifiée ;
encore ne pourrait on la surprendre
qo*en hiver et pendant la gelée, si elle
a des fossés remplis d'eau.
On surprend les villes avec toute une
armée, comme il arriva à Prague Tan
17M ; ou on les surprend après en
avoir endormi la garnison par un blo-
cus qui traîne en longueur, comme le
l^nce Léopold d'Anbalt fit à Glogau.
On les surprend encore par des déta-
diemens, comme le prince Eugène
te tenta à Crémone , ou comme ont
réussi les Autrichiens a Cosel.
La règle principale, en faisant des
dispositions pour des surprises, est de
bien connaître les fortifications et les
intérieurs de la place, pour diriger son
attaque sur la situation locale.
La surprise de Glogau est an chef
tfceavre, que tons ceux qui tenteront
des surprises doivent imiter. Celle de
Prague ne fut pas si extraordinaire,
puisque la garnison ayant à défendre
nne ville d'nne vaste étendue, il n'était
pas étonnant qu'on l'emportât par les
diflërentes attaques qu'on y fit. Cosel
et Crémone furent surpris par trahison.
La première le fut par un officier de la
garnison, qu«, ayant déserté, donna
avis aux Autrichiens que l'évacuation
du fossé n'était pas achevée : ils le pas-
sèrent et la place fut emportée.
SI on vent prendre de petites places,
on fait pétarder les portes. On envoie
en même temps des détachemens à
toutes les antres pour empêcher que la
garnison se sauve. Si on veut y em-
ployer du cunon, il faut le placer de
sorte que les canonniers ne soient pas
exposés à la mousqueterie, autrement
on risque de perdre le canon.
ARTICLE XXn.
Du combalf et des bitaiUei.
Il est très difficile de surprendre les
Autrichiens dans leur camp, à aanse
du nombre de troupes légères dont ils
sont entourés.
Si deux armées se tiennent dans le
voisinage l'une de l'autre, l'affaire sera
bientôt décidée entre elles, ou il fau-
drait que l'une des deux occupAt un
poste inattaquable, qui la garantit des
surprises ; de façon que ces évènemens
n'arrivent que très rarement entre des
armées ; entre des détachemens, c'est
une chose très ordinaire.
Pour parvenir à surprendre l'en-
nemi dans son camp , il ne faut pas
avoir éveillé sa vigilance par des tenta-
tives sans but sérieux ; il faut aussi par-
venir a savoir s'il a une confiance en-
tière dans sa supériorité numérique,
dans la situation avantageuse de son
poste, ou dans les rapports de ses émis-
saires, enfin dans la vigilance de ses
troupes légères.
Avant de former aucun projet, il faut
commencer par bien connaître le pays,
et la position de 1 ennemi.
On examinera les diemins qui con-
duisent au camp, et on formera là-
dessus sa disposition générale , en se
réglant dans tous les points sur la con-
naissance détaillée de toutes choses.
Vous destinerez les chasseurs les plus
intelligens, et les plus instruits des che-
mins, pour conduire les colonnes.
Ayez grande attention à cacher vo -
ttf
INSTgCCTlOV MILITAIHB
tri demwio. Le secret est rame de tou-
tM €«• eptrepriscs.
Les troupe^ légère^ précéderont la
mtrcb^, sous plusieurs prétextes, loais
en effet pom* ompécher qu*uQ maudit
déserteur n'aille vous trahir. Ces hus-
sards empêcheront aussi que les pa-
trouilles enneqii^s oe s'approchent trop
près et ne découvrent les mouvemens
que vous f^itçs.
Il faut que vous donniez aux géné-
r«ai qui août lous vos ordres une ius-
tnidion sur toufl l^s évènemenp qui
IMiwroiitdrrîyar, afin que ehacun d'eqx
sache ce qu'il aura à faire alors.
8i le camp d« reonemi est assis dans
«90 piailla, on pourra former une
avant-gBfde i$ dragons qui, joints par
das bunards, entreront à toute bride
iins le eamp ennemii pour y mettre
tant an désordre et faire ipain basse
sur ca qui se présentera à eux.
Cas dragons doivent 6tre soutenus
de toute l'armée, l'infanterie en ayant
la tête, étant particulièrement destinée
i attaquer les ailes de la cavalerie en*
L'attaque de l'avant-garde commen
una demi-bçurc avant la pointe
du jûuf ; mis il faut que l'armée n'en
lail éloignée que da huit cents pas.
Pendant la marche» on prdera un
pwfond silence, et on détendra au
soldat de fumer.
lorsque l'attaque commencera et
que le jour paraîtra, l'infanterie for-
mée sur quatre ou sii colonnes, mar-
ehera droit au eamp» pour soutenir
TavanHurde.
On ne tirera pas avant la pointe du
jaur, car on risquerait de tuer ses pro-^
prM gens ; uuia aussitôt qu'il fera jour,
il ùtudra tiiar sur les endroits où l'a-
vant-^pirde n'a p&s percé, particulière-
ment mrJaa V^ do ift cavalerie pour
obligar \m civaiîani Q'ayant pa^ le j
temps de seller ni de brider leufl
chevaux, de s'en aller et de les ^gv
donner.
On poursuivra l'ennemi jusqu'au-
delà du camp, et on l&cbera toute la
cavalerie après lui, pour proGtcr du dé-
sordre et de la confusion où il sera.
Si l'ennemi avait abandonné ses ar-
mes, il faudrait laisser un gros éit$
chement pour la garda du eamp» A
sans s'amuser à piller, poursuivra V$^
nemi avec toute la chaleur poffibiqt
d'autant plus qu'une si belle nfCMim
de détraire entièrement iiM gniMe.
ne se présentera pas de sitAt, fit fi|*t|
sera maître pendant toute |a rufppagm
de faire ce que l'on voudra-
La fortune m'en avait ^toatiué vw
pareille avant la bataille de Uolwlti ;
car nous nous approchèmef d^ Famip
du maréchal d^ Neuperg, sans rencoii
trer personne, ses troupes étant can*
tonnées dans trois village^. Uaji j|
n'avait» pas dans ça temps-là aaaes de
connaissance pour savoir en proQlm
Ce que j'aurais d^ faire alora, él^l
d'embrasser la village de Molwitf pf
deux colonnes et do l'attaquer afvkl
l'avoir enveloppé. En m^uie teiq|ii
j'aurais dû détacher des dragoo9 WH
daux autres villages où se trouvait ||
cavalerie autrichienne, pour la mettli
en désordre , Tinfanterie qui les ^
suivis, aurait empêché cette cavakariil
de monter à cheval. Je suis trèa parr
suadé que leur armée eût été entiîlllr
ment défaite.
J'ai montré ci-dessus tentas les yr^
cautions que nous prenons à ce sqjel
dans notre camp, et de quelle manîi«(
nous le faisons garder : mais en suppo^
sant que« malgré ces soins, l'ennâai
puisse s'approcher de rarmée« je don-
nerais le conseil de mettrq eq toula
dilifsanca les troupes en batiûlte lor b
tanriûn qjiM leur sera nuunp^, d'oirAoB-
Mr i la ctfftlerie de trair fenne à tes
poita, el de faife een taide pelotoD
josqa'à rarrifée da jmir : alors les ^
aénas eiamlnfroiit t^il fmt afvaaaer,
si la cayalerie a éUfialarieiiae, M elle
a été repeuBée, et ee qe'il y awa à
birt.
Ee de fereilleB eceafliens^ il Ant qoe
dnqoegéeéral faehe pvepdreaeoparti.
«I ^|lr per lui nMnie, aena etteedre
paof aaia tes oidrai do général en ehef .
•otf mel je tt*eUaqaevai JeeMii dana
la Doit, parce que Tobsrârité came
kiae des dèsofdrea, et que la plopert
dassaUaU ne fént leiir devoir que aooa
hsfeei de leura oMoler^ et qvand lia
aeC i eraindte la ponttion.
Chariea Xfl attaqua rannéelTlS le
prieca d'Anhelt dana la «oit, Ioraqo4l
vaeatt de débarquer dane TOe de Bo-
gen. Le roi de Saède avait raison de le
Mit parée qn'ii voolait ceaher le petit
aaiBbre de ses treopea, deet en se ae«
frit aperço a'Il a? ait' Aiit jeor. Il n'afait
qoe qoatre BiiHe hommes, avec lea»
({oels il f Int en attaquer vingt mille. U
M balte.
Un aiienie de la goerre est d*asaQfer
ttsdanlères et ses flenei, et de toop»
nar MU de Penneml ; ce qni se feit de
dHKieotes meirfèraa, qol partent tootea
dHni mène prkielpe.
Qeand vons aeret eMigé d'attaqoer
on ennemi retranehé, il faot le Mre de
nMa, sans loi donner le temps d'ache-
ver sea eovragea. Car ce qni est bon le
pmarier Joor, ne le sera pins le lende*
nafai. MÉia« avant de vons mettre en
devoir de ratlaqner, vous reieonnatttet
par veoaflièrae h pesHien de l'ennemi.
Las pramWres dispositions de votie
attsqne veoa Onent voir la foM^lité en
Itdincnlté de votre projet
La pinperf des retnmchemens aont
pifa. perte qoHIs ne sont pas bien ap-
pnyae* \jb leifen^Xiemenf de Twenne
i
HT
fàt emporté, de même qne eehd
de (1) oàle prlnee d'Anhait trouva
aaaet de termiD poor la faîM tonmer*
Le retranchement de Malplaqœt (îil
towné par le boia qni était à laganche
do maréehal de ViHars. Sien avait eo
cette idée ao oonuneneementde la bsK
trille, les alliéa auraient épargné quime
mille hommes à leur armée.
K le retranebensent est appuyé k
une rivière qni soit gnéable, il fendre le
fiyre attaquer de eo cèté. Celui de Btral»
sond, bit par les Soédeia, fat empeaté^
parée qu'on l'attaqua du eété de le
mer, où le était guéeble.
Si les retrandiemeos de l'ennemi
sont d'une grande étendue, et que lea
troupes pour les garnir, soient ehNgéea
d'embrasaer trop de terrain, on fera
plusieurs attaquea, et on s'en rendra
sArenent mettre, pourvu qu'en aitaoin
de cacher sea dispoaitions à l'ennemi,
afin qu'il ne puisse s'en apercevoir et
VMS oppoaer dea forces sufllaantes.
le vais donner id les diaporitions
de l'attaque d'un retranchement, le
formerai une ligne de vingt bataillons,
dont J'appuierai Paile gaudm à la ri^
vlère Nlf . Doue bataillona fermeront
l'attaque de la gauche oà Je veux pei^
cer, et huit autres celle de la drdte.
Les troupes destinées pour l'attaque
seront placées en échiquier avecdes in-
tervalles. Le reste de l'infiinterie se
mettra en troirième ligne, et derrière
elle sera la cavalerie, à la distance de
qnairo cents pas. Par cette disposition
mon infenterie tiendra l'ennemi en
éèhec, et elle lera à portée de profiter
du moindre fem mouvement qui
piourrait feire.
Il feut avoir attention de feiro suivre
chacune de ces attaquea par un nom*
bro de travailteura evee dea pelles ,
(1) Apparcmmeol eclai de SdhBUsaasre.
9\B
IRStmiTCnciT MILITAnS
de8 pioehes et des fascines, ponr com^
Mer le fbssé, et faire des passages pour
la cavalerie^ lorsqu'on aura forcé le re-
Irandiement.
L'infiinterie qui formera l'attaque,
ne commencera à tirer que quand elle
aura emporté le relrandiemeut , et
qu'elle se sera mise en bataille sur le
parapet.
La cavalerie y entrera par les ou-
vertures faites par les travatUeurs, et
se rangera en bataille pour atta^er
Tennemi, quand elle sera en force. Si
elle est repoossée, elle ira se rallier à
la faveur du feu de Tiofanterie, jusqu'à
ce que toute l'armée ait pénétré^ et
que l'ennemi soit entièrement mis en
déroute.
Je répéterai ici ce que j'ai dit dans
un des articles précédons, que je ne
ferais jamais retrancher mon armée, si
ce n'est dans le temps que j'aurais in-
tention d'entreprendre un siège» Et je
ne sais si on ne ferait pas mieux d'aller
au-devant de l'armée qui vient secourir
la [riace.
Mais supposons, pour un moment,
qu'on veuille se retaraocher. Dans ce
cas, je proposerai la manière la plus
avantageuse pour le faire.
On se ménagera deux ou trois gros-
ses réserves pour les envoyer, pendant
l'attaque « aux endroits où l'ennemi
fait les plus grands efforts.
On bordera le parapet de bataillons,
et on placera une réserve derrière eux,
qui puisse être à p(Htée de donner du
secours où l'on en aura besoin.
La cavalerie sera rangée sur une li-
gue derrière ces réserves.
Le retranchement doit être bien ap-
puyé. S'il vient joindre une rivière, il
faut que le fossé avance assez loin dans
la rivière pour ne pas être tourné.
Si ce retranchement s'appuie à un
bois, 3 faut qu'il soit fermé k cette ex-
trémité par une redoute, et qu'on fasse
dans le bob i» très grand abatis d'ar-
1m^.
On aura attention que les rédans
soient bien flanqués.
Le fossé sera très large et profond,
et on perfectionnera tous les jon» de
plus enphis les reirandiemens, soit en
renforçant le parapet,. soit en plagant
des palissades à l'entrée des bairières»
soit en creusant des puits, soit enoora
en gnmjssanttout le camp de dievanx
défrise.
Votre plus grand avantage est dans
le choix et dans certaines règles de foi^
tiflcation qu'il faut observer, pour obli-
ger l'ennemi à vous attaquer snr un
petit front, et pour le mettre dans la
nécessité de ne vous attaqpier que dans
les principaux points de votre retran-
chement.
Par exemple : l'armée qui se tnmve
à la tète de votre retranchement, est ré-
trécie d'un cAté par la rivière, et vous
présentes à celui qui vient vous atta-
quer un front qui le déborde. Il ne
pourra pas attaquer votre droite, parce
que leshatteriesplacéesi l'extrémitéde
cette aile, le pi endraient en flanc* pen«
dant que la redoute du centre le {ven-
drait en queue. Il ne pourra donc for-
mer d'autre attaque que celle de ladite
redoute du cenb^, qu'il sera iriiligé
d'entamer du e6té de l'abatis.
Comme vous vous attendrez à cette
attaque, vous renforcerez les fortifica-
tions de cette redoute: et, n'y ayant
qu'un ouvrage à fortifier, vous y don-
nerez d'autant plus d'attention.
Vous pouvez employer Picore une
autre espèce de rebtmchement, com-
posée de redoutes saillantes et rentran-
tes, qui se croisent l'une l'autre, et se
Joignent par des retranchemens.
Par cette manière de fortifier, les
saillans forment les points d'attaqM;
DD ROI DB PBQSSE.
^9
et n'y en ayant que très peu» on pourra
les perfècUonner plus vite que si le
front était partout également fortifié.
n fiiat que le feu de la mousqueterie
se croise dans les redoutes saiHan'^s ;
par cette raison^ elles ne seront qpi'à
sii cents pas l'une de l'autre.
Notre infanterie défend on retran-
chement par des décharges de batail-
loDs entiers. Chaque soldat doit être
ponrvn de cent cartouches ; nuds œla
n'empêchera pas de placer entre les ba-
taiOons et dans les saiUans des redou-
te^ autant de canons que l'on pourra.
Tant que l'ennemi sera éloigné, on
tirera à boulets ; mais lorsqu'il se sera
avancé à la distance de quatre cents pas,
on commencera à tirer à cartouches.
Si l'ennemi, malgré la force de votre
retranchement et nonob^nt un feu
opniàtre, pénètre en quelque endroit,
la réserve d'infanterie marchera à lui
pour le repousser; et en cas que cette
réserve soit obligée de plier, c'est à
votre cavalerie à faire alors les derniers
eiforU pour le chasser.
La plupart des retranchemens sont
emportés, parce qu'ib n'ont pas été
construits dans les règles, on que ceux
qni les déCmdent sont tournés, ou que
la peur (vend aux troupes qui les dé-
fiendent : cela vient de ce que celui qui
attaque pent faire ses mouvemens avec
pins de liberté et plus de hardiesse.
Ao coBuneneement, les exemples
ont fait voir qu'on retnuM^men t étant
forcé, toute l'armée est découragée et
prend la fuite. Je crois que nos troupes
aoraient plus de fermeté, et qu'elles
I repousseraient l'ennemi ; mais i quoi
serviraient tous ces aTantages, si les
retranchemens vous empêchent d'en
profiter?
Puisqu'il y a tant d'inoonvéniens aux
reiraodiemens , il s'ensuit naturelle-
n|f nt que les lignes lOQt encore moins
utiles. De notre temps, la mode nous
en est venue du prince Louis de Bade,
qui fit faire les premières du côté de
Briel. Les Français en ont fait aussi en
Flandre dans la guerre de la succession .
Je soutiens qu'elles ne valent rien ,
puisqu'eHes embrassent plus de terrain
qu'on n'a de troupes pour les garder;
qu'on peut former plusieurs attaques,
et qu'on est persuadé de les forcer. Par
cette raison, elles ne couvrent pas le
pays, et ne servent qu'à faire perdre la
réputation des troupes qui les gardent.
Si une année prussienne Mt infé-
rieure à celle de l'ennend, il ne fout
pas pour cela désespérer de le vaincre;
la disposition du général suppléera au
nombre.
Une armée faible choisira toujours
un pays conpé et montagneux, oà le
terrain soit resserré, de sorte que le
nombre supérieur de l'ennemi. Ion-
qu'il ne pourra pas dépasser ▼« ailes»
lui deviendra inutile et quelquefois
même à charge.
Ajoutons ici que, dans un pays fourré
et de montagnes, on pourra mieux ap-
puyer ses ailes que dans une |>laine.
Nous n'aurions jamais gagné la bataille
de Sorr (1)^ si le terrain ne nous eât
été favorable : car, quoique le nombre
de nos troupes ne passât point hi moi--
tié de celui des Autrichiens, ils ne pou-
vaient pas déborder nos ailes, de sorte
que le terrain mit une espèce d'égalité
entre les deux armées.
Ma première règle regarde le choix
(1) Si le prince OMrlei avait suivi la règle
qae M. de Feaqoières nous donne, dan» sei re-
marques f or la batalUe de ^teinkerque, et qa*il
fût enlrô avee ta première ligne en celonne,
dam le camp pniMien, pour léparer lei troupca,
en attendant qua la aeeande ligne ae lût miia
en bataille pour la lootenir» Pavantage da ter-
rain n'aurait pas sauvé Tarniée prussienne de
cette surprise. Elle aurait éld eDtiéraoaaai dé-
faite. •
noTROonoif vairAiu
dn terralii, «t la MOOQde, Uk diifiDsttkMi
de It Utailte QnéoMi. C'asI id oà Ton
paol fjiirQ omaMPlMtîm utila de man
oidra da batailla QMiqii0.Car m refîna
tma aile à l'eavaiw, at on tenforee
cella qnt doit bî» rattaqua. Par là
vtfui partaa Immm voa foraaa lur l'aila
da roattearf que ymm vonlaE pieiidra
en fliioc,
Unearméa da aaiit asaile hcMBuoes,
tournée par laa flapes, prendra bien*
tèt aap partt Pw axamfda i moa alla
droite, faùMot toat reffiapt, un corps
d'h^Dterio ia iottara tauaasiMemant
dans la Ms pour attaquer la cavalaria
ennanua «nr let fianai* at pour prat^
gar I- attaqoa da la oètra« Queiqnes ré*
gimens de hussards auront ordre da
pmdra rannami en queue ; an atten-
dant, ranaéa s'afanoera* Loraqua la
<»vaiario annoaûe flom aiisa en dé-
rovta, l*afiuitario qui ait dam le boië,
piMéra aeila da t'aaaonû an flanc ,
dani la taan« qoa Taiilra rattaqœra
de front.
Mm aiio foiehi m a^avaMarapas
qoa Fana flancha éi fnnaawi ne ioil
eafièramanl débite.
W aette disparition, ? ana aarei Pa^
rantaga, 1* de ftiie tête &¥9ù un petit
nambia da tranpaa, à on eorpi Biipé-
rianr; 9» d'ittaipier rannoaû du eété
oàraffiura aara décisif a; et 9* ¥Otro
aile ayant été battue, nna partie seule»
maat de voire arméo sera entamée, les
autres trois quarte des troupes, qui
sont aneon frstchea, senriront pour
faire votre retraite.
Si l'on veut attaquer rennemi dans un
poste avantageux, il faut en examiner le
faible at la fort* avant de faira les dis*
pasitions do rattaqne. te sa détenni*
nera toufonn ponr l'endroit oà Ton
croit trouver le moins de résistance.
Ml>U»l»»4c* villagaf coûtent tant
de monde, que je^ne suis fait ane loi i
da las éviter, tant que je n*y serai point
absoloniant forcé ; earon y risqua ê'é*
lita de son intetario.
Il 7 a dasgénéiMx qoi disant ^*on
na saaraitmiau attaquer an peata que
dans son centre^ 8i l'on suppose qu
l'ennemi ait dau grandes vOlas et drax
villages sur ses allas, il est eastain que
les ailes seront poiduas lorsque vous
forearai le centre, e| que, par de pa-
reilles attaques, on poorva remporter
les vietoires les pins complètes.
J'en donne ici le plan , et j'ajonte
qoa, quand vovsanrei pereé, vous don-
Uarai votre attaque pour obliger l'en-
nemi de se n ar sa droite et par
sa gaucke.
Bans une attaque de poste, il n*y a
rien de si redoutable que les batteries
chargées à eartooehes, qui font un tea-
riUe carnage dans les bataillons. A Soir
ei à Kessalsdorir, J'ai vu attaquer dea
batteries, el )*ai fait dos réflexions qui
m'ont donné une idée que je eonmu-
niquerai id, en supposant une batterie
de quinze pièces da canon, qa*on vou-
drait emporter at qu'on ne pourrait pas
tourner,
J*al rasiarqué que le fan du canon et
de rintbnterio qui soutient la batterie,
la rend inabordable. Nous m nous som-
mas emparés des batteries do l'ennemi
que psr sa firata; notre InAinterio qui
les attaquait, étant é moitié écraaée,
commençait à plier ; nnfbnterio enne-
mio, la voulant poursuivra, quitta son
poste. Par reflet da ea monvement,
leur canon n'osa plus tirer, et nos trou-
pes qui talonnaient rennend, arrivè-
rent avee loi anx batteries, et s'en ren-
dirent matlTM.
L'expérienea da cas dent bataiMes
m'a fourni l'idée, qu'il faudrait suivre
en parril cas l'exampia de ce que nos
troupes ont fUt, en fonnant san atta-
qua anr dau Hinas M éahiqniar, aon
m EOl DE PA1HW*
travE M troMèflM ligne par quelques
eseadrene éê dragone.
On donnera Tordre à la première ii»
gno de n'attaquer que falMemeiit, et
de ee retfrer par les intervtlies de la
seeendt, aln qne 'ennemi, trompé
par cette retraite simulée, se mette
à les penrsuiffe , et abandonne son
peste
Ce meavenent sera le signal de mar-
eher en dfant et d'attaquer avee vi^
giienr.
Mon principe est de ne mettre jamais
toute ma confiance dans un poste seul,
s'H n'ost pas physiquement prouvé
qutt soit Inattaquable.
Tonte la force de nos troupes con-
siste dans l'attaque, et nous ne serions
pas sages si nous y renoncions sans
raiaonat
Mais, si l'on est obligé d'occuper des
pMle«, on obaanfera de gagner les hau^
tMfi et de bien appuyer ses ailes. Je
fisfiJa mettra le feu à tous les villoges
ifil se InHiyernnt à la tête ù» Tarinée
elam ailea, si le vent ne portait jm la
flwsin dans Min camp.
VHae toowait qnelques bonnes mai«-
anus de maçonnerie en avant du front,
je les ferais garder par rinfanteria,
pov Ineommeder l'ennemi pendant la
knIaiHa.
n fent bien se garder de mettre les
troupes dans un terrain où elles ne
friaseat pa» agir.
Pi» eetta raison, notre position de
OffMkMi, en l'année t7bl, ne valait
rien, le centre et l'aile gaocbo étant
flaeéa derrière des marais impratica-
bles. Il n'y avait qa'une partie de l'aile
è>elte qui eAt un terrain libre pour
VlUoroi ftat battu à Hamillies, s'étant
posté de la amnièra que je mm de
Ara, Son alla gauehe lui fut ahwhlr
manà twiÉîln. ni l'ennemi narla tiftnliSf
ses forcei contre Taite droite des Fran**
Cais. qui n'y purent résister.
Je permets que les troupes prussien-^
nés occupent, aussi bien que les autres*
d9S postes avantageu!!, et s'en servent
pour un mouvement et pour tirer avan-
tage de leur artillerie; mais il faut
qu'elles quittent tout d'un coup ce posto
pour marclier fièrement à Tennemi qui,
au lieu d'attaquer, est attaque lui-
même, et voit son projet renversé :.
car tous les mouvemens que l'on fait
en présence de son ennemi, sans qu'il
s'y attende, sont d'un très bon eOet.
U faut compter ces sortes de bataille»
au nombre des meilleures. On y atta-«
que toujours par l'endroit le plus faible.
Dans ces occasions, je défendrais à
mon infanterie de tirer ; car cela ne
fait que l'arrêter, et ce n'est pas le
nombre des ennemis tués qui voui
donne la victoire, mais le terrain que
vous avez gagné.
Le moyen le plus sûr pour rempor-v
ter la victoire, est de marcher fiére^
ment et en ordre & l'ennemi, et de ga>
gner toujours du terrain.
Un usage reçu est de donner quinia
pas d'intervalle aux escadrons dans un
terrain difficile et coupé ; au lieu quo»
dans un pays uni, ils se forment sur
une ligne pleine.
L'infanterie ne gardera pas d'autres
intervalles eqtre elle que ceux qu'il
faut pour le canon. II n'y a que dans
les attaques des retranctbcmens, dans
celles des batteries et des villages, çt
aussi dans les arrière*gardes de retraite
qu'oo place la cavalerie et l'infanterie
en échiquier, pour renforcer tout d un
coup la première ligne, en faisant en-
trer la seconde dans les intervalles de
la première, pour que les troupes puis-
sent se replier sans désordre, et se sou-
tenir les unes les autres ; ce qui est uue
règle qu'on doit toujours observer.
ttft INSTRUCTION MlUrAlKB
'L'occasion se présennte ici de yousj
donner quelques règles principales sur
c6 que TOUS aurez à observer quand
TOUS mettrez votre armée en bataille,
dans quelque terrain que ce puisse être.
Ca première est de prendre des points
de vue pour les ailes ; que faile droite,
par exemple, s*aligne au clocberdeNN.
Il faut encore que le général ait
grande attention à ce que ses troupes
ne prennent pas une fausse position.
II n'est pas toujours nécessaire d'at-
tendre que toute Tannée soit en ba-
taille pour commencer l'attaque. L'oc-
casion vous présente souvent des avan-
tages, que vous perdrez mal è propos
en tardant d'en profiter.
Cependant, il faut qu'une bonne partie
de l'armée soit en bataille , et vous aurez
particulièrement pour objet la première
ligne, sur laquelle vous réglerez l'or-
dre de bataille. Si les régimens de cette
ligne nesontpas tous présens, ils seront
remplacés par d'autres de la seconde.
Vous appuierez toujours vos ailes,
ou au moins celles qui doivent faire les
plus grands efibrts.
Les ordres de bataille, en rase cam-
pagne, doivent être partout également
forts ; car tous les mouvemens de l'en-
nemi y étant libres, il pourrait bien se
réserver un corps qu'il emploierait à
vous donner de la besogne.
En cas que l'une des deux ailes ne
fût pas appuyée, le général qui com-
mande la seconde ligne, doit envoyer
des dragons pour déborder la première
ligne, sans en attendre l'ordre ; et les
hussards, tirés de la troisième ligne ,
viendront déborder les dragons.
La raison en est que, si l'ennemi fait
un mouvement pour prendre la cava-
lerie de la première ligne en flanc, vos
dragons et hussards, à leur tour, exécu-
teront la même manœuvre, ce qui ré-
tablit l'état premier.
llaus ce cab, je ferais piaoer trois ba-
taillons dans l'intervalle des denx li-
gnes de l'aile gauche de mon inlfante-
rie, pour mieux asanrer cette aiie; car
supposé que votre cavalerie fût battue,
ces bataillons empêcheront teqjoorB
que l'infanterie soit entamée, comme
nous en avons eu l'exemple à Moiwib.
Le général qui commandera la se-
conde ligne, observera une distance de
trois cents pas entre elle et la première,
et s'il s'aperçoit de quelques intervalles
dans la première ligne, il y fera entrer
des bataillons de la seconde.
Dans la plaine, il faut qu'il ait tou-
jours une réserve de cavalerie, qui doit
être commandée par un officier de tète,
puisqu'il faut qu'il agisse par lui-même,
soit en portant du seconn à l'aile qu'il
verra en avoir besoin, soit en prenant
en flanc l'ennemi qui poursuivra l'aile
mise en déroute, pour donner, par là,
le temps à la cavalerie de se rallier.
La cavalerie attaquera an grand ga-
lop, et engagera l'afiaire^ L'infanterie
marchera à grands pas à l'ennemi. Les
commandans des bataillons auront at-
tention de percer rennemi, de l'enfoo-
oer, et de ne faire usage de leur fea
que quand il aura tourné le dos.
Si les soldats commençaient à tirer
sans ordre, on leur ferait remettre leurs
armes sur l'épaule, et ils avanoeraieot
sans s'arrêter.
On fera des décharges par bataillon
lorsque l'ennemi ooDunenoera à plier.
Une bataille, engagée de cette bçon
sera bientêt décidée.
On peut employer encore un nou-
vel ordre de bataille, diffiirent de» au-
tres en ce qu'il y a des corps d'infante-
rie aux extrémités des ailes de la cava-
lerie. Les bataillons sont destinés a
soutenir la cavalerie, et à fouetter au
commencement de TaffUre avec leurs
canons, et celui des afles de rininte-
DU ROI DE PRUSSR.
263
rie, la caftlerie eonemie, alin que la
nôtre ait plus beau jeu en allant Tatta-
qaer. Une antre raison est qne si votre
aile a été battue, l'ennemi n'osera la
poursoiYre, car il se mettrait entre
deazfrax.
Lonqne ? otre cayalerie, selon toute
afipirence, sera victorieuse, cette in-
Ganterie s'approchera de celle de l'en-
nemi ; les bataillons qui sont dans les
intenralies, feront un quart de conver-
sion, et se mettront sur vos ailes, pour
de là prendre rinfanterie ennemie en
queue et en flanc ; de sorte que vous
en aorei meilleur marché.
L'aile victorieuse de votre cavalerie
ne laissera pas le temps à celle de Ten-
nemi de se rallier, mais la poursuivra
en ordre et tâchera de la couper de
•on infanterie. Quand le désordre y
sera général, le commandant de la ca-
valerie Itchera après eux les hussards
qu'il fera soutenir par la cavalerie. Il
détachera en même temps des dragons
du oAté du chemin que les fuyards de
l'infiaoterie auront pris, pour les ra-
manaer, et pour faire un plus grand
nombre de prisonniers, en leur cou-
pant tonte retraite.
La difiérence de cet ordre de bataille
aux antres, est encore,que les escadrons
de dragons sont mêlés dans l'infanterie
de la seconde ligne : ce que je fais,
parce que dans toutes les affaires que
noua avons eues avec les Autrichiens,
j'ai remarqué que le feu de la mous-
queterie ayant duré un quartHi'heure,
leurs bataillons ont commencé à tour-
nerjÉtonr de leurs drapeaux. Notre ca-
Talerie enfonça à la bataille de Uohen-
Friedberg plusieurs de ces tourbillons,
et en fit beaucoup de prisonniers. Les
dragon^étant à portée, vous les lance-
rei de inite sur eux, et ils les écrase-
ront sArement,
On dira que je défends de tirer, et
que, dans toutes ces dispositions, je
n'ai pour objet que do me servir de
mon artillerie ; je répondrai à cela que
des deux choies que je suppose, il en
arrivera une : ou que mon infanterie
tirera malgré la défense, ou qu'en
obéissant à mes ordres, l'ennemi com-
mencera k plier. Dans l'un et l'autre
cas, il faudra détacher la cavalerie con-
tre lui, aussitôt qu'on verra que la con-
fusion se met dans ses troupes, qui,
étant attaquées d'un cdté par leurs
flancs pendant qu'on les charge de
front, et voyant leur seconde ligne de
cavalerie coupée par la queue, tombe-
ront presque toutes en votre puissance.
Ce ne sera pas alors une bataiUe,
mais une destruction totale de vos en-
nemis, surtout s'il n'y a point de défilé
dans le voisinage qui puisse protéger
leur fuite.
Je Gnirai cet article par une seule ré-
flexion ; c'est que si vous marchez en
colonne à une bataille, soit par la droite
ou par la gauche, il faudra que les ba-
taillons et les divisions se suivent de
près ; pour que vous puissiez prompte-
ment vous mettre en bataille, lorsque
vous commencerez à vous déployer.
Mais si vous marchez de front, les ba-
taillons observeront bien leurs distan-
ces, afin qu'ils ne se serrent ni ne s'ou-
vrent trop.
Je fais une distinction entre le gros
canon et les pièces de campagne qui
sont attachées aux bataillons. Le gros
canon sera placé sur les hauteurs,
et les petites pièces, à cinquante pas
en avant du front des bataillons.
Il faut que l'un et l'autre visent bien
et tirent de même
Quand on se sera approché à cinq
cents pas de l'ennemi, les petites pièces
seront traînées par des hommes, et
resteront, pour continuer à tirer sans
relAche en avançant.
254
MSTRtCTlOfl MILltAIBB
si l'ennemi commence à fuir, le gros
lanon avancera , pouf faire encore
fuelques décharges, et pour lui souhai-
ter bon voyage.
A chaque pièce en première Iigoe,
t faut quil y ait six canotiniéfs €t trois
iharpentiers des régimens. J'ai oublié
le dire qu'à trois cent cinquante pûSi
le canon commencerai à tifef à Cftrtoti<'
thés.
Quand t6ti« tillfêz pôHtiil I UMiCi
choses, Vous ferez ffiarcpiet le câiûp;
mais il fdtit que cela âe fasse dans les
règles, ^tis se laisser etidormif pftr la
sécurité.
Si la yietoire a été cotUptèté, On
pourrai fAire déd détâchettieM, soit
pour cotipéf Ift retraité k teàfiefid, sôit
pour fbi enlever des tfiâgttsjifs, dif potir
«siéger trois oû quatre Villes à la
Mais à quoi servira Tart de vaincre^ fols.
41 vous né savez pas profiter de votre
avantage? Répandre le sang de Ses
Soldats inutilement, c'est les mener
inhumainement à la boucherie ; et ne
pas poursuivre ^ennemi dans de cer-
taines occasions , pour augmenter sa
peur ou faire plus de prisonniers , c^ést
remettre au hasard tine affaire qui vient
d'être décidée. Cependant le défaut
des subsistances et les grandes fatigues
i)euvent vous empêcher de poursuivre
es vaincus,
C'est k faute du général en chef
quand il manque de vivres. Lorsqu'il
donne une bataille, il a dû, après avoir
cdtiçu et mûri son plan, prévoir tout
pour son exécutioù ; il faut doïiC se
j>rocurer du pain oU dû bisôtiit pour
huit ou dix jours. Quant flux fatigues,
Si elles n'ont pas été excessives, il fau-
dra dans des occasions éltfflofdtrfflffes
faire aussi des choses extraordinaires.
Après une victoire remportée, je
teux qu'on fasse Un détachement des
régimens qui ont te pluS souffert, puis
qu'on ait soin dés blessés, et qU^on les
fasse transporter aut hâpitaux qtfon
le ne puis dotiner qtie âei règles gé-
nérales sur cet article, it faddra se gui-
der sur les éséûetûett9 ; Il ne faut ja-
mais s'imaginer avoir tout fut, tatit
((tt'il y a encore quelque cfausé à faire;
et 11 ne faut pas croire non plus qu'un
ennemi un peu habile mauqué de pro-
fiter de vos fautes, quôiqo'if ait été
vaincu.
Les règles qu'oit a à ûbserter datu
tn jour de imtaille, soiit les mêmes
pour les petits etmMiâ eutre les défi-
chemens.
91 les défachetfietrs savent sé ména-
ger inéme un faible seeuuy, <tti), pen-
dant le combat, fkûùé les joindre,
f affaire se (ermiuera ordinairement en
leur faveur ; car l'ennetnl, voyant arri-
ver du secours, le crohra trois fols plus
fort qu'il ue f est eu réalité, et péf^ra
courage.
Lorsque notre Infanterie n*^A Mfatre
cfu'â des hussards, elle se met quelque-
fols sur deui ra^gs, pour présenter un
plus grand front, et pour faire ses dé-
charges pluff aisément. Ëu géttérat, 6n
fait bien de l'hofiueur aut hussards.
• aura déjà établis. On commence par (piand on leur présente Un corps tfîn-
Soigner ses blessés, sans otiblierce que ftinterie sur deux rangs.
l'on doit à l'ennemi. Bans Une bataille perdue, ië phs
En attendant, taffhé€ p<wfftfttîvra grand maf n'est pas la perfe rfc< fiom-
jusqVAu premier défilé l'ennemi qui, mes, maïs (e décotïragement deî trou-
dans là première cofistématîoiî , ne pes quf s'en suit j caf quatre eu cinq
fléridrà pas, pourVu qU*on né lui donne mille honmies de plus dfana une armée
pas le temps de féSpfa'ér, de cinquante mille, Éé Sdttt ptt une
M EOI DE PRUSSE.
grande diflérence pour pouvoir
décourager.
Un général qui a été battu, doit tâ-
cher de revenir des fâcheuses impres-
fliona qui suivent la perte d'une ba-
taille, et ranimer, par sa bonne conte-
naoee, rolBcier et le soldat. Il ne doit
non plus augmenter ni diminuer
perte.
Je prie le ciel que les Prussiens ne
«>îent jamais battus ; et j'ose dire que
tant qa'fls seront bien menés et bien
disciplinés, ils n'auront jamais à crain-
dre an tel revers.
Mail en cas qu'un pareil désastre
leur arrive , vous observerez les règles
suivantes pour réparer Taffaire. Quand
irons ferrez la bataille perdue sans res-
source, et que vous ne pourrez vous
opposer aux mouvemens de Tenue-
itai , ni lui résister plus long-temps,
tous prendrez la seconde ligne de Tin-
fanCerf e ; et s'il y a un défilé à por-
tée, vous le lui ferez garnir, selon la
disposition que j'en ai donnée dans
rartide det retraites, et en y envoyant
ioflsi autant de canon que vous le
pourrez.
BTil n'y a point de déGlé dans le voi-
ifauge, votre première ligne se retirera
^ les intervalles de la seconde, et se
remettra en bataille à trois cenls pas
(fcrfière elle.
Vous ramasserez tout ce qui vous
restera de votre cavalerie, et si vous
foulez, vous formerez un carré pour
protéger votre retraite.
Noos trouvons deui carrés célè-
bres dans rhistoire ; l'un fait par le gé-
néral Schulenbourg, après la bataille
dé Fraaenstadt, au moyen duquel il se
fttira au-delà de l'Oder, sans que
Charles XII pût le forcer ; et celui du
prince d'Anhalt, lorsque le général de
Slinim perdit la première bataille de
Hœchstfaet. Ce prince traversa une
ISS
plaine de deux lieues sans que la cava-
lerie française osAt Tentamcr.
Je finirai par dire que, si l'on a été
battu, il ne faut pas pour cela se retirer
à quarante lieues, mais s'arrêter au
premier poste avantageux qu*on trou-
vera, et y faire bonne contenance pour
remettre l'armée, et pour calmer ies
esprits de ceux qui sont encore décou-
ragés*
ARTICLE XXIII.
Par qaeUe rtifOB et eommeiii il ImC livnr ba-
taille.
On doit convenir d'abord du sens
que Ton attachera au mot bataille. Une
bataille digne de ce nom, et qu'il faut
bien distinguer d'une affaire ou d'un
combat, décide du sort d'un État. Il
faut absolument dans la guerre en ve*
nir à ces actions décisives, soit pour se
tirer de l'embarras de la guerre, soit
pour y mettre son ennemi, soit pour
terminer une querelle qui se prolonge
trop. Un homme sage ne fera aucun
mouvement sans en avoir de bonnes
raisons, et un général d'armée ne don-
nera jamais bataille s'il n'a pas quel-
que dessein im|)ortant. Lorsqu ilysera
forcé par Fennemi, ce sera assurément
parce qu'il aura fait des fautes qui l'o-
bligent de recevoir la loi da son en-
nemi.
On verra que, dans cette occasion,
je ne fais pas mon éloge ; car des cinq
batailles que mes troupes ont livrées à
l'ennemi, il n'y en a que trois que
j'eusse préméditées : j'ai été forcé à
donner les autres. A celle de Molwitz,
les Autrichiens s'étaient placés entre
mon armée et Wohiau, où j'avais mon
artillerie et mes vivres. A celle de Sorr,
les rnneniis me coupaient le chemin
IIISTBUCTION
de Trautenan, de aorte que, sans cou-
rir risque de perdre entièreroent mon
armée, je ne pouvais éviter de com-
battre. Mais qu'on examine la diffé-
rence qu'il y a entre les batailles for-
cées et celles qu'on a préméditées.
Quel succès n'ont pas eu celles de Ho-
hen-Friedberg et de Resselsdorff, et
celle de Czaslau qui nous procura la
paix !
En donnant les règles pour les ba-
tailles, je ne soutiendrai pas que je
n'aie manqué souvent par inadver-
tance ; mais il faut que mes ofQciers
profitent de mes fautes, et qu'ils sa-
chent que je m'appliquerai à m'en cor«
riger.
Quelquefois les deux armées ont en-
vie de se battre ; alors l'affaire est bien-
tôt vidée.
Les meilleures batailles sont celles
qu'on force l'ennemi de recevoir, car
c'est une règle constatée, qu'il faut
obliger l'ennemi à faire ce qu'il n'avait
pas envie de faire ; et comme votre in-
térêt est diamétralement opposé au
sien, il vous faut vouloir ce que l'en-
nemi ne veut pas.
Il y a plusieurs raisons pour les-
quelles on donne bataille. C'est, ou
pour forcer l'ennemi à lever le siège
d'une place qui vous serait convenable,
ou dans la vue de le chasser d'une pro-
vince dont il s'est emparé, ou de pé-
nétrer dans son pays, ou de faire un
siège, ou de réprimer son opiniâtreté,
lorsqu'il refuse de faire la paix , ou en-
fin pour le ch&tier d'une faute.
Vous obligerez encore l'ennemi de
combattre, quand vous viendrez, par
une marche forcée, vous mettre sur ses
derrières, et lui coypcr ses communi-
cations ; ou quand vous menacerez une
ville dont la conservation l'intéresse.
Mais vous vous garderez bien, en
faisant ces sortes de manœuvres , de
XILITAIBE
vous mettre dans le même incoDTé-
nient, ni de prendre une position pir
laquelle l'ennemi puisse vous couper
de vos magasins.
Les affaires où l'on risque le mofni,
sont celles qu'on entreprend contre les
arrières-gardes Si vous avez ce des-
sein, vous vous camperez fort près de
l'ennemi ; et lorsqu'il voudra se retirer
et passer des défilés en votre présence,
vous attaquerez la queue de son année.
Dans ces affaires, on gagne beaucoup.
C'est encore la coutume de se harce-
ler, pour empêcher les corps ennenus
de se joindre. Cette raison est asses
valable ; mais un ennemi habile aura
l'adresse de vous échapper par une
marche forcée, ou de prendre un poste
avantageux.
Quelquefois on n'a point intention
d'engager une affaire ; mais on y est
invité presque par les fautes de l'en-
nemi, dont il faut profiter pour le pu-
nir.
A toutes ces maximes, je joindrai
encore que nos guerres doivent être
courtes et vives, puisqu'il n'est pas de
notre intérêt de traîner l'affaire ; une
longue guerre ralentit insensiblement
notre admirable discipline, et ne laisse
pas de dépeupler notre pays et d'épui-
ser nos ressources.
Par cette raison, les généraux qui
commanderont des armées prussien-
nes, tâcheront, quoique heureux, de
terminer l'affaire promptement et avec
prudence. Il ne faut pas qu'ib pensent
comme le maréchal de Luxembourg,
à qui son fils disait, dans une des
guerres de Flandre : Il me parait, mon
père, que nous pourrions prendre en-
core une ville. A quoi le maréchal ré-
pondit : Tai»-toi, petit fou; veux-ta
que nous nous en retournions diei
nous pour y planter des choux ? En qb
mot, en matière de batailles, il font
nrivro k WAtane do San oérib des Hé-
breni : qa'îl vaut mieux qu'un homme
përbae que tout un peuple.
Pour ce qui est de châtier l'ennemi
de ses fauten, on n'a qu'à lire in rcla-
Ifoii de la babiîiie île Senef, oii le prince
de Cond«: enUimn une oirairc irarrière-
gnrde contre le prince d'Orange « dont
l'année, contre toute prévision, fut
mise en déroute. 1^ prince de Wal-
deck fut complètement battu dans une
autre drcoDStance , pour avoir négligé
d'occuper un défllé qui devait proté-
ger la retraite de son arrière-garde. Le
maréchal de Luxembourg profita éga-
lement, à llaucoux, d'une faute du
général ennemi qui se vit arracher une
Tictoire certaine: on pourrait multi-
(Bar les exemples.
ARTICLE XXIV.
«
•I drt •ccldtnt Impréf ui qol arri-
vcni i li gotm.
le ferais un article bien long, si je
^^aalab traiter de tous les accidens qui
lieiif ent arriver à un général dans la
goerre. Je me retrancherai à dire qu'il
j faut de l'adresse et du bonheur.
Les généraux sont plus à plaindre
qu'on ne pense. Tout le monde les con-
damne sans les entendre. La gazette les
expose au jugement du plus vil public.
Eatie plusieurs milliers de personnes,
B n'y en a peut-être pas une qui sache
conduire le moindre détachement.
Je n'entreprendrai pas de parler en
ftveur des i^néraux qui ont fait des
ftntes. Je sacrifie même ma campagne
de 17U ; mais J'ajoute, qu'avec plu-
lieurs fautes, j'ai fait quelques bonnes
expéditions comme, par exemple, le
aiége de Piagne, la retraite et la dé-
fense de Kolin, et encore la retraite en
Silésie. Je ne les toodiarai plM. Je é^
rai seulement qu'il y a des évènemens
malheureux, contre lesfiels, ni la pré-
voyance humaine, ni des réflexions so-
lides ne font rien.
Comnic je n'écris que pour mes gé-
néraux, je n'alléguerai ici d'autres
exemples que ceux qui me sont arri*
vés. Lorsque nous fûmes à Reichen*
bach, j*avais formé le dessein de gagner
la rivière de la Neiss par une marche for-
cée, et de me mettre entre la ville de
ce nom, et Tarmée du général de Neu-
perg, pour lui couper sa communica-
tion. Toutes les dispositions furent
faites pour cela; mais il survint une
grosse pluie, qui rendit les chemins si
impraticables, que notre avant-garde,
qui menait les pontons avec elle, ne
put pas avancer. Pendant la marche de
l'armée, il Ot un brouillard si épais,
que les troupes qui avaient été de
garde au village, s'égarèrent, de sorte
qu'elles ne purent retrouver leurs ré-
gimens. Tout alla si mal, qu*au lieu
d'arriver le matin à quatre heures,
comme je l'avais projeté, on n'arriva
qu'à midi. Il ne fut plus alors question
d'une marche forcée, l'ennemi nous
prévint et détruisit mon projet.
Si les maladies se mettent dans vos
troupes pendant vos opération», elles
vous mèneront à la défen«ve ; comme
il nous arriva en Bohème l'année 17(1 ,
à cause de la mauvaise nourriture
qu'on avait fournie aux troupes.
A la bataille de Hohen-Friedberg ,
j'ordonnai à un de mes aides-dc«camp
d'aller dire au margrave Charles de se
mettre, comme le plu^ ancien général,
à la tète de ma seconde ligne, parce
que le général Kalckstein avait éU dé-
taché à l'aile droite contre les Saxons.
Cet aide-de*camp fit un ««uiproquo, et
porta ordre au margrave de former la
seconde ligne de la première. Je m'a-
17
*jw»|u§ttetiWWit'm«lit de cette méprise,
* « J'ettîl ëhcôhe le temps dt; la réparer.
OA ijblt ]iifMM>h9é(|uent ôlre toujours
-'Wir se» giirdes, et songer qn'ane com-
mission mal exécutée peut gâter uoe
iRafré. Si un géitéral Tient à tomber
malade, ou qu'il soit tué à la tète d'un
~ détachement d'importance,- plusieurs
de vos mesures en seront dérang«*es ;
car il faut de bonties tètes et de l)ons
gënéraut qui aient de la râleur, pour
agir oITenSiTement. Le nombre en est
petit; je n'en ai tout an plus que trois
OU quatre dans mon armée.
8î, malgré toutes vos précautions,
= rènnémi réussit h vous cnlev(;r quel-
' que convoi, toutes vos mesures seront
encore dérangées, vos projets renver-
sés et suspendus.:
I^i des ^disons dé ^lierre vous bbli-
' gent de f^iré nvoc Tarnldc des mouvë-
mens en arrière^ vos troupes eii seront
■décodragérs. l'ai été dsseï heureux
pMt n>îi pas faire l'expérience avec
téute mon armée, mais j'tif remarqué,
à lar bataille de Molwitz, œmbieh il
■ 'feut do temps polir mssuier nn corps
' «tbi k été riédidmtté. Ma cavalerie était
aU>rs tellt^ment dét^huë ; qu'elle se
croyait HfeîiM», è la boudiôriô ; j'en fis
' 1It'!T^tK!tilf<tachemT^R{)o(irl'a^(iérriret
^ Ma faire dgtr. jCe^i'e st qde depuis la ba-
talito de UoMMi-Fiielilberg que com-
' tnence l'époque où elle ost devenue œ
qu'elle aurut dîi ètrcv etee qu'aie est
a présent ;o
r ' l'enhèmiaydritHéoôuvertue^pion
'.H'im^rtnnco qut* vous aure» dans sob
''^cdmp; vdùs pcrdres la boussole mr bi-
' quelle vous vous éticf ^enté^ et vous.
*' n'apprendroÈ de ses mouvenenë: ^ue .
ceux que vous verret.
iNNMfrrrrms luuMimK
rb;4'orSder éb IftuHnrdu i|ii1>H:iln»l
envof é à la décoaTefte, àfant méfjtiiè
son devoir, noua fûmes à loi mm fn'il
en sodpçoiiAAt la maindre chtse. On
ofik'îér du régiment de Zietben (1) fit
négligemment sa patrotûne dans la
nuit où l'ennemi ronstruiaît sea pontl à
Seimiti^ et surprit les équipages.
Vous apprendre! par ce que je néia
de dirê^ qu'il ne faut jamais conBer ia
sûreté de toute une armée à laviglhrrice
d'un simple officier. Des affaires d'iue
si grande couséqdénbe ne doivent Ja-
mais dépendre d'un seul homme, ea
d'un officier subalterne. Imprimer
vous bien datls la mémoire ce que f ai
dit à C6 sujet dans l'article 4e la dé-
fense des rivières^
Les patrouilles et tel partis détachés
pour reconnaître, ne doivent être re-
gardes que comme une précaution su-
perilue ; il ne faut JAmaip s'y fier, mais
en prendre 'd'autres pliis solides et plus
sures.
I a trahison dans une armée est le
plus<;rand malheur de tous. Le prince
JSugèfiq fuif e)S l'année ITSâ^-^tratai par
le général St , 4|U0 tes Fmwûs
avaient corrompu^ Je perdis Cosel. |^
la. trahison d'i^i oiScier de ia garnison,
qui dés^ta à rennemi^et lui serait .de
« (1) Il w peut rori^iei) que l'ofèder diiZl»-
thoji n'ait pas fiii exacteiicnt gob devoir. Hais
il :^li hM ifinti-iié \ dèlik rMi\ îMïttoâ de
-met te p««tpe ri*iiiib rivMn; laN qoelTlbe,
4u t^i<^ de TeiQîijL Les^uitfiMrs tifê PrOMiffu,
par le front qu'ijf avaient à déhiadre, n'étaieni
pas «>M«z reàseri^s pbùir se soutenir pfcHBipte-
*iiVm: di en tMé cû^lthm-àfkù^àà^ii'aom'
^éinu (^ (luiiTMlrSMiDreDamHafli^ dMjMMSn.
C' t oiemplfi fiiii \Q|r fU9,Jles dUpçeHio^i les
r
\jk nèt:li«enct^ dest^ffiders dôhchrs | '''""^ '''^^' t^ l^"» niicpx dirigées, .^.^h^uiTom
pour rocoTî naître , peut vous ineMr ■ . ^ »
' dans te dernier embarras. Leinarédi}:. ■ r
I
* " àè Neuperg'fut surpeis d^e^tte maiû
- n II h Kèr(l^ë^i^'M'lH>p^mM«tMai«,
f f. Biliiin<*n eiantiiBisè. da lemÉi.M
;.\'i'ik ce défaut.
. t ■ 1 .
•»f
DU ROI DE TRCSSI.
guide. Il s'ensuit enfin de tout ceci, introduites parmi mes troupes. L'objet
qa*il ne faut jamais, môme au milieu de ces manœuvres est de gagner du
dn bonheur, se fier à la fortune, ni
âerenir orgueilleux dans les succès ;
mais songer toujours que le peu que
vous aurez d'esprit et de prévoyance,
n*est qu'un jeu du hasard et d'accidens
imprévus, par où il plaît à je ne sais
quel destin , d'abaisser Torgueil des
hommes présom])lueux.
AliTFCLE XXV.
M est ibsu1otiit*nl néiT»saire quun ^^aéral
d'armée ^ienae lonscil cJr. guerre.
Le prince Eugène avait coutume de
%e qu'un général qui avait envie de
ne rien entreprendre, n'avait qu'à le-
nirconscil de guerre. Cela est d'autant
plus iTai, que les voix sont ordinaire-
ment pour la négative. Le secret même
V^i est si nécessaire dans la guerre, n'y
ttt pus observé.
t'n général à qui le souverain a con-
fié SCS troupes, doit a^ir par lui-même ;
et la confiance que le souverain a mise
dans ce général, l'autorise à faire tout
^aprèsses lumières.
Cependant je suis persuadé qu'un
C^néral à quj même un ofiicicr subal-
^roe donne un conseil, en doit profit
^; puisqu'un viai citoyen doit sou-
itlior lui-même, et ne re^iarder qu'au
Ueo (]^ Tallaire, sans s'embarrasser si
^ qui l'y mène provient de lui, ou
d'utt autre, (M>urvu qu'il parvienne à
«»Uns.
AllTICLE XXVI.
D^s manœuvres d'une arm^e.
^n vetf a, par les maximes que j'ai
^'^IriiM dans cet outrage , sur quoi
temps dans toute occasion, de déci-
der une aiïaire plus promptement qu'il
n'a été d'usage jusqu'à (présent; et en-
fin de renverser l'ennemi par les fu-
rieux chocs de notre cavalerie. Par
cette impétuosité, le poltron est entraî-
né, de façon qu'il est obligé de faire
son devoir aussi bien que l'homme bra-
ve. Aucun cavalier n'est inutile. Tout
dépend de la vivacité de l'attaque.
Je me flatte donc que tous les géné-
raux, convaincus de la nécessité et de
l'avantage de la discipline, tâcheront
d'entretenir toujours la nôtre, et de la
perfectionner, tant en temps de guerre,
qu'en temps de p^iix.
Je n'oublierai jamais ce que Végèce,
dans un certain enthousiasme, nous dit
des Romains : Et à la fin, la diêcipUnê
romaine tiwmpha des corps allemands ,
de la force de» Gaulois, de la ruse des
Allemands, du grand nombre dis Har-^
Lares, et subjugua l'uniters connu. Tant
la prospérité d'un État est fondée sur
la discipline de son armée.
ARTICLE XXVIL
Des quartiers d*hiver.
La campagne étant terminée, on
songe aux quartiers d'hiver. On en fait
l'arrangement selon les ci? constances
où Ton se trouve.
On commence par la chaîne des
troupes qui couTrirotit les quartiers.
Les chaînes se formeront de trois ma-
nières : ou derrière une rivière, oû à
la fiiveur des postes défendus par des
montagnes, ou sous la protection de
quelques villes fortifiées.
Dans rhiver de 17il à 17<^2, le corps
de mes troupes qui avait des quartiers
louVe la UtfV.'rie des évolntions que j'ai d'hiver en Bohème, prit les siens der-
UtSTMCTIOPf MILITA l&I
nère TEIbe. La chaîne qui les couvrait
commençait à Brandeis, et allant pnr |
fnenbourg, Kolin, Bodjebord et Par- j
dahîtz »e terminait à Kœnitgingrstz.
rajouterai ici qu'il ne faut jamais se
Rer aux rivières , puisqu'on peut les
passer partout lorsqu'elles sont gelées.
Vous aurez la précaution de mettre
des hussards dans tous les endroits de
la chaîne, pour être attentifs à tous les
mouvemens de l'ennemi. Ils feront des
patrottiles fréquentes en avant, pour
Mvoir si l'ennemi est tranquille, ou s'il
ISut assembler des troupes. Il faut en*
core que de distance en distance, ou-
tre la chaîne de l'infanterie, il y ait des
brigades de cavalerie et dinfanterie,
pour être prêtes à donner du secours
partout où l'on en aura besoin.
Dans l'hiver de 1744 à 1745, nous
formâmes la ehalne de nos quartiers
te long des montagnes qui sépa-
rent la Silésie de la Bohème, et nous
gardâmes exactement les frontières de
nos Quartiers, pour être en repos.
Le Ueutenant^général de Truchsess
avait k observer le front de la Lusace
jusqu'au omité de Glatz, la ville de Sa-
gan, et les postes de Schmiedeberg à
Friedland. Ce dernier endroit était for-
tifié par des redoutes. Il y eut encore
quelques autres petits postes retran*
chés sur les chemins de Schaziar, Lie-
ban et Silberberg. Le général de Tru-
chseas s'était ménagé une réserve* pour
soutenir le premier de ces postes qui
viendrait à être insulté par l'ennemi.
Tous les détachemena étuenteouverts
par lesabatis bits dans les bois, et tous
les cbemins menant en Bohème,
avaient été rendus impraticables. Cha-
que poste avait ses hussards pour re-
•ounaUie.
Le général Leh wald couvrait lecomté
de Glatz par un pareil détachement, et
avec la nïème précaution. Ces deux gé-
néraux se prêtaient la main, de sorte
que, si les Autrichiens avaient marché
contre le général de Truchsess, le gé-
néral Lehwald entrait en Bohème, pour
prendre l'ennemi en queue , et réci-
proquement l'antre. ^.
Les villes de Troppau et de Jiegern-
dorf étaient nos têtes dans la haute Si-
lésie, et la communication était par Zie-
genhals et Patskau à Glatz, et par Neus-
tadt à Niess.
J'avertirai ici qu'il ne faut jamais se
fier aux montagnes, mais se souvenir
toujours du proverbe qui dit que par-
tout où passe une chèvre, un soldat
passera.
Pour ce qui concerne les chaînes des
quartiers qui sont soutenus par des
forteresses, je vous renverrai aux quar-
tiers d'hiver du maréchal de Saxe. lU
sont les meilleurs, mais on n'a pas la
liberté du choix, il faut faire sa chaîne
selon le terrain qu'on occupe.
J'établirai ici pour maxime, qu'il ne
faut pas s'opini&trer dans les quartiers
d'hiver pour une seule ville ou pour un
poste, à moins que l'ennemi ne vous
gêne trop de ce <:ôté. Car vous devez
porter toute votre attention à avoir de^
quartiers d'hiver tranquilles.
Pour seconde maxime, j'ajouterai
encore que la meilleure méthode est
de distribuer les régimens par brigade
dans leurs tpiartiers d'hiver, afin qu*ils
soient toujours sous les yeux des gé-
néraux. Notre service exige aussi de
placer, s'il est possible, les régiment
avec les géntoux qui en sont les chefs.
Mais il y a des exceptions à cette règle.
Le général d'armée jugera si cela peut
se faire.
Voici présent ement les règles sur
l'entretien des troupes en quartiers
d'hiver.
Les circonstances voulant absolu-
ment que l'on prenne les qaartien ifhl
M MH m FAUlil.
T«r diBS flon pays, alors ii faut que les
<-apitaiDeg et I^ officiers subalternes
aient nae gratification proportionnée
lui douceurs ordinaires qu'ils reçoi-
^Dt dans leurs quartiers d'hirer. Le
loldat^ava le pain et la Tiande gratis.
Mais les quartiers d'hirer étant dans
un pays ennemi, le général en chef des
tnmpes aura qninie mille florins, les
généraux de la cavalerie et de l'nfante-
rie auroot chacun dix mille florins; les
Beotenans généraux, sept mille ; et les
majors généraux (maréchaux de camp)
daq mille ; les capitaines de caTalerie
auront chacun deux mille florins ; ceux
de l'infanterie , dix-huit cents ; et
les sobaltemes, cent ducats ou quatre
à Aaq cents florins. Le soldat aura du
pdn, de la virade, et de la bière gratis,
que fournira le paya ; mais point d'ar-
gent, parce que cela fatorise la déser-
fion.
Le gteéral en chef tiendra la main
poQf que cela se fasse en ordre, et ne
pennàtn aucun pillage; mais il ne
daeanera pas Ti^der pour quelque
petit profit qu'il pourrait faire.
Si Fatmée est en quartier dans le
pays ennemi, c'est au général d'armée
d'if Ob' soin que les recrues nécessaires
M soient fournies. (D distribuera les
cercles de façon que trois régiment,
par exemple, seront assignés à l'un, et
quatre èun autre). Chaque cercle sera
wbdiriié aux régimena, coanme cela se
fait dans les eaaitona d'enrôlement.
Si les èMê du pays Teulent eux*
mêmes fournir les recrues, il n'en sera
que mieux, sinon on y emploiera la
force, n (but qu'eDes arrivent de bonne
toffe, pour que l'oifider ait le temps
le les OKeroer, et de les mettra en état
de flaire le serrice le printemps pro-
rfiah. Hais eéh ii*bmpéchera pas les
aapftafaiei d*eAn?oyer ^n recrue.
Camme le général en rhHT d^it se
mêler de toute cette économie, D aura
attention que les chetaux d'artillerie
et de vivres, qui sont un tribut du
pays, soient fournis en nature, ou em
argent comptant. D ne manquera pas
non plus d'avoir soin que les jcontribu-
tions soient payé^s très exactement an
trésor de l'armée. C'est aussi au pa) s
ennemi à faire réparer à ses dépens le»
chariots d'équipage, et tout ce quit
faut pour l'apparat d'une armée.
Le général portera toute son atten-
tion A ce que les oflDciers de cavalerie
fassent réftarer les selles, les brides,
les étriers et les bottes, et que ceux
d'infanterie se pourvoient de souliers,
de bas, de chemises et de guêtres pour
la campagne prochaine. Il faudra en*
core faire raccommoder les couvertures
des soldats, et leurs tentes ; il faut qu<»
la cavalerie aflDle ses épées, que l'in-
fanterie remette ses armes en bon étal
et que l'artillerie prépare la quantité
nécessaire de cartouches pour l'infan-
terie.
II reste encore au général A avoir
soin que les troupes qui forment la
chaîne, soient suffisamment pourvues
de pondre et de baUes, et qu'il n'y ait
rien qui manque dans toute l'armée.
Le général devra visiter quelques-
uns de ces quartien, pour examiner
l'établissement des troupes, et pour
s'assurer que les oificien font exacte^
ment leur service. Il faut fture exerce
non-seulement les recrues, mais aussi
les vieux soldats, pour les entretenir
dans l'habitude.
A l'entrée de la campagne, on chan^
géra les quartiers de cantonnement, al
on les distribuera selon l'ordre de ba-
taille ; savoir, la cavalerie aux ailes el
l'infanterie au centre. Ces cantonna»
mens ont ordinairement neuf I Ai:
lieues (quatre h cinq milles) de frotté
sur quatre (deux miHas) de ft^/tm4fwi
ses
ié^
\y
et lorsque tous derrex camper, on les
rétrécira un peu.
Je trouve qu*n est très convenable de
distribuer, dans les cantonnemens, les
troupes aux ordres des six premiers
généraux. Que Tun, par exemple,
commande toute la cavalerie de Tailc
droite, et Tautre ceHe de la gauche en
première ligne ; les deux autres com-
manderont celle de la seconde : de
cette façon, les ordres seront plus
promptcment expédiés, et les troupes
se mettront plus facilement en colon-
nes pour entrer au camp.
A Toccasion des quartiers d'hiver,
j'avertirai encore de vous bien garder ■
d'établir vos troupes dans les quartiers * nous n'aurions emporté, qu'apntelva
d'hiver, tant que vous n'aurez pas des ou quatre campagnes diflleiles, «ei^
avis certains que Farmée ennemie est nous gagnAmes par une simple maidi
entièrement séparée. Je recommande
à ce sujet de se souvenir toujours de
ce qui arriva à l'électeur Frédéric-Gull-
laufoe, quand le maréchal de Turenne
le surprit dans ses quartiers en Alsace.
t UUB
Je crois avoir fait plus de campagn
d'hiver qu'aucun général de ce siMi
je ne ferai pas mal de dire les moti
qui m'y ont déterminé.
A la mort de l'empereur Charles V
Tannée 17V0, il n*y avait que deax ri
gimens autrichiens en Siîésîe. Ayai
résolu de faire valoir les droits de ■
maison «ur ce duché, je fus «Uigé i
Caire la guerre en hiver pour pMÉfa
de tout ce qui me pouvait être a?Ml[
geux, et porter le théâtre de la guen
sur la Neiss.
Si j'avais pris le parti d*atteiidie;
j printemps , nous aurions établi <
jj^uerre en tri» Oossen et filogae, i
ARTICLE XXVm.
Dm mpptgiKS d*.IUTer en irarlicolier.
Jje^ campagnes d'hiver abhnent les
troupes ^nt par les maladies qu'elles
y ca^uscnt, que parce qu'étant obligées
d'élre toujours daj^ un mouvement
continuel, elles ne peuvent être ni ha-
billées, ni recrutées- Le même incon-
vénient se trouve pour l'attirail des
munitions de guerre et de bouche.
il est certain que la meilleure armée
du monde ne soutiendra pas long-lemps
de semblables cantpagnes, et qu*il faut,
par cette raispn , éviter les guerres
d'jûver^ coipme celles qui, de toutes
1^ e:y)é4itions, sont les plus condam-
ail)>les. Majs fl peut arriver tels évène-
mfinV W ^"jfll^P^ i^n général d'en ve-
0ir là.
Cette raison était, à mm «fia,
valable.
Si je n'ai pas réussi dans la campi
gne d'hiver de 174fi, que je fli p«
dégager les pays de l'électeur de Bi
vière, c'est que les Français y agii
saient en étoardrs «pt les Sasona (1) «
traîtres.
L'hiver de 17i5 à 1746, je fis ■
troisième oampa^ne d'-hiver^ parra qi
les Autrichiens ayant envahi la SîH
sie (2), je fus obligé de les od 4àm
ser.
Dès le commencement de )- hiver d
1745 h 1746, les Autrichiens et il
Saxons vevbireAt Caire une imiplie
dans mes pavs 'hérédilaîres, peorimal
tre tout à fcù ai à sang. J'agis ahHec
Ion mon principe, otjtt Icaptéi'in^l
(1) Lot piémoirps aulheotiquei d/t of icm
là JusiifieroDi pleinemeot U coodoile éi
SaiOM. Il serait Tort inutile de vouloir lii ÉÊê
culper Ici. C'eit la fable de It hréUt m é
loup
(2) L^hlMoiie ao 4iU rusmiU» étwlf^
vasion. Elle OQUf du sealeip^ qi|(9 |f effM
Charles fàt oMigé de quitter lee ^orib ial^^
pour sauver la Bohême.
. DU ROI DK PRUSSB.
||,IOIIlllîeD de rhivcr. 1» guerre dans
lecœorde leur pays.
Side pareilles circonstances venaient
se présenter encore, je n'hésiterais pas
de prendre le même parti, et j*approu-
lierais h conduite de mes généraux qui
wiTraient mon exemple : mais, sans
ceh, je blâmerai toujours ceux qui, in-
eoDridérémeot « entreprendront des
guerres d'hiver.
Poor ce qui regarde le détail de ces
campagnes dlurer, il faudra toujours
Cure marcher les troupes dans des can-
tonnemens bien serrés, et loger dans
norillage deux à trois régimens de ca-
valerie, mêlés même d'infanterie, s'il
peut les recevoir. On fait quelquefois
eatrer toute l'infanterie dans une
même ville, comme te prince d'An-
haltfitàTorgau, Eulenbourg, Meissen
et deux ou trois autres petites villes
e&Saxe, dont je ne puis plus me rap-
pderles noms; après quoi il vint se
*4|^per.
Lorsqu'on s'approchera de Tcnnemi,
OQassignera des rendez-vous aux trou-
pes, et l'on marchera sur plusieurs co-
loDoes, ainsi qu'à l'ordinaire; mais
'onqoe approchera le moment d'enta-
*>ier l'afiTaire et par conséquent d'enta-
mer les quartiers de l'ennemi, ou de
^tiarcher à lui pour le combattre, alors
't faut camper en bataille les troupes
^^emenrant à la belle étoile. Chaque
Compagnie allumera un grand feu pour
^^Msser la nuit. Mais, comme ces sortes
^ fatigues sont trop violentes pour
^ne l'homme puisse long-temps y ré-
éditer, il est indispensable de conduire
ces entreprises avec une célérité toute
extraordinaire. N'envisagez pas le
danger, n'en calculez pas les chances,
ne balancez pas un seul moment, pre-
une résolution ferme et prompte
S63
et soutono7-la avec toute la f'-nneté
dont vous êtes capable.
On doit se garder d'entreprendre une
campagne d'hiver dans un pays hérissi»
de places fortes ; car la saison ne vous
permettra pas de faire le siège des
grandes forteresses, que l'on no p(^ut
emporter par surprise ; qu'on soit
persuadé d'avance qu'un tel projet
échouera puisqu'il est impossible à exé-
cuter.
Si on a le choix, il faudra donner
aux troupes, pendant Thivcr, autant de
repos que faire se pourra, et bien em-
ployer r^ temps à rétablir l'armoe, afin
qu'on puisse, au printemps suivant,
prévenir l'ennemi à l'ouverture de la
campagne.
Ce sont-là à peu près les principa-
les règles des grandes manœuvres de
guerre, dont j'ai détaillé les maximes
autant qu'il m'a été possible. Je me suis
particulièrement appliqué à rendre les
choses claires et intelligibles; mais si
par hasard vous doutiez de quolqiïos
articles, vous me feriez plaisir de me
les communiquer, afin que je puisse
plus amplement déduire mes raisons,
ou me conformer à votre sentiment,
s'il est meilleur.
Le peu d'expérience que j'ai acquis
dans la guerre, m'a appris qu'on ne
peut pas approfondir entièrement cet
art, et qu'en l'étudiant avec applica-
tion, on y découvrira toujours quelque
chose de nouveau.
Je ne croirai pas avoir mal employé
mon temps, si cet ouvrage peut exciter,
dans mes officiers, le désir de méditer
sur un métier qui leur ouvrira la \)\m
brillante carrière, pour acquérir (i- ! :
gloire, pour tirer leurs noms do l'or.'
et pour se faire, par leurs artior*^, • r
réputation immortelle.
♦
INSTRUCTION SECRÈTE
DÉEOBiE
A FRÉDÉRIC II9
101 DE PIÏÏSSE;
«omifAiT us omDKBs siGHnt Kxntoiis aux omoant mi sot a
f ABTiGinLiimBaDiT A aux dx la catauoub, focx ib commmm
XH CAKPAQUX;
*
PAR LE PRINCE DE LIANI» ^
teTl I / s : . . > ^^
:in -i^; i
li ;>^'
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Jl'flf;' ^ ro^ art # . • . ' ^ j i, #- . . . ," *
ir»««ftri«fiA 'iii' •• i<» t «ib ■ i|ci.»« ••
S /;•! I " 'î 1 » 'in T '^ .• p A 1
PRÉFACE DU IKADUCTEUR
A SES CAMARADES
y
OFFZCISBS AWBIOBISBS.
Cb n*est pas pour vous apprendre votre devoir que je traduis cet
ouvrage, dont le nom seul de Tauteur fait reloge, mais pour vous
représenter que les officiers pour qui il a été rédigé ne manqueront
pas de faire un bon usage des principes excellens qu'on leur donne
ici.
Nous avons, mes chers camarades, un règlement dicté par l'hon-
oeur , le génie, le calcul et l'expérience ; étudions-le bien, et nous
éviterons les pièges d'un ennemi qu'il ne faut ni craindre ni mé-
priser.
Conservons l'audace , cette partie si précieuse d'une carrière que
sans file on ne saurait parcourir d'une manière brillante. Et cepen-
dant ne vous laissez jamais emporter par trop de valeur. Les échecs,
même ceux qui viennent d'une aussi belle cause, diminuent cepen-
dant la confiance en soi et la t\)nt perdre aux autres.
Point de ces poursuites précipitées ni poussées trop loin, qui épui-
sent les forces de l'infanterie et de la cavalerie, ce qui prive de la
possibilité de résister, pour peu que l'ennemi que Ton rejoint enfin
veuille se défendre.
Que la portion de nos troupes, destinée à soutenir ou à recevoir
si l'on est repoussé, ne donne jamais, c'est autant de battu ; il en
sera ainsi de tout corps qui s'engagera de la même manière.
IWIRCDDCTIOiX.
Combieii (rhomiiieft se croient caiM-
Mes de cDinmander, et désireot goo«
verner les autres avant même d'avoir
tppris à chéir. Cela se voit prindpde-
ment dans l'état militaire , et ches les
ieimes officiers; mais s'ils savaient qne
pirlafiMite d'un instant on peut perdre
li bonne réputation, ouvrage de plu-
neors années; qne dans la guerre le
chitiment soit les fautes de près, et
qu'elles ne peuvent être réparées
comme dans d'autres affaires, ils s'ap-
pfiqneraient certainement plus i ac-
quérir les sciences qu'à s'empresser à
vouloir les mettre en exécution.
L'expérience conduit sârement par
degrés i l'honneur ; et ce n'est pas par
de» fleuUers cachés, dans lesquels on
ne fait que chanceler et tomber, c'est
par l'obtissance qu'on met un frein aux
passions ordinaires des jeunes gens.
Cesl l'i^issance qui familiarise le sol-
<lat avec le danger, le rend intrépide,
et loi donne la capacité nécessaire pour
prendre sa résolution sur-le-champ ,
sans se troubler : c'est par elle que le
soldat s'accoutume aux incommodités
de ia guerre ; il prend son métier à
cœur, parce qu'il voit que cette obéis-
saoce l'avance par degrés. Elle apprend
à vivre avec le simple soldat, concilie
son amitié et son estime, et fait exécu-
ter i celui-ci, dans la plus grande ri-
gnenr et avec sMe, les ordres de ses
sapérieufs.
L'oiBcier voit fodiement qoe Thon-
neor ert le seul mohîle de la fortune :
e*est hii qui doit être le but de toutes
tes actions; eiso» courage le fera par-
venir aax plus grandes charges.
C'est lui qui l'exdtera sans relAcbe à
éviter non-seulement le blâme, m^is
aussi à gagner l'estime, il sera con-
vaincu qu'il ne suffit pas de saisir une
occasion qui se présente, mais qu'on
brave officier doit même la chercher.
Il fout qu'il tâche par tontes sortes de
moyens de découvrir les desseins et les
entreprises de l'ennemi, afin de pou-
voir les prévenir, et, selon les cinoas-
tances, l'attaquer, l'affaMr et le bar-
cder. Il doit prendre pour maxime
générale, qu'on ne peut rien exécuter
sans lèle et sans hasarder quelque
chose. Il évitera la trop grande con-
fiance en soi-même, et ne se ^posera
pas seulement sur ses vues et son au-
dace : il saura qu'il ne peut rien sans
des camarades dont l'appui lui est in-
dispensable. Qu'il apprenne a les con -
naître, surtout ceux qui sont sous son
commandement : qu'il juge leurs ta-
lens, et qu'il choisisse les meilleurs
pour ses amis. Selon leurs inclinations
particulières, il doit savoir distinguer
pour quelle entreprise diacun d'eux
est propre ; par exemple, il y a des
hussards qui sont très habiles à rappor-
ter des nouvelles de l'ennemi, et qui
ne valent rien pour reconnaître un
pays : un autre au contraire peut fort
bien s'acquitter de cette dernière corn*
mission, mais ses forces ne lui permet-
tent peut-être pas de bien remplir la
première, parce qu'il serait obligé de
passer plus d'uI|^ nuit au bivouac dans
un bois. D'autres font plus dans des
patrouilles et des escarmouches,, qu^
dans de grandes occasions.
Ce qui doit servir pour rofficier, peut
tlÙ tHTIKHKJCnM.
aussi senir poui le soijfat Si le oonH i àrrangéniBià et sans choix, et ïï^^
mandant en étudie la nature et le ca- cela ils perdent leur autorité et leurré-
raclèreje succès sera facile et certain, putation. Celui qui se propose autre
Dans les rangs on trouve de vieux mi- c Iiose que Thonneur, ne cherche qu'à
litaires qui ont de Tintelligonce, et qui s'enrichir, devient avare, se gâte, et
peuvent découvrir du noaveait, ou en • 8*attire la haine et le mépris de tous,
procurer la découverte : qa*iin officier . Hien ne rend i'offider plus mépri-
a'entrètienne souvent avec eux ; cela ) aafele auprès du soklat, que lonqu'oo
instruit et concilie cette confiance qui ' te soupçonne d'une sordide écononie.
esl d'une grande utilité en tous genres ' Le jeu en est souvent la cause, et porte
d'exécution. L'officier doit faire la dir-* facilement un officier à la baosease.
férenoe des braves et des mauvais sol- ; Qu'on dépente phitAt ce qu'oftâ, pour
dats,a6nque, dans l'occasion, il saclie' acheter da bonnes nmiés et é'«xcel-
s'en servir à propos. On caresse les \ lens chevaux : c'est d'eux que dièpen-
bons, on prévient leurs besoins : on j dent souvent l'honneur et la vie.
peut ainsi s'en promettre de l'honneur t Que l'officier soit toujours êobtm et
at de la réputation. Quant hu\ jeunes * modéré dans sa dépense; car, outre
gens timides^ il faut les entraîner et ' que par là U retranche le superflu et
les étourdir sur le danger : de cette l'inutUe, il en est aussi phn actif et
façon l'ai vu souvent des officiers en- plus capairfe de faire brillaihnMiit son
treprendre des choses qui, au premier service. Il doit èire le modèle de tous
coup d'oeil, leur attiraient le renom de > ses inférieurs, car ordinéiremeot ces
téméraires. i derniers ont coutume dlmiter leurs
Il est très-mauvais tiu'un officier \ supérieurs ; c*est surtout ce qui arrive
borne son avenir à un certain avan- ! quand un oflkier est adonné à la
eement, et que, quand il a obtenu la f boisson, ou à quelque autre viee : il
chaiige qu'il {mibitionnait, il ne désire \ perd le droit de le reprocheqf^ ceux qui
phis au-delii ; il est sur que dans les ! se le permettent à son exeiDple« ni en
commencemens il se donnera des pei- > le faisant il se condamnerait lui-wAme.
nés incroyables, et emfloira tous les i Le fondement et la source de louleales
moyens possiMt» pour aoquérir cette j qualités nécessaires i faire un brave
charge, d'autant plus vite que peutr i offider, c'est une tonduKe fégstlère»
Mre il f^connatt kii-^mènie qui! n'est j laquelle doit non^seulement ttre eité-
pasenélatde la remplir; et alors ili rieure, mais doit aussi régler ses ac-*
croit se soutif^nir à l'aide de quelque j tions, afin qu'elles soient exemples de
pt-otecteur puissent ou autrement»
fàSKfÊL*k M qu'il soit parvenu à son but.
G>Mt ainsi qu'on voit des officiers qui.
blême et de censure ; car ta véritable
bravoure rougit de la pius petite ta-
che.
pendant un certain tèm(>s, se donnent Je viens de vous indiquer coRamunt
des peines et prétendent faire plus ; on doit d*abord se corriger «t se ren-
qu'iis ne peuvent; et qui, avant obtenu t dre propre aui plus hoMesentfieprises :
ce qu'ils désiraient, se relÂchent et ne ! à présent nous alkNis voir la conduite
pensent plus à leur devoir* -■ que doit tenir un officier pour icqaèrir
Les ordres de tehgons ne dépendent: de l'honneur et de la réputation ea
que des circonstances : ils sont sans j campagne.
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tNSTUtfCTlON SÉCÛÊTË
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par ééMètoMÉt^ 4ei. aiieTaiihl^iiws
domnl faire 4'«r«l-#Mrikl; L«i pie-
kmÊktm nm itfaeért eut les^ iiim,
rimèi»t;afii a m p^siUdn Mî^iiée.
Lw farte éa c6a ékachemeo» eal et
«rt aaq^rét à la pade. 4aa {Kwias
Qa*éranM^eat4iimia w la plaise
là «ila.éoM ampa^ TairMWtnle «e
pârUgMA tfCMeaWi Irmpes et B'è-
iiBidèÉMBiMqtt'^lepimie eoimir
b tmit 4» tMlla tatalp^ pandaot ifne
rinfaDterie pose ses gaiéet «t ilrcase
in laaiBa. yatattro gnrite M hi i>a-
tnmaki doâ 4«u cMéi foaft «e alteM.
laofa^ffméeait 9oaBpAa4 |iaiar
«8 laidW et à dMMW ta taalet^ IH
Withiiliw siiaiila fMft des |NH
haalMi éaJÉMrahrf, faiiiiiai Wtetes
WMnii al viiilfettt tew 4as vaUoas ai •
liés dataot le finantv de «faMa-^aa,
feadttt «e ten^»^ .qaaltfie idétaobe-
i( caabé dan» ta mvirons,
ne puisse 1« ânrpiya#ei.eittiif» inirtl
ai kiî^mim Las iaiitai» étwtdnsism
le f éaéraâ-ffMMr de jour» ,aiii «aiilm^
attira oifiaier cwMniii^i pcfita^ta
graadesfardesi ei assigne iah«|Wi9r
ficieti aa parti6Mlier|.to.po9i(tiw4J!^'Jil
daitienin .., . .., ; , ..
Les pandas-gardes #eroitl ^^ft,
aatant ^u'il est posaîblef de (a^ ^iie
les piqaats %» tjranvepit aiur d^ bûir
t^ars, ett cachés. aaosdv ai^%,.(^
oorpa^a-garde doit être dans la.plaio^lf
daffrièf e dai biitaoïifi on des maiswa,
à iapt« bnîtou neuf cents pas darfièi]|B
leafKietSi.afla via rennep^î ne puissp
la dé^QiiYiîr et juger de sa faccp; mais
la gaide ne pw'drd jaspais les piqueU de
. L'efl^fiîer é^jint assigné, et aj^aot
pasi sas pestes^ .s'U sa trouve dans lis
pays inconnu, se fait amener un
hoomedes maisons voi8in^<„pren4
nne carte particnlière^ daniande |e nofp
des villages d*aleotour, ei slnfomç dîr
tont ce qu'il doit savoir , par f ipmple
s*il y adans les environs des défilée, des
ipuraiS) des étangs et des buissons. 11
[ recoonaUra les diau^es ^ les cbe^
ninAqai tout devant sei postes : il sln-
formera où tb aboutissent, si Ton peut
} passer afee do canon, on si rennemi
peut s'approcha à son insn de ses pos-
tes par d'autres chemins. Il faut qu'il
sache tout oela. pour pouvoir en ren*»
dre compte* si on le loi demandait : il
prendra ses mesures, et sera en état
d'en instmire pleinement les patrouil-
les qu'il enverra en avant. Étant ins-
truit de tous ces détails, i| montera à
cheval, et ira auprès des vedettes, les-
quelles doivent toujours être deux à
deux ensemble à un poste, et montrera
i chacun en particuli^ de quel côté il
prendra son point de vue, principal»*
ment sur des fonds, des villages et des
grands chemins.
Aprèa avoir donné ses instructions,
sTfl eat temps de panser les chevaux,
l'officier fera mettre pied à terre à ses
gens et donner à manger aux chevaui ;
mais si son poste n'est pas sûr, il en
bissera la moitié bridée jusqu'à ce
que l'autn: moitié ait mangé. De nuit
il ne permettra pas que Ton mette pied
à terre et que l'on fasse manger les
dievaux ; r^ doit se foire snr le soir
avant l'obscurité, aSn que sur la brune
tout soit bridé, et que la moitié au
moins soit à cheval, pour être prèle à
tout évènemeilt. Si le corps-de^;arde
est près de quelque village, l'officier
peut envoyer un ou deux hommes au
clocher, ou dans une maison élevée,
d'oàBs puiHsent découvrir l'ennemi de
loin, et donner le signal de son appro-
che par un coup de cvabine ou de pis-
tolet.
Quand un général sort du camp et
passe les grandes-gardes, il faut qu'dtes
montent à cheval et tirent le sabre ;
mais si le corps-de-garde étidt à la vue
de l'ennemi, il ne faudrait pas faire mon-
ter à cheval, parce que l'ennemi, étant
proche, découvrirait la présence du gé-
néral , et saisirait l'ocoasion de l'i
ter dans la visite des postes. Quand un
détachement pave les grj^ndesf ardes,
l'officier fait de même monter a cheval
et tirer l'arme blanche.
U doit bien examiner tous les gens
qui viennent à ses postes du dehors de
l'armée, soit paysans ou voyageurs. U
s'informera des chemins, d'on ils vien-
nent, eà ils vont, quelles sont leurs oc-
cupations au camp ou ailleurs , de ce
qu'ils savent de l'ennemi, et où 0 at
poaté. Alors, selon les circonstances et
les ordres qu'il aura, il les laissera pas-
ser, ou il les fera retourner sur leon
pas» Ilenagira de même avec ceux qui
apportent des vivres au camp, et s'il
est défendu de les laisser entrer, il les
fera retirer sans les malturifar'; il sera
honnête avec les habitans du pays en-
nemi. Ainsi il acquerra' beaucoup de
renseignemens et pourra procurer un
grand avantage à l'armée. L'officier
doit de jour et de buH visiter les ve-
dettes à cheval, tas questionner sur ce
qu'elles ont à faire i tome postes, et
sur quoi dies doivent fixer leur point
de vue, afin de savoir par Im-nnême si
la consigne leur a été exaoteamitre^
mise. U sera toujours muni d'une bonne
lunette d'approche, et reoeunallra lui-
même les environs à toute lieure. De
nuit, il fera visiter tas postas par un
bes^>ffloier, et les visitera. k»«iêmê,
afin que ses soldats sotant toujours ao»
ttft et alertes.
Quand un des pestas avuMés est
prodie d'un camp enaemi, el qu'il en
peut femarqoer tous les naoufomeâs, il
faut principalement qu'il fhsse atten-
tion aux Ironpes qui y outrent, etde
quelle aaanière; ou cooshien il eu sort,
et où elles vont : car rennemi déteche
souvent des troupes de son camp, etb
plupart de la seconde et treisième li-
gne, en laissant les tontoa dveasées,
UÉMMliS A FEÉDtelC II.
in
pour cacbec m OMrdw. C'efll pouiqnoi
il faut que roflcter soit trts attentif et
((u'il ait une bonne Innette, afin qne,
((oandde tels cas arrÎTent, il puisiae en
Eure 8or-le-€baaip son rapport an gé-
aérai commandant. Cette précaotion
est paiiicnUèrement nécessaire à la
pMote du jonr» ponr savoir s'il s'est fait
(|iiek|Qe9*nns de ces ciiangeinens pen-
dant la noit, on si tont est eucme dans
la première position.
De nuit onpent fi«¥oîr, par nne es-
pèœde bmitoonfns, si des troupes en-
trent an camp on en sortent. S'il y en
entre, on^ a'en i^ierooit par le babil des
aridats, les cris des Yoitnriers et de
ceniqnijcondnisent TartîQerie, par les
coops de fouet et le hennissement des
dieTanx. S'il y a de la ca?alene, on
Tentend an bmit qn'eUe fait en enfon-
çant les piqnets, et on le voit à l'ac-
croissement des fenx. Il faut alors con-
tinuellement se tenir en avant être
tranquille, et observer le tont de près ;
mais si Tarmée, on seulement une par-
tie, se met en mouvement pendant la
Doit, on le sait par les signes dont j'ai
parié dnlevant, par le bmit qui s'éloi-
gne, et par le feu qui s'éteint peu à pou.
OÎtt ne peut cependant pas toujours se
fier à cette dernière remarque, parce
qne l'ennemi fait quelquefois entrete-
nir les feux par des chevau-légers ,
même «près le départ de l'armée.
Si notre armée décampe de jour,
anssitôt qne l'on bat l'assemblée il fant
que les grandes-gardes montent à che-
val, et qu'elles examinent avec la der-
nière attention l'ennemi qui est de-
vant elles; et après avoir retiré leurs
postes, elles marchent i l'endroit qui
leur a été marqué, parce qu'elles font
ordinairement l'arrière-garde.
C'est le général commandant en chrf
qni doit désigner l'heure du départ des
gardes avancées. Qana une telle occa^
T.
sion il ne faut pas que les postes fassent
de grands monvemens ; mais il est né-
cessaire qu'ils restent dans leur posi-
tion ordinaire, parce qu*en les faisant
aller de cAlé et d'antre, ou en montent
de trop bonne heure à cheval, l'enneati
peut se douter de notre départ, et en-
voyer quelques troupes à notre pour-
suite. Le simpte soldat même n'en doit
rien savoir; mais, quand il en est
temps, on doit envoyer un olBcier ou
un bas-offiaer aux postes détechés,
pour faire rentrer les vedettes tontes
ensemble.
Aussitôt que les vedettes verront
l'ennemi, elles feront feu. Celui qni
anra tiré son coup, rapportera d'»-
bord i son poste ce qu'il a observé.
Ce poste se tiendra caché et prêt;
il enverra à l'instent un bas-offlcier
avec quelques hommes du cété de l'en-
nemi pour en découvrir la force. H
faudra sur-le-champ faire rapport de
ce qu'on a découvert au général com-
mandant afin qu'il puisse prendre sels
mesures. et«s'il est nécessaire, envoyer
du secours à ce poste.
Les généraux ennemis ont souvent
coutume de s'avancer sous une bonne
escorte jusqu'aux gardes avancées, et
de faire chasser les vedettes des hau-
teurs, pour pouvoir y monter et recon-
naître notre cmp. Aussitôt que l'offl-
der en est averti par ses vedettes, il y
va lui-même ; et s'il voit qu'une suite
escortée s'approche de la hauteur, H
en adresse d*abord aon rapport à Tof-
fider dont il dépend, et fait son pos-
sible pour déranger ce projet de to-
connaissanf>e, et défendre cette hau-
teur.
Quand un trompette ennemi, seul
ou avec un offider, s'approche des ve-
dettes, et qu'il sonne, une d'elles se
détache, et va à sa rencontre, le con-
duit à sou poste, lui fait Caire front
niikiqtti tODi devant lei postât : il s'in-
formera où ib aboatiMent, si l'on peut
) paner acvec du canon, oÉ al renneim
pcNit s'apprudier à son inaa de se*^
tas par d'antres chemins. 11 Tau
sache tont cela, poor pouvoir .
dre compte, si on le lui dei: -^
ivendra ses mesores, et
d'en instnive pleinem(
les qa'il enTerra en >
trait de tons ce? d
cheval, et ira au[:
qoeDaa doivent
deozenaerob!
à chacun er.
prendra s ^ . - '
ment si
nran-
- ::ïe!ît»niw?
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- • *• mil "ie nas«p :î ^on wHte. et
• ••» li nirn annns nar -■>• raîîTTxil-
■ r ♦'« nav^an^ ♦>?! »utn»< .renî :
ir ni» nen niiblipr. î! -^ent imrotpr
.:;s *!»« Liblt'iN's toutes !f« déron—
-rp* «m n nurn r iito« ri*»nfiant 1»* jonr.
•;. jiiiiiiit M '»n : i'"**'':i«on. «nTovçr
•••n riDDort îiar «—nf. :In même temps
M? îut anportpr :-* ':iot 'le l'ordri? ou
;i î^firnie. I hînn^ * tiot i|e l'ordre
.i\ ■ 'iiecieî? î.iijii*ï» «*>< foistTU'elles re-
t.- vont, '^si— — Mn?. -.late*» les heures
a ■•uie* •'»* leux ?»»urf?. selon les
'r7-»n5Mnri»« «tu remiv?. Onant à lapt-
:»ie. 1 n V } «lue -li mi loit la savoir.
- ' ns^'nnu* te «i nuit ne pennet-
ni ;».»> î'? Vfiir îp -Mn. Tnncfpalement
•rv4iue •» rt^rp* -nn-r'fnis sniît pro-
'•->. liiripr'*** ^^v.r.' i 'Jeux ou trois
-•lis '.is . n trr»ifre. ?t fait .lussi reB-
Mif"^-.* .«»«ïHTte« . me 'iif tance propor-
*• î Mf>*.»n ' iemanae. '?t que les
•^-^!>! îTM- - - -rTnettent. on peut
«n» » •^.!i -^! n.î!> I! :!oit cepen-
!n* - ^ m*ïn .'•ti. ie neur qu'on
s- :_' "î. \ ! 'n'miôn? aler-
u\ --"Tir» ^ "iî! n'v avait
»> • ••:. ••: .r?!' » mûrir -iver de
•v - .r-,...*- -.^ ••«« je ■•^nru'uii et
■î— t- -I :w. . î^îî-ln! toiiiuors
??> î lu? -inindc» vis!-
• -r*^»:"*-T ij 1p Jonnir,
f .H-r •* •v*in\. '^n laissera
.- -.i...« ' t «f*-ir.i .li in brfdnn prè-
i^^:rr- » '. •*. '"'' !n 'u ^n^iTiier coup
•' ^ »«. '«^ •iu?'i^ i'ibnrl njonlet"
'S-r*- '^^"""^ rmt**'» ifs heures,
• - :!\"-/. -i i e î'aut. Je petites
...t'^ »n if'nor^ ie ^es vedettes;
r.Ti a TTi.'n'^:^» ^'!on la force
xari*»?. ''■** p«iiTt)uil!es "ïf» feront
*p : ^ "V-^fît. h? lonj rfcs vedettes, à
i
»•
DJUUMHfB A FWblÉUC U.
trois cents pas en avant. EHes s'arrê-
teront souvent, et écouteront si l'on
n'entend pas marcher, ou quelque au-
tre bruit; dans ce cas. l'un des pa-
trouilleurs se détachera et retournera
i son poste, et les autres s'avanceront
Butant que possible, pour découvrir de
plus près ce que c'est. Si c^est quelque
parti ennemi, ils feront aussitôt feu,
et fondront tous ensemble dessus, à ta
faveur de la nuit.
Si les vedettes entendent pendant la
unit quelqu'un venir à elles, l'une d'el-
les va à la rencontre, à cinq cents pas
oa environ, crie qui vive, et demande
le mot de l'ordre. Si l'on ne répond
pas, elle fera feu, et s^en retournera
ventre à terre à son poste.
Si quelques troupes, détachées de
rarmée, s'approchent pendant la nuit
des vedettes, elles ne doivent point
d'abord leur permettre d'entrer dans
la chaîne, quoique le mot de l'ordre
soit juste. L'olfîcier du poste fait venir
i soi, sous l'escorte d'un bas officier et
de deux cavaliers, l'officier qui com-
mande te détachement, le regarde et
Texamine bien ; s'il le connaît, il fera
marcher le détachement au camp;
mais il retiendra l'officier auprès de
hii, jusqu'à ce que le détachement ait
passé les grandes-gardes, et alors il le
laissera aussi aller. Mais si ce détache-
ment, comme îl arrive souvent, a été
absent de Varmée pendant plusieurs
jours, et par cette raison ne peut pas
avoir le mot de Tordre, il faut que l'offi-
cier du poste prenne encore plus de
précaution, qu'il examine tout sérieu-
sement; et, s'il ne trouve aucune dif-
ficulté, il le fera défiler, homnie par
homme, devant lui.
Si les avant-gardes, manquant de
monde, étaient obligées de poser leurs
vedettes fort éloignées les unes des
autres, principalement dans un pays
de montagnes et de vallées, ou si la
nuit était obscure ou le ternes ora-^
geux, il faudrait que les vedettes
allassent patrouiller les unes verè
les autres , à droite et à gauche ;
des deux cependant, il faut qu^il en
reste toujours une au poste, aân que
personne ne puisse se glisser entre ef-
les par quelque ravin. Dans de telles
occasions, il ne faut pas discontinuer
les patrouilles, et les gens des avant-
gardes doivent toujours être en mou-
vement.
Quelquefois il vient uti général de
l'armée qui ordonne à l'officier d'aile^
avec lui en avant, et de prendre son
avant-garde pour l'escorter , parée
qu'il ira à la découverte. I/officier
laissera les vedettes à leurs postes ;
du reste de sa troupe , il formera
une avant-garde et une patrouille
de côté, pour couvrir le général et sa
suite. Si le général va le long et au de-
hors de la ligne, Tofficier gaitlera qua-
tre à cinq cents pas de flanc du côté de
Tennemi, et sera toujours à même de
couvrir le général, quelque part qu'il
aille, n détachera atissi de sa troupe
des cavaliers, qui, se suivant un à un ,
les uns derrière les autres, auront tou-
jours la vue eïi dehors, du côté de l'en-
nemi, afin que rien ne puisse s'appro-
cher pour les surprendre ou les inquii*
ter. Quand le général retournera au
camp, et qu'il aura repassé la chaîne,
l'officier regagnera son poste.
Si l'officier des postes avancés s'at^
tend à être attaqué pendant la niut, &
faut qu'il instruise si bien ses vedettoi
et ses bas-officiers détachés, qu'en cas
d'attaque . ils ne se retirent pas direc-
tement sur sa troupe, mais qu'ils pull-
sent passer devant lui d'un côté. Cela
se fait afin qu'un ennemi supérieur ne
lui tombe pas sur le corps avec toute
sa force, et que lui, commandant dn
»6
IMSTlltJCTlON SECRETE
poste, puÎMe plus tôt trouver Tocca-
sion d'attaquer eo flanc ou à dos,
pour pouvoir, à la faveur des ténèbres,
faire un beau coud. Dans ce cas les
avant-gardes doivent faire un feu con-
tinuel, et se retirer, tant qu'il sera
possible, en tiraillant, pour laisser le
temps aux troupes commandées de
s'avancer pour les soutenir, et afin que
le corps entier puisse être averti de
l'arrivée de l'ennemi.
Si quelqu'un déserte des avant-gar-
des, il faut que l'officier change aussi-
tôt le mot de l'ordre , en envoie un
nouveau, et fasse avertir tous les pi-
quets voisins, de peur que l'ennemi
n'en profite pour se faire passer pour
une de nos patrouilles, et ne surpren-
ne Favant-garde ; d'ailleurs ce déser-
teur pourrait conduire l'ennemi droit
au poste.
Souvent l'armée décampe pendant
la nuit, pour marcher à une expédi-
tion, ou pour quelque autre dessein ;
mais les avant-postes sont obligés de
rester dans leur position, jusqu'à la
pointe du jour, pour mieux masquer
le mouvement. Alors il faut que l'offi-
cier prenne bien garde que l'ennemi
ne se glisse doucement près de lui, et
ne découvre le départ. Toute l'avant-
garde montera à cheval, fera conti-
nuellement de petites patrouilles en
avant, et le long des vedettes, à (rois
et quatre cents pas du côté de l'enne-
mi, et en empêchera l'approche. Mais à
la pointe du jour, quand l'ennemi aura
découvert le départ, l'offlder retirera
insensiblement ses vedettes, et mar-
chera vite au lieu qui lui aura été assi-
gné ; après avoir laissé un bas officier
pour former Tarrière-garde, il suivra
Tarmée et la couvrira de cette manière.
11 doit toujours avoir son point de vue
en arrière, sur Tennemi, et reconnai-
ces ; il en fera rapport à rofBcier qui
commande Tarrière-garde de l'armée.
Très souvent, à l'un de ces départs
nocturnes, les soldats, les domestiques
ou les femmes le découvrent, en allu-
mant les baraques par malice ou par
négligence; il fout avoir grand soin
que cela n'arrive pas, et il vaut mieux
commander du monde pour empêcher
ce désordre.
Si quelque avant-garde est postée
dans un endroit montagneux, il ne suf-
fira pas qu'elle se couvre du devant,
du côté de l'ennemi; mais il faudra
que l'officier visite à cheval tous les
environs pendant le jour, et qu'il exa-
mine ou il sera nécessaire de mettre
des vedettes dans des vallons et dans
des buissons, pour ne pas être surpris
ni enfermé. Il faudra aussi qu'il fasse
patrouiller dans ces environs dange-
reux. Si un officier, se trouvant de
nuit dans un pays à lui tout-à-fait in-
connu, recevait ordre de transporter
sa garde avancée d'un autre côté, il ne
faudrait pas qu'il l'exécutât au hasard.
Il faut auparavant que d'une maison,
ou d'un autre endroit du voisinage, il
se procure de la lumière, qu'il prenne
sa carte particulière, et qu'il s'instruise
bien du pays dont il est chargé ; qu'il
regarde ou il pourra placer ses avant-
postes, où il posera ses vedettes, et de
quel cêté il enverra les patrouilleurs.
Il tâchera de se procurer un paysan,
s'informera de lui de plusieurs antres
circonstances, se fera conduire par lui
sur la place qu'il aura remarquée dans
la carte, et posera ses . vedettes dans
l'endroit qu'il aura choisi de préféren-
ce. S'il est près de l'ennemi, c'est une
raison de plus de faire faire des pa-
trouilles continuelles pendant toute la
nuit, sans permettre que ses soldats
mettent pied à terre. Quand, à la poin-
tre quelles sont ses troupes et ses for- te du jour, il pourra bien découvrir
nÊEOBÉE A PRÂDBlUCIi.
9n
toote cette contrée, il corrigera ce que
robscarité de la nuit ne loi aura pas
p^mis de faire.
Le saint de l'année dépend de Tha-
bikté et de la vigilance de l'offider
qoi commande les avant-gardes , on
qoi doit couvrir un poste détaché,
n faot par conséquent qu'il se donne
tontes les peines imaginables pour
remplir son devoir, parce que sans ce»
h, il pourrait causer a i armée et à lui-
même le plus grand malheur. S'il est
attaqué par une force supérieure, il se
défendra ausa longtemps qu'il lui sera
possible ; s'il se voit forcé, il se reti-
rera a petits pas, en continuant tou-
jom^ son feu et en se défendant, a6n
qoe le corps ou l'armée qu'il r4>uvre
gagne du temps pour se former, et re-
eevoir l'ennemi avec fermait «t sans
désordre.
Ordinairement les nouvelles avant--
gardes, qui doivent relever, s'avancent
▼ers la pointe du jour dans les envi-
rons, à six ou huit cents pas derrière
les anciennes, pour pouvoir les secou-
rir, an besoin, si elles étaient attaquées,
œ qui arrive souvent vers ce temps là.
Si tout est en ordre à la pointe du
jour, la nouvelle garde marche vers
l'ancienne, et à. cinq cents pas de là
elle tire l'arme blanche, et va se pla-
cer à la gauche de l'ancienne. L'oflBcier
île celle-ci, à l'approche de la nouvelle,
fait monter à cheval et tirer le sabre.
les deux officiers vont à la rencontre
Tun de l'autre , et celui qui monte la
garde se fait donner exactement la
consigne de celui qui la descend. L'of-
lîcier de la nouvelle garde fait sortir
lies rangs les hommes nécessaires pour
li's vedettes, prend avec lui un bas-of-
ticier, et se fait montrer les postes par
rofficier de l'ancienne garde. On se
^ert dans cette occasion de bas-offl-
ners, afin qu'ils sachent ensuite con-
duire et relever les postes. Cela étant
fait, la coufflgne étant donnée ezae-
tement de part et d'autre, et le^ pa-
trouilles de l'ancienne garde étant rei>*
trées, celle-d défile, et à un éloigne-
ment de cent pas, eUe remet l'anue
Manche en son Ueu, et la nouvelle
garde en fait autant.
L'officier de l'ancienno garde con-
duit sa troupe avec ordre au régiment,
et s'aoBonce au général commandant
L'offieier de la nouvelle f^enà alors la
place d^raficienne, et fait mettre pi^
à terre.
CHAPITRE n.
Bea pttroottlet et def déeoavertM.
Les patrouilles se font de deux ma-
nières, de jour et de nuit. De même
que l'une diffère de l'autre, de même
les mesures qu'on doit y prendre dif*
feront entre eUes. Je ferai id un petit
détail de ce que les oflRciers comman-
dés feront à l'égard de la patrouille de
jour.
Un officier ou bas-officier étant com-
mandé avec quatre ou six hommes
pour rapporter des nouvelles de l'en-
nemi , ou pour reconnaître quelque
pays du côté de l'ennemi, enverra un
des meilleurs de ses gens à quatre ou
cinq cents pas en avant, ou environ ,
s'il se trouve dans la plaine. Il en en-
verra un autre à la même distance, du
côté d'où il croit que l'ennemi pour^
rait déboucher ; et. s*ll y avait à crain-
dre des deux côtés, il faudrait qu'il y
en envoyât un troisième, toujours à la
même distance. Ces deux hommes
marcheront de façon qu'ils puissent
toujours se trouver en ligne droite
avec la troupe ; mais s'il y avait quel-
que gros brouillard, ni les patradlles
i i .
IIS rHODUCTION.
Combien (f hommeft se croient caiM-
btes de oomiDAnder, et désireot goa--
verner les autres «YSAt même d'avoir
tppris à obéir. Cela se voit prindpde-
ment dans l'état militaire , et cbei les
Jemies officiers; mais s'ils savaient que
par la firate d'un instant on peut perdre
Il bonne réputation» ouvrage de plu-
neors années ; que dans la guerre le
châtiment suit les fautes de près, et
qu'elles ne peuvent être réparées
comme dans d'autres affaires, ils s'ap-
ptiqneraient certainement plus à ac-
qoérir les sciences qu'à s'empresser à
Tooloir les mettre en exécution.
L'expérience conduit sûrement par
degrés i l'honneur ; et ce n'est pas par
des sentiers cachés, dans lesquels on
ne fait que chanceler et tomber, c'est
par l'obéissance qu'on met un frein aux
passions ordinaires des jeunes gens.
C'est l'ql^issance qui familiarise le sol-
dat avec le danger, le rend intrépide,
ei loi donne la capacité nécessaire pour
prendre sa résolution sur-le-champ ,
MHS se troubler : c'est par elle que le
soldat s'accoutume aux incommodités
de la guerre ; il prend son métier à
cœur, parce qu'il voit que cette obéis-
^^nce l'avance par degrés. Elle apprend
à vivre avec le simple soldat, concilie
son amitié et son estime, et fait exécu-
ter i celui-ci, dans la pins grande ri-
gneor et avec sèle, les ordres de ses
sapérieurs.
L'officier voit facilement que l'hon-
neor est le seul mobile de la fortune :
c'est loi qui doit être le but de toutes
ses actions; et sou courage te fera par-
venir SOI plus grandes chargea.
C'est lui qui l'exdtera sans relAcbe à
éviter nonrseulement le biftme, mais
aussi à gagner l'estime, il sera con-
vaincu qu'il ne suffit pas de saisir une
occasion qui se présente, mais qu'on
brave officier doit même la chercher.
11 tant qu'il tâche par toutes sortes de
moyens de découvrir les desseins et les
entreprises de l'ennemi, afin de pou-
voir les prévenir, et, selon les cireons-
tances, l'attaquer, l'affaiUir et le har-
celer. Il doit prendre pour maxime
générale, qu'on ne peut rien exécuter
sans lèle et sans hasarder quelque
chose. Il évitera la trop grande con-
fiance en soi-même, et ne se reposera
pas seulement sur ses vues et son au-
dace : il saura qu'il ne peut rien sans
des camarades dont l'appui lui est in-
dispensable. Qu'il apprenne a les con -
naître, surtout ceux qui sont sous son
commandement : qu'il juge leurs ta-
lens, et qu'il choisisse les meilleurs
pour ses amis. Selon leurs inclinations
particulières, il doit savoir distinguer
pour quelle entreprise diacun d'eux
est propre ; par exemple, il y a des
hussards qui sont très habiles à rappor-
ter des nouvelles de l'ennemi, et qui
ne valent rien pour reconnaître un
pays : un autre au contraire peut fort
bien s'acquitter de cette dernière oom«
mission, mais ses forces ne lui permet-
tent peut-être pas de bien remplir la
première, parce qu'il serait obligé de
passer plus d'uI|^ nuit au bivouac dans
un bois. D'autres font plus dans des
patrouilles et des escarmouches,, que
dans de grandes occasions.
Ce qui doit servir pour l'officier, peut
280
village qu'on devra passer en se reti-
rant, quelques hommes avec les €he*
vaux, non pas les meilleurs, mais qu'ils
soient blancs, s'il est possible, afin
qu'ils soient vus de loin, pour faire
croire à l'ennemi qui poursuivra la pa-
trouille qu'il y a là quelques troupes
cachées; alors il ne pommiivra pas
avec tant de chaleui , et la patrouille
gagnera du temps et du terrain. On
peut aussi laisser un trompette avec un
homme derrière une montagne ; ce^
lui-ci, voyant la patrouille vivement
poursuivie, se montrera sur le som-
met de la montagne; mais le trom-
pette restera derrière et sonnera : par
là, on persuadera peut-être à Tennc^
mi qu'il y a là un renfort caché. Ceux
qu'on aura laissés en arrière, voyant
que leurs camarades sont poursuivis,
se montreront tantôt d'un côté, tantôt
de l'autre, comme si ce n'étaient pas
les mêmes, et feront semblant d'en
sortir pour voir ce qui se passe ; ils
peuvent aussi tirer deux ou trois coups,
comme voulant avertir un corps der-
rière eux de l'approche de Tennemi ;
mais lorsqu'ils verront la patrouille
S'approcher d'eux, ils partiront d'a-
vance, surtout si ces chevaux blancs
ne se trouvent pas f»ar hasard aussi
bons que les autres. Si cette ruse ne
leur réussit pas, et que l'ennemi les
poursuive toujours, l'oiflcier pourra
faire voltiger son monde, l'un d'un
côté, l'autre de l'autre, en leur assi-
gnant une place pour le ralliement.
Des patrouilles semblables rie fuiront
jamais, mais elles resteront à chaque
défilé ou pont, atin que les mauvais
chevaux puissent gagner de l'avance,
et que les autres reprennent haleine.
En revanche, il faut la faire perdre à
ceux de l'ennemi qui poursuit, en ne
lui donnant jamais de relâche. Dès
quil b'approchera des défilés et de^
I1ISTE0CT1O1I SBCilSTB
ponts, il faut se retirer sans larder da-
vantage, pour le laisser dans une cour«
se continuelle, afin de ne lui pas don-
ner occasion de faire respirer se»
chevaux. Si, dans ces rencontres, l'on
passe dansdesviliagesoasnrdespouUi,
et qu'on ne soit pas pooniiivi de bieu
près, l'on peut faire abitftre les ponts,
et ceux qui auront les meilleurs chevaux
boucheront l'entrée des villages avec
des timons, ou avec ce que l'on pourra
se procurer à la hâte, et s'il y a du bois«
ils les fermeront tout-à-fait. Les mieux
montés ne manqueront pas de suivre,
après avoir arrêté l'ennemi. Générale-
ment, l'officier fera son possible pour
ne point laisser prendre quelqu'un de
sa troupe mal à propos et par sa né-
gligence, parce que dans les chevau-
légers il y a tous les jours de la dimi-
nution ; il est facile d'avoir du monde,
mais difficile d'avoir des hussards bien
exercés. L'officier aura principalement
soin que ses gens ne s'arrêtent dans
aucun village devant les cabarets ou
ailleurs; mais il leur fera exécuter
ponctuellement les ordres dont il sera
chargé.
Quand un officier est envoyé à de
pareilles expéditions, il évitera avec le
plus grand soin tous les villages, qaaod
même son avan^garde les aurait fouil-
lés; mais s'il ne peut pas faire autre-
ment, il agira ainsi que j'ai ditplus haut.
Mais il ne se contentera pas de cela ;
il fera visiter toutes les maisons, gran-
ges et écuries des paysans, pour ▼oir
si l'ennemi ne s'y est point coebé. Il
arrive souvent que oeloi-ci loiese pas-
ser ainsi les patrouilleurs, leur ooupe
la retraite, et les attaque par denière
avec avantage.
On placera deux hommes pour gir*
der les défilés et les ponts qn*on aura
à passer et è repasser contre renuemi.
Si l'officier «arche en avant, ^t que
DiaOBSS A FHÉDiHlC U.
381
renaeini soit caché quelque part dans
rintentioii de bire garder derrière lui
les déBlés, le passage des pouts, ei cou-
per la retraite à cet oflBcier, ces deux
hommes en avertiront leur détache-^
nent par quelques coupa de pistolets ,
'ib ne peuvent le faire autrement , et
ji se retireront. Si au contraire cela
airiTait i roffider, il serait nécessaire
qa'O y eût pensé d'avance, et pris ses
mesures, afin de ne pas se voir eon-^
tnint de se retirer par le même cbe-
mio : mtîs il passera sur d'antres ponts,
OB dans des passages indiqués dans sa
carte particulière ou qu'il connaîtra
nflSssôuiienk par lui-même, .malgré les
grands détours qu'il sera forcé de (aire.
De ceUe façon il évitera l'approche de
rennemi et mettra son détachement en
sàreté.
Oo agit de mteie quand on bit
des patrouiUes vers rennemi le long
d'une rivière. On occupe tons les ponts
et autres passages avec deux hommes,
afin que, si l'ennemi voulait 7 passer
pour couper la retraite au détache-
ment, on en soit averti par quelques
coups de pistolets, et que l'on puisse
pren^ un autre chemin. Il n'y a pas
de mal d'affaiblir ainsi son détache*
nent, attendu que dans ces rencontres
Ton n'est pas envoyé pour se battre ; il
suiBt de conserver son monde et les
chevaux, et de montrer au soldat qu'on
sait se tirer d'embarras. On peut se
promettre ainsi la conOance et la
bonne volonté. Les gens laissés aux
ponts et aux passages ne peuvent ja-
mais être en danger, parce qu'à l'ap-
prodie de Pennemi ils auront loiqours
assez de temps pour se retirer.
L'officier détaché à cet effet fera son
possible pour exécuter tout ce qui lui
iQfa été ordonné, et ne se contentera
pas de s'en acquitter superâciellement.
Doit-il reconnaître un camp ennemi,
il tâchera d'en découvrir la position,
de quel côté il y aura des rivières, et si
auprès des rivières se trouvent des
marais, des bois, des montagnes ou des
villages. Il saura en combien de lignes
le camp est formé, l'étendue du front,
la situation du quartier-général; où
sont les chariots die munitions et d'ar-
tillerie; si le camp est retranché on
non ; quels sont les villages situés de-
vant le front, sur les aBes et derrière
le camp ; si l'ennemi a des postes avan-
cés, en quelles troupes ils consistent,
et où ils sont postés ; si les villes ^t les
villages près du camp sont obligés de
livrer ,« ce qu'ils livrent, où ils livrent,
et la quantité. Le général omnmandant
rmtenrogera sur tous ces articles, qui
doivent diriger ses mesures*
n n'y a rien de plus honteux i un
oiBeier que de faire de faux rapports,
ou pour se disculper, de dire qu'U s'est
trompé ou n'a pas bien vu. Dans ces
occasions il faut examiner tout avec le
plus grand soin, avoir un coup d'csil
juste. Que rien ne puisse jamais l'Intl^
mider, qu'il surmonte tout, qu'il ra>-
sonne de ce qu'il verra avec ceux qui
ont déjà fait idusieurs guerres, et hmr
demande leur sentiment. Il s'assuren
ainsi de tout ce qu'il a à dire, et ne
prendra pas cent chevaux pour un ré-
giment, ou un troupeau de montons
pour un corps d'infanterie : ce qui ar-
rive cependant fort souvent.
Si l'officier conunandé est obligé
d'riler loin à la découverte, et qu^^
croie rester dehors quatie ou cinq joui
et plus, il se fera donner le mot dh
Tordre pour autant de jours qu'il croira
devoir être absent; il se munira d'avoi-
ne an moins pour un Jour, et fera don-
ner le pain et des vivres à ses soldats,
pour que, ne manquant de rien, il puis-
se se dispenser d'entrer dans les villa-
ges , où l'on ne doit que de nuit aller
INSTRUCTION ftECR#.n
chercher le
pas découvert.
Autant qu^il hii sera possible, il Be
prendra jamais de guide. Dans ur pays
inconnu il dirigera sa marehe moyen-
nant une bonne carte particulière.Dans
on pys ennemi, il parlera le m(Hns
qu'il pourra avec les habitans, et ne
permettra Jamais à ses soldats de dis-
courir avec eui, de peur de faire dé-*
couvrir son détachement. Il prendra
avec lui des cens qui savent la langue
du pays ; il se fera passer ainsi plus fa«-
dl^ent pour ami. Par ce» moyens, il
apprendra ee qu'il lui feut, et ne sera
pas reconnu.
A'II est forcé de marcher près de Feu-
ntmi, il se cachera pendant le jour
dans des buissons épais, s'y tiendre
•ani feu, et fera pendant ce temps re-
pessi son nionde et ses chevaux : il ne
tiendra que quelques postes du oAté de
r^DMmi, M tout à l'entour de T-en-r
irott où tiseaera oaché dans tes bois*
•ont. 9i àa haut dHin arbre l'on peut
déaouvfto kl plafaq, il y fera monter
«n hoopoe. éf les postes ep^rçoîveat
qp^hpM chose de l'ennemi, ils ne tire*
vent pas; mais îh en avertiront en M^
Êmkt ou en ftippant des miiM, «fa
^e, si l'ennemi voulait directement
fendre sur eux, le détachement puisse
se retirer à son îqsu.
Tois les gens qui s'epproeherent
pendant qu'on est ainsi «aebé, comme
bAdierens, paysans, femmes et enfens
«pit vent ehercher des fruits dans le
lois, senml ariAbis smmsI tottg'teœps
^e l^en ee tiendra eadié, jusque 4aas
ia nuit <>n an leur parlena point, on
ne s'infavmeni tf auixui ckemin^ ou si on
le bit, on prendra ces censeignemens
auprès de plusieurs, alin <pm ^es gens
ne puisseni pas défsemni ceim qu'op
veut prondae. DIallIeurseA ifS Irakem
bîen;4uaiid «i fWMin eeotîiiier sa
, aQn de n'être | marche, on les laissera aller en paix,
et quand on les aura perdus de vu»,
on continuera sa marche.
ÇHAPITR? m,
Def patroailkt de nuit.
Qu'un officier ou bas-<rfHeier soit en*
voyé de nuit evec un petit détache-
ment pour reconnaître si Tennemi est
»rivé en un certain endroit, déeouvrir
sa force, ou peur quehfQe autre cfbjet
intéressant, il pourra, seton le^ipmbre
de ses gens, former une petite avant-
garde dans la plaine; mais elle ne s'é-
loignera p«s ass» de la troupe pour ia
perdre de vue, devant toujoura se di-
riger sur elle. Les patrouilleurs en
avant et de cété tèdieront toujours
d'entendae le bruit, s^il y en a, tel que
l'aboiement des ehlens ou le bruit des
pas, parae que eela leur est phis aisé
qu'aie troupe qui eo est emp&diée par
le U>ot desehevaosx.
I^ détachement s'anrétera aeuvent,
éooutera s'il est peasible d^teudre
quelque ehose, descendra de d^eval,
se couchera par terre, et prêtera r<^
teille, parce que de oftte iHUiière eu
entend marcher de fart leip pendant
la nuit.
Si on entmid rabeienBent de beaiH
coup de chiens, ee sera nne marque
qu'il y a du mande dans les environs.
L'officier qui commande la détadie^
ment se glissera imnaérne de eeeMé,
o|i il y enverra un âm phis babileade
sas gens, qui examinera dans le phip
grand siiense et avep pnieautiQii ee
qui s'y passe.
Si le bruilsefeikenCendiie^aDaqneJ^
que viliage, et qu'il n'en puisse pas aa^
voir davantage, il se glipaara tout ifam-
loemeni Jusqu'à la pmmaàin maison eî
DimoBiB ▲
D Y mn de h hmière ; n donnera son
dieral à on de ses camarades pour sau-
ter plus facilement les baies, passer
dans^Ies jardins et tes cours, et s'en
tpprocher, quand même co serait en
marchant sur ses mains. Il regardera
par la fenêtre, et s'il n*apcrçoit point
de soldats ennemis, il fnippcra dou-
eraient à la porte, et fera sortir le
maître de la maison. Il Tinterrogera
honnêtement, s'informera du nombre
et de la troupe qui est dans ce village
et dans le voisinage, s'en retournera
dans le plus grand silence, et rappor-
tera au détachement ce qu'il aura vu
et entendu.
S'il voit du feu, il s'en approchera
sans bruit, et s'il ne le peut à cheval, il
mettra pied à terre, fera tenir son che-
val, passera par des chemins caches,
regardera si ce sont des troupes enne-
nUes, remarquera autant qu'il lui sera
pôidUe lev force et leur espèce ; mais,
al efêtaient des paysans ou des bergers,
■ slnforroera des circonstances qui lui
seront nécessaires. Si le détachement
Mt dans un pays inconnu, il faudra
tMpnra qu'il se fasse conduire par un
|BMe,et1>ien prendre garde q celui-ci ;
îffon M'est point assuré de sa probité,
le lier, et se faire ainsi montrer les
IheflùM : en le menacera aussi de le
taar, a'H oonduisait le détachement à
VtBBBesii.
Tant que Ion sera en pleine cam-
pagne, en fera continuellement des
patreoiliet de cAlé ; mais si l'on pas-
sait 4aM un bois fort épais et sonoère,
«as laa retirerait S'il faisait assez clair,
fMB ae centeaterait de les rapprocher,
ae peint les perdre de vue, de
qu'elles ne s'éloignent trop e^ ne
aapenleiit.
L'ofBcier fera marcher deux hommes
inteUigena en avaot, et leur recoin-
aMndpra de ne pas Uop »'êftoi|(uer.
paiDiaiCB.
Alors, on s'arrête, oa éceote, et
frappe contre un arbre , on siflBe «
ou Ton donne d'autres siguaui, par
lesquels on remarque si les gens dé-
tachés ne sont point trop éloignés de
la troupe, et exposés à tomber entre
les mains de l'ennemi.
Lorsque, pendant la nuit, un officier
est à l'avant-garde d'un détachement
plus considérable, s'il fait fort sombre,
il fera suivre ceux qu'il enverra en
avant par d'autres hommes, qui, un
par un, formeront une chaîne allant
d'une troupe à l'autre; ces gens sa
suivront de près, et ne se sépareront
d'aucune façon.
Il aura soin d'abord de laisser, à
chaque cliemiu croisé ou détourné, on
homme pour montrer aux derniers la
route que les premiers auront prise, et
puis empêcher son monde de dormir;
car il arrive souvent que, les dormeum
s'arrêtant en ouirchant, ceux qui lea
suivent croient qu'il est ordonné de
s'arrêter, ils font de même, el il en
résulte un très grand désordre.
Quand on fait des patrouilles de
nuit, il faut observer le plus grand si*
lence, ne point prendre avec soi des
chiens, ni des chevaux blancs, ni de
ceux qui pourraient trahir la patrouille
par leur hennissement. Ou défendra
très expressément aux gens de parler,
de battre le briquet et de fumer. Tout
cela empêche de bien entendre ce qui
se passe. Un rien découvre tout, et
empêche de découvrir.
Si l'officier a besoin de savoir Tbeure
qu'il est, il pourra, sous sou manteau,
allumer un peu daniddou, cl le partir
de côté et d'autre sur sa montre ; celle
petite lueur suffira, et il éteindra aus-
sitôt l'amadou.
On ferait fort bien de donner aux
patrouilleurs de nuit des luanteaux
d*une couleur obsi'urc, pour couvrir la
«B»
iiniTBUCJii/.* .mj;£tb
bnffletene jaune eci>iaBeiie de nos ca-
rabines, qui pourrait être remarquée
de loin.
Si, pendant la nuit, les patrouilleurs
étaient obligés de passer sur des ponts
ou des défilés, on ne le fera point sans
avoir examiné auparavant l'un et l'au-
tre bord , et sans s'être assuré qu'il
n'y a rien à craindre de l'ennemi dans
ces endroits; si l'on voulait faire re-
traite par le même chemin, il faudrait
y laisser nn homme ou deux, pour
avertir, en faisant feu, si l'ennemi
prenait le détadiement à dos, afin que
f on paisse se retirer par un autre che-
min.
Si, pendant la nuit, on était obligé
de marcher près des postes ennemis ,
ou de passer devant eux, il faudrait
couvrir le flanc exposé, de distance en
distance, avec de petites troupes com-
posées chacune de six hommes au
moins, pour que l'ennemi, s'appro-
chant, ne puisse empêdier la marche
du corps, ni le mettre en déroute. Ces
petites troupes peuvent toujours met*
tre obstacle à son approche.
Si le détmthement est aussi composé
d'infanterie légère et de chasseurs, on
les envoie dans le bois, de part et d'au-
tre, pour couvrir la cavalerie.
Si, pendant la nuit, le détachement
avait besoin de fourrage, on pourra
envoyer quelques soldats, qui enten-
dent la langue du pays, dans un vil-
lage pour en exiger, et le porter sur
leurs chevaux au détachement, sans
faire le moindre excès, de peur que les
habitans n'apprennent l'endroit où le
détachement est posté, et sa force.
Par une bonne discipline, on empê-
chera souvent que l'ennemi, quoique
proche, soit instruit de la proximité du
détachement.
Si, pendant la nuit, on apercevait
1 ennemi en mouvement avant d'en
être >u, il faudrait tacner de s Infor-
mer de sa force ; on peut s'en instruire
par le trot des chevaux. Alors on en-
verra aussitôt des gens sûrs au camp,
dans les quartiers et aux postes livan-
cés , pour les avertir , afin qulb
puissent être en garde contre toute
surprise. On se retirera aussi en silen-
ce ; et quand on est assuré que l'enne-
mi marche droit au camp ou vers les
quartiers, on en fera d'abord avertir le
général conunandant. Mais si Ton était
trahi, on pourrait tirer quelques coups
de pistolet, se réunir aux gardes avan-
cées ; et, d'accord ensemble, on cher--
cbera à amuser l'ennemi, jusqu'à ce
que les troupes du camp ou des quar-
tiers soient prêtes à porter du se-
cours.
L'ennemi, ayant envie de faire quel-
que entreprise, dierche souvent à in-
quiéter les postes, parce qu'il n'a qu'à
se montrer aussi souvent qu'il lui platt
pour nous fatigiier. Il faut avertir en
silence, le camp, les quartiers ou les
gardes avancées* de son arrivée ; alors
il ne pourra jamais remplir son projet
de porter l'alarme partout, et noua at-
taquer à notre insu; au lieu de cda, ce
sera lui que nous mettrons en déroute
et que nous battrons.
On y trouve encore l'avantage d'é-
viter la tiraillerie, les alarmes et b
criaillerie, qui ne peuvent qu'apporter
une sorte de terreur, et empêchent
d'exécuter les ordres en règle. Les
gens ensevelis dans le sommeil, au
camp ou dans les quartiers, ne savent
point ce qui peut causer une telle alar-
me ; ils ignorent même la présence de
l'ennemi, et s'enfuient onknabemeat
un par nn dans l'obscurité, sana se
rendre à leurs escadrons ou aux places
d'alarmes assignées.
Souvent l'ennemi ne rient point au
petit pM, mais an grand galop^ po«.
DiAOBiE A FftilNfcaïC II.
sorpreodre les |Nitroinlles et les gardes
avinoées, et tomber tout-à-coup dans
les qoartien. Daas cette occasioii, il
D*f apasde temps àpwdre à en faire
le rapport, et il est tiès a?antage«x
^eatrateeir au feu eontiDuel, et de se
retirer de o6t6, saus aller droit an
camp on rera les quartiers. L'ennemi
poorsnîm dan% r<d)8curité, et s'éloi-
gnera du camp Les choses étant ainsi
dirigées, on peut réussir même à faire
de grands coups ; mais il est très né-
cenaire d'instruire auparavant son
monde de ce qu'il aura à faire, et com-
ment il doit se comporter dans ces
sortes de drconstences.
Si l'on peut découvrir l'arrivée de
Fennemi à temps et en silence, on en
tire on grand avantage, parce qu'on
peut fidre monter son monde à che-
nal, et le poster à l'endroit par où Ten-
oeoii doit déboucher. Pour mieux le
trooiper, on laissera les gardes avan-
cées à leurs poatea, et on les instruit
de se rendre du côté où l'on se sera
posté. Eliea se retireront donc en fai-
ttot on fieu continuel, et quand elles
approcheront des postes, elles passe-
root outre au galop ; alors l'ennemi
Tondra les potvsuivre dans leurs quar-
tiers, et se faire soutenir par des trou-
pes qu'il laissera à l'entrée du viUage.
Les ennemis, qui y entreront, se sé-
pareront et voudront se mettre à pil-
ler; alors l'oflBkûer, se voyant augmen-
té à son poste, tombera sur l'ennemi
qni sera à l'entrée du village, et, mê-
me, s'il est pfais faible, il l'attaquera
«vee avantage, fera échouer son en-
treprise, et s'acquerra de Thonneur.
L*af ant-garde, qui aura attiré l'enne-
mi, retourne aussitôt sur ses pas, et
tombe sur ceux qui sont éparpillés dans
le îillage, qui ne feront certainement
aacone résistince, et ne chercheront
qa'è se linveri s'ib voient que leurs
camarades ont été battus ; il sera très
facile de faire des prisonniers. Mais si
l'on sait que l'ennemi est beaucoup
phis fort, et qu'H n'y ait rien à faire,
la troupe, qni se sera hkoA cachée, s'é-
loignera en silence de l'ennemi, et se
retirera de côté.
Si l'officier commandé pour faire la
patrouille a des chasseurs ou de l'in-
fanterie dans sa troupe, il détachera
des patrouilleurs de côté, tant qu'il sera
en pleine campagne, comme il a été
dit plus haut; mais dès qu'il s'appro-
chera d'un bois, il ne laissera que deux
honunes en avant ; ensuite il fera sui-
vre l'infanterie en deux ou plusieid^
pelotons, selon sa force ; après quoi
viendra la cavalerie, qui laissera aussi
deux honunes en arrière pour faire
l'arrière-garde. L'infanterie fera les
patrouilles de côté, en suivant le déta-
chement, parce qu'il lui est plus facile
qu'à la cavalerie de se glisser dans les
sentiers et dansr les buissons. Si l'on
entendait im coup de pistolet, ou si
Ton découvrait quelque chose de l'en-
nemi, ceux de l'infanterie se retire-
ront aussitôt, et se posteront à droite
et à gauche le long du chemin, sans
cependant se faire face les uns aux aur
très ; mais ils se mettront à un certain
éloignement, a6n que les deux hom-
mes de devant, étant assaillis par l'en-
nemi, aient le chemin ouvert, et que
l'on pnisse saluer l'ennemi, s'avançant
avec chaleur, et le chasser. Si l'ennemi
était repoussé par le feu de l'infante-
rie, on le^poursuivra avec la cavalerie ,
et l'on pourra faire quelques grands
oonps. Mais si ta oavalerie était re-
poussée, elle passera an travers de
nnCanterie qui ta soutiendra. Le dé-
tachement entier étant forcé de se re-
tirer, l'infanterie fera l'arrière-garde et
les patroirillea dans les bois, et ta cava-
lerie {en ta même cbeae dans ta plaine.
m
iMrwottfon ÉMÊÈtB
Si foncier s'a^erf oit qu'on ie po^r^
Bvii av0e une cavalerie plus fortô que
la «enne« il ne fera pas mal de former
ton infanterie en iroiSi et sa cavalerie
en deu troupes ; de mettre son déta-
chement en ligné droite, mais toujours
de façon que l'infanterie aoit sur les
ailcs^ et la cavalerie au centre^ entre
nnfanterie* Il pourira aikssi phloer quel*
quea gens bien entendus de l'infanle-
rie^ les uns éloigné» des autres, der-
rière to cavalerie. De cette manière, il
aura toujours sa retraite assurée, parce
que l'un tiendm l'autre»
L'infanterie^ en se retirant, peut
fiike un feu continuel; étant toujours
aenrée près de la cavalerie^ eHe ne sera
jamais si eiposée que cette dernière.
L'infanterie couvrira lesllancft; et la
cavalerie ennemie, quoique supérieure
en forces^ ne s'exposera pas flieilement
tu feu de l'infanterie ; mats si^ au con-
traire, on laisse agir chaque espèce de
troupes pour soi, il aitivera souvent
que Tutie abandonnera l'antre; et
étant forcée de oombittre pendant la
mut, elle se retirera à la faveur des
ténèbres^ Si absolument M était pres-
sé par l'enfeierai, on eilvenna à temps
quelques gens aiBdés an teamp ou dans
les quartiers^* peur demander du se-
€ourS| de peur de oourir risque de
perdre tout son monde.
ClIAMTfcË ïV.
9^H €Qiiri«ae de rolMcr à Ml poileééUnlié.
L'officier étant détacshé avec tmite,
quarante ou cinquante faonMes du
fiàlé de rtile dreîle 4'me armée Un de
quelque autre ^este «noemii^ ^mur
l'observer ou découvrir Un pa j^, et ce-
luMi ne lui eitpittcatauu, il s'en met-
Ut au Ait diWksrt parta aàrtov «tpais
par ceux qui le oontetsselit à fond* Sun
premier soin doit être de choisir une
poeition sur Une motitagnd entourée
de bois, s'il est possibiOf de laquelle il
puisaa découvrir l'ennemi sum être fli.
Surtout^ si c'est dans un puysuniln-
miv pendant la nuit, il tâchera tl*y ar-
river sans bruit, il évitera lea vittages,
ne permettra pal qu'on fane du feu,
et ^ra en sorte de n'être vu de per-
sonne. A la pointe du jour, il mettra
des postes à pied sur le pentihant de la
montagne ; derrière lea arbres nu les
butsions, des postai à chevd^ qui pour-
ront eiauiiner de loin tout ce qui ae
passera du cdié de l'ennemi. Si é& eet-
te manière H nu découvrait pua ce qu'il
désire, il fera monter des gens sur les
arbres les plus haute. Il ae fera expli-
quer en détail ce ipt'Hs déeuutrfruut.
611 était à portée de Toirtout ce qui
se passe duna le cUmp nu à quelques
postes d'importance^ il récrira dans
ses tablettes, et marquera l'hem^ dans
laquellu l'une ou IMutra chose s>st
passée ehez l'ennemi.» ttn de pouvoir
tesoir Mré un rapport joue am géné-
ral commandant.
Ce détachement derant uè teirir ca-
ché autant qu'il lui aéra posMMe, il
sera nécesaairo depourv^r lea gens de
vivres, et les dievanx de faurrugea^ au
moins pour trais jours,, uprèa lequel
terme on relève unUnafréniUBtle dé-
tadiemni; mais l'oOdur, ooMuissmit
lou*es les avenuKa» ne demandera |mu
mieuk que ée rester.
fas non^au détachement doit Mre
amené pendant la nuit a? ee la plus
grande précauttUA^ comme il a été At
plus haut, par quel^u^m 4e ftocien
déteehemeut, el qui sache ^frfle-
ment rendrait uA relBeier doit w «eb
ver ta miit auivmte. i^ «etto thanJèn^
il poinm, peudant qMl^ue temfia, eh
aenrer i'efinomî ^itfinftlraéfcuuieat.
DÉRODÉB A PâÉDÉRlC II.
Dèi que roffii'ier s'apercevrn qne de se trahir, d*être repoussé et de
Ifselqne hn^rd roiira décckr, il redou- ^ Toif échouer son entreprise, il fto doit,
blera ions ses soins. De jour, il n'a- ! pour ainsi dire, (|ue se glisser tout
bandonnorn point son premier poste ; ; doucement autour de l'ennemi ; de
is aussitôt qn*il fera sombre, il dioi- 1 Jour, ne point se montrer aux hnbi-
tans, et encore moins leur être à char-
ge ; car autrement ils chercheront A le
découTrir, A le trahir et A le faire chas-
ser du pays.
Il est vrai qu'un tel ofUcier aura
beAuooup de peines et d'inquiétudes;
mais aussi , s'il s'oiquîtlc bien de sa
commission, il se fera honneur. Il cou-
vrira le pays, de la manière prescrite ,
avec peu de monde ; et par \h il Assure-
ra un grand avantage A l'armée. Tou-
tes les règles indiquées pour les avant-
gardes et patrouilles auront aussi lieu
ici pourvu que rolïlciersarhe les met-
tre en pratique.
#ra un autre endroit dans les envi*
nMis, pour y paaaer la nuit.
Avant de s'} rendre, il ne le fera sa-
?oir à personne, même à son eom^
mmmio. De là. Il enverra des patrouil-
ki en avant, à droite et A gauche, et
tGot alentour de son poste, pour cou-
vrir le pays. Avant le jour, c'estrà-dlre
ven le crépuscule du matin , il aban-
donncft ce poste , de peur d*y être
■■rpris, et pour pouvoir s'y fixer pen-
dant plusieurs. nuits de suite ; pendant
le jenr, il prendra sa première posi-
den, d'eè il aura pu découvrir l'enne-
ni en plein.
Çeat aiiisi qu'il agira toujours, et lui
aeul devra savoir l'endroit où il passera
le jour ou la nuit suivons. Il changera
de position pendant la nuit aussi sou-
vent qu'il le jugera à propos, et choi-
fira tantôt un endroit, tantôt un au-
tre; mais son choix doit toujours le
mettre A même de remplir la commis-
sion qui lui aura été donnée.
CHAPITRE V.
De la conduite d'un orQcierIor<squ*il esi envoyé
pour fuirc des prisonniers
Cela peut se Faire, tant de jour qtie
I de nuit , de quatre manières, selon Ti-
En cas que sou détachement soit dée de chaque oflicier, cl selon lAsItlia-
ctaasaé et dispersé par l'ennemi, il lui tion différente du pays. La chose en
elle-même n'est point difficile; mais
elle est de conséquence pour un ofH*-
cier commandant, ou pour un généfal,
qui ne peut rien découvrir de Ten-
nemi que par des espions ou autres
moyens semblables.
On observe de jour tes mêtUM rè-
gles recommandées ci-dessus A TaKicle
de la patrouille.
L'oilicier montera seul A pied sur
quelque hauteur : il donnera son che-
val A tenir; et si la hauteur n'était
connu, il ne s'amusera pas A faire du j point gîirnie de broussailles, il aura
butin et des prisoimiers ; mais il eié- soin de n'avoir pas sur lui d'indice de
catera adroitement les ordres. De peur son srade, et mémo de son état, qtii
ignora d'avance la place de rallie-
meDl du côté du camp ou du quartier-
gé^iéral, avec les précautions indiquées
j^our la nuit, A l'égard des patrouilles,
du secret et du changement des postes.
L'ennemi, voulant entreprendre quel-
que chose contre lui, sera obligé de le
chercher, et par lA donnera A connaî-
tre ses desseins.
Le principal but d'un officier ainsi
détachié n'étant que d'observer l'enne-
mi et de couvrir le pays qu'il aura re-
m
pouirattleiaire dialioguer: il pourra
»e baisser, faisant semblaat de travailr
1er à la terre comme si c'était up
paysan, n regardera ainsi de tous cô-
tés sus préoccupation apparente. S'il
voyait un détachement ennemi égal an
sien, ou des voltigeurs, il tombera tout
à coup sur eux et fera des prisonniers :
dans la première surprise il slnforme-
ra de ce qoi lui sera nécessaire, il leur
promettra de leur rendre la liberté,
s'ils lui découvrent la vérité ; et s'ils ne
veulent pas, il les menacera de leur
faire briÛer la cervelle. Cependant il
ne s'en tiendra pas à tout ce qu'ils lui
diront et fera, autant qu'il lui sera posr
sible, la difiérence du vrai et du faui,
de peur d'adresser un rapport trop pré-
cipité, peu juste, et de s'attirer des re-
proches.
Dans une telle occasion , l'officier
s'armera de patience, et ne s'ennuiera
pas d'attendre, de peur d'aller trop vite
en besogne et de tomber dans le piège
qui lui aura été dressé.
Si , étant posté ainsi, il voit venir à
lui des gens du cAté de l'ennemi , il
enverra un homme seul à leur rencon-
tre par des chemins détournés et les
fera questionner ; car, s'il y avait quel-
ques partis qui eussent des vues sur
lui, et si cet homme était envoyé
promptementà la découverte, le déta-
chement serait trahi.
En général, on doit ici se servir de
toutes sortes de moyens qui ne vien-
nent que de la ruse et de la présence
d'esprit de l'officier.
Pendant les ténèbres, on observe la
même règle comme on Ta dit ci-devant
dans l'article de la patrouille de nuit.
L'officier épiera les gardes avancées
de l'ennemi pour tâcher de leur enle-
ver quelques patrouilles ; si cela ne Lui
réussit pas, il s'en approchera douce-
mMit «>ut^nt qu'il i«'^i»u«raà la fa-*
INàlAtCTIOlV SBCBÈTE
veur des ténèbres), et auSsHAl que l'on
criera sur lui , il tombera dessus aree
la dernière vitesse et enlèvera ee qui
lui tombera sous4es mains.
Si l'officier avait de ses gens qm
comprissent la langue du pays ou et
l'ennemi, il les enverra devant du cAté
des vedettes. Ils iront se dire déser-
teurs, et pendant qu'ils rendront
compte de choses indifférentes et d'u-
sage , le détachement pourra s'appro-
cher autant que possible.
Quand on va à une expédition , l'on
prend avec soi des gens sûrs. Il arrive
très souvent que le plus brave des sol-
dats devient le plus poltron de peur
de perdre son argent : quand on sait
que quelque hussard on dragon, de son
commando^ en a sur lui, on lui persuade
avant de marcher de le déposer dans
la caisse du régiment, en lui remet-
tant un reçu de la somme.
tUAPITRE VI.
Comment an officier doit aUaquer la caralerÉe
etini'Diie
S'il arrivait qu'un officier fât déta-
ché avec trente, quarante, ou cin-
quante chevaux pour patrouiller, ou
pour d'autres vues, et que dans sa route
il rencontrât des cuirassiers ou des dra-
gons ennemis, il fera son possible pour
leur cacher sa force, et au commence*
ment il ne se montrera qu'avec très
peu de monde, pour remarquer aussi
bien le nombre que la contenance des
ennemis, et quoiqu'ils soient de la
moitié plus forts que lui , cela ne de-
vrait pas l'empêcher de tenter un beau
coup.
C'est  lui à juger s'il?? viennent de
loin et si , par la longueur do la route,
leurs dievaux sont aOt^Iblis. Il eiaïui-
DiEOBiB A FRÉDÉRIC 11.
Berft U« iHs ont leurs porte-man-
teaux et lenr charge ordinaire , si le
chemin dans lequel ils marchent est
bon on mauvais, si le terrain est ma-
récageux, si les chevaux y peuvent
puier, si la terre est ferme , s'ils ont
de la plaine ou du défilé, si on peut les
entoûer; O tâchera de découvrir tout
cela avec la plus grande promptitude
afin que, se tenant caché, ou ne se
montrant que de loin avec ce très peu
de monde , il puisse prendre les mê-
mes qull trouvera le plus à propos.
Si l'offlcier s'aperçoit que la cava-
lerie ennemie marche dans un pays
dans lequel il ne pourrait l'attaquer à
son avantage, il la laissera passer tran-
qySlement; cependant il restera éloi-
gp&4*elle aune certaine distance, tou-
jonn avec peu de monde , tenant le
reste cadié, et dans une position com-
Hie B*il n'avait pas envie de l'attaquer,
jusqu'à ce que l'ennemi arrive dans un
eadroit qui favorise son entreprise;
liors il partagera promptement son
corpe en quatre, cinq ou six troupes, et
attafiaera du côté le plus faible. Il faut
Ibaoiiiment que l'officier en sache ti-
rer an jogement juste. De ces circons-
tttioes, îl connaîtra d'abord la capa-
^:tÊé de l'offlder ennemi, s'apercevra
ta eontenance de son monde, et
condure par là ce qu'il y aura à
pour lui.
]irmdpales vues de l'officier se-
Mwt de fatiguer les chevaux, de les at-
tirer dans un champ fangeux , d'où ib
aie imlflaent pas se retirer facilement,
et de les forcer A diverses évolutions :
tost oela servira à mettre la confusion
daaa la troupe ennemie.
n attaquera de tous côtés leur fai-
aant crier ^Htea; mais, dès lecommen-
oement, il les désarmera tous et fera
tuer les chevaux qu'il prendra jusqu'à
ta qn^il ait tout-A-fait vaincu l'ennemi
et lui ait fait prendre la fUite ; alors il
permettra et ordonnera de faire des
prisonniers.
Tout ce que l'officier de la cavalerie
ennemie pourra faire, ce sera, selon
les circonstances , d'envoyer quelques
troupes au devant des nôtres , ou bien
il les attendra de pied ferme.
Dans le premier cas, on fera marcher
contre elle d'abord quelques troupes
qui la repousseront vivement; en même
temps les autres attaqueront ensemble
de tous côtés en jetant de grands cris.
Mais, dans le deuxième cas, on en-
tourera l'ennemi de tous côtés, et l'on
fera surlui un feu vif; il ne pourra alors
que faire une évolution sur la ligne
contre ceux qui voudront le prendre
en dos ; dans ce cas il faut sur-le-champ
tirer avantage de l'occasion et l'atta-
quer de suite. Mais, si l'officier enne-
mi est un homme habile et entendu ,
en ne voyant venir à lui que peu de
monde, il prendra sur-le-champ telle
position qui lui couvrira le dos, pour
dans cette position , ne pouvoir être
entouré et n'être attaqué que sur son
devant : alors il sera très difficile, pour
ne pas dire impossible, d'entreprendre
la moindre chose contre lui.
Le meilleur parti qu'on aurait à
prendre, serait de s'en éloigner, et de
le laisser nuu'cher, mais en le suivant
toujours de près, jusqu'à ce que l'on
trouve une occasion favorable, comme
on Ta di| plus haut, et que l'on puisse
mettre ses desseins à exécution.
CHAPITRE VII.
De la conduite d^nn officier contre on détaclit-
nent de hussards égal au sien.
Si l'officier rencontre un détache-
1»
190 UI$TliIlCTl05 9WW|CT«
ment de hqssarda qui lui soit égal eu l'eanemi en dé$gr(tri; et n^m fH^n tÊ4
force, alors le bonheur décidierA en &- ^^ré de le battre,
veur de celui qui aura If'S meilleurs
IQldats et les meilleurs chevaux, qui "•
attaquera avec le plus de furie, et qui,
le s^re à la main , fondra sur l'en ne-
mi après avoir essuyé son premier feu
sans en être épouvanté. Il y a cepen-
diint des avantages dopt on p^ut se
servir en pleine çan^pagne, ppyr at-
teindre avec plus de sûreté le but
qu'on se propose.
Si, par exemple, le détachement
était de quarante homipes, l'ofGcier
pourrait en mettre vingt-cinq en pre-
mière et quinze en seconde ligne pour
CHAPITRE VlII.
De la conduile d'un officier ^^Qi nne
attaque.
L'offider commandé avec qm
pe , ou avec un peloton, pour
le corps ou le régiment lonqii*il eit
prêt de se former en ligee. (mab
nairement on en commande ph» t\
à cet effet) aura la me autant mr f
*"'7"^ V "^]"""*^ r*' "^^"^^ "•"*' r'"^ ïieml mie sur la troupe qu'H defra
présenter h leunenu un front en Ion- _, ,| */ „ _k
■^ • ** X ^u- t vrir. Il enverra contre remMmi
gueur ; mais cette répartition se fera
à rinsu de celui-ci. On disposera en-
suite le second rang de manière que
les deux premières Qles (les deux li-
gnes puissent directement marcher
sur leur chef-de-61e ; il semble alors
que tous les rangs sont pleins. T/enne-
mi, qui croira le détachement plus
fort que le sien , hésitera de l'atta-
quer : dans cette position l'on mar-
diera droit sur lui et l'on recom-
mandera aux gens de bien faire atten-
tion au commandement de l'ofBcier.
S*étant mis ensuite au grand trot,
on fera,
pour saisir
Tennemi ne s'en aperçoit pas , il sera
d'abord surpris et on le battra.
Mais s'il y fait attention, il fera une
évolution par la gauche, et #itera par
là cette surprise. Quand on l'aura
reconnu, on rompra sur-le-champ
cinq ou six files de l'aile gauche (mais
il faut que \e^ g^pa en SQjent instruits
d'avance] ; ceux-ci par la droite et les
mis ensuite au grand trot, .
i,je suppose, serrer sur la droite „ :!^^^, ^
\\ .7 ,1 • . lailelaiNUS
usir l'ennemi sur la gauche ; si * /^ ;.,
voltigeurs qui rempèoheiODt, {MT
feu continuel , de rien enl
contre le coirpê ou le régimeat;
même temps il fera attention à
les mouvement qni se feront derrHn
lui , ne perdra jamais de me le légi*-
ment, prendra tontes les poaîlieM
qu'il lui verra prendre. Dte qu'il e»-
teadra sonner le rappel e« la mavcke,
il rassemblera son monde au phip vHi
et rentrera à son corps par lea
toresqu'on laissera pour loi.
Mais s'il ne bit que couvrir am
cavalerie, il se mettra m
proche, aidera à Mre M
taque et s'il voit qoe TeMieni wriH
entreprendre la moindre eho#e mtk
Banc, il therebera & le ooDvrir. Si V^
ttemi plie, il tâchera de le metlve tai
à fait en déroute.
Si rennemi voulait se leiaeHiu ,
l'en empêchera par aoii Ara eoiitiMi
et en le suivant le phiappèa qu'il pHi
ra. Cependant il regardera toujem
derrière hii, pour voir s'il eit aoatwi
autres par la gauche attaqueront l'en- ^ :.. « . . . . ^ _.
nemien un même temps, le sabre à Je jenr tfdter trop tom et de *'eipo«
la main avec des cris épouvantables. * ""* •"•"W'^ areiiture.
C'est de cette manière t^u'on mettra ,
CHAPITRE IX.
Bi la hwiIbUc d'na ofQcler qui doit cuuvili !■
MCODde lijne.
lenppose qnedans la premfëre ligne
fl n'y ait qne sis escadrons , et que
dus la Seconde ligne il n'y en ait que
qnttra ponr se couvrir ; ces derniers
rateront tonjoara directement der-
îMte rafle droite de la première ISj^ie
etdes six escadrons. Si l'ennemi vou-
lait tomber dans ie flanc de la seconde
l^tae, rofflcier commandant l'en em-
pidwra «rec les escadrons; et, s'il
Voyait qne pendant l'attaque on vouMt
IH^prfendre la première ligne en finnc,
S conm k son secours et se formera
tm le flanc de l'ennemi : cependant
fl prendra bien garde de ne pas cxpo-
Jer le flanc de la seconde ligne par
cette manoeuvre.
tt 11 première fait plier f ennemi et
■e dhperae avec Ini , la seconde mar-
diera au secours; mais si la seconde tl-
•^BC n'était composée que de cavnlerie
«|dI ne ponrralf assez vite soutenir là
^première , l'officier la suivra tonjours
Tec sa troupe, et II restera continuel-
lement serré pour recevoir les prison-
I, afin que ceux qui sont devant
it toujours faire leur devoir.
Ce qae Ton vient de dire ici regarde
Ibi (rfUcfers des denx ailes de la secon-
CHAPITRE X.
Da U randull* qae doit Unir ub olDcler lort-
qu'il art aa «Hdan et qnanil le corpi dtxmio
t'cit d'un âétacbwieDt de ce senre
VB dépetid lu plus souvent le salut de
iMllft WW «rate. L'oAicier détaché à
œ sujet ne peut donc prendre trop de
précaution pour mettre le corps qui est
derrière lui en sûreté.
ie posa le cas qu'un ofTicier ne soit
détaché qu'avec des chevaux-légers,
sans infanterie
Supposé qu'un officier soit comman-
dé avec trente ou quarante chevaux, et
qu'il soit assigné dans un village, ■ttss»>
t6t qu'il y sera uirivé, U prendra le
tien ou la quatrième partie de son
monde , fera U patrouille aussi loin
qu'il pourra la soutenir dans tont le
pays et jusqu'aux postes de l'ennemi,
etil reconnaîtra toutes les brotuaailles,
les villages et tes valloDS d'alentour. U
cachera en attendant le reste de son
(lûtacliement derrière les maisons; ou,
s'il craignait quelque attaque, il le
prendra tout entier avec lui.
Quand il fera cette patrouille, il
prendra un homme à cheval du village
avec lui, qui lui montrera toat le pays
en avant, où et comment l'ennemi aé-
ra posté, et par quel chemin os antre
endroit il pourrait venir à Ini ; mois il
examinera t»en ce pays sur sa carte
particulière pour toieax le eonnoltie
encore.
Cela étant fait, Upostera ses vedettes
de telle façon qn'^les puissent déeon-
vrir tout le poys du edté de l'ennemi,
comme il a été dità l'article desgardn
avancéea. Il emena maA ta iderinr
m on deox soldats avec qnelqves
paysaM, qui feront attention à to«t et
qui arertÏTOnt , en donnant u signal
par on coupde cloche, s'tb découvrent
ipAqma chose de renoevri. Si dans le
village il n'y a pas de clocher on les
mettra sur la maison la plus haMe.
Aprta noir feit ttm les arrmg»-
mens nécessaires , il powm faire en-
trer la moitié de se» gen» dans les
maisons des paysans let phs proches,
faire débrider, dessdier la moitié des
WftTRCCTIOlf SBC&iTtS
diefaox el les faire panser. Après qae vedettes , il y ira aussi lui-même pour
ceux-ci auront mangé el seront ressel-
lés, on pourra en faire autant des au-
tres. Mais si rennemi était dans le
voisinage, et que Ton e*t quelque
chose à craindre, m attacherait les
ehevauf par la bride, cachés derrière
les maisons, et on leur donnerait ainsi
à manger.
B est également nécesssaire d'avoir
une garde à pied, qui aura continuelle-
ment l'œil sur les vedettes, pour avertir
aumoindremouvementqu'elleleurvei^
rafaire. Il fout aussi que l'offleier mette
une garde à l'entrée et à la sortie du vil-
lage, prindpalement dans des buissons
sur la pente d'une montagne, pour
couvrir ses flancs, de peur d'être atta-
qué et coupé.
Il est généralement de la dernière
nécessité d'assurer non-seulement le
devant , mais aussi les cAtés et le dos,
surtout de nuit, quand même il y au^-
rait des postes de la même jarmée dans
Je voisinage.
L'offleier enverra souvent des pa-
trouilles de deux ou trois hommes au-
delà des postes des vedettes, qui t&r
cheront de gagner les hauteurs qu'on
n'aura pas pu occuper à cause de leur
éioignement, et découvrir de là tous
les nM>uvemens que l'ennemi fera. Il
pourra aussi faire ces sortes de pa-
trouilles quelquefois avec quinze, vingt
ou trente hommes, et se montrer à l'en-
nemi pour lui faire croire qu'il est plus
fort qu'il ne Test effectivement. En
icela il aura encore l'avantage de mieux
oonnattre le^ays et la position de l'eu-
nemi.
Pendant le jour il fera dormir la
moitié de stss gens et fera desseller les
chevaux; maïs l'autre moitié sera ton*
joum éf eiUée et aura les chevaux sellés
têcher de découvrir le changement que
Tennemi pourra avoir fait dans sa po-
sition. Alors il adressera son rapport
par écrit au général commandant.
Aussitôt qu'il fera nuit , l'officier ti-
rera ses postes un peu en arrière, et
s'ils étaient sur des hauteurs, il les fera
mettre derrière et au bas de la monta*
gne ; parce que, regardant de nuit vers
le ciel, il est plus facile de voir l'enne-
mi arriver que s'il regardait de la hau-
teur en bas.
Si, auprès du village , il y avait des
bois ou des ravins que l'on pût garder
de jour avec les vedettes , et que l'on
perdit de vue, de nuit, il faudrait alors
avancer les postes. S'il y avait des
ponts en avant, l'ofiScier pqmrait aussi
y placer ses vedettes ; mais pendant la
nuit il les en retirerait et il ferait êter
les bois des ponts.
Il fera boucher toutes les grandes
issues du village, aussi bien qu'il pour-
ra, avec des chariots, de grandes bran-
ches d'arbres et des perches ; il y met-
tra une garde de paysans qu'il fera vi-
siter souvent, de peur qu'ils ne soient
les premiers à les ouvrir. Il montrera
à ses soldats postés dehors deux ou
trois entrées au village, que l'ennemi
ne pourra pas connaître et que ses
gens doivent bien remarquer, afin de
les trouver pendant la nuit et pouvoir
se retirer par là. L'ofiScier enverra par
ces chemins, pendant k nuit, de peti-
tes patrouilles qui visiteront aussi bien
les vedettes que la chaîne, et exami-
neront de bien près ce qu'ils pour-
ront découvrir de l'arrivée de l'en-
nemi.
Vers minuit l'officier fera bim de se
tenir éveillé ainsi que ses soldats ; s'il
voyait que l'ennemi voulût entrepren-
et bridés. Dte qu'il commencera à faire j dre quelque chose , fl observera ce qui
nuit. Il fera faire la patroniUe hors des J a été dit à l'article despatrouilies de
DEROBEE A FREDE«I€ II.
nuit. Vers ie matin, avant la pointe du
jour, il fera seller, brider et monter à
cbeval. SI l'officier jugeait à propos de
changer déposition pendant la nuit, il
en avertirait d'avance ses postes déta-
cha afin qu'ils pussent le trouver dans
robscurité.
Il fera faire rapport au général com-
mandant , ou à l'officier par ordre du-
qaei il est détaché , de tout ce qui ar-
rivera pendant la nuit, principalement
si Tennemi faisait quelques mouve-
fflens pour s'avancer. H redoublera
alors ses soins , restera toujours avec
ses soldats dans les champs et se com-
portera conune II a déjà été dit à Tar-
tide des gardes avancées.
Dès qu'il fera un peu jour, les ve-
dettes se glisseront de nouveau sur les
hauteurs et regarderont autour d'elles.
On tiendra aussi quelques patrouilleurs
prêts qni, dans le même instant, iront
en avant pour visiter les buissons d'a-
lentour et Yoir s'il n'y a pas quelques
partis ennemis cachés. Ces gens-là res-
teront dehors à faire leur découverte
jusqu'au grand jour (par un temps né-
buleux cela est surtout nécessaire] , ils
pourront se disperser et couvrir tout le
front Si tout est tranquille, l'ofBder
montera à cheval hii-méme et ira à la
découverte : alors il dirigera ses pa-
trouilleurs en avant autant qu'il lui
sera possible. Pendant ce temps tout
le détachement doit être à cheval et se
tenir prêt à tout événement.
Les patrouilleurs étant rentrés, il
fera rapport au général commandant
de tout ce qu'il aura pu découvrir.
Alors il remettra quelques soldats an
dodier on sur la maison la plus haute,
fera desseller , débrider et panser là
moitié des chevaui; il fera son poa^
âUe , surtout dans un pays ennemi ,
pour empêcher les habitans d'aller en
avant du cêté de l'ennemi , parce qu'il
pourrait en être trahi. Il devra aussi
prévenir toute la comoMinauté qu'U fera
tuer tous les paysans qui oseront aller
au-delà des postes ayancés dn cêté de
l'ennemi. Mais, si l'officier pouvait y
envoyer un homme sûr, il Cotudrait qu'U
le fit sans taarder et sans regarder à la
somme qu'il lui donnerait , piffce que
de cette manière on apprend plus que
par des patroniUeurs. Il se dirigera sur
le rapport qu'il en recevra et fera le
sien à son commandant. Il tâchera
d'avoir un rapport pareil le roatm et le
s(Hr.
£n général, les règles qui ont été
prescrites ci-deyant, soit anx gardea
avancées et patrouilleurs , soit pour, li^
découverte de jour et de nuit, doivent
être considérées comme étant le vrai
fondement du service.
CHAPITRE XI.
Devoir d*on officier détacbé avec vingt» trenta
ou quarante homme.*, pour garder on village
situé derant le froni ou dans le flanc d*one
année.
Un officier, étant commandé dans
un endroit connu, recevra les InstruO"
tions suffisantes de son général sur sa
destination, sur le pays qu'il a à cou-
vrir, sur le terrain oà il enyerra set
patrouifieurs , sur les postes ennemis
qn'il aura à observer et sur sa retraite
à l'aimée, en cas que l'ennemi Pattaque
avec des forces supérieures.
Cet officier restera continuellement
à ce poste à moins que les dîffièiipna
objets de fatigue , et l'attention qu'il
doitayoirsanscesae, n'obligentàle re^
lever chaque vingt-quatre heures.
Je parlerai d'abord de Toffider qui
serait détaché avec des chevauz-lègera
seulement et puis de celui qui aurait
sw^
INSTRUCTION SBCRKTB
quelque pea d'infennterie. Les disposi-
tions que l\>fBcler fera dans cette oe-»
casion sont les mêmes que celles dont
nous Tenons de parler. Hais comme
l'hiver change quantité de choses ,
aussi bien que les chemins ^ il faudra
que rofBd^ sache mettre on pratique
ce qui suit
itant arrivé à son poste , il ira faire
sa patrouille pour apprendre à con<*
naître le pays, et à ce sujet il prendra
un guide du village. Il s'informera de
toutes les choses néeeasaires, mais $m*
tout , quand la terre est couverte de
neige, par où l'on pourra passer sans
suivre de chemin. II remarquera bien
le pays pom* pouvoir prendre ses pré-
cautions et couvrir l'endroit le plus
dangetéux. Après quoi il choisira les
lieux où il postera ses gardes et ses ve*
dettes. Il a déjà été dit ci-devant, an
chapitre des gardes avancées , com-
ment on doit s'y prendre. II assignera
aussi à ses soldats la place d'alarme ;
mais on dira dans un autre chapitre
comment II faut ta choisir.
(«es gens et les chevaux ne pouvant
rester au bivouac en hiver, il prendra
pour le ralliement le côté du village
oèfl y attp» le moins à crrindre. Il
pfaHSer* ses soldats dans des maisons ée
paysans qui aaront des imies par der-
rfife do cAté de la place d'alarme. H
fie les séparera pas bearocoop les uns
des mires, et dans chaque quartier tt
aura sohi de mettre un bas offkier q«
tiendra fes soldats éveillés pendant la
nuit. II prendra son qvarlioràa mîHe«
de cetfY des soldats , et posera devant
sa porte une sentlMile, laquelle em
premier covp de pistolet fera do bruit;
sUle trouve A propos, il rasaonblera
pendant la miil loua les soldats dans
San quartier et se tiendra prM à tout
c^oneuion'»
'*''irno feimettr» p« qiiedaoate vil-
lage il y ait des chariots, du bois, des
brandies d'arbres, ou autre chose dans
les chemins, qui puisse empêcher It
prompte sortie des soldats.
On se persuade souvent, étant à un
poste qu'on croit sûr, que Ton p'y n
rien à craindre à cause de la mpério:-
rité du détachement, ou que l'eDDami
est trop éloigné pour venir attaquer i
mais un bon oGBder ne se livrera ja-
mais à cette confiance. On no voit qp$,
trop souvent que cette sécurité donn^
occasion à surprendre les quartiers, et
que les diMrmeurs et les négUgena mk
battus par l'ennemi éveillé et prudent»
Pour ne pas être surpris, U faut tou-
jours se tenir sur ses gardes, commo4
l'on était près d'un ennemi surveillant
qui ne penserait qu'à attaquer.
U ne faut pas faire attention i|iuf:
murmures du simple soldat qui n'eit
presque jamais content ; mais il faut jo
convaincre de la nécessité de ce^ soina*
attendu que l'ennemi cherche toujooirf
à profiter de la moindre négligence»
Si, malgré toutes les précautions^ il uh
rivait quelque chose de grave.. (ça
qui n'arrive cependant que rarement],
on n*auca au moins rien à se reprocher*
Le principal c^]ei« quand on est i ua
id posle^ est de gagner du temps da
peur que Tennemi no surprenne le jié^
tachcment à l'imprévu ; mais il faut
être en état de se trouver sous les ar-
mes sur la place d'alarme poui* s'opipo-
scr à Termemi etdonner a l'armée avia
de son arrivée.
U faudra bien apprendre aux p»*
trooilleurs comment ils se consporte*
roni et ou ib ktmt. On ne les enviurra
januMS à des heures pareilles, mais à
desmomena diffiérens afin que reancmi
ne puisse les éj^er ni les enlever.
SA l'ennemi approche pecidant le
joui de nos paatea » loffider avancera
avea UM tartie de Si tiwpt , «Il si(fcMi
BÈMMiB k minAuc n*
loi' CirMMUiltiHM f t?ee son détadle—
nMt etitier pour soutenir ses gardes
ayaiicées et les retirer à soi avec sûreté
8l le cas le demande. Pendant la nuit,
il eÉttelra tiiissItOt quelques soldats
eotitre Tetineiiii , près des issues des
HielliiM qui eotidnisetit aux gardes
avancées, et qu'elles seules doivent
oMtltftaf6,pOiir soutenir et faire retirer
Mhef^» n se donnera tontes les pei-
uM'l^oisibleB pour amuser l'ennemi, et
0 se Mffin de totis les moyens dont
MM i¥5nS déjà parié : il ne doit pas
MMdf qtfn est àce poste pour la su-
ffCté tfB Pëniiée*
(7lMt ^rqttoi 11 emploira tous ses
soins A repousser l'ennemi et A Téloi-
gBéf de loti quartier, quand même il
iettlt tiltMf fort que lui. De temps en
tMqtS fl fera un rapport Juste à son gé-
iMnd comitiandant, afin d'être soutenu
fif lift renfort^ ou pour que la retraite
Al cofpi ffUhse Atre favorisée. Tout ce
^ É été dit cMevant de la sûreté des
4llifilefi| des avant-^gardes , des pa-
tMoHIes et des découvertes est égale-
Iteltt ftl^pHcaMe dans cette position.
F0Adîint ow nuit fort obscure et
pendant un temps orageui, on recom-
in vedettes de patrouiller
A tour à droite et A gauche^ l*une
Patitre, afin de couvrir les distnn-
iptl aaront entre elles, et d'empé^
lOMSTifiie rien M puisse s'y glisser A la
BUf^tfuI dea ténèbres sans qu'elles s'en
4qiéicoitMt.
Iirfl fle tnmve de l'Infanterie A ces
^ôtM> I «M li pliGim dans les maisons
les plus proches de Tennemi ; on fera
tOMes les haies et les issues
"MMl^ firar ptlufoir soutenir ceux
^miH dihon, et on mettra des pos-
tée dTMiiMsrto A toutes celles des
Mlréei M ttlage qaTon «ara fAit bou-
AMr IfM Ma diariots ou des barrifr-
1M ftjMT, MiMtfftdneS lètleA--
dront au dehors sur des hailaim dea»
quelles elles pourront découvrir les ve-
dettes; mais, pendant la nuit, elles se
retireront derrière les barrières. On
mettra aussi des postes aui entrées du
village qu'on aura fait pratiquer ou
conservées libres.
Si la cavalerie était forcée de se reti-
rer par lA , aussitôt qu'elle aura passé
les portes de l'infanterie, celle-ci les
barritaaera pour empêcher l'ennemi
de pénétrer dans le village : elle l'arrê-
tera aussi long^temps» qu'elle pourra;
et, ne pouvant plus faire aucune ré-
sistance, elle se retirera au travers des
jardins et des cours des paysans, pour
se rendre sur la place d'assemblée et
y rejoindre la cavalerie pour s'y sou*
tenir mutuellement. Par là il leur sera
facile de repousser l'ennemi avec avan*
tage.
11 est très nécessaire que l'ofBcier
commandant ce détachement entre*
tienne l'harmonie entre l'infanterie et
la cavalerie : suriout ii aura bien soin
de fournir la première abondamment
de tout ; n'étant pas accoutumée A si
bien vivre, elle fera tous ses eiTorts
pour conserver ses bons quartiers, les
défendre et empêcher l'ennemi d'y pé-
nétrer.
L'on mettra en pratique , de toutes
les manières possibles, principalement
en quartiers d'hiver, tout ce qui a été
dltci^evant relativement aui espions.
CHAPITRE XII.
Gomment rufTicicr attaquera un quartier de
hussards a?et de la ca?alerie
8i l'officier cherche A se distinguer
contre un ennemi qui lui est supérieur
en force, il entreprendra de faire l'atta-
que d'ua quartier de hussards, ce qui
nrsTaocTioM secisic
présente les moyens les plus sûrs, les
plus faciles et les plas agréables , de
^ faire une expédition brillante.
Pour mettre son dessein à exécu-
tion, il tâchera de tirer des avis sârs et
utiles du village où sera Tennenii et de
tous les environs. Il faut qu'il sache
pour certain quel est Tofficier com-
mandant du poste, si c'est un homme
de service, s'il est versé dans son mé-
tier , ou s*il est jeune et ignorant, et
qui ne veuille se servir du conseil de
personne, parce qu*un homme de cette
espèce se croira toujours en sAreté et
se persuadera faire assez en postant
ses avant-gardes, et tout au plus en oc-
cupant les entrées et les issues du vil-
lage par une petite garde , et ea en*
voyant ses patrouilleurs toujours dans
les mêmes endroits et dans les mêmes
temps.
Il faut aussi qu'il sache si cet enne-
mi a des assurances de quelque renfort
considérable; car tel honune croira
peut-être faire paraître de la timidité
en en demandant ; il se négligera par
orgueil et se perdra par amour-propre.
Il faut être instruit des dispositions de
cet officier ennemi dans son village,
de quel cêté il aura logé ses soldats et
de l'endroit de la place d'alarme, il
s'informera de quelle espèce sont les
soldats , si ce sont des gens choisis ou
de différons corps , si pendant la nuit
il fait rassembler son monde dans un
endroit assigné ou s'il le hiisse dispersé
dans les quartiers , le temps et le lieu
d'où il lui viendra du secours s'il en at-
tend; enfin, commoA^ les gardes avan-
cées sont postées pendant le jour et la
nuit, l'heure et les endroits où les pa-
trouilleurs vont faire leurs visites.
Étant pleinement instruit de tout
cela, u fera les dispositions pour l'atta-
que, selon les circonstances qui en êsmt
le principal objet Cette attaque peut I
se faire de jour ou de nuit ; je com-
mencerai par expliquer la première fa-
çon.
Si l'on sait que leiuiemi est sur ses
gardes pendant la nuit, et qu'il ait fait
des dispositions à ne pas risquer d'être
attaqué, on tftchera de le faire pendant
le jour avec succès.
Il faudra laisser de cAtë les avant-
gardes ennendes jusqu'où l'on fait les
patrouilles accouiomées. Il est diffi-
cile, pour ne pas dire impossiUe, de
faire la moindre chose dans un pays
plat, sans bois et sans hauteur ; mais
dans un pays montagneux , rempli de
buissons, on prendra les di^ositions
suivantes.
Par exemple , si le quartier de l'en-
nemi est éloigné, on commencera à
marcher pendant la nuit ou à la fa-
veur d'un brouillard, et l'on se postera
dans un village^ un buisson, ou dans
an vallon proche de son quartier. Par
cette mardie cachée on évitera les pa-
trouilles de l'ennemi. L'olBcier a'airê-
tera dans le plus grand silence, en at^
tendant le jour ou le temps auquel les
patrouilles ennemies sont de retour à
leurs postes.
Ces patrouilles ennemies n'ayant
rien découvert, et leur rapport étant
fait qu'elles n'ont rien vu , rotOcier
ennemi les renverra probablement
toutes dans leurs quartiers; ses soldats
mettront bas leurs armes, desseUcvoat,
panseront leurs chevaux , parce qu'ils
croiront être en sûreté, et ae conêhe-
ront, n'ayant pas pa dormir pendant la
nuit.
On disposerait alors son avant^^anle
avec ordre, soit de fondre au grand ga-
lop tout à coup sur les avantrpostea,
sans leur laisser le temps de monter à
cheval, soit d'airiver an moins avec
eux au vîUage: alors ravan^carde se
djspoaera et ttram aaa aanpi d«na-laa
DÉIOBÉE A FMBDBRIC 11.
Vt
faètres pour augmenter la terreur. Ou
dépeindra le quartier de l'ofScier à
queiiinea-11118 des plus habiles de nos
loUats qai s'y rendront ventre à terre,
pour tâcher de se saisir &Uii, ou, au
BMiins TempAcher de monter i cheval.
D vnndiait cependant mieux pou-
voir pénétrer dans le village sansenta-
■MT les postes avancés; car ceux-ci,
voyant diéjà l'ennemi dans le village,
ne se hasarderont pas*d'y aller; ils ai-
maomlt nàmu se sauver, et Ton aura
«taat d'ennemis de moins.
L'officier suivra l'avant-garde de
psès avec le reste de son monde, qu'il
de diviser d'avance en deux
dont l'une soutiendra Favant-
gBide-et sabrera tous ceux de Tenne-
mi ifÀ se présenteront un par un à
cheval on qui ne feront que se mon-
trer. Il ne faudra pas s'amuser à f abre
prisonniers à moins que Ton ne
que l'ennemi ne peut plus
de résistance.
L'officier laissera l'autre moitié de
détachement serré dehors du vil-
; etf.s'il est seul d'officier, 0 met-
on bas-officier à la tête de cette
ipe^ avec ordre d'envoyer quelques
adroite età gaudie sur leshau-
i« qui poissent découvrir le secours
et en avertir le détachement
-ut'
Mais l'officier parcourra le viUage
paraonne, àdieval, pour donner les
nécessaires et empêcher les sol-
de se disperser dans les maisons
encore moins de piller; il le défen-
dra même avant l'attaque en les mena-
ient do pins grand cbàtbasent: il ex-
^ipliqnen clairement à chacun en parti-
cnller.ee qo'il anra à (Isire.
n fiera remettre tons les prisonniers
on détacoement qu'il aura laissé hors
dtt vflage, et défendra à ses gens de
oaodRfkefclàofee eux, parce qœ oeh
les empêche d'eu faire d'autres ; mais
il les avertira, quand ils remettront des
prisonniers au détachement de fane
écrire à la bAte le nom de chacun
d'eux par le bas-officier, afln que cha-
cun puisse savoir le sien après l'afiaire.
Si ses soldats n'observent pas cet ordre
(ce qu'ils ne feront pas si on ne le leur
commande), ib s'amuseront à conduire
leurs prisonniers de côté et d'autre, et
à la fin l'officier se verra affaibli par sa
négligence; mais les gens remettant
leurs prisonniers, conune je viens de
le dire , ils pourront encore en fiûre
d'autres.
Si l'officier a un trompette avec loi
U le laissera hors du village avec son
détachement
Il remarquera bien le temps qu*il
pourra s'arrêter de peur d'être surpris
par quelque secours ennemi qui ne
manquerait pas de bire échouer son
entreprise et de le prendre avec son
déta^ement.
L'officier ayant réuni asses de pri-
sonniers, fera sonner le rappel on, avec
l'aide de ses bas-offiders , rassemblen
son monde ; il remettra les prisonniers
A ceux qui n'auront pas les meilleurs
chevaux, et les fera partir d'avance
par le chemm le phis proche; il les
suivra avec le reste de sa troupe à une
certaine distance et formera l'arrière-
garde.
CHAPITRE XIII.
De rtUaqne d'aa quartier de hamrdi
la Boli.
Si , par les raisons dont on a fUt
mention à l'article de l'attaque pendant
le jour, ou avait résolu d'en faire une
pendant la nuit, l'on s'approchera du
aussi près qu*oo le pourra; qii
198
twiintCCtidN si!<!iiiM
évitera te§ grandes gafdes p«hr (tel dd^
fotirs ponr dttrpfendre Tentietiil en dbs
et on Tempècherd , antant qall sèr«i
possible, d6 8é l'àssembtél*.
tl fdudit d^&bof d , en grand silence,
envoyerravant-gârdéétt ai^ntfiTecdes
voltigeurs qui s'Approcheront de fën'
rtemî ; aussitôt qu'ils se verront dêcoti-
vérts, ils fondront dessus au grand ga-
lop, fâcheront de se mêler avec lui, ne
lui laisseront pas le temps de monter A
«heval, et chercheront h pénétrer fttee
hit dans le Village. On téth une bOfme
rétiartitloH de Sôn détachement ftvàiit
de rien entreprendre ; et, pour te ftire
flv^e Justesse, Vm se dirigera sur la
(brce de r^tnéml. Supposé quecehû'^
ci soit de cinquante chevMUï , et que
tkwr nKtaquer oh n^en i\t que vingt-
tfMj ou trente, on fcirà M répartition
«tiivtMev '
Oif «nrerra un bai-oWclèr arec dli
èhevMA éu SfvtMt pour faire f ^tant^
garde ; il doit être informé de ta pliiM
iTalarmé dêf PMnèuri , it tâehera d'y
ÉfHver enÉiémé tc^i^que luf; llfon*-
'Ara defifîM et lém prisonniers , dis«-
pëfÉtfa etsihreni touseeux apfîl pouf^
lii éticfttdre.
TTuê leOtnMIé troupe, iusst de dit
eheVanï, qut suivra l'AVMt^afde de
très prM, pénétrera au vHiage avec
elle , se dispei^sera ausiMOt , et empê-
chera Tennemi de courir aux armiOS et
de s'assembler. On sabrera tous ceux
qui sortiront des maisons un par un, et,
comme il a déjà é4é 4it jpluft haut, l'on
ne s'amusera pas à faire des prison-
ahrt, è neMiaqM l'AmMAi M toît to-
talement en dérwtê et hors de résis-
tance.
une troisième troupe de dnq hom-
mes, serrée à* la première, la suivra ta
ttHag^, restera «useudMe, et 9e dirigera dans la retrMie comme Ht éiéill
^ le point où rennèml fera le Wus f att«|ie ée )<Mfr
wt fésistMice et ofl^lt^MfSMréf te pNis
de bruit , pour soutenir la pirtfé qirf
en attrait besoin.
Une quatrième troupiê, aussi Méliy
hommes, restera serrée dévaM te tilfe»
g«, etde pied ferme, AuupoSHiBiépM.
reeevofr les prisonniers. MuM A mm
dernière ^upe s'apetfoit qU(f rMnedl
est batvu , deut ou trots bonuMs a^M
détacheroM et patrouiiMreM M imf
du viitage pour empediorqtM^^m il
ronnemi de s'évader à pied.
on âier(Aerii , dans cè9 AHàqUiff ff
surprendre <Fabord, oOHMHléfl I éMflN
cMevant, te quartierde l'oiBete^ti m
le tera prhNMinter; tes vomgeun mapè^
eheront les autres soMuts euMnii M
courir aut annea et de w foMMa
ceut«d , se voyant surpris^ dtei^Hw»
roUf plutôt ft é^^appèrpar les jiMim
ou à 8é cacher, mifls quatUI iMiM ftf
en auraK quëlqueMUi qui se flMill
assemués pour résister, la troiHèsM
troupe sora toujours assM fortt^pouf tes
renverser. L'officier étâAf prtt, p0^
sonne ne potfrrh donner des otwai et
rassemoier ceux qm seronc ui9|peise9^
L'ofBder commandant sera 'paiMM
présent pour donner tea ordres néeet^
satrtfs, et, après avoir fait sott c<Mip i M
se retirera à temps, comme fl a été M
k rarticle de l'attaque pendant le fg».
km attaques de Mtlt il foM «MMu^
ment empêcher et défendre HéfWi^-
ment tout genre de pfliat^, paM» ^
te simpte soldat oubHe te point ftMK
pai' Il cottffnet impunéMoni doi m^
sessés, qui OiMt Féeiat é la plui Mtfe
aftraH du monde « qui tefMSaëfit nkini^-
n«uf de rofilMef , et peuvent randte
ttfflie rentrepnse bemrMso méMe^Hi^
qu'alors, et précipiter te détneiiMHNtt
dans le maUeur où liaurÉNfatt tMrtfear
rennent.' au reste , On au eompoHera
PMMiNito^mMprtato dfeditenil
iHBÏÈtmÊÊàlffÊ «B 86 damer an ri-
pM on m nom MMiuel on pniMe se
iwonnaltre^On pourrait, par exemple,
moamer les poliMes, mettre les man-
teaux , Attacher du linge blanc autoar
du bria , mettre nne brandie d'arbre ,
priiK4pdleiM}nt de chêne sur le bon-
tuet, Mi dkoisir tin mot que Ton corn-
mttnhftiera d'atance A ses soldats afln
qa*ils puissent se reconnaître dans
robiedrité en «'appelant de cette ma-
AMre , iMns cela II arriverait sonvent
qtTefrtfe eoi on se ferait beaucoup de
tort.
m
CHAPITRE XIY.
CMdofte'dé f officier IOfM|a*ll fera conirlbaer.
Ott mr doit pas songer à faire contri<*
tierfÉB pays lorsqu'il s'y trouve ercore
kê eniMMii» : le général commandant
y veilMra* Lorsque l'cfxécittion peut
4toB MM, il arrive rarement qu'un
•eàl «iflleier toit chargé de celle d'un
m^ «Mier. Ce demîor peut , dans le
Mretai qui hil est assigné , assurer la
fWtUée per des menaces, des otages,
Sti^ll eMnéoeasalf e, par des exécutions.
fhM <ffwn pays ne refuse pas de
oontribuer, ou de livrer ce qac l'on
0xig«, en ne doH faire aucune vio-
eC rofflcier tiendra ses soldats
iliMM ttM disotpHtfie sévère.
D IKT lettf permettra nul excès, de
«fUrihfiié nature <yi'll pftisae être ; mais
il tiendra la main à ce qu'ils ae ronten*-
«Me irm tmteamit raisomiable peur
«n eC iMra chevaux. L'offlcier d*nii
til délâdiMiiM parviendra par lèptah
lAt i soft but, eC le pays livrera toiH
je«f»ftatôt ee qu'on faii demande, que
4 pv 4e» vMeneea et des exécutions
outrées m le mettaM hors d'état de le
Ddns cette occasioii, l'ofOeier consi*
dérera sans cesse le bien de toute l'ar*
mée, et son intérêt propre ne lui per^
mettra jamais de ne s'acquitter do sem«
blables commissions qu'à son avanlage^-
ou d'oublier le dessein pour lequel il
aura été envoyé, ^n principal soin
sera de faire exactement la volonté de
son chef, et d'étudier et observer tout
ce qui peut être utile à l'armée.
D'ailleurs il restera avec son déta-
chement dans ce pays jusqu'à ce qu'il
soit rappelé par ordre de son général
commandant ; il pourra se retirer lor»%
que les habitans lui auront certifié par
écrit qu'ils ont délivré ce qui leur a été
denuindé.
En tout cela il prendra garde à sa
propre sûreté, parce qu'il pourra bien
s'imaginer tout ce qu*îl risque dan» une
occasion où les gens sont forcés de
donner beaucoup. Les habitans, eai
préparant leurs contributions, feront
tous leurs efforts pour se débarrasser
de tels hAtes, s*il leur est possible ; ils
en avertiront l'ennemi le plus proche,
afin que par son arrivée imprévue il
puisse anéantir nos prétentions, et
leur conserver leur bien. C'est pour-
quoi l'offlcier fera bien de prendre son
quartier de manière que les villages les
plus proches de l'ennemi , qui seront
obligés de contribuer , restent derrière
lui et qu'il puisse savoir de sea pa-
trouilleurs quelle est la conduite de
l'ennemie s'il est tranquille , s'il est eu
mouvement, ou s'il reçoit quelques
renforts : il prendra ses mesures en
conséquence pour faire dépécher les
livraisons, ou laisser le temps au* ha«
bitans de les faire, sans user de vio-
lence à leur égard. Il avertira son gé-
néral de tous les changemens et mou-
vemens qu'il apprendra, parce que , si
l'ennemi voulait empêcher la conUri-
bution , il faudrait prévenir ce dessein
m
en enToymt à rofBicier un renfort de
quelques autres détadiemens. De cette
manière il sera toujours en état de par-
venir à son but qu'il remplira avec la
dernière exactitude.
On pose à présent le cas qu'on soit
otdigé de faire contribuer un pays dans
lequel Tennemi n'est point à la vérité,
mais que ses patroaiUes fréquentes
rendent dangereux. Cela ne peut arri-
ver que quand on a devant soi un pays
qui ne nous est pas commode , et qui
est favorable à l'ennemi pour s'y arrè*
ter et de là inquiéter notre armée, ou
bien l'observer. Par cette raison on fera
tous les efforts possibles pour tan Mer
les moyens de s'y arrêter, et on tâchera
de faire partir sur-Ie-cbamp tout ce que
l'on pourra tirer d'un tel pays.
n arrive souvent qu'un ccurpsmanque
de vivres, ou que ce soit les ordres du
chef qu*nn certain pays doive livrer des
vivres, soit pour le diAtier , soit pour
d^autres raisons: dans ces deux cas,
rofBcier prendra des mesures différâ-
tes de celles dont il se servira dans un
pays où il n'y a pas d'ennemi, ou dont
celui*Hd est assez éMgné pour ne pas
nuire.
C'est encore là qu'il faut se procurer
une connaissance exacte de tout le
pays, et savoir si l'ennemi y vient avec
des détachemens ou seulement avec
des patrouilles; comment il traite les
habitans, s'il s'attire leur haine en pil-
lant et par d'antres excès, ou s'il lés
ménage.
L'officier tâchera de gagner les ha-
bitans pour en tirer des nouvelles de
l'ennemi, et pour mettre ses patrouilles
propres en sAreté. Il s'informera exac-
Tement du pays et des villages où l'en-
nemi a coutume d'envoyer les siennes;
SI elles sont nombreuses ; du chemin
au elles prennent; qaand eHes vien-
nent et ren retournent , s'il v a loin de
UfSTMCnON SBCUETS
là à l'endroit où est le corps dont
patrouilles sont détadiées ; enfin , al le
pays est rempli de buissons; s'il est
marécageux, montagneux, ou s'il est
ooupé dequelque autre façon. Pour sa-
voir tout cela, il se servira en partie
d'un bon espion et en partie d'ane
bonne carte particulière ; après quoi U
dirigera sa marche, et fera sa commia-
sion le mieux qu'il pourra.
Ces sortes d'expéditions ne permet-
tant pas que l'officier divise trop son
détachement sans s'exposer au danger;
le meilleur parti sera de faire sa mar-
che en guise de patrouille , avec une
avant et une arrière garde et des pa-
trouilleurs des deux côtés : il tâchera
cependant d'être toujours caché. C'est
pourquoi il recommandera à ses soldats
de s'arrêter à la moindre découverte
qu'ils feront de l'ennemi, de lui en
donner avis, et d'écouter si l'enneaii
ne change point sa marche et prend un
autre chemin. 11 n'entrera pas. de suite
dans un village, mais il s'arrêtera dans
un buisson ou vallon voisin ; de là il v
détachera un ou deux bas-ofHciers sur
lesquels il pourra se fier avec six on
huit hommes. Ils agiront avec la phis
grande précaution, s'ils ne veulent pas
se hasarder et risquer de ne rien faire
ou de se faire prendre.
Pour réussir dans son dessein , l'of-
ficier, aussi bien que les bas-ofBcieri
qu'il aura soin d'instruire , posteront
leurs gardes de manière qu'elles pois-
sent découvrir tout le pays que Teniie^
mi occupe.
n fera faire de fréquentes, pafroiril-
les; ces patrouilles ne se montreront
dans aucun village , matcberont tou-
jours cachées et tâcheront de ne jih-
mais perdre de vue le côté où sera Ten-
nemi. Mais l'officier restera dans qud-
que petit bois devant le village quHI
voudra faire contribuer, et ciuuigera
BénoBfe A Ftiniiic ii.
Wi
de place aosai SMveDt qpi'il te jugera à
propos, de peur d'être trahi , ou par
qoekpies déserteurs ou par d'autres ac-
cideos ; mais il n'eu changera Jamais
sans en aToir averti ses patrouilles, afin
qu'elles puissent le rejoindre, si TeuBe-
mi voulait les surprendre.
Ces précauticms étaiA prises , il eur-
Yena quelifues-uns de ses soldats an
village et se fera amener le directeur,
le bourgmestre, le juge ou les gens qpi
j auront le plus d'autorité ; et, afin
(|a*ib ne puissent pas juger de la force
de son détachement, il en fera cacher
lanMMtié au fond du buisson pour leur
faire crwe qu'il est beaucoup plus fort
qu'il ne fest effefstiTement: il leur si-
gnifiera ce qu'ils seront obligés de li-
vrer, et en quel temps. Us allégueront
(HobaUement toutes sortes de pré-
telles pour s'en exempter, et tirer
raffaire en longueur ; mais^ les circons-
tances ne permettant pas à Tofficier
de perdre du temps à capituler, il les
traitera ayec hauteur, les renverra en
retenant près de lui celui qui sera le
plas distingué d'entre eux , avec la
flKDace d'exécution militaire s'ils ne
procorent à temps ce qu'il leur de-
mande.
Les gardes et les patrouiUes feront
attention que personne du village ne
se glisse du cAté de l'ennoni ; ils arrê-
teront tous ceux qui voudront s'y ren-
dre.
Lorsqu'il aura reçu ce qu'il avait de-
mandé, l'officier le fera charger sur
des chariots, et l'enverra, sous la cour
dnite d'un bas-officier et de quelques
M>ldats. à l'armée, avec l'indication de
leur marche. U se fera donner un cer-
tificat, par la communauté, de ce qu'il
aora reçu, lequel lui servira de légiti-
mation près du général. Les bas-offif-
ciers détachés agiront de même, et
le feront certifier de n'avoir fait au-
cun excès. L'officier peut prétendue
ipi'ils lui anoièoent un homme de la
CMununanté, qui lui rendra comiple
comment son détadiement s'est ocmb-
porté.
La Uvraison étant faite, il fiant que
diacun de ses hommes soit averti dki
départ, et tous couvriront jusqu'à
l'armée le^transport qu'ils escorte^
ront.
CHAPITRE XT.
Dm places d'alanne.
On ne doit pas les choisir indifférem-
ment ; car s'il arrive une alerte, il faut
qu'on s*assend>le dans un instant, qu^on
se forme, et qu'on fasse tète à Fenne-
mi. Pour en faire bien le dboiz, il faut
connaître tout le circuit du village, et
voir s'H est montagneux, pbt ou cou-
pé. Il faut distinguer si cette place est
destinée pour se rassembler de jour
ou de nuit. Il faudra aussi voir si Ton
peut y rassembler phisieurs troupes, si
le pays est étendu ou borné, et si la
place peut servir seulement pour les
chevaux-légers, ou bien pour d'autres
troupes.
Si le village est occupé par des husk
sards, on ne doit jamais choisir la pla-
ce d'alarme devant, mais derrière le
village, ou du cAté où sera posté le
secours, parce que rennemi, s'appro^
chant avec vivacité, pourrait empÂdier
les soldats de s'assembler, et les dis-
perser, s'Us sortaient un i un pour s'y
rendre.
PendanI le jour, elle sera choisie
devant le village, du côté où seront les
gardes avancées, pour les couvrir, de
même que les.quartien.
Mais si l'on opère dans un puyapilt
0t m^ l>iimN pffM^iiAnMwrdolaw
tmnMflOlt 8BCMVI
46i6a{ î} flwt alonldioiflirte derrière
^ tfq ViUft^t et j «e»ir dei soldats 4vci^
lélli^Mislamiiient De eetlê^pltoa IVrfB-
«er emwiia ontiMMll«iedt des pa-*
tronilleurs à la ronde pour sa sûreté.
. ,VfMckx M le has-ottcier de Fa-'
IMHwrde «oiHMitn cette fiaoe, aBq
4e li trouver s'il^vail ifuelquç rapport
iAûfe pattdept le nait^M, s'il venait
à être attaqué ou repoussé, afin quMI
puisse rejoindre sa troupe.
Si Ton était dans un pays coupé, il
faudrait ct^oisir Ift pl^ce 4'^arme, pour
le jour et la nuit, derrière un défilé par
oùTennemi ne pourrait s'empêcher de
passer, parce qu'il est aisé de défen->
(|}re we teU^ place avec p^u de monde
fiQPtre m vmi nombre. U faoït otn
server ici qw e'e$t toRiQuri we très
grande faute de t^ placer devant un
défilé SM19 être 9QUteni| ptvr de Tinfm-
terie.
Si peoidant le nuit U y a queiiioe
alerte^ le détachement s'assemblera à
la b^te d^i^re le village, pour &ire
une ft^tç ré^tMce à l'ennemi. Si
VoD était pressé par un ennemi ^é-
JTieur en fwçe« U fmix9k\ se retirer à
petit jf^^ p(w liûâ^er le temps k la
troupe de derrière de se former, k l'ef-
fet de recevoir l'ennemi , le cbaiWlf
rt fBÙW MRt^lr^ un bew qwp«
h» ptan;^ OMu^tiwAées ei-dmus
lerant muntrée^ d^ pf ^ et eiiiiiqntes
nm; 4oldeta« Us oQieierii devront Hm-
jours 4tre les premiers k s'y rendre,
al^d^meUre twt leujr lymide e»Qr#e
i<
I
Ûu c<)up-d*œif militaire.
Selon le seDttMiilf "iu cbefaller Vu-
<IÉld;(#«al«M «eleMe d*appr6rà« à
M*ii«tia la MllM M la i[aaliiè du
pays 06 Pén Mt h gMite, et la pea-
¥air d'an coup-d'cail déoouvrir tes
avantages et les inoenvénieiis des en-
dions oà IV)n vent placer des postes,
eamment tto peuvent nom être avan-
tageux et miMhles a Tennemi, et tirer
ainsi parti de Imis leë environs. Cest
ee que nensnoiiiinonBcoiip^d'œll, sans
lequel t'offlder coannet ba ftates les
plua grosslèrea; sans ce tatent, Foe ne
peatae Hén proaietfre dansrwtre mé-
tier, et il Ami pour l'aeqnârfr beaoeoap
d^baUtade et d'exerelee.
(?est le devoir de elia<}Qe brave ofl-
eiar de coMiaMpe la guerre avant delà
fafre, et de s'appliquer ensnlte à met-
tre sa science en pratique. Mais eom-
me on ne fliit pas tofQJoiira la guerre,
que rarmée n'eal pas tonr|ears en cam-
pagne, et que learégimena, dans le
eeurs d^une année, ont peu d"èccasions
de se réunir peUr manœuvrer, on peat
aeqnMr celte science utile et néees-
' eaire à Faide de Tesprit soulemi pir
le aMe, et dirigé par Pambitien de Men
faire.
Selon le senttnent de Foiard, b
ehaase conWlive le plos à aeqnéitr aa
bon eonp^l'œil ; nuire qu'elle nousIUt
connaître différons pays qui ne se m-
iemMent pas, die nous suggère aussi
nulle ruses qui s'accordeul à merreiRe
avec la guerre ; on peut, ainsi, y deve-
nir habile, mais il Aittt beanoonp d'u-
sage.
Outre la ebasse, qui, sans cela, ne
procurerait rien d'utile, lès voyages,
tes promenades, sont d*tui très grand
avantage. Un œtt pénétrant décoorre
à l*instant un pays tout entier.
On peut donner un poste éMgné à
un ennemi supposé, s*en donner an
autre à sol-même (tins Tenâroit oà
i*on est, et Juger dte tous les avantages
et désafanla^es des lieux cfrconval-
lias; on sp ft)lt l(!'plan de Taliaqae da
DfROBiE A FitiOÉRlC fi.
poste ennemi, et de la défense da
sien. Le changement de pays faisant
faire de nouvelles découvertes et de
DOQveaox plans, un homme désireux
d'apprendre quelque chose n'y man-
quera jamais d'occupation.
Ed se promenant, on peut juger
combien il y a d'un tel endroit è un
tdobjet, et pour savoir ai l'on ne se
trompe pas, et si notre jugement n'est
pas faux, on mesurera pas à pas la dis-
tance, pour se convaincre soi-même de
son bon ou mauvais coup-d'œil. Toiâ
cela échappera à celui qui n*embrâsse
ce métier que par nécessité, et qui n'y
porte point de goût ; il ne tirera jamais
parti des circonstances les plus utiles
et les plus instructives.
r^'^-'
MÉMOIRES
MILITAIRES ET POLITIQUES
DU GÉNÉRAL LLOYD,
iBByAirr D'nmoDucnoii
A L'HISTOIRE DE LA GUERRE EN ALLEMAGNE, EN 1756,
ENTRE LE ROI DE PRUSSE
n L'IMPkRATRlCb RBIKŒ KT SES ALLIÉS.
QMiqM ipM... fMi»
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I
PRÉFACE
t •
U/9^ (R«i|>7) i^Aqoit en 1739, 4w» M( priiwipf^ytè d^ 6a)le», en
Api^l^çç ) wi pàn> eqgag^ ^«09 le^ ordr^», e( chargé d'Mno QOijiir
^flH)<<^ MIW, wt)&Pt qu'il ne iMisenit p«» de i^\km i ae^ eo»
JDimfi U^yd fipbri|i««ëFQPt \^ Ivigu^s, Vlûstpir», U politiqMe, la
iC^^uvpe^iç» riWtoiiB mMir^Uef (| ^prouy» qmelquf M^telion «iir |0
choii; (Jd r^ vmm^ A- «ppliqu«raU l<»« <K^l^#^^I)oe4 v^riéf s qM'i)
Il pvl^, Mo» jfNiqe flBWfe, q» R«w w V» payons, puis dm
îl tourna ses njjfwrd» v^rf ^i («rri^r^ inilUairf, ojl §A vqc^fttioq !>ppen
Ifm, Si^ for^ula pwr f^l)Q|eF UQie çoquaiwio^ d6j4 les
grades m ▼«■u^mw^ «9 APSt^tff nu* U 01^ «u lersit^ da TAotricl^e^
puis à pelifi <jLq ^ ^iTH^se, piM» 1^ oeltti 4^ I* IMwia^ O^m la oampago^
de 1T74, il dirigea le siège df ^itHitR«<^ A )», p^f il fft r«o# à WAunr
b9Drg, (4 fi)^ i^»ucimi pw Çf^ijmm\ ^w> m ^f^m Wl vmmk wk"
SOS WBÈWàCM.
rite des envieux, et sa qualité d'étranger lui suscita des ennemis; lui
qui, dans le grade de major-gènèral, avait commandé en chef et avec
succès un corps détache de vingt mille hommes, ne put obtenir la
croix de chevalier de Tordre de Sainte-Anne. On rappela, à ce sujet,
qu'il avait été chargé de missions secrètes, lors de la bataille de Fon-
tenoy, à Venise, en France, en Espagne, en Portugal, et Lloyd ne put
obtenir la seule récompenflr<Ai*il mfibitÂoait.
Se plaignant alors de l'ingratitude des souverains, il abandonna
aussi le service de la Russie, et revint en Angleterre, où il écrivit un
mémoire dont le gouvernement fit l'acquisition, et qui ne fut jamais
publié. C'est encore une questigp^j^e savoir si ce travail avait pour
objet ou d'indiquer les moyens de défendre les côtes d'Angleterre, ou
ceux de les attaquer. Ne pouvant vivre même dans sa patrie, il se retira
en Flandre, où il mourut en 1783.
La vie' de Lloyd a été bien diverse : à'sori déâut, on le comparait i
Sydnei, à Thomas Gordon ; on luî donna même le nom d'avocat-gé-
nérat de {'humanité, que Bayle avaft mérité par d'immortels travaux.
Un écrivain ne craignit pas de dire qa'il unissait f espirit concifiateur
du philosophe aux vues supérieures d'un véritable homme d^état et au
génie du pliis grand capitaine. Enfin on alBrma que si Lloyd avait été
opposé à Washington,' TÀngletenre efût conservé ses colonies d'Amé-
rique. L'esprit du siéde est positif ; il n'admet pas les sûpposilious.
Le temps, qui assigne à chacun la place qu'il doit occuper, a fait
justice de ces exagérations'; le griaind politique, le héros de rhumanité,
l'homme juste de Platon ont disparu ; mais il reste à Lloyd la répula-
tion d'un bon tacticien et d'un écrivain mifitaire distingué.
Lloyd a laissé un travail bien étudié sut les frontières respociives des
Étals de FEurope, et unte Histoire de la gtierre'de sept ans; nous
avons dft préferei" lé récit du giind Frédéric, qui, dans sa propre
caittse, a fait preuté d'iinèi i^re hnpàrti£lité.
4 9 *
Oej^is quatre vingts années, Veipérièfnoe, fruit de longues guerres|
mtrâCB. Mi
les découvertes dans les sciences ont amené des changemens notables
dans les manœuvres et dans la confection et l'emploi des armes ; et,
par une conséquence forcée, on a vu snrgir des différences essentielles
dans les principes constitutifs sur lesquels Lloyd avait établi ses règles,
ses résumés ; et cependant , nous les reproduisons , laissant au lec-
teur éclairé le soin de rectifier. Mais les principes restent les mêmes,
alors que leur application varie : les hommes nouveaux n'en doi-
vent pas moins de reconnaissance à leurs devanciers , qui ont frayé
la route. On peut donc affirmer que c'est à ces derniers que nous
sommes redevables de Tétat actuel, qui n'est que le produit perfec
tioQoè de leurs travaux.
mm
tJA^aM%
i' ■ 1
(•■
• .
DE LA COMPOSITION
DES
AfiMËES
AJÎGIENNËS ET MÔfiÉfiî^ÊS.
CltAptttat int^tnxR,
De la (lierre en g^n^ref.
la gaôire est ùrï état d'action ; fané
^rmée est une macfiinc mobttcf rfesti-
tiée à exécniét tdûs lés mofùvcniienss
militaires. Cette machfno, airiST que
les autres, est composée de dliïoréMés
parties, et sa perfectrôri d6j)(^n(i dé la
bonne constitution dé cfiacunc de cc^
parties, prisé sc^parcmeA^ et de leur
bon arrangement cnt^é elles. LêM
objet commun doit é(ré dé réuritr <;és
trois propriétés essôntietfes : fàf terftS.
f;agilité et une mobilité ùîiTvo^lle*. 9(
ta combinaison do toutes fcs pntttéfi
produit cet effet désiré, on ^ut dire
^e la mairvtine est parfÀté ; ff fthtt
bien prenorv gar<ïe qùô Ttfné dé re^
propriétés ne s'augmeiiCe âû< d'/^6M
de Tune dos deux autres , tniiii ^u*^
contraire rensembic annonce dié jnï-
te proportion.
Par la force df*uhe armée, je ri*éW-
jteiids point celle mulUludc d éïïbrts
qui réMiffe du hoôibrë iei ftoffiitliè^
rtftia eette Tigneur eMIecHve qiri vitnl
(te M disposition et de ranmemenl tel
tM)ilfies. Gèitté forcé doit être neavé^
«lir W» projets de guerre qu'on ae fbm
rfite; éfif étal d'attaqjà^ conMOe dfrse
défendre eiMitre ht cavalerie ou^ ceatfla
l'inrarrterie , dam un pays ouvert^ aiii^
si Men que dama un paya monlagiiaux
et coupé.
Par agiirté, je veo» dire eette vHeasê
àrec laquelle une armée marche, et
exéeutc différeos moavemens qui de^
vîemnent nécessaires dans le cours d'u-
AcF fUfripaifne. Celte propriété est la
plus essent relie de toutes ; elle ne peut
ffm^ér'if que pur nrt coiitinuei eiW'-
tkë, et encore ne sulH^tl pas t il b^t
(fM la eomrtitfittoir ibème des troupes
ail été calculée, peur bteiliter le» uioiK
VéWens.
té ptejfnief |h^lème de la taeiique
A&K être cehrt-ei' : Quéti9 e»! la dtUfKH
*i'9àn H ffonnér é uàffl nmnbre d'homr'
m^ pfffûr ^uHt fmû^êài ie ÉnmviHr êi
éjfîràtëf la /'lue gntiiiê viieêge fHtêéiblêf
r*est de hi solutioa ée ce problèine
que <fé|^rtd prindpalement le auœàa
m opfertiti»to^*f lèiheiwi
«t
«AT «« ' » • >
Une tfMée ihamt tettf Hé supérieure,
quoiqpie Bmas noiiibreiise , prévient
tous let iiMm?eaienft 40 l'eiviemi ; elle
peut, par sa vitesse, porter plus de
monde sur le même point, ce qoi
est un grand avantage, et presque
toujours fléeisIC 4 la gaeçre.
Une bataille est une scène mobife,
dont toutes les circonstances sont ra-
pides et fugitives. L'activité sert à sai-
sir Toecasion favorable ; si yous la lais-
se! écliapper, vous tie retrouverez
peut-être pas, dans le cours de vingt
canqwgnes, ce qui se présentait i vous
un Jour de bataille, et dont vous n'a-
vez pas su vous prévaloir.
Par la mobilité universelle, je veux
dire une formation qui soit applicable
i ténia espèce de teffraiii et eonir»
Mlla eapècB de tnsnpes, soit pour
rMaqua ou pour la ééfense; car la
Bine de bataiile étant une fois fomée
«avwt rMMiBi, il est bien diiBotte de
dttmger son oidra al de faire aucun
mMvénent, à moins que ce ne soit de
Mn^ aumi quand on croit avoir quel-»
ques changemens à faire, on a recours
i la seconde Kgne ou à la réserve, et
presque toujours sans succès. Il est
doncéBlapiusindiapeQsaUe nécessité
que taf première fonnation des troupes
soit de nalmre è pouvoir s'appliquer à
iMles les cireoBstanees possibles, de
sorte qu'il n'y ait plus rien i changer
pendant la durée de l'aelioo, si ce
«'est ée porter plus ou moins de mon-
de sur un pokit donné.
Si donc une armée réunit ces toob
impriétés, ioiee, agiHté et mobilité
universaUe^ qaà constituent la perfeo-
tion, 41 eSI évideni que l'espèce d'ar-
mes dont elle tJt usage, la manière
He s'en servir et les évohitions qu'elle
eiécute, doivent étse analogues à ces
frtndpes, cl quo lout ce qui n'y est
pas confStwHM doit ètoe bami emune
{ inutile au motus, s*il n'est dsngereux
et impraticable, comme cela se voit
trop souvent.
Je sais^qué sur tous ces points il eal
irtus aisé de formw des systèmes que
de les mettre en pratique. Tout ce qui
est prodoit par la main det hommes se
reaMit.de ieir.f^lesso; suis, il ne
faut pas se désespérer si on ne peut
atteindre à la periection qu'on désire ;
en approcher est déjà un grand mé*
rite, et dans l'objet qui nous occupe,
il est presque suffisant.
Faute de principes sûrs et arrêtés
sur Ja constitution d'une armée, le cn-
price et l'esprit d'imitation semblent
avoir été nos seuls guides; de là cette
multitude de changemens et de nou-
veautés eontinuaHes^ introduites
dans les armées modernes : l'erreur et
la folie se succédaient sans cesse ; la
mode régnait dans les manœuvres
comme dans les parures; ofi'admimit
et on vantait aujourd'hui ce qu'on de-
vait blâmer et bannir demain , pour
le remplacer par quelque autre ima-
gination aussi ridicule et aussi peu
stable.
Un grand prince de notre temps a
fait, dans le cours de son règne, des
actions vraiment extraordinaires; et
d'après cela, nos militaires ont cru n'a-
voir rien de mieux à faire que d'adop-
ter sa imime, son exercice , ses manœu-
offi, etc. On n'a p^s assez considéré
que ses succès militaires dépendaient
de sa situation et de celle de ses en-
ninnis, et qu'un souverain/doué de si
rares talens, qui commande tui-méme
ses armées, a des avantages que rien
ne peut égaler pour produire cet en-
semble et cette vigueur d'action, d'on
dépend la plus grande partie des évè-
nemens heureux de la guerre.
L'attention continuelle du roi de
Prusse à maintenir la d|scipKne
« • ' « I t.*.
m iMipes' M étmaè om fadltté àt
oiBœiiTffer sopMeure à tow ses en*
oemis, et c'est ose des cmaes priiid-
piles de fle» victoires; sa tète et son
cœur ont lait te reste. Celte ismie, et
aille aatres choses ÎMilMce dont ilfa-
lifliie son arasée, n'y sont pour rien.
Je m'ooeuperai dans le chapitre sai-
fant des moyens de prévfjiir la fréné-
ie de riflBilation,:et de donner, sll est
poanble, des principes flxes et certains
air la oomposition et la conduite d'une
ofIDre»
CHAPITRE 11.
Df 11 coropoiition d'une «nuée.
bsi difTérentes opérations de la
guerre, et la variété des terrains où
elles peuvent sexécuter, indiquent la
nécessité d'employer différentes espè-
res d'armes et de troupes; aussi
voyons-nous que dans tous les temps
les armées ont été composées d'infan-
terie et de cavalerie, munies d'armes
^jtt et d'armes d€ main^ suivant les
circonstances. On appelle armes de jet
les dards, flèches et javelots, les pier-
res, les balles, les boulets, et tout ce
qui atteint de loin ; l'arme de main, ou,
mieui encore, l'arme blanche, est cet-
te espèce d'arme qu'on porte près de
M)i, pendant qu'on combat l'ennemi de
Taotre manière : c'est la pique, l'épée
et la baïonnette.
Il est inutile d'observer que les ar-
Des de l'infanterie et celles de la cava-
lerie ont, ou du moins doivent avoir,
on rapport intime et constant avec leur
ordre de combat, puisque l'objet doit
être d'employer ces armes avec le plus
d'avantage. Ce principe, qui paraît si
éridaai de hû^Âtese, et d'MnH si ûor
ns
I portanle nécessité dans la diapôsilion
des armées, oeependant été presque
enlièreBsent négligé par les Dhoder-
nés.
Les armes de jet des anciens étaient
bien faibles en comparaison des n6*
très : nn boadier suffisait pour en dé*
tniire. ou do moins pour en dimimier
sensiUement l'effet; cependant ils les
avaient trouvées nécessaires, et l'usage
en était frénéral parmi eux. 11 est dair
que pour faire usage de leurs armes,
les arehers ou les frondeurs ne pou-
I valent être rangea en masse on en or*
dre profond; on les abandonnait à
eux-mêmes, c'esHinltre que sur le sl^
gnal général d'avancer on de reculer,
ils étaient maîtres de prendre leur
temps, leur place et leur point de
mire.
Ces troupes étaient d'un excellent
usage; elles troublaient et interrom-»
paient les mouvemens des grands
corps, quoique par leur défaut de for*
ce et de consistance, elles ne fussent
pas capables de les rompre. Point de
terrain qui ne convint à ces troupes
légères; mais les pays coupés leur
étaient plus particulièrement favora-
bles, parce que dans les plaines la ca-
valerie pouvait les balayer, et, au con-
traire, il n'y avait que dans les pays
plats et découverts que la cavalerie et
les grands corps pussent agir et se
mouvoir librement.
Une armée n'était complète que
quand elle réunissait ces trois armes,
l'infanterie, la cavalerie et les troupes
légères. Nous retrouvons cette division
ches les anciens, comme ches les mo-
dernes.
Parmi les anciens, les Tartares et
tous les peuples de l'Asie en général,
on a regardé la célérité comme le prin*
dpal avantage de la cavalerie, et celui
siw leqgael il fallait compter lopins. Il
m
le ^1\% la fsisalenl comUttre
pâh mtle et en confusion ; do moins
Itl Romains en ont soavent usé ainsi,
car nous lisons que leur cavalerie met^
tait pied à terre atant le combat, et se
Mttait à pied, ce qu'elle n^aaràit pu
Aire 9*il8 avaient été formés en grands
csoadroAs, et qu'ils eussent chargé eil
ligné, à la manière des thodemes.
Une cavalerie ainsi constituée dé-
fait être d*un grand et général usage,
surtout poni' acherer la déroute d'une
armée mise en désordre; il était dif-^
fidle alors que reonemi ne fàl pas en^
tiètement eiterminé, conÉme il arrive
encore aujourd'hui avec les Tartares et
les apahis (urcs. Leur hipide activité
' ne permet pas à Tinfonlerie de preil'
dre uti ordre de retraite, à moins
qu'elle ne trouve heureusement quel*
que* luiies, quelques ravH», derrière
lesquels elle puisse employer (illtement
aon feu. Comme ils se séparent et se
diftseOt par petits pclolonsy par dem
M trois, et mèrne par homme, suivant
kf besoin, il n'y a point pour eux de
diemtns im])raticaUes ; ils pénètrent
par' les sentierti, par les claires-voies,
ils passent partout; en un moment
vous êtes entourés et taillés en pièces.
Le» modernes oirt voulu réunir dans
la cavalerie la masse el la solidité à la
vites»e; mais je crois ces qualiti'^s in-
conciliables : la vitesse est la propriété
inhérentr à 1h cavalerie; et je pense
que notre formation actuelle la dinii-
ime ot même la détruit ; car r'esl une
rérité matht'mulique^ que la titesse di-
nittue en raison de l^'aug-mcntatiori
daa m0stf0. Les avantages atladiés a
la cavalerie et aux Iroupos It'ir^res, li*s
rendaient absolument nécessaires ïuiu*.
tftTaotre; cependant, comme leur
BMiière de combattre n'était ni géné-
Nle ni décisive, on regardait un bon
ëori» d'infanierie coBme la partie es-
tenlieBe d'une armé«, et 41 Teft on ef-
fet, s'il est formé su» de bons principes.
Ses opérations sont ou doivent être plus
oniversellésvplussolidei et pluidédsi-
tes que celM de tout entre corps.
Toutes les troupes, je croisv ont été
formées de tout temps en carrés mi eu
paraiiélop^mméf^ ptl'co qm ee lÔBt lai
seules ligures qu'on poisse donna i
un assemblage d'hommes rémiis pam
le mouvement et l'action. La Jitpasi*
tion circulaire erihpioyéo fmr Gésar^ et
tant admirée par le maréchal de Pof-
ségur, ne pouvait être propre que
dans un point resserré et enveloppé
de toutes parts, comme celui qu'occu-
pait César.
CHAPITRE m.
De It phalange.
tei Grecs rangeaient leur infante-
rie en une seule masse, qu*ils appe-
laient la phalange. C'était un rorpi
d'environ six mille hommv"*s, qu'il for-
mflt un rarré ou un parallélogramme,
poil importe ; ce qu'il y a de sûr, c'est
que ce grand corps se mouvait et a^îs-
snit tout d'une pièce, quand la nàtuM
du terrain le permettait, et que ffï né-
cessité seule dos lieux le forçaîf à se
rompre en divisions ; deux cho^é^ ré-
sultent de cette forftiation.
!• 0»'"ne telle massd ne pouvait
être armée que de piquô^, Wi' les pté^
mîers rnng*î seuls auraient' ë'rï^^tbjf^
commodément d'autres ûttiiëi^ et ért-
cnro auraient-eUes été âd Itidirtdffe èf-
frt: toute ct^tte rta'S^é folTttarft irtW
iî;T.o ploînê avec pôhrf otl dtf tnàhti
tr^s pou d'ihtrY'valle (f ).
(I) I! parali qùtf p.ir Ta nature évi armes 4e
Jet «le» atdentf, il tsiUàU iûitff 4rt bti^éC A
eorpt «o m«nretMiii 4uf iT^â'
m LkÊftm
ilf
•» Qm k moindre Uiégaiiié de ter*
riM itttemMipail, ou même «rretait
eatièréiMttt les nnuif emens de la pha-
Inge ; qu'aioaif en éritant son choc»
et en rattiraol dans nn pays coupé,
dei Wmpm forttées sur dea principea
pina aoaplea et plus mobiles, étaient
ilrea d*y porter le déaotdre, la confu-
dnn, et lrient6t la déroute abaolae. Si
la phalange déOt iea Perses, c'est que
eeitt-€l, se ccnOant dans leur molli*
tude, eoÉibattifetil tonjonrs dans les
pWiHto; les Romains les vainquirent
iiiM, iMttte qoe la constitution deê
Mgtoiis étilt plus active et plus mobile
que celle des grandes armées asiati-
D*ofl il falit conelmw qùé des grands
torps niËssift, eontmé là phalange des
G^ees, ou la colonne do cheralier Fê-
lant, ilcf pourraient agir ni en attaque
fltf tfU netraite, devant des corps moins
môminneui, nmia armés de Âtsils, et
^^Éi général, Tarére profond est in-^
iMdpâtibie avec l'usage des armes à
Wsa.
L^âvantage de ces corps profonds est
^ans le poids de leur masse, et dans la
jMque dont \ïè doivent nécessairement
lire usage. Les premiers rang$, pres-
âéâ pér ceux de derrière , sont eon-.
irainb d'avancer, les morts et les bles-
ik Éè remplacent sur-le-champ ; et
qpioique le nombre soit diminué, le
front ne devient ni moins large ni
moins continu; ainsi l'action ne se ra*
lentit point 4 et si le terrain permet à
ces corps de ne pas rompre leur en^
semble, dès qu'ils peuvent aborder
l'ennemi. Ils sont sûrs de le renver-
ser.
Quand on en vient à croiser l'arma
blanche, les deoi partis sont tellement
serrés qu'il faut vaincre ou mourit';
c'est ce qui Tait que les victoires des
anciens étaient complètes et décisives ;
une ou deux batailles réglaient le sort
d'une guerre.
La longueur de la guerre du Pélo-
ponèse et des guerres puniques tient à
d'autres causes que j'expliquerai niU
leurs. La phalange ne pouvait changer
son ordre primitif ni rompre sa ligne
pour poursuivre l'ennemi en déroule ;
c'était raiïaire de la cavalerie et des
troupes légères, et elles s'en acquit-*
taient ordinairement si bien, qu'il y
avait bien peu d'ennemis qui écliapas-
sent.
Les (irecs avaient peu de cavalerie;
le pa}s ne favorisait pas les développe-
mens que cette arme exigé ; et comme
il était partagé entre Une multitude de
petits États, le territoire de eliacim
n'aurait pas suffi à nourrir tine cavale-
rie nombreuse ; mf^ leurs guerres se
bornaient à des excwsions de peu de
jours, et leurs batailles n'étMent que
fQ*i cet troapeè I^res qui agiiiaieiii i
#MMé, «toaàie lIiHiMr vtenl rfe VeiphifÊtr.
in awniaUup Mfféaea ringt n tn Sks n^^il-
èHMi fM li pIqM ai Vépét, et ae perracUaU
ffi dTaflr et prit. L*Mrtnlage particulier du
•■il csl de réunir rame de jet t rtrme de It
tikhi nafi M Ha IMUt remployer aUlemvm
HfÊà ëêm léi éftà pMminv rMigs ; la teb da
naMtoa art lamaaiv tarortain, aialajaiiér at
HpaHa flMS da aéaatdrr y da icfvica. Qaaad
ija ffa«aat par la rau, la meilleur uiaga qa*aa
falMa llUra du trobièmie rang, c'ett de fém-
fk^ I ctirgi^ An ateasdu êtcçitidf «a fiiiMm .
demeurer debofii Te pfemfer riii^, dont têfSé'
iMKttn^Aebt â aaast li«B«raa^ fiaeéitvMeM.
Ga qiToB appelle I0 fea dr illtaidp* i|u« a^aié-
cute dausaaili potiUra, en Msaui lirer d'abord
le second rang qui change d*arme enstiîie avec
le troisième, pendant quA le premier rang lire,
et qu'emufle cliA|itr kmhM de eet dl^M failgi
elMrrgr, ajinfé ai ttra t folaoïd . ce fetiv dl^l*,
etlla pldafir, Wmiaut naarai at la pkM ett-
caee i|u'oo pnisfc se donner ; il Joint, à la soli-
dité de la légion, la précision de mire qu'aâ-
raient des chaleurs m\é*, lelK que la« îrêtiC^s
As aaciaiMi f^aaaaMr flflA*
S16
IttbNOftUft
des escftrmoiiehes. Le plus Mbte se
renfermait dam ses mitrailles, tmdis
qtte le plus fort ravageaU la cafl^agne ;
puis celui-ci se reUrait, et la guerre
était finie.
On Yoit dans la belle description que
Thucidide nous a donnée de la guerre
do Péloponèse, qu'il n'y eut peint de
Jtataille générale; aussi cette guerre
dura vingt ans. Le pays était tel qu'on
ne pouvait y forcer l'ennemi à com-
battre malgré lui ; il faut i^outer aussi
que de part et d'autre, les armées
étaient composées d'alliés, ce qui af«-
faiblit toujours, ou plutôt détruit l'en-
semble et la vigueur des opérations.
CHAPITRE IV.
D« la légion.
La légion seule faisait une petite
armée complète ; elle avait de l'infan-
terie pesante, de l'infanterie légère et
de la cavalerie, des armes de jet et
4les armes de main. C'était un rectan-
gle de neuf ou dix rangs de hauteur,
dont la face longue se présentait à
l'ennemi. L'infanterie légionnaire était
an centre de l'ordre de bataille, la ca-
valerie sur les ailes, et les archers et
frondema étaient jetés sur le front de
la ligne, et combattaient à volante^
sans se mêler à l'infanterie pesante.
Ces véliteê avaient une activité surpre-
nante un jour de bataille ; souvent mê-
lés à la cavalerie, ils la soutenaient, et
ne laissaient échapper aucune occasion
4e nuire à l'ennemi, biendiOerens des
troupes légères des AUemands, qui
'* disparaissent le jour d'une aflRiire, et
qu'on est ensuite deux ou trois jours à
" pouvoir rassembler.
Mo»ltfUC»Ui dit qu'il est indispen*
sable de mêler depc^Uta détactaMiw»
de quflranteNui.de cinquante fanta»-
sitts avec la cavalerie, et qu'à la ba-
taille de SaintdGothard, qu'il gagna
sur les Turcs en Hongrie, ces pelo-
tons avaient boaucoup contribué à la
victoire.
Je suis si entièrement convaincu da
cette vérité, que j'ai peine à comprtsn-
dre qu'elle ne soit pas géoéralemeat
adoptée, d'autant qu'il est possible,
comme je le démontrerai par la suite,
de donner à une compagnie d'infan-
terie assez de consistance. pour com-
battre avec succès la cavalerie, même
dans la plaine.
Les auteurs ne sont pas d'accord
sur le nombre des rangs de la légion,
qu'ils portent à neuf ou dix ; mais cela
est peu important Chaque homme
occupait trois petits carrés dans le
rang, pour pouvoir manier aisément
ses armn dans l'attaque et dans la dé-
fense. Les divisions de la légion ré-
pondaient à ce que nous appelons les
brigades. Je ne sais comment était
formée leur, cavalerie, si c'était eu
grands escadions ou en petits pelo-
tons; je croirais plutêt le dernier. On
ignore également sur combien de rangs
elle se plaçait. Il parait probable qu'el-
le combattait par petites troupes de
trente ou quarante chevaux sur quatre
rangs.
L'infanterie romaine, formée, com-
me on le suppose, sur neuf de hau-
teur, occupait les deux tiers moins de
place qu'une de nos années modemea
qui serait de même force. La rapidité
des mouvemens de la ligne entière
était plus grande dans la même pro-
portion; et comme la nature de leurs
armes ne donnait lieu à aucune inler-
raption, une bataille était commencée,
disputée et terminée en moins de
temps qu'il ne nous eq faudrait pour
DB uum.
MT
hire la revue de dix bataillons. L'a-
vantage de la phalange consistait
dKBB le choc et la force de l'impulsion,
«bu de la légion étant dans Tactivité ;
aie avait assez de force contre la pha*
lange, et une vitesse supérieure a elle.
La légion était une bien meilleure or-
donnance que ia phalange, bien meil-
lanre que toutes celles que l'on pour-
rait imaginer
* Je ni*accorde avec Polybc à regar*
dar b légion comme l'ordre le plus
pariUl qu'on connaisse ; il réunissait
la fiiroe à l'agilité ; et ce qui ajoute
bien à aa perfection, c'est qu'il élait
iialogae aux armes des soldats qui le
capnposaient. Cependant, dans la dîs-
hfbalion de l'ensemble, je lui trouve
m défaut capital qu'avait aussi la plia-
angn, et que notre ordonnance mo-
le a conservé. Ce défaut consiste à
placé la cavalerie sur les ailes, et
effet l'ordre grec n'aurait pu la
autrement : c'est, à mon avis,
in cnnd défaut, et j'espère que j'en
lOVraincrai le lecteur. Dans cette dis-
mition, la. cavalerie était trop faible
p€mr pottToir agir seule, et trop éloi-
de.nnfanterie pour en être sou-
u Les cavaliers étaient obligés de
Mettre pied à terre, et de combattre
wlOÊÊ, commodes fantassins. Aussi nous
•ayonaque la cavalerie romaine a tou-
ffit peu de figure dans la multî-
de batailles qu'a données cette
ntfpubiiquo guerrière. Elle pouvait,
cwiinri nos hussards, compléter une
^violoire ; mais eiie n'en décidait aucu-
ne : tontes les fois que l'infanterie élait
CDlbnoée, il fallait qu'elle fût taillée en
pièces; et dans une telle disposition ,
cela était facile, pour peu que l'enue-
ad fût aapérieur en cavalerie, et que
le terrain fût favorable à celte arme.
La cavalerie courait le même risque,
: i elle était enfoncée et poursuivie ua
peu vivement, à moins qu'elle ne
trouvAt par hasard quelque corps d'in-
fanterie posté de manière à la rece-
voir et â la couvrir. Il résulte de tout
ceci la nécessité de placer l'infanterie
et la cavalerie dans la ligne, à portée
de s'appuyer et de se flanquer l'une
contre l'autre, de combiner leurs ef-
forts, et de les diriger contre le même
point. Voilà, selon moi, en quoi con-
siste la perfection d'un ordre de ba-
taille, c'est l'unité d'action qui peut
seule assurer la victoire ; et je crois
que cette unité ne peut s'accorder avec
la manière dont les anciens et les mo-
dernes semUent être convenus de pla-
cer la cavalerie. C'est, dit-on, le peu
d'intervalle que les Romains mettaient
entre leurs cohortes, comme nous, en-
tre nos bataillons, qui a nécessité de
porter ainsi la cavalerie sur les flancs ;
mais je demanderai : était-il néces-
saire de laisser si peu d'intervalle? Je
ne le crois pas. Il me semble que cette
disposition entraîne beaucoup d'incon-
venions, et ne les compense par aucun
avantage.
CHAPITRE V.
Dr rordonoanfe dt* modernen.
La coutume est un tyran plus im-
périeux que tous les despotes de l'O-
rient ; qu'on s'éloigne d'elle le moins
du monde, on est réputé traître et re-
belle. Il n'y a point d'argument direct
qui puisse arracher des esprits une
opinion bien ou mal fondée ; c'est an
temps seul, aidé de quelques circons-
tances favorables, à la sécher dans ses
racines. Croirait-on que, depuis plus
de cent ans, la philosophie moderne,
quoiqu'établie sur les principes mathé*
mathiques, n'a pu encore détruire en*
•Il
«Avoiws
Uèreinftnt les cUnëres at \e§ vîsîmi
d*Ariiitole el 4b Fiaton.
Qn se donne bien de la peine poar
ne gagner que la haine, quand on en-
If eprono de démontrer à on bMime
qu'il fn&t dans renreur, et que sen epi<-
nion est absurde. Peu de gens ont cie
eourage, encore moins ont le talent
de s'ouvrit des routes nouvelles. Ils
aiment donc mieux suivre les sentiers
battus. En matière de religion ou de
politique , je me garderais bien de
rien innover, parce que sur ees objets,
le vrai eomme le faux cause de la di|«-
«ussion et des débats toujours nuisi-*-
blés qu'un honune de bien doit éviter.
La paix et la concorde sont le but et
le prinotpe de toutes ses actions, mais
«n tactique, nos erreurs ne pourront
fkire mal i pevsoqne ; le pis qui poisse
arriver, e'est qu'elles tombent dans le
Biépris et disparaissent, ti'est donc
■vec confiance ^ tranquiHité que je
prie le lecteur de vouloir examiner,
tans prévention et avec on esprit at-
lenlH et impavtiaK ce qoe je vais dire
sur ce sujet important, et de ne pas
juger légèrement le fruit d'un travail
long et pénible.
J'ai déjà prqipMf^ f)|0 \à formation
d'un corps, soit d'infanterie, soit de
cavalerie, devait être ai^ogu^ à l'es-
pèce de ses armes, et qu'il fallait réu-
nir dans Tensemble la fiM^w, Vaenvité
et une moMité universelle, applirabie
i toutes les opérations de la guerre.
La phalange était armée convenabie-
ment à sa constiluUon ; elle avait anssi
*ffr force au plus haut degré. La légim^
également bien armée, avait de plus la
prce et ¥ae$ibit4 ; mais Fone et Tautre,
comme je Val déji dit, avaient on dé-
feôt essentiel dans la formation de
• fenscmble : c'était oette cavalerie je -
tée sur les ailes, et qui par là n^étnit
ni flattquante ni flanquée.
Avant dé juger notm fiarmation
deroe, il faut examiner soigneuseoMet
la nature et les eflbts do fusil, puisque
c'est naaintenant ia seule aroie qu'em*
ploie l'infenterie. L'épée n'est poor
le soldat qu^one charge inotîle, et qu^tl
seraitbon de rélormer.(t)
Considéré comme arme de jet« le
fîiiil pst certaioement supérieur à ton*
tes celles des anciens ; et si l'on ne
faisait aucune attention qu*à la lon-
gueur de sa portée et à la (acikté de
son service, on devrait s'étopner que
iottte une armée ne fàt pas
en peu d'heures par cette qrme
triàre ; il est pourtant vrai qoe le fusil
est bien moins redoutable que Tépée
et la pique. Quand riobaterie ena*
ployait ces armes, il fallait nécessaire-
ment qo'en en vint à cqpobattre de
près I la plos grande partie de^ vain-
cus et beaucoup des vainqueurs étaient
tués ou blessés dans le cours de I ac-
tion, et la victoire était plua décisive;
car il était impossible de-ao retirer en
bon ordre. L^osage des armes à fao a
introduit une manière ineertalne 4e
faire la guerre, moins sanglentp, i h
vérité, mais aosai moine décisive. Les
deox armées se tiennent à de grandes
distances hine de l'aotre pesident ane
grande partie de ractfoni, et aonvent
pendant Tactien tout entièfeb U est
bien rare que deux lignée se |eiguqt
au point de oroisef le sebse eu In bmee-
nette; il en résulte pnqr let deoi ar-
mées la focîKté de dunger lews die-
pesitionsen tout ou e» paatie, en mê-
me d^abandonner entièteinent le ter-
rain, si les circeiisienees Texigent^ et
tout œla sans embavraa^ sans dan§ar,
et presque saqs peine.
Les armes à feu sent les plus déb-
(1) Lloyd D*à cerlaiocmeDt voulu ptrier qiM
do fenufltio : Vf pSo mi U nfare Mot rsr«« in»
f diipMiaeift an cafaUtt.
M htanh.
MO
enta de taus ici» jnstrumcns de guerre, ! poussiéde lt>ii8 côie» par bcs camarades,
et ceux dont reiïet est lo plus incer- | troublé par les cris dts inouraiis ot par
tain. L^ quantité de poudre, I» ma- - les images de la mort qui flotte de
Bière de charger, l'état de Tatmos-
phère, l'agitation de Thomme, causent
Uni dt variations dans l'efletet dans
b dÛriMstioD, qa*on peut bien estimer
4ue>ir quatre cents coups, il y en a
peut-être un qui porte. L*incertitude
des effeta du feu, el la grande distance
^'on garde toujours entre les deux
anoées, sent les deux véritables cau-
ses du peu d'importance de nos batail-
- h|s s il y a pçu de monde tué, le reste
fût- se relfaite. Ce n*est plus comme
sutrefeis que les guerres se décidaient
par dei batailles, où la victoire était
kmjeprs oomplàte; aujourd'hui une
■nuée kien inférieure par le nombre,
et même par la bonté des troupes,
pMt, sous les ordres d*un chef habile,
prendre des positions avantageuses, et
Afféter, pendaitt des années, les pro-
«-iras d'il» vainqueur bien plus fort,
jusqu'à ce qu'enfm le vainqueur et le
vaincu étant également épuisés et rui-
nés, la pai:|f devient nécessaire à tous
. deux^ ^t rifQpuissance de soutenir
aIiÎs Umg^tpmps Is guerre. Voilà pour-
quoi, de nos jours, on ne voit plus de
hiTearaes conquis et de trônes ren-
fentes; le peuple seul paie les frais, et
ÏKl^ilire \f» cslamité^ dft la gpçirre. Le
■ ^iQilsrqw se préoccupe moins des
' «naveis succès, dent fî est bien rare
" ^le l'influence s'étende jusqu'au trA-
^^^e't il ordqnoe la paix ou la guerre,
suivant son caprice 014 celui dç ^s fa-
Si l'iDeeriitude de l'effel des armes
i feu est telle que le meilleur tireur au
blanc, libre et sans obstacle, ne puisse,
unç fois en dix, ajuster un but placé à
toutes parts suus ses ycuk? 1/nrme et
le but, s'il en avait, vacillent égale-
ment; il faut peu ^!ompler sur son feu.
Si, à tout cela, vous ajoutez le mou-
vement des chevaux, il s'ensuivra
qu'aucune arme à feu, excepté le pis-
tolet à brûle-pourpoint, n*est propre
ni pour lu cavalerie ni pour aucun au-
tre corps pesant parce qu*ils n'en peu-
vent faire d'usage nvant,i|;eux. Il se-
rait difQcile, et je crois même impos-
sible, de disposer rinfanterie de ma-
nière à tirer avantage de bon feu; si
vous lui donnez trois, ou même plus,
de profondeur à rangs et liles serrés,
comme cela se fait aujourd'hui, elle ne *
peut pas se servir de ses armes; et si
on la forme sur une moindre profon-
deur avec les files et les rangs ouverts,
vos hommes ne peuvent plus tirer du
tout; et ainsi séparés, ils manquent de
force et d'union pour agir et se mou-
voir. Il est donc réellement impossible
de donner à i^pe troupe armée de fu-
sils, les trois qualités que nous avons
reconnues essentielles : force, aeiiviii^
mobilité. On a senti .ces diflicultés, et
on a cherché ^ les diminuer en intro-
dnis^Qt difiréreqtes espècos de feu. Sur
cela, les avi$ se sont partagés : les uns
ont cru meilleur de tirer par rang, les
autres par portion de Aies, comme pe-
lotons, divisions, ^tc. )I. le corple J*'
Saint-tiermain (1), dans des mémoires
(^, Voici U inai)ière <los^ M. de Saioi-Gtrr-
oiâiD f>ipi4que suc ^f^ Ibuk. pi lecteur cumpa-
rcia lei ^vaql^ei ei ka jpcftiivéoieQf du feu de
fil'^ <]u il propose, du feu par rang, cuinme le
demi*pdc le (^é^^fal ilQjdt ou de celui que
4'ofe pr^feaer.
« Je De connais qiiP di uz t><H)ne« Uw»» de
tirer de non feu le plu^ gr-'.nd nvaolage ; 1 une'
dans le rang, où il csf génô, pressé J Nimniriirp iiM?d'<h^i>rrri.'r«t)i 'm-iwMj.dit.
Mlimables, publiés depuis sa mort, re-
jette tous oes feux, et propose un fea
de file en GommençaDt par la droite ou
par la gauche.
Le feu de rang, en commençant par
le dernier, ensuite le second, et enfin
le premier, et ainsi lour-à-tour, est
certainement le plus simple et le moins
sujet à mettre le désordre et la confu-
sion. Le troisième rang, ayant tiré,
recule trois pas. le second recule un
pas, et le premier ne bougt; ensuite
les rangs se serrent, et le feu recom-
mence. On avance dix ou vingt pas, et
on fait halte pour Urer encore, et ainsi
de suite. Le feu de peloton, surtout
s'il se fait par petites troupes, ne dure
pas deux minutes sans confusion ; les
commandemens se croisent et aug*
mentent le désordre. La méthode de
■tHOIBBS
les mains d'honunes qui agissent sépa-
rément. Le feu par rang, comme je ie
propose, est ce qu'il y a de plus ap-
prochant de cette manière (i), et en
conséquence, je le crois préférable a
tout autre. L'onfare et la règle peu-
vent s'y maintenir, pendant des heo-
res, sans nulle interruption, ce qui oe
me parait praticable dans aucune autre
méthode ; ce n'est pas la perfection,
car je crois qu'on ne peut l'atteindre
dans cette matière , mais c'est la moin-
dre imperfection.
De quelque manière que les troupes
soient rangées, de quelque manière
qu'elles tirent, l'effet de leur feu sera
toujours concentré dans un petit es-
pace. Si le terrain qui vous sépare de
l'ennemi est un pays coupé et de dii-
cane, de façon qu'on ne puisse vous
M. de Saint-Germain aurait autant, et I joindre, ou du moins sans beaucoup
pius de difltoiités ; d'où l'on voit que
ie fusil, et en général tontes les armes
de jet, ne peuvent bien servir qu'entre
La première coosUle à lirer par fllei de chaque
peloton les anca après les antres. Dés que Tor-
dre de Srire fta aat donné, les comniaadana de
peloloa dolfeat passer fkanent derrière le
iroisième rang, et chaque comniandani de pet-
iot on fait faire fea à son peloton par files, les
unes après les autres, en eommeocanl par la
première de droite ou de gauche. Chaque file,
dé» qu'elle a tiré, recharge, et tire le plus
prompleroeat qu'elle peut, sans b'crobarrasaer
des auiret. Le chef de file lire devant lui ; les
serre-files tirent à droite et à gauche du chef
de file, et en même temps. Le commandement
pour faire feu, et celui poar le fhire cesser»
dolfeat se donner par un instrument fort aigu,
•fin qu*ii soit entendu. Ce feu est commode
pour le soldat, conirauf I, hff n ajusté, et il n*rn
ait pas de plus meurtrier, parce qu*il est très
divergent. La seeonde fhçoo, quand l'ennemi
se déconcerte et se pelotonne, ou qu'il plie, e»t
de faire feo en aalTea par hataiUona entien,
et toaloon aa éeaarpant autant qu'il est pos-
sible.
a Jf paaasqoidès ^Ton aatàtfiMs rend
a oostacles, voilà le cas on rnaage de
l'arme à feu est indispensable et vrai-
ment utile. L'ennemi doit franchir des
pas de l'ennemi, et que les coupa peavent Tal-
teindre, on doit commencer le feo selon la pre-
mière méthode que je viens d'indiquer ; après
trota sahres, le faire œaser, marcher vingt pas en
avant sur lui, le recomanaoer» tv ainsi de airi-
te. Tout cela doit s'eiécnter avec an grand ar-
dre et beaucoup de vivacité. Il résalte deui
grands avantages de Tordre Joint à la vivadté;
l'ennemi en eat déconcerté, et votre troupe asi
souatvaila à la réfieilon, toqfoun dangeranaa
en pareille aecasion. La grande attanllMi-alars
des ofticiers et dcs-has officiers doit étra do
conserver l'ordre dans leur troupe, et d'ttmp^
cher les pelolonnemens : c*est là leur première
et principale fonction. »
(i) Le len de bilbande, où chaque homnaa
tire seul, approcha plas oneore de cette fiber-
lé d'action des anciens vélilea,'qiia oelnl d*nn
rang qui tire font à la fols, et il paialtqae Im
rangl ne s'ouvrent point comme ici, la tron-
pe conserve plus de masse et de solidité, %%
qu'elle est plus prèle à se porter an avant, oè à
aevompre à driHe on à |i«eb^ aaifnal rmrt->
geoce def eas.
DR UOVD
S <iri i'embarrasfteiil. ni r«iii-
d'eniployer se:! ariiius iivec
■nccja, pendant que votre
(dos oa moins couvert, se sert
Ben è l'Aise, et presqu'à cuup
i$ li l'eanemi peut vous join-
p*il en ait l'intentiou, comme
II, «"ii attaque, il est évident
'ea devra bientôt su taire, et
Hunt»! se terminera à l'arme
, à moins que votre troupe ,
e, n'entre en déroute à l'ap-
le l'ennemi.
» |»émisses, je tirerai deux
a|ices : 1* que le fusil n'est pas
I remplir tous les objets qu'on
Hvposer a la guerre (1); 2" que
lea armes k Teu est particuliè-
bm pour ia joierre déreusive.
I pays plat et ouvert, où la ca-
le l'ennemi et même son in-
penvent vous joindre , le feu
trientdt ; et dans un pays cou-
nnë, vous pouvez trouver nill-
ops, mille camps où Id cavalc-
infanterie même oe pourront
indre qu'avec des peines infi-
BSt li que les armes à feu voua
II bien, qu'elles seront même
es qne vous puissiet employer.
comme il est nécessaire à la
d'attaque'* aussi bien que de se
9, et qu'on a bientôt reconnu
fiull n'était propre qu'à la dé-
tandis qu'une coiisititution mili-
est parfaite que quand elle réu-
denx espèces d'armes, on a es-
'qonter À l'arme de jet la force
me de main , en joignant la
ette au fusil: mais cette inven-
Blt pas heureuse : comme arme
In. le fusil avee la baïonnette
«1
est eiiuire trop cmirt , i;l il osl cui-
liarrassnnt ; et iwmme arniit de ji-t, la
baïonnette gûne l'usa^u du fusil, et
rend son eflet encore plus incertain (1).
[I«> RViDUtiM ri ilM défaut* da raciiie t leu et
(lu l'ai mu lilaiii;hc.
l^xaminons vi comparons les défauts
et les avnntages de l'arme dp jet et de
l'anne de main; nous ne tiinlnmns
pas îi ronclurr qu'elles sont .ibsola-
mcnt nécessaires l'une et l'autre pour
compléter une cnostitulion militaire.
Les armes à feu sont propres à la
guerre défensivo ; elles tiennent l'en-
nrmJà distance, otprévii'nncnt une dé-
faite totale ; mats si l'ennemi peut voai
joindre, leur usage cesse iibsolument.
L'arme de miiîn, au contraire, est
inutile à une certaine distance, mais
elle devient indispensable quand les
armées s'abordent. L'arme, à fen est
utile dans les pays couverts, l'arino
blanche dans les plaines; lescficlftde
la première sont précaires et incer-
tains, ceux de l'autre sont complets et
décisifs. L'arme à feu est la ressource
dn faible, qui craint de se compromet-
tre, l'arme blanche est l'arme ilu bra-
v«, qui aie sentiment de ses forces.
l'n général habile, h la tète d'un'.
armée de futVier», quoiqu'inférieur eu
i.umbre a Sun cnuemi, peut traîner une
guerre en longueur pendant des un-
d Frédéric il GulbrrI diMnl que
(1) Xn tujct de celle auenlon, noui it^i-
lou ({ae iwni n'occcplont pas U mpontabililé
de lonui le* oplaioni (h- l.loyd. \* Ininnnaiio
cal t'arme ]• pin* tmililc. Napolten, qui ce-
pendant (oruil de l'aTlIllerie. a dit : La babn<
ii«tM *tt tarin» ttécâive, l'arme tn dtrnitr
il d« u bayonocLle répond k tout lu , rtiiorr. Ceci r
\tM. iltn
yiriaqi'U crt à la foii hdc arme oTT^ dhtb I
nilUsIrH <iiii oui conUuil ou fml le d'-rn'
|«nw. [«tHëit» nid.)
0208
irtHOlRBS
nées, et enfia gagner des avantages
aur on chef moins savant, ce qa'il ne
pourrait faire avec une armée de pi-
quierê, ear ceux-ci seront bientôt for-
cés d*en venir à une action, et par la
nature de leurs armes, elle sera déci-
sive; d'où l'on voit que Fart de la
guerre chez les anciens était simple et
décisif, et que chez les modernes, il
est plus compliqué et plus embarrassé.
Chez les anciens, Tart de la guerre
se bornait à un développement d*évo-
llitions dont Tobjet était d'amener un
combat, car c'était aux batailles seules
qu'ils remettaient le sort de la guerre ;
en un mot, toute leur attention se di-
rigeait à la disciplinet à l'ej^ercice des
troupes, et au cboix des champs de
bataille.
Mais los modernes ont une grande
étude à faire pour leurs camps, leurs
positions et leurs lignes ; leurs plans
d'opérations sont très étendus, et sou-
vent embrassent cent lieues de pays
qu'une position doit couvrir. Chez les
anciens /un plan de campagne était
renfermé dans un petit cercle. Cher-
cher l'ennemi et le combattre était
leur maxime ; ils ne paraissaient pas
même avoir eu l'idée qu'on piàt tirer
ime guerre en longueur par une suite
de manœuvres et de combinaisons sa-
vantes; aussi leurs çuerjre^ ne duraient
qu'un moment, à j^ioins qu'il ne vint
s*y joindre d'autres circonstances nées
de la nature du terrain, de l'espècQ des
troupes, ou de quelques intérêts po-
litiques des parties belligérantes, qui
contrariassent les principes ordinaires.
C'est ce que nous avons déjà vu à Too-
Wiaià de la guerre du P^ofmràse, et
'le que nous verrons encore par la suite
dans les guerres puniques.
Les principes d'une guerre active,
quoique sur la défensive,^ étaient peu
connos des wciens ; Jugurtha et fifir-
torhis me semblent les seiris généraux
de l'antiquité qui en aient senti toute
l'étendue, et qui les aient mis en pra-
tique ; mais il n*f a point de guerre
chez les anciens qu'on puisse compa-
rer, pour la vigueur et l'activité, à la
dernière guerre en Allemagne , la
guerre de sept ans, où nous avons yu,
dans le cours de deux campagnes, plus
de batailles que les anciens n'en don-
nèrent dans l'espace d'un siècle entier.
Et cependant les résultats furent
bien différons. Tons les empires du
monde connu changèrent de maîtres
pendant les six siècles que dura la ré-
publique romaine, au lieu que la paix
de Hubertsbourg a laissé l'empire d*Al«
lemagne dans le même état où la guer*
re favait trouvé. Cette différence im-
mense ne vient Cependant que de la
différence entre la nature des armes
des anciens et celle des modernes, qui
nécessite à conduire les guerres d'une
manière également différente.
Nous sommes souvent obligés de
nous mettre sur la défensive pour cou-
vrir une gratide étendue de paya con-
tre un ennemi supérieur ; la prudence
onionne d'éviter un engagement gé-
néral, ou, si Ton juge qu'il convienne
de le risquer, il est facile, avec le se-
cours de l'artitterie, de trouver miDe
camps où l'on peut prendre ses avanta-
ges contre l'ennemi.
H y a telle position où tm général
habile peut fatiguer rennemi, et le te-
nir en échec pendant une campagne ;
et dans la même position , les anciens,
avec leurs piques, se seraient tell&-
ment approchés, qu'il aurait été im-
possible d'éviter une actioD générale,
et la nature de leurs armes, comme
nous l'avons déjà dit, aurait rendu cet^
te action décisive.
Fabius» favorisé par un pays étroit
et montagneux» eut bien de la iMiie à
don-
ner bataille, et £( n'y pat réussir que
parce que les principales forces d*An-
Bibd étaient en cavalerie, qui est de
soi effet dans un tel pays.
Il faut conclure, de tout ce que nous
vanoM de dire, que pour une armée
^ n'a qne des anpes à feu, les mou-
fonens aont lents et les actions indé-
cîKi: elle prête davantage aux déve-
loppemeu^ de la science et du talent;
■Mii aes opérations les plus heureuses
M peuvent guère s'appliquer qu'a la
guerre défensive.
Des troupes, années de piques, ont
des SBoavemcns plus rapides, et leurs
aolions sont plus décisives ; elles don-
nant flioins à la science que les pre-
mières, mais elles sont singulièrement
inpres à ta guerre offensive.
n aemirie donc que pour atteindre à
la perfection, et rendre une armée
également propre à toutes les opéra-
tions de la guerre, il faut y réunir ces
deux espèces d'armes.
Si le fusil et la pique sont, comme
je le crois, de toutes les armes celles
ipâ peuvent le mieux remplir tous les
Âjets qu'on se propose, il faut donc
qu'ttne troupe soit disposée de manière
à employer ces deux sortes d'armes,
ou que différens corps de troupes, se
partageant ces armes, soient rangés
dans un ordre où ils puissent se sou-
tenir et se favoriser mutuellement.
J'eisaiefai de proposer, dans la suite
de cet ouvrage, un moyen de produire
ealle combinaison ; nous aurons lieu
devoir, dau^ cette redierche, cond>ien
les BBodemes sont éloignés de la per-
flieliOB' à laquelle nous nous efforçons
d'atteindre, le prie le lecteur de m'ex*
coser SI je me suis arrêté si long-temps
MT ce friQet, et si j*ai peut-être enh-
floyé trop de répétitions; mais tout
Ssfue j'ai dit jusqu'à présent était la
base d'une nouvelle tactique, dans la-
quelle seule on trouvera des principes
Dxes et certains pour la formation et
la conduite des armées. Je supplie donc
avec instance tous les militaires de
vouloir bien examiner, et peser avec
Tattentiou que le sujet mérite, ce qu&^
j'ai exposé dans ce chapitre (1).
CHAPITRE Vil.
De la rormatkNides baudnoM et dei eeeséreat.
»
Les modernes ont adopià le fusil
comme l'arme universelle, et en con-
séquence , ils ont disposé l'infanterie
relativement à la forme et à Tusage
de cette arme ; mais le succès n'a pas
toujours répondu à Tattente, car j'ai dé-
jà prouvé qu'un corps d'infanterie,
formé sur trois de hauteur, ne peut
user avantageusement de son feu,
comme on le voit dans les batailles, oà
un million de coups ne portent pas. U
y a plus : cette méthode do ranger les
troupes est pleine d*inconvéniens, et suh
jette à plusieurs défauts considérables.
Premiinment, Une ligne de trois
rangs manque de force ; elle ne peut
soutenir ni le choc d'une cavalerie qui
chargera vigoureusement, ni celui
d'une infanterie qui sera formée un
peu plus solidement. C'est cette fait-
blesse qui est cause qu'à l'exercice
même , deux ou trois bataUIons ne peu- v
vent faire un demi-quart de lieue en
plaine sans un flottement et une on*
(1] Les lecteon remarqoeront des diflérenees
essenliellei entre les oplnioos de Lloyd et cellet
deGutbert» reîetivemenr à tt profoodear dei
rtDgs de rinfanlerle; Hè coMpfendront qoll D'y
• McuM coatradfdlSD dt votre part à apeeer
les opioiou epposéei de ces dem §ntkd$ lactk-
cieBS. Cest eui ntltres de noire âge, formés à
1 école de nos grandes guerres modernes» qa*&
appartient dVumlner et de prononcer.
{l9aUd«êMM.)
MÉmmuan
liQlaUon contimieb: voos Mes i^bUgé
d'urrèter à chaque minute pour reoti*
fier raligitement, et à peine pouyez-
vous aïancer quelques pas £n muraille.
S&eofuUmmt. Cette ligne si mince
TOUS donne un . front d'une étendue
immense, et dont les mouvemens de-
viennent diffieiles en proportion , et
vous avez perdu Tactivité, qui est la
première qualité d'une armée.
Une ligne de trente bataillons et de
cinquante escadrons occupe un front
de deux lieues. On comprend aisément
que, quelque ouvert que soit un pays,
une ligne si étendue doit se mouvoir
avec beaucoup de lenteur et de diffi-
culté ; et si le terrain se trouve res-
serré et coupé de haies, de ravins, etc.,
cette longue ligne ne peut se mouvoir
et agir avec ensemble ; il faut qu'elle
ft^anète continuellement, et souvent
pendant plusieurs heures, avant que
vous fassiez une demi- lieue ; et quand
iennfinvoiffi approchez de l'ennemi, votre
attaque est faible, partielle, et souvent
concentrée sur quelques points qui ne
sont pas les plus favoraUes, tandis que
¥ous aviez les plus grands avantages à
attendre d'un effort général porté con-
tre le front entier de l'ennemi, sans
vous ralentir sur les points d'attaque
particuliers que vous auriez pu y join-
dre.
' I^ ^sauteur de votre mardie don-
1^ à l'ennemi le temps de se préparer
è vous recevoir, de faire dans sa posi-
tion les changemens qu'il croit néces-
saires, ou même de se retirer tout-à-
faît, si la prudence le lui suggère ; et
tous vos grands préparatifs aboutissent
à de petites escarmouches.
' Qu'importe que votre armée soit
plus nombreuse; si, par un vice de vo-
ire disposition ou par défaut d'activité,
vous ne pouvez pas, comme vous le
aevnez, porter plus de monde que
l'ennemi sur chaque point où voum Vétr
taquez?
C'est à ce seul avantage que le roi
de Prusse a dû ses victoires da^i la
dernière guerre ; car ses armées, ex-
cepté à la bataille de Prague, ont été
partout moins nombreuses que celles
de l'ennemi. Il faut ajouter œ qae
nous avons dit, qu'une ligne si éten-
due aura nécessairement <|pidqiie par-
tie faible par la nature du terram, et
que si Teoneteii est habile, il ne man-
quera pas de s'en prévaloir pour vous
attaquer avec avantage.
£nfln , votre disposition étant une
fois faite, vous êtes foroé de la suivre^
et la ligne doit avancer selon le plan
convenu ; car son extrême lentwr et
sa faiblesse naturelle ne voas ptfmet^
lent de hasarder aucune cocuection de-
vant renncmt, si nécessaire qu'elle
puisse être ; et si un régiment ou une
brigade sont mis en désordre, toute la
ligne doit s'arrêter; il faut bien vite
tirer de la seconde ligne de quoi répa-
rer le mal, ou la bataille est pendue :
l'ennemi, sans cela, pénétrerait par la
trùuée, séparerait votre armée eo deux ,
et vous mettrait immanquablement en
d^ute. C'est ce qui est amvé à la
bataille de Prague^ comme on le verra
dans le rédt de cette guerre ; on pour*
rait ajouter encore bien, des ebosea
pour prouver que Id formation de Tia-
fauterie sur trois rangs la prive entiè-i
rement de ses deux principales pnn
priétés, la^^rca etJ'sdîvtl*.
Cette méthode est également nuisis
ble à la mobilUé univenêlU, applicable
à toutes les opérations de la «^uent^,
puisqu'elle ne permet à une troupe de
marcher, même en plame, qu'au ris-
que de se voir taillée en pièces par une
cavalerie bien dressée, ou même par
un corps d'infanterie qui aura plus de
consistance et d'activité* Elle ne peut
DB LrX>Yl).
wmbRttre avec^fiuci'ès qui* dans un
paya haché ou derrière des retranche-
mens, des haies, etc., où Fennemi ne
peql ta joindre sans de grandes difli-
iSldtéa; ainsi, tout bien considéré, cet
ordre manque des trois propriétés es-
fentielles à une troupe de guerre, et
même à toute force mouvante en mé-
ique : /brc«, acHviié, mobUiti; je
propose encore tout ceci que corn*
mon opinion, et sans y attacher
prétention d'infaillibilité. Avan-
çons dans la recherche et Texamen,
ensnitenons pourrons formuler un avis
plus d'autorité.
r.HAPITRE vriL
De la cavalerie.
Quoique je n*aie pas précisément
servi dans la cavalerie, comme j'ai eu
pendant long-temps à mes ordres un
gros détachement de cette arme, j'es-
père qu'on ne m'imputera pas à pré-
flomption d'en porter mon ju|:;ement.
En général la cavalerie se Tormc,
comme IMofanterie, sur trois rangs;
éfe est année de mousquetons, de sa-
kres et de pistolets. Mais puisque le
Usa est si peu utile à rinfanterie, on
Jage bien que la cavalerie, surtout
dttos les derniers rangs, n'en doit faire
ancnn usage.
Le mousqueton cependant peut en-
core être de quelque utilité aux hus-
sards et aux troupes légères qui agis-
sent seul à seul ; mlHs les troupes qui
tant disposées pour agir do masse et
fc sabre à la main, ne doivent pas mè«
me porter de mousqueton, parce qu'il
ne cause que dfe la dépense et de l'em-
Vnras sans utilité.
On objectera peut-être que si la ca-
rie ne porte point de mousqueton.
les hussards et autres troupes qui en
sont armés les harcèleront et les
tourmenteront, et que même il pour-
rait arriver de là que la bonne cavale-
rie serait détruite par des troupes lé-
gères moitié moins nombreuses, puis-
qu'elle ne pourrait ni les attendre de
pied ferme ni les charger en ligne, et
on en conclucra qu'il faut conserver le
mousqueton à la cavalerie.
(]et argument spcM-ieux n*est pour-
tant d'aucnin poids, car, que la grosse
cavalerie ait le mousqueton ou qu'elle
ne l'ait point, elle perdra son temps si
elle veut escarmoucher contre les trou-
pes légères ; ce sera de la peine inutile
pour les hommes et poulies chevaux ,
et ils (iniront par être entraînés hors
de leur ligne, qu'ils ne doivent jamais
quitter (1). '
La cavalerie ne peut ni ne doit com-
battre que le sabre à la main ; si la
nature du terrain ou celle des troupes
einemies ne le permettent 'pas elle
doit se tenir derrière, ou mélee avec
de gros détachemens d*infanterie. for-
més de manière à ne pas craindre des
charges de la cavalerie; et ainsi le
mousqueton est bon a laisser de c6té.
La formation sur trois, donnée à fa
cavalerie, a sans doute pour objet de
(1) La r^TAlerie pru Mienne (^t aussi foripée
sur troiit: mais Diitention est d'employer le
dernier mng à remplir les trouées et ouvertares
qui peuvent se rairo dans le mouvement de
fiourse d'un eKadron qui charge au grand ga-
lop ; ainsi un escadron en pleine ch^r^e n>sl
cal<'iil<^ que pour deni de bantrur, et le dernier
rang forme une espèce de réserve qui supplée
à l'allongement du Hront Les cavaliers arrivent
ainsi on pleine course sur rennemi, le salire
élevé horiionlalement à la hauteur des yeui
pour pamr le premier roup« et tur.-le-champ
ngir de la poinle. \\ n'y a donc réellement que
le premier rang qui comhal; mais comme Tes-
radron s'est entr'ouverl, le troisième rang a
rempli les y\A^%. et le >rr«.iid bonrhe à mesure
les trouées que hit le rombat. (iVoia iêê BMi
MÉMOIRISI
f
iMster à riniNihioii de Tenneini;
iMis, comrae je l'ai déjà obsenré, elle
ne doK jamais attendre le choc de pied
ferme, parce qu*il n'j a point de cafa*-
lerie, nôème légère, qui, en chargeant
an galop, ne perce une ligne de ca? a-
lerie, si massive qu'elle soit, qnand
oelle<-Ci aura l'imprudence de receroir
le choc sans remuer.
Si les rangs sont serrés, le désordre
du premier porte la confusion dans le
secimd, celui-ci dans le troisième, et
tout est bientôt en déroute; si les
rengs étaient ouverts, le second avan-
cerait pour soutenir le premier, et
trouvant l'ennemi un peu en confu**-
sien lui*même par la première charge,
il le culbuterait aiaéaaent ; mais à rangs
serrés, il n'y a rien à attendre que de
la seconde ligne ou de la réserve, corn*
Bse pour l'infanterie ; et encore cette
ressouree est bien douteuse, car si
rennerai a chargé vigoureusement, et
sHI a pouasé son avantage, la première
Ugne n'aura pas le temps de s'écouler.
eomme elle le devrait, par les inter-
valles de la seconde , qui ne sont pas
asses ouverts, et elle la culbutera elle*
métttè en se laissant tomber dessus.
Bans une manoeuvre régulière, la se-
conde ligne, dès qu'elle voit la pre-*
mière ébranlée par l'ennemi, doit s'a-
vancer le sabre à la main pour la sou-
tenir. Cette ligne fraîche, attaquant un
ennemi déjà fatigué, remportera une
irietoire aisée ; alors la première ligne»
qui est en désordre, doit passer entre
les escadrons de la seconde ligne, et
li'aller rallier et former derrière.
Nos sabres sont trop courts, surtout
de la manière dont on place le cava*^
Rer en selle avec de longs étriers. Le
cheval est écrasé par un poids mort,
qiU porte toiJuours et sans relâche sur
la même plaôe. Je sais bieu que cet
air de «anége est plus agréakle i
mais il est très ineommode pour te
cheval, et raccourcit l'homme, (fa*il
empêche d'atteindre l'ennemi. Les pi^
tolets sont nécessaires pour que le ca-
valier ne soit pas tout4-fait désarmé
s'il perd son sabre.
En général, on a une idée trop
avantageuse du choc de la cavalerie.
Si l'on croit que deui chevaux se poo^
sent l'un l'autre, et se heurtent de la
poitrine, comme le semble indiquer
ce mot si ridiculement usité, fa comp
de poitrail^ c'est une absurdité, puis*
que la tète et le col forment une saillie
considérable, et qui empêche que lo
poitrail ne porte ; il est vrai pourtant
que le coup de tète est quelquefois
violent quand un eseadron en attend
un autre, ou même quand ils se ren-
contrent l'un l'autre en pleine course.
Les chevaux, pressés vivement, se
trouvant heurtés par ceux qu'oa leur
oppose, cberdient à se faire jour; il
est certain qu'alors la troupe eu mou-
vement a un grand avantage sur ceUe
qui reste en repos, et qu'ajoutant la
vitesse à l'impulsion, eUe pénétrera
celles-ci et la renversera, quelqiie nouo-
breuse et profonde qu'elle puisse êlre,
ee qui prouve que, pour la cavalerie» la
vitesse est tout. Si vous manques de
légèreté et de prestesse, votre cavale-
rie ne vaut rien ; j'en ai vu un exeau-
pie bien frappant près de Gerlits, en
Lusace.
Les hussards de Ziethen étaient venus
charger des carabiniers aulrichiens, et
étaient repoussés, mais se voyant »^
tenus par l'armle prussienne, qui
avançait, ils se rallièrent et renouèrent
la charge. Les eambiniers avaient eu
l'imprudence de les attendre» eu Uen
d'aller au-devant; ils torent renversés
et culbutés dans un marais, où il y en
eut quelques centaines de tnéa ou pris,
et tout eeh ae fitë fi^^é l9 memtew
M lOTB.
air
àp l'anmtrfnrrde antrichienne, forte de
haft à dix mille hommes, qu'elle n'eut
pa« le temps d'y porter remède.
CHAPITRE IX.
h% Tordre de biUilie des nodemee.
Par ordre de bataille, j'entends la
MrHmtîOR des dilTérentes armes qui
eôtiaposent une armée, sans y com-^
frtâàte ce qu'on appelle en général
kê trempes légères qui n'entrent jomais
4iiM la ligne.
L'ordre ordinaire est de former l'ar-
mée sur deux lignes on davantage,
parce que autrement chaque ligne
i'ayant que trois de hauteur, Tarmée
Meaperait trop d'espace, et on ne
pourrait ni la ranger ni la faire mou-
foir ; d*aniettrs c'est un moyen de sup-
pléer à hi fail>lesse et aux accidens de
It i»remière ligne, en la soutenant à
iropOB, et en remplaçant les vides
qu'elle peut éprouver, ou enOn en la
remplaçant totalement.
La cavalerie et rinfanteric forment
dea corpa séparés ; la première est corn-
ttutiément disposée sur les Oancs de
Tautre.
Ce qui fait la perfection d'nn ordre
de bataille, c'est que les dilTércns corps
soient placés de la manière où leur ef-
fet doit être le plus avantageux, et où
Ils peuvent le mieux se soutenir réci-
proquement et rendre la victoire com-
plète; sans quoi il arrive que l'une des
deox armes est victorieuse pendant que
ràatre est eu déroute. Une condition
wentielle encore, c'est que vos trou-
pes puissent se plier facilement à la
nature du terrain sans avoir besoin de
hire de grands changemens à leur dis-
^lOMHott, soft en marchant à l'ennemi
ou dans le cours même de l'action.
Or il est évident que si la cavalerie
est placée sur les flancs de llnfanterie,
elle ne peut ni la soutenir ni en être
soutenue ; ce qui est un défaut essen-
tiel dans la disposition.
D'ailleurs il arrive souvent de là, et
il doit arriver que dans les marches,
campemens et même dans le combat,
l'infanterie et la cavalerie ne se trou-
vent pas placées sur le terrain qui leur
convient, parce que la nature du pays
change souvent, et qu'on ne peut pres-
que jamais changer sa disposition gé-
nérale; celle-ci paraît donc manquer
essentiellement de tout ce qui consti-
tue un ordre de bataille solide et pro*^
pre a l'action.
11 y a plus : comme les deux lignes
sont formées dans un ordre plein , à
peu près, si la première est enfoncée
et poussée un peu vigoureusement,
elle se renverse sur la seconde, faute
d'intervalles sulBsans pour s'écouler.
Celle-ci perd l'occasion et le pouvoir
même de s'avancer vivement et en bon
ordre sur Fenncmi pour l'arrêter; ain-
si les deux lignes se trouvent culbutées
ensemble et la bataille est perdue; au
lieu que si la seconde ligne avait au
moins des intervalles pour laisser pas-
ser les débris de la première, et qu'en
même temps elle se fut avancée fière-
ment contre l'ennemi pendant qu'il
était dans ce petit désordre que cause
même le succès, il y a lieu de croire
qu'elle ne l'eût pas seulement arrêté ,
mais battu à son toiu* et mis en dé-
route.
On donne ordinairement pour rai-
son de cette disposition de la cavalerie
sur les ailes, que c'est pour couvrir les
flancs de l'infanterie ; on n'en saurait
proposer une plus absurde ; en elTet,
l'infanterie peut bien couvrir ses flancs
elle-même en se formant en colonnes
ou en bataillons carrés, ce que la ca-
328
auneuiBS'i
valerte ne peut )[$8s (1); ses lianes sont
si faibles par leur propre nature, qu'ib
ne fournissent aucune défense.
M. de Saiot^jermain propose avec
raison, dans ses mémoires, de camper
Finranterie derrière la cavalerie, parce
que, dit-il, si ceHe-ci était attaquée
pendant la nuit, elle serait détruite
entièrement avant de pouvoir monter
achevai (S).
Au-delà d'une certaine mesure, le
nombre n'ajoute point à la force d'une
armée, à moins que tontes les troupes
ne puissent agir ensemble; sans cela
on ne fait qu'ajouter à la pesanteur
d'une armée , et la rendre tout-à-fait
incapable de manœuvrer. Cette ma-
nière de séparer la cavalerie de l'in-
fanterie fait que rarement elles se
trouvent Tune et l'autre en état d'agir
sur le terrain et dans le moment qui
conviendrait. Elles forment réellement,
dans un jour de bataille, comme deux
armées qui agissent séparément, pour
un but commun peut-^tre, maïs sans
(1) Le roi de Prusse a aus^i Tusage de placer
la cavalerie sur les ailes, mais il ne semble pas
que son objpl soit d'assurer les flanc< de son
infanterte. LMnfenlerte. placée au ccotre, forme
presque seule l'ordre de balaille rbez les Prus-
sien»; elle couvre ses flancs elle-même au
moyen du quelques balaîllons de grenadiers
fi'rmés, dès le commencement de la campagne.
dpN compagnies tirées de chaque régiment. Ces
bataillons, placés en ëquorre «ur Um «iles^ fer-
ment et essartai l'ordre de bataille.
La cavalerie*, placée auprès dVux. à Teitré-
noiiié des ailes, est en dehors de Tordre de be-
taillc, et ne paraît destinée qu'à exécuter quel-
ques mouvemcns rapides, propres à déborder
l'ennemi, à le tourner oo à le charger vivement
en qveue, s'il s'opinfAtrait, avec apparence de
SQOcès, sur quelque point d*atlaque.
C'est ausfi pour la même raison qu*on a vu
le roi de Prusse placer quelquefois des rsca-'
(Irons do dragons et de troupes légères rn
^ équerre, par éebelons, sur Testréuiité d'une
" iiile qui ne semblait |>as appuyée, afin de s'as-
#uror le moyen de déborder et d'envelopper
i'eniienii. (A'ola 4s< Héd.)
accord etUœ elles, cl sans se |irot<'^or
Tune Tautre.
Si Tune eat battue, Tautrc fait sa re-
traite, au lieu que si elles avaient éti*
constituées sur d'autres principes, elles
auraient été victorieuses ensemble ou
défaites, parce qu'elles n'auraient for-
mé qu'une armée composée de diffé-
rentes troupes combinées et réunies^
pour un but commun.
Avant de finir ce discours, le lecteur
mepenneltra de résumer brièvement
tout ce que nous avons dit jusqu'à
présent, et de le présenter de nouveau
sous la forme de corollaires, afin qu'on
en puisse saiair TensemMe d'un coup-
d'œil,et être en étatde former un juge-
ment plus éclairé ; j'i^outerai la descrip-
tion d'une bataille, et je crois que les
opinionsque je mesuisefforcé d'établir
en recevront pkis de force et de clarté.
l"" On ne pmt appliquer à toutes les
opérations de la guerre l'usage général
des armes à feu et de toutes les espèces
d'armes de jet; elles ne sont propres
(2) Voici le changement que propose M. de
Saint-Germain , et les raisons dont il appuie
son opinion :
Il est établi que les ermëes eampeni sar deax
lignes, rinfanlerie dans le eeiitre, U etvalerie
sur les ailes avec le même fk-ont à peu prés
qu'elles occupaient étant en bataUle. GeUe mé~
tbodc est assurément vicieuse : il est étonnant
qu'il n*y ait pas eu encore d'homme n«et es-
treprenanl pour tomber, pendait la unit ou à la
peinte du jour, sur une alle.de cavalerie que
cinq cents busards pourraient détruire, s'ils
savaient assex bien manœuvrer pour la sur-
prendre. Dans le camp, la cavalerie est sans
défense ; à la moindre alerte, cbaqoe cavalier
court seller son ebeval, sauver son éqnipage; la
tête loomc, et il ne reste personne povr s'op-
poser à l'ennemi. Il serait plus mililaire et plus
sûr de camper sur trois lignes, la cavalerie sur
une ligne entre les deux de llnlànterîe. Dés
qu'elle est une^ fois à ebevaC elle pent se
porter vivement eà il est besolo, et la seeonde
ligue d'inl^nterie oecnpe aosnite alsémeat sa
place.
0B LLOTD.
qa'à la goerre défensive et conséqaem-
meotqu*à on pays couvert et serré, où
les troupes sont toujours à i*abri et op-
posent à renuemi des obstacles qui
rempèchent d*approche£,
2' L'usage des armes à feu a fait de
la guerre un art beaucoup plus savant
et plus difficile qu'il n'était chez les an-
ciens, où tout se bornait à l'arrange -
meot des troupes à l'exercice et aux
évolutions : ce que nous appelons les
maïKBUvres, pris dans son sens le plus
éleodu, leur était absolument incon-
Do; c'était aux )>atailles qu'ils con-
fiaient la destinée des guerres , et par
la nature de leurs armes, une bataille
était toujours décisive,
3" Dans la constitution moderne^ les
ktaillesne sont pas, et ne peuvent pas
être décisives ; ce sont plutôt de gran-
desescarmouchesque des affaires géné-
lales, et le massacre j est bien moindre
que chez les anciens, qui n'employaient
que Tarme de main.
k^ L'infanterie, quoique sa forma-
tion sur trois de hauteur ait été ima-
ginée en faveur du fusil , ne peut faire
cependant que bien peu d'usage de
eette arme, et la cavalerie ne peut s'en
servir du tout.
5* Cette formation sur trois est trop
faible pour qu'une ligne ait en mar*
Ghantque«qae consistance, pour qu'elle
poisse attaquer ou se défendre elle-
même contre une autre troupe à qui
sa constitution donnera plus de force
et d'activité.
6* Cette foijnation mince, donne une
teDe étendue aux lignes, qu^elles ne
peuvent marcher même en plaine avec
quelque légèreté, à plus forte raison
dans un pays serré et couvert.
7« Une ligne de deux lieues de front
doit nécessairement, dans une si grande
étendue, rencontrer des terrains qui ne
conviennent pas à l'espèce de troupe
qui s'y tro^rrc pracee, et ceperidant il
n'y a pas moyen de changer l'ordre
primitif, quoique la nécessité l'or-
donne.
8" Le front entier doit avancer en li-
gne régulière, ce qui ôte a l'armée
toute son activité, et donne le temps
à l'ennemi de prendre ses mesures
pour le combat , ou se décider à la re-
traite, 5'il le juge à propos ; ce qui ré-
duit le projet de la bataille à une lé-
gère escarmouche.
9*" Le général ne peut voir et con-
duire tontes les opérations d'une ligne
si étendue ; de sorte que par l'igno-
rance, la négUgence, ou la mauvaise
volonté des ofBciers^généraux , Taction
n'est jamais suivie comme elle devrait
rètre ; la plupart des opérations sont
manquées, ce qui peut entraîner la
perte des autres : en un mot , H y a dé-
faut d'unité dans l'action, et d'activité
dans l'exécution.
10*^ Une étendue de ligne qui devien-
drait excessive oblige d'en former plu-
sieurs, de façon que si Ton considère le
petit nombre d'honmies qui agissent
dans la première, et que dans les au-^
très on n^agit que successifeiiient et
partiellement , et presque toujours
quand il n'est plus temps, on trou-
vera qu'il y a à peine la sixième partie
des troupes qut entrent en action , et
que de cette sixième partie il n'y a
peut-être aucun corps qui soit à sa vé^
ritable place d'attaque ou de défense.
Tous ces défauts, et bien d'autres
encore que je pourrais rapporter, ne
viennent pourtant que de la mau-
vaise idée qu'on a eue de faire du fusil
l'arme universelle, et d'avoir voulu ap-
proprier à l'usage de cette arm^ la for-
mation des troupes et les ordres de ba*
taille. C'est ce que je crois a von- plei-
nement démontré dans les chapitres
précédens.
$80
DeaertplIoD d*oiie btftille.
Je ne puis mieux démontrer les vices
de notre constibition militaire, qu'en
exposant brièvement conunent on met
en mouvement cette grande machine
qu'on nomme une armée , et comment
une tNitaille s'engage, se continue et
se termine ; enGn quelles en sont les
conséquences ordinaires, et tout cela
d'après les observations que j'ai pu
faire dans le cour<& de jDiusieurs cam-
pagnes.
Après bien des marches et des con-
tre-marches qui souvent entraînent la
meilleure partie de la campagne « on se
détermine à donner bataille: tous ceux
qui le savent , et il y en a toujours
trop I se donnent bien du mouvement
pour avoir un commandement, ou être
chargés d'aller annoncer la victoire
qu*on espère ; et dans le choix qui est
MàMOinES
mens, parce que fentiemf a ftJt des
dispositions essentiellement difléiren*
tes pendant que vous perdiex votre
temps en préparant. Si voils n*êtes
pas instruit à temps de ses démafdies,
et que vous aillez inconsidérément i
lui, vôtre jpremier plafa ne vaut i^his
rien , et vous n'êtes pas & même d'en
former un autre qni soit propre aux
circonstances actuelles, tAf M fhiidraR
déplacer entièrement votre infanterie
et votre cavalerie ; cela ne se peut faire
devant l'ennemi sans prêter le flanc ,
et ainsi s'exposer & une entière dé-*
faite ; si l'on veut faire quelque chan-
gement datis la disposition de l*armée,
il faut que cela soit fait nn jour ou deux
avant de quitter le camp , autrement il
se met tant de confusion dans Vamiée
qu'il n*y a plus de remède.
La bataillé de Llgnifi , en lYAD , fM
perdue, et le brave Laudon sacriQé A la
î^%. rintrîfiue et la faveur l'emportent] malice ou à l'ignorance, parce que le
marcchal-général des logis de l'armée
du maréchal /)^aun voulut, sans aucune
bonne raison , changer entièrement
l'ordre de bataille de l'armée, le soir
même qui précéda la bataille; il en ré-
sulta que la grande arùiée arriva sur
son terrain dix heures trop tard. On
trouva Laudon défait, et le roi de
Prusse prêt à nous recevoir ; comme le
premier projet était manqué, 11 ne fot
plus question d'en former un autre,
quoiqu*on en eût bien te temps, et que
lesdeux armées réunies fussent de vingt
mille hommes plus fortes qtie celle de
Tennemi. On se contenta de conti-
nuer sa marche sut l'Oder, sans être
suivi. Le lecteur me pardonnera cette
digression.
Ordinairement les brigades d'arUlle^
rie précèdent les colonnes pour en fan
voriser le développement , et empêcher
l'ennemi de s^ôpposer à la formation
de la ligne : le général et lé Soldât sont
k valeor et les talons.
Qd emploie plusieurs jours à exami^
%mt la position de l'oonemi , ce qui de*
vrait ètc» fiait en peu de minutes, car
ftticMqM iiasaît pas juger d'un coup<
4'mil h nature d'un camp et la manière
de l'attaquer, doit à jamais renoncer
au comjDandement : pendant toutes
ces longueurs, l'ennemi se prépare à
vous recevoir, il fortifie sa position, ou
U change* souvent il fait sa retraite,
de sorte que vous rencontrerei^ des
obstacles nouveaux et imprévus^ ou
peut*ètre toutes vos peines sont per-
diiesi et il faut suivre l'ennemi pour
trouver de nouvelles occasions, que
vous ne reocontrerex peut-être pas
dans toute une campagne, surtout si
]» générd ennemi est habile et qu'il
veuille éviter le combat
SnQn on détermine la manière de
former les attaques, et dix Couis pour
une, il Y faut aworter des change-
DS ILOTD.
votre marche, parce qn'il ftint qae
toute la ligne avance en mAme temps;
pendant , rien n*est pins inotile ; il : si quelque partie se séparait le moins
BMement persuadés qu'on ne peut
^^ faire sans cela , et dans le vrai ce-
tfcn résulte que du bruit; mais Tin- '
eonrénient réel , c'est que ce prodi-
gfènx train d'artillerie, avec tout son
lillnfl, avance lentement, s*arrète &
lùnt moment, retarde la marche des
irûfttpes par mille accidens, de façon
pfn est très rare, et même on pour-
"aitdire presque sans exemple, qu'elles
arrii^t ensemble sur le terrain où elles
loirent se développer.
Toilà le moment critique h saisir
Kmr un ennemi intelligent, s'il con-
lalt parfaitement le pays qui est entre
mi camp et le vAtre, il saura toutes les
ibotes par lesquelles vous marchez , et
Mr conséquent il peut aller à vous en
Mtaille, attaquer vos têtes de colonnes
st les battre en détail , sans leur laisser
e temps de se former en ligne, de la
■ème manière qu'on attaque une ar-
ière-garde : mais heureusement pour
r, il a confiance dans sa position, et
laisse faire toutes vos dispositions
iemne vont l'entendez.
Oo dirait que cette armée est de
lêrcatalm» de la Chine comme ces gar-
Mvoa de cheminées qu'on n'ose tou-
lier de peur de les casser. Après trois
Ml ifaaira heures de canonnades et
Nanrmeuches, l'armée est formée et
fteranee à l'ennemi précédée de son
DraiB d*8rlillërie ce qui retarde encore
la marche excessivement , et cause la
pacte de beaucoup d*hommcs , qu'on
mrait' épargnés si l'on avait rapide-
■est traversé l'espace qui séparait de
tamemi.
Iiipposoiii maintenant que votre ar-
mée soit de cinquante mille hommes :
de eceepe en front de deux lieues.
Bana ime telte étendue de pays , l'art
et la oatwe peuvent opposer mille
ma rattrtoit Bécemalràm»*
du monde, un ennemi actif se jetterait
vivement dans cet intervalle et , cou-
pant ainsi votre armée , vuus prendrait
en flanc et vous déferait totalement ;
c'est exactement ce qui est arrivé à la
bataille de Prague.
Pour éviter ce désastre et se tenir
ensemble, on avance sur une ligne pa-
rallèle à celle de l'ennemi, et on met
quelquefois des heures à gagner un
quart de lieue de terrain qu'on aurait
dû traverser en peudcminutes. Si la fer*
meté de vos troupes et l'inactivité de
l'ennemi vous le permettent, vous ar-
rivez à lui et vous réussissez , Je sup-
pose, dans un ou deux points d'attaque
seulement, c'est avoir gagné la bataille,
quoique souvent vous n*ayez déplacé
que deux ou trois bâtai. Ions: si voua
manquez Tattaque que vous jugez la
plus importante , vous vous retirez, et
souvent sans être suivi; cela s'appelle
avoir perdu la bataille.
Dans le premier cas,Tennemi n'a
aucune ressource dans sa première li-
gne, puisqu'elle ne peut marcher qu'en
avant ou en arrière ; de sorte que si
vous avez pu maintenir les postes ga-
gnés, vous êtes resté maître de tout, et
votre adversaire n'a plus d'autre parti
à prendre que de se replier par éche-
Ions et de s'en aller. C'était cependant
encore un moment critique pour vous
si l'ennemi avait su se conduire.
En effet, au lieu de vouloir regagner
les points perdus, s'il eût fait avancer
une partie de sa seconde ligne pour vous
arrêter seulement, et vous obliger
d'employer la plus grande partie de vos
forces à maintenir les postes occupés
comme on fait communément, et qu'en
même temps, avec le reste de son ar-
asée , it eftt fait un ^ort considémble
lICAIo'fti'.j^
aur fotre ligoç, ii est vraisemblable
qu'il vous aqrait forcé de lâcher vos
premiers avantages pour empêcher
votre ligne d'être coupée , ce qui serait
certainement arrivé , s*il y en avait eu
une partie de renversée et mise en dé-
route. Le mouvement que j'indique se
GoJt quelquefois, mais c'est toujours
pour favoriser la retraite et rarement,
ou même jamais, dans la vue de gagner
la bataille.
Coomie vous n'attaquez que succes-
sivement, vous réussisses de même, et
vos avantages ue se gagnent, ou plutAt
ne vous sont abandonnés par Tennemi
que peu à peu; vous ne pouvei faire
aueun effort général en attaquant ou
en poursuivant l'ennemi qui st^ retire à
son aise.
Votre armée, qui a peut-être été
vingt-quatre heives sous les armes»
•st si harassée qu'elle ne peut plus ni
marcher, ni agir, enoore moins pour-
suivre vigoureusement ses avantages.
On envoie les troupes légères don -
ner chasse à l'ennemi , mais c'est avec
peu de succès , parce que , en général ,
elles ne s'attachent qu'au pillage, et
qu'un hataUlon jeté dans un bpis ou
4ans un village les arrête tout-à-fait ;
l'ennemi, qui n'a perdu que. quelques
canons et quelques prisonniers « va oo-
coper un poste avantageux sur les hau-
teurs voisines, et il ne vous reste de vo-
tre victoire qu'un champ de bataille.
Tel aétélesuccèsdesbataillesque j'ai
vues, ce que je ne puis attribuer qu'à
la pesanteur et à l'inactivité de nos ar-
mées; défauts qui ne viennent eux-
mêmes, comme je l'ai démontré, que
ie IHsage général des armea à feu, et
de la ttouveHe tactique à laquelle cette
arme a donné naissance.
Il peut arriver cependant qu'un chef
habileobUeane quelquefois de grands
niantages' avw de si faibles moyens,
comme on l'a vu après «a NitaïUe de
Lissa où les Autrichiens . dans le cours
d'un mois, perdirent la plus grande
partie de leur armée sans qu'on en pût
assigner aucune nécessité apparente.
Mais entre deux généraux de taleot
égal , toute une guerre peut se passer
en escarmouches sans en venir jamais
à une action générale décisive , comme
cela arriva sur le Rhin, entre Turenoe
etMontecuculU.
On voit donc clairement que nos ba-
tailles, comme je l'ai dit, ne sont que
de grandes escarmouches, et yoilà
pourquoi ce ne sont plus aujourd'hui
les batailles qui terminent les guerres
comme autrefois, mais le défaut de
moyens pour en continuer les dé-
penses.
CHAPITRE X.
Ifmiveitt f yftime.
Après avoir montré , dans les cha-
pitres précédons, que l'usage exdusir
des armes à feu, la formation sur trois
donnée à l'infanterie et à la c^alerîe ,
et l'ordre de bataille qui r^lte de
cette formation , étaient imparfaits et
peu propres à mettre une aitnée en
état d'exécuter toutes les opérations
de la guerre, il me reste à examiner
comment on peut former, armer et
ranger des troupes , soit de cavalerie ,
soit d'infanterie, pour éviter tous les
défauts de la constitution moderne, et
pour donner à ces nouveaux corps les
qualités qui constituent, suivant aoi^
la perfection d'une armée, c'est à-dire
la force , l'activité et la mobilité uni-
verseUe.
Tant que l'arme i feu sera la seuir ,
comme aujourd'hui , dont l'iofantene
fasse usage., car l'épée et la baïonnette
ne lui servent de riep; on ne ponm
B tXOTO.
Mmer ancifti fystème qui diminue les
BiperfectioDs dont nous nous plai-
DMDfl. Si TOUS formez , par exemple ,
m gens sur deux rangs pour leur ren-
ke plus commode Fnsage du fusil ,
Ntie ligne deviendra si étendue et si
MU» (in'il ne aura presque plus pos-
riUe de la remuer et de la faire agir:
WMwe moins sera-t-il à espérer qu'elle
pOiase résister au choc de 1 ennemi. Si
mcontraire, vous disposez votre troupe
sur quatre ou cinq rangs, elle ne pourra
lias faire usage de ses armes.
La conséquence naturelle , c*cst
la'ane partie de votre monde doit être
irmée de piques : cette arme seule peut
ie.|ir4ter à une formation qui ait assez
le fcme pour résister au choc de Tcn-
lèmi , soit qu'il attaque à pied ou à
Eheval; et, pour se mouvoir dans toute
espèce de terrain avec un égal avan-
Hge, Q faut unir et combiner ensemble
asolidité de l'arme de main , avec la
ODgoe portée de l'arme de jet : si nous
Mmvions atteindre rc point, nous ap-
vpdierions bien près de la perfection
pii est le but de. nos recherches , et il
Ty a point de doute qu'une armée for-
née sar de tels principes ne fût s»upé-
ieure à tontes celles qui existent au-
jourd'hui.
Vusage de la pique rend nécessaire
ceini d'une cuirasse en état de parer
les coups de cette arme , ou du moins
d*eii diminuer les effets. Les armes dé-
Geraves ne peuvent jamais se séparer
de iHisage de l'arme de main, surtout
dans la cavalerie , où l'action se passe
tocjoiurs le sabre à la main.
. Contre une infanterie armée comme
rèst aujourd'hui celle de toute r£u-
rîqpe, 1^ armes défensives sont moins
nécessaires , quoique toujours utiles :
dlea.donnent de l'assurance à l'homme,
et peaYentdinodnuer ou même détruire
aotitMiimt l'effet de la balle, ai le
coup est tiré d'une grande distance ou
dans un angle fort obtus au-dessus oo
au-dessous de la ligne directe et hori-
Konlale. Mais comme il peut arriver,
et que même il arrive souvent que de
rinfanterie soit opposée à de la cava-
lerie, ou dans le cas de joindre de près
d'autre infanterie, je pense qn*on pour-
rait l'armer de la manière que j'expli-
querai ci-aprés.
C'est une vérité bien connue , qu'à
chaque campagne, un tiers ou un quart
au moins de l'armée est emporté en
peu de mois à l'hôpital , et un grand
nombre y périt. Le défaut de qualité
ou de quantité dans les alimens, et le
peu de soin qu'on a des malades dans
les hôpitaux , sont les causes princi-
pales de cette consonunation d'hom-
mes ; mais une cause primitive et ca-
pitale, c'est la manière dont le soldat
reste exposé aux intempéries de l'air
par le vice d'un habillement qui semble
n'avoir pour objet que le coup-d'œil et
la parade d'un jour de revue, pour plaire
aux femmes par un costume de théfttre.
Comme l'habillement , l'armement et
les manœuvres doivent être unique-
ment dirigés vers le but de conserver
la santé de l'homme et de faciliter les
opérations de la guerre, et, conune il
est impossible aussi de charger le sol-
dat de toutes sortes de choses qui ne
lui seront peut-être nécessaires qu'une
fois en sa vie , je vais établir sur l'ar-
ticle seul de l'équipement , ce que je
crois toujours utile et nécessaire à hi
troupe.
CHAPITRE XL
De rhtbniemeiit 4ff soldats.
Le soldat doit avoir trois chemises
de grosse toile sans garniture; deux
caleçons, deux culottes de coutilt qui
Wk MÉOÊomu
raibottent les hanehei tt tombent ja»* 1 partie de cet équipemoBt doit tootoonM
qu*à la cheville du pied à la manière
des croates hongrois et des hussards,
deux paires de gros bas de fil et quatre
paires de chaussons, car H faut tenir aux
soldats le pied sec et le préserver des
mnênimur^ que cause la laine sur la
jambe, pour peu qu'elle soit écorchée.
Le soldat doit avoir aussi deux vestes
de la même étoffe que les culottes et
deux gilets, à moins que celui de des-
sus ne soit dooUé, ce qui vaut mieux.
Pour l'hiver, on donnera deux paires
de bas de laine, une culotte avec Tha*
bit et veste de gros drap; Thabit doit
avoir des revers qui se croisent jusqu'à
la ceinture dans la coupe et l'ampleur;
on doit avoir plus d*égard à la commo-«
dite qu'à Téléganceet à la mode.
Le soldat sera également pourvu
d^one bonne et grande capote à man-
ehes, qui tombe jusqu'à mi-jambe,
avec un petit collet qui boutonne au-
tour du col, et un capuchon qui couvre
la tète.
Tout lliabillemeRt d'hiver doit res-
ter dans les magasins du régiment jus-
qu'à» mois de septembre , excepté hi
capote qui tiendra asseï chaud à l'hom-
me pour que le reste de son vêtement
puisse être de 01 ou de coton. Il faut de
plus que te soMat ait un col noîr decuir
piqué et garni en dedans; cela tiendra la
gorge chaude, et est propre et de
bonne grSce.
Enfin, il aura des brodequhis, ce
qui Tait une chaussure phis beHe et plus
commode que le soulier : la poussière,
le sable et le gravier ne sont point su-
jets à y entrer, et l'homme se blesse
moins.
Je voudrais de ploa qse la veste se
joignit à la ceinture de la culotte , par
dea boutonnière» , sans tre|> serrer ,
pour tenir les reins chauds , et préser-
ver du froid et de la ploie. GomiM âne
rester dans les magasins du régimeat, ^
fô soldat pourra, sans être trop chargé, .
porter en tout temps ce qui hii est
lement nécessaire. Je n'ai rien dit
la coifrure« parce qu'au litvdu dHh
peau, qui est aussi inutile cfueridicahc
je compte proposer un genre de oasipii
qui défende et couvre la tète, le col il
les épaules.
CHAPITRE iU-
Des trmet détemirtê.
La partie naturellement la plus
sentielle à garantir, c'est la tète: Je
voudrais, pour cet objet, un casque de
cuir, préparé comme celui des bottes
fortes, et matelassé en dedans pour se
placer commodément sur la tète : le de-
vant avancerait de trois pouces pour
défendre le visage et rejeter la plulè;
il en partirait cinq ou six chaînettes de
fort laiton qui viendraient s'agraCRer sot
le plastron pour former ta visière ai
casque, une telle arnmre die tète It
défendra bien sûrement du coup de
sabre, soft qu*il soit appujé en tran^
chant, à la manière des troupea eurô^
péennes , soit en glissant hornontiie*
ment, comme les Turcs et lèa Asiik
tiques.
Il y aurait sur Te devant du ouqné
une plaque de cuivre, portant te nooi
du régiment, ou son numéro, avec ce-
htt d^ bataillon , de la compagnie, et
tout ce qu'on a coutume de dérigner
par les boupettes du chapeau. On n'i-
magine pas Teffet moral que pourrait
avoir une circonstance sf peu impor-
tante eu apparence.
La certitude qu^on ne pourra éviter
le reproche empêche qu'on ne s*]r tt-
pose; et sur cela, fl ne dMt y iaiulr
DB LLOYO.
935
^^icaiis dlflSrence entre les officiers et t
^ soldats.
La pièce la plus intéressante do Por-
Hiare, après le casque, c*est la cuirasse ;
Me doit être aussi de cuir 1res fort, et
pirrter depuis le col jusqu'à la ceinture,
llfr inatiiëre à garantir de tous les coups
vraiment mortels de Tarme blanche, et
I diminuer beaucoup les effets de l'ar-
me à feu.
En voilà assez sur l'habillement et
l'armure du soldat; parlons mainte-
nant de ses armes offensives, en com-
mençant par celles de rinranieric.
Nous avons déjà montré que le fusil
et la baïonnette sont embarrassnns ,
trop lourds du bout, et trop courts
eomme armes de main, et que l'épée
doit être absolument réformée comme
iilùUle ; je voudrais raccourcir le canon
dé ftisil dfc dix à douze pouces, et le
tortifier dans la culasse, de manière
fucle centre de gravité se trouvât en-
Ire les deux mains dans le temps de
ffiêtnitz Us armes, ce qui le rendrait
phu facile à manier, et moins pesant
du bout qu'il ne l'est à présent.
Le général Clarke a inventé une es-
pèce de fusil qui me paraît remplir
Mb bien tout ce qu'on peut désirer à
cet Âgard, et (|u'on peut prendre pour
liodèle. Au lieu de ta baïonnette, je
VQodrab une lance de quatre pieds de
Wig, d'un bois fort léger, comme le
ttlàe, par exemple; il y aurait une
hempe d'acier de six pouces, dont les
iea% derniers formeraient la pointe, et
h reste du bois serait garni de deux
luiea de fer pour Fempécher de cas-
ier. Cette lance se porterait sous le
Iras gauche, la pointe en bas ; elle se-
nit bâte de manière à pouvoir se flxer
ae bout du fusil comme la baïonnette,
neia avec deux tenons, au lieu d'un,
pour plus de solidité.
Si le fiiiil eit brisé ou perdu dans le
combat, dans le moment qu'on joint
l'ennemi, et que le feu cesse par con-
séquent, cette lance même seule peut
être d'un grand usoge ; et quand elle
est attachée au fusil, elle est excellente
aussi bien contre la cavalerie que con-
tre rinfanterie. On peut objecter qu*en
raccourcissant le canon, le feu des der-
niers rangs incommodera tCS autres;
mais cette difficulté n*cst de nulle va-
leur. Si vous tirez par rangs, il y
aura plus d'ordre et de sûreté, et moins
de priici|)italioii que dans les antres
feux, surtout si la lance n'est pas en-
core au bout du fusil, mouvement que
je ne crois pas qu'on doive faire avant
d'être à trois cents pas de Tennemi ;
alors il faut la placer, et aborder vive-
ment.
Les trois quarts de Tinfanlerie se-
ront armés de ce fusil avec la lunce;
l'autre aura des piques de douze pieds
de long, un bon sabre et des pistolets
a la ceinture.
La cavalerie sera habillée comme
rinfanterie, à l'exception des brode-
quins, qui seront remplacés par des
bottes de cavalier. Ses armes seront
une lance de sept pieds de long, que
le cavalier portera le long de la selle, à
droite, de manière à pouvoir la saisir
vivement et s'en servir; ses autres ar-
mes seront un sabre de quatre pieds et
une paire de pistolets.
La cavalerie légère et les hnssarcb
resteront armés à rordinafrc. Comme
ils sont souvent employés à reconnaî-
tre, et que l'infanterie ne peut les sui-
vre, ils doivent avoir des mousquetons
pour être à armes égales avec l'enne-
mi. L'infanterie légère sera armée,
comme le reste, avec le fusil et la lan-
ce, sans épée ni pistolets.
Après rhabillement et l'armement,
il faut s'occuper de la formation, et la
rendre telle que rkomme puisse em-
m
tT^ sections, çt je forme un^ colonne
de huit hommes de front et de seize
^ç profondeur ; je dispose celte colon-
ne, comme ou le volt, sur la pi. J, (ig. 1,
Qvec les chasseurs et le canon sur les
^ancs.
Le bataillon étant ainsi formé, je le
ivpposi* attaqué en plaine par dix es*
cadrons; le canon et les chasscqrs
tiçndront cette cavalerie éloignée par
pn feu qui vraisemblablement aura
beaucoup d*cflet, surtout si le premier
et le second rang peuvent avancer Tun
9prèii l'autre, et lirer comme les gre-
nadiers-chasseurs ; ce qui se peut f iire
aisément et sans risque à la dislance
de soixante ou quatre-vingt-dix pieds,
parce que s'ils sont pressés, ils repren-
dront leurs rangs, et les chasseurs rem-
pliront rintervalle de^ compagnies.
Je suppose que cette cavalerie, sans
l*embarrasscr du feu des colonnes,
vienne charger au grand galop; de
quelque côté qu'elle se présente, je lui
oppose huit rangs, dont les trois pre-
miâ[S..sont armés de fusils avec les
lances; le quatrième et le cinquième
avec de longues piques , et les trois
derniers, à l'abri de ce retranchement,
peuvent tirer sur l'ennemi qui est éle-
ré, sans avoir crainte de blesser ou de
troubler les premiers rangs.
* Maintenant Je demanderais Tolon-
tlers à Seidlitz, s'il était encore au
monde, je demande à Wagnitz, qui
est au service de Uesse, au chevalier
Guillaume Erskine, qui est au service
de la Grande-Bretagne, s'ils pensent
qu'ils pourraient rompre cette colon-
ne, en rattoquant avec deux mMe vo-
lontaires d'£liol; diront-ils que oui?
Eh bien ! je u^unia mes quatre compa-
gnies, et je quadruple la force de ma
colonne. Croiront-ils encore pouvoir
tnfonccr? Je ne pense pas qu'ils s'en
Tutent ; w tedépendamaent du fti*
sil, dQs ianc^ et des piqaet. J'ose -i —
surer qu*il n'y a point d'escâdron ,«^
quelque force d'impulsion qu'il alt,^
qui puisse renverser seize rangs d'hï —
funterie; car la quantité d'actions pro-
duite par un cavalier, et II n*y en a^:
qu'un qui choque, n'est pas égale à l<k.
résistance de sqi^ç homipe9 placés en.
file, et serr^ en wim^ pour eo repoii»*
ser l'effet.
Je (ne crois donc autorisé ji conclure
qu'un bataillon , armé et disposé 99i-*
vaut mes principes , peut résister ea
plaine à un corps de cavalçric npa
seulement de\x\ fois plus fort qu'elle»
mai!ii encpre è toute celle nvec Ugu^d
on tentera de l'entamer.
CHAWTRB Wy.
Da ta caT4f ri«>
Phis je considère ce sujet^ et moins
je me trouve capable d*en riep dira
qui me satisfasse moi-même; bien
loin de contenter ceui qui sont
phis instruits que moi sur cette ttà—
tlère.
Qu'on range la cavalerie sur trois
ou sur quatre, Il est toujours sAr que
le premier rang seul pourra agir par
le fbu OH par l'arme blanche, ou par
l'un et l'autre ensemble, et que si le
premier rang est enfoncé. Il portera le
désordre dans le reste, et entratotni
le tout en désordre.
D'un autre côté, qu'une troupe 4e
cavalerie reste sur son terrain, itne
autre troupe, soit de eavalcrie oodln-
fafiterie, qui l'attaquera par le ftu, la
forcera de se retirer ou Dten d*avatietr«
le sabre à la main ; ce qui ne hii ta-
rait pas f^ utile coulre de riofaota-
rie Mae eqpiHrte, oa eoelre 4a h
smraoolaat, pnisqa'^lla ne pourrait
BfqiroGher de la première « ni croiser
to SDlxre avec l'autre aans rompre sa
ligne ; «ifirs elle est évidcmmeot plus
faible que cetio cavalerie légère, à qui
M vilosc aupérieure donne la facilité
de s'échapper en bravant la poursuite
des escadrons. En supposant même
que cette cavalerie parvienne à char*
ger, U n'y a cpie le premier rang qui
peitse ae servir de ses armes ; les dcu
aotraa ne sauraient s'em|>loyer qu'à
remplaeer les vides; ainsi il n'y a
qii*an tien qui agit, et les deux autres
veslent simples spectateurs de Taction.
L'acUvité est la qualité essentielle de
la cavalerie; et, constituée comme elle
ïaat aarmi nous, on voit qu*cUe en est
€Dtimment privée.
C*est un aiiome, qu'il faut mettre
CD action le plus d'hommes qu'il est
poisible, et ici, avec le terrain le plus
favorable, voua n'en pouvez foire agir
qu'on tiers* Quel remède y a-t-il à
aela? Je n'oa connais point. De quel*
que manière qu'on range la cavalerie,
il est impossible de diminuer ses dé-
fauts, et si vous y ajoutez ceux qui
naissent de la difficulté du terrain, tel
que l'ennemi le peut dioisir pour ren«
éro voire cavalerie inulile pendant
taate une campagne, on sera bien
taaté de conclure que la cavalerie est
une araie inutile, excepté pour les
patrouilles, ks gardes du camp, et
9'tl Csut en avoir bien peu dans une
«mée*, parce qu'elle coûte beanconp
al sert fort peu.
Si rinCsnterie, consUtnée suivant
SM système, est i^us forte que la ca*
Talerie, mAnae en paya ouvert, U pa-
nlt évideat qu'on n'en doit employer
qu'on bien petit nombre dans les ar-
nèea, et c^est dans cette proportioa
dafaoa ae Sxer la quao-*
tité; mais queila lya» aoît eetia prp>-
portion , il faut s'occuper de la ma-
nière de ranger et de distribuer cette
cavalerie.
La méthode actuelle est mauvaisa«
cela est prouvé; prendrons-nous dt
préférence celle des Turcs et des Asia-
tiques, qui se dispersent et s'écarteol
dans toute la plaine, entourent tooli
la ligne, escarmoucbent en caraco-
lant, barasaent et fatiguent l'ennemi,
l'entraînent dans an maovais terrain,
et quand il voit sa ligne ébranlée et
en désordre, se précipitent dessus, lo
sabre à la moin , et achèvent de la
rompre et de la mettre en déroute.
C'est ce que je n'oserais décider;
mais il est ccrlain que de celte ma-*
nière dix escadrons feront plus d'eflet
que cinquante formés et combattant
comme les nôtres.
Je ne vois pas non plus comment
une ligne d'escadrons s^ débarrasse-
rait d'une troupe de cavalerie char-
geant ainsi en fourrageurs; garderait-
elle son terrain « ou avancerait ottet
La cavalerie légère ne résistera pas à
votre choc, dites-vous; à la bonne
heure, mais elle ne l'altendre pas; alla
TOUS entourera comme un essaim de
guêpes, vous importunera, vous fati-
guera jusqu'à ce qu'elle trouve l'occa-
sion, pour se précipiter sur vous de
toutes parts.
Mais, me dirait on, quand la cava»
lerie légère se retire, la nétre pont
attaquer l'infanterie ennemie et la dé»
faire : non, si elle est formée soivael
mes principes. Maïs si l'infanterie de
l'ennemi est mise en désordre, on pa*
Ut nombre de nos escadrons achèvera
la déroute : fort bien, mais la cavata*
rie légère aura fait elle-mèoie beaar
coup plus tôt et plus complètaoïent ea
que vous dites là; de sorte qoe, do
qaekfoe aaanière qo'oe eaf|iaa|a
119 MtMMiUi»
question, plus }'y pente, et moins Je | tion entre le front é^t prof&ndeiir, d»
m% en état de la résoudre. i sorte qn'eir marchant en colonnes , oo
Cependant j'établirai tonjours, com-
me une maxime constante, que la ca-
valerie doit être rangée et distribuée
de fiiçon qu^eile puisse toujours agir,
pins ou moins, dans toute espèce de
terrain, et que qneUe que soit la partie
fu'on en veut mettre en action, il faut
<pie chaque cavalier puisse agir, et non
pas, comme cela se fait aujourd'hui,
le premier rang seulement.
Je sens bien que je marche par un
sentier fort glissant, mais je crois
pourtant que Tordre de bataille que je
propose procure à peu près tous les
avantages qu'on peut désirer.
CHAPITRE XY.
Ils Ift fomattou dfl rcsctdrao.
le voudrais que l'escadron fdt de
cent soixante hommes, non compris
les officiers et bas-officiers ; s*il était
moins considérable, les maladies des
hommes et des chevaux , et souvent
de tous deux, les réduiraient bientôt
à rien, et le mettraient hors d'état de
se montrer en campagne.
Un régiment sera de quatre esca-
drons, ainsi formés, et d'un escadron
de cavalerie légère de deux centsiiom-
mes» celui-ci devant être plus fatigué
de service que les autres ; ainsi le ré-
liment entier sera d'environ huit cents
hommes ; chaque escadron^ armé sui-
vant nos priiidpes, comme on l'a vu,
sera formé sur quatre rangs, et aura
afaisi quarimte files ; le front sera divisé
en cinq sections, de huit files chacune,
snr quatre rangs.
t J'ai préCâré cette division à toute an-
laifpiV»i|aroUamptptasdi pnpor-
peut incessamment faire face de tons
cAtés et présenter un front doidile de
l'épaisseur: de plus un tel front peut
aisément marcher sur toutes les direc-
tions et dans tous les terrains qui for-
cent un escadron à se rompre , et ce-
pendant cette forme carrée est sou-
ple, divisible, active, et en même temps
plus forte que notre fbrmaUon or-
dinaire. Une division peut choisn* son
terrain et combattre comme ellereut,
en attendant que les autres arrivent.
Dans tous tes cas, soit de pied ferme
ou en marchant, ou en attaquant « ;e
voudrais garder de petite intervalles
entre les divisons, et de plus grands
entre les escadrons , ce qui ajouterait
encore à leur activité. Il en résunerait
un autre avantage plus considérable ,
c'est que ces divisions pourraient tou-
jours prendre en fianc un ennemi,
même supérieur en nombre. Cehii-ci
étant formé suivant l'usage en ligne
pleine , ne peut tirer avantage de nos
intervalles en avançant pour charger,
et dans l'action même, il est fort infé-
rieur à nous en force et en célérité.
Les intervaHes entre les divisions doi-
vent être peu larges et seulement pour
les séparer , parce que chacune sera
conduite dans la marche et an combat
par un officier particulier, et toutes les
cinq seront aux ordres du comman-
dant d'escadron. Les intervidies entre
les escadrons seront égaux à la largeur
du front, ce qih leur donnera une
grande facilUé dans les mouvemeDs de
retraite oudansceux de flancqueles dr-
constances peuvent nécessiter: Mes
différens en cela de ht cavalerie ordi-
naire « qui, comme nous l'aTons dé-
montré , étant formée en ligne pleine
ne peut se mouvoir qu'en avant, et en-
core bien pesamment «i canthwplton
M UbOfp.
Ui
ment arrêtée par le moindre obstade.
S*il s'agissait d'en venir aux mains, mes
escadrons étant pins Torts et plus actifs
qae ceux de I*ennemi, le renverse-
raient, et sa ligne une fois rompue,
sertit poursuivie avec une telle acti-
fité , qu'il lui serait impossible de se
mllier.
Si l'ennemi voulait détacher quel-
(ues escadron^ pour pénétrer par nos
intervalles, il donnerait lui-même des
iQvertures dans sa ligne, ce dont nous
tirerions de prompts avantages ; et si
en voyant avancer ses escadrons ,
j'envoyais au devant mes cbevaux-lé-
gers qui se mêleraient avec eux le
sabre à la main à la manière des hu^
sards, je crois qu'ils auraient assez à
faire.
Il y a quelque chose de plus ; l'ordre
de bataille que je vais proposer réfu*
tera complètement toutes les objec-
tions qu'on pourrait me faire contre
ma méthode de ranger la cavalerie sur
quatre de hauteur avec des intervalles ;
ainsi je n'ajouterai rien ici de plus sur
ce sujet.
CHAPITRE XVI.
De là coDf limUoD d'une innée.
Par la constitution d'une armée,
j'entends le nombre de troupes dont
elle doit être composée suivant les dif-
iérens objets qu'on peut se proposer
dans une campagne , et la proportion
à observer entre les diSërentes espèces
de troupes, telles que l'infanterie de
ligne, rinfanterie légère , la cikvalerie,
la cavalerie légère et rartillerie.
Suivant les idées que j'ai exposées ,
on bataillon d'infanterie est d'environ
sept cents bouillies* dont un cinquième
iînfanterie légère. Cette proportion
de troupes légères paraîtra peut-être
trop forte , et elle l'est en effet, si on
les borne à ce genre de service auquel
seulement on les emploie aujourd'hui,
d'observer l'ennemi et de faire des pa-
trouilles entre les piquets des deux ar-
mées, pour disparaître ensuite absofai- '
ment un jour <te bataille. l
Mais, suivant mon plan, ces troupes
doivent faire tout le service des troupes
légères ; et, dans un jour de bataille ,
elles doivent être employées de façon
à rendre des services plus essentiels
encore que Tînfanterie de ligne, com-
me on en jugera en jetant seulement
les yeux sur notre plan de bataille. Le
même raisonnement peut s'appliquer
à la. cavalerie légère ; ainsi il est inutile
d'insister d'avantage.
Je suppose une armée de soixante
bataillons et de quarante escadrons;
c'est.à peu près quarante*deax miUe
hommes de pied et six mille cinq cents
maîtres, en tout quarante-huit mille
cinq cents boaunes. Je crois qu'une
telle armée est en état de remplir
toutes les vues qu'on se forme dans
une campagne; ce qui pourrait lui
manquer en nombre est bien cmÉh
pensé par la force et Tactirité ; les deux
plus grands avantages qu'une armée
puisse avoir.
Comme je ne veux employer les
troupes légères, celles de pied comm^
celles de cheval, qu'à patrouiller et re-
connaître Tennemi, et toujours en-
semble , il ne faut que peu de monde
pour ce service . cent fantassins et qua-
rante chevaux rempliront cet objet
beaucoup mieuxqu'unetroupe dix fois
plus nombreuse, parce qu'une poignén
d'hommes se glisse plus aisément au-
près de l'ennemi sans être vue , que
M le pourrait faire un corps de miiio
hommes.
Un petit eorpa sait toif^rs M YO«s
Itt
WtMulfCÊM
êtes , miMiQO ¥M griinds corps , et fnlt
telB mouvemens qu'il veut sans être
aperçu de vous, tondis qu'un corps de
mille hommes , placé sur votre front ,
dans la position la plus couverte, la
mieux carhée, ta plus avantageuse de
tèus points, ne peut manquer d^étre vu
et observé. Ces détnchemens doivent
soigneusement éviter d*âtre rencontrés
sur les grands chemins , mais 9b jeter
i couvert aux environs, dans les lieux
les plus commodes pour voir ce qui se
paase.
Les grands corps sont comme les ar-
flièea: ils sont trop occupés à couvrir
leurs mouvemens pour avoir le temps
d*observer ceux des autres; ils craignent
d*ètre attaqués, et toute leur attention
se porte à préparer la défense ; mais les
pelita corps, tels que je les suppose ,
ne peuvent pas être attaqués ; car, dès
qu'ils voient une force supérieure ils
§*en Tout, et se jettent sur la droite on
ior la gauche, oA ils peuvent; l'en-
nemi les laisse aller hnite de pouvoir
ha suivre.
le poserai donc eomroo maxime que
les tnrapes légères, jetées en avant de
l'armée^ oc sont pas là pour combatlre,
mais pour guetter rennemi , pour ob-
aerverses moindres mouvemens, et en
faire passer h temps Tavis à rarmée.
Si cea principes sont suivis , il Cuit fort
peu de cette espèce de troufies, H mê-
me on doit les employer encore utile-
ment dans un jour do twtaille»
Si j'ose me citer nu>î-mème. Je dirai
4|ue , pendant toute la campagne de
f 760, me trouvant à la tète d*un corps
de deux cents chasseurs et de cent
dragons, je me suis constamment tenu
si près de Tarmée prussienne , que je
ne crois pas Vavoir perdue de vue une
lieure, quelque Taraiée aetri^hienfife,
et le corps dont j'étais détaché , ftaswnt
kslaauBeBl4den«tmiiaMr(ïhesen
arrière de mol ; j'étais toujours è la vue
de l'ennemi, Il ne s'est pas passé un
jour peut-être sans escarmouche, et
cependant, dans toute la campagne, je
n'ai pas eu vingt hommes tués ; un
seul fut fuit prisonnier, parrc qu'étant
resté derrière , il s'était amusé à boire.
Je ne donne pas ceci comme une
preuvedemon grand talent militnîrc;
au contraire, je veux établir seulement
que rien n'est plus simple, et qull
n'y a point d'homme de bon sens qui
n'en puisse faire autant, s'il a quel-
que activité et quelque vigilance. On
détache trente ou quarante chasseurs
qui se placcptpar petits pelotons sé-
parés de droite et de gauche d'un grand
chemin couvert par une hele , un
bois , un pan de mur, etc. On jette
en avant une vingtaine de cavaliers
qui se séparent de roème en petites
troupes de trois ou quatre; les plus
avancées se poussent jusqu'à une dis-
tance telle qu'elles puissent voir pen-
dant le jour, ou entendre, si c*est la
nuit, tout ce qui vient du camp en-
nemi : on s'écarte un peu du chemio
et on écoute; si on entend venir,
on se retire sans bruit derrière son in-
fanterie et on attend ; un ou deux
coups de fusil tirés par ceux-ci sur-
prendront cette troupe ; si elle n'est pas
forte, vous l'enveloppez et la faites pri-
sonnière.
11 y a quelque chose de phis; vous
pouvez toujours savoir quels sont les
chemins. par lesquels l'ennemi peut
merdier de son camp, et deviner ceux
qu*il tiendra : il faut placer un homme
intelligent è portée d'observer la mar-
che au moment qu'elle commence»
et juger par là du point vers lequel
elle se porte. Tout cela est facile à faire
si vous avei peu de monde , et que
veos l'empleyies oMaiae mm ravens
4tt.
Mah, si TOiis arez an corp» ae mille
bomiiM» Ou davantage, vous iprooTe- 1
ref autant de diffleiAA à tous mouvoir
et à agir querennemi môme; vous ne
pouvei pas changer la poMlion de ces !
tronpcs comme celle d*unc comp<igiiic
dé chasseurs et d*unc centaine de dra*
gôna, ni trouver à vous couvrir aussi ,
aisément dans les postes qui vous con* |
viennent. Il vous Taut un comp.qui sera ;
UentOt découvert, et vous ne pourrex |
fàa observer fennemi à votre aise.
Ce camp est le centre d'où parlent
toua les détacliemens et auquel ils ro-
Tfeiineht tous ; Tcnnemi , bientôt in-
fformé de votre position, les orrèto tout
^OOurt^ occupe quelques hauteurs uvnn-
tigeuscSf hit mino de vouloir vous u*-
Il4|uer« vous occupe, vous amuse toute
«M Journée et pendant ce temps-là
MM armée marche et voua ' avez
rien.
J'ai vu mille eiemples de ce que je
As b ; un corps de mille ou douze cents
iMmmei donne avis le matin que Ten-
ftMiî décampe , on envoio des déta-
dMmena après; au bout de huit ou
dit tieurts , vous avez des nouvelles ,
faut-élra, ou peut-être vous n'en avez
pes; mais si vous en avez, c*est tou-
jours Arop tord. Au lieu que si vous
imploTei de petits cnrps. tels que ceux
fae Je préposa^ l*ennemi ne pourra
foire le moindre mouvement sans être
iptrfa , et Je puis prouver que j*ai vu
SN petits corps suivre rannemî pen-
éint toute une campagne, venir quel-
^elMa se mettre eJDTrontément à dix
Msea de ses colonnes ; mais au moins
m tenir toujours a sa vue.
Le lecteur me pardonnera d*avoir
insisté si long-temps sur cet article :
mais il restera démontré qu'on peut ,
avec quinte cents hommes, faire beau-
ooup mieux ce service qu'il ne se fait
aagowdliui avea plusieurs milliers;
j'en suis tellement eoimtîncpqngy^eir
treprcndrais d'y suffire avec ce nom-
bre contre une armée do cent mille
hommes.
l.e rlicvnlior Folnrd « et {;rarid nom-
bre d'autres écrivains juJicieiix , ont
observé qu'à proportion que lin- '
fnnlerie se détiriore. et que l'art dé-
cline, on a augmenté le nombre de la
cavalerie dans nos armées mo«ItTn«^s,
parce qu'un général habile , avec ww^
b'mne inTanteric», peut faire tout et n'a
besoin que de Irf^s peu de cavalerie. H
est sûr qu'une boime infanlerie doit
remplir tous les projets d'une ;.'uerre ,
mais si elle est mauvaise, vous 6tcs
obligé d'augmenter votre cavalerie et
voire grosse nrtilleric, deux moyens
pour tenir l'ennemi à distance.
Je trouve trois {grands Inconvénicns
h trop muiliplier lngn»sse cavalerie : la
grande dépense, la difliculté des sub-
sistances, et une utilité bien peu géné-
rale en compensation de si grands em-
barras; en elTct, dans un paj s couvert
comme se trouve une grande partie de
l'Europe, si l'ennemi est intelligent
dans le choix de son terrain , il se pas-
sera dix campagnes avant que vous
trouviez une occasion d'emplo} er votre
cavalerie dans une action générale : au
lieu que dans mon système, l'espèco
de troupes et d'armes doit élre adaptée
à celle du terrain et de l'emploi le plus
avantageux qu'on en peut faire.
D'après tous ces motifs réunis, J9
n'approuve nullement I usage où loti
est dans nos armées modernes d'em-«
ployer tant decavalerie : ordinairement
c'est assez d'en mettre le quart ou ua
cinquième, et je pense qu'un liuitiènis
serait suffisant si l'infanterie était
bonne et constituée suivant les princi-
pes que j'ai proposés, et si cette cava-
lerie que je conserve était formée hur
quatre de hauteur , et placée à portée
tu
ae p 'UVi.Ti n7*r ^«-n ia protection de
l'arlilleric et A^ l'infantene; c'est ce
que j'ui (ùché de combiner dans l'ordre
de bolaille que je itroo**
CHAPITRE XVII.
De Tordre de biiallle.
Je suppose an nombre d'hommes
partagéen vingt bdtnillonsà l'ordinaire,
furmùs sur trois rangs, occupant cha-
cun un espace de cent toises, c'est un
Tronl de 3,000 lotses.
Je suppose aussi trois mille chevaui,
formes lie môme sur trois rangs ; c'est
mille nies qui . ù trois pieds chacune
donnent un front de SOO
Pour les petits intervalles gardi^s
communément enire les ba [aille us e[
escadrons, je passe 300
L'espace total du front est donc
de 2.800
Maintcnont j'oppose le même nom-
bre de bataillons formés sur quatre ;
chacun aura un front de lH)i^ante-
quinze toises, et les vingt ensem-
ble 1.500
Je laisse entre chacnn an inter
Talle égal au front, c'est encore 1,500
En tout 3,000
D6duiseE-cn soixantc-quïnie .
parce qu'il n'y a. que dix-neof in-
tervalles 75
U reste 2,925
Ha ligne de vingt bataillons com-
posL'e du même nombre d'hommes que
celle qui lui est opposée, déborde donc
l'ennemi de cent soixante-quiDte
^ft toises.
^^ * La planche II représente les deux
^^L udrMde bataille, l'un suivant le sys-
tèmo orarnavre , vautre, ps- «, sutTnn'
le système que je propose ; taisoos-tti
l'analyse.
PKn débordant l'eanemi de ccul
eoixante-quinie toises, nous avoBS h
facilité de le prendre en flanc, taudis
qu'il est en même temps attaqué de
front.
3* Nos intervolles sont remplis de
trois ou quatre mille grenadiers chas-
seurs qui tirent à leur aise en prenant
leur temps et leur point de mire; et. s'ils
dirigent leur feu en écharpe sur le front
de l'ennemi, en visant particulière-
ment aux ofliciers, il est vraisemblable
que ce feu ^eul fera beaucoup plus
d'effet que tout celui de la ligne enne-
mie ; ajoutez à cela que noire ligne fera
son feu par rang comme je le propose,
ce qui lui donnera encore une grande
supériorité sur l'ennemi.
S- Quand les deux lignes s'appro-
chent et en viennent à croiser l'arme
blanche, il n'est pas A présumer que
nos baiftillous minces, avec leurs cour^
tes tutonneltes et leurs trois rangs,
puissent n^sisterun seul moment à nos
quatre rangs armés de lances de lon-
gueur, fraisés d'un rang de piques «t
couverts de cuirasses : on peut donc
dire qu'à l'arme blondie , comme au
feu , nous anrons certainement l'avan-
tage.
Je n'imagine pas comment une ligne
moderne pourrait se mettre à force
égale avec celle tonnée solvant le sys-
tème que je propose : par le feu, elle
est Inférieure ; par le ehoo, elle l'est
encore plus. Dira-l-on qu'elle rompra
son front pour envoyer des détache-
mens contre nos chasseurs? Daos le
fait, c'est adopter notre plan, etconve'
nir qu'on ne peut lui résister qn'en s'y
conformant
Mail id l'applicatioa ne serait pi/
juste, car s'ils envoyaient de tels di^'n-
M UÙVÊ.
•Il
chrroens, lesdeu compagnies de droite
vi de gauche de nos bataillons se met-
\meni en colonne, et les embrasse-
raient par les flancs pendant qne les
chasseurs, placés comme dans la figure
2, les attaqueraient de front; et quand
Us seraient en désordre, ce qui ne tar-
derait pas à arriver, un escadron ou
deai, que nous avons en seconde ligne
derrière nos intervalles, avanceraient
le sabre à la main, les chargeraient en
fourrageurs, poussant leurs cbevaui
pële-méle parmi eux, et en peu de
minutes ils seraient tous taillés en
pièces.
J*ai vu à Silistrie en Turquie deux
escadrons attaquer de cette manière
one colonne d'environ sii mille Turcs
qni forent défaits et dispersée en trois
minutes; et, s*îls ne se fussent pas ré-
fugiés sur les rives du Danube , ou la
cavalerie ne pouvait pas les suivre , ils
auraient été tous détruits : le colonel
Carleton fut témoin de eette action.
On me dira peut-être qu'il ne serait
pas fort aisé de former ces deux co-
lonnes. Je réponds que je ne demande
pour cela que deux secondes ; et de
plus, supposé quele mouvement ue soi t
pas tnot-à-fmt aéhevé, nos chasseurs ,
protégés par Taction de l'escadron et
l'espèce de leurs armes, sont plus que
suffisans pour faire tète à ces détache-
mens ; et dans le fait, cette manœuvre
n'entraîne aucune difficulté, et les co-
lonnes seront bientAt formées sous la
protection des deux autres compagnies
du bataillon et de- la compagnie des
chasseurs.
Je suis donc autorisé à conclure que
l'ordonnance moderne est, à tous
égards, inférieure à celle que je pro-
pose; et dans cette conQaqce , je sup-
plie instamment tous les militaires qui
ont de l'expérieupe, de vouloir bien
eirniriner iMa idée» «vae attentioD ; et
s'ils ne sont pas convalneas de
principes , de vouloir bien me eom^
muniquer leurs objections : c'est la
vérité que je cherche.
Je crois que nous en avons asae^ dU
sur la numière de comhattro infanterie
contro infanterie ; passons à cette par-
tie de la ligne qui fait face à la cava- \
lerie. Bien des gens s'imaginent que
nos quatre rangs» quoique arnsés de
lances et dépiques, ne sont pas en état
de soutenir le choc d'une ligne de ca-
valerie sur trois rangs : il s'en faut bien
que je sois de leur avis, je crois plein6-
ment le contraire ; car un cheval seul
fait le choc, et s'il est tué, blessé ou ar-
rêté enûn, les deux de derrière ne peu-
vent avancer. Ainsi la force de nos
quatre hommes se réunit contre un
seul cheval , et & ne compter la rér-
sistancequ'en mécanique, elledoitètre
supérieure à Teffort ; mais si vous ajou-
te! reflet du feu , des lances et d^ pi-
ques, je ne crois pas qu'il doive rester
le moindre doute , car la cavalerie n'a
que sa vitesse et son impulsion. Ce-
pendant donnex-lui telle force qu'il
vous plaira, }e veux^ pour un nooment,
que ma ligne soit trop faible pour en
soutenir l'eflbrt, je forme chacune de
mes compagnies en colonne de huit de
front sur soixante de profondeur, j'es-
pèro que personne n'imaginera que
cette profondeur d'hommes puisse èbre
renversée par une Ugne de chevaux,
ou plutôt par un rang, puisqu'il n'y en
a qu'un qui détermine le cboc.
Suivant notre plan, nous opposons
sept bataillons et autant d'escadrons à
une ligne de vingt escadrons : les ba-
taillons ont avec eux sept obus et au-
tant de pièces de campagne : nos chas-
seurs couvrent les intervalles et les es-
cadrons sont derrière. Le combat coip-
mence par un feu continuel du pre-
mier rang e» de rartîlM»; U crratede
Mati€idm4Hrito ce feiiT «MiMen de
temps? Je croit que cela ne fera pes
long; il but qu'elle avencêsur nous ou
qu*elle se retire à notre approche. Je
ioppose qu'elle attaque « ce ne peut
être que dans ridte de profiter de nos
intenralles; prenez garde à la position
des cliasseurs et de nos escadrons , il
n'y a qu'une partie de cette cavalerie
ennemie qui pénètre à*la-rois; elle os^
suie tout le feu de flano des deux co^
tonnes , et les chasseurs, qui se sont
écartés pour la laisser passer, la fusil-
lent è dos : au même Instant, mes sept
escadrons la chargent et l'enveloppent ;
]e crois que la victoire ne sera pas long-
temps disputée.
En efltet. Je suis si persuadé de la su-
périorité que mon infanterie tire de
son ordre et de ses armes . que ]e ne
crains point qu'aucune cavalerie, si ré-
solue qu'elle puisse Atro , ose l'appro-
èher seulement , bien loin de l'enfon-
eer. Ma conflauoe est telle à cet égard,
que Je me hasarderais d'attaquer la oa-
talerie, même en plaine; et si elle se
retirait, Je la ferais poursuivre par mes
escadrons, non pas en Ifgne, mais en
fourrageurSf pAle^nâle.
La seconde (rfanche présente notre
ordre de bataille dans l'état où l'on
marche è Tenneml, et je crois que qui*
conque l'eiamlnera avec soin, jugera
que l'ennemi ne peut se prévaloir des
Intervalles que je laisse entre mes ba--
taillons ; car s'il tentait de pénétrer par
les ouvertures, ce serait sa mine, puiii-
qu*il se trouverait avoir ma cavalerie
en tète et les chassettrs à dos. De plu«,
Il faudrait qu'il rompit lul^néme sa
ligne pour faire ce mouvement, et les
Intervalles qu'il taisserait ne pourraient
être remplis par la seconde ligne, qui^
eu général, est trop Mn, de aorte qu'il
me deufieralt Men plus dé prfata qu'il
trtfh TO^oit tSe ttol. n wsi ebsêrvet
qu'eu même tmups e diapositfoB da
ma ligne la met en état d'avaneer lans
inconvéniens et sans retard, quoi-
qu'il j ait peut-être quelques partiss
heré de l'alignement général # parée
que cette partie est protégée par la ca-
valerie et les chasseurs» S'il j n même
quelquee^unes de mel compegnios ou
de mes baieillons en déroute» l'ennemi
ne peut les poursuivre âana rompre sa
ligna et s'eiposer è être pris do front
et en flanc. Enfln la marche du tout
est bMucoupplusrapide que eeile d'une
ligne pleine, auivant nos principes or-
dinaires. Je conclurai donc que cet
ordre de bataille est lort supérieur
è tout autre, et que c'est celui qui pré-
sente le moins de déléuts» et dans le-
quel on a combiné avee le plus de soin
les avantages dn feu et de Terme
blanche.
La planche m montra rordmde ba-
taille, tel qu'il se forme en appreehant
à quinze ou vingt tolaes de rennemi» et
cette disposition se peut Caire en quel-
ques secondes.
Cette mancHnrre eat simpte { tes
deui colonnes de Chèque flâne 4es
bataillons, après avoir rompu la ligne
de l'ennemi , font feu sur tes Aunes ,
pendant que les deu anirea cdBum
gnies continuent de faire feu anr ce
qui est eu conAislon deeentellea; et
elles pourstiivent sans relldie, tendis
qne la cavalerie aclièirt de disperaer et
de détruins les Aiyanis. Les chrasours
reviennent devant les hiterveUea* et
abandonnent la poursuite ê te eavt-
lerie.
Si notre Ngne est menée de eette
manière uf ec rffpidite, hi première li-
gne de renuemt sera MentAt rompue
et taillée en pièces, et la seconde oc
tardera pas è éprouver ta même aort.
A moini qu'elle no terne sa retraite è
lomps , m mmBU uupununie mm wro
et d'actifilé anra tonjonri les mêmes
iNWcèt: et par oelie manière tl'aita-
qpier, la Tidoirc doit être complète et
décisive.
Dans cet ordre de balaîllc, on voit
|Be je forme ma première ligne avec
imile mon inrantcrie, et la socomic
aroc tonte la cavalerie, et c'est une des
dilTérences essentielles qui se trouvent
entre mon système et celui qui so
pratique aujourdlmi ; voici mes rui-
. 1* Ma première ligne sur quatre,
arec SCS armes et son ordonnance, me
paraît assex forte pour rompre et dé-
truire la ligne mioce de trois de hau-
teur.
9* Je mets par \k toute mon infan-
terie en action a la fois ; et quand la
ligne ennemie, soit infanterie ou ca-
valerie, est mise en désordre, ma cava-
lerie prend part au combat ou mo-
ment ou elle peut Atre du plus grand
avantage.
S* Dans cette disposition, toutes les
tamipes, soit infanterie, cavalerie,
troupes légères et artillerie se soulien-
aent et se protègent réciproquement ,
ie fafion qu'il en résulte une action
générale de toute la ligne, supérieure
à celle de la ligne ennemie, et qui
Conséquemment doit entraîner la vie-
toire. Comme nous avons supposé
siotrc armée, composée de soixante
bataillent et de quarante escadrons, si
loDte eettc infanterie ne terme qu'une
ligne, elle sera trop longue et trop peu
Bianiable ; ainsi je proposerai de for-
mer la ligne avec quarante bataillons
seulement, et c*cn est assex pour four*
nir un front plus étendu que quarante
bataillons, et autant d'escadrons de
l'ennemi.
Les vingt autres bataillons seront
dispoaés, comme on le voit dans la
pL UI^ f§' % poor attaquer l'eanemi
•iV
par son flanc, pendant qne ta ligne al^
toque de front. Les avontages de cette
disposition sont trop évidcns pour avoir
besoin d'cxplirotion.
Si, malgré tout ce que j*ai dit, on
trouvait encore mon ordre de bataille
trop faible, parce qu*il n*est que sur
une ligne, alors je proposerai de di-
viser ces vingt bataillons en seconde
ligne, sept derrière ma droite, autant
derrière ma gauche, et sii derrière le
centre, comme on le voit dans la mê-
me planche, fg, 2, et la covolerie sur
une seule ligne derrière le tout. Cotte
disposition doit plaire à ceui qui sont
occoutumés à deui lignes avec une
réserve. Mois je préfère le premier
ordre par bien des raisons qui se pré-
sentent d'elles-mêmes i ceux qui exa-
minent les deux plans avec attention.
Je dois observer, quant à moi, que la
première disposition est plus propre h
l'attaque, et la seconde plus favorable i
la défense ; mais la première surtout a
deux grands avantages , l'un de faire
agir toute rinfanterie ensemble, et non
successivement, comme dons la se-
conde disposition ; l'outre, d'embrasser
Tennemi par ses flancs, comme on le
voit sur le plan.
Il est, je crois, inutile de dire que si
Tennemi oppose sa cavalerie, comme
il ne monquero pas de le faire à ce
corps qui veut le tourner par sa gau-
clic, vous devez vous former prompte-
ment en colonnes, comme il a été dit
en expliquant la pi. /, fig* 1 ; mais si
vous n'avez que de l'infanterie devant
vous, il n'y a rien a changer.
J'ai déjà démontré, et jusqu'à la sa-
tiété, que cette formation si mince de
nos armées nKxlerr»cs, et l'usage im-
moduré du feu, les rend )»csantcs, in-
acti>es, et propres seulement è une'
guerre défensive, i on combat hors 4e<
portée, et plutét enSn à recevoir l'en*
Demf cpi'à le chereher ; pour accroître
encore cette inactivité, le général et
fe^ troupes semblent mettre toute leur
confiance dans rartillerie plutôt que
dans la yaleur des troupes , de sorte
que le canon est devenu TAme des ar-
mées.
A la bataille de Prague , il y avait
cinq cents gros canons, qui» suivant
l'estimation la plus modérée, coûtaient
certainement plus que n'auraient t'ait
quarante mille fantassins, et l'utilité
ne fut pas. en proportion d'une si ei-
cessive dépense; je trouve trois dé-
fauts considérables à cet abus de rar-
tillerie : la dépense énorme, la quan-
tité de chevaux nécessaires à ce ser-
vice, et la longueur que cela apporte
oécessairement aux mouvemens des
armées.
C'est dans les sièges que le gros ca-
non est nécessaire, et qu'on n'en sau-
rait trop avoir ; dans le reste des opé-
rations d'une armée, on en fait trop
de cas : tous les chemins ne lui sont
pas bons; H ne peut avancer avec la
ligne , et n'est bon qu'à favoriser le
déploiement des colonnes quand elles
sortent de quelques défilés pour se
mettre en ligne, et à former des batte-
ries contre quelques points d'attaque ,
on enfin à défendre des retranche-
mens.
Si l'ennemi sait son métier, il fera
mettre ventre à terre h ses gens, jus-
qu'à ce que vous soyez avancé, et alors
il vous attaquera, ou bien il attendra
votre approdie ; et dans ce cas, votre
artillerie fera peu ou point d'effet. Il
peut aussi, par un mouvement vif, se
jeter sur vos retranchemens, et les at*
taquer l'épée à la main, ce qui rendra
vos canons inutiles. Quand une batte-
rie est pomtée sur un défilé , on peut
pieiqae toujoms l'éviter en passant à
droite ov è gauche.
Une bonne avant-garde, avec Je5
pièces de campagne, protégera plu«
efficacement vos tètes de colonnes que
toutes les batteries du monde; et
d'ailleurs , si votre défilé est à portée
de Tenneml, ne peut-il pas opposer
artillerie à artillerie , ou , ce qui serait
beaucoup mieux, marcher vivement i
vos bataillons et les attaquer? Du mo-
ment qu^une batterie est approchée,
son feu n'a plus d'eOet.
Sur tout cela, je conclus que, quand
vous avei dessein d'attendre l'ennemi
dans quelque bon poste, telle qu'une
forteresse, vous avez besoin de beau-
coup de gros canon ; mais que, d'a-
près l'opinion où nous sommes, que
l'activité est la première qualité d'une
armée, et dans Je système où nous
avons tout imaginé pour produire cette
activité en rétablissant l'usage de i*ar-
mc de main, qui rend toute espèce
d*arme h feu beaucoup moins utile,
nous rejetons absolument cette prodi-
gieuse quantité d'artillene, et nous
pensons que trente ou quarante pièces
de douze sont plus que suffisantes ponr
une armée de cinquante mille hommes.
Vous ne trouvez peut-être pas dans
dix campagnes une occasion où le gros
canon soit si nécessaire, qu'on ne puis
se lui suppléer aussi bien les pièces de
campagne. Comme les troupes, ainsi
que je l'ai dit, ont une i!onfiance ex-
cessive dans l'artillerie, c*est par égard
pour ce préjugé, trop enraciné, que je
consens de laisser par bataillon une
pièce de campagne et sept ou huit
obus , jusqu'à ce que nos soldats «e
soient habitués à monier la pique, et à
fixer l'ennemi de près ; alors ils com-
prendront d'eux-mêmes que rartille-
rie, loin de leur être utile, appesantit
leur marche, et les retient exposis
plus long-temps au péril dont ils 9^"-
gerateBl beaucoup tadoréi, si laissant
M '.
M Wûmi.
' }'*
derrière eux ces embarrassaDtes ma-
chines, ils s^ëmpressaient de courir à
rennemî.
RiFLEXIOlfS GiNÉRAUSa.
Tout ce qui vient d'être dit ne re-
garde que lea armées en campagne ; il
me reste à examiner comment on doit,
dans la paix, préparer les armées pour
la guerre, et comment il faut les en-
tretenir en campagne.
Ce qu*il y a de plus difficile dans
l'entretien des armées en campagne,
te sont les reemes et Thabillement.
Après une ou deux campagnes au plus,
l'armée manque d*hommes, et les
troupes de vêtemens.
Les levées se font dans des provin-
ces, souvent fort éloignées de celle qui
e^t le théâtre de la guerre, de manière
qu'il périt un grand nombre de ces
eorAlés avant d*avoir joint leur dra-
peau; d*autres sont entièrement inca-
pables de servir, et le peu qui arrive
au régiment est si neuf et si grossier,
qu'avant d'être mis en état de servir,
la plus grande partie est déjà à Ihôpi*
tal. On peut donc assurer hardiment
qu'il n'y a pas le quart des recrues qui
parviennent à l'état militaire, et puis*
sent faire de bons soldats. Quel dégât!
quelle dévastation de l'espèce humai-
ne! Quarante années d'un gouverne-
ment paisible et bien réglé ne répare-
nient pas les calamités que la guerre
peut causer en six campagnes.
Dans la dernière guerre des Russes
contre les Turcs, on Qt en Russie trois
cent mille hommes de levées ; et ce-
pendant, à la paii, la principale ar-
mée, aux ordres du général lloman-
zow, ne se trouva que de trente-six
mille hommes, et l'autre , qui agissait
en Crimée sous le prince Dolgorouki ,
n'était que de douze mille hommes ;
et l'une et l'autre ipaDquiient/<tea
ticles les plus.nécesflfiires, ce qfû
rive toujours, surtout quand on em-
ploie des entrepreneurs et des four-
nisseurs.
Mais quel remède y a*t-il à tant do
malheurs? me demandera -t-* on. Jé'^
vais essayer d'en indiquer quelqnea-^^
uns.
Il conviendrait que chaque régiment
eût ce qu'on appelle des quartiers per-
pétuels, où il resterait toujours fixé en
temps de paix, et ces espèces de campa
fcNrmeraient comme une chaîne nv
la frontière probablement destinée
à être voisine du théitre de la
guerre ; chaque régrasent aurait ses
casernes séparées en petits quartiers ,
ifcomme une ville, pour prévenir les dé*
Msastres en cas d'incendie; on assigne-
rait à cette espèce de colonie militaire
une certaine étendue de pays ; et si on
est dans le cas de craindre, de la part
de l'ennemi, des courses de partie sar
les frontières, on ferait autour des ca-
sernes un enclos fermé par un retran-
chement, avec un hon fossé bien pa-
lissade, où les gens de la carapagpo
pourraient se réfugier avec leurs trou-
peaux, etc.
Ce serait là qu'on amènerait les re-
crues; elles 7 seraient exercées et
dressées au service ; ce serait aussi le
dég^t où l'on remettrait en nature tous
les objets qui doivent servir à l'habil-
lement et équipement du soldat ; ils y
seraient fabriqués d'économie par les
soldats mêmes et par leurs femmes, ce
qui serait d'une grande utilité pour
le service du prince, et d'un grand
avantage pour les troupes.
En temps de guerre, il resterait un
bataillon pour dresser les recrues, et
pourvoir aux besoins du régiment en-
tier.
Les malades, invalides, blesaéa, etc..
nbioiui u ixotnw
Il leur retraRe, et ito y serdicot de bon
•lempie et de bon service , quoique
ilor» d'état de fournir ou service de
guerre. En assignant une quantité de
terres suffisantes, le pays, ainsi forli-
Dé. suffirait h l'entretien du tout; TÉ-
iê% serait déchargé de la demi-paie
qu'il donne aujourd'hui, ou de la né-
eisssité de tourmenter de pauvres mi-
sérables par les détails pénibles d'un
service qu'ils ne peuvent plus faire (1).
Dans ce système, on peut permet-
tre, on doit souhaiter même que Jes
soldats se marient, et que leur popu-
lation répare la consommation de la
guerre. Les femmes les Aideront dans
la culture de leurs terres, et seront
Utiles à la troupe, au lieu de Tempoi^
sonner, comme cela arrive dans les
armées. Quand les recrues arriveront
au camp, elles seront tnstruHes et bien
portantes ; le nombre sera complet et
prêt à cnlrer en action, au lieu qu'au-
jourd'hui la moitié d*une campagne se
passe à dresser ceux qui arrivent avant
d'oser les mener à Tennemi. S'il arri-
vait un désastre particulier à un régi-
(1) Tont crci a rapport h VUni do senrire
en Angl:tcrrp; tes circonstance! particulières
tfa 3i Pranee domiciit Heu à di't plant plus
dtsadm tt ««wmiiif gcande «tUiié.
ment, on ferait Tonir ht bttallhm
tier qui est au dépôt, et on renoipli»
ceraii ce qui aurait le plus souffert
Chaque Qls de soldat, à Tige de dix
ans, aurait un lot de terres, et serait
porté sur le contrôle du régiment;
toute Tarmée deviendrait ainsi, en peu
de temps, une colonie militaire ; l'éUt
de soldat serait bon, honorable et sûr
pour la vieUlesse ou les infirmités ; il
serait exercé avec honneur et exacti*
tude par des gens devenus propriéUi-
res et membres de l'État, ayant à con-
server ou à perdre. Le plus grand mal-
hetu* qui p&t arriver à un soldat serait
d'être chassé de son corps, puisqu'il
perdrait par là sa fortune. Il y a plus :
un homme habitué à vivre dans le mê-
me pays, sous les yeux des mêmes
gens, s'observe davantage que celai
qui court sans cesse de garnison en
garnison, toujours inconnu partout,
ce qui fait qu'un régiment passe ra-
rement à travers un village sans y com-
mettre queliiue désordre ou quelque
insolence.
Tout ce que f ai dit de l'infanterie
s'applique également à la cavalerie;
chaque régiment sera de six escadrons,
dont un restera au dépôt. Il remplira
les mêmes devoirs que les bataillons;
ainsi il serait 'inutile de m'arrélerda^
vantage sur ce sujet.
UE L'ËTAT ACTUEL
DE LA POLITIQUE
DE LA SCIENCE MILITAIRE
KN EUROPJ^
Pah GUIBES^.
. 1
PRÉFACE.
I^s œuvres militaires de Guibert ( Jacques-ADtoine^ comte de) ne
contiennent pas moins de cinq volumes in-4**. Ses écrits sont telle-
ment substantiels, qu'il est plus difficile qu'on ne pourrait le penser
de les réduire aux proportions de notre cadre, pour qu'elles n'y occu-
pent pas une place exclusive^ et que cependant la pensée de l'auteur
s'y trouve clairement expliquée. Il est bon que le lecteur se rappelle
l'époque à laquelle parut le premier ouvrage de Guibert ; il y avait alors
da courage à proclamer des ventés aussi fondamentales, et, de nos
jours, généralement reconnues. Cependant tel était l'état des choses,
que la première partie de son Essai général de Tactique fut impri-
niée à Londres^ en 1773^ et sans nom d'auteur ; aucun libraire ne so
serait hasardé A publier en France un pareil ouvrage.
Les pensées détachées du grand ouvrage de Guibert sont divi-
sées en deux tableaux : le premier offre l'exposé de la politique de
l'époque, 1770, son parallèle avec celle des anciens; ses vices
et les obstacles qu'elle apporte à la prospérité et à la grandeur des
peuples. Le second tableau présente l'art de U. guerre depuis le les
temps les plus reculés ; la situation, en Europe, de cette science, eo
1770, son parallèle avec ce qu'elle fut autrefois ; la nécessité du rap-
port des institutions militaires avec les constitutions politiques ; les
vices des gouvernemens modernes sur cet objet.
La première partie, qui place en parallèle la politique du dix-buf*
T. »
85i» PRBFÀCB.
tième siècle avec celle des anciens, rappelle, à la vérité, des abus dont
le temps a fait disparaître les plus cboquans. Mais outre que Vèlude de
ce morceau est utile pour faire mieux comprendre la seconde partie,
elle est encore indispensable pour oieii connaître le point de départ et
la route que Ton a parcourue. Le second tableau exposilif de Tart de
la guerre, depuis le commencement du monde, est un chef-d'œuvre
d'érudition et de concision; il eit dovêou okesique.
Si l'on se reporte, par la pensée^ à Tépoque où ces deux exposés
furent publiés, on conviendra que nous devons de la reconnaissance à
Guibert, qui s'efforça de relever la nation du découragement qu^avaient
produit les malheurs des dernières années du règne de Louis XIV.
AuxTureune, aux Coudé, aiix Luxembourg, avaient succédé Villeroi,
Tallard, Marsiii et plus tard Soubise. L^honneur français avait,
nous pouvons l'avouer aujourd'hui, reçu, il y a soixante-dix ans, de
cruelles atteintes; leur impression, que n* avaient pii effacer les ba-
tailles de Denain et de Fontenoy, s'était prolongée jusqu*en 1792 à
tel point, que lorsqu' alors nous primes les armes pour repousser
l'agression des Prussiens et des Autrichiens, tête de colonne de la
coalition qui avait révè la conquête de la France, la seule pensée de
résistance fut considérée comme un acte de folie coupable.
Guibert, au milieu de la prostration morale qui signala le trop
long règne de Louis XV, fit entendre des vérités sévères ; aussi les
hdmmes q«ioe tivaient que de privilèges et de désordres, s'attachèrent
À dénaturer ses intwtions ; il fut poui^uivi par la calomnie.
Guibert entra ati service à l'âge de treize ans; il Bt, en qualité de
oa{)itainé, tes campagf&s de la guerre de 1756; il fut remarqué, nou-
seolenieiit pour son briltant couragQ, mai^ encore par des dispositions
qui promettaient un chef également bien placé sur les champs de
bataille et dans le cabinet. Son père, lieutenant-général, avait dirige
ses études. La guerre do Corse lai oÔrit une nouvelle occasion de $e
signaler ; à vingt-quatre ans, fl obtînt la croix de Saint-Louis, et fui
nommé oblonel-commandant de la légion corse, fin 1773, it publia
fe complément de VEssat général de Tactique; la hardiesse de îes
opinions Itii mérita nn si grand nombre d'attaques, qu*îl se vit obligé
de chereber un fcfuge auprès du grand Frédéric. Il faut dire, à 1»
loaange de ce prince, qu'il en reçut raccueil le plus favorable ; et ce-
pendant le roî ne partageait pas toutes ses opinions sur Tart militaire.
La û0niinatk>n du comte de Saint-Germain aux fonctions de ininis^
tm de la guerre le rappela en France; en 1782, il parvint au grade de
brigaifier, puis, en 1788, à celui de maréchal-de-catnp. Nomme, en
178T, membre et rapporteur du conseil d'administration de la guerre,
celte honorable désignation fut pour lui la source d'amers chagrins.
Le conseil proposait des réformes, des améliorations. Les hommes,
menacés de perdre des faveurs arrachées par Timportunité et l^intri-
goe^ ne pouvant attaquer un être de raison, le conseil, se réunirent
contre le rapporteur, qui cependant ne devait encourir d'autre res-
ponsabilité que celle de présenter les vues d'un comité où il n'avait q[aë
ea rca.' Gatbert se défendit ; mais son mémoire, adressé au publie
et à rannée^ vm parvint pas à calmer la tempête.
Au mosoent où Guibert publia son nouveau système de tactique »
Fordie profond de Folard comptait de nombreut partisans dans l'ar-
B6e française. Guibert insista fortement sur la nécessité de suhstituef
Fordreniinee à l'ordre profond. Cette innovation renversait toutes leè
idées reçues, et augmenta encore le nombre dé ses ennemis. Le temps
a preoonoé sur celte grande question qui divisait tous les esprits.'
L-emploi perfectionne de l'artillerie devait terminer h discussion ; on
ne tarda pas à reconnaître que la colonne de FoTard disparaîtrait sous
les projectiles.
Guibert, ainbitieux de toutes les gloires, cultiva aussi les lettres^
mais avec un succès qui ne lui a pas survécu ; il lit paraître successi-
vement les éloges historiques du chancelier de Lhôpital, de Catinat,
du roi de Prusse, de Thomas, un résumé de la guerre de sept ans, et
dai firagmeos de voyages en Fraiiee et en Suisse* Ou a de lui plusieurs
tragédies non représentées^ le Ccnnélable de Bourbon^ la Mort des
QraequeSy Anne de Boulen. Guibert offre encore un exemple du sort
qui fut de tout temps réservé à Thomme courageux, enflamme de
Tamour du bien public^ et qui ne sait pas trahir la vérité. Sa vie fut
lussi un combat; ses ennemis le poursuivireqt avec un acharnement
que redoublaient enccHre les récompenses accordées à ses utiles tra-
vjaux^ Parvenu au gouvernement de l'hôtel des Invalides^ il n'occupa
que trois aos ce poste, considéré, à juste titre, comme le plus hono-
rable, le premier dans la hiérarchie militaire. Découragé, il mourut
en 1790, à Tége de quarante-sept ans, protestant de la pureté de
ses mtentious, et n'attendant plus que de la postérité une tardive
justice.
Il est évident que les discussions sur l'ordre profond et sur Tordre
mince, que celles relatives à l'ordonnance des bataillons sur trois ,
qpatre ou six rangs de profondeur, sur l'armement et l'équipemeut
4' une portion de l'infanterie avec des piques et des cuirasses, que Tem*
ploi de l'artillerie , que le nombre des pièces afiG^ctées à diaque régiment,
brigade ou division sont définitivement jugés. Cependant , comme
des questions d'une telle importance, et traitées par des maîtres aussi
habilefi que Folard, Lloyd et Guibert, peuvent produire daxis l'avenir
d^ nouvelles cooibinaisons, nous avons cru de notre devoir d'exposer
les argumens présentés par chacun d'eux avec un talent incontestable.
Nous laisserons donc Lloyd et Guibert faire valoir leurs doctrines,
qvcUe que soit d'ailleurs la nuance qui les sépare, et malgré la dissi-
dence de leurs principes avec ceux de Folard, que nous reproduiaous
au quatrième volume.
{N.duUd.)
i>.
DE L'ÊTÂT ACTUEL
DE LA POLITIQUE
DE LA SCIENCE MILITAIRE
EN EUROPE.
CHAPITRE !•'.
Mlcao de la poliliqae tctaelle; loo partHèle
iTee erUe des anciens ; ttt vices ; obsiaeics
qu'elle apporte à la prospérité et à la gran-
dear des peaptes.
Si l'OD entend par politique , Y art de
nigoder , ou platdt d'iatrîguer ; celui
defomeoter sourdement quelque réro-
tatioB, de lier ou de rompre, dans l'obs-
eurité dea cabinets, quelques traités
d'alliance , de paix , de mariage ou de
commerce, nous sommes sans doute à
(ei égard, supérieurs aui anciens; nous
f apportons plus de finesse et plus d'cs-
prit qu'eux. Maïs si la politique est la
ideDce vaste et sublime de régir un
état an dedans et au dehors, de diriger
les intérêts particuliers vers l'intérêt
géoénd, de rendre les peuples heureux
et de les attacher à leurs gouverne-
mens, convenons qu'elle est totale*
ment inconnue a nos administrateurs
modernes qui ne peuvent se comparer
aai Licurgue, aux Péridès, aux Numa,
aai grands hommes d'état de la Grèce
cl de Rome. Convenons que le sénat
romain, dans le temps de sa splendeur,
nous rappelle cet Atlas fabuleux qui
soutenait le fardeau du monde; tandis
que nos gouvememens ne sont que des
machines frêles et compliquées , aux-
quelles la fortune et les circonstances
impriment desmouvemens irréguliers,
incertains et passagers comme elles.
Je ne suis point admirateur aveugle
des anciens. Je sais ce qu'une longue
suite de siècles, les ténèbres de l'igno-
rance, le prestige de l'histoire , la pré*
vention de nos esprits leur prêtent de
colossal et de merveilleux. Je sais que«
de même que les astres voisins de Tho-
rison se peignent plus grands à nos
yeux, que quand , plus rapprodiés de
nous , ils s'élèvent sur nos têtes , les
héros , ainsi que les évènemens que
nous apercevons dans le lointain de
l'antiquité, acquièrent, à nos regards,
une grandeur que n*ont jamais les ob-
jets contemporains. Fortifié contre
cette illusion , je ne juge presque ja-
mais les choses telles que l'histoire me
les représente. Je ne place pas les
hommes au-dessus i^ rhumanité. le
POUTIQUE.
rabaisse les héros à la mesure possible
de perfection que le cœur humain com-
porte. Je cherche à démêler, dans les
évènemens, Tinfluence que le hasard a
pu avoir sur eux , les ressorts et quel-
quefois les fils imparceplibles qui et
ont été les causes. Ainsi , je n*ai point
une vénération enthousiaste pour le
gouvernement de Tancienne Rome. Je
ne prétends pas qu*il ait été parfait. Il
ne rétait pointpiiisqu*ila eu les secous-
ses, sa décadence et sa Gn. Il ne pou-
vait pas rétre, puisqu'il était l'ouvrage
des hommes. Mais si ce gouvernement
imprima pendant cinq cents ans un ca-
ractère de vigueur et de majesté au
peuple qui vécut sous lui ; s'il y fit ger-
mer plus de citoyens et de héros que
le reste de la terre n'en a porté depuis;
li m£me, dans le temps de sa corrup-
tion , les vices de ce peuple eurent
qoelquefois une grandeur et une éner-
gie qui forcent a l'étonnement et à Tad-
miration ; si ce peuple, enfin, devint le
maître du monde , je dois alors attri-
buer des eflcts si grands , si soutenus,
à desi causes puissantes et constantes.
Je puis, sans me tromper, assurer
que ce gouvernement était plus vigou-
reux ; que sa politique était plus vaste,
plus profonde que celle de tous les états
qui s'oflrentà moi.
J'admire donc la politique des Ro-
mains dans leurs beaux jours, lorsque
je la vois fondée sur un plan fixe ; lors-
que ce plan a pour base le patriotisme
et la vertu ; lorsque je vols Rome naisv
aaote, colonie faible et sans appui, de-
f eoir rapidement une ville ; s'agrandir
lins cesse , vaincre tous ses voisins qui
éUient ses ennemis , s*en faire des ci-
lliens ou des alliés, se fortifier ainsi
«i ^'étendant, comme un fleuve se
gjrQllit par les eaux qu'il reçoit dans
seiV u>urft. J'admire celte politique «
qu'une guerre à la fois, ne jamais poser
les armes que l'honneur du nom ro-
main ne soit satisfait, ne pas s'aveugler
par ses succès, ne pas se laisser abattre
par les revers, devenir la proie des
Gaidois et des flammes , -et refiaitre de
ses cendres. J'admire Rome, enfin,
quand j'examine sa constitution mili-
taire liée à sa constitution politique;
les lois de sa milice ; l'éducation de sa
JMinesse ; ses grands hommes passant
indifTéremmcnt par tontes les charges
de rétat, parce qu'ils étaient propres i
les remplir toutes; ses citoyens fiers da
nom de leur patrie, et se croyant supé-
rieurs aux rois qu'ils étaient accouta-
mes à vaincre. Je dis que peut-être ily
a eu, dans quelque coin de l'univers,
une nation obscure et paisible, dont
les membres ont été plus heureux;
mais que certainement Jamais peuple
n'a eu autant de grandeur , autant de
gloire , n'en a autant mérité par sœ
courage et par ses vertus.
Maintenant quel tableau offre « en
opposition, l'Europe politique, au phi-
losophe qui la contemple? Des admî-*
nistrations tyranniques, ignorantes ot
faibles ; les forces des nations étouffées
sous leurs vices; tes intérêts particifr»
liers prévalant sur le bien poblie ; les
mœurs , ce supplément des lois , sou-
vent plus efficaces qu'elles, négligéeson
corrompues ; l'oppression des peuples
réduite en système; les dépenses des
administrations plus fortes que leurs
recettes ; les impôts au-dessus des fa*
Cultes des contribuables: la popultition
éparse et clair-scmée ; les arts du pre-
mier besoin négligés pour les arts fri-
voles ; le luxe minant sourdement tons
les États ; les gouvernemens, enfin, in-
dlfférens au sort des peuples, et les
peuples, par représailles, indifférens
aux succès des gouvernemens.
jg yrâ Rome n'avoir jamais Fatigué de tant.de maui, si Ir pM-
SCRliCp MIUTAIRB. Wjfi
losophe tmiTe i reposer sa vue sur | peuples souffrent et se plaignent . de
dee objets plus consolans , c'est sur < rnutre, ils ont perdu toute espèce de
quelques petits élats qui ne sont que
des points en Europe ; c'est sur quel-
ques vérités mondes et politiques qui,
filtrant lentement à travers les erreurs,
•e dérelf^peront peu à peu , parvien-
dront peut-être un jour aux hommes
principaux des nations, s'assiéront sur
les trônes et rendront la postérité plus
heureuse.
Tel est particulièrement Tétat de
Maiatoe et d'anxiété des peuples, sous
la plupart des gouvernemcns, qu'ils y
fivent avec dégoût et machinalement,
et qne s'ils avaient la force de briser
bs liens qui les attachent, ils se don-
neraient d'autres lois et d'autres admi-
Bistrateors. On verrait alors la moitié
de r Allemagne chasser les petits prin-
eoi sons lesquels elle gémit ; In Cnstille,
FArragon, l'Irlande rappelericurs rois ;
la Toscane, ses ducs(l); la Flandre,
snoonatea; tant d'autres états, leurs
aidena souverains, qui vivaient au
ailiea d'eux sans luxe et du revenu de
Imra domaines. On verrait presque
iMtea les provinces se séparer do leur
liétfopole ; presque tous les gouvcrne-
BeM ae- dissoudre ou changer de
ferme. Mais que dis-je? Telle est en
UktoB temps la faiblesse des peuples
qne, mécontens^ ils murmurent et res-
teiit dans la m4me situation. Ils y sont
chaînés par l'habitude et par les
Cette fermentation impuissante est
des plus grandes preuves de la
laralsé constitution de nos gou-
>r«nieraëns. Car , d'une part , les
- (i) Dfpaii qoc ccsl en écril, elle les a re-
f^Mvés dtm le jeune foaveraio qui régne sur
^U. 11 e»t oecopé de i« viviQer, de la rendre
"WareoM. Mslseons l'occaflôn douce et rare
^ ttAâtB bottifDi^ I ton lirtnce qui mit le prix
ta MMètf ê( iai réaMW déi Maaiei.
ressort. Chacun vit pour soi, cherchant
à se mettre à couvert des maux publics,
à en profiter, ou à s'étourdir sur eux.
Au milieu de cette faiblesse générale ,
les gouvcrnemens, faibles eux-mêmes,
mais par là féconds en petits moyens,
étendent leur autorité et Tappesantis-
senl. Ils semblent être en guerre se-
crète avec leurs sujets. Us en corrom-
pent une partie pour dominer l'autre.
Ils craignent que les lumières ne s'é-
tendent, parce qu'ils savent qu'elles
éclairent les peuples sur leurs droits et
sur les fautes de ceux qui lesgouvernent
ils fomentent le luxe parce qu'ils savent
que le luxe énerve les courages. Comme
ils ont dans leurs mains presque tout l'or
des États, lis font de l'or le grand ressort
de l'administration; ils en font le moyen
de la consid. ration et de l'avancement
des particuliers, la solde du vice qu'il
augmente, la récompense de la vertu
qu'il avilit, l'objet de la cupidité de
tous les citoyens. Us repompent en-
suite , par des opérations fiscales , cet
or que leur prodigalité a répandu : cir-
culation funeste et dont reOTet est de
ruiner une partie des naUons, pour en-
chaîner l'autre. C'est enfui cet art mal-
heureux de diviser, d'aflaiblir, de dé-
grader, pour mieux dominer, d'op-
primer sans révolter, qu'on appelle
âciênee de gouvernement dans la plupart
des cours.
Le philosophe sera-t-il plus salislait
quand il jettera les yeux sur TEurope
militaire? Il y verra toutes les constita
tions servilement calquées les unes sur
les autres ; les peuples du Midi ayant la
même discipline que ceux du Nord ; le
génie des nations en contradiction avec
les lois de leur milice ; la profession de
soldat abandonnée à la classe la plus
vile et la plus misérable des citoyeus;
too
POLITlOCE.
le »otdat, sous ses drapeaux, continuant
d'être malheureux et méprisé; les ar-
mées plus nombreuses dans h propor-
tion des nations qui les entretiennent,
onéreuses h ces nattons pendant la
paix, ne suffisant pas pour les rassurer
à la guerre, parce que le reste du peu-
ple n'est qu'une multitude timide et
amollie. Ô remarquera qu'on a fait
quelques progrès en tactique et sur
quelques autres branches de Fart mi-
litaire ; il admirera quelques morceaux
de détail dans nos constitutions ; le gé-
nie du roi de Prusse , Tessort momen-
tané qu'il a donné à sa nation ; mais il
se demandera où se trouve une milioe
constituée sur des principes solides?
On est un peuple guerrier , ennemi du
luxe, ami des travaux et porté à la
gloire par ses lois?
N'attribuons en effet qu'en partie à
la vigilance actuelle de tous les peuples
sur les démarches de leurs voisins, a la
correspondance de toi|tes les cours , au
système d'équilibre établi en Europe ,
l'impossibilité où sont les nations de
s'étendre et de conquérir. Elle pro-
vient bien plutôt de ce qu'aucune de
ces nations n'est dédsivement supé-
rieure aux autres par ses mœurs et sa
constitution ; de ce qu'elles sont toutes
contenues dans leur sphère, par la fai-
blesse et la ressemblance de leurs gou-
vernemens.
Que peut-il résulter aujourd'hui de
nos guerres? Les États n'ont ni trésors,
ni excédent de population. Leurs dé-
penses de paix sont déjà au-dessus de
leurs recettes. Cependant on se déclare
la guerre. On enfare en campagne avec
des armées qu'on ne peut ni recruter,
ni payer. Vainqueur, on vaincu, on s'é-
puise à peu pr^ également. La masse
des dettes nationales s'acaoit. Le cré-
dit baisse. L'argent manque. Les flottes
ne trouvent plusde mateloto, ni les ar-
mées de soldats. Les ministres, db part
et d'autre , sentent qu'il est temps de
négocier. La paix se fait. Quelques co-
lonies ou provinces changent de maître .
Souvent la source des querelles n'est
pas fermée , et chacun reste assis sur
ses débris, occupé à payer ses dettes et
à aiguiser ses armes.
Mais supposons qu'il s'élevAt en Eu-
rope un peuple vigoureux de génie, de
moyens et de gouvernement, un peu-
ple qui joignit , A des vertus austères
et à une ndlice nationale, un plan fixe
d'agrandissement, qui ne perdit pas
de vue ce système, qui, sadiant fitire
la guerre à peu de frais et subsister par
ses victoires, ne fût pas réduit à poser
les armes par des calculs de finances.
On verrait ce peuple subjuguer ses
voisins, et renverser nos faibles cons-
titutions comme l'aquilon plie de frêles
roseaux.
Ce peuple ne s'élèvera pas, parce
qu'il ne reste en Europe aucune na-
tion à la fois puissante et neuve. Ellei
s'assimilent et se corrompent toutes ,
de proche en proche ; elles ont toutes
des gouvememens destructifs des seo-
timens de patriotisme et de vertu. Lors-
que la corruption a fait de tels progrès,
lorsqu'elle a attaqué les prindpea des
administrations , les administrateurs ,
les cours des souverains, les berceaux
de leurs enfans, il est presque impos-
sible d'espérer une régénération. Les
lieux d'où elle pourrait venir sont les
foyers du mal. Un seul peuple était,
au commencement de ce siède, en
position de devenir redoutable; son
souverain, qui était un grand homme,
mais qu'on admire peutnètre trop, n'en
a pas profité. Une fausse politique fut
la base de son système. Il se hftta trop
de polir sa nation; il fit entrer dans
ses États tous les arts de l'Europe ; et«
avec les arts, il iotrodnint les vices, p
SCIBNCE MILITAIAB.
36*
appela la Russie dans Tlofrie, dans la
Lin^iue, et en rassemblant ainsi ses
moyens à une des eitrémités de ses
États, il jeta dans la langueur le reste
de son empire. Il voulut jouir de son
?i>ant ; il négligea les fruits pour les
fleurs. S*il se fût moins pressé de pren-
dre part à la politique de r£urope ; si ,
eo attirant dans son pays les arts uti-
les, il eût repoussé ceux de luxe et
de mollesse, si, au lieu de b&tir des
villes, il eât défriché des campagnes ;
si, par trop de fréquentation avec les
étrangers, il n'eût pas fait perdre à ses
sajets cette, ftpreté sauvage avec la-
quelle ils eussent fait de grandes cho-
ses; s^'il n'eût répandu sur sa nation
que les lumières nécessaires pour aug-
mentcMa force, et qu'il eût habile-
ment éloigné celles qui pouvaient l'af-
faiblir ; si avec un pareil plan , il eût
vécaplus long' temps, et que ses suc-
cesseurs se fussent conduits par les
mêmes principes, la Russie serait au-
joord'hai bien plus menaçante et plus
redoutable pour l'Europe. De ce vaste
empire fussent peut-être sorties de
nos jours des peuplades endurcies et
invindbles, qui auraient changé la face
de nos contrées, ainsi que, des réser-
voirs du Nord, se répandirent autre-
fois ces flots de barbares qui inondè-
rent l'empire romain. Ces peuplades
rassent paru avec un langage, des ha-
biDemens, des armes, des mœurs, une
manière de faire la guerre, qui, en tout
oa en partie , n'auraient pas été les
nôtres; et cet appareil nouveau eût
sans doute contribué à ses victoires.
Si l'Europe n'a plus a craindre ces
torrens dévastateurs qui la couvrirent
autrefois de sang et de ténèbres ; si les
vices, qui minent tous ses gouverne-
mens, semblent mettre une sorte d'é-
quilibre entre eux, les nations de cette
partie du monde, tantôt faibles, tan-
tôt corrompues qu*elles sont, n'en
jouissent pas de plus de tranquillité ;
car telle est leur misérable politique ,
que des haines nationales, des intérêts
illusoires de commerce ou d'ambition
les divisât sans cesse ; que même, par
les traités qui les pacifient, il reste
toujours entre elles des germes de dis-
cussions, qui, après une trêve péricK
dique, les arment de nouveau l'une
contre l'autre, et que, si leurs relations
politiques ne leur fournissent pas dç
prétextes de rupture, les caprices des
ministres, les vaines étiquettes, les pe-
tites intrigues, dans lesquelles concis*
tent aujourd'hui les négociations, en
font bientôt naître des prétextes. Tel
est enfin le genre de guerre adopté
par toutes ces nations, qui consume
leurs forces et ne décide pas leurs que-
relles ; que, vainqueur ou vaincu, dia-
cun, à la paix, rentre à peu près dans
ses anciennes limites; que de là les
guerres, effrayant moins les gouver-
nemens, en deviennent plus fr^en-
les. Ce sont des athlètes timides, cou-
verts de plaies^ et toujours armés, qui
s'épuisent à s'observer et à se craindre ,
s'attaquent de temps en temps, pour
s'en imposer mutuellement sur leurs
forces; rendent des combats, faibles
conune eux; les suspendent quand
leur sang coule, et conviennent d*une
trêve pour essuyer leurs blessures.
Entre ces peuples, dont la faiblesse
éternise les querelles» il se peut cepen-
dant qu'un jour il y ait des guerres
plus décisives et qui ébranlent les em-
pires. La Citrruption, répandue sur la
surface de l'Europe, ne fait pas par-
tout des progrès égaux. Les différen-
ces qui existent entre les gouverne-
mens font que chez les uns, elle se dé-
veloppe plus lentement, et chez les
autres, avec plus de rapidité. Le mal
devient ensuite plus ou moins dange«
M2 pOLifiorE.
rcux, en raîson tfes qnanTrti des hom- ; être le but de la politique des peuples?
mes qui gouvernent : ici, de bonnes . r.elul de se forttflcr au dedans, plutdt
Institutions, un souverain éclairé, un
ministre vigoureux servent de digue
contre la corruption , remontetit les
ressorts du gouvernement, et font ré-
trograder l'État vers le haut de la roue ;
là, gouvernement, souverain, minis-
tres, tout est faible ou corrompu ; par
conséquent tout se relâche, se détend;
et rÊlat, entraîné avec une vitesse que
sa masse multiplie, descend rapide-
ment vers sa ruine. Supposons ces
deux États voisins Tun de Tautre; que
lô premier ait h sa tête plusieurs grands
hommes de suite ; que le second ait
successivement deux ou trois souve-
rains Taibles; que les règnes de ces
souverains, malheureux comme celui
de Charles VI, soit long comme celui
d'Auguste, ce dernier état, chancelant,
avili, démembré par son voisin, n'at-
tendra plus qu'un orage qui détermi-
ne sa chute; erifin, par une consé-
quence de la supposition établie ci-
dessus, dans la décadence général^ ,
où le luxe et les erreurs politiques
mettent toutes les nations, celles qui
parcourront le moins rapidement la
ligtie de leur déclinaison ; celles qui
s'arrêteront ou rétrograderont le plus
souvent , dans cette funeste marche ,
auront sur les autres Tasccndant de
vigueur que la jeunesse a sur la matu-
rité, la maturité sur la vieillesse, la
vieillesse sur la décrépitude, pour s'af-
faiblir à leur tour, décliner et faire
place à des États mieux constitués, ou
parce que quelque révolution les aura
régénérés, ou parce qu'ils seront mol'\s
avancés dans leur carrière, ou parC3
qu'enfin, formés récemment des dé-
bris do quelque État anéanti, ils auront
que de chereher à s*étendre au dehors;
de se resserrer même, s'ils ont des
possessions trop étendues, et de faire,
pour ainsi dire, en échange, des con-
quêtes sur eux-mêmes, en portadt
toutes les parties de leur administra-
tion au plus haut point de perfection ;
celui d'augmenter la pui*)sance publi-
que par les vertus des particuliers ; de
travailler sur les lois, sur les mœurs,
sur les opinions; celui, en un mot, de
changer ou de ralentir le cours funeste
qui les entraîne vers leur ruine.
S'il est une nation surtout à laquelle
convienne cette sage politique, et qtû
doive se hâter de l'embrasser, c'est la
mienne, qui, heureusement assise an
milieu de TEurope, sous la plus belle
température, sur le sol le plus généra-
lement fertile, entourée, presque par-
tout, de limites que la nature semble
avoir posées, peut être assez puissante
pour ne rien craindre et pour ne rien
désirer. C'est la mienne, parce que, si
j'ose le dire, c'est elle qui déchoit
maintenant avec le plus de rapidité.
Son gouvernement ne la soutient pas;
et les vices, qui, partout ailleurs, ne
se répandent que par imitation, nés
chez elle, y sont plus invétérés, plus
destructifs, et doivent la dévorer la
première.
Comme le plan de cette régénération
est le but de mon ouvrage, j'y revien-
drai avec toute l'attention qu'il mérite.
Achevons de peindre tout ce que la
politique moderne a d'erroné et de
contraire à la prospérité des peu-
ples.
Toutes les parties du gouvernement
ont entre elles des rapports immédiats
pour basn le courage et les vertus qui j et nécessaires. Ce sont des rameflttx
font prospérer les nouveaux empires, du même tronc ; il s'en faut bien ce-
Dans celle situattoBi quel devrait; pendant qu'eUes soient conduite! éa
BCIBHGB lUUTAIRB.
fkm Rreiqae tous tes
fttati de rSnnqie, k» différentes bran-
ches d'adminifttralion sont dirigces par
des ministres particuliers, dont les
Tues et les intérêts se croisent et se
nuisent. Chacun d*eux s'occupe exclu-
ri? ement de son objet. On dirait que
lei autres départemens appartiennent
à une aatiou étrangère. Ueureux en-
care les États où ces ministres, jaloux
ru de raatre« ne se traitent pas en
Du peu de relation qui existe ainsi
aatre les différons départcmcns d'une
administration y s'ensuivent ces projets,
SfaRtageux sous une face, et dosavan-
S6|
dérendroi ils veulent ^ut embrapser,
Pays-Bas, Franche-Comté, Roussil-*
Ion , Italie , Portugal , puis tout leur
échappe.
llapprochons-nous de notre temps ;
ils ne sont pas plus sages : Kichelieu
veut étendre le pouvoir de son maître,
ou plutôt le sien; il veut abattre les
grands, et détruire ces prérogatives
qui en faisaient les vassaux, plutôt que
les sujets des rois. Qu'il se fût servi,
pour cela, de moyens vigoureux ; qu'il
eût ouvertement attaqué ce que les
prétentions de la noblesse pouvaient
apporter d'entraves à la force et au
bonheur de la monarchie; qu'il eût
tageux tous les autres ; ces encourage- ttendu Fautorité par l'autorité même ,
laens de oommerce, qui découragent
ragricttlture ; ces édits linanciers, qui
lampUsaent le Use pendant quelques
unées. et minent les peuples pour un
siècle; ces systèmes morcelés; ces
éiîfieea politiques qui n*ont qu'une fa-
fMle et point do fondcmcns ; ces de-
Hi^noyens, ces palliatifs, dont chaque
Mniatre va pUtrant les maux qu'il
aper^l dans son département, sans
aalcaler si ces remèdes ne seront pas
fenealM aux autres branches.
Jalons les yeux sur l'Europe, et ob-
roua pins en détail ces effets funcs-
j'admirerais, je bénirais son génie.
Mais pour mieux détruire cette no-
blesse, il la corrompt, il la dégrade, il
lui fait quitter ses châteaux, parce
qu'il sent que sa pauvreté et sa sim-
plicité entretiennent sa vigueur; il
l'attire à la cour, où il prévoit qu'elle
se ruinera par le luxe, et qu'elle dé-
pendra ensuite du souverain par les
grâces qu'elle sera réduite à mendier.
Ce funeste système est suivi par
Louis XIV et par ses ministres. Les
mœurs de la nation changent. La dé-
gradation de la noblesse entraine l'es-
Les ministres espagnols chas- | clavage du peuple. Le fardeau de cette
it les Maures; ils oublient que ce
maùt des hommes, et que sans une
noblesse, soudoyée et corrompue, re-
tombe sur ce peuple gémissant, autre-
pupnlntlcm nombreuse, un état ne peut | fois soutenu par elle. Il ne reste bientôt
"fMapérer. Ils envahissent lo Nouveau- plus ni esprit national, ni énergie, ni
HOiide, y ouvrent des mines, et ne
^aperçoivent pas que l'Espagne reste
«I friche^ Ils tyrannisent les Pays-
ii et ne prévoient pas qu'ils les pous-
i la révolte, et qu'ils ne pourront
vertus; et c'est là ce Kichelieu, dont le
mausolée décore nos temples, dont le
lycée de notre éloquence ré[)ète sans
cesse reloge mensonger ; et l'histoire,
qui devrait être Tasile de la vérité, qui
pas les remettre sous le joug. Faute devrait prouver que les statues et les
de calcaler qu'au-^delà de certaines panégyriques sont presque toujours les
homes « la grandeur d'un État n'est ! monumens du préjugé ou de l'adula-
faa iiiblessa, faute de savoir sagement ! tion , Thistoire éternise cette injuste
•e kemer à ce qu'on peut vivifler et - réputation , elle appelle sublime la po«
mqae de cet ambKtetix, cpii enerya sa
Dation, croyant fortifier le gouverne-^
ftient , oomme si un bon gouTeme-
ment, au lieu d'abaisser sa nation et
de peser sur elle, ne devait pas, au
contraire, chercher à Vélever, en s'éle-
vant, du même mouvement, avec elle
et au-dessus d'elle !
Colbert, avec du génie, s'égare sur
les vrais intérêts de la France ; il en
fait un état mercantile ; il a vu la Hol-
lande s'élever du sein de ses marais,
et jouer un rôle en Europe. II se dit :
«r L'or et le commerce sont les mobiles
» de la prospérité publique. Je suis
r ministre des finances; c'est à moi
» d'enrichir l'État. » Aussitôt les gre*
niers se changent en manufactures,
DOS laboureurs en artisans. Une bran-
che de l'administration se ranime et
fleurit, tandis que le corx>s de Tarbre
languit et se dessèche.
Louvois veut la guerre, parce que
Colbert veut la paix ; parce que l'intérêt
du ministre de la guerre est d'embar-
rasser le ministre des finances. Il échauf-
fe l'ambition de son maiire; il lui dit
que la France n'a besoin que d'armées
de terre; qu'au moyen d'elles, l'Eu-
rope pliera sous ses lois. Bientôt la
POLITIQUB.
campagne , pporee la France dm» te
temps de ses victoires ; la met i deux
doigts de sa perte, dans ses malheon;
meurt, et ne laisse af»^ lui qae dettes
et misère, avec un genre de guerre
moins décisif et plus roineux.
Voyons à l'époque de ce prince, et
comme entraînés par son exemple,
tous les gouvememens de TEnrope
forcer de moyens; grossir leors ar-
mées, augmenter leurs impôts ; éten-
dre à l'envi leurs possessions ; a|>peler
les campagnes dans les villes, les pro-
vinces dans les capitales, les capttdes
dans les cours ; prendre Tenlhire poor
la puissance, le luxe pour la ridiease,
l'éclat pour la gloire ; faire enfin gémir
les peuples, pour atteindre à un agran
dissemeni funeste : politique malheu-
reuse, et qui rappelle ce chevalet sur
lequel Busiris allongeait ses victime» ,
en leur brisant les membres.
Les puissances maritimes donnent
dans une épidémie de commerce, qui
n'est pas moins funeste ; elles renient
embrasser les deux pôles, naviguer
sur toutes les mers, arborer leur pa-
villon sur toutes les côtes. Il s'élève
entre elles une politique inconnue jus-
qu'alors, et digne d'un siècle barbare.
marine est négligée, les ports se fer- Elles se ferment réciproquement leurs
ment; toutes les autres parties de l'ad
ministration sont sacrifiées à la splen-
deur d'un seul département.
Louis XIV vient d'ajouter quelques
provinces à la France; ii croit que
parce que son royaume a augmenté
de surface, il s'est accru en puissance.
II prend pour signes d'abondance et
de richesse les étoffes de ses manufac-
tures et l'or de ses commerçans. Il s'é-
lève à un luxe de puissance plus fort
que ses moyens; croit que, nouveau
Cadmus, ses ordonnances d'augmenta-
tion fout sortir de terre les hommes
tout armés; met tout son peuple en
ports, ou ne les ouvrent qu'à de cer-
taines denrées et sous <te certains
■
droits. Elles oublient que le genre hu-
main n'est qu'une vaste famiOe, sob-
divisée en plusieurs autres, appelées
Française, Anglaise, Hollandaise, Sa-
pagnole, elc.« dont aucune ne peut
être pleinement heureuse et puissante,
sans une libre et entière correspon-
dance d'échanges, de secours, de bien-
faits et de lumières.
Ce serait un tableau à la fois inté-
ressant et instructif, que celui de ton-
tes les fautes qui ont été feites, depuis
quelques siècles, contre les prindpet
SCIKNCB MUJTAiaB.
365
de la âftine politique. En â*accoutuinant
sinsî i examiner rinOuènce que ces
foutes ont eue sur les éyènemens, et les
fautes nouvelles dont ces évènemens
out été la source à leur tour ; en ap-
prenant à démêler la trame de cet en-
chaînement fatal» on trouverait la so-
lution de la plupart des faits, si mal
expliqués par les mots vagues de ha-
sard et de fortune, trop prodigués dans
DOS histoires.
Une cause qui , dans la plupart des
gOQvememens , contribue encore à
rendre la politique si imparfaite , c'est
la mobilité continuelle des nunistères.
£b! comment les lumières politiques
poorraient-elles s'y perpétuer et s'y
étendre? L'intrigue et le hasard pla-
cent et déplacent les ministres. Élevés
à ces postes, ils songent plus à les con-
!%nrer qu*à les remplir. Fatigués par la
cabale et l'envie , il ne leur reste ni la
force ni le temps de corriger les vices
de l'administration. Lesystèinede le^r
prédécesseur n'est jamais le leur. Sup-
posons même ces ministres avec du
^nie. Ils sont hommes , il faut qu'ils
se forment des sous^rdres, des prin-
cipes, un plan. Calculons donc : tant de
fautes par leurs erreurs, tant par leurs
passions, tant par les erreurs et les pas-
sons de leurs employés. Sont-ils sans
génie? Ils ne trouvent rien qui les ins-
truise ou les appuie. L'état n'ayant
point de système, ils n'y savent pas
suppléer. Ils gouvernent comme ils vi-
vent du jour a la journée. Au lieu de
maîtriser les évènemens , ils sont maî-
trisés par eux. Les détails les absorbent.
lis tiennent dans leurs mains quelques
fils de l'administration et en laissent
aller les grands ressorts.
i-'Ustoire nous fait voir des rois, qui
ont gouverné leurs États par eux-mê-
mes, ou dés ministres, qui ont gouverné
quelques succès éphémères. Richelieu
fit de grandes choses ; Louis XIV eut
des éclairs de bonheur; Albéroni parut
un moment ranimer TEspagne. La
Prusse, élevée au-dessus de sa sphère
par les talens de son roi , étonne au-
jourd'hui l'Europe. Mais remarquons-
le : jamais nation n'a eu de prospérité
réelle et durable, que quand, par la
nature de son gouvernement, il y a eu
un corps permanent chargé de recueillir
les lumières, de réduire les intérêts de
l'État en système , de prendre conseil
du passé pour l'avenir, de faire, en un
mot, sur le tillac de l'État , ce que fait
le pilote à la poupe du vaisseau, obser-
ver la boussole , les nuages, les vents ,
les écueîls , et tenir route en consé-
quence. C'est avec ce corps que les dé-
positaires de la puissance exécutrice ,
rois, lAnistres, dictateurs, consuls, gé-
raux, doivent venir se raccorder, con-
sulter le système général de l'État , et
prendre des délibérations. Ainsi était
constituée l'ancienne Rome. Ainsi
l'est , à quelques égards , l'Angleterre
pdr son parlement, image bien impar-
faite d'ailleurs de la majesté et des ver-
tus du sénat romain.
Ceci me conduirait à examiner
quelle est la forme de gouvernement
la plus propre à l'exécution d'un plan
de grande et saine politique; mais
c'est une question que je ne veux pas
approfondir. Mes lecteurs jugeront
sufBsammerit, par l'exposé que je ferai
ci-après, de ce que devrait être la po-
litique, si un plan , qui doit embrasser
toutes les parties de Tadministration ,
la gloire publique, et la félicité parti-
culière, le bonheur de la génération
présente et celui des générations futu-
res ; qui doit être conduit à sa fin sans
relftche et à travers les évènemens de
plusieurs siècles , peut être raison na-
iem maîtres, procurer a leurs nations ; biement conlié à un gouvernement qui
i66
MUTiQtJB.
est entre les mains d'un seul , et dont
par conséquent les principes doivent
varier, non seulement à tous les chan-
gemcns de règne ^ mais mérne à tous
les changcmens de ministère, à toutes
les révolutions qui se font dan^ les ca-
ractères, les passions, Tesprit, Tâge, la
santé des souverains et de leurs ndois^
très ; à on gouvernement qui, par con-- cution du plan général.
séquent, tour-à tour vigoureuii, faible,
éclairé, ignorant, doit tour-à-tour s'é-
lever, s*abaisscr, se relever, décliner çt
finir, dans toutes ses secousses convul*
sives et irrégulières , par perdre $oq
ressort, se briser et s'anéantir.
La politique, telle qu'elle s'offre à
mes idées , est l'art de gouverner les
peuples; et, çnvisagéc sous ce vaste
point de vue, elle est la science la plus
intéressante qui existe. Elle doit avoir
pour objet de rendre une nation heu-
reuse au dedans et de la faire respecter
au dehors. De là, elle se divise naturel-
lement en deux parties: foUti^ut inté-
rieur e et politique extérieure,
La première sert de base à la se-
conde. Tout ce qui prépara le boiH^
heur et la puissance d'une société « e$t
de son ressort : lois, mœurs, coutumes,
préjugés, esprit national, justice, po^
lice, population, agriculture, corn*
merce , revenus de la cation, dépenses
du gouvernement, impôts, application
de leur produit; il faut quelle voie
tous CCS objets avec génie et réflexion ;
qu'elle s'élève au^^dessus d'eux , pour
qu'elle conduise de (iront toutes \m
parties de l'adiuinistration; et, pour
cela, qu'elle se foraie un système gé-
néral; qu'elle l'ait sans cesse devant
soi, portant tour-è-tour les yeux sor
lui, pour déterminer les opérations
qu'il exige, sur le produit de ces opé-*
rations, pour voir s'il concourt à l'exè-
Tandis que la politique intérieure
prépare ainsi et perfectionne tous les
moyens du dedans, la politique exté-
rieure examine ce quç le résultat de
ces moyens peut donner à l'Etat de
force et de considération au dehors;
et elle détermine sur cela soi\ système*
C'est à elle à connaître les rapports de
toute espèce qui lient sa nation avee
les autres peuples ; à démêler les inté*
réls illusoires et apparens d'avec les
intérêts réels ; les alliances qui ne peu-
vent être que passagères et infru^
tueuses d'avec ces liaisons utiles el
permanentes que dictent la position
topographique ou les avantages res-
pectifs des contractans. 0*est à elle à
calculer ensuite les forces oiilitaires
dont l'État a besoin pour en imposer à
ses voisins, pour donner du poids à ses
négociations. C'est à elle a constituer
ses forces militaires relativement au
génie et aux moyens de la nation , à les
constituer surtput de nvani^re qu'elles
ne soient pas au- dessus de ses oioyeos,
parce qu'alors elles épuisent l'JÈtat, et
ne lui donnent qu'une puisso^ce Cac-
apercevoir les rapports généraux et ! tice et ruineuse. C'est s elle à y iotro-
,riufluence qui les lient les uns aux | duire le meilleur esprit, le plus grand
autres; qu'elle s'en rapprç<Jie ensuite,
pour les observer et en suivre les dé-
tails; qu'elle ne s'occupe d'aucun ex-
clusivement aux aytres parce qu'en po-
litique, ce qui fait fleurir trop, ou trQp
tôt une branche, épuise souvent et fait
languir le rameau voisin « ou une autre
courage, la plus savante discipline »
parce qu'alors elles peuvent être moins
nombreuses, et que celte réducliqu de
nombre est un soulagement pour les
peuples. II me semble enfin entendre
la politique Intérieure « quand elle a
préparé le dedans de VÉUt^ disant à la
branche éloignée. U faut, en un mot, politique oiiforloure : «Je vous remets
KUNCB MIUTAIU.
861
«me nation heureuse et puissante ; ses
•campagnes sont fécondes, ses den-
ilf£ea sont plus que sufllsnnteâ à ses
• besoins, la population y est nom-
abrense et encouragée, les lois y sont
ateàpectées, les mœurs y sont pures,
aie Tice s'y cache, la vertu s'y montre
•61 n'attend que d'Atre employée.
» Achevez mon ouvrage , fuiles consi-
•dérerau dehors ce {^uple que je rends
ahaareax au dedans. Mettez h prodt
iW patriotisme que j*ai fait naître dans
»1oils les cœurs , ces vertus guerrières
iéontJ*ai fécondé le germe, formez
»des défenseurs à ces moissons; que
i leur produit , qui n'est poiril absorbé
» par mes impôts, ne soit point dévoré
» par des armées étrangères ; appelez
I les étrangers dans ses ports. Ouvrez
idcs débouchés à son commerce. Ucn-
» des son alliance précieuse. Faites re-
• douter ses armes et jamais son am-»
•bUion. »
La politiqne intérieure ayant ainsi
préparé une nation, quelles facilités ne
trouve pas la politique extérieure à
détenniner le système de ses intérêts
vi*-à-vis de l'étranger à former une
miice redoutable ! Qu'il est aisé d'avoir
des amaées invincibles dans un État où
les sujets sont citoyens, où ils chérisp-
lantle gouvernement, où ils aiment la
gloire, où ils ne craignent point les
travaux! Qu'une nation devenue puis-
sante par ses ressources intérieures
doit en retirer de considération au de-
hors! Qu'alors ses négociations dimi-
uoent de complication et ncquièrent
ie pofds ! Que sa manière de les con-
duire peut (h^venir franche et ouverte!
Cest la faibhssc de nos goiivcrnemcns
qui apporte dans leurs négociations
tant d'obliquité et de mauvaise loi.
C*est elle qui fomente la division entre
les peuples, qui tâche de corrompre ré-
dpoqnement les membres des admi-
nistrations. C'est elle qui fait que toutes
les nations se surveillent entre elles par
des voies que l'on n'ose avouer; que
les uiu's soudoient les autres; qu'elles
achètent lu paix ; qu'elles se suscitent
mutuellement des troubles et des em-
barras. C'est elle qui dit le ces rivalités
en tout genre , basses et nuisibles ; cet
empiétement perpétuel du commerce
d'une nation sur le commerce de
l'autre ; ces lois prohibitives, ces droits
qui repoussent Télranger, ces traités
qui favorisent une nation nu préjudice
des autres; ces calculs chimériques de
balance, d'exportiition et d'importa-
tion ; moyens misérables et compliquas
qui , au bout d'un siècle , n'ont rirn
ajouté à la puissance du gouvernement
qui lésa le plus adroitement emîîloyts.
C'rst la faiblesse denosgouverncnicns.
en un mot, qui craint In prospôrilé (t"s
autres nations, qui voudrait tout(*s les
an'niblir ou les rorrompre; politiqiK*
semblable à celle qui leur fait affiiiblir
ou corrompre leurs propres sujets ; |)0-
litique bien diirérente de cdie d'iui
bon gouvernement qui, sans chercher
à contrarier le bonheur et la puissance
de ses voisins, tAcheraît de s'élever
au-dessus d'eux par sa vigueur et par
ses vertus.
C'est de même la faiblesse de ihvs
gouvememens qui rend nos constitu-
tions militaires si imporfuites et si rui-
neuses. C'est elle qui, ne pouvant faire
des armées citoyennes, les fait si nom-
breuses. C'est elle qui , ne sachant les
récompenser par l'hoeneur, les paie
avec de l'or. C'est elle qui, ne pouvant
compter sur le courage et la fidélité
des peuples, parce que les peuples sont
énervés et mécontims, fait acheter au
dehors des milices sli|)ondiairos. C'est
elle qui hérisse les frontières de places.
C'est elle enlin qui est occupée à étein-
dre les vertus guerrières dans les ua-
M8
POLITIQUS.
lions, à ne pas même les développer
(ians les troupes, parce qu'elle crain-
drait que de là elles ne se répandissent
(^hez les citoyens et ne les armassent
un jour contre les abus qui les oppri-
ment. Je reviendrai, dans Tinstuit, sur
ce qui concerne les constitutions mili-
taires, cette partie de la politique si im-
portante et si négligée. Achevons de
dire ce qui empêche nos gouvernemens
de se conduire d'après les principes de
la science vaste et intéressante que je
viens de définir.
Cette science « envisagée sous le
point de vue que J*ai présenté, n*est
traitée dans aucun ouvrage ; elle n*est
Tobjet de l'éducation d'aucun homme
principal, peut-être pas même celui des
recherches d'aucun particulier. De là
tons les hommes que la fortune porte
à la tête des administrations ne sont
pas des hommes d'État; ils ont tout
au plus étudié quelques parties de
radimuistration ; les autres leur sont
inconnues. Us les dirigent au hasard,
et selon la routine établie. L'étude
qu'ils ont faite de quelques parties
de l'administration devient même fu-
neste aux autres parties , parce qu'a-
lors ceQes qu'ils connaissent sont à
leurs yeux les seules importantes, les
seules privilégiées. Ils s'en occupent, à
l'exclusion de celles qu'ils ne connais-
sent pas; et ces dernières sont aban-
données à des soui'Crdres.
On objectera peut-être qu'il est im-
possible que l'esprit d'nn seul homme
embrasse toutes les parties d'une scien-
ce aussi vaste. Comment faisaient donc
les Ronmins, qui passaient successive-
ment par toutes les charges de la ré-
publique ? Comment faisaient ces hom-
mes teur à tour édiles, questeurs,
censeurs , tribuns , pontifes, consuls,
généraux? Ayons des gouvernemens
qui le veuillent, qui le rendent néces-
saire, qui dirigent en cotiséquence l'é-
ducation publique , nous aurons de ces
esprits supérieurs et universels, qui
font la gloire et les destins des empires.
D'ailleurs, est-ce un homme seul qui
doit conduire tous les détails de l'ad-
ministration d'un peuple? Plusieurs
concourent à cet important ouvrage ;
ils s'attachent chacun au détail d'une
partie, ils les approfondissent, ils les
perfectionnent. Du concours des con-
naissances, répandues sur chaque bran-
che, se forme ainsi peu i peu cette
masse de lumières qui éclaire toute
l'administration. Au milieu de ces
hommes, il suffit qu'il s'élève, et il
peut surgir, quelque génie vaste. Ce-
lui-là s'empare, si je peux m'exprimer
ainsi, des connaissances de teus, crée
ou perfectionne le système politique,
se place au haut de la machine et lui
imprime le mouvement Pour diriger
l'ensemble de l'administration, il n'est
pas nécessaire qu'il ait approfondi les
détails de toutes les parties; il suffit
qu il connaisse ceux des parties prin-
cipales, le résultat des autres, la rela-
tion que chacune d'elles doit avoir avec
le tout ; il suffit que quand il aura be-
soin de descendre vers les détails d'une
partie, pour éclairer les sauê -ordres
qui en sont chargés, ou pour la raccor-
der au système général, il soit doué
de ce tact subtil et précieux qui voit et
qui juge. Ainsi, dans la vaste carrière
des mathématiques, chacun s'attache
à un objet, et poursuit la vérité par
des chemins différens. Les Newton,
les LeibnitZy les d'Alembert s'élèvent
au faîte de la science, planent sur elle,
se réservent l'étude des parties les plus
difficiles; mais, chemin faisant, ils
voient les progrès des autres branches,
ils fixent les opinions, ils répandent
leur méthode et leur géoie sur la scien-
ce entière. Ainsi, pour me servir d'une
SC1KNCE MlLltAlRP.
•\K»
autre cr,mparniîk)n pins vaste, qui ré-
ponde mienx a Timportaiice de la scien-
ce du gouvernement, dans la hiérar-
f hie de ces Intelligences que la mytho-
logie de quelques peuples fait yeîller
sur l'univers, il y a des génies infé-
rieurs qui sont chargés chacun d'un
élément; et le grand Être les domine
et les dirige.
Il faut observer que la politique, en
devenant plus parfaite, deviendrait
moins difficile. L'imperfection d'une
science ajoute presque toujours à sa
difficulté. Les ténèbres de l'ignorance,
lessophismes des préjugés en envelop-
pent alors les principes ; on les com-
plique, on les multiplie ; on croit par
tt suppléer à leur insuffisance. La base
de toutes les opérations étant fausse,
les conséquences erronées s'accrois-
sent chaque jour; elles s'embranchent
les unes dans les autres. Bientôt s'élè-
ve une théorie d'erreurs , mille fois
plus compliquée et plus difficile à saisir
que ne le sernA Tenchainement des
vérités qui formentia science. C'est sur-
tout dans la politique que les dévia-
tions ont ces suites rapides et funestes.
Quand cette science sera redressée,
quand elle portera sur des principes
surs et immuables, comme la justice et
la f«rtu, elle deviendra simple et lumi-
neuse. Elle rejettera fous ces moyens
de détail, ces supplémens, ces pallia-
tifs dont la faiblesse a surchargé et
corrompu toutes les parties de l'admi-
nistration. En proportion de ce qu'un
fitat sera mieux constitué, de ce qu'il
aura plus de puissance réelle, il de-
viendra plus facile k gouverner. Les
États faibles et mal constitués sont
sans cesse le jouet des circonstances et
de la fortune ; ils craignent les agita-
tions du dedans et les attaques du de-
hors. Entraînés par la poUtique de
leurs voisins, fis sont presque toujours
V,
obligés dé sn mouvoir en sens con-
traire à leurs véritables intérêts. Ce
n'est qu'à force de tyrannie, d'adresse,
de petits moyens, d'obliquité, de raau-
yaise foi, qu'ils conservent une exis-
tence précaire et languissante. Ils res- '
semblent à ces faibles bfltimens, ha-
sardés sur le vaste sein des mers.
Obligés sans cesse de louvoyer, de
changer de manœuvre, de tenir une
route opposée à leur but, de respecter
tous les vaisseaux qu'ils rencontrent^
recherchant leur compagnie, tâchant
de se mettre dans leur sillage; un nua-
ge les alarme, une vague peut les cou*
vrir, un écueil les briser.
Il n*en sera pas ainsi d'un État bien
constitué et réellement puissant; je
dis réellement, parce qu'il faut bien
distinguer la puissance véritable, fon-
dée sur la bonne proportion et consti-
tution d'un État, d'avec l'apparence
de la puissance, fondée sur une trop
grande extension de possessions, sur
des triomphes momentanés, sur les
talens d'un grand homme, en un mot,
sur tout ce qui peut ne pas durer. Un
tel État sera facile à gouverner; sa
politique extérieure pourra être uni-
forme et stable. II ne craindra rien de
sea voisins ; il ne voudra rien entre-
prendre sur eux. Au dehors, il aura la
considération qu'inspirent la modéra-
tion et la force. Sur ses frontières
veillera une milice redoutable et ci-
toyenne. Au dedans prospérera ns
peuple nombreux et vertueux. Que lui
importeront les intrigues des autres
puissances, les passions des hommes
qui les gouvernent, les guerres qui les
déchirent? Il ne sera pas jaloux de leur
richesse; il ne le sera pas de leurs
conquêtes. Il n'ira pas les troubler •
dans leurs possessions lointaines. H
sait que trop s'étendre, c'est s'affaiblir ;
que des colonies éloignées, si elles
370
POU I
fournissent à an commerce de luxe ,
e*itretiennent les vices de la métro-
pole ; que si, plus heureuses, elles peu-
vent tout tirer de leur sein, elles se
fortiQent et se détachent, tôt pu tard,
de cette injuste métropole qui veut
trop les asservir. 11 n'empiétera pas
9ur leur commerce. II n'aura bespin ni
de règlement, ni de traitée, ni de cal-
culs de prétendue balance. Il sait que
les denrées appellent les échanges;
que pouryu qu'on I^ur aplanisse des
. Rebouchés , elles s'y portent d'elles-
mêmes, et sans avoir besoin d'encou-
ragement. A l'eptrée de ses ports, aux
barrières de ses frontières, seront ip^
crits ces mots qui foriqeront tout le
code de son commerce : UBsnTÉf
SÛRETÉ, PROTECTION. CcS aVCnUCS,
toujours ouvertes, ne se fermeront
que pour le luxe et les vices, et il ne
craindra pas que ces poisons funestes
s'introduisent en fraude. 11 ne se fait
de contrebande que quand il y a des
acheteurs ; que quand les objets sont
prohibés par la tyrannie du gouverne-
ment ou par l'avarice du fisc; que
quand le gouverneipent inconséquent
et faible, tonne contre elle et la tolère,
ou la favorise en secret. Mais k\ I9
})uli tique intérieure sera vigilante et
ferme ; elle auc^ proscrit, dans Topi-
pjun publique, le luxe et les yic^s,
I/assentiment unanime de la nation
les regardera comme les fléaux de sa
prospérité. Où se cacheraient-ils dans
celte terre, qui leur est étraitgère?
Dénoncés par tous les citoyens, pour-
suivis par le gouverneoient, it$ n'y
y trouveront point d'asile.
Cet État aura rarement à négocier
avec ses voisins. Presque tous les iu-
térèls des autres nations lui seront in-
différens. 11 aura eu l'art de rendre spn
l)ien être indépendant d'elles. Peut-
^tri* nViitri^tirndra-t-'il poiut d'ambas-
sadcurs; mais, en revanche, il fera
voyager des hommes éclairés, tuap
pour /épier les moyens de noire à ses
voisins, ppi^f lever le plan de leai3
q^s et de leurs places, pour espion-
ner leprs démarches , les secrets d^
leurs cours, po.ur corrop^)rQ \fis fsffoikr
bres de leurs gouverneipens , jm4
pour étudier, à vidage découvert, \/s$
hommes, Les sciences, lo^ fx^qsj^^ les
abus, le bien et le mal ; pour donn/tr
paj'tout une idée avantagfsuse dp |f
nation, pour s'y montrer simples, ipt-
truits, vertueux, pour rapporf^ ppr
s^ite à I4 patrie le prpduM 4? l^WF
connaissances, comme Iq^ a}>fîîUe^ i^
gépieuses rapportant le suc fi^ ^fijisf
à leur ruche. }ï accueillera, ^ sod.^qht,
les étrangers, et il les receyra spnf j^h-
lousie, sans soupçon. U pfi çraindif
pas qu'ils visitent ses arsenaux , fe^
ports, ses places, ses troupes. Il c'y f
que la faiblesse ou l'ambition qui ci*
che SCS moyens. Un gouvernement
puissant et modéré laisse yoir les siens^
sans méfiancis, sans ostentation. Il le^
laisse voir, comme ses chemins, fSf
villes, ses campagnes, ses peuples; ^
que le spectaclje de sps jes^urc^ jlfff
désirer sou amitié, redouter sps arr
mes.
{.'Ét^t dont je parle aura des fnour
scssiops si rassemblées^ si propoctfon-
nées à se^ moyens de défense, q^'îl vig
craindra point l'inimiti^ fie ^e^ Ypi^UHh
Dans un tel Étjj^t, on ne tli^ioÇUPP^^pj
le centre ni les extrémités; tout^l^
parties seront également florjssantf)^;
toutes auront entre elles une comm}*
nication si facile, un rapport si grfii)4
d'intérêts, que, là où sera le dang^,
là se rassembleront bientôt toutçi Igf
forces. 11 aura une milicf» nery^ffse,
supérieure à celle de ses yqisjqs, dlijf
citoyens heureux, intéressés à la ()^
i fen&o de c^tte pro$uéritÀ. |^^ 4yaf
iQBIiai MIUTAUUL
m
des ftipendialm, arec des troqiei
eonstitnées comme le sont aujourd'hui
toutes celles de TEorope, qu'on Tien-
paix. 11 sera, sll le peut, h médiatettf
de leurs querelles, non par des met
intéressées, non pour mettre à pro6t
dra attaquer de tels hommes? Quelle sa médiation, non par suite de calculs
diirérenoe les motifs et les préjugés | diimériques de balance , de pouvoir.
apporteront dans le courage des deux
partial
Si enfln^ malgré sa modération, il
est offensé dans ses sujets, dans son
territoire, dans son honneur, il ftera la
guerre; mais lèrsqu'il la fera, ce sera
âTec tous tes effbrts de sa puissance ;
ce sera avec ta ferme résolution de ne
pas poser les armes qu'on ne lui ait
donné une réparation proportionnée à
roflenae. Son genre de guerre ne sera
pas même celui que tous les États ont
adopté aujourd'hui. II ne voudra pas
conquérir pour garder ses conquêtes.
11 fera pluMt des expéditions que des
étaMiasemens. Terrible dans sa colère,
0 portera chei son ennemi la flamme
et le rer« Il épouvantera, par ses ven-
geances, tous les peuples qui pour-
raient être tentés de troubler son re-
pos. Et qu'on n'appelle pas barbarie,
irîolalion des prétendues lots de la
guerre, ees représailles fondées sur les
loia die la nature^ On est venu insulter
ce peuple henreux et pacifique; îl se
soiriève, il quitte ses foyers ; il périra,
jusqn^au dernier, s*i)le faut; mais il
oMiendfu satisibetion, il se vengera, fi
asswera, par féeiat de cette vengean-
ce, son vepos ftalv. Ainsi h justice,
modérée, attentive à prévenir le cri-
me, sait, quand le crime est commis ,
se rendre ineiiiraMa, poursuivre le
coupnUe, appesantir sur hri le ghvve
des toffs, el èter, par l^exemple, aux
méehana ks tenlatinp dia devenir erp*
Cet itat, vigilant è n
jwes, ne sera, par sn politique, FalKè
d'aucun peupta, mais l'ami de tons. H
leur portera sans cesse des paroles de
J'ai déjà dit combien toutes ces com-*
binaisons de la politique moderne lui
seraient indifférentes. Il oftira son
arbitrage, parce que la paix est un
bien, et qu'il en connaît le prix; parce
que la guerre interrompt la conununi-
cation qui doit exister entre les peu-
ples, et qu*à cet égard elle est nuisible
aux États qu'elle avolsine. De même
les trembicmens de terre fout sentir
leurs contre-coups hors des limites de
leur foyer. Il dira à ses voisins : « O
» peuples ! ô mes frères I pourquoi
» vous déchirer? Quelle fausse poMti-
» que vous égare? Les nations ne sont
» point nées ennemies; elles sent lae
» branches d'une même famille. Yenan
» mettre à profit le spectacle de mn
» prospérité. Yenei recueillir mes ki«
» milles, apporteMnoi les vAtna. Je
» ne crains point que mes voisins àt^
» viennent heureux et pnîMMM ; plui
» ils le deviendront, pins ils s'attachten
» font à leur repoe. C'est de In Mlîcil*
» piAlique que naîtra la paii
»seUe. »
Enfin rÉtat qoe je dépeina
adminiatration simple, sdide, fctito*
genvemef ; elle f piisimiliifn àeea nm* .,
tes machine» qnî, par des lesaorts ftm J
conspNquéa, produisent de grandb ef* \
fets; la fofce de eat ttal nelto de m
fofCtt, a» prospérité de sa prospéiilè.
Le temps, qui dètmil tant, augmenisi
ra sn puissance. Il dèmentivn ee pré-»
jugé lulgaîra qui Ml eraire que le» (
pires sont soumis k une lor ij
de décadence et dia ruine. Si Koo
leajeux snrrhisMre, celle toi semble
exister ; aie est écrite sur les dttMia de
tant de trêne», sur lea tombeann 4e
37i
POUTIQUE.
tapt de peuples ; mais cire n'est point
irrésistible. Elle ne fait point partie de
ce fatalisme qui sans cesse détruit et
reproduit Tunivers. Qu'un bon gou-
vernement soit la base d'un empire,
qu'il sache maintenir ?es principes,
l'État s'élèvera toujours jusqu'à ce qu'il
ait atteint le point de son ascendance ,
où est sa plus grande force. Si ce gou-
▼emement est assez habile pour dé-
nnèler ce point, par-delà lequel son
élévation ne ferait que TaflaibUr; s'il
sait 1*7 arrêter, s'il sait toujours l'y
soutenir, l'État, fixé à ce faite de puis-
sance, et inébranlablemenl affermi sur
la mer orageuse des deslins, pourra
voir les évènemcns et les siècles se
briser à sc^ pieds.
O ma patrie ! ce tableau ne sera peut-
étee pas toujours un rêve fantastique,
fo peux le réaliser; tu peux devenir
encenses, ore ces mrii»tres qu'on a
crus des hommes d'État. 11 rendra la
nation ce qu'elle peut devenir. £nlin,
ayant mis le comble à sa prospérité,
ne pouvant plus y ajouter qu'en la
rendant durable, il changera lui-même
la forme du gouvernement. 11 appel-
lera autour du trône ses peuples, de-
venus ses enfans. 11 leur dira : a Je
» veux vous rendre heureux après moi.
» Je vous remets des droits trop éten-
» dus, dont je n'ai point abusé, et dont
» je ne veux pas que mes successeurs
»jibusent. Je vous appelle à partager
n avec moi le gouvernement. Je me
y> réserve les honneurs de la couronne,
» le droit de vous proposer des lois sa-
» ges, le pouvoir de les faire exécuter,
» quand vous les aurez ratiGées, Tau-
i> torité absolue, la dictature perpé-
y: luellc, dans toutes les crises qui me-
cet État fortuné. Un jour peut-être , ! » naceront l'Etal. Voici les stetuts de
échappant aux vices de son siècle, et
placé dans des circonstances plus fa-
vorables, il s'élèvera sur son trône un
prince qui opérera cette grande révo-
lilîon. Dans les écrits de quelques-uns
de- mes concitoyens, dans les miens
peul-étre, il en puisera le désir et les
moyens. 11 changera nos mœurs, il re-
trempera nos flmcs, il redonnera du
roaaort au gouvernement, il portera le
lliiiibeau de la vérité dans toutes les
pvties de l'administration ; il substi-
tvera, à notre politique étroite, com-
pttqoée, la science vaste et sublime
<pe j'ai tenté de peindre. Alors s'éva-
nouiront ces fausses lumières qui nous
égurent , cei petits talens que nous ho-
norons du nom de génie , ces préjugés
x> ce gouvernement nouveau ; voici ses
0 lois : je ne veux plus régner que se-
D Ion elles et par elles. Que ma famille,
» qui va jurer avec moi, me succède à
» ces conditions. Recevez nos sermens,
)> comme nous allons recevoir les vôtres.
» Si de part ou d'autre, il y a des inCrac-
» leurs, les lois seront leurs juges. »
Quelle politique, que celle qui dic-
terait à un roi tout-puissant cette ré-
solution magnanime ! Eh ! croit-on que
ce roi et ses successeurs en fussent
moins heureux, en eussent moins d'au-
torité? Ce premier créateur d'un peu-
ple nouveau serait adoré de son ou-
vrage. Ses successeurs, tant qu'ils se-
raient vertueux, régneraient par le
souvenir de leur ancêtre, par l'éviden-
qae nous appelons des principes. Alors ce du bien, par le despotisme des lois,
^écroulera le système monstrueux et le seul qui affermisse les trônes, qui ne
complique de nos lois, de nos Gnances, ; dégrade pas les peuples ; le seul qui
de notre milice. Alors s'anéantiront, : soit fait pour les jours de lumière et de
dovaol cet honune supérieur, les ré- i philosophie, qui commencent à se ie-
pirtaiioiM de ces souverains qu'on a ' ver sur nos tétes«
SCIRIfCR MfUTAIRE.
CHAPITRE II.
W0ta de l'an de lai gnerre depuis le com-
meoeement dn noode. — Situition ictuelle
de celte scif noe en EiiroH^. — Son parallèle
avec ce qu'elle fat aatrefoU. — NéCMiité du
rapport des constitutions militaires avec les
constitutions politiques. — Vices de tous dos
gouvememens modernes sur cet objet.
Il est triste de reconnaître que le pre-
lier art qa'aient inventé les hommes
été celui de se noire, et que depuis
s commencement des siècles, on ait
ombiné plus de moyens pour détruire
humanité que pour la rendre heu-
ensc. C'est cependant une vérité bien
KTOUvée par Thistoire. Les passions
laquirent avec le monde ; elles enfan-
èrent la guerre. Celle-ci produisit le
lésir de vaincre, et de se nuire avec
)los de succès, Tart militaire enGn.
[>*abord faible à sa naissance, il ne fut
riiomme à homme, que le talent de
tirer {Nirti de son adresse et de sa for-
ce. Il se borna, dans les premières fa-
milles, à la lutte, an pugilat ou ii Tes-
erime de quelques armes grossières.
Bientôt il s*étendit avec les sociétés ; il
combina plus de moyens et de forces ;
il rassembla une plus grande quantité
d*hommes. Il fut alors à peu près ce
qu'il est aujourd'hui chez les peuples
asiatiques, un amas de connaissances
si informes, qu'on ne peut guère l'ho-
norer du nom de science. Il s'éleva sur
la terre des hommes ambitieux, et cet
art, perfectionné par eux, devint Tins-
trument de leur gloire. Il fit, dans
leurs mains, le destin des nations. Il
détruisit ou conserva les empires. Il
précéda enfin, chez tous les peuples,
les arts et les sciences, et y périt à me-
mre que ceux-ci s'étendirent.
Suivons l'art militaire dans ses révo-
iubODS : nous le verrons parooiuir suc*
cessivement différentes parties do i^Io-
be, portant tour à tour gloire et supé-
riorité aux peuples qui le cultivèrent;
fuyant les nations riches et éclairées ;
s'arrêtant de préférence chez les na -
tiens agrestes et pauvres, parce que
les flmes y ont plus de courage et d'é*
nergie. Nous remarquerons particuliè-
rement cinq ou six grandes époques,
qui sont, à proprement parler, les âges
et les temps où il s'est fait de grands
changemcns dans les principes.
C'est chez les peuples de l'Asie, chez
les Perses surtout, que l'art de la guer-
re commença à prendre quelque con-
sistance. Les Égyptiens, amis des scien-
ces et de la paix, y firent toujours peu
de progrès. Excepté sous Sésostris, ils
ne furent jamais conquérans. Après la
mort de Cyrus, le luxe lui fit quitter la
Perse, et il passa chez les Grecs. Ce
peuple, ingénieux et brave, le perfec-
tionna, et le réduisit en prindpes.
Alexandre vint, retendit encore, et
conquit l'Asie, qui en avait été le ber-
ceau. A cette époque, il parut au plus
haut point de splendeur, et la phalange
fut réputée la première ordonnance de
l'univers.
Pendant ce temps -là, quelques
Troyens fugitifs et errans s'établis*
salent sur les cAtes de l'Ausonie. Ils
apportaient avec eux les principes de
tactique échappés des ruines de Troyes,
et ceux que leur avaient appris les fu-
nestes succès des Grecs. Les habitans
du pays, repoussés par leurs armes, fi-
nissaient par s*unir avec eux. Des
aventuriers, descendans de cette colo-
nie, bâtissaient un hameau à quelques
lieues d'elle. Des brigands se joignaient
à eux , et ce hameau devait un jour être
la capitale de l'univers. £n songeant
aux t<;nèbrcs ré[)andues sur l'origine
de Rome, à ses étranges fondateurs, à
«es grandes destinées» on se rappelto
VOUTIQUB»
Otnnê ^ M font i|ueIquerois« à
ltirtoiirc6i que desmisMaux ignorée*
TUlvi HûsUIiiiB, un dot souveraitis de
«Bt État naissant , lui créait des lois,
ue miliee, une taoticlue; et ainsi, tan-
Ci que les Grecs se croyaient le pre-
mkÊ peuple militaire du monde , il
sTétarait i deux eents lieues d'eux une
Bilion nouvelle^ une ofdonnance Uh
llhAieilt opposée i la leur, qui de-
uil enfin les Yainore et les faîre ou-^
bUer.
Les RomàittSi ambitieul et guerriers
pvleur eonslitlilion, profitant des lu-
mitoes et des fautes de tons les siècles,
éàtent MentAt prendre l'ascendant sur
tans les peuples connus. Ultalie, divi-
Ile, ptia sous le joug. Carthage lutta
flielqtte temps. Mais les talens d'An-*
•(bel ne purent la défendre contre les
Vlèes de son gouyernement , et contre
ta tùpèrierité de celui de sa rivale. Elle
#M le sort des nations riches et com^
Merfanlea* Elle fut vaincue. Lea Grecs
PlproUfifent et résistèrent encore
wîins. Amollis par le luxe et par les
ils tendirent loi mains aux
des Romains» Gontens, pourru
qu'on les laissât écrire , peindre et
•Mpter, ils se consolaient basse-
iMint en régnent, par tas arts, sur uû
flupta qui leur enlevait l'empire des
gPnies.
Bans ta dernier âge éta ta républi^
fie, Rome se tit maîtresse du monde.
# n'y eut plus alors dans l'unirers
Mntitt qu'une seule puissance, qu'une
Htle tactique. Toutes les initituttans
■illtalres éteient anéanties ou fimdues
tfAlé^ des Romaitia. L'art de ta
parut donc , une seconde fois,
il plua haut point de sa splendeur.
IMa ee meitient ne pouvait pas durer.
iMur qu'une science, et celles partît
tiMremeiit, se seultattae et s'étende,
'••HI4MplistaiMMIMùaètaMss>
attachent et la cultivent. Il faut qu'elles
y soient excitées par rambition et la
nécessité. Les Grecs étaient devenus
guerriers par leurs divisions intestines,
par l'ambition de leurs gouvernemens,
par le besoin d'opposer du courage et
dés principes aux invasions des Per-
ses. Les Romains s'étaient de même
formés en défendant leurs foyers, en
attaquant les Samnites, pauvres et
redoutables, en combattant surtout de
grands hommes ; Annibal et Pyrrhus
les instruisirent à force de les vaincre.
Mais, quand Rome régna paisibtament
sur l'univers, quand elle n'eut phis
d'ennemis que ses richesses elaes vices,
ta discipline dégénéra, l'art militaire
ne Alt plus qu'une étude de théorie et
de spécutation abandonnée à quelques
légionnaires obscurs et méprisés. Les
Parthes, les Gantais , les Germains at-
taquaient de toutes parte les frontières
de l'empire. Lea légiona, jusqu'ahut in»
▼Incibles, furent souvent vaincues.
Mais ces guerres taintaines n'altar-
maient pas encore l'Italtaé Lès empe«-
reurs, assoupis sur leur trAne, por»
tetant à peine leurs regards aux eitri^
mités de l'empire. Us ne voyaient pis
rabAtardIssement de leur milice et ta
précipice qui secreysait aoui leur gran-
deur.
Vespasien, Titus, Trajan etquehpms
autres princes remédièrent pe^sagère^
ment à ceiflMna. Us rétabllrem ta dis-
cipline dans lea troupes; ils firent la
guerre eux-mêmes, et ils la firent avec
succès. Malsà ces grands hommes suc-
cédaient des princes fstbles ou des ty-
rans. Les ressorte du gouvernement se
retachaieut de nouveau , les plaies po-
litiques devenatant plus profondes et
plus incurables. JLea légiona vendaient
l'empire au lieu de ta défendra. Resne
M put survlnv à ttaU de comiption.
DM fsliiuta #eelha»4a Hna, ia
SClElitCK MlUTAIRE.
3TÏ
s'était bientôt arrêté ou é^aré dans sa
théorie. C'est au roi de Prusse qu*ctait
Téservce rinvcDliou de Tart de diviser
une armée, de simpUflcr les marches,
de déployer les troupes, de manier
cent mille hommes aussi facilemeat
que dix mille.
11 y avait alors ud grand schisme dans
les opinions des militaires. La décou-
verte des armes à feu devait-elle chan-
ger la tactique? Devait-on rejeter l'or-
donnance des anciens à cause de sa
profondeur et de l'eDet de rartiilerie?
.Toute r Europe fut divisée , flottante
entre ces opinions. On écrivait de part
et d'autre» et les discussions n'éclair-
cîrent rien. Follard proposa les colon-
nes; il en faisait l'ordonnance fonda-
mentale et presque exclusive de Tin-
fantcrie. Telle était alors Tignurance ,
qu'il eut beaucoup de partisans. On vit
le moment que toute l'infanterie allait
i^prcndre la pique et se former en
phalange. La guerre de succession et
celle de 1733 se firent dans cette in-
certitude, les bataillons combattant
tantôt à quatre, tantôt à six, les an-
ciens officiers réclamant toujours les
pi(|ues que Vauban leur avait fait quit-
ter; la cavalerie n'ayant en France
que de la valeur et point d'ordre ; chez
les étrangers, de l'ordre et point de lé-
gèreté ; combattant cJiez nous à la dé-
bandade , chez les autres en masse , in-
certaine si sa force était dans son choc
on dans sa vitesse ; ayant cm, pendant
on temps, qu'elle devait aus^i se servir
de l'action du feu. Les généraux, plus
indécis eux-mêmes, parce qu'ils avaient
moins réfléchi sur ces discussions qu'ils
regardaient comme oiseuses et subal-
ternes, n'établirent de principes sur
rien. La tactique ne les occupait pas.
Ils semblaient la regarder comme in-
différente aux succès de la guerre, et
pp vire no sp laissait pa«i apercevoir
parce qu'alors personne eo Europe
n'était plus éclairé.
On louchait cependant au moment
de sortir de ces ténèbres. Le Nord
offrait une seconde fois le phénomène
d'une armée aguerrie et disciplinée.
Charles XII combattait à la tète des
Suédois encore animés de Tesprit de
Gustave. Son infanterie était presque
aussi infatigable , aussi disciplinée que
celle des légions romaines , chargeait,
comme elles, Tépée à la main , avait
d*e\cellens officiers-généraux, et quel-
que connaissance des déploiemens mo-
dernes. Peut-être, enfin, Charles Xil
eût-il perfectionné Tart militaire, ainsi
que son aïeul l'avait rétabli ; peut-être
eût-il été le Frédéric de son temps,
mais il vécut trop peu. Possédait-il au
reste assez de connaissances , avait-il
assez d'étendue dans le génie? Ses
premiers succès furent rapides, ainsi
que le seront toujours ceux d'une ar-
mée disciplinée, sur une multitude
ignorante. Il débuta comme Alexandre,
se conduisit ensuite en aventurier, et
finit comme Gustave. Après sa mort
lesSuédois dégénérèrent, et les Russes,
qui les avaient vaincus sans les égaler,
ne devinrent pas plus éclairés.
Ce fut toujours le destin du Nord de
faire les révolutions militaires de l'Eu-
rope , comme celui du Midi de faire
celles de l'Europe savante. Un royaume
venait de s'élever sur l'Oder et sur la
Sprée. Ces nouveaux souverains, ne
pouvant avoir ni conunerce ni marine,
s'attachèrent à former une armée, et
bientôt ils firent poids dans la balance
générale par leurs prétentions et leurs
soldats. Frédéric II parvint au trône,
et il acheva ce qu'avaient ébauché ses
pères. Prince habile et plein de l'étude
des anciens , il y déploya le génie le
plus vaste. Il doubla ses troupes par h:
nombre et plus cncoiv parla diLiiplinc,
M
MftjrftQtni.
ma Dfie MbtiqilO phséqtié ibtiteiffe , §e
forma des généraux , tut lâl-Aiêtiie le
fftiê biibile de tons, conquit nhe ^ro-
Viftce tAeïWéëté que ion rôjàtimé,
lutta contre atitant d*enneniis que
Ij5uîs XIV, afec rtiWhs de rtioyeftî< et
fins de glWre ; efrftW , aTéc peu flè fc-
VCinti^ , peu de population, peu dé ftf-
Mltéi daM ses àdjets, II cl-éa fa piihi-
lèflcé la plùâ militaire et fa plus su^pr^Ci-
riàtite de FEttl-ope. Le fègné dé ce
IMrico ^èffa un des Ages feAiâr^tfârbTes
6é là scieritt de h guerre. cèrMne ce-
Mi d*Ati^^è et cdui dé Lodis Xf V
i6ftt OëÉ Ages principaux dtfùd l'hlstorh'e
6èÉ lettrés.
tè! è^t reM^re de riiafftftcrdè et iëi
pKfti^éii théi le^ ^(rples, que le ^oi
de ftHÈië ttfTthaH des troapeâ et créait
fitië tactlclne, ititi» qu'tfQcuAè antre
Mtion ^éâft k ië xHëtire h Èa hm-^
ttNtf . Il àtadt ôepenfifAnt battu ptu'sieùrs
Ms fés Aùtrtchfén^ idiis U gùefrc de
iUtb. ir leîff avàtt eAteté fflf Silésie.
tcrt tùtlëtriili ié ièi (raftatax. Fendant
topèrfx qui «dlVlt éëfté guette, il for-
tiNA d(^ âtiiipi» à â^MrrKÛu et fl itf agde-
VoMlfg. A t jte^fetiEIoMiaK ce (fne l'ei-
fêfm^é M èt^m tm tràmet de Vi^
deux daff^ iSk (àcfiqoé ; i^ y ?Mr6dul-
Mié (Hi âêpMfHHèiH saffans et à?atita-
ijèhi , tefte cé^Arlté me ro>^a1>le et dé-
âMre, detéfAnef si nécessaire éti raison
Ab phis^ g^aA^ notUbi-ë dé soldats doht
te t36nifpoâent stufotird'htf nfos: arittétesT,
et de f étendue de (eût frMt. Itfafîs
^dMé hé^éfldôfîissilU Mflourde ftô.
VAJîthdie ttisUSi àAoùpie âsm sa
AWâWé. 1# PfaMe eroyaSf 4ne, parce
JHirellè éMt itàtitk tfféô ^ côVi^tittr-
fion , elle àeiàH roSncré e'Aôore. Les
ffctolré^ âe thtAte eWtfeteMienf
cette sécufîté itmAi^i^à^. tout Te
fèsfe de tEvtrdpé, itaoin^ nnKtafihe que
If France' et r Aàtrtdi6\ parce ^ù'il à
tfrotflif d'iiïtérM I rétfê\ ^talt éntt
(ë liiéfAe etigourdis^éMèiff . Ëé fui âkià
cette situation que cofjftnéhça bt Sei-^
dîère* guerre.
Depuis la gùéVrè âë strccesèîoA , oh
h'at2<it pas tant vu d*aif^éèi err ^^m-
^àgne, ël i-éo^iescoii^en/i seaTprincé.
Sa science et leurs fautes fuféiit le cofl-
ffe-potds dé tàïït de (oTtéi. Janttais
gnei^re ne fut pins îhsf rtfciivé et pfità
fécofidë' eh évènehnens. H sTt ûf <!(és
aètiôns di^nèà deâ plus ^rand^ cafpl-
ikinei et des fautes dont les BTérsiD
auraient rougi. On y vit quélquéfoîs le
géhie anx pirise? avec le génie , mais
pth^ auvent aYéc righorafnce. PartoM
où lé roi de Prusse put manœuvrer, il
eut (fes sùôcès. P/e^que partout 6ù il
fut réduit à^éBlatlré, il fut battu; évè-
neihe/is qui ^rouvéht combien ses
troupes étaient supérieures en tacti-
que, si eltcs ne Fétaieht pas en valeur.
DaVih se conduisit avec liii eh cons^
quohcé. II évita les plaines, recufiès
bataiffes dans les po^f , et n'en Ifv/a
qtie torsqu'it' |[)ut surprendre*, ou <ftï*ïl
né sé trouva p&s ôAlSg'é de manœuvreir.
H féidbWt endn ièi affairés de F Antrî-
cfre aîhsf <)[Ae Fabîu^ , oppo!^ à Anni-
bat, avait rét!abh céHbs de Rome.
Àùlssi les Autricbiéns «fisaiént de lui,
ôé' que les Romains disaient de Fabius,
qtfif fut (^ircoiîspeét jusqu'à la timidité;
mais pouVâlent-ib, fuW et faûtre , et
comproiïiéttré à mahoérivrer avec des
ai^ftiées neuves et âahs àictique, côntee
des ennemis que leurs chefs aVaient
rendus instful^!^ et mai>œûfvriék'é f
Où vit dan^ cette guerre ifa quantité
d'artillerie ^accf éttré jû^*à' rih^nâén-
sité. Le^ tiii^ëi en t'raînaTent avec eux
jusqu'à Six cehts ^îècéà. lé roi de ^iru^
ell les Autrichiens, JùsqùTÏ trois ou qna-
ti^é cents; mais on Vit en niémé temps
tombéi^ le préjugé' qui atbchait le më-
Boié ^onh^ur à la prise d'un canon qu'î
oëtfé fûlDf ifi^eàxu 6n vit (grande le-
SGOOCI MIUTJLIRB
leiCMraiii)v ta améei da
1114e Pttflle M pis éCn appeflanliei
|it cet tUiriil ; fÛre des marches Tor-
; perdre des batailles avec la plus
le partie de leur canon, et s*arrA^
lir è deuK lieMS de teitain où elles les
eiiienl perdues.
h/B DMBbre des troupes légères s*ac-
IHit aussi prodigieusement. Il fallut à
iai années si nombreuses, chargées de
llBt4'éi|iiipages, de fivres et d'artille-
flO) des positions si étendues, des
tenvoia si fréquens, des etablissemenB
tf hasardés « des communications si
Itagues, qo*on augmenta, comme à
reovi i de part et d*autre , l'espèce de
troupes destinées à les attaquer et à les
émnfifk
De ces deui changemens* que toutes
lia puissances belligérantes ont adop-
lis, en se calquant serrilcment les unes
mt les autres, et dont je pense qu'un
ftaéral, homme de génie . pourrait atec
evantage secouer les embarras, Il s*en-
Hit qu'à la première guerre les armées
Uront phia dispendieuses, plus dévas-
MrieeSv plus pesantes ; que les acces-
iliree y seront plus nombreui que le
pnnelpal. rentends par ce dernier, lés
HMIM de lignes « celles qui gagnent
lllbÉiallIei. 11 s'ensuit que les guerres
tmolt encore moins décisites et ponr-
ttMphsiftmesleftan peuples; car, c'est
imuiifs sur eui qee retombent les
laiesrtiMs nuisibles < les Ikui calcols,
iHIlBirai OH politiques.
Tel est enin aujourd'hui l'art mili^
taMenEnrâpe^ qu'à le comparer à ee
qu*tt ftit dana les siècles passés^ dans
ha tenv» lea pint édairés de l'an-
Ifullé^ il est derenn bien pta faste et
llaidykilei^ Gbei ta» anciens on te
ni la adence de rartlRerle,
«Nice, sosenees (ondées
Hnlrailes et pffi^
mê
le fouHiage des Beeea et des Deees (1)
étaient, en comparaison^ des arts Infor*
mes et grossiers. La science de fortiG-
cation des anciens, celle de leurs sièges
ne se placeront certainement point en
parallèle avec les connaissances des
Yauban et des Cohorn. Ces dernières
sont fondées sur le concours réflédii
de presque toutes les branches des
mathématiques. Les autres, dépour-
vues de géométrie, étaient de miséra-
bles routines. On n'avait pas chez les
anciens ces attirails prodigieux d'équi-
pages d'artillerie, de vivres, si difficiles
à mouvoir et à nourrir. On n'avait pas
des armées aussi nombreuses. On con-
nalsî^ait peu les chicanes de la petite
guerre. On ne s'etnbarrassait presque
pas du choix des positions. On ne voit
dans le récit des anciens historiens mi-
litaires aucun détail topographique.
Les armées ayant de très petits fronts,
f espèce des arthes n'occasionnant ni
flumée ni tumulte, les batailles devaient
ètfe plus aisées à engager et à con-
duire. Je compare les guerres des
Grecs, et la plupart des guerres des
anciens , à celles de nos colonies dans
l'autre contitient. J'y tois cinq où six
mille hommes opposés les uns contre
les autres; des champii de bataille
étroits od l'œil du général peut tout
embrasser, tout diriger, tout réparer.
De nos jours , nn bon major pourrait
conduire la mancenvre de Leuctre ou
de Mafttinée aussi bien qne le flt Épa-
minondas.
Je dis qtie la ntleHcë de la guerre
moderne, coiUperée atec celle des an-
eleifs, est plti» tast« et pNB difficile. Ce
(f ) Ces ^s^> ^tiTteAt Mt nerileurf AnhMtM
deionyt des n«.milii«; «m lei tmpiajtit benr-
oouii dans les siéses. Folybe et d'autres auteurs
eu parlent et eipliquent la manière dont îts
èoAdMsalenC itâis Irafaui.
POUTIQVE.
n'est pas cependant qa'eUe soit plus
parfaite et plus lumineuse snr tous les
points. Elle a fait des progrès à qnel-*
ques égards; sous d*autres, elle s*esté-
tendue et compliquée aux dépens de sa
perfection. Nos armes à feu sont supé-
rieures aux armes de jet des anciens.
La science de rartillerie l'emporte sur
leur balistioue , nos fortifications sur
les leurs. Les places s'assiègent et se
défendent avec plus d'art : voilà les
progrès modernes ; voilà l'effet des lu-
mières mathématiques répandues sur
la science de la guerre. Mais les armées
sont devenues trop nombreuses ; l'ar-
tillerie et les troupes légères se multi-
plient trop; les frontières des États
sont mal à propos hérissées de places
sur deux et trois lignes de profondeur.
Cesplaces sont inutilementsurchargées
de pièces de fortification; les systèmes
des ingénieurs sont la plupart trop ex-
clusifs, trop méthodiques, trop peu
combinés avec la tactique; les armées,
devenues immenses, tant par l'aug-
mentation des combattans que par les
attirails et les embarras qu'elles traî-
nent à leur suite, sont difficiles à mou-
voir; les détails de leur subsistance
forment une science dont les armées
anciennes, moins nombreuses, plus
sobres et bien mieux constituées, n'a-
vaient point d'idée : voilà les erreurs et
les abus qui compliquent la science
moderne , qui multiplient les connais-
hances qui la composent, qui rendent
les grands généraux si rares. Tel hom-
me , dont l'esprit eAt embrassé toutes
lespartiesde l'art militaire des anciens,
qui eût bien commandé quinze ou
vingt mille Grecs ou Romains, tel
homme, qui alors eût été un Xantippe,
un Camille, ne suffit pas aujourd'hui à
fa moitié des connaissances qui com-
posent la science moderne. Il est ab-
sorbé par les détails, aveuglé par l'im-
mensité, étourdi |»ar la mMlUiAe.
Cent miHe hommes dont il doit régler
les mouvemens , le soin de pourvohr i
leur subsistance, tous les obstacles
produits par nos mauvaises cobsUIii*
tiens , cent mille ennemis qui loi sont
opposés , un plan de campagne à plo»
sieurs branches , les combinaisons sans
nombre qui résultent de la mnltipliflité
des objets, tant d'attentions rénnies
forment un fardeau au-dessus de ses
forces. 11 reste fatigué et accaUé sous
lui, ou du moins il ne se remue que
péniblement et qu'avec une partie de
ses facultés. Il n'est enfin qu'un gé*
néral du second ou du troisième
ordre.
La science de la guerre moderne,
en se perfectionnant, en se rappro*
chant des véritables principes, pourrait
donc devenir plus simple et moins, dit
fidie. Alors les armées, mieux con»^
titttées et plus manœuvrières, seraient
moins nombreuses. Les armes y se-
raient réparties, dans une proportion
sagement combinée avec la nature du
pays et l'espèce de guerre qu'on vou-
drait faire. Ces armées auraient des
tactiques simples, analogues, suscepti-
bles de se plier à tous les mouvemens.
De là l'officier d'une arme saurait com-
nuinder l'autre arme; on ne verrait
pas des offlciers^généraux, ignorant les
détails des corps dans lesquels ils n'oil
pas servi, démentir le titre qu'ib por-
tent , ce titre, qui, en leur donnant h
pouvoir de comoMuder toutes les mi-
mes, leitf suppose l'universalité ûei
connaissances qui les dirigent. Les ar-
mées étant ainsi formées, elles seraient
plus famies à remuer et à conduire.
On quitterait cette manière étroite et
routinière, qui entrave et rapetisse les
opérations ; on ferait de grandes expé-
ditions ; on ferait des marches forcées :
on saurait engager et gagner des bar
SCUNQil.MUaTAlHE.
SM
tailles par manœuvres ; on serait moius
aouvent sur la défensive; on ferait
moins de cas de ce qu'on appelle des
positions. Les détails topographiques
a'auraient plus la même importance;
ils ne surchargeraient plus au même
point la science militaire. Les embar-
ras étant diminués, la sobriété ayant
pris la place du luxe, les détails des
subsistances deviendraient moins corn-
pliiiaés et moins génans pour les opé-
ratioDS. La science du munitionnaire
consisterait à traîner le moins d*atti-*
rail possible , et à nourrir la troupe
au oioyen des ressources que le pays
présente. L'artillerie, les fortifications
s'éclaireraient de plus en plus. Elles
suivraient, dans chaque siècle, les pro-
grès des mathématiques qui leur ser-
vent de base; mais elles n'élèveraient
ni l'une ni l'autre des prétentions ex-
clusives et dominantes, des systèmes
qui multiplient les dépenses et les em^
barras. Elles ne tiendraient, dans les
armées et dans les combinaisons mili-
taires, que le rang qu'elles doivent y
iivoir ; elles ne seraient, dans les mains
des généraux, que des accessoires uti-
lement employés à fortifier les trou-
pes et à les appuyer. Enfin, toutes les
branches de la science militaire for-
meraient un faiscéS^ de rayons ; et c'est
ce concours de lumières, qui, réuni
dans l'esprit d'un seul homme, le.cons-
lituerait général, c'est-à-dire capable
de commander des armées.
Il serait intéressant de voir la scien-
ce militaire se perfectionner ainsi en
se simplifiant, en devenant moins dif-
ficile. J'ai dit ci-dessus comment la
même révolution pourrait se faire dans
la politique. Elle aurait lieu de même
dans presque toutes les sciences, si on
dépouillait leur théorie des erreurs qui
les surchargent, des fausses méthodes
^ui les compliquent Alors les boounes
arrivant plus promptement et en plus
grand nombre au faite de ces sciences,
ils pourraient en reculer les bornes ;
alors la brièveté de leur vie ne les em-
pêcherait plus d'en embrasser plu-
sieurs à la fois, et de les étendre les
unes par les autres. Alors l'encyclopé-
die des connaissances humaines, de-
venue un assemblage de vérités, s'élè-
verait et s'affermirait au milieu des
siècles ; semblable à un arbre vigou-
reux, qui n'a aucune branche inutile^
aucune qui lui nuise, et qui, s'étendant
et paraissant se fortifier sur la base k
mesure qu'il vieillit, répand l'ombre
et les fruits sur ses heureux cultiva-
teurs.
Mais pour achever le parallèle de
l'art militaire chez les anciens, avec ce
qu'il est de nos jours, il y a des objets
bien importans, qui sont à l'art mili-
taire ce que les fondemens sont à un
édifice, et sur lesquels les Grecs et les
Romains nous étaient fort supérieurs.
Ce sont les moyens continuels dont se
servaient leurs gouvernemens , pour
former des citoyens, des soldats, des
généraux. C'est la bonté de leur mi-
lice, la vigueur de leur discipline, l'é-
ducation guerrière de leur jeunesse,
la nature des peines et des récompen-
ses; c'est ce rapport important qui
liait leurs constitutions militaires à
leurs constitutions politiques.
Aucun de ces objets ne semble inté-
resser les gouvernemens modernes. Il
n'y en a point qui ait calculé le nom-
bre et la constitution de ses troupes,
sur la population de ses États, sur la
politique, sur le génie national. Il n'y
en a point où la profession de soldat
soit honorée; où la jeunesse reçoive
une éducation guerrière; où les lois
inspirent le courage et flétrissent la
mollesse; où la nation, en un mot,
soit préparée, par ses mours et par
38ft
MCJ!fiQMI«
0es préjugés, i fbnner une miBee ti*
gOQrease. Dans cet état même que
Dous appelons mlHtaire, parce qne son
rot est on g;aerrier habile, dans cet
Étal qui s^est agrandi par les armes ^
qui n^xiste et ne peut se flatter de
conserver ses conquêtes que par el-
les, tes troupes n*y sont pas phis rf-
goureusemenl constituées qa^ilteurs;
eHes n^f sont point citoyennes; elles
y sont, plus qu'en aucun autre pays,
un assemblage de stipendiaires, de ra-
gabonds, d'étrangers, que l'Inconstance
ou la nécessité amène sous les dra-
peaux, et que la discipline y retient.
Cette discipline, ferme et vigilante sur
quelques points, y est relâchée et mé-
prisable sur beaucoup d'autres. Elle
n*est, en comparaison de celte des Ro-
mains, qu'un enchaînement de choses
de Forme, de demi-moyens , de cor-
rectirs, de supplémens vicieux; ces
troupes, mal constituées, ont eu des
guerres heureuses, mais elles doivent
ces succès à l'ignorance de leurs en-
nemis, à rhabileté de teur roi, à une
science toute nouvelle de mouvemens,
dont il a été te créateur. Qu'après hi
mort de ce prince, dont le génie seul
soutient ITédifice imparfait de sa cons-
titution, il survienne un roi faible et
saus taiens , on veri» dans peu d'an-
nées le nntitaire prussien dégénérer et
déchoir; on verra cette puissance
éphémère rentrer dans hi sphère que
ses moyens réels lui assignent, et peut-
être payer cher quelques années de
gloire.
Si telte est Ib constitution milttafre
d^un État, dont le soiiverain est le phis
grand' homme &è guerre de son siè-
cle, qui instruit et qui commandes hir-
mèttie ses armées, dont les armées
forment*, pour ainsrdh'e, toute te pom-
ne et la cour, que doit êtrecelle de
tMi SiBl», o# le aonfenâi nretl pas
mntrire; eà H m voM pet lit Irwr
pes (1), où 11 semble dédaigner <w
ignorer tout ee qui y t rapport ; ma te
cour, qui suit toujours l'impresale» du
souverahi, n^st conséqucimiienl poinl
militaire ; où presque teutes les gran-
des récompenses sont surprises |Mir
Fintrigue, ou la phiparl d'entre elles
deviennent des apanages hérèdittires;
oà le mérite languit, quand R est wbs
appoi ; où le erédit peut s^avracer mm
taiens; oà feire fortune ne signMe
plus acquérir de ta réputation , mato
amasser des richesses ; où l\m peut ,
en un mot, être à la fois couvert dte
dignités et d^nfomle, de grades et d^
gnorance ; servir mal FÉtat, et en pos-
séder les premières charges; avoir le
biftme public, et joun* de k faveur Aê
souverain ?
Mais sans parler des vices partico-
Kcrs 4^ le caractère des souverains et
la corruption de leurs cours peuvent
imprimer aux constîtutrons mitttaifea
de leurs États, comment calculer 1r|
abus sans nombre qmt résultent dû âé-
fout de rapport entre Fadlninistratloa
mFIÎtaire et les autrea franches Ai
gouvernement? Se là ces États etcki-
sfvement marchands^u milftatres, par^
ce que le système momentané de léota
adJninlsùPBteui s fhll maf à propos con-
sister toute te force publi(^ d^ns Im
richesse» ou dans tes armes; 9e Ift cea
dlrectohres dé guerre qnf n'ont pas vu
d'armées, et règlent cependant te sort
de» années ; ces ordonnances mititai-
res, Ihites par des gens db plume ; cm
ministres, qtd, n'étant pas généraas
contrarient toujours tes demandes et
te» opérations des généraux ; cea ^ad-
ram, quf, n^étant pas mmisires, i^pio
(U Qn%.rc^wi|iiQoi|ilDi0D^Qr4ivam4aMI
tecoonas ctlYintilMloa àm aroopci fraoçiiiacai
SCtBNCË MlUTAIBB.
S8S
lent riirfbMMe qa'ont les opérations
de la guerre rar la politique, et ce qu'il
eD coûte à rintérieur des États pour
soutenir la guerre. De là toutes ces
constitutions militaires m«il calculées,
s'imitant réciproquement au hasard et
sans méditation ; le nombre des trou-
pes disproportionné aux moyens des
États; les troupes, tantôt négligées et
regardées ix)mme un fardeau presque
inutile, tantdt augmentées par-delà les
bornes raisonnables, puis attirant, aux
dépens des autres branches, toute Yni-
tention du gouvernement. De là ces
troupes si étrangement constituées et
employées par le gouvernement , qu'el-
les ruinent FÉlat dont elles devraient
tûre la prospérité en même temps que
la force ; qu'elles enlèvent à la popula-
tion la plus beUe espèce d'hommes; i
que ces hommes y amollissent leurs
mœurs et leurs brus à un tel point,
que quand ils quittent celte profession,
ils ne sont plus capables que des tra-
vaux dans les cités; que pendant la
paix, on ne les occupe presque que
d'exercices trop souvent insiguiiians ;
qu'on les entasse dans des places,
comme si l'ennemi était aux portes du
royaume, c'est-à-dire, par conséquent,
SOT les frontières, dans les pays où les
vivres sont le plus chers, où ils ont le
plus de débouchés, où les habitans ont
le plus de ressources et d'industrie ; au
lieâ de les disperser dans les provinces
intérieures, qui manquer t de vivifica-
tiOD et de numéraire, qui ont plus de
denrées que de consommateurs ; dans
oes provinces qui sont en friche, et
que le soldat pourrait cultiver, qui^
manquent de chemins, et que le sol-
dat pourrait ouvrir. Dans le cours de
mon ouvrage , je prouverai , par des
détails, que ces abus existent, et qu'on
peut y remédier. Faire le tableau des
abus, sans en fournir à la fois les preu-
ves et les remèdes, c'est s'ériger en
déclamateur. C'est ressembler h cfs
médecins barbares qui annoncent (i;>s
maux qu*ils ne peuvent ni e\|.li(iuer
ni guérir.
Il me reste à expliquer pourquoi
l'histoire de l'univers nous représente
toujours l'art militaire (déclinant ch^z
les peuples, à |)roporlion que le$ au-
tres arts y font des propres. J'en Vi\
moi-roémç fait ('observation, au coin-
menccment de ce chapitre. Mais ce
n'est point aux arts ni aux sciences
qu'il faut attribuer cette révolution ;
c'est à la maladresse des gouvcrnç-
mens. Ces effets ont été jusqu*ici coa-
temporains, sans être nécessîiiremeut
liés et dépendans. Les lumières ne
peuvent nujre. Laissons ce préjugé fu-
nc^t(r aux apologistes de l'ignorance^
Le^ lumièreschassentlcs erreurs, lixent
les principes, amènent la vérité. Les
siècles de lumières ne peuvent être des
temps de malheurs pour I humanité à
moins qu'elles n'aient fuit que des^
demi-progrès; à moins qu'ainsi que
chez les anciens les progrès n'aient
porté sur les arts plus que sur les
sciences , sur les connaissances fri-
voles plus que sur les connaissances
utiles; à moins que, comme alors, elles
n'aient éclairé une partie du glotte et
lai<>é l'autre dans les ténèbres ; à moin^
que, comme aujourd'hui, elles ne
soient le partage d'un p^tit nombre
d'hommes, et que, rejclées par les
gouvernemcns, elles ne mettent aux
prises la vérité avec les préjugés , la.
philosophie avec l'ignorance, le despo-
tisme avec les droits de la nature. En-
core faudrait-il se consoler des mal-
heurs passagers qui pourraient naître
du choc des lumières avec les ténèbres.
Le crépuscule du matin éloigne la nuit,
il fait espérer le jour. Enfin , quand la
propagation des connaissances sera gé*
8»
POLITIOUK.
Lcrate, quand elle sera répandue à la
fois sur les grands et sur les petits, sur
k^s trônes et sur les peuples; quand les
içouvernemens seront en même temps
instruits et vigoureux; quand la lu-
mière nous viendra d'eux, comme elle
descend des astres qui sont sur nos
têtes, la terre sera heureuse ; elle bé-
nira ses gouvernemens comme ces as-
tres bienfaisans qui la fécondent et qui
réclairent.
Je reviens à mon objet. Ce ne sont
pas les arts et les sciences qui ont fait
déchoir l'art militaire chez les peuples
de l'antiquité ; ce ne sont pas les arts
et les sciences qui l'empêchent aujour-
d'hui de faire des progrès. Les lumières
générales devraient au contraire per-
fectionner cet art avec tous les antres.
Elles devraient rendre la tactique plus
simple et plus savante, les troupes plus
instruites, les généraux meilleurs. Elles
devraient mettre la méthode à la place
de la routine, les combinaisons à la
place du hasard. Si , tandis que toutes
les autres sciences se perfectionnent,
celle de la guerre reste dans l'enfance,
c'est la faute des gouvernemens qui
n'y attachent pas assez d'importance ,
qui n'en font pas uu objet d'éducation
publique, qui ne dirigent pas vers cette
profession les hommes de génie, qui
leur laissent entrevoir plus de gloire et
d'avantages dans des sciences frivoles
ou moins utiles , qui rendent la car-
rière des armes une carrière ingrate
lans laquelle les talens sont devancés
par l'intrigue et les prix distribués par
b fortune.
Si, enfin, un peuple s'amollit, se
corrompt , dédaigne la profession des
iirmes, perd l'habitude des travaux qui
y préparent; si une nation, étant dé-
gradée à ce point, le nom de patrib
n'y est plus qu uu mot vide de sens ;
91 ses défenseurs ne sont plus que des
mercenaires, avilis, misécabies, mal
constitués, indiOërens aux succJks et
aux revers (c'est par ces vices de
mœurs et de constitution qu'ont déchu
toutes les milices anciennes et que pè-
chent toutes nos miliccn modernes).
C'est encore la faute du gouvernement;
car le gouvernemeni doit veiller sur
les mœurs, sur les opinions , sur les
préjugés, sur les courages. Avec
la vertu, l'exemple, l'honneur, le
châtiment, il peut être plus puisant
que le luxe, que les abus, que les vices^
que les passions, que la corruption la
plus invétérée. Avec ces mêmes lumiè-
res qu'on croit la cause de la décadence
des empires, qu'il éclaire sa nation sur
le précipice où elle se jette , qu'il se
mette à sa tête, il l'entraînera : elle le
suivra avec d'autant plus de soumis-
sion, que plus instruite , elle sentira
mieux le bien qu'on lui prépare , le
mai auquel on l'arrache , et la prospé-
rité vers laquelle on veut la conduire.
En général les gouvernemens des
grands peuples sont bien loin de faire
et de connaître seulement tout ce qui
est en leur pouvoir. Ils ne sentent pas
assez l'étendue de leurs ressources ; ils
se laissent décourager par le nombre
et l'ancienneté des abus : ils n'osent
porter ni le fer, ni les remèdes, aux
plaies qui les dévorent : ils s'agitent
sans succès, comme des mourans, dans
les convulsions de l'agonie. Ne nous
lassons donc pas de leur répéter que
si leurs vices sont sans nombre, leari
moyens sont immenses ; qu'ils n'ont
qu'à perfectionner leur constitution,
devenir justes, éclairés, nerveux, qu'a-
lors ils relèveront bientôt les états;
que, si les vices corrompent rapide-
ment, les vertus peuvent régénérer de
même. Mettons sans cesse auprès du
tableau effrayant de leurs naau5> (a.
possibilité encourageaatç dis J^vx
MUniGI nUTAIM.
«MrlMD. PMMMi 0 râfevm à la tête
in Mtioiifl, (iei homiiies qui ne déses>
péreront pa de leur salut , qai désire-
font le bien» qui aimeront la gloire,
et à qui ces deux aentimens rendront
loat fiicOe. Le génie et la terta peu-
rent naître sur les trônes.
Je D*ai olTert id qu'une ébauche
imparfaite des révolutions de l'art mi-
litaire. Ce tableau mérite d'être l'objet
d'une histoire complète. Qu'il serait
intéressant d'y suivre les progrès de
cet art, à travers le cours des siècles ,
de les suivre particulièrement chez les
grands peuples, d'y observer ce qu'il
était aux diflërentes époques progres-
sives de lem élévation, de leur déca-
dence, de leur ruine, et ce qu'il était
en même temps chex les nations con-
temporaines, aux dépens desquelles ils
s'élevaient, ou qui s'élevaient sur leurs
débris 1 Ces recherches instructives ne
se borneraient pas simplement à l'his-
toire de l'art ; elles examineraient, aux
mêmes époques, les constitutions des
milices des diflërens peuples, les rap-
ports qu'elles avaient avec leurs cons-
titutions politiques, avec leurs mœurs ;
car les succès militaires des nations
dépendent , plus qu'on ne pense , de
leur . politique , de leurs mœurs sur-
tout ; et c'est cet enchaînement que ne
nous montrent jamais assez la plupart
des historiens, qui ne sont communé-
ment ni militaires ni philosophes, et
encore moins Tun et l'autre à la fois.
n est digne de notre siècle de produire
cet ouvrage lutéreasant. J'y encourage
on de mes amis, qui le médite et le
prépare depuis long-temps. Je dénon-
ce id son nom, son plan, ses talens (1).
Je voudrais lui faire contracter, vis-à-
vbde seseondtoyens, un engagement
(1) M. le dHTtlier «rAgvoteia, Heotoiaiit^
do réglnentdc là Couronne.
qu'il est en état de remplir, et dont
l'exécution fera sa gloire particulière .
en même temps que l'instruction pu-
blique.
CHAPITRE m.
De l'éUl ectael de la poUtfque el de It
mlllulra en Europe, eaifi de pcnséu
chéci aor des objeu iDldreuaiii.
Quand on ouvre V Esprit de$ Lai$^
on s'attend à trouver le développement
des principes qui ont servi de bnsc à la
législation ancienne et moderne ; on
espère que cet examen sera suivi d'un
système de création et de réforme
dans les lois actuelles de l'Europe, ou
tout au moins, dans celles de la nation.
Mais, oserai-je le dire? faute de plan
cette espérance n'est pas remplie. Soit
que l'immortel Montesquieu, tout oc-
cupé dé la création de ses matériaux
ait dû dédaigner, dans la chaleur de
son travail, de les assembler et de les
polir, soit qu'écrivant de la hauteur
de son génie, il dédaignêt toutes les
idées intermédiaires que nous atten-
dions de lui , soit qu'il se proposât
de descendre un jour vers les détails,
de nous élever par eux jusqu'à lui, d'é-
crire, en un mot, pour le reste des
hommes, après avoir écrit pour lui-
même, son ouvrage est resté un mo-
nument incomplet. On y trouve des
pensées sublimes, des vérité^s éparses
et à demi-dévoilées, l'ébauche ou le
germe de presque tous les principes
politiques; mais on sent que toutes
ces matières ont besoin d'être accor-
dées et de former un édifice. On
éprouve enfin , à la lecture de cet ou-
vrage, ce mélange de plaisir et de re-
gret qu'inspirent ces tableaux dont on
admire les détails, et qui, faute d'or-
as
cioiuiance, no iiroduis^t point d'oftetr Dani» Unm ^ ^^9 ii y ^ au
Ce que îg dis d^ VB^prù def Ui9. è hfmam m o^t ^tt, avep ^ua:«â
epmbiea d>utre ouvragfis /(célèbres leur «rt ; daM Tui PuUtaire, j^rai^tte
je pourrais l'appliquer I VEêftêi de tous les grands bomnes ii'ont'^^^
i*»"
u
M. Helvétius, ce livre plein de génie,
ce livre écrit du style le plus fort, et
qui justifie #iyi U^i 4[Wl ^t son plan ?
Quel système, quelle chaîne complète
d'idées sa leetum laitse-t*€lto dans l'i-
magf nation? L'Encyclopédie enfin,
cet ouvrage qui serait immortel, si son
exécution répondait à son but, ne
pouvait-elle pas être rédigée sur un
plan plus vaste et plus lumineux? Fal-
laitîl s'assujettir à la forme de dic-
tionnaire, forme classique, qui, uni-
quement faite pour les langues ou
pour des sciences de nomenclature ,
n*était pas propre à présenter le dé-
veloppement de toutes les connaissan-
ces humaines, en ce que tout reffet de
Tordre qui y est suivi est de produire
la confusion, de briser, à chaque mot,
l^s idées, d'anéantir toute espèce d'in-
térêt. Que dirait-on d'un cabinet d'his-
toire naturelle, où les pièces de tous
les règnes, pêle-mêle et confondues ,
seraient rangées par ordre alphabéti-
que? L'Encyclopédie eût été bien plus
intéressante et plus instructive, si les
sciences y avaient été traitées par
classes, et telles qu'elles ont dû, par le
progrès de nos esprits, s'embrancher
les unes sur les autres. Si l'on avait
suivi, pour leur exposition, ce tableau
divin qui est à la suite de la préface,
elle eût été alors à la fois l'école et
l'archive de toutes les sciences des
hommes. Tous les autres livres de Tu-
nivers détruits, elle aurait suffi pour
conserver nos lumières. En un root, la
postérité eût avec respect appelé no-
tre siède le siècle de l'Encyclopédie ,
comme l'époque de l'événement le
plut important et le plus glorieux pour
i'immanilé.
écrit, ou, s*ib ont écrit, ils^n'ont pas
donné d'ouvrages dogmatiques. Pres-
que toujours des conmientateurs pé-
nibles, des faiseurs de systèmes , des
hommes sans génie (1) ont multiplié
les ouvrages, sans étendre les connais-
sances ; de là, Topinion si triviale et si
ftiusse, quand elle est absolue, que les
écrits militaires sont inutiles, que h
science ne s'apprend pas dans les li-
vres, etc.; de là, le ridicule dont on
cherche à couvrir les militaires qui
écrivent, et surtout ceux qui osent pu-
blier leurs recherches : préjugé qui ne
peut qu'entraver le talent et entretenir
Tignorance.
Quels livres de tactique peuvent au-
jourd'hui servir a l'iiistruction? Sera-
ce Puysegur, dont les principes sont
ou faux, ou totalement détruits par la
tactique actuelle? Sera-ce Folard, dont
le préjugé soutient la réputation? Gui-
chard, plus instructif que Folan} sur
les faits de l'antiquité, mais n'ensei-
gnant rien de la tactique moderne?
Seront-ce ces dissertations sur l'ordre
de profondeur? ces systèmes tour à
.tour détruits et renouvelés? Seront-ce
toutes ces controverses polémiques,
qui n'ont rien éclairci? Au milieu de
(1) Je suif loin de romprendre dan» rette
classe quelques auteurs respectables qui oot
écrit sur dffrérentei parties de la guerre, écran-
gères à to «âclh|ae, f»imiit ¥aabaa. ittuu-
Cri»> aie. Je «> oMuprMvla oaïuiiiaiMDi pis
plusieurs auleurs esil«4« «t YiVAn«, <tal les
ouvrages ont développé mes ooDoa^laaances at
mon émulation, tels que M. le comte Turpin.
M. de Meterei, M. l»«nDeanil-]>iirand, me. h
parle de ce nombre jinfiai d'écrivains qui ont
ri^aodtt las téjMy»res^ ia cawplicaliQtt ai ramai
sor une science que l'on poiirraii rendis il
rossant", ^imylc et lumiuauis
*¥"
SCIBNrB MILITAIRE.
987
tes oaYfagcs, on peut trouver des idées ' certain que le nom des généraux et
itOes, des vues , de l'érudition ; mais { Tépoqne des batailles. Ce sont les ga-
nrec do génie, avec des lumières, corn- j zettes du temps , plus ou moins éio-
flteutifdire pas rebuté de leur aridité,
lé Umti longueurs, de lenr style ? Sans
jWe, auf lumières, comment j dé-
itter ce petit nondire de vérités, per-
|kl duiB on abîme d*erreiirs?
* CMte disette d*ouvrage8 didactiques
iPUMà 1^ égailement pour tes onvra-
jlét%b niadmes. César, Rohan, Mon-
iWdeirii , Tnrenne « Saxe , le wi de
htfM^, en oflVfront dans tous les temps
\*ifai mm les entendre ; mais il faut
fftiurquer que ces livres ne peuvent
wÉ être mis entre tes mains de tout le
Ilinide : quils ne peuvent être médités
Ee {Mir des généraux formés , ou par
I offlciers propres à le devenir. La
nânlère dont ces grands hommes ont
«rit p*est ni assez détaillée ni assez
lafre ; ils écrivaient pour se rendre
XHnpte à eux-mêmes, plutAt que pour
ttalndre. Cest ainsi que procède le
(ènle, toutes les fois qu'il ne s'est pas
ÏMiné le plan bien décidé d'enseigner.
S traite les objets comme il les a vus ,
^M-è-dire rapidement et en planant
ÉDor eux. n ne descend pas dans les
dètaib. Il supprime toutes les id<^es in-
tamiédiaires, par lesquelles le commun
des hommes se traîne avec effort d'une
vétllft à raotre.
Un autre genre d'ouvrages militai-
rtt« que nous possédons en grand nom-
lèe, ce sont les mémoires contempo-
Mn, les histoires des guerres ; mais
JHMbien peu d*hommes sont en état
éfi démêler, dans des hits, les consé-
j^tÉenoea et les causes? Combien peu
irhottunes savent lire avec fruit? Vail-
Iteft combien peu de ces ouvrages
itnt inatructih? Combien peu sont
fiifa par des gens de guerre ? Dans ta
ikiptrt des histoires, Je ne vois, en
Ikit d*éfènemens miHfaires , rien de
quemmcnt rédigées. J'avance que dans
le genre didactique, il n*y a presque
pas d'ouvrages utiles sur la guerre,
qu'il n'y en a surtout presque point
d'utiles et d'intéressans i la fois.
La moitié de l'Europe est habitée
par des artistes, des rentiers, la plupart
célibataires, gens qu'aucun lien n'atta-
che au sol sur lequel ils vivent, et qui
affichent hautement cette maxime dan-
gereuse : 176» benè, ibipatria, « La peste
> est en Provence ; eh bien ! disent
» ces cosmopolites , j'irai habiter la
» Normandie. Li guerre menace la
» Flandre ; j'abandonne cette frontière
» à qui voudra la défendre « et je vais
» chercher la paix dans les provinces
» éloignées. Je porte avec moi mon
» existence , mon art , ma fortune ;
» partout la terre nourrit et le soleil
» éclaire. »
Ainsi, tandis que les arts et les let-
tres ont poli les nations, éclafré les es-
prits, rendu les mœurs plus douces, les
gouveriiemons n'ont pas su empêcher
que les vices des hommes ne tournas-
sent en poison une partie de ces re-
mèdes salutaires. C'était du progrès
des connaissances elles-mêmes qu'ils
devaient tirer les moyens de rendre les
peuples plus forts et plus heureux. Il
fallait veiller à ce qu'elles ne se portas-
sent que sur les objets utiles, à ce
qu'elles n'attaquassent point les pré-
jugés nécessaires. Il faHait soutenir c ^
préjugés par tontes les ressources d<ï
la législation. En vain nos vices eus-
sent tenté de détruire les vertus natio-
nales. Le cri de la nature, l'amour-
propre, les récompenses, l'honneur, la
honte, les peines, et surtout Tamour
qu'inspire un bon gouvernement, Pau-
raient hautement emporté sur eux.
388 MUtiQCfi.
Le (latriotisnie eât repris des forces, ii coutuioerait à Tordre qu'il doit obscr-
tdt été, non ce fanatisme funeste que j ver dans les marches , au spectacle
nous admirons trop chez les anciens, | d'une armée, au bruit de l'artillerie, au
mais cei assentiment réfléchi de re- 1 concours des autres armes* avec la
connaissance et de tendresse qu'une
Tamille . heureuse a pour sa mère. Il
Callait empêcher que l'industrie se
portât vers les objets de luxe. Cela
(lait facile ; car les arts fin voles ne sont
i}uc le produit des lumières humaines
mal employées. Ils sont le résultat
(i'un bon levain, tourné en corruption.
Les lettres, contre lesquelles on décla-
me tant, n'inspirent certainement ni
la soif des richesses, ni la mollesse, ni
le goût des superfluités de la vie.
C'est une chose bizarre que l'espèce
d'instruction que l'on donne aujour-
d'hui aux troupes ; elle ne roule que
sur un maniement d'armes et sur quel-
ques manœuvres, la phipart compli-
quées et inutiles à la guerre. Qu'il y a
loin de cette misérable routine à un
S} stème d'éducation militaire qui com-
mencerait par fortifier et assouplir le
i'orps du soldat, qui lui apprendrait
tMisuite à connaître ses armes, à les
manier, à exécuter toutes les évolu-
lutions qu'il doit savoir, à se livrer,
dans rintervalle de ces exercices et
comme par délassement, à des jeux
propres à entretenir sa force et sa gat-
té! Après qu'on aurait ainsi dressé le
soldat, on le familiariserait avec des
représentations simulées de tout ce
qu'il doit faire à la guerre ; il saui:ait
]iorter des fardeaux, remuer la terre,
faire des marches forcées, passer des
rivières à la nage, travailler avec adresse
à toutes les parties d'un retranche-
ment. Passant une partie de sa vie
dans des camps, il acquerrait l'habi-
tude du service qu'il y doit faire, de la
conduite qu'il doit tenir dans un poste
avancé, en faction , en patrouille. Au
moyen des grandes manœuvres, il s'ac-
sienne. Dans les exercicea des places,
on lui ferait contracter l'habitude des
travaux de tranchée et de défense ; <m
lui apprendrait à couper unc^alissade,
à la planter, & dresser une échelle, à
attacher un pétard , ou à soutenir les
gens qui l'attachent, à ouvrir un cré-
neau, à savoir s'y pbcer, etc. Accou-
tumé, dans toutes les droonstances, à
garder le silence, à obéir aux signanx
et à la voix de ses officiers, à ne pas
s'emporter aunlelA du point attaqué ,
connaissant enfin toutes les situations
que la guerre peut offrir, le soldat la
d^irerait sans cesse, on plutôt, au
danger près, la paix elle-même serait
pour lui une guerre continuelle.
Il y aurait, dans un système d'édu-
cation pareil, une instruction progres-
sive et relative à tous les grades ; car, là
où le soldat apprendrait les devoirs de
soldat, rofficier subalterne apprendrait
à conduire sa troupe, le capitaine si
compagnie, le colonel son régiment,
l'offlcier-général sa division, le général
son armée.
Qu'en France, où le prince est tout,
où son exemple est législateur, où ses
mœurs déterminent les mœurs publi-
ques, un roi veuille ramener ses cour-
tisans à une vie agissante et militaire,
que la sienne soit telle ; qu'il fasse éle*
ver ses enfansdans ce principe; qu'il
assiste à leurs exercices: qu'il flétrisse
de son indifférence les jeunes gens oi-
sifs, voluptueux, ignorans; qu'il dis^
tingue les autres, bientôt on verra dis*
paraître la mollesse, le libertinaf^ la
débauche obscure et ruineuse, et tous
les vices qui dégradent les grands sei-
gneurs; bientôt, à la génération ac-
tuelle, succédera une génération pro-
IGUHCB «IIITAIAE
IM à la gMnre et à la gloire. Ce champ
de Mare qve llierbe couvre, et dont la
Seine baigne inutilement les bords,
ranmoUera à ce champ fameux qu'ar-
rosait le Tibre ; on s'y exercera à vain-
cre; les itatPes de Henri , de Condé ,
de Torenne/en décoreront l'enceinte ;
èHea crieront à leurs descendans : Ces
fiédëÊiamm fgaimideni. De la cour et
de la apftale , l'esprit d'honneur et
de courage passera dans les provin-
œa éCoDcées. La noblesse, revenue
des jouissances de luxe et de mol-
loee, abandonnera les villes pour ren-
trer dans ses châteaux; là, elle se
trouvera plus heureuse et moins con-
ffondM ; elle reprendra les mœurs de
ses aîenx , en conservant ses lu-
BÛères; die redeviendra guerrière;
lagoAt des armes et des exercices mi-
lilaiies, ramené dans la noblesse, pas-
sera bientôt chez le peuple ; la bour-
geoiaie ne regardera plus Tétat de sol-
iat comme un opprobre ; la jeunesse
des campagnes ne craindra plus de
tomber à la mUice; elle s'assemblera,
hs dîmanclies et fêtes, pour disputer
des prix de saut, de course et d'adresse.
Ces prix, que le gouvernement fonde-
frit dans chaque paroisse, vaudraient
ttille firis mieux que la stérile et coù-
tase assemldée annuelle des milices;
Car, ayei des paysans vigoureux, les-
lea, déjà accoutumés au bruit des ar-
abes et à les manier; ayei, en même
temps, une bonne discipline et des
^Bders, vous formerez bientôt des
«116010. Qn*on ne croie pas, au reste ,
^la'iine révohition pareille, dans les
«sprita et dans les mceurs, devint fu-
^^MSle ni k ragriculture ni à la tran-
faillite du royaume. Une nation, ainsi
OMMifuée, n*en smiit que plus portée
et'phis endurcie aux travaux. Ce sont
les peuples laboureurs qui sont les plus
jiuerriers. Qu'on bP rappelle les Ro-
mains dans leurs beaux jours ; qu'on
voie les Suisses. L'État y gagnerait la
réforme d'une partie de ces armées
nombreuses qu'il entretient sur pied.
Lorsqu'un pays entier .est militaire, an
premier signal, tous ses habitans sont
seft défenseurs. Quant à la tranquillité
publique, elle n'en serait que plus as-
surée ; l'histoire le prouve. Où se for-
mèrent la fronde et la ligue? Dans Pa«
ris, au milieu de cette populace Uiche«
corrompue, avide de nouveautés , qui
habite les villes. L'habitant de la cam-
pagne, occupé de sa culture, attaché à
l'espoir de sa récolte, chérit hi paix et
les lois qui la lui donnent IHsons-Ie
enfln, jamais la crainte des révolutions
ne doit, en pareil cas, arrêter les opé-
rations de la saine et sage politique ;
lesgouvernemens ne les redoutent que
quand ils sentent leur faiblesse ou leur
injustice.
Si l'on ne veut pas que le royaume
entier devienne une école de travaux
et de guerre, il faudrait du moins que ,
lorsque les soldats sont enrôlés , les
exercices de corps fissent une partie
considérable de leur instruction. Il est
étrange qu'uniquement dressés à ma-
nier un fusil, et à garder pendant trois
heures des attitudes pénibles et con-
traires au mécanisme du corps, Ib
n'aient, quand la guerre arrive, aucune
habitude des travaux qu'elle exige.
Aussi une marche tant soit peu forcée
les étonne; un ruisseau les arrête;
quatre jours de pionnage les rebutent.
Si l'on me dit que nos exercir^ actuels
les occupent déjà assez, je répondrai
que c'est parce que nos manœuvres
sont compliquées, nos méthodes d'ins
truction mal entendues, notre préten-
tion de précision et de perfection, sur
beaucoup de points, minutieuse et ri- '
dicule. Je répondrai que la preuve que
nos ^oldats ne sont pa$ assez occupés;
3M
POUTIQDB.
c*est que , ponr remplir , dit-on , leur
>, temps, on les surcliarge de règles de
-discipline Inquiétantes et odieuses;
c'est qu'on a crié une tenue qui leur
fait passer trois heures par jour à leur
toilette, qui en Riit des perruquiers*
des polisseurs , des vernisseurs , tout ,
en un mot, hormis des gens de guerre.
Et que résulte-t-il de cette vie fainéante
et pourtant pénible, de ces travaux qui
se font la plupart assis et à l'ombre?
C'est qu'un soldat, qui a servi pendant
dix ans, ayant perdu toute souplesse,
toute aptitude aux travaux do corps,
est contraint de se faire artiste, laquais
ou mendiant. Qu'arriverait-il de l'é-
changé de ces occupations firivoles en
travaux durs et pénibles ? C'est (|u'un
laboureur serait plus propre à être
soldat ; (f est qu'un soldat, quittant ses
travaux, reprendrait sans peine la bê-
che et la charrue.
La misère de nos soldats est une des
principales causes de l'avilissement de
cette profession. Dans la phipart des
garnisons du royaume, ils n'ont pas
de quoi se nourrir. Il est incroyable
par quelle complication de petits dé-
tails, de moyens parcimonieux el abu*
sifs, les chefs des corps sont obligés de
suppléer à la modicité de la solde.
C*est avec six sous huit deniers par
jour que le roi paie, habille, équipe et
nourrit un soldat ; c*est avec trois sons
par jour qu'on hii donne, les retenues,
pour ta masse d'habillement, pour ceK
Te de finge et de chaussure, pour k
livre et demie de pain, souvent d'une
qualité très médiocre, ayant été pré-
levées, que ce soldat e&t obNgé de
pourvoir à sa subsistance et à son en-*
tnrtien joumalf^sr. C'est avec cela qu'il
but qu'n soit poudré, ciré , vernissé ,
en un root, sans trou ni tache. C'est ce
soldat, allrislé de son état, fatigué dtr
(c> qU'op f sige de lut, ciichainé par h
discipline, surchargé dans seti caserai
d'une infinité de petites règles
nastiques, nécessaires sans doute^
que son attachement à sa profèssioB
pourrait seul lui faire supporter ; c'est
cet homme, souvent «iténué par um
modique nourriture, toujours réduit à
boire de l'eau, privé de toute espèee de
divertîssemens, humilié par rinsoleole
fainéantise de la livrée, par le mé|iris
du dernier bourgeois, par la dépensa
que le plus pauvre artisan fait pour sa
récréation, les jours de dimaaebes et
de fètea; c'est ce soldat, n'ayant aa>
dessous de lui, dans la classe des mat*
heureux, que rhonune manquant de
tout , ou ce journalier de nos campa*
gnes, qui partage avec sa famille a»
pain trempé de sueurs et de lannea;
cest lui qui doit défendre la patrie^ et
verser son sang pour elle ; c'est de loL
qu'on a l'injustice d'exiger de Tho»^
neur et des vertus ; et nos fimtiHtatioM
militaires se bouleversent depaia vm
siècle, sans qu'on remédie à ce vîca.
primitif, sans qu'on veuille sentir qu'a-
vant de discipliner et d'instnâre dea
troapes, il faudrait leur donner de la
considération et les nourrir.
Chaque classe d'hommes, cluMpie aa*
tion a sa démardie conuoe sa physio-
nomie. Qu'on voie mareher um BMipia
ou un AHemaad , ua Holiaadaîa ou aa
Provençal, ou honune élevé daas lei
villes o« ua haUlaat de la caai-
pagne, a» bhourear ou un artiala,
on recomiaitni eea difféceacea; on aa
apercevra jasqM dans la marche de
deux fipères n^dans h aataseclûaat af
élevés dans le oième métier : i*uo baîa-
sera la pointa dapied. L'autre marchera
du talon-; l'un mardMm pesanauBt
et lentement, Tantre avec lâgèrateat
vitesse, effets înfMKibiea di^ la diflé-
rence de leury eonslîtiilions , de ceike
de leurs <!sraelèn;», et ihi pli aiatiiifial
SCIBHCK mUTAlAE.
i pirticttlier de iuouvement que leurs
auront contracté dans l'en-
II D'y a qu'un seul point sur le-
Ml le nnécanisme de la «larche s'o-
n nmUaUeoMBt cbes tous les
HBaet. Tottft accompagnent de leur
ipa to tranaport da la jambe , tous
aftant alternativement le poids du
rpp aur la jambe qui est à terre , et
MBt, eo fliAme temps qu'ils posent
Ile jambe à terre, le pied opposé qui
•lanBer le seeond pas.
Toates les fois que les bataillons se-
nt rénnia, toutes les fois qu'ils eier-
vaot en terrain libre et ouvert, il Euut
t0 les tambours et la musique aecom-
((■eut leur marche et leurs raouve-
Ma; il le faut à plus forte raison de-
nt rmiiemi ^ ou l'ame du soldat a
a phia besoin d'être é<'hauffée et
ntonuc. ic désirerais pour cela que
m ÉMlrwnens fussent plus sonores,
aa édetana, que le rithnae de noire
nriqm Mt pin» vif, plus serré, plus
nplé à In difiérence des circouslan-
nntdeanKHivemena; qu'il y eût, par
enqilaf deaak&eonsaerésau combat,
aia à In gnerre et pendant les conv-
petite quantité, qui n'étaient chassé<)
qu'à bras ou par Faction d'une iiorde ,
moteurs faibles, incertains, suj(*ts à
inconvénient et à déviation, a\ec cos
petits globes de métal que le soldat
peut porter en grand nombre, et qui
sont forcés à suivre une direction pres-
que certaine, par la forme de ces tubes
cylindriques dans lesquels ik sont com-
primés, et par la force de ce fluide in-
flammable et élastique que le duban-
dement d'un ressort anime et met en
action avec une vitesse incroyable?
Veut on une preuve de la supério-
rité de nos fusils sur toutes les armes de
jet, comme frondes, arcs, javelots lan-
cés à la main, etc.? c'est l'empresse-
ment avec lequel tous les sauvages du
nouveau monde ont quitté ces derniers
pour adopter nos fusils, malgré l'in-
convénient du bruit, qui cependant en
est un réel , même pour des hommes
dont la chasse fait toute la nourriture
et l'occupation.
Il faut beaucoup de temps pour for-
mer un bon cavalier. Ce que j'entends
par un bon cavalier, ce n'est point un
homme exercé a manier son cheval
taaenlenwnl; des airs dont alors les i avec grâce et adresse, ce n'est point un
idnlntions taisent au plus haut degré écuy cr ; c'est un homme robuste , place
et de véhémence. Nos or- à cheval ainsi qu'il doit l'être, rclative-
raient-ib changé? La musique ment a la structure de son corps et a
dégénéré? Se serait-elle | la facilité la plus grande de le gouver-
llllin* afiEsibliet On bien doit-on ner, le gouvernant et le dirigeant à son
de iaUe on qpe l'histoire rap- i gré ; mais plutôt par l'éperon et le poi-
ce TinnUién, de cet air pbry- gnet, plutôt par son étreinte et son as-
iiipifr^ formait les peuples de laCirëce siette vigoureuse, que par les aides et
aux armaaî toutes les finesses de l'équitation ; c'est
l^ii'nsi pas deuteu , je croîs, que nn homme intrépide à cheval, et qui,
derjpt, ea considérant nos moins instruit que brave , n'imagine
telsir ne-snient iuiiniment rien d'impossible pour son cheval el
pirienres à cieUet' des anciens, tant \ pour lui ; c'est avec cela un homme qui
tangmrardd la portée, que penr
..Qnell» différence, en effet,
tnaits kMvds, embarrassans, que
aime son cheval, qui le soigne commis
un fantassin doit soigner son fusil : qui
connaisse tous les détails joumnliers
a^at nei pouvait porter nu-eni nécessaires à sa conservation ; aui ait
392
fOLlTlQCB.
fail plusieurs campagnes, et qui, par
conséquent , familiarisé avec les com-
bats, les fatigues, les accidens, ne soit
étonné de rien. Lorsque dans la guerre
fabuleuse des Centaures, les Grecs par-
lentde ces in^épides Chiron, Orion et
autres, à la tète chenue et aux jambes
infatigables , c'étaient sans doute de
vieux cavaliers thessalîens, montés sur
des chevaux vigoureux; c'étaient des
cavaliers tels que le mien qu'ils vou-
laient peindre. Une partie de notre
et sans expérience , ne peut se com-
parer qu'à déjeunes élèves de Dugnast
rassemblés en escadrons.
C'est, ce me semble, une étrange
rhose, et qui porte bien Tempreitite du
caractère national, que le système
d'après lequel nous travaillons depuis
six ans à former notre cavalerie. Elle
était dans l'ignorance et enchaînée par
les vices de sa constitution; elle ne
pouvait faire un pas pour en sortir. La
paix de 1763 se fait; le gouvernement
chan ge cette constitution et en substitue
une, si non parfaite, du moins propie
à l'essai d'une instruction, et à l'encou-
ragement de l'émulation. Oo dit an
gouvernement, et on lui dit avec rai-
son, que le grand vice de la cavalerie
française est le défaut d'instruction ;
qu'elle ne sait pas manier ses chevaux;
qu'avant de dresser l'escadron , il faut
dresser le cavalier. Le gouvernement,
frappé de cette vérité , ordonne qu'on
construise des manèges, appelle des
écuyers, jette un coup d'œil favorable
sur tous ceux qm' apportent du zèle et
de l'aptitude aux institutions nou-
velles. A l'instant toutes les têtes fer-
mentent; les villes de guerre, les quar-
tiers se remplissent d'écoles d'équita-
Uon ; il n'y a plus de bons officiers que
ceux qui manient un cheval avec
adresse , les vieux cavaliers n*ont ni la
souplesse nlia grâce qu'on exige; il
faut les renvoyer, il faut en user de
même à l'égard des anciens oflden.
On dirait que toute la science de la ca-
valerie s'apprend dans la pomière àm
manèges. Cependant, ao milieu de
cette effervescence, les prindpes de
l'équitation ne sont ni poîés* ni recon-
nus ; on les discute , on les change.
Deux systèmes différens partagent les
opinions, sans compter nombre de pe«
tites éducations particulières imagi-
cavalerie, bien tenue, mais sans barbe nées par les chefs des régimens. Les
années passent, les chevaux seruineol,
les cavaliers sont excédés, on fomne
dans chaque régiment quelques ofB-
ciers écuyers, et dix ou douie cava-
liers (sous-officters dans une acadé-
mie ) créats : notez que ces denûers le
sont à'peine, qu'ils désirent leur congé
pour aller se faire piqueurs en France
ou chez l'étranger. Dans les régimens
les plus avancés, on met dnqnnite ou
soixante hommes par escadron en état
de manœuvrer , on forme les autres
successivement, mais aucceisivenient
aussi l'engagement des lionmies for-
més est à son terme ; des recrues leor
succèdent, des chevanx neufii rempla-
cent de même les chevaux dressés el
ruinés , chose devenue synonyme par
les travaux établis dans les manèges.
Bref, dans cette fluctuation continuelle
d'individus et de principes , dans ces
écoles outrées de détiH et de précisiott^
tout se consume, les hommes, les die*
vaux , et ce qu'il y a de phn prédenx
encore, le temps de la paix« ce temps
fugitif et irrévocable qui devmdt être
employé à rassembler degrMdscaoïps,
à exécuter de grandes manwiiwn el
à étudier leur résultat
Eh ! dirait la raison à toes ces insti-
tuteurs modernes, si la raiSM était ap-
pelée k leur coiaseil, qnd est votre
but? Notre but est de sorth* de ili
SCIBHCB MILITAIRE.
nnce, puiiqae tonte l'Europe s'é-
claire; 7otre but est de rendre la cava-
lerie majioeavrière, et pour cela d'éta-
blir des écoles.*. «. D'accord, mais
If ant que d'établir des écoles , cher-
chons la Yérité, posons des principes.
Vous avez, je pense, songé que vos ca-
valiers sont ou doivent être , en plus
grande partie, des paysans bien épais,
bien grossiers , et par conséquent bien
sourds à toutes les recherches d'un art
rafOaé. Vous avez réfléchi, sans doute,
que votre constitution vous oblige à
congédier tous les ans le huitième de
c» cavaliers; qu'il en meure, qu'il en
déserte tous les ans quelques-uns;
qo'en temps de guerre ces deux bran-
ches de consonunation s'accroissent
considérablement; vous avez fait le
même calcul pour les chevaux; vous
saurez donc qu'il faut , pour vos cava-
lière et pour vos chevaux une instruc-
tion prompte, simple, et qui les mette
le plus tAt possible en état d'entrer
dans l'escadron. Maintenant, messieurs
les instituteurs , vous prétendez que
réquitatioQ est la base indispensable
do cette instruction; mais de quelle
f'spèce d'éqnitatton parlez-vous? Si
c'est de cet art qui, à force de vouloir
rendre un cheral agréable et souple,
loi fait la bouche délicate, les aides
fines et les jarrets tremblans; si c'est
de cet art par le moyen duquel vos
jeunes gens , placés de très bonne
grtce, ne savent pas au bout de deux
ans maîtriser un cheval, gardez ces le-
çons pour les manèges ; elles ne con-
viennent ni à l'espèce de nos cavaliers,
m à celle de leurs chevaux , ni au
temps qu'on peut employer à leur
éducatiou; gardez-les à plus forte rai-
ttn , si vous n'êtes pas d'accord sur
^ vos principes ; si chacun de vous veut
asseoir le cavalier et mener le cheval
à sa manière, f $ soutenant cependant
que ses principes sont les meilleur!» ;
car je ne puis croire que ce soit d'unt^
main, d'une jambe placée de telle ou
telle façon, que dépende entièrement
la conduite du cheval. Vous croyez l'é-
quitation très perfectionnée en France,
vous la croyez fondée sur des principes
certains ; je ne vois pas qu'en France .
les écuyers soient plus hardis et plus
adroits, je n'y vois pas leurs chevaux se
remuer avec plus d'aisance et se fati-
guer moins. Votre prétendue bonne
grâce est affaire d'opinion. Quatre
mille ans avant vous on montait à che-
val avec des principes différons. Les
Scythes, les anciens Numides, les Mau-
res d'aujourd'hui , les Turcs actuels .
tous ces peuplés que la nature fait ca-
valiers en naissant, sont assis sur leurs
chevaux et les manient autrement que
nous.
Quelques-unes de ces nations ne
connaissent pas l'usage de la bride et
des harnais; encore aigourd'hui la ca-
valerie de Maroc et d* Alger a des selles
plus courtes et plus légères que les
ndtres ; des étriers très larges et très
courts ; elle galope le haut du corps en
avant, les genoux relevés , les jambes
raccrochées, de manière que le talon
appuie légèrement au flanc du cheval.
Voyez les Anglais qui , cependant ont
les meilleurs chevaux et les plus har-
dis piqueurs de l'Europe, les Espa-
gnols, qui ont les chevaux les plus 6ns,
la cavalerie prussienne qui, pour n'être
pas la meilleure de l'Europe , est ce-
pendant la seule qui soit manœuvrière,
cespeupIesn'ontnivotreassiette,nivos
principes. Tous sontseulement d'accord
sur un point dont vous ne convenei
pas ; c'est qu'il faut étriver (placer Té-
trier) très court et mener dans un es-
<;adron les chevaux par la rudesse et
par la vigueur, pluidt que par art et
par principes. EnSn messieurs , cott^
. »•/■ •-•*
39&
POUTlQlift.
thierait la raison, vous n'avez pas, de-
puis six ans , achevé l'éducation d'un
régiment entier. La moitié de la cava-
lerie du royaume furt encore les talons
et change de main dans la poussière
Jes manèges. Portez ailleurs votre
lente méthode, votre bonne grflce,
votre théorie raffinée ; elles peuvent
être le fruit de beaucoup de médita-
tions, mais je ne m'en servirai pas ; car
je veux des cavaliers et non pas des
écuyers.
On a long-temps fait la guerre sans
cette espècede troupes que nous appe-
lons aujourd'hui troupes légères; car les
armés à la légère des anciens ne leur res-
semblaient en rien, ni par leur constitu-
tion, ni par l'usage qu'on en faisait ; ils
étaient vêtus plus légèrement que les au-
tres troupes, ils étaient armés différem-
ment, ils étaient composés d'une autre
espèce d'honmies , ils faisaient cepen-
dant corps avec les pesanunent armés,
ils marchaient avec eux, combattaient
avec eux, faisaient en un mot partie
de Vordonnance de combat. Nos trou-
pes légères, au contraire , sont armées
et habillées comme nos autres troupes ;
elles soûtcomposées de la même espèce
d'hommes; mais elles ne font point
corps avec elles ; elles ont un genre de
guerre et des fonctions séparées. Un
jour de bataille elles ne se mettent
point en ligne ; elles ne sont presque
comptées que comme hors-d'œuvre
dans la disposition générale. Les Par-
thes, les Numides, les Thessaliens,
cette cavalerie si légère et si vantée
I dans l'histoire , ne peuvent pas non
plus se comparer à nos troupes lé-
gères, puisque c'étaient des nations
entières ainsi constituées, habituées
à ce genre de guerre, de vitesse et
de désordre, et n'ayant point de trou-
]>es d'une autre espèce : tels sont en-
core aujourd'hui les Tartares de Cri-
mée et quelques peuples de la cAte
d'Afrique.
Comment faisaient donc les anciens
pour avoir des nouvelles , pour faire
des courses, pour se garder contre les
surprises , pour remplir tous les objets
dont nous avons aujourd'hui assigné
l'exécution aux troupes légères? Cette
question est trop intéressante, trop
propre à jeter du jour sur la grande
partie de la guerre , pour que je ne
cherche pas à la résoudre.
Les anciens avaient un autre genre
de guerre que nous; ils faisaient en
général moins de marches et moins de
mouvemens; fls étaient retranchés
dans tous leurs camps; ils avaient
pour principe de se tenir toujours le
plus près possible de l'ennemi. En
étaient-ils éloignés? Comme leurs
camps étaient des citadelles, ils avaient
moins besoin de postes extérieurs;
dans ces camps étaient à la fois lears
arsenaux , leurs magasins , leurs ate-
liers de toute espèce ; ils avaient soin
de les asseoir é la portée de h mer,
d'une rivière, d'une ville ou d^nn grand
entrepôt fortifié. Voyons , pour nous
donner une idée de leur conduite à cet
égard, la belle campagne de César en
Afrique ; il n'avait que des légions , et
il faisait la guerre contre une multi-
tude d^Afiricains, bien autrement ha-
biles que nos troupes légères à harte"
1er, à mquiéter , à couper êe» subsis-
tances. Les anciens se raedafent-rfs
en marche? Ils* détachaient k leur
avant-garde, c'est-à-dhre à un quart de
lieue ordinairement, ou à quelques
stades tout au plus dans les pays ou-
verts , ce quHs appelaient des cou-
reurs ; c'étaient des hommes armés à la
légère, tiilSs des légions , et propres à
ce A^rvice. Cela suffisait parce que leurs
armées, peu nombreuses, et rançéef
iur une ordonnance à lignes redou
IQEIICB mOATMÀME
bMei. passaient pr^Hoptement de Tor-
lire de laarche à celui de combat.
Êtaieût-ib dans le cas de faire im dé-
taihement? Ce détachement était
mwposé « oa de gens tirés des lé-
pOM^ oa mène d*une ou plusieurs lé-
|iaM* Je parle de la milice de Rome
laMB aca beau jours ; car ensuite eHe
léstoéra; elle eut des équipages im-
\^ une grande quantité de ma-
99i
on chercha, soit pour profiter de cette
immensité de troupes, soit pour trou-
ver phis de facilité à la nourrir, à em-
brasser par les opérations militaires
une plus grande étendue de pays. On
fit beaucoup de détachemena, en eut
de grosses réserves, des corps particu-
liers. De là , longues et difficiles com-
munications; magasins empiacés sur
plusieurs points ; nécessité , au milieu
chiBet de guerre ; elle quitta ses ar- | de ce morcellement, d*être éclairés au
défeoaiveifiieseretranclHfplus, | loin pour avoir le temps de se rassem-
bler, et d'opposer comme au& échecs,
mouvement à mouvement , et pièce à
pièce ; nécessité de couvrir ces lon;;ues
comnranications et dlnquicter celles
de Tenoemi. Ces objets firent naître
ridée d*avoir des corps de troupes pri-
vativement destinées à les remplir.
Quelques officiers, revenus des guerres
de Hongrie, avaient vu les troupes ir-
régulîèrea turques et hongroises; ils
avaient amené quelques cavaliers de
cette derni^e nation. Ce fut ce qui
doima au maréchal de Luxembourg
ridée de lever en 1603 le premier ré-
giment de hussards qui ait paru en
France* Ce régiment se nommait
Mifriagnù Ensuite le maréelial de Vil-
larsenfit lever un second, et Télecteur
de Bavière en donna un troisième au
roi ; ainsi, dans le siècle précédent , le
maréchal de Brissac, faisant la guerre
en Piémont, avait imaginé les premiers
dragons (1). Je cite ee qui s*est fait en
avec des milteea de toutes les
prfiaaea de l'Empire $ et alors il lui
bÊÊà de rbfaBterie barbare et de la
r w#eiie Mgère , pour faire la guerre en
liant d'riiBv ponrgarder ses camps; Ton
nilce^ et» résulta , b honte des ai-
llea romainea et la ruine de TEmpire.
QMttd Gustave et Nassau rétablirent
'art fetatntaire en EtMpe, il ne leur
rM pia dans l'idée de créer une es-
lèeede trot^Mpaificuiières pour faire
a pÈlBtn êb atant d'en , et pour veit-
dr à in Mreté de leura armées. Ils se
DOttdiihireiit oonme léa anciens, ils
a'eiÉreiit point (farinées nombreuses,
Bb event peu d'atUMIs de guerre et
f dfoipagea, pur eoùséqdent moins de
BUgaslftn . moins de convois, des com-
■HicatioDa moins longues et moins
dMIcilea. Ces principes subsistatent, à
baMfctèup d'égaida, du temps de Tu-
itMne. Ge grand homme préférait de
tflaamdBder de petites armées; il avait
nfeMleftte matlme de se tenir le plus
^Til pevfèlt à la portée et à la vue de
nMemî ; B fMsait ped de détache-
MH. il he ttofteiait pas son armée ,
il II Maritt rmduer en entier ; aussi ne
iANni lias qu'il ait imaginé dé créer
et troupes légères. On ne commença
kM f eir qu'apcès lui. Alers les armées
AivinrerJVprodigieusemeht plus nomr-
Yeuses 'et plus chargées d'embî^rras ;
la manière de faire la guerre changea; ctoiem kun cbf f .«^ ■!. u* é ii-ux
(t) lA» Eftpagootofarenl lef premien qui imt-
t ère ni lef Français, et bientôt toutes les autres
puissances leyèreht sin'ressivcriiéht des dra-
gons. Ces dhàgnos du msMehftl de BrissM
ëlaièdi profiMtieni de rinfantèrie à cheval; ilf
coiiserférent pendant qudlque temps k mous-
quet et la pique. On leur donnait de mauvais
che\aux afin que la perle Tût moins grande
qoand ils leraienl oi>li04s de les abandonner Ih
ne poruîent ni bottes ni «pert>h<, et Mrsqu Ils
metiaienl pied a fenc !>our conibaiirf Wt aiia-
^^v
MUflQDB*
France parce qa*alors la FraDce com-
bat hit contre rSurope, et que, malgré
ses malheurs dans la guerre de 1700,
c'étaient les règlemens et les institu-
tions de son militaire qui donnaient le
ton à l'Europe. A ces hussards et dra-
gons se joignit bientôt l'usage des
compagnies firanches. Louis XIY en
entretenait un assez grand nombre.
C'étaient des compagnies , levées par
des officiers suisses et non avouées par
les Cantons, qui faisaientcette sorte de
service , et l'on voit dans l'hisfoire de
ce temps là, que ces compagnies, peut-
être plus utiles que nos corps de
troupes légères actuels, faisaient des
coups bien plus hardis. Il eût sans
doute été heureui qu'on s'en fût tenu
là ; on s'y tint pendant la guerre de
1733 , mats il n'en fUt pas de même
dans celle de 1740. L'héritière de
Charles VI fut obligée de se jeter en-
tre les bras des Hongrois ; alors paru-
rent en Allemagne les peuples de ce
royaume , les Transilvains , Croates et
autres , milices irrégulières et indisd-
plinées, que la maison d'Autriche n'a-
vait jamais tenté d'appeler dans ses
armées, soit par politique, soit parce
qu'elle ne s'en sentait pas aimée. Les
généraux de Marie-Thérèse en disci-
plinèrent une partie; mais, désespé-
rant d'assouplir tous ces hommes à
demî-Muvages à la règle oonunune, ib
tolérèrent que l'autre partie continuât
de servir selon son génie et ses habi-
tudes. Marié-Thérèse étant consolidée
sur les trônes de ses ancêtres, conserva
sur pied ses fidèles Hongrois et Tran-
silvains qui, plus tard, parurent pour la
première fois en Vlandre et sur le Rhin.
Les ignorans affirmèrent que cette
milice, dont la destmation est de har-
celer san^ ceaae les avant-postes et les
r^iand'-gardes, avaient détruit nos ar-
môc^ do nohémp pI rie Bavière. Il eût
été plus exact de dire que nos armèsi
avaient été victimes du climat et de
nos propres fautes ; on dit qu'il CdM
leur opposer des troupes à peu prti
semblables. Le maréchal de Saxe Oi-
ganisa des ulhans ; on leva des ré||-
mens qu'on nomma /rotipff %#«•
A l'autre bout de l'Europe , le roi de
Prusse augmentait aussi, dansle mette
temps, ses hussards et ses dragooi
pour faire face aux arrièr&teDS de
Hongrie ; ainsi se termimi ia guerre de
17^0. Dans celle de 1756 , cette «f-
mentation réciproque de troopet 1^
gères a été poussée phis loin encan.
Car, dans toutes nos oonstitotioDS ssm
principes, tout se fait par imitatkn et
par engouement Telle est enfin ai»
jourd'hui en France la situation dei
opinions sur cet objet , que beauoiNip
d'officiers osent avancer que les trou*,
pes légères sont les corps lea pliia iij^.
portans et les plus utiles d'une, armée;^
qu'il faut les nûutiplier, les rendre ah.
périeures en nooîbre et en bonté à.
celles de rennemi. Il semble, i les en:
tendre, que ces corps soient l'épole de
la guerre, que ce ne soient qu'eux qui
la fassent ou la doivent faire : étrange
prévention que celle qui peut confoih;,
dre aiqsi la pratique de maniw quet;
ques troupes, d'édairer un pays, fifi,
faire quelques expéditions hardies*!
d'engager et de conduire nn petil-
combat, avec la science immense nt
phisqu'humainederemuerune «ranée»
de donner une bataiUe, de créer et.dHi
dirige le plan d'une campagne; prt?w
tion dont les suites pourront fooMT
quelques bons chefs d'avantrgardt,
peutnfttre même quelques bcas lieufair.
nans de généraux, mais certainement
jamais des hommes du premier genre«
comme les Turenne et les Luxem-
bourg.
Sans doute il ^ut qu'une armée s'é»
iCISHCI MIUTÂIJUK.
dM9e« tomrm §M ooirtMinications ,
hareelle reoDemi ; mais n'y auraitr-il
fsi un syiCèiM de gaerre par lequel
M rendrait tontes ces opérations moins
eompIiqnéesT Ne pourrait-on pas em-
ployer ï la ploa grande partie de ces
opérations ce que nous appelons des
troufieB régulières? Enfin, en admet-
tant qu'il faille entretenir des corps de
IroufieB, prÎYativement destinées à les
remplir, la constitution qu'on donne à
ees oorpa, et particulièrement celle
qu'on leur donne en France, est-elle
la meilleure et la plus avantageuse ?
Lm machines de guerre des anciens
étaient incommodes et de peu d'effet.
Noire artillerie est plus simple, plus
ingénienae, plus facile à mouvoir ; son
eiécntioo est plus certaine et plus
meurtrière. Quelques militaires ne sont
pu de cet avis ; mais comment oser
comparer des machines qu'on ne pou-
^t mettre en jeu qu'à force de ver-
f im, de treuib, de moufles, de corda-
ges, ides armes d'une manœuvre nisée,
et qui, par Tinflammation subite de la
pondre, dussent des mobiles plus pe-
sana et |dus destructifs ; des machines
dont les montans et les bras donnaient
lant de prise aux batteries opposées ,
à dm armes que Ton peut rendre pres-
que inaccessibles aux coups de l'en ne-
an; des machines dont le tir n'était
pm hantontàl^ dont la plus grande
étendue de portée était au-dessous de
la moyenne portée des ndtres, dont la
ffeGtitude de portée était bien plus im-
pirfiaite; des machines qui permet-
taient qu'une place se défendit plu-
ûenra années, et que des tours de
diarpente d'une élévation prodigieu-
se snbaistasaent devant elles plusieurs
jours, i des armes qui, tantôt sous des
angles de projection élevés, lancent
leon mobiles à des portées inouïes,
i|Qi, tentât sous des angles moins sen-
sibles, chassent res mobiles horiionta-
lement , battent de but en blanc des
terrasses énormes, les détruisent en
peu de jours, enfilent des prolonge-
mens, les ricochent , empêchent l'en-
nemi de s'y maintenir, et finissent en-
fin par détruire toutes les places qui ne
sont pas délivrées par des secours du
dehors, ou par les fautes de ceux qui
les assiègent.
Qu'on ne conclue pas de là que la
science de l'artillerie soit arrivée au
point de perfection où elle peut at-
teindre. Bimensions des pièces, cons-
truction des affûts, effets de la poudre,
jet des mobiles, portée de ces mobiles,
presque tout, sur ces différons objets,
est encore système ou erreur. Il y a
peu de principes dans cette science qui
ne soient contestés. Plusieurs points
de première importance sont en(*ore
un problème, et le seront peut-être
long-temps. On ignore quels sont les
effets de la poudre ; jusqu'à quel point
elle agit sur les mobiles qu'elle chasse,
soit relativement à sa qualité , à sa
quantité , à la manière dont elle est
employée, aux impressions que l'air
fait sur elle, soit relativement au mé-
tal, à la longueur et à l'épaisseur des
pièces. On ignore la quantité de force
motrice par laquelle les mobiles sont
chassés, et la diminution successive de
vitesse qu'ils éprouvent par. la résis-
tance plus ou moins forte de l'air. La
théorie de la balistique est encore m-
certaine; on a cherché en vain jus-
qu'ici une équation générale, qui, dans
tous les cas, déterminât la courbe dé-
crite par le centre de gravité d'un corps
sphérique projeté en Tair. On n'a que
des tables approximatives des portées
de but en blanc primitir. lÀ où In poin-
tement du but en blanc primitir n'a
pas lien, il faut le faire par estime et
par tâtonnement, air^i que c'était Vi
iHiurigfttL
ôenne méthode, ou avec le coin de
aûre« ou bien par le moyeD des hfiuft-
ses et dei visières moûies, oauveUe
inveotioD trop conq^qnée, trop peu
solide peut^tre, et qui exige une théo-
rie prAtiqiue et des précautions qu'on
ne doit pas attendre du soMaft, surtout
au milieu du tumulte et du danger
d'un combat. On voit qu'il y a loin de
tout cela à la perfection de Tart II est
donc apparent que le temps, que les
connaissances mathématiques qui se
répandent, et font de plus en plus fer-
menter les esprits chaque 4<>ur, pro-
duiront des découvoies nouvelles, et
que ces découvertes amèneront de
nouveaux (wincipes. Puisse seulement
le gouvernement eidter le génie sur
cette importante branche du militaire
comme sur toutes les autres, et en
même temps contenir l'inquiétude des
novateurs, ne pas rejeter sans examen,
et ne pas adopter sans épreuves ! Puis-
sent les épreuves qu'il ordonnera n'ê-
tre pas ce que j'ai ouï dire qu'elles
étaient trop souvent, des assemblées
dont le résultat est connu avant qu'el -
les se tiennent, soit parce que l'au-
torité des officiers qui y président en-
traine et couvre toutes les opinions,
soit parce que chacun y apporte sa
prévention plutôt que son jugement ,
et l'avis qu'il veut conserver plutôt que
l'impartialité qui fait qu'on veut voir
avant de juger.
Je ne vois pas, sans frémir, les dis-
positions de notre nouveau système
d'artillerie relativement à la formation
de l'équipage de campagne d'une ar-
mée. 11 est réglé que chaque bataillon
aura à sa suite deux pièces de canon
de quatre , et qiu'indépendamment de
cela, \e parc de l'artillerie sera com-
posé sur le pied de deux pièces de ca-
non par bataillon ; donc une armée de
oent bataillons traînera à sa suite qua-
tre cents piècM de ça»». Ces qmlia
cents pièces de canon exégereut deix
mille voitures pour le trauipert i»
munitions, outila^ eflMs de
pontons et astras attifuOi
Voilà deui mille quatre œntf «t
faisant au moins neuf mille six
chevaux ; voilà plusde deux mUMiar-
retiers-coadttctmm, gardes d'avttlirie,
capitaines de charrois^ etc. Ndiauqm,
vu le mauvais état de «oa haiWi «
chevaux a'aehèteiit presque ébus ta
Suisse ou eu Allemagne ; qu•ce8cki^
retters sont tous des paysaoa rohMitM ,
vigoureux, enlevés à l'agriouiÉuna eti
la population. Il faudra^ pour le s»-
vice de ces quatre cents piècea, à lë-
aon de douse canonniers uu aervMS,
l'un portant l'autre, par pièce, enfàran
quatre mille soldats, non cmnipii ks
officiers. Que le roi ait phiaieiirs SH
mées sur pied, comme le» limoualaa
ees ne peuvent que trop soufoal Kaari-
ger ; qu'il faille attacher de rurtîHarie
à ces armées dans la même pruportiau,
qu'il en faille garnir les pli
cées, les côtes, les porta, les vi
voyex l'énorme quantité decanona, de
charrois, d'embarras; voyui le né-
neux entretien de tant d'attiruila. Car
si l'artillerie augmente si prodigieuBa
ment dans les armées, elle a'aoarailra
de même partout ; parlmit ou
en elle sa confianoe unique; ou
quera plus, on ne défendra phm Im
places que par le canon; o» wm croin
plus ses côtes en sAreté, quu qund
elles seront couvertes de batterica. Il
en sera sur mer comme sur terre; Im
vaisseaux ne se joindront phis, ils ne
se battront que par leur artiUerie Que
seront, pour remplir tant d*oh}ela, huit
mille hommes d'arUierie que le eei
^entretient aujourd'buiT H faudra ou eu
doubler le nombre, ou, ee que Tou ae
propose dans le nouvwu a|iièie, f
SCIBHtt IÉTtiTt*AfliB.
'S^
nppifter par des liatilllons de milice
qu'on altaehera à ce senrice. Peut-on
tt flatter alora qne dans un corps aussi
nombreux, il y ait la même instniction
rt les mêmes lumières? Peut-on espé-
rer que la plus grande partie de ce«
bouches è feu ne sera pas manceuvrée
perdes avens inexperts et maladroits?
Frat*on Toir, sans gémir sur remploi
/ malentenda des hommes , la même
quantité de soldats, qui, du temps des
Torenne et des Gustave, composait
«enleune armée, ne servir aujourdliui
qu'à fa manœuvre des machines de
«nerre d'une de nos armées.
Quel fruit retirera-t-on de cette
♦Tïorme quantité d'artillerie? SI Ten-
nemi en a dans la même proportion ,
voilà , de part et d'autre , les armées
difficiles à mouvoir et à nourrir^, voilà
toutes les actions de guerre réduites à
des albîres de poste et d'artillerie ; les
marches, à quelques transports lourds
et rares d'une position à une autre po-
sition peu éloignée ; toutes les opéra-
tions subordonnées à des calculs de
subsistance. Dès -lors plus rien de
gnnd, phis de science militaire. Si
l'ennemi, plus habile, ose s'écarter de
Topinion reçue, et n'avoir que cent
cinquante pièces de canon avec une
année égale de cent bataillons, tous les
avantages seront de son cêté. H com-
binera en conséquence la formation et
hnatare de cet équipage d'artillerie.
Il n'aura point ce que nous appelons
des pièces de régiment, parce qu'il
ealeulera que ces pièces n'ont pas des
portées asset longues et assez décisi-
ves; que dispersées et formant de pe-
tites batteries, elles ne remplissent
(i)Diiitle aoufcm lyilèiM» oa ta prepoM
point de grand objet ; que commandées
parles oflRciers d'mfanterie (i), qui la
plupart n'ont aucune connaissante de
f exécution de fartiHerîe, elles ne
soient souvent mal emplacées, et con-
somment inutilement beaucoup de
munition. Par la même raison que les
petits calibres sont de peu d'utilité, Il
aura moins de pièces de pare de quatre
longues; il en aura, je suppose, cin-
quante seulement; les autres seron
toutes du calibre de huit, de douze et
d'ï seixe. Il aura sur le nombre au
moins vingt obusiers , espèce de bou-
che à feu dont les tons efiets ne nous
sont peut- être pas assez connus. En-
suite, pour compenser de plus en plus
son infériorité d'artillerie, que je sup-
pose être de cent cinquante â quatre
cents, il aura des divisions en réserve,
dans différens dépôts, et dans les pla-
ces A portée de Tannée ; il saura les
tirer de là pour remplacer ses pertes,
ou pour se renforcer, dans des dispo^
sitions défensives, s'il se trouve réduit
è en prendre. II renforcera d'attelage
toute Tartillerie destinée à suivre son
armée, aura un grand nombre de che-
vaux haut-le-pied, et se donnera par là
plus de moyens pour porter son artil-
lerie d'un point à l'autre et «*'y forti-
fier, ou s'y dégarnir rapidement Mais
ce n'est pas tout : ayant moins d'artil-
lerie que rennenii, il la fera stnvîf
toute par des canonniers plus adroits
et plus experts; il ne courra pas risqué
de confier de9 divisions h des officiers
sans pratique et sans lumières; son
artillerie deviendra donc bientôt supé-
rieure du côté de l'exécution. Il cher-
chera de même à la rendre telle du
mandants des brigades ou des régiments, et Us
fmmdim aa fltrfice 4m piteet ëe réstamni- | eeront obligés de se conformer h ce t\m ces
^ ooiapigiiias 4h fioria lojfal ; mta ks oOk ^ «taraieia détermiMNiit pour r— plwwtfiitai
9iers du corps rojaj, qui commauderoot ces
compagnies, ne seront pas ans ordres descora-
1 exécutkm de leurs pièoia.
M*
POLITIOIW.
cdie de la rapidité des mouvemeus. Il
la fera entrei « avec plus d*intelligence,
dans la combinaison de ses dispositions
de marche et de combat II la manœu-
Tiera comme ses troupes, et de con-
cert aYec elles. 11 créera enfin pour elle
une tactique de déploiemens et de ru*
ses, par laquelle il saura opposer éga-
lité et supériorité dans les parties de
son ordre de bataille qui devront être
attaquantes ou attaquées, dans le temps
qu'il refusera et mettra hors de portée
de Tennemi les parties de cet ordre
qu'il dégarnira d'artillerie. Les opéra-
tions de sa campagne seront calculées
d'après la cons^titution de son armée à
cet égard, et d'après celle de l'ennemi.
Il fera vis-à-vis de lui une guerre de
mouvement; il le désolera par des
marches fbrcées, auxquelles Teniiemi
sera contraint d'opposer des contre-
marches qui seront lentes, destructives
pour les attirails prodigieux et attelés
avec économie, qu'il traînera à sa sui-
te, ou bien qui l'obligeront à laisser en
arrière la plus grande partie de ces
embarras ; alors ils seront à armes éga-
les, et il aura pour lui la perfection et
la supériorité de manœuvre des sien-
nes. Enfin, fût-il obligé d'attaquer
l'ennemi ou de recevoir son attaque,
il ne se croira pas battu, parce qu'il
aura moins de canons à lui opposer.
Ses batteries, mieux disposées, mieux
emplacées, mieux exécutées, des piè-
ces d'un calibre plus décisif, des pro-
longemens plus habilement pris, lui
donneront encore l'avantage. Eh I quel-
les batailles ont été perdues, parce que
l'artillerie a manqué à l'armée vaincue?
Je vois partout que peu de pièces ont
agi, et que beaucoup sont restées dans
l'inaction, ou faute d'emplacement, ou
faute de pouvoir atteindre à Tobjet, ou
faute de savoir les porter ^^idement
«u Dcini d'attaoae.
J'ai vu, pendant la guerre dtfoiëre^
des pièces de régiment tirer sans relà«
che, tandis que des batteries de pièces
de huit du parc, qui étaient roiainea^
trouvaient le même but trop éloigné
pour y user leurs munitfons. Cetta
ineptie, qui dura trois heures et oon-
somma inutilement mille cartoaches «
me rappelle un de nos oflBciera-igéoé*
raux s'emportant contre le cominan-
dant d'une batterie, parce qu'il ne ti-
rait pas. Ce dernier, occupé alora d'une
nouvelle disposition qu'il donnait à ses
pièces pour prendre un revers sur
l'ennemi, répondit qu'U ehtrdunt mm
prolim^mentM Ekl mommwr^ répliipia
l'offlcier-général qui se désespérait, et
ne savait pas ce que c'était que prolon-
gement, tKH/d comme est U eorp$ royal :
ilfroUmge taujourê.
A quoi servva toute l'intelligeDce
possible dans la disposition des mar-
ches, si nous ne cherchons à diminuer
cette quantité énorme d'attirails, d'é-
quipages, de valets, si bien nommée
par les anciens impklimemia: si pour
cela nous ne devenons plus sobres,
moins amoureux de nos aises, plus
endurcis aux travaux? Je ne m'éten-
drai pas là-dessus ; car une pareille ré-
volution ne peut s'opérer qu'en chan-
geant l'esprit et les mœurs actuels. Qr,
changer l'esprit et les mœurs d'une
nation ne peut être l'ouvrage d'un
éoîvain quel qu'il soit. Ce ne peut éti»
que celui du souverain ou d'un homme
de génie, dans les mains duquel de
grands malheurs et le cri public» plus
fort que les cabales, remettront, |ien-
dant quelques années de suite, le ti-
mon de la machine.
Si une nation était pourvue de trou-
pes et de gén&^ux tels que je me les
imagine, ses armées pourraitsnt èti/
bien moins nombreuses que ne le sot
celles qu'on a aujourd'hui, et cep«^i
S€IBNCK MltlTAIRR.
darit valoir mieux et exécuter de plus
•n^itndes choses. Elle aurait dans ses
armées moins de caYalerie, mcius de
troupes légères, moins d'artillerie. Son
infanterie serait mieux armée, plus
aguerrie, mieux disciplinée, plus ma-
nœuvrière ; elle saurait se suffire à elle-
inëme comme Tancienne infanterie
des légions romaines. Sa cavalerie se-
rait peu nombreuse: mais sa bonté, sa
Télocité, sa science de mouvement
suppléeraient à son petit nombre. Ses
troupes légères feraient en même
temps le service de ligne, et ses trou-
pes de ligne feraient, au besoin, le ser-
vice de troupes légères; par consé-
quent point de double emploi, point
de corps inutilement et dispendieuse-
ment employé à un seul objet. Son
artillerie serait peu nombreuse, mais
elle n'aurait que des calibres utiles et
propres à produire de grands effets;
elle serait bien constituée, bien allé-
gée, bien attelée, bien disposée dans
ses emplacemens, bien exécutée daus
l'action. Tous les corps qui compose*
raient ses années auraient une tacti-
que simple, analogue l'une à Tautre ,
et prête à servir les combinaisons des
généraux. De pareilles armées ne se-
raient point embarrassées par une quan-
tité immense d'équipages; elles se-
raient sobies, infatigables, plus amou-
reuses de gloire que de conmiodité ;
elles sauraient vivre des denrées du
pays, et ne seraient pas subordonnées
aux calculs étroits et routiniers d'un
entrepreneur de subsistances; enfin,
de semblables armées , commandées
par de grands homu^es, renouvelle-
raient les prodiges opérés autrefois par
de petites années contre des multitu-
des ignorantes; elles feraient encore
de grandes conquêtes et des révolu-
tions dans les empires,
^'est une chose bien étrange que ^
• W1
manière d(Hil on forme aujimrd'hni W^s
armées. La guerre se déclore : on ri-
sout dans le cabinet des ministres qu'il
faut attaquer l'ennemi sur un tel poif^t,
et se défendre sur tel autre. Voilà par
conséquent des armées à former, des
généraux à choisir. Conunent cela se
faitr-il? Le di^'partenicjit de la guerre,
si c'est ce département qui a la pré-
pondérance du crédit dans le conseil
du souverain, propose une armée en
Allemagne et une en Flandre. On ob-
servera que souvent le ministre, qui
est à la tête de ce département, ne
sait pas ce que c'est qu'une armée, ou
que, s'il est militaire, rarement il ar-
rive qu'il ait commandé des armées,
encore plus rarement qu'il les ait bien
commandées; par conséquent il ne
peut asseoir un plan de guerre avec
connaissance de cause. Cependant oe
plan est arrêté ; on se résout à former
deux armées; on décide, je suppose,
d'agir offensivement en Flandre, et de
rester sur la défensive en Allemagne.
Comment se détermine la force de ces
deux armées? On spécule quelle sera
la quantité de troupes que l'ennemi
pourra opposer dans chacun de ces
points. Ou dit : L'ennemi aura une ar-
mée de soixante mille hommes en
Flandre, faisons-en une de quatrer
vingts, puis agissons offensivement
dans cette partie ; il en a une de
soixante en Allemagne, formon»-y
en une de quarante , et tenons-nous^
y sur la défensive. On nomme en-
suite les corps qui doivent compo*
ser les armées. Une méchante règle
de proportion ou plutôt de routine
veut que l'armée étant de tant de
milliers d'hommes, il s'y trouve tant
d'infanterie, tant de cavalerie, tant
de troupes légères, tant d'artillerie.
On choisit les généraux, on entre en
campagne; les généraux, la pluparl
h02
FOLITIQUE.
du temps, comptant sur le nombre
bien plus que sur la science , n'ont ni
paix ni relAche qu'ils n'aient obtenu
des renforts. C'est aujourd'hui pour
couvrir un point, à la protection du-
quel leur armée ne peut atteindre;
demain ce sera pour s'opposer k une
diversion, qui souvent n'aurait pas eu
lieu s'ils avaient serré la mesure à l'en-
nemi ; cette fois, c'est parce que l'en-
Demi a trois cents pièces de canon et
qu'ils n'en ont que deux cents. Une
aatrefois, c'est parce qu'il a quinze
mille hommes de troupes légères et
qu'ils n'en ont que dix. Ils ne sentent
pas qu'ayant moins d'artillerie ils ont
moins d'embarras, que leurs deux
cents bouches à feu Kien employées
équivaudraient facilement aux trois
cents de l'ennemi; que, pour rendre
ces dernières inutiles, il n'y a qu'èfalrs
vis-à-vis de lui une guerre de marches
et de mottvcmens. Us ne sentent pas
que Tennemi, ayant quinte mille hom-
mes de troupes légères, et ces troupes
légères étant constituées comme eHes
le sont aujourd'hui , il est affaibK par
cette espèce de troupes; qu'il n'y a,
pour lui ôier cet avantage apparent,
qu'à éviter la guerre de détail el la
iaire toujours en masse. Ils ne sentent
pas, ends, qsc le graié art ^e la
guerre, c'eA dewippléer sm nombre
plut6t que de l'augnenter, d'engager
les actions avec l'arme dans taqueile
on est oupéricw, et d'appuyer <m de
refuser celle dans laqucMe on eM le
plus faible. Réciproquement et en se
Aodelant les unes sur les autres, les ar-
mées s'augmeirtent donc à un td point,
que les généraux ne savent plus com-
ment les manier, ies pays comment les
nourrir, les gouverneraens comment
les entretenir et les payer. Bes géné-
raux plus édairés seraient même obK-
gés de se conformer à la rootiie éta-
blie, et de demander des armées nom-
breuses. Car, est-il en Europe des troo-
pes citoyennes, des troupes qui, par
leur constitution, leur esprit, leurn-
leur , leur sobriété , leur aptitude m
travaux, leur science de manœunes,
soient si décisivement supérieures à
celles des États voisins , qu'on poisse
dire : avec quarante mille hommes fo-
seraf tenir campagne, et campagne of-
fensive contre soixante mille ! Y a44
des troupes qui aient assez de conOanca
dans leur courage, dans leur tactique,
dans leurs généraux , pour considérer
comme un embarras et un affiûbKsw-
ment, tout nombre au-delà des pro-
portions raisonnables, pour ne pas être
étonné d'entrer en campagne Vis4-V5
d'une armée supérieure? Y a-t-îl ea
Europe des généraux auxquels les gou-
vememens abandonnent assez d'auto-
rité pour qu'Hs puissent à l'avance ae*
quérir cette confiance et rinspnner, en
formant à cet efletdes troupes pendant
la paix, en les faisant, si je puis ir ex-
primer ainsi , à leur système et à ënr
main ? Si par hasard il s'élève dans une
nation un bon général, la politiqne
des ministres et les Intrigues des cour-
tisans ont soin de le tenir éloigné des
troupes pendant la paix. On aime
mieux confier ces troupes à des hom-
mes médiocres , incapables de tes for-
mer, mais passifs , dociles à toutes les
volontés et à tous les système , plutM
qu'à cet homme supérieur qui poumft
acquérir trop de crédit , résister ant
opinions qu'on aurait adoptées , se
rendre le cAial des grâces militaires
du souverain, et devenir enfin l'homme
des troupes , le généra1«nè. On veirt
pouvoir donner des années à comman-
der à ses créatures; on vent accoutu-
mer les troupes à recevoir aveuglé-
ment tel homme que œ soit, que Ton
voudra mettre à leur tête; )|ï fis tel
I
lu
I
I
KOMtM ImtTAIlB.
qM ce uAt^ poomt qall ait le
toeiret dtt sooterain. La guerre arrive,
les malheurs seuls peuvent ramener le
dloix sur le général habile ; on Tem-
Ifetole, mais en même temps on le con-
trarie, on le traverse; le dirai*je? on
fendrait (si un tel partage était pos-
tfMe] que la besogne réussit et que le
général échouât. Ce général parvient h
féparer les aflhtres, à les soutenir;
Uéntôt on craint sa réputation, on
ait importuné de sa gloire , on fait la
paix ; le général déjà formé , ou qui
commençait à se former, n*est plus
éoBsaité, plus employé. Ses talens se
îiNiillent ou n'achèvent pas de se per-
feettonner; les troupes qu*il connais-
lait diangent, se renouvellent , pren-
nent d*autres institutions, d'autres
irincipea. Ainsi , quand des malheurs
aOBveaui le replacent h la tète des ar-
I, il se trouve étranger à ces ar-
I, et ces armées lui sont étrange-
I. Ce tableau est l'histoire de presque
les États dans presque tous les
tampa ; qu'on ne m'accuse pas d'avoir
wmâa en désigner aucun.
QKlie diOérence de cette manière
d9 ftonner les armées à celle dont les
fireca, les Romains, dont tous les
granda conquérans ont formé les leurs !
Hiltiade, Thémistocle, Épaminondas
comptaient-ils les forces de l'ennemiT
Atexandra compara-t^l les siennes
arec celles de l'Asie, quand il voulut la
cMqnéffir? il partii avec une armée de
chquante nulle hommes pour aller dé-
tvtaer un roi qui pouvait en armer des
mmions. Annibal partit avec smxante
Bina hommes pour la conquête de PI-
taUe; Sciplon, avec cinquante mille
pour attaquer Carthage. César, avec
quelques légions, soumit les Gaules,
l'Afrique et une partie de l'Asie. Et,
pour citer un seul OKideme , Gustave ,
avec vingt-ciaq miHe Suédoto, tmt la
terreur de PEmphre. Oei graflAi hom*
mes savaient bien qu'ils allaletit atta-^
quer des armées supérieures ; fis sa-»
valent qu'on leur opposerait et plus de
troupes qu'ils n'en avaient, et quelque-
fols des armes et des manières de com*
battre inconnues h leura soldats; mais
ils avaient leur plan, leur tactique,
leurs armées élevées par eux et pleines
de conflance en eux. Dans la tête du
petit nombre d*hommes qui les sui-
vaient était profondément gravé que
c'est la science et le courage qui don-
nent la victoire , et non la multitude.
Voyons particulièrement les Ro-
mains, ce peuple militaire et conqué-
rant par sa constitution. Il eut affaire
à des ennemis redoutables, à des na-
tions courageuses et bien conduites;
il les vainquit. Mais aussi , examinons
comment les armées de Rome étalent
composées. Elles étaient assujetties à
une formation et à des proportions
dont on ne s'écartait pas, quelles que
fussent les forces de l'ennemi. L*arméa
consulaire , c'est-à-dire l'armée couh-
plète , était de cinquante miHe hom-
mes, n 7 avait ensuite Parmée tribn-
naire, ou la demi-armée. Un danger
imminent menaçait-il la république?
Elle mettait à la fois sur pied deux ar-
mées consulaires; c'était son phal
grand eflbrt, et il n'eut lieu que dana
deux ou trois oeearions. Je ne prétends
pas dire que cela puisse être imité en*
lièrement par nos États modernes. Ja
ne prétends pas qw dans un royaume,
qui ade vastes frontières, qui peut ètm
attaqué sur plusieurs points à la fois,
et dans lequel les citoyens ne sont pas
soldats, on puisse se borner à n'ai^
qu'une seule armée ; mais Je croîs qu'A
serait du moins très possible d'avoir
des armées moins noasbreuses, et da
ne pas s'assujettir à régler leurcompo»
sition intérieure sur celle des arméai
Uk
poLiTiora.
ennemies. Je crois que soixaute-et-dix
mille hommes devraient être la pro-
portion de l'armée la plus considéra-
ble, et qu'une armée pareille , bien
constituée et. bien commandée, lutte-
rait avec avantage contre une de qua-
tre vingts et de cent mille. Je crois que
tout général, qui connaîtra les ressour-
ces de la tactique, et qui sera sûr de
ses troupes, ne voudra jamais que la
sienne soit au-dessus de cette propor-
tion, parce qu'il calculera que ce qu'il
paraîtrait gagner du côté du nombre,
il le perdrait par l'accroissement de
rembarras, par la lenteur des mouve-
mens et par la difficulté des subsistan-
ts. £nGn, Turenne le disait, et l'opi-
nion de ce grand homme doit faire loi.
a Toute armée de plus de cinquante
n» mille hommes est incommode pour
» celui qui la commande et pour, ceux
» qui la composent. »
Mais, pour qu'un général ose se
charger d'une responsabilité aussi
grave que celle de s'écarter de la rou-
tine, en introduisant un nouveau genre
de guerre, il faut, je le répèle, qu'il
ait d'excellentes troupes; il faut que,
si elles ne sont pas composées de l'élite
des citoyens, et que la constitution de
l'État soit telle que le gouvernement
n'y puisse et n'y veuille rien changer,
elles réparent du moins ce vice primi-
tif par toute la perfection possible dans
leur constitution intérieure , dans leur
disripline et dans leur tactique. Il faut
que le temps de la paix soit mis à pro-
Ut pour les former , pour instniire,eiles,
ainsi que les hommes qui doivent les
commander. Les camps, que je vais
proposer, rempliront, je crois, cet im-
portant objet.
C'est une idée bien ancienne que
celle de former des camps de paix.
Les Romains étaient dans cet usage,
\^{kT$ lé.âiins canifmient presque toute
l'année. Au moyen de (vLte institu-
tion, la discipline de ces légions s^-
vécut quelque temps à la corruption
de l'empire. Mais peu à peu le lioe
pénétra dans ces camps ; il y relàdii
la discipline ; il les peupla d'histrioni,
de courtisanes, d'ouvriers, de mir«
chauds, de toutes les professions qii
engendrent la mollesse et qui portent
à la débauche. Il en fit des vUies, et
alors les vertus guerrières n'ayant
plus d'asile , c'en fut fait d'elles et da
l'empire.
Aucune nation n a imité les Ro-
mains; aussi aucune milice n'a égalé la
leur. Louis XIV et Auguste P' outfo^
mé des camps de paix ; mais c'étaient
uniquement des camps de parade. Ces
princes cherchaient l'occasion de don-
ner des fêtes d'uu nouveau genre; ils
faisaient ostentation de leurs troupes
comme des dorures de leurs palais. Le
roi de Prusse est le premier modemfi
qui ait formé des camps d'instructioo,
qui ait fait servir ces camps à exécutar
des marches, des ordres de bataiMe et
à former des généraux. On sait le fruit
qu'il en a retiré; et cependant, quelle
différence de ces camps de quinie
jours, et exclusivement destinés à ren-
dre des troupes manœuvrières, à cet
camps stables où les Romains br»*
valent les saisons, remuaient la terre «
pliaient à la guerre leurs corps et leon
esprits !
Pendant la paix dernière, on a for»
mé aussi des camps en France ; mab
on n'avait pas alors les premières no-
tions de la tactique : on faisait bonne
chère, on manœuvrait pour les dames,
on se séparait sans avoir rien appris.
Pendant cette paix nous formons tous
les ans des camps, et ils ne sont guère
plus utiles. Le temps s'y passe en re-
vues et en exercices de détail. C'esit
à qui y paraîtra avec les armes les plus
SClkNCK MILITAIRE.
VOS
briflantes, les soldats les mien tenus ;
c*est A qui 7 surprendra le pins adroi-
tement de petits soffrages et de grosses
lionsions. On n'y exécute point de ma-
nœuvres de la grande école et propres
A former des officiers généraux; on
brigue pour y venir et pour y revenir
Tannée suivante. Si, au milieu de ces
(tatilités, quelques officiers plus éclai-
rés élèvent la voix pour dire que ces
camps ne remplissent pas Tobjct , (|u*il
faut rassembler une armée et Tins-
traire aux grandes opérations de la
tactique, on leur répond, ou qu'il n'en
est pas encore temps , ou que les offi-
ciers généraux ne sontDas faits pour
venir à l'école.
Nous ne savons guère prendre des
ordres de bataille momentanés et com-
binés sur la circonstance ; nous igno-
rons, pour tout dire en un mot, l'art
de manœuvrer les armées. Si nous ra-
tions connu, que de batailles nous
avons perdues qui ne se fussent seule-
ment pas données! Je n'en citerai
qu'une dont l'exemple et le malheur
Sont bien frappans pour la nation.
Notre armée part du camp de Min-
den avec une disposition combinée dès
■a rellle sur une reconnaissance Tnitc
cSans la matinée. C'est notre droite ,
«considérablement renforcée, qui doit
dttaquer la gauche de l'ennemi, qui,
dans cette reconnaissance, avait été
trouvée faible et susceptible d'attaque.
^>n débouche dans une grande plaine,
«t vîsp^-vis une longue hsière de bois
derrière laquelle était cachée la dispo-
sition de Tennemî. Suivant la routine
établie, on se met en bataille , on étale
deux lignes dont l'ennemi peut h loisir
compter la force: a\! lieu, du moins, de
laisser les lignes on arrière, et d'en dé-
rober la faiblesse à Tennemi h la fa-
veur du p»iys coujïé, placé n l'entrée de
la plaine, on porte tes lîfrnos en avant.
on les dispose sur la droite qui était
chargée de l'attaque. On porte même
partie du centre en avant de cet ali-
gnement, et presque sur la lisière
du bois occupé par l'ennemi. On ob-
servera encore que cet ordre de ba-
taille devait être pris au point du jour ;
mais que, par une suite de la mala-
dresse de nos troupes , et de leur peu
d'habitude à exécuter de grandes ma-
nœuvres, à sept heures , les lignes tâ-
tonnent encore leur disposition. t]e-
pendant l'ennemi a changé la sienne
dans la nuit et dans la matinée ; sa gau-
che, qu'on croyait faible et dégarnie,
est renforcée de troupes ; des retran*
chemens et des batteries s'y sont éle-
vés. Dans une telle situation, cette aile
est inattaquable. On détermine , aver
raison, qu'il ne faut pas engager sur ce
point un combat dunl le succès ne
pourrait qu'être funeste. On délibère
le temps se perd, Tennemi voit notre
centre porté trop en avant et composé
de deux faibles lignes de cavalerie sans
infanterie pour les soutenir; il forme
sur lui une disposition à couvert par
les bois qui sont sur son front , dé-
bouche, l'attaque , l'enfonce et gagne
la bataille. Qu'on fût arrivé sur l'enne-
mi dans l'ordre oblique , qu'on se fût
tenu en colonnes jusqu'à ce qu'on eût
jugé quelle était la situation de l'enne*
mi, cette bataille n'aurait pas eu lieu;
l'ennemi n'eût pas pu démêler les par-
ties faibles de notre disposition, et for-
mer une attaque sur elles. On eût re-
coimu que sa gauche était renforcée
et à l'abri d'être attaquée ; on fût , au
pis-aller , rentré dans l'ancien camp ;
c'eût été une reconnaissance sans perte
et sans honte. Car j'ose avancer que
c'est à tort qu'on appelle faux mouve-
ment la marche que fait une armée
pour aller on attaquer une autre, et le
parii quVlle prend de se retirer quand
POUTIQUS.
elle Yoit qu'elle De peut pat engager le
comlMit af ec avantage. Un générai ha-*
bile et manoeuvrier tentera des mou-
vemens pareîla sans croire faire, en se
retirant, un aveu d'infériorité; c'est en
les répétant qu'il trouvera enfin une
ocoaaion favorable, Chei les anciens ,
l'année qui était sur l'offensive pré-
sentait ainsi le combat à l'ennemi , afin
de l'engager à sortir de ses retranche*»
mens et à accepter l'engagement , se
retirant ensuite quand elle ne voyait
pas une occasion asseï favorable d'at-
taquer : ainsi Annibal battit les Ro*
mains i Trasimène et à Cannes; ainsi,
dans leur belle campagne de 1675, se
tAtftrentsottvent, sans jamaiss'engager,
Tuienne et Montecuculli. Ces grands
hommes savaient bien précisément
en quoi eonsistaient la boute ou la
gloire.
Lorsque toutes les autres sciences
s'étendent et se perfectionnent par des
théories hmiineuses , la science de la
guerre sera4^1le donc la seule qu'on
abandonne à la routine? la croit-on si
vague, si dénuée de principes positifs,
qu'elle ne doive pas être enseignée?
Bat^e l'indignation d'Annibal , quand
il entendit le rhéteur d'Ëphèse donner
des leçoat sur l'art militaire , qui a à
fÊ/mm ridiculisé le projet de le démon*
trer dans des éoolesT Annibal prit en
pitié «B iMteur obscur et ignorant qui
se permettait de parler devant lui des
defobs du général : il eût aimé à en-
tendre un honsme de guerre, un Xan-
tippe, un Épaminondas, raisonner de
la théorie de son art ; il eAt senti que
dans «B pays ou de grands hommes
eottmandemient les armées pendant
In guerre, il faudrait encore que, pen*
dant hi peii, ils prissent la peine de
•e fonser des troupes et des sucées-*
Hpis Inpiupartdeapays de rSuiepe,
les intérêts du peuple et ceux du goa-
vemement sont séparés; le patriotisme
n'est qu'un mot ; les citoyens ne sont
pas soldats ; les soldats ne sont pas ci-
toyens ; les guerres ne sont pas les que-
relles de la nation, elles sont celles éa
ministère ou du souverain ; cependant
elles ne se soutiennent qu'à prix d'ar«
gent et au moyen des impôts ; ajoutes
que dans quelques-uns de ces États,
ces impAts sont excessifs; que le peu*
pie y est mécontent, misérable et dans
une situation qu'aucune révolution ne
peut empirer.
On ne voit pas dans l'histoire , mais
il est aisé de concevoir comment pou-*
vaient et devaient subsister ces petites
armées des républiques grecques , fsl-
sant la guerre à quelques lieuea de leur
territoire ; et quelle espèce de guerre]
des incursions de quelques jours , fai-
tes pendant la saison des récoltes, et
terminées ordinairement par une ba-
taille à la suite de laquelle les deux
parties allaient réparer leurs pertes et
cultiver leurs champs !
L'histoire nous laisse également saqs
lumières, et il est plus difficile d'y mp-
pléer, sur la manière dont subsistèrent
ces armées quand Tambition dea États
de latirèce, augmentée avec jew puis-
sance, les fit plus nombreuses , et les
porta i la conquête des Ues voisines et
de quelques parties de la cête d'Asie.
On voit seulement qu'alors le soldat,
qui combattait auparavant gratuite-
ment, eut une solde réglée. L'histoire
dit que cette solde était toute en ar-
gent, et elle en marque le montant.
Le soldat était^il chargé ensuite, au
moyen de cette paie, de pourvoir à sa
nourriture? Comment y pourvoyait-
elle? L'armée était-elle pourvue de
magasins? YoiU ce que nous igno-
rons. Je pourrais donner des coi^eo-
twes sur tous ces oh|els; mais il eiC
Â
SCIBMSi miTAIRB.
«otite iê haMvdflr des conjecturai où
BumiUBiitlct hHiiières.
On sait bien moins encore comment
Bobsisteient ces multitudes presque fa-
buleuse* avec lesquelles les rois de
Pena tentèrent d'envahir la Grèce.
Elks étaient si nombreuses, elles trai-
nsitnk à leur suite une si grande quan-
tité d*attlrsils et de bêles de charge,
f|ii'eUes mettaient à sec, dit l'hyperbo-
lique Hérodote, les rivières auprès des-
quelles ils séjournaient, et que la di-
sette et la peste s'établissaient après
ailes dans les pays ou elles avaient
passé. Qn peut conclure de là que ces
imées vivaient, au hasard et sans mé-
thode, des moyens que leur offrait le
pays; et, ce qui le conGrme, c'est que
knra eipédilions n'étaient que des
tecursîons. Ces inondations armées
avtient le cours des torrens et s'écou*
faieot comme eux.
Au reste, ce n'est pas le cas de re-
^reltef que l'histoire ne nous dise point
comment ces armées de barbares sub*
•MlAÎeot dans leurs expéditions; elles
y périssaient, comme dans les combats
^*eUe8 livraient, victimes de leur im-
iDenssté et de leur ignorance. Mais on
doit regretter, en revanche, de n'avoir
pu plus de détails sur les procédés de
sobsistanœ employés par des con-
qitérans heureux et habiles, tels que
Cyms, Alexandre, Annibal. L'histoire
ne nous en transmet aucun. Nous
ne voyons jamais leurs armées ar-
rêtées par des forma lions de ma-
gissins et par des calculs de subsis-
tance. Sans doute elles vivaient dans
tes pays où elles faisaient la guerre et
des denrées de ce pays; sans doute
eUes étaient sobres et endurcies ; sans
doute aussi avaient-elles des combinai-
sons de subsistance moins compliquées^
moins timides, moins iînancières que
UT
tiens de ces années ; qn*on voie Alexan-
dre, partant de la Macédoine pour aller
conquérir l'Asie; qu'on suive Annibal,
partant d'£spagnc pour aller por^
ter la guerre à Rome, passant les
Pyrénées, traversant les Gaules, ayant
à chaque pas des peuples inconnus à
se concilier ou à combattre, s'ouvraut
ensuite un chemin à travers les Alpes,
descendant en Italie, et s'y soutenant
neuf ans victorieux et sans recevoir au-
cun secours de Carthage. Qu'un place
ces campagnes en parallèle avec les
nôtres; qu'on transporte ces vastes
opérations sur l'échelle actuelle de nos
combinaisons militaires, on sera forcé
de révoquer Thisfoirc en doute, ou de
convenir que nos facultés n'ont plus
une aussi vaste portée.
Les guerres des Romains ne nous
instruisent pas plus sur les détails de
la science des subsistances chez les
anciens. On conçoit qu'ils durent être
simples et faciles tent que les ar
mécs romaines eurent affaire aux peu»
pies du JLatium. Mais quels ils fu-
rent quand Rome entreprit des guer-
res étrangères et lointaines, voilà ce
qu'aucun historien ne nous apprend.
Quelques traits, épurs çà et là, for-
ment toutes nos iumiôres. Il c^t quel-
quefois mention , dans Tite-Live , des
distributions de vinaigre, de vin et de
grains; on y voit des légions, qu'on
voulait punir, condamnées au pain
d'orge, preuve qu'il s'en distribuait
d'une autre espèce au reste de l'armée.
On lit dans Végèce que les préfets du
camp , office purement militaire ,
étaient chargés du détail des subsis-
tances. On y Ut que les centuries ro-
maines avaient des moulins à bras,
qu'on leur distribuait du grain en na-
ture. Ailleurs il est dit que dans les ex-
péditions, chaque soldat portait sa por
les ndtros* Qu'on songe aux expédi- tion de farine pour quinze jours, et
itm
pounotm.'
qu'ensuite , arrivé au camp, il fahait,
avec cette farine <létrempée , uAe ma-
nière de gâteau qui servait à sa sub-
sistance. Cet usage de moulins à bras
et des distributions de grain ou de
farine aux troupes, a été proposé
pitisieurs fois de notre temps et traité
de chimère. Un exemple instructif
qu'on doif; enfin recueillir de l'étude
de la constitution des légions romaines
dans le temps de leur vigueur et du
résultat de leurs opérations , c'est la
tempérance, l'austérité, la patience
infatigable qui en étaient la base. De
telles troupes savaient s'accommoder
k toute espèce de nourriture, et au
besoin, endurer la faim et la soif.
Aussi, nulle part, dans l'histoire du
bel âge militaire de cette nation, on
ne voit les opérations arrêtées par des
calculs de subsistance. Dans nos his-
toires modernes , on verra, a chaque
pas , les combinaisons de subsistance
faire séjourner les années et comman-
der aux généraux.
Une autre vérité importante qu'on
peut retirer de l'étude des guerres ro-
maines, vérité dont le résultat contra-
rie nos systèmes de subsistance ac-
tuels, c'est que les armées vivaient
dans le pays et aux dépens du pays.
// faut que la guerre nourrissr la guerre^
disait Caton dans le Sénat, et cette
maxime était, chez les Romains , une
maxime d'État. Dès qu'une armée
avait mis le pied chez l'ennemi, c'était
au général, qui la commandait, à la
faire subsister ; et, celui-là avait le plus
utilement servi la république , qui , en
faisant la campagiie la plus glorieuse,
avait le mieux encretenu son armée, et
rapporté , après la campagne , le plus
d'argent au trésor public. Delà la
solution de cet état de guerre presque
continuel au milieu duquel fleurissait
la république. Elle recevait delà guerre
accroissement et rroTiesse, comme nos
États d'aujourd'hui, par la constitution
désordonnée de leurs systèmes niîli-
taires, en reçoivent affaiblissement et
misère. Sdpion portait la guerre en
Afrique ; et, bien loin d'épuiser Rome
pour nourrir son armée , les greniers
de Rome se remplissaient de blés d'A-
frique. César allait conquérir les Gau-
les , et Rome n'entendait plus parier
de lui que par le bruit de ses victoires.
Non-seulement son armée n'était point
à la charge de l'État, mais il enrichis-
sait cette armée ; il faisait passer des
fonds au trésor public , il en réservait
pour ses vastes desseins ; il embellis-
sait les Gaules après les avoir soumises;
H y changeait la face des villes ; il y
construisait dés chemins qui sont en-
core aujourd'hui des monumens ; avec
l'or des Gaules, il préparait des fers à
la Germanie, à la patrie elle-même ; et
les Gaules cependant aimaient sa do-
mination. Nous n'avons pas l'art de
conduire des guerres ainsi ; mais reve-
nons à celui qui fait l'objet de mes re*
cherches.
J'ai eu tort de dire qu'il n'existe pas
un morceau dans Thistoire où il y ait
quelques détails suivis sur la manière
dont les Romains faisaient subsister
leurs armées. J'en retrouve un ; c'est le
détail de la belle campagne de César
en Afrique , contre les lieutenans de
Pompée. Ce morceau précieux, mis au
jour et restauré par Guidbard , prouve
combien leur science de subsistance
était différente de la nétre ; combien
elle était plus simple dans ses moyens,
phis hardie dans ses combinaisons et
moins gênante pour les opérations.
César descend en Afrique avec quel-
ques légions seulement; il s'y trouve
sans vivres, sans magasins, sans places
de guerre. Une tempête a dispersé et
éloigné la plus grande partie de sa
SQBMCB «UITAIKB.
iOO
Hotte. Les ennemis ite rassemblant de
toutes parts; il a contre lui les Numides
infatigables, et bien autrement harce-
laus que nos troupes légères actuelles,
n àe retranche au pied de la mer ; de
là, pied à pied, et conservaDt tonjoujcs
sa communication avec ce premier en-
trepôt, il s'avance dans le pays, y éta-
blit des postes par échelons , s'empare
delà ville d*Adrum$Uum^ en fait un
second entrepôt, y forme des magasins;
pais, ayant reçu des renforts, aban-
donne sa première position, en prend
one seconde plus offensive, fait des dé-
tachemens et des établissemens plus
audacieux; et enfin, toujours harcelé
et toojows vainqueur, se soutient, est
joint par toutes ses forces, les déploie
alors, bat les lieutenans de Pompée,
dissipe leur armée, pacifie l'Afrique,
et termine ainsi la campagne la plus
glorieuse et la plus périlleuse qu'il ait
faite.
César descendait avec une armée
eo Afrique , et il n'y portait ni vivres,
ni attirails; en cela il se conduisait en
grand homme et non en aventurier ; il
calculait qu'il descendait dans un pays
abondant, peuplé, rempli de villes ou-
vertes ou faiblement fortifiées; que,
dans de tels pays, une armée peu nom-
breuse et bien conduite trouve tou-
jours à vivre, ne fût-ce que des denrées
que la prudence fait tenir en réserve
aux hommes qui Thabitent. Il calcu-
lait qu*en faisant de longs préparatifs
sur la côte dltalie, il donnait le temps
à l'Afrique de se rassembler et de ve-
nir lui disputer le débarquement ; que
les expéditions lointaines veulent être
imprévues, hardies, rapides; et que,
lorsqu'aux yeux du vulgaire elles pa^
raissent hasardées, l'honune de génie
qui les dirige les tient souvent pour les
plus œrtaines.
< >^ temps de décadence , qu i mi nèrent
l'empire romain, et les siècle^dc barba*
rie qui suivirent sa chAte, n'oflfrent rien
d'instructif sur aucune branche de la
guerre. Jusqu'à l'époque de Nassau el
de Gustave, les armées se battirent sans
combinaison el subsistèrent à peu près
de même* Les campagne» étaient des
(»pèces d'incursions. On se répandait
dans le pays ; on marchait par corps et
en cantonnant. Si l'on sts rassemblait,
c'était pour quelques jours seulement,
et seulement pour livrer combat. Le
pays subvenait, comme il pouvait, à la
subsistance des gens de guwre , et il
n'y pouvait pas fournir long-tempa à
cause de l'extrême indiscipline qui ré-
gnait parmi eux.
Sous Nassau et si ma <suata?et un
nouvel ordre naquit J^ins les armées;
les troupes apprirent à camper, à mar-
cher, à combattre. Avec TaDatère dis-
cipline que ces grands hommes éta-
bUrent, il tallut d'autres procédés de
subsistance. Les armées , rassemblée!
dans des camps, eurent besoin de nMh
gasins, Gustave faisait Caire des di8trt«
butions journalières se pain et île
viande à ses soldats. Dans les opéra-
tions forcées, ils savaient vivre piua
sobrement; il les avait élevés à ae
nourrir de tout, et à jeûner sans mur*
nmre. Cet esprit subsista encore long*
temps après lui dans les troupes sué*
doises. Les nouvelles méthodes de sub»
aistance n*entravaient ie|iendant point
les (opérations de Gustave et des gêné*
ranx habiles qui lu suceédèrent.
Alors les armées étaient peu nonv»
breuses ; elles ne traînaient pas à leur
suite une énorme quantité d'artillerie
et d'équipages. Le luxe n'avait pas
énervé lea mœurs et augmenté les be«
soins. Avec ces petites armées, on
pouvait faire de grandes conquêtes. Les
généraux faisaient eux^-mêmes l'of-*
ficc de nuoitionnàifes. Le duc dis
ItO
MLfftQinS.
lloh^ti, iêm 901) Pûirfàit Capitaine, en
détnlHe les IbiirUoiis. Il s'éfère contre
^uetqQes-nns qui avaient proposé de
eoflfler ced détails à des personnes non
iHHKâlres; etitnme si , dit -il, pourvoir
gné. n les décidait en effet. Ses adu-
lateurs rappelaient le général des %é^
nérant. Je ne prétends pas dire que
M. de Louvols n'eût du génie, qo'O
n*ait rendu de grands services aux ar-
à (^ que rarmée vive, nt faisait pas mes de Louis XIV ; mais, pour quel-
partie de Fart de la conduire.
Ga Alt tous la fin du règne de
Lonia Xlfl et siais Louis XIY que les
armées. s*orgaiilsant avec plus de per-
fection, les HUlisistancea furent déli-
v#éoft régttlièrefuent aut troupes. Les
détniHi des subftistances cessèrent en
anéme tetups d*6lre dans les mains des
asHiiaifes. 91 les générant eurent la
Aaladrosso de s'estimer heureux d'en
être débarrassés, les ministres les vi-^
«ant,9lltls doute avec plaisir, entrer
dans lauf défiai (ement, parce que cela
laof asaujMtlt, <'ii quoique aorte, les
apératkmset l(«s généraux.
t^ aol>iMai!CéS de nos armées ont
été depuis , t'iuv à tour, administrées
|Mr éatreprtso i*t par régie. M. de Lan-
fois fat le premier ministre qui donna
da resteniion et de l'importance à
oatte braiH^ie d(; détails, Jusque^-lè fe-
gttdée cf>mme liés saballerne. Elle le
devenait mains en effet par le change^
tteat qui s'était fait dans le système
de guerre , par l'augmentalion prodi-
gipuie des armées et de leurs attirails,
par i*espèce de la plupart des campa^
gnas qui ae passaient toutes en siégea,
l'ai dit aiUeiira comment, dès lors, H
ne ae fit prea*iue plus, de part et d'au-
tn\ ce que j'appelle le grande guerre«
La aiûeoee parui coasiatar à opposer
pbC() à plao*3» iBagaaki à magaaia.
L'amaa des appiavisionmmens, pré**
eaaUoa sage, miand elle a lea bornes,
était défénéré an nMoia cbet M. de
Lauvois. U en avtrtt aur toutes les Tron*
tières* II préteadut par^à tatifr deaa
aa maîn tous les mufr^aa des opénh»
tilHiafe et décider laa ptea de campa^
ques succès passagers, auxquels con-
tribua et Sa supériorité à manier le
nouveau système de guerre, il oc-
casionna par la suite de grands maux.
Il trompa Louis XIV sur sa puissance
réelle ; il introduisit un genre de gaerre
désastreux pour la population et pour
les nuances; il augmenta les armées,
les dépenses; et» n'ayant pas a4}us
ces deux rapports des moyens sapé-
rieurs au reste de TEurope , fl ne ga-
gna rien ; il força seulement les autres
princes à se liguer contre Louis XI V',
et à ruiner leurs États comme lut.
Après la mort de M. de Louvois,
Louis XIV eut de mauvais mtoistre^.
et des généraux plus mauvais encore.
Cependant la routine était prise et
adoptée par toute TEurope; il n'était
plus possible d*y rien changer. Obli-
gée de faire face partout, la France
se trouva accablée sous une défensive
malheureuse. 11 est inouï, ce que les
nouveaux systèmes de subsistance ,
introduits par M. de Louvois, coAtè-
r^nt alors de millions au royaume, tl
n*y avait pas de bataille perdue ou de
ville prise, qui n'entratnftt des pertes
de magasins immenses. Les malhems
accessoires devenaient plus destructifs
que le malheur principal. Hocstet flt
perdre quarante millions de magasins
établis, par échelons, depuis nos fron-
tières jusqu'au Danube. A Turiu, on
abandonna, devant la place et dans le
resté du Piémont, une quantité pro-
digieux d'attirails et d'approvision*
néraens. Cliamillàrd avait triplé les
moyens, comptant assurer par là des
aacoèa à La Feoillado , son gendre. A
8G1B1IGB MlUTAIMB.
cela on ne peut pas objecter que ces
tfigasifls ftMMIt fbrtnés txxx dépens
de retinemf ; Ils rétoient aax Trnis de
m
je ne teai pas souiller ma phime à IM^
re le recensement des crimes.
Je ne suis pas exclosir ni outré dani
Iti France. Presque toute la partie de mes opinions ; je ne dirai pas à une
r Anetnagne, où nous faisions la guerre,
^tâit notre alliée ; et les achats, qu*y
Msalt le roi. 8*f payaient comptant.
Eh Piémont, des ménagemens pour la
duchesse de Bourgogne Taisaient payer,
ItinS main, les livraisons qu'on deman-
dait iMutement au pays à titre de con*
tylbiHlons. Le royaume était obéré de
dettes ; toutes les fournitures de sub-
staMftees se faisaient par entreprises ;
les marchés des entrepreneurs aug-
mentaient à chaque campagne. Ce-
tilt rusore qui vendait ses services à la
H«ees5ité.
Notre système de subsistance ne
l'SSt point amélioré depuis la guerre
da ITOO; il est devenu de plus en
ttOÊ financier et ruineux. Le dé-
mtén des fltiances et la routine ont
lMI|oitfa fait recourir aux entrepris
aei. Rendons justice, cependant, h
ta- compagnie qui, pendant les deux
Asrnlèrâs guerres, a été chargée de
flMrtiitnre du pain dans nos ar-
i Cette compagnie citoyenne a
rrl ttee honneur ; elle a quelque-
Cctin pMta sans murmurer, et n'a ja-
Iti» gagtié avec excès. J'ai suivi l'a-
fWtfcmnnt de ses comptes de la der-
artère gnerra; son gain, proportionné
é tet if aneeS, à l'incertitude du paie-
lÉeM, aux non --valeurs des effets
tÊffUt qu'elle a remboursés , n'a été
qtfun gain légitime. Malheureusement
eelté compagnie n'a pas été chargée
de tontes las branches d'entreprises
vehUvef an troupes. Aussi, qu'on se
vtppille partieolièrenient les horreurs
de la eampagna de 1757 : le brigan-
dage était aa eomUe, les hApitanx
«ManA daa dmmieia (1). Je m'arrête;
(f) C6 uratt aa aavris» Mea tetéreNsat
armée : a N'ayez point d'équipages de
» vivres, de magasins, de moyens de
n transport ; vivex toujours du pays ;
» avancez, s'il le faut, dans les déserts
» de l'Ukraine, la Providence vous
» nourrira. » Je veux, je crois l'avoir
déjà dit, qu'une armée ait un équi-
page de vivres, mais le moins nom*
breux possible, proportionné à sa for^
ce, h la nature du pays où elle doit
agir, et aux moyens qu'exigent les
opérations ordinaires. Je veux que,
partant d'un fleuve, d'une frontière,
elle ait, sur cette base, des magasins
et des entrepôts bien disposés relati-
vement à leur sûreté et au plan de ses
opérations. Je veux que, si elle est
dans le pays ennemi, ses magasins
soient formés aux dépens du pays et
par les soins du pays. Je veux, autant
qu'on le pourra, que le pays soit char-
gé de 1a monutention, comptabilité,
conservation, reversement d'un lieu i
l'autre, afin de n'avoir, au moyen de
cela, ni dommages, ni évènemens, ni
employés, ni procès-verbaux à payer.
Je veux qu'en pays ami ou enne^
mi , les magasins soient formés des
subsistances qui font la nourriture
habituelle des nationaux, parce qu'a«-
lors on les aura à meilleur compte
et en plus grande abondance; par
conséquent, si les habitans se nour-
rissent de seigle , les troupes s'en
nourriront, et Ton ne s'assujettira
point, parce qu'un règlement de bu-
reau aura déterminé , il y a quatre-
vingts ans, l'espèce et la forme du
poar ThonitiiUé, que celui qoi traiterait dn
meiUeur plan d*adminiitralioD pour les hôpl-
taax d'une armée, et de U meiUeore polies à f
obiervef.
wn
POLITIQUE.
fÊin qai doit être aeilvré an soldat, à
ne lear en distribuer ijue de cette for-
ne el de cette espèce.
Je ¥601 , tant que les opérations se-
ront simples , faciles , a portée des éta-
UÎMeroens qu'on aura formés , que le
pain soit confectionné et délivré dans
la règle accoutumée ; que la régie rem-
{rtisse son service avec le plus d'ordre et
d'eiactitude possibles. J'entends que
les moyens de transport, qu'on pourra
se procurer dans le pays, soient em-
ployés aux détails intérieurs de cette
manutention, afin que par là les équi-
pages des vivres soient soulagés d'au-
tant, dépérissent moins, restent cons-
tanmient à la disposition du général ,
et prêts à servir efficacement dans une
opération extraordinaire. Les mouve-
mens viennent-ils à se multiplier et à
se succéder, est-il nécessaire de faire
une opération hardie, des marches ex-
traordinaires? il faut alors que la régie
force de moyens, il faut qu'elle sadie
s'écarter de ses méthodes de routine et
de précision. L'ennemi prend, je sup-
pose, une position inattendue , et où
je ne veux ni ne puis l'attaquer ; je
suis sûr de le déposter ou de le pren-
dre à revers en marchant sur son flanc.
Suivant notre routine actuelle, il faut
que, pour ce changement de direction,
je me forme de nouveaux établisse-
mens et de nouveaux rayons de com-
munication. On me demande quinze
jours pour la formation de ces établi»-
semens; on allègue qu'il faut rassem-
bler des matériaux, bfttir des fours, etc.
Yoilà précisément on je ne veux pas ,
s'il se peut, que les vivres me com-
mandent ; voilà on je veux que la ré-
gie redouble d'industrie, que l'armée
vivedes ressources du pays, qu'elle
sache souffrir, changer de nourriture ,
jeûner, s'il le faut, sans murmure.
C'est un mouvement qui, dai^ cette
circonstance, est t'Ot>jfsr prrnclpal ; tou-
tes les autres combinaisons ne sont
qu'accessoires, et il faut tftcher de les
lui soumettre. Il faut que l'ennemi me
voie marcher, quand il me croira en-
chaîné par des calculs de subsistances ;
il faut que ce genre de guerre nouveau
rétonne, ne lui laisse le temps de res-
pirer nulle part, et lui a|q>renne, à ses
dépens, cette vérité constante, qu'il
n'y a presque pas de position tenabie
devant une armée bien constituée, so-
bre, patiente et manœuvrière. Les
momens de crise passés, mon mouve-
ment ayant rempli son objet, alors les
subsistances rentrent dans le système
accoutumé d'ordre et de précision. On
tient compte aux troupes des efforts
qu'elles ont faits, du mal qu'elles ont
souffert. C'est par cette alternative
bien ménagée, de douceurs et de tra-
vaux, qu'on éloigne d'elles le dégoût,
l'ennui, l'indiscipline, les maladies;
c'est par elle qu'on leur fait faire, dans
l'occasion, des choses aurdessus des
forces humaines. Enfin, si je suis dans
un pays ennani, et que ce pays soit
abondant, je suspends les dépenses
de la régie pour tout le temps qu'il
peut y fournir; je vis à ses frais. Je
tes suspends, à plus forte raison, si j*y
entre en quartier d'hiver ; je fais faire
les livraisons par le pays, ainsi que les
emmagasinemens, les fournitures^ les
comptabilités. Là, je veux que les
troupes soient dédommagées de la fa-
tigue de la campagne , qu'elles vivent
chez l'habitant , qu'eiies mettent leur
solde en réserve. Je règle ce qu'elie^s
peuvent exiger, sur un pied raisonna-
ble, et dans l'espèce de denrées que lo
pays consomme. Eu même temps que
je procure ces douceurs aux troupes,
j'établis et je mahntiens une disdpliae
de fer pour réprimer les moindres dé-
sordres, P^ndaint cet mtervalle de re-
SCIBUCB MlUfAlllB
pos, les équipages des vivres sont ré-
parés et remontés, et la ré(ie. prépare,
dans le silence , ks moyens pour la
campagoe suivante.
Ceci me conduit à une. vérité po*
litique importante, qui n'est pas assez
sentie par notre (gouvernement : c'est
qa'à un royaume constitué et puis-
sant , comme la France devrait Tétre ,
il faudrait rarement de grands alliés, et
jamais de petits ; il devrait surtout évi-
ter d'en avoir dans le pays, ou aux eu-
virons du pays où il porte le théitre
de la guerre. C'était une maxime d'É-
tat chez ies Romains : ceux qu'ils ap-
pelaient leurs alliés étaient des espèces
de vassaux ; ils contribuaient aux frais
de la guerre ; ils nourrissaient Tarmée,
si elle était sur leur territoire. Notre
politique de ménagemens , de consi-
dérations, de subsides secrets, est pe-
tite et ruineuse pour un grand peuple;
elle est surtout funeste aux opérations
utilitaires; elle euibarrasse les géné-
raux , et met les armées mai à Taise*
La France , au point de splendeur et
de prépondérance où devrait la porter
un plan de régénération, qu'il faut
malheureusement désespérer de voir,
devrait au milieu de TEnrope, do&t
elle est le centre, se soutenir seule et
par son propre poids ; eDe devrait, avec
cette manière franche , large, hardie,
qui convient aux grands empires, dire
ses voisins : « Je ne veux point m'é-
tendre; je tâcherai de ne me pas
faire d'ennemis, et je ne veux point
d'alliés, ji
iNos troupes ne sont pas constituées
militairemenL Nos m<œurs ne sont pas
militaires. Nos soldats, et nos officiers
encore moins, a'ont ni la frugalité, ni
la patience, ni la foroe de corps, qui
sont les qualités primordiales et oons^
titulives des genfi àt guerre. Ces qua-
lités ne sent pas tejooiéesjdaDs notre
4tt
siède ; elles y sont aftiibtfes et tour-
nées en ridionie par le luxe et par l'es-
prit qui domine. Nous sommes des sy-
barites; et teUe est cependant hnlkien-
ce de l'exemple et de la mode sur
notre nation, à la fois faible et forte,
légère et capable de réfléchir, que, si
le souverain voulait en changer les
mœurs, hii donner l'esprit militaire,
apprendre à cenunander ses armées ,
les commander en personne, en ban-
nir le luxe, être lui-même frugal et
patient à souffrir, avant peu d'an^
nées les vertus guerrières y devien-
draient communes et respectées au-
tant qu'elles le sont peu aujourd'hui.
L'honneur, si facile, de régénérer la
nation ne tenta*a-t-il donc jamais un
de nos princes ?
CHAPITRE IV.
SyMéine de guerre actuel, examiné sous le rtp*
part de la politiqae et de radminittratioD. -•
Qa*U .serait impoailble et adéme désavaDia-
geux de le changer. — Que ee «yitéme, en
outre qu'il est plus parbit et plus savant que
tous ceui qui ont existé, est moins ruineux
pour les peuples, plus propre à entretenir la
paix et empéetaer les eonquéles, les dérast»-
ei les grandes réiolatioiis que la goem cih
traînait autrefois.
Ce qu'on reproche au système de
guerre moderne, c'est la nécessité qu'il
impose d'entretenir constamment sur
pied des armées nombreuses ; l'im--
meiisité de leurs attirails; les dé-
penses inouïes de nos guerres ac«
tuelles, dépenses telles qu'on achète-
rait souvent, av.ec ce qu'il en coule
pour les soutenir, le fonda des paya
qu'on se dispute; la consommation plut
désastreuse encore, d'homaas qu'elles
eptratoent.
>»- »
Mh
•oun«M.
le$ pUloiaplieit on, fmar parter
irtus juste, la» gant ftiaant profeisioa
i^ phiiosopher, attrilmaDl à oa aya-
tèfloia dea effeta bian foneatea : c Laa
# arméaa. disant-^ls, lont à la fois les
a inatruniaoaderopprassifinetleaéecH
9 laa de l'aadavage ; c'aat par la (erreur
a qu'allaa imposant, qu'aucun peuple
» u'oie ioulever sea chainea et regar-
• dar en faeeaea tyrans. » De le, ne
aansidéraot plus laa a? méea que sons
«e point de vue, oubliant que s'il eat
des guerres injustes, il en est de nA-
ce^aaires ; que si iaa troupes sont quel-
quefois des auppAts de deapotismo, el-
les sont plus souvent la sauve*garde
des nations, ila confondent enaemble
te Bôan et la profession, passent de
rhorreur de Fun à la haine de Tautre,
appellent les gens de guerre des stî-
pendiaires , des satellites , et cepen-
dant jouissent de la sécurité que les
gens de guerre kxst procurent, soit
en conservant la paix, parce qu'ils
veillent autour d*eux , soit en écar-
tant W guerre de laura foyera, parce
qu'ils vont combattre et mourir au
loin pour eux.
Il y a dans ces imputations, faites
au système de guerre moderne, quel-
ques vérités mêlées à beaucoup d*er-
If ura et d'injustices. Je vais en entre-
prendre l'analyse et la réfutation. Je
vais prouver que de tous les systèmes
de guerre qui ont oiiaté , le aystème
moderne eat le ph» savant et le plus
parfait, ai on le considère du cAté de
Fart, et en même temps le plus a^n-»
itageux aux gouvememens et aux na«
tions; le moina deatructeiv, le moins
aeiattiteax, b plua conaervateur de la
paix et dea emphrea , si ¥xm calcule
aaa f flfeta et aea résullats. Sans doute H
m'est dottx de défendre une science
que Je auMve et une pralèaaion qui
m'honore; mai"- ^ '***^ ^mn, k
aolution ée ee phibtème peut change
utilement le cours des opinions.
Reconnaissons d^abord, comme une
base incontestable, que la philosophie
s'élève en vain contre la guerre, qu'elle
n'en détruira pas l'usage. Pour y par-
venir, il fhudratt anéantir les passions ;
il fiiudrait créer des peuples d'anges ;
encore voyons-nous que Torgueil et
l'ambition finirent par mettre ces der-
niers aux prises avec leur Créateur. Si
la guerre est un résultat infaillible des
passions de Tespèce humaine, il faut
donc un art de la faire, et des hommes
qui s'y consacrent.
Cette base posée, déclamer contra
la guerre en vers et en prose, porter
des anathèmes philosophiques contre
eHe, c'est battre Pair de vains sons;
car aûrement les princes ambitieux, ou
injustes, ou puissans , ne seront pas
contenus par là. Mais ce qui peut et ce
qui doit nécessairement en résulter,
c'est d'éteindre peu à peu Tesprit mi-
litaire, de rendre le gouvernement
moins oooupé de cette importante
branche de l'administration . et de li-
vrer un jour la nation, amollie et dé-
sarmée, ou, œ qui revient à peu prèa
au même, mal armée, et ne sachant
pas ae aervir de ses armes, au joug de
nations aguerries qui auront moins de
lumières peut^tre , mais plus de juge-
ment et de prudence.
Farierai-je d\me autre erreur plus
étrange encon, c'est ceHe qui fait
penser à dea gens de beaucoup d'es-
prit, mais égarés par leur cœur, qu'un
jour II n'y aura plua de guerre, que les
peuples et lea aouverains se rendront
anr cela à févidenoe de la raison et des
lumièraa t ùommù ai lea hommes, soK
individuellement, sott réunis pou-
vaient |anaiaoesaer d'être anlm^ par
la vengeanee, par hmiUtton, par IV
1# ta i^btaiy par nntii«t, tMiaa
SCDOm HIlkTAtlUI.
ils
fAMfefis BiliirêHM ou (hetices ffA ont
jenr ^orct dans le cœur humain ou
éflris les préjugea dont nous sommes
iml)os!
\je roi de Prusae, la czarine sont
certainement des souverains très phi-
los )phes ; mais je doute qu'ils laissent
Jamais faire par leurs voisins rien qui
blesse leur Intérêt ou leur gloire. On
vient de voir le roi de Prusse s'engager
i soixante-huit ans dans une guerre
àmt peut-être sa santé n'aurait pu ni
flotitenlr le fardeau , ni lui permettre
de voir la Hn. Mais l'intérêt de sa puis-
SBf ice, le rôle de protecteur de l'empire,
dont II lui importait de grossir l'héri-
tage de sa maison, enfin le fantôme de
la postérité qui assiège les grands hom-
mes, et qui lui aurait demandé compte
de ses trésors, de ses forces, de ses ta-
lens, de toute sa gloire passée, s'il eât
laissé consommer l'envahissement de
la Bavière ; voilà ce qui l'a animé.
Il y a sans doute en Angleterre
biiêucoup de philosophie et de philo-
flf'phes; mais ces philosophes, avant
tout, sont ou eommerçana directs, ou
indirectement attachés à la pMMpérité
du commerce; dès-lors Tlntérét du
o>mmeree est pour eux le premier et
le plus pressant àe loua. C'est cet inté^
rèt qui les fait se déchirer avec leurs
fières américains; e'esl lui qui les
meltft tDajonra en guerre avec nous
auisi souvent que nous tenterons dfi
Klever notre marine; c'est loi qui, dt)
tt peuple si libre el si fier de sa Hberté
chez lui, fait un peuple si oppresseur,
t ami de ia tyrannie en Asie. C'est cet
iatérèt qui rend les Anglaia si durs et
fi iltfeta dans les vexations qu'ils font
«rayer k nos négooiana aux Indes ,
qui leur fait déchirer les toltes que
m» eommindons sur les métiera des
tineranda, qui leur Alt déffmAre à nos
Mneaux de tirer do oanon dans le
Oatige, même le jonf «lela Saint-Louis.
C'est cet intérêt qui If.ur a fait détruire
de fond en comble Pondichéry, parce
que Pondichéry était lu rivale de Ma-
dras, et qu'oà il y a ii\ alité, il ne peut
plus y avoir ni pitté ni justice. Les An-
glais sentent que leur conduite dans
cette partie du mon%le est inique (;t
vexatoire ; mais il leurimporte de nous
humilier aux yeux des naturels du pays
et de s^ montrer la nation prépondé-
rante ; car la crainte ajoute î la consi-
dération, et la considération est un
poids réel dans la balance des na-
tions.
Les Anglais sont philosophes assu-
rément; mais lem^ iiuvrages, leurs
théâtres, leurs clups, ne retentissent
pns de déclamations tontre la guerre
et contre les citoyens qui s'y dévi^uent.
Ils honorent leur marioe militaire,
qu'ils regardent comme eur boulevârt
el leur défense véritables. Ib ne rtîgret-
tent point les sommes énormes qu'on
y emploie, et Ils ne s'cct plaignent que
quand il n'est pas résulté de ces dépeti*
ses des amiemens ass«L*z formidables.
Pins conséquens que ni ms enlln , quand
ils fbnt la guerre, ils ne la font pas à
demi . et ils y emploient tousies moyens-
de leur puissance.
Quand la guerre s'/rlAv e entre deux
nations, sans doute il serait plus sim^
pie, phis expéditif et moins sanglanl
qu'elles voulussent conllor leurs desti-
nées à un petit nombres de combattans,
et souscrire à recevoir la loi du parti
vainqueur. Ainsi ce fut quelquefois
l'usage dans l'antiquité. Ainsi firent les
Romains et les Albains dans le fameux
itimbat des Heraces. Ainsi I*on a vu
des roia regardant l'obllgitton di5 com-
battre pour leur nation comme le pro-
nrier devoir du trêne, \ider on ]irope«^
ser de vider entre eux les diOérenils
de leurs peuples. Quelques ex.nnph?!
ii6
POUTKHJS.
de cen sortes de (iuelâ ii'ooi pu en éta-
blir Tusage ; et il faut (convenir, en ef-
fet, que rien ne serait plus absurde et
plus insensé. Quoi ! un peuple ferait
itépendre son sort, ses intérêts, sa
gloire, d*un ciimbat particulier! Un
taux pas, une aime d'une mpins bonne
trempe, un homme, ou plus adroit, ou
plus fort, ou plus brave, déciderait si
une nation entière doit gouvernée ou
obéir! £t si les souverains devaient
combattre de leur personne, si à Tévè-
nemeot de leur combat étaient a Ha-
chées ie3 destinées de leurs sujets , il ne
faudrait donc plus ni génie ni vertu,
et ce serait aui gladiateurs à régner.
Il a passé par la tète de quelques
rêveurs de bien public que les guerres
|K>urr&ient se décider par de piHites
armées, que \eb souverains pourraient
convenir entre eux de n'entretenir que
des armées proportionnées à l'étendue
de leurs états et de leurs moyens; mais
cette chimère s'évanauit au premier
examen. S'il pouvait y avoir jamais un
congrès de souverains, assemblé pour
traiter du bonheur du genre humain ,
il serait plus aisé d'y léaliser le projet
de paii perpétuelle, que d'y former de
pareilles conventions; qui établirait
cette proportion? Où serait l'échelle
arithmétique de rarmement de chaque
puissance? La Russie prétendrait que
rétendue est « mesui e de la force ; la
France dirait que c'e^t la population ;
rAnglcterre, le commerce; la Hollan-
de, la richesse ; le roi de Prusse pour-
rait dire que c'est le talent et le génie
du souverain.
Jjiissons là ces fhimères; exami-
nons et traitons les deux manières
les plus usitées, les plus habituelles
que toutes les nations, tant auciennes
que modernes, ont eues de vider leurs
liébals. La première est en faisant la
guerre elle^mêoM^, c'est^-^e en
s'armaut au moment où la. guerre $•
déclare, en choisissant les plus jeunes,
les plus vigoureux, les plus ardeDS»
les plus généreux, puis en en allaot
combattre avec un amas, plu9 ou
moins informe, désigné sous les noms
de communes, d'hommes d'armes,
d'arrièrc-ban. de pospolite, de mi-
lice eiifin. La seconde consiste à en-
tretenir constanament et à grands frais
sur pied des armées que la paix pré-
pare, discipline, forme à la guerre,
sur lesquelles les nations se reposent
du soin de leur défense ; derrière les-
quelles enfin, si on excepte les pays
qui sont le théâtre des opérations, elles
sèment, recueillent, jouissent de tou-
tes les douceurs de la vie, ne prenant
de part à la guerre que par curiosité
ou par des affections personnelles, et
les évènemens qu'elle produit n'étant
déjà plus que les songes de rhistoîre
quand ils leur parviennent.
Cette première manière est entière-
ment perdue en Europe. Les Tares
seuls l'ont conservée; ils la paient
cher, et leur dernière guerre avec les
Russes a jugé sans retour le procès en-
tre la multitude et la discipline.» \l
restait encore la pospolite des Polo-
nais ; neuf ou dix mille Russes, menés
à la moderne, ont dissipé partout ces
hordes impuissantes. Dans toute l'Eu-
rope enfin, il n y a plus aujourd'hui
que des nations qui paient des troupes
réglées, des armées perpétuelles» des
armées toi^ours en présence, pour se
battre à leur place*
Il est question maintenant d'exami-
ner laquelle des deux manières est ia
plus avantageuse aux gouvememens,
et la moins onéreuse aux nations et à
l'humanité.
1 a question est si évidente relative-
ment aux gouvernemens, que je n'au-»
rai pas besoin de m'y airéter. BtM
•GniVCB «LITAIU.
MT
méet et ifM de grtndM «rméetv les
grmdi États ne pewreiit «foir ni sA-*
icté, ni considératioii, ni politiqae. lit
M mettraient à la merci da premier
MMnrenin, iaférienr en poimaoee réel-
le, eo moyens , en population , «fni ^
aiec de raesbition et dn talent, toq--
dnitte faire nne eilstence par les ar-
mes. Ainsi le' roi de Fmsse, faisant de
is coar nn eampv tournant toutes ses
forças Tors le militaire, et ayant mâme
Padrasse de let grànir, en appelant à
fOB serfice beancoup d^étrangers, eftt
Bai par aliattre la maiaon d'Antriche ,
d die n'arait, à son exemple, rormé
one «mée eapsMe de la balancer;
Mail nns parler dn deliors, et en des-
€»dant da grand an petit ponr étendre
Is question «ni États qui ne peurent
fobd entretenir d'armée , sans forces
milRaipes quelconques , les gouverne-
mens n'aunieni ni autorité, ni appui,
ni forée coactire. La forme du gourer*
Douent et retendue du pays ne font
que modifier ee principe ; mais partout
il hot des troupes. Depuis la France
jusqu'à la répiÂlique de Venise, il
faut, dans une proportion et dans une
broie quelconque, entretenir des sol-
dats.
Id les philosophes vont s'élerer, ils
root faire retentir les mots si vagues
et si souvent mal conçus de despotisme
el de liberté. Examinons ce qui fonde
jQis ciameon, et réduisons à la vé*
rite, et surtout à la possibilité , leurs
HMx et leurs dédmations.
Sans doute leii troupes peuvent quet
qoefob servir d'instrument au despo-
Usme ; mais le despotisme n'existait-il
pas avant qpi'il y eût des troupes ré-
liéesT N'existe't4l pas en Orient, où il
a'a pour agens que des eunuques et
des bourreaux? Louis XI, sans ar-
mée, ne ^ fut-il pas plus despote que
Louis XIV, créateur des grandes ar-
méesT 8ont-ce des troupes qm ont exé<
enté le massacre de la Saint-Barthéle-»
my? Tous les souverains de l'Europe
ont des troupes; à quelle barbarie les
emploient-ils? C'est quand les princes
sont faibles et armés d'un demi-pou-^
voir, qu'Hs sont pHis dangereux peut-
être. C'est alon que la déOance les
accompagne, et que la r&istance les
aigrit; c'est aleraqju'ils s'entourent
d'espions et de bourreaux. C'est alors
qu'un Louis XI fait de son palais une
citadelle, et de cette citadelle le cachot
et le charnier de ses victimes. C'est
alors qu'un Henri III fait assassiner les
Guises qu'il rédoute; <fest alors qu'on
donne ordre d'arrêter, mort ou vif, le
maréchal d'Ancre , ee qui n'est qu'un
autre assassinat pallié.
L'usage des semées perpétuelles eût
étèfoneste à Thumanitè dans des temps
de baiiwrie et d'ignorance ; aujourd'hui
les hunières, l'évidence de hi raison, la
douceur des mmurs, enfin tout, jusqu'à
la mollesse et à l'aDaiblissement des
caractères, Ate à cette institution tout
son danger. Les armées sont les ap-
puis les'phis fermes de rautorité légi-
time, de l'autorité se contenant dans
de justes bornes ; mais elles sont en
même temps un frein tacite à la tyran*
nie. Dn Charles IX commandant à ses
troupes le massacre de ses sujets; un
Néron voulant incendier sa capitale,
ne trouveraient dans ses tronpes que
les instramens de sa déposition.
Sans doute la liberté est perdue,
sans doute elle est presque impossible
à recouvrer partout o& les souverains
ont des années formidables; mais j'en-
tends par liberté le droit de se guuver
ner elles-mAmes, car voilà, dies les
nations policées, à quoi il faut la ré-
duire ; conviendrait-elle à presque ton-
tes les grandes nations de TEurope?
La phipart d'entre- eiles-ne sont ni sii
S7
nénc qv^elle v» M» oéb iépMér^%
Fé|HiMiqAeb. U f anl; pour gfiAter <^ttD
fi^me 4€ gduvenienftiil, ane oërtliîne
trénape decatieièfeet d*ps|»rittîl fMé
des mqpim, de hiptavrôté, de ie fiitt^
pHcifé ; it faut nfafèiB-pa» coma loiitea
' lea joiiiwauœiiemiii^neanéei §t poiw
i niptfiGos de hixe;;' des ktlMB et di6
^ ftfts. il faudmil 4tt'ip0parlift4Qi iiidii»
indus de chaqfefMtieii n'eètpasduh^
If ê€té fhabihide «liai nécesBilér d^ Vl*
fp» éii gràœs et'ddsrit)iia= de tout0
uwfkcf donl #bMi<to (e régmi0 niMart
Mque.^ il j B teUe «atton enflo, pai-t
«dime au pDiiilf(|at, ai eti:lui tfaîMi
ppèa^nt de at Hberté^vtiUe tii'tif iMàail
fbint faire mage; toaberail dansé'»*
Mi^dié, et rpdemandeaafiti bietitM rà
grands (Tis le gouf^rhement coaira
lèqireleHe décime aDjoBfd'bnî. >
• On citera TAngieterfe Von dira'(|nè
I^Anglelerpe est à la (ià!a iriehe et œfh
H)mpn6, et eepe«dant fortM^'ût^Ubtei
Mais c'est à ion btuieiise feituatîMi 4
cAest ant mevs'qdi'reajviranneBl; el'qni
la défendent j que FAH^leterrs doit
d'pvoir maintenu jusqn'lci la forvieide
seo gonfernenfient;*<]^tst eet^ sitaart
lion qui lui permet de se passer d'am-
niées de terre, on da moins d'«« ^veîr
une peu considéraMe. Se» floltes loi
liennenliteu de reDipartsal deèBtaitr
Ions ; et tel est Pavaniage des foroes de
mer. quand teatefois elles sont fon-
dées, comme eeliea de f Angleterre^
sur un grand comnsenoe mmntMfie;
qu'elles s'aUmetitent et s'entretleanent
par ee oomaeree même; Tel esteor
eOK leur avantage, qu'if n défendent
rAngleterre contre les ennemis du de*
bore, elles fie rtietlent pa» dqns les
floiâins du souverain une puissance dan^
gef ettse ; car avec une flotte, on n'est
Fttnse pHrnn bras 4e «meiv'Aoït aMi
sél-ail pbHf^e^ d'fffolf *a^Wfloier<a
tavra ; alorJi, eoof te»pragli8i \ ill yw ■
rier et yUkmiBfiM,l9ifréfàtfkU»0mpà$
s'étendraftv l0i oqnlrbpaiAl ^wm^wêî
toi4léi0ràMntaflMtAia;^MShr lAUM»
qitlMe-de eeMlMHe oamMIiltlMliaai^
aiit éiMMÉlé dantlsei fomlMiaaÉC ' •
' LaisaaMS donc le 'phlluopUe^ae ff
patCas de'dnasèmi ^(seiinafeBbiii
aéaiiaéiv( ' pariona- <te :|ioti'e^<8iÉaMliiA*J
lims^ <iaiiitoti8 u|iigf»i4 saiiMaea»;
neés' âaena des liroaliènaa^d'wi} te
MBBse dévttkippement, dee veisinilkeli
IWfoena ^et 1 puissamiBeiit anséa. -^ba
gmÉvernèment nâanÉraUqu^ Ml eaHI
qm«i»fnvteo4 le? tqienx èiiae teihr^aaa
lion. 0est oetni^v qtoiftte ^tflârt|iië
faornlsse quelquefois' éafer iMeiifiai
opposéa^quî ^^t ^ fi^ ^^i^*^'^
pé^itioni, de secret et ie f igMur ;«i^M
ceMqui^peutte'raieui'epérer taTlo»
nion el le eanoeura4esinby«Dlli*#Me
àmssif f pande i^aMei 'Parf«(iié<eoiia4k
qBence dece(ite'iitiiatton,'il'fiieilS'lliUt
des «muées ^roporHannée^ U npMl
pntesaiiee et à eM» >des twatieiio ^q«l
neus avo{siiient;'LaPplogne»|k Mt^ta
triste expérience des abus de ranafcMë
répiibKeàine', parui^ feneile '«ysIèÉse
de liberté , elle n'a voulu ni anwéda ai
pièces de gteierre; eHe- 0 ctrafni é^ it
mettre Ains les aieins de son soiivo»
raffi;èt elle est^ devenue l'eaelave<eMa
pvôiè de^ pcrissanoeis toonaiisiriqùea M
formidablemeril armées qtil fdnvlMI^
newl. ■""' ■ •' '■'• ' *'•■'" • •■•'
Ahcaminon^ mainienant 61 d'aM^MI
serait poli8lble\)[iulr ensuite ^1 soMt
avantageux aux netioai^ niodéhies'^
fcire icf gnéfre ene#4nèm*es, ârf (tes 4ê
la faff e par des suppMs, e'eët-èHlifÉ
point mettre d'un pays. MaîR supposons i pnr des treuffes réglées,
e au mil
lemagne
:*
SaEFICI HILITAIRF.
k]%
I pvqiigieiiia dittrenoe entre des ar-
■été qui fe|«ient nMeinblées passt-
{ènoieiit pour pembattn , telles qae
iMifaieat les composer nos milices on
MO frrière-bins, et des armées ooDSr
iln^ et entretenues de longue main
Mlle oet objet , qo'il ne reste , même
me «M grande sapériorité de nom-
M^ Md tonne d^égulité entre les pre-
Aras ft les dernières, nnll^ possibi-
Ité raisonnable de se hasarder avec les
iMi cpntre les antres; enfin, que la
isHmn qni , entourée de voisins armés
nlfuit le systèpue moderne , voudrait j
!9fi0i|ir à l'ancien système, et, si je '
sifi m^exprimer ainsi , se battre elle-
■ÉHIp pour gagner son argent, serait,
ataiivtroent à ses voisins, dons la mè*
le proportion de désavantage et de
itMHsft qu^un homme désarmé, ou ne |
Kbant pas manier ses armes , vis-à-
it d'un homme armé et exercé à ma-
litv tes siennes.
La résistance des Américains , leurs
«Ci^, n'ont pas changé mon opinion.
y«bord je crois que la différence dont
*sd parlé ci-dessus n*en existait pas
moins entre Tannée anglaise et celle
le Washington , et même entre celle
te Burgoine, qui a mis bas les armes,
Bl celle de Gates qui Ta fait capituler.
la avis que si on pouvait consulter les
oStiers étrangers qui ont vu cette
gneiyt , que si ou pouvait puvrir la
hHChe à celui d'entre eux qui s'y est
frit up si beap nom, ils convien-
draient unanimement que les mal-
hencs des Anglais ne viennent qua de
tours propres fautes ; que leurs gêné-
ont manqué de plan , pris de
mesures, mal à propos divisa
leu» forces : qu'ils ont fait surtout la
grande faute de ne pas assez sentir la m-
péfiorité de leurs moyens, et d'oublier
qMdes troupes réglées, qui comftfiut^
MW dei mililMt perdei»t 4^-l^rs mi-
me leur prin^cipal avsptaK^« «^i con*
siste dans l'opinion qp'elles d^JY^ul
avoir de leur supériorité ; et qu'elle
donnent par là, à ces dernières, 4^ la
contenance et de la forc^. Je crpis eu-
fin qu'ils se réuniraient tou9 poqr
avouer qu'ils ont HQUvent géwi (i^
cette pf odigieuse diOiif ence ; gt, qa^jf»
supposant que Tamour 4§ la Ij^Rr^t
existe unauioiement parfpi les J^mir
ricains, ce sentiment, qpi fai( qn^-r
quefois des héf^ parmi les indivld^,
est pour la mulUtpde, un yébiculç
moins sûr que la discipline.
Mais, quand la guerre d^s Angi^i
en Amérique n'aurait paseu l'issue que
j^ crois devoirètre de toute guerre faiti^
avecdes troupes réglées bien conduites,
contre une nation armée, cet ^xen^piç
ne prouverait rien encore contre paq^
opinion ; car cette guerre ne ressefnl^le
en rien à celle qui se fait en Europe.
Les Anglais sont à deux miU^ Ue^fi^
de leur pays. Les vivres , l'embi^rm
des transports , la lenteur et l'incerti-
tude des convois , le nature du sol qui,
par ses grandes rivières, ses lacs, ses fo-
rêts ))résente de plus grands pbs^^Plei
que notre continent ; la difficulté ^
s'avancer dans les terres quand on tire
tontes ses subsistances de la côte et
de ses flottes ; tout cela peut balanper
la supériorité que la discipline et l'esr
pèce de leurs troupes donnent d*]^).-
leurs aux Anglais sur les Aniéricains.
Examinons la dUTérepce qu'appor-
tent aujourd'hui la discipline et les pro-
grès de l'art entre lesfO'méeset le fpnds
des nations. Cette différence était déjà
immense dutempsde Louis XI V, on fut
aumomentdei'éprouverd'une manière
terrible; car, si en 1710, au lieu de
Fheureux événement de Penain , la
seule, la dernière armée qui restait à
Louis XIV, eût éprwvé encore pp
nsalhear comipe celui d'Hochstet» op
dkt va ee ^ae serait devenu le premier f la néeessîlé de rinstmctioD, PîiBpor-
royanme de l'Eiirope, n'ayant plus
d*arniées. A quelques plaees de la fron^
Uère près, ce royaume était encore in-
tact; vingt millions d*habitana n'a*
vaient seulement pas entendu le tNmit
du canon, et cependant le prince Eu-
gène f At arrivé sans obstacle jusqu'à la
capitale. Frappé avec raison de ses
longues calamités, mais conservant
encore de la dignité sous leur poids, le
maitre de ce vaste empire n'osait, en
cas de défaite , ^?pérer qu'une mort
honorable. Si v<m$ ite$ baiiu, avait-*ii
écrit au maréchal de Villars, ne Véefi-
vtz qu'à moi seul: je connais les Fran^
çais : toîre lettre à la main, je traverse
Paris ^ je vous amène cent mille hommes,
et nous nous ensevelissons ensemble sous
l9s ruines de la monarchie.
Hais c'est à l'époque du roi de
Prusse, qu'il faut à juste titre regarder
comme un nouvel âge dans la science
militaire, que la différence apportée
parle système de guerre moderne en-
tre les armées et les nations, est de-
venue bien plus sensible encore. Ce
prince a fait naître un nouvel ordre de
choses; il a créé une nouvelle disci^
pHne, une nouvelle tactique, un nou-
veau ^enre de guerre. Son armée,
toujours complète, toujours pourvue
de tous les attirails nécessaires , ton-
jours menaçante , est devenue comme
cette barrière formidable de légions
qui, dans les beaux jours de Rcmie,
veillait autour des frontières. Rival de
voisinage et de gloire , l'Empereur a
embrassé le même système, et marche
«tur les mêmes traces. Il ne s'agit plus
' enfin aujourd'hui , comme on faisait
$ous Louis XIV, et conune on a con-
tinue de faire long-temps après lui, de
lever de grandes augmentations à la
guerre pour faire ensuite de grandes
'réformes à ta paix. Leaproffrèade l'art.
tance de la discipline, obUgent à faire
de la paii l'éoole de la guenre, /el à en-
tretenir les années sur un tel pied
qu'elles puissent entrer en campagne
au premier signaK Par là , les troupet
réglées, acquérant de plus en plus la
supériorité sur le fonds des nations, les
nations sont moins que jamais dans le
cas de se passer d'elles, ni de poiiv<Mr
se mesurer avec elles.
Les choses C!2 étant à ce point.
quelle ^ande nation oserait s'écarter
du système reçu ! mais je vais dénum-
trer que la sûreté , la nécessité a part»
l'intérêt des nations modernes est en-
core d'entretenir des troupes réglées
pour faire la guerre, plutôt que de faire
la guerre elles-mêmes.
Quand les nations sont à demi-lMT-
bares, <}uand elles n'ont ni lomière, ni
commerce, m richesses» ni luxe ; l'oi-
siveté des nobles, la vigueur des jeunes
gens, l'ardeur des ambitieux , la féro-
cité générale des esprits, enfin, l'appât
de la seule espèce de gloire qui leur
soit connue, portent beaucoup d'hom-
mes vers les ormes. Aux arts de pre-
mier besoin près, il n'y a presque que
deux occupations , labourer et com-
battre. Tels étaient les Romains dens
les premiers Ages de la républiqne ; les
consuls plantaient leurs drapeaux dans
le Champ -de-Mars ; et la jeunesse ac-
courait en foule se ranger sous leurs
ordres. Tels étaient encore la plupart
des peuples de l'Europe il y a deux
siècles. Les troubles de religion. Ta-*
narchie du gouvernement féodal , les
entretenaient dans un état de guerre
presque continuel. Chaque seigneur,
chaque ville, chaque paroisse avait sa
bannière. Comme il ne ftiHait ni disci-
pline ni science, chacun pouvait an be-
» soin s'armer et combattre. On se rap-
pelle la facilité avec laquelle se fâi*
SCIBHGB MlUTAIMB.
kii
nient ces émigrations armées soos le
nom de croisades. Il est si aisé de dé-
tacher de leur sol et de mener à la
mort des hommes qui ne savent que
faire delew vie! Dans nos nations mo-
dernes, les Inmièses et les richesses
ont, à cet égard , fait tout changer de
face. Elles ont créé nne foule de pro-
fessions nouvelles, ouvert en tous sens
des débouchés, énervé les corps, amolli
les courages et fait sentir le prix de la
lie. On appellerait aujourd'hui en vain
les citoyens à la défense de leur pays ;
excepté la noblesse cfu*un reste de pré-
jQgé y ferait aller (1) , toutes les autres
dasses sont occupées , toutes ont leurs
liens , leur profession , leurs intérêts ,
leurs devoirs; il ne resterait à l'entière
disposition du gouvernement que la
dernière classe du peuple qui s*y ferait
traîner plutAt que conduire. Plus les
nations sont riches, éclairées, heu-
reuses, moins elles peuvent donc com-
battre elles* mêmes ; plus il leur est à
la fois nécessaire et avantageux de
commettre et d'entretenir une petite
portion d'entre elles pour se vouer à
leur défense, et pour être leurs repré-
sentans.
Si , dans un gouvernement quelcon-
que, tout le monde doit sa part de l'im-
pAt , la défense publique est un devoir
plus sacré sans doute, et le tribut de
son sang est , avant tout , celui que ,
dans l'institution primitive, personne
n'a le droit de refuser. Or , voilà la
dette, voilà l'impAt dont les gens de
guerre, entretenus par la nation, sou-
lagent le magistrat , le négociant , le
savant, l'artiste, le père de famille, en-
fin, jusqu'au citoyen inutile qui pèse
MT la terre qui le nourrit et qui ne fait
rien pour elle.
Je laisse à juger maintenant s'il est
:i) n fetti se NfMMr à Vépo^ue è Inquclle
euiberiéiïffivaÉl. ' '
juste de dédamer contre les gens do
guerre, de chercher à avilir les troupe»
par le nom de stipendiaires , et de pa-
raître toujours regretter la dépense
qu'elles occasionnent. Et en quoi les
gens de guerre sont-ils donc plus sti-
pendiaires que le magistrat qui reçoit
des gages, et que Thomme de lettres et
que l'artiste qu'on pensionne? Si, dans
la masse générale des salaires, on com-
pare les leurs à ceux des autres pro-
fessions, ils sont les moindre de tous,
Si on compare ensuite les services ; les
autres professions donnent leur temps,
eelle-là donne son sang et sa vie.
Ne nous laissons donc pas aller à et \
fausses spéculations d'une philosophie
qui ne peut apprécier dans le cabiiu I
ni les localités des pays et des gouvei
nemens, ni les intérêts et les passions
des souverains; ne croyons pas que
ces grandes puissances étrangères en
viennent jamais à désarmer et à laisser
tomber leur constitution militaire. Cel-
te constitution est devenue la base de
leur politique et de leur grandeur ; elle
est analogue à la situation de leur^
États, à l'esprit, aux mœurs, au carac-
tère de leurs sujets. Des nations, plus
heureusement situées, jouissent du
commerce, des arts, des richesses ; il
ne peut rester à ces peuples que Texis^
tence des nations reculées dans le con-
tinent, celle d'être agricoles et guer-
riers. Chez eux, le luxe, le raffinement
des esprits, ne sapent et ne relâchent
point, comme chez nous, la discipline
militaire et le goût des armes; chez
eux, il n'y a qu'un état, qu une profes-
sion, qu'un débouché pour la fortune
et pour la gloire ; chez eux, tout homme
en naissant est soldat, et la nation
entière est la pépinière de l'armée;
chez eux enflOt la puissance militaire
est le premier objet, toutes les dépen*-
ses s'y rapportent; et pour suffire i\
t'fenfreiîeh des armées , les coiirs ont
presque adopté la simplicité dès campa.
S*ëKsiiît-îl dé 15 qii'ii faille adopter le
èyàtShië dé' ces hâtions pôuk* ne devè-
hlir qliè militaires comme elles*? Non,
sans abùt'é : H faut jouir de tous noâ
àvailtage^; \\ féul proélér de ceiié
abondante population , tjuî hpus per-
biet dé faire lacë â Id fois Hu commerce,
aux àrls, a l*âgrîcùUui'ë èl à l^i guerre.
I) thut remplir la destination que là
nature semolë iious avoir assignée d*é-
ir'é un peuple universel ; niais il faut
avoir une armée qui soûtiennb celte
grande destinée, et qîiî rioiis fasse res-
pecter dé hds voisins. Li dîfréréhce
d*eu< à nous, c'est que pour avoir lihè
armée, ilà sont obligés de feùHir, d'ê-
piiisor tbus leurs moyens- c'est qiiVn
àyàni Une armée, ils n'ôril r\eh au-dè-
iâ. Cliéz noiis Târméè peiil exister sàris
nuire àili autres parties de l'adminis-
tràtlofi ; elle tie doit être que la sàuvé-
gàfde derrière laquelle toutes lès autres
prbfés^ibi^é , é*galéïnënt encouragées
par Ifeâ itioyëhS qiiî leur sont relatife,
également ctiërc's aii gbiivérhemenl,
seront florissantes et tieuréiisés.
ifaîS sî Ic§ àrnàéës îibhibirëuseè, îii-
trodiiiléà pat lé Système Aé giierré
iHoderiié, ne contribuent ^aS â la pros-
périté dé l'Élat autant qd'à sa foi^ce ,
cVst U fauté dè^ goiivéi-rteméhs , et
liôh telle dé ce ^ysléiiié ; bar 11 y rfuràlt
dés Hioyetiô 'sah's hortib'rê dé KelîJre
les troupes moin^ onéreuses auk ha-
tfohs. dtt ^bûf-fâît , ëînsi que lé font
lè^ kil^^ëd, hé ^aà étifi^ër ùné laltl^
aussi élevée pour té soldat, et rië pas
éHiëVëi* AÏXïA i W tiopbihtibh ta plh^
b^lle ës^ëcé if hôAiUés. On pbiiiralt ,
(!(>thnie le pfktf4taeh{ lé fol ^é t^sde
cf rfeitttmrètir, fèfoHsér \ei maKëges
iéh sèhMts:; mm 9 te sub^iétéhce de^
?OUTIQCE.
pour les marlages,eette éducation pour
lés enfans qui en naîtraient, et uoe
fouie d'autres avantages encore^ pour*
raient être la suite et le fruit de la
méthode des gomisons et quartiers se*
dentaires, mise à la place de cette vie
errante et ruineuse qu*on fait mener à
nos régimr js. Au lieu de .D'occuper
les troupes qu'à des exercices puérils ;
au lieu dé les entasser dans dçs places
de guerre I comme si l'ennenU était
aux portes du royaume, et par consé-
quent sur les frontières, où les vivres
sont toujours plus chers et ont le plus
de débouchés, ou les habitans ont le
plus de ressources et d'industrie ; on
pourrait les disperser dans les provin-
ces intérieures qui manquent de vivi-
firation et d'espèces, et qui ont plus de
denrée^ que de consommateurs. On
pourrait leur répartir des terrains in--
culles, les employer aux travaux pu-
blics, & l'ouverture de plusieurs grands
canaux qui nous manquent encore , à
la confeëtion des ctiemins et à la répa-
ration de ceux qui existent.
Tel est le résultat du système de
guerre moderne, que l'argent en est
plus que jamais devenu le nerf et le
moyen ; que les petits souverains ne
peuvent plus avoir de troupes sur pied
que pour les vehdre, parce qu'ils ne
seraient pas assez riches pour les met-
tre en action ; que les grands souve-
rains consomment la plus grande par-
tie (le leurs revenus à suffire à l'entre-
tien dé leurs îroupei sur lé pîeci de
paix , et qu'à la guerre ils sont tous
réduits aux emprunts, et après qn-!-
ques campagnes, éoit vainqueurs ou
vaincus^ à peu près également ruibés,
et forcés de déi^irer la paii.
Ce résultat devrait être avantageux
aux puissances riches ; il devrait sur-
tout l'être à la Frauoe^ foi^ à d'immen-
lion de lëuf^ pAréii. Céi ëilcdtli^éiiieht i aes richesses, joint une immeitoe po-
STIBirCB ^ULIIAIRB.
bai
illalioni 8e<( rf!vMii*« soi^t, à eu seaUi
4ai| forb que «euK de la maison il*Au-
rMhe^ du roi «le Pruse ot de la Rus-
i&i mais ,. par une fatalité dont la
^Mvidence veut sans doute faire le
wilrepoida de ta supériorité, elle en-
voient è peine « avee quatre fois an*
■•I de dépense i un militaire aussi
lombreus que celui de la Kussîe , et
i««eunedé|iense double, un beaucou})
Mi os formidable que celui de la Prusse
Atd^ ta maison d'Autriche.
^«Aiutrefoisi lorsqu'on n'avait que de
petites armées, quand la guerre se fai-
la^ l«ns beaucoup d'attirails et à peu
letirais, quand il n'y avait pas d'or-
Nées constamment sur pied , et que
liii,irniéefi ne se formaient que passa-
(iMnieiit pour le temps de la guerre,
!tqtff4«(uefois même pour le moment
hMHP^itions seulement, les guerres
liitHit . )(eaucoup plus fréquentes, et
Bnrope en était perpétuellement le
léAtreé Chaque petit souverain, clia-
Md^^gneur tant soit peu puissant
fait le droit et le moyen de la faire ;
JUBnr wlOsait de convoquer leurs vas-
ips« A ptus forte raison la guerre
ktAti fittf facile aux grands souverains.
!>MV.l6 phniéger grief, on courait aux
^ijgliaiid Tart militaire commença à
nlMitre^ quand des troupes un peu
nponf réglées prirent la place de cette
ea^oe de milice féodale», comme ces
IqMVea étaient encore en petit nom*
hise, comme elles se levaient et s'ar-
laMMDt à peu de frais, cela ne ralentit
pwBl encore la fureur et la fréquence
daa guerres. On vit l'Europe pleine de
fitites armées. De simples généraux i
m'afant de droit que leur épée, s'atta-
chaient des aventuriers, et faisaient la
gprre pour leur compte ou se vendaient
louverains. Ainsi firent Bertrand
in, le connétable de Bourbon,
leducdeWeimar, etr. De là,cosstiprn-
diaires sous toutes sortes de itotn.<4, rci-
tres, lansquenets, anluTS, coiidotUeri.
que l'Allemagne et T Italie fournissuient
à nos armées. Ces petits primes, qui au-
jourd'hui vendent pa< ifi(]uemiMit leurs
troupes |K)ur sufDre au luxe de leurs
petites cours , res petits prinres , au •
jourd'hui réduits à se mettre sous la
protection des grandes puissances ,
pour n'élre pas drpouillés par elles i
étaient tous alors tiirbulens et ambi-
tieux. Ils faisaient la guerre à la tête
de leurs trou|)es et pour eux-mêmes.
Il n'y avait pas jusqu'aux évéques qui
ne s'en mêlassent. Je ne citerai , en-
tre autres, que le fameux Van-Ga-
len, évêque de Mun>ter. Je ne dois pas
négliger de rappeler qu'indépendam*
ment de toutes ces troupes^ il y avait
de grandes monarchies, telle que celle
de France, par exemple, où les prince <
du sang et les grands seigneurs entre-
tenaient beaucoup de gentilshommes
et de gens armés. Nos princes avaient
des gardes, des troupes, des places de
guerre, et beaucoup d'emplois militai-
res à leur nomination»
Ainsi, en comptant tout ^ qui était
en armes alors, il y avait peut-être en
Europe autant d'hommes qu'aujoar*
d'hui voués à cette profession ; mais il
n'en résultait ni un aussi grand appa-
reil ni d*aussi grands eflets, parce que
l'en manquait d'argent et de méthodes
pour les réunir ; parce que le système
de guerre de ces temps ne l'exigeait
pas ; enfin, parce qu'il n'y avait pas«
comme aujourd'hui, ces grandes mas-
ses de puissances qui ont anéanti tou-
tes les autres, et qui, en même temi»,
plus despotiques dans leur intérieur,
ont réuni dans leurs mains toutes les
forces éparses qui comj^iosaient l'ani irn
régime féodal. Ce qui forme aujour-
I d'hui les armées de cinq ou six souve-
Uk
POUTIQUI.
rains de l'Europe , e&t été autrefois
joudoyé par cinq cents maîtres. Senir
ponr servir, il me semble que ceux qui
y sont destinés ont gagné au rhange ;
car les grands tyrans, si ces souverains
étaient tentés de le devenir, sont en-
core de meilleure composition que les
petits^ et la servitude s'ennoblit un peu
par la grandeur du maître.
Ainsi dans ces siècles, certainement
plus malheureux que le nôtre, les guer-
res étaient bien plus fréquentes , plus
longues; elles se faisaient dans bien
plus de points à la fois. Aujourd'hui
que la guerre ne peut se faire qu'avec
des troupes réglées, arvec des armées
nombreuses, disciplinées de longue
main, et constamment entretenues sur
pied, cinq ou six grandes puissances
seules ont en Europe le droit et les
moyens de la faire; je dis le droit, car
les puissances secondaires ne l'ont plus
de fait ; elles sont réduites a s'attacher
aux puissances de premier ordre, et à
faire juger leurs diflérens par elles.
C'est donc déjà beaucoup que cinq ou
six tètes seules aient la disposition de
ce fléau» et ce sont déjà beaucoup de
probablKtés de plus en faveur de la
paix ; car moins il y a de têtes, moins
ïl y a certainement de rivalités» d'inté*
rets et de passions en présence. ,
Ce n'est "pas tout encore : quand la
guerre est facile à faire, quand elle
n'exige que peu d'avances primitives ,
quand il ne faut pour l'entreprendre
que rassembler des homnses, les armer
et courir sur l'ennemi ; alors on s'é*
chauffe pour de légers motifs, on obéit
à un premier mouvement, on déclare
la guerre et on la fait, comme un par-
ticulier met l'épée à la main pour re-
pousser une offense. C'était ainsi qu'en
usaient autrefois les nations et les sou-
Ai^onrd'hui la guerre est devenue
si difficile à eutrepraudi^ , eBe exifa
tant de (irais, tant d'avances» une miat
dehors si ruineuse , des perspectives
de succès si incertaines, des dwncessi
peu complètes, et à la paix, une ruine
à peu près si égale pour le vainqueur
et pour le vaincu, que les souverains
balancent long -temps à s'y déter-
miner.
Par la même raison que les guerraa
étaient autrefois plus (l^équentes, elles
étaient plus longues ; et par la même
raison qu'elles son*; aujourd'hui plus
rares, elles sont aujourd'hui plus eourw
tes. Ces résultats, en apparence ai op-
posés, sont la suite de la différence des
moyens qu'^n employait alors, et d»
ceux qu'on emploie aujourd'hui. Alors
on agissait avec peu de fM^ces à la fois,
et par conséquent avec peu d'efforts;
de là, on pouvait répéter ces efforts
souvent et les prolonger long-temps.
Aujourd'hui on Bffii avec des forces
immenses, et par conséquent avec
dimmenses efforts. Ils doivent doue
bientôt épuiser, et donner le besoin de
se reposer long-temps. La dernière
guerre, qui a été et qui sera vraisem-
blablement la plus mémorable de notre
siècle , a mis cinq cent mille combat»
tans en armes, et elle a duré six ans.
La plus célèbre guerre de l'autre siècie
n'avait mis aux prises que cent mille
combattans dans toutes les armées res-
pectives, mais elle a duré trente aus.
Jo ne hasarderai point de prononcer
laquelle des deux a coûté le plus de
sang et de larmes au genre humain;
mais plusieurs raisons me paraissent
incontestablement prouver que le sys*
tème de* guerre moderne est moins
meurtrier et moins dévastateur que
l'ancien.
D'abord , il est hors de doute que
l'usage des armes è feu a rendu les
combats infiniment moina
fCQUtCft «nJTAIU.
hn ciwe» de eelte ditérenee sont trop
lensibies, et ThMoireen fourait tropde
preuves, pour que j'aie besoin de m'y
arrêter. Il est horsdedonteencoreqiie,
îB Fart aTec lequel les batailles s'enga-
gent aujourd'hui, elles ne peuvent plus
être géoérales, et par conséquent aussi
meurtrières et aussi décisives.
Mais ee n'est pas sous ce seul rap-
pwt que le systèoie de guerre moder-
ne est plus favorable à l'hunianité.
ÀQJoord*hui les guerres sont devenues
UHÛDs cruelles. Hors des combats, on
oe répand plus de sang ; on respecte
les prisonniers, on ne délpruit plus les
villes^ on ne ravage plus les campa-
gnes. Lapbiloafqphie, les lumières, l'a-
doucissement universel des ma^urs, ont
«as doute contribué à cette révolu-
tion; mais elle est aussi le résultat du
srstème de guerre moderne.
Le système de guerre moderne
ayant fait en Europe des armées et des
nations deux classes absolument sé-
parées, les habitans des pays où se fait
laguerre n'en sont plus que les spec-
tateurs.
n me reste à considéra ici le sys-
tème de guerre moderne relativement
i l'art en lui-même. Si on oivisage d'a-
bord cet art du cAté de l'immensité et
de la difficulté , il est supérieur à ce
qu'il fiit dans tous les siècles de l'an-
tiquité. Chez les anciens, on ne con-
naissait ni la science de l'artillerie
ai celle des mines ; sciences fondées
sar des spéculations abstraites et pro-
fondes. Qu'était la théorie de lem,ar-
mes et de leur balistique, auprès de
celle de Bélidor, de Bobbkis, etc.?
Qn'était le fouiOage des Bèces et des
Aaces auprès de notre art des mines?
Mettra-t-on la science des fortifications
des anciens , celle de leur attaque et
défense des places en paraHèle av^
celle de VaubanT .
Mais il est Un point sur lequel Vart
de la guerre a é|Hrouvé une grande ré-
volution, et par où il doit devenir cher
a la saine phHosophie et à l'humanilé.
Autrefois l'art de la guerre était pres-
que tout entier dirigé vers l'oilMisivQ.
U avait pour but principal d'attaquer
et d'envahir. Les armes des anciens
étaient plus faxforables à l'attaque qu'à
la défense; de là leur ordre uniqaa et
exclusif était offensif; qu'enfin ilsne
savaient combattre qu'en attaquant
La science des positions , et tout ee
qui s'appelle aujourd'hui guerre dé-
fensive leur était doue à peu près in-
connu ; livrer des combats était tou-
jours leur oliiek, et ces combats, per
la nature de leurs armes et par l'espèce
de leur tactique, étaient plus meur-
triers et phis décisifs que lfi$ uAtres.
Ainsi trois batailles renversèrent Fem-
pire de Darius , empre presque aussi
grand que l'Europe. La butaiHe de Can-
nes eût détruit la république romaiso,
si Annibal n'eût pas faitla faute de.s'ar-
rèter à Gapoue; et cdie de Zama dé-
cida du sort de Carthage.
Malgré l'invention des armes à fei^ ,
tant qu'elles ne furent pas perfectioa-
nées, tant que la tactique resta dans
Tenfanee, c'est-à-dire jusqu'au milien
du seisiènie siècle, laguerreseBtàpen
prèssorles mêmes principes; oooonout
toujours peu la science des positions et
de la défensive. Les batailles continnè-
rent d'être la grande et presque l'unir
que opération, et d'entraîner des invn-
siops et des conquêtes.
A cette époque, qui fut cdIe dM
prince de Parme , de Nassau , an.6usr
tave, l'art changea de toe ; on cm»-
mença à mettre de l'impertance et dn
prix «oa positions, anxretmcbimens,
aux places de guerre. C'est au guenea
de FlMidre que noQ» deieni estte ré"
uointion, paiee fue les HoHsndais, M-
426 ^ 'imjmvfÊL''
imt fiM4oan tmntre lei KiipfniMsi à i fnbiiifl (TMipnid^ ((è*n èM «IfiteMrt
noihbre inéf al ; tarent obligés de se ] dans des points H qiill fMît môltt le
fènforcer par Tart et pnr la discipline, i rnvn|re8. Une ttmiép, fot-mWaWe, MM-
lement romrtiRndéi? et falsHht IH iSftre
avec tontes lès lumlèii^s Ht! îrt^èthe
thnderne efet coitime te^ feHrlfcrts tlMfcs
qu*dt1 etttblit sur les frtfriU«fAi ]p(ilir
éloigner \à corftagiori.
CHl^ls itônt I6S t^sultdts qlic je pré-
tt*hdfï tlr(*l- Be celte dfefcirislo* ? Hi ke
à eni que Ton doit le système de
4brtiflea)ion moderne , Tusage des re-
tnmdfemens adaptés à la guerre de
'iMIfifighe, et ^nfin les premiers élé-
^ iMffHi de ce genre de guettée, au moyfen
' iiqtiél, avec des îk^mA infeneûf-e^; Ai-
*^èw dM obstacles du pays et deït t-es-
•olirc«s de Tart^ on défend , m re- l rédui«9ent ixteqtS sUit :
%Kle', bn empêche le^ Invasions par
^Ééà trnlées supérieures.
' 'Aajonrdhul enfin, le sysl^mé Hé
pierre moderne est plus que jamais
Que là guette eët iin néàrl Mis
doult^; mais qu'elle bst îlH ttéàu iHM-
iable.
Que pëUr le béMte pldii rilfê , peur
IMrilé à l2l défensivié. C'est peut-eird I reiHI^mCt- d'eHe , il fittit qôé la FràHce
sdit ësseï? pul^sénilùetft hhiiée fièiir
«ter a ses toiltli)!! le Hé»if Hë rMtt—
qijet bit de rien Mire qtii HMIte A
Intérêts.
Que la nécessite d'etttt^tè!tilf bMtt
mée étantétftblie, Il fadt qtlë t^ïM ar
Mée réponde è M gniMéhr dil rayduifi^.
à 8tf popuifltiiiti , A sOh 8y«téii]« pëRti-
qiie et à tMte§ les «HMiMtnWi ((ik.
l>DvîrdnMfit GHr; 4ltt)ii|û1l en
coûter, il faut pouvoir défeiHlra
possessions él recQeNlif'M l(l*6h
sème ; Il hnt cmserter qii«k|W rmâ
dèration et se mettre k rtSM dé f
vabissement. Ce qU'H y ^ de fAtt^ «Hé
et de plus onéi*eux ; c'eit ^riVoif- trii
detni-armée; car{ avec tHè, en h*ël
jamais au nlveAti hl de Ri po)KI(|lf^.
ni de ^h Hng, M dh th\é k\\i*M m\
joéet*, et toute dépeflëé qiii e:<t Insnr-
fllftnle eM idélle qu*n tHtit vmtment t«-
gtetter.
QU*ay«nt Ufie éhUôè , fl fhut Favolr
aU ttioiflii ^le , et s'il se peut , SQpé-
Hedtie I celles dès rititrëé patesdliceA Hi
disHpiihe ël en Mstrtictfbtl. Car, ee
qui cofllë Hier , tant ad présent qne
dan^ rrtv^nlr, c'est oHe aritiée rtlédlh-
MtMm ^m rintefieur; il s'enmlil pdr \ cré; Altt^hail que Mi «épéttte à là |iaîi
Wn#l4IMftl, que lé flfiàu paH'ôut-t ! n*est pas moindre qtté celle d'iine
abus, un vice de r&rt ; car le pour
*eéte^ éontrè peuvent être également
MMfftntHI ; mdis e*est un 1-ésliltat cer-
llHmrnent àt«ntAgêu« à la tranquillité
M nâtiwi et à M sdteté des edi*
fiffts.
Celle prédbminénce de la défensltre
tu» lé njfiimé de guërfe itioderne
HfiVil A rm^èèi flë nos ftltneii ttctoelles,
<|fti Wfit pibs hlvorables à la déibnse
qu'à Tattaque ; A lA sUpéridrité que les
fRMitions ddiifient Atiit trodpes ttui les
^Miltdeflt sdf cëllebi|uî les attaquent ;
'•4HiMge Mbitbel qde les armées Oflt
rMÉfWrdliîlf de sepOstef; atix Apptils
'HlMrlibles tfue prêtent le» places de
'IWNte.
' Dû chAngêmetft m«Jeut qui s'eèt
Mil dtiffs l'iirt de la guetrre moderne,
■«rëiHniit done (tue eei a^t m essen^
IIMieffiëht et T>rfiUi(lvémënt deveun
protecteur et cOh^erVatèur ; il ^'etlÉutt
^é la défensive s'étatlt de plus en plus
^ertiontiee, et roffensive élAUt
' MMriUe (dus diffleilë , lél guëi^s
ribM Uèii^Miaitëmènt mditt§ déMslv^;
^t^M ë'aftatétit avi frontlèt^s des
^lilhi; et ((de plui l-afëment elles pé-
ICiSIfCB MILltÀlMK.
%97
bonne , et qa*à h guerre on ne retire
pas Hntérèt de son argent par des vie*
toires.
Qae ponr avoir one excellente ar-
mée, il faut avant tout qa*elle ait un
esprit militaire ; que si cet esprit est
affaibli dans one nation, il faut quU h
rtirouve et se conservé dans son armée;
gué ce daii être un des soins les plus
importans du gouvernement, que c'est
li feu sacré qu'il doit entretenir ; car ce
feu une fois éteint^ c'en est fait de Rome
st de ses destinées (1]«
Que tel doit être l'esprit d'une ar-
mée pour que cette armée soit redou-
table; car le métier des armes n'est
pas on métier de raison et de philoso-
phie; c'est un métier contre nature et
où il faut sans cesse en étouffer les
mouvemens. C'est un métier où il ne
faut pas que les mœurs soient trop
douces, parce que si elles le sont, elles
courent risque d'affaiblir les qualités
(1) Lei rédacteun de la BibUoihèqoe hisio-
rique et militaire eaieiiseiit cette oceasioD de
nppeler à lenrs souscriptears l'eicellent oa-
naae que le Ueatenant-géDéral Lamarqne pu-
blia n 7 a Tingt-deux ans : de V Esprit miU-'
tain en Fr^nee, des eauies qui contribuem
à Véteîndre, ei ék la néceseité et des moyens
4s U ranimer. Lamarqne, frappé de la jua»
ittK dflt réfleiioos de Guibert, traita cette
<pKstioD aTce autant de logique que de palrio-
liioe. car Lanarque fui non -seulement l'un
4ci6éaéraui les plus brillans, mais encore
rua aes écri? ains les plus dlsUngoés de notre
époçie.
militaires; c'est w métier qu'il fnut
aimer pour le bien faire, et, qu'à fa-
cultés égales, celui qui l'aime le plus
fait toujours le mieux ; c'est un mé-
tier , enfin , auquel il faut conserver
soigneusement tous les prestiges de
gloire et d'honneur qui relèvent et
l'ennoblissent; car, si les gens qui le
font venaient à raisonner et à sentir
comme des philosophes , ce qu'ils au-
raient certainement de mieux à faire,
ce serait de l'abandonner ou de le faire
avec mollesse.
C'est une philosophie bien dan-
gereuse, bien mal entendue, bien dé-
pourvue de lumières, malgré l'orgueil-
leuse prétention qu'elle a de les répan-
dre, que celle qui cherche à décrier à
la fois la guerre, l'art et la profession.
Le système de guerre moderne , au
lieu des anathêroes et des malédictions
philosophiques, mérite donc la recon-
naissance des peuples et la plus grande
attention de la part des gouvernemens.
11- faut enfin se rappeler les paroles de
l'immortel Bacon : a Aussitôt qu'un
a peuple naturellement belliqueux né-
» gligera les armes et tombera dans la
» mollesse, la gniarre viendra fondre
9 sur lui de tous côtés. Un empire qut
» dégénère ne songe qu'aux richesses ;
» c'est un appât pour ses voisins qui,
nie prenant dans un temps de fai-
n blesse , en ont bientôt fait leur cod«
» quête et leur proie, a
• -^#,•1^
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EXTRAITS DE GUIBERT.
CONSIDÉRATIONS
L'ARTILLERIE.
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fipfifîlMittvalert mi des effifiiettHgèaèraiix qui ontfefilus hm^ té
i^smfi^ fih À Ammit, m IVtffiy il entra au aervioe m iT9i% M qualité
dp VPkM)t«il0» dw^la aèfpnentKofalHartîIUrte, de il sut seéistiAguèr;
Q»piUinoeQ 17&S> sa répptatioii était si bietf él&Mie, qu'il Ait dèsipriil
paiP leûomte d' Af gfeqson pour allar ao* Presse , ètudierr le noutéau'sy!^
l^^ d'arti)lapio , et F àpplicatîMrde pièces lëgèi^s à êbaeufi des corpst
d^r^umèp. Gpibeauval s'acquitta avec sueoèa de ^ette «rissiiott; noiY4
sdulefoeot dans sûb objet (Hsimdpal^ aaalaîl rédigea, ^ans te cours dé
lei» voyage, plusieurs méoioinaa latéreasao» liup fes fo44itiddtieBs de^
places qu'il avait eu occasloode vîsîtflP* Il était parvenu au ^adë de
MeBWMQlooel, lorsque/ aur la demande de Marie-Thérèse/ et
^^ rwtwisatip» 4^ nàj il passa au servioa de (' Au triche V H' 7 Ait
ooDipué gèràral opmjoaaudaut la gèma et le tiovp& de» mi murs. (Siargè
()b diriger le aîége dsGlatf , e^psi à seii savaptes dispositions que f Au***
tnoba lut redemblq de 1& prise de cette placie , Vv9» des ]flus impor-
tantes de la &i)ésîak Le siège de Scbiiveidnita , dirigé pàp Prèdérrc If ^t
persone, lui oSpil )'afiea8ieB>de se «esuter wet œ grmd eapitafne;
*
il défendit eetta piaoe , et pendûHt ptua de deux «sois / fi fit éeheuer }"*%
tentatives du rpi. ^dbiqreidiiîtK, dost les fortifi^atioiis u'étftteM pis iàm
IfiAaHIeitf èlAt| éè daat les AultriehieBs, Vamée préoédefite , s^'étàiéf I
ewpsrts , apréa lUt* bombaFdemmt ^e^deuM jours et • UQ aèsaut de' qtii^ '
qaas heiirea, lèsista à- aoixaHte^eaia jeuvs de traschée euverte, et
liWâqc était «èiM au niiunent deleaer 1^ «i^ , lorsque rek|ilosîai
d*uii magasin à poudre fil sauter un bastion entier; Tassaul étant alors
pratiquable , les Autrichiens se vireut obligés de capituler.
Les systènnes de Bélidor et de Glfibeàuval partageaient alors les
opinions des nnilitaires; Frédéric, qui donnait la préférence à celui de
Bélidor, ne sembla pas d'abord estimer à sa juste valeur l'homme que
(es chances de la guerre faisaient tomber dans ses mains; mais le
monarque revint promptement de ses préventions : il se plut à accor-
der à son prisonnier les témoignages d'égards les plus flatteurs ; il le
1)É souvent Appeler auprès de lui , et vit avec regret, le âmment où il
lit rendu à. la liberté» fin 1761, l'im^atrîoeHmoe éleva Gribeau-
yal au gra4e imiaeot de feldHonarèehal lieutenant, et lui accorda la
grand'croix de Marie-Thérèse. A la paix , qui fut signée Tannée sui-
vante ^ Gribeauval n'hésita pas à abandonner la position élevée qu'il
occupait en Autriche; il voulut consacrer ses talens i sa patrie; rap-
pelé par le duc de Choiseul , il revint occuper en France le poste plus
modeste de colonel d'artillerie. Tant de dévouement devait être ré-
compensé : Griheauval fut élevé au grade de maréchal-de^amp, puis
de premier inspecteur d'artillerie en 1776.
Depuis cette époque, sa vie fut, s'il est possible, plus utilement en-
core occupée; on lui doit Tordonnance qui fixe la proportion des trou-
pes d'artillerie relativement à la force de l'armée; l'établissement des
écoles de cette arme sur le pied où, sauf quelques légères modifications,
elles sont encore aujourd'hui ; la formation des corps de mineurs, deat
le roi lui confia le commandement; le perfectionnement des fabriques
d'armes, des forges et des fonderies; les nouvelles proportions établies
pour les dilférens calibres des bouches à feu, dont le poids fut dimi'
uué, opération aussi importante que délicate, puisque, sans nuire à
leur portée, à leur puissance^ leur emploi rendu phis fiicile> devint
par conséquent applicable dans un plus grand nombnrde cîreonstanoas
et de localités. Le service des arsenaux, l'ordre i établir daas tous
c^ux du^fdyaume, attirèrent ensuite Tattention de Gribeauval; par
9oms, desouTriers exercés el dirigés |iar des officiers instruits, pto-
(liiisireiit des pièces de charoiioage sur un modèle tellemeul unirorme,
que rr>n put réunir dans le même train, dans le même affût, des
pièces prépai èes nviP divers points : ainsi leur remplacement eu cam-
pagne n'offrit plus de difficulté, de retards. C'est encore à Gribeauval
que Ton doit le perfectionnement du fusil ; il fit adopter le modèle
dit de 1777. Par ses ordres et sous sa direction, furent calculées et
rédigées les tables de construction ; on lui doit la création du musée
d'artillerie, puisqu'il réunit tous les modèles dans un dépôt central. 11 fit
enfin adopter, dans tous leurs détails, ses plans d'artillerie volante ^ el
nos vieux militaires , qui ont fait les premières campagnes de la guerre
de la révolution , savent quels services rradit cette arme , qui étonnait
TeoDemi par la promptitude de ses mouv^nens, et qui plus tard fut
adoptée par les puissances de l'Europe; il en avait puisé la première
pensée lors de la guerre de sept ans, el il l'avait modifiée et perfec-
tionnée.
Gribeauval, ainsi queGuibert, «nsi que tous les hommes supérieurs,
excita l'envie. Qui pourrait le croire aujourd'hui! l'adoption du nou-
veau modèle de fusil que le temps a consacré fournit le prétexte à de
calomnieuses accusations; Gribeauval fut momentanément suspendu
de ses fondions; grâce à la justice éclairée de Louis XYI, il les reprit
bientôt et les conserva jusqu'à sa mort, arrivée au mois de juin 1789.
Gribeauval fut pour l'artillerie ce qun Vauban avait été pour les fortifia
cations. Nous n'oublierons jamais qu'en 1809, après la mémorable jour-
née de Wagram , nommée la bataille des canons , nous avons entendu
Napoléon, et quelle autorité! dire au quartier-général que Gribeau--
val est le père de f artillerie firançaise. Les officiers de cette arme, qui
a si virtuellement contribué à nos siiocès, liront avec intérêt ces lippes
consacrées à retracer les titres qui recommandent à notre reconnais*
laace l'une des gloires les j^ua utili is de notre France bien-aimée.
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CONSIDÉRATIONS SUR L'MTILUaiUE.
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Depuis Cinquante ans, nos généraiix d'artillerie (et nous n'en de-
agneroDs aucun nominativement , pour ne pas nous rendre coupabl6|if '
• • • • • . »
d'omissions involontaires)^ depuis cinquante ans, nos généraux, raçt-
tant à application les découvertes dans les sciences mathématiques et
physiques ainsi que rexpérience qu'ils ont retirée d'une guerre pre^qu»
non interrompue d'un quart de siècle, ont introduit dans cette arme ^ '
des améliorations tellement importantes, qu'elle justifie complètement
aujourd'hui la réputation qu'elle s'est acquise en Europe. C'est bieii de
notre artillerie que l'on peut dire, ainsi que de tous les corps de notre
armée, que nous la présentons avec orgueil à nos amis et à nos en-
Demis. Le traité d'artillerie de Guibert offre un intérêt puissant; il
permettra d'apprécier l'état actuel : nous devions donc le reproduire,
mds seulement en extrait raisonné.
Par suite de T adoption du fusil à percussion, le feu est devenu pres-«
que immanquable : l'application de la percussion rend la réalité du feu
indépendante de l'état humide de l'atmosphère, de l'encrassement ou.
la perte de l'ancienne pierre de silex. Le fusil, modèle de 17Y7, déve-
nail souvent mutile entre les mains du soldat. Autre inconvénient de
Taocien système : la pierre qui s'abattait sur le bassinet était fixée au
milieu du chien par un morceau d'étoffe de laine , lequel , après plu^
MB PfttaàGB«
sieurs coiqps tirés , se consumait et laissait échapper la pierre; la
feuille de plomb ellennéme pouvait aussi se détacher. La disposition
du Fusil à percussk»! remédie à ces inc(mvénieDs, et rendra les opé-
rations de rinfanterie indépendaotes de toutes causes de retard ou
d'interruption.
C'est une évaluation dUlBcile à établir , même par approximation ,
que celle du nombre de coups de fusil qui portent ; ce nombre varie
en raison y 1* de la distance à laquelle les feux sont exécutés; 2* du
séjour plus ou moins long du soldat sous le drapeau ; 3"" du temps de
durée d'une action de feu, car, après la première émotion, pres-
que inévitable chez les jeunes soldats, ils se hâtent cependant, tandis
que les vieux militaires tirent avec quelque lenteur ; ces derniers lais-
sent tomb^ avec mesure Tarme sur la main gauche, et ne lâchent la
détente qu'après avoir pris un point de mire. Cest par cette raison que
le feu â volonté est plus meurtrier que le fira de peloton. Guibert es-
time qu'en raison du bruit, de la fumée, du tumulte, du dérange-
ment, sur cinq cent mille coups de fusil tirés dans le cours d'une action ,
on n'en compte environ que deux mille qui portent , c'est-â-dire un sur
cinq cents ; Lloyd estime la proportion à un sur deux cents. Les tac-
ticiens allemands et anglais affirment que la supériorité de la mousque-
terie décide le sort des actions. Les tacticiens français pensent que ce
feu n'a pour résultat que d'engager une action avec des chances plus
ou moins favorables , s'en remettant pour la décider à l'attaque corps
â corps, âla baïonnette. Nous sommes loin d'établir qu*il faille négliger
l'instruction qui apprendra au soldat à tirer le meilleur parti de son fu-
sil ; mais nous peusons, avec Vexpèrience de nos dernières campagnes ,
que la baïonnette est l'arme du courage, de l'adresse, l'arme dédaîve
lorsqu'on peut l'wiployer, en un mot l'arme nationale des Français.
{NcU eu tMofilmtê.)
i •;
■ «I
r»M
ARTILLERIE.
■■
1 •
■i
CHAPITRE l".
lii fD génénl. — Set avaoïages trop
r lèi «lift et trop ftboiiiét ptr les ao-
ta «lUilé rMle.
eomme l'ont fait quelques
I, que rartillerie est uo ac-
plus embarrassaDt qu'utile
f«nt que meurtrier ; en con-
t, parier peu de l'artillerie,
lire entrer pour rien dans
biaisons de la tactique, c'est
w que l'expérience et la
Nidamnent. Dire , avec quel-
eiers de l'arme , que YartUU-
wiê du annéeê ; que ia supirio-
Uhriê doit décider la vieiaire ;
I. erreur qui est , ou l'effet
jvention de corps, ou celui de
le l'art qu'on cultive. Tel se-
Bglement extrême et égale*
raisonnable de deux hommes
lient, l'un, que tous les mo-
loet par les bouche à feu
it leur but ; que Texécution
lene est certaine, et d'au-
le hasard seul dirige ces.
et qu'en conséquence l'effet
du canon ne doit être compté pour
rien dans la combinaison d'une dispo-
sition.
Hais qu'importe d'où viennent les
erreurs , dès que les erreurs existent?
Trop vanter l'artillerie et trop croire
à ses effets, la déprimer trop , et faire
trop peu de fonds sur elle, ce sont deux
extrêmes également préjudiciables. Je
vais chercher la vérité.
L'artillerie est aux troupes ce que
sont les flancs aux ouvrages de fortifi-
cation. Elle est faite pour les appuyer,
pour les soutenir, pour prendre des re-
vers et des prolongemens sur les lignes
qu'elles occupent. Elle doit, dans un
ordre de bataille, occuper les sail-
lans , les points qui font contrefort,
les parties faibles, ou par le nom-
bre , ou par l'espèce des troupes , ou
par la nature du terrain. Elle doit
éloigner l'ennemi , le tenir en échec ,
l'empêcher de déboucher. L'artille-
rie, bien employée relativement à
ces d<fférens objets, est mu accessoire
utile et un moyen de phis pour
l'homme de génie : donc la tactique de
l'artillerie doit être analogue à cella
des troupes: donc il bnit que les oom-
kW
ARTILl
.-.♦
mnndans des troupes snchcnt bien le
résultat qu'on peut attendre dos (liffé-
rentes dispositions ou exécutions des
bouches h feu, afin de combiner ce
résultat dans leur disposition géné-
rale.
Machines, agenB, poqtfre , mobiles,
milieux, cîrconslinces , tout, en un
mot, contribue à re^^dre les portées des
bouches à feu incertaines, soit pour la
justesse, soit pour retendue. Pointez à
la portée du but en blanc, une pièce
sur un objet isolé qui présente pcn de
surface; il faudra peut-être dix, peut-
être cent coups avant de toucher cet
objet. Je le suppose atteint : le coup
suivant, tiré sous le même angle de
projection, par les mômes canonniers,
avec la même charge, la même qualité
de poudre en apparence, s'écartera
plus ou moins «ensiblcment du même
but. Que conclure de cette incertitude?
Que le canon, considéré dans son effet
individuel, etpoînté versun objet isolé
et l'résentant peu de surface , est une
machine peu redoutable. Mais ce n*est
point ainsi qu'on l'emploie dans les
combats. Il n'y est pas question d*un
point unique, ce sont des lignes « des
masses de troupes ; là , si l'on com-
prend l'usage de l'artillerie, on forme
de grosses batteries; on bat , non des
points déternr^inés, mais des espaces,'
des débouchés; on fait usage du rico-
chet, on prend des prolongemens; on
s*attache uniquement à porter ses mo-
biles dans le plan vertical de l'ordon-
nance ennemie; on remplit, non le
petit objet de démonter un canon ou
de tuer quelques hommes ; mais le
graud objet, ToVijet décisif, qui doit
ét^'e de couvrir, de traverser de feux le
terrain qu'occupe l'ennemi et celui par
içquel l'ennemi voudrait s'avancer.
L'artillerie , ainsi placée , ainsi exécu-
tée; « f^ît beaucoQjp de mal.
roflà les effets avantatngeux qu'on
peut se promettre de l'artillerie ; ils
deviendront moins décisifs et moins
redoutés , à proportion quo les trou-
pes seront plus aguerries , mieux
ordonocea et plus manœuvrières.
Aguerries, elle! ne s'exagéreront pas
le ravage que peut causer l'artillerie
ennemie; elles ne prendront pas la
quantité de bruit pour la quantité de
danger; elles sauront que pour dix
lignes de direction qui peuvent con-
diiife les boulets vers elles, il y en a
cent d'aberration où ils ne peuvent
leur nuire; elles comprendront, la né-
cessité d'essuyer le feu du canon Tine
fois i)osée , que , si l'on est en panne,
ou si l'on combat de pied ferme , la
la frayeur ne garantit pas ; que, si l'on
manhe pour attaquer, le moyen de
faire cesser, ou du moins de diminuer
le danger, est d'arriver sur rennemi.
parce qu'alors l'ennemi s'étonne, chan-
celle, et pointe avec moins de justesse.
Bien ordonnées, et habilement ma-
nœuvrières, elles s'en tiendront, de-
vant le canon, à une ordonnance min-
ce, et qui offre A ses coups le motiu
de prise possible. Si elles sont en co-
lonnes, elles sauront ])romptement
quitter cet ordre de profondeur, pour
se mettre en bataille par des mouve-
mens simples, rapides, qui ne pour-
ront occasionner ni désordre ni con-
fusion. Elles sauront, au moven de la
discipline et de l'habitude des manœu-
vres, qu'elles auront contractées , se
mettre à l'abri du feu de rartillerie par
tous les moyens que le terrain offrira ;
là, si elles sont en panne, mettre de-
vant elles une petite éminence, se cou-
vrir d'un ravin, se rassembler en co-
lonne derrière un rideau , se placer
derrière un terrain mou et marécageux
où le ricochet ne puisse point faire effet:
ici « rompues en colonne par division «
I
EXTRAITS DE GUIBERT.
CONSIDÉRATIONS
L'ARTILLERIE.
m
âMMUlOUK
ébAnàftlie cette dlRrence (1). Les par^
tisans dn nooTeaa système prétendent
qne les pièces n'y ont perdu ni da dite
de retendue, ni dn côté delà reMftnde
de la portée ; ils disent qu'avec Partih-
lerie qu'on mènefa en campa^e, ils
auront des portées proportionnées au
objets et au but de la guerre de cam-
pagne. Les partisans de Tancien sys-
tème leur objectent qu'en Taceonrds-
sant et atténuant les pièces pour les
alléger, on a perdu sur la longueur et
la justesse des poitées ; que les incon-
vëniens du recul ont prodigieusement
augmenté. Ils regrettent les pièces
longues, et la solidité, moihs ingé-
nieuse et moins compliquée , des an-
ciens afltkts; ib prétendent qu'il ne
fallait pas que les aflttts de campagne
fussent différens des affi&ts de siège;
que c'est une complication de moyens
et de dépense, qui privera de la fadKté
de reverser tour è tour l'artiHer ie des
armées dana les pTaœs , et celles des
places dans les armées. Les épreuves
auraient pu faire découvrir le vrai sur
quelques-mis de ces objets, par exem-
ple, sur la longueur et la justesse dca
portées ; mais, comme je l'ai déjà oIh-
servé , la plupart des épreuves qui se
font dans les écoles d'airtitlerie ne di^
cident rien, et leur résultat est tou-
jours conforme è l'opinion dooiiaanle.
fenîki, tes oOciers d'artHlerie; qiri m
sont ni de-l'un ni de l'autre partie eeux
qui aiment le vrai et ie hon\ queHes
que soient se» litfées, eDnvteimettlqQe
rancienne aftiUerie de camfuguu était
trop pesante; que lea mouvenenB de
tactique des troupea étant devenus
plus rapides et plus savans, il fallait
que FartiHerie a^y conformât; qu'en
conséquence, on a Mon fait d^ailéger
les pièces ; que leur necourasaement
peut Mefi leur avoirfaft pentoetfMhpie
chose ûe le«r portée , Mdr^'aimMi
de celle qui leur reate, les coopa
étaient si ineertains^ que cette perte,
plus apparente qne réeBe, ne doit
point laisser de regrets. Ils disent
qpi'eHes ont peut«-étre anaal perdu de
leur justesse, mais 4|ue eetia dHKrenee
est si peu sensSile qu'elle ne pevt don-
ner de désavantage^ parce qne dans la
guerre de campagne, il s'agit de battre
de grands espaces et non des poinis;
et que, si par hasard on vent battre
des points, comme des retranehemena,
ou d'autres obstacles qu'il eit à propre
de détruire, en rappreche ParlHIerJe è
des distances qui ne permetteiit pies
que l'aberration des mebfles soitseiK
siUe; ils disent que tesaneiens umus
de places avaient besoin d'être chan-
gés ; qu'ils étaient trop diflBdles à ma-
noNivrer, à dérober au feu de Tenue-
(1) CoaMMuraiiQndetpoi4f detiiettTell«ipiieet4eia»4eia,4e9et de.4»««fe osndes
jelc&iMt 4e même calibre , moDtéei lar leari tfllÉtf.
Avee leur avaal-trsiii. gant avant-traio.
CaUbret.
1
Piéoee
Boav.
Pièces
andemi.
Diflé- 1
renée. H
de 46 {
4e ta
4e a
1 '* ^
6330
3814
99B7
' 1819
t
6589
4966
1S99
aaa |
Calibres.
da 16
4e 11
de a
4e 4
Pièces
8789
3108
laiv
Pièces
«Mri
4ei3
aaia
aai7
I
«ff, et à réparer au mHiM dea embar-
fas d*w siège. Jusque-là tout serait
Vim dans les chaii(;emeii^ <|iii ont été
fûts ; mais ils biàmeot les masse» énor-
mes et maladroites, sntetitoées à ces
derniers aUttts; ils regrettent qa'on
paraisse Tovioir renoncer, ponr la
gaerre de campagne^ aoi pièces de 16.
Os demandent avec quoi on battra des
naiaons, des abattis, des fetrancbe-
mans tant sdt peu épais^ et tels qne
h naitt dea hoasmes peut en quatre
jovs en éleTer en rase campagne; ils
•e plaignent de la trop grande quan-
tité de pièces de k qn'on se propose
d'attacher, soit au régimens, soit au
pâte; itoproposent nn phis grand nom-
bre et nn usage pina fréquent des obo-
mrs; ils blâment la compilation d'a-
voir deux espèces de cartonches i
bsHe , FinTention ingéniense et com-
pliqnée des visières mobiles, cello de
vis de pointage, et qnelqnes autres dé-
tails, soit dans les aIRMs, soit dans la
na&œavre des pièces, qu'il serait trop
long de rapporter ici. En un mot, tb
approuvent plus qu'ils ne blâment, et
ib conviennent tons que le génie de
l'anteor du nouveau système (1) est
digne de sa fortune. ^
(I) On éBvnit, poor ridstinctlon éft J^unci
•fBdeif , rAnIr en eotteetioft hê retatioM det
ÉI9» célèbMf , leai les rtyporu ôê Fauaqtte
el de la détow. Jufqii'à présent, lee déUilf
publiée immédiatement aprèi 1 éYèoemeoi, et a
dcsépoqo'e Mon éloignée! entre ellee, le trou*
ventèfwrf dan de nombreni ouvrages oa fèoil-
iM.détadiéea. GemmeAt aisn lea eomulier. ei
M lémer iib eorps de doetriae, on oueigm-
ment eomplet? En parlant afoc Tattloriié det
faiu, on ne courrait plus le risqne d*engoae«
neot ou de déprédation dont il est bien difO-
cBb de te défendre an moment eà raetlon Tient
dfitre mewapHe £» lOAO, Canot, dmt ton
acelleni ouvrage*. de to DifÊmê dêê Plaoêê
f9n$s, a prÉMnlé nn (ableiu clironologique
dei lièges les ploi lemarqaablei, depuis ef lui
de SfiMUiS, par les Athéniens, en Tan 4tS
«f ani l*ére clsrétlènae, Jaqu^au aMge de Bar**
CHAPITRR ni.
Inconvéniens d*unc arlillerie trop nombreuie
Oserai-je maintenant m'élever con-
tre un abus épidéndqne venu du nord
de l'Europe, et adopté dans le nouveau
ayttème, sans doute parce qu'on a cru
ne pouvoir se dispenser d'imiter trois
grandes puissances qui nous ont don-
né l'exemple siv ce point? Je veux
parler de llmmense quantité d'artiDe
rie : abus que nous tenons de la Rua-
sie, de la Prusse et de l'Autriche.
Combien Tbistoire de tous les siècles
se ressemble! et qu'il est étonnant
qne cette similituded'évènoDens n'ins-
truise pas les hommes! Dans la haute
antiquité, on n'eut d'abord que quel-
ques chariots armés en guerre, pour
garnir les ailes et pour entamer le
combat. L'usage de ces diarfois a'ae-
cmt peu à peu prodigieusement. Cyrus
en trouva jusqu'à vingt mille dans l'ar-
mée d'A»tyage , son beau-père. Cette
armée était en même temps sans dia-
cipiine et sans conrage. Il prit le parti
de réduire à cinq cents cette quantité
de chariots armés, exerça les troupes,
les aguerrit, mit la science à la place
de rembarras, et battit l'armée enne*>
mie, qui, traînant à sa suite un nom-
bre immense d'attirails de guerre, n'a-
vait que de l'embarras et pas de scien-
ce. Il en tût de même pour les machines
eelone par le maréchel de Berwick, en 1713.
LiDientlon de Garnot, si capable d'ailleors de
iialter celte omllére, étiH ieidement de elier
dee aeni et des dMes, car U n'a aceempaimé
cette nomenelalaie d'aneane dlicmsion erit^
qne, se bornant a relater quelqnci fells connus.
Nous pensons que la relation des siégea célèbres
offHralt «1 Intérêt pnliBant» et nooe Urroni
eette idée à memlean fea gdndnu et sIBeleri
dea armée apédalea à qui toi connalsiaaeei wê*
çessaires permellralent d'eiéenter un ttaTtil
qui deviendrait daseiqoe. il, comme nous n*ea
doutons pas. il est rédigé etec le soin qn*on doU
attendre des pragiis des étades Usloriqaes.
•j
la
f^ 1>, raWMie se fiMmera aoeoesn-
fement par des ^quarts de oonversion ,
aux points désignés pour son emplace-
meiit. Si la marche, au contraire, est
de front (Gomme dans la /Cg. 2), la co-
lonne d'artiUerie doublera ses files,
povr se mettre sur deux pièces de
liront. Ce mouvement préliminaire se
lém dès le moment qu'elle approchera
dn terrain où eHe devra se former, et
M même temps que les troupes feront
de leur côté leurs mouvemens prépa^
ntôires de déploiement. Tai vu dans
la deniière guerre les colonnes d'arti)^
lerie , devant se former de front , ne
pas sav^rir diminuer leur profondeur,
rester patiemment sur une file , et se
mettre ensuite en batterie pv les
mouvemeosprocessionels marquésdans
la fig. S ; il est vrai que la même pe-
aanleur, le même défaut d'intelligence,
étaient alors dans la tactique de toutes
les armes. La colonne d'artiUerie étant
formée sur deux files, elle déploiera ,
au signal qui lui en sera fait, sur les
deux pièces de la tète, une pièce tour^
liant à droite, et l'autre à gauche,
ou bien deux à droite et deux à gau-
che* ( FayM /i^. tk et 5.) L'oficier, com-
mandant l'artiBerîiPi pourra même, re*
lativement aux points où il voudra
emplacer ses pièces, et au terrain qu'il
aura sur ses fiancs, prendre telle frac-
tion de sa colonne qu'il jugera à pro-
pos pour point d'alignement, et faire
déploya les autres sur eHe ; j'appelle
fraction les deux pièces oonpiées l'une
à cMé de l'autre.
Je suppose que, dans les manœuvres
de marche ou de formation en bataille,
les voitures d'attirmi et de munitions
ne seront point mêlées avec le canon,
et que même , dans quelques circons-*
lances , elles en seront séparées. Ainsi
Tordre wdinaire et habituel des mar-
CMS sera de mettre tout le canon
iJlfniXBUB.
dtoe vrmon enaemMe /frais taitai
les voitures d'attirails et de nmnitioni
de cette divMen. Quand on ftoAm
avoir une {dus grande quantité de ca-
nons pnête & entrer en action an pre-
mier instant, on raaieBablera pluaienn
divisions de canons, et leurs équipages
à la suite. Lorsqu'on voudra «voir l'ar-
tillerie à la tête des troupes pour pro«>
téger leur déploiement , comme fl est
en même temps intéressant que les
troupes arrivent, et se forment le pins
tôt possible à l'appui de cette artmêrie,
cette dernière sera débarrassée de
toutes ses v<Mtures d'attirails et de nm-
nitions qu'on mettra alms à la queue
des colonnes.
II me reste àdfre un mot du système
que nous avons adopté depuis la paix ,
de ne manœuvrer nos pièces, une fois
entrées en action ou prêtes à y entrer,
qu'à bras d'hommes. Ce système , qui
est une suite de Tallègement de notre
artillerie, a certainement de grands
avantages. Les mancduvres en seront
moins conftises que lorsqu'elles étaient
embarrassées de charretiers et par les
chevaux. Lorsqu'elles se feront devant
l'ennemi, elles offriront moins de prise,
et seront moins ralenties par les acci-
dens. Il ne faut pourtant pas s'imagi-
ner que cette manière de manceuvrer
les pièces puisse s'employer partout.
1^ Toutes les épreuves qui se sont fai-
tes à cet égard dans nos écoles, se
sont passées sur des surfaces planes,
soUdes, et sur lesquellesle canon mené
à bras roulait sans efforts. Or, la guerre
offiira souvent des terrains difficiles,
escarpés, détrempés par les pluies, oà .
la manœuvre deviendra trop lente el
trop pénible pour les canonnière qui,
après avoir mis les pièces en batterie,
ont ensuite besoin de force et d'adresse
pour les exécuter.
9* J'admets la mancBUffe à bras p<w
iJiTiixjnuaiu
m
toui lei moufemeM de proche en pro
cfae, mis il y en a une infinité d'autres
oà il 8'agira de m monvoir rapide-
ment, oo de panowlr dea distances
coMtd&raMes^ ctMBme ponr porter de
ftiBlleiie en ranfert, d'nne colonne,
ou d'nn point à nn antre, pour saisir à
tontes jambes nn plateau avantageux,
pour retirer rartillerie d'un point où
elle est en prise, etc. Là, il faut né-
cessairement se servnr de cheitau.
N'embrassons donc point de méthode
eidusÎTe sur cet c^t : ne manœu-
vrons pas toujours nos pièces avec des
eheyanx, ainsi qu'on le faisait autre-
fois : ne prétenitons pas aussi les ma-
Doenvrer constanmient à bras d'hom-
nes, comme on veut le faire aujour-
d'hui; employons ces agens tour-à-
toor, et suivant les circonstances: Ils
n'apportent aucune différence à la na-
ture des roouvemens auxquels l'artille»
rie doit s'exercer.
CHAPITRE V.
fiiéeatfon 4e raftfflerift.
Tai pu proposer mes idées particnUè-
res sur la partie que je viens de traiter.
Les manœuvres de l'artillerie tiennent
à celles des troupes, ellesdoiventendé*
rifer, j'ai donc été conduit nécessaire-
rement à parler de celles de l'artillerie;
il n'en est pas de même de l'exécution
des bouches à feu ; elle est proprement
du ressort des oiBciend'aitilterie.
Ce que j'appelle eséeuiion de Var^
tilhri0, c'est non seulement l'art de se
servir des bouches à feu et de calculer
leurs effets, c'est encore celui de les
enplacer et de diriger lerni coups de
manière que le résultat de ces atten-
tions eomblnées soit, en faisant le
pins do mal possible h rennemi, de I
donner la plus grande protection pos»
Bible aux troupes pour lesquelles elles
agissent. Les troupes et l'artillerie étant
unies ensemble par une protection ré»
dproqoe, il faut que, pour tirer le parti
le plus utile des machines qui sont
sous sa conduite, l'olBcier d'artillerie
connaisse la tactique des troupes, sinon
les détails intérieurs de cette tactique,
au moins le résultat des {Mlncipaux
mouvemens, les changemens qn'ib ap-
portent dans l'ordonnance des troupes,
le dommage ou l'appui que les trou-
pes, dans telle ou telle occasion, peu-
vent recevoir de l'artillerie exécutée
ou emplacée de telle ou telle manière.
Il faut pareillement, et à plus forte
raison, que l'offlcier d'infanterie et de
cavalerie, lui qui, commandant les ar-
mes, commande nécessairement l'ar-
tillerie, il faut, dis-je, que cet officier
connaisse , sinon les détails intérieurs
de construction, d'attirail et d'exécu--
tion de l'artillerie, au moins le résultat
de tous ces détails, les portées des dif-
ilérentes bouches à feu, emplacées ou
exécutées de telle ou telle manière, lo
donamage ou Tappul que les troupes
peuvent en recevoir. Faute de ces
connaissaoces, ou il ne saura pas em-
ployer rartillerie avec intelMgmce dans
sa disposition générale, ou il sera obli-
gé de s'en rapporter aveuglément,
ponr toutes les manœuvres de cette
artfllerie, à un ofiScier de l'arme, qui
peut-être à son tour, faute d'avoir por*
té ses vues au-delà de la conduite mé-
canique de son canon, ne le disposera
pas de manière à remplir l'objet gé^
nà^l, ou enfin il contrwiera, par igno-
rance, les dispositioBs de cet officier
d'artillerie, qai peot-étre en aurait fait
de bonnes. Voici nue taUe estfanative
des distances :
Ué
AMiunai.
1
j
r
TABLE ESTIMATIVE
du disUDcei •nxqaellet on peot commencer à compter lur lei erfeu de IPaftflhm
dtni les afralret de campagne (i).
GALIBEB
«a fiftei
de ie
de i%
de 8
de 4
DISTANCES
POUB LB8 FIÈCXi
charges à bcAltt.
TOIIBS.
de MO à 550
S9B:
1
400 à 500
400 à 450
S50à 400
aaas
DISTAIfCES
POVft LW ntCBI CEAMAfttS ▲
à groMflf bsllet.
àptUlMMlM.
On n'a point encore déterminé reipèee
cartoache ddnt on se serrfra à le
gaerre pour Ici piécei de ealibra.
tûUBi.
de 550 à 250
500 à 200
250 à 150
àlSO
à 100
à tSO
9M
Cette table « particulièrement rela-
tive à nos pièces actuelles, et telles
qu*on se propose de les employer & la
première guerre , pourra servir à ap-
précier de même les effets des pièces
étrangères, dont les calibres de campa-
gne ne diffèrent des nôtres que parce,
qu'ils sont de proportion impaire,
{i) Les coups étant encore très peu assurés
aui difTérentiS distancps designées dans la table
pour les pièces chargées à boulet, il faudra II-
nr lentement pour pouvoir pointer itoc atten-
tion, et an^tmcnter ptegreMîvenient la vivacité
du reu« en raison de la diminution des distances.
On peut certainement faire u«age du canon à
des |>ort<^> plus considérables, puisqu'une pièce
de 15, pointée à quinze degrés, porte enUron à
doute cents loisea, et qu*une pièce de 12 dn
nouveau modèle porte â huit cent quatre-vingts
toises sous 1 angle de liii degrés; mais au-deU
des limites iudiquèes dans la second t: colonne
de la table , on ne prut compter sur un effi*t
dédsif, qu'en suppléant, par un fçratid nombre
de plécts. eut irrégularités des grandes portées.
Il n'esl pes méioe possible de donner des à
peu près sur les portées des pièces tirées à rico-
chet, dont les effets peuvent être quelquefois
très utiles dans les alblres de eampsgne; il
faudrait, pour chaque cas particulier, une ap-
proaimatioii dUXérenle*
comme 19, 13, 9, 7 et 3. Quint au
dimensions des pièces étrangères, eiki
sont différentes chez presque toata
les nations ; mais ces différences n'ia-
fluant que par-delù les portées raison-
nables et certaines, toute comparaison
à cet égard serait minutieuse et inutile.
Je dirai seulement qu'en général prei-
Dans beaucoup de circonstances dn service di
rartiUcriei 11 ne faut se déterminer à un psril
définitif, qu'après quelques coups dVpmn»;
mais le nombre n*en est Jamais blea
ble, quand la théorie et la pratii|iie oui
le coup-d'œ I d*un officier d'art ilerie.
Les mêmes raisons ont empêché de parler dfl
portées des obuslrrs de $ii pouces. Celle
dont on se sert trop rarement et en Mp
quantité dans les afMires de campagne,
sa bombe ou f on obus à sii cents toisv, {
sous 1 angle de uugt-deux degrés;
elle ne ricocherait point, et perdrait, par cs^
séqoent. la cause de ses pins grands eftels;iM
donc encore à quelques coups d*éprMVie ^
fisudra a^oir recours pour fiicrrangie de g»
Jection, auivant les circooi lances du tenais „
On a conitruil des carioucbes i bsllcs de îv
battu, pour les obusiers. il ne faudra en ftlA
usage qu'à eeni cinquante on deu eanU ulM
derennemL
|W tootM ta irtfllerta dei Mtret n**
ttai, dieiditiit à B*aDéger en néme
tHPpi qu'à l'aogmenter, oiit diminué
jaioBgaenr et la peiantear de ieon
pfti^ni U n'y avait» la guerre dernière,
Cf ta Anglais et noui qui eussions
lietUs calibres à longue propor-
Ikm.
»Jè B'i|}oaterai point à cette table des
nr le rapport des charges aui
e'est-Mire sur la quantité de
dont U faut que les charges
composées relativement au ca-
dea mobiles, è leur espèce et à la
illilBnni à laquelle on veut les pousser.
fmtm dirai point sous quels angles de
ppajectioft les pièces doivent être poîn-
tiav poar en tirer tel ou tel effet. Ces
appartiennent exclusi*
it à roffider d'artillerie. C'est
loi qui est chaigé de l'exécution des
à fen, et il suffit a rofflcier,
it les armes, de savoir qu'il
pMl, en telle ou telle position, deman-
der à rolHcier d'artillerie de lui pro-
cnrer des feux qui remplissent tel ou
tel objet
L'oiBGier commandant ta armes
dilit^ aussi bien que l'officier d'artillerie
Mfwr dmisir les emplacemcns, dispo-
HT ta pièces , diriger les feux et les
nrfnager.
La disposition la plus avantageuse
i0 Tartillerie, considérée, soit du côté
in' renpiaeement , soit du côté de
rflaécution , est, sans contredit , celle
qaifciid ses eflfets les plus meurtriers
et ta plus nuisibles è l'ennemi.
Ua coups ta plus meurtriers étant
indubitablement ceux qui parcourent
lafilas grande longueur sur le terrain
Mcapé par les troupes ennemies, fl est
eÉrtain que leur effet augmenter^ ^
mesure que ces troupes fieront rangées
flu^^e pta grande profondeur, ptals-
qd*alofi U boilat ne cessera de dé-
AAtuxBtiB. Mnr
traire que quand il aura perdu s* fiNiM,
et que quand même il n'aurait pas
touché ta premiers rangs. Il aura son
effet de plongée ou de ricochet sur les
derniers.
Pour obvier à ce prodigieux et meur-
trier effet de l'artillerie, toutes les
troupes de l'Europe ont abandonné
l'ordonnance de profondeur, pour
prendre avec raison un ordre plus min-
ce , et qui donne moins de prise aUK
tirs du canon.
Les troupes étant ainsi rangées, cel-
les d'infanterie sur trois , et celles de
cavalerie sur deux de profondeur, si
rartillerie ne tirait que de but en blanc
et droit devant elle, son feu serait bien
peu redoutable , puisque le boulet le
plus heureusement dirigé ne pourrait
tuer on mettre hors de combat que
deux ou trois hommes au plus.
Afln de tftchcr de foire parcourir à
ces mobiles la trajectoire, sur laquelle
ils peuvent rencontrer plus d'ennemis,
seule manière de remédier & l'irrégu-
larité et au hasard des portées, l'artil-
lerie doit donc chercher à prendre des
prolongemens , des revers et des ri-
cochets sur la troupe qu'elle veut bat-
tre.
Pour se procurer ces avantages , U
faut qu'elle place ses batteries de ma-
nière à écharper sur la ligne ennemie ,
observant que cette batterie forme avec
cette ligne un angle de plus en plus
aigu, à mesure qu'on s^en rapproche/
et enOn un angle presque nul quand
on en est fort près, c*est-&-dire que les
batteries doivent s'établir, dans ce der-
nier cas, presque tout-à-fuit sur le
flanc.
Le même principe doit s'appliquer
aux batteries destinées à battre une
colonne ; ainsi on doit les placer de
manière qu^elles écharpent sur un an-
gle d'autant plus grand qu*on en sera
hk$
AATIUJHDB*
Iflitt éloigné, et eoàiite lee placer n»- 1
à- vis d'elle quand on en aéra tràsjrap-
proche, celte position. produisant alors
le même effet que si eUe était prise
sur le flanc d'une ligne de troupes, et
étant propre k donner le prolongement
le plus efficace possible.
Régie générak. Il faut donc, tontes
les fois que cela est praticable, ne pas
placer ses batteries vis-à-vis des points
que l'on veut battre, à moins que, dans
le cas où l'on ne pourrait pas s'appro^
cber assez, l'obliquité ne flt trop per-
dre sur la longueur de la portée : et, si
Ton doit battre plusieurs points à la
fois, comme cela arrive ordinaireaient
quand on dispose des batteries vis-à-
vis une ligne de troupes, il faut les
placer de manière que les coups de
l'une aillent frapper vis-à-vis de l'au-*-
tre. Ces batteries, qu'on nomme croi-
sées, se protègent et se défendent ré-
ciproquement.
Indépendamment de la protection
mutuelle que les batteries doivent tA-
cher de se donner, il faut les faire for-
tes. Alors elles procurent des effets
décisib ; elles font trouée, elles prépa-
rent la victoire. Au contraire, la même
quantité de pièces dispersées est plus
propre à irriter l'ennemi qu'à le dé-
truire. L'objet de l'artillerie, enfin, ne
doit point être de tuer des hommes sur
la totalité du front de l'ennemi ; il doit
être de renverser, de détruire les par-
ties de ce front, soit vers les points où
il peut venir attaquer le plus avanta-
geusement , soit vers ceux où il peut
être attaqué avec le plus d'avantage.
Il ne s'ensuit pas de la maxime po-
sée ci-dessus , qu'on doive réunir trop
d'artillerie dans une seule et même
batterie ; ce serait tomber dans un au-
tre inconvénient : celui de donner trop
de prise à l'ennemi. Il convient seule-
nrat de réunir lor le mèiw objet plih
aïe» iMltaAee peu fttrtaatesTme d#
l'antre, et il but y joindre t'attènlion ,
si le terrain le permet, de ne pas pla*
cer ses batteries sur la même ligne,
afin que, si Tennemi pent se ménager
des prolongemens sur eHes, ces pio-
longemens ne traversent pas toutes les
batteries à la fois.
Les pièces de chaque batterie dèi»
vent conserver un espace assez oonsi*
déraUe entre eUes pour manenifrer
avec aisance et ne donner que peo de
prise. Dix pas paraissent la dfstaiee
qu'il faut conserver. Ce ]Hineipe eal
important; car, comme dans une af>-
tion on ne pointe pas une pièce centre
une pièce en particulier, mais contre
toute la batterie opposée, tant Tlde que
pleine, il est évident que ceUe qui aura
ses pièces trop rapproehées recevra
plus de coups dangereux.
C'est une erreur de croire que le
canon doive être placé de pràférence
sur des hauteurs fort élevées au-dessus
des objets qu'on veut battre. Un oom^
mandement de quinse à vingt pieds,
sur une étendue de trois cents toises,
est avantageux, en ce qu'il aide à pren-
dre des revers fiivorables ; plus sensi-
ble, il est désavantageux, parce que
l'angle de tir s'éloigne d'autimt {dus
de l'horizon ; les coups deviennent in-
certains; les boulets s'enterrent; on
ne peut se donner des ricochets; le
danger de l'ennemi diminue à mesure
qu'il approche : effets contraires à ceux
que procurent des positions rasantes
ou dominantes dans la proportion in-
diquée ci-dessus, en ce que de ces der-
nières les tirs sont horizontaux : en ce
qu'elles permettent de ricocher* et en
ce que, découvrant toufe, eUes ne lais-
sent pas à l'ennemi de terrain où il
soit à couvert.
Dans tous les emplacemens de bat*
terifii de conbit, # t pur
A&nUJtU8
ki9
de batterieft mbolutes qu'on a à cboi-
âir, il fiMit avoir attention d'éviter cenx
qui offrent des obstacles aux mancBii-
vres ultérieures « soit pour aller en
arant, soit pour se retirer» comoie
haies, fossés, rat ins« marais, hauteurs
très escarpées. On doit ne pas placer
les batteries trop haut et trop à décou-
rert; car alors rennemi en oppose de
phis fortes qui les détruisent, ou dis^
pose les siennes de manière à les bat-
tre avantageusement. On doit chercher
à se couvrir, et particulièrement à s'é-
pauler sur les flancs, ne fût-ce que
d'une petite élévation d'un ou de deux
pieds seulentent. Cela préserve les ca-
nonnlers, couvre les manœuvres du
caoon, et rend son effet plus assuré.
On doit enBn, autant qu'il est possible,
éviter de placer les batteries devant
ses propres troupes, ou sur de médio-
cres élévations qui se trouvent derrière
elles ; c'est offrir à l'ennemi deux oh*
jets à la fois à battre; c'est attirer son
fea sur les troupes ; c'est gêner leurs
mouvemens, si l'on est en avant d'el-
les; c'est les inquiéter, et s'exposer à
lenr faire du mal par quelques coups
Budhearenx, si on est placé en arrive
En un mot , quand les dispositions du
torain ne permettent pas de choisir
d'aatres emplacemens , il vaut mieux
doubler les troupes les unes derrière les
lutres, et laisser des intervalles pour
Tartillerie que de tomber dans l'incon-
Téoient de les masquer par le canon,
on de les soumettre à des batteries
trop peu élevées.
Si l'on occupe une poeition défen-
sive, les pièces de gros calibre doivent
Mre emirioyéea de préférence dans les
points principaux , dans ceux oà l'on
peut voir le mieux et de (dus loin l'en-
uemi, et leivendre en écharpe, de re-
vers et de Banc ; on en doit faire, si je
peux m'eiprimer ainsi, les grosses bat«
teries de j^oteetlon et de défcn>'^,
tandis que les pièces d'un calibre plus
léger, renforcées de bras et d*attelages,
et divisées sur plusieurs points , se
tiendront prêtes à se porter rapide-
ment en renfort aux parties menacées,
et à prendre leur disposition d'après la
disposition de l'ennemi.
Si l'on attaque , il faudra eroplacer
les pièces de gros calibre dans les par-
tie de l'ordre de bataille les plus fai-
bles et les plus éloignées de l'ennemi ,
du côté des fausses attaques, sur les
hauteurs qui peuvent empêcher l'en-
nemi de tenter quelque effort sur elles,
sur les pièces qui peuvent appuyer leè
flancs de la véritable attaque, et don-
ner des revers éloignés sur le point
attaqué. Les portées de ces pièces
étant phis longues, elles y feront effet.
Leurs mouvemens étant plus lourds,
elles aivont moins à agir ; et en cas de
retraite, comme elles seront hors de
prise, elles ne tomberont pas au pou-
voir de l'ennemi. Les pièces de petit
calibre, renforcées de bras et d'attela-
ges, se porteront, au contraire, en
avant avec les troupes attaquantes,
conune plus susceptibles de seconder
les mouvemens de ces troupes, de sui-
vre l'ennemi s'il est repoussé, de pro-
téger la retraite, et de se retirer elles-
mêmes si l'on est battu; et parce qu'il
n'est pas nécessaire d'avoir de longues
portées dans les points où l'on est dé-
terminé à s'approcher et à combattre.
On ne doit pas, coAime on le fait
beaucoup trop aujourd'hui, s'en tenir
à la routine de mettre tout son canon
avec l'infanterie, et croire ne pouvoir
en placer à un point où elle n'est pa?
à portée de le soutenir. Il faudrait sa-
voir en appuyer aussi la cavalerie, ainsi
que le pratiqua le grand Frédéric lors
de la guerre de 17i^0, placer des batte-
ries, soit sur son flanc, soit lui avant
S»
4B0 ARTILIRRIK
d'elle, s'il y a des positions favorables , ' que chez elle tonte» si¥ bovi^hei è ta
y placer surtout des obusîers, dont
l'effet sera terrible contre la cavalerie
ennemie , soit pour Tébranler avant
qu'elle ne soit chargée, soit pour y je-
ter le désordre si c'est elle qui vient
h la chajet(c. Ces canons et obusîers at-
tachés, dans une disposition de com-
bat, à une aile de cavalerie, seront | quer ces principes au terrain et Éli
renforcés d'attefa^s, et mis par con^
fléquent en état de suivre ses Inouve-
mens. Dans tout pays ouvert, qui peut
mieux défendre le canon que la cava«>
leric? Qui peut mieux, a son tonr, for-
tiQer uiio aile de cavalerie inférieure^
que du canon placé à son appui ? Que
deviendra ce canon, dira-t-on, ai la ca^
Valérie est bottue? Ce qu'il deviendra :
il sera pris, et ce ne sera qu'un petit
mal ajouté ou désastre de la cavalerie;
mais le plus souvent il empêchera que
cette cavalerie ne soit battue ; et si elle
bat , il rendra ses succès plus décisifs
et plus complets. J'aurai occasion de
dire ci-après combien peu il faut crain-
dre de mettre du canon en prise ,
quand on peut en tirer un effet utile.
La première disposition de rartilie^
rie dans un combat étant faite, il Caut
ensuite que les piè(u^i manœuvrent et
changent d'emplaceineut, suivant les
seront employées , et utilement
plotéea.
Voilà à peu près tous les prindfei
suivant lesquels on doit emplacei^'et
disposer l'artillerie. Il reste, et c'eMft
le granit art, art que la pratique et k
génie peuvent seuls donner, à àp]^
occasions ; car Fattaque et la étttm
d'un poste , le passage d^ine rivM^
les combats dans telle ou telle uMHr
de pays, les ordres de bataille de tëk
ou telle e^)pècc exigent des dispoilHNi
différentes d'artillerie , que les beriM
de cet essai ne me permetfent poM
de détailler.
Comme ce rt*est point le bruit ifi
tue, comme Tiocertitude dtis poitM
augmente en raison de rëloiguemeil
des points qu'on veut battre oU du pM
d'attention que l'on donne au poiiÏH^
ment, il faut s'attacher è pointer ftlét
exactitude plutôt qu'à tirer orée ii«
tesse; il faut pointer surtout aléé
beaècoup d'attention, quand left fMf^
té(»s sont éloignées , et augmenter II
▼ivacKé de son fbu progrès^iveniedt 1
ladiminution des distances, f^aree 4^
proportion de cette diminutft^n, M
coupa s'assurent toujours davantage: *
circonstances, soit pour se conserver! Ce principe n'est pas asser c<MMÉ
les revers et les prolongemens qu'elles I des troupes; leur grand grief cofliirt
auront pris sur Tennomi , soit pour ! l'artillerie est toujours qu'elle ne M
rasseml)ler leurs feux mr les points | pas assez de feu. la mesure de Mr
décisifs, suit pour «'y porter, et pouri contenance dans une eanonade^ttlié
se tenir toujours en meyure avec les
troupes auxquelles elles sont attachées.
être la quantité de bruit que font M
batteries qui les soutiennent. Futtt^lte
C'est relativement à cette science et à ' connaissancea . les otllciers supérietn
cet ù propos de mouvemens , que j'ai d'infanterie ou de cavalerie eiit*-ittl^
avancé que l'armée, dont l'artillerie | mes entretiennent ce préjugé, M aMif'
saurait manœuvrer avec le plus d'ioteU ! les premiers à te plaindre de ee qM le
ligcnce et de rapidité, pourrait ne canon ne tire pas sant relàSllêfH
traîner e sa suite que moitié moins de qu'arrivMHl de là? C'eit que iouVMI
bouches a feu que l'ennemi, et^ avec rofBcier d'artillerie se laiaaé entrataer
cela, lui être encore supérieure, parce à ces clameurs, perd de vue ie prmdpi
AllTiLLEttie.
4M
exposé ci-dessus, tire trop vite et à des
portées trop incertaines, fait peu de
mal à l*ennemi, le rend parla plus au-
dacieux, consomme inutilement des
liiùnttions, et Onit par s'en trouver
ttè^urvu dans le moment où son
IStti aurait besoin de devenir le plus
vif:
fl ne faut jamais enç:agpr des com-
tàb d'artillerie à artillerie que quand
ftt troupes de Tennemi , étant à cou-
wt du feu qu'on pourrait faire sur
âftjs, ses batteries y >ont exposî'^es, et
Bliisent beaucoup aux troupes iiu\):i
^idt'ége. S! au contraire les positions
(j^^on occupe sont meurtrières ])our
Fètinemî, il faut porter tous les efforts
de Tartilleric sur ses troupes et sur les
olÎKtacles qui les couvrent pour tâcher
dé les détruire, et ne chercher à en
ida(|N>Spr au canon ennemi qu'autant
«(te Wla est nécessaire pour protéger
fek troupes qu*on doit soutenir. Cette
lllfciinie est souvent négligée par les
oittcîers d*artillerîc , soit qu'il leur pa-
Ttbàe plus brillant d'étehidre aux yeux
dès troupes les feux des batteries qui
Mtfsont opposées, soît qu'ils ne sentent
^ assez que les troupes sont l'objet
pttfidpal, que l'artillerie devient in-
utile si eBes sont détruites ou mises
éû désordre, au lieu que Tartillerie
ètéiit détruite, il n'y a rien de fait,
ÎÉbqfi'il reste encore des troupes h
ifODcre.
!Si tes batteries sont obligées d'atta-
ifUJtt les batteries ennemies, on ne
Ûit pas pointer pièce contre pièce , Il
faut embrasser de son feu tout le ter-
rèSh" occupé par la batterie ennemie ;
de même, si Ton tire sur des troupes,
3 faut rassembler tons ses cflbrs snr
l'eftpace qni en sera le yins couvert, et
(A les boulets venant à manquer, les
troùpeii qui servent de but primitif
troateront en deçà , en arrière ou è
côté d'elles, d'autres troupes à at-
teindre.
Hors les occasions de fausse atta*
que ou de stratagème, toute canonade
qui n'a pour objet que celui de tuer
quelques hommes au hasard et aux dé-
pens de beaucoup de munition, est
misiTable et ridicule. Il est cependant
très commun d'en voir ordoimer de
pareilles.
T-e ricochet, employé ili propos, n'est
pas moins avantageux dans les actions
de campagne que dans les sièges. H est
excellent contre la cavalerie, contre
des lignes de troupes redoublées,
contre des retranchemens , et peut-
être n'en faisons-nous point assex
d'usage.
Il est important , dans l'exécution
des bouches à feu, de savoir à propos
employer le boulet et les cartouches à
balle, et de ne pas quitter trop tAt l'un
pour se servir de ces dernières en fa-
veur desquelles on a un préjugé trop
généralement avantageux; car si elles
produisent des effets terribles quand
on s'en sert sur des terrains secs, mais
sensiblement horizontaux et h des por-
tées raisonnables, et telles qu'elles sont
indiquées sur la table que j'ai donnée,
il s'en faut bien qu'elles aient des ef-
fets aussi certains et aussi décisifs que
le boulet, au-delà de ces portées, ou
dans des terrains irréguliers, mous,
couverts, plongeans ou plongés. SI les
distances sont trop grandes, il faut
pointer les pièces sons des angles de
projection très marqués, et alors la
plupart des mobiles s'écartent de la di-
rection principal et passent par dessus
le but qu'on devait atteindre. Si les
terrains ne sont pas favorables, la plus
grande partie des balles est interceptée
et amortie. Dans ces dernières circon-
stances, il faut donc indubitablement
préférer l'usage du boulet; le boulet
^82 ARTIUBUE.
atteint de beaucoup plus loio , s'écarte : si peu mise en pratique, qu'elle a be-
soin d'6tre développée. Il faut que les
troupes contractent l'habitude de ne
pas abandonner trop légèrement le
canon, et qu'elles attachent une sorte
de point d'honneur à ne pas le perdre,
parce qu'alors l'artillerie ayant con-
fiance dans les troupes qni la soutien-
nent, se comportera avec plus de vi-
gueur et se croira' en quelque sorte
obligée, par reconnaissance, à se com-
porter ainsi. Il faut que l'artillerie de
son côté s'accoutume à manœuvrer
avec hardiesse , à se hasarder et a se
soutenir dans des emplacemens avan-
cés, à ne pas regarder si on la soutient,
quand ses effets sont décisifs et meur-
triers, à n'abandonner ses pièces que
quand l'ennemi est, pour ainsi dire,
dans sa batterie, puisque c'est Fexécu-
tion de ses dernières décharges qui est
la plus terrible ; il faut qu'elle attache
son point d'honneur, non à conserver
ses machines, qui ne sont au bout du
compte que des engins faciles à rem-
placer, mais à les faire jouer le plus ef-
ficacement et le plus long-temps pos-
sible. Si ces pièces sont prises, ce n'é-
tait pas aux soldats d'artillerie, qui
n'en sont que les agens , à les défen-
dre , c'est aux troupes à les reprendre,
ou, dans une autre occasion , à rem-
placer leur perte En un mot, c'est à
l'offider-général qui commande , à cet
homme qui doit tout voir de sang-froid
et sans erreur, de se servir des préju-
gés des troupes, de ceux de l'arUllerie,
de son autorité enfin, pour, suivant les
circonstances, exposer le canon, te sa-
crifier ou le conserver. C'est à lui de
calculer qu'en telle occasion il faut ra-
mener le canon . soit pour aller pren-
dre ailleurs une position meilleure,
soit pour que le soldat découragé ne
prenne pas la retraite pour une fuite ;
moins de sa direction, ricoche, va frap-
per la seconde ligne quand il manque
la première, renverse les obstacles,
épouvante par le bruit et présente aux
nouveaux soldats des blessures plus ef-
frayantea. Je détaille les raisons de
cette maximo, parce qu'elle est con-
traire à l'opinion reçue dans nos trou*
pes. Faute de réflexion , faute d'offi-
ciers assez instruits pour détruire des
préjugés de routine , accrédités parmi
elles, je les ai presque toujours en-
tendus se plaindre de ce que notre ar-
tillerie ne tirait pas à cartouche , assez
et d'assez loin , et dter les effets de
l'artillerie étrangère qui en fait mal à
propos un grand usage et à des portées
excessives.
On doit avoir la plus grande atten-
tion à ne pas consommer inutilement
les munitions; cela a été dit souvent,
mais les troupes n'en connaissent pas
encore assez l'importance. Il y a ce-
pendant un calcul simple ; on ne peut,
sans des dépenses et des augmenta-
tions d'équipages énormes, porter plus
de deux cents coups par pièce et
soixante par honune, non compris
ceux dont les gibernes sont remplies.
Or, à un coup de canon et à trois coups
de fusil par minute, c'est pour environ
trois heures. Combien d'actions peu-
vent durer davantage ! Combien d'ao-
tioQS peuvent être suivies le lende-
main d'un autre combat? Je passe au
ifoldat qui ignore tout cela , qui ne ré-
fléchit pas , de vouloir que le canon
tire toujours; mais est-il pardonable
aux officiers d'avoir assiez peu de con-
naissance des détails pour joindre
leurs cris aux murmures du soldat.
On ne doit pas abandonner mal à
propos de l'artillerie , ni craindre mal à
propos de la perdre. Cette maxime est
ni imjK)rlante , si faussement étendue, qu'en teUe occasion il Cuit Cexposer
AlTILLniE.
Ut
ff qu'il nuise plos ioiig-temps et
lu eflScacement à rennemi; qu'en
tMe autre enfin, il faut le laisser pren-
re • parce qu'il en coûterait trop de
Bg, on un temps trop précieux pour
) défendre ; et parce qu'après tout ,
Ift guerre, il n'y a pas de honte à faire
a qu'il est impossible d'éviter.
CHAPITRE VI.
(to ta idenee des fbrUflcaUont avec la
taetiqne et avec la guerre en gteéral.
science des fortifications et celle
le la tactique sont intimement liées
'«ne à l'autre. C'est de la science des
artiflcations que la tactique défensive
mpninte quelques-uns de ses princi-
lea, oomme la nécessité d'appuyer les
laoos d'une disposition, et d'ordonner
Baies les parties de cette disposition,
la manière qu'elles se protègent mu-
■elleraent; la nécessité par consé-
pMnt de réunir sur les points princi-
Mni, sur les parties les plus menacées,
a pins grande quantité de feux et de
iNces. C'est, à son tour, sur la tactique
|Ba sont fondés les bons et véritables
Minoipes de la science des fortifica-
iana, puisque les ouvrages doivent être
nia et combinés relativement à la na-
tare dn terrain, à l'espèce des troupes,
k leur nombre, a leur ordonnance, à
Taiprit qui les anime, à ces diflérens
nbjets supputés tant du côté de celui
lai défend , que de celui qui attaque.
Il résulte de là que pour être tacti-
Bîan , il faut con^i.attre la science des
, et que pour être ingé-
il faut être tacticien. La pre-
mière partie de cette conséqueni« est
linûie et reconnue dans le militaire,
lanaque cependant les officiers s'eçiai-
ront en conséquence. 1^ seconde sem-
ble ne pas Tètre assez parmi les ingé-
nieurs.
C'est surtout dans la détermination
des fortifications de campagne qu'on
doit sentir combien il est important
que la tactique dirige les idées. Faute
de cela , on procède avec lenteur, on
n'ose s'écarter de la routine de mé-
thode ; on voit l'effet d'une pièce de
fortification, le rapport qu'elle aura
avec la pièce voisine; mais on ne s'oc-
cupe point de l'ensemble général de
la position, de l'objet qu'elle doit rem-
plir ; on remue de la terre, on multi-
plie les ouvrages, et l'on ne calcule ni
qui défendra cette immensité d'ouvra-
ges, ni que des troupes, enfermées
dans des retranchemens pareils , per-
dent tout l'avantage que pourraient
donner la manœuvre et la science.
Quel est le but des fortifications?
C'est de mettre une troupe inférieure
par le nombre, par le courage ou par
la science des mouvemens, en état de
résister à une troupe qui lui est supé-
rieure en quelqu'un de ces points.
Donc toute fortification suppose des
vues défensives, et n'est par consé-
quent que le pis-aller de la troupe qui
s'y renferme; donc toutes les fois
qu'un général se sentira la supériorité
du génie, et qu'il verra ses troupes
plus nombreuses, plus aguerries et plus
manœuvrières, il se gardera bien de
mettre des retranchemens devant lui ;
il prendra l'offensive , il manoeuvrera .
il attaquera ; ou, si quelquefois il re-
çoit le combat, ce ne sera que parce
qu'il aura mis l'ennend dans la néces-
sité de le donner avec désavantage, ou
parce qu'il préméditera un mouvement
qui, avant le combat ou pendant le
combat même, lui rendra l'offensive
qu'il aura paru abandonner.
Voyons ce qui arrivera à un général
UK autillbhiv.
qtil, se trooTant inférieur à reimemî , des positions couvertes par plasieui
96 cmidaira dîSeremment, el suivant points retranchés, comme redontei,
les principes usités dans les armées batteries, villages, abattis, etc.. Taisait
modernes. S'il prend le parti de cons- en quelque sorte de son armée la coiu^
tniire des lignes et de se mettre dcr^ î tine de ces bastions? C'est aujourd'hui
rière elles, pour peu que son ennemi ■ la grande routine de la défensive no-
sache manœuvrer, elles seront tour- { dcrne, routine sans doute préférable i
nées, surprises, percées; et je n'ai pas j celle qu'elle a remplacée, mais sujette
besoin de dire pourquoi elles le seront : elle-même à beaucoup d'inconvéniem;
tant d'exemples et de raisons recon*
nues rendent cette conséquence sensi-'
1® en ce qu'elle réduit Formée qui s'en
sert à la défensive, et que c'est déjà
Me. S'il se jette dan% une position ex- • une espèce d'échec de recevoir la loi
cellente, et dont tout le front soit cou- des dispositions de l'ennemi, d'être
vert par une continuité de retranche- ! sans cesse occupé à parer, et de n*étie
mens, il se liera les mains; il ne sera | pas en mesure de lui porter coup i son
plus en mesure de faire craindre l'ofTen- ' tour; 2" en ce que l'ennemi ne court
sive à rennenii ; il jettera dans son ar-
mée l'esprit de timidité et de décourage-
ment ; il n'osera se comprometlre hors
de sa position. Je veux que l'ennemi
ne puisse l'attaquer de vive force dans
sa citadelle ; il le désolera par des cour-
ses sur ses flancs, sur ses communica-
tions, sur le pays qui l'iotéresse; il
s'approdiera de lui, il le resserrera, il
l'assiégera ; oO'ensif et mobile, il pren-
dra sur cette armée, ainsi retranchée ,
tous les avantages que l'assiégeant a
sur l'assiégé, et sur des ouvrages qui
sont inmobiiea et défensifs: il ira a
elle par tranchée ; il réunira sur quel-
ques points de cette position tous ses
feux et ses efforts ; il l'obligera ou i
l'extrémité fâcheuse d'abattre ses re-
tranchemens, et de venir présenter un
combat désavantageux , ou a celle de
mettre bas les armes, ainsi que Tout
fait les 8axons à Pirna ainsi que l'au-
rait fait Pierre, sur le Pnith, sans l'a-
dresse de la Czarine.
Mais je veux que, revenu avec son
siècle du préjugé qui existait autrefois
en faveur des lignes et des camps re-
tranchés, il ne prenne ni l'une ni l'au-
tre de ces défensives. 8'attai'hera-tril i
M se présenter à l'-ennemi que dans
jamais aucun risque décisif en atta-
quant une armée ainsi postée. Batla,
il se retire, et il est rare qu'avec des
précautions bien prises, il craignais
poursuite. Vainqueur, il peut rendre
sa journée complète , parre qu'il di*
borde et prend de revers les postes o^
cupés : ainsi fut pris Uochstett; aiiui
l'auraient peut-être élu Anloin et une
l>artie de l'armée du maréchal de Saxe,
si les bonnes dispositions des eonenûi
avaient soutenu ce que le hasard leur
fit entreprendre ; 8^ on ce que de deux ,
choses l'une : si les fioints fortifléssoal
trop éloignés l'un de lautre, comme i
Fontenoi, à LauiTelt, à Kocoux^ l'eiH
nemi passe entre deux, ou bien, tait,
vis4i-vis chacun de ces points, une dis-
position qui les enveloppe à demi de
batteries et de forces supérieures , les
emporte, met à découvert l'armée qai
les soutient, et gagne la bataille. Si ces
points fortifiés sont rapprochés au
point de se protéger et de se Iknquer
mutuellement, cette position retombe
dans l'inconvénient des camps retran-
chés ; toute l'armée se trouve empla«-
cée dans des points où elle est réduite
à la défensive la plus passive et la ftm
iaégale. Si l'on de ces points est $Qnè^
« AmnixmK. V5S
iinent rMablir le combat? Tl ne res- < donnaient lien dVspérer de tirer de ce
te point asseï de troupes, point d'assez ; parti une victoire plus certaine ou plus
grands efforts a employer pourchasser | complète. Il faut, en un mot, que ers
l'ennemi du bastion où il s*est établi , \ retranciiemcns soient tels que Tarm^e.
et de la courtine sur laquelle il se sera î qui est derrière eux, ne puisse i^tre
WentAt étendu: et que deviennent ! réduite au râle d*assiég(*e, et qu'il resie
dèn tontes les troupes emplacées dans
ÛÊÊ postes où eHes sont débordées, pri-
wês à revers, et d*où elles ne peuvent
une entière liberté de mouvemcns au
génie de Thomme qui la commande,
ainsi qu*au courage et à la science de
plot se retirer qu'avec peine? 4<> Cette ' manceuvres des troupes qui la compo-
iéfcnsive, fondée sur des positions re-
tranchées, est enfin contraire à toutes
las grandes vues <Ie ia guerre , elle n'a
sent.
Voici donc comme je pense qu'une
armée devrait se retrancher en pareil
dn moins certainement jamais été la î cas ^ ce serait, non par des retranche-
flttRÎère des grands capitaines. On n'a
i^*É récapituler les batailles qu'ils ont
dranées ; ils ont presque toujours atta*
qaé; et s'ils ont reçu des combats, ce
«*a presque jamais été derrière des re-
Iranchemens.
- n ne résulte pas de li qu'il n'existe
qaalqucs occasions où une armée puis-
ëese retrancher. Je blâme l'abus qu'on
Ml dés positions retranchées, et non
Fusage qu'il est quelquefois a propos
Mn faire. Si, par exemple, une armée
^lérieure occupe une position impor-
Inte, et par laquelle elle traverse ab-
«dament les projets de l'ennemi ; si ,
^aohillint couvrir un siège, un pays, une
dpdration, elle trouve une de ces po-
iKlons aniques, qui ne laissent à l'en-
iMtfll ni la ressource des manœuvres
il eelle des diversions, et qui l'obligent
litessairement à venir attaquer dans
fMteposition ; si enfin l'avantage qu'on
IHHivera A y recefoîr In bataille est
'yMs grand que celui qu'on se proiti-
'Miail en allant ainlevant de l'ennemi,
B' VPy t pas à balancer à augmenter la
ioftié d'iihe position pareille par des
tettanchemeris ; encore faut-il qu'ils
Mêtit disposés tellement qu'on con-
'litf r^nemi, si ses dispositions d'at-
iéUftté ou lés inoaremens du combat
mens continus, ou, ce qui reviendrait
au même, par des points retranchés,
distribués symétriquement de dislance
en distance, de manière a se flanquer
et a se protéger mutuellement; ce se-
rait en retranchant quelques points de
sa position seulement, comme ceux
qui sont vis-à-vis des débouchés , si
l'ennemi est réduit à déboucher, ceux
où l'on ne peut disposer qu'un petit
nombre de troupes, et les troupes sur
le courage et les manœuvres desquel-
les on compte le moins ; ce serait en
se retranchant ainsi sur quelques points
et en les mettant i\ l'abri d'ùtre em -
portés , tandis qu'on rcnnissnnt sur
d'autres points nus et ouverts l'élite et
le plus grand nombre de ses troupes,
on y préparerait contre rennemi une
disposition vigoureuse et prête à de-
venir oflensive au moindre faux mou-
vement qu'on lui verrait faire.
Qu'on prenne la peine d'y réfléchir,
cette manière de défendre une posi-
tion, absolument opposée à l<i routine
actuelle, serait cependant conforme h
tous les grands et véritables principes
de la guerre; V elle serait oflensive,
qualité primordialement constitutive
sèfve te possibilité d'agir offensivement de toute défensive d'armée; 2** les re-
trancbemens y seraient ramenés o leur
véritable usage, qui est de suppléer
&56
AÉTlLliBIirfi.
AU nombre inférieur ou à la mauvaise
espèce de troupes, et de mettre à cou-
vert des parties faibles et dégarnies ;
ils ne seraient qu'un accessoire com-
biné et employé dans la disposition
générale , de manière à fortifier là
quelques points, pour laisser porter
ailleurs Télite et la majeure partie des
trqupes , c'est-à-dire à donner là une
somme de résistance supérieure aux
aux efforts de l'ennemi, pour procurer
ailleurs une somme d'efforts supérieurs
à son offensive.
Autant je pense que les retranche-
mens doivent être rarement employés
par une armée, autant je crois, au res-
te, que tous les postes et corps déta-
chés doivent en faire usage, surtout si
ces postes ou corps détachés occupent
des points où il soit nécessaire qu'ils
résistent, s'ils couvrent une opération,
s'ils gardent un entrepôt, un magasin,
un débouché ; car dans ces occasions,
il s'agit de tenir ferme , d'attendre du
secours , et le petit nombre , quelque
brave , quelque bien posté qu'il soit,
peut être accablé par la multitude;
or, de bons retranchemens suppléant
à l'infériorité du nombre, et mettant
en état d'attendre des renforts, c'est
le cas d'en construire ; ils sont , dans
cette circonstance, le moyen principal
et primitif de la défensive.
Par une conséquence du raisonne-
ment posé ci-dessus , il ne faut pas
'que les postes ou corps détachés s'oc»
cupent de se retrancher, lorsqu'ils sont
simplement destinés à servir de mas-
que, à couvrir une plus grande éten-
due de pays que celle qu'ils peuvent
occuper : dans le premier cas, leur but
n'est pas de combattre, mais d'avertir ;
dans le second , il est inutile de re-
trancher quelques points, puisqu'ils
ne pourraient tout défendre et qu'ils
ne serviraient qu*à indiquer à l'enne-
mi oâ il faut qu'il cherche à pemr*
C'est en manœuvrant, en se tenant
sans cesse en mouvement le long de
la ligne de défense qu'on a choirie,
qu'on peut espérer de s'oposer à loi.
Dans l'un et l'autre cas enfin, tout
poste ou corps de troupes qui prendra
le parti de se retrandier , c'estrMm
celui de s'établir dans une position et
de s'y arrêter plusieurs jours , s'erpo-
sera à s'y faire attaquer avec av«nl^;6,
parce qu*il donnera à l'ennemi la ten-
tation et le temps de combiner m
mouvement offensif snr lui. Ced n'ex-
clnt pas l'excellente maxime de
les nuits dans la meillem-e
possible, de rendre, si l'on est à portée
de l'ennemi , cette position encore
meifleure par quelques retranchemens
placés, non de manière à faire de k
position une position de combat, puis-
qu'on ne vent pas en recevoir, mais è
donner le temps dé se rassembler, de
rappeler ses postes, à couvrir et à faci-
liter la retraite.
Enfin, savoir à propos se retrandier,
ou ne pas se retrancher, distinguer les
occasions où des retranchemens peu-
vent ètra utiles, inutiles on fbnestes,
les combiner, quand on a résola d'en
construire, avec Tobjet qu'on se pro-
pose, avee ce qn'on peut faire de ses
troupes, avec œ que peut l'ennemi « et
pour cela ne pas en aiMtndonner la dé-
termination à un ingénieur, ai cet in-
génieur n'est en même temps homme
de guerre et tacticien : voilà le devoir
des offlidera qui commamlenft dçs trou-
pes à la guerre ; Il fuit pom* eda qa'iis
aient les connaissanoes néoemaires, il
(Saut qu'à cet effet il soit élaUi dens les
troupes des éeoles, et deséoelea de
pratique, bien plus que de théorie,
pour la ceostniction , l'attaque et la
défense des fortifications de cam-
pagne. Je prouverai qu'en six mois on
oflMer poiMi Mpérir les conoais-
auiMB indtapeusthles anir cette partie
de la science militaire. Ce seront en-
mile « s'il est né homme de guerre,
rexpérienee , les occasions, la fermen*
tation d'esprit qui natt toujours de la
me des choses et des évènemens,
quand on a quelques lumières acquî-
tes, qui r|ffermiront dans ces connais-
sances et lui apprendront à en faire
usage.
Je viens de chercher à établir le vé*
ritable rapport que les fortifications de
campagne 4pivent avoir avec la tac-
tile et avec les opérations militaires :
eiaminons maintenant l'influence que
la grande fortification , la fortification
permanente, c'est4-dire les places de
guerre, ont eue sur le système mili-
taire de l'Europe. Cela nous conduira
à chercher jusqu'à quel point cette in-
floence devrait exister, et nous trouve-
rons qu'il s'en faut que ce point soit
d oà elle existe.
L'esprit d'imitation et de manie, qui
aujourd'hui si prodigieusement
augmenter l'artillerie et les troupes
légèresv semblait, sur la fin du dernier
âède vouloir convertir toutes les villes
an plaoesde guerre. Yauban etCohom
donnaient une si grande célébrité à
leur art, et presque toute 1 Europe mi-
litaire était si ignorante alors , qu*il
n'est pas étonnant que ces deux hom-
nes, avec du génie et des principes,
lient entraîné toules les opinions.
Cohom fortifia la Hollande, Vauban,
ibrtifia la Flandre, le Rhin et une par-
tie des frontières du royaume. 11 bâtit
ou répara près de cent forteresses. On
vH, en Flandre surtout , s'élever des
chaînes de jdaces sur deux ou trois li-
gues ; on vit en même temps, car les
erreurs partant du même principe sont
ordinairement contemporaines, des
provinces entières couvertes par des
457
lignes; ces lignes étalent, à le bien
prendre, des polygonêM mÊUtipliéê et
ajoutés l'un à Tautre sur un dévelop-
pement immense. Tel est enfin le reste
du préjugé répandu alors , que la plu-
part des calculateurs politiques, en pe*
sant les forces de la France avec celles
des États voisins , font encore entrer
aujourd'hui pour beaucoup trop dans
la balance cette quantité de phices
dont quelques-unes de ses frontières
sont garnies, comme si des bastions pou-
vaient défendre à eux seuls les villes
qu'ils enveloppent; comme si ladestinée
de ces villes , quelque bien fortifiées
qu'elles soient , ne dépendait pas de la
bonté et de la vigueur des troupes qui
les défendent et les soutiennent ; com-
me si enfin des places mal défendues
ne tournaient pas à l'épuisement, à la
honte et à l'esclavage certain des peih-
ples vaincus, qui en ont été les cons-
tructeurs et les maîtres.
Qu'estril cependant résulté de cette
multiplication énorme de forteresses?
Les guerres en sont devenues plus rui-
neuses et moins savantes : plus rui-
neuses du c6té de l'argent et des hom-
mes, parce qu'elles en ont consommé
alors une bien plus grande quantité.
Il a fallu construire ces places , il faut
les entretenir ; mais ce ne serait en*
core rien que cette mise de dépenses
primitives et annuelles. Ces places
construites, il faut les approvisionner ;
il faut les garder même en temps de
paix ; il faut en temps de guerre les
couvrir, les défendre , attaquer celles
de l'ennemi ; d'où il a fallu augmenter
de part et d'autre le nombre des trou-
pes et de tous les attirails relatifs, en-
tretenir ces troupes et ces attirails en
temps de paix, par conséquent être
perpétuellement dans un état de guer-
re qui ne laisse jamais respirer les
peuples.
Ml
iMtix^fi.
Voyons avec un peu plus de délAfI
Côitiment notre systèm(; de places a
nécessairement augmenté les années.
Les places des anciens étaient simple-
ment environnées d'un mur avec un
fossé, et d'un mur dont les tours ou les
autres ouvrages à flanc étaient peu
saillans. Elles n*avaient point de pièces
de fortification extérieure, par conié-
quént elles exigeaient dos garnisons
moin^ nombreuses; il fallait des ar-
mées moins considérables pour les in-
testlr et les assiéger. Les places mô-
dérties occupent des terrains bien plus
tastes. Aux courtines de leur première
enceinte (letmentdes bastions, dont la
Mpaelté doit être grande, pour qu'ils
soient susceptibles d'une bonne dé-
fense. Va avant de cette enceinte, Il y
É un fossé, des demi-lunes, tm che-
niîfl couvert, un glacis, puis des ou-
vfa^ extérieurs, quelquefois telle-
ment multipliés lés uns devant les au-
tres, qtie le dernier de ces ouvragés se
trouve h quatre <nl cinq cents toises
du corps de la place. On sent ce que
des circonférences pareilles exigent de
moyens pour êtfe défendues et pour
Mre Investies.
Cependant, en méroé temps qu*un
fetat eon!(truit des places sur ses fron^
tifcres, l'État voisin tâche d'en cons-
truire sur les siennes ; ainsi II s'élève
h l'envî forteresse contre forteresse.
(7est en Flandre surtout que s'est vue
cette rivalité ; on eût dit que la France',
l'Autriche, la Hollande croyaient aug-
menter leur pnissanee en augmentant
le nombre de leurs bastions. Ces bou*-
levarf s étant élevés de part et d'autre ,
il a fallu faire la guerre avec des ar*
mées plus nombreuses. Tl fallait d'a-
bord des garnisons dans les places, en-
suite il fallait Une armée ptmr Aiire les
C'est déjà un grand mi# occasimiié
par la multiplication et par le System
actuel de nos place» de gverre , qn
l'accroissement prodigieux des armén
et des dépenses , puisque ce surmft
épuise les peuples et la population.
Examinons maintenant si l'art de li
guerre y a gagné , si les guerres tp
sont devenues plus vigoare^||es HjBUm
décisives. ^^
Les armées étant devenues plus non»
brenses, et traînant à leur suite une
beaucoup plus grande quantité tà^
rails, il eût fallu que laiactiqira tel
fait, en raison de cet accroissenrart,
des progrès relatifs; elle n'en fit pu,
et par conséquent les armées m fih
rent que des masses plus compliquées,
plus pesantes, plus difficiles à mmnMir
et A nourrir. Il y eut moins de granè
mouvcmens en jeu de part et d'autre ,
moins de manœuvres, moins d'habl^
leté. Dans les pays couverts de plœei,
comme la Flandre, la guerre prit «i
caractère de routine et de nnollesse,
qui n'est certainement pas celui da
génie. On peut ft peu près r^lcoler ca
que chaque campagne devait produira.
Une ou deux batailles , la plupart di
teftrlps conduites et décidées par le ha-
èard, s*y donnent ou s'y reçoivent, soit
pour couvrir des places, soit pour pré»
parer ou couvrir des sièges. Celui ifâ
les perd se retiré derrière ces places,
et cehii qui les gagne fait ou finit trafi»
quillement quelqties sièges. La cann-
pagne suivante, c'est la même chose,
et ainsi des autres , jusqu'à ce qu'ui
des deux partis, se sentant à ses der*
nières places, et par conséquent, sui-
vant nos calculs actnols, à ses derniè-
res ressources, se hâte de conetofè k
paix, c'est-è dire, pour peindre &m
seul trait cette manière de guerre, <|ia
sièges, et souvent une autre armée I deux cent mille hommes de purt^M
pour les couvrir. | d'autm vont pendant quelques années
ARTiLunn
Ifffrotitilre, répandre beaucoup ^e
iMi|; et d'argent, sans quMI en résulte
ortifiairement d'autre effet décisif que
ctftaf de la prise de quelques places, et
de l'épuisement à peu près égal des
Mrfhqyeor» ou dea vaincus.
A voir cela, sons le point de rue de
llfIrttoBophIe et de l'humanité, il peut
Mm heurâouue, soit reflet des pla-*
coi^ soit celui de la routine établie, les
gMttfes se passent ainsi en petites opô*
fêMniêi en alternatives de places prises
ilfeprises, au lieu de conquérir et de
r oomme- elles faisaient autre*
Mats, àcnvisagor Tobjet militaire,
l'art de In ^uorre y a sans doute perdu,
fwAsqiie SCS effets sont moins grands ;
paiaqu'enlin ils ne remplissent pas le
pMnfer et le mallieureux but qu'ils
Miwtit avoir, celui de faire le plus
te mal possible è l'ennemi, et de d<'v
cMer pronpteraent les querelles des
aillons.
H ne s'ensuit pas de là que l'art de
MMti'uire de bonnes places, de les ai*
ttNfder, de les défendre, porté au point
tftil l'cfet sur quelques parties, et per- .
fectionné, comme il pourrait l'être,
lieàiicoop d'autres, ne fasse hon-
à l'esprit humain, et ne soit une
ktnehe Intéressante de la vaste scien-
«lia hi goerre ; mats on lui a fait jouer
iirirop grafkd rAle ; on a oublié qu'il
4K(tait qu'un accessoire , et que la
gMnde tactique, la tactique des mou* j État de force réelle et distante par
ïmv celle qui fait gagner les eom* { elle-même, que des troupes portées
au plus haut point d'instruction et de
discipline. Ayez des places de guerre,
et les meilleures possibles, si en même
temps vous u'ovez pas d'armée, ou si
cette armée est mauvaise, ces places,
Fnnoe dans la guerre de succession, I quelque multipliées, quelque fortes
iftt ]K>9ti les aUiésen Picardie et peut- > qu'elles soient, ne serviront qu'à faire
Mue fluft loin, sans toutes les places de I des garnisons prisonnières, et à afier-
■laffdr* qui les arrêtèrent pa» à pas. ' mir les conquêtes de Tennemi. Qu on
que cela prouve en fa- voie la Hollande hérissée de pUcea, et
veur de la multiplicit<^ des places? EK-
les ont été utiles; elles ont rendu les
progrès des alliés plus IcMits et moins
ùécisifs ; mais il fallait avoir une tarti-
que et de bonnes troupes ; il fallait ne
pas laisser tomber la discipline établie
|)ar Louvois; il fallait s'être attaché A
former des ofliciers-gcnéraux ; il fal-
lait ne pas faire un Chamillard minis-
tre, et les courtisans do M"^' de Maiq-
tenon généraux ; on eût tenu la cam-
pagne avec avantage ; on eût conservé
en Flandre rasccndant qu'une armée
nationale et voisine de son pays aurait
dû naturellement avoir sur une armée
de confédérés, dont quelques-uns
étaient très éloignés de leur pays ; on
eût gagné les batailles , au lieu de les
])crdro : conséquemmcnt on n'aurait
pas eu besoin du secours désastreux
des places. De ce qu'un enchaînement
inouï de fautes et de maladresse, de ce
que les vices de notre constitution mi-
litaire ont rendu quelques places utiles,
n'en concluons î^'^^*. dos en faveur de
leur quantité.
Les places font« dit-on, la force de
l'État. Cette assertion exige une large
raodirication ; car les pinces en elles-
mêmes n'ajoutent pas plus à la force
d'un État que ses arsenaux et ses atti-
rails de guérie, qui ne deviennent des
moyens que quand on a des armées
en état do s'en servir. Il n'y a dans un
lita^^l**^ 1^ principal; on a trop
aMMpté sur les places de guerre ; on les
a tMp asitipliées.
.--Il est très vrai que l'enchainomont
lÉ. nuilieurs et de fautes qu'éprouva
llo ABTausns
défenme oranaireiiient par éeê trou- | homme de génie, a Ht tdie d'ofte
pes mercenaires et sans vigueur : en
1979, elle fiit envahie presqu'en tota-
lité dans six semaines. Elle ne fut sau-
vée que par ses inondations , par le
parti qu'elle prit de mettre à la tète du
peu de troupef qui lui restaient, le
prince d'Orange qui leur rendit le cou-
rage, et reprit l'c^enaive sur les Fran-
çais dispersés et affaiblis par la garde
de ces mêmes places qu'ils avaient
conquises, et mal à propos gardées, au
lieu de les détruire. l)aus l'avant-der-
nière guerre, on Ta vue de même prête
à être envahie. Le maréchal de Saxe,
supérieur en génie et en habileté aux
généraux ennemis , avait donné l'as-
cçndant à nos armées ; il gagnait les
batidlies. De là, toutes les places mol-
lement défendues ouvraient leurs p<Nr-
les : tant il est vrai que le destin des
places est toujours réglé par celui des
combats, que les places ne sont qu'm
accessoire, et que l'important, ce à
quoi il faut s'attacher, c'est à avoir une
armée supérieure en manœuvre et
maîtresse de la campagne.
Sans les places, les guerres seraient
plus dévastatrices, l'intérieur des Étals
courrait plus de risque. Voilà, de tou-
tes les objections, la plus fondée, et
celle qui milite le plus fortement en
fiiveur des places. Approfondis5ons«-la
soigneusement. De la manière dont se
fait la guerre aujourd'hui, il est cons-
tant qu'elles empêchent les inairsions,
et retardent l'invanon d'un pays. 11
reste à savoir ^ulement si les places
seraient des obstacles pour des armées
autrement constituées que les nôtres ,
ai une cavalerie inlhtigable et facile à
nourrir, comme celle des Numides et
des Tartares, craindrait de passer en-
tre elles pour aller faire des courses dans
le pays , et rentrer par une province
opposée. Reste à savoir si un gébénJ,
mée qu'il aurait accoutusiée à .a pa-
tience, à la sobriété, aux choses gran-
des et fortes, n'oserait pas laisser der-
rière lui toutescesprétendues barrières,
et porter la guerre dans l'intérieur des
États, aux capitales mêmes. Les doutes
que je propose ici serviront peulnètre
à fiùre voir que, si les pla^ retienneiit
l'ennemi sur les frontières, et éloi-
gnent la guerre du ceaur des Étato ,
c'est phitftt à eause de l'espèce et de la
similitude de nos constitutiona, à cause
de la routine de guerre^ine nous avons
adoptée, que par rapport aux obetades
réete qu'dles opposrat.
Mais il ne s'agit pas de la manière
dont la guerre pourrait se faire, il s'a-
git de ceUe dont elle se fait; et relati-
vement à cette dernière, relativement
à nos constitutions militaîres, et, bien
plus encore à nos coasIttutîMS poltti-
ques, les places ont une utilité dont je
vais parler, et qui me les ferait conseil-
ler à la plupart des Étato de l'Eiirope.
Cette utilité n'a peut-être pas été aper-
çue sous le mkae point de wb pur
leurs plus zâés partisans.
Dans la plupart des pays de l'Europe^
les intérêts du peuple et ceux du gou-
vernement sont très séparéa : le pa-
triotisme n'est qu'an mot; les oitofena
ne sont pas soldato : tes soldata ne amt
pas citoyens ; les guerres ne sont pas
les querelles de la nation , eHes sont
celles du oûoistère ou du souverain ;
cependant elles ne se soutiennent qu'à
prix d'argent et an moyeu des impAta ;
ajoutez que, dans quelques-uns de m
États , ces impêta sont exeessMii ; qua
le peuple y est mécocitent, miaénUe,
et dans une situation qu'aucune révo«
lution ne peut empirer. Cela posé , js
dis que, dans les étato de cette nature,
les places sont utiles; car, indépeo-
I damment d^ service^ qn'ellaa lendmt
ARTIIXIOUB.
«tl
eontre las trooMes d« dedans , il cal
ioipoftaDi pour eu que les gnecres
tfac rétauger se fassept toi|Mrs hors
des frontiteas; si eHes pteétnieiit dans
l'iolérieiir, il n'y mmi nulle reasouree
ngonreosa à attendre de la pari des
peuples, Indiflérens et^ans ooorage,
ilsbaiiBenient la tète sons le nonvean
jeog. Lesmallienrs pourraient amener
de grands tronUes et des seeousses
dans le godTemenient ; tout au moins,
iii occasionneraient des révolnttons
dsas le ministère. Mais qu'il existe un
État Kbre, un peuple qui ait des mœurs,
des vnrlos, du enorage , du patriotisme ;
on penple qui tese la guerre à peu de
frais, parée que tons les citoyens s'ar-
nerontponr la défense commune, sans
eiiffer de salaire , un peuple qni se
geufeme par In^méme, et par consé-
quent, dans les temps de crise, mette
néosasaîrement à sa tète Tbomme le
pios éclairé et le plus digne ; je dirai
qu'an tel pays peut se passer de places;
qu'il doit même s'en passer^ afin de
eooaerrer sa liberté; qu'en n'ayant
point de places, il ne court aneun ris-
que d'être sidvugoé : premîèreroeut ,
il y a à parier que ses années plus bra-
f es , mieux constituées , mieux corn-
mandées, Mrèteront l'ennemi sur la
frontière ; si le contraire arrif e, l'État
ne sera pas en danger pour la perte
de quelqves lieues de pays; ses ci-
toyeasse rassembleront détentes parts
contre l'ennemi coBunon. Plus l'enne-
ni aura de succès, plus 11 faudra qu'il
l'étende el qnil s'affaiblisse ; où sera
l'ennemi, là sera la frontière, parce
que, si je peux m*exprimer ainsi, l'État
ne fera que se replier sur lui-même, et
que partom oA il restera de la terre et
des hoaunes, l'État subsistera encore.
Ainsi les eampagnes de Rome étiûent
hiondèas par les Gautois, Rome était
dMniite; inaiasesehevaliers^sonBom,
ses destinées s'étaient retirés sur la
colline du Capitole, en attendant qu'un
citoyen rassemblât les débris de la na-
tion, et Tint chasser les vainqueurs.
Résmnons, le plus brièvement pos-
sible, oe que je pense sur les places de
guerre. Elles se sont trop multipliées;
elles sont comptées pour beaucoup
trop dans la balance des forces des
États, et dans le systtoe actuel de
guerre. Elles ont rendu les guerres
plus mineuses, en ce qu'eUes ont obli-
gé de renforcer et de multiplier les
armées ; elles les ont rendues moins sa-
vantes et moins décisives, en ce qu'el-
les ont fait négliger la grande tactique,
l'art des batailles , en ce qu'eUes ont ,
en général, rétréd les vues et les opé-
rations militaires. D'un autre cêté, el-
les ont rendu les guerres plus douces ;
elles empêchent les incursions, les dé-
vastations ; elles peuvent, bien défen-
dues , empêcher ou retarder les con-
quêtes ; elles ne procureraient peutpêlre
pas ces derniers avantageai, si les ar-
méesétaient différenunent constituées,
si un nouveau genre de guerre était
substitué à la routine adoptée ; mais
cela n'étant pas, il faut compter les ef-
fets qui existent. Enfin, politiquement
pariant, les places sont nécessaires à la
plupart de nos gouvernemens ; elles le
seraient moins en proportion de ce
qu'ils seraient plus libres, pins vigou-
reux , plus vertueux , plus aimés des
peuples ; elles le sont davantage , en
raison de ce qu'ils s'éloignent plus de
ces qualités.
Il me reste à dire comment les pla*
ces peuvent être le plus avantageuses
i un État. C'Cht quand, par exemple,
les débouchés sur la frontière se r^ini-
sant à quelques points, ces places les
occupent et les défendent; c'est quand
la frontière se tmnvant, par la nature
dtt pays, ouvert» et sans ofcaiicie* aHet
font assise mr niiietqaes points prin- '• nîère à pMtohr' seitir d^eMreptC <t
eipaiit , comme ti^îères, connuefié et ; d'ippui mt dmiéet: si dies toiiit |»>
litières , etc. ; c'est loMqoe , qi]e)<|«è
part qvt'^Ues soient assises, elles sof^
faraudes, capabtes dfe contenir des ma-
gasins, dés arsenaux, des entrepéts
d'armée; efeat quand, étant ainsi, ettes
loitt fortiflées de nMiiiière ft recetoir
de grosseit garnisons, des déiMris d'ar-
mée; et cependant, au besoin, à poii-
voft' se défendre avec peu de troupes ;
c'est, en un mot, quand elles sont des
places d'armes, des pointa d'entrepdt
et d'apput, des bastions dont une ar-
mée bonne et manœuvrière est la
courtine, ou en étant desquels cette
armée peut agir oOfensIvement avec la
sûreté d'en retrouver l'appui en cas
d'échec; ou enflh que cette armée
peut les abandonner à leur propre
force , eu attendant les circonstances
favorables d'attaquer l'ennemi qui les
assiège.
Je retiens à dire qn'H faut que les
places soient eu petit nombre : si eUes
fout multipliées^ il ftittt se^ eotisumtr
eti grosses garnisons peur les garder,
ce qui oblige à ne pas ti^tiir 1» eim-
pagne et i prendre la défensive ; oa, si
l'on n'en met que de faibles, l'eonemi
semble les metiaeer toutes, manœu-
vre , dérobe un mouvement , et finit
par in veatir «elles qui se trouvent dé-
pourvues ; au lieu de cela , si l'on n'a
qu*une ou deux places à couvrir , on
peut ne pas les perdre de vue, primer
toujours l'ennemi sur chacune d'cUes ,
et lui tenir tête avec toutes ses forées
raasembléea. €eoi tient à l'opinion que
i'aî> établie ci^dessus, que la guerre en
grand, la guerre de campagne doit
toujours être l'objet principal « pane
que c'est te sort des armées qui règle
edui des ploc^»
• 4û reviens de mène à dire qu'il faut
qiit Ita pltiea SMeat granies, de
tftea, sf eHea aoiil eonim* toiles m
places dai tocrad et Iroiiièmei ortm,
elles sont hmlilea ; eiles Ae imI ^
leë armées nt des pointa de relmile;^!
des points de ralliement « ni dev
d'établissement* Que retaanîlw
ge, elles ne peuvent mattqiairë'Are pri-
ses; qu'il ne veuille fa» les Msté8tr,8
hil est aisé de les masquer, il fait
souvent même; sans incoavénient, lu
laisser derrière Idi. Met-oa de faiidli
garnisons dans des plaoes de ccHe alh
ture t les ouvrages siMuidonBéi iiail^
fénsive de méthode aoiik bieiittt«H»>
blés par la supériorité de fasiièBfaBMr
piace-t'-on des gamlsom noDabnaosaat
elles n'eu sont souvent que phN III
prises, parce que ce noitabre y davinf
embarras, parce que la pitqiart du
oomnandans ignorent Tari de
des dehors sous les approches de !'(
nemi^ et de profiter de la foroe de Im
garnison pour rendre leur défease dr
fenatve. Enfln la grande et la déciaiia
raison qu'on peut donner €k>ntre ealta
sorte de plaoea , c'est qa'il est loui ai
metna inutile de les constniine à i'è* ,
vanoe et à grands frais; o'0s4 qu'èk •
guerre ii serait possible de suppléer i
l'objet momentané qu'elles wwipiisi
sent par des poatea fortifiés qumbmiI»»
nément. A«^t-on besoin d'un entrepll^
d'une tète de quariier^ dus point pov
défendre un déboiietiâ? Q«*on dwi*
sisseune ville, un village; une luM-
teur« un Mvain avanlageiix^ qa'iNi
emploie lieaneoup de bras à s'y retiM-
cher; dans peu de jours on va ea faire
un poste où de bonnes troapea el aii
homme de tète ae soutieaduNst aasp
pour doaaer le temps à l'anaéi^^tils
secourir» Quels servicûs readent^éa
plits les petites places eoostraltaa.fft
entrolHMiaaègraQdsteili} On |Mlil*
Atr^LLfeRIt.
1RS
te&drc un siècle entier nTant que Toc-
CMion se présente d'en fairl^ usage;
alors on les laisse dégrader , ou si on
les entretient, voilà, pendant un siècle,
dQ0 dépenses annuelles qui forment
des Sommes considérables, et qui au-
rident pu être bien plus utilement em-
*" ployéeS; cependant, quand elles sont
mlégées, si une armée nr vient à leur
secoues, elles unissent par être prises;
«fMi, à quelques jours près, les postes
élèves en terre, tels que je les propose,
rempliraient encore Tobjot qu'elles
remplissent aujourd'hui. En un mot,
ees derniers ont des avantages qne les
plnoe9 ne peuvent avoir; c'est que la
drcoostance détermine leur position ,
et par conséquent la détermine toujours
Irien plus convenablement à l'objet du
moment; c'est que la circonsLnnce
Ayant diangé, on abandonne le poste ,
on ou le rase, pour en aller faire un
astre ailleurs ; c'est qu'on fait son poste
preporiionnément n l'objet qu'on veut
qa'il remplisse , au nombre de jours
qa*OB veut qu'il tienne , au nombre ou
•respèee de troupes qu'on veut y met-
be, à le force et à l'iiabileté de l'en ne-
«mi qu'on a devant soi ; c'est qu'enGn
i'offieier qu%n charge de la défense du
poite préside en même temps à sa con*
etroction, la dirif^e suivant ses vues de
défensive et ses moyens, tandis qu'au
l^ntmire» dans la plupart des places «
ses vues et ses moyens se trouvent en
contradiction avec l'espèce, la disposi-
tion trop grande ou trop bornée de
le|irs ouvrages.
L'inconvénient de toutes les places,
«t on inconvénient qui devient plus
«ensibleà proportion qu'elles sont plus
multipliées, c'est qu'en général les clr*
constances qui en ont déterminé l'as-»
sîette et le système de construction,
Tenant à changer par la révolution des
évèoeuiens « ces places se trouvent ou
inuHles, ou mal emi^IacAes. on sans
rapport avec les circonstances du mo-
ment. Pour nous convaincre de cette
vérité, jetons les yeux sur deux cents
places qu'on compte en France. Un
homme qui n'aurait pas réfléchi sur
leur position serait porté h croire qu'a-
vec cette quantité de forteresse*?, tou-
tes les provinces du royaume sont coit-
vertes , et nous avons des frontlèrw
qui en sont absolument df'ganiios; Il
n'y en presque point dans nos province*
maritimes ; nos plus grands ports, nos
établissemens de marine sont fc peine»
<;d cAté de terre, à l'abri d'un rf>np
de main. Ailleurs nous avons deux mi
trois lignes de ])lac(»s : nous en avons
dans des points on elles ne couvrent
riî^îM, où olles ne défendent rien; c'est
que la frontière, dans de cerlnmes
parties, s'est avancée, et que dana
d'autres elle a reculé ; c'est qu'atilr/»^
fois on avait pour système d'opposer
place « place, et que celles de l'ennemi
ne subsistant plus, les nôtres sont,
dans quelques points, devenues inuti-
les ; c'est qu'alors on avait la manie de
tout fortifier; c'est qu'aujourd'hui cette
l>ranche de l'administration n'est pas
conduite sur un |itan plus déterminé.
On n'a ni le courage de raser ou d'a-^
bnndonner totalement une partie dei
places, ni assez d'argent pour les en^
tretenir ; on les répare à demi. Il en
est d'inutiles qu'on conserve par refr*
pect pourVauban, ou pour d'aulne
préjugés de routine ; il on e^tt qn on
augmente, parce que des villes ont ifes
octrois qui font les fonds annuels de
leur entretien, et qu'il est de règle éta*-
bliequecesfondsdoiventèlre employés
aux fortiflcations de ces villes, ces vil-
les n'en eussent-elles pas besoin, il an
est que les directeurs ou ingénieurs eu
chef se plaisent è bouleverser ou suiv»
charger de pièces inutiles^ afin de ope^
k6k
ABTILtBiUS.
trecarrer l'opinion m rears prédé-
cesseurs, ou de suivre la leur. Il en
est autour desquelles on fait des en-
ceintes d'ouvrages qu'une armée seule
pourra défendre; travaux sur rim-
mensité, sur rinotîlité et sur la cherté
desquels on ne peut s'empêcher de gé-
mir quand on songe que, si on n'a pas
une armée à jeter dans ces ouvrages^ ils
ne sauveront pas la place; que, si Ton a
une armée , il vaudrait mieux qu'elle
tint la campagne, qu'elle couvrit la
place par une position bien prise ou
par une guerre de mouvemens, et
qu'enfin, en cas de malheur ou d'infé-
riorité trop grande, elle se retranchât
sous la place, et se soutint dans ses
dehors jusqu'à ce que la fortune eût
changé.
On voit combien il serait important
que le gouvernement s'occupât de cet
objet, qu'il arrètAt à cet égard un plan
combiné sur la situation actuelle du
royaume et sur les véritables principes
de la guerre. Si j'ai bien démêlé ces
derniers , ce pian devrait être d'avoir,
dans toutes les provinces frontières , à
proportion de leur étendue, une ou
plusieurs grandes et bonnes places si-
toéea non-seulement dans la position
la idns avantageuse en elle-même,
UMis dans celle qui, à voir la chose en
grand, couvre ou appuie le mieux la
frontière; ce que j'ai appelé» en un
mot, des places à entrepôt et à rallie-
ment.
Ce serait d'avoir, en arrière des pro-
vinces frontières et dans quatre points
principaux pour la totalité du royau-
me, quatre antres places destinées à
recevoir les fonderies, les arsenaux,
les ateliers de fabrication militaire de
tonte espèce ; car il est inouï que la
ptapart de ces établissemens se trou-
vent sur la frontière et dans des villes
é9 fiMûir» Ugaet No» deux établisse^
mens d'artillerie mut a Douai et à
Strasbourg ; presque tous nos fers cou-
lés et nos armes h''*!iches se manuEao-
turent dans des villages sur la fron-
tière, et tellement sans protection,
que toutes les fois que la guerre en ap^
procbera , Il ne tiendra qu'à un parti
ennemi d'y venir mettre le feu.
Ce serait, après avoir déterminé les
grandes places qu'il est important à la
France d'entretenir, ainsi que les qga-
tre places d'ateliers et d'arsenaux dont
je viens de parler, de faire dans ce
système les changemens que les cir-
constances exigeront, comme, par
exemple, à la suite d'une guerre mal-
heureuse, et qui aura rendu frontière
une province qui ne l'était pas, de for-
tifier cette province ainsi que l'était
celle qu'on a perdue ; et de même dans
une guerre heureuse et qui aura
culé les frontières^ du royaume , d'i
bandonner les fortifications des
ciennes limites, et de fortifier les noor
velles, en sorte que l'État ait des
frontières sur lesquelles , ou en avant
desquelles ses armées puissent faire la
guerre avec avantage, et que toutes les
dépenses relatives à la construction et^
à l'entretien des places, ^ient appli-
quées avec combinaison et avec fruit;
ce serait enfin d'abandonner l'entretien
de toutes les autres places, ou peut-être
de les faire raser, parce que ce grand
nombre de forteresses, la plupart trop
petites, mal situées, à demi-dégradées,
est mineux , inutile et contraire aux
bons et véritables principes de la guergje,
et parce qu'en cas de guerre on peut,
ainsi que je l'ai avancé, suppléer avan-
tageusement a cette espèce de places
par des postes retranchés relativement
à l'objet du moment.
Mais , pour exécuter avec fruit des
changemens si împortans, il faut au
préalable avoir perfectionné tontes (e«
ARTILUtltW.
ptrties de notre constilQtion mttitaîre :
il faut avoir des troupes à l'épreuve et
maiiouvriëres , des génértox sachant
les eonduîre, et qui, osant s'écarter de
la roatine établie, adoptent, ponr ainsi
dire, on nouveau genre de guerre. Il
faut des troupes infatigables, aceontu-
mées aux travaux , et qui puissent au
besoin et proniptement créer les pla-
ces mobiles dont j'ai parlé, comme les
légioDS romaines oonstruisaient les
têsintmi qu'eE^ employaient au mê-
me usage ; il faut exercer ces troupes à
la construction et à la défense de ces
postes, avoir sur cet objet des écoles
continuelles et bien dirigées : il faut
cnfln former les bras et le courage des
^Idats, Tinstmction des oflSciers; car
^ troupes étant une fois parvenues à
ce point de perfection, avec de la terre
J. des hommes , on fait aisément des
postes qui remplissent l'objet des
places.
Feu M. le maréchal de BrogKe avait
lironvé cette vérité à Prague. Dix-huit
Bos après, ses successeurs ont renou-
velé son exemple à Cassel et à Gœttin-
geo. GflBttingen n'avait qu'une enceinte
eo terre, dégradée et susceptible d'in*
whe presque partout. En un mois, elle
(ot mise en état de défense , approvi-
sionnée et abandonnée i ses propres
forces. Les ennemis s'approchèrent et
forent étonnés de voir une place me^
naçante oà ils ne s'attendaient qo a
tnwifer an poste insnltable. A Cassel,
M. le comte de Broplie créa une partie
de ses dehors pendant le siège. Il en
ciéa qoelques-^ms sons le feu de l'en-
nemi. Il élevait travail contre travail ,
terre contre terre. Qu'on suive l'his-
toire en un mot, ce sont ces places du
(Bornent, si je peux m'exprimer ainsi,
^OBt soutenu les sièges les plus vi^
goureux; «i^est qu'un commandant,
<|Qi sait réparer uano mnnvnUp encein-
4«5
{es IV'T'^
I te, imaginer des obstacles ,
naître, les avancer, pour ainsi dire, s..:
r "1*
lu*
{'liii ;.l
les pas de l'assiégeant, a ordiîi
dans la défense de ses travaui, rintei-
Itgence, le sang-froid et ropiniâtret><i
d'exécution. ;
Ayant osé avancer mes opinions sur
le véritable usage qu'on devrait faire
des fortifications, je peux, bien à pro-
pos du corps qui les dirige, oser dire
que, dans cette révolution de systèmes,
il y aurait une autre constitution à lui
donner, une constitution qui le rap-
procherait davantage des troupes et de
la connaissance de toutes les autres
parties de la guerre; qui lui donnerait
môme sur l'art qu'il cultive, des écoles
plus instructives et plus militaires ; qui
enfin, détruisant beaucoup de préju-
gés, suite de la constitution actuelle et
de la manière dont on le fait servir
le rendrttt propre à plus et de plus
grands objets.
CHAPITRE Vn.
GoBfidéraUoDf généraJes
Alors même que l'histoire ne nous
apprendrait pas que les Grecs sont les
premiers qui ont réduit l'art d'ordon-
ner les troupes en dogmes et en prin-
cipes, nous serions forcés d'en conve-
nir en voyant le nom de cet art tirer
son origine d'un mot grec. Ainsi, l'Eu-
rope militaire voudrait en vain désa-
Youer que les armes et les documens
de la France lui ont donné le ton peu-*
dant plus d'un siècle : presque tous les
termes techniques de l'art de la guerre,
tirés de notre langue , déposeraieot
contre elle. Aux yeux de la plupart
des militaires; la tactique n'est qu'une
branche de la guerre, aux miens elle
30
M6
AVaLlMMiK.
est la base de cette adenee ; elle est
cette science eUe-mème , p^isqt'eHe
enseigne à oonstiMier les tiicMii|M8s à i^^
ordonner, à les fnoavoir> -è les <aire
combattre; -elle est la 'resaource 'des
petites armées et des grandes «rmées,
elle peut suppléer un 'nombre et ma-
nier la nroÛKude ; «Ne cÉiUratee ta
ooQnaisaiice'ées homnea/desanlnées,
> des terrains, 'des>o)rèoBslances;; ^car 'ce
«ont toutes ees 'èonfnaissanoes k^éontes
•ifiR doivent «déterlniner «es mouVe-
ttens.
'Il ^at divi^r 'la 'tactique em «deux
jprirlies: l'orte 'élémentaire "Ot «bornée,
iPanlre t^^s composée ^t -snbUme. La
!|lfemière renforme toos'lbs détaibde
'formations 'd*Mtmctîoh *et'd'-oiereîce
d*<in'batailloti,'d'on escadron, d*un ré*
^iriften t. 'I^a ^seconde partie est >à,pro-
fremerit pdrier ta^seienée^des génë-
^raux ; elle embrasse ^tontes les'^rondes
parties de la guerre, c^tniile ikiooTe-
mens d*armées, ordrfi de marches,
ordres de batailles ;'elle tient parla et
s'identifie à la science du choix des
positions^ de ^ki ebtfntaissance du
pays, puisque ces deux parlîcs n*ont
pour but<)tiede déterminer^plus sûre-
ment la position des troupes. Elle tient
à'ia sefendettes'foFtiiicatiMrs ,'pëisque
'les oavra(^ dotrent 'ètre-éonstmits
|MHir 'tes «trbopès «et 'relativement à
eHes ; elte Hent ^i KartHlerie , fiiiqne
les moore^mens^ et l'etéaalîiin'de eelte
^ideHrtèrearme -doivent être* oombînés
iMIi^ leur position oMeurs mouvemens ;
^e est tout; e)(^,if!Oisqu^lle«st Fart
'4lle faire agfr ies iMoftes,' et qve tontes
les^ autres parties tfie son t ique de» cho-
'tiè!^sec9orklMres qui; SMisfeNe, niÉuMiftot
•]pa»d"objet ou* neffMTOdttiraieAlaqne 'de
'f embarras 7 il nh*exiate pas d-'écrtts^dog-
malhfues sèr cette seoonde-paNiejLa
tactique difcparat^avec les'béMxjfnlrs
4e l'empire romain : i^peMile^ tons 4es
rainas de TctnpW d'OctMeil,
«ne fwndant tes aièdea qài anMMU,
eUe Alt relevée par Nassm ntGutin
Adelphew Aprtt enx « elle ne II «an
fregrèa ; Pityeégnr posn qnttqnei >dl
«cLpes; le fllaràehal de teiie n^eiAf»
le temps de t^eûréêr rnrl : loallt #rike
était réservée 4ùè grand f%<MMrio.llt
voir i rfiorope ée ipiiénnniène d\BM
armée nombrense et é la Mi
Mrière <et •disoîpUnée; îl ynenva
mouvemens d'«nennnée rie
honnneBnoat «sayMis è ttai
aussi siiniilM, «iuasi'ceiMniif
'et >éi\ mille ihemmoa;; qne te
«ffii fait 4nonvoir iM
4rou¥é, îlneislagitfin
ner nne )>lu8 «grande qnmitilé 4li
resaerts «et de savoir éea
violoires ontdémonMi'^naeilaMaëe
ses ^déooovortes»; alars«nniatal jetflar
aes documens,; onii*« imité tsana
tation, sans discernement et
aompte >de 4liilfloeiiQe «qae 4e ^Inie
^rtieulier de "Chaque peuple, 4|ne di
-nature dn gonvevnemenitetjleiiaaaai
doivent 'CA^toar sur la «laaIiqiHveUii*
•diSérenees qm inévitaUeaifliilftniaé
auliefft.
«Dana «las pvemiem viempa , «I
-nation >ovait-adn •afflnnm, aa
^sa ' constitution •partiHuiièae^fe
Céreneas durent varier les
ces. •ll*tlillaît«ua 'fiMca,<niaiéa«deiyl-
ques,«un^ordn9 ^^ndenié i^niijnuiaidf
itquifavoréaAtilenr inpiisien ^mÊmm
Hs étaient ingéotona, Hs^AffastMlelli
lactique nn '4rt de tooniplkBtfoiHnt^^
4«li6ul y chatineilKMmne,
Sonnom.^bes Romains. /arméa
lik#u,'d'épéas et d*nutrea t
•ftaki,* eurent 4wseîn detplns
et < de > iibèvté 'dans r4a«psi iianga««iMBf
niihtih rt ^Ini giirrrirmi qnn In firaia ,
il^eFéèrantnnonbe pkis-ainHrfe^ipins
nlaniable, qui leur Remettait
plÉi é§ nflMé, mÊÈÈ n«*
i»l0i8CMrir MitiiellMieiit. Lt
caiÉltrit niiBide éi aipegiioie , année
de lances , ne dut combattre que ior
m ftogi el à de grands intertallés,
9Êm de prendre librement cerrière et
de maakn plaa hbrenent son arme.
AlMill le catalerie thessaUenne, qnî
émit à deniMiue et arasée de bachôi,
tndie qne fas cavaleries grecque et
reaaaiM, plus nassives et années d*é*
péee^ee fSormèrent sur plusieurs rangs.
LiaGenWs, robustes, ignoreos et bra-
fea, méprisèrent toute espèce de tac^
fkfÊt et •'amsèrent d'épées. Les
AÎmeSi pins brarm encore et pins Im^
nUaienl à l'enneasi avec de
erîa et n'ayant pour toute aroie
fs^me espèce de hache appelée fren^
dsinei fb la lançaient à dix pas de
rsamensi» se servant ensuite d'une épée
semte et tiandiaote.
Juaqa'i répoqoe de la découverte
dee «nnes à feu , et même Jusqu'à la
diip-septième siècle, le génie des
teHna enoore sur leur ordon-
et sur leur armement. La cava-
HamaBde, toujours pesante* te-
nait OBU lances, ans armures de toutes
i^ eseadimmait sur trois rangs et
rait«.eiasl forasée « en envoyer un
A là cheige et contenir les deux antres.
li^feniarie de cette nation était en-
tHremesrteomposée de gensde traits et
#aaqMbsuiersi elle était la première
de VInrope pour les arases de jet et
dsfeUf la phis molle pour les ettaques
^ et pear te coinbats corps à corps.
Llnisaterit» Su«8e, ermée de piques«
élai propre è cous les ordres de cou-»
cl de profondeur, en raison de
phlegme et de Tordre ioaltéinbte
qi^eDe conservait dans ses Aies; il en
était de même de l'infanterie espft*
gnole. A oette époque, il était à psia»
ifiestioii en Europe des Prussiens et
des tusies ; les loédois ei les fienois,
peuples du nord de laOenaanle, se
modelaientsur les Allemands. Les Fran-
çais, sans ordre , sans discipline , peu
proprm aux combats de feu et de plai»
nea, se montraient redoutables dans
les attaques de postes et a l'épée. Ils
avaient , ainsi qu'enjourd'hui, ce pre»
mier asomeat de vignrar et d'impé>i»
tnosité, ce choc qu'un jour rien n'eiv
réte et que le lendemain in légar
obatade rebute* Notre cevelerie fût le
première à renoncer à la formation de
profondeur à cause de la difficulté
qu'elle éprouvait è observer sm iies.
Toute la cavalerie de l'Europe «voit
conservé ses arasea défsnsivea; fisisait
usage du feu, combattait sur trois
rangs en masse et an trot; la nétre,
seule , était nue, année d'épées , for-
mée sur deux rangs , et allait à lii
charge à toutes jambes et^seas ordre.
Les Anglais n'avaient pes de tactique*
rarement de grends généreux; aseia
un ordre qui tient è le force de leois
armes, un courage peu capable d'offen-
sive, mais diiBctIe à faire reculer.
Aujourd'hui , toutm lea nations de
l'Burupe , mêlées , confondue per lea
BSiBurs, la politique, lea voyages , se
asodèlent les unm sur les antres ; mois
c'est dans les constitutions et les mé^
thodes aiilitairea que cette imitation
est surtout générale et msirquée i ellea
ont les mèasea armes et la asèom or-
donnance, soît parce que le odme de-
gré d'enteadeowit et de huaièreSt
lea édairent simultanément, eUea ont
senti la supériorité dm armes à Csu sur
les annes de jet des anciens ; soit qu'é-
tent devenues aaellm ut oisives, mal-
edroîtm, inexperies eux exercices de
corps, eUes ont dû préférer de concert
une arme qui exige moins de courage,
de force et d'edresse; la méase ordoa-
nenee, perce que, ainai «ae jeraî oh»
.*
^eirvé <i^des!iii», e'Mi toiqoun Tetpèee
dm» Armes qoi déteimiBe IrordoDDWGe
de» troupes. A quelques différeoces
près, toutes les troupes de r£arope
ont les mêmes cointitutioDS , infiar-
faites, mal calculées sur leurs moyens
eC dont l'honneur ni le patriotisme ne
sont la base« Ces armées sont compo*
sées de la portion la plus file et la plus
misérable des citoyen^, d'é^angers, de
fugabonds, dliommes qui, pour le
pbis léger motif d'intérêt ou de mé-
contentement, sont prêts à quitter
leurs drapeaux.
La manière dont les anciens fai-
saient la guerre était plus propre à
rendre les nations braves et belliquea-
im ! un peufjle battu à laguerre éprou-
vait les dernières misères ; souvent on
égorgeait les vaincus, oaonles traînait
en ésriavage. La crainte de ce traite-
ment, faisant une forte impression sur
les esprits, devait nécessairement p<H--
imr les peuples à perfectionner la dis^
oipline et à se livrer avec plus d'ardeur
iitvx exercices miUtttres. Cette crainte
(levnit rendre la guerre la première
dés professions. Mais , de nos jours; la
(^vilisation ayant étendu ses bienfaits,
1^ guerres sont devenues moins cruel-
M : le sang n*est plus répatidu que
dans lei combats , on respecte les pri*
sonniers.'on ne saccage phisles villes;
on lie hivage plus les campagnes. Les
peuplés vaincus acquittent seulement
des contributions : et, ccmservés par le
fônquéràht, leur condition n'empire
fmsf. De là, les naHtms prennent moins
dMfitérêt aui guerres; la quereHe qui
s^agite n'est i^us' exclusivement la
leur; ils la considèreiit comme celle
Au gouvernement : de là le soutien de
fette querelle abandonné à des mer-
celfsiirês, et l'état militaire regaixlé
cô^wwp un ordre onéreux , et qui ne
dbn fik compter parmi les autres or«-
dues de citoyens ; de làsurtDfiti'eiliiie-*
tion du paldotiame, et, oonséquenea
inéritable, le rdftchemeat des ooo-
riges.
L'éducation da soldat devrmt em*
brasser trois objets: 1.» les exercioes du
corps, ^ les exercices d'armes et d'é-
volutions, a"" la représentation des dif-
férentes situations ou Ton peut se
trouver à la guerre; le premier de ces
objets devrait entrer dans Tédocation
de tonte la jeunesse du royaume.
C'est l'excès de b tenue que l'at-
taque, et non la tenue raisoonée ; con-
tenue en de justes proportions, eHe
est Indispensable, elle est une preuve
de discipline, elle coniriboe a la santé
du soldat, elle l'élève eHe le place dans la
classe des citoyens aisés. Elle p'était pas
négligée chez les Romains: eHe se por-
tsit particulièrement sur leurs armes ;
mais elle ne les empêchait pas de s'oc-
cuper de travaux durs et pénibles: ces
derniers faisaient la base et J'objet
principal de leur éducation. Une armée
romaine essuie des revers en Espagne :
le sénat envole Caton pour la nom-
mander : il la trouve répandue dans
des quartiers, indisciplinée, amollie,
chargée d'or et de honte. Les soldats
étaient parés comme dès femmes. Can-
ton les ftiit camper, les exerce, lès
tient sans ce^se en mouvement, les
accable de travaux ; « Romains • in*-
» dignes, leur dit4l, jusque ce que
s vous sachiet vous laver dans le sang
» je vous lavemi dans la boue, a
Mais c'est en vain que l'on formera
des soldats endure» et guerrière tels
que l'étaient les légionnaires A Rome,
si l'on ne- remet cette i^roCession en
honneur , si Ton n'attache à eBe par
un espoir flatteur et lucratif; si ron
n'augmente pas sa paie, immobile de-
puis deux cents «us, tandis que les
J denrées et
ont douMé, Mpl^;
«
4 l'on ôe hit fait désirer la giterre; soient nécfeasairesi ilfaiHfue^ 4e ceUa
^oi hù pramet des rfomi|leiiBes; enfin,
si roB nTaflssre dés secours à ses infir-
mités, à sa vieiUesse, A sa fentime et à
nsenfons.
CHAPTTftE vm.
(VtYonnaocc de rinfanlerie. — Sa formation. -^
Prif etpes qoi dofTeot tfAermlMr Tone et
Taiitre.
Constituée et armée nniforméinent,
ainsî qu'elle l'est aujourd'hui , fl n'y a
plus qu'une sorte dlnfanterie et par
conséquent <|u'nne seule ordonnance,
variée à la vérité suivant les terrains,
et cependant la même dans sa base et
dans ses principes. Les anciens, ayant
de nnfanterie pesante et de l'infante-
rie armée A la légère , étaient obligés
d'avoir une ordonnance pour chacune
d'elles. Notre Infafntcrîe, au contraire,
réunît les deux propriétés , puisque le
Tusil , armé de sa baïonnette , est à la
rois une arme de jet et de main ; par
le fosil, elle est donc propre aux com-
bats de jet, et par la baïonnette, aux
combats de choc. Le fnsil, armé de sa
baïonnette , est une arme supérieure
à toutes celles en usage jusqu'à nos
jours. Cette arme pourrait cependant
être perfectionnée ; il y a un parti plus
grand à tire^ de la baïot\nette; on de-
vrait calcu er et enseigner une sorte
d'escrime pour son emploi , pour la
rroîser, pour empêcher d'en gagner le
fen. L'iiifanterit, étant propre A la
double action du feu et du choc, il lui
faut une ordonnance qui règle , qui
eiplique l'usage de ces deux proprié-
tés; mais, en cas qu'une seule ordon-
nance ne pui^ suffire à ce doubfe
objet, et qiie Ton reconnaisse que deilx
qui sera reconnue être roidonnanof
primitive, habituelle , on pui^^e passée
faoilement et avec promptitude A V^r^
dennance acddeutelle et momentar^
née. Mais , lacpielle sera l'ordQnnaiiGe
priaûtive et habituelle? t'ordonnança
du feu, on celle du qhoc? Cette ques^
tion veut être examinée. Avant d'ètns
en mesure d'aborder l'ennemi , il faut
se mettre en bataille, arriva A l'enne-
mi sans être mis en désordre ou d6r
trait par son feu ; il faut au contraire
lui faire craindre aussi du feu : doncH
est nécessaire que l'ordonnance pri**'
mitive et habituelle soit l'ordounancli
propre an feu , c'est-i-<Kre l'ordna
mince : je déterminerai la furoportioiK
La multipHdté de l'artillerie , h
sdence du choix des postes, celle des
retranchemens ont rendu aujourd'hui
les actions de choc infiniment rares{
celies de feu étant plus communes^
raison de plus ponr^que oette ordonr
nancesoit la première. On m'objectera
peut-être que la nature du tearaîu ou
la situation de l'ennemi exigent qju'on
aille A lui sans tirer et qu'on engagf
une action de choc Je suis , plus que
personne , partisan de cette manière
d'attaquer; c'est celle du courage^
c'est celle de la nation, et preaqof
toujours celle de la victoire. Je vap
prouver maintenant que l'ordre miniee
est presque toujours le plus avanta«-
genx et le plus favorable pQur eugagw
une action de choc.
Commençons par détruire le pré^
jugé d'après lequel ou croyait aogr
monter la force d'une troupe en au^*-
mentant sa profondeur. Toutes les lois
sur le mouvement et le choc des corps
deviennent des chimères quand on
vent les appliquer A la tactique : d'a-
bord, un corps ne saurait être coiopaj|é
èifue masse; car cette niasse n'est pas
m
W fOfpi MmpMv cl •un mivniim*
INM, tfftMiiiieMnpe frf aborde TeiH
MM, H «'7 a qne tel iMÉMiet do raflf
^ te ]<ifiit qii< aient forée dedioe;
Mm mm ^i iMt derrière eax ne
j^MtàMi» terrer et t'aiiir avec Fad^
%ttèû^ » te i^eaihNi ipii eitelerait
ÊÊMé à&à tétpê fflifiiqMi; ite «mt !••**
Wtei et Hé feM aenveiit ipi^ooeasioii*-
iRr dli d<iiMrdre et du Mifiislte. tmùm,
rê j^endci ^kec , tiAt-fl a^Nrfr Itao de
lÉfliiilnre I eê fM tons tes fiftgi 7 eatt»
iKtumit, Il eiiste dans ime traapè
(Mil{K^8£i a MlirMii i|Éi , nuiflilMto*-
iMht du tioiiis, calealentet aentent te
iMtar, CM aerte de HMrikfie et de
ifarniton de tolNités ipil mtentlt lié»
éiamriMimt ta déleradnatiDn de la
Mardie et la iheiire du ^. Be là, filus
ié 4iiMtM entfftre , abaeliie de wi«-
▼eiaeMt, j^rai de predint de iMMea et
ife¥lleiia, |dM dei^hoe*, car te choc
al^|iMii ^ce taiitean, une fois in^ri»-
itéo ail eiir^ et hmo par te Ibroe wb
Weei 0IimNih jnsi|É*a te rèoeeDlredci
Mlil , dNkt-'OO , Si f o«s nfef i|«e te
WMmàmf de llirdoiNiaiice ajoute é
iitoWa^ éters ?oos vonlet <pMB rtnfaa
IHte «èit rangée mtt «n bonne de
miHni. Hén « «mis {a vmn qêB te
Miiliilidrioi de rordonnsiioe aoit dft^
aennliiee fiar T eapèea «amaa et par
11 pffvwmipii ^ve ces wes pevfQwc
pfsfleraa pfMÉÏer raiif . Or, trois hon-
■Éiv 1^* AfitKte^ f asrtfo et bien eiar-
eés, peuvent tirer «fsee fadUié; les
tManneMia d« seoatid €l 4n irateiftme
iÊÊf , panvent , laïa^oa tes ran^ ae
fWMNImt vMteirnlseetappanpav k
pKMer* 0ane, ^ ^nmk i|n *aci saiome
awr frasi fSMi|^ , ea aMOS asKM cas asr
4|Mt««l lit; «M-, «»d<lè et «rais
wfuinea de pf^ondev^ on ne thna ni
nriers. S'il arrifaR eepeniant pi h
nainre dn terrain , <^ eondniiailâ
conrert snr ronnemi^ on ^w f alta|ii
d'an ratranchement, bn ontn qnalp
autre circonstance, qui dnil lise
promptement jugée, rendit la dinnaa-
lion du front nécessaire pour se roh
forcer sur un point pour y attaquer et
percer, aloif il faut femar rînfanteris
en colonnes ; mais ce ne sera pas ponr
avoir la pression exacte et chiméri^
que qndquos tacticiens se pro^sottant»
ni pour augmenter la prétendue Com
du choc; ce sera pourse procurer cette
sneeessten eontime de snonranMnt
qui tessa qi'nne diffaiont entraknfe
par ta diilsion mirante, aoil eonMW
foreée d'arrirer sur te point 0a Vm
rent teire effort; oa sem snrtont pne
qneeet ordre donna da la confiance an
soldat et Intimida Tennew. Vnid an
résnmé mon opinion sur cette qn»
tion grave : Tordonnance prinAire at
faaMtnelte de rinfisoterie doit «Iso av
trois rangs de fwvfondenr; Tonte»-
nance nnonientanée et aocidentala
aéra en coioone« Pnia« c'est wmofin
de la firéqnence des exercices ot n^
nasnvras qne l'on parviendra à pwNr,
selon l'occorence« avec ordre e| mf^
do l'une à Tantre de oea oirion-
; le succès en dépend.
6i l'on objecte qo'il est dtfBdte é»
teire OMicher en ligna mince et floa^-
tante nn bataillon dont on a étendu le
font aoi dépens de te profiaodenrt Je
fïipondnf qu'on j parvient en divisant
cette ligne cile-ai£me en plnaîfnrs^
partie Un bateiltein formé sur t^
rangs doit avoir nn front de cent qnn-
mnte à cent quatre y'mglb filea^ ^ 4ai
porte te bataillon de ifàêàre cent iteft
bommes à cinq cent quarante : ton! ee
qui est m«dessons dn premier rhUnn
4MRiil»VMi*
vn
Menda et trep flottant» Goilieil n'aiH
prouvepaslacoroposîtiQiid'tili^tlilliPII
4« ffletfe im de OMi{Niiii0 pot té k twit
émtp bomiBMt en nême temps Qu'il
tmU que on bataHlMs «oient ffff{6% m
piiis à eeni^Mtfe vingts (Ues* Pt ^INH
tMBOiaBt teirai 90 oomptot ftu m^Jf^fl
#lMiMMt robattet et a%^Hé$ duoi 1^9
éèpAto. Le nambra impair ast fo bâta
4e Imte fbramtiM eu iMitaill^n ; ctivin
Hofi da draila, df^imon de gonçha at
dMaion dut eentfa } chaame ae POiht
|eta de treia aompagnjei; trois b^iailr
looa ferment w ré|ipii6nti trois régitr
«ee dîvîsioo , at troif divîsiaps
rtnfeotaria d'une irq^ée^ I^
La BOflibve trois divise aoe tffoupa ep
iMis partiel : droite, gaoeha et aaptr^,
at tette diviafoii est ploa fav#r«||le aoi
combinaisons de la tactique que \fi ^vr
viaieB en quatre partîea ; chiiiëia par
irsfiracs, eik fiot adoptée p^r Qnitav^
Adelphe et Chariaa XU. Il était néoep-
lairo, poar preeéder afea métliP4«» d^
peaer d'abord les prineipaa de rjordoq-
eanee et de la formation dp l'jnfante-
ria. Loin de rien détnijra, tJuibart
vent aMkment tirer parti d« o qui
nisle « at , mof annant quelques lé-
gara ehangemeps, nos botaillons, 40Pt
is {eamelion est la pies ava«t|iig#M4e «
léeniroot \»u pvoprif'jbi^ dil (i^^ , 4u
a|me,4« la.lég^t^ §t mém? 4e |a
prefiNidaiir*
Laa onaians (ipporfaM^fit wb ^ttep-
lion particalière é U formation 4^1 6-~
les; chacune d'elles, chaque soldat
avait un nom particulier; la nomen-
clature de l^pr l^çlifff^ 4*tpil immense.
Chei les Romains , un soldat occupait
toïW»n» te IP6n§ Pteçe 4ans la même
file; il était désigné par un numéro
amé ggr non pom^- hç» officiers de
gligé de no^ jqqrf ; qr ^qvrf it, ((ans Ig
formation des rangs, avoir surtout
éia»4 à 1« ïéh^ança çlq s|ol4^t i to for-
iqgUon unique, eiiclqsivç par tc^lUe,
n'gbmtit qu'il une vginç ^r^^e ; ç\\?
biimiH^ rao««îO soldat qu'is^e^ l^is^e
ÇQpfttamiprat W «JCTRÎ^r rang; Qui t
bart ¥qii4r9it qUR |e prepier rf^n^j f4t
eoeipoaé ^^f lojdats |f:^ plus ftpçions,,
Usprii|(;ipe4 4c la msfrqhfi çhrj les
Graoi et Ips Rpm#|ns| Ap ^Rt prf4«8
9vqeles 4ét&i|s iptéfienH tfe leqrs éçor
les 4# taciigupj qn P§ RÇ^t Ç<^V^^*?*
dtt^ter an'olla ne f^t naifame et ça-
4iinçé§ i fpai» m^% pe cq^paj^sons ni
le mé(^nîiime t ni l^ n^asure , n j U vi-
taasa 4e lepr* pa^, Ce n'est qu'w çopu-
menpapQeqt 4u 4i?-l^ftltJè«we siècle (pe
M marche «df^ncée a ét^ adçpiée en
Bvrope; Je maréchal dp gaxe, qui con-
tribng pvawmmcpi 4 rintrp4uire dans
nos armées, 4isi|jt qu^ feut je secret de
)a tijptiqnp est 4ans jps jam^iPS. (Juibert
distingue trois wrte§ 4e pas : ordi-
naire, ap^éléré fii pa^ 4e çpurse ; sçlqn
)u< , la meaurç 4u pa9 pr4ipaire dpit
^Ire 4p vipgl poi«?p8} flxép à deux
pje4s, il fi^ijgup le ftoWat 4'!inP taiUe
pi^n élevée. M yitP^se 4» pas ordinaire
4ojt élr^ 4e quatrP- vingts par jfninute ,
d^ aan^ soii^anM^ pour \^ P^^ re4oublé
at de 4a|iv cpnt vingt pçqr le pps de
pourse. i^ pépe^çijté 4'ftssi|jemr le sq|.
4aU l'égalité 4» paî?,S0U9 ).e 4(?Rbje
rapport 4^ réten4ye ef 4^ 1» vitesse ,
p'p pins besoin 4 éirg 4éwnirée. ï,e
pga de fla^c, û^ par Pie . ^st la base de
t^na iea4épto|tropn?. J^scpIPpagnies,
nbaçune e» pprtjçnlier, py^nt ,él.é 4res-
^1.'^ ;> la Biarphp , QP PP r^Mnira sqc-
eesjiîremeot 4*-^», trpis, paire, puis
tebaWlIPP /epJipr, p}|i§ |e résinent.
M pa? 9r4ifl.air^ es^ le pas 4e prii^cipe,
4^ parpdp, 11 fmi' «PS rfPSte qu'une
trwpe flW ffltr^be «>» haî^lHe sçit
è^WM^IMi^WXri^lrâltMtirQyné- |)igD(^^ PMM ^^1 »t r9l>j^t 4e cet
iV2
olig()(^ment et jusqu'à quel point faut-
il le porter?
Alors que tous les combats d*infaii-
terie se terminaient à l'arma blanche
et par le choc , it était indispensable
qut' ralîgnement d'une troupe allant à
la charge fût d'une régularité exacte,
aussi voit-on oue l'on s'en préoccupait
beaucoup en Grèce» et à Rome ; mais
aujourd'hui qu'il arrive peu que deux
corps d'infanterie s'abordent, se heur-
tent et se croisent à la baïonnette,
l'alignement trop minutieux, trop sy-
métrique, devient un point non seule-
ment difficile , mais encore impossible
àatteindre si la ligne d'infanterie est
considérable. L'alignement vraiment
utiltu'onsiste donc dans un accord de
mouvement de la perfection duquel on
approchera plus ou moins selon que
rétendue du front ou la nature du ter-
rain le rendront possible, mais qui
n'engagera jamais à faire ralentir ou
raccourcir le pas ; car le premier objet
de la marche est d'avancer : toute mar-
che qui ne remplit pas cet objet est
puérile et ridicule. L'infanterie doit
seulement marcher devant elle , droit
et perpendiculairement à l'extrémité
de ses ailes, de manière à arriver avec
exactitude à une donnée parallèle à
son front. Guidé ainsi , un bataillon ne
flottera pas , ne s'ouvrira pas , ne se
jettera pas sur son intervalle , et lors-
qu'on aura ordonné à une ligne d'in-
fanterie de se porter sur tel point, soit
pour atttaquer l'ennemi, pour l'em-
brasser on pour le tourner, cette ligne
arrivera droit à l'objet indiqué : Toffi-
cier, qui conduira une aile de cette
ligne, prendra une direction de marche
perpendiculaire an front de Tennemi
en donnant aux parties qui débordent
une direction offensive sur le flanc;
les études du champ d'école auront ap-
appris à assurer Tidignement et la di-
ARtItURIÉ; ^
rection de la marche : ces deux points
sont importans.
Les évolutions faites devant l'en-
nemi doivent être faciles, en petit
nombre, et surtout exécutées avec
promptitude; car le mouvement que
fait une troupe pour passer d'un ordre
à un autre la jette nécessairement dans
un état de désunion et de faiblesse
d'où il est important qu'elle sorte le
plus promptement possible. !l n'y a
pas d'évolution dangereuse en eHe-
même ; tout dépend de la circonstance
à laquelle on l'applique , et cet à-pro-
pos consiste dans la combinaison la
plus précise du temps qu'on emploiera
à faire son mouvement, et de celui né-
cessaire à l'ennemi pour venir le trou-
bler. La pratique seule peut servir de
guide.
L'école du soldat, le nranieraent
d'armes , la marche, les feux , les évo-
lutions, les mouvemens de conversion,
lès formations en colonne, en bataille,
les changemens de front ont été traités
par Guibert avec des détails étendus
et didactiques que nous ne croyons pas
devoir reproduire dans le crainte de
surcharger inutilement notre texte,
puisque ces matières ont été l'objet de
de règlemens spéciaux et élémentaires
qui laissent peu à désirer. 1^ ledenr
reconnaîtra que, par suile du phin que
nous avons adopté, nous avons soin de
ne traiter que des questions d'un inté-
rêt général et élevé.
CHAPITRE IX.
Essai SUT la laeUqne de la cavalerie.
En tenant compte de ta différenob
essentielle qui existe entre l'arme de
l'infanterie et celle de ta cavalerie . il
doit cependant régner entre elles une
AETnXEKIB»
i^raodc analogie puisque elles concou-
rent au même but. chacune selon ses
moyens. Le bataillon et Tescadron
étant formés, les détails cessent et
lears efforts n'ont plus qu*un seul ob-
jet ; ce sont des pièces d'édu^piier qui,
ainsi que Tartillerie, se trouvent dans
la main du même joueur. Un général
en chef, digne de ce nom, doit combi-
ner leurs ressources et les faire cou-
roarir à un résultat unique.
Chez les natioDS sans discipline et
sans lumières , la cavalerie est la pre-
mière arme des armées ; dans celles
ou la discipline et les lumières ont fait
des progrès elle devient la seconde;
mais la seconde, nécessaire, indispen-
sable et souvent décisive. La perfection
de l'art oûlitaire ouvre aux opérations
de l'infanterie une carrière plus vaste
qu'à celles de la cavalerie. L'infante-
rie, propre aux travaux , aux sièges, aux
combats, à toutes les natures de pays«
peatse sufiire à elle-même, tandis que
la cavalerie, qui n'est propre qu*à une
seule action>, qu'à une seule nature de
lorrain, ne saurait se passer de la pro-
tection de Tinfanterie. En même temps
que je considère la cavalerie comme la
seconde arme, je dis aussi qu'elle est
partie essentielle, constitutive d'une
armée. En effet, c'est souvent la cava-
lerie qui décide le sort des combats,
qui en complète les succès , qui pro-
tège l'infanterie lorsqu'elle est disper-
sée; c'est elle qui fournit les avant-
gardes, qui tient la campagne, c'est à
elle que sont exclusivement confiées
les expéditions rapides. L'infanterie
pourrait agir et combfAtre sans la ca-
valerie; mais elle t: 'avancerait qu'à pas
bien lents; elle serait incessamment
harcelée, et exposée à manquer de
subsistances, de munitions. La r>avale-
rie, sans infanterie, ne saurait s'établir
dans aucune position, et ne produirait
rien de décisif; mais ta cavalerie
plutôt être bonne que nombreusix
Plus on fera de progrès en tactique,
plus on sera convaincu de cette venté ;
à mesure que la tactique fera des pro^
grès, lorsque l'infanterie ne se croin^
pas battue alors qu'elle ne sera pas
soutenue par la cavalerie , cette der-
nière arme n'entrera que pour une
juste proportion dans la composition
d'une armée. Si la cavalerie est portée
au-delà des bornes raisonnables , elle
devient onéreuse pour l'État qui doit
l'entretenir en temps de paix ; et, s'il ne
l'augmente qu'an moment ou k guerre
éclate, il faut alors entrer en cam-
pagne avec des régimens nouveaux^
avec des cavaliers inexpérimentés, avec
des chevaux non dressés : un bataillon
peut, sans porter atteinte essentieHe à
son ensemble , recevoir quelques jeu-
nes soldats; mais qu'on introduise,
dans l'escadron le plus instruit, de^
cavaliers ou des chevaux non dressés ,
le faux mouvement d'un seul suiBt à
faire échouer une manœuvre entière.
La cavalerie n'a qu'une manière de
combattre: la charge ou le choc; son
feu ne produit presque aucun résultat;
mais la cavalerie, ayant la faculté de
se transporter avec rapidité d'un point
sur un autre, peut subitement changer
la face des évènemens. Pour que la ca-
valerie jouisse de cette vélocité de
mouvemens à lai^uelle sont dus de pa-
reils résultats, il faut qu'elle ne soit pas
appesantie par ses armes, ni contrariée ^
par son ordonnance. Il faut donc re-
noncer, pour hï cavalerie, à l'ordon-
nance de profondeur '^* ^ux armures
pesantes. La cavalerie en panne doit
se tenir hors de la portée du feu de la
mousqueterie ; elle ne doit s'attaquer à
l'infanterie que lorsque cette dernièfts
est ébranlée et en mauvaise conte-
nance, parce qu'alors le feu qu eiieqp*
iTk AUTlLLfefta.
raiera $%t pen redoutablî. Gnibert, en
désapprouvant toutes armes défensives
contre te feu , voudrait cependant que
Ton prit quelques pré< ayilionS pour ga-
rantir le cavalier contre V^nme blanche;
tfu'on couvrit $a tète <l'un casque à
répreuve du coup de sabre et ses épau*^
les de trois rangs de chaînes de mailles
attachées sur une épaulette de cuir. La
cQYol^He , allant â la charge , a sans
contredit une force de choc , m^ls qui
Q^egt produite que par la vitesse avec
laquelle elle se n)eut, et par la quaptlt^
4e massç du premier rapg seulement;
ainsi , pour procurer à la cavalerie une
plus grande quantité de piouvemens et
(me force de chôc plus décisive, ce
n'épt pas la profondeur de son ordon-
nance, mais la quantité de vitesse qu'il
faut augnienter. Il existe une diffé-
rence remarquable eutre Taçtlon de
dioc d'une troupe d'infanterie çt celle
d*une troupe de cavaleriç La première
est jiouvent ralentie dans son moii\e-
ment par Tinstinct machinal qui fait
hésiter le soldat à l'approcbe du don-
|er. La troupe d(^ cavalerie , pu con-
traire, étant uno fois déterminée, les
chevaux 3*animent à un tel point par
façcéléraliop et par Tepsemble du
ipouvemer:t, qu'ils entraînent la vo-
lonté du cavalier et le portent Jusque
ipr rermemi sans que la force motrice
éprouve de ralentissement.
Vordnnnancehabltu<?Ue He la cava-
l^jç doit être sur deux rangs; ce n'est
f^ que le second augmente la force de
choc ; car, là où ii n;^ ffiut y avoir près-
^pp exacte, la quantité de ipanse ne
laip-ait s'accroître : mais c*estpQur quj
leieçood raQ([ puisse remplacer les
p^te9 et Içf vides du prerpîer, c'est
pour qu'arrivé sur l'isnnemi, çt étapt
^èlé avec {yi , ce ^çpnd rang aug-
Ipieute le ooiyibre des combattans.
Le front d«î l'escadron doit être cal-»
culé sur sa profondeur; trop petfl,
Il n'aurait pas de consistaoce et sen
choc serait sans eflbt. La juste propor-
tion du front de Tescadron de ^erre ,
portée à cent cinquante ou ccn t si^lxante
hoi(imes , sera de quatre-vingts cava*
jlers. Lorsque deux escadrons se cho-
quent, s! toutefois ils en arrivent an
coup de poitrail, ce n*est jamais, sur-
tout s'ils ont un grand développr*meTit,
par le front entier de l'escadron vain-
queur que l'escadron vaincu est ren-
versé; il est ordlnairepient emporté
par le centre ou par une aile; donc
une partie du front qui a chargé n'a
pas agi et n'a même peut-être pas
abordé ; donc cette partie inutile au-
rait manœuvré sur le flanc et avec suc-
cès ; donc les petits escadrons sont pins
propres & aborder l'ennemi et à faire
contact de tout leur front. Lorsque j^ii
propos^ de réduire le front du batail-
lon h cent cinquante Qles, ]'ai insisté
sur la nécessité de le tenir constam-*-
nient au complet au moyen de soldats
et de chevaux dressas. Ces deux con-
ditions sont encore plus indispensables
pour l'escadron dans lequel il ne faut
introduire ni cavaliers, ni chevaux
neufis ; un seul mouvement, un mou-
vement isolé suffisant pour le désac-
corder, il faut beaucoup de temps pour
former un bon cayalicr ; Gulbert ac-
corde ce titre pon à pn homtpe exercé
à manier son cheval avec grâce et
adresse, non à un écHyer, mais an sol-
dat robuste placé sur son coursier ainsi
qu'il doit l'être, et le dirigeant par son
étreinte et par son assiette vi^ureuse
par l'éperon et le poi^et plus encote
que par les (Ipesses de Téquitation. Un
bon cavalier est eclui qui a servi plu-
sieurs années et qui ne trouve rien
4*|fopos^ible à lui et à son cheval. Cest
dans la formation en bataille, dans la
promptitude et la régularité avec tes-
V
fpidh^ i;e flmivtmeiit est eiécaté,
IM ooimbtent véritabicinent b icien-
ce» la force et l'action de la cavalerie.
Toua iea moavemeni de la i:avalerie
âoîvent ae (aire en bataille ; il peut ce-
fiMiaiit m préaeoter quelques occa-
ijops ۈ il aoit avantageux de charger
m eofawne, dans le cas, par exemple ,
fèroB devrait Attaquer une infanterie
mwomée qui piéiieiiterait un flanc,
m floi laîiaerait dea angles dégarnis
éa -feu, et sur la capitale deaqueU on
piWBit arriver presque à couvert.
Atori Iea eolonoes d'attaque de la ca-
iqiierje doivent £tre composées de de-
W'^aGidraoa, ou d*escadrons se sui*
vwt à peu de diataoce« se portant sur
riaftuterie par une succession d'ef-
Ibrta, et conservant « au moyen des
JilerviUeat la faculté de manœuvrer et
^dwoger la direction de leurs atta-
pei* CbaCDQe de ces colonnes ne doit
Ipa^lra coniposée d'un grand nombre
fgacaiimns; il est préférable de les
HalUplîir et d'eu attacher k tous les
imlea; car Imr profondeur, sans aug-
.jwoter reflkt de la charge, oÎTrirait plus
40pnie w tmi de l'ennemi > qui devien-
drait «Ion plus meurtrier. Une autre
oefeaaion, où il est convenable de char-
ger en colonne, est celle où l'on devra,
avec une cavalerie supérieure, charger
un corps decavilerle ea nombre infé-
rieur, mais occupantune position avan-
taJÎélHe, et tes ailes tellement appuyées,
^*il ne puisse être tourné ou tftté par
4le^rjQlisnlerJe oa par de la cavalerie, à
lafueUe on aurait fiiit mettre pied à
ÂaTuxiàu. Vtt
pour la cavalerie ; il convient de re^
chercher les principes sur lesquels se««
ront fondées sa constitution définitive,
son ordonnance; il faut simplifier ses
manoeuvres , les rendre plus rapides ,
plus décisives et phis analogues à celles
de l'infanterie.
La science militaire est seule une
encyclopédie ; c'est la plus intéressante
des sciences, soit qu'on la considère
sous le rapport de la variété de ses
détails , de 1 iniportance de son objet,
de la gloire ou dea grands intérêts qui
en dépendent.
L'aurme de la cavalerie est une arme
^^a^iratian; il fiiut savoir distinguer
4jaiair le moment préfii et bien fu-
0i aà il convient de manœuvrer,
Cattaqyar- Ici tout dépend du dief« de
IMaacité de um coip d'opil, de son
habileté. Il y a encore beaucoup è faire
CUAPlTftJE X.
Hm ardna^e teuiUi^ ^ Ordre iiaralléla, ôtéfë
ObiÎ4|UÇ.
U fisttt appeler ordre parallèle , dit
Guibert« une disposition de bataille
dont le front, développé parallèlement
à celui de rennemi , peut entrer en
action à la fois de toutes les parties
qui U composent. Quand je dis paral-
lèlement, on ne doit pas entendre ce
mot dans sa précision géométrique ;
car îl y a peu de localités qui puissd^ni
perosettre i deux armées de s'étendre
sur des fronts exactement parallèles
l'an à l'autre. Le nom d'ordre paral-
lèle appartient donc à une disposition
qui place tous les (.orpa de deux armées
les ans vis-à-vi» des autres» en mi^aure
et a port4^ de combattre. C'est ainsi
que les armées furent disposées dans
les preaâers Ages de la science mili-
taire* Ces âfwées n'étaient pas aussi
nombreuses que celles de nos jours ;
elles se formaient sur une ordonnance
IBoiat étendue ; on était armé de ma-
nière i avoir besoin de a'approcbi^r
pour se nuire ; on ne connaissait pat
*'«
toutes les finesses de la tactique ; on
était moins éclairé, peut-être était^oii
plus courageux. Chacun voulait corn-
ballre, avoir part au danger, à la gloi-
re. Les batailles étaient plus sanglantes
que les batailles modernes. L'ordre
parallèle, étant le plus simple , a été
l'ordre primitif. Végèce distingue sept
ordres de bataille ; Guibert les réduit à
deux , Tordre parallèle et l'ordre obli
que.
Les armées supérieures en nombre
s'efforçaient d'envelopper l'entiemi et
d'agir sur ses flancs. Cependant des
généraux habiles, placés à la tète alar-
mées peu nombreuses, cherchèrent les
moyens de suppléer à cette infériorité,
en perfectionnant la tactique par des
mouvemens mieux combinés; ils re-
connurent qu'ils pouvaient porter l'é-
lite de leurs forces sur un des points
de l'ordre de batailles, et n'engager le
combat que sur un seul point : voilà la
naissance de l'ordre oblique. Puis les
armées inférieures, au moyen de re-
tranchemens, et profitant des obstacles
naturels du pays, réduisirent à peu de
points ta possibilité de les attaquer;
aussi l'ordre oblique n'est presque plus
en usage, et le système actuel de
guerre est fondé sur la science des
mouvemens et le choix des positions.
f.es progrès de Tart, en substituant
l'ordre oblique à Tordre parallèle, ont
rendu les batailles moins meurtrières.
Il est heureux pour Thumanité que le
talent des généraux , et non une plus
grande efltasion de sang, décide la
question. Le grand Frédéric a incon-
testablement la gloire d'avoir retrouvé
les dispositions de Tordre oblique, con-
nu, à la vérité, des anciens, mais dont
les détails d'application avaient été
perdus.
Guibert , à Tantorité duquel il faut
souvent avoir recours , donne le nom
ABTILLBRIE.
d*or(ire oblique « a tooce disposition
B OÙ Ton porte sur l'ennemi une partie
» et Télite de ses forces , et où Ton
9 tient le reste hors de portée; toute
y> disposition, en un mot, ou Ton atta-
» que avec avantage un ou plusieurs
» points de Tordre de bataille ennemh
» tandis qu'on donnp le change aux
» autres points, et qu'on se met hors
)> de mesure de pouvoir être attaqué. »
Tout ce qui peut tromper Tennemi,
sur la répartition des troupes , dans
Tordre de bataille , ainsi que sur leur
destination, devant être employé dans
Tordre oblique, il faut savoir y faire
usage du mélange combiné des dé^
ploieraens o distances serrées et à dis-
tances ouvertes. tJn autre avantage de
Tordre oblique étant d'étonner Tcn-
nemi par une disposition imprévue, et
de Tattaquer avant qu'il ait eu le temps
de changer la sienne , il faut disposer
les colonnes à distances si bien combi-
nées, qu'aussitôt déployée, Taile qui
doit attaquer puisse marcher prompte-
ment à Tennemi et le joindre; c'est
au général, chargé de lancer les colon-
nes , qu'il appartient d'imprimer à oe
mouvement la vivacité et la régularité
qui doivent en assurer le succès.
CHAPITRE XI.
Rtpport de la conn^isiaoce dei lemini avec la
Uctiqoe.
Les ordres de bataille, chez les Grecs
et les Romains, étant plus profonds et
moins étendus que les nôtres , n'exi-
geaient pas un grand développement;
donc la reconnaissance des terrains
avait moins d'importance ; on trouve à
peine quelques détails topographiques
dans le récit de leurs batailles, qui se
livraient presque toujours en plaine ;
AKIUXBMI.
iM iBiMMBiivni teient te teui moyen
employé. Une arme appayait l'autre
arme; la caYalerie formait les ailes.
César remporta la victoire à Pharsale ,
parce qu'il avait disposé son armée en
édielons obliques; il est rarement
qnesliOD dans l'histoire ancienne d'une
aile qui ait cherché protection dans la
mlure du terrain. Quant aux affaires
.de postes, il n'en est jamais fait men-
tion ; l'espèce de4 armes et de la tacti-
que des anciens ne les y rendait pas
propres. La phahinge n'avait de force
que dans les plaines. Une légion ro-
maine avait toute sa confiance en elle-
mtaie. Tant que l'infanterie fut brave
et bien armée, tant que les machines
de guerre ne se multiplièrent pas, tant
qa*on se battit rorps à corps, il en fut
ainsi ; mais lorsque les légions dégé-
nérèrent, lorsqu'elles quittèrent les
armes défensives, elles devinrent timi-
des et tremblantes dans les plaines,
lorsque les catapultes et les balistes se
multiplièrent dans les armées, comme
les canons se multiplient aujourd'hui
rinna les nôtres, on commença à avoir
recours aux ressources du terrain, on
chercha les hauteurs, on espéra aug-
Ïnter par elles l'effet des machines
jet , on tâcha de mettre des obsta-
cles entre l'ennemi et soi. Dans les
guerres d'Arien contre les Alanes, on
voit les détails de la disposition d'une
bataille, qui rapprochent beaucoup ce
temps-là des nôtres.
Presque indiflérevi sur les ressour-
ces que les ^ ays corjpés pouvaient of-
frir à leurs ordres de bataille , les an-
ciens paraissaient encore bien moins
oeeupés des connaissances topographi-
ques, dans \b conduite journalière de
leurs opérations. Jusqu'à la seconde
guerre Punique, on ne voit nulle part
la tactique romaine avoir quelque re-
àtkm.éYec le terrain. Fabius fut le
Vfl
premier qui commença à mettre à nro-
fit la nature du pays , pour s'opposer
aux succès d'Annibal. Ses improdens
prédécessurs s'étaient fait battre dans
les plaines ; il sentit qu'il était trop in-
férieur en tactique à son adversaire ,
p4>ur s'y compromettre ; il chercha les
hauteurs , prit des positions , fit une
guerre de monvemens. évita les com-
bats. Sa conduite sauva Rome, et elle
y trouva des censeurs ; tant les prin-
cipes de cette belle campagne étaient
inconnus aux Romains , accoutumés à
combattre plutôt qu'à manœuvrer!
L'histoire nous fait voir César oc-
cupé quelquefois de la nature du pays,
dans le choix de ses camps; mais le
peu de détails topographiques, dans
lesquels César entre lui-même dans ses
mémoires, semble prouver que ces dé-
tails n'étaient pas regardéscomme bien
importans alors, lis le furent encore
bien moins dans ces temps d'ignorance
et de barbarie, qui succédèrent anx
beaux jours de l'empire; toutes les
parties de l'art militaire dégénérèrent
à la fois; les campagnes ne furent
^lus que des incursions ; et le hasard
ou le courage décida seul des com-
bats.
Quand les armes à feu eurent acquis
quelque [perfection, le terrain dut com-
mencer nécessairement à prendre de
l'influence sur les opérations de la
guerre. L'infanterie chercha les pays
coupés ; elle occupa par préférence les
villages , les bois , les hauteurs. Ces
points devinrent des postes et des ap-
puis intéressans à se procurer ; ils en-
trèrent par conséquent dans les com-
binaisons de la castramétation et do la
tactique. Ce fut sans doute une nou-
velle ressource pour le génie, et un
pas de plus vers la perfection de l'art;
mats , comme presque partout l'abus
suit la vérité, peu à peu cette influençât
MB AMPiLimic.
des terrains sur les opérations est de- I Poor q«e cete Ml ubift . cofBiMiit
veque trop absolue. La science du i defrait^on choisir les ofliriers de l'élil'
major? Parmi des hommes ^ eosieat
l'babiiade des détaib et des moevs-
mens de tontes les arosm ; permt tu
offlcienhmajors ou supérMtrsdeseeffpS;
parmi oeui qui ont le ptas J'iataî^
genee, le plus d'actititi, le plaide «^
gadté et de Josiesse dans le eaif-
d'aeil* Comme ensuite c'est mm Irisât
que de Men reeonnaltre on pâjs, st
que oe talent est fondé sur «no Ihésrie
dont il est important d'aequirir ta pis-
tique, ees officiers fonMraient, m
temps de paii comme en temps it
guerre, un corps d'étal^-major perma-
nent. Ce corps serait sooa la difuetim
d'un ofOeiei^néral , qni luitmter
Joindrait aux talens les plus décidés
pour la grande partie de la gaerre, is
science et rhabitude de remuer loulm
les armes qui entrent dans la compasi
taon d'une arméei qui par conséquent
ne regarderait pas la tactique eonsam
une science minutieuse el soballeme,
soui la direction d'un officier-généni,
en un mot ; car la dénominatioa de es
grade, qui trop souYont ne tieni
que rien de ce qu'elle premat,
un homme qui, par son étude et|tf
son expérience, a embrassé toutes v
parties de la guerre, et qui eennaltlV
nalogie qu'elles doivent toutes aaeir
entre elles.
Où se tiendraient les éeplea élus-
truction de cet état^major? Au mMett
des troupes « dans les grandea garni-
sons, dans tes camps de paix. Là,
de sopputatiOM Idéales, et que la
tique ne peut pes éclairer^ M, les
des opérations de la guerre ,
marchea , ordres de bataille , aeraiail
auses à exécution et combinées avuc
le terrain ; là, conséquemment ta Mh
tique serait OMeignéev c'est à dtau ta
tadilM telle que je rai étÊtkimtÂm
mottveoient des troupes a été n(
on a cru qu'il était inutile de manmn-
vrer, que toute la science de la guerre
consistait a choisir des positions svan-
Ugeuses* De U se sont élevés tant
d'oiBciers topographes, réels ou pré-
tendus, qui remplissent les états^nu-
Jors de l'armée et les cabinets des mi-
qislres; officiers qui, pour la plupart,
n'ont aucune connaisaance de la tacti-
que , aucune habitude de manier les
troupes, qui regardent même cette
connaissance et cette habitude comme
au-dessous d'eux. Cette manie de topo-
graphie , cette prévention outrée des
états-majors d'armée on faveur des dé-
. tails dont ils sont chai^gés, étaient faites
pour s'accréditer surtout en France ,
parce que tous les officiers y sont por-
tés à raisonneri et a se croire retavés
par des fonctions qui, revêtues de
quelque apparence d'importance, ini^
tient aux mystères des opérations.
Sans doute ta science de ta recon-
naissance des terrains est importante ;
il faut qu'elle soit cultivée, et que ses
résultats entrent dans les combinaisons
journalières de la guerre ; mais il tant
aussi qu'elle ne soit regardée que coro-
nie une branche de la tactique, qui est
ta science-mère; il faut donc que les of-
ficiors de l'état-major de l'armée soient
tacticiens ; il faut qu'ils sachent dispo-
ser el nuinier les troupes; il faut que
dans leurs supputations, ils n'ouUtant
pas que les troupes défendent encore
1 plus les positions qu'elles ne sont dé-
fendues par elles ; que le^terrain n'est
jamais que l'accessoire, et que l'arme
est toiyours ta principal ; il faut enfin
qu'ils n'aient point ta prétention aveu-
gta de croire que toute ta sctance de le
guerre et ta sublimité du métier réai-
dant dans taur travail de cabinet.
a
A
AtTItlf^lllB
êêkÊèeêéimmiesImfattiu 4$ le ffum ;
1k;§Êê officiers d'étaMnajor ftcqaer-
nient de plus en plus Thabitude de
manier les tronpes , se rorliOcraient le
eonp d*œil contre les illusions que pro-
émit la mnltitude, contre les dilTéren-
eea d*un terrain nu ou couvert de trou-
pes; là, enfin, ces officiers se familla-
ftaenient de plus en plus avec les
tfonpes, au lieu de tendre à s'en sépa-
ter, anlteude les regarder comme des
Kiaorts purement mécaniques.
tY9
militaire!; quelle poriUon H ollh% dans
tel ou tel cas, à l'armée ou au corps do
troupes dont on suppute les monve-
mens ; quels y seraient les débouchés
et l'ensemble d'une marche sur tel ou
tel {toint; enfin les rspporis généraux
et de détails que cette masse de pays
pourrait avoir avec les armées qui y
agiraient. Mais ce talent^li peut s'aug-
menter, et non H*acquérir, par rhobK
tude ; il est un présent de la nature et
l'instinct du génie. Car supposons un
Le meilleur moyen de devenir ha- I homme qui sera etcellcnt topographe,
Me dans la science de reconnaître les I qui démêlera et embrassera bien , do
terrains, c'est la pratique journalière ;
8 ftiat, dans sa jeunesse, voyager,
chasser, se promener militairement.
Alliai raisait Philopœmen : t^olybe le
l'œil et de rimaginfttlon, ren?emblc
d'un pays, abstraction fullc Je troupes
et de circonslancfïS : si cet homme
n'est pas né homme de guerre, qti'on
die. Ainsi feront tous les officiers qui •<' transporte dans un terrain couron
voudront s'élever aui grandes parties
de la guerre ; car, dans quelque arme
4li*M serve, la science du coup d'œil
«st de la plus grande importance. Gui-
lert propose la formation d'écoles spé
Mes pour les officiers. De ( es écoles
fiMtiraienlde bons officiers-majors; et
de tes officiers*majors, d'eicellens su-
Jib poor les états-majors des armées,
lorsqu'on a le coup d*œil formé;
lAfljfU*on sait appréder parfailemeot
un terrain, mesurer les distances jugées
aon différens aspects ; lorsqu'on s'est
•flfemii la vue contre les illusions sans
nombre que peuvent produire la dif-
ttremre des terrains, la quantité et la
complication des troupes de différentes
etrmen, vues sous différens aspects ; les
manœuvres de ces troupes , les ruses
de tactique Jont elles se servent, si el-
les simt habilement maniées ; Thorlzon
phs ou moins sciein, et mille autres
eiusea accidentelh^s ou locales. Il sV
^t d'apprendre à voir un pays militai-
rement, c*est^à-dire à démêler promp-
tement et sûrement quelle influence
de troupes ; qu'il y soit oblig»} de com-
biner ses connaissants locahrs avec des
opérations militaires; qu'il soit chargé
de déterminer un mouvement ou une
position, relativement h telle ou telle
circonstance, il sera embarrassé, Incef^
tain, aveuglé , et s1l se détermine en-
fin, il prendra le mauvais parti. A plus
fbrte raison le prendra-t-tl, s'il faut ,
comme il arrive «ouvent en campagnCi
que sa détermination soit prom|)te,
qu'elle s'élance comme son coup d'ct^il,
qu'elle soit prise au milieu du tnmnite
et du danger, et des Inconvéniens
qu'offrent tous les faut partis qui en^
vironnent souvent-le seul qui solt bon.
C'est cette sagacité de coup d'oril et de
jugem*3nt qui gagne les batailles, et
que la nnture ne donne, dan^ l'espace
d'un siècle, qu'ft quelques hommes pri-
vilégiés.
La science du coup d'œil et ta ron^
naissance des terrains étant Intime-
ment liées avec la tactique, on voit
combien de fausses et d'inutiles lumiè*
res donneront 1& écoles d'état* major.
ce pays peut avoir sur les opérations ! qo" ne seront pas constituées d'après
ce principe fondamental* Je vais le
faire sentir encore davantage. Il s*i^t
(le choisir une position pour une ar-
mée Si celui qui se trouve placé à sa
tète n'est pas Uicticien, comment sau-
ra-t-il combiner, relativement a la
force de cette armée, l'étendue que
cette position devra avoir? Comment
aura-t-il égard , dans le choix de cette
position, à l'espèce d'arme dans la-
quelle l'armée est la plus forte ou la
plus faible ; à l'espèce d'ordre de ba-^
taille dans lequel il peut être le plus
avantageux de l'occuper? Faute de
cette combinaison, on prend des posi-
tions bonnes en elles-mêmes, mais
qui se trouvent défecnieuses, relative-
ment BU nombre et à l'espèce de trou*-
pes qui les garnissent. On prend des
positions dont le front est redoutable,
et où l'armée ne peut pas manœuvrer,
faute de fond. On en prend d'autres
qui sont formidables de toutes paris,
mais dans lesquelles l'armée, réduite k
la défensive , perd l'avantage de pou-
voir manœuvrer, et proGter des fautes
de l'ennemi. On en prend enfin que,
par on mouvement qu'on n'a pu
prévoir, l'ennemi parvient , on à tour-
ner, ou à percer, ou à faire abandon-
ner, sans qu'on ait le pouvoir de lui
résister.
Mais après qu'une position est lié-
terminée, après même qu'elle est re-
connue avantageuse soit relativement
aux vues d'ofiensive et de défensive,
soit par I apport au nombre et à l'es-
pèce des troupes qui doivent l'occu-
per, il reste une manière d'y disposer
les différentes armes, dans laquelle il
faut encore que la tactique soit com-
binée avec la connaissance du terrain.
Ce mélange de combinaisons est un art
qui a aussi ees principes. Soit, par
exemple une lisière (te hauteurs, dé-
terminée pour être le front de la posi-
ABTILLBEIB.
tion que l'isirmée dQit occuper. Que,
suivant la routine, on y prdon^ b
disposition des troupes, étant sur le
terrain même, et en parcourant le
front de la position, on court risque
de ne pas distribuer les armes dans les
emplacemens qui peuvent leur être le
plus avantageux , et de ne pas tirer de
la position tout le parti dont elle est
susceptible. £n se portant, au con-
traire, en avant de la position et aux
points par où l'ennemi pourrait arriver
sur elle, on en découvrira plus parfai-
tement l'cnsemblr. et les détails; on
verra d'abord le terrain qui est en
avant , l'aspect qu'elle présente à l'en-
nemi, la disposition d'offensive qu'elle
peut lui indiquer. Se supposant ensuite
à la place de l'ennemi , on cherchera
quels sont les moyens par lesquels il
pourrait attaquer cette position; et,
partant de là , quels sont les contre-
moyens qu'on pourra lui opposeï . £n
voyant la position de face, on jugera
mieux l'emplacement qu'il faut y don-
ner à chaque espèce d'armes; les sail-
lans avantageux à occuper par des bat-
teries; l'effet que le feu de ces batte-
ries doit faire sur les débouchés par où
peut arriver l'ennemi; le point des
hauteurs le plus convenable à occuper,
pour que le feu «le l'infanterie ne soit
pas trop plongeant; les rideaux der-
rière lesquels on peut poster une pir-
tie des troupes à l'abri du feu des bat-
teries de l'ennemi, ou lui faire illusion
sur le nombre de ses forces, et sur la
véritable disposit^.^n qu'on lui oppose.
De ces principes généraux, Guibert
passée, sans transition , à cette conclu-
sion : à unroyaumv' puissant tel que la
France, il faudrait rarement de grands
alliés et jamais de petits; il faut sur-
tout éviter d'en avoir aux environs du
pays où il porte le théâtre de la guerre.
C'était une maxime chez le^ ftomaina^ ,
▲&TIIXBAIS.
Ml
leurs alliés étaient d js sortes de vas-
saux qui contribuaient aux frais de la
guerre et qui nourrissaient Tarraée
lorsqu'elle «e trouvait sur leur terri-
toire. Notre politique de subsides se*
crets, de niénagemens, est pelite et
mineuse pour un grand peuple ; elle
embanasse les généraux; elle met
les armées dans une position fau&se.
La France, placée au milieu de TEu-
rope dont elle est le centre, devrait se
soutenir seule par sion propre poids ;
elle devrait, avec cette allure franche
et hardi'i , qui convient aux grands
empires, dire à ses voisins : je ne veux
pas m'étendre , je tài lierai de ne pas
me faire d'ennemis et je ne veux pas
d'alliés.
CHAPITRE Xn.
SobfiiUoccs.
L*art de pourvoir à la subsistance
des troupes est une des branches les
plus importantes de la science de la
guerre. Il est aisé de concevoir com-
ment pouvaient subsister les petites ar-
mées des républiques grecques faisant,
à quelques lieues de leur territoire,
une incursion pendant la saison des
récoltes; incursion terminée par une
bataille après laquelle chaque parti
rentrait pour réparer ses pertes et cul-
tiver seschamps.Lorsquerambition des
États de la Grèce et Taccroissementde
leur puissance rendirent leurs armées
plus nombreuses, le soldat reçut en ar-
gent une solde réglée. L'armée for-
mait-elle des magasins? On ne sait
comment subsistaient ces armées
innombrables a la tète desquelles
les rois de la Perse tentèrent d'en-
vahir la Grèce. Les légions romaines
étaient tempérantes , austères, infati-
gables; elles savaient supporter la
faim, la soif; aussi ne voit-on pas qu'à
l'époque de la plus grande gloire de
Rome aucune opération ait été ar-
rêtée par des calculs de subsistances ;
mais, dans les temps modernes, que de
projets arrêtés, que d'entreprises abao*
données parce que l'on n'a pu , ain^i
que le disait Frédéric, pourvoir aux
buaitiê du v^niTB de V armées
AVIS DES ÉDITEURS
Cet ouvrage, que nous ne croyons pas devoir reproduire en entier,
offre des conseils dont T utilité sera appréciée par nos lecteurs. Nous
somin# des hommes d'actualité, soldats de la République, du Consu-
lat et de l'Empire, nous nous faisons honneur d'appartenir à notre
èpo{jUe, mais nous saisissons Toccasion de rendre à chacun la justice
qui lui est due. Se montrer ingrats envers ceux qui nous ont précé-
dés dans la carrière, ne serait-ce pas mériter qu'on oubli At aussi nos
faibles services?
Le Traité du général en chef^ qui parut vers 1780, fut attribué au
jeune capitaine de Cessac Lacuéo, qui, depuis 1794 jusqu'en 1814,
a rendu d'éminens services à la France*
* \ :
• 1 »
» ^ *
CONNiiSSANCXS NÉCESSAIRES
A UN OÉmbUL m GHEV atàMMÈM,
Ll GÈtUSAL GOMTB DB LÂCOËB
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wu
eaiîi/r^a:).r*^ <i:}r.r<'<\r/:fM'j
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t»Ei
liONNAISSANCES NÉCESSAIRES
A VU «ÉRiKAL EN VKtW VAftMÉË.
■'^Mi^Qé^Ht^ - --
Les Peuples confient i un générât
en ehei d*armée une pèrlie de leurs
forces , une portion de teur autorité
pour assurer leurH propriétés, mainte-
nir leurs droits, accroître teur gloire et
pour réprimer ou punir une nation
ennemie. Après le rÀIe de souverain ,
celui de général en cheF est donc le
plus grand et le plus beau qu'on puisse
jouer sur le thé&tre du monde; mais,
si rien D*est phis glorieux que de bien
remplir cette place éminente , rien
D'est ausai plus diflidle. Pour peu qu'on
réOéchisae à la multitude ie connais-
sances qu^elle demande; pour peu
qu'on ait entrevu te grand nombre de
qualités qu*elté exi^e, rien ne doit
plus étonner ({ue ae voir un seuj
homme suflirc à un semblable far-
deau.
-- La science de la guerre, aussi vaste
que compliquée, se compose de Tas-
senîblagede plusieurs sciences réunies,
QDchatnécs i*u|ie à i*autre , oui se prè^.
tent un mutuel appui, et dont on ne
saurait détacher un seul anneau sans
que la chaîne soit rompue. -;- Les mi.-
lilaircs sont partages aujourd'hui,
comme les littérateurs Tétaieut jadis,
en détracteurs et eu partisans de Tan-
tiquité. Les détracteurs des ancien»
disent: l'invention de la poudre a ca-
non et des machines qui en ont été
une suite nécessaire, a changé ta cona-
tilution des ÉUits et des armées; par
conséquent la manière de faire la
guerre n^est plus la même ; donc les
anciens ouvrages des Grecs et des Ro-
mains sur la tactique sont superflus A
noire instruction. Les partisans des
anciens répondent : les inventions
modernes et les variations dans la consh
titution militaire n'ont produit aucun
changement dans la manière de faire
la guerre, par conséquent les Grecs et
les Romains doivent encore être nos
maîtres dans cet art, ainsi qu'ils sont
les meilleurs modèles dans tant d'au-
tres genres. Je ne décide pas entre cet
denx opinions* peut-être outrées ; main
ne peut- on pas dire : le général.Qe sera
vraiment habile qu'aprèa avoir coonii
les auteurs anciens et médité les mo-
dernes. Si les modernes ont perfec-
tionné, les anciens ont inventé; il est
donc indispensable de recourir aux ori-
ginaux: Thucydide, Polybe, Xéno-.
plion , Végèce , Tempereur Léon, Pq-.
lien , Frôntiu , César auront itmç lea
premiers livrés que le géniral as ahaf
Mt
• ^. ••• • ^rf ^
V » «« >
derra méditer. —-Lorsqu'on s'est long-
temps noorri des leçons que contien-
nent les ouvrages didactiques, que Ton
a exécuié tout ce que ces ouvrages en-
seignent sur la manière d'appliquer la
théorie à la tactique, que Ton a fait sur
le papier et sur le terrain une multi-
tude de suppositions dl(rérentes,ét que
Ton a ainsi perfectionné son coup
d'œil et appris tout ce qui appartient à
chaque grade, on a fait un grand pas,
on possède la science; mais l'art ne
s*apprend pas dans les ouvrages didacti-
ques. Ce n*est qu'en étudiant les grands
modèles qu'on peut en acquérir la
connaissance ; mais que ceux qui étu-
dieront l'art de la guerre dans les dif-
férons ouvrages que nous venoris d'in-
diquer, se gardent bien de â'en tenir,
sur chaque objet, à ne recueillir qu'une
seule autohté , qu'un seul exemple. En
s'en rapportant à un seul auteur, on
courrait risque d'Ctre induit en erreur,
on pourrait perdre une toule de cir-
constances instructives. Souvenez-vous
que si dans les langues il n'est pas de
mots parfaitement synonymes, il n'est
pas d'exemples parfaitement sembla-
bles aux yeux d'un militaire instruit.
En rapprochant les maximes qui pa-
raissent opposées, vous pourrez beau-
coup plus aisément les accorder les
unes avec les autres; vous reconnaîtrez
facilement celles qui n'ont qu'une ap-
parence de vérité et les distinguer de
celles qui sont vraies. Ne négligez pas
de prendre note des fautes qu'auront
commises les grands hommes dont
vous lirec l'histoire; leurs erreurs vous
seront aussi utiles que Texpérience
que vous pourriez acquérir à vos dé-
pens, et nous sommes mieux instruits
par les fautes des autres que par une
conduite a Tabri de tous reproches. Ce
n'est donc qu'en consultant plusieurs
Uttorîens , ce n'eit qo'aprèi avoir lu
I ce qu'ont écrit les hommei des diflK-
rens pays, des divers partis, des diffé-
rentes sectes, qu'on est assuré de trou*
ver la vérité. Non seulement oo jouira
de cet avantage inappréciable» mais on
recueillera ainsi une inCnité de ctr-
constaoces^ qui auroiit échappé à Cd
écrivain, mais que tel autre n'aura pai
négligées. D'après tout cela on pourra
se former une idée vraie de chaque
évèfiement, et en porter un jugement
sûr.
Mais comme les militaires ne peu-
vent tirer une grau Je utilité de la leo»
ture des meilleurs historiens s'ils sont
privés d'une bonne carte topographi-
que ou d'un plan bien détaillé, on ne
négligera rien pour se procurer un pa-
reil plan ; avant de l'étudier, on tftchera
cependant d'en faire un soi-même d'a-
près la description de rliistorien. On
comparera les deux plans, et s'ils sont
semblables, on sera assuré d'avoir aaisi
tous les détails. On retracera, sur le
plan qu'on aura fait , les mouvemcns
des différens corps ; on remarquera les
fautes, on y remédiera; enGn, se pla-
çant alternativement à la tête des
deux armées, on cherchera & so sur-
passer soi-même. Toutes les fois que
des voyages vous conduiront vers des
lieux célèbres par des combats; alors,
muni de votre description , de vos
plans, vous parcourrez plusieurs fois le
champ de bataille, vous ordonnerez en
idée les deux armées comme leurs
chefs les avaient disposées, vous les
ferez combattre, et vous rectiBerez,
par cette espèce de pratique, ce qaa
votre théorie avait de défectneui.
Vous reconnaîtrez aussi les marches et
les campemeûs des grands généraux ,
les postes avantageux qu'ils ont choi-
sis, etc. C'est ainsi que le grand Condé
apprit l'art de la ^erre ; c'est à
l'étude des campemens et des
chei dft Céfar ga'j^ diH les victoires à \ 4e la^viistaire; <tte lui «sM eounltiv
jsroai» célèbres qu'il rem{>orta ; c'est ^ si les mpjresos qu'il se propose d'ons-
ainsiqu*il mérita que les capttaiaes des j ployer, pour ToMenir softt justes, et
fièclcs futurs vinssent à leur tour s'ios- 1 s'ils sont féndés sur les convention
trjjre sur ses traces^ en reconnaissant
jusqu'aux rooindi^postesqu'il occupa.
— La connaissance de U géographie assurés dans les ont rages de Grotios,
est nécessaire pour apprendre la théo-
rie de la guerr^ ; elle l'est encore phis
pour la pratique de Part militaire. Le
(énéral ne doit pas se contenter de
connaître la situation respective des
diOérens Étata, leurs . frontières, les
villes principales et les rivières qui les
arrosent. Ces connaissances ne lui suf-
Graient pas encore : il doit entrer dans
tous les détails; il faut qu'il connaisse
lesaccidens du terrain, lasiluation des
fiilages, des hameaux, la position
d'une maison isolée, la largeur d'un
pont, l'étendue d'un bois, les cheounSt
\ei sentiers.
— L'étude des langues est néces-
saire au général en chef; il doit ap-
prendre d'abord les dialectes des puis-
sances limitrophes; la langue alleman-
de sera la première pour un général
français ; la langue anglaise suivra im-
médiatement, puis rilalien, l'espagod
et le russe. Ne devrait-on pas obliger
tous les officiers français .à savoir au
moins l'allemand et l'anglaîs?
— On donne le nom de droit des
gens aux lois réciproques que les di*
vers peuples ont établies entre eux, et
qu'ils sont convenus de suivre pendant
la paix et pendant la guerre. Ces lois,
dit Montesquieu, sont fondées sur ce
principe, que les diverses nations doi-
vent se fske dans la paix le plus de
hien^ et dans la guerre le moins de
mal qa'il est possible, sana nuire à
leurs véritables intérêts. On ne mettra
pas en doute l'utilité de cette /sctenoe
pour le i^ral d'amié«; elle loi ap-
prendra juii|U.'Qi& s'étendent les droîti
générales* Ponr »*institiifn dana câlin
science, le génMl aura qnalfe guides
Puffendorf , MontesqiMea et dn baron
de Wolf. Le Awîl 4 to finarrv a ds ta
Puix du premier ; le DruU ie la /Vafnrs
et 4u C«fM du second, onvragea trfr*
duits far Barbeyrac ; VEêprU iM Iniê
du troisième, etles/njltfiilfoiia A» Droii
de /a Nature du quatrième, sont dea
livres excellens que le §Mral devrait
avoir étudiés, et qoe le reste des milt-
taires devrait avoir lus.
*— Outre le droit dea gens, qui est
universel et réciproque entre les peu-
ples, chaque nation a eneore son droit
public que Montesquieu appelle droit
politique. Les lois qui composent ce
droit marquent le rapport de ceux qnl
gouvernent avec ceux qui sont gmiH
vernés. Il est nécessaire au générul de
savoir quels sont ces rapports, et cheale
peuple dont il doit oonmiander les ar-
mées, et cfaes les nations alliées ou en-
nemies. Instruit du système de chaque
{[ouvereement et de ses lois féndam^*
taies, sachant quels sont les (boita de
la puissance souveraine, crax éea
peuples , les conventions , les traités
faits avec les nations voisines, les bor*
nés du commerce, de la navign»
tion, etf«; il pourra plus lûsément for-
mer un bon plan de gnerreet de canb
fiagne ; et souvent^ s'il sait en profiter
le choc des divera pouvoira hii oAIn
l'occasion d'aoqnérir de la gWra à peu
de frais; car la manièie de Aura la
guerre à un despote, à nne république
démocratique^ ariatocratique on fédé«
rative, miUtaira on eonamercante , eth
fin, à on gonvemnanot mixte , doit
ètra réellement diCtent^. Vmnl li|
• .
■értle wa élaëe {MfftkuHèni à eéitte
de ta i|QaiilM dQ prlbeM^ de réplibll-
'foëf. et d*attWe§ «DHfmriiis dont oti
dK»il BMager tm êiWèmd MMlê.
' i«^0«lr«)edi«Kde«g«iiieltodMt
indMto^ lé ^nMre d'armée 4bii ton--
m»fe énéore eeM ^tt'dil êp^Vé AhAi
àMi et q«t eil l^eft{R^dn dèé ra^
^fmiâ (fàe Idê tâXùfMÈ otil entré etik.
Il iVesi |Mi ÀémÉairé )|«e lé thef
«d*km arméa eonMlMe à (bnd la }ttria-
préclehee rttilëj hial^, eooitAé II te
f léMBtera oartainenMt, danii lé i^tM
'de 8^ comimndeiiieiit; dea cîntin»-
laïKe!! oà tl lui fiera iiéc(?sMiSre dé se
décider d'après lea lois écriles^ ne fdttt-
' il paa qu'il le» cDohaisse t
— La poirliqMe litètrtiit dea d^
.rers iiitértto det peuples «t des sete-
verainl; elle apprend quelle est ta
flieitieure manière de traiter atec eut ;
eHe enseigne au ctief d'une artnée le
nraf en de pratiquer des ihteUlgences
utiles à Teiéculien de ses desseins,
^'élude de eette seienee est done né-
eessait-e an ^^^nêirai^ et les eapitainea
les piM célèbres s'en sont eonstai»-
menl occupés. Bnginft el Villars , ces
deux eélèbrea rfvMii^ négedèreM à
4lndstiit avec ta nitma enpertorilé de
^ie qui les anil fhit triompher li
(Maipiaqiiet et à ftenain. ^tnWm'
nMighv aprèa tTOit ea^flof é l>êlé à
«ainere Us Fiançais, a'eecupalt pen-
dant l'Wrer à néga«ler eonife eut.
Daltard^ prisMiiiier en AnfMeite« Ht
wbKer, par ses ntgoeMièns, qu'A
avait ca«aé nmt^ honte h HoeMedl
Jtai mn wM\ tas La TtiiMoMiei tea Bri»-
«te, le» Demmdea, les Rohani tas
Jnltaitaie s taa OraiÉnenl al mtlto m^
Mèi, ont aorti l*Blàt eomm amtosan-k
4taura lUCTonn 00êtamm, et leurs hé^
fafeiatianà^iil^MlMit owKffitaiÉ à \0Êt
que taiii <lenilri*
^^Qooi^dë béadoMlp tfë riHlMfda
tôiiviennent qtae Pari dé la gdérre *»
eënttttë ioM lè« aufMft, ftéé pHhdpeft ftt
Sëé^es; iînôiqne rhtstèire tfeé nd-
tmna démttHtfë i èhaqué ^ib que ta
f icteife se Ittésë plnlAt ehchatnër par
tin (finêral kaMté ({[ue (Mit- de» aôtdats
IteMbretii , te peuple del ^ei4-iëH, et
qilèlqttëa pers6nAèrgeS rèihàf ct<iàblés
par les tilaéës élevées qtilts bccufiettl,
tffolëhl encore qa*ôii tient édnlltlahddr
les aHhéeè «Vec gloire ^nl é*èlh! f tvrt
A des éludés longues et èbiisbtTtéH, et
que p6ût obtenir dés succès il snfBt
d*éti^ né gintêt'ûl De tous les préjugée»
eëlUîMi est un des t^Ids funestes ; seul,
il potih'aît, par lés désiistres qtiHI en-
tmine ap^és lui, précipiter ta ehiitè
dun état. Si ee préjugé était éusai ré-
pandu parmi nous que jadis, s'il était
aussi fbrteitient enmciné qu'il est dan-
gereux, nous n'oserions l'àiNlt^e;
maiSi cbmme l'expérience Ta ébranlé»
eomme les lumières de notre sièete
ont préparé sa chute, nous espérona
que de légers efforts suffiront à sA des-
trU€tion«
On a vu, dit-on, des ^néram» en^
fans etdesgén^rttn^r ignorant t-erttpOf-
ter des victoires i cela e^t tt«f ; ftrtîa
tas gênifak^ ignofans n'avaiedt il^ fm
en tète deS f^énirnut phi^ IrteptM
qu'état 7 Ces jtnéirafÊse ignorartê fa'ont-
fis péé éd nne fois M sageiisé d'AdofMM^
Un bon avis , et tons les yêH^HIké f H-
Kma <|u*eh poMmll ntMi eiief ptHlt
éttaiptes, irMii-4is paa été des prtmM
apiU ponHUs tnn bon emiett, M IK
dea par uns HuniMea qwa le CfWrÉii
l^alt fbféièi; réëuêniriiéttf te ftiénté
des aeilottk ëiéëiitéës |tk d oélMI
inaMaT ^mm Angyase^ |ii^ ëtflhjpta,
A^ippi ful-il regarde WMMàe lé tWm
qtfenrd'AHkifd? et, ddrf# dM MèdM
pMs fëiaitti du vmtè , he v!»]^offe-iiMi
Mâa la aaàMaèibi «k* MmîÉiiinif iJÉtt^iÉ bm
▲ tk CiHÉRAL ht« CBBF b'AàJlil
4M
NHOël TiÊÊart , et attribuer toujours
i jjMre oA elle toit la puissance T C*est
M qo'oli attribua an génie de Char-
!>'X1I les victoires que les Suédois
emportèrent sous te règne de ce
nÛM, tandis qu'en soulevant le voile
kiràvërs diiquel les historiens nous
it ntôntrë ce roi célèbre , on recon-
Hl iftië la disposition et la conduite
If fâ batànies étaient toujours con-
kei ta Gotnte de La^wenhaupt, et que
Hl fié Mservaltpour liii-méme que
Ibin de charger Tetinemi A la tête
^ cavalerie. On découvre que le Ta-
Ibk dëbafquem^nt devant Copenha-
ë fat projeté par le général Stuard ;
t l'attaque des rctranchemens en-
tlil!i & Narva fut Tonvrage de fîund-
I ; que le général AltendorlT conçut
iê€ dti passage de la Duna, et mit au
it^% slttiitagème ftimeux qui le ren-
; fiacite; on voit qde le roi de Suède
I Hl plupart de ses succès aux giné-
Iv^ qui avaient servi sous Charles XI,
liktnè Alexandre dut ceux qui Tout
hàbMaliM aux généraux formés par
kiHppe; on découvre enfin que la
Ita^gne dé 1718, qui fut entière-
IMtédigée par Charles XII, ne fut
ilét Mitaparable à ses premières en-
e^sé^, et qu'elle coûta la vie à son
iVciir*
4iala \é grand Condé,' dira-t-on
tBM^tW, tie naquit-il pas ce que les
KHSI deviennent? Non. Le prince de
MhdA est, aii contniire , un etcnl})le
■lofant du potivotr de Tétnde et du
WhA. Ert le prouvant, je crois placer
• ttMteaii farurier sur la tète de ce
>-i^daê d^ghièn tonportâ, à vfngt-
Ittt aas une victoire célèbre ; il valu-
rit Mélos et Fuentes. Mais Enghien
l'^lMC-ll pas t-eçn une excellente édn-
ito&TN'avail4l pas vécu sans cetoe au
des homnèfe les plus samas danii
tous les genres? L'étude de Iliistoira
n'avait-elle pas été Tobjet de sa pre-
mière passion? Le prince de Condé,
son père, n'avait-il pas été son instilu*
tcur? Richelieu, étonné de ses con-
naissances, n*avnit-il pas jugé qu'il de-
viendrait le plus grand capitaine de
TEurope et le premier homme de son
siècle? Le ducd'Eughien n'avait-il pas
fëit Tapprentissage de la guerre sous
le maréchal de la Meilleraîe? N'avait-
il pas été instruit par les fautes que
commit ce favori de Richelieu? N'a-
vait-il pas servi sous le maréchal de
Ch&tillon , un des meilleurs généraux
de Louis XIII? n'avait-il pas fait la
campagne deRoussillon en homme qui
se préparée commander les armées?
Enfin, le duc d'Enghien, commandant
a Rocroy, n'avnit-il pas sous lui le ma-
réchal de l'Hôpital etGassion, ce digne
élève de Gustave Adolphe? Changeons
donc maintenant do langage ; ne di-
sons plus que Condé naquit grand gé^
néra!, nous attenterions à sa gloire;
disons, au contraire, qu'il le devint par
l'étude et le travail.
Mais admettons pour un instant que
quelques hommes naissent avec le gé-
nie de la guerre ; ce feu ne s'éteindra-
il pas s'il n'est entretenu? Qui osera
d'ailleurs se flatter d'être compris dans
cette classe d'êtres supérieurs nés avec
la pénétration quf supplée aux lumières
acquises? La nature ne $e repose-t-eile
pas pendant des siècles entiers après
avoir produit un génie élevé? Enfin, ces
hommes eitraordinàires n'auraient-ils
pas étendu plus loin ta gloire de leur
nom? N'auri&lent-lls pës rendu de plus
grandsservicesa leur patrie si «par un tra-
vail assidu, ils eussent perfôctlofthé les
talétis dont ils avalent été doués? Ainsi,
aièiile dans cette supposition , l'élude
dé la science militaire, et racqùibilion
des confiaissànces qui ont uni rapport
i92
DBS COMNAISSANOBS !fÉC£«SAI|LSS
immédiat iycc l'art de la gaerre . n'en
seraient pas moins nécessaires. Dans
les hommes nés pour devenir géaér aux,
l'étude développerait, rectifierait et
montrerait dans leur plus beau jour les
talens dont ils auraient été doués ; et,
quant aux hommes bornés par la na-
ture à ne jouer que des rôles subalter-
nes, cette étude les aiderait du moins
à imiter les grands hommes, si elle ne
parvenait pas à les leur faire égaler.
L'opinion contraire s'est accréditée
seulement parce qu'elle autorise notre
paresse et notre goût pour les plaisirs;
elle a été célébrée dans tous les temps
par l'envie et la vanité, parce qu'elle
caresse notre amour propre, et qu'elle
semble nous décharger du tribut de
louanges si légitimement dû aux hom-
mes formés par le travail et par l'é-
tude.
Pour rendre les connaissances moins
nécessaires, on a dit encore que l'ex-
périence pouvait suppléer à l'étude.
Ce langage était bien naturel dans la
bouche des militaires des derniers siè-
cles; pendant ces temps, que j'ose ap-
peler malheureux , le feu de la guerre
était sans cesse allumé dans quelque
partie de l'Europe , souvent même il
• l'embrasait tout entière ; les guer-
riers volaient, dès l'&ge le plus tendre,
vers les lieux où il éclatait avec plus de
force ; on ne parvenait an commande-
ment des armées qu'après avoir vu
une multitude de combats , les deux
partis ^ieot ensevelis dans une igno-
rance égale ; et, quand la paix se mon-
trait pendant quelques instans, on se
livrait à des jeux, i des plaisirs qui of-
fraient encore Timage des combats.
Les militaires pouvaient donc sans
danger, dans ces temps orageux, con-
fier leur instruction A l'expérience;
mais aujourd'hui tout a cban^ de face,
gi'Act! à la sage politique qui s'est in-
troduite dan» les conseib des pcMMM,
et à la philosophie qui les a édakés*
Les guerres sont rares aujourd'baî., el
l'on peut prévoir qu'elles le devien-
dront encore davantage. L'Europe a
fait de grands pas dans la science milî^
taire, nos jeux et nos plaisirs ne res^-
rent que la mollesse et la volupté; on
parvient enOn aux grades lea plus éle-
vés sans avoir vu ni combattu les en-
nemis; il est donc indispensable de
nos jours pour apprendre l'art mili-
taire de recourir à Tétude. Ah ! com^
bien le nombre des ressources qu'elle
nous fournit n'est-il pas supérieur aux
faibles secours que l'on trouve- dans
l'expérience! L'intervalle qui aépere le
commencement et la fin de la vie mi-
litaire est si court que ces deux extré-
mités paraissent se toucher; quelque
temps d'ailleurs que le même gétUral
reste à la tète des armées, comme il
n'a jamais à conduire deux grandes af*
faires qui se ressemblent parfaitement,
il est presque toujours à son coup
d'essai, et dans les camps, presque ja*
mais un coup d'essai ne fut un coup de
maître. Les leçons que donne l'expé-
rience sont souvent fatales à eehit qaà
les reçoit, souvent même à une natkm
entière; de plus, se trouve-tril à la
guerre deux occasions de faire la même
faute, et n^t*il pas pli]» aage et pins
utile de s'instruire par celles des atutms
que par celles qu'on ferait soi-mômet
L'histoire ne nous prouve4^Ile pas
que l'expérience jseule ne oorrifi
point? Le duc Robert, frère de l'iafor
tuné Charles I<', roi d'Aogletene. ne
perdit-il pas trois batailles pour UfOir
conunis trois fois la même feute* U est
donc très dilBciie que l'art de la guer-
re, exercé saps théorie , produise des
effets beureux ; et une lon(|ue uwf^
rience, qui n'est pas appuyée sur des
connaissances acquises pir l'étude^
A M'CÉntauL n
iTAUfeto.
rtfllibpiiltfliNilmtqQ'iiMioiigie iw-
■nom (r6iTeiin.
L'étude, par an chemin facile et
■brégé , nous conduit i des lumières
fins étendues, plus parfaites; on est
nrement à portée de tout voir tandis
fie la lecture peut tout enseigner ; elle
Mlle forma le célèbre Tphicratc , ap-
^t à L. Lucullus à vaincre Mithridate
aC à réduire TArménie sous le Joug de
Borne. Elle donna au célèbre duc de
GoiM h supériorité qu'il eut sur les
Cnerriers de son siècle ; en un mot, les
plus grands généraux anciens et mo-
^emea sont presque tous son ouvnige.
CTest donc aux principes écrits qu*on
^tiH avdr recours ; sans leur aide on
■Aocpie souvent le but auquel on se
propose d'atteindre, ou au moins on y
arrive très tard. Ce qu'on apprend par
Fétude ne suffit pas, il est vrai, pour for-
mer un grand général \ il faut que l'ex-
périence perfectionne l'homme deguer-
re, qu'elle lui apprenne à faire usage des
principes que la théorie lui a fournis ;
'eni on mot, le général doit joindre les
cMinaisaances militaires au génie de ia
guerre , les leçons des siècles passés à
sa propre expérience, et la spéculation
1 la pratique; mais il doit toujours
par acquérir les connais-
qui hd sont utiles. Elles sont di-
visées en connaissance des hommes et
m eonnabsances relatives aux scien-
eea et aux arts; occupons-nous d'a-
bord de b connaissance des hom-
Le commandant en chef doit s'atta-
dMr, avant tout, à connaître le gêné-
id qui lui est <qiposé ; lorsqu'il y sera
parvenu, fl devinera aisément tout ce
fne le dhcf ennemi doit entreprendre
! èontre hii, et comment il l'exécutera.
Il pourra aller au-devant de ses des-
adÎM et les rompre; il pourra en for-
bii-même , dont ta réussite sera
I d'autant plut assurée , qu'il le» aura
I calculés d'après des idées plus saines.
j Rapportons quelques exemples pour
i démontrer combien il importe à un
gênerai en chef de bien connaître son
adversaire. Turenne assiégeait Cam-
brai : le grand Condé voulait introduire
du secours dans la place. Pour l'en
empêcher, M. d^ Turenne posta d'a-
bord l'aile droite^ de sa cavalerie sur
une dt;s grandes avenues de la ville ;
mais deux heures après, ayant fait ré-
flexion que le vainqueur de Rocroi
était trop habile pour suivre, en pa-
reille renconb-e, un grand chemin plu-
tôt qu'un petit sentier» il déposta sa
cavalerie , el la plaça sur une petite
avenue. Le prince, de son côté, jugeant
bien que le maréchal aurait fait cette
réflexion , partit avec trois mille che-
vaux, suivit le grand chemin, et entra
dans Cambrai sans éprouver presque
aucune difficidté. Ainsi la connaissance
du général qu'il avait en tète servit
plus au prince de Condé que n'aurait
pu faire toute sa valeur. Turenne com-
mit une faute, dira-t-on peut^tre ; en
garnissant le senUcr, il n'aurait pas dû
dégarnir la grand'route. Si cetto con-
duite fut une faute ( on doit être dr-
conspect à biftmer les grands hommes) ^
que cette faute serve à notre instruc-
tion ; qu'elle nous apprenne qu'on ne
doit jamais assez compter sur les pas-
sions, sur rigoorance on même sur les
lumières du général ennemi, pour ne
pas se conduire d'après les règles dic-
tées par la prudence; que cette faute
nous apprenne encore qu'on doit ton-
jours craindre de voir son adversaire
faire une fois des réflexions sages;
dompter sa passion dominante dans
une occasion décisive, ou recevoir ua
bon conseil et en profiter. Oui, llun-
me lent et circonspect peut devenir
actif et entreprenant ; le savant peut
faire une fausse démarche, oa parce ; la force oa?erlo, il emploie le strabr
qu'il est mal instruit, ou parce qu*ii i gèmc que nous allons rapporter, stra-
est obligé de hasarder le tout pour le
tout. C'est ainsi qu*i Denain une faute
qbi aurait dû faire essuyer au maré-
chal de Viilars la déraite la plus com-
plète, lai servit è remporter une vic-
toire signalée. Comme le prince Eu-
gène àitïii persuadé que ce général
habile ne hasarderait pas une manœu-
tagème qu'il imagine d'après (^ coo-
naissance du général ennerni- H écrit
une lettre an marquis de la Rovère,
commandant de la place , il lui rn^rqifç
qu'il vient à son secours avec un pprps
d armée, et qu'il espère, dès le teiiftp-
main, altaquor les assiégeons dqps
leurs lignes; il le prie 4e toat dispoi>er
vre aussi délicate que celli; d'3 traverser ; de son côté pour faire une sortie gé«
une rivière ayant l'ennemi sur srs ! nérale pendant qu il sera 9ux prises
flancs, il ne cnU que les Français (en- avec rennenii. Il donne cette lettre k
talent le passage de l'Escnut que quand un paysan, à qui jl ordonne de fuÎFe
il ne fut plus temps de les en empê-
cher. Mais si l'opinion que le prince
Eugène avait conçue de son adversaire
l'a empêché une fois de profiter d'un
moment avantageux, en conr^bion d'au-
tres circonstances cette coiinaissanoe
ne lui a-t-elle pas été utile? Tne d4»s
maximes militaires de ce grand hom-
me rtalt qu'avant d'entrer en campa -
I;ne, un général doit connaître à fond
e caractère des généraux ennemis.
Le marqtn's de Feuquières assiégeait
Coni en 1691, et touchait au moment
lie se rendre maître de la place, lors-
qu'il reçut ordre de M. deCatinat d'd-
ler relever la garnison de Casai. 1^
^prince Eugène, qui. pendant la durée
du commandement de Feuquières, n'a
osé employer ni la ruse ni la force ou-
verte, parce qu'il sait bien qu'il a af-
faire iun général aussi habile qu'in-
tr4plde, le prince Eugèoe, dis-je, averti
Çoè te commandement de l'armée as-
âteeante reste entre les mains eu mar-
|UU de BuloBde, qu'il connaît pour an
St génie, eitrèmement crédule et
le à s'alarmer, forme aoisitAt le
jnrojet de lui fUre lever le siège, et as-
furé le duc de Savoie qu'il délivrera
Hnikt&t la place; mais comme il aime
ndUi encore (car c'était un de les
prliKipes) réuaair par la nue que par
toute la diligence possible pour la por-
ter au gouverneur. Cet harame ne
manque pas, comme Eugène l'a prp-
vu, d*ôtre arréié par des partis fian-
çais ; on trouve sur lui la lettre du gé-
néral enuemi ; on la re*net à Uulonda.
A peine l'a-t-il lue, qu'il se livre au|
plus vives inquiétuiies; il ne (joniie
plus ses ordres qu'en bégayant; il ce
snngc qu'à lever le siège et à hâter sfi
letraite. Ni une lettre d'avis qu'il i^yajt
reçue de M. deCatinat, ni uiàc diifpnse
expiesse d'abandoiiner |e siège, ni un
secours considérabic (t certain qqe son
général lui annonce, rien ne peut le
rassurer, rien ne peut le retenir; il
ordonne de pli^r bagage, et à pWne
l'armée a-t*elle déte^i^u, qu'il fait bat-
tre aui champs, abandonnant sou ar-
tillerie, sas mupition^ et upe partie de
ses équipages.
Ainsi , sans effusiop de sang , ^t pir
la seule connaissance du général qu'il
avait eq téta, le prince Eugène pt le-
ver au Fraiiçais le siège 4^ Cc^ii,
oblige» Gatinat à repasser 1^ pd, et
battit son arri^c-gar4e aq pacage de
œtle rivière.
Le prince Eugène ne se (^omjdt pas
à cooBaitre la comm^odant en qief
de l-arméa qu'il a^voit ^ tAte ; il ptu-
4iait MPI le# g^R^uf «Hhfltfim^i «*
A un «felÉRAL S5 CBXF B^ARViB.
lis
cetteétade luiJttUDliiieill ttîl4. Ilan^ } iiV^ O^IJI^e ffif; g^)h soient placés.
la compagne de 1701, m combat de
Carpi, il fait passer l' Adige i une par-
tie de son armée, au-dessoas de LaiM-
(lia, et à la favear des fossés dont ce
{•ays est coupé, il se poste de manière ItrtreTemplîr avec gloire la place éle-
a De craindre ni M. de Catinat, ni M. de
Tessé, ni M. de Saint-Fromont ; et, par
sa position, il se trouve à portée de com«
battre celui des deux derniers officiers-
généraux auil lui plaira ; mais quoiqu'il
(misse aisément attaquer le comte de
Tessé à Légnaiia, il préfère de tomber
à Carpi sur M. de Saint-Fromont, qu*il
fait être très inférieur en connaîssan-»
ces militaires au comte de Tessé. £q
1706, au passage de la même rivière,
et au même endroit, \\ se conduisit de
la même manière. Il en usa de même
au passage de TEscaut, en 1708 ; car,
pouvant tenter facilement le passage
comme ils doivent toujours aspirer à
commander les armées, ils doivent
aussi chercher constamment & acquérir
les connaissances qui peuvent leur
vée de général. Qu'on se garde bien
de condamner cette ambition; loin
d^tre blèm-ible, elle est noble, utile et
même nécessaire : elle est noble, parce
qu'elle annonce Ue' rènergi^', de la
grandeur d'&me et un atawiif "violMit
de la gloire , paMtoiis dont on doitr<lé-
sirer que tous les* guerrier» soient ani-
més; elle est utHe, parce que bien
commander est un art qui deaaMde de
longues études, et des léflexlom qii<»n
ne peut faire au moment de t^itaQ-
lion ; elle est utile encore, parœ que
l'homnrie qui ambttionne les botmeoni
du commandement se livre iiéeiiiatfi-
de cette rivière du celé de Pottes, qu| rement tout entier à ehaeiiii tlei tftt-
était sans doute le cAté le plus aisé,'et plols qu'il occapé pour m mérller de
où le marqnb de Guébriant était avec plus relievés ; elle est néeeMim; ptfico
OB corps de trqupes assez médiocre, il qu'il ftiut, pour exéouto» de fraudes
ilima içieux attaouer le cAté do Bêr choses, se preiposer M bttt 4|itl, |itr
ken, qui paraissait imprapcablc. ton étolgAeiaent, «tl0i 4ê fraMl9«f-
Quoique jusqu'ici nous ayons paru fbrts; elle est néÉMaaMii tÉflii,'^pi»ce
ne nous adresser qu'au commandant
en chef, les militaires subalternes ne
doivent pas imaginer qu'ils puissent
impunément négliger les connaissan-
>a4 dont tioQi venons de nous occuper ; T
que le désir d'atteindre à ce terme
anime toutes les facultés de notre
àme , et par lA fait de nous des honn
mes nouveaux.
* ■
INTËNDASiGE MILITAIRE.
Le bat eonsUnt de nos efforts a été
de justifier notre titre en présentant à
DOS lecteurs le tableau complet de l*art
depuis la période grecque jusqu'à nos
jours. Une seule partie, les subsistan-
ees« n'a pas été traitée par nous ; et,
cependant» comment faire manœuvrer
une armée, si Ton n*a pourvu à ses be-
soins matériels? JLes anciens ne nous on t
laissé aucuns documens & cet égard.
Dans les temps plus rapprochés, aux
qiiinsième, seizième , dix-septième et
dix4iuitième siècles, des marchés
étaient passés avec des compagnies
dbaigéea des fonrnitures. Mais, que
d*abiis, de dilapidations, pour arriver à
«n aenioe pial assuré 1 Trop fréquem*
plans dn gioàal en chef sont
demeurés sans exécution, faute «le
pouvoir assurer les distributions nêce<^
saires sur tels points indiqués. La
création de l'intendance militaire, qui
régularise et centralise le servi c des
subsistances, des fourrages, de In sol-
de, des hôpitaux, est encore un des
titres qui attestent le génie préu>y.)nt
de Napoléon. Aujourd'hui, saur quel-
ques cas imprévus et inévilables dan>
les chances d'une campagne, le grn<»-
ral en chef se trouve aflranchi de bom
qui embarrassaient sa mari ho. Les
services rendus par rinlendance mili-
taire sont incoritestablement moini
brillans que ceux du champ de bataille,
mais leur utilité est appréciée nar Im
hommes spéciaux.
•• «W«tf^«*
DE LA DÉFENSE
PLACES FORTES,
«mrsAM
eOMFOSÉ PAR OaDRE MB SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE
POQB L'imnocnov dm tiÈtEs wi cobn «o cÉiin^
BT PUBLIÉ BN 1810
PAR GARNcn;
AlMini •VFICIBK »B ce CM»t, AMODI BUnsna os IJL «ITI
» »B L'iPilITIIT M TOAIiai Bt M Uk l>iBI<lim'M»inMBfc
DiM la ééÊnÊê àm Plac«t fartet, b valmr
•t nadottrit ae aBfBMaiV'Di rue nmt
rMm Biif •ta ptWPiallBsi, élwi
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PRÉFACE
Cabnot (Lazare-Nioolas-^Marguerito)^ nt à Moliy en Bmrifogtte^
eo 1T&3, mort à Magdebourg (Prusse) en 1823. Bien jeiuit. encore,
des dispositions innées le portèrent vers Tétude des mathématiques et
dis hautes spéculations militaires. A vingb-hnit ans, il était capitaine
da génie; à trente ans, il reçut la eroii de Saint**Louia. Envoyé A TAs^
fomblée législative , ses talent l'appelèrent au Comité militaire, à la
Convention nationale, puis au Comité de salqt public. A la Gonven--
^OB) il fut ohargé d'organiser les moyens de résister aux attaques de
tocoatitioB de Pilnitz) uniquement occupé de cea soins ^ il resta étran-*
ger aux mesures ordonnées par ses eoHégues^ et qui avaient pour
objet la direetio» àm aSaires politique»* Seul f il régidarisaf embrigada
et mit en mouvement hi léquisition qui appelait à la défense de la par
tris les jeunes Français de TAge de dix-*hiBt à vingt*einq aas« ^ fond
de son eabinelil ^éa douie armées^ calculât arrêta les plana de cam-
pape, esi surveiUa rexècution. Il appela au eommaiidement des
bomoies encore inconaiii^ mais que ion génie avait devinés ; enfin il
modifia la guerre de ttétkodeen laeombinant avM la giieire ainspi-
ration^ On s'étonne à l'idée qu'un seul bonme ait pa suffira it pe»«
<iiat etiq aMéesi è eni hnniMMei tiiivt*^
SOO PlÉFACB.
Quelques écrÎTains ont attribue à Honge la création de t'Ek^ole cen-
trale des travaux publics, depuis l'Ekiole polytechnique. Cette grande
pensée appartient à Carnot, qui, aidé du conventionnel Prieur, de la
Cûte-d'Or, fonda, au commencement de 1796, celte institution cé-
lèbre, imitée par l'Europe^ ët'd'où sont.soAisMDt de généraux, d'of-
ficiers supérieurs et d'hommes qui hrilléreut dans les sciences et les
arts ; Carnot y avait appelé , en qualité de professeurs : La Place , La
Grange, Monge, Berthollet, Cbg^tal, Hassenfratz. La création de
l'Ecole centrale des travaux publics suflirait seule pour recommander
la mémoire de Carnot, qui avait calculé l'impulsion que ce centre de
lumières devait dMtuer àutftspritï. '
Membrodu Directoire, après la promulgation de la oonstituttoa^
l'an Ul, Carnot, aiosi qu'au Comitéde salut public, n'y fut encore oo-
cupë que d'opérations militaires. A la cbutedeHobe^erre, il fut pour-
suivi comme jacobin ; après le 18 fructidor, il fulproscrîtcommeroya^
liste , tant il est dans la destinée des tiommes essentiellement nationaux
de se trouver en butte aux attaques de tous les partis. AulSbromaire,'
le porteleuille de la guerre lut fut conBé; il prit donc part à la gloire
de Morengoet de Hohenlideo. Le bel ouvrage la Défense dtt Piaee$
(orles, qu'il publia' quelques années ensuite, fot adopté pour l'eosei*
gnement des ëeotes militaires de l'Empire. Après les funestes èvène-
mens de la campagne de 1813, Carnot, serviteur constant de la France
el courtisan du malheur, et qui, depuis sept ans, vivait dans la re-
traite, vmt spontanément offrir son épéeJt l'Empereur. Ah I c'est qu'a-
lors \\ France était' menacée; il se' présentait au moment o6 d'autres
liiKiiiiies, «ombles de biens «t chai^ d'ho^neivs, méditaient déjà une
do'ji'li; trahison envers leor patrie et'Ieur bienfaiteur. Napoléon lui
contia le ^utHfrWiDbnt'd'^teiTé : Vest sur ce point ifnportant que
les Hlli&s portaient leurii pt«tniert «Iforlii: ÊaiHDt M' iftsposbit que
d'uiir garnison bien insuffisante de six mille hommes; mais Carnot
romimndait dans Anvers, ainsi que Bayard dans Méziéres. La plaça
ni戣M, MM
(at iD¥68tie par une année de soixante mille hommes sous les ordres
du prince royd de' Suède. Ce dernier invoquant les souvenirs d^unè
ancienne amitié , essaya d'entamer des négociations avec iMnflexible
gouverneur, qui n*écouta que la voix de Thonneur. Consignonis ici
un fait qui prouve que Carnot sut concilier ses devoirs avec ceux
de rhumanité. Le conseil de défense avait reconnu la jruelle ' né-
cessité, pour dégager les abords de la place , de dëtruife le riche
at populeux fauboui^ de Bourgterhoud ; Carnot réunit les habitaiià :
« Votre fauboui^ est condamné , leur dil-il y mais je veux tenter de lé
» sauver; faites entrer dans la place vos femmes, vos enfans, vos
» bestiaux, vos meubles; vous, cependant, restez dans vos maisons.
» Jurez-moi d'y mettre vous-mêmes le feu lorsque le moment sera
» venu , et je vous donne ma parole de n'exiger dé vous ce doulou-
» reux sacrifice qu'à la dernière extrémité. » Cependant les évènemens
se pressaient; Louis XYin était rentré à Paris; Carnot eut ordre de
rendre Anvers , et les habitans de Bourgterhoud , qui devaient à son
humanité la conservation de leurs propriétés, consignèrent leur re-
connaissance en plaçant au-dessus de la porte de France cette inscrip'^
tion : Faubourg Carnot. Ceci prouve également en faveur des Anver-
sois, du général Carnot et du Roi qui voulut que 'Tinscriptioà iàï
respectée. Les Français cependant n'oublieront jamais Thospitalité
accordée par Guillaume P' à nos proscrits qui bientôt après trouvèrent
dans ses Ëtats isile et protection : les Nassau sont de nobles princes
placés i la tète d'une noble nation.
Au 20 mars 1815, Carnot fut-chargé du portefeuille de Tintérieur,
et dans ce poste, le plus délicat de tous, il rendit encore d'éminens
services au pays; on lui doit Torganisation de nombreux bataillons
de gardes nationales , destinés à être mnèMisés , et que la catastrophe
de Waterloo rendit inutiles ; la création de vastes ateliers de fabrica-
tion d'armes , où il avait appelé tous les ouvriers en fer et en cuivre ,
les mëcanicienA. les fondeurs de la capitale ; la création d'bôpitaus
an ntpifii.
' t '
! yiipplèmentaires; la réunion d'immense» réserves de vivres , de muaî-
ti<ms. Au milieu de ces graves travaux , nous n'oublierons pas les or-
dres qoïc le ministre donna pour que le secret des lettres fût respecte.
Le mémoire imprimé sur la situation dç la France, et qu'il avait adressa
au Roi après la première restauration , contenait des conseils utiles 1 1
dignement exprimés ; un pareil langage ne pouvait être compris par
ces mauvais conseillers qui entouraient le trOne, et qui devaient le
perdre une seconde fois.
Le mérite supérieur de Carnot était apprécié dans toute l'Europe;
en 1817 et en 1818, il refusa les ofiTres de la Russie et de la Prusse; une
seconde fois exilé de France, il voulut rester fidèle à sa patrie , loin de
laquelle il devait mourir. Carnot tut à la fois un officier-général du
mérite le plus éminent et un grana citoyen. Les écrivains de tous les
partis se sont accordés à rendre la justice la plus éclatante i sa rigide
probité. Carnot, après avoir long-temps disposé de la fortune pu-
blique, est mort pauvre et ne laissant même pas à sa famille l'héritage
paternel. Nous terminerons cette notice en rappelant les paroles
d'un contemporain : La renommée de Carnot est un de ces beaux
IHres de gloire que f Europe enme à la France.
{lfei$ dê$ Réiëetmrê )
r
DE LA DÉFENSE DES PLACES FORTES.
OBJET ET PLAN DE CET OUVRAGE.
Sa Majesté impériale et royale , frappée du peu de résistance qu'ont
opposée à l'ennemi y dans ces derniers temps» plusieurs forteresses ,
a ordonné qu'il fût rédigé une instruction spéciale , pour rappeler aux
militaires chargés de la défense de ces boulevarts de TEtat, Timpor-
tanoe de leurs fonctions et retendue de leurs devoirs , la gloire qui les
attend, lorsqu'ils ont su les remplir, et les malheurs qu'ils attirent sur
leur patrie et sur eux-mêmes, lorsqu'ils les ignorent ou les trahissent.
Sa Majesté a voulu que cette instruction fût adaptée au cours d'études
des élèves de l'Ecole impériale du génie , établie à Metz; et Elle a jugé
à propos de me confier Texécution de ce travail esquissé par Elle-même.
Pour répondre autant que je le puis aux intentions du Souverain , je
me propose de recueillir ici les préceptes qui sont le fruit de la médi-
tation et de l'expérience des matlres de l'art: j'emprunterai le plus
souvent qu'il me sera possible leurs propres paroles , et j'appuierai
leurs maximes par des exemples tirés de l'Histoire ancienne et moderne.
Tous les devoirs de l'homme de guerre, chargé de la défense d'une
place, se réduisent à deux : l*étre dans la terme résolution de périr
plutôt que de la rendre ; 9^ connaître tous les moyens que fournit l'in-
dustrie pour en assurer la défense : c'est aussi sur ces deux points qp^
[établis la division de cet ouvrage.
dk>*«(v ''i '
DE LA DÉFENSE
PLACES FORTES
PREMIÈRE PARTŒL
ft» tool militaire chargé de la défense d'une place, doil être daoa la ffaotolfoii de
périr platôt que de la rendre.
CHAPITRE PHBMIER.
L'MgitHMi de défendre IciplaeM foAei Jmqo'à
Il dernière estrémilé «I impoeée ptr lef loii
de ta diKiplioe militaire. — Faustei objee-
tioni eontre ce principe. — Un militaire n'eil
retponsable qne de reiécution des ordres
qui! reçoit. — 11 ne lui appartient d'en eu-
niMT ni les netiC^ ni les coeséqaenccs.
C'est la discipline militaire qui fait la
lioire du soldai et la force des armées,
ear elle est le plus grand acte de son
dévoaement et le gage le plos assuré
de Ufictoire. C'est par elle que toutes
iesfolontés se réunissent en une seule ;
((ne tontes les forces partielles con-
oMrent vers lu même tnit. Ainsi au-
om obstacle ne se présente qu'elle pe
PanéantisBe « aucune difficulté qu'elle
oe U aunnoote. La force qu'elle diri-
ge, tttp^Ue très inférieure à une autre
dont les parties seraient divergentes,
cDe produira tonjoura des effets plus
certains; elle finira par la détruire,
piree qu'en se concentrant snccessl-
vemeot sur tous les points de cette
dernière, elle opposera constamment
le Ifarten ftdlilo. Enfin, c'est par cette
vertu militaire qu'une poignée de
Grecs abaissa l'orgueil des rois de
Perse, qu'Alexandre porta ses armes
victorieuses jusque sur les bords du
Genge, qne les Romains subjuguè-
rent tous lea peuples du monde alors
connu.
Parmi les Français « l'obéissance
n'est point aveugle, et n'en est que
plus h^oïque : l'intelltgence dont elle
n'est junais séparée, loin de la con-
trarier, lui sert i mieux exécuter les
ordres qui lui sont donnés; mais elle
veut être établie sur la confiance et
Tabnégation qu'elle fait de ses propres
lumières, est un hommage de plos
qu'elle rend au chef qui la dirige.
JLa défense des places fortes est
peut-être la partie de l'art militaire
qui exige le plus de cette vertu sup^
rieure, parce qu'elle y brille moins que
sur les champs de bataille ; mais ceux
qui se sont consacrés à ce genre de
combats n'en sont que plus dignes
d'admiration et de reconnaissa:xe.
La discipline militaire nous ùnpoit
n
loe •- •
à tons l'obligation de défendre jusqu'à
la mort le poste qui est edufléi opire Q*
délité. Les places de guerre sont de tous
les postes les plus importans : ce sontdes
vedettes distribuées sur la frontière.
Le devoir de cçux qui les défendent
est le mèmq f\n% celvi (f uti corps d^
troupes qui serait établi dans un dénié
pour en fermer le passage , et sur le-
quel reposerait la sécurité d'une armée.
Sans doute un pareil poste ne serait
pas abandonné à l'ennemi. Nous ne de-
vons donc pas craindre que la ponctua-
nte et te 2ëte se montrent moins actlfe
dans le service des places que dans les
camps, du moment que tout guerrier
saura qu'ils y sont également néees^
saires, qu'ils n'y contribuent pas
moins à la sûreté de l'État et aux suc*
ces des conceptfM^ de Mm «ègttslê
chef, qui saura toujours les Aiiré ret*-
sortir aveô un éehit proportioniié m
dévouement qu'ils exigent.
Louis XIV, mécontent de ies gou*^
verneurs et commandans de piMM,
leur adressa la lettre circolaire rnivan-
le , qui , depuis cette époque, a tou«*
jours été regardée comme la baie des
devoirs de ceux à qui ces poètes «ont
confiés; une ordonnance semblable
avait déjà été rendue par Lodia XKf ,
comme on le volt par cette cireulaire
même:
« Traf U (le l'ailaqne et de U défense det pUcoi,
» par M. le maréchal de Vauban. »
« UowaiBra ,
» Quelque satisfaction que j'aie de la
D belle et vigoureuse défense qui a été
» faîte dans celles de mes places fortes
» qui ont été assiégées depuis celte
» a;uerre, et bien que ceux qui y corn-
» commandaient se soient distingués
» en soutenant pendant plus de den\
9 mois leurs dehors, ce que n'ont point
» failles commandant des pinces enne-
ni LA UiFBtSt
» mies, lesquelles ont été assiégées par
» mfs armes ;. ^eiïendant, comme j'es-
» time que les corps de places peuvent
f être défendus aussi long-temps que
» les dehors , et que c'est sur ce prin*
» cipe que, dès le règne du feu roi mon
» tl>ès ho|ioré seif neui* et pfere, il a été
» enjoint à tous gouverneurs de places
» de guerre, par une clause expresse
» qui s'est toujours depuis insérée dans
» leurs provisions, de ne point se ren-
» dre , à moins qu'il n'y ait brèche
» considérable au corps de la place , et
» qu'après y avoir soutenu plusletm
s assauts ; J^i jugé à propos de renou-
» vêler les mêmes ordres à tons les
ir eommandans de mes places. C'est
» pourquoi je vous écris cette lettre
» pour vous dire qu'an cas que la place
0 que vous eommandex vienne à être
D assiégée par les ennemis , mon in-
» tention est que vous ne la rendiei
» point, à moins qu'il n'y ait brèdie
» considérable au corps d'icelle, et qu'a-
» près y avoir soutenu au n^oins un as-
B saut ; et, ne doutent pas que vous ne
» vous conformiez avec tout le tèlii que
» vous avez fait paraître en toutes oc*
» casions pour mon service, à ce que je
» vous prescris pat la présenté, je m
)» vous la ferai plus ei presse ni jAtt
» longue, que pour prier Dieu qu'H'fOM
» ait, Monsieur, en sa sainte garde.
» Ecrit à Versailies, le aîxièiiM )
» du mois d'avril 1706. Loei». »
Cependant quelques mitttaires,
me très braves, se sont récHés eonlfie
la rigueur de cette ordonnanoe, et fêit
là, peut-être, ils ont Arâml wie «orie
d'autorité à ceux qui ne fherchentqM
des prétextes ponr se rendre prcunfl»
ment. Il n*est qu'uM réfMMite à Imt
rnire; c*ei^t que des «ktlitifres M saiit
point des Mgistatenrs, qu^un tinmi
de guerre n'est responsirtiie qa» ée
l'exécution des Ms( qu'il mmmwfi é
Mi »LACM FOATBi.
lesMfMndre du moment qu'il le per-
met des réflexions sur les inconyéniens
dont tontes, peut-être, sont suscepti-
bles. La guerre est un état yiolent, elle
entraîne des mesures extraordinaires
et une foule de malheurs inévitables
qu'on ne souffre que pour en éviter de
plas grands. Sans doute il est affreux
d*exposer la population entière d'une
grande ville à l'emportement d'un
vainqueur qui peut Tenlever d'assaut;
mais n'est-il pas plus affreux encore
d'abandonner à sa licence et à la dé-
vastation tout le pays couvert par cette
place ; d*exposer une armée dont elle
peot couvrir le flanc et les derrières, à
être prise à revers et k être complète-
ment détruite, lorsqu'efle touchait au
moment de recueillir le fruit de ses
travaux?
Mais c'est d'ailleurs mal saisir l'esprit
dn règlement que de lui imputer le
danger imminent de laisser passer au
Si de l'épée les citoyens d'une ville.
Ce règlement prescrit de soutenir Tas-
sant au corps de la place; mais il le pres-
crit, parce qu'il suppose que , confor-
mément aux règles d'une bonne dé-
fense, le commandant n'aura point
négligé de faire faire derrière la brè-
che un retranchement capable d'arrè*-
ter rennemi tout court , quand même
l'assaut lui aurait réussi. Ce comman*-
dant est eondamnable , non pas préci-
sément pour n'avoir pas soutenu un
assaut qui aurait pu compromettre le
saint des habitans , mais au contraire,
pour n'avoir pas pourvu de bonne
iienre à la sAreté de ces mêmes habi-
tans parla constmetion d'un bonretran-
diement qui l'aurait mis en état de
nutenir rassaot avec sécurité.
U kri du S6 juillet 1791, artide l*',
interprète la lettre de Louia XIV par
le texte suivant :
Ibiir eofftmaïubml de plaet féru at»
boàtioimUê fm (a Irniérë 4 fmnmni
avant qu'il y ait bréèH aee$sê(èU $i pro»
tieaUe au torpêdêploM, «I atant quê k
corpg iê plaeê ait êOîiiéMê eru moin* «m
Oêgaut, ii tùutefoiê it y a un reiramhe^
ment intirienr dtrriim ta hrkkt , tard
puât de mort, à moin» qu'il ne manqué d$
munit i et de vivres^
Mais ce texte ne Justifie point le
commandant de s'être rendu avant d'a«
vdir soutenu l'assaut, parce que cela ne
le dispense pas de faire un retranche'*
ment, i moins que, par quelque cir*-
constance imprévue, il n'y eât imposai-'
bili té constatée. Ainsi Tobjection tombe
d'elle-même, et la responsabilité du
commandant reste entière , sans que
le salut des habitans soit compromis.
Le coupable, s'il arrivaitqu'une place
fAt par événement emportée d'assaut,
après une résistance courageuse et
bien entendue, ne serait point celui
qui l'aurait soutenue au péril de sa vie,
mais celui qui abuserait de sa victoire.
Le premier a rempli héroïquement ses
devoirs, le second déshonore son
triomphe. Et qu'on ne dise point que
le pillage est un droit de la goerre; ce
droit n'eKista Jamais que parmi les bar-
bares: les généraux les plus recomman-
dables se sont, dans tous les temps, ef-
forcés de le réprimer ; et souvent ils y
ontréussi, ainsi que le fit M. le maréchal
de Saxe à la prise de Prague qu'il em-
porta par escalade. Il y donna de si
bons ordres, que les soldats ne com-
mirent aucun excès dans la ville II
est nai néanmoins qu'un gouverneur
ne doit pas exposer la bcurgcoisie à
une semblaMe incertiCnde; il doi
commencer par asaver les derrières
de la brèche par on bon retrapehe^.
ment, et la bourgeaiaie eHe-mèoif,
dont ce retranchement fait la sèrelé,
dett partager à cet ésard ias tftvMi de
la garnison.
M.IA DiPBNSB
iA Von Yeot avoir l'exemple d'ane
défense cpii ait rempli les conditions
prescrites par la lettre da Louis XIV«
quoique antérieure à son règne , il faut
^«^Ure la relation du siège d'Uesdin, faite
par le chevalier de Ville qui en avait
dirigé lui-^môme, comme ingénieur, les
opérations sous les ordres de M. de la
Melleraye, grand-maître de l'artillerie.
La ville d'Hesdio a soutenu plusieurs
sièges; celui dont il est ici question
eut lieu sous Louis XIII, en 1637. Les
Erança» attaquaient la ville, et les £3-
pagnob la défendaient sous les ordres
do comte de Hanapes, gouverneur. La
relation du chevalier de Ville peut ser-
vir de modèle en ce genre; comme
elle renferme plusieurs réflexions uti-
les , et qu'elle donne une idée de la
manière dont on procédait de part et
d'autre dans la guerre des sièges à
cette époque, j'en citerai plusieurs
passages^ en regrettant que les bornes
de cet écrit ne me permettent pas de
la rapporter tout entière.
« Le vendredy 20 may, l'armée s'ap-
» procha à demie lieue de Uesdin, où
» chacun prit son camp, et son champ
D de bataille. A mesme temps que ceux
» de la ville virent paroistre les nostres,
» ils mirent le feu à tous les deux faux-
«boungs avec si grande haste, qu'ib
» n'eurent pas loisir de porter rien de
»€e qu'ils y avoient laissé.
vLe dimanche 22, les tranchées
» commencèrent à être ouvertes.
h Cependant le roy part de Sainct-
» Germain le 25 may, toute la cour
» l'accompagne ; chacun veut participer
nk l'honneur d'une si glorieuse entre-
p prise. Toute la noblesse abandonne
ji Paris, et on n'y voit plus personne
» qui no soit honteux d'y porter une |
i vespée. !
n L'éminentissime cardinal duc de i
» Richelieu suit le roy le jour même. ,
» pès-lors chacun s'assure de la prise
» de Uesdin ; on ne fait plus compte du
B ses fortifications , de la force de la
» garnison, et de la quantité des ca-
nnons et munitions qu'on craignoit
» auparavant.
» Tant plus nous avancions le com-
» blement du fossé, tant plus l'ouvrage
»estoit diflicile, parce que les en-
x>nemis, outre les mosquetades, ils
x>seservoient plus advantageusement
Dde leurs arliGces; il ne leur falloit
B plus jetter si loing les grenades, les
» cercles, les pots ^ feu; ils laissoient
D rouler au long de la bresche les bom-
B bes, et décendoient avec des chaisnes,
»des fagots et des gabions couverts de
» composition et les arrestoient et fai-
B soient brusler où il leur sembloit plus
» a propos.
B La réputation de ce siège estoit si
x> grande que tous ceux qui habitoient
ttles provinces voisines y venoient
» pour le voir, et plusieurs des pays
S) fort éloignez. Monsieur le nonce du
t>pa|.e, et Monsieur l'évesque de Beau-
» vois le vindrent voir le 20 de juin ; et
» encor que leur profession ne fust pas
» de s'approcher des lieux périlleux ,
Duèantmoins ils y voulurent aller,
» puisque le roy y avoit été. Leur eu*
» riosité fut autant louée, comme Isre-
» proche fut grand aux gentils-homaiei
» du pays qui n'y vindrent pas.
» Ces jours icy, les ennemis oom*
» mencèrent à ne plus tirer tant du ca-
» non comme ils avoient accoustomé ;
x>nous conjecturAmes de la qu'Os
» avoient fautes de boulets ou de pou-
»dre; iU ménagèrent fort mal leurs
» munitions pour avoir trop tiré au com-
» mencement et sans nécessité ; ils en
B manquèrent à la fin, lorsqu'ils en
» avoient plus de besoin.
]>Les deux mines (aux bastions at->
» taqués par Champagne et Kéniont
DBS PLACBS PORTES.
ttareot toutes prestes après midi.
Moosiear le grand-maistre résolut de
ne les faire jouer qu'à six heures du
soir affin qu'on peust se loger de
joar, parce que la nuit nous estott
trop dommageable pour les raisons
que nous avons dites. Il estoit ad-
verty que les ennemis se préparoient
depuis plusieurs jours à soustenir
Fassaut, que le gouverneur Tavoit ré-
sdn, que les soldats y estoieut tous
disposez, que les artifices e^toient
tout prests , et les retranchemens
achevez. Il jugea qu'une attaque ne
se pouToit faire qu'avec perte sit^cia-
léedes nostres, et particulièrement
de quantité de gentils-hommes de
marque volontaires, et qu'il n'eust pu
cmpes'her d'y aller des premiers, il
donna l'ordre pour faire seulement
UD logement, où tout aussitôt on fe-
roit des fourneaux, pour faire sauter
peu à peu, et sans perte des nostres,
les retranchemens que les ennemis
avoient préparés.
uLes montagnes voisine:^ estoient
toutes couvertes de spectateurs , et
tout estoit couvert d'hommes. Par
cet appareil les ennemis cogneurent
que nous nous préparions à faire
quelque grand effort, bien plus que
Dous n'avions dessigné : eux ne man-
quent pas aussi de disposer tout ce
qui estoit nécessaire pour résister
courageusement. Nostre canon tire
furieusement tout le jour, la mos-
quetterie sans cesse, les trompettes
font les fanfares, tout est en mouve*
ment. Sur les six heures du soir on
met le feu aux deux mines, celle de
Piedmont fait autant d'effet que l'au-
tre, eiicor qu'elle n'eust que la moitié
de la poudre. Je croy que de celle
»de Champagne, il n'en prit que le
» la terre, avant que le feu peust aller
» jusqu'aux autres; néautmoins toutes
»les deux bresches estoient grande*»
» ment ouvertes et faciles à monter;
» mais le malheur des passages et ponts
»qui se rompirent, nous empeschèrent
»eiicor cette fois d'aller plus avant.
» Tout à l'instant les ennemis se mons*
vtreiit sur la bresche , quelques-uns^
» découvert, font leur saive, roulent en
» bas des chevaux de frise montez sur
»denx roues, jettent quantité de gre^
» nades, de cercles , de pots , et toutes
A sortes d'artifices couvrent la bresche
j» (le feu. Les mosquetades sifDent sans
» cesse de tous costez, tout est couvert
pde fumée, de nostre canon, de leurs
» feux et de leurs mosquets. Ib crient,
i) ils s'exhortent les uns les autres et té*
» moignent qu'ib se veulent deffendre
» sans crainte ; ils se mettent à travaH-
» 1er derrière la bresche , nous voyons
» jetter la terre, et quoyque nostre ca-
»non tirast furieusement contre ces
» lieux, ils ne cessoient pas de travait-
» 1er et de tirer.
x>Le vingt-huitième juin, sur les six
» à sept heures du soir, on commanda
I» de donner. Ceux de Bellefond et de
» Mondejus s'advancent vers l'ennemi
» et vont à la bresche. Le Chenoy, ca*
Dpitaine du régiment de Mondejus,
DavecDumont, se tiennent là-dessus à
y> la mercy des mosquetades qui pleu-
» voient sans cesse. Les soldats com-
» mandez les suivent, et se mettent en
y» devoir de travailler. Ceux des tran-
» chées tirant continuellement nos ca-
» nous de toutes les batteries, n'inter-
1» rompent point de tirer dans les para-
D pets et lieux ou ceux de la place fai-
» soient leurs défenses; mais cela
» n'empeschoit pas que les ennemis ne '
1» fissent pleuvoir une espaisse gresie
» en fat estooffée par l'ébouiement de
» premier fourneau et que la saucisse » de mosquetades. Les bombes roulent
» au long de la bresche, les grenades
i
frM
Bl lA DéFBMSB
ctèvent de tûm eostez , et les pierrei
foleDi parfont Les cerclai, les pots à
fea« les gabions brasians, et tous les
astres artifices couvrent toute la
bresche de feu; on ne sait on se met-
tre, le péril est partout ; les uns sont
tues des coups de mosquets, les au-
tres estropies des grenades, tous
sont blessez par (pielqu'un de ces tirs;
il n'en revient point de sauve. On
veut reconimenoer l'effort, mais ceux
de dedans n'interrompent point leur
défense ; ils se rafraischîssent les uns
après lès autres, et la résistance est
aussi paissante à la fin qu'au com*
mencement« tellement que les der*
niers n'ont pas meilleur traitement
que les pr^miers. Avant que les nos-
tres puissent oommencer à travailler
ils sont tues ou Messea, et tant plus
nous persévérons, tant plus la perte
des oestres est grande ; les ennemis
ne se rebutent pas, parce qu'ils sont
à couvert et qu'ils reçoivent peu
de mal et en font beaucoup ; et les
nostres au contraire en reçoivent
sans eu faire, et sans pouvoir advan-
oer Id travail. Jamais attaque n'a esté
plus opîniastre ny mieux soutenue.
» Il fut résolu de faire le lendemain
deux fortes attaques par les deux pas-
sages du fossé, et d'autres sur des
ponts de bois et de joncs» pour aller
aux autres lieux ruinez , â la cortine
et aux flancs, aussi rompus et aussi
aisez à monter que ceux où la mioe
avoit joues« Tous se retirèrent pour
faire w plua grand effort le lende-
main.
» Au lever du soleil , environ une
heure apràa 91e le sieur de la Frege-
Uère fut tué» un tambour vint sur la
hrescbe qui bit la ebiamade. On
cesse de tirer; il se montre, et dit que
eeia do la plaee deeaan4oient i far-
Bwwwnev»
» Les articles qu'ils prétendolealfli»
» rent portés au roy, qui en retrancha
» et ajouta ce qu'il jugea i propos ; en-
jifin, après quelques demandes et quel-
s ques réponces, ils furent oonclos sur
» le midy avec les conditions oui s'en
•suivent
s II leur fut accordé que toute la gar-
s nison sortirott le lendemain 80 juin,
» à dix heures du matin, avec lem ar-
âmes, chevaux et bagages» tambour
» battant, unseigne déployée , baUa en
» bouche et mesche allumée des deux
a bouts;
» Qu'ils pourroient emmener deux
s pièces de canon, l'une de vingt et
• l'autre de vingt^uatre livres de
• balle , et un mortier avec quatre ton-
s nés de mesches, etc., etc.
9 II sortit treize cents liommes ipied
a sous les armes, et environ cinq cents
s sur les chariots, tant blesses, que ma-
» lades, que paysans, et six«^ingta che-
svau-légers. U y avoit, outre cela,
n plus de quatre mille femmes et près
de cinq cents chariots, sans oeux que
nous leur avions fournis» charges de
meubles et de personnes. La roy les
voulut voir sortir» et parla au gouver-
neur, le loua de la deffenee qu'il avoit
foite, et lui témoigna qu'il faisoit es-
time de sa personne*
»Les nraraillea du coaté de l'attaque
estoient fort gastées» à cause des c inq
bresches qu'il y avoit, à chaque face
du bastion» une de seize toiaea d'ou-
verture d'assez facile montée» les
orillons et flancs tous lompvs el one
autre hresche à la cortine. Usas le
bastion qui estoit attaqué par Pied-
mont» ils avoient fait plusleora re-
tranchemena les uns après les autres.
Du costé de l'attaque de Champagne,
ilaestoieiit meilleurs. Un faseècreosé
dans la rampart ton! an huig de la
DES PLAGBt FOATBI.
SH
^MrvM dt rotrinchemeDl en cet en- 1
1 droit.
. » Ils avoient aussi préparé quantité
»4*artiflc6i pour defieodre la bresche,
t<|aanlilé de grenades et des bom*
»bet « des cercles , des gabions gué^
>4eFonDei et plusieurs autres sein-»
aUablet.
• Oitre eela, à chaque flanc il y avoit
» «nepiice de ranon pointée yers la bres*
mitb»^ iju'il fut impossible de démon-
»tar, i cause que les orîllons les <;ou*
»ifraieat» encor qu'on les eust telle*
V MMOt fWDpus, qu'on pouvoit facile-
» inent monter en haut. »
On voit, par oes citations, que ce
4û miit été prescrit par Louis XIH
au gooYemeurs français^ et ce qui Ta
éli dofuis par la lettre de Louis XIV,
«faiiétéoheerfé dans la défense d'Hes-
dia par le gouferneur espagnol. Il y
«rail diiq brèches an corps de place,
al il aviit trouvé moyen avec sa petite
gMiiaoo de faire faire des retranche^
aMM à ehaoune d'elles. Les assiégeons
avaiont loutilement tenté de s*y loger,
laaa avaient été repoussés vigoureu-
fam0al« et tout était disposé pour sou*
lÉnir-iu liesoio une attaque générale
dOMrtve fom, sans compromettre le
salut daa habitans.
CSepêndant cette défense est plotM
ipgB qM brillante ; elle aurait pu être
fumit beaucoup plus loin, et peut--
être l'eAt^le été, comme l'assurèrent
ha assiégés après la capitulation , si la
pmdia, qu'ils avaient inutilement con«
somiséa dans les comroencemens, ne
leur eût manqué.
. ^^Néamnolna^ puisque cette défense
salipliiik à ce qui a été prescrit depuis
p«r la lettre de Louis XIV, on peut
aDBCtasre qna le devoir qu'elle impose
a'Mtviaa oiaina qu'eieessivenneot sé«
vèaa* Xt enaffet, il est bien en arrière
da M qui aafffaliqaeit ebei les aadens.
de ce qu'on a^vu enoure dans un grand
nombre de sièges qui ont eu lieu seu-
lement depuis Charlemagne, avont et
après l'iiivetition de la poudre, du
temps mémo de Louis XIV« et posté-
neurement ù lui ; et lorsqu'on pense
que cette circulaire a été provoquée
par le maréchal de Vauban^ l'homme
le plus philanthrope peut-être de tout
le siècle d'alors, on ne peut s'empêcher
de demeurer convaincu, que cette me-
sure était indispensable , et peut-être
insuffisante. Ce grand ingénieur, non
moins illustre par ses travaux pour l'ad*
minibtration civile, que par ses exploits
militaires, ajoute, à cette circulaire
rapportée dans son Truite de la défengê
des Plaies , les réflexions suivantes.
«TrAltédèlalUqiM et de la UéfeMS dei p)tt«t.s
« La plupart des placer mal défen-
x>dues l'ont moins été par le peu de
» courage des gouverneurs que parce
» qu'ils n'en ont pas entendu la défense.
» La raison do cela, c'est que tous les
9 gouveruemeiis sont donnés ou ache--
Y>tés; roux qui sont donnés, le sont
» ordinairement à de vieux olllciers
» pour récompense de leurs services,
» sans faire beaucoup d'attention h leur
» capacité, que l'on suppose phitét telle
» qu'elle devrait être, qu'on ne la cou-
inait, en quoi l'on se trompe fort.
» Beaucoup de ces officiers, qiAin peu
»de faveur a aidés à faire le chemin,
i»ne songent guère qu'à faire leur
a cour, et à faire valoir leur goUverrii!<«
»ment, pour avoir de quoi subsister
«une partie de l'année à Paris etû la
» cour où ils résident le phis qu'f U peo-
»vent. Sont«ila obligés de venir dans
•leur place? c'est à condition de n'y
«demeurer que le moitts qu'ils pour-
1 a ront, et sur le pied d'y tenir table d^
i «jeu, de bonne chère, et d'aller en ri-
ms
VE LA DÈFKSÏÏE
site dans les environs faire des parties
de chasse* etc.; c'est à peu près tout
ce qui les y occupe : d'application à
bien connaitre le fort et le faible de
leurs places , aucune , ou si peu, que
ce peu ne les rend pas plus savans.
Très rarement se donnent-ils la peine
d'examiner le détail de lem* garde,
de Hûter les postes, ni de faire quel-
que ronde ; et quand je dirais que pas
un ne la fait au temps où nous som-
mes, je ne croirais pas mentir. Il y a
plus que cela, c'est qu'ils ne la font
ni de jour ni de nuit, dedans ni de-
hors, ni près ni loin. C'est une inap-
plication générale à étudier leur forti-
fication, et leur usage, le rapport que
les pièces qui la composent ont entre
elles en général et en particulier; les
protections qu'elles se peuvent ré-
ciproquement donner; les chicanes
dont elles sont capables: le mal
qu'elles peuvent faire à l'ennemi,
tant qu'elles sont en notre pouvoir, et
celui que nous en pouvons recevoir
quand nous les avons perdues. Ce
sont toutes choses qu'ils devraient
savoir parfaitement. Cependant je
puis dire que de tous les gouverneurs
que j'ai connus, j'en ai fort peu vus
qui se soient donné la peine de s'en
instruire. Ce qui fait que peu d'entre
eux entendent les accessoires de leur
défense, l'usage qu'ils pourraient
faire ée leur fortification, si elle était
bien entendue , et jusqu'où se peut
porter une tx>nne défense. Ils ne sa-
vent jamais juger sainement du degré
de force ou de faiblesse où ils se trou-
vent pendant les accès du siège. Pas
on n'entend le ménagement des mu-
nitions, ni de quelle quantité il en a
besoin, ce qui fait que tous font des
demandes fort extraordinaires, et que
quelque quantité qu*ils en puissent
avoir, ils en manquent tôiyo«rs»|
i qu'elles son t la plupart dissipées
9 et très mal économisées.
>» On peut dire la même diose des ar-
» mes de rechange, à quoi ils nefont pas
» grande attention avant que le besoin
• les presse. Ils savent encore miMos le
» nombre et la quantité de troupes qui
vleur sont nécessaires; jusqu'à quel
9 point et comment il les faut ménager
» dans un siège, pour ne les pas expo-
»ser mal i propos: la même chose de
» l'usage de leur canon. Tous attendent
»à travailler à leurs retranchemens
» jusqu'à ce que rennemi les presse ;
«c'est-à-dire, quand il n'est plus tea^is
» de le faire, par la quantité de booleCs,
i»de bombes et de pierresqui plenvent
»de tons côtés sur les pièces atla-
X» quées ( qui sont celles qu'il findraf t
» avoir retranchées de bonneheure), ce
» qui leur cause pour lors un empèche-
» ment qu'ils ne sauraient plus sonuon-
» ter. Rien n'est donc plus conumin
«que de voir des gouveroeors qui,
n'entendant point la défense de kmn
places, y font des fautes très gros-
sières ; le tout, parce qu'ils ne s'y aoiil
pas préparés, faute de résideoee,
d'étude et d'application. De là sott
nécessairement l'étonnement et l'em-
barras où ils se trouvent quand ils se
voient assiégés > ce qui produit pres-
que toujours une très mauvaise dé-
fense ; au lieu que s'ils demeuraient
plus assidûment dans leurs {riaoes.
qu'ils s'appKquassoit à les bien con-*
naître, en y employant deux ou trois
heures de temps par jour ; qu'ils en
fissent souvent le tour dehors et de-
dans; qu'ils consultassent ceux qui
les viennent voir, et qui ont la lépo»
tation d'y entendre quelque diose ;
qu'ils en fissent des extraits reiatiCi i
un bon plan, ils pourraient, dans ne
année ou deux de temps, ae rendra
capdilea et trèssavans. Spneeette ap-
M» FUkCtt mWTBft.
MS
]4ieilioii^« mn faomne oonuBandera
fort bien dii années de temps dans
une iilace sans ntfenx la connaître
que le premier joor. Ce qui est id re-
proché anx goaYemeors se doit ap«
pliqaer anan aux lieutenans de roi et
majors, qoi sont pour Tordinaire les
second et troiaièoie commandans de
la place. »
Plus loin, M. de Yanban s'exprime
de la manière suivante :
c Entre ceux qui défendent mai les
places , on pourrait mettre les offi-
ciers-généranx et commandans parti*
culiers qn'on y envoie dans l'attente
d'un siège, pour suppléer au défaut
des gouverneurs du savoir-faire des-
quels on se défie. Ceux-ci n'ont peut-
être jamais vu la place dont il s'agit
que cette fois-*là ; coomie ils ne la
peuvent pas connaître en si peu
de temps, ils sont sujets A commettre
de t^ribles fautes, ce qui ne leur ar-
rive que trop sonvent. D'ailleurs, le
gouverneur, qni est toujours fâché de
ce qu'on lui donne un maître , ne
s'ouvre à lui que le moins qu'il peut :
il ne lui donne pas grande connais-
sance de ce qu'il pense, et tout cela
concourt à la perte des places, de la
défense desquelles l'un et l'autre s'ac-
quittent fort mal. Après quoi, et lors-
qu'ils sont dehors, on les voit se ûé^
chaîner contre elles, les décrier et
leur imputer des défauts qu'elles
o'ont point et que la plupart ne con-^
naissent pas. Faible moyen pour ex-
cuser leur ignorance, pour ne pas
dire leur lâcheté!
sU serait à souhaiter que les gou-
vememens des places ne fussent don-
nés qu'à des officiers dont la capacité
dans la fortification et le service de
Tinfanterie serait entièrement con-
nue ; elles se défendraient tout au^»
trement qu'elea pn le font atyouT"
dlmi, oik les meilleares el les pins
exactement fortifiées ne font guère
ptas de défense que les médiocres.
Q«and Menin , Tune des bonnes plan
tes du royaume, s'est rendoe, je me
suis laissé dire qu'il y avait encore
deux demi-lunes à prendre , les des-
centes du fossé à faire, un flanc de la
place qui , n'ayant pour imposer que
l'inondation , ne pouvait être battu ;
ce flanc défendait le bastion le plus
endommagé de l'attaque. Celui de la
droite ne l'était que très peu : plus
de réflexion et de connaissance de
la fortification aurait fait valoir ces
deux demi-lunes, toutes deux fort
bonnes et très bien revêtues, et nous
auriut épargné la honte d'avoir per-
du une aussi bonne place en si peu
de temps. 11 faudrait exiger des gou-
verneurs , pottr empêcher des exem-
ples de cette nature, un projet de dé-
fense, après qu'ils auraient fait un an
ou deux de séjour dans leurs places ;
ce projet servirait à faire connaître
leur capacité dans la défense. La né-
cessité de le dresser et d'en rendre
compte eux-mêmes les mettrait au
moins dans l'obligation de donner
quelque application à leur métier et
d'étudier la fortification. Si, après
plusieurs projets de défense , on ne
leur apercevait aucune capacité, an-
cane connaiasance de la bonté de
leur place, et de la défense que
peut faire chaque ouvrage en parti-
culier, il faudrait les priver de leurs
emplois. On sait assez le bien qui ré-
sulterait d'une pareille chose, sans
qu'il soit nécessaire de l'expliquer. »
On voit, par ces réflexions du maré-
chal de Vauban, qu'il attribue, et sans
doute avec raison, la mauvaise défense
des places à l'ignorance des comman-
dans plutét qu'au manque de courage.
En effet, un commandant qui a m
m
M Là vkmmm
i'enMDii s*an^ffodicr m pM é» Jours
» eiilMidrt au goitiranieim ^Ih ne
at presque sao» dtf§oillté« da la qiieae | »AoNrenl Jamais taintiilar, «1 411a «f ast
^•8 tranchées Jusqu'au bord da foené ,
malgré toute rartilterie das reaq^rts ,
«'imagine , en voyant eeUe értiliarie
•ntièrement démontée ol sas feux
fiTiesque étants, qu'il ne faut plus à
l'assiégeant quo quelques heures pour
aborder le corps de place ; et , effrayé
du danger que courent la garnisott et
la bourgeoisie, il n'ose tenir darantage«
c'est-à*dire qu'il se rend lorsque la vé-
ritable défenae &a fait^ pour ainsi dire,
. que de commencer; il n'est pas en état
de rassurer les autres^ poiscfue lui-^mé^
me il n'a plus dç eonfiaoca daos. ses
propres moyens. Il an serait tout au-
trement, si le cbaf connaissait les res-
. sources que lui offre sa situation , s'il
avait su économiser ses muoitions« s'il
savait ordonner un bon retrancheoMnt,
faire des sorties à propos, employer
les contrennines et les foogaces.
Remarquons bien que ee prétexte ,
fondé sur le danger auquel un assaut
au corps de la place expose les hebî-
tans, n'a pas même lieu pour les cita-
delles, forts et ahAteaui, où il n'y a
^ point de bourgeoisie, et qui compo-
sent, à eux seuls, la plus grande partie
des postes défensifs : la garnison y est
comme dans une redoute, fermée et
fortifiée avec le plus grmd soin, parée
qu'elle doit servir de point d'appui à
m corps d'armée. Or, quel est le miH-
toke qui pourrait aotMdre parler de
capitulation dans Ud pareil poste? Cest
la poste d'honneuTi à'eat le paaiage das
^nîermopyies; et que dirait aujour-
d'hui l'histoire, de béonidas et de ses
ln»ia oceti SpurfiatasY s'ils eussent ca-
pitulé?
. a J'avais résolu (dtt le ehevaHer de
w Ville dam son ehapltre des Gapituln-
alioHS et Redditiofia des places) de ne
aipaint mettra au uhapitra , pour faii^
aœluy ^auquel Us doivent nnins étu-
»diér ou savoir ; touleféis^ pafce qu'il
» peut arriver qu'après unu ndsoimable
» résistauee^ hè prlnou vun^qu'av ren-
a de hiflacé po«r piusieusi oousMéra-
atiMs qu'îl'paul avoir ^ et iMea qu*à
)» la fin le lieu et la terre manquent
•pour Se rattunâieri oli qu'oh «'a plus
n de soldats pour se deffendr«y oti des
m ftnnitioils pour tirer, ou des vivres
pom" se nourrir^ 00 est coiftraiut de
capituler^
9 C^est nue elrnse bien oertaine, que
jÉmaiaou nërefhse compositimi lors-
qu'on la demande^ «n quel état qu'on
soit^ et que le gouverneur est bien
phis estiiiié^ et a plus d'honneur d*a-
voir mauvaise composition peur s*cs-
tre trop Weft deffcndu, que de se
rendre trop tAt pour avoir quelque
avantage : e'est en quoy ptusieurs
gouverneurs mal expériroeiités ont
failly et se sont rendus htfanMw, eux
et leur postérité , pour n*fi«oir pes
souCcuu autant qu'ils dovoient , de
peur que l'ennemy ne leur feroit
pointpartyy s'ils se deflfendoieni jus-
ques aua derniers iravauXi Féhqne
nous avons vu plusieurs Mre celle
faute. Je pourrofs donner cet advrs ,
que Pennemy, quelque force qu'il
aye, ne peut prendre une place mé-
dioerement fortifiée, naia hiefr dcf-
fendue ; qÉ^M n'y vieftoe pied à pied
avee le tein|», ai que rattaqu« a tous
ses ordres et sa suite, oamme nous
avons cy-devant eScrit» Il dut que
l'emieray se campe « ft^se ses batte-
rles et tranchées^ force les dehors et
centr'escàrpes , rompe les duffences
et lianes, passe le fosses, fasse jouer
ht raine ou fasse bresehe avec le ta-
Bon } et après cela , qu'il se loge là-
dedafi(<i a^ rende luaislre ilr a raiTMi-
ftlfciMMiM/<h|tfwéflmiër tofgdaven
B-noÉr mM TCfa' à eotiipoflition très
»lMtaarablft« «m la gloire des'estre
vdtoflfemla ▼«ilUnninent, «era loué deft
» ennemis et esUmé de son prince^ »
-■ «t M n'aiiprdttrénii jamais (dit M. de
«fénqBièréa) la conduite des gotirer-
HiMiM <fBt croient se devoir ménager
#OM cflipitaiatkni avec ce qu'on appelle
i»ltadriëoMnl des marques d'honneur,
• qile Je mdns fort que les fautes dans
«ûl défense ou la capitulation préma^
• %ihM ne leur aient acquises^
-nié tiens eèë marques d'honneur
^bfNMtf f érItaMes itiatques de bonie^ et
nje crais qne raitaquant est bleA plus
vMapoaé-è traiter avec des marqués
-ndritenneur un goureriieur qui lui dis-
if piMe tout son terrain arec capacité et
ufaleor, et qu'il toit encore eh dispo-
•aitioo de hii vendre bien ober ce qui
• Ucd rester que non pas celui dont
nhi défense a été sans capacité et sans
•▼rieur, et qui par conséquent n'aui^
mérité l'estime de l'ennemi. »
La flondusion précise que nous tbe-
de ce chapitre, c'est qu'un officier
de la défense d'une forteresse ,
M ne senge qu'à mettre sa responsa-
bilité à couvert, peut se borner à la
riritte exécntion de ce qui est prescrit
fÊT la^drculaire de Louis XIV; mais
que 8^U veut marcher sur les traces des
taune d'Arc, des Bavard, des OUiSM,
daa OhamiUy4 il ne se contentera pdiot
db pmrrflre sur la brèche une fois pour
h fortne; II en chassera vigoUrense-
aent l'ennemi autant de fois que ce-
W^si oai»i s'7 présenter ; il emploiera
toat ee que le courage et l'industrie
lénnis pourront lui suggérer pour ra-
iwiUf et détruire les travaux de l'assié-
f/tênli II se bâtera de faire de solides
tirtrancheméns dehîëre les brèches, et
fluBleurs les uns derrière les autres ; il
las défondfi tous suecesslyement avec
M phM gfande obstination i et enSli H
ne fn'oposera de capitulation qne lonh-
qu'il n'eu restera plus qu'un, «fest-^^
dire lorsqu'il verra que cette capitula*
tion est devenue nécessaire au saltit
des habitans, et qu'il pourra dire^ com-
me François I" : T(m$ m ^du,
f^ i'Aoeiurer.
.1.
CHAPITRE II.
CNblIlièlieii ih dSftnSrsIés plttes fortes )MI|ii'à
Il derniers èitréallé, Mdfirdiée par l'fan-
portanee de cm poiiiU mflilairef . — Que In
forteretief ne te pUcest point an bâtard. — -
Qa'éllea forment nn grand eniemble, dont
tooiè< les patiiéi sont liées entré elles, et aVéc
le syitêotto géséralde là gaerrè. — Que cet
sflseMble peut être etitlérement rompo; las
plus grands projeu dëconcarlés et la aùreié
de r£tat compromise, par la mau/atse dé-
fesse d*ane seule tbrteresse.
Tout militaire, chargé de la défense
d'une place forte, connaît maintenant
ses obligations : les premières lignes
de cet ouvrage ont dû l'en instruire.
Nous pourrions donc passer de suite
aux moyens de les remplir , c'est-
à-dire aux moyens que fournit Tin-
duatrie pour prolonger la défense aussi
loin qu*elle peut aller^ Hais il est satis-
faisant pour un brave de savoir que
son dévoùment n'est point inutile à «a
patrie , et qu'en exposant sa vie pour
elle 4 il lui rend un service signalé.
Noos allons donc faire voir que les
points fortifiés, dont la défense obsti-«
née est si rigoureusement prescrite,
doivent être en eflet défendus avec
cette ténacité, pour la sûreté intérieurs
de l'État, et le succès des plus grandes
entreprises militaires.
Les forteresses ne sont point distri-
Me
DB LA tNtMMBB
boéet au htflard sur ime frûnlière; et-
les fonnent un grand ensemble, dont
toutes 1e& parties sont liées entre eUes,
et avec le système général de la guerre.
U en est c|oi ont un objet spéeiai et
détermioéy.quoiqu'ielles tiennent tou-
joitfs, à certains égards , au système
général, comme celui de meUre à IV
*bri d*insulte un port de mer, un grand
arsenal, un entrepôt considérable de
commerce ou de subsistances, une co-
lonie lointaine. L'importance de sem-
blables positions n'a pas besoin d'être
démontrée.
D'autres ont pour <ri>jet d'arrêter
rinvasion de l'ennemi, et de garantir
d'une attaque imprévue : telles sont
celles qui sont placées sur les grands
débouchés, les routes principales com-
muniquant du dedans au dehors , les
gorges des montagnes qui peuvent
servir de routes, l'entrée et la sortie
des rivières navigables, les lieux où
les fleuves qui bordent la frontière of-
frent des passages commodes, les
points de la cAte marithne facilement
abordables aux flottes ennemies. Il est
clair que la défense de tous ces points
est tellement importante, que les omis-
sions commises à cet égard pourraient
entraîner des désastres qui seraient
ressentis jusqu'au corar de l'État , et
répandraient l'alarme jusqu'aux extré*-
milés de l'empire.
U est des places dont la destination
principale est de couvrir les flancs et
les derrières d'une armée active qui
s'éloigne hors des ih>ntières , sur la
confiance que doivent lui inspirer ces
points d'appui, soutenus par des gar-
nisons proportionnées au service qu'ils
exigent. Si une pareille place étmt
emportée, l'armée active se trouverait
entre deux feux , la retraite lui serait
coupée; et, au moment peut^tre.de
forcer l'eaneiBi à conclure nne fan
kNig4eiii|is désifée^<€i|eae.vtrraitelle-
même exposée à la néoeastté de tran-^
siier pour son propre salot, ou 4le ae
faire jour, l'épée i la maîn« au nsilieii
des plus grands obstacles.
Dans daufares forteresses sont éta-
blis les dépAts de subsintances et les
munitions pour subvenir aux besoins
des armées, soit dans le cas d'une
guerre défensive, soit lorsqu'elle doit
servir de magasin à une armée active
pour se porter en avant Une sembla-
ble position, enlevée par l'ennemi, est
un des évènemens malheureux les plus
difficiles k réparer.. On aura épuisé au
loin toutes lea ressonrees du pays pour
les mettre en lieu sûr et pour alimeo*
ter l'armée. L'ennemi arrive» obligé
de tirer lui-même avec la pins grande
difficulté ses subsistances de see pit>*
près magasins , dont un des premien
points de la guerre est de s'attacher à
lui couper les communications ; au lieu
de cela, on lui abandonne ceux qu'on
a pris soi-même tant de soin à former ;
on lui fournit les moyens dont il man-
quait de pousser la guerre en avant;
on perd de son côté les moyens d*opé»
rer; on se réduit a i'ioacUon et à la
détresse.
D'autres places ont pour objet de
servir de retraite à une armée qui au-
rait pu recevoir un échec,, et à. en re-
cueillir les débris. Si ce re&ge est en-
levé, que deviendra l'armée? Elle sera
poursuivie sans pouvoir se raUier; elle
se trouvera dispersée de tous o&léa, et
détruite partieUement
Enfin la plupart des places fortes
remplissent à la fois plusieun destina-
tions; partout elles assurent les com-
munications, toujours ftikuportanteai
la guerre, et les rendent très diAsHtt
pour l'ennemi. On les établit toujours
pour en faire les points de réunion du
plus «raud nombre de routea» de th
m» WtÂlEÊS^BOlUt».
&1V
Tières et d6 camnx : ce sont des points
eentnAiz , d*oà partent tous le» mon-
temens ; si ces points viennent à être
eoleyés, l'ensemble est rompu, et une
trouée faite intercepte; les secours mu-
htel»; reonemi pénètre jusqu'au cœur
ie l'État, et c'est alors qu'il faut re-
tooquérir son propre pays^
Des places fortes., établies de dis-
tance en distance sur un fleuve qui ,
comme le Rhin, sert de limite a l'em-
pre, rendent l'attaque sur cette partie
de la frontière comme impraticable à
Fenoemi, et excessivement dangereuse
pour lui ; car en occupant les lieux les
plus commodes pour le passage , elles
ie reodeut très diiBcîle à l'ennemi , et
eu supposant que ce passage lui eût
réussi» elles l'exposent toujours, s'il
veut continuer son invasion, sans
peudre d'abord ces places, a être
poursuivi sur ses derrières et séparé
de son propre pays, ou à une diversion
parées places . ellefr^roêmes , qui sont
des passages tout faits ; et si reunemi
veut s'emparer d'abord de ces places ,
elles lui offrent de grandes difBeultés,
parce que le fleuve, séparant les divers
quartiers de l'armée assiégeante, les
expose à être aurpris et battus succes-
sivement
Les places fortes en génèrd , kHih
qu'on peut compter qu'elles tiendront
laDg4empa, offrent de grands moyens
pour faire diversion, parce que, pen-
dant les longues opérattions du siège
entrepris par* l'ennemi, on a ie temps
de Eaire ^ne expédition dana son pays
même , par un autre point, d'y porter
la terreur, et de reveoir encore lut
faire lever Iç siège, s'il ne l'a pas déjà
abandonné pour venir à la défense de
ses propre^ foyers»
Celui qui aun bon cordon de forte*-
ressea est .toujours maître d'accepter
oq dereAiser la l^taille. H y jette (put
ee que la campagne environnante a pu
fournir de subsistances, et se retire avec
son corps d'armée , sous la protection
de ses places intérieures , se contenu
tant de harceler reunemi. Alors, si
celui^ veut pénétrer, il ne pourra
réunir les vivres qui lui sont nécessav»
res pour rester en masse ; il sera obligé
de se dls^miner pour s'en procurer
au loin ; on pourra l'attaquer en détait,
et quoique plus faible que lui, le com*
battre toujours avec avantage.
L'ennemi qui veut envahir on pays ,
entouré de plates fortes , ne saurait
dissinmler bng-tempsses projets; il ne
peut pénétrer sans faire d'abord une
trouée. Les sièges qu'il est obligé d'en-
treprendre pour cela exigent de grands
préparatift en matériel , et des mou-
vemens de troupes qui Indiquent faci-
lement le but de ses entreprises. S'il
prend une de ces places de première
ligne, il y emploiera le temps de fa
campagne ; et, au commencement de
la campagne suivante, il y trouvera
toutes les ressources de l'assiégé réu-
nies vers le lieu de la trouée commen-
cée; et, si la résistance qu'il peut pré-
voir M fait ehanger de projet, la place
qu'il aura prise ne lui servira plus de
rien ; il aura consumé inutilement son
temps et ses moyens.
Les forteresses dispensent d'avoir
toujours l'armée active totale sur pied,
perce qu'en arrêtant le premier chot
del'eflnemi, elles donnent le temps de
rassembler les forces. Il suffit que les
cadres soient formés et que l'organisa-
tion en soit arrêtée. Sous ce rapport,
elles oflRrent de grands moyens d'éco-
nomie, en hommes, en objets de con-
sommation et en argent ; elles mettent
même les hommes de nouvelle levée
en état d'être presque aussi utiles que
les vieilles troupes , parce que des
milices nouvéHes peuvent tem> garni.
518
M lA wtwwmm
$on dans les places de seconde et troi-
sième ligne, et s'y former an service,
pendant les délais et les chances cpi'en-
Uaine la résistance des places de la
première ligne; elles peuyent même
faire plusieurs parties do service dans
les places attaquées.
Il est des forteresses dont l'objet
est plus circonscrit, et qui n'en sont
pas moins importantes par leurs po-
sitions ; telle est la ville d'Elseneur,
en Danemark , qui , par les contribur
tioos qu'elle impose bslx vaisseaux de
commerce qui traversent le Sond , se
trouve être un objet de revenu pour le
souverain qui la possède : telle est la
fbrteresse de Gibraltar, qui donne aux
Anglais la faculté d'empêcher qq'an-
cune autre puissance en guerre avec
eui poisse passer par le détroit sans
une escorte considérable , et qui leur
procure un asile contre les gros temps
ou les suites d'un combat livré daps
oes parages éloignés de leur nuHro-
poter
On se détermine quelquefois à lor«-
tifieroD point, moins par les avanta-
ges directs qui en résultent , que sim*
plement pour en priver l'ennemi;
d'autres fois on est invité à placer qn
fort sur nn point déterminé , unique--
ment par son site heureux , et oofune
po}u* achever ce que la nature a com-
mencé. Mais souvent il est teiie place
qui parait peu utile, et qui, par des cir-
constances imprévues, peut devenir
un point de la plus haute importance ;
telles sont, en général, celles de la
troisième ligne, qui peuvent sauver
l'Etat, si l'ennemi, ayant épuisé tous
ses moyens pour enlever celles de la
première et de la peconde qui la oom^
vraient » se trouve hors d'état de Intr
ter contre les dernières ressources que
la durée de leur défense a donné i l'as-
siégé )e jtemps d'y aenumiier.
Tniié ds U savsié 4ci VUI% per k
forumKS.
La petite place de La Fère Ht perika.
par sa résistance, i Henri IT, rtaqp
tante ville de Calais ; « Henri I?, il
» Maigret , voulant entrer en Ptandië,
» assiégea La Fère, pour neUaMrai-
B cune place derrière soi : par U, fir-
» chiduG Albert eut le temps d'unir to
» forces, et bien qu'il ne pM forcer lèiil
» i lever le siège, il y fit entrer un fh-
» cours , par le fameux George BmiIi
n pour en prolonger la défense , et Aà
» alla attaquer la ville de CaMs, ^
I» était d'une plus grande conséqoMS
» que celle de La Fère ; ilyretrandnd
» bien ses quartiers, qu'il ftat impoal
» ble aux Français de la secourir, û
n enfin il l'emporta d'assaut.
» Qui arrêta (continue le mêmeaih
» teurjlesprogrèsqu'AnnihalfUsaiteOi*
1^ tre les Romains , si ce ne ftat la Isa-
» gue résistance que firent Spolette Si
» les autres petites places qu'il attaqaaT
» Qui conserva la Flandre an roi fE^
» pagne après la perte de la bataille le
» Nieuport, l'an 1600, si œ ne ftarent Is
» forteresses? Les Hollandais remporté*
I» rent bien la victoire, et demeurèndt
» maîtres de la campagne, mab pair
jt cela ils ne se rendirent pas mrfiras
» de la Flandre, et n'y gagnèrent pM»
» pour ainsi dire, deux pouces de ti^
» rain. 6'il n'y eût point eu de ferlai-
» resse en Piémont , après la batarta
» de la Marseille, en 1098, il s^en as-
» rait sairi la perte du reste dés lEtÉb
» du duc de Savoie. Le gain de edft
» de Fleunis en 4600, de Nervinde éÉ
»1693, etc., aurait rendu Lonfs XI?
» maître de toute la Flandre. »
Chacun sait que depuis cette époqM,
la Flandre française, qui a conservé ses
places, a résisté à toutes tes attaquai,
sans que les ennenis, malgré leurs
DBS PLACES FORTES.
510
nccjte en divers temps, aiept jamais
)9 l'eatamer; que la Flandre autrl-
liiieniie, an cootraire, où, par une
aime politique on les avait la plu-
Nirt abandonnées, a été conquise pour
onjours par les Français, après deux
If ^ trois batailles gagnée; et qu'en-
Ifl^ J4 Hollande, qui était hérissée de
i^ùfs fortes, devant lesquelles la
fWSOTCe de Philippe II et celle de
jQ^ia XIV avaient successivement
4|9Qé, a été également conquise par
ap ^r^Dçais en une seule campagne,
ifipr les avoir négligées et dépourvues
Tapprovisionnemens : exemple frap*
•p( e( i jamais mémorable, et de
bppartance des forteresses, et de la
^nMSité de les tenir toujours munies
Q ce qiM doit servir à leur défense!
ITaici comment s'exprimait, au su-
4 iieê places fortes, un duc des Ursins,
Àome, sur la place du Capitoie :
yiê da duc d*Albe.
«JjDnqoe Rome triomphante se
voyait maîtresse du monde, lorsque
ifia années, on plutdt la profonde
I Sf^miMion de tous les peuples ne lui
rbjpaient rien à craindre, elle se for-
» liftait, non qu'elle eût peur, mais
»1QWF s*ôter tout sujet de craindre;
»4|hl que li l'occasion s'en présenUit,
»^ ràt du moins une retraite au mi-
ilkni -d'elle-même, où elle pût se ga-
»rmlir des revers de la fortune, et
»dopper i la victoire le temps de se
»4|icUrfir pour elle. Considérons seu-
I liment que le grand Alexandre vit sa
I fortune sur le point de l'abandonner
» davant Tyr, et que Home victorieuse
» HO fit rien devant Numance. Quelque
»ilflive8 que soient les peuples, quel-
»qae infotigables qu'ils soient, s'ils
»n*giit pa^ des villes fortifiées, leur
9 puissance tombe bientôt, et on peul
D la comparer à ces masses prodigieii-
Dses, qui n'ayant rien de solide, se
p détruisent en peu de temps. C*esl
D ce que rexpéricnce de plusieurs siè-
D des prouve indubitablement. D'ail-
» leurs, quand une fois la consternation
i> s'est emparée des esprits dans une ar-
» mée, son ennemi la bat toujours en
prase campagne; mais trouve-t-elle
» un fleuve derrière lequel son général
D puisse la camper, elle reprend cou-
» rage et repousse bientôt son ennemi.
» C'est ainsi qu'on arrête un vainqueur ;
» mais si Ton peut se jeter dans une
x> bonne place , c'est alors que ce vain-
» queur cesse de l'être, et souvent blan-
» chit. Le vaincu a tout le loisir de re-
éprendre ses esprits, il le fatigue et
• l'aflaiblit par de fréquentes sorties,
»ou par des assauts vigoureusement
a soutenus, et lui fait employer un
» temps considérable , pendant lequel
a il remet sur pied d'autres troupes et
» fait venir de puissans secours qui rui-
anentcet assiégeant, soit en lui cou-
> pant les rivières, soit en forçant ses
h lignes. Combien de grands capitaines
» ont échoué devant un chAteau bien
» fortifié ; combien de belles et puis-
usantes armées se sont entièrement
» ruinées devant les remparts d'une ci-
» tadelle ! Elles ont alors à combattre
1» non seulement le soldat, mais les in-
» jures de Tair, le froid et le chaud , les
» pluies, les neiges, la grêle, la disette,
0 les maladies, le désespoir. Qui ne sait
a quels avantages les impériaux retirè-
» rent de la prise de François i", qui
»ne tomba entre leurs mains, que
9 parce que Pavie, bien fortifiée et bien
» défendue, l'arrêta long-temps. Char-
» les-Quint, presque toujours victorieux
0 en rase campagne, trouva devant Mar-
» seille et devant Metz , les bornes de sa
a victoire et de sa fortune, et fut obligé
w àe lAcher le pied après une perte ^^"^
considérable. »
CHAPITRE m.
Lbi men^cef de rennenii . tes bombardeawos,
les surprises, les atuquei partielles aonoo-
cent ordioaircmeni Timpuissance où il est de
former une attaque regalière. Tous ces
moyens doiYcnt être repoossét aréb mépris.
H n*est aacan militaire, sans doute,
qui ne soit bien convainca maintenant
qu'en obéissant à la loi qui lui prescrit de
défendre son poste jusqu'à la dernière
eitrémité, il remplit un devoir impor*
tant envers sa patrie ; ainsi on le trou-
vera toujours disposé à repousser de
son énergie les plus violentes attaques.
De quel œil une garnison valeureuse se
verra-t-elle*donc insultée par de sim-
ples bravades, par de vaines menaces
qui décèlent presque toujours l'impuis-
sance de former un siège régulier?
Si l'on réfléchissait sur les immenses
préparatifs qu'exige le siège en forme
.d'une place lorsqu'elle est bien défen-
due , on serait rassuré par un triple
rang de forteresses , telles que celles
dont la France est entourée ; car à peine
l'ennemi en aurait-il pris une, en la sup-
posant vaillamment défendue, quMI ne
lui resterait plus de moyens matériels,
au moins à proximité, pour en atta-
quer une seconde, et encore moins
ine troisième. Il est donc tout simple
qu'avant de s'engager dans une pareille
entreprise, il essaie tous les moyens de
parvenir plus promptement et plus
économiquement à son but. Ainsi , il
fait jouer d'abord les ressorts de la ter-
reur, de la surprise, des attaques de
vive force, de la corruption ; il entre-
tient des intelligences dans la place, il
Y fomente de^ divisions, il pardi yse les
^ . ... i j.. ^ dedans par la défiance ; il M^
ploie au dehors un appareil fictif de
troupes et d'artillerie; il menace, il
bombarde les habitans, pour que Té-
pouvante et la confusion les portent k
se rendre de suite.
Sans une grande prévoyance de la
part des chefs pour prévenir un sem-
blable désordre, sans une vigilance
extrême pour dépister dès le principe
les mal-intentionnés, sans la plus vi-
goureuse fermeté au milieu de la crise,
le danger de perdre la place dans ces
circonstances, est souvent plus grand
qu'au moment même d'un assaut au-
quel on s'attend , et dont la défense est
préparée; ce danger pourtant n'est
réel que par le défaut d'ensemble dans
les mesures, et parce qu'on ignore que
les préoiutions les plus simples suffi-
sent pour dissiper ce nuage. Les places
de Lille , de Tbionyille , de Landau ,
nous ont donné un bel exemple de la
conduite à tenir en pareil cas, au com-
mencement de la révolution , et lors-
que ces sortes d'attaques étaient, pour
ainsi dire, encore toutes nouveUes pour
nous.
Mais les expéditions de ce genre nous
ont mieux réussi qu'aux ennemis; car
il n'était presque aucune de leurs pla*
ces qu'on ne pût enlever au moyen de
quelques bombes jetées, en y joignant
la menace d'en jeter davantage. On
pencha donc alors pour l'opinion dn
maréchal de Saxe, qui ne veut de f<Mr-
tifications que dans les UeUx oà il n'y a
point de bourgeoisie, c'est-à-dire que
M. de Saxe ne voudrait que de simples
camps fortifiés dans les lieux oà l'on
n'entretiendrait que de la troupe ré-
gulière, pour qu'elle puisse se défendre
à toute extrémité, et faire des rétran-
diemens succesrifs, sur toute l'étendue
du terrain renfermé dans l'enceinte.
Ce «ystèpie mériteraft d'être discuté,
BBS PLACRt vowni»
•"il était qwsnoB ae construire de nou-
yelles places fortes ; mais on n'ira pas
détraire ce qui existe pour s'établir
8ur une nouTeUe base qui a anssi ses
\ inconvéniens , ainsi que l'a jadicieu-
sèment observé le général d'Arçon.
Void comment il s'exprime à ce su-
jet:
GeoskléntioBs mflluîres et polUlques sur les
fortUleaUeDji.
tOn dira, par exem|)le, q&h^n fna-
snièredont on attaque les places au-
» jourd'hui, avec des moyens d'artillerie
«monstrueux, des bombes foudroyan-
» tes, des projectiles incendiaires, des
> pluies de pierres et de feu, etc., il
•n'est plus permis en cet état de
> choses de faire participer les citoyens
>des villes à ces désastres; que la
» masse des habitans, dans les villes
iplus ou moins peuplées, pourrait se
> soulever et forcer la partie mili-
i taire à des redditions prématurées ;
» qa*en conséquence il faut abandonner
> toutes les communes fortifiées, raser
»ce8 remparts qui leur attirent tant
»de calamités , se pcnrter en des lieux
» inhabités, y élever des fortiQcatioos,
» et fonder ainsi des places toutes mi-
Blitaires et rien que militaires.
>tLoin d'aifaiblir l'objection, je ne
isaissielle a été présentée sous des
i dehors aussi favorables ; quoi qu'il en
»9oit, ces assertions paraissent assez
» fortes pour mériter un examen. Nous
» observerons d'abord que les parti-
»sans de cette opinion ont, peut-être,
»trop aflecté dégrossir la sonmie des
•calamités auxquelles les villes assié-
»gées se trouvent exposées; que ee
B n'est pas d'aujourd'hui que l'on pra-
» tique l'tt^ge des bombardemens et
•des matières incendiaires; que ces
•moyens de do^tnictioo furent ap«
» denneraent ti^ acoromités ; ce qoi
» n'empèeha pas que« du sein de ces
I» villes embrasées, on ne vit sortir les
«plus vigoureuse!»^ défenses ; que,
Ddans ces temps-là, on savait très bien
)> pflo'er et remédier à ces acddens, et
» qu'a l'avenir les progrès de l'industrie
» conservatrice, dont nous parlerons i
»la suite, fourniront, pour s'en garan-
A tir, des ressources bien autrement ef«
» fectives. On observe d'ailleurs, qu'en
» jetant les yeux sur toutes les villes
)» qui ont éprouvé ces malheurs pen*
x> dant cette guerre (de la révolution),
» on ne laisse pas de les retrouver en-
» core florissantes. Nous ne parlons paa
»d'un grand nombre de communes^
» grandes ou petites, qui ont éprouvé
» de véritables désastres; mais ce n*é-
» tait pas assurément comme places de
D guerre, puisque celles-là précisément
» ne sont point fortifiées : ce qui les a
• dévorées, ce sont les feux empoison-
B nés de la discorde, cent fois plus vio*
» lens et plus désastreux que tous ceux
D des guerres extérieures. Mais nous
o citions les bombardemens de Lille,
Dlbionville, Landau et d'autres en*
» core ; peu de temps après, tout était
«réparé. Les indemnités nationales ont
» effacé ces malheurs du moment, et
Dles citoyens, loin de s'en plaindre,
« s'enorgueillissent de leurs pertes, et
»de leurs dangers; loin de provo-
x> quer des redditions , ils ont même
» contribué essentiellement à leur dé-
«fense.
A Mais, ce qu'il faut surtout obser-
» ver, ce sont les communes des villes
»de guerre qui ont été respectées
9parc9 qu'elles éiaUnt fortifiées^ tandis
x> que les villes ouvertes , à portée des
» frontières, ont été doublement sacca-
0 gées et à plusieurs reprises, ruinées,
» pillées, brûlées , et les notables en-
V traipés en ùtAf^ po^r caution de cop*
<-
M Lk nkFuu
vtriimtioas teoraiei> et auqnelles
Binème il était imposiiMe de satisfaire.
» Reroarqnez que ces calamités sein-»
Bblaîent être cooCiisémeiit prévues;
Bcar il n'existe peut-être pas une de
» eeii eomraunes ouvertes, dans le voî-
usinage des frontières, qui, dès le com-
» mencement de cette guerre, n'ait ré-
» clamé en général quelque moyen
»pour s'en garantir, et c'était, par le
V fait, demander des fortiHcations.
» Il faut observer que les pertes oo-
vcasionnées par les bombes et autres
» projectiles se réduisent i très peu do
s chose. Dans une petite place, telle
» que Landau, lors des sièges de l'autre
9 siècle, où les attaques les plus vio-
» lentes se sont prolongées pendant
» soixante-et-dix et quatre-vingts jours,
» où les citoyens étaient dépourvus des
» abris que l'on réservait aux défen-
Aseurs, on voit au total cinq habitans
» tués ou blessés par accident. Les der-
aniers bombardemens de Landau,
» Lille, Thionvilte et autres places,
» n'ont pas occasionné de plus grandes
X pertes à proportion ; mais il faut dis-
atinguer les accidens provenant des
» incendies; ces accidens furent fré-
» quens et terribles dans les premiers
)ft jours du dernier bombardement de
a Lille ; mais c'est qu'on y avait oublié
nies plus simples précautions. Les ci-
a toyens, bientôt revenus d'une alarme
a si chaude, préparèrent eux-mêmes
» quelques mesures de surveillance:
»ces précautions suffirent; les acci-
vdens cessèrent dans les derniers
ajours.
» Observez d'Abord que, sur cin-
aquante boulets rouges, à peine un
a seul peut-it adresser sur un point
a dangereux ; il n'enflamme pas même
aies bois les plu9 secs, lorsqu'il ne fait
a que i^s transpercer ; il faut qu'il s'y
a fixe, et pour cela il faut qu'il s'arrête
a prédiénent i l'axpfratiM iù sa tmm
» de peroussioD.
a Les bombes sont beaucoup oMiiai
a à oraindre encore, relativement à
» l'objet de Tincendie , parce que les
» artifices dont on peut les remplir ne
a s'écartent pas du point de la chute.
A Les obus, qui traînent leurs artifices,
a sont plus dangereux, quoique ces
a mèches, qui ne font que toncli^ l^
» bois sans les pénétrer, soient inca-
apables de les enflammer; cependant
» tous ces incendiaires auront une vé-
»ritabte prise sur les magasins à foiu*-
a rages et autres matières entassées en
a grand volume: les mobiles enflam-*
a mans qui les atteignent s'enfoncent,
a s'y perdent, on ne peut plus en re-»
•trouver les foyers; il est tràa difficile
a d'y remédier. Ainsi donc, ces der-r
a niera objets (lorsque les magasins à
a l'épreuve ne pourront les contenir)
a seront séparés et subdivisés en un
» grand nombre de petits magasina iso-
a lés; dès lors, on pourrait les aban*
a donner, et même les Uûsper brûler
a sans conséquenoe; il est bien entendu
a que les objets précieux et les appro*
a visionnemens seront raia i eouverl
a sous des bêtimens voûtés; et s'ils
a étaient insuiBsans, ils seront garantis
a par des blindages.
a A l'égard dee autres édificea, ils se-
a ront préservés par une surveiltanca
a qui deviendra très fkoile dès ^ne les
a mesures en seront prévues et prépa*
a rées. Tous les citoyens seront tenus
a d'entretenir à leur porte des cnvlcrs
y pleinsd'eau: descompagniesdevnkm*
a taires gardes->feu swont formées; elles
s seront distribuées dans tous les quai^
a tiers où les moUies incendiaires pour-
» font atteindre ; des dépêta de seaux,
a d'échelles, d'outils, de pompes et
a d'injectoires portatifb seront muRi-
a plies et placés soos leur main. Les
pfétê-tm awoBt leim qiiaitiflra
doot les musons leur serMt affi)<>*
tées; )es uns sareat postte m o))ser-
ratîoo, et les autres dispersés eo par
tromUes cireulaiit dans «ne coati-
Boeile aettnté. Tous ces postes si^oiit
renforcés à proportion des différons
quartiers irios on moins ex^^esés, à
nûsûB de leur situation, relativement
SOI positions des batteries de Tatta-
<|ue. Les iodiyidus en aèrent d'ail-
lanrs tonjeurs prêts à 9e réunir sur les
pointa qui pourraient être mepacés
de dangera pressens ; mais ils revien-
dront à leur poste de surveillance;
fls n'aufont aucune autre fonction
dans le eours de la défepse. Avec ç^s
aeides précautions, les aeddens seront
extrêmement rares dans les gran4es
places ; mais dans les quartiers très
peopléa, dont les maisons liabitées
jQsqee dans les gvenieis, seront obsr
tniées par une multitude de petites
csseSi il sem pins difficile d'y porter
des remèdes , p^rce que les mobiles
incepdiaires s'y perdent plus aisér-
ment; cependant les surveiUans y s^
met naturellement plus multipliés,
indépeadamnent de qooi l'attention
des gaides-feu s'y port^r^ bien plus
psrtiepliàremept. a
Outre ces mesures iH^pcipales, on
(ait dépaver les rues q^i se jtroi^iwpt les
fins exposées aux bombes, et on
y ine( iu fmmr poiir amortir les
^%
lorsque l'eunenM tire à bpfilets roq-
mt ^ se ^rt de tenaîUes et de cijijii*
l^a» 4^ fer pour {es retirer des pièces
ifi bois où iM pouTf aiept être Iqg^ et
Ippr }es eqlever.
s fie la fréquejtice des çopps et ^e
*l^r pra d*effeh ^t f'^Af» Boyjuin,
I d^i la ffffit^m ^¥ ''% ^^ P^^ , fftr
aii^ ff(f^^ç§i^^ f^ 1636, oAqutt le peu
mr
» voyait que les bouMi M (Irimientques
)» percer les toits de leur posseur, di-
)»sait par raillerie que les Fra,n(^s
» voulaient entrer dans la ville par les.
» lucarpes des greniers ; les petits en^
afaqs cooraiept par les rues pour es-
»pier la portée des coups, et avec de
sgrandes huées allaient ^ la c^ierche
» des boulets, »
Les Anglais ont souvent boynbardé
plusieurs de nos villes maritimes sans
jamais y faire de grands dégAts. Le
BAvre notamment a été différentes
fois bombardé par eux, partieulièren
ment à deux reprises eq 17&I); et«
quoiqu'il y eût beaueoup de maisons
de bois, l'exacte surveillance qu'on y a
mise a {nrévenu tous les accident.
Les bombardemens sont doue pq
génial beauGopp moins à craindre
qu'on ne le pense (^inaireq^pnt ;
fluâs, en supposant même qu'il en ré?
anltât des désastres considérables, com-
me ils ne sauraient faire brèche auj^
murailles de la place, ce ne pept ja-
ipais être un motif pour la rendre ; |1
est vraisemblable , au contraire, que
celui qui bon^barde une ville ne le fait
que p^ce qu'il n'a pas le tem))S de
s'arrêter, ou les moyens de faire un
siège en règle.
« JLes places 4e Willefnstadt et de
aJBrcda, dit le général d'Arçon, étaient
a attaquées eq même temps par deux
«généraux d'opinions (différentes sur
a les moyens de ré^oqdre les^îéges;
1^ Tun voulait toqt \>î\Aex en arrivant;
p l'autre VQuIait tout ménager, excepté
t(]£& fortifications et le n^Qr^l des dé-
» fenseurs» Ij.e preqiier crut jeter Té-
appuvante eq 4ébHtant par tout in-
I) cendier ; ç^.la fçiit, il ne lui resta plus
p rieq ^ faire ; tout Ip désastre possible
» était consommé, et les défenseurs ne
» pouvant plu3 être affectés i}u graqd
anal 4^ la ppur, s'fljîerçurgpt (j^e
i
Kh
DB lA ràPBllSB
» leurs fortifications étaient entières :
» dès ce moment, ils méprisèrent des
» fenx qnî , nltérienrement , ne pou-
» vaient plus être qu*impuissans. Le se-
i»cond Gt valoir en menaces le peu de
» moyens qu'il avait, et surtout ceux
vqu^il n'avait pas; il supposa que les
9 fantômes de la peur, Timagination
» frappée de terreur, sur des désastres
» seulement annoncés, étaient infini-
»ment plus puissans sur des tètes fai-
»bles, que n'eussent élé les désastres
» eux-mêmes, à quelque excès que l'on
»fât en état de les porter. Enfin, le
» premier, qui avait tout saccagé de
»loin, fut obligé de lAcber prise; et, le
» second, qui avait ménagé les habi-
» tans, réusait. Ceci soit observé pour
)» annoncer que ces ressources de brû-
» lures, prétendues si pui>santes, pour-
9 ront bien passer de mode, d'autant
» plus promptement encore, lorsque les
» moyens de remédier à ces désastres
» seront accrédités. »
Cet événement est un de ceux qui
eurent lieu au commencement de la
révolution. Dans le cours de celte
même guerre, nous empIoyAmes sou-
vent ainsi les menaces et le bombar-
dement lorsque nous manquions de
noyens réels. L'exemple le plus sail-
lant de l'efiet de ces menaces, est ce-
lui qui nous rendit les quatre places de
Valenciennes, Condé, le Quesnoy et
Landrecies, qui nous avaient été pri -
ses par les ennemis. Après la bataille
de Fleurus, gagnée le 8 messidor an II,
Tennemi étant repoussé au loin , nous
formâmes sur-le-champ le blocus des
quatre places tombées au pouvoir de
l'ennemi , et qui faisaient la trouée ;
celles de Landrecies et du Quesnoy fu-
rent bientôt enlevées par des attaques
régulières ; mais il restait les plus dif-
ficiles et les plus importantes, Yalen-
iJennes surtout qui avait été parfaite^
ment réparée par rennetni, complèle-
ment approvisionnée, renfermant une
forte garnison et une iramensequanlitë
d'aVtillerie. Nous n'avions de notre
côté aucun des moyens nécessaires
pour former un siège régulier, à peine
pouvions-nous maintenir le blocus, le
matériel nous manquait absolument ;
et cependant il était de la ^v» haate
importance pour nous de reprendre
ces pinces au plus vite, pour renforcer
de ces troupes, qui fcNrraaieBt le blo-
cus, l'armée active qui faisait tête aux
ennemis et qui avait grand besoin de
ce secours. C'est dans ces circonstances
que nous nous déterminAmes à som-
mer les garnisons de ces places de se
rendre à discrétion; les menaces étaient
d'autant plus violentes que nous étions
moins en mesure de rien exécuter. Ces
places se rendirent, les garnisons fo-
rent faites prisonnières, tout le fmit
des campagnes employées par l'enne-
mi pour s'en emparer fut perdu pour
lui en un moment, la trouée fut re-
bouchée, nos détachemens rejoigni-
rent l'armée , et nous eûmes dès lors
sur les forces coalisées un ascendant
qui s'est constamment soutenu.
Voici un autre exemple que fonmit
encore la suite des évènemens de la
même guerre. En 1795 , nous cher-
chions à faire un passage sur le Rhin «
et à nous procurer une tète de pont
sur la rive droite, qui était toute oecn-
pée par l'ennemi , tandis que nous
avions la rive gauche. Nous fîmes sim-
plement établir une batterie de mor-
tiers sur les bords du fleuve, vis-à-vfs
Manheim; nous pensftmes que cette
ville , quoique bien fortifiée , suivant
les principes de Cohëoro, ne tiendrait
pas contre le bombardement, parée
qu'elle renfermait beaucoup de beaox
édifices qu'on ne voudrait pas Vnmer
détruire ; et, en effet, à peine les kat*
DES PLACM FOATXS.
fi35
tories eQreiit««lles eonnineiicé à jouer, 1 gUgé par les auteurs modernes , on
que la place se rendit, oe qui nous pro^
cura irae magnifique tète de pont.
En 1702, lorsque le maréchal de
Villars, qui était parti de l'Alsace pour
aller rejoindre rélecteur de Bavière,
arriva i^ de Kîntstngen, il fit sommer
la garnison de mettre bas les armes ,
MUS peine d'être passée au fil de Té-
pée , dédarant que , si elle osait tirer
an seul coup, tout serait mis à feu et à
»ng dans la ville. Le commandant, in-
tiflûdépar ces menaces, se rendit sans
coup férir. On trouva dans la ville, qui
était bien fortifiée, une nombreuse
«rtiUerie et beaucoup de munitions de
guerre et de bouche.
ir. de Villars dit aux officiers-géné-
raux en partant de Kintzingen : j4v<mez,
muêkurê^ qveH c«l/« place n§ se fàipas
nnduô^ il nous eût été impotsibU de la
frmirts noyatit pas de eanon , el nous
a'aurîoiiâ pu aller par conséquent plue
joia. (Ifaut quelque foU que la hardiesse
êupfêée-aax farces. Des menaces, faites à
propos à un ennemi qui se croit supérieur
el hors tTinsulte, ne peuvent que le sur-
frmdrci et lui donner souvent des alar-
mes qui VobUqcnt à accorder des choses
qu'on ne saurait' obtenir autrcma^.
Ces exemples prouvent qu'il faut
Avoir braver les menaces de son en-
oeoii, et qu'elles ne sont, le plus sou-
vent, que l'effet de l'impossibilité où il
se trouve de déployer des forces suffi-
sentes pour fermer des attaques régu-
lières. La reddition des places, en pa-
rdi cas , lui fournit prédsément les
moyens dont il manquait, des places
iotactes, des magasins, des troupes qui
deviennent disponibles, lorsqu'il au-
rait faHu les em|rfoyer à former le
siège.
A regard des autres entreprises de
ce genre, comme surprises, âcalades ,
trouvera tout ce qui les concerne dans
le Traité des Fortifications du dievalier
de Ville.
CHAPITRE IV.
Si wie place ne te déreodait point Jusqu'à la
dernière eitrëmité, il lerait à peo prèi indir-
férent qu'elle fût bien ou mal fortifiée. ^^
Lee dilficulléf réellec ne comoiencent qu'au
glacis. — La déTense des brèches, élanl l'o-
pération la plus critique el la plus meurtriéra
pour l'assiégeant, est anssi la plus capable do
le rebuter, et la pins décisive pour l'Iionueor
de la garnison.
La construction des places fortes,
leur entretien, leur approvisionne-
ment, entraînent le souverain i d'é-
normes dépenses. Ces dé[>enses sont
bien employées, puisqu'elles suppléent
à des dépenses beaucoup plus grandes,
qu'il faudrait faire pour augmenter l'ar-
mée aeifve en proportion convenable.
£n effet, H faudrait placer à tous les dé-
bouchés, à tous les lieui où ces postes
sont utiles, des corps de troupes qui pus*
sent en tenir lieu, c'est-à-dire huit o»
dix fois aussi considérables que ceux
qui en composent les garnisons ; car il
est reconnu par l'expérience qu'une
garnison peut tenir tète à une force i
peu près décuple* i laquelle il faudrait
en opposer une équivalente, s'il n'y
avait une place forte pour y suppléer.
L'effet que produit celle-ci est mê-
me plus sûr, parce que, quelle que soit
la force de l'agresseur, elle peut ton-
jours résister i un coup de main ;
au lieu qu'un corps quelconque de
troupes peut être attaqué à l'impro-
viste par un corps beaucoup plut
considérable , inopinément rassem-
blé, et se trouver obligé d'abandon-
attaqyes de vire force, sujet tn^ ne- j ner, au moln» momentanément , >
<^.
fîUntièfé, eil ta lâissAtlt outerW i l'en-
nemi.
Mais les lierrlces Importans 4uc pét^
vent rendre les places supposent qt*^
les sont confiées à des personnes sûres,
capables, déterminées ; autrement el-
les produiraient une fausse sécurité, et
seraient souvent plus nuisibles qu'uti-
les, puisque l'ennemi s'en saisirait fa-
dlement, et s'en servirait ensiiité lUi-
mèfloe, comme d'un point d'appui pour
port^ la guerre en avant
Ces grandes dépenses, nécessitées
par les places fortes , ont pour objet
d'y adapter les meilleures maximes
connues sur la fortification, les cons-
tructions indiquées par les maîtres de
l'art; mais de quoi servll-ont tous ces
travaux, si l'on rend les places avant
que ces mèilies travaux soient ^ulo-
ment entamés par l'enitemi? Or, en
^néfal , ces travaux sont le corps de
place même , ou lui tiennent de fort
près ; c'est là que se trouve ce qui oons-
tltue proprement le système de la for-
tification ; ce éystème esten veloppé par
le chemin couvert et les glacis, lusque-
' là peu importe le tracé; Il n'est presque
^ pas même apcrçtl ; il est composé de
parties qui se flanquent, quel qile soit
ce tracé, et dent lea feilx se croisent
sur les atenues, un peu plus, un peu
ihoins bien; itials la difféteneo du
toeilteui' àt phis ndauvals ne peut pro-
kire au plus qti'une différence de
leux ou trois jottrt sur Ws progrès des
tttaques jusqu'au glacis.
<f S'il était vl-ai , drt te général d'Ar-
ff çùti , qu'une place eàt q«ielque rai-
â son de se t«fndre , apfèa que Falla-
it (fiîêtn setittlt parvenu à se loger sur
w le cheintft ediivert, il aérait d'aknsird
à trèa égal qtie les plaoes fisaent bien
i im tnal Mrtifléea^ car H n'en oeôte
# pas frtus d'KMrder le chemin eeu-
arert ée M ptaeo la phia foraûdable.,
» que oehd de la jkm fittie; ea B*€al
» toujours, dans ces demi hypothèses^
» qu'une niasse de Mrn} oouvmite ,
il également accessible } et Ma peu tm-
» porte, eil èSeti à l'opéraUon du kn-
jD gement, que les remparts et leun
u dépendances soient ou ne soient pat
a parfaitement ut^niaés. Ceux qid
a avancent de pareilles propoaitfons ne
a Mtvènt pas que c'eat prédaéaient i
a ce terme où ils prétendeal fiiiir lev
a défense 4 que les braves gens oo»-
n tuemcent la leur; ila ne aavetit p»
a que ce serait di^nset rtsaiégeaut
if dé là reprise des chemin» ootiveris,
ii dont dn peut le ebaaser plusleuri feis
a de suite ; ils ne savent pas ^e ce aa-
» fait hii épargner rembarras de re-
» mistruire ses batterie» de bfèriie,
9 qti'ou |)eut faife sauter à diffi^entts
» reprises ; ils ne satent pas que ee ae-
B rait le dispenser dés travaux pésî-
* blés et meurMers des deaee&tea et
a des passages dé fosaé \ mt les deirii-
a lunes d'abord, et ensuite sur les bas-
a tiens ; Hs ne savent pas que les at-
tf taquans ne peuvent s^attacher an
tf corps déplace, qu'ils n'aient procédé
a contre les demi-lune» et les tire-en-
9 brèche qu'eHea peuvent renfenlier;
s ils ne connaisaeiit pds les resseorces
9 que les défenseurs petavent enipleyer
s poitf démasquer tout à eoup dea feux
0 conservés 4 potn* revenit offensive-
» ment sur les legemens étroita et ti-
s midea où les attaquaiis ne peuvent
a déployer leur snpériorifté ; île ee
a connaissent pis k» atatita§es ée la
a sucoessibiiité des retranoheaaens en
a retirades ^ ni les ehieaoes des capo-
0 irières^fli les déblais des brèdies, par
» les effets des mines ou des fottgaces,
D ni les retrancheraens dans les has-
a tiens, cAe.; enfin ils ne se doutent
spis des greades et vMtables res-
aLSfurcea.de la défeaae^ Autant tau-
DRS PIMkB #0fttB8.
Slï
• dratt M rendre t la première som-
» mation. p
Ce serait donc bien en pnre perte
qae de si grands traTaax atifaient
été préparés autour et près du corps
de place, si, dès que rennemi les aper-
çoit, il fallait les lui rendre. Un vient
corps de place à tours anciennes est
aussi bon à trois cents toiles que la
fortification de Yauban ott celle de
Cormontaingne ; on peut lui envoyer
des boulets et des bombes d*un rem-
pot qoi a trois siècles , comme d'nn
bastion fait suivant les principes mo-
dernes. Ce n'est qn'en s'approchant
qae l'eDdOmi voit pea à peu les diffl^
oiltéa a'acciHrftre, qu'il se trouve de
plus en pto gèoé dans ses aouvemens,
resserré dans ses attaques, pris en
flanc , quelquefois de revers , et qu'é^
tant oUigé de ae défiler de toutes parts,
H se volt rédsit à cheminer par des cir-
smts continuels , à enfoncer ses tran-
6hées, et même i se faire des galeries
souterraines, où il rencontre d'autres
obstacles et d'autres dangers, préparés
i l'avance et liés au système de la for*
tificatiern. Toutes ces difficultés disp»-
rtissenti sî l'on se rend avant le terme
prescrit par l'impossibilité de se dé^
lèndre davantage. Dans cette proii-
nitté du corps de place, chaque minute
coûte plus d'hommes à l'assiégeant
qu'on jour entier lorsqu'il est à l'oo^
Torture de la tranchée; chaque oonp
de canon de l'assiégé est pins meurtrier
qae cinq cents tirés au commence*
ment du stége. Les sorties produisent
des effets infiniment supérieurs et
moins dangereni pour la garnison,
piree que rennemi est plus éloigné des
cofps qui doivent le soutenir, tandis
qa'au contrah^e l'assiégé se rapproche
da centre de ses moyens. Les entre-
prises sur la tète des sapes sont bien
flis fréqnenlM ^ Men Mua proaqites ,
et le désordre qu'elles occasionnent est
bien plus grand , bien plus difllcile à
réparer. C'est à l'attaque des brèches
que l'assiégé, quoique Inférieur en
nombre, est cependant beaucoup plus
fort par sa positloh ; parce qu'il do-
mine ; qu'il ne petit être attaqué que
sur un front égal au sien à l'étran-
glement de la brèche; qu'il ne peut
être totirné ; que la Cavalerie n'a point
d'action sur lui; que l'ennemi n'a
point encore d'artillerie, tandis que
lui , défenseur, s'il à sa profiter de
ses avantages, doit en avoir plusieurs
pièces cachées, qu'il a su réserver
pour cet instant décisif. Eh un mot,
ce qu'a fait l'assiégeant jusqu'alors n^est
qu'un jeu auprès de ce qui lui reste à
faire. Il sera bientôt rebuté si l'assié-
gé tient bon, et celui-ci touche aumo-
ment de recueillir le fruit de ses tra-
vaux.
Une place qui ne tient pas autant
qu'elle pourrait le faire, ne donne pas
le temps aux secoiirs d'arriver. Sou-
vent elle n'est attaquée par l'ennemi
que pour opérer une diversion, et for-
cer une armée éloignée d'abandonner
ses entreprises pour venir la protéger.
Alors, pour empêcher qh'll ne rem-
plisse son objet, et ne point affaiblir
l'armée active, il faut avoir le temps de
rassembler les dépôts de l'intérieiir, de
réunir lés garnisons voisines, de faire
même, au besoin, de nouvelles levées;
si la place est rendue avant que tout
cela soit organisé, bien loin d'avoir été
utile, elle aura occasionné des mouvez
mens pénibles et dispendieux; elle
aura inspiré une fausse confiance qui
peut devenir fatale, et elle fouitiira à
l'ennemi un point fort, dont le Voisi-
nage obligera à utt développement de
force toujours en surveillance, toujours
en action, pouf l'empêcher d'étendre
sa conquête.
528
DB LA DÊFBNSB
Lorsque l'ennemi fait une pareille
expédition, s'il trouve une résistance à
laquelle il ne s'attendait pas, il est hu-
milié de voir ses sacrifices inutiles; il
n'ose plus rien tenter de semblable;
c'est pourquoi il fait ses derniers ef-
forts ; et, voyant que tout lui échappe,
[ s'il n'emporte pas la place d'emblée ,
1 il fait jouer tous les ressorts; il ne né-
glige rien : bombardement, surprise,
coupde main, corruption, terreur, tout
est mis en œuvre; il s'expose aux
chances les plus malheureuses , tandis
que l'assiégé n'a à soutenir qu'un effort
de peu de durée, pour se couvrir d'une
gloire immortelle.
I^orsqu'on réfléchit sur la consom-
mation d'approvisionnemens en tous
genres qu'exige un long siège, à la
difficulté des transports , aux maladies
qu'occasionne l'arrière-saison, on con-
çoit combien est fâcheuse et coupable
une réduction prématurée. Il est très
rare, en effet, que l'assiégeant puisse
rassembler tout le matériel qui lui est
indispensable, et môme, lorsqu'il en
aurait les moyens, rarement le fait-il,
parce qu'il compte sur le peu de fer-
meté des défenseurs ; il n'a souvent ni
assez de troupes pour l'armée de siège,
ni armée d'observation; et, dans le
cours de la guerre de la révolution , il
n'y a peutrêtre pas eu un seul exemple
d'un approvisionnement complet pour
attaquer. Cependant il ne faut dans ce
cas qu'un peu de ténacité , car l'enne-
mi ne peut attaquer que mollement,
ses moyens sont épuisés avant qu'il
soit parvenu à la moitié de ses travaux ;
il fait sommer la ville avec de grandes
menaces, prêt à s'en aller lui-même, si
on lui montrait une ferme résDlution.
Mais il a compté sur la faiblesse et l'i-
gnorance des chefs, et il réussit à leur
faire signer une capitulation d'autant
plus honteuse réellement , qu'elle est
conçue en termes plus honorables; car
c'est précisément parce qiv'il sent qu'on
peut se défendre encore , et peut-être
lui faire lever le siège, qn'il accorde
tout ce qu'on veut.
U aurait fallu se défendre encore ,
ne fût-ce que pour gagner l'arrière-
saison et consommer le reste des ajh
provisionnemens, afin d'empêcher l'en-
nemi d'en profiter, et lui faire con-
sommer les siens ; car avec ces appro-
visionnemens réunis, il peut, lorsque
la saison n'est pas enc<H*e fort avancée,
attaquer tout de suite une place de la
secoude ligne, avant qu'elle ait eu le
temps de s'approvisionner elle-même,
la réduire promptement comme b
première, passer à la troisième, prise
au dépourvu, et achever ainsi la trouée
en une seule campagne , lorsqu'il oAt
suffi d'un peu de constance pour le
faire échouer, ou au moins l'arrêter
^plusieurs années, et lui faire user toai
les moyens de continuer la guerre of-
fensive.
Les peuples de la haute antiquité
étaient bien forcés de défendre lems
villes jusqu'à la dernière extrémité; il
y allait, pour chacun des individus, de
tout ce qu'il pouvait posséder au mon-
de : tout l'empire était, pour ainsi
dire , concentré dans une seule place.
Cette capitale prise , les biens et les
personnes devenaient la proie de l'en-
nemi. Il se partageait le butin; l'em-
pire cliangeait de maître ; le peuple
était emmené en captivité, et le prince
vaincu avec toute sa famille, était at-
taché au char de son superbe vainqueur
pour orner son triomphe.
Ainsi les places n'avaient aucun rap-
port au système général de la guerre;
on allait au-devant de son ennemi, on
livrait une bataille ordinairement dé-
cisive. Si le sort des armes était con-
traire, on se retirait dams sa cajMtaie;
MM PLA£I« FOftTl
%m
«n l'y rrafcrniait aTec ce qui restait
de plus préeieu, et on s'y défendait
arec l'arme du désespoir.
Les Tilles de. Troie, Ninive, Baby-
lone. Sardes, etc., nous offrent des
exemples céMires de semUables évè-
nemens.
^ Les Grecs, les Romains, les Cartha-
ginois lièrent davantage leurs forte-
reaaes à leur systtoie de guerre ; iben
firent des dés de leurs vastes posses-
sions , et cependant leur importance
n'étant ge^ mmodre que dan» les
teoipa antérieurs , la guerre de l'atta-
que et de la défense des idaces conti*
oua ehoE eux à jouer xm rAle égal au
moins à edui de la guerre de campa-
gne, et leurs sièges furent aussi célè-
bres que leurs batailles : tels furent
ceux de Syracuse, Veies, Tyr, Lyli-
bée, Sagonte, Carthage, Numance,
Alise, Jérusalem, Paimyre*
Les peuples modernes d'Europe se
sont, pour la plupart , mis i l'abri de
ces terribles expéditions , en mnlti-
pliaut davantage leurs places fortes.
Le sort de ces peuples ne dépend plus
aujourd'hui du snecès d'une seule
bataille. Uuè place prise n'entraîne
ipi'nn malheur partiel et réparable ;
on peut ■nème perdre sa capitale et la
recouvrer, parce que la frontière offre
Bue multitude d'asiles de sûreté ; trois
lignes de places fortes , les unes der-
rière les autres, arrêtent la trop grande
ambîtion d'un conqeéiunt, et le rui-
nent en détaiL
Mais peut-être que cette grande
nudtipUcité de forteresses fait qu'on
attache moins d'Importance i chacune
d'elles en particubdr, et qu'on les dé-
fend avec moins d'obstination. Cepen-
dant, si elles nous garantissent des
fléaox qu'entraînaient les gnerres d'au-
trefms, c'est i condition que du moîAS
ks points attaqués se défendront com-
me laisaient le» places ancienne^*
trement le mal ne serait que retardé
et non empêché ; car l'ennemi , après
la prise de trois ou quatre [riaces , se
trouverait an eoeur de l'État , et bieii-
têt auraient Keo les mêmes désastres
que ceux dont l'histoire ancijenne est
remplie. Nos ^eresses concentrent
les hostilités et les circonscrivent sur
un local de ]^u d'étendue ; voilà leur
avantage. Mai» ce local étroit , il faut
en convenir, n'est souvent guère moins
malheureux que n'étaient autrefois les
contrées envahies. Ge local est sacrifié
momentanément au salut de tous,
mais pour que tout le reste soit sauvé
en effet, il faut que dans ce lieu con-
centré l'ennemi trouve la même réris-
tance, la même obstination que celles
qui devraient avoir lieu si la nation
entière y était réunie, et qu'il fallût y
défendre sa vie, sa famille , sa lilierté,
aussi n'est-ce pas un mérite médiott^
que celui d'une belle défense, et pent*
être qu'une des causes principales de
la faible résistance que font les places
actuelles , vient de ce qu'on a semblé
jusqu'à ce jour n'attacher qu'une con
sfdération secondaire à ceux des oiB
ciers supérieurs qui en sont chargés.
On donne souvent ces commandement
comme par forme de retraite, à d'an
ciens officiers qui ne peuvent plus
supporter les fatigues d'une campagne
active ; on n'y envoie quelquefois que
des vétérans, des dépAts des troupéa
de nouvelle levée, pour y tenir garni
son ; on semble supposer que le ser*
vice n'en est pas aussi essentiel que
celui des armées mobiles. Ce concouiu
de circonstances dmlnue trop sodh
vent Topinion qu'on doit avoir de l'im-
portance du poste qu'il faut défendre.
Mais si les corps les plus exercés et les
plus actifs doivent être en effet plus
généralement employés en ligne, c'est
b»
MS L\ DtVWSf
l^arcft qu'il a'x • que ceun-ci qui puif-
ikent exécuter avec précision lef ma-
nœuvrer 4e la tactique ; taudis que les
futrea peuvent très bien servir daus
les villes de guerre , pourvu qu*il s'y
trouve uu noyau de troupes bien exer-
cées; c'est même là i*un des avantages
les plus remarquables des places ; mais
s'il y faut moins de tactique, il n'y faut
pas moins de Cûumge ni de persévé-
rance à supporter toutes Iw privations,
ni de cette vertu d'autant plus héroï-
que, qu'elle est nécessairement moins
raguurquée qu'en un champ de bataille,
sous l'œil du souverain lui- même , ou
d'une grande partie de se^ compagnons
de gloire, et en présence d'une grande
armée tout entière.
Que n'a-t-on pas à souffrir dans une
place assiégée, lorsqu'on est résolu d'en
pousser la défense à toute extrémité?
Je ne rappellerai point à ce sujet ce
qu'on peut voir dans toutes les des-
criptions de semblables évènemens;
qui a pu les lire sans émotion? C'est
^u^ hommes destinés à une pareille
défense qu'un gouverneur, marchante
leur tête , peut bien adresser, comme
autrefois un capitaine romain à ses
soldats, ces paroles sublimes : £à, eun-
(Um êit^ miUtu, uudè redire non nêeeeee
«II.
Quelle récompensa ne méritent pas
des soldats dignes d'entendre de sem-
blables paroles 1 le chef qui les pro-
nonce ! C'est au souverain seul , c'est
au héro« dont la présence a si souvent,
au milieu des périls, enflainmé les
guerriers du plus noble enthousiasme,
qu'il appartient d'apprécier ces faits
militaires et d'en placer les auteurs
av rang de gloire qui leur appartient.
CHAPITRB V.
GdiDbieD il 6H dmacren de biissr fsrifr cc«p
tu moral dtt laldaL •* PoiiiaBea de leyi-
niqn dani bm plies SpU^ée. -r ifMft
qu'imprime une géoércuse réfolutip^ :r Qé-
couragf mf nt que uroduil la êemit Héftqil
faut tinir par fe rendre. — Prodl^Keia cSHi
de reaUioafiaMne, de It bel'e conliwinw ée
cbefo, du éùeit de Is gloire, de raainr diii
paurie. dea priocivai rallglavs*
Loin de se laisser ébruter psrie
vaines menaces, par la chute et qpal-
ques bombes, un homme coungeai
et instruit ne s'effraie pas nsèaia ds
voir l'ennemi logé sur la contrescaift,
et se disposer à l'attaque du corps ée
place. Il médite deson oAté lea mojaiS
de le faire échouer dans une enlm-
priso aussi hasardeuse. Il inspire su
soldat sa propre confiance, il loi bit
connaître l'ascendant que lui donne sa
position, une position on il occupe il
hauteur, où il ne peut être toorné, oi
il ne peut être attaqué que sur n
front égal au sien, et où il fout qw
l'ennemi arrive par un chemin escarpé,
contre-miné, battu en flanc et de le-
vers H montre enfin à ses frères d'ar-
mes que c'est un moment dédaif pour
leur gloire , et il sait faire passer dans
tous les cœurs le noble désir de 8*i^
lustrer par une défense à jamais mé-
morable.
Cependant il se trouve des hommes
qui, loin de partager et de propager
ces sentimens généreux , ne semUent
s'appliquer qu*è ébranler le moral des
troupes par des insinuations aussi per>
fldc'S que pusiHanrroes. C'est une faussa
gloire , suivant eux , que celle qu'on
prétend acquérir par une défense poiB-
sée au-delà de certaines bornes: Hs
affirment qu'une longue expérience el
des calculs raisonnables ont Bié,
i)K* i»i.\rFs ;'ortkn.
6»t
ainsi dire, la durée de celle que doit
faire chaque place, suivant la nature de
iOB «to , aa f randeor, son tracé ; qu'il
aofDt d'atteîBdrB à cette dorée, pour
k l'akri des reproches, et pour iné-
même qa'il soit dit qu'on a fait
beUe défense; qu'on ne peut
dette durée sans eiposer
ki^gvwaon et les babîtam A des mal-
iMwa que rhumaBîté nous ordonne de
pvéeenir; qm les combats ne doivent
floa être aussi meurtriers qu'autrefois ;
^M lea siégeB ne sont plus ce qu'ils
élaiettt avant l'invention de la (ioudre ;
^pe wahiir pousser la résistance au-
dea KmJtes ordinaires, c'est re-
le système des guerres à
i, qui n'ont plus lieu que chez les
el nous faire rétrograder
i«s lea siècles de la barbarie ; qu'enfin
41 tant mieux céder quelques jours
plua tAl, pour obtenir une capitulation
hanerable, que d'être prisonniers de
guerre ou de s'exposer aux horreurs
drunaaaant
Mous avons répondu d'avance à ces
Macoun captieux en leur opposant le
tiftêo dea loia qui prescrivent à tout
lire de défendre jusqu'à la der-
extrémité le poste qui lui est
i. Mais ils n'en sont pas moins
puraicienx, parce qu'ils aflaiblissent
isibleoMot Fénergle des plus bra-
défanseurs, en détruisant tout ce
apii peut l'alimenter et la soutenir, en
leur diaut l'espoir du succès , qui était
4uchasser l'ennemi ; celui de la récom-
fenae, qui était la gloire attachée au
Manphe, et enGn.la confiance même
dTuvoir été utile à la patrie , par une
vésialance qu'on leur représente corn*
me Àial entendue et sans profit pour ta
ebese en elle-même.
Dès que loreille s'ouvre à ce lan-
gage de séduction, la persuasion ne
Mie poîM à se faire jour, les ressorts
de la discipline se relAchont, le cou-
rage se ramollit, l'homme intrépide se
voit successivement abandonné ; tout
8*énerve, tout se cortDknpt autour de
lui ; il se trouve toiit à coup seul de
son opinion , considéré peiit-étre lui-
même comme un homme dange-
reux.
Ceux qui ont remarqué quel est le
pouvoir de l'opinion en toutes choses,
avec quelle rapidité elle change et nous
entraîne malgré nous, sentiront com-
bien, dans nne place assiégée, isolée
de toute communication , de tout se-
cours, il importe a la sftroté de sévir
rigoureusement contre les premiers
auteurs de ces discours empoisonnés,
trop souvent suggérés par l'ennemi,
répandus par ses émissaires secrets, et
qui sont toujours les premières étin-
celles d'une sédition dont bientét il
n'est plus possible d'arrêter les efkts.
Mais de quel étonnement n'est-on
pas frappé lorsqn*on apprend que des
chefs , que des gouverneurs sont quel-
quefois les premiers k corrompre l'opi-
nion ; qu'on les a vus préporer les es-
prits à une capitulation qu'ils médi-
taient, peut-être , déjà dès le premier
jour des attaques, en discréditant de
toutes les manières possibles la place
qu'ils avaient à défendre? Ces faits ne
sauraient se croire , s'ils n'étaient at-
testés par des hommes d'un témoignage
irréfragable : Voici ce que dit à ce su-
jet M. le maréchal de Vauban :
a J'ai vu assez souvent plusieurs de
» nos gouverneurs parler mal de leur
» place, et fort peu en dire du bien , soit
» qu'ils ne les connussent pas, on qu'ils
9 voulussent de bonne heure préparer
» le public à ne pas attendre grand'-
V chose de leur résistance. En l'un et
» Tautrecasdc pareils discoursne valent
» rien, et ceux qui les tiennent mérite-
iraient bien d'être déchargés de Yma^
DE LA DÉFENSfi
jipioi qui leur dotiue occasion de faire
.»§einblables plaintes. »
Ces comoiaiidaDs sans doute ne sont
pas de ceux dont le chevalier de Ville
nous a tracé le modèle dans son Traité
4$ to 0kar§$ d$$ gaumrmwn, ouvrage
eioellent encore aiqourd'hnj.
« Le gouverneur dans vne place (dit
»le chevalier de Ville) représente la
jipersonne du roy ; de sa fidélité«de sa
nvigUance et de son courage dépend
. » la cottservatioQ des bahitans du pays
a et de la place. J'estime que c'est vne
»des plus importantes charges qui soit
adans vn État ; et, si l'on considère sa
•conséquence, j'oserois la comparer,
JD voire ipielquefois la préférer à celle
» d'un géntotl r ^lon l'importance des
aplacesoù ils commandent ; car il y en
a a aucunes d'où dépend une province,
» et quelquefois partie de l'État ; et la
»perte d'une de ces places n'est pas
•moins dommageable que la perte
.ad'vne armée. Après vn combat, on
^se peut rallier et refaire l'armée,
a mesme asseurer le pays, se retirant
a dans les places voisines ; mais diiBci-
jilemeut reprendH>n vne bonne place
^ après l'avoir perdue : c'est pourquoy
a le prince doit avoir grand égard en
a l'élection des gouverneurs de telles
a places.
a J'estime qu'on doit considérer de
a quelle façon ils se sont conduils jus-
» ques akm, et comme ils ont vescu ;
• car il n'est pas possible qu'on force si
«fort son naturel, et durant un si
# long temps, qu'on ne donne cognois-
a sance de ses inclinations. Vn homme
> qui a vescu toute sa vie en homme
a d'honneur, rarement fera-t-il vne
a lâcheté lorsqu'il sera à ces charges.
#Et au contraire, cehiy qui aura sou-
^ vent fait des numvaises actions, et
a qui aura vn mauvais naturel, s'il
aJtoopvf occasion, il se relascbera de la
contrainte qui lui aura fait dissimiiii^r
ses vices; on revient toujours i son
naturel, et les diasiraidations ne sont
que pour peu de temps.
• Grax qui se sont tonjoiirs mon-
très fidèles, et qui oat en plnsfeurs
emplois oi on a pu les oognoiatre,
sont sans doute k préflnr à Jom
autres. Noua en avons ven qui, dans
l'abord par leur adrasae, ont si Uen
sceu contrebire leur haaneur, qu'ils
se sont bits estimer braves gens, et
par l'effronterie à s'introduire et la
hardiesse à débiter leurs meateries,
ont obtenu des gouvemeflaens de
places importantes, ou estant atta-
quel, les ont misérablement rendues;
et, pour en avoir pris punition de
leur teste, la plaee n'en est pas reve-
nue au imnee : c'est pourquoy il faut
peser plustost les effets que les fuo^
les, ne croire jamais à d^ gens qpn se
vantent et font meatier de fanfaron-
nerie.
bSI on donne quelque gouver-
nement à des personnes d'aage
pour récompense des servîcea qu'ils
auroient rendus, il n'est paai propos
de les mettre dans les plaœa firon*-
tières,^ car au lieu de leur procurer
un repos, on les mettrait dans le tra-
vail: dans ces lieux il but des hooi-
» mes verds qui puissent agir et aonf-
» fnr la fatigue, tant par les soins qu'ils
a doivent avoir de la conservation de
a leur place et du païs, comme de la
adeffence, s*ils sont attaques. Qui
a veut bien s'acquitter de cette place
» ne doit pas dormir toutes les nuits;
a il faut qu'il tienne les soldats et les
a habitans en crainte ; qu'il en ait vo
a soin continuel et qu'il visite souvent
aies murailles; c'est pourquoy ceux
a qui seront vieux seront plus propres
a i estre mis dans les places qui sont
a dans le corps de l'Estat, oi^.|es «yos
Mi ftào» voAni.
533
pet lei Irtîgiies ne sont pas « néees-
vOute oesfaâlltex qui leur lont na-
»tiirelles, ib en doivent avoir d'antres
iiaoqnisea, partie par Tétode, partie
u par l'exerdoe ; ils doivent sçavoir ce
i (|tti est de leur charge ; car il est fort
» absnrde de donner des gonvem«nenii
» è des penonnes qni ne sçavent ceqn'il
» lenr faudra goovemer et commander,
Bel qu'on lenr doune pour lenr ap-
» prendre en le§ eicrçant : cette mode
x est très périttenae , car les fautes 4|ai
Q^# ^v^^BUflln^^vV^vU V ^SftK ^v^^ V ^^^Hi^^A ^u^^s^v? ^^^^nA w ^n^7
» trop grande conséquence et irrépa-
«rabies. Pour vouloir faire Tessay des
«personnes par vne épreuve qui cous-
» teioit si clier, il iant que devant qu'ils
» y («étendent, ih aient acquis toutes
nies intelligences nécessaires. Et il ne
smffit pas d'avoir ouy dire ou leu, il
»£uit avoir veu, et particulièrement
»s*eatre trouvé à divers sièges , soit i
> la défense ou à l'attaque des places,
i^dontj'aîmeffoisniienx l'attaque, parce
» qu'on voit l'un et l'autre, ce qui ne
»sefait si bien à la deffence. Vnqui
V 06 s'est jamais rencontré à ces occa-
» ûons se trouve fort estonné lorsqu'il
»y est; tout rembarrasse, et ne açait
•quelle lésolution prendre: tout ce
•que faitrennemy luy donne crainte^
•parœque tout luy est impréven. Voir
»vne puissante arasée qui l'environne
•de tous costes, tant de canons qui ti-
•reni sans cesse, et les tranchées qui
ose font si promptement (au moins les
«premières), luy font penser que sa
a place est autrement attaquée que les
•antses, et qu'il est impossible de te-
rnir contre de si violons efforts, et
s ooyent qu'ils ont bit leur devoir, et
» qu'ils se pravent rendre, lorsqu'il
» féndroit qu'ils commençassent à bon
• escient à se deffendre; les e&em-
)/ples que noqs avons yeu m*en|
» font ainsi parler. Au contraire , vu
a homme qui s'est trouvé à ptanienrs .
» sièges s'asseure qu'il verra bientoat *
» périr la meilleuro partie de cette aiw
amée, que ce tirailleoieni de canon ne
aluy peut Caire aucun mal; «pie les .
ajnemiers travaux sont fort aiseï à ad»
a vancer, ne s'estonne jamais de ce qui
a arrive, parce qu'il prévôts <« qui doit
a arriver, on si quelque chcob se lait
a contre son opinion, l'expérience et le
a jugement luy fournissf^ntdes moyens,
a d'y remédier; bref, il sait ponctuelle-
a ment comme il faut que les ennemis .
a marchent, les efforts qu'ils peuvent
a faire et les résistances qu'il leur peut .
a opposer, et sçait jusqu'à quel point .
a il peut et doit tenir, et ne se rend
• que lorsqu'il a fait tout ce qu'un,
a homme d'honneur peut faire.
a II faut qu'un gouverneur aime sf ,
a place comme la chose qui luye^,
a plus chère au monde, et d'où dépend^
«son honneur et sa vie, parce qu'il^
a doit se proposer, en y entrant, qu'a-
après la perte de sa place il ne doit
a plus vivre; c'est pourquoy il doit
a avoir autant de soin de sa conserva-
ation comme de soi-même, et doit,
a toujours penser comme il poorroit^la
> rendre meilleure , mieux gardée et
• mieux munie. Et en temps de paix ,
a il doit prévoir à tout ce qui luy pour*
a roit arriver en temps de guerre, et se
a fournir, lorsqu'il n'en a pas besoin,
a de ce qu'il croit qu'un jour luy sera'
a fort nécessaire; c'est une mauvaise^
acoustnme d'attendre à fortifler c«
a munir les places jusqu'à la veille qu'-^n
a craint d'être attaqué, difficilement
a peut-on faire avec si grande haste'ce >
a qu'on a bien de la peine de faire en
aplusieun années; c'est pourquoy on
• y doit pourvoir de bonne heure si on
a ne veut pas être surpris; car , pour
amoy , je ne trouve point 4*exciise pins
Mk
ftt LM DWUISI
aiinpertfii«tile pour vn iç^nivernevr.
• oopnurUiut autre qui a %:i sn'and
i» eniMUiikdeniprit en cti^ . lip liire qni
«eiHt p^n^é rda? Il iUtii peiwi^f a t</Ut
• r« qui peut arriver , ou il e^t ifi<.ap^
i»Me dct charge:» lie si tiauie consé-
»qvefio<*.
» Enfin, je conoturav avec cette prr>-
« position, qu'il me semble qn*il n'y a
» point de charîçe dan?! h guerre avec
*» laquelle on puisse acquérir plus d'hon-
» oeur et de r^utation, qfj'en celle de
• gouverneur, lorsqu'il e^t attaqué et
»qu1l se défend dans une bonne place.
• Oo présuppose toujours que celu y qui
» attaque vne place vient a^ec a^^ez de
• force pour remporter, et qu'enfin
» toute place attaquée doit être prise ;
• c'est pourquoy si celuy-là ne la prend
» pas, il mérite plus de blasmc qu'il
• n'acquiert d'honneur en la prenant,
»paroe que Fun estdirectement contre
ace qu'on s*est proposé, et suppose
a manquement ; l'autre est comme vne
» chose qu'on e>toît bien assuré de
»Toir arriver ainsy. Mais vnquidef-
»fend vne pface, premièrement il
»est seul, et tout ce qui se fait luy
•est attribué, soit bien ou mal. La
vdclfencc dépend de la conduite et de
*>rintel1igence de celuy qui l'ordonne
»et bien peu de la fortune; s'il se
» delTend hi bien ou'il contraifçne Fen-
• nemy à lever le siège, ce sera comme
» vne merveille et contre l'opinion de
9 tous : mcsme de se delTcndre plus
9>qu*oii ne croit pouvoir tenir; on at*-
» trihue tout cela nu courage et h Tin-
• Helligence de ccluy qui commande
• dans la place. Enfin, j'estime que
«ccluy qui fait lever vu grand siège
r» acquiert plusd'lionneur que celuy qui
j» gagne une baUiille , pane qu(\ sou-
»* tenant si long lomp^ il dciïnit vne
» armée, conserve ses MilûaH, lit pln<'i;
nvirÊlat du prince. •
«Jn ne É^tn ^«« «urpt» ée toiâ •
qii'rxij^; lir: :.i ^ âri i uL Ç'mverievit
br»«r; chetalier di^ Vilèe. lersi^ « lé-
flécziira sur 1 importance ei la
de ses fonctions. Ce n'est pas
ment d'aoe action d'éclat qoe
le mneè-, c'est, à proprement
d'une suite non inlerroBpoe dfi
d'éclat. Ce n'e»i paaaMeiqa'il
sa personne, il faut on'il ait ie éun dei
faire seconder avec aèfe : U a
plus grand sang-froid, de Ti
la pkis soutenue, pour tout
tout prévoir, tont ordonner, et Tt
iriiédoit briller dans ses ye«s;il
que tout h'aninie à sa rois , que
s electriae à son aspect, que tout s'<
flamme de ses regards, que son ? s
inspire la conliance, rende le
aus faibles, en impose aux ami a
tiennes. Jatmeraii aiMds, disait b
général athénien Chabrias , mm a9wtk
4ê cmrfs eommamééê far um Aie», fn'am
armée d€ Hamt €omtmandée par mm tmf^
l^ soldat suit presqse lenjoaiB
l'exemple de ses chefs ; c'est danslanr
contenance qu'il voit ce qu'en a drait
d'attendre de lui, et rarement ycitHm
des actes de faitriesse sous un comman-
dant intrépide. Au siège de Aide pm
Soliman II, en 1529, la ville ayant «»>
pitnié, la garnison déflla devant ka Jft-
nissaires qai insultèrent les soldais al
lewr reprochèrent leur pende eourafs,
quoique la place eût été bien dérendnt,
mais non pent-ètre jasqu'è la dernière
eitrémîté. Un soldat aitcmand juato-
ment irrité, se tourna vers l'un éa em
janissaires: 0«'as-lif ê ms rtfrotkm^
lui dit-il ?ja fis commando |km, j'oHh.
Il est certain qu'une garnison bien
dirigée, bien munie de ee qui est né»
cessaire, peut faire lever le siégea une
armée dix fois aussi nombreuseqa'eila;
mais il faut que le chef le veuille rt
qu'il suit rt>olu do pciir ^nuïàl i{ua ib
DES ffJJLOS^ F0IIT/SS
céder. Ua iervîoa régulier et même I Biaise de Itoatluc de se j^tar dans la
bien exédité ne suiQt pas; il faut de
renlhbusiasroe ; il faut qu'une grande
passion soit rame dun grand en-
semble; partout où Ton ne réussira
point à réunir ces deux choses, il n'y a
rien à espérer ; ou sera toujours réduit
iuDe défeoae limitée et soumise au
calcul
Toutes les actions célèbres en ce
genre sont ^ucs à uq ((eure quelcon-
que d'exaltation, bans l'antiquité, lors-
qu'un peuple entier défendait sa capi-
tale, cette exaltation était l'impérieuse
nécessité, la première de toutes les
lois. Chez les Grecs et chez les Ro-
mains, ce fut l'amour de la patrie ; au
temps des croisades et de la chevale-
rie, ce fut un sentiment mixte de piété,
d'honneur it ie gaianterie; lors de la
fondation des républiques helvétique
cl balave , ce fut la haine de la tyran-
nie; l'histoire de la ligue nous montre
ce que peuvent le fanatisme et l'esprit
de faction ; enÀn, les sièges de Calais,
d'Orléans I àe Saint-iean-de-Losne ,
prouvent que là Ëdélité au prince peut
aussi devenir unç grande et généreuse
passion.
N'espérons pas obtenir des effets
sans cause , un dévouement héroïque
sans un reas«»rt qui élève puissamment
l'homme au-dessus de lui-même.
Combien sont donc coupables aux.
qui cherciient à comprimer ce ressort,
i raisonner ()ùaiui il ne faut qu'agir, à
ralentir eii&B l'impulsion d'un senti-
ment qui ne se jléfiïji^pin^rniais qui
est ri\niaue principe de tout ce. qui se
place pour la défendre. Mais MonUue
témoigna beaucoup de répugnance à
s'en charger, parce qu'il craignait
d*6tre obligé de se rendre faute de sub-
sistances. Que forai je, dit-il, dont um
faille où , *ou$ trois jours . Us êoUaii
mourront de faitni Je ne euie pas faire
des miraeiei. — Si voue étiez deme la
plaee^ lui dit le maréchal, j> ^ eroiraie
euuvée; du moine voue obtiendriez une
capitulation honorable. — Que me ditee-
voue là, A/ofMteur , répondit Montluc ;
faimeraie mieux être mort que de voir
mon nom en pareillee écriiuree ; il se jeta
cependant dans la place, et la défendit
si courageusement qu'il en fit lever le
siège.
Je erois pouvoir niè dispenser de ré*
j)ondré lofièo^ifi<»nt à Ceux qui avàn -
cent .que, se dépendre avec une si
grande opiniâtreté dans les places for-
tes , c'est faire rétrograder les mœurs
ven^ les siècles de la barbarie ; car, qui
ne volt tout de suite quel est le but
perfide de cette observation? Qui ne sait
que c'est au contraire par un système
de frontière, défendue isoiément place
par place jusqu'à la dernière eitrémité,
qu'on prévient le p/^s efficacement les
irruptions faites à la manière des bar-
bares? ^
iô ne répéterai point ce que j'ai déjà
, dit à ce sujet dans le chapitre précé-
dent; il me suffit de rappeler que dans
Tantiquité» comme encore aujourd'hui
chez les peuples non policés, une seule
bataille décidait du sort de l'eoipire ,
parce qu'ils n'avaient, point de forte-
fait âe beau il de grand dans le ^ rcsses et que le carnage était toujours
monde 1
Un homme de cœur s'indigne àki
seule pensée qu'il faudra finir par ca-
pituler. Les Espagnols assiégeant la
ville de Bène, ^ous.Benri II, le maré-
affreux et général ; que chez nous, au
contraire, par le système des places
fortes, on sauve 1'^ nsemble par le sa-
criliie momentané d'un seul point;
que dans tout le reste de l'empire les
Uitl.4 JWaséc pwpoêa au fameux [citoyens vivent dans la sécante ta plw
M Là sÉnraft
profonde et se livrent tranqQinement
à lears occupations habituelles, quoi-
que souvent très voisins du théâtre ou
la guerre est le plus animée.
Quant aux prétendus calculs dont
nous avons dit un mot ci -dessus, et
par lesquels on croit pouvoir assigner
la durée du siège dont une place est
susceptible, et l'époque de sa reddi-
tion, nous tâcherons de les apprécier
dans le chapitre suivant
•> '«
CHAPITRE VI,
Abiardilé des calculi par lèiqaelf on prétend
détermioer la dorée d'on i iége el en fiier ie
lerroe. -*• Confradicilw» de ceui qui établû-
seoi de sembUbles calculs. — Ils $oot dé-
mentis par les faits les plos imporians. — Ils
ne tendent qn'à tUsiblir l'énergie des défen-
seurs.
On a toujours regardé comme
sentiel qu'il y eût dans les armées un
corps d'oflBciers chargés spécialement
de tenir le journal exact de tout ce qui
s'y fait de remarquable ; qui eût soin
de lever la carte topographique du
théâtre des opérations, le plan de cha-
que bataille, et qui indiquât sur ce
plan les mouvemens exécutés par cha-
cun des corps militaires pendant Tae-
tion.
Indépendamment de Tintérët que
doit avoir un pareil travail p<^ur tout
homme de guerre, il est une source
d'instructions utiles : il apprend à ré-
fléchir sur la cause des sutx:ès et des
revers; il fait apercevoir les fautes
commises de part et d'autre ; il en*
seigne à les éviter dans de nouvelles
occasions et à profiter de celles de
r«*nnemi.
On tient également le journal régu-
lier de tous \eb H(^ges qui «e font pen-
dant le cours de chaque campagne. Ge
journal marque jour par jour , ou plu-
tôt nuit par nuit , quel a été le progrès
des tranchées, l'elfet des sorties, des
mines et des contremines, des attaques
méthodiques et de vive force. Ces jour-
naux forment un corps d'expériences
militaires qui est en quelque s(»te le
répertoire des commandans et des of-
ficiers du génie, dans la guerre des
sièges, tant pour Tattaone one pour la
défense.
L'un des résultats les plus remar-
quables de ces expériences, est qu*iine
place de telle ou telle grandeur, forti-
fiée suivant telle ou telle méthode, est
susceptible d'une défense commune de
tant de jours à peu près ; car c'est sur ce
nombre de jours qu'on règle les muni-
tions qui doivent former l'approvision-
nement de chaque place de la même
dasse et l'ensemble de la défense.
Mais il est un élément, et c'est le
plus important de tous, qui ne saurait
entrer dans ces sortes de calcuk , c'est
l'enthousiasme, cet amour delà patrie
et de la gloire qui animait les héros de
l'antiquité, ceux des croisades « ceux
de la chevalerie , et encore plusieurs
guerriers fameux, tant des siècles der-
niers que nos contemporains.
Cependant ces traits de bravoure,
qui sortent des règles établies sur la
marche des défenses communes, ren-
dent illusoireet même dangereuse l'ap-
plication des calculs dont nous avons
parlé, ci-dessus; car, en limitant sur
une durée très restreinte les moyens
nécessaires à une défense prolongée,
elles interdisent en quelque sorte ces
exceptions brillantes.
Mais S. M., qui a montré en tant de
circonstances qu'elle sait mettre en
action les ressorts secrets de cette
puissance morale, veut que ce qui a
fart exception jusqu'à ce jour, soit dé-
OBS PUkGBS fOATBft*
tonnais la règle ; elle n'admet point
des calculs où Ton néglige comme ao-
œttoire ce qui doit faire la force prin-
cipale; elle désapprouve une théorie
décourageante qui met incessamment
sous les yeux d'une garnison valen*
reuse rinslant de sa reddition; elle
feut que tout défenseur s'anime an
seol espoir de vaincre: tout autre cal-
col est à ses yeux un abus de la scien-
ce, et S. M. m'ordonne formellement
de réfuter une pareille doctrine.
N'est-ce pas eu effet entrer indirecte-
ment dans les vues de ceux qui travail-
lent à dépraver l'opinion, que d'établir
froidement une supputation qui tend à
démontrer que telle place ne peut te-
nir que tel temps, qu'elle doit se ren-
dre tel jour? Ces calculs sont faux, et,
((uand ils seraient vrais, ils ne seraient
utiles à rien et ne pourraient qu'af-
faiblir la généreuse résolution des
braves.
M. le maréchal de Yauban était loin
sans doute de ces intentions perfides,
lorsHiu'en vue d'établir une base ap-
proximative pour les approvisionne-
mens des places de guerre, il crut de-
voir composer des tables, où pour cha-
que ordre de places, on pût voir ce
quil faut de garnison, de subsistances,
danUKrie et de mimitions, d'après la
durée présumée du siège qu'elle pour-
rait avoir à soutenir. Voici comment
cet illustre ingénieur s'exprime k ce
sujet -
«Avant que de se déterminer sur
> les magasins à fibre dans une place,
i et sur la force de sa garnison , il est
> nécessaire de supputer la durée du
» siège qu'elle peut soutenir, c'est ce
> que nous allons faire ici , plutôt pour
» servir d'instruction que pour en pro-
* poser une règle bien certaine, parce
> que toutqp les places étant différentes
•> les nr\p$ 4«?s autres, il faut .*»'y rr)n-.
» duire par rapport au plot on M moins
» de pièces qu'elles peuvent opposer a
» l'ennemi ,. et selon que les avenues on
> sont plus ou moins faciles. Au sur-*
» plus, il faut toujours supposer deux
» choses: l'une, que la gamiaon y Jai».
9 toujours sou devoir du mieux qu*il
» lui sera possible ; l'autre, que Te»-
» nemi attaquera par l'endroit k plus
» fort , ce qui anrive asseï souvent; au*
» quel cas il ne faut pas qu'un gonver-
>neur, brave homme et intelligent.
» soit contraint de se raidre avant le
«temps, faute d'avoir de quoi pro-
» longer sa défense aussi long-temps
» qu'elle peut raisonnablement aller.
» Nous supposerons donc une place
> régulière de six bastions bien revA-
» tus et terrassés à l'^enve, tontes
9 ces demi-lunes revêtues de même ,
» son fossé aussi revêtu , soit qu'il soit
» sec ou plein d'eau , le tout enveloppé
a d'un bon chemin couvert palissade et
» traversé, avec les glacis bien buts, et
» la campagne des environs unie, sans
a aucun couvert ni eonunandenient
» jusqu'à l'extrême portée du canon ; le
» tout sans autres dehors ni retnmche-
D mens extraordinaires. Sur ce pied-
alà nous réglerons cette estimation
D comme ci-après.
» Pour l'investiture de la place, fa-
» çon des lignes, amas 4e matériaux
9 et préparatifs pour l'ouverture de la
» tranchée , nei^ jours : c'est i peu
» près le temps que nous y avons em-
» ployé 9 kuirs.
» Depuis l'ouverture de la
» tranchée jusqu'à portée de
» l'attaque du chemin cou-
» vert , neuf jours , c'est en-
» core le temps que nous y
» avons employé plus com-
» munéroent 9
t* Attaque et prise du cbe-
> min coirvcrt , y compris
3
3
5.«
w les dim-^iJi^fon* de ses pla-
ttcen d'armes et traverses,
i>el un parfait élablisse-
» ment
» Descente et passage de
» fossé de la demi-lune. . .
» Attachement du mi^
» neur. M Téquivalent pour
• les batteries de canon
1» jusque TouTerture d'une
» brèche raisonnablement
0 grande
» Prise et discussion des
)» dedans de la demi-lune. .
9 Passage du grand fossé
»> aux deux bastibns,que Ton
» suppose commencé avant
» la prise de la demi-Inne. .
» Attachementdu mineur,
y ou établissement des bat-
» teries sur le chehiin cou-
9 vert , pour ouvrir la plate
» et y faire une brèche rai-
»tonnable h
» Défense et soutien des
» brèches après la place ou-
» verte 2
» Reddition de la place
» après la capitulation. ... 2
» Fautes de Tennemi, né-
» gligonces de sa part et plus
» value de là défense, esti-
» mées ft quatre Jimirs. . . . b
» Total quarante - huit
» Jours.
total. . . kS jours.
» Nota, i* Si la demi lune était re-
» tranchée par un réduit revêtu et ter-
» rasso :i Tépreuve, elle pourrait sou-
» tenir trois h quatre jours de plus.
» 2° S'il y avait un bon retranche-
»ment revôtu à la gorij;e des bastions
» attaqués, cela pourrait encore allon-
OË LA DÉtrfiÏNSS
» des bastions serait bien ménagée H
» bien tn tendue.
» 3" S'il y avîiit des tenailles, Ij pu-
» sage (lu fossé p<;urrîiît être reiaidt
» encor* de quelques jours de plus.
n i.0 S'il y avait un bon ouvragé i
» cornes ou l'équivalent bien n^véth,
» avec une demi-lune et un chenltn
» couvert, sa résistance pourrait alloD-
» ger la défense de dix ou douze jours.
» 5** S'il y avait des redoutes ou quel-
» que redoublement de chemin cou-^
r* vert , ce serait encore autant tfofe-
» tacics qui pourraient retarder M
9 progrès des attaques.
» Où cela se trouvera, il en fiadfi
» faire des estimations judiciéusM, é
» les faire plutdt fortes que faibles, ai-
» tendu (]ué la force des garnisons à
B le projet des munition) devant se rt^
D gler sur l'estimation de la durée H
» siège, il faut en toutes nianières M
» éviter le manquement par la ratsôii
» ci-dessus
» 6® Cette estimation est tort serrée*
» je Tavone, et j'aurais dû compter li
» durée du siège plus longue ; mais J'ai
» pense que les pertes d'hommes« tel
v> blessés et les gens épars ou cachés*
» feront un équivalent de huit ou dix
Djf^urs, capables de suppléer au dé*
» faut , si les consommations sont mé-
» nagées. »
Parmi les officiers du génie qui se
sont fait nn nom après M. de Yaiibio
on remarque M. de Lormontaingne, di-
recteur des fortifications de la lÀoselîe*
et mort maréchal de camp en 175S.
Cet habile ingénieur joignit |}eaucoup
de réflexions à beaucoup d*ex périr noe;
il fit un grand nombre de sièges* et
profita des remarques qui s'offrirent à
lui dans le cours de ses opérations mi-
i litaires, pour en améliorer les OOM-
»ger la défense de cinq à six jours
1» plus ou moins selon qu'il serait bien ' tructions. 11 adapta au système des
• fait , et que la défense de l'intérieur ' fortifications françaises les retranche*
aift des places d'armes rentrantes,
i nous avaient coûté tant d'tiommes
tant de temps au siège de Bcrgop-
Dm, en 17M ; if reconnut la nëces-
il des grands réduits dans les demi-
es ; il donna à ces mêmes demi lu-
% 4e grandes saillies, aCn d'obtenir
4 revers sur les logemcns de I en-
vi dans le chemin couvert; enfm,
l^erfectionna notablement toutes les
raes de son art , et parvint à com -
•êr Je système de fortifications qui est
puMti'bBi considéré comme le mcil-
er par la plu|>art des officiers du gé-
lei et 9 eut l'avantage d'en faire lui-
Ntape «ne importante application aux
eylilci Cooronnes de la Moselle et
I. Belle-Creîx à Mets, qui, par ses
MStreclions, est devenue au moins
ces pertioBS principales de son
mne place de la première
pae>
Maia^ soit modestie de la part de
L de Cormontaingfie, soit qu'il sût
nlMB il est dilBcile dis faire agréer
e ttouveautés, il ne pressente jamais
m trecé^ ei les résultats de tous ses
f qiÊe comme de légères modi-
de oe qu'avait fait avant lui le
flpéelial de Vauban , comme de sim-
H perfecUonnemeiis que le temps
loQfjours aui meilleures choses,
altérer hi gloire des inventeurs, et
li n'auraient pa échap|)er à H. de
i!ii-mème, s*ll eût vécu davan-
C'est ainsi que M. de Corrtion-
fit adopter sans rontradiction
ttiwwellet idéesi et qu'il rénssil enfin
iafceduire dans le systèaoe de M. de
'anliaa beaucoup pins d'nmovatloni
M Mi( de Vaeban , Ini-introe, n'en
Ndt bitea i celai im comte de Pà-
a», qui Favait précédé. Au sùr|flu9,
iieaa*f hangemens- furent heureux y la
laie* gloire de M. de Vauban n'en
DBS PLACES FORTES. Uf
fonaée sur la perrection de son tracé,
mais sur rhabilcté avec laquelle il sa-
vait profiler du site et des accidens du
terrain , et surtout sur le nouvel art
d'attaquer les places , art dont il doit
être considéré comme le véritable créa
teur.
De tous les services qu'a rendus M. de
Cormbntaingne à l'art défensif, le plus
important est celui d'avoir parfai te-
ntent développé les avantages de la
fortification en ligne droite, avantages
aperçus et traités positivement par
Fabre, habile ingénieur du règne de
Louis XIII, sentis et appréciés par
M. de Vauban , mais qu'il était ré-
servé à M. de Cormontaingne de met-
tre dans tout leur jour et de confirmer
par d'heureuses applications.
Nous avons vu précédemment com-
ment M. de Vauban avait évalué par
aperçu , d'après sa longue expérience,
la durée probable de chacune des pé-
riodes d'un siège, afin de se procurer
une base pour lesapprovisionnemens:
M. de Cormontaingne voulut perfec-
tionner cet aperçu comme tout le
reste: il essaya de le réduire eu calcul
exact , et de plus, il imagina d'en faire
une application nouvelle, absolument
étrangère à l'objet qu'avait eu en vue
le maréchal de Vauban. Cette applica-
tion consiste à se servir des résultats
de ce calcul prétendu exact , pour éta-
blir une échelle de comparaison pré*
cise entre les forces des diflér^ns systè-
mes de fortifications quelconques exis-
tans, ou qui pourraient être proposés
dans la suite.
Mais ces calculs mathématiques ont
produit de très mauvais effets , parce
que le tempe fixé par eux pour la dé-
fense d'une place a été pris pour ue
maximwm, tandis que ce n'est j^u'un
minimum. Ainsi, par exemple, le leni(>^
NMvait souffrir, car elle ii*est point] fiié pour la durée du siège de Y\\
w
\ •
KO
DB LA oArsilSB
gone par les calculs de M. de Cormon-
taingne, étant de vingt-trois jours sea-
lement , on a regardé ces vingt-trois
jours, comme I6 maximum de durée du
siège de l'hexagone, tandis que dans
cette durée on ne considère que la dé-
fense résultante de Teflèt des armes à
feu qui est la moindre, et qu'on y fait
abstraction de la défense par les coups
de main , qui est infiniment plus effl-
cace , mais qui , parce qu'elle dépend
du degré de courage de la garnison ,
est par là même indéflnie et non sus-
ceptible d'être soumise au calcul.
D'ailleurs, sous le rapport de l'ap-
provisionnement des places, les calculs
de M. de Cormontaingne étaient inu-
tiles, parce que les aperçus de M. de
Vauban suffisaient bien pour remplir
cet objet; et sous le rapport de la nou-
velle application qu'a voulu en faire
M. de Cormontaingne, qui était de
comparer les valeurs des divers sys-
tèmes de fortifications eiistans ou
possibles, ces calculs étaient erro-
nés, même en faisant abstraction de
toute autre défense que de celle des
armes à feu, parce qu'ils n'étaient ap*
plicables qu'aux constructions connues
on légèrement modifiées, les seules
sur lesquelles les journaux de siège
eussent fourni les données suffisantes ;
mais pour des constructions entière-
ment nouvelles, on ne pouvait y ap-
pliquer la méthode de M. de Cormon-
taingne, sans qu'il entrât beaucoup
d'arbitraire dans les évaluations, et de
partialité en faveur ou oootre tel ou tel
tracé, déjà adopté on rejeté HientaSe-^
iKDt, par esprîtdeoorps ou par amour-
piopre d'auteur.
Enfin ces calcula ont révélé le secret
de la fWMeise de tous les systèmes
oonréis Jusqu'alors, et particulièrement
de celui de M. de Cormontaingne lui-
ipèiP'î , IfMjuel d'après s^'5 propre? «^«1 •
culs et dans le cas le plus favorable*
qui est celui de la ligne droite, ne neuf
tenir plus de quarante jours de cran-
chée ouverte.
Ainsi se forma cette opinion très
fausse et très préjudiciable, que les
placer ne sauraient se défendre long-
temps, qu'elles sont presque inutiles, et
qu'il vaudrait mieux employer les dé-
penses qu'elles entraînent^ en aug-
mentation de forces actives. Cette opi-
nion, qui a eu beaucoup de vogue en
France, quelques années avant la ré-
volution , en aurait , si eDe eût pu pré-
valoir, infailliblement entraîné la ruine,
pendant cette crise terrible, on elie a
été sauvée maintes fois par la résistance
de ces places, et particulièrement par
celies de Landau, Lille, Maubeuge.
Cette même opinion avait déjà sé-
duit Joseph n , empereur d'Allemagne ,
et l'avait déterminé à démolir on ISiire
démanteler les plaees fortes de la Bel-
gique : aussi cette belle contrée, qui
avait été pendant tant de siècles le
théâtre de la guerre, sans être con-
quise, le fut par les Franfais en une
seule campagne et sans relour, peu*
dant cette même révolution , qiri sem-
blait devoir entraîner leur extermina-
tion et le démembrement de leur pay$.
Je reviendrai sur les calculs de M. de
Cormontaingne. A la mort de cet olii-
cier-4{éBéral, ses méaooires et papiers
forent confiés â M. de Fourcroy, pour
en (Bire l'analyse et en tirer ce qui s'y
trouverait d'utile. M. de Faureroy était
uo officier-général du mènse ooipa, n*
eommandaUe par ses aervicaa; méê il
avait peu de lucidité daus Tespnt; il
vouhit mêler ses propiOB îdéefe, qui
n'étaieiit pas tof^jours lieureusea, à œi-^
les do M. de CormoataiBgBe ; il s'en-*
vtloppa d'un certain langage « moilié
mystérieux, moitié scientifique, et finit
par no donrf^r qu'un tor( mau^niti ou-
VÊ$*VLkQÊM rOMW.
SU
iffèf^é . (fDÎ^if ^vMtt'; 'flii nÂm de» olll- ^ éesmomem, forié par M. de Fèurerôy,
cjen^énérMi du eorps du K^nie^ sms | le mérite du fronl hexagonal est au
le titré de JfémiNriv mr to fbrtife^êi^^
Les fondions de preiaier inspeeteur-
général d« ft)rtîfleaUom, qu'exerçait
M. de Feo^croy, ayant imprioié A ses
écrits nne espèce de sanction , il est
nécessaire d'en détnadre Peffet par une
«viarte réfutation.
Pour mettre dans tout son joor l'in^
myaMe absurdité des ealcnb de M. de
FmirciOT, il snfBra d'analyser l'exem-
ple principal allégué par lui-aièffle.
Void donc son misonnement :
Une roftitcation quelconque, dit-il,
est d'autant meHteure, qu'elle estsns-
feptiMe d^une plus longue défense, et
qu'elle coûte moins ; donc son mérite
doit être représenté par le quotient du
nombre de jours qu'elle peut tenir,
depuis la tranchée ouTerte jusqu'à la
reddition de la place, divisé par la dé-
pense de sa conatruction. C'est ce
quotient que M. de Fourcroy ap-
pelle le Moment de la fortification , et
ce qu'il prend, comme on tient de le
dire, pour la véritable échelle de son
mérite ou de sa valeur, comparative-
ment à toute autre espèce de fortifi-
cation.
En appliquant cette tneone ani va-
leurs relatives de deux fronts de forti-
fication moderne, c'est-à-dire cons-
truits suivant les (uincipes de M. de
Cormontaingne , Tun appartenant à
l'hexagone, l'autre au dodécagone ré-
guliers, il établit le calcul suivant :
Le nombre de jours de tranchée ou-
verte devwt le frout hexagonal est
de 23 jours.
Le nombre de jours de
Uaaebée ouverte devant le
fronidodéeagwaleatde. . 30
Les dépepqes des deux bouta sont
iffhH donc» suivant te principe
mérite du fnml dodécagonal eoosme
ttestà3»,oucoaMtteil esrélô.
Appliquons maintenant M même
principe, donné comme général par
M. de Fourcroy, non pas, coaune d-
desaus, à deux fronts seulement, mats
à deux places entières. Suppoéons
qu'on fasse bâtir deux places neuves
entièraa. l'une hexagonale, l'autre do-
déeagonale, et piopoa9osF«ous de trou*
ver le mérite comparatif de ces deux
plaoes avec TécheUe de M« de Four-
croy. Nous dirons donc :
Le nombrede jours de tranchée ou-
verte devant le front de la place hexa-
gonale est de. SB
Le nombre- de jours de
tranchée ouverte devant le
front de la place dodécago-
naie est ue» • • • > • • • SU
Les dépenses des deux places sont
entre elles comme 1 est à S, puisque
la seconde place contient deux fois au-
tant de fronts que la première, et que
les dépenses de tous ces fronts sont
égales.
Donc , suivant lé principe des mo-
roens, le mérite de la place hexagonale
est au mérite de la place dodécagonale
conmie A est à ^, on comme S2 est
à 16.
Ainsi , crapres ce nouveau caicnr,
strictement établi , comme le premier,
sur le priodpe général dea momens de
M. de Fourcroy, la place Hexagonale
aurait un mérite bien supérieur à ce-
lui de la place dodécagonale, tandis
que, par le premier, c*est le front do-
décagonal qui l'emporte sur l'autre.
La cause de cette contradiction,. que
l'auteur sans doute n'avait pas prévue,
est visiblement le vague des mots, tels
que celui de wérUe^ qu'il a voulu assu-
jettir à un calcul malbéroaiiqui*. pi-
m
M I.A
plus , il a négligé , dans son apprécia-
tion, les principaux élémens de l'objet
à OMuidérer, par exemple la perte des
homofiea de part et d'antre ; car com-
ment l^assi^|;eant oontinnera«-t-il ses
opérations, si on Ini tue la plos grande
partie de son monde avant qa'il pulase
arriver au pied de la biècheï Et qui ne
voit d'ailleurs, en s'en tenant aux seuls
élémens mis en canvre par If. de
Fourcroy, qu'une seule place, qui
pourrait soutenir un siège d'un an ,
serait bien préférable en général à qua-
tre autres , dont chacune ne pourrait
tenir que trois mois , puisque ceHes-ci
pourraient être enlevées toutes les unes
aprte les antres, par une force médio-
cre ; tandis que pour prendre la pre-
mière, il faut une force majeure et des
préparatifs immenses, souvent supé-
rieurs à tous les moyens de l'assié-
geant; que de plus, il faudrait conti-
nuer le siège pendant l'hiver, ce qui
ruine l'armée ,et donne à l'ennemi le
temps de ramasser des troupes nom-
tHreuses pour venir au secours de la
place , ou pour former ailleurs une di-
version puissante.
En voilà asses sur la théorie de
M. de Fourcroy. M. de Cormontatngne
n'avait pas donné dans de semblables
écarts; il s'était borné à mesurer la
force des places par la durée de leur
résistance, l/expérience, disait-il, ap-
prend qu'il faut tant de temps é un
certain nombre de travailleurs pour
fouiller une toise cube de terre, tant
pour exécuter teHe longueur de tran-
chée , tant peur tel rameau de mine ,
tant pour construire une batterie, tant
pour faire un épaulement donné, taht
pour faire une brèche proposée. Or,
comme les travaux d'un siège quelcon-
que se composent toujours d'une série
de semblables opérations, et que cette
série est connue prar chaque cas par
la théorie des tttaqMade If. de V»
ban , il n'y a aucun aîége 4mi an m
poiaae calculer la dnién, tt par cansé-
qnent, aucune place dont qa m fiip
évaluer la forée*
Ce raisonnement, très plauiiUa m
apparence, est cependant tiia fMuict
très dangereux ; il est fmx, m oa qil
repose sur desahatractionaqw ne dsi-
vent point avoir lieu; il eat dangaaaai,
en ce qu'il offre pour magpinw de II
défense ee qui n'est que le
qu'il en résulte la persuaaioa
que les places ne sauraient m ééfenif
long-temps; que les défenaernaenssat
déoouragéa, et qu'un gowemenr croit
avob fait beaucoup qwnd il a atlsisl
ce prétendu mwmmm^ kxnqwfm esa-
traire il n'a fait qu'uae très aédiacn
défense.
Les abstractioBS q«e fait M. dt€v-
montaingne sont celles des ceips de
main, tandis qu'il eat prouvé par Hè-
toire qu'il n'y a jamais eu de hdb
défenses, de défenses prolongées, ^
par les coups de main. Vpici le tain
de M. de Goramutaingne.
Mémorial pour li IbrUacatloD»
0
I »
I D
i
a La force lies places de guerraaili
durée de leur défense varie beausaaf,
comme nous l'avons dit, par des d^
constancestotalementindJépendaalBi
do plus on moins d'inteHigeneedaai
l'oflacier qui en a dirigéla tortWcuMgD.
Le nombre des troupes qni a^ trf*-'
vent ; Fétat et la quantité de loatesse^
munitions ; la fermeté et le degré ie
capacité de l'homme quf y ooniOMNK^
de, ainsi que de tous sesaMes, tontes
ces causes infNient inSnkneUt sur \m
résistance d*une place $ de MêsM 1^
conduite, bonne ov maltaise,
l'assiégeant , comparée i eeUe
l'asisiégé, peut abréger eu
DBi PtkCËS FORTES.
Ae d'an siège. Ce sont là des
«rvf dans l'examen desquels
Centrerons pas ici, et qui nu-
leor place dans le Mémorial
« défense et dans celui |K)ur
•e des places; nous voulons
•Ml discuter ce qui résulte
Sur force, de la bonne ou niau-
Haposition des ouvrH<;es.
19 avons nn excellent moyen
■gwr, dans le calcul de leurs
M dépouillé de tous ces ocei-^
Biaus pouvons supposer dans
faant l'art de pousser ses tra-
auivant les règles ordinaires ,
•pidement qu*il est possible et
il de le faire vis-à-vis d'une
M qui voudrait se bien défon-
l'admettre cependant, de la
e l'assiégé, aucun usage des
rces qu'il pourrait tirer de son
4e, comme sorties, fourneaux,
-approches , coupures ou re-
emens, etc.; le supposer seu-
t de pied ferme dans tons ses
|89, et faisant feu sur los utta-
jusqu'au moment où le pre-
9Mut le force à les abandon-
H. de Cormontalngnc n'admet
\ calculs que l'effet des armes
y néglige, comme aewmiru ,
de simples aceulené , la bra-
ï industrie; or, ce sont («-
ces accessoires précisément
les défenses brillantes et pro-
; fl n'y eut jamais, sans i*ux ,
défenses communes, un mut-
défense, le maximum ne pou-
Ar lien que par ces prétendus
réL
idant quel doit être notre ob-
€e d'obtenir le minimum ou le
m de la défense? En vain M. de
taingne annonce pour sa théo -
eorrectibqui auront, dit-il.
leur place dans le MémoritU pour ia
Difensê. Je ne trouve point ces correc-
tifs dans le Mémorial sur la Défense;
j'y vois aenlement le détail de certai*-
nes chiciines capables de prolonger une
défense de quelques jours, mais avoiiii
de ces traits hardis qui forcent les (en-
nemis de lever le siège on de se mor-
fondre plusieurs années devant une
place. Quand même ces grands moyens
se trouveraient dans le âiéfaorigi 4ô ia
Défeuif, comme l'annonce M. do Cor-
montaingne, l'impression faite n'en res-
ferait pas moins; il n'en serait pas moins
dit et il n'en demeurerait pas moins
constant dans l'opinion, que les pla-
ces, fortifiées par M. de Cormontaln-
gnc lui-même, ne peuvent tenir au-
delà de vingt-sept , trente , quarante
jours au plus, comme dans la fortifica-
tion en ligne droite , qui est le cas le
plus favorable.
On est sans doute étonné de voir
toutes les ressources de l'art , dirij
par les plus habiles martres, ne puis-
sent, d'après leurs propres calculs,
conduire un assiégé au-delà du qua-
rantième jour, et l'on se demande
comment il se fait qu'autrefois • lors-
que les villes de guerre étaient à peine
entourées d'une muraille, eU^ te-
naient cependant beaucoup plu&long-
temps.
La réponse Qrc|iiiair(^« et qiip «6.1(4-
sente le plus naturellement, est que si
l'art de fortifier les places s'est perfec-
tionné, fart de les attaquer s'est en-
core perfectionné davantage; que la
poudre et les armes à feu ayant été in-
ventées, toutes les défenses de l'assié-
gé se trouvent ruinées en peu de temps,
par les batteries de l'assiégeant, el ses
remparts culbutés par les mines ; que
cependant une sorte d'équilibre s'était
maintenue entre l'attaque et ia défense
jusau'au sièele de Louis XiV nais
M
mt LA otrairti
^'alors le génie de Veuban fit tout
d'mi coup peoeher la balance du cAfé
de k adence des attaques. Et, eu efr
fét« on ftat tellement étonné de la chute
aucoesaive et précipitée des places les
pina renooMiées jusqu'alors, qu'on
n*oaa plus, pour ainsi dire, songera se
défendre ; on crut pouvoir céder sans
déshonneur à un tel ascendant, et c'est
ainsi que s'étiddit enfin cette maxime,
defenue trifiale , qu'il n'y a point de
place imprenable.
Cependant j'obserye que l'invention
4è la poudi^' fournissait de nouvelles
armes à l'assiégé aussi bien qu'à l'as-
siégeant ; que si eUe avait donné à ce-
iuî-ct l'art des mines, elle avait donné
à l'aulre l'art des oontre-mines ; que
depuis M. le maréchal de Vauban, on
a vu encore de très belles défenses;
qu'enfin cette triste maxime, qu'au-
cune iriace n'est maintenant imprena-
Ma , fkt-elle vraie , ne devrait jamais
•ottir de ta bouche d'un homme investi
de la confiance du gouvernement, d'un
miHtaire à la fidélité duquel le souve-
rain a remis l'une des dés de son em-
pire.
Malgré fantiNrité du nom de Gor-
mootaingne , ses calculs ont déjà été
critiqués par plusieurs officiers dbtin*
ttngués du corps du génie.
Si saerra prM nr
«lanllw.
de
« n nous pondt assex difficile, dit le
» général d'Arçon, d'apprédergéomé-
a triquement ce <pM vandraient les
» saillies de l'audace dans une place
# qui refuserait aux assiégeans la pos-
a sibUité de développer leur supMo-
a rite, qui les priverait de l'action des
M rieocbats contre les faces les plusdé-
• cognantes , qui leur Aterait l'espace
. ji Bécanaire .pour l'emplacement des
y batteries de contre-flanc ;
«combinaison d'ouvrages, qui, es
a conservant aux défenseurs la facd-
»té de multiplier les retoun offea-
» sifs, ajouterait aux avantages physi-
» ques, les dispositions U» plus pro-
» près à favoriser et à maioteoir le
a i*oorage d'esprit II existe néeemi-
» rement beaucoup d'ari^traire sor cet
9 sortes d'évaluations. »
Nous voyons pareillement qa'eo
1792, un autre officier du mànie corpi,
qui depuis a été inspecteur^g^^aéral dei
fortifications, avait cru devoir s'élever
à la tribune de l'Assemblée natioDale ,
au nom du comité militaire dont il était
rapporteur, contre ces cakob ré-
trécis des écoles sur la duiée des sié
ges.
Ijè mal est qn «a acropiani pour h
défense les mêmes armes que pour
l'attaque, c'est-à-dire les armes à Ces,
on ait renoncé aux andennes, comme
moins avantageuses. Voilà l'erreor et
la véritable cause du peu de défense
des places actuelles. On pouvait et on
devait employer pour la défense la
aimes andennes et les armes noavel-
les , et on s'est borné aux dernières,
qui sont bien plus utiles à l'assiégeant.
mais qui le sont beaucoup moins à
l'assiégé; le premier doit procéder
méthodiquement dans sa marche; il
doit s'emparer pied à pied de tous les
refuges de l'ennemi ; tel est le principe
général de M. de Vauban ; et la raison
en est évidente, puisque l'un avançant
to<4ours, l'autre reculant toiûours, il
faut bien que celui-d finisse par être
entièrement chassé. Mais , par la mê-
me raison , ce n'est point p^ed à pied ,
c'est par des coaq» de mam ^e celui-
d doit se défendre, qu'il doit attaquer
auccesaiveaient toutes ses têtes d'on-
vrages, non pas au loin , mab sur ^r^
propres remparts et sur les pi^ictics rw
DIS WtàCMB JfOWtMS.
6U
pfodiées ; car si Tassiégeaiit n'est pas
en force pour soutenir ce^ travaux, Us
seront détruits à mesure qu'ils seront
poussés en avant , et s'il est en force
partout, c'est alors qu*en faisant usage
du feu très rapproché, il sera néces-
sairement très meurtrier pour celui qui
devra le soutenir constamment.
C'est donc principalement sur les
coups de main que doit être fondé le
véritable système de la défense des pla-
ces, et si les armes à feu sont les plus
avantageuses à l'assiégeant, l'arme
blanche, au contraire, est la plus favo-
rable à l'assiégé.
Et sans elle, en effet, sans les com-
bats corps à corps, sans la défense des
brèches, nous ne voyons pas qu'au-
cune belle défense ait jamais eu lieu ,
et jamais avec eux la plus mauvaise
place n'a manqué de prolonger sa dé-
fense d'une manière inespérée. Voilà
une vérité constante, qui appartient à
l'histoire ancienne comme à l'histoire
moderne, aux siècles qui ont précédé
l'invention de la poudre, comme à
ceux qui l'ont suivie. Ce fait répond à
ceux qui affectent d'invoquer sans cesse
l'expérience du passé» pour se dispen-
ser d'examiner aucune idée nouvelle.
Cette expérience nous démontre qu'à
moins qu'on ne parvienne à imaginer
quelque moyen de résistance inconnu
jusqu'à ce jour, aucune défense pro-
longée n'aura jamais lieu s^ns la re-
mise en activité du combat corps à
corps. Or, c'est justement ce genre de
combat qu'exclut formellement le cal-
cul proposé par M. de Gormontaingne ;
faut-il donc s'étonner que sa plus lon-
gue défense soit au plus de quarante
jours?
Suivant le journal que donne cet of-
flcier-général, de l'attaque d'un hexa-
gone , fortiGé suivant son propre sys-
tèmOt la défense ne peut aller au
deUutÀeiit
du trente-cinquième jour, et il terminé
les travaux de cette journée par ces
paroles : Il est temps de se rendre. Cril-
lon se fut écrié : Il est temps de com-
mencer à se battre. Il eût dit, comme
au siège de Quillebœuf : Criilon est d^
dans et Vennemi dehors. Ainsi, lorsque
Bayard défendait les murs de Mézière [
tout en brèches, M. de Cormontaingne,
son compagnon d'armes ,'' lui aurait
crié : Il est temps de se rendre ; ainsi ,
lorsque Guise réparait les brèches de
Metz sous les feux redoublés de l'en-
nemi, M. de Cormontaingne, son com-
pagnon d'armes, lui aurait crié : Il est
temps de se rendlre. M. de Cormon-
taingne était sûrement brave; il l'a
prouvé souvent. Il avait ce courage
léfléchi qui soumet tout au calcul, m
milieu même du danger, mais non ce
courage bouillant, ce courage d'exem-
ple qui entraîne à sa suite une garni-
son valeureuse sur la brèche, qui cul-
bute les ennemis, les poursuit, renverse
leurs travaux, et détruit en une heure
ce qui a coûté un mois de fatigues à
l'assiégeant.
C'est le zèle 4e la perfection en totl
qui a engagé M. de Cormontamgne
rechercher ce degré de précision ; roaâ
c'est un zèle malentendu. Il est aisé de
concevoir les fâcheux effets qui doi-
vent en être le résultat. Un gouver-
neur croira avoir fait beaucoup , com-
me je l'ai déjà dit, s'il a défendu sa
place quarante jours, puisque c*est le
maximum fixé par la théorie. Le soldat
qui sait n'avoir que quarante jours au
plus de défense, et ne pouvoir aspirer
à la gloire de faire lever le siège, n'a(>
tache pas beaucoup d'importance à
tenir deux ou trois jours de plus ou de
moins ; il perd toute son énergie , ou
va mollement, ou ne songe qu'à mettre
sa responsabilité à couvert. On ob-
enfin une espèce de marche ré*
»
5i6
DE LA DÉFENSE
trojçradc mesurée , qu'on appelle une
belle défense, et qui n'est souvent
qu'une vaine et hâtive consomma-
tion de tout ce qui était dans les ma-
gasins.
Puisque les plus célèbres ingénieurs
reconnaissent que la théorie ne four-
nit par elle-même aucun moyen de
prolonger la défense des places, tandis
que Texpérience a prouvé que cette
défense peut être Mcn au-delà prolon-
gée , il faut que dans les calculs il y ait
un élément essentiel de négligé. Cet
élément , c*est la valeur, la valeur qui
ne saurait en effet se calculer. Si nous
voulons que nos places résistent, com-
me ont résisté les places de Mézières,
de Metz, de Mastrîcht, de Graves, il
faut que nous les défendions comme
ont fait les Bayard, les Guise, les Cal-
vo, les Chamilli, c'est-à-dire qu'il faut
que nous nous présentions sur la brè-
che , que nous y soutenions l'assaut ,
non pas une fois seulement, mais jus-
qu'à ce que l'assiégeant soit hors d'état
d'en livrer de nouveaux.
Quoi ! partout en rase campagne , le
combat corps & corps décide de la vic-
toire , et ce combat ne sera point ad-
mis dans la défense des places ! Tous
les postes à la guerre s'attaquent et se
défendent à la baïonnette, et les rem-
parts seuls, qui sont les postes les plus
importans, les mieux fortifiés par le
choix de leurs positions et par les tra-
vaux de l'art, les remparts, dis-je , se-
ront les seuls points où l'on d'osera
paraître avec l'arme leconnue de tout
temps, pour la plus sûre et la plus dé-
<;isive entre les mains des Français! £t
une ville de guerre, pour laquelle au-
ront élé faits les plus grands sacriBces,
qu'on aura pourvue de tout ce qu'exige
nF»e longue résistance, sur l'appui de
jîtiîuoîh» on aura compté pour la sùreli» '
lie riutéheur, pendant 4u'éh a porté j
la masse des forces au dehors pour ane
expédition lointaine, une telle place,
dis-je, aura tenu à peine un mois,
qu'on y parlera déjà de capitulation!
Au bout de trente-cinq jour», on en-
tendra des chefs annoncer qu'il est
temps de se rendre, tandis qu'on a va
de misérables bicoques tenir des an-
nées, et forcer enfin l'ennemi d'aban-
donner son entreprise ; tandis qu'on a
vu un simple blockhaus arrêter les
Français eux-mêmes, pendant près de
quinze jours, au dernier siège de Dint-
zlk, pour le couronnement du chemin
couvert et le passage du fossé !
La forliflciition serait d*un bien pettt
avantage, si elle ne pouvait procurer
qu'un appui si faible et si précaire; ff
il n'est pas étonnant que des généraok,
s'appuyant sur les résultats du caknl,
aient soutenu leur parfaite inutilité.
Mais heureusement ces calculs sont
faux , les places fortes sont d*unc im-
portnnce bien supérieure à celte qn^
leur supposent leurs pins zélés par-
tisans, et l'expérience a montré mill^
fois que, sans elles, il n'y a rien
sure au dedans, aucune entreprise
jeure à faire au dehors.
De ce que les meilleures places m
peuvent, suivant certains calculs,
longer leur défense au-delà de quarante
jours, tandis qu'on a vu les plus mau-
vaises tenir des années entières, on.
aurait grand tort de conchirc qu'il est^
presque indifférent d'avoir des place»*
bien ou mal fortifiées. Les places sont
des machines qui multiplient la puis-
sance en raison de la longueur des le-
viers. Une place bien fortifiée réduit
l'ennemi à une brèche étroite, tandis
qu'une mauvaise expose les remparts à
être ouverts à la fois de tons cAtés ; la
première prend des fiancs et des revers
surrennemi dans tous les points qui eu
sont liusceptibles ; elle ralentit la mar-
DES PtàJCM FOBUS.
che de faBéaRIant, la rend très péril»
lease, protège au contraire les coups
de main de l'assiégé, et assure sa re-
traite pour lui procurer de nouveaux
retours oDensirs; elle multiplie les
pertes de l'un, elle diminue ceUes de
Tautre ; elle exige du premier des pré-
paratifis immenses et souvent supé^
rieurs à tous ses moyens; elle les
épuise et le met hors d'état de rien en-
treprendre de plus, tandis qu'elle éco-
nomise et tient en sûreté le matériel du
second ; en un mot, elle met celui-ci
en état de résister à un ennemi dix
fois plus fort que lui, non pas un mois
seulement, mais indéGniment, en rai-
son des subsistances et des munitions
qu*il a pu réunir et renfermer avec lui
dans sa place.
M. le maréchal de Saxe n'aimait
point les places fortes ; mais c'est qu'il
regardait comme une chose impossible
qu'elles fussent toutes suffisamment
approvisionnées ; et c'est précisément
parce qu'il les regardait comme suscep-
tibles d'une très longue défense , qu'il
en regardait l'approvisionnement com-
me si difficile.
cLes richesses d'un prince, dit-il,
»ne s'étendent pas à faire de pareils
» magasins, pour tout un pays , dans
» toutes les places qui sont en risque
» d'être attaquées. Et quand il aurait la
^ pierre philosophalc il ne le pourrait
» pas parce qu'il mettrait la famine dans
» ses États.
y» Les sièges que Ton a faits en Bra-
^bant n'auroient pas eu des succès si
«rapides si les gouverneurs n'avoicnt
» pas calculé le temps de leur résistance
» avec celui de la durée de leurs vivres ;
» c'est pourquoi ils désiraient autant que
«rennemi que lâbréchefûtbientét prête
• pour pouvoir se rendre honorable-
> ment : et, malgré cette bonne volonté
» fflatuelle, )'ai m plusieurs geuver«
» neurs être obligés àa le faire, sans
» avoir eu Thonneur de sortir par la
» brèche. x>
Mais ce qui prouve que M. de Saxe
avait grande confiance dans la longue
durée de la défense dont les bonnes
places, bien approvisionnées, sont sus*
ceptibles, c'est qu'il propose lui-même
un système de fortification qu*il allri-
bue au roi de Pologne, son père, et
qu'il regarde comme à peu près im-
prenable.
Les autres réflexions de cet habile
général, sur l'objet dont il s'agit, doi-
vent être dtées; elles imprimeront
l'autorité d'un nom célèbre aux vérités
importantes que nous avons déjà dé-
montrées.
a C'est cependant sur la fin d'un
1» siège , dit-il , où il faut marquer plus
» de vigueur, parce que c'est alors qu'il
» est question de coups de main , et
)»que, plus vous marquez de vigueur,
»pluj8 l'ennemi se dégoâte, parce qu'a-
]» lors les maladies se mettent dans son
» camp, que les fourrages et les vivres
»lui manquent, et enfin que toutcon-
2> court à sa ruine, ce qui décourage e^
» officiers et soldats ; si, avec cela, ils
y» sentent que la résistance devient plus
» forte, et qu'elle augmente à mesure
X) qu'ils se flattent de la voir diminuer,
» ils ne savent plus où ils en sont, et se
» dégoûtent totalement. C'est pour-
» quoi il faut toujours réserver les meil-
Dleures troupes pour les coups de
s> main, ne leur pas seulement permet-
» tre de mettre le nez sur le rempart,
)» et surtout ne les point faire veiller ;
» mais , dès qu'ils ont fait leur expé-
édition, les renvoyer à leur quartier.
»Pour revenir au feu du chemin
» couvert ou des remparts sur les tra-
» vailleurs pendant la nuit, ce n'est que
)idu bruit ; c'est là que l'arme
» blandie briUeroit.
su
DB lA DÉFBNSB
oEo roDà asseï pour faire connottre
vqiie les assiégea n*ont pas pendant
vie cours d'un siège d'occasions plus
» avantageuses de combattre l'ennemi
Dque celles que leur fournissent les
» ouvrages, pourvu que l'on puisse y
» communiquer aisément.
DBien des gens s'imaginent que,
» lorsque la brèche est faite, il n'y a plus
D de salut et qu'il faut abandonner l'ou-
ivrage; il est vrai que l'on ne sauroit
» guère empêcher le logement, mais
>> on peut les en chasser et les obliger
» à donner cent assauts, parce que l'on
» peut s'y maintenir toujours phis fort
» qu'eux, et leur tuer avec avantage
»une inQnilé de monde. Ils n'ont, en
» ce cas, qu'un parti à prendre, qui est
» de faire sauter l'ouvrage, et il y a ap-
» parence qu'ils s'en aviseront un peu
»tard. Mais si les ouvrages, quand il y
» a des fossés secs, sont contreminés
» de façon qu'il y règne une galerie
» souterraine tout autour, l'ennemi ne
» pourra y rien faire avec la mine, tant
» que je serai maître de l'ouvrage, parce
» que s'il creuse plus bas que moi, il
n trouvera l'eau. Pour du reste, les mi«
unes font plus d'épouvante que de
x> mal , et l'on trouve presque toujours
» moyen de les éventer ou de lies pré-
i> venir.
D J'ai toujours eu en tète un certain
» ouvrage qui fut pris et repris trente-
» six fois au siégedeCandie : cet ouvrage
» a coûté plus de vingt-cinq mille hom-
»mes aux Turcs, et cela me donne
» bonne opinion de ceux qu'on peut
» r'attaquer. Dans tout le cours d'un
» siège, il n'y a point d'occasions plus
>» avantageuses, pour combattre l'cnne-
•9 mi , que celles que ces ouvrages four-
fe^nissent^ parce que l'on ne sauroit
»6lre vu du dehors; qu'il faut que
D l'ennemi vienne toujours par la brè-
9 che, et aue s'il ^'avise d'y mener du
» canon, c'est du canon perdu pour lui.
» Enfin, je crois qu'une telle forteresse
» dégoûteroit furieusement de l'envie
» que l'on a pour les sièges. »
Ces paroles d'un grard général n'ont
pas besoin de commentaires.
Avant de terminer ce chapitre , je
citerai un passage in^orlant du che-
valier Folard.
Traité de la défense des places des anciens.
«Les anciens avoient coutume de
» munir prodigieusement de vivres, les
» places fortes et menacées d'un siège,
x> non pas ]{our trois ou quatre mois,
» mais pour trois ou quatre années tout
» au moins; deux raisons les y obli-
» geoient ; la crainte d'être bloqués et
y> la loi inviolable de se défendre jus-
» qu'à la dernière extrémité. Les mo-
ttdernes se précautionnent moins à
» l'égard des vivres, comme dans le
» reste ; ils croient qu'il suffit dun ap-
]» provisionnemcnt de trois ou quatre
» mois, dans les villes les plus fortes et
x> les plus importantes; cela fait pitié.
» Je conviens que la loi des résistanccà
»au degré le plus extrême, est une
» chimère en ce temps-ci, on la ren^
y> voie aux anciens et à nos pères qui
»radotoient; maison devroit considé-
» rer que l'ennemi bien informé de l'é-
D tat des choses, mesurant la force de
» la place, aux vivres qui sont dedans,
» et à la dépense d'un long siège , ai-
» mera mieux et*gagnera plus , s'il est
» raisonnable , à la prendre par un
» blocus que par un Siège dans les for-
» mes; il sera du moins assuré de s'en
» rendre le maître en trois ou quatre
1» mois, faute de vivres, car le siège
»peut durer tout autant par la rOsis-
» tance des assiégés. x>
Nous avons eu un bel exemple de
cela pendant la révolution par la prise
DBS PLACBS FORTBS.
»9
de Lnzemboieirg, qui fut obligée de se
rendre à nous, après huit mois de blo-
cus» faute de subsistances; tandis
qu'avec une défense médiocre, si elle
edt eu des vivres , elle eût pu tenir
beaucoup plus long-temps contre un
riége en règle : ainsi nous fîmes , sans
perte d'hommes et sans consommation
de choses, la conquête d'une des plus
fortes et des plus importantes places
de l'Europe, dans le plus bel état de
défense « et remplie de munitions de
guerre*
CHAPITRE Vn,
Kèces officiellefl relatiTes à Tobjet traité daos
cfUe première partie. ^ Nouvelles lettres-pa-
tentes délivréea par S. M. aux goaverocors et
commandans de placeâ. — Enquête sur la
GODduile de ceux qui sont prévenns de les
aroir mal défendaes.
La désuétude dans laquelle était
tombé l'ancien formulaire des brevets
délivrés aux gouverneurs des places, a
décidé Sa Majesté à leur donner de
nouvelles lettres-patentes, où, en con-
Grmant les dispositions des anciennes
ordonnances, elle annonce la ferme
résolution où elle est d'en maintenir
désormais sévèrement l'exécution.
Nous allons donner la teneur de ces
nouvelles lettres-patentes, appliquée à
la place de Sas-^e^Gand^ à laqwille
Sa Majesté a nommé le colonel iut^
fosse.
Nous rapporterons ensuite, confor-
mément aux ordres de Sa Majesté, les
enquêtes et jugemens rendus contre
les commandans accusés d'avoir mal
défendu les places qui leur avaient été
confiées.
«NAPOLÉON, par la grâce de Dieu
itiesconslitations de l'ËtUt, empereur
des Français, roi d'Italie et protecteur
de la Confédération du Rhin.
»La place de Sas-de-Gând étant
menacée par Fennemi, nous avons ré-
solu de nomtner pour commander
cette place un officier d'une bravoure
distinguée.
» Nous avons pris en considération
les services du sieur Lafosse , colonel,
et nous Tavons nommé, et nommons
par ces présentes , commandant de I9
place de Sas-de-Gand.
» Nous lui enjoignons de se rendre
sur-le-champ dans ladite place de Sas*
de-Gand , et de n'en plus sortir sous
quelque prétexte que ce soit après son
armement, d'inspecter et de visiter
fréquemment les approvisionnemens
de siège et les magasins d'artillerie ,
d'avoir soin qu'ils soient abondamment
pourvus et conservés à l'abri des atta-
ques de l'ennemi et de l'intempérie
des saisons. Nous lui ordonnons de
nous conserver cette place , et de ne
jamais la rendre sous aucun prétexte.
Il aura toujours devant les yeux les
conséquences inévitables d'une contra-
vention à nos ordres; nous entendons
et voulons qu'il courre les hasards d'un
assaut pour prolonger la défense et
augmenter la perte de l'ennemi. Puis,
donCf que la reddition de la place doit
être le dernier terme de tous ses ef-
forts, et le résultat d'une impossibilité
absolue de résister, nous lui défendons
d'avancer cet événement malheureux
par son consentement , ne fût-ce que
d'une heure, et sous le prétexte d'ob-
tenir par-là une capitulation plus ho-
norable.
«Nous voulons que toutes les fois
que le conseil de défense sera réuni,
pour consulter sur les opérations , il y
soit fait lecture desdites lettres paten-
tes à haute et intelligible voix.
p Donné le dhième ^our du mon
5r>0
DE LA DtrKNSB
rlnoât, an de grâce mil hoit cent neuf,
do notre règne le sixième. »
En caorérant au général Colaud, sé-
nateur et gouverneur d'Anvers, le
(Commandement de cette place, Sa
Majesté a employé le» mômes expres-
sions; mais elle y a ajouté plusieurs
particularités importantes relatives à
la localité; cest pourcpioi je pense
qu'il est convenable de rapporter ici
ces lettres-patentes.
«NAPOLÉON, par la grâce de Dieu
et les constitutions de l'Etat, empereur
des Français, roi d'Italie, protecteur
de la Confédération du Rhin.
» La place d'Anvers étant en état de
siège, nous avons résolu de nommer,
pour commandant de cette place, on
officier d'une bravoure distinguée dont
nous aurions éprouvé le zèle et la fid^
lité dans maints combats.
» Nous avons pris en considération
les services du général de division, sé-
nateur Cohud, et nous l'avons nonuBé
et nommons par ces présentes com-
mandant de la place d'Anvers, en état
de siège. Conformément à notre décret
du 11 de ce mois, qui le nonune gou-
verneur de cette place, nous lui en-
joignons d'être rendu avant le. • • •
dans ladite place d'Anvers , et de ne
plus sortir de s^' remparts au moins
au-delà d'une portée de fusil de ses
ouvrages avancés , sous quelque pré-
texte que ce soit, d'inspecter et de vi^
siter fréquemment les approvisionne-
mens de siège et les magasins d'artil-
lerie, d'ftvoir soin qu'ils soient abon-
dammment pourvus et conservés à
Vabri des attaques de l'ennemi et de
l'intempérie des saisons. Nous lui en-
joignons de prendre toutes les précau- J
tiens pour accroître lasdltt ip{Mvt*
sionnemens, et pow que les liaMttDi
aient un approvisionnement aussi eoth
sidérable que les circonstanoei peuvent
le permettre, et qui surpasse mène
proportionnellement celui de la ptooe.
Il fera faire par des commissaires dvib
et militaires les vériOcations pour tonê»
tater Texisience desdits approvislon-
nemens, dans les quarante^uit heures
qui suivront son arrivée à Anvers ; il
obligera les habitans à se pourvoir de
futailles et de baquets, à les entretenir
constamment remplis d'eau ; trois ins-
pecteurs, nommés pour chaque me
feront ensemble des visites domiciliai-
res pour l'assurance de l'exécution de
cet ordre. Il ordonnera que les pompes
â incendie soient mises dans le meil-
leur état de service ; il les plac43ra en ré-
serve dans des lieux à l'abri, autant que
possible, du feu des ennemis; il pren-
dra les mesures nécessaires pour en
augmenter le nombre. Il formera un
approvisionnement de fascines néces-
saires pour les gabionnages, de palis-
sades de rechange, et il fera rassembler
tons les bois de blindage qu'il pourra
se procurer.
»Nou9 lui ordonnons de nonscon^
server 4^te place , et de ne jamais la
rendre sous aucnn prétexte. Dana le cas
ou elle serait investie et bloquée. Il
doit être sourd à tous les bmits repaie
dus par l'ennenii, ou aux nouvelles
qu'il tau ferait parvenir. II n'en résistera
pas moins à ses insinuations conunei
ses attaques, et ne laissera point ébran-
ler son courage. Sa règle soastanta
doit être d'avoir le moins de oonom-
nications que possible avec l'eBDemi ; il
aura toujours devant les yeux les con-
séquences inévitables d'une eontra-
vention à nos ordres , on d'une négli-
gence à remplir le» devoirs qui lui sont
impaséft. Il n'^nUieim jaiaais, qu'es
DES fUCn'FMIB.
M
pefdsfit notre estime , il enoônn toutd
la sévérité defs lois militaires, et (pi'eUes
condamnent à mort tout commandant
et son état-major, «'il iîyre la place ,
lors même que deux lunettes seraient
prises et le corps de la place ouvert.
Dans le cas où. l'ennemi aurait fait
sanler la contrescarpe v il faut en pré-
?enir les suites en se retranchant dan^
rintérieor des bastions. Enfln, nous
eatendons et voulons qu'il courre les |
hasards d'un assaut pour prolonger la
défense et augmenter la perte de Ten-
nemi. Il songera qu'un Français doit
compter sa vie pour rien tA elle doit
être mise en balance arec son hon-
neur, et cette idée doit être pour lui
et pour ses subordonnés le mobile de
tootes ses actions. Puis, donc, que la
reddition de la place doit être le der-
Dier terme de tous ses efforts et le ré-
sultat d'une impossibilité absolue de
résister, nous lui défendons d'avanôer
cet événement malheureux, par son
consentement, tié fût-ce que d'une
heure, et sous le prétexte d'obtenir
par-li une capitulation plus hono*-
rable.
sNous voulons que toutes les fois
que le consett dé défense sera réuni
pour consulter sur les opérations, il y
soit fait lecture desdites lettres-paten-
tes, à hante et intelligibte roii.
V Donné le onze aoAt mil huit cent
neuf, et de notre règne le sixième, i»
Le général de division Monnet,
ayant été prévenu d'aroir mal défendu
la ville de Flesslngue dont il avait le
commandement, Sa Majesté a ordonné
(pf il serait fait à ee sujet une enquête
dont Euas aHons rapporter le procès-
vaiWL
CimtHl d*emquét$ êut la i^iddilion
d§ Flemngne,
<c Ce jonrd'hui S8 septembre 1809, à
midi, les soussignés, membres du con-
seil d'enquête, nonlmés par Sa Majesté
l'empereur et roi, et convoqués par
Son Excellence le comte d'Hunebourg,
ministre de la guerre, en exécution
de la lettre close adressée à Son ExceK
lence par Sa Majesté , et conçue ainsi '
qu'il suit :
«M. le comte d'Hunebourg, notre
» ministre de la guerre , des rapports
]» qui sont sous nos yeux contiennent
»les assertions suivantes: Le gouver-
9 neur, commandant la place de Fies-
» singue , n'aurait pas exécuté l'ordre
»que nous lui avions donné de couper
» les digues et d'inonder l'ile de Wal
ncherea aussitôt qu'une force supé-
arieure ennemie y aurait débarqué; il
«aurait rendu la place que nous lui
Bavions confiée, Kennemî n'ayant pas
» exécuté le passage du fossé , le rêvé-
» tement du rempart étant sans brèche
» praticable et intact, dès-lors, sans
» avoir soutenu d'assaut, et même lors-
» que les tranchées des ennemis n'é-
» talent qu'à cent cinquante toises de
» la place, et lorsqu'il avait encore qua-
»tre mille hommes sous les armes;
» enfin , la place se seraitrendue par l'ef-
» fet d'un premier bombardement. Si '
» telle était la vérité, ce gouverneur
» serait coupable, et il resterait à savoir
» si c'est à la trahison ou à la lâcheté
» que nous devrions attribuer sa con-
» duite. Nous vous écrivons la présente
» lettre close, pour que, aussitôt après
«l'avoir reçue , voqs ayiez à réunir un
x> conseil d'enquête qui sera composé
ï)du comte Abovîlle, sénateur; du
1» comte Rampon, sénateur: du vice-
D amiral ThéveuArd, et dncomteSongis,
6U
SB hk OBF^OrSB
trois tiommes tiiés, blessés ou faits pri-
fiMQters;
» Considérant qu'au moment où
l'ennemi s*est présenté devant la
place, elle avait des approvisionne-
mens, en cas de siège, pour quatre
mille hommes et cent chevaux pen-
dant quatre-vingtHlix jours ;
)>Que le général Monnet, dans sa
lettre précitée, datée de Lichfield , an-
nonce que le feu de l'ennemi a consumé
quatre principaux magasins des vivres ;
» Qu'il a été déclaré ,
» Par le sieur Dourster, garde du gé-
iiie,qu'il n'avait rien appris à cetégard ;
x> Par le sieur Korlowski , cx>mman-
dant du 1^' bataillon irlandais, que le
féa de l'ennemi n'avait détruit ni vi-
vres, ni approvisionnemens de siège ;
x> £t par M. le maire de Flessingue ,
qu'il n'avait brûlé que deux magasins
de fourrages*
x> Considérant que la place n'a es-
suyé qu'un bombardement d'environ
trente-six heures, les 13, ik et 15 août;
<pie ce bondmrdement , ainsi que le ca-
Bon de l'ennemi , n'a fait aucun dom-
DMge notable au corps de la place ;
» Qu'au moment de la capitulation ,
il n'y avait point de brèche au rem-*
part , et que la place a été rendue sans
que l'ennemi ait exécuté le passage du
fossé , sans qu'elle eût soutenu d'as-
saut , et lorsque nos troupes occupaient
encore les dehocs ;
» Considérant que cette capitulation ,
qui a été signée dans la nuit du 15 août ,
a excité le mécontentement et même
l'indignation de la garnison ;
» Considérant enfin , qu'il résulte des
déclarations de plusieurs personnes,
que le général Monnet a perçu et fait
percevoir à son profit , depuis 1803 jus-
qu'en 1806, sans donner ni faire don-
ner de quittance aux parties intéres-
•éea* M droit de dix aoe» boUandais,
ou vingt-deux sous tournois, par demi-
ancre de genièvre exporté, et qne la
seule maison de madame Wecks, à
Flessingue, a payé pour son compte,
de 50 à 80 mille florins, dans l'espace
d'environ trois ans.
» Le conseil d'enquête déclare :
» Que le général Monnet n'a point
exécuté, comme il aurait dû le faire
l'ordre de Sa Majesté l'Empereur et
Roi, de couper les digues s'il était
pressé par l'ennemi, plutôt que de
rendre la place ;
» Qu'il a rendu la place lorsqu'elle
n'avait encore essuyé qu'un bombar-
dement d'environ trente-six heures,
ayant plus de quatre mille hommes de
garnison, Tennemi n'ayant pas exinruté
le passage du fossé, n'ayant point
donné d'assaut, et le rempart étant
sans brèche, et lorsque l'ennemi était
encore à huit cents mètres de la place,
et que nos troupes en occupaient les
dehors ; par conséquent , sans qu'il y
ait eu de siège ;
»Que ce gén<^ral est coupable, et
que l'on ne peut attribuer sa conduite
qu'à la lâcheté ou à la trahison ;
» Le conseil déclare en outre que ce
général a exercé des concussions, en
percevant et faisant percevoir à son
profit , depuis 1803 jusqu'en 1806, un
droit de dix sous hollandais, ou vingt-
deux sous tournois, par demi-ancre de
genièvre exporté.
» Fait à Paris, à l'hôtel du dépôt gé-
néral de la guerre, ce 25 novembre
1809 , à trois heures après-midi , et les
membres du conseil d'enquête ont si-
gné , avec le seb'étaire, la minute do
présent procès-verbaU
» Signé le comte d'Abc vuxb , le
comte RAiiPOif , le vice-
amiral Theybnabb, le
comte SoNGis, et Bus-
mÉ flkCM fAltTÈS.
JtSS
«Ce Jonrdlmi , S5 norembre 1800,
è trois heures de l'dprès-niidi , au mo-
ment où le coniéA levait sa séance, le
ministre de la guerre lui a fait parve-
nir une lettre que lui a adressée, de
LichGeld , le ^ octobre dernier, le gé-
nérai Monnet, et dans laquelle se trou-
vait une réponse dcice général à la let-
tre de Sa Majesté ITmpereur et Roi à
son ministre de l^^erre, sur la red-
dition de Flessing^, en date du 7 sep-
tembre dernier.
» Le conseil a pris lecture de ces deux
pièces, et après avoir mis la matière en
délibération , il a arrftté qu'elles n'é-
taient point de nature è lui faire appor-
ter aucun changement à la déclaration
qu'il venait de faire.
» II a accusé réception de ces pièces
i Son Excellence, les a cotées S , nu«-
mérotées 163 et IW , paraphées et in^
ventoriées.
» Il a ensuite levé sa séance.
» Fait à Paris, à l'hAtel du dépôt gé-
néral de la guerre, les jour, mois et an I
que dessus , et ont les membres du
conseil d'enquête et le secrétaire signé
h minute du présent pfoeès-verbah
i> Signé le comte d'âboyille «
le comte Rampon , le
vice -amiral Thev»-
KARD, le comte SoK-
Gis , Besson. d
«Renvoyé i notre ministre de la
» guerre, pour faire exécuter les lois de
» l'eapire envers les pré venus.
» Âtt palais des Tuileries , le 6 dé-*
V membre 1809.
et de Cayeftne, nous en rapporterons
également ici les procès-verbaux.
D Signé NAPOLÉON. »
Une semblable enquête ayant été
ordonnée par Sa Majesté, relativement
Ik reddition des lies de la Martini(|UQ
^Rapport à Sa Majesté V Empereur et
Jloî, sur la reddition du fort Dttaix
et de la Martinique.
» Le conseil d'enquête, composé de:
» Son Excellence le marc chai comio
Serrurier, président ;
» Son Excellence le comte Dcjean»
ministre de l'administralion de la
guerre ;
» Le comte TEspinasse, sénateur ;
» Et le comte Gassendi , conscillcr-
d'Ëtat:
» Formé par Sa Majesté pour con-
naître les causes et les circonstances
de la reddition du fort Desaix et de la
Martinique, après avoir pris connais-
sance des divers récits de ces évène-
mens, avoir fait différentes ooserva-
tions aui oBRciers qui en ont été ac-
teurs, et se trouvent aujourd'hui en
France; avoir comparé, pesé et dis-
cuté leurs réponses, et avoir reçu com-
munication de M. le comte Decrès,
ministre de la marine, des derniers
états de situation des divers approvi-
sionnemens de cette colonie ;
1» A l'honneur de présenter è Sa Ma*
jesté les résultats suivans de ses opi-
nions :
» Au 1«' janvier 1809, les troupes de
ligne étaient de deUx mille quatre
cents hommes, non compris quatro
cents malades; elles se sont accrues, Id
2 février suivant, de trois cent cinq
hommes de l'équipage de la frégalo
l'Amphitrite, qui a été brûlée. Dans ce
nombre sont comprises deux compn •
gnies de canonniers de ligne (dcuj
cent treize hommes).
» 11 devait y avoir dans THc quatrd
balailloils de gardes natloiial<*s , qui
DB Lk DÉFIMWB
pouvaient être de cinq a six cents
hommes cbacan.
» Les approvisionnemens de guerre,
d'après les états du 1*' janTler 1806, et
ce qui avait été envoyé dans le cou*
rant de cette année, consistaient en :
•Jf
FORT
DESAU.
i 4 canons de 24 et 16 en bronze. •
151 canons de fer de 36, i4 et 18* •
77 canoni de Ter de ii. S, 6, 4 et S.
99 cauoiis de campagne
25 moriiera
9 obniiera. •
4 caronadei de 36 * •
289 boachei à feo sur afTôls divers, dont
50 affûts de cdie, approvisionnées en
général , les caoons, de 1000 à 500 bou-
lets, suivant les calibres; les mortiers;
de âOO bombes ; les obus, tdem.
i4
34
34
12
12
5
2
11:
Arsenal
el port
de
France.
Sur
la côic ,
hors de
fer vice.
»
30
23
14
6
3
78
»
67
20
5
7
1
W
9S
10 1
)» 5,000 fusils avec baïonnettes ;
» 1,500,000 cartouches d'infanterie;
» 11,000 livres de plomb, pouvant
fournir 220,000 balles ;
» 357,000 pierres à fusils;
» 300,000 livres de poudre ;
» 17,000 sacs à terre.
)iLes approvisionnemens de bou*
che, à la reddition de Tile, consistaient
encore en :
» 1,300 barils de farine, de 220 livres
Tun;
:: 1,500 livres de biscuit*
» 300 tierçons bœuf salé, de 210 li-
vres l'un ;
» 98 barils porc salé, etc«, etc.
»0n s'attendait, à la Martinique,
d'être attaque dès le mois de novem-
bre 1808, d'après les préparatifs que
les Anglais faisaient à la Barbade. L'ar-
tilerie et le génie étaient en mesure,
autant que les moyens de la colonie
avaient pu le permettre. Le capitaine-
général avait donné ses ordres et ses
instructions pour réunir, au premier
coup de caoon d'alanne, les gardes
nationales ou milices, qu'il ne tenait
pas rassemblées par la crainte de di-
minuer ses subsistances; il avait, de
concert avec son état-major et les offi-
ciers supérieurs des troupes, arrêté an
plan de défense qui consistait à con-
centrer ses forces dans un rayon de
trois lieues autour du fort Desaix , et
en avant de ce fort était un camp re-
tranché qu'on venait de réparer. L'ar-
deur des troupes et le bon esprit de la
colonie lui faisaient espérer une belle
défense.
» Le 30 janvier, a la pointe du jour,
on signale l'escadre anglaise, et bien-
tôt après le débarquement en deux en*
droits, au Robert, de dnq mille a sept
mille hommes, au Marin, de trois mille
hommes, et le reste de l'escadre Triant
vers Case-Navire ; le capitaine-général
présume qu'il s'y fera un troisième dé-
barquement de cinq mille hommes,
parce qu'il a été instruit que les An-
glais l'attaqueraient avec quinze mille
hommes.
»Le capitaine-général envoie sur
DBS PLACES FORTES.
551
chacun des deux points de débarque-
jnent efiectuéf deux bataillons de gar-
des nationales sans troupes de ligne ;
elles auraient dû cependant former la
tâte de ces deux détachemëns. Aussi
ces aardes nationales ne rendirent-
elles aucun service : le bataillon de la
pointe ne parut pas, et les autres se
débandèrent deux jours après. Au con-
traire, le capitaine-général fait mar-
cher contre le débarquement présumé
et non effectué de fa Case-Navire, le
82« régiment , qui devait être fort de
mille cinq cents hommes.
0 11 eût été préférable que les trou-
pes de ligne déjà rassemblées, volas-
sent les premières au point de débar-
quement ; que laissant un détachement
pour éclairer l'ennemi sur un des deux
points et servir de noyau à la réunion
des gardes nationales, tout le reste
marchât sur le second point , pour cul-
buter ou du moins arrêter les Anglais.
» On ne voit nulle part qu'on ait dis-
posé quelques pièces de campagne pour
protéger la retraite, en supposant qu'on
n'ait pas eu de chevaux pour les con-
duire et appuyer les troupes en mar-
chant à l'ennemi.
» Le capitaine-général, averti que les
Anglais doivent attaquer le camp re-
tranché qui couvre le fort Desaîx en
avant du seul front attaquable ; que la
flotte ennemie est sous le cap Safo-
mon, loin de Case-Navire, fait reve-
nir le 82* régiment pour défendre le
camp. La colonne anglaise venue de
Kobert, avait repoussé successive-
ment jusque dans ce camp, les deux
^orps qu'on lui avait opposés.
^ Ce camp n'était pas tenàble par les
troupes trop peu nombreuses qu'on
avait. Les ennemis occupaient le mor-
ne Lacatte qui le domine , et l'on ne
put l'en déloger; y fût-on parvenu,
I^ $a supériorité il eût bientôt rejeté
les Français^ dans leur camp. Le 2 fé-
vrier, les Anglais l'attaquèrent par la
droite (le poste Landais), et furent re-
poussés; mais la seule crainte d'être
attaqué par la gauche, et de voir la re-
traite des troupes sur le f(»rt Dcsaix
coupée , fait abandonner ce camp le
même jour.
D Ainsi ce camp est dominé :1a gau-
che n'est pas assez forte pour forcer
d'attaquer par la droite , et pouvoir se
retirer sur le fort Desaix, si on ne peut
résister ; il faut trop de monde pour y
tenir, parce qu'il faudrait occuper le
morne Lacatte; il ne convenait donc
pas pour la circonstance. Il fallait oc-
cuper les forts de France et Desaix, et
le morne des Olives, position inexpu-
gnable centrale entre Saint-Pierre, le
fort de France , la Trinité , d'où l'on
peut tomber sur les derrières des assié-
geans du fort Desaix .
» La défection des gardes nationales,
le 2 février, fait résoudre le capitaine-
général à évacuer le fort de France sur
le fort Desaix. Il donne, dès le 3, pour
faire cette évacuation, sept à huit cents
hommes de corvée; il fait brûler VAm-
phitriie, etc; il charge le sous-direc-
teur d'artillerie de retirer ou de dé-
truire tous les approvisionnemens de '
guerre. Cet officier n'exécute l'ordre
qu'en partie; cependant H a eu au
moins quatre jours pour le faife; car
les Anglais n'y débarquent que le 7,
arborent leur pavillon le 8, et dès le 11
tirent, avec les mortiers français et
leurs bombes, sur le fort Desaix , sur
lequel les autres batteries ne tirent que
le 19 au soir; ce qui accélère de beau-
coup la fAcheuse situation de ce fort.
» C'est une faute capitale et sans
excuse au sous-directeur d'artillerie
Sancé , de n'avoir pas exécuté l'ordre
du capitaiae-général ; c'est aussi une
faute de n'avoir pas fait surveiller cette
558
M EA nftnsMB
importante opération. Mais k parti |
d'évacuer le fort de France tà {HtMoapte-
ment , san3 être menacé de Fennemi
qui n'arrive que cinq jours après , est
d'autant plus surprenant, que l'opinion
4*un officier du génie , très instruit ,
rapportée dans un mémoire sur la dé-
fense de la Martinique, qui a été apos-
tille et appiouvé par le capitaine-gé-
néral Villaret, est : qu'il faut que l'en-
nemi prenne le fort Desaix avant de
s*emparer de celui de France ; et , en
effet, les localités des deux forteresses,
bien examinées, rendent cette opinion
très Boutenable ; les approches du tqfi
de France , qui occupe en entier iftie
langue de terre allongée dans la mer,
sont très difficiles, et l'ennemi qui s'y
loge est écrasé par le fort Desaix qui
le domine de quatre cent cinquante
pieds; aussi les batteries du fort Desaix
font-elles beaucoup d'effet en tirant
contre les Anglais au fort de France.
» On aurait pu parer, comme on Ta
déjà dit, à la défection des gardes na-
tionales, en les mêlant aux troupes de
ligne, et les renfermant ensemi)le dans
les trois points a défendre , les deux
forts et le morne des Olives.
9 Lllet-aux-Ramiers, point essentiel
de défensede la rade du fort de France,
se rend le 4 ; il y avait cent trente
hommes , et ils n*ont eu que quatre
tués et douze blessés ; ce n'est pas là se
défendre. Mais la résistance était inu-
tile, dès que le 2 on avait abandonné
le fort qui défend la rade de l'autre
c6té.
j» Jusqu'au S février, on tire les bou-
ches à feu sur les Anglais qu'on aper-
çoit; maib ces feux étaient de nul effet,
les Anglais étaient à neuf cents toises;
on ne voyait pas ce qu'ils faisaient ,
parce qu'on n'avait pas découvert les
terrains environnaos, ce 4|il'oii aurait
dû faire, au moins dans les lieux où.
en ITOfc , ils avaient établi des batte-
ries. Le but étant éloigné, on tirait
sous un grand angle ; ce qui détruisait
les afiOts et les plate-formes.
» Il faut savoir arrêter un feu qui ne
nuit point à l'ennemi , qui altère vo-
tre artillerie , et qui n'est qu'un vaia
bruit,
» On n'ose faire des reconnaissanoes
ni des sorties sur les Anglais , pan»
qu'on est séparé d'eux par des ravios
impraticables; parce qu'ils sont sor
tous les points plus forts que tes trou-
pes qu'on pourrait envoyer contre
eux!
» Ces opinion3 peuvent être con-
tredites et discutées; mais peu im*
porte.
1» Du 8 au 19, on continue ces inutiles
feux sur des buts éloignés.
x> On tire avec plus de succès sur les
batteries établies par l'ennemi au fort
de France, et on les fait taire plusieurs
fois.
a On fait dans le fort des ouvrages
utiles ,. conune traverses, bliodages,
mais en démolissant ceux faits dans
les fossés pour abriter la gamisoo, pa^
ce qu'on manquait de bois propres à
cet objet. On garnit de sacs à terre les
reins de la voûte du grand magasin i
poudre, n'ayant pas de bois pour blin-
der; ceux qu'on a sont employés à
blinder sa porte , celle des dix cas^
mates, de la grande ù-averse, eta
» C'est une grande faute de ne s'être
pas procuré des bois pour blinder le
grand magasin à poudre, puisque Tile
en pouvait fournir. M. Dupuget avait
dit qu'on croyait ce magasin à l'abri de
la bombe, sans l'assurer formellement;
depuis sept ans^ on eût pu le vérifier.
Dans le doute, et pressé par le peu
d'espace des bàtimens nécessaires,
c'est une gnvde faute encore de n'a-
voir pas fait évacuer ce magasin danl
DES PLACES FORTES.
les ga\eries de conire-mines et les po-
ternes, pour se donner les moyens d'a-
briter les soldats entassés dans les case-
mates , et les affûts abandonnés en
plein air aux chates des bombes qui
les ont tous brisés. Cet expédient était
licté par la pénurie des bois de blin-
lage, par le genre d'attaqué que l'en-
oemi préparait, genre d'attaque que
sa lenteur annonçait , que des espions
on des reconnaissances auraient fait
découvrir; enOn par l'évacuation, qui,
faite dans le siège de 179^, devait 6tre
sue de beaucoup de monde.
» Le 19 au soir, les Anglais démas-<
qnërent sept batteries. Le capitaine-
général dit qu'elles étaient armées de
nnquante-quatre bouches à feu. Le
lirectenr du génie, qui les indique dans
sa relation, par leur nom, leur empîa-
oement, n'en compte que trente-neuf,
dont dix-huit mortiers, dnq obusicrs
et 16 canons. Les bombes de l'ennemi
tirent Jusqu'au ^ , ébranlent ou en-
dommagent toutes les casemates , dé-
truisent les phtes-formes , les affûts ,
les blindages, font sauter les magasins
provisionnels des batteries du fort; dix
honbes déjà , le 23, étaient tombées
MIT la voAte dii grand magasin à pou-
dre. SoivaDt le directeur du génie,
cette voûte était enfoncée et létardée
en trois endroits ; elle avait cédé sur
nue étendae de trds à quatre pieds et
sur une largeur de plusieurs rangs de
briques. Ce dernier affiiissement est le
seul que mentionne le capitaines-gé-
néral ; il lui donne la longueur de
quatre briques s«r cinq d'épaisseur, et
qoinse Hgnes de luretubérance inté*-
rieire. Cet acddeat fait naître la ter^
rettr de voir sauter le magasin à pou^
fke soua les premières bombes qui
pourront y tomber.
» Cette terreur, qui a été le m(^if de
ycefsaates soUcitationa des oITicters
559
supérieurs Au la garnison , auprès du
capitaine général, pour capituler, n'eût
pas eu lieu si on eût évacué oc mni;a-
sin du 2 au 8, comme on l'a dit ; car il
y avait au plus trois cents milliers de
poudre en trois mille barils de cor.t
livres, et la garnison était de quin7.e
cents hommes, dont on avait les
moyens. Mais n'ayant pas fait celle
disposition , et n'ayant pas pris avant
le siège la mesure prescrite de tout
temps de blinder le magasin, il fallait
réserver les bois qu'on avait , pour le
blinder dans les endroits endommagés,
tout de suite après la chute d'une
ombe. n paraît qu'on n'eût eu à blin-
der qu'en dix endroits. Cette précau-
tion eût calmé les craintes de l'explo-
sion , puisque les sacs à terre employés
avaient été insuflisans. Le blindage
des portes des casemates pouvait être
suppléé par d'autres moyens ; on' les
couvre par une traverse faite à deux
toises environ ; on défonce à sept ou
huit pieds l'intervalle entre la porte et
la traverse, et on purge bien le terrain
de pierres , ou on laisse vide l'espace,
et on communique par des planches.
La méthode de défoncer les terrains
intérieurs, quond on le peut, des lieux
bombardés, affMbItt beaucoup Teffet
des bombes; on eût pu la pratiquer
peut-èfcre au fort Desaix.
» Le capitaine-général , voyant la
garnison tourmentée de la crainte de
l'explosion du magasin, estimant quil
avait perdu un tiers des troupes de
ligne de l'Ile, dont sept cents aux com-
bats du i** février et deux cents dans
le courant du siège, a cru devoir étouf-
fer la voii de son courage, et céder
aux instances réitérées des chefs et
ofilciers supérieurs dont il connaissait
les talens, le zèle, la bravoure et l'atta-
chement à Sa Majesté, afin de conser*
ver, par une capitulation , des soldats
560
M hk juSfbmsb
valeureux qui pouvaient être utiles
encore à leur patrie. Sans doute ces
troupes, dans l'enceinte des fortifica-
tions encore intactes, auraient pu es-
suyer jusqu'au renversement de ses
remparts les feux de Tassiégeant; mais
un secours nombreux était incertain ,
les crainles de Texplosioa du magasin
n*étant pas calmées, leur petit nombre
ne permettant pas de s'aller mesurer
en rase campagne avec un eitnemi trop
supérieur, l'avis unanime des officiers
étant de se rendre, le préfet colonial
s'étant joint à eux, on crut devoir ca-
pituler.
» Le capitaine-général, dans ses iet*
très et mémoires envoyés au conseil
d*enquète, allègue les motifs suivans,
qui, ayant rendu très fâcheuses les
circonstances où il se trouvait, peu-
vent justifier sa conduite. Suivant lui :
» l"" L'attaque par le bombardement
(genre inouï, dit-il)... mais les Anglais
Jircnt de même en ITOi-, et bombardè-
rent le fort avec trente-un mortiers ,
(lu 13 au 20 mars. (Ils avaient en outre
trente-cinq canons ;)
» 2" La défection des gardes natio-
nales... . On a dit dans ce rapport qu'en
les combinant avec les troupes de li-
gne et les renfermant dans les forts ,
on tût pu, peut-être, en tirer parti;
» 3« La crainte de l'explosion du
.magasin à poudre... On a dit qu'on
pouvait la prévenir ou au moins la cal-
mer;
» 4** La proclamation du général
lieckvith , de déporter les hommes de
couleur. •• L'ennemi est maître de ses
proclamations ;
» 5^ Une lettre du 6 mai 1808, écrite
par le préfet colonial au ministre de la
marine, et qui, tombée entre les mains
des Anglais, avait provoqué l'invasion
de iDe... Cette lettre a paru au con-
seil, sage, mesurée , exposant en gé*
néral les besoins de la colonie , tcàs
qu'elle devait être , et telle que \e ca-
pitaine-général en a écrit lui-même
durant sept ans. Cette lettre, d'ailleurs,
fut confiée à un bâtiment léger, excel-
lent voilier.
» En résumant les causes et les ck«
constances de la reddition de la Marti-
nique, le conseil d'enquête trouve qoe
les principales sont :
» De ne s'être pas mis en mesore
d'arriver sur l'ennemi avant son dé-
barquement ;
)» D'avoir divisé ses troupes en trois
corps, lorsqu'il n'y avait que deux dé-
barquemens effectués; d'en avoir com-
posé un tout en gardes nationales;
d'avoir renvoyé le plus fort détaehe^
ment, tout en troupes de ligne, sur li
troisième débarquement présumé , »
lieu de marcher contre une des deux
divisions débarquées avec le plus de
troupes possible, et ne faisant qu'é-
clairer l'autre division ennemie;
x> De n'avoir pas combiné ensemble
les gardes nationales et les troupes de
ligne, et renfermé les premières daos
les forts t
» D'avoir évacué te fort de France,
sans attendre l'ennemi , ayant même
en troupes de ligne de quoi y laisser
une garnison ;
» De n'avoir pas fait surveiller les
opérations du sous-directeor d'artille-
rie chargé de retirer ou de détraire Us
munitions de guerre an fort de France,
où les Anglais ont trouvé canons, mor-
tiers, projectiles, etc.;
^ D'avoir occupé un camp mal choisi,
puisqu'on )'a abandonné le même jour
qu'on a repoussé une attaque de l'en-
nemi, au lieu d'occuper le poste cen-
tral et ineipugnable du Mome-des-
Olives ;
n D'avoir entassé trop de troupes
dans le fort Deaaix , qui n'a des casa*
DBS FLACBS fORTlS.
•U
mates que pour trois cents hommes ,
ce qui indique une garnison d'environ
mille hommes ;
D De n'avoir pas blindé le magasin à
poudre du fort Desaix, au lieu des por-
tes des casemates ;
» De n'avoir pas évacué ce magasin
dans les galeries de contre-mines, dans
la poterne, pour avoir un local qui mit à
couvert la garnison et les affûts laissés en
plein air, que les bombes ont détruits ;
» De n'avoir pas enfin blindé , avec
les débris restans des blindages des ca-
semates, les endroits de la voûte du
magasin à poudre, endommagés par les
bombes, pour rassurer la garnison qui
craignait l'explosion de ce magasin.
B Malgré cette exposition des causes
de la reddition du fort Desaix , le con-
seil n*a vu qu'avec la plus grande sur-
prise qu'on n'ait pas attendu pour se
rendre que l'ennemi assiége&t la place,
puisque le bombardement n'avait pas
entamé les fortifications, et qu'on ait
cédé à la crainte de voir sauter le ma-
gasin i poudre.
0 Le conseil croit devoir dire encore
à Sa Majesté que ces causes et circons-
tances de la reddition de la Martinique,
qu'il vient d'exposer, sont déduites des
relations du siège, des mémoire et let-
tres de M. le capitaine-général, et des
fëponses aux observations faites par le
omseil au chef de l'étaUmajor» au direc-
teur du génie, au colonel du 82« ; et que,
si on les considérait d'après une lettre
confidentielle écrite de la rade deQuibe-
rcu , par un agent supérieur de la colo-
nie, ces causes et circonstances paraî-
traient sous un jour plus défavorable.
» Paris, fi9 novembre 1809.
p Signé le maréchal comte
Serrurier , le comte Dé-
JEAN, le comte de l'Espi-
KASSE, le G. Gâssezcm. )»
t.
« Renvoyé au ministre de la manne,
pour faire exécuter les lois de l'empire
contre les prévenus.
» Au palais des Tuiloties, le 6 dé-
cembre 1809.
» Signé NAPOLÉON, »
« Rapport fait à Sa Majesté impériale^
et royale^ êur la reddition de la iruge^
ne françaiee.
pSire,
» En exécution des ordres de Votre
Majesté impériale et royale, consignés
dans sa lettre close du 7 septembre
dernier, le conseil d'enquête, composé
des comtes de Cessac, Uulin et Rosily,
s'est occupé d'examiner :
p 1* Si le sieur Victor Hugues, corn»
missaire-commandant en chef de la
Guyane française, avait employé tout
les moyens qu'il avait entre ses mains
pour la défense de la colonie que Votre
Majesté lui avait confiée ;
» S*" S'il s'était rendu à un petit nom*
bre d'hommes, pour mettre à couvert
ses plantations et sa fortune,
1» Afin de mettre Votre Majesté à
portée de juger, en pleine connais-
sance de cause, la conduite de M. Vic-
tor Uugues , nous croyons devoir lui
présenter le tableau de la situation
géographique et militaire de la Guyane
française.
)» Cette colonie est une vaste con-
trée baignée au nord par la mer, et
qui s'étend le long de la côte à l'est
jusqu'au fleuve d*Oyapock, où i^om-
mencent les possessions portugaises;
et à l'ouest, jusqu'au fleuve de Maroni,
qui la sépare des possessions hollan-
daises.
» Cayenne en est le chef-lieu.
» Celte ville , autrefois fortifiée, fu<
^émaptelée du côté de la terre, peu
5(a
DB Là DÉFBUSB
temps après Tarrivée de M. Victor Hu-
gues dans la colonie. Ce commissaire
ne conserva que la citadelle et les ou-
vrages qui la défendent do côté de la
mer. Ces ouvrages sont revêtus en
pierre : les batteries sont à barbettes,
et se trouvaient armées, lors de la red-
dition , de dix*huK à vingt pièces de
canon du calibre de ai et de 12.
» L*ile de Cayenne se divise en deux
parties, par une rivière creusée de
main d'homme, ayant trente pieds de
largeur, nommée la Crique-Fouillée.
^ L'Ile entière est bornée au nord
parla mer; au sud, par la rivière du
tour de Tile, de soixante pieds de lar-
ge ; à l'est, par la rivière de Mahury :
à Touest parla rivière de Cayenne.
D La partie de Ttle de Cayenne, si-
tuée entre la Crique-Fouillée et la ri-
Vière du tour de Ttle , est un terrain
presqu*entièrement inondé, plus diffi-
cile h attaquer qu*à défendre, puisque,
pour y arriver, îl faut remonter par la
rivière de Mahury, et s'être emparé de
trois positions qui en défendent l'en-
trée, et qui sont propres à être armées
de batteries.
n La première de ces positions , ap-
pelée le Diamant, est sur une monta-
gne à la pointe de l'Ile ; on n'y parve-
nait que par un sentier di£Qclle ; elle
était regardée comme imprenable.
» A dix-huit Cents toises de distance,
sur la droite, était la seconde position,
nommée le Dégras^des-Cannes.
9 Lé troisième nommée le Trio,
était établie à Centrée de la Crique-
Fouillée, à environ mille toises & droite
du Dégras-des-Cannes.
^ Le pays, situé entre la rivière de
Mahury et celle d'Approuague, est en-
tièrement inondé, à l'exception de la
partie cultivée le long de la c&te , qui
Inl dîSMMbéc par lo (reusement du
can':! lie Torcy,(le chaque côté r^iimiAl
se trouvent situées les ivuiclpiles ha-
bitations de la colonie, et notamment
celle de M. Victor Hugues : les digues,
formées par ce canal, donnent un
moyen direct de communiquer de Ma-
hury à l'Approuague.
» Il existe encore deux autres conunu-
nications : la première, en descendant
la rivière de Mahury ou celle de Cayen-
ne et du tour de l'ile jusqu'à Roura, et
suivant la crête des montagnes de la
Gabrielle et de Kaw^ qui forment une
chaîne jusqu'à Approuague, Cette com-
munication conduit au village d'Ap-
prouague, près le collège, habitation du
gouvernement.
» La troisième communication est
un ancien chemin abandonné, et (pi
conduit de Roura par derrière les mon-
tagnes, à quinte lieues de l'embou-
chure de l'Approuague.
» Ces trots communications, les seu-
les qui existent , étaient faciles à dé-
fendre
» Le reste du pays étant , comme
robserve M. Hugues, un vaste cloaque
à travers duquel il est presque impos-
sible de pénétrer,' se trouvait i l'abri
de toute invasion.
s> Cette position oDrait de grands
moyens de défense à M. Tictor Hu-
gues ; mais te récit des opérations mi-
litaires que ce chef a dirigées prouvera
à Votre Majesté combien peu il a su en
proBter, et qu'il n*a pris, pour s'assurer
de la conservation de l'Ile de Cayenne,
et par conséquent de la colonie en-
tière , que des mesures incertaines ou
fausses.
Le 3 décembre 1MB, les Portugais
venant de la partie qu'ib ooe^pdent à
l'est de Cayenne, doublèrent le cap
Orange, et entrèrent dans la baie
d'Oyapock , an nombre de huii eenli
hommes.
» Leur projet n'était visibieipentaion
mttas, Od remarqpie <pi'ib n'MèrenI
même débanpier qae sur la rive droite
àt royapock; mais n'éprouvant au-
eawâ résistance , Ua passèrent sor la
rive gauche , s*einpafèrent de tout le
pays situé entre la rivière de ee nom
et oeile de PApprouague.
» Celte arrivée de Tennoni était
bien Mn d'être imprévue par M. Yio
(or Hugues ; déjà, de son aveU, il avait
été averti, par des avis particuliers, des
ivojels et des entreprises de la maison
do Brésa.
> U avait été prévenu ^ d'une m»»
aitee jrius positive et plus directe y de
rinfasion des ennemis, par le tirick ta
Jnéfhim^ qui avait aperçu la flotiUe à
l'ea^boucfaure de l'Oyapock.
» Le 9 , Il en reçut officiellement
l'avis par un manifeste que lui adressa
la commandant portugais, au nom du
prince du Brésil.
» M. Victor Hugues , qui , malgré la
dMance ou il devait être des inten-
tiens du prince du Brésil, n*avait, jus**
fa*è ce jour, ni visité lui-même la
Grootiàre qu'il devait défendre, ni
eiercé, ni multiplié ses troupes, ni
augmenté ses approvisionnemens et
ses munitions, ni armé, ni fortiflé ses
positions, sembla vouloir s'occuper de
la défense de la colonie ; il fit un ap«
pd au anciens militaires, ordonna la
levée de cinq cents nègres, prescrivit
Varmement de quatre posUloos sur ta
rivière de liahury, et Gt partir de
Cayenne un détachement de quatre
cents bommes, commandés par le liM*
tenant Sirdey « pour défendre la fron-
tière.
» Cependant l'ennemi, qui n'avait
point trouvé de résistance sur l'Oya-
pock, crut pouvoir tenter de s'emparer
de TApprouague.
s II envoya une chaloupe dans ta
rivière dn ce nom ; mata eUe fiât pb
par les babitans, qui firent prisonniers
et envoyèrent à Cayenne seîse mate-
lots et deux officiers composent l'équi-
page. Ce léger échec, dû à ta fidéUté.
des babitans du pays, ne rebuta point
rennemi; il entra le 1&, à huit heures
du matin, dans la rivière de TApprona»
gne avec une petite flotiUe, pénétra
encore sans résistance jusqu'à la ri-
vière du Gorrouai y et s'en empara ; le
détachement , commandé par le lieu*
tenant Sirdey, arriva pour être témom
de cette nouvelle entreprise , et il ne
put s*opposer à son succès.
» Après une faible résistance, il se
retira au collège , habitation du gou-
vernement.
B II emmena avec lui les noirs de
cette habitation , et fit sa retraite sur
Cayenne , tandis qu'une cinquantaine
de Portugais, envoyés de la rivière de
Corrouai, mettaient le feu à cette mê-
me habitation , la seule qui fut incen-
diée dans cette partie de la colonie.
» L'ennemi , maître de l'Approua-
gue, chercha a s'y établir, a s'y forti-
fier; mais comme *U vit que Victor
Hugues ne faisait rien pour le repous-
ser et l'arrêter, il médita de nouvelles
entreprises.
» M. Hugues , instruit de tous ces
mouvemens, continuait à préparer len-
tement ses moyens de défense ; il fit
alors rétablir les postes que nous avons
décrits ; la position du Diamant fut ar- ^
mée de deux pièces de Si et une de 8, '
et défendue par quarante hommes,
commandés par un capitaine.
» Le deuxième poète , celui du Dé-
grasKles-Cannes , fut armé de deux
pièces de 8, et défendu par qumze
hommes seulement , commandés par
un sergent.
» Le troisième poste, nommé Trio
fut armé de deux pîèoei de 8, «t dé*
fenda par teentMept hommes , qioe
commandait mi capitaine.
9 En face de ce poste , sor la rive
droite de la riTiëre de Mahury, et à
rembonchure du canal de Torcy, fut
établie une autre batterie de deux piè«
œs de 8 et d'une pièce de campagne à
la Rostaing ; ce dernier poste fut dé-
fendu par cent vingt hommes, com-^
mandés par un capitaine.
)» Les forces militaires de la colonie
te composaient à cette époque, ainsi
qu'il suit :
B Hommes (officierc corn-
pr»)
» idem , délaclléf
g^ j Earopéeos.
Ux)opes d'élite.
dans nie. ... 125
p PIun, deux cents hommes
de couleur et babitans du
pays, organisés en sa-
peurs • pionniers , gen-
darmes et milice, ci. . ,
B M. Victor Uugaea avait
armé, de plus 600 esclaves.
âOOhomniei.
» Total.
iâU hommes,
dont M. Victor Hugues pouvait dispo-
ser; il y avait de plus alors, dans la ri-
vière de Oayenne, le brick la Joséphine^
de 14 canons et quatre-vingts hommes
d'équipage , le même qui avait donné
Ravis de l'invasion des ennemis.
» Toutes les déclarations attestent
que la colonie était suffisamment pour-
vue de vivres,
D Les poudres étaient en assez gran-
de quantité pour repousser l'attaque
de l'ennemi ; d'après la déclaration de
M. Joniot, capitaine d'artillerie, il y
avait eu trente-huit milliers de cartou-
ches de distribuées et six cents gar-
gousses ; et il restait en magasin en-
core vingt mHliers de cartouches , six „
cents gargousses et quatre milliers de débarquer.
DB LA INfePilliS V
que les Angtaia et les PortngaiS'Sepii*
sentèrent devait remlMNichure de la
rivière de Mahury, et menacèrent l'ile
de Cayenne. Leurs for^s consistaient
en une corvette anglaise de vingt piè-
ces de canon, une goélette, deui
bricks, quelques pirogues du pays, et
autres petites embarcations; le tout
contenant environ six cents hommes
de débarquement, dont cent Anglais ,
le reste Brésiliens et qudques PorUi-
gais.
» Le 7, à trois heures du matin, ib
eflectuèrent leur débarquement, sur-
prirentle poste du Diamant, tuèrent le
capitaine dans son hamac , et se por-
tant rapidement sur le Dégras-des-
Cannes, ils enlevèrent ce poste sans
résistonce, s'y établirent , et s'occupè-
rent du débarquement du reste de
leurs troupes ; ils avaient obtenu ces
premiers succès avec environ cent
hommes.
» M. Victor Hngues , instruit , dès
quatre heures et demie du matin, de
la prise de ces deux postes, réunit txn-
tes ses forces , et sortit de Cayenne
pour se porter sur le Dégras-des-Can-
nes.
» L'ennemi avait au phis cent cin-
quante hommes de débarqués.
» La marée basse rendait très diffi-
cile le débarquement du reste.
» Le poste du Dégrasnles-Cannes ,
où il cherchait à s'établir, n'étant point
fermé par la gorge, il était alors aisé à
M. Victor Hugues, qui avait un nom-
bre considérable d'honmies sous ses
ordres, de culbuter Tennemi par une
attaque vigoureuse , et de prendre ou
rejeter à la mer tout ce qu'il avait pn
poudre en barils.
» Telles étaient les ressources de
M. Victor Hugues, pour défendre la
colonie qui lui avait été cMBée, lors*
S M. Hugues ne crut point devoir
suivre ce parti ; s'arrêfant un jour en-
tier à deux lieues de Cayenne et à une
iieoe de Tannemi , il perdit uo teiii|is
DBft PJUAGB& rOATBS
prédeox» que l'ennemi employa à dé-
Iwrqaer le reste de ses troupes. Les
réclamations des militaires qui entou-
raient le commandant en chef, les vi-
ves sollicitations de quelques officiers
expérimentés, qui lui représentaient la
nécessité d'attaquer l'ennemi , dont le
débarquement s'effectuait toujours, ne
went vaincre sa résolulion,
» Ce ne fut qu'à six lieures du soir
ijn'il se décida à faire attaquer le Dé-
gras-des-Canues par cent cinquante
hommes seulement, commandés par
deux capitaines, tandis qu'avec environ
trois cent cinquante hommes d*élite^ il
fit un mouvement rétrograde.
» L'attaque du Dégras-des^Caones,
ordonnée a rentrée de la nuit, fut in-
fractueuse.
» L'ennemi avait eu le temps de
réunir tontes ses forces, en rappelant
celles qu'il avait dirigées sur le poste
da Trio«
ïï Instruit de la retraite absolue de
Victor Hugues, il attaqua le lendemain
les postes du Trio et du canal de Tor-
cy, et s'en empara.
> M. Hugues, qui| à hi tète de l'élite
de ses troupes, qui n'avaient pas en-
core tiré un coup de fusil, était rentré
i Cayenne, ne peàsa plus alors qu'à se
rencke; sans convoquer de conseil de
(oerre, sans réunir ni consulter les
autorités civiles, il traita seul, avec le
commandant portugais, des conditions
de la capitulaiion.
»Ge préds, recueilli sur les faits
énoncés par M. Victor Hugues luir-
oième , sur les déclarations des mili-
taires» des employés civils et des babi-
ians de la colonie, donne assex de lu*
icières sur la conduite de M^ Victor
Hugues.
» Le conseil d'enquête a pensé, Sire,
et Votre Majesté le pensera comme
MS
positions et la pusillanimité de ce chef
ont décidé du sort de la colonie dans
cette circonstance importante.
» En effet. Sire, l'incendie des habi-
tations, la révolte des noirs , tous les
msdheurs dont se plaint H. Victor Hu-
gues, et qu'il exagère , la perte entin
de la colonie de la Guyane française
n'ont été que les suites naturelles de
la faiblesse ou de l'ineptie de ce com-
missaire de Votre Majesté.
» Nous ne doutons pas. Sire, que si
M. Victor Hugues eût attaqué les en-
nemis le 7 au matin, lorsqu'à peine îi
avait débarqué centcinquante hommes,
il ne les eût repoussés entièrement, et
n'eût empêché leur grand débarque-
ment qui eut lieu à midi.
» Si même, après avoir perdu la
journée du 7 , il avait , le 8 et le 0 ,
marché contre l'ennemi, il pouvait en-
core réparer ses fautes et forcer les
Portugais à abandonnner leurs entre -
prises: il pouvait les contraindre h
quitter l'Approuague et l'Oyapock, en
se servant^ contre leurs faibles embar-
cations, de la frégate la Topaze qui
lui était envoyée de France avec cent
hommes de troupes , et qui arriva le
12, lorsque la capitulation était si-
gnée. Par là , il lui était encore facile
de rétablir et de noKiintenir l'ordre dans
la colonie.
» M. Victor Hugues donne pour justi-
fication de sa conduite plusieurs motifs
que nous devons soumettre à Votre
Majesté, mais qu'un léger examen sof-
Dt pour détruire.
» Le premier est la faiblesse des for-
ces de sa garnison qu'il porte à trois
cent trente-huit hoimnes seulement.
«Cependant, Sire, son état de situa-
tion du 1*' janvier, et la déclaration
unanime de tous les militaires la font
monter à cinq cent once hommes de
mms, que les lenteurs, les fausses dis- ( troupes de ligne, indépendamment dea
iM6
M LA HPBKSB
milices et des esclaves armés; te qoi
portait à peu près ao double ses forces
militaires.
» L*ennemi n'en avaitpas autant : ses
troupes se composaient d'environ dnq
cents Indiens peu aguerris et mal
mes, et d'une centaine d'Anglais.
»M. Hugues lui-même était bien
persuadé que ses forces étaient suffli-
santés , puisque le 30 décembre , qu'il
s'exagérait celles de l'ennemi en les
évaluant à quatorze cents hommes , il
écrivait au ministre de la marine, que
si l'ennemi ne se présentait pas avec des
forces plus considérables, il avait asseï
de monde pour le repousser vigoureu-
sement et tenir jusqu'au mois de
mars.
» M« Hugues prétend qu'il avait peu
de poudres et qu'elles étaient de mau-
vaise qualité.
» La déclaration de M. Jeniot, eapl^
taine d'artillerie, consignée dans Tin-
terrogatoire qu'il a subi à la Rochelle»
à son arrivée en France , répond à la
première partie de son assertion.
B Qua a a mauvaise qualité de la
poudre, elle est démentie par le fait
même, puisque M. Hugues assure que
beaucoup d'ennemis ont été tnéa par le
feu de ses troupes.
» Il est à remarquer d'ailleurs que,
dans le moment même de la première
invasion de l'ennemi, M. Hugues avait
le moyen d'avoir des poudres fraîches,
le corsaire la Joêifhim, venant de Bor-*
deaux, armé de quatone tenons, et
ayant quatre-vingts hommes d'équi-
pages, était dans le port de Gayenne ;
M. Victor Hugues devait le retenir et
utiliser les ressources qu'il lui offrait en
munitions et en hommes; il pouvait
l'employer avec succès à défendre l'en-
trée de la rivière de Mahury contre les
faibles embaitations de renoemi, et à
le prévenir de ses BMWvemen». An
Heu de le retenb*, M. Hugues Feipédia,
le 4 janvier, pour France, chargé de
marchandises coloniales. On asaureqne
ce bâtiment était à la con^nation de
la maison Fameux et compagnie à la-
quelle H. Vietor Hugues est , dit-on ,
associé.
» M. Hugues cherche ousrt à excuser
sa lenteur et sa fiidblease devant Teu-
nemi, par la nécessité où 11 s^est trouvé
de faire halte. Le temps était si ma«-
vais, dll-il , les chemins d dlIBdles, la
chaleur tellement insupportable, qie
phuieun oiBdera et soldats tombèraat
deftitigue.
La distance de Guyenne au BMuKn
de Loyola, oA s'arrêta M* Hugues,
n^est que de deux lieues; ce trajet se
fit à six heures du matin, dans le mois
de janvier, saison eu les chaleurs sont
extrêmement tempérées dans cette
partie du monde; le chemin, dépoli
Gayenne, est couvert par des plaa-
tatioBS d'arbres; Il est tirés beau,
au dire des babltans, et praticable
pour les velturas , mtane dans teites
les saisons.
s n est donc absurde dedbe que le»
soldats tombaient de htigm. M. Hu-
gues dte pour exeuaple la capitaiae
Frison; mais n faut observer que cet
ofBcier, par sa constitulien et m
immense embonpoint, ne peut sap-
porter sans incommodité la plus légère
marche.
» M. Hugues prétend se justifier de
n'avoir point convoqué de conseil de
guerre, et de n'avoir suM aucune lei
ni aucun règfement relalils A la posi-
tion oà il se trouvait, en dbaot que,
n'étant point militaire, et n'ayant ja-
mais eu aucun grade dans l'armée, ces
lois et règlemens ne peuvent lut être
applicables.
s M. Hugues avoue cependant, lui-
même, <|tt*il tM enveré à Cayenas,
Dli PLACES PbRtES.
non fleulement comme administrateur,
mais encore comme commandant en
chef les troupes de terre et de mer.
C'était lorsqull fut Inventt de ce com-
mandement qu*il devait reconnaître
son insoffisance. S*il n'était pas mili-
taire, pourquoi en prenait*il le titre et
les décorationf , et empèehait-il, ainsi,
qne la colonie fût confiée à un militaire
capable de la défendre?
» M. Hugues cherche aussi à rejeter
mr les habitant de Cayenne une partie
de ses torts ; il se plaint du mauvais es-
prit qui régnait dans la ville.
» Cependant, le 90 décembre, il écri-
fiit au ministre de la marine : « Je vois
tavee plaisir que la garnison et les Iuh
tMtana sont animés d'un bon esprit, a
«Si les fautes de M. Victor Hugues,
Sire, n'étaient pas suffisamment dé-
montrées, on pourrait demander en-
core'à ce gouverneur pourquoi, con-
DftiSfsant rinespérience du jeune capi"
tainc Chevreuil, il lui avait confié le
poste du Diamant, considéré comme le
phis important, tandis que le capitaine
Girerd, officier eipérimenté et plus an*
cfen, avait réclamé l'honneur do com-
mandes ce poste?
»0n pourrait lui demander aussi
pourquoi, connaiasant l'importance du
deuiièflie poste^ le Dégras-des-Can-
ne<i, il sTei I coBtonté de le fme garder
par quiiise hooHiaa oommandés par un
servent?
» Nous devons également, Sire, faire
observer à Votre Majesté» qu'en même
tempe que M. Victor Hugues donnait
une défense aussi faible aux troi^ postes
prindpaux de Tlle, il plaçait cent -/ingt
hommes au caoal de Torc^, poste éloi*
gné del'attaqueietqui ne pouvait guère
sanrirqu'à protégersaprapre habitation.
» Teb sont. Sire, les motifi» qui nous
ont cMmuneua qM le commissaire de
Vots^Majealé, oomMHiaat w ébei
la Guyane, n'a pas employé tons
moyens à sa disposition pour la défense
de la colonie qui lui avait été confiée.
» L'avisdu conseil d'enquête est, Sire,
que la conduite de ce commissaire »loit
ètreexaminée par les tribunaux sur plu-
sieurs griefsdont Votre Majesté trouve*
ra l'énumération dans la résultat de l'en-
quête que nous avons joint à ce rapport.
a Le conseil d'enquête , Sire , n'a pu
rien découvrir d'asseï positif pour
éclairer la religion de Votre Majesté,
sur la question de savoir si M. Victor
Hugues s'était rendu à un petit nombre
d'hommes pour mettre à couvert ses
plantatioiiB et sa fortune.
a Si Ton en croit la majorité des
créoles, ce gouverneur a ramassé une
grande fortune en se servant de son in-
iDuenceet de son autorité pour se réser-
ver à lui seul le commerce exclusif de la
colonie. Mais nous n'avons pas cru de-
voir asseoir notre jugement sur des dé-
clarations verbales, dont quelques-unes
peuvent avoirété dictées par Tefletde la
haine dont un grand nombre d'habitans
de Cayenne paraissent animés contre
l*ex-oommissaire de Votre Majesté.
Toutefois , Sire , nous pensons qoe ,
f6t-fl vrai que Victor Hugues n'eût pas
été entraîné i rendre la colonie par
l'espoir de sauver sa fortune, il n'en
importe pas môina à yotre Majesté de
faire ^nïAr à ce commissaire l'épreuve
d'un jugement par un tribunal.
• Nous sommes.
Sire,
De Votre Mqésté Impériale et
Royale, les très humbles et
^ès obéissans serviteurs et
très fidèles sujets,
a Signé le comte Cessac, (e
général comte Hcu^xn.
le comte de RosiLT •
vioe-amiral.
aFaris, i*' décembre 18M. a
568
M Là nfamiB
BésuUatsd^V enquête formée en exécution
des ordre* de S. A/. /• et A.
« Le conseil d'enquête fermé en exé-
cation de la lettre dose de Sa Majesté
renopereur et loi : 1'' pour connaître
des causes et circonstances de la reddi-
tion de Cayeniie et Guyane françai^ie
aux troupes brésiliennes et britanni-
ques ; 2* pour examiner si M. Victor
Uugues, commissaire de Sa Majesté ,
commandant en chef à la Guyane fran*
çaise, ne s*est rendu à un petit nombre
d'hommes que pour mettre à couvert
ses plantations et sa fortune ;
» Après avoir entendu le sieur Vic-
tor Uugues, et pris comiaissance de ih
vers mémoires et pièces à Tappui qui
lui ont été remis par ce commissaire;
» A près avoir entendu de même
plusieurs habitans de 111e de Cayenne,
et militaires qui en formaient la gamn
^on, ou lu divers mémoires qu'ils lui
ont fait parvenir;
» Délibérant sur le premier point de
l'ordre de Sa Majesté, savoir :
» Premier point. M. Victor Hugues
a-t-;il employé tous les moyens qu'il
avait entre ses mains pour la défense
de la colonie qui lui avait été confiée?
B Estime que ce coromiasaire n'a pas
employé ces moyens pour se défendre,
et que sa conduite doit être examinée
par les tribunaux, aur les griefsci-après
énoncés :
» 1° Pendant neuf ans que Victor
Uugues a gouverné la colonie "de la
Guyane française, il ne s'est pas une
seule fois transporté sur la frontière de
l'est de son gouvernement, la seule qui,
de son propre aveu, pouvait être atta-
quée, et qui, d'après lui-même, devait
l'être tôt ou tard, depuis l'arrivée de la
cour de Portugal dans le Brésil ;
être prochaine, il a négligé les moyens
de la prévenir ou de la repousser, et
lia songé a mettre l'ile de Cayenne en
état de défense que, lorsque l'ennemi,
malgré la timidité et l'incertitude qu'il
avait montrées « avait pourtant envahi
sa frontière.
i> 3^ Il n'a missur la rivièreoe Maburv,
seul point par lequel l'ennemi devait et
pouvait pénétrer dans TUe de Cayenne,
aucun bêliment armé, ni chaloupe, ni
canot qui pût en disputer l'entrée, ou
du moins avertir les forts de l'attaque
de l'ennemi, et H avait a sa disposition
un bâtiment armé en guerre et mar*
chandises, qui aurait empêché rentrée
de la rivière et la prise de ses batteries,
qu'il a fait partir pour la France, biti-
ment dont l'équipage, les poudres, les
canons auraient pu lui être du plus
grand secours.
pk"" Il n'a placé à la batterie du Dia-
mant qu'un poste de quaraute hommes;
et, au lieu de confier cq poste, lo pre-
mier et le plus important, à un officier
de troupes de ligne expérimenté, et
qui l'avait réclamé, il en a remble
commandement à un jeune créole qui
a laissé surprendre son poste et a été
tué dans s<m hamac.
» S** Il n'a placé au poste, le deuxième
en importance, celui du Dégras-des-
Cannes, qu'un sergent et quinxe hom-
mes, tandis qu'il en a plac^ cent vingt
a un poste éloigné, et qui ne pouvait
guère servir qu'à couvrir sa propre ha-
bitation.
» &• Il n'a pris aucun moyen poor
être averti à temps du moment on l'en-
nemi donnerait dans la rivière afin de
l'empêcher de débarquer.
T" Averti de débarquement de l'en-
nemi, et de la prise du poste du Dia*
mant et du Dégras-dea-Cannes , il a
perdu en values héaitalions le momeot
dei^prwdr^ofif dfinpo9tw, lié iMrttf^
L
*w.»- -—
BBS PLACES FOftTBS.
rennemi et de le jeter Aùùs la rivière, entré dans la place que deux jonnaprès
Il avait les forces nécessaires pour cet
Abjet.
» 8** Lorscpi'it s*est résolu à attaquer
l'ennemi Jln'ii envoyécontrelui qu'une
partie de ses forces, trop faible et point
choisie avec assez de soin, et il a con-
lervé avec lui , à une lieue du point
qu'il devait reprendre, la majeure par-
tie de ses troupes, parmi lesquelles
étaient celles d'élite.
»9«I1 n'avait fait distribuer à ses
))Ostes et à ses troupes qu'une quantité
beaucoup trop faible de munitions de
guerre, tandis' que les magasins de
Cayenne renfermaient suffisamment
de poudres et de mobiles pouf la dé-
fense de la colonie,
»10*T1 ne s'est jamais porté de sa
personne en vue de l'ennemi, et il est
rentré dans la place de Cayenne ac-
compagné de cette majeure partie de
ses troupes d'élite , qui n'avaient pas
tiré on seul coup de fusil.
0II* Résolu à capituler, il est sorti
lai-méme de la place et est allé seul
traiter avec Fennemi, et cela sans avoir
préalablement ni assemblé de conseil
de guerre, ni pris l'avis des autorités
civiles, qu'aux termes des lois il devait
consulter.
9 12* La capitulation qu'il a faite
pourrait être considérée comme belle,
si elle eût été précédée par la perte de
plusieurs combats et par la destruction
de la plus grande partie de ses forces.
Mais dans l'état des choses le conseil
d'enquête n*& vu, dans l'acquiescement
de l'ennemi aux conditions qui lui ont
été proposées par Victor Hugues , que
l'empressement à faire un pont d'or à
un adversaire qui aurait pu se défen-
dre. L'on a cm remarquer encore que
Tennemi se défiait lui-même de ses
forces, et qu'il craignait que la capitn*
lation ne lût un piège, piliKii'îl R'^t
cette capitulation.
» Second point. Le commissaire de Sa
Unjesté, Victor Hugues, ne s'est^l
rendu a un petit nombre d'hommes
que pour mettre à couvert ses planta-
tions et sa fortune?
0 Le conseil d'enquête n'a pu rien
découvrir d'assez positif pour émettre
une opinion motivée. Si on eu croît la
majorité des créoles, Victor Hugues a
ramassé une grande fortune qu'il a
voulu sauver; mais ib n'articulent que
des faits trop vagues pour asseoir un
Jugement. Fût-il vrai que Victor Hu*
gués n'eût pas été entraîné à rendre la
colonie par l'espoir de sauver sa for-
tune, le conseil pense qu'il n'en impor-
te pas moins de faire subir à ce com-
missaire l'éprepva d*un iuoement par
un tribunal.
» Paris, !«' décembre 1809.
I» Sîs^é : le comte de CessaC ,
le général-comte Hcllin, le
comte de RosiLT, vice-amiral.»
a Renvoyé à notre ministre de la
» marine et des colonies, pour faire
» exécuter les lois de l'empire contre
B les prévenus.
» Au palais de Trianon , le 20 dé-
» cembre 1809.
» Signé NAPOLÉON. »
L'histoire de France a heureuse-
ment peu de faits à ciler en ce genre ;
bien des places ont été rendues par
ignorance, quelques-unes par faiblesse*
presque point par traliison.
Voici ce que dît sur cela M. de Fen-
quiëres :
a Pour entrer à présent dans le dé-
» tail des sièges dont la conduite, dans
» la défense^ a été asses mauvaise pour
» obliger les princes à (aire punir, par
ï> des conseils de guerr«« 4«i gonver-
M LA
BMrsqui imlreoda mal à propos les
places qui lear avoient été confiées ,
je eonnneDcerai par celui de Naër-
den , eo Faoïiée 1673, assiégé par
M. le prince d'Orange et défendu
par Mf. Dapas.
» M. de Luxembourg, qui comman-
doit dans les conquêtes du roi en
Hollande, entra dans la place quel-
ques heuresavant qu'elle fût investie,
et en était parti après avoir concerté
avec M. Dupas de le secourir, dès
que la cavalerie seroit rassemblée.
» Ce gouverneur, à qui la tète tour-
na dès qu'il vit Tannée ennemie cam-
pée autour de sa place, la rendit
avant que l'ennemi (àt seulement
mettre du chemin couvert, et signa
une capitulation, contre le sentiment
des principaux officiers de sa garni*
son. Le roi envoya ordre à M. de
Luxembourg de faire assembler un
conseil de guerre, devant lequel l'af-
faire fût portée et le procès de M. Du-
pas instruit. Il fut dégradé des ar-
mes en présence des troupes mises
en bataille pour ce sujet, et condam-
né à une prison perpétuelle. La rai-
son pour laquelle le conseil de guerre
ne le condamna point à mort, fut
qu'il ne se trouva point d'ordonnance
qui condamnât un poltron à perdre
la vie.
» En 1703, M. le duc de Bourgogne
assiégea et prit le vieux Brisach.
L^empereur, mal content de la con-
duite du gouverneur, le fit arrêter et
mettre au conseil de guerre, qui le
condamna à avoir la tète tranchée.
Le comte de Marsilly, qui étoit aussi
dans la place, fut, par le même con-
seil de guerre, dégradé des armes.
n II pourroit bien y avoir quelque
chose à redire dans la conduite de
ces deux commandans , et je rap-
porte cet exemple seulement pour
» faire voir que les autres pnnces sont
» plus sévères que nous , et punissent
rigoureusement ceux qui , dans la
défense des places qui leur sont com-
mises, font des fautes qui en causent
trop têt la perte : en quoi je ne les
blâme point.
» En ces entrehites ( estait dit dans
la relation du siège de Metz ) fut dé-
couverte l'entreprise du Bastard de
Fontanges et de Clavières, soldats de
la compagnie du capitaine Babus,
qui avoient qnek|ue pratique avec
l'empereur, laquelle, du eommeaœ-
ment, ils avoient Aiit semblant de
mener avec le scea de M. de Gujie :
par le moyen de quoi on espéroit
s'en prévaloir; mais il fkit treuTé
qu'ils avoient incliné du costé de
l'ennemy, et fait d'autres menées
qu'ils céloient à M. de Guyse , bien
dommageables au service du roj:
mesme soubs couleur de faire entrer
» unsîmplesoldatdanslavnié,yavoient
» mis un ingénieur de Tempereur. Ils
» furent retenus prisonniers; et peu
B après le dit Clavière mourut de ma-
» ladie, de qui la tête fut oûse sur h
» porte de Champagne , et le Bastard
» ayant confessé la vérité du Eût, il bit
» exécuté à la fin du siège. »
En 1638, le marquis de Légaoës,
général des troupes espagnoles, se
présenta devant Brème , et forma le
siège de cette ville. Moiitgaillard en
était gouverneur ; la garnison n'était
que de six cents hommes , et son com-
mandant se disait payer comme si elle
eût été de dix-sept cents complets.
Cette avarice sordide devint funeste à
son auteur ; car les défenseun de Brè-
me, se voyant trop faibles pour résister
aux assiégeans, forcèrent Montgaillard
d'ouvrir les portes de la place, le â7 de
mars; ce qui Ot condamner eetofikjer
à perdre la tète. Le marédul de Cré-
M0 fUMHi vram .
Ml
qai\ Tan des plus grands capitaines de
ce temps-là, et qui toute sa vie avait
Tait la guerre en Italie , avait été tué
d*on coup de canon, le 17 de ce mois ,
en reconnaissant les retrancheniens
des Espagnols devant le fort de BrAme.
En 1675, Trêves fut assiégée par un
rerpa de vingt mSIe AHemaiids, sous
la conduite des prinoea de Lunebourg.
Celte ville était vivement pressée, lors-
que le naréehal de Créqui, homme
d'un coimfe entreprenant, capable
des aetioaa les plus belles et les plus
lémérairea, essaya de la secourir. Il
était en mardie, lorsque le 11 d'août,
il fiit tout-à^onp rencontré par les
inpériau à Gonsarbrudt. Surpris, i^ans
Aire déconcerté, il ose, avec huit mille
hommes, attaquer dix-huit mille com*
batlans. L'action fut très vive d'abord ;
■tais la cavalerie française ayant pris
la fuMe, tout le reste de aa petite armée
cessa de résister; et tout ce que cet
intrépide général put faire , (Ut de se
jeter dans Trêves, à travers de non-
vean périls , après avoir perdu deux
mille soMata , son artillerie et son ba-
gage. II détendit la place avec le plus
giand courage. Il voulait s'ensevelir
sous les mines des remparts ouverts de
tous cAtéa. Tout le monde, la garnison
et les bouiigooia deaMudaient à grands
cris à capituler. Le maréchal s'obstine
à tenir encore. On murmure; on se
révolte. Un capitaine de cavalerie,
nommé Bols^ourdan , va traiter avec
les ennemis sur lahrèche. On n'a point
vu commettre une lâcheté avec tant
d*«udaee. Il menace le maréchal de le
tuer, s'H ne signe. Créqui se retire,
avee quelques officiers fidèles , dans
une égliae, oà il aima mieux être pris
A diaerélion , le • septenriffe, que de se
fendre* Peu de temps après, OoiS'
leurdan fut arrêté dans sa IWte, et
jugé i Meti par le oenael 4e guerre
Son crime n nvarrperav«rexemple. On
le condamna k faire amende honora-
ble, tête et pieds nus, la corde au cou,
la torche au poing , et à être décapité
sur un échafaud ; ce qui hit exécuté le
S d'octobre. Tous ses complices furent
dégradés et bannis.
Je termine ce chapitre par l'eitrait
des articles de lois qui sent rdatives au
suiet dont il s'aftit.
idu26imHuin%
AATICLB PREMIER.
Tout commandant de place forte ou
bastionnée , qui la rendra à l'ennemi
avant qu'il y ait brèche accessible et
praticable au corps de ladite place, et
avant que le corps de place ait soutewi
au moins un assaut, ai toutefob il y a
«n retranchement intérieur derrière la
hrèdie, aéra puni, de mort , è moins
qu'il manque de munitions ou de vi-
vres»
ART II,
Les places de guerre étant la pro-
priété de tout l'empire, dans aucun cas
les habitans ni corps administratifs ne
pourront requérir un commandant de
la plaça de la vendre, sous peine d'être
Iraitéa eomnm des révoltés et des tral-
tiea à la patrie.
Imâmil kmwmirê m r, tùre Ul.
ARTICLE PRRIIIRR.
Tout militaire ou autre individu, at-
taché à l'armée ou à sa suite, convaincu
de trahison» sera puni de mort.
i
ART. II. !
Boni repuléa coupables de trannosif
S"* Toat commandant d*ane place j
aMîégée, qui, sans avoir pris Tavis, ou
contre le vœu de la majorité du con^
seil militaire de la place ( auquel de-
vront toujours être appelés les officiers
en chef de rartlllerie et du génie), aura
consenti k la reddition de la place
avant que Tennemi y ait fait brèche
praticable, ou qu'elle ait soutenu un
assaut.
CHAPITRE PREMIER.
Instruction pratique par reierople.— Sscnoiii.
Eicmples tirés de Thisloirc ancleonc^Sic-
T105 If. Exemples tirés de Thistolre «o-
derne.
Arrêté du DireeUnrt exieutiff du 16
muêidor dt Van VII de la république
françaiêe.
ARTICLB PREH1ER.
ToQt commandant de place forte qui,
è dater de l'ouverture de cette campa-
gne, aurait capitulé avec l'ennemi,
pour rendre une place qui lut était
confiée, sans avoir forcé les attaquans
de passer par les travaux lents et suc-
cessifs des sièges, et avant d'avoir re*
poussé au moins un assaut au corps de
place sur des brèches praticables, sera
traduit devant un conseil de guerre,
pour y être jugé conformément aux
lois.
ART n.
Les membres du conseil de guerre ,
qui auront signé ces honlevses capitu-
lations, et ceux qui , ayant droit d'y
assister, n'auraient pas protesté contre,
seront également traduits au conseil
de guerre, pour y être jugés confor-
mément aux lois.
ART. ui.
Le ministre de la guerre désignera
le conseil de guerre qui devra connaî-
tre de ces délits, et demeure chargé de
l'exécution prompte du présent arrêté.
i|ui sera imprinié ao bulletin d^ Ipi^.
Chacun sait que , dans les sciences
pratiques, les exemples sont préféra-
bles aia meilleurs préceptes; c'est
pourquoi j'ai pensé que pour remplir
robjet de celte seconde partie, il con-
venait d'en consacrer le premier cha-
pitre a la notice des sièges les plus fa-
meux, tant de l'antiquité que des temps
postérieurs* Ce chapitre étant fort
étendu, je le diviserai en deux sec-
tions ; la première contiendra la notice
des sièges anciens ; et la seconde, celle
des sièges modernes, depuis Cbarle-
magne. Ces notices sont extraites pres-
que littéralement de divers historiens.
Non-seulement chacun de ces précis
est une leçon pratique importante
pour l'art défensif , et sous ce rapport il
contribue essentiellemeot a remplir
l'objet de cette seconde partie ; mais
ces mêmes précis, par leur réunion,
forment pour la guerre des sièges, faits
avec les armes anciennes, ou du moins
avec le concours d'un fort petit nom-
bre d'armes il feiii, ce. que sont pour
ces dernières armes les jcmrnaux qoi
ont servi de base aux calculs dont noos
avons parlé dans le chapitre VI de la
première partie. Elles démontrent in-
vinciblement combien ces premières
défenses sont supérieures aux derniè-
res, et par conséquent combien il est
avantageux pour les assiégés de rame-
ner tout au- combat de l'arme blanche,
et de réduire l'ennemi &la nécessité
d'attaquer toujoiirs de vive force« con-
formément au principe que nous éta-
blirons, dans l9 chapitre III de cette
DBS PLACES FORTES.
573
.SECTJOUr PRfiMir.RK.
exemptes tirée de Vhtstoire ancienne,
Slég9 de Syrseofe pir Im Albënicns, Tan 413
avant Jéius-Cbrist.
La plus florissante république de la
Sicile était la ville de Syracuse. Cette
cité puissante, riche, bien peuplée, si-
tuée sur la côte orientale de Tlle,
était composée de cinq quartiers diffé-
rens, qui, tous renfermés par de fortes
murailles, et fortifiés avec des tours,
de distance en distance, formaient, en
quelque sorte, autant de plapes fortes,
et prétentaient à peu près la figure
d'au triangle. Du côté de la mer , on
remarquait Tlle d'Ortygic , qui renfer-
mait la citadelle, et commandait aux
deui ports qui l'environnent. Elle
cooununiquait par un pont avec Achra-
dine, le plus beau, le plus grand, le
mieux fortifié de tous tes quartiers.
Au-dessus d*Achradine, on voyait,
d*uji côté, le quartier de Tyque et
et celui de Néapolis, ou V'^ille-Neuve ,
qui, séparés Tun de Tautre par un mur,
s'avançaient tous deux en pointe vers
l'occident, et se terminaient à une
hauteur qui les commandait et qu'on
nommait Epipole. Une vaste enceinte
de murailles renfermait tous ces quar-
tiers, et cette muraille immense était
défendue par deux forts nommés : l'un
Eurivèle , et Tautre Labdale.
La seixième année de la guerre du
Péloponèse , les Ségestains , opprimés
par les Sélinontaios que soutenaient
ceux de Syracuse, vinrent implorer le
secours d'Athènes. Jamais cette répu-
blique n'avait été si puissante, et en
m^e temps si enivrée de sa gran-
deur. Suivant Tavîs d' Alcibiade et mal-
gré les vives représentations de Micias,
te peuple écouta favorablement les
prières des députés. On équipa sur-le-
champ une superbe flotte de cent cîn»'
quante navires, et Ton en donna le
commandement à Alclbiade , à Nîcias
et à Lamacchus. On fit vofle vers Sy-*
racuse, et pendant la nuit on entrtr
dans le grand port , et l'on prit terré
près d'Olympie ^ans avoir été aperçu.
Les Syracusains avaient fait de grands
préparatifs; et, pleins de courage, ib
avaient résolu de se bien défendre.
L'arrivée soudaine des ennemis les dé-
concerta cependant un peu ; mais bien-
tôt ils bannirent cette première ter>-
reur, et se mirent en bataille devant
les murs de leur patrie. On donna le
signal en même temps de part et d'au^
tre. Comme les intérêts étaient les
mêmes, le combat fut opiniAtre, et la
victoire passa plus d'une fois de l'un et
de l'antre côté. Un orage, qui survint
tout à coup , intimida les Syracusains.
Ils plièrent et se retirèrent dans la ville
après une longue et vigoureuse résis-
tance. Cet échec ne servit qu*à rani-
mer leur ardeur. L'on rétablit et l'on
augmentâtes fortifications; et, pour
mieux obéir, on confia toute l'autorité
militaire à un seul chef qui fut Hermo-
crate, personnage également illustre
et par sa valeur et par son expérience.
Cependant les Athéniens s'empare**-
rent d'Ëpipole; et, malgré les tré^
quentes sorties des assiégés, ils vinrent
à bout d'environner la ville d'un mur
de circonvallation. Nicias, par le rappel
et l'exil d'Alcibiade et la mort de La-
macchus, tué dans une action, se vit
sans coflègue et seul maftre de toutes
les opérations. Ce général, parai>sant
oublier tout à coup sa lenteur ordi-
naire, fit entrer sa flotte dans les deux
ports, et pressa vivement la ville par
terre et par mer. Syracuse , ainsi blo-
quée et toujours vaincue, se voyait ré-
duite à la dernière extrémité. Déjà les
m u DÉmnst
cItoyeDi déie^iéréi lODgeaienl à M
rtndre, lorsque Cylippe, capitaine la-
c6déiDonien , envoyé à leur secours
ayec de bonnes troupes» survint tout à
coupfSans queNiciasse Tût misenpeine
de l'empêcher d'aborder, tant il cooip-
tait sur la victoire ! Aussitôt l'espérance cher. Il perdit nn grand ndlnbre de
renaît dans tous les cœurs. La joie pu-
blique fait cent folies. On proclame le
Spartiate père et libérateur de Syra-
cuse. Ce général ne trompa point l'at-
tente des alliés. Il commença par faire
savoir aux Athéniens qu'il leur donnait
finq jours pour sortir de Sicile. On ne
iaigoa pas répondre i cette proposî^
Bon. Quelques soldats demandèrent
ffà héraut « Si la présenoe d'une cappe
ilacédémonienne et d'un méchant hit-
» ton pouvaitfaire changer lafortune?»
EnGn, il fallut de part et d^autre se dia^
poser à une bataille. Le fort Labdale
fut emporté d*assaut, et tous les Atbè*
niens qui le défendaient passés au fil
de l'épée. Chaque jour on en venait à
de petits combats où Cylippe avait con-
stamment l'avantage. Tant de pertes
affaiblirent tellement Nicias qu'il fut
obligé de se cantonner vers la côte de
Plemyre^ qui forme l'entrée du grand
>oct, afin d'y conserver ses bagages et
le pouvoir soutenir sa flotte. II n'y fut
^as long-temps en repos. Le Lacédé^
âionien vint l'attaquer, emporta ses
forts, s'empara d'une partie de ses ba-
gages, pendant que les Syracusains
battaient sur mer la flotte ennemie.
L'infortuné Niciasétaitdans la dernière
consternation. Il avait instruit Athènes
du triste état où se trouvait l'armée
depuis le débarquement des Spartiates;
on lui avait promis du secours, mais il
n'arrivait point, et ses besoins étaient
pressans. Enfin, il était sur le point de
périr, lorsqu*on vit une flotte athé-
fiienne de soixante-treize galères,
.ommandée par Démosthène , entrer
fièrement dans le port Gt gênéni,
moins expérimenté que brave , pour
profiter de Talarme où son approcbe
inopinée avait jeté la ville, forma son
IcH^hamp quelques attaques, contrs
l'avis de Micias. Sa tèoiérîté lui coitti
soldats, et détruisit en un matant tootei
les espérances que son arrivée avait (Ut
nahre. Bientôt les Athéni^s se virent
réduits à une extrémité plus triste eih
core qu'auparavant. On songea à levtr
le siège après avoir tenté lafortune dans
un nouveau combat naval, la victoire fat
ehcore pour les assiégés, qui Atèreot
même à leurs ennemis les moyens de
ftair par mer, en les enfermant dans le
grand port. Il fallut donc tidier de
s'échapper par terre. Hermocrate ea
ayant eu avis, s'empara de tous les pas»
sages à l'insu des Athéniens. Ces mal^
heureux fugitifs s'étant mis en mar-
che pendant la nuit, tombèrent dans
les embuscades qu'on leur avait dres-
sées de toutes parts. Ils se défen-
dirent long-temps comme des lions;
mais, vaincus par le nombre, par la fa-
tigue et par la faim , ils se rendirent
tous à discrétion. On les jeta dans la
prison publique , où ib menèrent une
vie plus triste mille fois que la mort la
plus cruelle. Nicias et Démosthène
leurs chefs, périrent par la main d%
bourreau, au mépris de la parole qn'oa
leur avait donnée. Telle fet l'issue de
cette guerre qui durait depuis pins de
deux ans, et dont Athènes s*était pro-
mis les plus grands avaritageji
Siège de Veles par lei Romains, 3a» «oi arant
lêttti^Ctirlil.
La république , fittguée de se voir
sans cesse traversée dans ses projets
par les Yéiens, leur dédara la guerre,
après une frète de vingt ans; et, poar
mîcut réu«ir dans ce grand dessein ,
on résolut le siège de leur capitale. Si-
tuée sur un roc très escarpé, abondam-
ment pourvue de tout, la famine seule
pouvait la réduire. L'ouvrage était
long, mais il n'effraya pas. Il fallait
défendre le soldat des rigueurs de l'hi-
ver ; on lui ilressa des tentes de peaux,
qoi lui tinrent lieu de maisons. Les
Velens, darft une sortie, avaient sur-
pris les as^iégeans, brûlé leurs machi-
nes, ruiné la plupart de leurs ouvrages.
Tous les ordres do TËtat, enflammés
du désir de la vengeance, jurèrent de
ne point partir du camp que la ville
a*eût été prise. Les chevaliers , aux-
quels la république devait fournit" des
chevaux, offrirent de se monter à leurs
dépens. Le sénat, qui ne cherchait que
la gloire et l'intérêt de l'empire, char-
mé de ce zèle unanime, assigna, pour
la première fois, une paie aux gens de
cheval, et à tous les volontaires qui se
rendraient au siège. On eut bientôt ré-
tabli les ouvrages ruinés; on en fit de
nouveaux et plus considérables que les
premiers. Rome concevait les plus
grandes espérances, lorsque les brouil-
leries et la haine des tribuns militaires,
L Virginius et M. Sergius , qui com-
mandaient l'armée , firent presque
échouer ses efforts. Les Capenates et
les Falisques , voisins des Velens , et
par conséquent intéressés à leur con-
servation, armèrent secrètement, sur-
prirent et attaquèrent le camp des
Eomatfis. Les deux tribuns , ne pou-
vant vivre en^mble, s'étaient séparés,
et avaient partagé Tarmée en deux
corps. Les ennemis tombent sur Ser-
gius. En même temps, les assiégés, de
concert avec eux , font une sortie et
l'attaquent de leur cAté. Le soldat,
étonné, combat faiblement, et plutôt
pour défendre sa vie que pour donner
DBS fLkCMÈ MRtËS. Sfg
tôt sa sûreté (fans ta llitte. Tùut s'é-
branle, tout se confond ; la déroute de-
vient générale. Virginius aurait pu
sauver son collègue ; mais il aima mieux
satisfaire sa jalousie et sa haine , en
jouissant de sa défaite. Le sénat les
obligea d^abdiquer leur charge. On fit
leur procès, et on les condamna h une
grosse amende : faible punition pour
un 4 grand crime ! Les Falisques et les
Capenates, enflés de leurs succès, re-
vinrent à la charge ; mais pour cette
fois, ils furent repoussés avec une per-
te considérable. Cependant le siège
n'avançait pas beaucoup ; et tout l'ef-
fort des armes roiiiaines se terminait à
ravager les terres des ennemis. L'an-
née suivante, hi guerre fut encore plus
malheureuse. Sous de vains prétextes
de religion , on déposa les tribuns mi
litaires dont on n'était pas content. On
eut recours à un dictateur, comme
dans les plus pressans besoins de la
république. M. Furius Camillus, dont
la rare valeur et la haute capacité
avaient brillé plus d'une fois dans le
commandement, fut élevé à cette su-
prême dignité. La présence de ce
grand homme rétablit la discipline mi-
litaire, énervée par la division des
chefs , et ramena la fortune sous les
étendards des Romains. On serra la
place de plus près ; et , par son ordre ,
on releva les forts que les ennemis
avaient renversés, il défit les Falisques
et les Capenates ; et , après cette vic-
toire , de mauvais augure pour la ville
assiégée , fl fit pousser l'attaque avec
beaucoup d'ardeur. Mais , désespérant
enfin de réussir par la fbrce, il eut re-
cours à la sape et aux mines. Ses sol •
dats, à force de travail, et è Tinsu des
assiégés, s'ouvrirent une route sonter^
raine, qui les conduisit jusque dans le
château. De là , se répandant dans la
la mort à renoemi. Ou cherche bien- ( ville, tandis que le général amuiait les
n
S76
lui Lk wànmz
Veiens par un assaut, les uns allèrent
charger ceux qui défendaient les mu-
railles ; les autres rompirent les portes,
et toute l'armée entra en foule dans la
place. Les citoyens, éperdus, ne savent
où fuir. Toutes les issues sont fermées.
Les uns sont écrasés sous la chute des
maisons qui s'écroulent : les autres sont
consumés dans les flammes. Partout
on voit paraître l'aflreuse image 4e la
mort. Le soldat furieux immole tout ce
qui s*oirre à ses coups. On n'entend de
toutes parts que des cris lamentables.
Le dictateur, touché d'un si triste
spectacle , fait cesser le i^arnage , dé*
sarmc les prisonniers ; et, pour s'ac-
quitter de sa promesse, abandonne le
pillage à ses troupes victorieuses. Ainsi
tomba, après dix ans de siège, cette
superbe ville , qui avait été , durant
trois cent cinquante sept ans, la plus
redoutable rivale de Rome. La répu-
blique n'apprit cette victoire qu*avec
les transports de la joie la plus vive ; et
tous les ordres de TËtat s'empressèrent
à l'envi d'honorer le triomphe de Ca-
mille.
Siège de Tyr par Aleiaodre-Ie-Grtnd, 33a aoi
avaDl Jésas-Chriftt.
L'ancienne ville de Tyr ayant été
détruite par Mabuchodonosor, 573 ans
avant l'ère chrétienne, les habitans s'é-
taient retirés dans une Ile voisine où
ils bâtirent une nouvelle ville qui porta
le même nom, et dont la gloire effaça
bientôt le souvenir de la première.
La nouvelle Tyr s'appelait orgueil-
leusement la Btine de la mer^ qui en
effet lui apportait le tribut de toutes
les nations du monde. Elle voulait bien
reconnaître Alexandre pour ami, mais
non pour outltre. Le conquérant de
l'Asie la fit sommer de se rendre. Il ne
bit point écouté ; il se disposa donc à
l'attaquer dans les formes. Il éleva une
digue qui fut d'abord ruinée par les as*
sièges avec tous les ouvrages qui avaient
coûté bien des sueurs à ses soldats. Il
la rétablit avec plus de peine encore;
mais, lorsqu'on l'achevait, un vent im-
pétueux la renversa. Il y fit travailler
de nouveau ; et, pour chasser les enne-
mis qui étaient maîtres de la mer, il as-
sembla une flotte. La digue fut bientôt
conduite au point où la voulait Alexan-
dre. Il fit dresser des tours et des béliers
et s'avança avec sa flotte contre les mu*
railles. Les Tyricns, désespérés, ne sa-
vaient quel parti prendre, lorsque tout-
à -coup il s'éleva un furieux orage qui
les sauva encore pour cette fois. Ils
avaient envoyé des ambassadeurs a
Carthage pour demander du secours à
cette colonie sortie de leur sein. Elle
était dans un aussi triste état qoe sa
mère. Frustrés de cette espérance, ib
ne perdirent point courage. Pour se
défendre avec plus d'intrépidité, ils en-
voyèrent leurs femmes et leurs enfans
à Carthage ; il n'y eut point d'inven-
tions et de stratagèmes dont ils ne s'a-
visassent pour ruiner les travaux des
assiégeans, et faire échouer leurs atta-
ques vives et fréquentes. Enfin le roi
de Macédoine, irrité, fit donner an
assaut général. Januiis l'on n'attaqua
et l'on ne se défendit avec plus de va-
leur. Alexandre lui-même monta lor
une haute tour, où, étant reconnu par
la richesse de ses armes , il servit de
but à tous les traits des assiégés. Les
Macédoniens, animés par l'exemple et
le danger de leur prince, redoublèrent
de courage, prirent enfin la ville et tuè-
rent tout ce qui s'offrit à leur fureur.
On fit trente mille prisonniers qui fu-
rent tous vendus. Cette ville avait sou-
tenu, durant sept mois, tous les efforts
d'Alexandre, l'an 332 avant Jésu»-
Christ.
Ht WLàOm WOWiU.
vn
* UirMt vtf les Cartkaihiolf , l'ao «a
«finlJétiit-ClirUt.
lilybée était la plus forte pbce
4li*eiiS8ent les Carthaginois en Sicile,
et n perte devait entraîner celle de
tout ce qui leor restait dans Tile. Les
Bomains n'oublièrent rien pour s'en
rendre maîtres, ni les ennemis pour la
bien défendre. Les consuls, ayant fait
I^èr leurs machines , abattirent plu-
liean tours à coups de bélier. Les as-
ilégés. serrés de fort près , firent une
•ortie. la flamme à la main , pour rui-
ner les ouvrages : ils furent repoussés
•rec perte. Mais une antre toU , ayant
proDlé d*un vent favorable, Tincendic
qalb causèrent fut si grand , que tous
les eflbrts des assiégeans ne purent
l'arrêter. Cet accident fit changer le
siège en blocus. La nouvelle qui en
vint à Rome, loin d'abattre les esprits,
semtria renouveler Tardeur et le cou-
rage des citoyens; dix mille hommes
pMaèrent le détroit, et allèrent joindre
les assiégeans. Cependant ce renfort
ne hâta pas le succès du siège. Les
Dottei ronuiines, chargées de porter
lei vivres et des machines, furent ou
lébitcs à force ouverte , ou brûlées
;Mr Carthalon qui les surprit; eniln,
ine tempête causa tant de dommage à
a marine des Romains, qu*il ne leur
Mtait plus que deux vaisseaux ; ils re-
MNicèrent donc à la mer sans lever
iqnrtont le siège de Lilybée. On fut
iliiaieurs années sans faire rien de re-
narquable. C'étaient Uius les jours de
KMiTelles ruses de guerre, des pièges,
lea surprises, des approches, des atta-
Ijoes; mais rien n'était décisif. Il fallut
lire de nouveaux efforts pour équiper
ine nouvelle flotte ; le zèle des parti-
nliers eut bicntAt mis deux cents ga-
ireê en mer ; on en donna le com-
aandement au consul Lutatius, qui
s'empara de tous les postes avantageux
qui étaient aux environs de Lilybée.
Il prévoyailqu'ilfaudraît incessamment
venir à un combat; aussi n'oubiia-t-il
rien pour en assurer le succès. Ln flotte
ennemie parut bientôt. Le dessein
d'IIannon, qui la commandait, était
d'approcher d*£ryz sans être nperçif
des Romains, pour déposer ses vivresK
et prendre avec lui le vaillant Amilcar;
mais le consul pénétra ses vues, et les-
fit échouer par sa présence subite. Il
indiqua le combat poui le lendemain.
Malheureusement le vent se trouva fa-
vorable aux ennemis. 11 hésita s'il de-
vait donner la bataille ; cependant, fai-
sant réflexion qu'il n'aurait à faire qu'à
des vaisseaux chargés et pesans, au lieu
que, s'il attendait le calme , il lui fau-
drait combattre contre l'élite de l'ar-
mée de terre, et, ce qui était encore
plus formidable, contre le courage in-
trépide d'Amilcar, il ne délibéra plus,
il lit donner le signal. L'animosité des
deux nations rendit le combat cruel et
douteux; mais l'infatigable valeur des
Romains l'emporta. Les Cartiuiginois
prirent la fuite; cinquante de leurs
vaisseaux furent coulés à fond, et
soixante et dix pris avec tout l'équi-
nage. Le nombre des prisonniers passa
ùu mille. Cette défaite désespéra Car-
thage : elle demanda la paix à quelque
prix que ce fût ; Rome la lui vendit
cher. Un des articles du traité était
l'évacuation de Lilybée et de toute la
Sicile. Ainsi finit la première guerro
punique.
Si<f0 de SafoolA pir AnnibaL l'an 219 araat
Jéaut-Christ.
Annibal, qui avait hérité de son père
une haine mortelle contre les Komains,
ne put voir sans indignation l'asservis-
sement de sa patrie à ces fiers répu-
blicains. II prépara tout de loin pour
87
nmpf0 mmêmaMH llndigiié tnôlé'pfir
Iwpiel Caithagc «fait perte 801 |do8
toftux domaines; et, formant dèa^ors
le dessein hardi de porter la guerre et
la terrror de ses armes jusqu'aux pop-
tes de Rome, il commença le siège de
tagonte, ville puissante et riche, alliée
Êtes Romains, et qni seule powait faire
échouer ses ambitieux projets. On éle-
¥a des oufrages, on attaqua la ville de
trois côtés différons , on fit agir le bé-
lier^ on ébranla les murs^ on fit tomber
des tours; mais les Sagontinsse défen-
^ 4atent avec courage» Tous les jours on
en vient aux mains ; la victoire est sou*
vent incertaine, et si Tennemi fait des
Jhrèches, elles sont aossiiAt réparées
par de nouveaux murs. Les Romains
apprirent Textrémité oà étaient réduits
leurs fidèles alliés; au Udu do voler à
' leur secours, on envoie uno ambassade
é Carthage. Elle y fut reçue avec hau-
teur. Le plus ancien dea députés de-
manda la cause du siège de Bagonte.
Les sénateurs ne répondant point i sa
question : a Je porte , leur dit*il d*«n
ton fier en leur montrant un pan de sa
robe qui était plié, je porte ici Ja paix
ou la guerre ^ choisissez. » On loi ré-
pondit qu'il pouvait choisir lui-même.
« £h bien, je vous donne donc la
guerre, répliqua«^t«il en déployant
h pan de sa robe. « Nous Tac-
eeptona de bon cœur et la ferons de
même , » s' écrièrent les Carthaginois
avec fierté. Ainn commença ta eeconde
goen'e punique (l'an do Rome&M).
Cependant Annibal pressait le stége
avec beaucoup d*ardeur. Les Sagontins
étaient réduits à la dernière misère et
se voyaient sans ressources. On parla
d'accommodement; mais les condi*
tiens leur parurent si dures, qu'ils ne
purent se résoudre à les accepter. Les
sénateurs tjrent porter dans la place
oblique tQut lenr or et leur arî^ent, et
celui qui appartenait en oomnmti i
l'État, te jmèran^dawiilte qa'ih
avaient fait allumer pour eét effet et s'y
précipitèrent eux-mêmes. Dsns ce
moment, une tour, que les béliers Trap-
paiçnt depuis long-temps» tombe toute
coopavec un bruit épouvantable. Anssi*
têilesCar thaginoisentrent en rpoIedaDi
la, ville 1 3'en rendent maîtres en peQ
do temps , et passent au 61 de l'épée
toiis ceujç qui étaient en âge de porter
les armes. Malgré l'incendie , le butia
fut fort grand : Annibal réserva tout
l'or et tout ragent pour servir à ses
desseins. Ainsi fut prise cette ville in-
fortunée, victime de son alliance avec
les Romains, après huit mois du siège
le plus cruel et le plus laborieui qai
fût jamais.
Slégç de CtrtHwge per let Boiaaiiis» M us
■Taol Jéiui-Christ.
Cartbage sur pied rappelait toujours
le souvenir des batailles de Trasiméne
et de Cannes. C'était une perspective
affligeante pour Rome, On résolut de
la détruire, et ce Tut le sujet de la troi-
sième guerre punique. A peine les
Carthaginois eurent-ils appris que Tar-
mée romaine approchait , qu'ils en-
voyèrent des députés aux consuls,
pour se livrer, eui, et tout ce qui leur
appartenait, entre les maInS des Ro-
mains. Après leur avoir demandé des
otages, on leur ordonna de livrer sans
fraude et sans délai toutes leurs arma.
Cet ordre était dur ; mais II fallait se
résoudre à l'accepter. On l'exécuta sur-
le-champ. On vit arriver dans le camp
une longue suite de chariots chargés de
tous les préparatllb de guerre quiétaient
dans Carthage: deux cent mille armu-
res complètes, un nombre inOni de
traits, de javelots, deux mille machi-
ner propres à lancer des plcric» et
Ml métm rvBw».
A»ft dutdà^ MâffcbAÎMl 611111116 1m di*
poié» oirtlnigîAoîi»* Mfiompagnéft d«
C6 fie le Sénat avait de plm respeo*
tables vieillards, et la religion de plus
v^irabies prêtres, pour tâcher d'ex-
citer la eompasaioo. a Je loue votre
a promptitude* leur dit Censorinus,
sTuD des consuls. Le Sénat vous
a ordonne encore de sortir de Car^r
s thage qu'il veut détruire, et de trans«
s porter votre demeure ou il vous plai«
s ra, pourvu que ce soit à quatre lieues
sde la mer.a Ce fut un ooopde foudre
pour les députés» En vain se livrèrent*
ils aux plus grands transports da la dou»
leur; en vain essayèrent-ils d'attendrir
las Romains ; il fallut partir, et porter
ACarthage cette réponse désespérante*
Un cri général apprit au peuple quel
était son sort; etausiîtAtle désespoir,
la rage, la fureur s'emparèrent de tous
les cœvs. On se détermina tout d'un
coup i défendre la patrie. Asdrubal eut
le cooimandement des troupes. On se
hAta de fabriquer des armes, i^s tem-
ples, tes palais, les places publiques de-
vinrent autant d'ateliers. Hommes et
fèmises y travalUaient jour et nuit.
Chaque jour on faisait cent quarante
boucUers, trois cents épées, cifu| cents
piques on javelots , mille traits et un
grand nombre 4e machines pour les
lancer.. On manquait de matières pour
faire des cordes : les femmes, excitées
par un beau zèle, coupèrent leurs che^
veux. Les consuls actuels et leurs suc*
ccsseura ne firent rien de considérable ;
ils se contentèrent d'assiéger faible^
ment la rivale de l'empire, et plnstenrs
fois même ils essuyèrent de grandes
pertes. Ce ne fut que la troisième aor
née da la guerre,. que Scipion» sur-*
nommé depuis le second Africain , et
petii-fils adopUC du grand Sdpion,
ayant été déclaré consul, eut la ^oire
du renverser Garthage.
Cette superbe viUe contenait alom
sept cent mille hsbitans* Elle était si*
tuée dans le fond d'un golfe, environ^
née de la mer , en forme d'une pres^
qu'île, dont l'isthme, qui la joignait au
continent, était large d'une lieue et un
quart* I^ presqu'île avait dix-huit
lieues de circuit. Du côté du continent,
outre la citadelle appelée Byrsa, la ville
était dose d*uue triple muraille haute
de trente coudées, sans les parapets et
les tours qui la flanquaient , à égales
distances, et qui étaient séparées Taue
de l'autre de quatre-vingts toises* Il y
avait deux, ports du côté du cou-
cjbant. Le premier était pour les mar-
chands, l'autre, pour les vaisseaux de
guerre ; ainsi, l'on peut distinguer trois
parties dans Cartbage ; le port qui était
double , appelé quelquefois Cothou , à
cause d'une petite Ile de ce nom qui
était vis-à-vis; la citadelle Byrsa, et la
ville proprement dite, qui environ-
nait la citadelle , et était nommée Mé^r
gara,
Scipion , après avoir rétabli la disci-
pline militaire entièrement ruinée,
songea à pousser le siège avec vigueur.
Ayant fait prendre à ses troupes des
haches, des leviers et des échelles, il
les conduisit, de nuit, en grand si--
lence^ vers Mégara , qu'il attaqua vive-
ment, en jetant de grands cris. Les
ennemis furent effrayés de cet assaut
nocturne et soudain. Néanmoins, ils se
défendirent avec courage, et les Ro-
mains ne purent escalader les murail-
les. Scipion aperçut une tour qu*on
avait abandonnée : il y envoya un boa
nomtoede soldats hardis et déterminés,
qui , par le moyen des pontons , passé-
reatde la tour sur les murs, se jetèrent
dans Mégara et en brisèrent les portes.
Le général y entra dans le moment,
chassa de ce poste les ennemis qui ,
troiihléaparcettenouvellaattaque aussi
M*
DE Là DftmiM
impréfiie que la première, et croyant
que toute la Tille avait été prise, s'en-
fuirent dans la citadelle, et y furent
suivis par les troupes mêmes qui cam*
paient hors de la ville. Elles abandon-
nèrent leur camp aux Romains, et
son^'^nt aussi à se mettre en sûreté.
AsdroHal , irrité de cette honteuse dé-
route fit avancer sur les murs tout ce
qu*il avait de pn^onniers romains, et i
la vue des ennemis, il leur fit subir les
supplices les plus cruels. On leur cre-
vait les yeux ; on leur coupait le nez ,
les oreilles, les doigts; on leur arra*
chait toute la peau de dessus le corps
avec des peignes de fer; enfin, on
mettait le comble à cette barbarie, en
les précipitant du haut des remparts.
Ces exécutions inhumaines firent hor-
reur aux Carthaginois; mais le tyran
ne les épargnait pas eux-mêmes, et
plusieurs sénateurs, qui s'opposaient à
son despotisme, payèrent de leur vie
leur zèle trop généreux. Scipion se
voyant maître de Tlsthme , fit cons-
truire un mur du cAté des assiégés ,
qu'il acheva au bout de vingt jours , et
qui mit ses troupes en sûreté, en
même temps qu'il coupait les vivres i
la place, où l'on n'en pouvait plus por-
ter que par la mer, ce qui souffrait de
très grandes difficultés, parce que la
flotte romaine faisait une garde exacte.
Après ce grand ouvrage, si heureuse-
ment exécuté, il en entreprit un autre
plus étonnant encore ; ce fut de fer-
mer l'entrée du port par une levée.
Les assiégés insultèrent d'abord à l'ap-
parente tf^mérité du consul; mais,
quand ils virent que Touvrage avançait
considérablement, ils commencèrent
à craindre, et songèrent à prendre des
mesures pour le rendre inutile. Fem-
mes et enfans, tout le monde se mit à
travailler, avec un tel secret , que Sci-
pion ne put jamais rien apprendre par I
les prisonniers, qui
ment qu'un grand bruit ae faisait en-
tendre dans le port, sans qu'on sût ce
qui s> faisait.
Enfin, tout étant prêt, les Car-
thaginois ouvrirent tout d*un coup
une nouvelle entrée d-un autre celé
du port, e* parurent en mer avec
une flotte assez nombreuse, nouvel-
lement construite avec les vieux mu-
tériaux qui se trouvèrent dans les ma-
gasins. On convient que, sTils avaient
été sur-le-champ attaquer la flotte ro-
maine , ils s'en seraient infailliblement
rendus maîtres, parce qu'ils l'auraient
trouvée sans rameurs, sans soldats,
sans officiers. Us se contentèrent de
braver l'ennemi , et ne se présentèrent
que deux jours après pour se battre
sérieusement. Cette bataille devait dé-
cider du sort des deux partis : elle fal
longue et opinfêtre. Dans le combat, les
brigantins carthaginois se codant par
dessous les bords des grands vaisseaux
des Romains, leur coupaient tantôt la
poupe, tan tôt le gouvernail , et tanlét les
rames ; et s'ils se trouvaient pressés,
ils se retiraient avec une promptitnde
merveilleuse, pour revenir incontinent
à la charge. Enfin , les deux armées
ayant combattu avec un égal avantage
jusqu'au soleil couchant , les Carthagi*
nois se retirèrent , dans le dessein de
recommencer le lendemain. Une partie
de leurs vaisseaux ne pouvant entrer
assez promptement dans le port , parce
que l'entrée ^n était trop étroite , alla
mouiller ér/inrès d'une terrasse fort
spacieuse, ou les Romains les poarsoi-
virent. Le ccc^t recommença en-
core plus vivement oue jamais, et dura
bien avant dans la nuit. Les Carthagi-
nois y souffrirent beaucoup , et ce qni
leur resta de vaisseaux se réfugia dans
la ville. Le lendemain matin, Sdpion
attaqua la terrasse, s'y logea, s'y fo^
DW$ FUICES FOJITB9.
581
Uflji, et y fit construire, da côté de la
vifle, one maraille de briques, sur la-
quelle il plaça quatre mille hommes,
avec ordre de lancer sans cesse des
traits et des dards sur les ennemis.
Ainsi Gnit la campagne de Tan de
Rome 605.
Au retour du printemps, Scipion at-
taqua tout à la fois le port appelé Co-
Ibou et la citadelle ; il se jeta dans la
grande place de m ville, voisine de
Byrsa, et d'où Ton montait à cette for*
teresse par trois rues en pente, bor-
dées, de côté et d'autre, d*un grand
nombre de maisons, du haut desquelles
on lançait une grêle de dards sur les
Romains. Ib furent contraints, avant
de passer outre, de forcer les premiè-
res maisons, et de s'y poster, pour
pouvoir de la chasser ceux qui com*
battaient des maisons voisines. Le com-
bat, au haut et au bas des maisons,
dura pendant six jours, et le carnage
fat horrible. Pour nettoyer les rues et
en faciliter le passage aux troupes, on
tirait avec des crocs les corps des habi«
tans qu'on avait tués ou précipités du
haut des maisons , et on les jetait dans
les fossés, la plupart encore vivans
et palpitans. Dans ce travail, qui
fut long et pénible, on avait soin de
relayer les soldats, qui avaient suc-
combé à la fatigue. Le seul Scipion ne
voulut point dormir, ni se donner qu'à
peine le temps de prendre quelque
nourriture. Ixs assiégés étaient aux
abois, et^ le septième jour de cette at-
taque, on vit paraître des hommes en
habit de supplians, qui demandaient,
pour toute composition , qu'il plût aux
Romains de donner la vie à tous ceux
qui voudraient sortir de la citadelle ; ce
qui leur fut accordé» Il en sortit cin-
quante mille , tant hommes que fem«
mes, qu'on Qt pmer ver^ le$ camps,
tT«c^ifegard#, Aidnii»! fe retran-
cha dans un temple d'£sculape, avec les
transfuges, au nombre de huit cents,
et sa femme et ses enfans. Il s'y dé-
fendit encore quelque temps; mais
enfin , vaincu par la faim ^t la fatigue,
il fallut succomber. Le général cartha-
ginois, qui voulait sauver sa vie, vint
se rendre secrètement à Scipion , qui
le fit voir aussitôt aux transfuges. Ces
malheureux, transportés de fureur,
vomirent contre le traître mille inju«
res, et mirent le feu au temple. Pen-
dant qu'on l'allumait, la femme d'As-
drubal , s'étant parée le mieux qu'elle
put, vint se mettre à hi vue de Scipion
avec ses deux enfans, et après avoir ac-
cablé de reproches son perfide époux ,
et invoqué contre lui la vengeance des
dieux et des Romains, elle égorgea ses
enfans, les jeta au feu , puis s'y préci-
pita elle-même : tous les transfuges en
firent autant.
Ainsi tomba la superbe Carthage,
cette ville qui avait ^été si florissante
pendant sept cents ans, et dont l'em-
pire était comparable aux plus vastes,
aux plus redoutables puissances. Sci-
pion ne put refuser des larmes aux
derniers soupirs de cette république
fameuse, la Vivale de sa patrie. Il l'a-
bandonna au pillage pendant plusieurs
jours, et fit mettre en réserve l'or^ l'ar-
gent, les statues et les ofirandes qui se
trouvèrent dans les temples, et oui
servirent d'ornement à son triomphe.
Siège de Numance par Scipion, 133 am
avant léana-Chrlst
Les Arvaques, peuple d'Espagne,
dont Numance était la capitale, avaient
uni leurs forces à celles de Virialhus.
Le» Romains songèrent à venger cette
infraction des traités. Pendant plusieurs
années on ne fit que quelques tentati-
yei peu lmpor»wtes, Q, Pomp^ïni, \n
582
DB LA DÉFENâS
rremier noble de la maison des Pôm-
r^5e, voulut entreprendre le siège de
ia capitale; mais il fat battu, et ses
troupes furent tellement affaiblies,
qu'il envoya des agens secrets pour
conclure un traité de paix avec le»
Numantins. Quand son successeur fut
arrivé, il nia qu'il eût Tait aucun traitéi
et la guerre recommença de nouveau.
Les Uomalns essuyèrent encore de
grandes perles. Popillos, leur général ,
s'approcha de Numance. Les habltans
n'allèrent point, suivant leur usage, & la
rencontre de l'ennemi. Ils se tinrent
renfermés dans leurs murs, sans paraî-»
tre et sans faire aucun mouvement*
Cette apparente tranquillité trompa le
proconsul ; persuadé que les assiégés,
découragés par les défaites précédent
les, craignaient d'en venir aux mains ,
il ordonna à ses troupes d'appliquer
les échelles aux murailles, pour esca-
lader la ville. On s'empresse d'obéir«
Popilius alors, voyant qu'on ne se dis*
posait pas à lai résister, conçoit ({uel-^
que soupçon. Il fait sonner la retraite.
Hais le soldat , flatté d'emporter la Tille
d'assaut ,' et de s'enrichir du butin , se
retire à regret et lentement. Tout-à*
Coup les assiégés sortent par plusieurs
portes, renversent tons ceux qui étalent
montés sur les échelles, poursuiveut
les autres, et défont une partie de l'ar^
mée. Mancinns, successeur de P6pi-
lins, vint mrttre le comble à l'ignomi-
nie des Romains. Il n'y eut pas une
rencontre, Il ne se donna pas une es-*
carmouche où les Numantins n'eussent
l'GVântage , en sorte que le soldat ro-
main, découragé, ne pouvait phis sou-
tenir ni la voix, ni fa vue fun Numan*
tin. Le général voulut dissiper cette
frayeur indigne des légions de la répu-
blique. Dans cette vue, il s'éioignH de
Numance pendant ia nuit. Mais les as-
siégea, arerti» de sa retraite, partirent
au nombre dé quatre mille, counireftt,
sans perdre de temps, après les fuyards,
donnèrent sur rarrière-garde, en firent
un grand carnage, poussèrent le reste
dans des lieux fort difficiles et presque
sans issue , et quoique Tannée romat&e
montât à plus de vingt mille hommes,
ils l'enveloppèrent de telle sorte qnll
ne lui fut pas possible de se retirer de
ce mauvais pas. Mancinus, désespéré,
envoya un hérault, pour demander
quelque composition. H conclut on
indigne traité, par le ministère de Th
bérius Gracdus, et partit pour Rome. •
Ce traité fut déclaré uni, et l'on conti-
nua une guerre qui affligeait extrême-
ment et qui déshonorait le peuple ro-
main. Vainqueur de tant de nations,
il voyait, depuis plusieurs années, tons
ses effortji échouer devant une ville, et
ses armées presque toujours battues
par des ennemis qui d'eux-mêmes
étaient très faibles, et que la seole
incapacité des généraux avait rendos
Jusque-là formidables. Pour remédier
à de si grands maux , on songea i met-
tre en place un homme d'un grand
mérite, et qui fût capable de rétablir
l'honneur de la république. Le des^
tructeur de Carthage panit le seul en
état de terminer la guerre de Ifn-
mance. On le créa consul, et on loi
donna l'Espagne pour département.
A peine Scipion se (tat-iT montré i
ses troupes, que tout changea de face :
hi discipline ftit rétablie , le lose fot
proscrit. Les femmes de débauche, qni
se trouvaient dans le eamp au nombre
de plus de deux mille, les valets innti-
les , les marchands, et touâ eèux dont
le talent est de nourrir ta mollesse elle
libertinage, furent obligés de prendre
la fuite. Le soldat s^accoutuma i re-
'prendre ses travaux ordinaires, et à se
eotir<>nMr aot ordrei d« général. Cette
Impoiliiife réfatme Mctpt MpiM
pendant tonte sa première campagne.
II vint ennite près de Nurnanœ, pour
y prendre ses quartiers d*hivef . En
vain les asaiéfte présentteent la ba*
taille, le général romain ne Taceepte
jamais* Une seule fois, il en vint aux
mains avec enx« parée qne ses fonmh-^
(cenrs étaient en Ranger. Il força les
Nuroantins de prendre la fuite ; mais
il ne les poursnivit pas, content d'dtre
parvenu à faire voir à ses soldats , eb
qui paraissait presque un prodige* ces
fiers Espagnol:! fuyant devant' eu.
Pour Ater aux assiégés tonte espérance
et toute ressource » il fit conduire nue
ligne de cootrevallation autoqr de la
fille. Numance était située sur une
colline, et avait près d'une lieue de
circuit; la contrevallation en ent le
douUe. Ensuite on creusa un large fos^
se , qui fut revêtu de pieux i et Ton
construisit un mur qui avait huit pieds
d'épaisseur et dix de hauteur, sans
compter les créneaux. Le fleuve Du-
nos passait le long des mur8,«t servait
à faire entrer 4es vivres et des troupes
dans la plece»>Pour le fermer, Sdpion
biUt sur les deui rives deux fortsv dkm
il jeta sur toute la largeur du fleuve de
longues et fortes poutres attachées, des
deux côtéSi i de gros câbles^ Ces pénè-
tres étaient armées de grandes pointes
de fer, qui, étant perpétuellement agi*
tées par le mouvement des eaux, fer-
maient le passage aux nageur» et eux
plongeurs, et a ceux qui auraient voulu
paraître dans les barques. Pour être
informé de tout, il établit,, sur toute
rétendue des retrandienetis, des sol-
dat» asset près les uns des antres, qui
jeu** et nuit, devaient donner avis, cha-
cun à son voisin , de tout ce qui se
passait et de tout ee qu'il apprenait»
L'armée romaine montait à setiantê
miMe hommes : la moitié était deMInée
àgarder tel mnn , vingt mille à com-
DBs wLàcm voniss. 593
battre, quand H en serait besoin, et dix
mille à relever ceux-ci et à les soute-
nir. Chacun avaitia place et son devoir
marqués, et les ordres qu'on recevait
étaient exécutés sur-le-champ. Il n*é*
tait pas pomible qu'un siège si bien
conduit ne couvrit de gleire cehii qui
en était l'Ame. Vainement les Nnman^
tins formaient4ls des attaques^ ils ren-
contraient partout une main prête à
repousser leurs inutiles efforts. Déses-
pérés , ils se renfermaient dans leur
ville, pour y dévorer un reste de pro-
visions que, jusqu'à ce jour, la famine
avait épargnées. Quelque opiniAtre que
fût leur courage, quelque excessive
que fut leur fierté , les maux qu'ils
éprouvaient les contraignirent de de-
mander la paix. Abarus, chef de l'am-
bassade, dit à ScipfaHi que toute la
giftce qu'il le suppUait de leur accorder,
était de les traiter humainement, on
de leur permettre de périr dans un
combat, les armes à la main. Le géné-
ral romain leur répondit qu'ils n'a-
vaient qu'à s'abandonner à la discré*
tion des Romains, et livrer toutes leurs
armes. Cette condition mit les assiégés
en fureur ; ils massacrèrent leurs dé-
putés , et recommencèrent leurs sor-
ties , toojoum sans succès. Lu famine
devint si grande, qu'on se nourrissait
de chair humaine. Vaincus enfin par ee
terrible fléau , ils se rendirent à Sd-
pion. Plusieurs ne voulurent point
survivre à leur patrie, et se donnèrent
la mort. La ville fut renversée de fond
en .comble ; tous les citoyens furent
vetidits , cinquante Aeulement fm'ent
réservés pour le triomphe du vain^
queur. Tout le crime des Nunsantins
avait été de ne point fléchir sous la
donlnnfieti d*uné république ambi-
tieuse , qui prétendait donner des lois
à runivers. C'est faire l'éloge de cette
ville bellkpiense^ ^na de dire que.
\
pendant; tonte cette guerre , qui dura
tant d'années, elle n'avait que huit
mille hommes qui portassent les ar-
mes. Jugurlha et Marins se couvrirent
de gloire dans ce siège, et méritèrent
Tcslime de Soi pion. Numance fut dé-
truite Tan 133 avant Jésus-Christ.
s ége cTAIm (1) par Jolfs-Cétar, cinqQante-
deux ans a? ant Jéaus-Christ.
Le siège d'Alise est ^'événement le
plus mémorable de toutes les guerres
de César dans les (îaules. Quoique les
Commentaires de cet illustre général
romain soient entre les mains de tout
le monde, j'ai cru ne devoir rien re-
trancher de la relation qu'il fait lui-
même de ce siège fameux , parce que
cette relation forme à elle seule, en
quelque sorte, un excellent traité de
l'attaque et de la défense des places;
on y retrouve des exemples de presque
tout ce qui se pratique encore aujour-
d'hui, avec les seules modifications
qu'ont nécessitées le changement des
armes, tous les actes de diligence, de
bravoure et d'industrie qu'on peut at-
tendre de deux nations qui combattent
sous les plus illustres généraux de leur
mècle, l'une pour la gloire, l'autre pour
«a liberté. S'il faut enfin que l'une des
deùx succombe , c'est à cause du poids
que mettent dans la balance du côté
ae l'ennemi , le génie , la science et
le bonheur. Voici donc, en son entier,
(1) Ali e ou Aleiie, ancienne viUe de la
Gaule celtique , n*est plus aujourd'hui quun
village de Bourgogne, déparlement de la Côte-
d'Or, appelé Sainie-Reine, sur le mont Auioli.
Nous avons déjà donné, d'après notre propre
traval, fme III, pages 117 et suivantes» kt
détails du siège d*AH*e,et cependant noua avons
dû conserver ici ceux Uraduils par Armand Da-
banrourt, et rappelés dans l'ouvrage de Carnot,
La comparaison permettra au lecteur 4*tppré«
f4ii( 4rft «UiMfi»m f!MM^#||fi mm^k iridiM* '
la relation c ce sirge, nree des O»
mentaires de César, Guerre des Gaaks,
livre VII.
« Après aTon" été témoin de h dé-
route de toute sa cavalerie, Vercingé-
torix fit rentrer ses troupes dans loa
camp, comme il les en avoit fait lartir,
et prit aussitôt le chemin d'Alise, TiRe
de i'Auxois , après avoir donné ordre
au bagage de le suivre ineensannneAt.
César, de son c6té, plaça le sica
sur un coteau voisin, sons la garde de
deux légions , et se mit à sa poursrile
tant que le jour dura , lui tna envinn
trois mille hommes de son arrière-
garde , et le lendemain campa defut
Alise. Après avoir reconnu la place. et
voyant les ennemis consterné! dcpÉH
la défaite de leur cavalerie, qu*ib ra»
gardoient comme la principale force
de leur armée, il exhorta ses troops
an travail , et commença ses lignes de
contrcvallation autour de la ville.
» Elle étoit située sur le haut d*tn
coteau fort élevé , en sorte qu'elle M
parut ne pouvoir être emportée fM
par un siège en forme. Au pied de co-
teau couloient deux rivières, Tunedte
côté , l'autre de l'autre. Il y avoit de-
vant la ville une plaine d'environ uae
lieue de long : de tons les autres c6Cés,
des collines peu éloignées et de la mê-
me hauteur, enlouroient la place.
L'ennemi , campé au pied des mors,
du côté qui regarde l'orient, occopoit
tout le coteau de ce cAté-lè , et avoH
tlon scolasliqne d'un professeur et It Iratai
conKienclevx d'hommes spéciaux, et de i
naître» cucore une fuis que nous ne nous
tenions pas de reproduire. Notre travail aélé
d'ailleurs accompagné d'un plan indicatif (fM
nous avons Alt dresser fous nos jcai) des ai»
vragea que César aTait têii élever, et qui 4é*
terminèrent la conquête dMUte. Ainsi
mieux apprécié ce fait d'armes, (omidéré
me Fan des pluA glorieux de ce grund qtpiialw*
{ffM dN Mtfo#i«urt,)
D» nACBS fORTB9.
devant lai on fossé «t une miiniille sè-
che, haute de six pieds. Notre ligne de
contrevaltation avoit près de quatre
ttcucs de tour; notre camp éloit avan-
tageusement situé, et défendu par
ringttrois forts, où l*on faisoit une
garde très exacte pendant le jour con-
tre les sorties inopinées ; la nuit on y
lenoit des troupes plus nombreuses, et
partout des sentinelles.
» Pendant qtt*on travailloit à ces ou-
vrages , il se dorna un combat de ca-
valerie dans h plaine entrecoupée de
collines, qui, comme nous Tarons dit
plus haut, avoitune lieue d'étendue ;
il fut très opiniAtre de part et d'autre.
Comme la nôtre étoit pressée par l'en-
nemi. César envoya les Allemands pour
la soutenir, et mit ses légions en ba-
taille a la tète de son camp, pour arrê-
ter riiifantcrie ennemie en cas d'atta-
que. Cette précaution ranima notre
cavalerie ; et les ennemis s*étant mis
en fuite , s'embarrassoient les uns les
autres par leur grand nombre, et s'é-
toufifoient en voulant passer par des
portes trop étroites. Les Allemands les
poursuivirent vivement jusqu'à leurs
retranchemens; on en fit un grand
carnage. Quelques-uns abandonnèrent
leurs chevaux, pour tâcher de traverser
le fossé et de passer par-dessus la mu-
raille. Dans ce désordre, César fit un
peu avancer les légions qu'il avoit pla-
cées A la tète des retranchemens ; ce
qui effraya encore plus les Gaulois qui
gardotent le camp; ils crurent qu'il
venoit à eux du môme pas, et se mi-
rent è crier aux armes. L'effroi en por-
ta plusieurs à se jeter dans la ville ;
Vercingétortx en fit fermer les portes,
de peur que le camp ne fût abandonné.
Les Allemands ne se retirèrent qu'a-
près avoir tué bien du monde, et pris
00 grand nombre de chevaux.
» Yerdolfétoris résolut de renvoyer
U6
pendant la nuit tèote sa cavalerie,
avant que les Romains eussent achevé
leur ligne de contrevallation. En la
congédiant , il donna ordre à chacun
de retourner dans son pays, et d'en
ramener tous ceux qui seroient en Age
de porter les armes. Il leur représenta
les services qu'il leur avoit rendus, les
conjurant de ne point Tabandonner,
et de ne point laisser à la merei des
ennemis un homme qui avoit tout sa-
crifié pour la liberté publique; qu'il
avoit des vivres à peu près pour un
mois ; que cela pouvoit aller un peu
plus loin en les ménageant ; mais que
s'ils négligeoient de revenir dans ce
terme, ils le feroient périr, lui et qua-
tre-vingt mille hommes d'élite. Après
leur avoir ainsi parlé, vers les neuf
heures du soir, il fit passer sans bruit
sa cavalerie par l'endroit de nos lignes
qui n'étoit pas fini; commanda, soos
peine de mort, qu'on lui apportât tout
le blé qui se trouvoit dans la ville ; le
distribua A chacun par mesure, mais
petite ; en fit de mènoe du bétail, dont
les habitans de l'Auiois avoient amené
une grande quantité; puis il fit rentrer
dans la place toute Tinfanterie qui cam-
poit devant. Dans cet étitt, il résolut
d'attendre le secours de la Gaule, et
se mit en devoir de soutenir la guerre.
» César, instruit de toutes ces parti-
cularités par les prisonniers et par les
déserteurs, fit travailler aussitôt aux
fortifications suivantes. On creusa d'a-
bord un fossé à fond de cave , dont les
bords étoient escarpés, et qui avoit
vingt pieds de largeur et de profon-
deur; et, A quatre cents pas de lA, il
établit le reste de ses retranchemens ;
par la il embrassa autant de terrain
qu'il en fallolt pour empêcher que l'on
ne pût si facilement l'envelopper, ni
venir A lui en bataille, et que, par sor«
I prise, 00 de noit, les ennemis n*eo-
BM
ra LA oÈtnwÊ
côurosMnten feirie attaquer noatraq-
chéei , ou lancer à tout mometit des
trait» sur nos trayailleors. Il fît faire
encore deux fossés de quinze pieds de
large sur autant de profondeur, et l'on
remplit, des eaux que l'on tira de la
rivière, le fossé intérieur qui étoit daus
la plaine et au pied des hauteurs. Der-
rière ces fossés , on éleva une terrasse
et un rempart de douze pieds de haut,
gatiii d*Hn parapet à créneaux, et de
gros troncs d'arbres fourchus , plantés
à la jonction du parapet et dureneipart,
afin d'empêcher l'ennemi de monter:
le tout éioit flanqué de tours placées
à quatre-vingts pieds l'une de l'autre.
» Nos soldats étoient obligés en mê-
me temps d'aller chercher du bois, de
pourvoir aux vivres et de travailler aux
fortiOcations : pour fournira tout cela,
il falloit aller loin, ce qui dimiuuoit le
nombi^ de ceux qui restoient au camp.
Les Gaulois faisoient d'ailleurs souvent
des sorties par plusieurs portes , pour
tAcber d'interrompre nos travaux:
César donc jugea nécessaire d'ajouter
encore quelque chose è ces ouvrages,
aDn qu'il fallût moins de monde pour
défendre ses lignes. Ayant ordonné
d'abattre des troncs d'arbres ou de très
fortes branches qu'on polit et aiguisa
par un bout, il fit faire un fossé de cinq
pieds de profondeur devant les lignes,
et Ton y planta ces pieux les branches
en haut; ils étoient attachés ensemble
par le pied afin qu'on ne put les arra-
dier. Il y en avoit cinq rangs liés en-
semble et entrelacés les uns dans les
antres; de sorte que ceux qui s'y
éloient engagés, s'embarrassoient et se
blessoiem à ces branches pointues ; les
soldats les appeloient des ceps. Au de-
vant, ou eut soin de creuser des fosses
profondes de trois pieds ^ rangées en
q[iiinconee, plus étroites par le haut que
1^ le bai. Là^ ou planta 4es pieui
ronds^ gros eMime le coisae, dmcis sa
feu et pointus î qui ne sortoient de
terre que de quatre doigta, et qui,
pour tenir plus ferme, étoient chaussés
de terre par le ^u i l'ouverture de b
fosse étoit couverte de ronces et de
broussailles pour cacher le piège. Il y
avoit huit rangs de ces fosses ainsi gar-
nies, à trois pieds de distance l'un de
l'autre. Les troupes les nommoieutdes
lys parce qu'ils y ressembloienL Au-
devant de toui eela, César flt enfoncer
des semelles de bois d'un pied de long,
garnies de pointes de fer, on des espè*
ces de chausses-trapes; on en mit par-
tout, à peu de distance les unes das
autres : les soldats leur doanoient le
nom d'aiguillons.
s Ce travail fini, il fit tirer dans les
terrains les phis unis qu'on put trou-
ver, et dans l'espace d'envirou daq
lieues de circuit, une pareille ligne de
circonvaliation , qui pAt mettre ï Tabri
des ennemis du dehors , afin que si
en son absence ils vencHent attaqoer
ses lignes, ils ne pussent» méoie avec
les phis grandes forces, les investir de
tous cêtés; et, pour éviter que ses
troupes ne s'exposassent en allant toos
les jours aux vivres et an fourrage, il
leur ordonna de s'en fournir diacvn
pour trente jonrs.
0 Pendant que ces choses se pas-
soient auprès d'Alise« les Etats de la
Gaule s'étant assemblée» réglèreat
qu'au lieu de faire prendre les aimes
k tous ceui qui étoient en état de les
porter « comme Yercingétorix Tavoit
ordonné, chaque peuple foumiroit un
certain nombre de troupes* pour éviter
le désordre et la confusion, pour que
la discipline militaire fût mieux obser-
vée, et qu'il fût plus aisé de pourvoir
aux vivres. En conséquence» on taxa
les Autunoja» avec ceux de Suie, an
Nivemoia et de Brinnira » «apia vas-
o«l ttJMito #olrtBs. I«r
failli^ I tfêtitft-éitiq mille homiMS ; l«s ( que cette tiaUon, «ans fttf« téntlbéedèi
AnretpïikiM atec cenï du Qoercy, du
GéfQttdait et dtt Vêlai qui en dépen-
dent, à an pareil nombre; oeox de
Sens, de la Franche-^lomté, dn Berri ,
de la Saintonge, dn Roaergue et dn
pays Chartrain , à donze mille licm-
mes ; ceox du BeauToisfs, à dix mille
hommes; les Limousins, au même
nombre ; ceux du Poitou , de la Ton-
raine, de Paris et du Sôissonnais, à
hntt mille hommes chacun; ceux de
l'Âmiénois, de la Lorraine, du Péri-
gord , de Halnaut , de Boulogne et de
TAgénois, ehacun à cinq mille; les
Manceant, au même nombre; les
Artésiens, à quatre mille hommes;
eenx de Rouen, de LIsieux et d*E^
vreux , à trois mille chacun ; ceux de
Bàle et dn Bourbonnais, à trente mille ;
toutes les nations situées le long de 1*0-
céan, que les Gantois appellent Armo-
riques, et dn nombre desquelles sont
ceux de Quimpercorentin, de RènneS,
d'ATranches, de Bayeux, de Saint-
Paul-de-Léon , de Tréguier et de Saint-
Briea , de Vannes et dn Cotentin, cha-
fnne à six mille hommes. Les peuples
du BeauTolsis furent les seuls qui ne
contribuèrent point, parce que, di-
rent-ils, ib foulolent en leur propre et
privé nom faire la guerre aux Romains
sans tenir à personne. Cependant , à la
prière de Gomins, leur alHé, ils en-
toyèrent deux mille hommes.
» C'est oe même Comlus qui, comme
on ra dit , avoit servi César si utile-
mimt et avec tant de fidélité dans la
guerre contre les Anglais ; aussi , en sa
considération, c^général avoit exempté
sa nation de tout tribut , l'avoit rétablie
dana tons ans droits, et tai avoit même
anneié le eomté de Bourgogne. Mais
telle éUAt rojdnion de toute la Gaule
pour recouvrer sa liberté et la répota-
qri'alle méàmb dans lea anMS,
bienfaits et de la bienveillance doM
César Tavoit honorée, entra de totit
son cœur dans cette guerre, et y coû-
tribua de toat son pouvoir. Les Gau-
lois assemblèrent huit mille chevaux et
environ deux cent quarante mille hom-
mes de pied. On en Qt la revue sur les
frontières do pays d'Autun ; on letir
donna des officiers, et on nomma iionr
les commander en chef Comios, sel*-
gneur d'Arras , Virdumare et Eporê-
dont , tous deux Autonois, et Verga-
sillannns, Auvergnat , parent de Ver<-
cingétorix. On y ajouta un conseil des
dépotés de chaque nation. Tous pat-
tirent pleins d'ardeur et de cônOancé,
et marchèrent au secours d'Alise ; il n*y
en avoit aucun qui ne fût persuadé qui!
ne seroitpas possible de soutenir la vue
d'une si prodigieuse multitude, surtout
parce que nous aurions en même temps
à repousser les sorties des assiégés, et
à soutenir au dehors tant de troupes
de cavalerie et d'infanterie.
» Cependant les assiéj^és qui avèrent
consumé tous leurs vivres , et qui rê-
connaissoient que l'époque à laquelle
ibattendoient du secours étoit expirée,
ignorant ce qui se passoitchex les Autit-
nois, assemblèrent leur conseil, et dé-
libérèrent sur le parti qu'ils dévoient
prendre. Les avis furent fort partagés ;
une partie ailolt à se rendre, une autre
à faire une vigoureuse sortie pendant
que la faim ne les avoit pas encore trop
affoiUia. Je ne dois pas, ce me semblé,
oublier Ici lé discours de CHtognat , à
cause de sa singulière et exécrable
cruauté. Ce seigneur, d'une haute
naissance et d'un grand crédit en An-
vergne^ parla ainsi : «r Je ne dirai rien
1» du sentiment de ceux qui donnent
tktai esclavage bonteut le nom de
» reddition; on ne doit, selon mot,v
» tti Ma ftgtfder Motté citoyMi,
M U, 9ÉJIHW
B ni les admettre dans ce conseil. Je
» ne m'adresse qu*à ceux qui sont
» pour une sortie , parce que je dé-
» couvre , comme vous, dans leur opi*
» nion , des traits de l'ancienne va-
» leur de nos ancêtres. Mais c'est
» Toiblesse et nop pas fermeté, de ne
» pouvoir supporter un peu la disette.
» Il se trouve aisément plus de gens
» qui s'exposent volontiers à la mort,
» qu'il n'y en a qui souffrent paliem-
» ment la douleur. Cependant je me
» rendrois volontiers à cet avis (car
» l'honneur a beaucoup de pouvoir sur
» moi ), si , en le suivant, nous ne ris-
» quions que de perdre la vie; mais
» ici , en prenant une résolution , il
» faut avoir égard à la Gaule entière,
» que nous avons appelée à notre se-
» cours. Quelle sera, je vous prie, le
» découragement de nos voisins et de
. » nos proches, s'ils se voient obligés de
> combattre presque sur les cadavres
» de quatre-vingt mille hommes des
» leurs égorgés sur la place? Ne rcfa-
» sez pas votre secours à ceux qui ,
» pour vous en donner, négligent leur
» propre vie ; n'allée pas , par impru-
» dence, par témérité ou par foibtesse,
» accabler toute la Gaule, et la préci-*
» piter dans une éternelle servitude,
n Quoi ! parce qu'ils ne sont pas arri-
» vés précisément au jour marqué ,
» vous douteriex de leur fldélité et de
» leur constance? Hé ! quoi donc, pen-
» sez-vous que les Romains s'occupent
B tousles jours à se retrancher de plus en
B plus, uniquement pour leur plaisir?
B Si vous ne recevez point de nouvelles
B de la Gaule, parce que les passages
p sont fermés, les Romains ne vousassu-
B rentrib pas par leur conduite que lèse-
^ cours approche? Cest parce qu'ils en
B sont effrayés, qu'ils passent les jours
1» et les nuits à faire ouvrage sur ou-
n n»(e< Quel est donc k présmt non:
B avis? C'est de faire anjourdlmi ca
» que nos ancêtres firent autrefois
B dans une guerre bien moins dange-
B reuse qu'ils avoient contre les Cim-
0 bres et les Teutons : lorsqu'ils se vi-
B rent renfermé^' dans leurs villes, et
» réduits a la même disette que celle
B que nous éprouvons, ils se nourri-
B rent de la chair de ceux que lear
B âge rendoit inutiles à la guerre,
» plutôt que de se rendre aux eane-
B mis. Si nous n'avions pas cet exem-
» pie, je pense qu'en faveur de la li-
B berté, il scroit4rès beau de le don-
B ner et de le laisser à nos descendons.
B Car enHn , qu'a*t-on jamais vu de
B pareil à cette guerre? Les Cimbres,
B après avoir ravagé la Gaule, et lai
B avoir porté un coup mortel , se reti-
B rèrcnt enfin pour courir dans d*ao-
B très pays; ils nous laissèrent nos
B droits, nos lois, nos champs, notre
B liberté. Mais les Romains, que de-
B mandent-ils? que veulent-ils? L'en-
B vie et la jalousie seules les condui-
B sent : ils ne pensent qu'à accabler
B ceux qui se sont acquis de la réputa-
B tion par leur valeur ; qu'à s'emparer
B de leurs terres et de leurs villes, qu'à
B les faire gémir sous un éternel esda-
B vage : ils n'ont jamais eu d'autre but
B en faisant la guerre ; et si vous igno-
B rcz ce qui se passe chez les nations
B éloignées de vous, jetez les yeux sor
» la Gaule narbonnaise votre voisine,
B qui , après avoir été réduite en pro-
ju vince romaine, après avoir vu ses lois
B et ses coutumes chaniçées , asservie
B aux haches et au\ Aitsceauz , gémit
B sous un joug sans fin. b
B -Chacun ayant dit son avis, ii fat
résolu que les malades, les vieillards,
les femmes et les enfans sortiroîent de
fai ville, et que l'on tenterait tout avant
de suivre le sentiment de Critognat;
mais qu'on «'y résoudrait, VU If failott.
D£S. PiACKI FQRi:«S.
mh
Haï te.8«po9m)aidaîi trop, plutôt que
de se rendre et d*accepti:r la paii-Les
peuples de TAuxols, qui les «voient rer
çus dans leurs villes, furent obligés
d'en sortir avec leurs femmes et lejurs
eofans» et s*étant approchés de nos li*
gnes en pleurant , denmndcrent ins^
tamment d'étro faits esclaves pour du
pain ; mais Cosar mit des gardes sur le
rempart pour empicher qu'on ne les
reçût.
» Cejidndaft Cvmius . et les ancres
chefs à qui le commandemeût général
avoit été donné, arrivent à Alise avec
toate Tannée, et vont se poster sur
uae hauteur hors de la ville , environ
à cinq cents pas de notre camp. Le
lendemain toute leur cavalerie descend,
et couvre toute cette plaine de trois
mille pas dont on a parlé, Tinfanterie
se tenant cachées sur les hauteurs, à
quelque distance de là. Comme de la
ville on découvrait toute la campagne,
les assiégés ayant aperçu le secours ,
sortent avec empressement pour se fé-
liciter les uns les autres, et pour se ré-
jouir ensemble de leur arrivée. En
même temps ils se rangèrent en ba-
taille sous les murs de la ville, comblè-
rent sur-le-champ le fossé de claies et
de fascines, et se préparèrent à une
sortie sur nous, et à tout événement.
9 César, après avoir placé son armée
sur Tune et syr Taulre ligne de cir-
convallation et de contrevallation, afin
qu'au besoin chacun connût le poste
qu'il devoit occuper et s'y tint , Ct sor-
tir sa cavalerie pour escarmoucher
contre celle des ennemis. De tous les
camps on ^royoit ce qui se passoit dans
la plaine, parce qu'ils étoient sur des
hauteurs; ce quirendoit tous les sol-
dats attentifs à voir quelle seroit Tissue
de cette escarmouche. Les Gaulois
avoient jeté quelques arcliers et quel-
ques gens arqés à la légère dans leuyr^
escadrons de cavalerie, pour la. soute-
nir si elle pijoit , et pour arrêter rim-^.
péluosité de la nôtre. Ils blessèrent
d'abord plusieurs de nos cavaliers, qui
furent obligés de se retirer. Les Gau-
lois, qui virent nos gens poussés par l0>
grand nombre des leurs, se crurent ^^
sures de la victoire : dans cette persua-
sion , tcK;:* de concert , tant ceux qui
étoient dans la ville que ceux qui
étoient venus au secours, jetoiçnt des
grande cris de joie pour encourager
leurs gens. Comme les deux camps
étoient témoins de ee qui se passoit,
et que les belles actions non plus que
les lâches ne pouvoicnt être cachées,
chacufvétoit animé à bien faire par le
désir de la gloire et sur la crainte de l'i-
gnominie. L'action avoit presque déjà
duré depuis midi jusqu'au soleil cou-
ché sans qu'il y eût rien de décisif,
lorsque les Allemands, serrés tous en*
semble en un gros escadron , tombè-
rent sur les ennemis et les poussèrent ;
les ayant mis en fuite, ils enveloppè-
rent leurs gens de traits et les taillèrent
en pièces. Dans les autres quartiers,
nos gens poussèrent aussi les ennemis
et les poursuivirent jusqu'à leur camp
sans leur donner le temps de se rallier.
Ceux qui étoient sortis de la ville, af-
fligés de cette défaite, et ne comptant
presque plus sur la victoire, se renfer-
mèrent dans leurs murailles.
» Les Gaulois n'ayant point paru en
bataille tout le jour suivant, préparè-
rent pendant ce temp^ quantité de
claies, d'échelles, de trocs; et étant
sortis vers minuit dJ leur camp, sans
bruit, ils se coulèrent jusqu'aux re-
tranchemens que nous avions vers la
plaine: ensuite, poussant tout d'un
coup un grand cri pour avertir les as-
siégés de leur arrivée, ils se mettent i
jeter leurs claies, et à coups de fron-
des, de flèches et de pierres, travail-*
M tk fàMM
kat à Moger lei nMret de destiit le
rempart; en an mot, ib attaquent le
camp de tontes parts. En même temps
Yercingétorix qni entend le cri , donne
le signal et sort de la Tilie. Les nôtres
courent anz retrancfaemens , chacun
prend le poste qni loi avoit été assigné
les jours précédons ; et à coups de firon*
des, de Héaui , de leviers et de balles
de plomb dont on avoit fait provision ,
ib épouvantent fort les assaillans. Nos
machines les accablèrent de traits ; et
comme Faction se passoit dans la unit,
il 7 eut des deux côtés beaucoup de
blessés. H. Antoine et C. Trébonius,
lieutenans-généraux, qui avoient ces
quartiers-là à défendre, tiroient des
soldats (!os forts éloignés, et les en-
voyoient au secours de nos gens par*
tout où ils les voyoient pressés.
9 Tant que Ton ne se battit que de
loin , les troits que les Gaulois nous
lançoient nous flrent beaucoup de mal
à cause de la quantité ; mais en appro-
chant , ou ils s'enferroient eui-mémes
dans les chausse-trappes, ou ils tom-
boicnt dans nos fossés et y étoîent per-
cés, ou lis périssoient des javelots qu'on
leur jetoit , tant du rempart que des
tours. Après bien des coups donnés et
reçus de part et d'autre, le jour parut
sans que nos retranchemens eussent
été forcés en aucun endroit , et Ten*
nemi se retira dans la crainte d*âtre
enveloppé et qu'on ne vînt à tomber
sur lui des quartiers que nous avions
lur la montagne. Cependant ceux de
la ville, mettant eu usage tout ce que
Vercingétorix avoit fait préparer pour
Tattaque, comblèrent les premiers fos-
sés; mais cette manœuvre les ayant
occupés trop long-temps, ils aperçu-
rent, avant d'avoir pu arriver à nos
retranchemens, que leurs gens s*é-
toient retirés ; alors, sans rien faire de
plus, ils rentrèrent dans ta ville. |
» Les OêêMê io wffM m^êimk
denx fois avec perte, déRbèrent sur
06 qu'Ib doivent faire. Bs font venir
eeui qui eonnoissent le pays, ^lafor^
ment de la sitttation du hant de notre
camp, et comment il est fortîOé. Da
c6té du septentrion , il y avoit une eol<
Une qu'on n'avoit pu renfermer dami
les lignes à cause de sa vaste étendae ;
nos gens avoient donc été obUgéi de
les conduire le long du pied de la mon'
tagne et sur la pente, dans un posta
assex désavantageux. C. Antistius Ré-
ginos et G. Caninios Rebilus, Hente-
nans-généraux, gardoient ce quartier
avec deux légions. Les chefs des enne-
mb Tayaut fait reconoottre par leurs
espions, flrent marcher de ce cété-li
dnquante-cinq mille hommes choîsli
sur toutes les nations qui passoieot
pour avoir le plus de bravoure; ils ré-
glèrent secrètement entre eux quané
et comment il faudroit faire l'attaque,
et ils convinrent de la faire sur le midi.
Ils donnèrent la conduite de ces trou-
pes à Yergasillaunus, Auvergnat, fun
des quatre chefs, et parent de Tercin-
gétorix. Yergasillaunus sortit du camp
sur les six heures du soir avec ses troa
pes ; et ne se trouvant plus qu*à peo
de distance de nos retranchemens vers
le point du jour, il les cacha derrière h
montagne, et les laissa se reposer de la
fatigue de la nuit Vers le midi, il se
rendit au quartier dont nous venons de
parler; en même temps la cavalerie
ennemie s'avance vers nos retranche^
mens du côté de la plaine, et le reste
de leurs troupes se montre en batailla
à la tète du camp.
» Vercingétorix qui les aperçoit do
haut du château d'Alise, sort avec son
monde, ses longues perches, ses galo>
ries couvertes, ses faux et tout rattîrail
quil avoit fait préparer pour Tassaut
Le combat s*atlome en même temps :
tost mk 9»tÊÊfié , et f41 y a qnel«^
iiae iodroil q«i pvoiiie foible, c'est
là que Van ewri. Les Romains ont
tant do fortiflcatioDS i défondro,
9i*U no leur est pas aisé d*ètre par*
tant. Ce qui eontribaoit encore beau*
coop à étoDoer nos gens pendant Fac-
tion, c'étoient les cris des Barbares
qui ao ISiifDieBt entendre derrière eux,
et la réflexion qnlis falsoient, que leur
nlut dépendoit de la valeur des autres;
car on est souvent plus inquiet d'un
danger éloigné, que de celui que l'on
a sous les yeux.
9 César avoit choisi un endroit d*oà
il poQvoit voir ce qui se passoit dans
chaque quartier, et ne manquoit pas
d'envoyer du secours aux endroits qui
en avoient besoin. Chacun se dit à soi-
même, que c'est ici le moment de Taire
le plus grand effort. Les Gaulois, d'un
tié désespèrent de leur salut et de
jeor liberté, s'ils ne viennent pas à
bout de forcer nos relranchemens ; les
Romains, de l'autre, comptent que s'ils
demeurent victorieux en celte occa-
sion, ils verront la On de leurs travaux.
Le poste que nous avions le plus de
peine à défendre, étoit celui ou nous
avons dit que Vergasiliaunus fut en-
Toyé, parce que celle petite élévation
qui commandoit sur la ponte avoit un
grand avantage. Les uns nous lancent
des traits de dessus cette hauteur,
d'autres montent à l'assaut couverts
de leurs boucliers ; à tout moment des
gens frais relèvent ceux qui sont fati-
gués : la terre qu'ils jettent dans nos
retraochemens leur donne la facilité
de les franchir, et les garantit de tous
les pièges que nous avions cachés en
terre; nous manquions d'armes et nos
forces étoient épuisées.
» Dans ces circonstances, César dé-
tache à notre secours Labiéniis avec
six cohortes, et lui onbMuie, s'il ne
peut pas arrMer les ennemis, de reti-
rer les cohortes pour faire une sortie,
lut recommandant de n'en venir Ih qu'à
la dernière extrémité. Il va hil-mème
encourager le reste, et les exhorter à
ne pas se rebuter du travail , leur re-
présentant que c'étoit alors I heure et
le moment de couronner tous leurs
combats précédons et d'en recueillir
le fruit. Les troupes qui étoient dans
hi place, désespérant de pouvoir forcer
les retranchemens de la plaine à cause
de leur hauteur, tâchent d'emporter
les quartiers que nous avions sur la
montagne, et ils y portent tobt ce
qu'ils avoient préparé pour l'assaut.
Ils délogent à force de traits ceux qui
combattoient de dessus les tours : ils
se font des passages en comblant le
fossé avec de la terre et des fascines;
et avec des faux ils détruisent le rem-
part et le parapet.
» D'abord César y envoie le Jeune
Brutus avec six cohortes : ensuite il y
fait marcher Fabius, lieutenant-géné*
rai , avec sept autres ; enOn le combat
s'échauffant de plus en plus , il y va
lui-même porter du secours. Il rétablit
le combat, repousse les ennemis : après
quoi il se rend dans l'endroit oà il avoit
envoyé Labiénus. Il y fait venir quatre
cohortes du fort le plus voisin, ordonne
a une partie de la cavalerie de le sui--
vre, fait sortir l'autre des lignes et lui
ordonne de tourner tout aut(»ur, et
d'attaquer les Gaulois en queue. Quand
Labiénus vit que le rempart ni le fossé
n'avoient pu arrêter les ennemis, il
ramassa des forts voisins trente-neuf
cohortes que le hasard lui présenta, et
envoya informer César du dessein qu'il
avoit César accemit pour se trouver
à l'action.
» Il est reconnu à la ootrieur de l'ha-
bit dont il avoit coutume de se parer
dans un jo«r de bataHIe ; et les Geo*
in
hb la. BÉnpmi
lois, qui de la himteor, te voient dans
le pencliaat avec les escadrons et le»
cohortes d<iDt il s'étoitfoit suivre, vien-
nent commencer Tattaque. Un grand
cri s'élève des deui cAlés, se répète
sur le rempart et dans tous nos ouvra-
ges. Nos gens ayant lancé leurs jave-
lots, mettent Tépée à la main; en
mémo temps notre cavalerie parott a
kl queue des ennemis, et d'autres co-
hortesapprorhent. Lesieonemis lâchent
le pied,s*enfuient, et rencontrent notre
cavalerie qui en fait un grand carnage.
Sédulius, général et prince des Liipou-
sins, est tué; Yergasillaunus, Auverr
gnat, est fait prisonnier en fuyant;
soixante-quatorze drapeaux sont pris
et apportés à César. De ce grand nom-
bre d*ennemii, peu rentrent dans leur
camp. Ceux dj la ville qui virent le
massacre et la fuite de leurs gens, per-
dirent toute espérance de se sauver et
abandonnèrent Taltaque de nos ou-
vrages. Les Gaulois qui étoient dans le
campf en ayant appris la nouvelle,
prennent aussitôt la fuite. Si nos trou-
pes n'avoient point été harcelées du
travail du jour et des perpétuelles at-
taques auxquelles il leur avoit fallu ré-
sister, elles auroient pu faire périr
toute celte armée. Vers minuit, notre
cavalerie fut envoyée à leur poursuite,
atteignit leur arrière-garde, et en tua
ou fit prisonniers un grand nombre :
les autres se sauvèrent dans leurs pays.
» Le lendemain Yercingétortx as-
sembla le conseil, dit qu'il n'avoit
point entrepris cette guerre pour ses
intérêts particuliers, mais pour la li-^
berté commune;, que puisqa*il falloit
céder au sort , il s*offroit à eux pour
tout ce qu'ils voudroient faire de lui ,
soit que leur intention fût ou de le li-
vrer vivant aux Romains, ou de les ap-
paiser par sa mort. Sur cela on dépote .
les chefs et tes armes. Fmt fain eié*
cuter ces conditions, il se rend loi*
même dans ses retrancheinensà la tels
de son camp. Là, les chefs eonemis
paraissent devant lui. Vcrcingétorii
est remis entre ses mains, et les aimei
sont apporté;es à ses
vem César, qui ofjdoane qu'on .lui livre | lone taiiti si4iaiie.
Siège de JéruielfWi per THii$, Canj^leptii
JéiUt^'Jiriftt.
»
La ville de Jérusalem , si célèbre
sous tous les rapports, a soutenu, soit
dans les temps antiques , soit dans
ceux du moyen Age, plusieurs sié{;es
fameux. Je ne parlerai ici que de celui
qu'en fit Titus, souS le règne de Tem-
pereur Vespasien son père.
Jérusalem, bftlie sur deux monta-
gnes très escarpées, était divisée en
Irois parties : la Vîlle-Ifaute, la Ville-
Basse, le Temple, et chacune d'elles
avait ses fortifications particulières. Le
Temple était comme la citadelle des
deux villes; plusieurs murnilles épais-
ses et fort élevées en rendaient Taccè»
impraticable ; à côté s*élevait une forte-
resse qui le défendait, et que Ton nom-
mait Anionia, Un triple mur; qui oc-
cupait l'espace de trois cents stada[l),
enfermait la ville entière. Le premier de
ces murs était Hanqué de quatre-vingt-
dix tours très hautes et très fortes ; celai
du milieu n^en avait que quatorze, et
l'ancien soixante. Les plus belles de
ces tours étaient celles d'Uippicos, de
Phnzaël et de Mariamnc, qui n'étaient
prenables que par la famine. Au sep-
tentrion, était encore le palais d'Hé-
rode, qui pouvait passer pour une forte
citadelle. Ainsi , pour 5e rendre mettre
de Jérusalem , il fallait former soccessi-
ment plusieurs sièges, et, si Ton em-
(f ) La stade était une mesure décent vingt pai
géomiHriques, équivalant k quatre-vlugt-qua»
DBS PLACES FOBTBS.
593
portait quelque partie, le plus fort res-
tait encore à faire. Telle était la place
que Tite yint attaquer avec des soldats
accoutumés à vaincre ; et , malgré leur
valeur, peutrètre auraient-ils échoué,
si les plus cruelles divisions n'eussent
déchiré les entrailles de cette ville in-
fortunée.
Une troupe de brigands et d'assas-
sins, que l'impunité avait rassemblés,
s'étaient jetés dans Jérusalem , et
avaieni à leur tète Éléaiar, de race sa-
cerdotale. Ces scélérats, qui se don-
naient le beau nom de zélateurs, souil-
laient le temple par les plus grands
crimes, et faisaient souffrir aux ci-
toyens tous les malheurs d'une ville
' l^ise d'assaut par l'ennemi le plus
emel. Bientôt cette faction se divisa ,
et tourna ses armes contre elle-même.
Un malheureux , nommé Jean de Gis-
cala, avait supplanté Ëléazar, et s'était
rendu seul chef des zélateurs. Celui-ci,
jaloux de l'autorité de son rival, se sé-
para de lui, et s'étant fait un grand
nombre de partisans, s'empara de la
partie intérieure du temple, d'où il do-
minait sur les troupes de Jean. D'un
autre côté, Simon, fils de Gioras, que
le peuple, dans son désespoir, avait ap-
pelé à son secours, s'était emparé de
raatorité, et tenait en son pouvoir
presque tonte la ville. Ces trois sédi-
tieux se faisaient une guerre horrible
et continuelle, dont le peuple était
toujours la triste victime* On ne trou-
vait plas de sûreté dans sa maison , et
il était impossible de sortir de la ville,
dont les factieux gardaient tous les
passages. On tuait ceux qui osaient
se plaindre» ou parler de se rendre aux
Romains. La crainte étouffait la pa-
role, et la contrainte renfermait les
gémissemens au fond des cœurs. Lors-
que Tile eut reconnu la place, qu'il eut
fait avancer son armée et commencer
les travaux , ces tyrans, voyant le dan-
ger qui les menaçait tous également,
suspendirent leurs divisions et réuni-
rent leurs forces pour conjurer l'orage.
Ils firent coup sur coup plusieurs sor-
ties si furieuses, qu'ils enfoncèrent les
Romains; mais ces légers désavantages
ne purent ralentir l'ardeur des assié
geans. Tite fit une seconde fois le tour
de la ville pour connaître par quel en-
droit il faudrait l'attaquer; et, après
que sa sagesse eut pris toutes les pré-
cautions nécessaires pour réussir, il fit
jouer ses machines, mit ses béliers en
batterie, et ordonna l'attaque par trois
côtés différens. Après bien des efforts,
et malgré la vive résistance des assié-
gés, il emporta le premier mur au
bout de quinze jours. Animé par ce
succès, il fit attaquer le second , com-
manda de pointer le bélier contre une
tour qui le soutenait, et obligea ceux
qui la défendaient à l'abandonner, et la
fit tomber. Cette chute le rendit maître
du second rempart, cinq jours après
avoir pris le premier. Mais à peine
jouissait-il de cet avantage, que les as-
siégés fondent sur lui , l'enfoncent , et
regagnent le mur. Il fallut donc atta-
quer de nouveau. On le battit pendant
quatre jours en plusieurs endroits à la
fois, et les Juifs furent enfin obligés de
céder. Tite ne voulait point leur perte.
Pour les porter à rentrer dans le de-
voir, en les intimidant , il fit à leurs
yeux la revue de ses troupes. Aucun
spectacle n'était plus capable d'inspi-
rer de la terreur - mais les séditieux
ne purent se résoudre à penser à la
paix. Le général romain s'en étant
apei çu , partagea son armée pour for*»
mer deux attaques du côté de la forte-
resse Antonia. Cependant , avant d'en
venir à cette extrémité, il voulut en-
core essayer de ramener les rebelles.
Il letr envoya l'historien Joseph,
38
B9fr
M UL DÉFnSB
comme pliu propre qae tout autre à
les persuader, parce qu'il était Juif, et
qu'il avait teou dans sa natiou uu rang
considérable. Ce bon patriote leur 6t
un long et pathétique discours, pour
les conjurera avoir pitié d'eui-mèmes,
du peuple, du templ j et de leur patrie.
Il leur fit voir les malheurs qui les at-
tendaient , s'ils n'écoutaient point un
avis sage. Il leur rappela adroitement
tous les maux qui avaient accablé leurs
pères quand ils avaient cessé d'être fi*
aàles à Dieu, et les merveilles que ce
maître absolu de la nature avait opé-
rées en leur faveur, lorsqu'ils lui furent
attachés, n finit sa harangue comme il
Pavait commencée, en répandant un
torrent de larmes. Les factieux se mo-
quèrent de son lèle. Plusieurs furent
persuadés , et cherchant à se sauver,
ils vendirent ce qu'ils avaient de plus
précieux pour une petite quantité de
pièces d'or, qu'ils avalèrent, de peur
que les tyrans ne les leur enlevassent,
et se retirèrent vers les Romains. Tite
les reçut avec bonté et leur permit d'al-
ler où ib voudraient. Gomme il s'en
échappait tous les jours, quelques sol-
dats s'aperçurent de cet or qu'ils
avaient avalé. Aussitôt le bruit cou-
rut dans le camp que ces transfuges
avaient le corps rempli de richesses.
Ils en saisirent quelques-uns, leur
fendirent le ventre pour vérifier ce
foit et chercher dans leurs entrailles
de quoi satisfaire leur abominable ava-
rice. Deux mille de ces malheureux pé-
rirent de la sorte. Tite en conçut une
telle horreur, qu'il aurait fait tuer tous
les coupables, si leur nombre n'eût
point excédé celui des morts. Cepen-
dant ce prince pressait vivement le
siège. Après avoir fait élever de nou-
velles terrasses, pour remplacer celles
que les ennemis avaient détruites, il
tint conseil avec ses principatx offi-
ciers. La plupart proposteent de doa-
ner un assaut général; mais Tite, qoi
n'était pas moins avare du sang des
soldats, que prodigue du sien , fat d'un
sentiment contraire. Les assiégés se
détruisaient eux-mêmes ; qu'était41 b6
soin d'exposer tant de guerriers cou-
rageux à la fureur de ces forcenés? D
forma donc le projet d'environner ta
place d'un mur qui ne permit plus soi
Juifs de faire des sorties. L'ooffige
fut distribué entre toutes les légioos,
et fini en trois jours. Ce fut dors que
les factieux, pour la première fob, dé-
sespérèrent de leur salut.
^i les maux du dehors étaient
grands, ceux qui consumaient l'infor*
tunée Jérusalem n'étaient pas moîDS
terribles. Qui pourrait peindre, s'écrie
Joseph , les tristes effets de la bmiae
qui dévorait ces malheureux) Elle
croissait de jour en jour , et la foreur
des séditieux , plus redoutable eacore
que ce fléau, croissait avec elle. Rien de
sacré pour eux; ils arrachaient toat
aux infortunés citoyens. Une porte fer*
mée signifiait qu'il y avait des vivres;
ils l'enfonçaient, et leur tiraient pres-
que les morceaux de la gorge avec
une violence brutale. On frappait les
vieillards; on traînait les femmes par
les cheveux, sans égards pour l'âge,
ou la condition. On n'avait nulle pitié
de l'innocent qui pouvait à penie bé-
gayer. Ceux à qui 'A restait encore
quelque nourriture , s'enfermant dans
le plus secret de leurs maisons, ava-
talent le grain sans l'écraser , on se
remplissaient de viandes crues de penr
que l'odeur n'atlirAt chex eux ces in-
quisiteurs inhumains. On voyait se
traîner d'un pas chancelant des hom-
mes enflés, ou plutôt des fantômes, le
visage desséché, les yeux creux, et
tomber tout à coup où la faim leur don«
uait la mort. On n'avait plus ni la force,
DBS PLACES FORTES.
595
ni le courage d*ensevelir les cadavres,
tant le nombre en était grand ! On ne
voyait plus de larmes ; les malheurs
publics en avaient tari la source. On
n^entendait pins de soupirs ; la faim
avait étouffé tous les sentimens de FA*
me. Une multitude affamée courait çà
et là et se jetait avidement sur ce qui
ne serait même pas à Fusage des bêtes
les plus immondes. Enfln Titus se h&ta
de terminer tant de maux par un as-
saut général.
On voulut escalader le temple. Les
assiégés repoussèrent les Romains. On
mit le feu aux portiques, et la flamme
gagna jusqu'aux galeries sans que les
Joifsse missent en peine de l'éteindre.
EnGn ils voulurent faire un dernier ef-
fort, et se délivrer, s'il était possible,
d'an ennemi qui les pressait si vive-
ment ou périr les armes à la main et
vendre chèrement le peu de vie qui
leur restait. Hs sortirent avec impétuo-
sité par une porte du temple, se jetè-
rent sur les Romains, les enfoncèrent ;
et sans doute ils les auraient poursuivis
jusque dans leur camp , si Tite , qui
voyait ce combat du haut de la forte-
resse Antonia dont il s'était rendu
maître, n'eût volé promptement au
secours det vaincus. Les nouvelles
troupes font changer la fortune. Les
Jaifs sont accablés par le nombre et
contraints de se renfermer dans le
temple dont le prmce ordonne l'assaut
pour le lendemain. Mais dans ce mo-
ment un soldat, sans en avoir reçu Tor-
dre, et comme poussé par un mouve-
ment surnaturel, se fait soulever par
an de ses compagnons , et jette , par
une fenêtre de ce vaste et superbe édi-
fice une pièce de bois toute enflam-
mée. Le feu prend aussitôt ; les Juifs
i*en aperçoivent, jettent de grands cris
et font d'inutiles efforts pour arrêter
les progrès de riocendie. Titus lui-
même accourt avec son armée pour ai-
der les rebelles. Le soldat furieux ne
songe qu'à repaître sa vengeance , et
trompe les desseins de son général.
Enfln la flamme consuma tout, et ce
temple fameux fut réduit en cendres ,
la seconde année du règne de Vespa-
sien. Les Romains firent un grand car-
nage. Les factieux , par une nouvelle
attaque, retardèrent leui perte de
quelques instans, et se cantonnèrent
dans la ville et dans les trois tours
d'Hippicos, dePhazaël et deMariamne.
Les vainqueurs se disposèrent à les as-
siéger; mais, à la vue des machines,
les rebelles intimidés cherchèrent leur
salut dans une prompte fuite et laissè-
rent les Romains maîtres de tout. Us
pillèrent la ville , tuèrent des milliers
d'habitans et mirent le feu partout.
Tite fut déclaré imperator^ dénomina-
tion auguste qu'il avait méritée par sa
rare valeur. Il entra dans Jérusalem en
triomphe, admira la beauté et la soli-
dité des fortifications qu'il fit abattre,
à l'exception des trois tours qu'avaient
tenues les factieux. Onze cent mille
hommes périrent dans ce siège mémo-
rable; quatre-vingt-dix-sept mille fu-
rent faits prisonniers. Jean fut trouvé
dans des égoûts où ce scélérat s'était
caché pour échapper aux Romains, et
condamné à une prison perpétuelle.
Simon fut obligé de se rendre après
avoir défendu vaillamment sa liberté.
Il servit à décorer te triomphe du vain-
queur; puis on Texécuta publique-
ment à Rome. Eléazar, qui avait
échappé , s'étant retiré dans une for-
teresse, fut obligé de se donner la
mort. Ainsi périrent ses barbares
qui avaient causé la chute de leur
patrie. Jérusalem fut ruinée, pour la
seconde fois, Fan de Jésus-Christ 72,
et 2177 après sa fondation. Tite,
ayant ^récompense la valeur de ses
596
goldate , retooma dans la capitale du
monde, où il reçut les honneurs d*un
glorieux triomphe.
Siège de Palmjre par Àarélien, en 273.
DE LA DÉFENSE
Un essaim de Normands, avide de bu-
tin , vint assiéger Paris qu'ils avaient
souvent et inutilement attaqué les an-
nées précédentes. Leur armée était de
quarante mille hommes, et pics de sept
cents bateaux couvraient la Seine dans
Après la bataille d'Emèse, Zénobie l'espace de deus lieues. Lesbalistes,
se renferma dans Palmyre, sa capitale, | les galeries, les béliers, les brûlots, les
tours, les cavaliers, toutes les machi-
nes de guerre inventées pour la des-
truction des villes, furent employés
par les Barbares. Ils donnèrent six as-
sauts furieux. Les Parisiens les soutin-
rent avec un courage inébranlable. Ils
étaient animés par l'exemple de leur
comte Eudes, que ses grandes quali-
tés élevèrent depuis sur le trdne fran-
çais, et par les exhortations de TévA-
queGauzlin. Ce prélat, le casquées
tète, un carquois sur le dos, une hacbs
à sa ceinture, combattait sur la brèche,
à la vue d'une croix qu'il avait plantée
sur le rempart. Il trouva la mort eo
immolant une foule d'ennemis. Ans*
chérie, qui lui succéda sur le siège
épiscopal , hérita de son courage et de
son amour pour la patrie. Il continua
de conduire les assiégés. Il était se-
condé par l'abbé Ebole, neveu de Gauz-
lin. Cet intrépide ecclésiastique ré-
pandait partout l'étonnement et la ti-
reur. La nature lui avait donné une
force prodigieuse. Dans le second as-
saut, il courut sur la brèche, armé d'un
javelot qui ressemblait à une grande
broche, il en perçait les Mormènds, et
criait à ses compatriotes : Poriex aux-
ci à la cuisine , ils sont tout embroekis.
Enfin , après dix-huit mois d'efforts, les
Barbares firent une dernière tentative.
Ils coururent en foplo au pied des mu-
railles. Ils n'étaient *point attendus.
Plusieurs d'entre eux avaient gagné
les créneaux , et criaient déjà victoire.
Dans ce moment, un soldat d'une
taille médiocre, mais d'un courage
où Aurélien vint l'ac-Méger. Avant de
commencer les attaques, ce prince vou-
lut l'engager à se rendre ; mais la fière
reine lui répondit avec tant de hauteur,
que l'empereur, irrité, pressa la place
avec beaucoup d'ardeur. Les Palmyré-
niens se défendirent d'abord avec tant
d'avantage, qu'ils insultaient même les
assiégeans, et les exhortaient, avec
une ironie amère, à ne pas tenter l'im-
possible. Le siège dura long-temps, et
ce fut la disette de vivres qui mit fin à
la résistance de la reine. Cette prin-
cesse, digne d'un meilleur sort, fut ar-
rêtée et conduite devant l'empereur,
qui remmena à Rome, pour orner son
triomphe.
SECTION U.
Exemples tirés de l'histoire moderne»
Siège de Paris par les Normand! , en 686.
Lorsque Clovis eut jeté dans les
Gaules les fondemens de l'Empire
français, Paris devint la capitale de
ses États. C'est sous le règne de ce
prince et de ses successeurs, qu'elle
vit agrandir son enceinte; et bientôt
elle occupa tout l'espace qui est ren-
fermé entre les deux bras de la Seine.
Dans la suite, les courses des Barbares
obligèrent de la fortifier de plus en
plus. On les défendit l'un et l'autre
par une tour où Ton a bâti le grand et
le petit Ch&telet. En 885 on connut
toute l'importance de ces précaitiona.
DES PLACES FORTES.
SOT
eitraordinaire, nommé Gerbaut , suivi
seulement de cinq hommes, aussi bra-
ves que lui, s'arance, tue les premiers
qu'il rencontre, renverse les autres
dans le fossé, arrache les échelles,
pourvoit à la sûreté de cet endroit, et
sauve la ville. Ce fut alors que le roi
Charles-le-Gros , qui avait fait d'inu-
tiles efforts pour secourir ses fidèles
sujets, traita avec les Normands, et
les fit consentir à se retirer, moyen-
nant sept cents livres pesant d'argent,
qu'on promettait de leur payer dans
pielqnes mois.
Siège de Toulouse par Simon de Montfort,
en 1217.
Pierre II, dit le Catholique, roi d'A-
ragon , ayant voulu faire une diversion
en faveur de Raymond, comte de Tou-
louse, son beau-frère, était venu en
1213, avec une armée formidable, as-
siéger dans Muret , Simon de Mont-
fort, implacable ennemi du comte
Raymond. Mais Simon de Montfort,
qui avait dans la place douze cents ca-
valiers et sept cents fantassins, fit une
sortie si vigoureuse, qu'il tua aux en-
nemis, disent les historiens, quinze à
vingt mille hommes; sept mille se
noyèrent dans la Garonne, et Pierre
d'Aragon , lui-même, perdit la vie.
Quatre ans après, en 1217, Simon
ie Montfort vint à son tour assiéger le
comtc^ Raymond dans Toulouse. Il es-
saya d'abord d'y entrer par le ch&teau
narbonnais ; mais il y trouva des guer-
riers intrépides, et vit échouer tous ses
efforts. Il entreprend alors un siège
dans les formes ; il livre plusieurs com-
bats sanglans ; il donne plusieurs as-
sauts terribles, et épuise ses forces
pendant quatre mois. Un jour enfin,
qu'il menait les assiégés battant jus-
que dans leurs fossés, une pierre, lan-
cée par une femme, l'atteignit à la tèt9
et le tua. ^
Siège d'Henncbon par Charles de Blois,
en ia41.
Charles de Blois, fier de tenir en
prison son compétiteur, le comte de
Montfort , marcha vers Hennebon , où
la comtesse de Montfort s'était retirée.
Cette ville passait pour la plus forte
place de la Bretagne, et les assiégés
étaient encore animés par la présence
et par l'exemple de leur incomparable
héroïne. Elle fit des prodiges de va-
leur. Les plus rudes assauts se succé-
daient presque sans interruption. Ar-
mée de pied en cap, on la voyait com-
battre sur la brèche, courir à tous les
postes, encourager ses gens, les faire
avancer, les soutenir. Durant la plus
terrible de ces attaques, elle monte au
sommet de la forteresse, et de là, dé-
couvrant que la plus grande partie de
l'armée ennemie était occupée à l'as-
saut, elle descend avec précipitation,
monte à cheval , suivie de cinq cents
hommes, sort par une porte éloignée
de l'attaque , et fond avec la rapidité
de l'éclair sur le camp des assiégeans.
Elle renverse ce qui s'oppose à son
passage ; tout fuit devant elle. Les ten-
^ tes sont arrachées ou livrées aux flam-
"^mes. Bientôt l'embrftsement du camp
est aperçu par les assiégeans. Ib aban-
donnent l'assaut pour arrêter l'incen-
die. La comtesse rassemble sa troupe
et veut rentrer dans Hennebon ; mais
les ennemis se trouvant entre elle et
la ville, elle tourne bride, et prend la
route d'Aurai , où elle arriva heuren*
sèment , laissant ses ennemis aussi sur-
pris que saisis d'admiration, lorsqu'ils
iipprirent que c'était la comtesse en
personne qui leur avait. donne uiia
alarme si vive. Cinq jours après, elle
DB Là DÉnOIIB
revient à la tète de sa petite troupe,
force no des qnartiers des assiégeans,
et rentre dans la ville à la vue de l'ar-
mée. Hennebon ne fat pas prise; la
comtesse de Montfort reçut d'Angle-
terre nn secours de troupes, et elle
obligea Charles de Blois à lever hon-
teusement le siège.
Blocai de Gsliis par Edoaard III , roi d'An«
gleterre, en 1316.
Après la fameuse bataille de Créci ,
Edouard, pour proflter de sa victoire,
marcha vers Calais, qu'il investit au
mois de septembre 1346. Calais était
Tune des plus fortes villes qu'eût alors
la France ; c'était la clef du royaume.
La bonté de son port y attirait un
commerce toujours florissant. Ses for-
tifications étaient à l'épreuve; son
peuple était guerrier; sa garnison
nombreuse était redoutable ; enfin le
célèbre Jean de Vienne, son gouver-
neur, valait seul une armée entière.
Tant de difficultés, tant d'obstacles,
qui paraissaient insurmontables, ne fu-
rent point capables d'effrayer le mo-
narque animé de plus en plus par ses
triomphes. Au Heu de presser la ville
par des attaques vives et meurtrières,
il se contenta de la bloquer exactement
par mer et par terre. Son camp, qu'il
avait placé entre la ville, la rivière de
Haye et le pont, devint une espèce de
ville, aussi régulièrement fortifiée que
celle qu'il assiégeait ; les soldats se bâ-
tirent des cabanes pour passer l'hiver^
Ils creusèrent des retranchements; ils
élevèrent, de distance en distance, des
redoutes, des fossés et des tours qui les
mettaient à couvert de toute insulte.
Cependant on faisait sortir de Calais
toutes les bouches inutiles au nombre
de dix-sept cents; ces malheureuf
proscrits vinrent au camp des Anglais.
Edouard les recutgénéreusement, feu
fit donner & dtner, et deux sterlingi
à chacun. Cette cruelle précaution ne
put sauver les assiégés des horreurs de
la disette. La pkce, environnée d'en-
nemis depuis plus de neuf mois, avait
vu disparaître toutes ses proiisions :
bientôt la misère devint extrême. Oo
se vit contraint de manger les animaux
les plus inmnondes. Des diiens, des
chats , des souris , même , étaient da
mets délicieux ; et quand on eut épuisé
ces vils alimens, on se vit réduit k ]à
disette la plus affireuse, hi plus déses-
pérante. Néanmoins le courage des ci-
toyens se soutenait toujours au milieu
de tant de maux. L'amour de la patrie
triomphait de la nature ; ils aimaient
ndeux mourir que de reconnaître un
autre souverain que Philippe. Ce prince
n'oubliait rien pour les délivrer. Après
plusieurs tentatives Infructueuses, il
rassembla une armée de soixante mOIe
hommes, & la tète de laquelle il vint se
présenter & Edouard. Bientôt il recon-
nut l'inutilité de ce nouvel effort: il
envoya offrir la bataille ; le roi d'An-
gleterre répondit froidement aux dé-
putés : « Je suis ici pour prendre Calais
» et non pour me battre. Si votre mal*
9 tre veut combattre, c'est à lui devoir
D comment il s'y pi-endra pour m'y
» contraindre. » En disant ces mots, il
fit examiner aux députés toutes les for-
tifications de son camp, et les renvoya
vers le monarque. Philippe, si cruelle-
ment bravé, frémissait de honte et de
colère ; mais, vaincu par la nécessité, il
se relira, désespéré d'abandonner de
si braves guerriers et des sujets si fi-
dèles, à la discrétion d'un ennemi vain-
queur, et qu'une longue résistance
avait rendu implacable. La retraite da
roi mit le comble à la douleur des gé-
néreux citoyens de Calais; ils ne son-
gèrent plus qu'à se rendre. A leur
DBS PLACES FORTES.
a9v
prière, Jean de Vienne monta aux cré-
neaux des murailles , et fit signe qu'il
Youlait parler. Edouard envoya Gautier
de Manni et le sire de Basset pour con*
férer avec lui. « Chiers seigneurs, leur
9 dit le gouvemeur, vous êtes moult
» vaiHans chevaliers en faits d'armes, et
9 savez que le roi de France, que nous
» tenons à seignem , nous a céans en-
9 voyés. et commandé que nous gar-
B dioDS cette ville et chAtel , si que
p blfime n'en eussions, et lui nul dom-
» mage : nous en avons fait notre pou-
8 voir. Or est notre secours failli , et
» nous si estraints « que nous n'avons
D de quoi vivre. Si nous conviendra
)> tous mourir, ou enrager de famine,
» si le gentil roi, votre seigneur, n'a
» marci de nous , laquelle chose lui
B veuillez prier en pitié, et qu'il nous
9 veuille laisser aller tout ainsi que
9 nous sommes.
> Jean , répondit Gautier, nous sa-
s ions une partie de l'intention de
» Monseigneur le roi ; car il nous l'a
» lit : sachez que ce n'est mie son en-
» tente que vous en. puissiez aller ainsi ;
»mais son intention est que vous vous
t mettiez tous à sa pure volonté , ou
) pour rançonner ceux qu'il lui plaira,
» ou pour faire mourir. »
De Vienne redoubla ses prières et
fes instances auprès de Mauni, pour
engager à fléchir le courroux du mo-
narque. L'àme généreuse du chevalier
anglais fut pénétrée de douleur. Il pro-
mit: il se flatta de réussir. Tous les gé«
néraux se réunirent à lui poi^ calmer
Finflexible Edouard; et ce prince, cé-
dant enfin à leurs vives supplications,
leur dit : ce Seigneurs, je ne veux mie
» être tout seul contre vous tous. Sire
» Gautier, vous direz au capitaine de
» Calais, que la plus grande grâce qu'il
» pourra trouver en moi , c'est qu'il se
^ bourgeois, les chefs tons nus et tous
D déchaussés . les harts au col , et les
x> clefs de la ville et du ChAtelet en leurs
x> mains ; et de ceux je ferai à ma vo-
» lonté, et le ramanent je prendrai à
» merci. »
Mauni se imca oe porter ces ordres
du vainqueur ; et Jean de Vienne le
pria d'assister à la déclaration qu'il en
allait faire au peuple. Tous les habw
tans, assemblés sur la place, atten«
daient la réponse d'Edouard avec cette
inquiétude cruelle que donnent la
crainte de la mort et l'espérance de la
vie. Dès que l'arrêt eut été publié, on
morne silence annonça l'anéantisse*
ment de tous les coeurs. On se regar-
dait en frissonnant ; on cherchait avec
effroi ces six victimes du salut public ;
on désespérait de les rencontrer. Enfin
des cris lugubres, entrecoupés de san-
glots, de gémissemens et de pleurs, in-
terrompirent tout à coup ce vaste si-
lence. Mauni, témoin d'un spectacle si
touchant, ne put retenir ses larmes, et
confondit ses soupirs avec ceux de ces
citoyens désolés. Cependant le mo-
ment fatal approchait : il fallait se dé-
cider. Au milieu de ce. peuple vaincu
par la douleur, abattu, consterné, un
héros, dont le nom doit vivre éternel-
lement dans la mémoire des honunes,
l'honneur de sa patrie, la gloire de la
France, Eustache de Saint-Pierre, se
présente, et suspend par ses paroles le
désespoir de ses concitoyens . <i Sei«
x> gneurs, grands et petits, s'écrie le
x> zélé patriote, grand mechef seroit de
D laisser mourir un tel peuple qui cy
» esc , par famine ou autrement , quand
» on y peut trouver aucun moyen ; et
» seroit grande grflce devant notre Sei-
» gneur, qui de tel mechef le pourrolt
» garder. J'ai en droit moi si grande
r> espérance d'avoir pardon en notre
parte de la ville six des plus notabicsl » Seigneur, si je meurs pour ce peuple
DB LA
» saayer, que je veux être le premier. »
A peine eut-il cessé de parler, qu'il re-
çut le prix le plus pur de la reconnais-
sance de ses concitoyens, a Chacun
» Talloit adorer de pitié. » Ils se pros-
ternèrent à ses pieds, en les arrosant de
larmes. Quel empire la vertu n'exerce-
t-elle pas sur les cœurs ! Jean d'Aire,
imitant le courage de son cousin , vou-
lut partager Thonneur de mourir pour
la patrie , et vint se ranger à ses côtés.
Jacques et Pierre Wisant, frères, et
parens de ces généreux martyrs, brû-
lant du même zèle, se dévouèrent avec
eux. Enfin deux autres citoyens, dont
rbistoire n'a pas conservé les noms,
ces noms sacrés qu'on aurait dû graver
en caractères ineffaçables , achevèrent
le nombre des six victimes. Le gouver-
neur, qui courbé sous le poids des an-
nées et des maladies, pouvait à peine
se soutenir, monta à cheval et les con-
duisit jusqu'à la porte de la ville. Là,
il les remit entre les mains de Mauni,
en le priant d'intercéder pour eux au-
près de son roi. Us parurent devant
Edouard , et lui présentèrent humble-
ment les clefs de Calais. Leur magna-
nimité inspira de l'admiration et de la
pitié aux seigneurs anglais qui envi-
ronnaient le roi. Ce prince resta seul
inflexible, il jeta sur eux un regard sé-
vère, et commanda qu'on les conduisit
au supplice. En vain le prince de Galles
se jeta plusieurs fois À ses pieds, et s'ef-
força plusieurs fois de le fléchir : il fut
inexorable. « Soit fait venir le coupe-
» tète, répéta-t-il d'un ton terrible.»
Ces illustres infortunés allaient perdre
la vie. Edouard allait flétrir ses lau-
riers par une indigne vengeance , si la
reine son épouse , héroïne généreuse,
n'eût fait un dernier effort pour calmer
son aveugle colère. Elle embrassa ses
genocr.., et le conjura, les larmes aux
feux, de ne pas souiller sa victoire. Le
DiFB(ISB
monarque baissa les yeux. « Ah! lb«
» dame, s'écria-t-il après on moment
x> de silence, j'aimasse mieux que vous
» fussiez autre part qu'icy. Vous m%
» priez si acortes, que je ne puis vous
» éconduire : si les vous donne à votre
D plaisir. » Aussitôt la magnanime pria-
cesse les enmiena dans son apparte-
ment , leur fit apporter à diner, les fit
habiller, et les renvoya sous uno es-
corte sûre, après leur avoir fait donner
à chacun six pièces d'or pour leurs be-
soins. Le lendemain Edouard entra
triomphant dans Calais , dont il chassa
tous les habitans et qu'il peupla l'An-
glais. On prétend que c'est la prenière
attaque de place où l'on ait emplojé du
canon.
Cette ville, aussi célèbre par le «en-
rage et la fidélité de ses habitans que
par son importance, fut recouvrée par
Henri II , en 1658. Le célèbre duc de
Guise, qui avait déjà si vaillanunîE:
défendu Metz en 1553, reprit en bit
jours de temps la ville de Calais , qii
avait coûté un an à Edouard III , st
que les Anglais avaient possédée pei-
dant plus de deux siècles. Cette perle
fut si sensible à la reine Marie, qu'elb
en tomba dangereusement malade
Hélas I dit-elle , Calais oeeufs si fou
mon eœur^ que si Von en fait la disêtc-
lion après ma mort, on n'y trouvera qui
cette ville.
En 1596, pendant que Henri IV
était occupé au siège de la Fère, le»
Espagnols attaquèrent Calais et la pri-
rent : mais les habitans y signalèrent
encore leur patriotisme. Après la red-
dition de la ville, les bourgeois se reti-
rèrent, avec la garnison, à la citadelle,
et s'y défendirent avec tant d'obstina-
tion, que les Espagnols furent obligés
de la prendre d'assaut : plus de neuf
cent soixante bourgeois y périrent;
quelques-uns d'eux se retirèrent dans
DBS PLACES FOATfiS.
réglise, où ils se défendirent encore
avec tant de résolution au*ils obtin-
^nt quartier.
601
Siéfp ae Reoiiej par les ÀnglaU, en 1357.
En 1357, les Anglais s'approchèrent
de Rennes, sous la conduite du duc de
Lancastre, et en formèrent le siège.
Il y avait déjà six mois que cette ville
importante était investie, rien n'y pou-
vait entrer, et elle était dans une néces-
sité pressante lorsqu'un bourgeois de la
ville s'offrit d'aller à Nantes avertir Char-
les de Blois du danger où se trouvait la
place. Â peine avait-il traversé le camp
ennemi , qu'il rencontra Bertrand Du-
gaesclin et lui dit le sujet de son
^jyage. Le chevalier breton rassemble
aossitAt ses gens , qui formaient une
petite troupe, se met à leur tète, vient
fondre sur les retranchemens des An-
glais, massacre tout ce qu'il rencontre,
renverse les tentes, y met le feu, s'em-
pare de deux cents chariots de vivres
qu'il fait marcher devant lui , et entre
dans Rennes où il est reçu comme un
libérateur. Cet intrépide guerrier dès
sa plu tendre enfance ne respirait que
les combats, a II n'y a point de plus
» mauvais garçon au monde (disait sa
»mëre), il est toujours blessé, le visage
» rompa, toujours battant ou battu. Son
»père et moi nous le voudrions voir
ftsous terre. » On n'avait pu venir à
bout de lui apprendre à lire. Son pre-
mier soin était de battre tous les maî-
tres qu'on lui donnait, a Je suis fort
j»laid, disait-il, et partant jamais je ne
» serai bien venu dçs dames ; mais puis-
> que je suis laid et mal fait je veux être
>bien hardi. x> Cette héroïque habi-
tude était déjà bien contractée lorsqu'il
entra dans Rennes. Le secours d'ar-
mes, de vivres qu'il apportait , et sur-
tout sa présence, rendirent le courage
aux assiégés qui désormais se crurent
invincibles. Cependant les Anglais ten-
tèrent un dernier effort. Ils firent ap-
procher d'effrayantes machines et don-
nèrent le jour même un assaut général
Tout fut inutile; et le duc, désespéré,
fut obligé défaire retraite, quoiqu'il eût
juré d'emporter la ville ou de périr de-
vant ses murs. Depuis ce jour, le nom
de Duguesclin devint fameux dans
toute la France, et l'Angleterre vit dès
lors combien elle avait à craindre de ce
héros naissant.
Siège de Reims par les Anglais, eo 1359.
Edouard III, voyant que la trêve
conclue avec la France était expirée,
partit de Calais, en 1359, avec une armée
redoutable. Le monarque anglais se
présenta devant Reims, dont il espérait
se rendre maître en peu de temps;
mais cette importante place était dé-
fendue par Jean de Craon son arche-
vêque, prélat intrépide, et par une
forte garnison. Les ennemis souffri-
rent beaucoup pendant ce siège , sans
pouvoir se flatter d'avoir remporté
d'autre avantage que de ruiner les en-
virons de la ville. Enfin, après sept se-
maines d'inutiles efforts, Edouard
abandonna une entreprise que le cou-
rage invincible des citoyens avait ren-
due impossible.
Siège de Hontergfi par les Andaii, en 1437.
r
En 1427, trois mille Anglais, sous la
conduite des comtes de Warwick , de
SuSbIk et Jean de la Poli, fondirent sur
Montargis dans le dessein de s'en
rendre maîtres. Cette ville , avanta-
geusement située sur la petite rivière
du Loing , se défendit , durant trois
mois , par le courage d'une garnison
médiocre que commandait le brave La
602
DE LA DEFENSE
Faille, gentilhomme gascon, et par le
zèle de ses habitans. Une si longue ré-
sistance fit épuiser tous les magasins;
et la place, dépourvue de vivres et de
munitions, avait besoin d'un prompt
secours pour soutenir encore les ef-
forts de Tennemi. Le comte de Du-
nois, avec seize cents hommes, et l'in-
trépide Etienne de Vignoles, dit La
Hire, se chargèrent de chasser les An-
glais. Ils étaient campés dans trois
postes différens. Danois se propose de
former deux attaques. La Hire est
commandé pour la première. Le che-
valier part, et sur sa route rencontre
un chapelain : il lui demande Tabsolu-
tion. (X Confessez-vous, dit le prêtre*. .
» —Je n*en ai pas le loisir, répond le
» guerrier : il faut tomber sur les
» Anglais. Au reste, j'ai fait tout ce
» que les gêna de guerre ont accou-
» tumé de faire. » Là-dessus, le cha-
pelain mi bailla l'absolution telle
quelle. La Hire, réconcilié, se prosterna
et fit cette prière : « Dieu , je te prie
» que tu fasses aujourd'huy pour La
» Hire autant que tu voudrois que La
»Hire fit pour toi, s'il étoit Dieu, et
» que tu fusses La Hire I » Il se relève
et fond comme un aigle sur le quartier
de Jean de La Poil , tandis que Dunois
se précipite sur celui de Suffolk. La
Poli résiste d'abord avec courage ; mm
enfin , accablé par les coups précipités
des Français, il prend la fuite et se re-
tire au quartier de Warwick. La Hire
victorieux se réunit à Dunois: tous
deux achèvent d'attérer Suflblk qui
combattait encore, et forcent Warwick
d'abandonner le siège. Les guerriers
de Charles YH entrèrent en triomphe
dans la ville, amenant avec eux l'a-
bondance et la sûreté. Le roi récom-
pensa par des privilèges la valeur des
habitans. Il leur accorda deux foires
franches par chaque année, el la per-
mission de porter sur leurs habits une
M brodée d'or, distinction glorieuse
qui n'appartenait alors qu'aux gens de
condition. Cet heureux succès est la
première époque de la supériorité que
les armes de Charles reprirent sarcel-
les de Henri VI.
Siège d'Orléini par les AaglaU. en i4S8.
Le 13 octobre U28« sous le règn»
de Charles VII, les Anglais vinrent
mettre le siège devant la ville d'Or-
léans: la garnison était faible, mais
elle avait pour chefs des guerriers in-
trépides, les Gaucoort, les Dunois, les
La Hire, les Xaintrailles, une foule de
nobles de ce mérite , qui tous inspi-
raient aux soldats la valeur héroïque
qui les animait. Les habitans , résolus
de s'ensevelir sous les ruines de leur
ville , plutôt que de subir un joug
étranger, étaient devenus autant de
héros. Les femmes partageaient cette
ardeur martiale, et se dévouaient elles-
mêmes pour la défense commune.
La tète du pont, du côté de la So-
logne, était défendue par une forte-
resse appelée les Tourelles, -au-devant
de laquelle on avait commencé un
boulevart. Ce fut par ce retranchement
que le comte de Salisbury, général de
l'armée anglaise , fit ses premières at-
taques. Les faubourgs embrasés à l'ap-
proche de l'ennemi, n'étaient pas en-
core entièrement consumés. Cette
barrière l'arrête d'abord , mais bientôt
il fit élever une bastille sur les ruines
du couvent des Augustins , et l'on y
dressa des batteries qui sans cesse fou-
droyaient les murs de la ville, les ton*
relies et le boulevart dont on voulait
se rendre maître. Le canon fit une
large brèche; on résolut d'y monter
répée à la main. Le 21 d'octobre, la
trompette donne le signal, et tout à
DBS PLACES FORTES.
loples Anglais placent leurs échelles
I pied du rempart. Hs se poussent,
i 86 précipitent. On les reçoit avec
flrépidité; on combat de part et d'au-
e avec nne égale fureur. La haine
iUonale ajoute encore au désir de
littcre. Tandis que les assiégés préci-
itadent les ennemis dans les fossés,
SjiçiJent des pots à feu, faisaient rou-
irdes pierres d'un volume énorme, les
B^lriilaîent de cercles de fer embrasés,
VPtient des torrens d*huile b#uil-
■la y de cendres rouges; les fenunes
p 1| Tille, non moins actives, «leur
ijj^portoîent tout ce qui à la défense
|i0inroit servir, et, pour les rafraîchir
^ grand travail» pain , vin , viande,
IWts, vinaigre, et touailles (ser-
fieftes) blanches leur bailloient. Au-
âmes furent vues durant l'assaut, qui
iftng^s repoussoient à coups de lan-
ces, des entrées du boulevart , et es
IhÎ68 les abattoient. » Une si fu-
iMÉe résistance déconcerte Salisbury.
I ftit sonner la retraite, et par son or-
Irâ OD travaille à l'instant à une mine.
Bi^ffUt Mentôt achevée. On se prépare à
iHilire jouer. Les assiégés s'en aperçoi-
ipt, et désespérant de conserver plus
flÉg temps un poste menacé de toutes
iifb, Us y mettent le feu à la vue des
ÉH^Ébetse retirent dans la forteresse
ta Toorelles. Pour la défendre encore
pàcpues instans , ils élèvent un nou-
Aéi boulevart sur le pont même, dont
IpdMttent deux arches. Cependant ils
M furent résister plus long- temps aux
Arts multipliés des Anglais. Le fort
la Tourelles fut emporté, et ce poste
(fintageux offrit aux assiégeans une
mition commode et redoutable. Alors
m Orléanais dirigèrent toutes leurs
Mteries contre cette partie de leur
riBe pour laquelle ils avaient tant com-
battu. Les ennemis, de leur cAté,
(l'oublièrent rien pour s'y maintenir ;
et de part et d'autre on épuisa, soit
pour attaquer, soit pour repousser,
tout ce que la valeur la plus héroïque
a de ressources. On était au milieu de
l'automne : Salisbury , prévoyant que
le siège serait long , résolut d'embras-
ser la place par une enceinte de plu-
sieurs forts qui, placés de distance en
distance, rendraient presque impos-
sible l'entrée des secours et des con-
vois. Pour diriger l'exécution de ce
projet sur l'assiette de la ville, il se
rendit au fort des Tourelles , d'où l'on
pouvait considérer toute l'étendue des
environs d'Orléans. Il s'occupait atten*
tivement à cet examen, lorsqu'un bou-
let de canon lui emporta l'œil et la
moitié du visage. Après avoir exhorté
les principaux ofBciers à continuer le
siège suivant le plan qu'il leur en avait
tracé, il se fit transporter à Meun, où
il mourut bientôt. Le comte deSuSblk,
le lord Poil , son frère , Talbot, Glaci-
das et les autres chefs furent revêtus
de son autorité; et ces capitaines,
pleins de respect pour leflr général,
continuèrent leurs opérations suivant
les instructions qu'il leur avait don-
nées.
Tous les jours, les assiégeans et les
assiégés recevaient de nouveaux ren-
forts. La garnison qui d'abord montait
à peine à douze cents hommes, se
trouvait composée de près de trois mille
combattans ; et l'armée anglaise , qui
ne comptait au commencement que
dix mille guerriers, s'était accrue jus-
qu'à vingt-troîs mille soldats , qui se
croyaient invincibles. La ville , atta-
quée premièrement par le seul côté de
la Sologne, se trouvait investie presque
toute entière par celuf de la Beauce.
Vis-à-vis des principales avenues d'Or-
léans, on éleva six grandes bastille^;
qui se communiquaient par soixante
redoutes moins considérables cons-
e»
DE LA DEFENSE
traiter dans les intervalles. Il n*était
pas possible d'entrer dans la place,
sans passer sous l'artillerie des forts.
Plus d'une fois les chefs français for-
cèrent des quartiers de l'armée enne-
mie pour introduire des convois. La
rigueur de la saison n'interrompit pas
les travaux; seulement, le jour de
Noël, les Anglais proposèrent une sus-
pension d*armes, et prièrent les assié-
gés de leur envoyer des musiciens pour
célébrer celte grande fête avec plus
de solennité. Les généraux se firent
des présens. Le comte de Suffblck en-
voya au bfttard d'Orléans des rafrai-
chissemens, en échange d'une robe de
panne que ce seigneur lui avait don-
née. Jusqu'au commencement du ca-
rême, il ne se passa rien de remarqua-
ble. Les ennemis commençaient à
manquer de vivres, parce qu'ils avaient
ruiné le pays. Dès les premiers jours
de février, le duc de Bedfort fit partir
un convoi escorté de deux mille cinq
cents hommes, sous la conduite du
brave Fastot. Le comte de Clermont,
ayant rassemblé près de trois mille
soldats, auxquels se joignit un déta-
chement de la garnison d'Orléans, ré-
solut d'enlever le convoi. Il atteignit
les Anglais à Rouvray, village de la
Beauce. Fastot s'arrêta, fit un retran-
chement des chariots qui portaient les
munitions , et ne laissa que deux is-
sues, à Tune desquelles il plaça ses ar-
chers. L'armée française, plus coura-
geuse que prudente, voulut, dès la
nuit même, forcer ce retranchement.
Les Français veulent combattre à che-
val , et les Écossais à pied. Ce défaut
de discipline produit l'cQet qu'on en
devait attendre. Après un combat opi-
niâtre, les Anglais sont vainqueurs.
Six-vingts seigneurs, des plus distin-
gués, restent sur la place, et les autres
chefs rendent dans la ville , ayant à
peine cinq cents hommes d'armes. On
nomma ce combat la Journée des Ha *
rengs , parce que le convoi , conduit
par Fastot , consistait principalement
en barils remplis de cette espèce de
poissons.
Autant le succès de cette petite i>a-
taille releva l'espérance des Anglais,
autant la défaite des troupes royala
consterna le faible Charles VII, campé
pour lors à Chinon. Désespérant de sa
fortune, le monarque délibéra s'il ne
devait point se réfugier dans le Dau-
phiné. C'était son avis ; l'on s'y con-
forma. Déjà l'on était près d'exécuter
une résolution si honteuse, lorsque
deux héroïnes réveillèrent le courage
du prince assoupi dans les bras de la
mollesse. La reine, princesse au-des-
sus de son sexe et de son rang, et la
belle Agnès Sorel , employèrent l'as-
cendant que donnaient leurs charmes,
pour retenir le roi, qui ne puts'empi-
cher de rougir d'avoir mdns de magna-
nimité que son épouse et sa favorite.
Cependant Orléans allait incessam-
ment se trouver réduite aux dernières
extrémités. Les assiégés n'osaient plus
attendre leur délivrance d'un prince
hors d'état de les assister, et qui lui-
même conservait à peine une ombre
de royauté. Il ne restait plus qu'mi
espoir de sauver la place, c'était de la
mettre en séquestre entre les mains
du duc de Bourgogne. Les envoyés, an
nombre desquels était Xalntrailles, se
rendirent d'abord près du duc, qui
agréa la proposition, et vint avec eux
à Paris, dans le dessein d'engager le
duc de Bedfort à l'accepter. Mais le fier
régent répondit que la ville ne serait
reçue à traiter, qu'aux conditions de sô
soumettre aux Anglais. Cette nouvelle
réveilla l'indignation et le courage des
Orléanais. Tous résolurent de se dé-
fendre jusqu'au dernier soupir.
Tandis que la France consternée
n'attendait plus que le coup qui devait
consommer sa perte , une jeune fille ,
Agée pour lors de dix-sept ans , s'était
fortement persuadée que Dieu la des-
tinait à sauver sa patrie : cette jeune
fille était Jeanne d'Arc. Je passe sur
les détails de son histoire, qui sont as-
se" connus. Les théologiens, après
plusieurs interrogatoires, décidèrent
qu'elle était inspirée. Le parlement de
Poitiers lui fit demander qu*elle mani-
festât, par quelques prodiges, la vérité
de ses révélations, m Je ne suis pas ve-
> nue, dit-elle, à Poitiers, pour faire
» des signes ; mais conduisez-moi à
B Orléans, et je vous donnerai des si*
» gnes certains de ma mission, b Cette
réponse si ferme étonne, surprend
les juges; tous, d'une voix unani-
me , déclarent qu'il faut se servir an
plus tAt de cet instrument céleste, que
le Tout-Puissant envoie à la patrie.
Charles lui fait donner une armure
complète , un étendard , des écuyers ,
des pages, un intendant, un chapelain,
une suite conforme à l'état d'un chef
de guerre. La nouvelle amazone se
met à la tète d'un convoi considérable,
destiné pour Orléans. Bientôt ses guer-
riers sont remplis de son enthousias-
me. Elle part , suivie du maréchal de
Boussac, de Gilles de Rais, de l'amiral
de Culaut, d'Ambroise de Loré, de La
Hire ; elle arrive, le 29 d'avril, à la vue
de la place. Dunois vint au-devant d'el-
le, n l'invite à satisfaire l'empresse-
ment que les habitans avaient de voir
leur libératrice Elle se rend à ses
prières ; elle entre comme en triom-
phe. Mille cris de joie se font enten-
dre. Dès ce moment , les Orléanais se
crurent invincibles , et le furent en ef-
fet. Tout change : les Anglais , vain-
queurs jusqu'à ce jour, tremblent au
leul nom de Jeanne d'Arc. Ils la croient
DB8 PLACBS FORTES. 80|
magicienne , d'aussi T)onne roi que les
Français la croient inspirée, a Ang\ais,
B leur écrit l'héroïne , vous qui n'avez
x> aucun droit à ce royaume de France,
» Dieu vous ordonne , de par mol ,
p Jeanne la Pucelle, d'abandonner vos
» forts, et de vous retirer, d On arrête
les courriers ; on ne répond que par
des injures à cette sommation. Jeanne,
outragée , mais redoutée , se dispose à
prouver sa mission. Le mercredi, h de
mai, elle choisit un corps de troupes;
et, remplie d'une ardeur plus qu'hu-
maine , elle se précipite sur les forts
ennemis , et les emporte après un as-
saut de quatre heures. Elle songe en-
suite à s'emparer du boulevart et du
fort des Tourelles , où l'élite des An-
glais s'était cantonnée sous les ordres
du célèbre Glacidas. Après avoir fait
ses dispositions durant la nuit, elle
donne le signal aux premiers rayons
du jour. On la suit ; on monte avec
elle sur les brèches ; on se bat avec
ardeur ; on presse, on enfonce, on cul-
bute l'ennemi qui se défend avec cou-
rage. On allait triompher, lorsque
Jeanne , blessée à la gorge , est con*
trainte de se retirer pour mettre le
premier appareil à sa blessure. Son ab-
sence éteint le courage des assaiUans.
Le soldat perd cette illusion guerrière,
qui le rendait victorieux. Déjà chacun
voulait se mettre en sûreté. Dunois
lui-même était de cet avis ; tout-à-coup
la Pucelle se montre : elle court au
pied du fort; elle y place son étendard.
Son intrépidité passe dans tous les
cœurs ; on redouble d'efforts ; on ou-
blie les premières Cotigues. Les An-
glais fuient ; le boulevart est emporté.
Le lendemain , les vaincus se rangent
en bataille du côté de la Beauce. Les
Français, toujours conduits, toujours
animés par leur héroïne, se présentent
,, dans le même ordre, résolus de com»
606 l>B LA
battre, qaoiq[lie fnfériettra en nombre
Mais ces ennemis, autrefois si fiers et
si terribles, n*osent tenir devant eux ;
ils s'éloignent précipitamment; ils
abandonnent leurs malades, leurs ba-
gages , leurs vivres, leur artillerie , et
près de cinq mille morts. Ainsi, contre
toute espérance, la ville d'Orléans fut
iélivrée le 8 de mai 1429. La recon-
laissançe publique s'épuisa , en quel-
|ue sorte , pour témoigner à Jeanne
î'Arc combien on sentait vivement la
|randenr de ses bienfaits. Le roi l'en-
ioblit avec son père, ses trois frères et
bOute sa postérité. On lui érigea une
statue sur le pont de la ville qu'elle
venait de sauver ; et, pour éterniser la
mémoire de cet heureux événement,
on établit une fête , que la tourmente
révolutionnaire avait suspendue quel-
que temps , mais que Napoléon a glo-
rieusement rétablie , et qui se célèbre
tous les ans le 8 mai. On y prononce
réloge de Jeanne d'Arc, qui, depuis ce
siège mémorable, n'est plus appelée
que la PucelU i' Orléans.
Siège de Compiègne par lei Anglaff , en 1430.
En 1430, les Anglais vinrent assié-
ger Compiègne. Jeanne d'Arc et Xain-
trailles s'y jetèrent pour la défendre ,
mais Jeanne d'Arc fut faite prison-
nière , dans une sortie , peu de jours
après. Les attaques furent poussées
avec toute l'ardeur imaginable. On
dressa les batteries; on creusa des mi-
nes qui furent éventées, et dans les-
quelles plusieurs des assiégeans perdi-
rent la vie. Le seul boulevart qui cou-
vrait la tête du pont, du côté de la Pi-
cardie, se défendit pendant plus de
deux mois. Cette glorieuse résistance
était TefTet du zèle, de l'habileté et du
courage de Flavi, gouverneur de Com-
piègne, que quelques auteurs ont ac-
DÉFBlfSB
cusô sans fondement et même tans
vraisemblance, d'avoir trahi Jeanne
d'Arc, en faisant fermer trop tét la
barrière. Ce vaillant capitaine était se-
condé par PhUippe de Gamaches, abbé
de Saint-Pharon de Heaux, brave ec-
clésiastique, qui croyait avec raison h
gloire de défendre la patrie compatible
avec la vie reUgieuse.
Cependant Compiègne, investie de*
puis six mois , se trouvait réduite aax
dernières extrémités. La famine , plus
pressante encore que les efforts des
ennemis, ne laissait entrevoir qu'on
affreux avenir. Le comte de Ligni se
flattait d'entrer bientât dans la ville,
tout-à-coup Vendôme, Xaintrailles et
plusieurs autres capitaines paraissent ,
à la tête de quatre mille combattans,
pour secourir la place. On court an-
devant d'eux ; de part et d'antre on se
range en bataille, et l'on reste en pré-
sence. Pendant ce temps, un détadie-
ment français entre dans Compiègne,
se joint à la garnison ; et, sous la con-
duite de Flavi, attaque une bastiUe dé-
fendue par le maréchal Brimen et le
seigneur de Créqui. Deux fois, ils sont
repoussés; mais, animés par Xain-
trailles et par les habitans, hommes et
femmes , qui venaient en foule parta-
ger le péril et la gloire , ils attaquent
pour la troisième fois, et emportent le
poste. Ce succès enflamme leur cou-
rage; ils constnusent un pont de ba-
teaux , passent l'Oise , et se rendent
maîtres d'un second fort sur le bord de
cette rivière. Les ennemis, effrayés,
abandonnent une troisième bastille. Il
ne leur en restait plus qu'une. Leur
général, qui désespérait de pouvoir la
défendre, y fait mettre le feu, et lève
le siège avec tant de précipitation, qa'il
abandonne la moitié de son bagage
ses vivres , ses munitions et son artil-
lerie aux vainqueurs.
DES I^LACES FORTES.
6OT
Mgei de Belgrade, luii par Amurai II. eu
1439, feutre per ^homei II, en 1455.
Aa confluent au Danube et de la
Saye , s'élève la ville de Belgrade , ca-
pitale de la Servie. Sa situation avan-
tageuse sur une colline, la bonté de
son port , les remparts qui la défen-
dent, ses richesses, la multitude de ses
citoyens , en firent de tout temps un
lieu célèbre. Le premier prince infidèle
qui l'attaqua fut Amurat IL Ce mo-
narque, suivi de toutes les forces de
son empire, passa le Danube vers l'an
itô9, s'arrêta devant Belgrade, l'en-
vironna de ses troupes, et la foudroya
jour et nuit avec des canons de cent
livres de balle ; mais rien n'était capa-
ble d'intimider les courageux habitans
de cette ville, résolus de s'ensevelir
sous les ruines de leur patrie plutôt
que de se rendre. Dès les premières
attaques, le grand-seigneur abattit une
partie des fortifications. Les bourgeois
se j^sentèrent à la brèche, et repous-
sèrent les Musulmans .à coups d'arque-
buses et de flèches. Les Turcs, cons-
ternés de cette disgrftce, n'osèrent
pendant plusieurs jours s'approcher
des remparts. Enfin, un capitaine
nommé Ali, guerrier intrépide, vint à
bout de se retrancher sur le bord du
fossé. De ce poste avantageux, il chasse
les assiégés, les poursuit par la brèche,
I donne l'assaut, et se répand dans la
fille ; il s'en croyait le maitre. Tout-à-
coop les habitans se rassemblent, fon-
dent sur ses soldats, les font sortir par
la même brèche après en avoir tué le
plus grand nombre. Cette malheureuse
tentative découragea tellement les
Turcs, qu' Amurat leva le siège et ren-
tra dans ses provinces.
En 1455, Mahomet II, qui venait de
monter sur le trône ottoman à la jDlaceioni régnait dans Belgrade était l'eflkt
d'Amurat son père, voulut couronne
ses exploits par la prise de Belgrade. Ti
l'investit par terre, tandis que ses vais-
seaux la bloquaient du côté du Danube.
Ladislas, roi de Hongrie, campait au-
delà du Danube avec une grande ar-
mée. Ce prince, voyant bien qu'il per-
drait la place s'il n'écartait les galères
des infidèles, fit monter sur de grands
bateaux l'élite de ses troupes, et tomba
sur les Turcs avec tant de furie , qu'il
prit vingt de leurs navires , en coula
plusieurs à fond , et mit le reste en
fuite. Cette victoire lui rendit la com-
munication de Belgrade, où il fit entrer
le fameux Jean Corvin, plus connu
sous le nom d'Huniade , Yayvode de
Transilvanie et gouverneur de Hongrie.
Ce grand général était secondé par un
cordelier nommé Jean de Capistran,
mis depuis au rang des saints , et que
le pape Alexandre YIII avait envoyé
en Hongrie pour y prêcher la Croisade.
Ce respectable moine, profitant en ha-
bile homme de la vénération que les
troupes avaient pour sa personne, par-
courait les rangs, montrait aux soldats
la couronne du martyre suspendue sur
leur tête et les remplissait d'un zèle re-
ligieux. Dans toutes les sorties, il se
mettait à la tête des combattans le cnv
cifix à la main ; il se trouvait partout oà
le danger était pressant; il obligeait
les guerriers à périr plutôt que de re-
culer. Ses paroles, ses exemples étaient
un stimulant contre la crainte, et le»
troupes qu'il conduisait rentraient tou*
jours victorieuses. Cependant l'artille-
rie musulmane faisait de terribles ra-
vages ; déjà les remparts offraient une
large brèche. Mahomet ordonna Tas-
saut, conduisit ses troupes sur le bord
du fossé, l'emporta, se jeta dans la ville,
et fit commencer le piUage sans éprou-
ver de résistance. Le calme trompeur
606
M Lk DÉFBHSB
de la sagesse tfHaniade. Pour sarpren-
dre les Ottomans an milieu même de
leur triomphe, cet habile capitaine
avait rangé ses soldats en bataille dans
une place écartée. Ceux de la citadelle
devaient, au premier son de trompette,
se joindre à ceux qui par son ordre
avaient abstdosiné la brèche, pour
tomber de cobcert sur les Turcs et les
envelopper. Le signai se fait entendre :
les Hongrois paraissent de tous côtés.
Les Turcs attaqués en tète , en queue,
en flanc, ne savent où fuir; la plupart
périssent sans se défendre ; quelques-
uns se précipitent dans les fossés ; d'au-
tres , en petit nombre , se retirent pnr
la brèche. En vain Mahomet veut les
soutenir , sa valeur opini&tre est con-
trainte de céder à la fortune des chré-
tiens; et plus malheureux que son
père« le vainqueur do Constantinople
lève honteusement le siège de Bel-
grade, après avoir perdu un œil avec la
plus grande partie de son artillerie et
de son armée. Le brave Huniade mou-
rut quelque temps après de ses bles-
sures.
*
Siège de Beauvais par Charles-Ie-Hardi, dac
de Bourgogne, en 1489.
Charles*le-Hardi , duc de Bour-
gogne, mortel ennemi de Louis XI ,
faisait à ce monarque une guerre
cruelle. Après avoir commis de grands
ravages, il se jeta tout à coup sur la
ville de Beauvais, dans laquelle il
croyait entrer sans résistance, parce
qu'elle était sans «arnison. Les fau-
bourgs furent emportés d'emblée , et
les bour^ignons se regardaient déjà
comme maîtres de la place, lorsque les
bourgeois, animés d'un généreux cou-
rage, opposèrent à leurs coups un mur
impénétrable. Les fiUes, les femmes
partagèrent avec leurs pères et leurs
époux les périls de celte glorieuse dé-
fense. Conduites par une femme nom-
mée Jeanne Hachette , elles coururent
se ranger sur les endroits de la mu-
raille qui étaient les plus dégarnis.
Jeanne Fourquet,rune de ces héroïnes,
arracha un étendard des mains de l'en-
nemi et le porta en triomphe dans la
ville. La printipale attaque des assail-
lans fut dirigée contre la porte de
Bresie: déjè le canon l'ayait fracas-
sée ; la brèche était ouverte , et la ville
était prise , si les bourgeois ne se fus-
sent avisés d'entasser en cet endroit
une quantité prodigieuse de fagots et
d'autres matières combustibles qu'ils
allumèrent. La flamme suspendit Tim-
pétuosité des Bourguignons. L'assaut,
commencé sur les huit heures du ma-
tin, durait encore, lorsqu'au déclin dq
jour on vit arriver par la porte de Paria
un corps de troupes. Ces braves guer-
riers, qui avaient fait ce jour-là qua-
torze lieues sans prendre haleine,
abandonnèrent en arrivant leurs che-
vaux et leurs équipages aux' femmes et
aui filles qu'ils trouvèrent dans les
rues et se jetèrent aux endroits de la
muraille où le combat était le plus ani-
mé. Les assiégeans ne peuvent résister
à la valeur de ces héros. Us reculent
d'abord, et bientôt ils prennent la faite
et se retirent en désordre dans leur
camp. Le lendenuin , dès le point du
jour, un nouveau secours arrive. Les
bourgeois reçoivent ces nouveaux dé-
fenseurs comme des libérateurs des-
cendus du ciel ; ils les comblent de ca-
resses; ils dressent sur les places et
dans les rues des tables couvertes de
rafraîchissemens ; fls les accompagnent
sur les murailles , et le siège est levé.
Sl^e de Méiiiretparrarméede Ghartof-Qniot,
en 1590.
L*empereur Charles-Quint, ajant
rompu tout-à-coup la paix conclue
0B9 PlàJU» ilOETBà.
Fnoçois I**, fit mardier teinte-
anq miUe hommes vers laChampagoe.
Le$ viltoi IroDtières de cette provuoe
filetaient point en état de réaifter, et
lea Impériaux, pouvaient sans peine pé*
iMrer^ en pen de temps, an centre du
royaooie. Le monanpie français, i
cette nouvelle, assembla son consul
de guerre;, pour détîbârer sur le.parti
qu'il fallait, prendre dans une drcon^
tance si pressante, Après bien des avis,
on conclut qfï'û fallait MAer Méilères,
ville qui aurait. la pteraière A soutenir
les efforts de reon^ni, et dévaster
tons les environs, pour affamer les sol-
dats du perSde empemr. Bayard aeul
s'opposa fortement à cette résolution
désespérée- f Sire,. dit41 au roi, il n'y a
s point de place faible là où il y a des
a gens de bien pour la défendre. Xirai
» moinaaAme m'râfermér dans Mézières,
» et je voua en rendrai bon compte. »
On ap^audit au généreux projetée
l'intrépide chevalier. Une foule de
braves et l!âitedela noblesse se dispu-
tent rbonneur de le suivre. Ils partent,
et en peu de jours arrivent dans Mé^
Itères qu'ils trouvent hors d*état de
soutenir le siège dont ib étaient me-
nacés. Bayard commença par faire sor-
tir toutes les boudiea inutiles; ensuite,
ayant fait rompre le pont de la Meuse,
il ordonna de rétablir les anciennes
fortifications et d'en oonstmire de nou-
velles. Il encourageait les travailleurs ;
il leur distribuait des récon^enses pé-
cuniaires; il partageait avec eux leurs
pénibles fonctfom • « Camarades , lenr
adîsait-il souvent, nous sera-t-il re-
» proche que cette viUe soit perdue par
»notre faute, vu que noua sommes si
» belle compagnie ensemble , et de si
» geoade bien? Il me sênri[>le que si nous
» étions dans un pré , n'ayant devant
a nous qu'un fossé de quatre pieds, en-
aoore cendMittrion»«ous on jour en*-
T.
a tier, avant que d'être défaits, fiiett
» merci, nous avons fossé, murailles et
aremparts^ où je crois , avant qœ les
a ennemis y mettent le pied, beaucoup
»des leurs dormirwt au fossé. » Ces
paroles remplissaient tous les cœurs et
dbacun se croyait invincible sous un
dief si magnanime.
n n'y avait que deux jours que lea
Français étaient entrés dans la place;,
lorsqu'on aperçut l'armée impériale
qui s'approcîiaitde deux c6téa, en deçà
de la Meuse, sous les ordres du capi«-
taine Sidungen, et au-delà, sous ceu|L
du comte de Nassau. Le lendemain, ib
envoyèrent un héraut sommer Bayard
de leur remettne la ville* Ce député hri
dit, «( qœ ceux qui le messageoient
a piNT devers hii, estnnoient la grande
a et louaMe ohevalerie qui en lui estoit,
a et seroient merveilleusement déplai-
a sabs s*il estoit pris d'assaut; car son
a honneur en amoindriroit , et par
a aventure lui coAteroit-il b vie . • •-«•
a Dites à cent qui vous envoient, r^
a pondit en riant le chevalier sans peur
a et sans reproche , qu'avant que j'a-
a bandonne une place que le roi, mon
a maître , a bien voulu confier à ma
a foi, j'aurai fait, des corps de ses en--
a nemis'entassés, le seul pont par où il
a me soit permb d'en sortir. » Le bé^
raut, congédié avec cette réponse, b
rendit à ses maîtres, en présence d'un
capitaine françab , nommé Jean Pi-
card, qui leur dit : ce Messeigneiirs, }e
» oonnois Bayard, et j'ai servi sous lui.
a Ne vous attendez pas d'entrer dans
a Mézières tant qu'il sera vivant ; j'ai*-
a merob mieux qpTû y eût dans b
a pbce deux mille hommes de guerre
a davantage, et que sa personne n'y
a fût point... — Capitaine Picard , do-
a manda le comte de Nassau, ce sei-
a gneur de Bayard estait de bronze ou
a d'acier? S'il est si brave, qu'il ae
fiéfëf A note le Mre voir ; eàr,
d'ici A quatre JooM , je lui enreitaî
' Uni dé Goupsde canon, qu'il M lanra
t lie qael côté se tourner. ... -^ A la
bonne Iieure« dtt Pioai'd ; mais tons
ne Taarer pas oemme ¥01» cmyeft. ^
Aussitôt les généraux de Charles^
Qaint font dresser leurs baUeries; et,
«u moins de detti jours, plus de cinq
mille boulets tombèrent dans la TtUe.
C'est dans cette ocoaaien qu'on em-
]^oya, pour la première fois, les bom-
bes et les mortier», tels qu'ils sont au*-
jourd'htti. « Ce n'eatoient de debara,
» dit Meterai , que canon tiades ^ que
i> bombea« que bouleta enflammés t de
e dedana, il pleUTOit des tances et des
faeerclesà teUi de l'huile booillanle,
A des fascine» fMdronnées, des ftiaées
a qui mcttoient le feU partout. »> Dès
les premières décharges , mille hom-
.mes, épouvantés, prirent la fuite.
«Tant mieual dit Bayard; j'aime
» mieux de tels coquine dehors que
4 dedans : pareille canaille n'estoit pas
•» digne d'acquérir de l'honneur avec
» noua, a La place étnt Tivement atta-
.quée depuis plus de troia semaines. Le
;canon avait renversé une partie des
murailles ; et tes ennemis «e flattaient
d'avoir bientôt entre leurs 'mains le
chevalier et sas soMais^ illais Bayard ,
iqui réunissait, dans un degré éminent,
les deux qualités d'un grand capitaine,
le courage et la ruse^ imagina l'eipé-
dient le plus sitiguUer pour se débar-
na&aer de Siddugeu qui rittcommodait
* beaucoup. H dhargea un paysan d'aller
porter au seigneulr Robert de la Maf ck,
4» était à Sedan ^ une lettre conçue
eu ces tennea: « U me semble que,
.D dépita un an , voua m'aviea dit que
n vous vous proporiet d'attirer le com-
9 te de Nassau au service du roi, noire
bi LA biMiisi
Brtpetation qu'il a d^ètre getilil^
Kl tant. Si vous croyet que cela paille
» se faire, je vous donne avis d'y tra-
« veiller plutôt anjourdlml que dé*-
» main, parcequ'avatitqu'H ëoit vingt-
a quatre heures, lut et lout son csmp
a seront mis un ptèees. l*ài a^ que
» doute mille Sutaiea et huit oepU
«hommae dlsrmes doivent coucher
a oe soir à troia lieues d'ici, qui, de*-
È mahi , au point du Jour , fondront
» sur hli , pendent que , de moni^té,
a je ferai une vigoureuse sortie ; et
»8eru bien heuraux celui qui en
a échappera. J'at cru devob" vous eb
a prévenir ; m«la il faut me garder
> le secret, a
Par l'ordre du chevalier, le vUbigeoh
prend la route du cMé du eamp de
SidUngen. Apeihe a'est-il éloigné de
la Ville , qu'on l'arrftte. On le conduit
au général ; on le queatfouue; on le
menace* Le bon honime, intimidé, dé-
couvre son secret, pour éviter la mort
Il donne la lettre à Sidilngeu ; ce ca-
pitaine la lit; et, j^ein d'iudignatiea ,
il fai communique à son conseih La fih
^eur s^émpara de toua lea esprits. On
s'écrie que le cooate de N aasau est «a
tiuitre; en bat le tambour; on Mve
l'étendard ; On plie le bagage ; on pose
la rivière. Eu vain le comte , iosUuit
de cette réaolutiou précipitée^ veut re-
tenir son collègue ; sea diffiiiunliis dé-
putationa ne ierveut qu'à augmenter
les aoupçena. On décampe de part et
d'autre , et Méôèrea eal délivrée. Do-
rant ce tumulte, le porteur de la lettre
était neutre doua la >iille, et avait ap~
pris au ehevetter tout œ qui hil était
arrivé. Bayanl éolnla de xifu envoyant
Iheureux feueoèa ^e sou stratagème;
etv dana l'uKoèa de sâ joie, il dit
t Puisqu'ils n'ont paa voidu commeo-^
a maître, et qu'il est votre parent Je mcer le jen^ ce aère donc moi; a et,
e le désiperoia autant que vous , ^ir Iti
dan^ l'te^tunt, îiHirenviwm ^»ii»>^it^
DBS KACtt FOâTM.
«Il
volées de eanon, qai leur firent beau-
xmp de mal.
• Ainsi fut levé le siège de Mézières ,
Mgè éternellement mémorable, puis-
Ili'il sauva la France , où il n'y avait
ptfnt alors d'armée en état d'arrêter
lUirante mille hommes. Il mit le con>-
Iflè à la gloire de Bayard. Tous les bons
Diloyeflt s'empressèrent de célébrer
li ^eur de ce héros toujours victo-
rtaiix.
4e IhodM par let OUmmbs, en Iftsi.
En 1806, Fouk{ues de Vîllaret,
gMndHDaitre des chevaliers de Saint-
Itatt de Jérusalem, forma le projet de
iMfluérir cette lie, pour en faire le
4ièf-4iea de son ordre. Secondé , dans
Afrand dessein, par tous les souve-
irina de l'Europe chrétienne , il entra
111e, battit plusieurs fois les Sar-
et les Grecs, et se rendit maître
de Khodes, après quatre ans de fati-
fMs. Cette ville devint florissante sous
k idottination des chevaliers, qui épui-
sHMt toutes les ressources de l'art
pMr b rendre imprenable. Ces pré*
eiMIoiM étalent nécessaires. Les Grecs,
Mtarrashis, les Turcs essayèrent plu-
Mbttn fois d'y entr<{r. Mahomet II
Vttahit l'assiéger; ses généraux furent
bMlM; et lui-même mourut, en mar-
iAtot pour cette expédition. La gloire
tb prendre Rhodes était réservée à
Soliman II, dont les troupes s'appro-
«Mirent de l*tle en 1521.
'Tllliers, de l'Isle-Adam, régnait
Mn sur les chevaliers de Saint-Jean :
ipriiid homme de guerre , intrépide ,
ëèorageui, habile, fécond en ressour-
Mk n avaittout au plus sii mille guer»
lien ft opposer à une armée de près
de deux cent mille hommes ; mais ces
glnerriers étaient, comme leur chef,
fMipHs de' la plus héroïque valeur, et
préféraient la mort A l'esclavage. Rho-
des fut investie. On ouvrit la tranchée
hors de la portée du canon ; et, quand
on fut plus près de la viHe, les infidèles
dressèrent une batterie qui fut bientôt
démontée par l'artillerie de la place.
Les sorties fréquentes des chevalien
œmblèrent leurs travaux. En peu de
temps le découragement devint si gé*
néral parmi les Turcs, qu'il falhit que
le sultan vint lui-même se montrer à
ses troupes, pour animer leurs opéra*
tiens par sa présence. Alors tout chan-
gea de face. Les officiers el les soldats
ottomans, pour effacer jusqu'aux moin->
dres traces de leurs murmures , s'em-
pressèrent de se signaler sous I'odII du
maître; et cette multitude de bras,
jusqu'alors peu terrible, devint cnGn
redoutable. Les soldats et les pion-
niers poussèrent la tranchée sans relâ-
che ; on y travaillait le jour comme la
nuit, et ils étaient relevés tour A tour
par différens corps qui se succédaient
les uns aux autres. I^ grand-mattre ,
les voyant soutenus par de gros déta-
chemens , ne jugea pas A propos de
continuer les sorties, dans lesquelles il
perdait plus, par la mort d'un seul che-
valier, que Soliman par celle de cin-
quante janissaires. Ainsi les infldèles,
n'ayant rien A craindre que le feu de
la place, travaillèrent avec tant d'acti-
vité , qu'ils conduisirent leurs travaux
jusqu'à la contrescarpe ; et, pour ren*
dre leurs lignes plus solides, ils les re-
vêtirent par dehors de poutres et de
madriers bien liés ensemble. On aug-
menta ensuite les batteries qui ne ces-
sèrent de foudroyer la ville, mais sans
succès, parce que leurs boulets effleu-
raient A peine les créneaux des mu-
railles. Us en furent avertis par un Juif
qui leur servait d'espion dans Rhodes.
Aussitôt ils changèrent leurs batteries,
ifoi dèa4ors tirèrent plus heureuse-
e»
't
OtB LA DiFBPSI
ment. Voyant qne la place était« pcnir
ainsi dire , couferte et enterrée sous
ses fortifications^ ils résohirent d'éie*
ver deux cayaiiers d'une hauteur supé-
rieure à ces ouvrages^ et qui comman-
dassent la fille et ses boulevarts. Les
. soldats et les pionnière, par ordre du
général, apportèrent, durant plusieurs
jours, des terres et des pierres qu'ils
jrfaçaient entre les portes d'Espagne et
tAmergoe, vis-i-vis le bastion dlta-
lie. Ces deux endroits étaient vus à
découvert par le canon de la place.
9e$ milliers d'hommes périssaient fou-
droyés, écrasés; mais on ne comptait
point ces pertes, pourvu qu'on avançât
l'ouvrage entrepris. Enfin, on vit pa--
rattre comme deux collines plus hautes
de dix à donze pieds que la muraille ,
et qui la commandaient absolument.
Le poste d'Allemagne fut le premier
attaquée Les Turcs dirigèrent leurs ca-
nons yen la muraille. On ne croyait
pas qu'étant sans terre-plein , elle put
résister long-temps à la violence de
ces machines destructrices. Le grand-
mettre s'y transporta, et la fit appuyer
en dedans par de la terre, des poutres,
des fascines; et, comme rartillerie,
placée sur la porte de son palais, dans
un lieu élevé, portait directement sur
les infidèles, les canonniers chrétiens
les ruinèrent, et mirent en pièces leurs
gabions et leurs mantelets ou parapets.
Il en fallut refaire de nouveaux, qui ne
durèrent pas plus long-temps que les
premiers. Le canon de la ville abîmait
tout ; et celui des Turcs, au contraire,
limai servi et pointé dans un endroit
aussi élevé, battait toujours sur une
même ligne, passait par-dessus la mu-
' raiUe, et tirait à coups perdus. Appa-
remment que ces canonniers igno*
raient encore l'usage de plonger, et de
tirer de haut en bas et contre le pied
du mir. ftobptés du peu d'effet df^
leurs batteries, les officiers de Sotimao
les transportèrent contre la tour de
Saint'Nicolas^ On la foudroya avec dou-
ze canons de fonte; maid on eut le
diagrin de voir le canon démonté , et
les batteries minées par cdles de la
tour. Pour {devenir cet effet de IV
dresse des canonniers chrétiens, on
résolut de ne tirer que de nuit; et,
pendant le jour, on enterrait le canon
sous les gabions, dans le sable. A l'ap-
proche des ténèbres , on le remettait
sur la plate-ferme. Plus de cinq cents
boulets portèrent contre l'endroit de
la muraille qui re^ffdait l'oeddent, et
la firent crouler dans le fossé. On s'ap-
plaudissait du succès de cette batterie
nocturne, et l'on se flattait d'emporter
le fort an premier assaut; mais on fat
bien étonné de voir paraître derrière
les ruines une nouvelle muraille ter-
rassée avec son parapet, et bordée
d'artillerie qui en défendait les appro-
ches. Plein de colère, SoUman fit atta-
quer tous les principaux bastions de la
place; et le canon ottoman, qai les
battît jour et nuit^ durant un mob en-
tier, les endommagea pour la {dopart
Cependant le nombre des chevaliers
et des citoyens diminuait considéra-
blement dans Rhodes. On manquait de
poudre* Le grand-maltre en fit faire
aveo du salpêtre dont on avait provi-
sion ; et l'on espéra de pouvoir, avec ce
faible secours, résister assez long-temps
pour rebuter l'empereur.
La guerre jusqu'alors ne s'était faite,
entre les assiégeans et les assiégés
qu'à coups de feu; et, quoique celm
des Turcs, par la moltiUide de leors
canons et l'abondance de poudre , fût
fort supérieur, cependant ils n'étaieot
pas encore maîtres d'un^pouoe de ter-
rain dans les bastions et dans les oa-
vrages avancés de la place, tes letiia-
ie^ et je» netrancbemeDs^ aewes pu
Dtt PUkICSA FOUTBS.
0tS
les chevaliers, tenaient lieu des mu«
railles abattues. On ne pouvait empor-
ter ces nouveaux ouvrages que par un
assaut; et, pour y monter, il fallait
tenter la descente du fossé ou le com-
bler. Soliman, qui avait un nombre
prodigieux de pionniers dans son ar-
mée, en fit diflTérens détachemens ; les
ans jetaient de la terre et des pierres
dans le fossé ; mais les chevaliers, par
le moyen des casemates, enlevaient la
nuit les décombres qu*on y avait jetés
le jour. Les autres pionniers étaient
employés à creuser des mines dans
cinq endroits diiférens, dont chacune
conduisait son approche vers le bastion
opposé. Quelques-unes furent éventées
par la vigilance du fameux Hartinen-
gue. auquel on est redevable de l'in-
vention de découvrir, avec des peaux
tendues et des tambours, en quel en-
droit se faisait le travail. Les Turcs
avaient travaillé avec tant d'adresse ,
que les différens rameaux de ces mines
allaient de l'un à l'antre ; et tous, pour
faire plus d'effet, aboutissaient au mê-
me endroit. Deux de ces mines jouè-
rent, l'une après l'autre, sous le bas-
tion d'Angleterre. Leur explosion fut
si violente, qu'éfles renversèrent plus
de six toises de la muraille , dont les
mines comblèrent lé fossé. La brè-
che se trouva si laige et la mon-
tée si facile, que plusieurs batail-
lons se présentèrent aussitôt à l'as-
saut avec de grands cris et le sabre à
la main. Ils gagnèrent d*abord le haut
du bastion, y plantèrent sept ensei-
gnes, et s'en seraient rendus maî-
tres, s'ils n'avaient rencontré der-
rière une traverse qui les arrêta. Les
chevaliers, revenus de l'étourdissement
qu'avait causé le brait effroyable de la
mine, accoururent au bastion, et char-
gèrent les Turcs à coups de mousquets,
de grenades et de pierres» Le grand-
maitre, dans le moment que le volcan
joua, était dans une église voisine , où
il implorait, au pied des autels, le se-
cours du Dieu des années. Il jugea
bien, à l'horrible fracas qu'il entendit,
que l'éclat qu'avait fait la mine serait
suivi d'un assaut. Il se lève , dans le
moment que les prêtres, pour cmu-
mencer l'office, entonnaient cette prié*
re prélinÛBaire : Dêut in adjutoHutn
mium intendê. Seigneur, venez à mon
secours, a J'accepte l'augure, » s'écrie
le pieux général; et, se retournant
vers quelques chevaliers qui l'acconH*
pagnaient : « Allons, mes frères, leur
n dit-il , changer le sacrifice de nos
» louanges dans celui de vos vies, et
9 mourons, s'il le faut, pour ladéfease
» de notre sainte loi. » Il dit; et, la
pique à la main , il s'avance d'un air
terrible. Il monte sur le bastion, joint
les Turcs, écarte, renverse, tue toutee
qui ose lui résister. U arrache le» m-
soignes ennemies , et regagne impé-
tueusement le bastion. Le génénd de
Soliman, Mustapha, rdlie les fuyards,
et les reconduit à l'ennemi , i coups
de sabre. Il y marche lui-<mteie arec
audace. Le combat se renouvdle« La
mêlée devient sanglante. Le fer et le
feu sont également employés de part
et d'autre ; on se tue , de loin et de
près, à coups de mousquet ou d'épée ;
on en \ient jusqu'à se prendre corps à
corps, et le plus fort ou le plus adroit
tue son ennemi à coups de poignant.
Les Turcs, en butte aux arquebusades,
aux pierres, aux grenades, aux pots è
feu, abandonnent enfin la brèche , et
tournent le dos. Leur chef tâche , par
ses menaces et par ses promesses , de
ranimer leur valeur. On ne l'entend
point. Tout ftait , tout se disperse ; et
Mustapha se retire avec eux, après
Avoir perdu plus de trois mille hommes.
C'est evec cet acharnement furiei^x
81V
»B LA OLl'EN^IK
qiroti fie disputa la vktoîfic jusqu'au
Si septembre, où Soliman fit donner
Tordre pour un assaut général. Dès le
poiQt du jour les mahonnétaiiii , divisés
eo quatre corps ou ijuatre armées, s V
vancent de quatre eAtés et montent
G^^ment sur la brèche, malgré les
foudres qui partent de la place, malgré
un déluge de balles, de flèches, de
traits et de pierres : rien neles arrête.
Les chevaliers accourent en foule ; ils
repoussent les assalUans, ils les préci-
pitent, ils renversent les échelles. Les
infidUes reviennent à la charge avec
plus d^impétuosité; mais tous leurs
efforts sent inutiles : les chevaliers sont
. invincibles. Les prêtres, les religieux,
les vieiHards, et jusqu'aux enfans, tous
veulent «voir leur part du péril, et re-
pouasent enfin Tennemi. Des femmes
M le cédèrent pas en intrépidité aux
pionniers , ni en courage aux soldats,
flusîeinrs perdirent la vie en déEandaiit
lepra maris çt leurs enfans*
. Le mauvais succès de tous ses assauts
rendit Soliman furieux : il flt périr
liofltapha i coups de flèches, et plu-
fieiin autres capitaines auraient 8ui>i
le même aort, si on ne lui eût pas per-
, Mtdé qu'il pouvait eocoro réussir dans
son entreprise* On ne cessa de com-
battre et de former des attaques jus-
qu'au milieu de l'hiver. Snfin )e$ infi-
dèles triomphèrent, Hhodes, presque
entièrement détruite , n'avait plus de
quoi les arrêter: la plupart des che-
valiers avaient trouvé la mort en dé-
fendant les fortifications. Il fallut ci^ii-
. tuler et abandonner cette Ile fameuse
qui avait été, pendant près de trois
siècles , la patrie d'une société de hé-
ros. Soliman n'abusa point de sa vic-
toire ; il traita généreusemeut k* grand-
..maitre, qu'il consola, qu'il vinita mê-
me , et qu'il plaignit comme le méri-
Uit co personnage immortel.
Sfége de Blftnellle par r«niiée de Chtrle<*Qiii^
en ISil.
Le connétable de Bourbon, voolaat
mériter par ses services la faveur de
Charles-Quint, à qui ce prince p^6de
s'était vendu, entreprit le siège de
Marseille en 152fc. Il assurait que trois
coups de canon étonneraient si fort
ces bons bouiigeois , qu'ils viendraient
la corde au cou lui présentor les cle6
de leur ville. Mais ces braves ciloyeos
résolurent de se défendre jusqu'à h
dernière extrémité : les feounes reèaie
les plus qualifiées partagèrent avec les
hommes les travaux les plus pénibles;
l'ardeur de ces héroïnes fut si grsode,
que les contre-mines, fjsites du cAté de
l'attaque, furent appelées la Tranchée-
des-Dames, pour en perpétuer lesoa-
venir.
Un boulet de canop , parti de la
ville, tua deux gentilshommes et un
prêtre qui célébrait la messe. Le con-
nétable de Bourbon accourut au bruit
que causait cet accident, et demanda
ce que c'était. Le marquis de Pescaire,
rival de son crédit dans l'armée, lui ré-
pondit : « Monsieur, ce sont les cojuals
9 de Marseille qui noua en apportent
s les clefs. » Bourbon méritait celte
raillerie sangbmte. Dq^uis quarante
jours il s'épuisait devant une plsœ
dont la conquête, selon lui, ne deaun-
dait que sa sejole présence. Furieux, il
ordonna de redoubler le feu de son
artillerie , et bientêt il vint è bout de
faire une brèche assez considérable
pour donner l'assaut^ Les ingénieurs
envoyés pour \à visiter , raïqiortèrent
qu'il y avait un fossé profond rempli
de feu d'artifice et défendu par un
grand nombre de soldats. L'étemel
ennemi du connétable, Peacfire, vient
w fajrç le détail au couaeil de guerre.
DBS FUCBS FORTSS.
615
t ajoote malignement : a Vous voyez,
tfessienn, que les Marseillais tien-
nent tonte prête nne table bien cou-
yfgifit^ afin dâ recevoir comme il faut
çrax qni voudront aller les visiter.
Ilpiis ferions mieux, je pense, de re-
tofmer en Italie, où les Français
pourraient bien nous prévenir. » La
Wf» qu'on portait au duc de Boùr-
«|.jRiit applaudir à cet avis. D'ailleurs,
Ineçois P' venait au secours de la
ip assiégée avec une armée de qua-
i^tfi mille hommes. Les Impériaux
Ûjrent bagage, et se hfttèreot de se
B|{irér avec la honte de n'avoir pu
â» Pérofifie par le comte de Ifaitra,
eaisaa.
1^ comte de Nassau , un des géni*
n^x de Cbarles-Quint , menaça Pé-
(U|ne eu 1S36. Les babitans, qui
oyaJf^Qt qu*on ne s'occupait pas sé«
içusement de leur conservation, se
Ifiposaient à abandonner leur ville ,
loopidlib furent déterminés à ladéfen-
Ire jusqu'à la dernière extrémité, par
ik .résolution de d'Estourmel, gentil-
tô|l}nie du voisinage. Cet homme gé-
léijçpx, prévoyant les suites funestes
If b perU de cette place, s'y trans-
ififte AYec sa femme et ses enfans , y
4t conduire tous les grains qu'il a
liez loi ou qu*il peut obtenir de ceux
(pi apnt touchés de ses discours ou de
10 ^^[emple ; il y distribue son argent
;'êelui qu'il trouve dans la bourse de
ift amis ; il y montre une valeur, une
lÂivité, une intelligence qui rassurent
s plus timides. Il parvient, par cette
mdnite i en faire lever le siège.
§ffê' de lantfreeles par Vempereiir Ghtrles-
QalDt, en IbO.
L'empereur Charles-Quint, à la tèto
raine année do cinquante mille hom-
mes, vint, en 15^3, se présenter devant
Landrecies , ville des Pays-Bas , dans
le Hainaut français. Celte place élait
médiocrement fortifiée. Bâlic sur la
Sambre, dans une plaine basse et très
unie, un fossé rempli d*cau et quel-
ques ouvrages faisaient toute sa dé-
fense. Mais elle comptait dans son en-
ceinte trois mille fantassins aguerris,
et deux cents cavaliers d'élite que
l'exemple et l'intrépidité de La Lande,
leur commandant, rendaient invinci-
bles. En vain le monarque allemand
fit-il foudroyer la ville avec cinquante
pièces de canon ; en vain épuisa-t-il
toutes les ressources de sa formidable
puissance, pour faire réussir ses atta-
ques multipliées, Landrecies fut re-
cueil de sa fortune ; et ce prince , qui
prétendait envahir toute la France,
vaincu devant une bicoque, fut obligé
d'en abandonner la conquête après six
mois d'inutiles efforts.
8iége de MeU ptr GbArlet-Qa'nt. en IS^.
Charles-Quint, ayant recommencé la
guerre contre la France, vint, sur la
fin d'octobre 1552, mettre le siège de-
vant Mets avec une armée de cent mille
fantassins, de douze mille cavaliers, et
d'une nombreuse artillerie. La ville
était grande et si faible qu'il pouvait se
flatter, avec raison, de n'y pas trouver
beaucoup de résistance. François de
Lorraine, duc de Guise, s'y était enfer-
mé avec deux princes 4e sa maison,
trois princes du sang, cinquante sei-
gneurs de la première qualité, cinq
cents gentilshoDomies avec lenr suite,
et cinq mille hommes de la meilleure
mfanterie de France. Avec cette poi*
gnée de guerriers illustres , de Guiss
soutint durant soixante-cinq jours les
efforts opini&tres du plus redoutable
potcuUt de l'Europe, et l'obligea en-
616
fin de se retirer sans oser livrer Tas-
saut, quoique le canon eût fait brèche
en plusieurs endroits. Le froid, les ma-
ladies, les sorties fréquentes avaient
détruit le tiers de cette armée formi-
dable. Le prince de la Roche-sur-Yon
en poursuivit les tristes restes. Ayant
joint quelques compagnies de cavalerie,
11 leur présenta le combat. L'oflRcier
qui les commandait, s'étant retourné :
a Seigneur , leur dit-îl , comment vou-
ulez-vous que nous ayons la force de
)» combattre? vous voyez qu'il ne nous
» en reste pas assez pour fuir. x> Touché
de compassion, le prince permit à ces
malheureux de continuer leur retraite.
Le duc de Guise recueillit généreuse-
ment tous les malades qui n'avaient jm
suivre leurs compagnons, et les distri-
bua dans les villages voisins et dans les
hdpitaux.
C'est dans ce siège que Metz perdit
son ancienne splendeur. On fut obligé,
pour la défendre, de détruire au de-
dans et au dehors plus de trente égli-
ses magniCques, dont quelques-unes
renfermaient les tombeaux de plu-
sieurs rois de la race carlovingtenne.
On frappa plusieurs médailles pour
éterniser la mémoire de la délivrance
de Metz. L'une représentait la devise
de l'empereur. C'étaient les colonnes
d*Herculeavec ce mot latin uUrà, pour
faire entendre que, par son expédition
en Afrique, ce prince avait porté ses
armes victorieuses bien au'^delà des
pays qu'avait parcourus le grand Alcide.
On ajouta au corps de la devise une
aigle enchaînée et attachée aux colon-
nes, avec ces mots : non uUrd meia».
L'équivoque du mot metat devenait
très piquante pour Charies-Quint, parce
qu'il signifiait également la ville de
Metz et les colonnes d'Hercule.
On ne peut trop admirer la conduite
d^ dur de Giii»e pendant tout le cours
de cette défense, sa prévovduic^, sm
activité, son talent à encouraKci tes
troupes. Il entretenait surtout t'enra-
lation par des sorties, petites mais con-
tinuelles, ou les différens chei^ de ces
expéditions partielles, cherchaient a se
signaler et à se surpasser les uns les
autres.
«M. de Guise (dit M. de Salignac,
» auteur de la relation de ce siège) al*
B loit d'heure à autre reconnoitre le
» dommage que nos murailles et tours
9 receuoient, et se mettre en lieu d'oà
» il puBt mesurer le tout de son œil,
«sans se fier au rapport qu'on hiy en
npouuoit faire, s'exposant beaucoupde
» fois à plus grand hazard, que l'im-
«portanced'vne si grande perte,qu'eiist
» esté de sa personne en ce lieu, et en
9 temps de telle afiaire n'eust bonne-
» ment requis. 11 poumoyoit auec le
» Seigneur Pierre Strozzy (qui n'auoit
» peu d^aduis, ni faute de moyens en
» telles choses) et auec les Seigneurs
»de Gounor, de Saint-Remy et de
» Camille Marin a sauner nos deffen-
» ces , à en faire de nouuellés, et or-
B donner nouueaux remparts là on il
Bostoit besoin. En quoi on ne sçauroit
ê estimer qui aidoit plus à M. de Guise,
BOU Texpérience et pratique qu'il
Bpouuoitauoir eu auparauant de telles
B choses, ou bien son naturel disposé è
B la conduite et maniement du fait et
B appartenances de la guerre. Et ctov
Bque les deux ensemUe le rendoient
B si entendu, qu'en la plus grande par-
Btie des délibérations qui s'en fai-
B soient, soiï opinion se trouuoit digne
Bd'estre exécutée.
BLe iour après vingt'huitième du
B mois, continuants les ennemis leur
B batterie, ouurireot la tour d'En-
Bfer de dix-huit ou vingt pieds de
B large, devinants l'endroit d'vne che-
* B minée qu'eçtoit le plus foible du wor,
DBS PLACBS FORtBS.
ftlT
»0Q bien qbelqu'vn de Id ville qai
»<çmoit le contenu du dedans, le leur
sauoit enseigné. Sur le midy tout ce
»parc de mur d'entre les tours des
» Wâssieux etLigniers, pour aut»ir esté
vfort battu, et coupé assez bas, corn-
» mença pencher en dehors, et se dé-
«partir de la terre qui l'appuyoit.
•Deux heures après continuants les
» ennemis y tirer, tomba tout d'un
>coup dans la fausse braye , mais vne
» partie soubs soy, rendant la montée
9 malaisée pour venir & Tassaut.
» Les ennemis voyants renuerser la
t muraille, ietterent vn cry , et firent
» démonstration d'vne grande ioye,
» comme s'ils estoient arriuez à bout
» d'une partie de leur entreprise. Mais
» quand la poussière f nst abattue , leur
n laissa voir lé rempart desjà de huit
»pied8 par dessus la brèche, encor que
sUen raz et large , ils eurent à ra-
> battre beaucoup du compte qu'ils
9 auoient fait, sans estendre plus auant
» cette grande rizée qui ne s'entendit
»plus.
» Yn de nos soldftts, appelé Montilly,
» fit la brauade de descendre inconti-
«nent par la bresche, comme pour
» donner conuoissance aux ennemis
» qu'il ne se soudoit guères qu'on y
i> peust aisément monter. Nos gens de
» guerre de pied et de cheual plantè-
» rent leurs enseignes, guidons et cor-
> nettes sur le rempart : et tous les ma-
utins, au remuement de la garde, on
» ne failloit les y mettre. Gros nombre
» de nos harquebouziers , que M. de
» Guise avoit fait aposter, ayants atten-
» du que la muraille fnst ostée, comme
>» s'illeur eustfait empeschement, tirè-
» rent incontinent, et tousjours iusques
» à la nuit dans les tranchées et caua-
» liers des ennemis, qui fust cause que
» depuis leurs harquebouziers de la
•tranchée in bord do fo86é , s'advl-
» sèrent de faire des petites canonniè-
D res dans le terrain, pour tirer à cou*
» uert, et de point en blanc au long de
)»la bresche, afin de garder que les
B nostres pjt, s'osassent présenter au-
» dessus : loutesfois les gens d^armes
]» ayants Tarmet en teste, et leurs sayes
Dde liurée vestus, ne laissoientà mon-
» ter beaucoup de fois au plus haut, pour
9 y nuider la hotte, sans craindre le
» danger : tellement que les pyonniers
I» mesmes et femmes, qui seruoient au
» rempart, s'accoustumèrent peu à peu
n à les suiure. Le reste du iour, les en*
»nemls essayèrent ce rempart qu'ils
svoyoient à coups de canon; mais,
» combien qu'il fust fraischement fait,
D toutesfois se trouua en plusieurs eiio
» droits assez fort pour arrester le
» boulet.
«
> La nuit on cessa la batterie qui
» avoit depuis le matin esté de neuf
9 cents à mille coups de canon, et nous
Dà plus grande diligence que iamais
» esleuasmes et renforçasmes le rem-
»part; pouruoyants quant à la tour
» d'Enfer, de ieter de la terre deuant
» Touuerture, et y faire vn rempart es-
» pais iusques à la moitié du second
» estage, réseruant l'autre moitié qui
» esloit deuers nous pour sauner des
Dcanonniers, abattre le long de h
» fausse-braye deuant la bresche , et
Duous y loger dedans pour la dé-
9 fendre.
» Les deux iours d'après leur batte-
» rie se conduisit plus lentement qu'au-
» parauant; car ils ne tirèrent que six
» cent trente coups, tant au long dû
» rempart d^ la bresche , pour nous
» garder d'y porter terre , qu'à la tour
» d'Enfer, laquelle après auoir esté rem-
» parée en Testage de dessus, enuiron
D sept ou huit pieds de large, par ou
» ils entrèrent en espérance de nous en
» chasser, et venir malstrei do fécond
eii
M ju Mrwfli
»4uî leur eftoit assez oou^rt^ pai^
I» qu'ils ne pouuoient de là en auant
I» eitre assez offencez par ce grand œil
i> de la clef de la voûte qui voit sur la
» bresche ; mais il y fust pourueu, corn*
unia en Tautre estage,d'vn rempart
» fait de fumier, de quelque peu de
» terre, et de balles de laine, le plus
» léger qu'on pouuoit, pour ne pas
j» charger trop la voûte. Ce soir, sur le
a tard , M. de Guise eust quelque ad-
> uerlissement que les ennemis entre*
a prenoient de venir la nuit gagner la
» tour d'Enfer, ayants fait grande pro-
» uision de fascines aux tranchées pour
a y faire la montée, dont il commanda
a an Seigneur de Biron y aller auec
h vingt gentilshonunes de la compa*
-a gnie de M. le prince de la Roche-
» sur-Yon , pour renforcer la garde lus-
9 ques à minuit, et au seigneur d'An-
» tragues auec autres vingt de sa com-
a pagnie le venir relouer. Ce que fust
a par après continué toutes les nuits
a par la gendarmerie et caualerie par
a rang de chacune compagnie. Les
a princes et seigneurs voulurent eslrc
a de la partie ; MH. de Nemours, de
a Montmorency, de Martigues, de Dan-
p ville et autres, commencèrent les pre«-
a miers de veiller an logis du comte de
a la Rocbefoucaud , voisin de là, pour
a s'y trouuer au hesoin. M. de Guise
atrauailla cependant à faire remuer
a des pièces d'artillerie de la plate-for-
a me Sainte-Marie, au bouleoart et al-
a lée de la porte Champenuize, qui es-
a toit déià remparée, et y auoit canon-
a nières pour battre en flanc à ladite
a tour.
a Le comte d'Aiguemont partit dn
a camp auec deux mille chenaux et
a quelques enseignes de gens de pied ,
a pour aller au Pont-a-Mousson » où il
a entra ; et passant outra, se nint pré*
a senter 4enant la vjUe 4e Thoul , qu'il
a somma de se rendre : à quoi leiei*
a gneur d'EsdanoUeSi goonemeur d'i»
a Cille, fist responœ» que quand l'Em-
ik pereur auroit prins Meta et serait va-
» nu faire autant d'efforts contre la
a ville, il aduiseroit lors à la respoooe
a qu'il deuoit fairç.
a I^ septiesme du mois, de grand
a matin, on ouit sonner beancoap de
0 tabourins au camp de l'Snipereur, at
a sur les huit heures, deux grosses
a troupes de leurs gens de pied s'ap*
a prochèrent au bord des traniàé^
a derrière ces murailles qui s'étendent
a vers Saint- Arnould , par^dessus les-
a quelles on voyoit apparoistre leur
a grand nombre de piques. Et biea
a que M. de Guise n'e^Uinast y aaoir
a grand danger, estant encore la fa»-
a braye deuant la brescbe tonte saine
a et entière, il fist toutesfois, saosdoo*
a ner alarme, rendre (eus les geas de
a guerre anx lieux qu'il leur estoit
a ordonnez , tant aux bresches, flancs,
a places de secours, qu'au long des mo-
a railles, où se tronna bien petit nom-
a bre de gens pour vne ville de si grande
a garde, mais tous appareillez de bien
a faire, et monstrant cette bonne vo-
a lonté et délibération qu'il falioit paor
a vaillamment repousser l'ennemy. Les
a princes de Bourbon, les deux Guise,
a celui de Nemours, le duc Horace,
a MM. de Montmorency, Yidame de
a Chartres, de Martigueëi et les autres
a seigneurs et gens de bonne maison ,
a auec plusieurs gentilshommes, nur-
a chanta sous la cornette de M. de Gni-
a se, prindrent le premier rang à li
abresçhe, suiuis d'vn bon nombre
a de soldats. Cependant ledit seigneur
a alla visiter les vus et les autres, non
a sans auoir grand aise du maintien et
a bonne contenance qu'il voioîten dia-
a cnn , ni ian#i9» loXiciter enoaresea
a passant par be»ui:çnfd(icea bons a»aU
DIS PLAdBS FORTES.
et»
» qui incitent a Thonneur, è la verta et
si la victoire. Le capitaine Fauars,
» maistre de camp , ordonnoit de ses
» gens de pied , et encores par dessus
M hiy le seigneur Pierre Stroxzy, en-
iisenibie sur les gens de chenal. Le
» seigneur de Saint-Remy estoit pré-
• paré de ces artiGces i feu et engins
» de goerrcL lesquels auoient esté ap-
a portex de bonne heure en vne mai-
» son prochaine, pour les emploier sur
i (es premiers qui Tiendroient. Aussi le
i seigneur de Crenay, et autres gcn-
» ttbhommes et soldats, choisis de tou-
i tes les compagnies et bandes aux cos-
» tel de la breschc, pour exécuter bon
• nombre de harquebouzcs à croc ; pa-
» reniement le seigneur d*Ortobic et
»ses compagnons, commissaires de
I rartillerie, auec leurs canonniers aux
ft flancs et deffences, et fusrent toutes
» choses si promptement mises en leur
I ordre, et Tordre mesmc partout si
» bien obserué^que les ennemis eussent
» prins mauuais conseil de nous venir
ijssaiilir. Aucuns d*eux s'aduisèrent
I d*aller sur la montagne, qui regar-
» doit la bresche, d où ils la peurent voir
» fournie de museaux de fer, de mor-
» rions et corselets , qui ne fust chose
) qui leur deust beaucoup plaire.
» Trop long seroit à raconter , et
p possible ennuyeux de particulariser
> toutes les saillies (sorties] qui se sont
• fhttes durant le siège, desquelles aussi
> Vue partie n'a peu venir à ma connois-
• sance, i cause qu'il s'en faisoit en
) mesme heure deux ou trois par di-
» verses portes, et quelquesfois nos
i gens ne rencontrants les ennemis ,
is'en retournoteut sans faire autre
I chose digne de récit. Suflira que par
» le récit d'une partie soit monstre ne
» s'estre iamais présenté un seul moyen
» de nuire ou de gagner sur l'ennemi,
» qne M. de Guise uç l'ait entrepris i%
n fait sagement exécuter, tenant tous-
» jours Tentreprise secrette jus^qucs à
» l'heure qu'il y enuoioit ; cl lors en
«ayant bien instruit le chef, qui la
» deuoit conduire, ietoit premièrement
» les coureurs dehors tous ensemble ,
» et puis ceux de la grosse troupe bien
» serrés, sans y permettre dauantage
» que le nombre qu'il auoit ordonné
9 faisant mettre des gens de guerre
» aux lieux de gardes en armes, aUn
» que l'aduenture, lorsque serions amu-
» sez d'un costé, l'on ne nous surprint
i> de l'autre, et luy se tenoit à la porte
T> auec autre nombre de gens tant de
» pied que de chenal, afin que si quel-
» que occasion se présentoit de faire
» dauantage, ou bien qu'il fallust sou-
» tenir et recevoir les nostres pour es-
» tre foiblcs, il pust promptement faire
» sortir ceux-cy aussi auant qu'il en
» verroit esCre besoin : n'ayant iamais
» fait retraite quand il y auoit grosse
» troupe dehors , fust de pied ou de
» cheual, que au pas et en bon ordre,
» et que la trompette et tabourin ne
» l'eussent sonnée, aduertissant toutes-
»fois n'estre raisonnable, qu'on de-
» mourast longuement dehors à la teste
» d'un camp.
» Les deux jours ensuvyans se firent
» force saillies, de quinze et vingt che-
» uaux, sur les routes de ceux qui com«
nmençoyent s'en aller; et par quel-
» qnes Espagnols autres des leurs qui
» furent prins , nous sceumes le dcslo-
n gemcnt de r£mpereur du château de
» la Oigne, qui s'en estoit parti ce prc -
» mier jour de l'an, et retiré à Thion-
» ville, auec le malcontentement qu'on
» peut penser de se voir descheu de son
» espérance, et sa grande armée qu'il
» auoit assemblée de diuers endroits de
M la chrétienté, ruinée, son entreprise
• tournée a néant, et luy quasi mis,
» pour semir d'exemple à foire voir an
«w
UE LA DUFENSlt
I
» monde, qae la force et conseil des
» plus grands hommes n'est rien au re-
B gard de la prouidence de Diea. »
Siège de Malle par les Turcs, en 1565.
*^^ Après la conquête de Rhodes par
l Soliman II» les chevaliers se retirè-
rent dans nie de Malte, du consente-
ment de Charles-Ouint, qui leur ar^
corda cet asile. Entre les mains de cet
ordre militaire, Malte devint bientôt le
plus fort boulevart de la chrétienté
contre les entreprises des Turcs ; aussi
ces infidèles s'empressèrent-ils de dé-
truire ce nouveau refuge de la reli-
gion , et le fameux Dragut vint en for-
mer le siège, en 1565, avec une armée
de plus de trente mille hommes. 11 li-
vra plusieurs assauts terribles que les
chevaliers soutinrent avec leur bra-
voure ordinaire. Le général ottoman
y trouva la mort. Le bâcha qui lui suc-
céda, le terrible Mustapha, attaqua vi-
vement le fort Saint-Elme, le plus pe.
til de la ville, et il l'emporta après bien
des fatigues. Mais en y entrant il ne
put s'empêcher de dire : « Que ne fera
^> pas le père, puisque le fils , qui est si
» petit , nous coûte nos plus braves
» soldats?» n vit dès lors que la con-
quête de Malte était humainement im-
possible, et ne songea plus qu'à se re-
tirer. Il fit prendre tous ceux qu'on
trouva parmi les morts et qui conser-
vaient encore quelque souffle de vie.
On leur ouvrit Vestomac, on leur arra-
cha le cœur, et pour insulter à l'ins-
trument de notre salut dont ces mal-
heureux guerriers portaient la marque
5ur leurs habits, on fendit leurs corps
en croix , on les revêtit de leurs subre-
vestes ; et , après les avoir attachés sur
des planches, on les jeta dans la mer.
Ces cadavres défigurés furent portés
dans la ville par les ondes, Lé grand-
mattre, Jean de la Valette, ne pot re-
tenir ses larmes. Animé d'une jmte
indignation , il usa de repréaailks; et
pour apprendre au bâcha à respecter
les droits de rhumanité, il fit ègoipr
sur-le-champ tous les prisonniers tara,
et, par le moyen du canon, on Jetiki
têtes toutes sanglantes de ces inforta-
nés jusque dans le camp de leora coih
patriotes.
Siège de Tergoés par les FUmaoïto, ci ISB.
Les Flamands, révoltés contre Phi-
lippe Il , roi d'Espagne, voyant le doc
d'Albe occupé ausiégedeMons,enl5R,
résolurent de profiter de cette drcoos-
tance pour faire la conquête de Tergoëi
en Zélande. Ils s'en approchèrent doac
avec une armée de huit mille hommes
d'infanterie, pourvue de l'artillerie et
des munitiC*^9 nécessaires pour cette
expédition. Ter^r^s, plus fortiflé pv
la nature que par l'art , n'avait tlon
dans ses murs qu'une garnison de qua-
tre cents hommes , commandée pir
Isidore Pachéco. L'Escaut, au loig
duquel cette ville s'étend , la rend iott*
taquable dans la partie qu'il baigne.
Du côté de la terre, elle est environ-
née par des marais, et ses défeaseoi
avaient fortifié les endroits faibles avec
tout le soin possible. Les Flamands,
après avoir investi la place, en pres-
sèrent le siège avec la plus grande ar-
deur. Malgré les sorties vives, fréqnen*
tes et meurtnéies des assiégés, on
poussa fort loin les tranchées ; et bien-
tôt l'artillerie, qui ne cessait de fon-
droyer les remparts, fit une brèche ai-
sez large pour monter à Passant On
voulut le tenter. Déjà l'élite des Fla-
mands s'était avancée avec la {dus in-
trépide résolution. Les assises les
préviennent , et leurs efforts sont sî
terribles, que les assailIaDSi déconoer-
DES PLACES FORTES.
621
tèi« se retirent dans leurs lignes, après
Afoir perdu beaucoup de monde et
phuieurs de leurs chefs. Un second as-
iMl donné d'un autre côté, fut aussi
laaiheureux. Les ennemis n*entreprc-
miient rien pour avancer leurs ouvra-
|es« que les assiégés ify op|)osassent
letplas grands obstacles. Derrière une
coupure ils en élevaient sur-le-champ
me antre : la nuit n'interrompait point
leor travail. Les femmes disputaient
ua plus vaillans soldats la gloire de dé-
fendre la patrie : le courage suppléait
m nombre. Les assiégeans, rebutés
PV cette continuité de mauvais suc-
oèii prirent alors le parti de forcer la
dU9 par la famine, et convertirent le
àège en blocus.
, Cependant le duc d*Albc, qui venait
^ ae rendre maître de Mons , jeta ses
regards sur Tergoes, et ordonna à San-
qiie d'Avila et à Christophe Mondra-
•
pné de secourir au plus tôt cette place
||Pportante« On arma promptemertt un
iopibre suffisant de navires pour y
embarquer le secours, et le faire des-
Ijpodre par la branche septentrionale
ip TEscant, sur laquelle Tergoës est
litné. Hondragoné, chef de cotte en-
Insprise, ayant rassemblé un corps de
bfUNipea espagnoles, allemandes et wa-
(ooties, tenta plus d'une fois de des-
q|ei|Mlre le fleuve à l'aide du reflux , et
4e débarquer ses soldats ; mais il n'y
ipit réussir. Les ennemis bouchèrent
constamment le passage ; et leur ma-
rine, très supérieure à celle du roi, fit
IjMJoiirs avorter le projet. D'Avila,
Qpi conduisait les troupes de terre,
cent qa'en établissant sur les bords de
IXacaot quelques batteries , le feu da
qai^n contraindrait l'ennemi de s'é-
laigner, et pourrait procurer à Hon-
dragoné un instant favorable pour ar-
p:iTer à sa destination. On exécuta ce
.•4i6Pipi sqr la proposition qn'il en fit ;
mais l'événement ne répondit pas à ce
qu'il avait espéré. L'artillerie, embout
bée dans un terrain fangeux , par le-
quel il fallait la conduire, ne put avan-
cer assez loin. Enfin, on désespérait de
délivrer Tergoës, lorsque le capitaine
Plumart, né dans ce canton, qu'il con*
naissait parfaitement, brave homme ,
très attaché au service du roi, vint
trouver les capitaines espagnols, et
proposa de passer à gué la partie de
l'ile qu'une tempête effroyable avait
submergée en 1532; il promit que la
traversée , quoique d'environ trois
lieues, serait heureuse en la faisant a
marée basse , et offrit d'exécuter son
projet. On en sentait toute la grandeur
et toute la difficulté ; mais le mérite de
Plumart donnait de la force à sa pro-
position. On fit faire en diligence un
grand nombre de petits sacs ; on les
remplit de poudre à canon, de mèches,
de biscuits ; et, sans différer plus long-
temps, on transporta les troupes au
village d'Aggior, au dedans de ran<;le
de rîle le plus proche de la terre fer-
me , où il était plus aisé de tenter le
passage. On avait choisi , pour cette
étonnante entreprise, trois mille hom-
mes irinfanterie dans les trois nations
qui composaient l'armée royale ; Mon-
dragoné en eut le commandement. Cet
habile guerrier , persuadé que la marée
la plus basse qui monte et s'écoule
dans l'espace de douze heures, ne don-
nait pas un temps suffisant, voulut en-
trer dans l'eau dès le commencement
du reflux , et sur-le-champ, il conduisit
ses soldats à l'endroit d'où ils devaient
se porter dans la partie inondée.
Il y fit distribuer un sac à chacun
d'eux, et leur ordonna de le porter sur
t'épaule , afin d'empêcher qu'il ne fût
mouillé ; puis, les ayant remplis de la
plus vive ardeur, par un discours tout
de feu, il se met i leur tète, et s^avance
6^
M LA DiTEMftlt
dans cet ordre. Les Espagnols mar-
chent les premiers; tes Allemands
viennent ensuite , et sont suivis des
Wallons. Il les arrange en files étroi-
tes, afin que les soldats soient plus sûrs
du gué , et puissent plus aisément se
secourir. Tous s'encouragent mutuel-
lement. Enfin, après avoir traversé
cette vaste plaine d'eau, avec la plus
grande constance, ils arrivent heureu-
sement à la digue dTersichen, village
éloigné de deux lieues de Tergoës.
kiondragoné, après avoir laissé la nuit
ï ses troupes pour se reposer, comp-
tait les conduire au secours de la ville
ï la pointe du jour ; mais il ne fut pas
nécessaire d'attaquer les assiégeans. A
la nouvelle du passage des royalistes ,
ils furent tellement épouvantés, qu'ils
aluandonnèrent le siège, et se hâtèrent
de s'embarquer. On les poursuivit; on
attaqua leur arrière-garde, et on la
tailla en pièces.
Siège de Harlem par les Espagnol!, en 1573.
Le siège de Harlem par les Espa-
gnols, en 1573 (dit Slrada], fut mémo-
rable par une infinité d'évènemens. On
y renouvela cette ancienne façon de
faire porter les lettres par des pigeons ;
car un peu avant que les passages
fussent entièrement fermés, les habi-
tans de Harlem avaient porté des co-
lombiers de la ville quelques pigeons
privés dans Tarmée navale du prince
d*Orange , et dans les villages voisins
qui étaient de leur parti : 4e sorte que
quand il en était besoin , on lâchait
quelques-uns de ces pigeons avec des
lettres attachées sous leurs ailes; et,
comme ils se souvenaient de leur co-
Vombier et de leurs petits , ils retour-
naient en même temps dans Harlem.
Le prince d*Orange anima durant les
trois derniers mois,. par k moyen de
ces messagers aériens, le$ babltifts le
cette ville à se défendre et à soutenir
le siège ; mais enfin un de ces pigeons,
lassé de voler, s*étant abattu dans le
camp des Espagnols , fut tiré par an
soldat qui ne savait pas cec artifice , et
ainsi Ton découvrit les lettres et les
secrets qu'il portait ; cela fut cause, de
puis , que les soldats tiraient iodîlli-
remment sur tous les pigeons qu'il!
voyaient voler.
Il y eut aussi une compagnie de
femmes de Harlem, qui se rendit illus-
tre dans cette guerre. Elles disputaient
avec les hommes de l*assiduité au tra*
vail pour la fortification de la ville ;
elles étaient animées par Kenmw,
femme d'un courage mftle , âgée en*
viron de cinquante ans ; et , soos la
conduite de cette guerrière, ayant eu
la hardiesse de faire sur leurs murailles
le devoir et l'exercice de soldats, et de
paraître parmi eux dans les sorties
qu'on faisait sur les Espagnols, elles ne
donnèrent pas moins de courage i la
ville, que d'admiration aux ennemis.
Il n'y eut cependant rien de plus
merveilleux dans ce siège, que la fer-
meté des assiégés ; car, encore que te
secours eût été défait jusqu'à trois fois,
et que leurs murailles , percées de dix
mille trois cent soixante coups de ca-
non, les laissassent à découvert, néan-
moins ils ne voulurent point entendre
les conditions qu'on leur proposa de
rendre leur ville ; et, bien qu'ils lus-
sent réduits à un petit nombre , ils y
suppléèrent de telle sorte, tant de jour
que de nuit , par leur vigilance et par
leur assiduité , qu'on ne pouvait lever
la tète liors des tranchées « quMIs ne
tirassent aussitôt de plusieurs endroits
de la ville. J'ai ou? dire que eeh fiit
cause que les soldats espagnols, ou
pour se moquer des ennemis, ou pour
leur faire user leur poudre, fUsaient
DBS PLkCÈS YOUiEA.
6Sâ
qiieli|MR[>ii voir ù dftni des casques
i|u'ils éievaienl des tranchées sur des
piques, et qu'en même temps ils
étaient percés à coups d'arquebuse.
QaoiquHIs fassent réduits par la fami-
ne, durant tes deux derniers mois , à
manger des souris, leurs souliers et
toutes sortes d'ordures, ils ne perdi-
rent pas encore leur obstination ni leur
iudaee , résolus de se précipiter plutôt
au milieu de leurs ennemis, et de mou-
rir en combattant, que de se laisser
égorger comme des bêtes dans les
lAunûlles de leur tttle. Ils eussent sans
doute exécuté cette résolution, si leurs
enfans et leurs femmes ne les eussent
telenua par leur» pleura, par leurs cris
et par leura embrassement, comme ils
étaient près de sortir,
La prise de Harlem, comme sont
hms las longs siégea, apporta aux £s-
pagnoh plus de gloire que d'avantage;
car l'armée 7 ayant été diminuée de
beaucoup, et retardée même par la
uiutinerie des soldats , Frédéric , qui
en était parti pour aller assiéger Âlk*
maër, fut contraint de lever ce siège
à l'entrée de rbiver.
Biéfe de Llvron («r SainuLary-Bellegarde, en
1574.
Louîs de Saint-Lary-Bellegarde, Tun
des favoris de Henri III , fut envoyé
par ce monarque, en 157^, contre les
Huguenots du Dauphiné. Il était à la
tète d'une bonne armée, et croyait
remporter de grands avantages. Dans
cette persuasion, il attaqua la petite
ville de Livron qui n'était défendue
que par les habitans. Mais il fut re-
poussé dans trois assauts ; et les fem-
mes trouvèrent sa conduite si mépri-
sable, que pour l'insulter, elles vinrent
en foule Gler leurs quenouilles sur la
brèche. Ces bravades piquèrent enfin
le général catholique. Il donna un
nouvel assaut ; les femmes le soutinrent
seules, repoussèrent les assiégeans
avec vigueur, et forcèrent Bellegarde
à lever le siège.
Siéga de Le^ Rtr lee Eipetaolf , tu isra.
Les Espagnols (dit Strada] firent le
siège de Leyde soûs la conduite de
François Yaldès, avec plus de courage
que de bonheur.
Valdès, ayant d'abord pris les de-
hors des ennemis , et bientôt après
quelques forts voisins, et enfin fermé
de tous côtés le chemin des vivres
h une ville si peuplée, peu s'en fallut
qu'il ne la réduisit à la dernière né-
cessité. Il écrivit néanmoins aux as-
siégés une lettre toute remplie de dou-
ceur, par laquelle il leur présentait des
conditions assez favorables s'ils vou-
laient se rendre, bien qu'il leur té-
moignât par la même lettre qu'il savait
leur nécessité; mais ils lui répondirent
avec mépris et avec orgueil qu'ils ne
manqueraient pas de vivres tandis que
le bras gauche leur resterait , et qu'ils
le mangeraient s'il en était besoin, se
réservant le bras droit pour défendre
leur liberté. Valdès, furieux de cette
réponse, fit bâter les approches, as-
siégea la ville plus étroitement , et par
ce moyen H excita un si grand désordre
dans Leyde, où de tous côtés les ha-
bitans mouraient de faim, que la po-
pulace, à qui l'extrémité avait fait per-
dre toute patience, menaça publique-
ment d'ouvrir les portes à l'entiemi, si
les magistrats ne recevaient les condi-
tions auxquelles on leur proposait de
se rendre. Valdès, en ayant eu avis, ré-
solut d'assaillir la ville qui était déjà
ébranlée par ce tumulte, et com--
manda que toute l'armée se tint
mk
DE Lk DBFBNSB
pret9. oans trois jours , pour Fassaut
général.
Tout le terroir de Leyde et les
campagnes voisines sont entrecoupés
de plusieurs ruisseaux qui y font quan-
tité de tours et de détours , le Rhin
même passe au travers de la ville , et
s'y répand en beaucoup d'endroits, et
bien que TYssel et la Meuse en soient
éloignées, celle-ci prenant son cours
vers Rotterdam, et celle-là vers Ter-
gouwe 9 toutefois elles s'en approchent
par les ruisseaux et par les canaux qui
sont tirés de part et d'autre ; mais de
peur que ces rivières et ces canaux ne
se répandent dans les campagnes,
quand ils sont enOés des eaux de la
mer, et qu'ils ne portent sur la terre la
fureur de l'Océan qu'ils ressentent en
eux-mêmes, l'industrie des hommes
leur a opposé des digues, et pour ainsi
dire prescrit des bornes; de sorte qu'a-
près que les Hollandais eurent fait sa-
voir leur dessein à ceux de Leyde,
par le moyen de quelques pigeons , ils
rompirent les digues qu'ils avalent éle-
vées par lo travail et par les dépenses
de plusieurs années, contre les débor-
demens de la mer et des rivières, et G-
rent passer sur les campagnes T Yssel ,
la Meuse, et même l'Océan, comme un
secours inopiné; ainsi ils ensevelirent,
par l'inondation de ces eaux, tant leurs
propres héritages que tous les villages
voisins, afin que par ce ravage, ayant
fait à leurs vaisseaux un chemin sur la
terre, ils noyassent le camp des assié-
geans« et qu'ils portassent aux assiégés,
dont ils étaient éloignés de quarante
milles, ce qui est à peine imaginable,
et des vivres et des soldats.
Cette nouvelle sorte de mer qu'on
vit naître subitement parmi les arbres
et les villages, et cette multitude de
vaisseaux qu'on voyait sortir de ces
f<KèU enflent pu mteie dooMr du
plaisir aux Espagnols, comme s'ih
eussent regardé sur le théâtre de!
Romains, ces naumachies qai succé-
daient aux forêts et aux batailles fai-
tes pour le divertissement, s'ils n'eus-
sent connu en même temps qu*0B
venait les attaquer par un spectade ai
nouveau; que tant d'eaux s'étaient as-
semblées pour amener ce secours
contre eux, et que par a^nséquent on
leur ôtait l'espérance de prendre Ley-
de par les munitions que Ton portait
sur ces vaisseaux. On ne saurait dire
combien il parut sur cet Océan nour
veau de vaisseaux équipés de soldats et
de canons, de tons les ports et de tontes
les tles prochaines , pour le secours de
cette ville, soit par la conspiration de
tous les peuples, soit par une haioe
commune contre la religion catholi-
que, que quelques-uns se glorifièreot
de témoigner ouvertement , en po^
tant à leurs chapeaux de petites lu-
nes, avec ce vers, qui servait d'ioscrip
tion:
Noof aifflODfl mlMx h Twe qpê nom n'aSaioMte Pipt-
Cette armée n'était pas moindre que
de cent cinquante vaisseaux tous ar-
més, en guerre et remplis de toutes
sortes d'armes , et il n'y avait pas
n>oins de douze cents soldats outre les
matelots. Toutefois les Espagnols ne
perdirent pas courage; et lorsqu'ils
étaient contraints par les eaui qoi
croissaient, de quitter quelque fort
dont l'assiette était trop basse, ils
défendaient les autres avec une opi-
niâtreté si courageuse , que pour faire
quelque sorte de digue contre la
violence des eaux et des ennemis,
n'ayant point de boyaux ni de pareils
outils, ils se servaient , pour remuer la
terre , de leurs poignards et de leurs
épées, et la portaient avec leurs cas-
ques et leurs cuirasses.
Mont Hfdift ftm oeu da TovnéiiB
firent aiilrefoit la même diose en pt-
refile nécessité dans les Ptys-Bu, Ion-
qo'ib aasiégeatent le camp de Q. Ctcé-
ron , ayant été contraints de remner
la terre a?ee lenrs épées et de la trans-
porter avec leurs say es. Mais d'autant
qne te danger devenait plus grand par
les eaux qni crmssaieat d'heure en
heure outre mesure, et qui se hans^
saient par la mer qui avait alors un
plus grand flux « à cause de la pleine-
lune et du vent du nord-ouest qui
soufflait , les Espagnols » assiégés plu-
tôt qn'assiégeans , jetèrent la plus
grosse artillerie dans quelques fosses
prochaines, et enfin par une terreur
soudaine de VaUés, qui se repentit
trop tard d'avoir laissé échapper Toc-
caaion de prendre cette ville, ils levè-
rent le siège de Leyde , quatre mois
après l'avoir commencé.
Mais celte faite ne se fit pas sans
bmucoup de pertes, car Tennemi , qui
suivait les Espagnols avec des crocs et
des crampons attachés an bout de per-
ches ou i des cordes qu'il lançait de
loin , les blessait cruellement , ou en
attirait plusieurs prisonniers dans les
Siéga dTAnvert ptr IM Bftpsiaolfk m ifitS.
J'entreprends (dit 9«rada) d'écrire
le siège le plus mémorable, le plus fa-
meux qu'on ait jamais formé devant
une ville : car iamais on n'arrêta les ri-
vières avec de plus grands travaux , ni
jamais l'esprif humain ne conçut des
inventions plus hardies, ni jamais des
troupes, à qni phisieurs sièges avaient
donné de l'expérience et du courage ,
ne combattirent plus vaillamment. On
fit en cette occasion des forts sur des
fleuves rapides; on fit des mines sous
les eaux; on fit passer les rivières
T.
par^lesBns ks digues; on fit d'autres
digues sur les rivières.
Le prince de Parme se présenta de^
vaut Anvers, à la tète d'une puissante
armée, et commença ses opérations
par l'attaque des deux forts de LîAo
et de Liefkensoëch, que les retielles
avaient construits sur les bords d4
l'Escaut. Un stratagème singulier,
qu'imaginèrent les Italiens de l'ai^
mée royale, chargés de fiinc le siège
du dernier, en favorisa beaucoup le
succès. Ils rassemblèrent un grand
nombre de charrettes chargées de foin
vert, et y mirent le feu. La fumée, <pie
le vent portait sur le fort , étouOiuit la
garnison , elle fut contrainte de se re-
tirer un peu i l'écart. Les assaillans en
profitèrent, montèrent sur les rem-
parts, emportèrent la place. Le prince
ne fut pas aussi heureux à Lillo. Mon-
dragoné, ne l'ayant pas attaqué aussi
brusquement qu'il l'aurait pu , y laissa
entrer un renfort considérable, et per-
dit à Cà siège six semaines et deux
mille hommes. On l'abandonna, et
l'on se contenta de masquer le fort du
côté de la terre, et de réprimer les
courses des troupes qui s'y étaient ren-
fermées.
Le prince entreprit ensuite un ou-
vrage de la plus grande difflcalté : c'é-
tait de fermer le passage de l'Escaut.
Au mois de septembre, U fit bâtir deux
forts en face l'un de l'autre, pour as-
surer b navigation. Dès qu'ils furent
achevés, après qu'on les eut biengarate
d'artillerie, on travailla à la constra»)-
tion d'un pont, projet chimérique en
apptfence, et du succès duquel* pour-
tant dépendait cehii du siège d'Anvers.
Pour faciliter te transport des maté-
riaux nécessaires, le général espagno»
fit creuser un canal large et profond,
et dont la tengueur avait plus de deux
lieues* On l'appela te canal de Punie.
40
- t.
w^ «A'jfiniiatf
I». ■
«par honneur pour le gtiBd hoflnke
lavait entrepris. Ce prince^' afin de
«tâvre lei travaiUeiirs, et les animer
:p«r son exemple, a?aît étaUi son quar-
tier au village de Béversen. Le comte
fSerre Ernest de llansfeld, iieutenant-
f énéral de Tarmée, commandait du
côté du Braba»!, et campait à Sta-
hroëch , un peu aoHiessous d'Anvers.
Mondragoné a'était retrandbé presqve
. tu l>ord de io rivière» <» faœ de Lilio,
#u il contanaii las ennemis. On avait
,Mlî de toutes parte des fbrts^ soit pour
«'«ssuroT des digues* et em^iédiier les
libellas d'monder la campagne, en les
rcoupitiit; soit pour fermer toute cem-
muoicalioa aveu les places voisines, et
. arrêter les secours ; soit enfin pour s'up-
peser à la flotta emiemie , et suppléer
à la faiblesse de celle du soi» Le mar-
quis de Eoubais, officier d*ttne réputa-
:tion brillante, et qui la méritait, (bt
» chargé de veiller à la confiection 4u
pont t il mit tant d'activité dans les
soins, qu'il M)éonna« qu'on espéra de
voir bielitAt cet ouvrage important
.'fondait à sa perfeotion.
' . : Cependant les issiégés, eOrayés du
progrès d^ Espagnols, étaient en proie
aux plus vives inquiétudes. Chaque ci-
loyen craignait pour sa fortune. On
n*espératt anoHn secours capable d'ar-
rêter le coup prêt à tonsber sur toutes
les tètes. Tbos les coeurs étaient ébran-
lés ; et l'on déclarait ouvertement qu'on
«e voulait plus soutenir un siège qui
' ' éevait oaûter beaucoup de sang et de
tmvaux. Saint-AMegende , alors bour->
'fuemestre d'An? era, oat seul combat-^
tre cette résolution pidMKiue. Ses dis-
owrs pleins de feu ranimèrent le cou-
rage alMttta de ses concitoyens ; et , par
ses sentimens généreux , il sut les en-
gager i jurer, d'une commune voix ,
qu'ils renooffaient pour toujours à l'o-
béîisanoe de IWlippe. On publia un
éditpnr lequel ttélMI «MMdaifilDvi
peine de mort , dn prêter rortiHoè aa-
euH aeaommodement proposé par ta
royalistes. On se prépara ensnitov stuc
plus d'ardeur que jamais^ à la défanv
la phis opiniêtre;et psNir im prehmgatf,
on ordonM de no dislfibuer |e»vifiqi
qu'aveo mesure. On forma plasiami
oompagiKies de bourgeois. 'Onélat'ée
porter les armes ; et Ton Ai iooiriii
préparatifs néoessatrea pour
la oonstrucUon du pont falali
Outre les vaisattux qu'n» ssnaifc
mes pour empêcher ou reterderliiiln-
vaux , on réaokil d'amployiar -plpiuali
navires singnUers qu'on daviit tmpir
d'artifice, afin de ruiner les^onfrsgn
déjà faits. Les redoutes queie fkime
avait formées sur les bords du fleui^
gênaient Is croisière des frftgain
d'Anvers. On construisit ou fàb
d'une grandeur énorme^ et oafe
vut d'une forte artillerie, afin as la
attaquer. Cette masse immmise ni-
semblait en quelque sorte Aubeinti-
resse flottante. Les assiégea n nonc»-
reot de si grandes espéranceav qÂ
l'appelèrent u^ riN mi la «mui,
titre fsstueux dont la sagease et <^aMi-
vite du prince de Parme flteoBualie
toute la vanité.
Déjà les estaeades qui fomtaieBl'Iei
culées de chaque côté du pcnt, too-
chaient i leur perfeottoo , nsalgré lei
efTerts des rebeUes^ qui M^vuimit ssii
Cesse de sanglasM coosbaie. lis Iriat
partorreet sur l'Bscaut toutes leséis-
lulions «apaUes de trouMer les assit*
geansk Mais, quelque choae qli'oAC»-
treprtt, ils parvinrent enSn à se pr^
curer un asses grand nombre île valh
seaui pour fhrraer le fleuve au mWli
de son cours; et, le 25 février 1M3^ b
pont (ut entièrement achevé.
8oB omplaeeme»t fut choisi enlit»
les viUaifes d'OffdM) et der.alliMt.^Nirte
DKt ftittt MeTÈS.
qac le lit da fleuve j était wnAtti Mrgé
que partout ailleurs, et que son cour^
faisait en cet endroit un conde pluâ
marqué , en sorte que les bflttmens en-
nemis ne pouvaient tombée perpendi-
culairement sur te pont. Pour te com-
mencer, on avait battu, sur chacune des
deux rives opposées de i*£scaut, de
longties Aies de gros pieux , que Ton
prolongea autant que la profondeur du
fleuve pat le permettre. On les assem-
bla transversalement, et dans toute
leur longueur, avec des pièces de bois
très fortes el très solides ; c*est ce qu'on
appela les esiaeades : celle de Calloo
avait deux cents pieds de long, et celle
d'Ordam neuf cents ; l'espace qu'elles
laissaient entre elles était de douze cent
cinquante pieds. On forma sur chacune
d'elles une espèce de place d'armes,
capable de contenir un corps de trou-
pes assez nombreux pour les défendre,
et protéger les bAlimcns qui devaient
continuer le pont. Elles furent bordées
d'un parapet d'où le soldat, àTabri des
coups de rennemi, pouvait l'incom-
moder de son feu. Les deux forts cons-
truits aux deux tètes du pont, c'est-à-
dire i l'extrémité des estacades, du
côté de la terre, en protégeaient les
deux flancs. On les avait garnis, à cet
elTet, d'une artillerie nombreuse; on
établit aussi des batteries dans les pla-
ces d'armes. A ces précautionson ajouta
celle de hérisser des deux cdtés les es-
tacades de grosses poutres terminées
en pointe et ferrées : elles saillaient as-
sez loin en dehors, et de gros pieux ,
enfoncés dans le fleuve, les soute-
naient à fleur d'eau. On se proposait
par là d'éloigner les navires ennemis,
et d*aflaiblir leur attaque. Lorsque tes
estacades furent achevées, on appro-
cha les bâlimens destinés a fermer le
reste du cours de l'Escaut dans la par-
Ue la plus profonde et ta ptùs talrgé. On
eholsit trente^eukMirqaeidëtMkantt
pieds de long sur douze âKt large , ob
les plaça à tîngt<deux pieds de distance
l'une de l'autre ; on les fitsi ehacnne
dans leur emplacement par deux bon«
nés ancres, et elles tarent Uéestoutet
enscnible afecun granduoiidNredefor^
tes chaînes. Chaque barque était gar-
nie de trente soldats et de quatre ma^
rinlers, et défendue par deux èanons
aux deux extrémités. Le nombre total
des canons distribués sur les estacades
el le pont était de quatre-vingt-dix-
sept. On couvrit encore te pont d'une
défense extérieure, aDn de le mettre à
l'abri de toute entreprise. On savait
que rennemi construisait des espèce^r
de brûlots, avec lesquels il se proposait
d'y mettre le feu. On craignait d'ail-
leurs que tes vaisseaux , qu'on avait ar-*
mes dans ta ville assiégée, ne vinssent
l'attaquer au-dessus en même tempft
que les navires des confédéréa tcnte«
raient de l'attaquer au-dessous. Pour
le garantir de ce double danger, on
lit de grands radeaux avec un nom-
bre de mâts solidement attachés en«
semble , qu'on mît à flot dans toute là
largenr du pont, et qui présentaient i
l'ennemi une sorte de rempart ou de
parapet. Cet ouvrage immense, qui
avait environ deux mille quatre cents
pieds de long , demanda sept mois de
fatigue et d'application. Les ingénieur!
qui en eurent la direction s'appelaient
Jean-Baptiste Plato et Properce Bar-
rochio. Ce fut ce dernier qui donna
l'idée des radeaux qni couvraient tt
pont.
La place, cependant, n'oubliait rien
pour détruire l'effet de celte étonnante
entreprise : elle avait à son service
un fameux ingénieur italien , nommé
Giambelfi, natif de Mantoue. Ce fut
lui qui inventa et fit exécuter ces bèti-
mens destructeurs, que dépais on ap^
DB U 9t9fm^
pela manhima ipi^oates. Ils étaient
eonstniâts avec des bois très épais et
solidement assemblés, au milieu des-
quels était pratiqué un foyer de mine,
proportionné à leur grandeur. La mine
était formée par une bonne maçonne-
rie en briques à cbaux et à sable, et il
n'y avait qu'une lumière pour mettre
le feu i la poudre dont on devait la
remplir. Ces funestes \ aisseaux étaient
chargés de blocs de pierres, de boulets
de diOTérens calibres, i^nfin de toutes
sortes de matériaux d'un grand poids,
entassés autant qu'il avait été possible,
aOn que l'effet de la mine fdt d'autant
plus grand que la résistance se trouve-
rait plus forte. Giambelli employa plus
de huit mois à mettre tout en état. Le
grand navire,dontonadéjàparlé, ne fut
pas si promptement achevé. C'était un
vaisseau à deux ponts très élevés. Ce-
lui de dessous était armé de plusieurs
canons gros et petits ; celui de dessus
était une grande place d'armes, où Ton
établit un corps de troupes assez consi-
dérable, qui , du haut de ce poste, de-
vait faire un feu de mousquetèrie très
vif. Ce bAtiment énorme n'avait que
deu;i grands mftts égaux , placés à cha-
cune de ses extrémités , lesquelles
avaient à peu près la même forme.
Afin qu'il pût approcher des redoutes
construites par les royalistes sur les
bords de la rivière, il était lout-à-Eaît
plat , et ne s'enfonçait pas à proportion
de sa pesanteur, parce qu*il était porté
à flot sur un grand radeau de grosses
poutres soutenues par des tonneaux
vides.
Telles étaient les ressources que les
liabitans d'Anvers s'étaient ménagées
pour rouvrir la navigation de TEscaut ;
ils y avaient mis toutes leurs espé-
rances. Les confédérés devaient se-
conder leurs efforts. Un grand nombre
de vaisseaux pjmèB attendaient auprès
de Lillo l'effet des machines inferna-
les , afin d'agir en même temps ; on es-
saya de reprendre le fort de Liefken-
soëch , et Ton en vint à bout.
Le k avril , on vit enfin paraître sur
le lit du fleuve ces deux redoutables
machines nommées l'une, la Fortune,
et l'autre, l'Espérance, suivies de quel-
ques navires plus petits. Ils se lais-
saient tous aller au cours de h marée;
et n'ayant per^^onne à bord, ils vo-
guaient, pour ainsi dire, abandonnés
à eux-mêmes, et entraînés par le re-
flux. Ils flottaient à peine, qu'il s'éleva
au-dessus d'eux un tourbillon de feu ,
qui, après avoir brûlé quelques ins^
tans, parut aussitôt s'apaiser et s'é-
teindre. Les spectateurs en furent
étonnés. Tout-à-coup un des petits bè-
timens vint à éclater, lorsqu'il était
encore éloigné du pont, et ne produi-
sit d'autre effet que de jeter un nuage
de fumée très épais. Tous ceux qui
étaient construits de môme n'opérè-
rent rien de plus. On n*avait plus à
craindre que les deux grands vai;;-
seaux qui approchaient insensible-
ment. Le premier [c'était la Fortune)
s'arrêta sur la rive gauche de la rivière,
creva avec le plus horrible fracas, et
réduisit en poudre la garnison d'une
redoute voisine, et plusieurs soldats qui
s'étaient dispersés dans les environs.
Quelqu'épouvan table qu'en fût l'effet ,
celui de l'Espérance effraya encore plus,
et causa un dommage considérable. Le
vaisseau avait été conduit au point de
réunion d'une des estacades et des
busqués qui formaient le pont. Ce fat
dans ce lieu qu'il éclata. L'air resta
long-temps obscurci. L'affreuse se-
cousse que reçut la terre s'étendit à
plusieurs milles. l'Escaut sortit de son
lit , et ses vagues écumantes franchi-
rent les rivages avec impétuosité. Les
corps des tristes victiqies qui avaieof
DM MàGISfOftTfiS.
pèn dam oM endwàflement , ae eon*
lenraieDt pas méone la Ogure humaine*
La grêle épaiaae de pierres et de toates
sortes d'hiatmineos de mort qoe lança
œl elfroyable volcan , tombant de ton-
lea parts, on grand nombre d'infortu*
^és forent tné» ou blessas, on maltrai-
^ de in manière la pins cmelle. Cinq
lents royalistes périrent ; des milliers
i'aatres burent esiroptés on dangereu-
sement blessés. La mort du marquis de
Roabaia mit le oombte au deuiide cette
fatale journée. Le dommage que le
pof it avait reçu ne fut pas aussi consi*
déraUe qu'on l'avait craint. Mais le
désordre était si grand , que tout était
perdu , sans doute, si , dans ce mo-
ment, les ennemis avaient attaqué cet
ouvrage, lis n'eurent aucune connais-
sance do terrible ettéi de la machine
infernale ; et la bonne contenance des
assiégeans leur en Imposa, jusqu'à leur
faire croire que le pont n'avait rien
souffert.
Les citoyens d'Anvers n'avalent plus
d'espérance qoe dans le grand vaisseau,
qu*its appelaient la fin cfe la guerre. On
le mit en oeuvre. Ce vaste château
s'approcha d'une des redoutes cons-
truites sur le bord de la rivière , du
c6té du Brabant. Ceux qui le mon-
taient commencèrent à faire un feu
terrible ; ils étaient plus de mille qui
soutenaient l'efiet du canon par celui
de la mousqueterie , e. qui descendi-
rent à terre pour attaquer la redoute
de plus près; mais ils échouèrent. Le
fort brava leurs bactéries, et ib livré*
rent à la garnison des assauts inutiles.
Au contraire, leur énorme bâtiment
fot si firacassé par Tartlllerie de la re*
doute, qu'on eut bien de la peine à le
réparer, et A le mettre en état d'être
employé de nouveau. Cette seconde
tentative Ikit aussi malheureuse que la
première, et tous les eCTorts qu'oq fit
depuis, soit pour emporter les ouvr
ges, soit pour rompre je pont, furent
également infructueux. Le plus mé-
morable des combats qui se livrèrent
dans ces occasionSi futcelui de la con«-
tre-digue. Le champ de bataille n*avait
que dix-sept pieds de largeur; les An-
versois voulaient l'emporter, à quelque
prix que ce fût. Animés par les exem-
ples et les exhortations de Saint- Al-
dégonde et du comte d'Hohendoë , ils
repoussèrent plus d'une fois les roya-
listes, et se crurent maîtres de l'objet
de leurs généreux efforts ; mais, acca-
blés par le nombre des ennemis plutôt
que vaincus , ils cédèrent le triomphe
et se retirèrent sous les murs de leur
ville, ayant perdu deux mille cinq cents
hommes et trente navires. Après cette
sanglante victoire, qui lui avait coûté
plus de mille soldats, le prince de Par-
me enleva aux assiégés tous les postes
voisihs qui tenaient pour eux , et les
réduisit à se renfermer dans leur ville.
Le désespoir fut alors à son comble.
Tous les citoyens n^avaient d'autre
perspective devant les yeux , quç les
horreurs de la famine qui se faisaient
déjà cruellement sentir, et Tinévitable*
nécessité de céder au vainqueur. Le
peuple s'attroupa et se souleva ouver*
tement contre les chefs, qui voulaient
toujours se défendre. Il fallut enfln
consentir & entrer en négociation ; on
envoya au prince de Parme des dépu*
tés pour convenir des articles de la
reddition. Saint-Aldégonde , qui était
à leur tète, retarda pendant deux mois«
sous différons prétextes, la conclusion
du traité, croyant, par ces délais adroite .
donner aux secours qu'il attendait It
temps d'arriver. Enfin, le 17 août 1585.
la capitubtion (bt signée. Le vain-
queur fit ensuite son eotiée dans la
place avec tout rq[>par0n d'un triom^
phe. Monté sur un courtier superbe
6S0
ïm%k'
armé de pied en ««p, il imuncbaitua m^
Uea de plusieiirs corps d'infanterie et
de cavalerre qur oavratent et fermaient
cette briUante pompe. Elle ae termina
par rendre grAces an Dieu des batail-
les, qui tient dans ses mains la défaite
etla Tictoire.
Attaque de CbAteta-Reniiid par le duc de
Mayenne, en 1589.
La petite Tille de ChAteau-Renand,
dans la Touraine, n'ayant que de mau-
vaises murailles, sembla au duc de
Mayenne une proie facile à enlever par
les ligueurs; mais son commandant,
Sarronet , gentilhomme breton , hom-
me intrépide, valait seul une armée.
Pour augmenter la sûreté de sa place,
il avait fait creuser à Tentour de pro-
fonds retranchemens. Mayenne avait
cru qu'il suffirait d'une simple somma-
tion pour emporter une telle bicoque.
Une première tentativç ne réussitpoin t.
Curieux de connaître les intentions du
gouverneur, il lui fait demander ce
qu'il espère de ses retranchemens : y
enterrer h duc de Mayenne avec ton ar-^
mfe, s'il ne se retire promptement. Tant
dé résolution étonne le duc, qui se
trouve trop hour^i d'un léger pré-
texte pour abandooiicr une entreprise
dont le succès lui parait incertain avec
un tel homme à combattre.
Aliaq'tQ de Qnillcûtti|f par l'ip^lde XHIki^
en l^H».
Pendant lea troubles de la liguée «
Henri IV grijbNi^ivde forti^ Quille
iHwf » doii^ il xwaît d9 s'empajcer»
Cbagrin de cette pert^ , kl 4w dff
ys^^l^l^cw&eiÇjM miilf^ hom^iea A
rapMfal,4^yiI^iniic la i^epi^ad^e»
Ut (qfttRoiiî^n qfw» 1^. jroj, venait 4(9
faire eommenoer fi^iMeet pas encvivi
en élat de défense ; leur étendue > de
plus d'une lieee, semblait reedre feo-
cnpation de QQillelNBef bim faeile.
Bellef^rde, grand-écofer ée Fvtiiee,
entreprit de le défendue evea qaamil^
cinq aoUeta, dix gentîtskaiettee. et aea
habitant ipù étaient eneare en petit
nombre. Il avait aeelenieiitde le pon-
dre et det nMnilipna, mais pen de vi*
vrea. H reçoit laeeetsi^emeiit dnqoente
soMata, deoae genUkhenMKa, et la
brave Talhot. Villan fait senuBer Bel^
legarde de se rendre te ipiieaièKie jonr
du siège. Geloî-ci rejette te» proposi-
tions avee fierté; le dixnaeptièae , il
soutint oonrageusenMBt on easant Si
résistance donne le tempa à Ferveqnet
de venk au aeeours de Beliegarde avec
doiue cents hommes et qnelqne infao*
terje. Villars, averti de lenr marche,
leva le aiége. Les treepet de aecoort
admirèrent la téménté de BeUegaide «
d'oser tenir dix-sept jours , non pas
dans une ville « mais dana vn village
dont le fosaé» dana let epdroito où l'on
avait continence de fe cieuter, n'avait
que quatre pieds de pfofendeur et de
largeur.
9ié9^ d'Ostsede pat les IcHIMi», ae iitl.
Heor' Uaëatent a p«Uiè ta velelion
du siège Q Oatende, sont iei Utjce de la
XùUvelU, Troie, qu Mmr^bU JUi^diiv
du #%« d'O^fnd0. Ce ^ége est» an e(*
Cet, l!uudej^ pUis 4'U)neaat.4n*iI j ait
jamais eu, l'un de ceex ^ l^n dit 4éh
ployé 4e part et d'anto^ ie.pliAi d tm-r
dace et de génie, et il est awm^ une dee
preevealeapbianensîUet^n'naie gar->
njson, «iui pent ètoeraMcbîn etinn»
taiUâe à velentéi^ est ooraae ii
gn^low Uy eut m $i6m <i'Osten^
vEAnMÊÊ mmim*
Bit*»
gésM i0fen4i9eat qsie ^fkf»A ta t^rpa
leur aii«iM|oii pour «e retraaelMr* et
eueore ee fitt par ordre fonnol des
ÉhiMiéiiéraux j auqueb le da«ée.de
ce Mége avaH donné le nM^en de ee
dédomnaifser^ en enlevanl au Eep»^
gQote d'anlf ea tiUeâ^ non mains impor-*
tantes alors ponr en qo^Oelende^ M«*
les que rÉetosoy Grave» Ysendik. Lea
assiégeanSi connnandéf par le marqids
de Spîffola» empleyàrent à ce siège
troia aaset aeixanlo«dît^luilt Jours, et
y paidiieDft plna de soiiaola et dix
nuUe bonunes. La vHle n'élait plus
qu'on taa de déûooilNPea loraqpi'âHe fut
leadue, et les habitans ae reUrèrenl
presque tona à l'Écloae et Meua drcon*
veififti«
a&<m fie SloottolkM vm le cooNle^ ds
Le connétable de Luynes, suivi du
roi Louis XIII, des maréchaux de Les-
dignièrcs, de Saint-CTérao^ de Prasliu,
de Thémiiics et de Chaulnes , des ducs
de Mayenne, de. Guise, de Vendôme,
de Montmorency et de Chevreuse^ du
prince de Joinville , de Bassompierre ,
de Schomberg, en un mot, de tous les
grands seigneurs du royaume, se pré-
senta devant la ville de Montçiub^in, le
17 d*août 1621, et en fornia Iç siège.
Cette place des huguenots tut aussi vi-
goureusement défendue par La Forçe^
Upére, qu'elle fut mal ^taquée par le
favori du monarque français : aussi
fut-il obligé de se retirer, le 2 de no-
vembre, après avoir fait, pour l'empor-
ter, d'inutiles efforts.
Siège df U RochçU» pir (.QiiU XUL «a ia87.
L«4asr#Bal de Kkfeeliea matait si-*
gnalar son miniatitre par la Mo^oètn
d€^ lêi Jlj9flNlev 41^ fit fidowtrin
$ii<^er nalpé ravia dai emenria de sa;.,
grandeur et de sa pnîssani^ ;. et, dans
lecours de 1627^ une ardiée de vingt*
trois mille hommes, ayant Louis XIII .
à levr .téle« vint se présenter devant ce
dernier asile dea protestans» Le cardia.
Dal conduisait toutes les opérations ^
sons le nom du roi ; il était aeeandé par
le due d*Angoaléme et les maréchaui'
de Scbomberg et de Bassompierre.
C'est ce même Bassompierre ^ui avait
dU au conseil : Fom vtrru gm noua
S9rimt anêez fom fOut pnndrê La Bc"
eheliê. La ville était vaste » bien forti***-
Gée^ bien située, pourvue d'une nom^
breuae artHlerie, remplie denroaitiona>
de toute espèce, et défendue par de«r
habitans ^ne le sale de la religion avait
rendus presque învinciMes. Ils élurent*
pour nudre, gouverneur et général de
lenr viUe, Jenn Guiloo, homme d'une
valenr déterminée. A peine eut-il été*
revêtu de l'autorité attachée à se ptace,
qn'H aiBembla tes habitans ; et prenant
un poignard i a le serai maire, leur
a dit^H, puisque voua le voolex absolu--
9 ment; maisc'estj» condition qu'il me'
» sera permis d'enfoncer ce poignard
» dana lo aeln da premier qui parlera
» de se rendre. Je eenaens qu'on en
» nae de méiÉe envem fenéi , dès que je
» proposerai- dn capituler; et )e de*
1» monde que ee ))oignani demennr
» tout exprès sur la table de lo chambm
» où nous Bona aasembtemaia >daBs la*
» maisoii deviUe* a^
AiehèKen eependanltavaiUaltè bkH
quer la place. Par son ordre, on forma'
une ciroonvaUatmi qnt occupait l^es»*
pnœ de trois lienes^ on la protégeai
treiae loris , ihnquéS' da redonles , cl
garnis d'artillerie. Mais Je grand p^nfc
était deiamBer le port , nOn dTafiMar
leSrseconm qni pourraient fenir d'Ao«
gleterre. On essaya 4'enfenes». dea
.f4ur en «nbanMMr IfiantiÉai
•M
M UL Btrans
on tendit une btune d'une force et
d'ane longueur extraordinaires : tons
ces moyens ftarent inutiles. Enfln le
cardinal résolut de faire une digue.
Dès qu'il en eut proposé le plan , tout
le monde se réoia contre un projet
si ebsurde ; il n'y eut que Louis Mété«
zeau et lean Tiriot, tous deux archi-
tectes fiançais qui osèrent se char-
ger de Texécuter; et on les regarda
comme des tisionnaires. It fallait fer-
mer un canal qui avait sept cent qua^
rante toises de largeur, dans lequel
la mer se précipitait avec violence ;
et, quand le vent était impétueux,
elle y roulait des vagues si furieuses ,
qu'il semblait ridicule de vouloir leur
opposer aucun ouvrage humain. On
enfonça dans la mer, depuis la pointe
de Coreille jusqu'au Fort-Louis, de
longues poutres, de douze pieds en
douze pieds; d'autres poutres, aussi
fortes , les liaient en travers. On jeta
dans les intervalles de grosses pierres
sèches , auxquelles le limon et la vase
servaient de ciment. Cette digue fut
tellement élevée, que, dana les plus
hautes marées , les soldats y étaient à
sec. Son épaisseur était à l'épreuve du
canon ; elle avait par le bas environ
douze toises de largeur, et quatre seu-
lement par le liaut, de sorte qu'elle
était en glacis. On éleva à chaque bout
un fort; l'on eut 5oia de laisser une
ouverture au milieu pour donner pas-
sage aux marées ; mais, pour empAcher
les vaisseaux ennemis de pénétrer par
cette ouverture , on eu rendit l'entrée
impraticable, en faisant couler à fond
quarante vaisseaux remplis de pierres
maçonnées, et en enfonçant quantité
de gros pieux dahsia mer. Ce grand et
merveilleux ouvrage, qui demanda près
de six mois de fatigues, était défendu
far plnaienra batteries de canon, dres»
téeadani letiiraferaie,efep4rdMx
cents vaisseaux de toute grandeur,
bien armés, qui bordaient le rivage
On connut bientdt tout l'avantage de
cette digue. La Rochelle, qui jusqu'à^
lors avait Uré ses provisions par mer,
les consomma en peu de temps, et le§
Anglais, qui deux fois s'approchèrent
pour délivrer on ravitailler la place ,
furent obligés de renoncer i leurs ten-
tatives. EnBa, apits un an de blocus,
les réformés, réduits, depuis phnieurs
semaines, à ne se nourrir que d*berbes
et de coquillages, se voyaient moiason-
ner chaque jour par b famine. Déjà
ce triste fléau avait tué plus de dooxe
mille personnes ; des maisons entières
étaient remplies de cadavres. Un jour
le maire vit une personne extéuuée pir
la faim : « Elle n'a plus qu'un souffle
» «to rie, lui dit quelqu'un. — En êtes-
1» vous surpris? répondit-il ; il faodn
9 bien que nous en venions lA, vous et
» moi, si nous ne sommes plus secoo-
»ras.... — Mais, ajoute un autre, li
» faim emporte tous les jours tant de
D monde, que bientôt nous n'aurons
» plus d'hobitans. — Eh bien , reprit-
» il, il suffit qu'il en reste un pourfer-
» mer les portes. »
Tel était l'opiniAtre courage du chef
des habitans de La Rochelle ; et ses
soldats, & peine en état de soutenir
leurs mousquets, songeaient A mourir
plutôt que de se rendre. Il ne leur res-
tait plus qu'un souffle de vie, lorsque,
le 28 octobre 1628, ils demandèrent à
capituler. Les articles portaient que le
roi pardonnait aux Rochellois, les ré-
tablissait dans leurs biens, et leur ac-
cordait l'exercice libre de leur religion;
que les capitaines et gentilshommes
sortiraient de la ville Tépée au côté, et
les soldats un bAton blanc à la main ,
après qu'ils auraient juré de ne Jamais
porter les armes contre le service du
roi. Les troupes prirent, le SO, poaies-
DBS WUkiUS rOKTES.
sion de la Titte , et le monarque y fit
son entrée le 1*' de noTembre. Les
fortifications forent démolies, les fos-
ses oomMés, les habitans désarmés et
rendus taillables, l'échevinage et la
eommonauté de ville abolis. Il y avait
pies de deux eents ans que La Rochelle
ne reconnaissait presque de souvarains
que ses magistrats. La conquête en
coûta garante millions, mais peu
i'hommes, à Louis XllI.
Siège de 8ainl-4eeiiHie-Ldne en 1635.
La petite ville de Saint- Jean-de-
L6ne, en Bourgogne, fut assiégée en
1685 par les armées combinées de
TEmpereur, du roi d*Espogne et du duc
Charles de Lorraine, formant ensemble
quatre-vingt mille hommes; mais la
défense fut si vigoureuse , qu'elles fu-
rent contraintes de lever le siège. Le
roi Louis XUI , pour récompenser le
courage et la fidélité des habitans, leur
accorda plusieurs privilèges.
Siège de Bôle par Heorl II , prince de Condé,
en 1636.
Uenri II , prince de Condé , attaque
DMe en 1636; il annonce aux assiégés,
par une patente, qu'il les prend sous la
protection de Louis XllI, s'ils se sou-
mettent sous trois jours, il somme en-
suite la garnison de se rendre. « Rien ne
ù nous presse, reprend le gouverneur
» Lavergne ; après un an de siège nous
* » délibérerons sur le parti à prendre. »
Condé, qui voit qu'il a affaire i des gens
de cerar, multiplie les attaques ; il ha-
sarde les sommations après les plus lé-
gers avantages. Sa conduite devient si
ridicule qu'on le somme enfin lui-même
de lever le siège. Un tiompette vient
lui déclarer qoe, s'il vent se retirer, les
bahitms do Pèle W aocordermit ai^
jours francs, afin qu'A puisse s'en aller
en sûreté avec son armée ; « Que si
» votre altesse rejette cette offre, ede
» pourra bien s'en trouver mal. — Et
» moi, répondit le prince en colère^ îe
» ne recevrai point ceux de IMMe A
» composition, à moins qu'ils ne me la
» viennent demander^a corde au cou. »
Les assiégés pou^^setit l'iosulle encore
plus loin ; ils mem cent d'arrêter Condé
devant leurs murs aussi long-temps
qu'il a demeuré dans le ventre de sa
mère ; et puis de l'obliger ensuite d'en
lever le siège. Condé redouble d'efforts
pour ne pas prendre un parti si hon-
teux; cependant, après avoir épuisé
toutes ses ressources, il y est obligé.
Siège de Lèridi par le prince de Coadè,
en 1647.
Le 8 mai 164-7, le prince de Condé
quitta Barcelonne , et en six jours ar-
riva devant Lérida, dans le dessein
d'en former le siège. Cette ville fa-
meuse est située sur la Sègre. Un mur
épais, divers bastions, quelques ouvra-
gesà cornes, un fossé large et profond,
un beauchMeau qui lui sert de citadelle,
la rendentmoins redoutable que sa posi-
tion sur un roc si vif et si dur qu'il est
presque impossible de le percer. Phi-
lippe IV en avait confié la défense a
Dom Georgiô Britt, Portugais, l'un des
hommes de TEorope qui avait le plus
de valeur, d'expérience, de réputation ,
de générosité, de politesse. Sa garni-
son était composée de quatre mille
hommes d'élite» et la place munie
d'une artillerie nombreuse, et d'une si
grande quantité de vivres et de muni-
tions de guerre, qu'il eût été diflBcile de.
les épuiser en six mois de tranchée oa-
verte. L'armée française ne montait
qu'à aeiie mille hommes, mal payés, et
par ooméqoent mynvais soMifla. Le
DB lia «ÈÊumm
rttffréohal d« Grammont iaooomuiBdait
I0U8 les ordres du f)rince; le comte de
Marsin et le dac de Ch&Uilon remplis*
salent les fonctions de lieatenans*gé-
néraai; le marquis de la Houssaie,
M. Bérnanld, le comte de Broglie^ le
ehevalter de la Valière, le marquis de
la Trousse et le comte de Tavanes, cel«
les de maréchaux de camp. Condé
s'établit dans les lignes du comte d'Har-
ooart, qui, quelques mois auparavant «
avait inutilement bloqué Lérida. La
paresse des Espagnols les avait laissé
subsister. Le prince les assura par de
nonveaui forts, et forma toutes ses
dispositions* DH les premières atta*-
ques, le chevalier de la Valière, qui s'é*
tait flatté d'un prompt succès, fut tué,
et sa mort resta sans vengeance, parce
qu'on attendait de jour en jour la
grosse artillerie qui n'arrivait point.
Ce délai faisait languir le bouillant gé-
néral dans une inaction pénible» Pour
surcroît de disgrâce, la Sègre^ grossie
par ia fonte des neiges des Pyrénées,
déborda avec tant de violence qu'elle
entraîna les ponts de communication.
A l'instant, Britt, qui suivait d'un œil
judicieux toutes len démarches , toutes
les situations de l'ennemi, qui épiait
toutes les occasions favorables^ sort de
la place avec la plus grande partie de
sa garnison ; et, profltant de l'absence
du prince et du maréchal occupés à
prendre quelques chAteaax, il fond sur
le quartier de Marsin, abandonné à ses
propres forces^ et qui avaii envoyé la
cavalerie fourrager à plusieurs lieues
ëii camp. Bans cette circonstance fa-
neale, Marsîo s'arme de tout soa cou-
rage, ilse présente d'an atrintrépîde à la
garnison de Lérida, et souUentpendaot
près de deux heures lonsles efforts des
Espagnols. Animéa par Texemple de
tear chef, les Frafl^aisfontiesprodiges:
ils repottiseal )m§mwrm^Êi^ 'iê atta-
quent, ib renverseul.qaatre cents die
vaux embusqués dans les masures d'un
faubourg. L'ennemi déconoerté cher-^
che son salut dans la fuite. Les vainm
se |e tient dans la rivière et regagnent i
la nage les remparts de leur .vîUe. Ce-»
pendant Condé revient au oanap,iéia»
but les ponts et dispose deux attaques.
L'une, qu'il conduit lui-même, em*
brasse une vieille église» chnagée es
forteresse, et située A deux eeotspai
de la ville. L'autre, dirigée par Gram-
mont, est dressée vers, une chapelle
également fortiGée. Le 27 de mai , le
régiment de Champagne, précédé des
vingt-quatre violons du pfince, ouvre
la tranchée en plein jour, axec toutes
les démonstrations de la joie et de l'es-
pérance. Tout répond d*abord aox
vœux des assiégeans. Les progrés soot
rapides, l'officier, le sold&t même, 801*
mes par le succès , se livrent avec ar^
deur aux travaux de la guerre, que
leur général partage avec eux; mais
bientôt tout change. Le décourage-
ment succède tout à coup à cette aUé-
gresse ; les obstacles qui se rencontrent
a chaque pas dissipent l'illusion. En
vain le prince prie et menace, en vain
U punit et récompense : le guerrier im-
mobile se refuse à d*ioutiIes fatigues.
Britt, qui avait vu tranquillement les
premières approches des Français,
s'aperçoit qu*U est tenais d'agir. Il re-
double le feu de son artillerie et de sa
muusqueterie. Il prépare chaque jour
des sorties terribles et meurtrières.
Plusieurs fois il nettoie la tranchée, il
détruit les travaux, il renverse les bat-
teries. Dans l'une de aca actions, qui
fut la phbs saaghinte du «iége , ii se
précipita sar la tranchée de Conië,
suivi de plusde laaKNtié de saganiisaii;
en moîosdeqaelfues minutes^ àlmaifta*
cra tons lesnûieuKa^ bfâla ka Csseinff
endfiM la cm^ , blaïaa à la tètae.
roRns.
m
prit 11. Dtraauld. D^a te régiment
suisse de Bromme, eàrayé d'un si
grand désastre , avait abandonné tous
les postes, lorsque Condé accourt, lui,
quatrième. D*abord il force les Suisses,
i grands coups d'épée, de retourner à
la Iraocbée : il dégage Damauld, re-
gagne à découvert, et sons le feu prodi-
gieux de la place, tocs les postes aban^
donnés. Enfin il oblige le gouverneur
à chercher un asile dans Lérida. Cette
victoire est d'autant plus remarquable
iin'eUe fut remportée par ces mêmes
Suisses qui, peu de momens aupara-
vant, avaient paru si épouvantés.
Le prince, après cetexploitgloricux,
iB hâta de rétablir les ouvrages. Cinq
jonrs entiers furent employés à ce
travail; et Ton se porta aux attaques
«vec une nouvelle ardeur. Britt , éton-
né de tant de constance , résolut de
tout hasarder pour arrêter les progrès
qni pouvaient bientôt lui devenir fu-
nestes. Le 11 de ce mois, entre midi et
une heure, c'est-à-dire dans Tinstant
même que Condé quittait la tranchée
pour aller dtner chez le comte de Mar-
sin, au-delà de la Sègre, la garnison
presque entière sort de Lérida, et
tombe sqr le régiment de Montpouil-
Ion i la tète duquel le marquis'de la
youssaie gardait les travaux. Le suc-
cès des assiégés fut rapide. Une partie
dp régiment est taillée en pièces, l'autre
échappe par une prompte retraite. I^
Monssaie défend presque seul la baite-
rie« n*ayant d'autre espoir que de périr
répée à la main. Au bruit effroyable
l|ai se fait entendre , le prince , prêt à
pener la rivière , s'arrête, prèle l'o-
reille, distingue des clameurs, en de-
vine la cause, donne ses ordres et
court à bride abattue vers la tranchée
dont Tennemi était le maître. Le pre-
mier objet qui frappe ses regards, ce
sont ces mtaies Suisses qui, dans une
autre occasion, avaient pris la fuite, el
qui, dans celle«ci, réparaient leur Iion^
neur par des faits d'armes héroïques.
A la vue du prince, ils remplissent
Tair de cris d'allégresse. Leur ardeur
guerrière se ranime* et, dans la joie
d'avoir Condé pour témoin de leurs ex-
ploits , ils témoignent tant d'audace et
de fierté que ce grand général n*eul
besoin que de leur secours pour triom-
pher des Espagnols et regagner les
postes perdus. Cependant TinCatigable
Britt, dangereusement blessé , se fai*
sait traîner en tbaise sur les remparts
et à la brèche, encourageant le soldat,
plus encore par ses actions que par ses
paroles, augmentant sans cesse le feu
de son artillerie, paraissant enfin dé-
terminé à s'ensevelir sous ies débris de
sa place. 11 avait rassemblé une si pro-
digieuse quantité de feux d'artifice et
de grenades , qu'il vint à bout deux
fois de brûler la galerie des assiégeansb
Elle ne fut rétablie qu'avec beaucoup
de peine. Une si opiniâtre résistance
avait tellement découragé rinfanlorie
française qu'elle s'enfuyait dès qu'elle
entendait le funeste cri d*alerte à la
tnuraiUel qm partait de la place, et
qui était toujours suivi d'un sanglant
combat
Toutefois , malgré la défense héroï-
que du gouverneur, il est constant que
Lérida eût succombé , si le prince eût
reçu de la France le nombre de trou-
pes et la quantité de munitions qui lui
avaient été promises ou même si la
désertion, causée par l'excès des cha-
leurs et des fatigues^ n'eût ruiné Tar*
mée. Déjà- il était venu à bout de
faire brèche à la muraille de la ville et
à ceUe du château. Tout à coup il ap-
prend que l'armée espagnole» une fois
plus nombreuse que la sienne, s'ap-
proche pour le combattre. Il n*y avaît'^
, pas à 4éUbérer ; il (allait, ou emporter
Wi LA DÉmSB
la pbioe d'iisaul, on se résoadre à le-
verlesiége, cruelle aUeroative! Condé,
que l'Europe s*était accoutamée à re-
garder comme ioYindble , doîMl céder
à un ennemi qu*ila tant de fois vaincu?
Haaardera-t-H un assaut avec des trou«-
pes consternées? et s*exposera-t-il à la
raéroe destinée que d*Harconrt , pour
être ensuite le triste témoin de la perte
de la Catalogne? Cette dernière ré-
flexion décide le magnanime général.
L'amour de la patrie remporte sur celui
de la gloire. II assemble ses capitaines,
et leur expose son projet. Cette résolu-
tion était désirée depuis long-temps,
elle fut applaudie; et Ton se disposa à
la retraite avec tous les transports de
la joie la plus vive. On la fit heureuse-
ment, le 17 de juin ; et Britt , qui était
sorti de Lérida avec toute sa garnison,
n'osa attaquer Tarrière-garde. Ce capi-
taine , durant tout le cours du siège ,
a'était distingué par des procédés gé-
néreux. Il ne laissa passer aucun jour
sans envoyer des rafratcliissemens au
prince ; et, quand ce héros eut aban-
donné son entreprise, il lui écrivit qu'il
ae serait fait une véritable joie de lui
apporter les clefs de Lérida, si son de-
voir ne l'eût forcé de ne les remettre
qn'entre les mains du roi qui lui en
avait confié la garde.
siège de Candie pcir les Turci , en 100?.
Les Turcs, moins formidables, il est
vrai, que sous Mahomet, Sélim et So-
liman, mais dangereux encore, assié-
gèrent régulièrement Candie en 1667.
Quelques galères de Malte' et du Pape
furent les seuls secours fournis aux
Vénitiens contre une inondation de
soixante mille Turcs , dans une De ré-
putée le boulevart de la chrétienté.
Hais elle avait un digne rempart dans
\t courage et la valeur du noble Mori-
«iiH, généralissime des Yénitiens. Il y
soutint cinquante assauts, plus de qua-
rante combats souterrains , et éventa
phis de cinq cents fois les mines des
assiégeans. En vain le grand-vistr Kia-
perli tenta de corrompre ce grand
homme, en lui proposant de le faire
prince de Valachie et de Moldavie ; il
fut insensible a ces offres. Louis XIT
donna inutilement aux autres princes
l'exemple de secourir Candie. Ses ga-
lères et ses vaisseaux, nouvellement
construits dans le port de Toulon , y
portèrent sept mille hommes^ com-
mandés par le duc de Navaillc, secours
trop faible dans un si grand danger,
parce que la générosité française ne
fut imitée de personne! La Feuilladc,
simple gentilhomme français, (itune
action qui n'avait eu d'eicmplc que
dans les temps de la chevalerie ; il con-
duisit, à ses dépens, près de trois cents
gentilshommes à Candie, quoiqu*il ne
fut pas riche. Si quelque autre nation
avait fait pour les Yénitiens à peu près
autant que la France, Candie aurait pu
être délivrée ; mais ces faibles secours
ne servirent qu'à retarder sa prise. Le
duc de Navaille , voulant signaler son
entrée dans la ville par quelque action
d*éclat, fait résoudre une sortie qu*il
exécute avec ses troupes. Les commen-
cemens de cette entreprise sont très
brillans. On détruit les travaux des as-
siégeans, on encloueleurs canons. on
force leurs lignes; les Turcs, surpris,
vont se noyer dans la mer, ou se réfu^
gier dans des montagnes peu éloi-
gnées. Les Français se regardent déjà
comme les libérateurs de la ville. Mal-
heureusement leur ardeur excessi?e
leur ôta la victoire. Un soldat, étant
entré, avec sa mèche allumée, dans un
magasin à poudre souterrain, pratiqué
au*dessous des batteries, y met le feu
par mégarde. Les munitions, embrâ
DRS PLACSS FOUTES.
*
Bées par ce funeste accident, font sau-
ter le bastion avec toutes les troupes
qui sont dessus. Limngination ardente
des Français leur fait croire aussitôt
que tout est miné sons leurs pieds; ils
prennent répouvante et fuient dans un
désordre extrême. Ce découragement
est remarqué des Turcs qui fondent
aussitôt sur les Chrétiens et en font un
horrible carnage. Désespérant de sau-
ver Candie, le duc de Navaille se rem-
barqua avec huit mille Français en-
voyés par Louis XIV en diOTcrens
temps. Abandonné de ses alliés , Mo-
risini capitula en 1669. Le grand-visir,
plein d*estime pour son courage, lui
accorda tout ce qu'il voulut. Le 16 sep-
tembre, les Turcs prirent possession
d'une conquiète qui leur coûta plus de
cent mille hommes. Tous les habitans
en sortirent, et la garnison enleva
Tartillerie. Les Turcs, dans ce siège,
se montrèrent supérieurs aux Chré-
tiens, même dans l'art militaire. Les
plus gros canons qu'on eût vus en Eu-
rope furent fondus dans leur camp ; ils
firent, pour la première fois, des
lignes parallèles dans leurs tranchées,
usage que nous avons pris d'eux,
mais qu'ite tenaient d'un ingénieur ita*
lien.
637
Siège de Gra?e |»ar les HoIlindaU, en 1664.
La ville de Grave (dit M. de Quincj],
que le général Rabenhaut assiégeait
depuis la fin du mois de juillet avec des
troupes des États-Généraux et de l'é-
lecteur de Brandebourg, était défen-
due par M. de ChamilU, lienteoant-gé-
néral, officier d'une grande réputation.
Le prince de Condé, qui connaissait sa
valeur, et que cette place était fournie
abondamment de tout ce qui était né-
cessaire pour soutenir uu long siège ,
ne s'inquiéta pas beaucoup Iprsqu'il
apprit que les ennemis avaient entre*
pris d*en faire le sîége, et ne sortit
point de ses postes d'auprès de Charie-
roy. Le général Rabenhaut lit ses ap-
proches avec assez de facilité ; mais , à
mesure qu'il les poussait plus avant, il
trouva une garnison s! opiniâtre, que
par les fréquentes sorties qu'elle fai-
sait, on aurait eu de la peine à dire si
c'était lui qui attaquait ou qui était at-
taqué, puisque ce général ne prenait
pas un pouce de terrain, que les assié-
gés ne le reprissent aussitôt l'épée à la
main. Depuis long-temps on n'avait vu
une si belle et si longue défense, et la
fortune secondant la valeur de M. de
Chamilli , il ne se passa presque point
d'occasion où il ne remportât l'avanta-
ge. Cela fit connaître au général Raben-
haut qu'il s'était trompé, lorsqu'il s'était
flatté de réduire cette place avec le peu
de monde qu'on lui avait donné; et,
comme il voyait que ses troupes di-
minuaient tous les jours, il fut obligé
de prendre le parti de se forlifrer dans
son camp, pour se mettre à couvert
des fréquentes entreprises de M. de
Chamilli , qui ne se contentait pas de
l'attaquer dons ses tranchées, mais jus-
qu'au milieu de ses tronpes. Il prit cette
résolution d'autant plus tôt, qu'il sa-
vait bien que le prince d'Orange atten-
dait tous les jours les troupes de l'é-
lecteur de Brandebourg, qui, ayant
manqué au traité fait par le roi, s'était
lié avec ses ennemis, et que lorsqu'el-
les seraient arrivées, aussi bien que les
troupes de Brunswick , il était impos-
sible que le roi ne fût obligé û'alTaiblir
l'armée du prince de Condé {Kmr ren-
forcer celle de M. de Turenne qui était
très faible sur le Rhin, et que, par ce
moyen, le prince d'Orange serait en
état de lui envoyer un renfort de trou-
pes pour achever cette entreprise. Ce-
pendant M. de Chamilli , profitant do
638 M LA DirusK
repps qa'oo lui lussait, fit travailler à
fortifier les endroits de la place qui en
avaient besoin, en quoi il fut bien se-
condé par sa garnison. Il se passa pen-
dant ce temps-là plusieurs actions par-
ticulières. M, de Chamilii manquant
d'argent, et les otages hollandais, pour
les contributions, étant renfermés dans
Qrave, ili rentraient au pouvoir des
États-Généraux après la prise de cette
place, et c'est ce qui avait déterminé
les alliés à s'attacher plutôt à cette con-
quête qu'à toute autre, et parce que la
plupart des munitions de guerre, qu'on
avait retirées des places hollandaises
que la France avait abandonnées, y
avaient été réunies. Le comte d'Estra-
des , qui commandait dans Mastricbt ,
détachaM.deMelin, colonel, qui trouva
moyen d'entrer dans Grave, d*y porter
de l'argent, d'en retirer les étages , de
passer à travers les ennemis, et de les
conduire à Mastricht. Tout cela fit que,
lorsque le prince d'Orange y arriva,
; avec l'armée hollandaise» api es la levée
du siège d'Oudei^arde, le siège n'était
pas plus avancé que le jour que le gé-
néral Rabenbaut y avait ouvert la tran-
chée. Le 2^ octobre» le prince d'Orange
fut joint par le prince Charles de Lor-
raine, par le Rheingraveet par le prin-
ce de Waldek. Ce prince se préparait
i pousser vigoureusepneiit le siège, et
M. de Chamilii à défendre la place avec
. la même opiniâtreté et la même valeur
<pi'il avait déployées pendant quatre-
vingt-treize jours, toute ruinée qu'elle
était par les bombes, lorsqu'il reçut des
ordres du roi de se rendre, pour con-
serrer la vie A tant de braves gens qui
y étaient, et qui auraient péri inutile-
ment, si on leur eût permis d'en con-
. tînuer la défense*
Siéfe de PbUlpiboart pv ie priocedeladi,
en 1076.
En 1676, le prince Frédéric de Bade-
Dourlach, général de !^armée des Cer-
cles, fut chargé du siège de Philips-
bourg. M. Du Fay, gouverneur de li
place, prit de son cAtè toutes les me-
sures jiossibles pour une longue dé-
fense; il fit de si continuelles sorties
sur leurs approches, qu'ils ne furent
en état d'ouvrir la tranchée que la nuit
du 2& au 25 de juin. Dès .e lendemaîo
matin , les travailleurs furent mis en
fuite, et les travaux en partie comblés
par les assiégés. Tant que le siège dura,
les impériaux ne prirent pas un pouce
de terrain, qui ne leur fût disputé
avec la dernière opiniâtreté, et dont
on ne les chassAt le moment d'après.
Les troupes qui attaquaient la place
grossissant tous les jours par celles que
les États de l'empire et les conOSdérés
y envoyaient continuellement, et les
batteries nouvelles qu*îls avaient f».ita
ayant commencé à tirer le 9 de juillet,
à l'attaque du prince Hcrman de Bade,
et le 17, à celle du comte de West-
millier, elles firent un grand effet. Ce-
lui-ci attaqua un petit ouvrage déta-
ché, qu'il emporta; mais dès le lende-
main, il fut repris par les assiégés. Le
comte de Westmiiller l'ayant fait atta-
quer, une seconde fois, le même jour,
il l'emporta encore ; mais le déborde-
ment du Rhin étant survenu, le con-
traignit de Tabandonner presque aos-
sitAt. Tant d'attaques , de sorties et de
combats ne pouvaient se passer sans la
perte de beaucoup de monde , de la
part des assiégeans; ils y perdirent,
entre autres , le prince Pio , Fun de
leurs généraux , qui fût tué dans la
tranchée le 29 juillet. Le même jour,
ita commencèrent à tirer quinze mor*
Dit MAGBf FORTES.
689
k qui foudroyèrent la place pendant
site da siège.
MBme OB était dans les plus gran*
chaleurs de Tété, l'eau fut bientôt
rée , et les assiégeons travaillèrent
I beaucoup de diligence i réparer
léSQffdre que le débordement avait
ié dans les tranchées. Ils avancè-
fc tellement leurs travaux, que M. Du
.11 savoir à U. de Luxembourg que
B*étaU secouru « il n'y avait pas
Ken. de conserver la place; mais,
une il n'en recevait point de ré-
M, il vit bien que sa conservation
éit plutôt sur lui que sur le secours
kwde Luxembourg. H continua ses
lia, dans lesquelles il éprouvait
4t la bonne et tantôt la mauvaise
ine, mais qui retardaient toujours
tiwraux des Allemands. Un jour,
•fe hit un détachement plus Tort
l'ferdinaire, il poussa ceux qui
ieat la tète de la tranchée , et fit
f Cent ce qui était devant lui ; mais
ilKHipes, étant sur\'enues au se-
Bides assiégeans, l'obligèrent de se
rer, après avoir perdu cinquante
unes, ce qui lui fit prendre le parti
gp^pUis faire que de petites sorties,
ir conserver son monde,
lependunt le Rhin déborda encore
KfMB , et incommoda beaucoup les
légeins; nuiis les eaux s'étant écou-
f coBune la première fois , ils réta-
ipt les travaux qui avaient été un
iftndommagés , et se virent en état
iifner le chemin couvert, ce qu'ils
Wiile 9 août. Ils entreprirent cette
Hto avec de gros détachemens qui
■chèrent en même temps sur tout
bwt de Touvrage écornes. Après
ervésîstanoe des plus vives et des
li opiniâtres de la part des assiégés,
M emporté du côté de l'attaque du
iiqnis de Bade; les Allemands y fi-
ât une perte si considérable, que les
caporaux des régiroens de Souches, de
Staremberg, de Pio et de Grana , qui
donnèrent de ee côté-là, se trouvèrent
commandans. Les impériaux y eurent
quinze cents hommes de tués. M. Du
Fay fit le lendemain , pour le repren-
dre, une tentative qui ne lui réussit
pas, et les ennemis s*y logèrent entiè-
rement.
M. le maréchal de Luxembourg,
ayant reçu du roi l'ordre de marcher
au secours de la pla<*c, fit, pour y par-
venir, tous les efforts qu'on pouvait se
promettre d'un si grand général : mais
ayant reconnu Tiropossibililé de forcer
les lignes du prince de Bade, il repassa
le Rhin. Alors M. le duc de Lorraine
somma de nouveau M. Du Fay de se
rendre, tout espoir d'être secouru s'é-
tant évanoui. Il lui fit dire qu'il avait
acquis assez de réputation , en défen-
dant cette place avec tant de valeur
pendant un si long temps, afin de pou-
voir obtenir une capitulation honora-
ble, qu'il n'aurait point, s'il tardait à le
faire. Le gouverneur fit réponse que
s'il voulait envoyer quelqu'un , il lui
ferait voir que par l'état de sa garnison
et des fortifications de la place, il ne
pouvait pas accepter lo parti qu'il lui
proposait, sans risquer de perdre l'es-
time qu'il avait eu la bonté de marquer
pour lui. Nonobstant cette réponse, il
se voyait consumer tous les jours ; et ,
quoique sa garnison fût de bonne vo-
lonté, et le corps de sa place bon, il lui
restait si peu de poudre, qu'il était
obligé de faire tirer du canon rare-
ment. Il trouva moyen do le faire sa*
voir a la Cour, par un homme qu'il fit
sortir; sur quoi, M. de Louvois lui fit
dire, de la part du roi, qu'il était si sa-
tisfait de la longue défense qu'il avait
faite, qu'il pouvait rendre la place lors-
qu'il le jugerait à propos ; cette per-
mission ne ralentit point sa fermeté et
MO
M i^ vtnmu
son courage. Le prioce de fiade*Dour*
^ lach, ayant fait attaquer la partie du
chemin couvert dont il n'avait pu se
rendre maître, il le défendit avec tant
de valeur, que les ennemis ne s'en vi-
rent les maîtres qu'après une action
très vive et très longue, et qu'après y
avoir eu un grand nombre de soldats
tués et blessés : parmi ces derniers
était le duc Frédéric - Auguste de
Brunsvick - Woirembutel , qui com-
mandait cette attaque^ où il fut lui-
même dangereusement blessé.
Sitôt que les ennemis se virent
maîtres de tout le chemin couvert , ils
y établirent des batteries pour battre
en brèche la demi-lune et l'ouvrage à
cornes ; ils attachèrent à la demi-lune
le mineur qu'ils passèrent au moyen
d'une galerie. Mais les assiégés la brû-
lèrent et tuèrent le mineur; en sorte
qu'ils furent obligés de faire une brèche
à cette demi-lune avec leur batterie ;
elle fut assez grande le 3 de septembre
(1676) pour l'attaquer après avoir fait le
passage du fossé. Us s'en saisirent avec
moins de résistance qu'ils n'avaient es-
péré; mais à peine y eurent-ils été une
demi-heure, que M. Du Fay les en
chassa, après avoir tué une partie des
troupes qui la gardaient et qui travail*
laient au logement. Les troupes qui
flrent cette action se retranchèrent si
bien sur la brèche, que, les Allemands
étant revenus une seconde fois pour
l'attaquer, y furent repoussés, ce qui
contraignit le prince de Bade-Dourlach
de prendre des mesures pour attaquer
en même temps cette demi-lune et un
des demi-bastions de l'ouvrage à cor-
nes; mais H. Du Fay, manquant absolu-
ment de poudre, et ayant reçu des or-
dres du roi de conserver la vie au reste
d'une garnison qui avait donné tant de
marques de valeur pendant le cours
d'un si long siége^ fit battre la chamade
le 8, au grand étonoemeot dn anié-
geans, qui n'ayant pu, depuis trois
mois de siège se rendre encore maftres
de la demi-lune, eurent de la peiae k
concevoir ce qui pouvait obliger des
gens, qui venaient de donner tant de
marques de valeur et d'opiniâtreté, à
se rendre si vite.
Le prince de Bade-Dourlach accorda
à M. Du Fay les conditions les plus ho-
norables qu'il demanda, et quoique la
retraite de M. de Luxembourg et les
ordres du roi flssent assez connaître
aux assiégés qu on ne songeait plus i
les secourir, M. Du Fay ne laissa pas
d'obtenir qu'on mit à la tète de la ca-
pitulation, qui fut signée le 9 septem-
bre, qu'il ne sortirait de la pince qae le
17, si avant ce temps-là, elle n'était se-
courue par une armée royale qui y Ht
entrer mille ou huit cents hommes an
moins. Il en sortit, le jour marqué,
tambour battant , mèche allumée, en-
seignes déployées, sa cavalerie l'épéei
la main, avec huit pièces de canon, oa
mortier et quatre bateaux de enivre; M
fut conduit à Haguenan.
Sfége de Itfutricht par le prince d*0raH*i
en 1976.
Le prince d'Orange (dit M. de Quia
cy ) , était occupé pendant le siège
dAire à l'attaque de Mastricht; l'ar-
mée avec laquelle il tenta cette entre»
prise était composée des troupes de
Hollande d'£spagne,^e Brunswid^ et
d'Osnabruck , de trgis régimens An*
glais et de quelques régimens de ITm-
pereur et de Brandebourg : elle se trou-
vait plus forte et plus nombreuse qu'elle
n'avait encore été depuis le commen-
cement de la guerre ; mais l'entreprise
était difBeile, non-seulement k cause
des fortifications qui étaient excel-
lentes, mais encore eu égartf à dm
WÊÈ rlACt» iOfttBi.
ttt
forte gamnon de quatre mille cinq
cents hommes d'infanterie, savoir, un
bataillon de Picardie, trois de Pié-
mont, deux de Bourbonnais, on de
Jonsac et un de Yierset^ deax régi-
mens de cavalerie et un de dragons.
M. de Calvo, maréchal de camp, offi-
cier de réputation et de beaucoup de
valeur, y commandait en Tabsence du
maréchal d'Estrades, que le roi avait
envoyé plénipotentiaire à Nimègue.
U. de Calvo, qui avait toute sa vie servi
dans la cavalerie, et n'était pas par
conséquent fort entendu dans la dé-
fense des places, en fit Taveu aux offi-
ciers qui étaient sous ses ordres , et
leur ordonna de prendre les mesures
qu'ils trouveraient les plus convenables
pour faire une belle défense , ajoutant
qu'il déférerait volontiers i tous les avis
et aux propositions qu'ils lui feraient
pour le bien du service, et qu'il en or-
donnerait l'exécution , hors celle de se
rendre, à quoi il ne consentirait jamais,
et qu'il périrait plutôt sur la brèche.
Le prince d'Orange ayant déter-
miné le temps pour foire investir Mas-
tricht, laissa i Nivelle une partie de
son armée, sous le conunandement du
duc de Villahermosa , pour observer
les mouvemensdu maréchal de Schom
berg, qui était pour lors campé à Que*
vrain , et se mit en marche avec le
reste, qui montait i quarante mille
hommes. Il investit la place le 7 juillet,
il fit travailler a^tx lignes de circonval-
lation qui était d'une longue étendue,
la place étant d'une grande capacité,
et donna tous ses soins pour taire ar-
river dans son camp toute l'artillerie
et les munitions nécessaires pour une
si grande entreprise ; en sorte qu'il fut
en état d*y faire ouvrir la tranchée le
18. Il fit d'abord la principale attaque
du cAté de la porte de Boisleduc ; mais
f ayant fait qm'Igiit»»' •'«•pvnïix. il trouva
à propos de la changer et de la pousser
vers un bastion détaché qui s'appelait
Dauphin. Les travaux qu'il flt^aiw
avançaient fort lentement par les fré-
quentes sorties que faisait faire M. de
Calvo ; de sorte qu'à chaque pas que
faisaient ses troupes, elles étaient obli-
gées de livrer autant de combats ; ce
qui forçait le prince d'Orange d*étre
presque toujours dans les tranchées
pour aoimerses troupes parsaprésence.
Les assiégés, pour disputer davan-
tage la terrain , travaillèrent à un re-
tranchement dans le bastion Dauphin,
pendant que les assiégeans s'en étanl
à la fin approchés, se disposaient à l'at-
taquer, après que le prince d'Orange
en eut fait la disposition. Cette action
se fit en sa présence au signal con-
venu ; les assiégés se précautionnèrent
de leur oAté pour se défendre; les
troupes commandées des assiégeans
y marchèrent avec tant de valeur,,
qu'après un long combat elles chas-
sèrent les Français de Tangle flanqué
du bastion, et travaillèrent en mèine
temps à s'y loger. Les assiégés se re-
tirèrent derrière leur retranchement,
d'où ils faisaient un grand feu; mais
M. de Calvo, qui était dans le dehors,
fit marcher un détachement de gens
frais, qui attaquèrent avec tant de
courage, qu'ils les chassèrent après
une longue résistance. Le prince d'O-
range, qui était présent, ne voulant
pas donner aux assiégés le temps de
s'y fortifier, à quoi ils travaillaient avei
beaucoup de diligence, y fit marche,
des troupes d'élite; l'on combattit ôt
part et d'autre avec beaucoup de va
leur; mais les Français, obligés de ce-*
der enfin à la multitude, se retirèrent
une seconde fois ; 1^ de Calvo y envoya
encore un nouveau détachement , qui,
malgré tous les efforts qu'il fit, ne put
empêcher les ennemis d'en demeurer
les mniucs et ^«ul<» cesftcliow «ni- ! d« mmeàrrain4rc,l?seç9OTUy W^'--
reiU par une mi«e que M. Oe Cal va ût ; lèreul et se retrçiM lià^^it da«s les ai-
jouer, qui euleva beaucoup de wopde j ues , el le prince d'Oranpc y fit éïaWir
aux ennemis. Le prince d'Orange, que
la graiiiie porte qu'il avait faite dans
ces actions, n^avaii pnH rebuté, voyant
du canon qui battit le corps de la place.
Depuis la prise de œ basiion, doat
on a donné le détail à cause de la m-
que la pointe du b«istion était teltemonl j gukirité de sa défense, les ossiégésdi-
ruinée que ses troufies ne pouvaient [ l'endîrcnt pareillement pied à pied lei
plus s'y lo;;er, fit pousser le travail sur
la droite pour altai{uer l'angle de Té-
paulo; les Français lîreut une traverse
dans ce qui leur restait de bastion , et
cr u'i en plein jour et avec une diligence
incioyiible ; ils m; tinrent sur leurs gar-
des pendant la nuit ; mais le matin du
1*' août , le prince d'Orafige lus ayant
fait attaquer, les assiégés se trouvèrent
a moitié endormis, et avant qu'ils eus-
sent le temps de prendre les armes, il
y en eut une grande partie de tués, le
reste fut chassé. M. de Calvo , au déses-
poir de la perte de ce bastion , promit
une demi-pistole a chaque H*hh\i qui
en chasserait les ennemis; il s'en pré-
senta quatre cents, et ajant mis de
bons officiers à leur tête, ils marché-
refit aux ennemis avec beaucoup de
valeur; mais ayant été reçus avec au-
tant de courage, la plupart furent tail-
lés en pièces , ce qui détermina M. de
Calvo à faire jouer une seroiidc mine
qui emporta en l'air la plupart de ceux
qui étaient dessus. H fut question,
après cette dernière action , de se
rendre mattre du dernier bastion.
Tontes les troupes étaient si intimi-
dées et si rebutées, qu'on fut obligé
de donner be^U'Oup d'eau-de-vîe à
celles qu'on conimainla ; elles attaquè-
rent les assiégés awc tant de furie,
que les Français se culbutèrent les nns
sur les autres, et il ne fut pas possible
a .M. de Calvo de les faire retourner au
combat; il Ht jouer une troisième mine
qui acheva de f»ire sauter le bastion et
eeux qui étaient dessus. N'y ayan» f»«w?
autres ouvrages et avec la méoie va-
leur, de faç4)n qu'il y avait sfx semai-
nes que le siège durait , et que les ee-
nemis n'étaient point cneore maîtres
de la contrescarpe, )<trsque le prince
d'Orange apprit que le maréchal d'Ha-
miéres, après la prise d'Aire, avait en-
voyé la plupart de ses troupes au ma-
réchnl de Schomberg , qui avait reçi
ordre de marcher au secours de II
place ; cela le porta à faire des eArti
surprenans pour s'en rendre mal^
avant son arrivée. Il flt attaquer k
9 août le chemin couvert de Tounige
à cornes et d'une demi-lune. Après nae
très kingue résistanciî, le feu s'étint
mis à la poudre et aux grenades dei
assiégés, à la gauche de l'attaque dei
ennemie, ce dt'"Sordre fût cause qaHs
l'emporti-rent de <-c rdté-lè, non sans
une grande perte ; mars du cAté de U
droite ils ne purent s'en rendre nul-
Ires que le 12 , qu'ils l'attaquèrent nae
seconde fois.
Ils furent oa'upés an passage do
fossé et à faire brèche à l'ouvrage i
cornes, jusqu'au dix -huitième jour
qu'ils l'attaquèrent: mais quelques ef-
forts qu'ils fissent pour l'emporter, ib
furent m vigoureusement repoussés,
et les mines en enlevèrent un si grand
nombre, qu'après un combat opiniâtre
de part et d'nutn», leurs sol iats rebutés
se retirèrent en confusion dans leurs
travaux.
Cependant le prince d'Orange sa-
chant que le maréchal de Schomberg
était déjà fort près, rc^l^ii de faire mit
Dfiâ PLAGBà i^OttTRS.
649
cet ouvrage à cornes un dernier effort,
dans l'espérance que lU. de Calvo se
rendrait, si cet ouvrage était pris,
d'anttfnf phis (jo'if y avait une grande
brèche au corps cfe'ta place. Il fit pour
cet elRït tn détacheniènC de la plus
j^nde partie deà offfciers (finrantcrie
de son andé^, dont il fdrma un corps,
qu'il envoya à Taftaque fe 26? août en
plein midi. Ce» officiers allèrent à Pas-
sant avec beaucoup de Gerté et de va-
leur ; mais Ils trouvèrent une si grande
résisfance de ta part des troupes qui
gardaient cet ouvrage, qu'"aprés avofr
fcft one perte Irréparable pour leur ar-
mée, Ib ftirent contraints de se retirer.
Le maréchal de Schomberg ayant
reçtflés troupes que te maréchal dllu-
mières tnl arait envoyées, se mît aus-
sitAt en mouvement pour combattre le
prince d'Orange ou pour Tobliger à îe-
ver fe sîége. 11 fît iifarcher une lieue
df^tft foi Kf . de l^ontat avec huit mille
hommes, dont étaîent tous les grena-
diers de t*armée; il suivit ce corps,
marcha sur huit colonnes, ses bagagies
dans le milieu ; Il arriva dans cet ordre
k une Keue de Tongres, oà it fit tirer
trente-den^ pièces de canoir pour
avertir M. de Galvo qu'il marchait
i smr secoiirsr.
Le prince d^Orsngé, instruft de .«a
maithe, eit voyant que Tes derniers
efforts qn'il at^aft Faits lui avaient été'
inutiles, a^embîa un conseil de guerre
dans lequel M fut arrêté de lever le
siège, tr donna anssltôtdes ordres pour
conduire la grosse artillerie, les muni-
tions, fes mafades et les btessés sur le
bord de la Meuse, où ils furent em-
barqués. Il releva toutes les gardes et
se reHrar ensuite avec beaucoup d'ordre.
1 - •
nombre de fois et toiyours défendue
avec éclat. Elle fut prisç le 11 sepi^qi:-
bre I7ii par W fr^qRp, 9PW ?«|,«tr
dres du maréchal ae Berwick, après
onze mois de blocus, et soiiante-uu
jours de tranchée mjl^erte» La dernière
attaque dura dilptflâ qtStte heures du
aaUfrfusfikà mmv q/m la» ■liiiféi it
rati?èv^nf Ams iê nMvMlH tlIM, qui
ft*est réparée de fautre que pa^ une
sinaple muraille, tb se rendirent exiifia
à dj^crétMHQ^ sur te|miBi«Ba# <|Mr:kttr
fil leiMiédMl, d» cwwêftflr Mer vie
et de saiffer hr VlTIef M pRfdge, Aibyèn-
nant une somme cL'9r|||^u^^^^gn(^ j;on-
viendrait, te ?ïége ftvaJt 4tj^. jffmtifi
avec vigueuf et soutejpu ^v^^Qpinii|^
treté. Les femmes, 1^ yr^i^^ l^ ce^-
ligieux, tout ay wt . été . Wl*it. On
con^pta parnu \gs^ m^Q^ta fij^ de ^pq
cent quarante eccléaj/fatïqttei^séGiiUiw
et réguliers, ii^9,yAmi provié, fur
mille exploits « qfj^ ^elquefoii^ $(m
le froc il $e trouv.^ v^ griHHl.CiQiinitti.
9tê^. fit btdea<^ &é Ùènéi féx les AnVricÊient
é# tel iVcigM^ éD itM.
8îége de Barcelone par le maréchal* B<iriHett ,
lA Tille de Barcelone a été assiégée
La dCliénse de Gâai^« wiSQQii ipr
Faiie droite 4^ TarvoM^ d*lt«lie^ 4W» \fi
commandement du #Dé<^). ep ^ef
Masqua, qui s'éiaît li^^nifriyM^ ei^feiiiié
dans lu place, est l'une ^ plua ototir
nées et des plii9brUlai4ei-(|iie<naiyr i^
fre le tableau de TIU^tMre modeo^
£Ue4 duré depuij^ le&gfriau^eB vw
ijk avril 1800) jusqu'en & B»iriel, c'esK-
à-dire soixante jours, dans le dénue-
mefAt te plus absolu et Fes ptùB horri-
bles privations. Le journal de cette dé*
fense ayant été rédigé et publiiîi aoii^
iee auspieee du géaéral en chef t jmtmi
agimer distimg^é de êëtt^ armé», ^ai atmk
àti'^méme coopéré à toutes les ôpéroitonÉ^
nous ne nous permettrons pas d*en rten
retrancher. Ce journal doit être lu ^
son entier et médité par tous les niU*
9kk
M LA DtoBMSt
taiiM appelés à défendre les places ,
comme une source d^instructions pré-
cieuses , et comme un modèle admi-
rable de oonstaDce et d'intrépidité (i).
CHAPITRE n<
temps de pfdit 4ét lenr trHvéc dene une
plec«, les coiDinaDdaiii et les ofllcien du génie
aQiquels cette place est confiée. — Des pro-
priétés de celte place relativement à yen-
senMe de la froaiièrtt. — Do site. - De la
Cmom des oafngee etde lenra rapportt res-
pectif. — Des bâtlmeBS militaires.
Après avoir montré ceque la conser-
vation des forteresses exige du courage
de leurs défenseurs, nous examinerons
ce qu'elle réclame de leurs talens.
La bravoure étant supposée la même
entre l'assiégeant et l'assiégé, il est
évident que celui-d sera forcé de cé-
der à l'autre, s'il n'existe pas poiu* lui
un art qui le dirige dans le dioix de
ses positions, qui lui apprenne à se
couvrir , à former autour de lui une
enceinte dont toutes les parties se sou-
tiennent mutuellement, à employer
enfin de la manière la plus avantageuse
les armes qui sont à sa disposition.
L'intention de Sa Majesté n'a point
été que cet écrit, composé par ses or-
dres , nt un traité de cet art, puis-
qu'elle est informée qu'il existe sur ce
sujet d'excellens ouvrages consacrés
spécialement à l'instruction des élèves
du corps du génie ; mais elle a voulu
(1) Lejottmal da alége de Gènes, rappelé par
Csrnot, a été rédigé par le Heotenantr-général
baron Thlébàult, Tan des officiers d*état-miJor
'Minéral tes plus distingués de FEarope. Ce do-
snmwl , q«a Canot recommande à la médita-
Ita de tons les mililnires appelés à défendre
las places» est devenu bien rare : nous saurons
eepandant nous le procurer, et nous nous fe-
rons nn devoir de le mettre soos les yeux de
tt09 lecti»urfi. ( iV. dss Réd.',
qu^on y rappelât les principes essen*
tiels à une belle défense, et qu'on re-
mit sous les yeux des militaires plu-
sieurs points trop négligés jusqu'à ce
jour , quoiqu'ils soient les plus décisifs
pour leur propre gloire et pour la sû-
reté de l'État. Je n'insisterai donc pas
sur ces points principaux, et je passerai
rapidement sur les autres.
La première chose qu'ait à faire on
commandant ou un oflBcier du génie
qui arrive dans une place, est de Têtu-
dier à fond pour en connaître les rap-
ports, l'ensemble et les détails.
Il doit s'appliquer à connaître ses
communications soit par eau, soit par
terre, avec les places voisines , amies
et ennemies, pour donner la main aox
premières et contrarier les opérations
appuyées par les secondes , pour faire
de petites diversions, harceler par ses
détachemens l'ennemi, intercepter ses
convois, lever des contributions dans
son pays, surprendre quelques-nos de
ses quartiers ou postes mal gardés.
Nons ne répéterons pas ce qui a été
établi au sujet de l'utilité des places
fortes en général dans le chapitre II
de la première partie ; il suffira de dire
ici qu'on doit appliquer ces principes
généraux à la place qu'on veut eianii-
ner, afin de connaître les propriétés
qui lui sont propres, relativement à
l'ensemble de la frontière.
Il faut ensuite discuter avec la plus
grande attention tout ce qui tient au
site de la place et aux acddens du ter-
rain qui l'environne.
«Dans une longue paix, dit M. de
» Yauban, les gouverneurs et les pria-
» cipaux officiers des places fortes ou-
» blient que leurs villes peuvent être
» assiégées, et ils en négligent les en^
» virons.
a Le gouverneur ne doit jamais rien
» souBrir sous la portée de son canon,
DBS IPiACM FOim.
«fr
»qai pnifliâ loi dérober tt vue des en-
» Demifi ; il ne doit y laiwer aucun fossé
> sec à remplir, aucun buisson à cou-r
>per, aucune émioence, s'il est possi-
9 ble, sans la faire raser et aplanir.
9 II doit tous les jours s'attaquer lui*
» même en secret, et chercher autant
»de différentes défenses qu'il invente
» de nouvelles attaques. »
Il faut donc ' eiaminer si la place
n'est point dominée par quelques Iuuh
leurs à la portée du canon. C'est leur
défaut ordinaire ; car le besoin d'eau
ayant déterminé à les bâtir presque
loutes sur des rivières , il anive com-
munément que, soit d'un c6té soit d'un
autre, et souvent de plusieurs côtés à
la f<Âs, la place se trouve commandée,
ou du moins dans quelques parties
de sa fortiGcation. On remédie à cela
jusqu'à un certain point par l'art d'éta-
blir le relief par rapport au terrain,
c'est-à-dire, de diriger les branches et
les terre- pleins des ouvrages, de ma-
nière que l'intérieur ne puisse en être
vu du dehors, malgré l'élévation du ter-
rain extérieur. Cet art est connudans les
écoles sous le nom de déClement^ il ap-
partient à une théorie dont on occupe
spécialement les élèves du corps du gé-
nie. Mais comme ce défilementaété gé-
néralement assez mal observé dans les
anciennes places, il faut que les^iSciers
du génie, employés dans ces places,
s'occupent à y remédier, autant que
possible par des mouvemens de terre
dans l'intérieur, ordinairement peu
dispendieux, lorsque ces hauteurs sont
médiocres; mais si elles sont considé-
rables, cela sera plus difficile ; voici ce
que dit à ce sujet M. de Vauban :
« Les cavaliers et les grosses traver-
»ses sont nécessaires à plusieurs pla-
B ces; les traverses pour parer aux en-
» filades de quelques parties comman*
» dées , et ie^ cavaliers, pour &ll^ l^
vmAme effet, et oomnander a queU
»ques parties du dehors on l'élévation
»du rempart ne peut découvrir; mais
»il ne faut point les mettre dans les
» bastions, s'ils ne sont revAtns et ab-
»soluop«nt «^hawés de leur ten^«
» plein.
»Les commandemeiis nuisibles auE
» places, sont ceux qui se trouvent dais
» l'étendue de la portée du canoB;,plBS
» ils sont près, plus ils sont dangereux.
» Quand on peut les raser, c'est tou-
» jours le mieux, sinon il faut les oocu*
» per par quelques ouvrages, ou s'en
» éloigner, en sorte que toutes les vues
» d'enfilade qu'ils pourraient avoir sur.
» la fortification , leur soient bouchées
» par des traverses à l'épreuve, placées
Ȉ propos, et capables d'en rompre
» reflet. »
Les commandemeos dont nous ve-
nons de parler sont ou grand désavan-
tage; mais ce désavantage est ordinai-
rement racheté par d'autres circons-
tances favorables que M. de Vauban a
détaillées avec soin. Son grand art
dans la construction des phices était,
conune l'on sait, de profiter habile-
ment de ces circonstances ou acddens
du terrain ; il sera donc très utile de
méditer ce qu'il dit sur ce point essen-;
tiel, le voici :
« Il n'y a point de place qui n'ait
» quelque propriété particulière qfi\
» peut lui être avantageuse, quand on
»8ait la découvrir et en profiter.
»Par exemple, s'il y en avait ude
» coupée en deux par une rivière,
• chose assez commune, c'est une pro-
> priété dont on «leut tirer plusieurs
» avantages.
» 1* Si l'ennemi attaque par un des
» côtés des entrée ou sortie de cette
» rivière, et qu'il n'occupe pas l'autre ;
» de là même on pourra se prolonger
j » sur oehii qui r e sera point sttac^. ,
««
Ml lA MSPBWB
1» prendre des re? en mr les irandiéès. |
» i* S'il attaqae par les deui <*Atés i
y» de (a rivière à la fois, ^es attaques
» étant divisées , H aura de la peîiie à
»tes soutenir, et il sera obligé de
» monter beaucoup plus ftrt; sinon il
i> sera eiposé à être battu à Tune ou à
ttt'mitl^deseB atla^ties par les sorties,
»àeiiue de (a difllenité des communia
• ealions interrompMs par le canal de
» M^ rivière.
» S"" S'il y a des retenues d'ean ou
»des écluses à l'entrée de cette place,
»en arrêtant les eaux on pourra inon-
»der quelques parties des environs,
»eoniMie à Ondenarde, Tournay, Con-
» dé, Menin , Douay, Valencicnnes et
» plusieurs antres qui ont ces avan-
ie tégei; ao moyen desquels, grande
» partie de leur circuit devenant inac-
» cessible , c'i'st un avantage considé-
»rablc; et si on peut ménager des
6 conrans dans les fossés, ce sera en-
» core un nouvel obstacle qu'on op-
» posera &reniiemi.
tttt^'Si la place est environnée de
0 marais qui n'en permette: it les ap-
» proches que par des chaussées, c'est
Bûn grand avantage, en ce que les
s tranchées en sont toujours mauvaises,
» sujettes ani écharpes et aux eriHIades
»du canon de la place, ce qui rend leur
ii marche fort tente et très meurtrière,
È et donné moyen à la place de pouvoir
» défendre son chemin couvert de pied
» ferme, comme aussi le loisir de pré-
» parer les retranchemens des autres
• parties.
dS^'S! une partie du circuit de la
» place est située sur des rochers es-
» carpes, et à l'abri de l'escalade, c'est
Doutant de pièces inaccessibles; et par
» conséquent un avantage, en ce que
u cette partie f^a pas besoin de grands
• soiu$9 ni de beaucoup de troupes
» pour M sûreté.
» 0" S'il y a de grands dehon a ta
» plate , comme des ouvrages L oome
» ou à couronne, quelque pièce équiva
x> lente de plus que les dioses ordinti
)>res; oà cela se trouvera, ce aen
x> autant de moyens d*eh |MHivolr re-
» doubler la défense, ou de la prolonger
»consMérablemefit, parce que Ton
))peut opiiiiAtrer la résistntice de eei
9 pièces , sans crainte que si elles 5<Mit
» emportées de vive force , cela pmne
» exposer le corps de la pbce à quelqia
» événement FAcheux;
» T S'il y A des demi-hines doilMei,
» dont les intérieurs soient revêtus,
» c'est un moyen sûr de prolonger II
B défende de la grande, et de faitt va^
» loir tous les autres petits retranHto-
f> mens qu'oti y voudra fdire , sini
A crainte que leur prise puisse être soi-
» vie d'un succès qui mette la place ei
» danger.
» ^ S'il y a des pièces cotlAtéràlei
» qui aient des vues ou quelques croi-
9 sées sur les fronts attaqués, ce MS
» encore un os a rohger pour l'enus-
» mi, auquel elles causeront du retarl
» pour se pafer de leur eiBst, si on sait
0 en niire un empkA contenable.
f> O*" S'il y a quelques flancs dans b
» front attaqué , dont l'opposé direct
» ne puisse être occupé par les bâtie-
)» ries entiemies, ce flanc sera très t^
p neste à i*ennemi, parce que pouvant
» faire usage de son canon et de la
» mousqueleriè dans le temps d^in oh
s saut , il pourra lui faire manquer
» son coup , et lui Causer de grandai
» pertes.
0 10* S'il y a des nctranvhcmen^ ra-
» vêtus dans les bastions aCtaqués,et
» de longue main préparés, que l'en-
» nemt ne puisse pas ruiner par ses
» batteries du dehors, la garnison poo^
» ra liardiment soutenir plusieurs is«
a sauts m GortM de la place, on
icNNldrè 4«réM p«Më Mie etn-
» portée»
I» tl^ S1I y a «lie tMllè enceinte
B intérieure sur pied en tout ou en
» lîérlie, (ttl'elle Wîl l-éi^êtee, fet qu'elle
» aTOffiin^ le ëërrier^ ilb la farilficàtibn '
» iliôiKmé alUimitîfe, bn l)burrti , selon
• (tutelle sera tfiêpd^éë, W hire «orvli-
» d'ttti bon tiÉtranchemett^ à MCiflc fln
9 que te§ pi'écédèflfl^é
» ir 8{ tô fdèié éê M plare e«t re-
» vélu , l'ennemi, ëti ftilanl ft liassent,
9 m% oblige de défiler par tes Bblilel^
» euvettur^ et défenses ^(l'il se sera
9 faites; ce qui lui causera urt désëvaiv-
B têffà GonsidéraMé. »
Loft dtan^ qu'on fera l'etaihen d'une
plaM Mrte, M hêtsi liéce^saire de tUer
soft cttMiièD sar (ihacftné de teê pro-
DBS PIACBS FORTJBS. ^^^
h ^and on le peut fV' dtl ttatr «n**'
a et spacieux.
» Ne jamais attaquer |mr ka anfles
» rentrans qui poissent donner lieu à
B IVnnemi d'envelopper ou etoiéer sur
» la tête des attaques, parce qu'au bea
» d'eiDbrasser^ il se brouterait, par les
9 suites, que la tranoHée aérait enf e<-
» loppée^ comme il est arrivé au siège
» de Turin; »
La première de ces deai remarques
suit de ce qu'il faut loujours, en toute
action de guerre^ avoir, autant que
possible, un front supérieur à celui de
renncmi, etifue parliculièreinent de-
vant an fiont de fortification, il serait
impossible, si l'on ne pouvait Tembras-
ser^ de prendre des prolongeroens sur
ses faces pour faire agir les ricochets.
aM dlft^Mës parties Aë l'eti^einte,
pour savoir jdsqùà quef péiiM telle oa
tcHa <le«»i (Mptiétés Jiadt tiii Ap^ar-
telfiri
0» tichera prlnaipél^iifénft de l'é-
cdMaMra ce qùTof» inommé le f^ont
d'«t^4M( laT'tÉi^é^ittÊ iteM i{ui e»t le
plus faîMa. Oela«n Iframalrement trèè
cdnntt ëaiiê MMqae place, et facile a
juger. Ce iènt presque toujours les
paitiea te^fvtas siKRanies, à midns qu'el-
prtétéfr jfrtftdprtrt, m <lè \ê OWfipârer La seconde lépnt aux propriétés de
ce q«*on nomme la fortMoaiion en li-
gne droite : propriétés bien 4<?telop-
péeS par M: de Cormmitiingoe, et qui
appartienneni; dans un plu^ haut de^ré
eacare, à la fartificalion rentrante dont
^arle id M; ée Vauban: ktt snrphi» ,
M. de Yaiiban observe qu'il ne ftiut
pas toujoars se ier ti ee que rennemi
attaquera par le point le plus faible ,
parce qu'il y a des cas où ce point, qui
est le piqs faible par luî-ÉBèaric; te Fe»t
ie«neioi*tttTaièerrteaenlredèsliew P«, lo^wR^m te côniîdèfô relative-
voMai itM««wAle#, qrt tia permet>^ ment à d'airtfaacircOBSttnccs particn^
tTÈïmp^i à léftneiw» de développer «ères, telles ^ la position respedive
se^a*ai|Uea, et de ^*^id*a (toproter*. l des armées kelligéfârtesy 6u hi factltfté
gemeos sur les branches des ouvrages,
oa BWfr ««MeV d(##iâÉa tue itfbnMIa^
tioU, mttm naultjae'pdliflfciiwa^pée,
o«Kéiv éàm tféfeadué»» ^av «a» fa#tf-
fidRidnatëdMMees ëi emmmAaéast
C'est ce que M. de'VêitNÉir àiPtma h
céamitfVpMr'èavadariaÉas générales
sur MàtlÉqlMi pi il e'eiîptiiM àUsi :
cN# jémaia attaqaar par des ttew
du traiiiport dea matériaux.
L'art de W forliioation est n^cca*
iafmnant lié étroitMënl avec ceTii
des attaquea^ et Fon na i«ge bien dca
^ai^ties phis au mdina ftortea d'dàe pia^
èe, i|aa par la difficulté piaa ou moins
|caàda de les attaqàer. li tard doàè
essentiel, lorsqu'on fera l'examen des
difefiaoS fronts é'atae plhce, di^applt^
• sePrtîtet étroits., ufc pandas' imfais; | {aer à ahaoïm *'«>^ !!^^*,"f
aafcioaonaBtalispiadaBehsiisséeli "" "^
fênSM de h teogaa «ipérieDoe 4»
H. de Vauban, dans la science des at^
taquet, doet il est le créateur. En indi-
quant h Tassiégeant ce qui constitue le
fort et le faible de la place qu'il doit
attaquer, il indique évidemment à l'as-
siégé ce qu'il doit faire , de son côté ,
pour augmenter la résistance et corri-
ger les parties défectueuses de sa place.
a II n'y a point de place, dit~il, qui
>» n*ait son fort et son faible, à moins
» qu'elle ne soit d'une construction ré-
» gulière , et située au milieu d'une
» plaine rase et vaste , telle qu'est le
» Neuf-Brisach ; mais comme il se tron-
» ve peu de places fortifiées de la sorte,
» et que presque toutes sont régulières
o en parties, et irrégulières en d'au-
D très, par rapport a leurs fortifications,
» presque toujours composées de vieil-
» les et de nouvelles piècesi^lles ont tott-
» tes quelque défaut ou avantage, par
» rapport à la situation, plus grand à
» un côté qu'à Tautre, ou par la nature
» de la campagne des environs; cela
» fait une diversité qui nous oblige à
» autant de différentes observations.
» Développons ceci le mieux que nous
3» pourrons, la chose en vaut bien la
» peine.
» Si la fortification d'une place a
» quelque côté situé sur un rocher de
» vingt-cinq , trente « quarante , cin-
» quante ou soixante pieds de haut,
» que ce rocher soit sain et bien es-
» carpe, nous la dirons inaccessible par
» ce côté ; si ce rocher bat au pied
» d'une rivière d'eau courante ou dor-
» manie, ce sera encore pis ; si quel-
» que côté en plein terrain est bordé
» par une rivière qui ne soit pas guéa*
9 ble, et qui ne paisse être détournée,
que cette rivière soit bordée, du côté
de la place, d'une bonne fortification
capable d'en défoidre le passage, on
iH)urra la dire inattaquable par oe
» côté; <|iie si son oo«n cal
» gné de prairies basses et marécageu-
» ses en tout tenq», eUe le sera enoora
» davantage.
» Si la place est environnée en par*
9 tie d'eau et de marais qui ne se pois-
» sent dessécher, et en partie acoessi-
)» ble par des terrains secs qoi bordent
» ces marais ; qne ces avenues soient
» bien fortifiées, et qn'il j ait des piè-
» ces dans les marais qui ne soient pas
>» abordables , et qui paissent voir de
» revers les attaques du terrain ferme
» qui lea joint ; ce ne doit pas être là
» un lieu avantageux aux attaques, à
» cause de ses pièces inaccessibles, par-
» ce qu'il faut pouvoir embrasser ce
» que l'on attaque. Si la place est en-
» vironnée de terres basses et de ma-
» rais, comme il s'en trouve aux Fays-
a bas, et qu'elle ne soit abordable qna
» par des chaussées, il faut :
a 1® Considérer si on ne pent point
a dessécher les marais, s'il n'y a point
a de temps dans Tannée où ils se des-
» sèchent d'eux-mêmes, et en qoeUe
B saison ; en an mot, si on ne peut pas
» les faire écouler et mettre à aec.
)» 2* Si les chaussées sont droites on
» tortueuses , enfilées en tout ou en
» partie de la place, et de quelle éten-
» due est la partie qui ne Test pas, et
a à queUe distance de la place; quelie
» en est la largeur, et si l'on peut y
» tournoyer une tranchée en la défr-
» lant.
a 3*" Si on pent asseoir des batteries
s au-desBos on à côté sor quelque ter-
9 rain moins bas que tes nôtres, qoi
» paisse croiser sur les psrties atta-
r quées de la place.
a fc* Yoû* si les chaasaées sont si fort
» enfilées qu'il n'y ail point de traas-
» lersales un peu considérables |ui
» bssent front à la place d'aaseï près,
a et s'il n'y a point qMkpm endroit
D» rtàCBS VOATB8.
U»
• qui piiiSB^faire an coatfert constdA*-
> ïMe contre elles , en relevant nne
» partie de leur épaîsseor sar l'autre, et
» à quelle distance de la place elles se
9^ trouvent.
s 5"* Si des chaussées voisines Tune
» de l'antre^ qai aboutissent i la place,
■ se joignent, et en quel endroit, et si,
» étant occupées par les attaques, elles
» se peuvent entre elles secourir par
» des vues de canon croisées, ou de
» revers sur les pièces attaquées.
B 6*De quelle nature est le rempart
• de la place et de ses dehors; si elle a
> des chemins couverts, si les chaus-
» sées qui les abordent y sont jointes,
» et s'il n'y a point quelque avant-fossé
» plein d'eau courante ou dormante,
B qui les sépare. Ou cela se rencontre ,
» nous concluons qu'il ne faut jamais
» attaquer par là , pour peu qu'il y ait
» d'apparence d'approcher de la place
» par ailleurs, perce qu'on est presque
• toujours enfilé et continuellement
» écharpé du canon , sans moyen de
» s'en pouvoir défendre , ni de s'en
» rendre maître, ni embrasser les par-
• ties attaquées de la place.
» A l'égard de la plaine, il faut :
• l*" Examiner par ou on peut em-
» brasser les fronts de l'attaque, parce
» que ceux-là sont toujours à préférer
» aux autres.
» 2* La quantité des pièces à pren-
» dre avant de pouvoir arriver au corps
s de la place, leur qualité, et celle du
> terrain sur lequel elles sont situées.
» 3* Si la place est basUonnée et r&-
» vêtue.
» fc"* Si la fortification est régulière
» ou à peu près équivalente.
» 6"* Si elle est couverte par quantité
» de dehors, quels et combien, parce
» qu'il faut s'attendre à autant d'affai-
» res qu'il y aura de pièees è prendre.
s 0*81 les. chemins couverts sont
» bienfaits, contre-aminés et palissa-
» dés, et si les glacis en sont raides et
» non commandés des pièces saperiez
» res de la place.
» T S'il y a des avant-fossés, et d»
» quelle nature.
» 8* Si les fossés sont revêtus et pro*-
» fonds, secs ou pleins d*eau; de queHe
» profondeur ; si elle est dormante ou
» courante, et s'il y a des écluses, et la
» pente qu'il y peut avoir de l'entrée
» des eaux à leur sortie.
» O"" S'ils sont secs ; quelle en est la
» profondeur, et si les bords en sont ^
)» bas et non revêtus. Au reste, on doit
» compter que les plus mauvais de tous
» sont les fossés pleins d'eau quand
» elle est donnante.
» Les fossés qui sont secs, profonds
a et revêtus, sont bons; mais les meil-
a leurs sont ceux qui, étant secs, peu*
» vent être inondés, quand on le veut,
» d'une grosse eau courante ou dor-
a mante, parce qu'on peut les défen*-
» dre secs et ensuite les inonder, et y
» exciter des torrens qui en rendent le
» trajet impossible. Tels sont les fossés
» de Yalenciennes. du cAté du Ques-
a noy , qui sont secs, mais dans lesquels
s on peut mettre telle quantité d'eau
9 dormante ou courante qu'on voudra,
» sans qu'on le puisse empêcher. Teb
» sont encore les fossés de Landau, .
)» place moderne, dont le mérite n'est
s pas encore bien connu. Cette place
a toute neuve, et sans être achevée, A
» déjà soutenu trois grands sièges ,
» dont aucun n'a été conduit avec une
» grande intelligence , et les défenses
B Tont été encore plus mal.
» Les places qui ont de tels fossés, •
s avec des réservoirs d'eau qu'on ne
a leur peut ôter, sont très difficiles à -
» forcer, quand ceux qui les défendent
y> savent en faire usage.
» Les fossés revêtus, dès qu'ils ont
flM
m LA «ÉrBllSB
» dni, flodie, qnîme, vingt et vinfrt-
»= cinq pieds de profondeur, sont aussi
» fcrt bons, parce que les bombes ni le
• canon ne peuvent rien contre ces
vfevètemens, et que l'on n*y peut en-
» trer que par les descentes, c'est -à-
B dire en défilant un à on ou deux à
v deux au plut ; ce qui est sujet à bien
» des inrhnvéniens; car on vous chi-
» r.ine, par différentes sorties, sur vo-
» tre passage et vos logcmcns de mi-
» neurs; ce qui cause beaucoup de
» retardement et de perte , outre que
» quand il s'agit d'une attaque, on ne
)» la peut lontenir que faiblement, par-
» ce qu*il faut que tout passe par un
» trou ou deux, et toujours en défilant
D avec beaucoup d'fhcoromodité.
» il faut encore examiner si les fossés
» sont taillés dans le roc , si ce roc est
» eontino et dur ; car s'il est dur et mal
oaisé à miner, vous aerex obHgé de
» combler ces basés jusqu'au rex du
» chemin couvert pour faire votre pas-
» sage, qui est un travail long et diMI-
» elle, principalement s'il est profond ;
)>caf ces aMuœavres densandent beau-
» coup d'ordre et de temps, pendant le-
i»t|Qel l'ennemi, qui songe à se défen-
» dre f vous fait beaucoup souffrir par
»alHicMcanea; il détourne lea maté-
» fiatix, arrache lea fascines « y met le
D feu , vous inquiète par ses sorties
9 et par le feu de aan canon, de ses
D bombes et de sa mousqneterie, contre
» lequel vous êtes obK^ de prendre de
» grandes précautions, parce qu'un
» grand feu, de près, est fart dange-
» reuT] o'est pourquoi il faut de néces-
Dsité l'éteindre par un phn grand et
» bien disposé.
a Après s'être complètement instruit
»de la qualité des fortifications de la
i> fitace qu^ l'on doit attaquer, il en faut
V r\ îmii'*»'' i('s florin «t v^^ir si i|uHfirîo
>> Vldciu i etiemuè iireiïa ou tiléittf lité de
- j» terrain peut favoriser vos approche»
I » et vous é|)argner quelque bout ds
»» tranchée. S'il n'y a point de eomaïaa-
» dant qui puisse vous servir ; si la tar*
»rain par oii se'Kioivent coiidmri kf
X» attaques est doux et aisé à fenteisir:
0 s'il est dur et mêlé de pierrea« Issl*
x> loux et rocailles, ou de rochea peKa,
x> danfi lequel on ne puiaae que peu aa
» point s'enfoncer.
» Toutes ces différences sealcou^
Ddérables; car si c'est un terrain rilè
» à manier, il sera facile d'y fibt de
» bonnes tranchées en peu de templ,
m et un y court bien moi na de riaqwk
» S'il est mêlé de pierreietde cailkm,
»il sera beaucoup plu» difficile, et \m
» éclats de canon y sont dangereu.
a Si c'est un roc dm* et pelé, dans la-
D quel on ne puisse s'enfoncer , il ImI
D compter d'y apporter toutes lea teim
» et matériaux dont on aura besaià;
)» de faire les trois quarts de la traachie
x> de fascines et de gabions , floémads
D ballots de bourre et de laine, oa <{■
» produit un long et maovaia trafil,
x>qui n'ei^t jamais à l'épreuve dv eaasa
x> et rarement du mousquet, et dont «a
x> ne vient à bout qu'avec du temps, da
» péril et beaucoup de ëépenae; e'sit
» pourquoi il faut éviter tant que ïm
x>peut d'attaquer par de leliea ava-
» nues. »
Quand oo a reeenno ka avantagsi
et lea désavantagea d» site général de
la place, et du site particulier de cha-
que front, H faut examiner ce qu'an
nomme le Système des furtiiicatièDS,
c'est-à-dire son tracé , le nombre et h
disposition des pièces en particulier,
voir si chacune des pièces qui le ^^og.
posent remplit bien son objet, et s'il
n'est pas susceptible de quelque amé-
lioration peu coûteuse. Il ne s'agir
y>oiiit m df rechorcbrr ç\i\c\ psf tr-
I meilleur système» po^slblr dr foriîJ:*;;-
DES PJAGBS FORTES.
«61
tî'>Ds; il ne s*agit pas de démolir les a C'est ane vérité généralement
places qui existent, pour en construire » adoptée aujourd'hui (dit M. Gay de
d autres, mais il s'agit Je bien défendre
ceUes qu'on a et pour les bien défen-
dra, il faut les bien connaître. Lors-
qu'on les connaît bien , qu'on les a en-
visagées sous tous leurs rapports , on y
découvre souvent des propriétés qui
valent au moins celles qu'on aurait pu
leur procurer par des constructions
Douvres. Les places de M. de Vau-
ban « comme sont presque toutes celles
qui forment le çrand cordon des fron-
kitrça de l'empire, ont le gracd avan-
tage de la simplicité, et celui d*ètre
biw appropriées au site. C'est ass.z
d'avoir à les entretenir, ou du moins
à y faire quelques légères moditica-
tioQS. En général elles sont suscepti-
bles d'une très bonne défense, comme
noua le prouverons dans le chapitre IlL
Illeur manque principalement des sou-
terrains, des lieux abrités pour les
iM^mmes, les subsistances» l'artillerie ,
leftnuuiilioB3. Voila leur défaut osscn-
tiçit auquel il faut remédier peu a peu.
IL de Vaubau sentait la nécessité des
feux couverts, il a essayé de s'en pro-
curer par set tours bastioimées. Cet
ewi D*a point réussi , et il en est resté
un grand préjugé contre les baltcri. s
caiematéeâ. Cependant plusieurs per-
MMoei se sont élevées contre ce pré-
jugé. M. de Hontalembert l'a attaqué
le premier, et avec d'eicellentes rai-
Mms. Un amour-propre mal entendu
lui a suscité des adversaires , qui , au
lien de s'attacher à montrer simple-
neot l'abus qu'U avait fait de sou prin-
cipe, oBt attaqué le principe lui-même.
Mf 4e Hontalembert a certainement
rendu «u service important à la fortîQ-
» Vernon ) que les feux casemates sont
» d*une exécution facile , qu'on doit
p les employer dans une innnité de
» circonstances, et que leur combînai-
» son avec les autres élémens de fortl-
» fications, est la seule manière de com-
p poser des systèmes sus::eplibles d*op-
» poser une résistance proportionnée
» aux b(îe')ias de la guerre, et à la vio-
» lence des attaque.** qui semblent tous
» les jours prendre de nouveaux ac-
» croissemens. »
Mais M. do !^IontaIembrrt a abusé de
ces feux couverts en voulant les faire
servir aux défenses éloignées, et cela
seul pouvait les discréditer plus que
n'avait fîiiit auparavant le non-succès
de celles de M. de Vauban ; parce qu'il
est évident qu'en quelque nombre que
puissent être les feux caseipatcs, on
aura bientôt détruit leurs voûtes, ^i
elles sont vues de la campagne, qu'elles
ne ralentiront passcnsiblt^ment le pro-
grès des tranchées, et que cependant
leur consommation en poudre et pro-
jectiles sera si grande, qu'elle surpas-
sera tous les approvisionnemens pos-
sibles.
Le v^Titable usage des feux couverts
consiste à les placer dans les lieux où
ils ne puissent être battus directement,
à moins que ce ne soit par des batte-
ries très inférieures. C'est uniquement
pour les garantir des bombes et des ri-
cochets qu'on les couvre, et non pour
qu'elles puissent lutter long -temps
contre des batteries directement op-
posées.
La iNremière condition pour que des
Ceux couverts remplissent leur objet.
Qfiiom , eu ramenaut les idées aur les est donc qu'ils soient parfaitement dé-
fen casemates, qu'on regaidait avant | robes aux vues de la campagne, d'où
hll cnmine impraticables en ffrand , ' ils pourraient élre haltu> de plehi
4anui> que le contraire t?>t prouvé.
ioueu Leur ùcMuittuou irt • \t.li.;^«^>-*-
Ml LA OÉPBim
méat pour les défenses rapprochées ; et
alors, si l'on reut employer leur action
directe, ce ne doit être que pour em-
pêcher on détraire l'établissement de
Tennemi sur les ouvrages mêmes de la
place.
Mais l'emploi principal et véritable-
ment essentiel des feux couverts, est
de prendre des revers sur les travaux
de l'ennemi; non seulement parce
qu'il lui est bien plus diflRcile de se
garantir de ces feux de revers, mais
encore parce qu'alors ces feux cou-
verts sont absolument indestructibles
par les batteries de l'assiégeant ; car ,
étant couverts, ils sont d'abord à l'abri
de la bombe et du ricochet ; et étant
dirigés sur les revers des travaux de
l'ennemi , ils sont dérobés aux coups
directs ; et c'est alors qu'ils fournissent
un nouveau genre de défense infini-
ment supérieur à tout ce qui existe , et
procurent l'avantage de conserver un
feu très meurtrier, intact jusqu'à la fin
du siège.
On peut les placer oudans des case-
mates voûtées , ou sous des blindages
à l'épreuve de la bombe : ceux-ci sont
de beaucoup préférables, i^ comme
moinsdispendieux ; S* comme occupant
moins de place et s'élevant moins haut ,
ce qui les rend plus faciles à cacher ;
3" comme susceptibles d'être déplacés
et même transportés aux endroits du
besoin ; h"* comme moins sujets à la
fumée, à cause des ouvertures qui res-
tent entre les pièces de bois du blin-
dage ; 5* en ce que les coups de canon
étonnent les maçonneries et les dégra-
dent assez promptement, ce qui n'a
pas lieu dans les batteries blindées;
6* enfin , en ce que souvent l'on peut
employer celles-ci dans les places ac- |
tuel'^, sans démolitions ni constme-
tion!» nouvelle*.
^.e^ baU» f H'5 iMiihi* ( > on* l'v pnnu)-
sées par l'ancien directeur des fortift
cations de Saint-Omer, où elles ont
été éprouvées pour la première fois, et
où elles ont parfaitement réussi. Oo
en trouve le développement dans le
Mémorial pour la défenu iu places ,
de H. de Cormontaigne , auquel les
éditeurs semblent les avoir attribuées,
mais c'est par inadvertance.
Si les casemates sont moins avanta-
geuses pour contenir des batteries que
les blindages, elles ont une autre es-
pèce d'utilité qui les rend très pré-
cieuses , c'est de servir de souterrains
pour les magasins et de galeries pour
les contremines. C'est par le défaut des
uns et des autres que pèchent la plu-
part de nos places, ainsi qu'on l'a déjà
dit ; si donc toute l'escarpe qui forme
l'enceinte d'une place était voûtée i
l'épreuve de la bombe, cette casemate
continue lui procurerait des avantages
inappréciables.
C'est pour remplir au moins en par-
tie ce but important , que dans les ou-
vrages neufs, les officiers du génie ont
pris le parti de construire des revête^
mens en décharge. Cette construction,
adoptée par le comité des fortifications,
sur la proposition de l'ancien directeur
de Saint-Omer, le même qui a fait aussi
adopter les batteries blindées, cette
construction , dis-je, réunit l'avantage
de procurer de longues galeries de mi-
nes tontes faites, celui d'une grande
économie, et surtout celui de rendre
les brèches très difficiles à faire prati-
cables , à cause des pieds-droits qu'on
ne peut parvenir à rompre complète-
ment , comme on l'éproava à Diilem-
bourg pendant la guerre de sept ans ,
quoique cette construction y fiât très
imparfaite, n'ayant pas eu poor but de
rempHr cet olijet.
* Ue venons a lexamen du systèoie
1 •
Vm HJkCIS VOftTCB.
Ce tyM^^-o0aipi'<BtKf m wMé« l6 r^
lief , le Gommandenait et le défile-
menl. A chaque pas que Ton fait en
suiTant les remparts , il faut fixer son
attentioa sur chaean des points princi-
paux. Par rapport an tracé, il faut exa-
miner si toutes les parties sont vues et
suifisamment flanquées, si les parapets
et terre-pleins sont asseï laiiges, s'il y
a moyen de caser quelques pièces d'ar-
tillerie que Tenoemi ne puisse aperce'
voir ou contrebattre, et surtout si l'on
peoi Se procurer quelques revers sur
les glacis ou quelques tirefr«n-brècbe.
Par rapport au relief , il faut examiner
si Ton découvre bien la campagne, si
les maçonneries sont bien couvertes
par les giads, si les parapets sont assez
hauts pour couvrir les tirailleurs, si les
fossés sont profonds, et principalement
si le mur d'escarpe est asseï élevé pour
être à l'abri de l'escalade et des atta^
qoes de vive-force. Par rappCH-t au
commandement « c'est de considérer
si les pièces sont placées, suivant les
règles reçues, bien en amphithéâtre,
pour que celles du dedans dominent
convenablement celles du dehors. Cette
règle cependant est rejetée comme
très mauvaise, par de savans militai-
res : M. de Saxe la réprouvait absolu-
ment; on ne peut se dissimuler ses
graves ineonvéniens , qui sont qu'au-
cun coup tiré par l'assiégeant n'est
perdu, qu'au contraire on ne peut
souvent faire usage de ceux de la
place V crainte de tuer les défenseurs
qui sont dans les ouvrages avancés;
enfin , qu'on ne peut dérober les ou-
vrages intérieurs aux batteries éloi-
gnées, principalement aux atteintes du
ricochet , d'où résulte que dès le pre-
mier jour de la tranchée ouverte, les
feux de la place sont presque tous dé-
montés. Aussi plusieurs officiers du
génie ont^ils proposé de ne donner au*
cun eommandemeuf ou creorans au de*
hors, ou mémo de le prendre en sens
contraire, et leurs raisons sont très
fortes. Enfin, par rapport au défile-
ment , il faut bien examiner si sur le
terre-plein des ouvrages on n'est point
aperçu du dehors. Ce défaut qu'on
cnnrait, d'a|M^ les premiers princi-
pes de la fortification, ne devoir se
rencontrer nulle part, est au contraire
très commun , et c'est un de ceux qui
méritent le phis toute l'attention des
oiBeiers du génie»
Au surplus, il ne nmf pus se ngorer
qu'on ne saurait se défendre que sur
une enceinte bastîennée. La meilleure
défense est d'abord une bonne mu-
raille haute et bien revêtue, qu'on ne
puisse escalader ni emporter d'emblée.
Car il fondrait nécessairement y faire
brèche , et ces brèches formeront des
étranglemens que leur position rend
toujours susceptibles d'une vigoureuse
défense. « Remarquez ( dit le général
» d'Arçon ) que ces flanquemens com-
» passés dont on fait tant de cas dans
» les dispositions du cabinet, ne pro-
» doisentdans les actions que desavau*
» tages bien faibles et souvent illusoi>
a res : on voit en effet dans chacun de
a ces ouvrages, qui, de loin ou de près,
a participent à la crise d'une attaque ,
a qu'il existe une sorte d'égoisme, dn-
a quel il résulte qu'on s'intéresse infi-
a niment moins à la sAreté de ses voi-
a sins qu'à la sienne propre, a
C'est pour ces mêmes raisons qu'il ne
faut pas non plus trop s'effrayer du
mot d'angles morts. La phipart de ctg
angles n'ont aucun danger , soit parce
qu'ils sont à peu près inaccessibles p«
les fossés pleins d'eau ou leur grand
éloignement du lieu des attaques, soit
parce que l'ennemi peut toujours dé-
boucher en force de très près sur cpmx
qui voudraient les insulter. 1*.*] jki .
1^ ton iâ
danA le ayslème de M. de Vauban,
Tangle que fait ia tenaille dan^son mH
lieu, et dont ou a raisoo de ne |ni8
H'ipquiéter.
Il faut eiLaBiiuer fi chacune des
pièces qui entreRt 49M U compoaHiM
des fronUf de la place (emplit bien aeft
oh^et, si elle a les dimeuaious couveiia-
blea et &i elle esl soaceptible de retnw-
chement.
On prendra garde aux oumgea re-
vêtus et à ceux qui oe le font paa, tant
aux escarpes qu'aux gorges el conlfee-
carpert, et anrtevi à la iacHitéel à la sû-
reté de tontes lea conuMUNcatiena au
ponts dorraana et ponla leris, portes,
poternes, etc.
On remarquera s'il y a «n chemin
des rondes : M. de Vanban regrettait
de n'en avoir pas fait parlont, et ce
n'était pas f^ans raison ; non que le ehe»
min des rendes soit très utile en lui-
même, mais comme alors le parapet se
trouve tn^s reculé , h brèche nVn en-
traîne pas la chute, ce qui est extrême-
ment important pour sa détViise.
M. de Cormontakigne a très bien
démoHtré la nécessité dos réduits dans
lesdemi-iunee; il faiat donc examiner
s'il y eH a, s'ibsent refétus, ou s'il est
pessibk d'en faife.
Les Petraaahemens dans lea bastions
sont encoreplu» indispensablea : il tmt,
s'il n'y en a peint, <iu e» faire Uml de
suite, eu on aioar as BMÎna le pvojet
fait et arrêté d'waiice, pour pouvoir y
mettre hr. lawk anaritM que le front
d'attaque est connu.
C'est «s grand défani que le man-
qiicBacnt de hi teaeilte defvani mi front,
pane que sana cHe ta brèche pent se
faire sur tout le pourtour 4e la pkh e,
et qa*il eat tsèa diflloile d^eséenter de»
sorties.
I^s caponnières vis4-vi9 le milieir
de la courtine, lorsqn'eHea sont bien
I.
faites, aenl très aUlen peui ktélÊtm
dtt fessé; celle qtut Vmà pmvrait faire i
l'angle flanqvé do baalioii ne le mnà
pas moins. Un raveKo , qui eoovrMl
celle pointe, el qui a^élèverail dn tmi
du fossé jusqu'à Ishanleor de I'
serait d'un esoeHent mafe penr
vrif leaflanea dea batteriet dn
conveH, el pour diapiiter vi
ment le passage de fossé.
Ue autre genre de défense, qet
rite auasi beaoooup de eeeaidératiee,
eat eeh>i do pianlafc dca giedaee a^
biea prepeaé par jkl. de SaInMML
Cette méthode , qui se pvatiqiie bea^
coup à présent, eat oa ne peol flm
utile ^ tant par le qeenlilfr de bab
qu'elle fournit et dent on e ee si gmrf
besoin dans les places aariéféet, fm
por toa racines qui restent apiés il
ornpe et qiri vendent très diflMIe k
progrès des sapes.
Il serait à désirer qn'on plaetM di
même en charmille le hanCdetekaa-
quelle des chemins ccmverts, aed»
sous du {«arapet , ainsi que Font M
quelques oflleiers dn génie ; ce sent
nn excellent moyen de suppléer aai
palissades qui sont si dt^fiMdieaBei.
On devrait également ne pa» eégflipr
de pienler d^éphles- les onvrages m
terre; ce qnï vaudrait naieui que hi
fraises et pïiKssades qifon y plafel h
hète an moment du besoin. Ces hAl
bien entretenues ne sont guère kÊt
rieures è on mur d^esf arpe. On peM^
rail employer penr cet lÂjet le geflit
épineux , qid> est d'une tfè» grande dik
fénse.
Quant anx mancKUvresr d'Iraor, m
sait que souvent! ettes procurent dM
moyens de défense supérieurs k tom
cenx qu'on pourrait tirer de ta pittk
grande p<^rfection d^ns le système des
fortiflcationa proprement dites. B Ont
donc les éfodier avec le phia giini
Dits PlACM FOHTBt.
rfn: é'est la partie scientifique de
ut des officiers du génie ; c'est là que
) calcul et la théorie de l'hydrodyna-
liqne peuvent s'exercer utilement. La
Mte et le coun des eaux doivent 6tre
IM étudiés, lour entrée et leur sortie
taatamment surveillées, aînst que les
doses, portes d'eau el égouts, pour
viterles surprises, soit par stratagè-
Mf iolt de vive force.
S'il existe un moyen de rétablir Té-
ailibre entre Tatlaquc et la défense,
eêi sans doute oehû des contre-mines;
ièijfvii d'autant plus prédeui qu'il <ip-
mde admirablement tous les nntres et
ifil coûte peu d'Iiommos. Malheuren-
dUPITRÇ lU,
De la |il4çe rappMëe en étal <|e f iiçrn^ -r. pifr
piiiilioni défei^Hivi tf. — Du pcr5onntfl et di^
msU^rhl iM^cfvaire à la dér^nse. -> <jr»'rnl-
son. — Artni. rie. — SobflMsnres. — Xvtmy
viflonnemfw d* tow gmref .
Il serait fort inutUe d'avoir d'mtfet-
lentes places de guerre, si eltea derr^
meuraient sans forces actives, et syiis
approvisîonuomens; elles tombtvaieut
bientôt entre ks rpaius de ri^nemLqi^
sans ctoute en ferait un meiMeor iisnift^.
Vne vilte forte n'est, a prupreuiciiit
mieiit Jns(|u'icî on n'a pas nttarhé à j parler, qu'une ç^ande batterie: si wkk^
ï' moyen l'importance qu'il iloit avoir ! batterie est sans canon, ou si n'ft ea-
If que derraiont lui attirer quelipips { nons sont sans hommes pour loaseovir,
n^rniges excellens pnhHés sur (*ptfe an sites hommes sent sans s|^Vi¥>^lV')-
laffère. fl fSnut que Tofflcier du izénie
niAaisse bien toutes les {galeries de
iiitre-mrnes de la place qui lui est
)nflée, qu'il on parcoure lou»* les m-
C4^, il ne lestera plus qu'une |)Q6ilÂ9W
heureuse qui appertioDdr^ aw prcn)ier
occupant.
Ainsi Tart de pourvoir une plac94e
i#anx, qu'il se fnmîlrarrsc avec les dé- I tout ce dont elle peut avoa besfÀp
pour sa défcnne, etii aurisi cssmt^lipe
celui de la bien consUruiro, et liiSs^As
qu'il exige sonisiana cesse renaissant,
parce que les. approvisionueoi^s se
consomment, et qu'il but iftie assiduité
continuelle pour les enlcetenir et ies
renouveler.
M. de Yaulmn est| coowie «ou» l'a-
ven» dit, le pvemier qui se soii 0(i;c^
de former des tableaux, pvaiir L*avw^
vÎMonnement de toutes. \es ^c^t.Bt
sous ue nom il comprend la gCffiHNi^
l'artillerie, lessubsistenf/v. M. de Çfi^
Montaingnea ehevehé^enâuitft.À \^i^
fectionner les tableaux, de M* <^ V<hi-
ban ; mais, pour a/voir voulu y fl^iipoctier
trop de précision, il a (Hé aux «saiégiis
la lalitude nécessaire pour uii# longue
défense, et nous avons vu ies iu^^vé-
-niens majeurs qui résulieqi du- aes
Icalonls. ConuMBil suM>QMe (|ii.'iMiiMse
i, qu'il en étudie l«i correspondHO-
s BTec les parties supérieures du ter-
lin, le moyen de les rérer.et qu'il
biAe d'avance tout le parti qu'il pourra
n tirer dans l'occasion.
■ Enfin on visitera très soigneusement
nia les bâti mens mili'aire**, tels que
« casernes de soMats et les quartiers
èr caralerîe, les arsenauT, les ma$;n-
fAf à pondre, les hôpitaux militaires,
M corps-d»^garde , prisons, souter-
Éhia, etc.; on examinera s'ils sont so-
lles,bien aérés, suffisansponr leurob
if; et dans le cas contraire, quels s<»Ht
* moyens d'y suppléer. On trouve les
IStails relatih à ce dernier objet, dans
i^ Science des Ingénirure de Be!idor,
ittvrage utile, qui pourtant aurait be-
olh d'être refait.
OK LA Dipsnsi
détendqueparle fea, qae jam^b un ne
détruit les travaux de l'assiégeant,
qu'on ne reprend jamais tin ouvrage
qui a été une fois perdu, il règle ses
approyisionnemenssur le minimum de
la défense, de sorte que Tennemi a
presque aussitôt fait de réduire la place
par blocus que par un siège régulier,
n est vrai cependant que M. de Cor*
moataingne propose d'ajouter aux sab-
itstances, pour le cas du blocus et pour
le prolongement de la défense, par les
actions de vigueur; mais c'est trop
peu de chose^ pour qu'on puisse espé*
rer de faire une résistance compa-
rable à celles dont nous avons cité
an si grand nombre d'exemples, et
nous eussions pu en dter beaucoup
d'autres.
Il faut convenir aussi que c'est ici
que se rencontre la plus grande diffi-
culté, si bien que de très célèbres gé-
néraux, tels que M. le maréchal de
Saxe, la regardant comme insurmon-
table , ont mieux aimé renoncer en*
tièrement au système des forteresses,
quoiqu'ils pensassent d'ailleurs qu'on
pouvait les rendre imprenables , que
d*expoaerl'Étatauxinconvéniensd'6tre
entouré d'un cordon de places mal ou
point du tout approvisionnées. C'est
donc un sujet digne des plus profondes
télexions, mais qui tient plus à l'ad-
ministration suprèmeelle-mémequ'aux
commandans d'armes et aux officiers
dn génie. Cest à enxde mettre sous les
yeux du gouvernement les besoins de
Iw place, d'insister, autant qu'ils le
peuvent, pour qu'elle soit conalam*
ment pourvue de tout ce qui lui est in-
dispensable, mats ils ne peuvent rien
de plus. C'est seulement lorsque la
piaee eat mise en état de siège , que
leur devoir est de rassembler prompte-
ment toutes les ressources du pays en*
vliuuMDt de les mettre en lieu de
bûreté, de veiller à leur bonne dlslii--
butioD et à leur économie.
Les petites places ont Hoconvénient
denepasfournirdes abris suflQsanspoar
couvrir tous les approvisionnmneDS aé-
oessaires à un long sîége, une grands
partie reste exposée aux bombes; et
pour se donner plus d'espsce, <m
est souvent obligé de construire de
grands dehors, comme des ouvrages i
couronne.
Les grandes |daoea ont nu autre in-
convénient, c'est que, malgré les rè-
glemens, il est impossible d'astreindre
les citoyens à s'approvisionner pour li
durée d'un long siège: quelle que soit
leur bonne volonté, ils n'ont pas les
facultés pécuniaires. On fait bien pas-
ser dans les villes de l'intérieur dm
partie des personnes qui ne font que
consommer sans être utiles ; mais la
mesure est violente, et comme impos-
sible lorsque la ville a une grande po-
pulation.
il serait à désirer que dans les gran-
des places ou pût établir peu à pen
des greniers d'abondance qui, aux ap-
proches du besoin, distribueraient
dans toutes les petites places environ-
nantes, et que ces magasins fussent
voûtés à l'épreuve de la bombe , si on
ne pouvait les éloigner suffisamment
du point d'attaque.
Les tableaux d'approviaionnemens
dressés à ce sujet par les grands ingé-
nieurs dont nous avons parlé, ont an
moins l'avantage de foiunir la nomen-
clature des choses nécessaires, et à pen
près les proportions convenables. Seu-
lement il faut les regarder comme faits
pour un minimum de défense, et les
augmenter dans un même rapport an-
tant que possible. Il est diffidie qu'il
puisse y en avoir trop ; car on peut tenir
pour certain qu'une bonne garnison se
défendra indéUmment dans une bonr^
DBS PLACJKS FOHTBS,
6^7
plaee msti long-temps qa'dte aura de
qooi vWre et de quoi combaitrep
Mais souvent il arrive qu'on a beau-
coup de choses, et que parce qu'on
manque seulement de quelques unes
qui sont essentielles, on ne peut pro-
longer sa défense; par exemple, on
aura assez de subsistances, mais on
manquera de bois pour faire cuire leS
alimens; on aura trop de pièces d'artil-
lerie et point d'affûts ; ce seront les fu-
sils, la poudre ou les outils de divers
genres qui manqueront : c'est à quoi
il faut donner toute son attention. Les
tableaux existans peuvent préserver
d'un pareil accident, parce qu*ils four-
nissent du moins la nomenclature des
objets et le rapport de leurs quotités.
Ce serait ici le lieu de placer ces ta-
bles considérées sous ce point de vue ;
mais comme elles remplissent les ou-
vragesclassiques,ceserait répéter inu-
tilement ici ce qu'on trouve si facile-
ment ailleurs; je me bornerai donc h
quelques réflexions générales qui tien-
nent à la question importante dont il
s'agit.
La garnison peut être composée en
partie de nouvelles milices qui y ac-
quièrent bientôt de l'expérience; mais
il faut nécessairement un noyau de
troupes parfaitement aguerries et dé-
terminées.
L'artillerie, la poudre, les munitions,
ne sauraient se trouver en trop grande
quantité dans une place qu'on veut bien
défendre, mais il faut au préalable
avoir disposé des abris sûrs et en éten-
due calculée. Il faut surtout des mi-
neurs, et tant qu'il y en aura, il est
des palissades; on siy>plée aux soutev*-
rains, on se procure des communica-»
lions multipliées , on rétablit les aiïûts
brisés, on construit des radeaux pour
la défense du fossé, on se couvre en un
moment dans les lieux les plus exposés,
et Ton se met en mesure de se loger à
l'abri au plus près des tëtcs de snpe
Le chauffage et la nourriture des trou-
pes en exigent d'ailleurs une grande
consommation.
C'est une chose précieuse, lorsqu'on
peut se la procurer , qu'un vaste em-
placement qui puisse servir au parcage
des chevaux et bestiaux, et d'au-
tres où Ton cultive des légumes. Cela
peut avoir lieu lorsque la force de la
garnison permet d'avoir un cnmp re-
tranché sous les murs de la place, ou
lorsque cette place n'étant attaquable
que sur un point, il se rencontre, an
dehors de son enceinte, de grands es-
paces couverts par une inondation,
ou une grande rivière facile à garder.
On supplée aux souterrains par les
caves des particuliers, en recouvrant
les voûtes d'une grande quantité de
fascines croisées les unes sur les an-
tres^ et de fumier ou de terre.
S*il n'y a pas de moulins dans la
ville, ou s'ils peuvent être ruinés par
l^ennemi , on établit des mbnlinsà Ûas
en suflisanteqnantilé.
On a proposé des casernes défensi-
ves, voûtées, à répreuve de la bombe*
Rien certainement ne serait plus aran-
tageux pour procurer du repos au sol-
dat, pour servir d'hôpitaux où les ma-
lades seraient au moins délivrés d*in-
quiétude en même temps qu'ils s<Aif-
obligé de se rendre.
On ne saurait non plus jamais avoir
trop de bois ; avec le bois on fait
de suite un bon retranchement, des
plus que probable qu'on ne sera pas frent physiquement; où Ion placerait
les effets qui doivent être abrités, et
qui en même temps pourraient servir
d'excellens retranchemens derrière les
bastions.
tambours en charpente , des fraises, ] Enfin, dans )es lieux où l'on ne peut
T. 48 '
Di LA Btnmt ■
•1
le procurer de bonne eau en ralBsante
quantité, comme it arrive déni plu-
rieurs villes maritimes, il est indispen-
sable qu^il y ait de grandes citernes
bien couvertes contre les feux verti-
taux, entretenues par le gouverne-
ment, indépendamment de celles qui
ioivent exister dans les maisons par-
ticulières.
De plus grands détails sur tous ces
objets ne sont pas du ressort de cet
Ouvrage ; mais on ne peut trop enga-
ger les gouverneurs et tous les officiers
qui doivent concourir avec eux à la
défense des places , à s*occupcr avec
la plus grande sollicitude de ce qui
concerne les approvisionnemcns en
tous genres, car c'est véritablement la
partie la plus délicate de leurs travaux,
et celle où la négligence cause le plus
souvent la reddition DrénoAturée dca
meilleures forteresses.
CHAPITRE IV.
, D« la mile en él^t de liége- — Ueisrai eom-
mandées par les circonstances. — Investisse-
ment. — Oa?ertnre de la tranchée. — Dé-
feose éloignée. — Défense rapprochée (1).
Il y a dans la défense d'une place
trois périodes à distinguer essentielle-
ment. La première, depuis Tinvestis-
.lement jusqu'à l'ouverture de la tran-
€;|iée ; la seconde , depuis l'ouverture
de la tranchée jusqu'aux premiers lo-
lemens de l'assiégeant sur le glacis ; et
h troisième, depuis les preopiiers loge-
mens sur le glacis jusqu'à l'attaque du
lernier retr^chement. La première
(1) Danseel4^tje n'emploie qae lesmesu-
9t» ancienne, à eaoae des Tréqucntes citations
(ne J'ai été obligé d*y Ihire des Oa%rAges de
H. de VaiiliaB et autres écri? lins, qui ont écrit
avsni rétablissement des mesures actuelle^ ce
qui aurait rendu les rapprochem(>ns dilBdJM.
SI /en ave^ usé antrement.
de ces périodes répond à la
tion des lignes de ciroonvallaUm dde
contrevallation de l'assiégeÉiit : la se-
conde répond aux traran de la Inn-
chée jusqu'à l'établissement de la tni
sième parallèle, qui a Heo ordinaha-
ment près de la queuo dea glaeia , d
c'est cette période de la défense qa^
nomme Défbnse éloignée : la tralMèaM
période comprend l'attaqne du cheaiB
couvert, le passage do fossé, laprba
de la demi-lune et de son rédoil, et
enfin celle du bastion et de set reliM-
chemens. C'est cette dernière péfioda
de la dofense qu'on nomme Béfeaio
rapprochée.
La première de ces trois périadei
se passe, de la part de l'assiégé,
presque toute en préparatifs. L'en*
nemi lui-même n'attaque pas encore
précisément ; il ne fait que se prépa-
rer, et se metu-e en mesure contre la
entreprises qu^on pourrait faire iv
lui, soit du dehors, soit du dedaai.
L'investissement est ordlnairenesl
précédé de ce qu'on nomme la mm
en état de siège; c'est l'état oè le
trouve la place, lorsque le aanveraia
jugeant la place menacée ao poiot
d'exiger des mesures extraordinaries,
confère au gouverneur ou comman-
dant le droit de disposer de tout dm
la place et aux environs, comme si die
était réellement assiégée. Cest à cette
époque qu'il faut en effet commencer
les mêmes dispositions défensives, qm
si hi place était déjà investie.
On s'empare d'abord de tons im poa*
tes avantageux qui entourent la plaee
à la portée du canon, afln d'obHgff
rennemi, s'il arrive, à forcer préala
blement ces points, ce qui le retarde
d'autant, ou ce qui le contraint i étea-
dre ses Kgnt'S et son camp d'une auh
nière démesurée. Enfin U en résilia
WH f}4fm F9»T?i.
m
ktJrté jpptir exécuter, mm ioqoiétiuie»
tQQsles n^ouvemens, transports de ma-
tériaux et travaux avancés qu'exigent
les cirfiorstaocef. Ce temps est très
préciaix; mais U faat que ses postes
avancéfl aient avec la place une corn-
mçoication assurée, parce qii*autre-
ment Tennemi les couperait, ou les
enlèverait de vive-force.
Comme il est toujours très important
de aavoir qiieb sont les projets de l'en-
nemi , il faut envoyer de petits déta-
chjço^ns i la découverte ^ avoîr des es-
pions, tâcher de faire quelques prison-
niers, desquels on puisse tirer de bous
renseignemens sur la force et la position
des armées ennemies , ainsi que sur les
Ueu)( ou ellea font leurs plus grands
préparatifs.
Quand l'inveslbsement est fait , on
envoie de petits détachemens jusqu'à
quatre ou cinq cents toises des glacis ;
cea détachem^Q9 se mettent en embus-
cade ventTQ à terre pour tout obser-
ver ; ib tAchent de correspondre, et le
S<ûr iU se rapi^ochçnt des chemina
couyerts. Alors ils laissent passer les
personnes isolées qui s'approchent de
la place* piiobablement pour la recon-*
naître, çt lorsqu'elles sont trop enga-»
gées pour se retirer, on en fait des
prisonniers, qu'on interroge sur la si-
tyatioftde Tarmée ennemie, et dont
çn tfre ordinairement des lumières
très importantes.
On. ne dpit jamais rien négliger pour
avoir des nouvelles de l'ennemi; dans
cette première période surtout , il est
«^U^ôpiement avantageux de savoir
qp^ tara le front d'attaque et le lien
de fflaverture de la tranchée. Les pe-
tite détachemçns dont nous venons de
pader aeront très utiles pour cela » et
comm^ lennemi est encore fort éloi-^
gnéa ib ne ris(i|UQrQnt gnère d*4tre sur*
pb^ten)«y^ .
»' . j
n çst également essentiel de don-
ner et recevoir fréquemment des nou-
velles de Tarmée amie. Autrefois on éle-
vait pour cela des pigeons qu'on exer-
çait i porter et rapporter des lettres
attachées sous leurs ailes. On envoie
aujourd'hui des explorateurs déguisés,
qui connaissent bien le pays, et ifû
vont et viennent sans cesse , autant
qu'ils le peuvent. On observe aussi con-
tinuellement da haut des tours, étonna
peut nier qu'il ne fût très avantageux,
dans toutes les périodes du siège, d'avoir
un ballon aérostatique, qn'on tiendrait
avec des cordes, élevé à la pins grande
hauteur possible. Au fameux siège de
DÔle, en 1636, les Français, qui étaient
assiégeans, ruinèrent à coups de ca-
non la tour de la principale église, qui
découvrait à plus de dix lieues les en-
virons, sous prétexte qu'on tirait sur
eux du haut de cette tour. Il n'en était
rien , dit Jean Boy vin, auteur de la re-
lation de ce siège, a Les François n*es-
» toient pas si mal informés de nos af-
» faires, qu'ils ne sçussent bien qu'en
9 ce clocher on n'avoit jamais donné
» coup que de cloche : et c*estoit ce
» qui les piquoit , parce que cette
» échauguette esclairoit toutes lenra
» allées et venues, et aux occasions
0 donnoit l'alarme si à propos, et avec
» telle distinction de coups, que tons
» ceux de la ville açavoient en même
» temps si Tenneroy s'advençoit ou re»
» culoit , et de quel costé : et encor par
» certains drapeaux de différentes cou-
» leurs, arborés ores d'une part, oraa
» d'autre, signaloit l'infanterie ou la
» cavalerie qu'elle descouvroit. »
« Il est a prési^mer (dit M. de Van-
» ban ] que le gouverneur aura eu soin
» de se munir d*un chiffre pour don-^
» ner des nouvelles au général et anx
» villes voisines , et qu'il sera convetu
» des signaux pour établir une eoT'*
m
bE LA DirBNiS
» rcspondance du ptas haut clocher de
9 la ville avec un ou deux de la cam*
» pagne.
» Comme il est important de savoir
» de quel côté Tennemi attaquera, on
» pourra le d<^mëler en observant la
» partie où nos troupes auront plus de
» désavantage, où le resserrement des
» gardes sera plus fréquent. On en
» jugera aussi par Tamas des maté-
» riaux plus abondant, et par rétablis-
» sèment du pure, qu'on tiche toujours
» de faire à portée de Touverture de la
» tranchée. Tout cela pourra se décou-
9 vrir des lieux élevés de la place, avec
D de bonnes lunettes, mais il sera en-
0 core plus sûr de l'apprendre par des
» espions. »
A cette époque, Tasslégé se hAte de
compléter ses approvisionnemcns en
tous genres, et de les mettre en sû-
reté, soit dans les souterrains, s'il y en
a, soit sous des blindages: il fait ren-
trer tout ce que les environs lui oflrent
de ressources, les grains, les chevaux ,
les fourrages, les bestiaux , les bois et
même les ouvriers de la campagne qui
jpeuvent ôlrc utiles pour les travaux de
la défense.
Le premier soin d'un commandant
assiégé doit être de faire sortir de h
place les personnes inutiles ; plus il re-
tarde cette opération , moins elle est
efficace; il les fait accompagner jus-
^ qu'aux places voisines par de bonnes
escortes pour leur sûreté.
On fait de suite recouper les para-
pets et former les banquettes, tant sur
les remparts que dans les cliemins
couverts; on arme ceux-ci d'un rang
de palissades sur tout le pourtour de la
place, et d'un double rang sur ie front
J*uttaque, aussitôt qu'on parvient à le
découvrir. On fait également fraiser et
palissader les ouvrages en terre suscep*
libUs d'attaque ; en môme temps on |
met des barrières partout où it en est |
besoin ; on a soin des poternes, des eu-
nettes et des bateaux qui servent aux
communications ; on donne de l'air aax
souterrains et aux galeries de contre-
mines, enOn on dispose tout pour pou-
voir s'en servir au premier moment.
On fait confectionner diligemment
une grande quantité de fascines, pi-
quets, gabions, sacs à terre, etc. On ne
saurait jamais avoir trop de toutes cet
choses.
Les plus petits détails dans le cou-
rant du service quoiqu'indispensa-
blés , ne sont point susceptibles d'en-
trer dans cet écrit; on les trouve avec
tous leurs développemens dans les ou-
vrages classiques qui font partie du
cours ordinaire d'instruction des élè-
ves du génie, et Ton ne peut trop les
exhorter à n'en négliger aucun, Lfi
plus célèbres officiers de ce corps ea
ont de tout temps senti l'importance,
et n'ont pas dédaigné de s'en occuper
essentidlement.
On redouble d'attention pour que (e
service journalier de la garnison se
fasse avec la plus grande ponctualité;
on tire de la bourgeoisie les hommes
en état de porter les armes ; on les or-
ganise en compagnies ; on les emploie
aux lieux les moins exposés, à la garde
des magasins, aux travaux retirés des
retranchemens que Ton construit ou
qu'on répare.
On établit une police sévère et une
exacte surveillance envers lés penoa-
nes suspectes.
^ Lorsque la garnison est peu nom-
breuse, on règle le service par tiers,
c'est-à-dire, qu'un tiers de la garnison
est sons les armes devant l'ennemi , un
second tiers est toujours prêt à mar-
cher, et lé troisième se repose. Quadd
la garnison est forte, la moitié se re-
paie, «Il quart est en préseDc« de Teu-
DU PLàSU FOETn.
Ui
Demi , et leiettese tient toujours prêt
à oMPcfaer.
On Torme Ifs conaeit de défense, on
a oa plaordirecteur $nr lequel ou dis-
cale chaque jour ce qull y a de mieux
à faire, et on tient le procès-verbal des
opérations,' aQn, de pouvoir dresser le
journal de la défisse, et rendre compte
un jour ou gouvernement de tout ce
qui s'est fait pendant le siège.
Dans ces premiers temps« les sur-
prises, les attaques de vive-force^ les
escalades sont très dangereuses, parce
que rennemi se trouve tout porté et
très nombreux ; de sorte que pour évi-
tei les formalités d'un siège, il cherche
Daturetlement à tenter un coup de
nain ; il faut donc être continuelle-
ment sur aes gardes, veiller soigncu-
seinent à ce que rien ne diminue la
banteiir des rempart», que les portes
dérobées qui donnent sur les jardins
des fosséa; et auxquelles on fait sou-*
fent peu d'attention en temps de paix,
enOa l'entrée et la sortie des eaux , les
égoolo et pu» sages provisoires soient
exactement fermés^ Il Esot en mdme
temps éclairer toutes les avenues de la
place pendant la nuit par des balles à
feu, la nMrindre négligence à cet égard
pouvant -avoir les plus terribles consé-
qumflef vie-è*vis d'un ennemi entre-
prenant^ et rendre inutiles tes disposi»
lions les plus savantes d'aHieurs.
Oorapetoutxeqtti offusque la vue
jusqo'A la portée du canon, et l'on
eomUe les petits fossés qui favorise-
raient les approches ou la reconnais-
sance de la place.
Dans dtaque ville de guerre on sait
i peu près le temps nécessaire pour
tendre^' lea . mondations ; on les com-
mence dOkie de nanière. qu'elles puis-
sent être achevées avant le comment-
(Dément des attaques^
On fait mettre le^birboltes en état»
et on y fait placer du canon , qui j
reste jusqu'à ce que rennemi ait établi
ses batteries; on tâche de tromper
l'ennemi sur la portée du canon de
la place, afin de l'engager à mal as-
seoir et son camp et Touverture de la
tranchée.
Dès que le lieu de cetti: ouverture
est connu , on fait préparer les embra-
sures et les plate*formes pour les batn
teries ; on fait faire les ouvrages de for-
tiOcations passagères qui peuvent être
utiles, tels que les Oèches au pied du
glacis. Ces flèches, mises à l'abri du
coup de main , retardent, comme on
le sait, beaucoup le commencement
de la troisième période , qui est la plus
importante.
tf A cette époque on doit, dit M. de
n Vauban , faire travailler diligenunenf
» à des fourneaux sous le glacis de la
B contrescarpe, et avancer aux pointas
» des angles saillans de la même con-
» trescarpe de petits travaux enfoncés
» en forme de contre-garde« sous le
9 parapet desquels on fera aussi quon«-
» Uté de petits fourneaux , et on fera
» planter des palissades à deux pieds
a du parapet , au-dedans de l'ouvrage,
» élevés d'un pied et demi plus que la
p hauteur du petit travail, o
En même temps on établit prompte-
ment les ponts de communication ,
dont les bois ont dâ être préparés
d'avance et rois en magasin. .
On travaille au plus vite i faire les
réduits dans les demi-lunes qui n'en
ont pas, et des retranchemens aux
bastions. Il serait bien à désirer que
ces travaux , d'oà dépend la bonne dé-
fense de la place, fussent faits de lon-
gue main et revêtus à l'escarpe : au dé-
faut de ceu»:i , il faut les taire le plus
solidement possible en terre et en fes*
cinage, sur des plans arrêtés d'avance
e( ^édités è loisir; il 7 a deycas oili qn
m
MIA MMIIisi
pent les faire même en mdçonnerie.
«L'on a vn à Lérida, en 16^7 (dit
» M. de Vauban}, les assiégés fonder
» et élever une muraille à l'épreuve
0 du canon, entre l'ouverture de la
» tranchée et la place, à qui elle for-
o mait une seconde enceinte du cAté
D de la place. »
On élève encore deb réduits aussi forts
que possible, dans les places d*annes
rentrantes et saillantes du chemin cou^
tert : faute de mieux on se borne i
lès faire en charpente, ou avec des pa-
lissades.
Lorsque Tennemi commence i che-
miner sur 1^ capitales, on fait ce qu'on
appelle une ligne de contre-approche :
c'est une tranchée droite, enfllée de la
place, et que l'on dirige sur les flancs de
l'ennemi logé dans ses parallèles et ses
boyaux de tranchée. Cette ligne, re-
commandée par M. de Vauban , n'est
pas assez en usage. Il faut au moins,
lorsqu'on ne peut pas l'exécuter, tâcher
de saisir quelque position momentanée
et favorable pour surprendre l'ennemi
sur les enfilades de ses travaux ; ce qui
peut souvent se répéter plusieurs fois
dans le cours d'un siège.
A mesure que l'assiégeant approche
de la place , le danger de l'attaquer
corps à corps diminue, parce qu'on a
moins loin a l'aller chercher, Hiotna de
temps à demeurer exposé à son feu, €t
plus de facilité h faire la retraite. Mab
i cette distance, ce ne sont encore
que de petites sorties qu'il faille hasar-
der ; il ne s'agit que d'interrompre ies
travailleurs, et les disperser pour leur
faire perdre tanlét une nuit, iuulAt
une autre , et non de livrer des conii»
bats. Si cependant on s'apergoit que
eelui-ci, plein de la confiance qu'on ne
l'attaquera pas sérieusement, n^iige
les pràcautiont nécessaires à sa •ûralé,
Ml le surprendrait de temps en temps]
par de vîgohHMMlte» UMH; U&i^fL
puyées par l'artillerie volante, llr CM»
lerie et les batteries de ta jÊÊùt ; ûhâ
toujours être habile à preoirv Ma A^
nemi sur le temps, et à pMÊUtét M»
tes ses flmtes.
« Les sorties faites i praptt, •
» M. de Vauban, peofettt rtnÉttiir
» Uement retarder les apprMbii; tifl
» peu d'actions à ta guefre, ce tadîk
gence et ta bonne condnittsoieMtftai
nécessaires qu*en celle«ci. Partadi^
ligence, fous surprenet les enaMÉii
par ta vigueur, vous taa netteté
désordre, et les contra%iMK dTi
donner un travailqu'ita ne
rontet ne rétiMiront
qnand tous l'auret détrafi; et^ivll
bonne conduite, vmw vow aarrci di
leurs travaux contre euxHiiteet,il
fskitesensuite, d'une Aiite foreée, «É
belle retraite. Enfin ta èonne 0»
duite garantit presque tanimtn éà
dangers que suit ta BHmvaiae. la
connaissance que ta
de ta faiblesse eo de ta
duite de ceux qui aero«it de fttdii
la tranchée, doit obliger éi tat aMs»
quer avec pius eu méiiiade fNua;!
doit encore te taire
vais temps aura mis l'i
d'état de pouvoir se sertir de*
mes à feu contre lea troopea <|iii
tirent sur toi; et, coiimm ta
des sorties tait un des principame-
tardemens de l'attnqise» le §mfm
neur ne dm t pas se eenlealer d'Mr
une seute fois bettu l'ennemi, eldi^
truit ses travaux ; il doit ai bieii prai^
dre ses mesures par iiii-«ièiiie« qae
sans trq^ tatiguer les aoldeto, Mr»-
bute i'asaiégeeot, taelAI per de pMi^
tes et même de tanaaea iorttaf, ë
tantôt par de ?éritahlei« aid Modri»
sent leurs eflfeta.
» Je fie atta ^ueHa raison a pu em*
fMler jQ^li*ici les gouvernean de
htto sortir de leurs places qoinze ou
¥tegt matires pour chasser les tra-
Vifliènrs de Tattaque. Je ne demande
pasqne cette petite troupe combatte,
ittHis qu'elle Tonde seulement sur sii
ou sept cents hommes , qui n'ont
ffoût toute arme que Tépée et la
pelle, et qui ne demandent qu'un
prétexte pour se retirer, ou, pour
Meiix dire, de prendre la fuite.
Quelque soin que prenne ensuite un
lltteicr-général pour rassembler les
piMniers, il est certain qu'il ne s'en
MTonvera pas la moitié, Ce qui re-
lÉHtera extrêmement le travail. Ou-
tré reRét de cette petite sortie, dont
je Viens de parler, elle en produira
m autre non moins considérable que
te premier, puisqu'elle servira à dé-
couvrir les postes que tiendront les
fNNtpM commandées, sur lo droite
et là gauche des attaques, pour sou-
tenil* les travailleurs ; lesquels étant
reconnus par les assiégés, ils feront
lilli, à coup sûr, sur ces troupes qui
ti*Otit point de couvert pour s'en ga-
fftntk.»
C'est une défense mal entendue, que
de faire uti graAd feu d'artillerie pcn-
dMt ieè deux premières périodes du
iiége; de cette erreur, dans laquelle
tombent presque toujours les comroan*
défis qui ne sont pas asiel instruits de
ce «tel regarde la guerre des sièges, il
réMlte qee lés canons sont tous dé*
BMMtéa on hors de service, aVant qu'on
ail pu leé employer utilement , et que
la plus grande partie des munitions est
consommée, lorsque le vrai temps de
s^en servir, qui est la troisième période
des attaques, est arrivé. C'est ici un
pNJdgé duquel ont beaucoup de peine
à levenir ceux qui se Ogurent vague-
uRMftqaè la bonne défense d'une place
eilfmpiyrtiotlihéeài
voa
I «Je souhaiterais cependant, dit M. de
» Vaubon , qu'un gouverneur ne se
» servit jamais de son canon, que pour
y> rompre quelque batterie plus faible
]» que celle qu'il y peut opposer, ou
» quelque logement qui rincommode-
» derait dans la suite, parce que Ton
» doit ménager extrêmement la pou*
D dre dans une piace assiégée. D'ail
» leurs, à bien considérer toutes cho*
» ses, les assiégeans ont toujours plus
» de canons que les assiégés , et plus
» de munitions ; ce qui les rend tout^è-
x> fait supérieurs, surtout aux places
» ordinaires. Ainsi je crois qu'il serait
x> plus utile de réserver la poudre pour
» la mousqueteric , qui en consomme
» moins, et fait plus de mal aux assié-
» geans, et pour de petits fourneaux ;
» car la charge de dix ou douze pièces
» de batterie, placée sous un logement,
» le détruit plus facilement que cent
» volées de canon. »
L'usage de l'artillerie , dans les pre-
miers jours de la tranchée ouverte, n'a
pour objet que d'obliger l'ennemi i
faire ses travaux solides , et à ne rien
négliger pour la sûreté de sa marche,
ce qui la ralentit; et il suffit pour cela
de la canonner lorsqu'on voit qu'il se
néglige on veut aller trop vite ; mais
les gronds effets de rartillerio de la
place n'ont lieu que dans la troisième
période de la défense, et elle doit être
soigneusement conservée pour cela.
On peut cependant suivre très utile-
ment, dans plusieurs circonstances, le
conseil que donne M. de Cormontain-
gne , de tirer de la place , à ricochet ,
sur les tranchées. Cette méthode est
économique, et fait beaucoup plus de
ravage que le canon tiré de plein fouet.
On peut également employer les obu«
siers pour ces ricochets ; relTet en sera
plus considérable.
Voilà pour ce qui regarde iea deex
Dremlères périodes du siège ; )iMqtt'îcî
la défense a dû être à peu près la même
pour tous les systèmes de fortitication,
parce que rennemt n'était pas eneore
parvenu jusqu^àax ouvrages mêmes, ses
premier* travaux n'ayant eu lieu qu au
milieu de la campagne. Maintenant
qu'il commence à établir son legement
sur le pied des glacis, cette défense va
devenir spéciale, et doit se mo*lifier
suivant la nature des ouvrages qu'il
faut attaquer successivement. Ici est la
ligne de démarcation entre ce qu'on
nomme Défense éloignée et Défense
rapprochée. Ces deui espèces de dé-
fenses diffèrent essentiellement par
leur objet. Le but de la première est
seulement de retarder la marche de
Tennemi; celui de la seconde est de
l'arrêter tout-à-fait, ou de le détruire
entièrement, s'il persiste à vouloir con-
tinuer ses opérations. Lorsque l'assié-
geant est encore au loin dans la cam-
pagne , bien retranché dans son camp
ou dans ses places d'armes , il serait
trop hasardeux de lui aller présenter
le combat avec des forces très inférieur
res; on se borne à le harceler. Il serait
aussi trop dispendieux, à cette distan-
ce , de vouloir anéantir se» travaux à
coups de canon : toutes les munitions
que peut contenir une plaee seraient
bientôt consommées sans que Ton
puisse espérer d'obtenir un effet consi-
dérable; car sureent coaps, à peino
deux ou trois porteraleni-ila.
Mais lorsque l'ennemi commence à
entamer les ouvrages de la place, qu'il
établît sa troisième parallèle à la queue
des glacis, le temps est venu de son-
ger» non pas seulement à mvAtiplier
les chicanes et les petits moyens, qui
peuvent retarder, mais non empêcher
la perte de la place ; il faut conce-
voir le projet de l'ensevelir entière*
ment dans la niasse des terres , qa*il
oéranav
entreprend de rerouer pour amrv
jusqu'au dernier retranchement; l'ex^
cution de ce projet est même, on l'ose
dire, plus facile que celui de le retarder
seulement de huit jours ; en interpo-
sant à chaque pas, entre lui et nous,
quelque nouvel obstacle, toujours fa-
cile à surmonter par un adversaire, si
supérieur en nombre et en moyens de
toute espèce.
Pour bien régler sa défense , il faal
s'attacher à connaître d'abord le pria-
cipe des bonnes attaques. Ce principe
est, sans contestation, celui qu*a cons-
tamment suivi M. le maréchal de Yao-
ban ; celui qui a donné à sa roélhode
une supériorité si grande, et qu'il ex-
pose comme il suit, dans son résumé,
intitulé : Maximes généralei été atté-
quu ; car c'est pour les assiégeaos qu'il
écrivait alors :
« Employer la sape dès que la trao-
y» chée deviendra dangereuse , et ne
i> jamais faire a découvert ni par force
» ce que l'on peut par industrie , at-
» tendu que l'industrie agit toujours
» sûrement, et que la force ne réussit
» pas toujours, et on hasarde pour l'or-
» dinaire beaucoup. JUaxinit VU,
» Ne jamais porter un ouvrage en
» avant près de l'ennemi, que celui qui
» doit le soutenir pe soit en ctst de le
a faire avantageusement. Max. XII
» Employer les batteries à ricochet
» et les cavaliers de tranchée, a la prise
» des chemins couverts, par préférence
^ aux attaques de vive force, dans tons
B les endroita où on pourra le faire.
3» Max. XIV,
a Observer la même maxime a l'at^
» taque de tous les dehors et même du
a corps de la place« Ma^. XV.
» La précipitation dans les sièges ne
» bêie point la prise des places, la re-
a tarde souvent , et ensanglante ton-
» jQi0ti la fdm ' témpjv»^. hmo^
DBS FL4CS9 FORTJia.
86&
jilone, Landau et plosieurs autres.
» Uax. XYÏL
» Ne jamais s'écarter ni s'éloigner
» de Tobservalion des règles , sons
» prétexte qu*ane place n'est pas bon-
» ne , de peur de donner lieu & une
» niauraise de se défendre comme une
j» bonne. Max» XXIL x>
On voit, par ce qui précède, comme
on le voit par l'ouvrage entier de M. de
Vauban , que le véritable esprit de sa
méthode, son principe fondamental,
est qneVagsié'jeani doit toujours, autant
quil te peut, gagner pied à pied^ et non
par violence, les points quil veut occuper.
D'où il suit qu'au contraire le bui de
Vassiégé doit être de ré luire son ennemi
À ne pouvoir rien hi enlever que de vice
force. C'est celte vérité qu'il ne faut
jamais perdre de vue, et qui doit diri-
ger l'assiégé dans tou^^ ^^ coéra lions
de la défense.
Il est clair, en eflet, que si l'assiégé
prend la résolution de ne se défendre
que pas 6 pas, contre un ennemi plus
fort que lui, et qui l'attaque par le mô-
me pror^édé, il faudra qu'il lui cède
successivement toutes ses positions; il
pourra bien le retarder dans sa mar-
che, par une série de petites difficultés
sans cesse renaissantes, mais non l'ar-
rêter ni le détruire. Au lien que, dans
les coups de main , c'est souvent le
plus faible qui >*emporle, lorsqu'il est
ou le plus courageux, ou le plus habile,
ou le mieux secondé par sa position.
Nous supposons ici la bravoure et les
(alens égaux entre l'assiégé et l'assié-
geant ; mais il reste à celui*ci un ter-
rain choisi et préparé par l'art. Le se-
cret donc est de tirer le meilleur parti
possible de cet avantage, et ce secret
consiste à ramener tout à une suite, de
coups de main. A la guerre , dit le
grand Frédéric, il faut toujours vouloir
œ qaé rennemi ne veut pas; or, ici
qu'est-ce que l'ennemi ne veut pas?.
C'est le coup de main ; son grand prin-
cipe est de vous chasser mélho«'.lque^
ment et pied à pied de toutes*: os posi-
tions ; le vôtre doit donc èt^e de l'obli-
ger à vous attaquer de vive force par-
tout. Qu'est-ce que l'ennemi a intérêt
d'éviter? Ce sont les actes de vigueur;
il faut donc les multiplier. Qu'est-ce
que Texpérience a montré lui ôtre fa-
tal dans tous les temps? Qu'est-ce qui,
dans tous les temps, a produit de bel-
les défenses? Ce sont les combats corps
à corps ; il faut donc rétablir ces com-
bats; et, au lieu de regarder tout cela
comme moyens accessoires, il faut en
faire le moyen principal, regarder, au
contraire, tout le reste comme secon-
daire, non pour en négliger l'applica-
tion , mais pour le subordonner h la
défense principale , et la rendre plus
cflicace.
Ce n'est point par une science pure-
ment géométrique, par des systèmes
de fortificaUon plus ou moins ingé-^
nieux, qu'on peut suppléer aux coups
de vigueur. Un tracé, habilement com-
biné avec le relief et avec le site de la
place, peut ralentir considérablement
les progrès de l'assiégeant; mais quel-
que lents que soient ces progrès, il
avance insensiblement, envahit suc-
cessivement tous les points, et vous
chasse enGn de toutes vos positions. Il
n'y a qu'un moyen de l'arrêter absolu-
ment : c'est de détruire ses propres
travaux à mesure qu'il les exécute ; et
cela ne peut se faire que par des coups
de main.
L'avantage de cette manière de se
défendre, en attaquant, pour ainsi dire,
toujours soi-même, est évident; car
l'ennemi, quoique beaucoup plus fort
es masse , est obligé , par la nature
nième de son procédé , de s'étendre
beaucoup, et par ooniiéqaent d^^tra
m
Bt lA Mbmni
faible en chaque point. Ainsi, en l'al^
laquant à l'improriste , tantAt sur un
de CCS points, tantAt sur un autre, on
est toujours certain de la supériorité,
d'àiiénntir partiellement ses travaux ,
et erinn de le détruire entièrement lui-
même en détail.
Saisissons bien l'esprit de la méthode
proposée ; elle ne consiste point ft te-
nir de pied-ferme dans un ouvrage,
en faisant lutter d^égal à égal une gaN
nîson médiocre contre une force ma-
jeure ; mnls , au contraire , à opposer
toujours le fort au faible. Ou Tenneml
vous attaquera de vive force , suivant
Tusage pratiqué communément autre-
fois, ou bien par la marche régulière
pratiquée depuis M. de Vauban. SI
Tennemi attaque brusquement avec des
troupes nomiTcuses, il faut lui céder
ihomentanément, le laisser exposé, le
plus long-temps possible, au feu le
K>lus vif de tous les points environnans,
qui doivent être préparés pour cela.
S'il persiste à vouloir demeurer dans
le lieu qu'il a pris, il y perdra son dé-
tachement tout entier; s'il se retire,
c'est alors quil faut revenir en force
avec la plus grande vivacité, le pousser
tépée dans les reins sans s'aventurer,
culbuter ses logemens, et revenir
promptement pour ne pas demeurer
soi-même exposé ft son feu , lorsqu'il
aura opéré sa retraite.
Si, au contraire, l'ennemi prend la
marche régulière de M. de Vauban;
qu'il chemine pied à pied , qu'il cher-
che à vous cerner, h vous envelopper
de toutes parts, h vous resserrer de
plus en plus par ses places d'arme^, ses
demi-places d'armes, ces empiétemens
insensibles en apparence, mais qui de-
viennent bientAt efl^ayans par ledr
continuité de Jour et de nuit, alors
' f imriiénsé développement de ses tra«
" vaux votis fourott lei moyeM de tom-
ber inopioéniint tantAt «iir un point,
tantAt sur l'autre ; vous «ttaquei ses
tètes de sape, toujours mal ioutenaes,
parce que « s'il mettait beaucoup de
monde pour les protéger, le feu de la
place Ici deviendrait très meurtrier.
Vous percereE impunément ses tran-
chées et ses couronnemena de chemin
couvert, qui ne peuvent être 91e fai-
blement gardés en diaque point, et
Vfius 7 porterez un bon détachement,
non pas seulement consme dans lei
premières périodes do siége^pourfaire
fuir les travailleurs, mais pour les (aer
et raser leurs travaux.
AîOsi votre but, dans tous les cas, et
ce à quoi vous parviendrez en prenant
toujours l'ennemi sur le temps, sera
d'opposer dans toutes les circonstances
le fort au faible , malgré la dispropor-
tion des moyens qui* comparés en
masse, sont de beaucoup en faveur de
l'ennemi*
Si M. de Vauban eût eu autant d'oc-
casions d'étudier les vrais principes de
la défense, qu'il en a eu d'étudier ceui
de l'attaque, il eAt sans doute prouvé
par les faits tout ce que nous venon«
de dire. La simplicité de ses systèmes,
de fortiOcation montre qu'il sentait
très bien que ce n'était pas dam un
labyrinthe de petits ouvrages qu'il pla-
çait sa confiance, mais dans la facilitée
déboucher en force à chaque instant,
pour tomber isolément sur chaque
portion des travaux de l'ennemi.
Faisons l'application de ces princi-
pes généraux aux principal^ époques
de k défense rapprochée, qui est celle
dont il s'agit en oc moment et la seule
qui en soit susceptible.
La première opération qui se pré-
sente est le couronnement du chemin
couverte La troisième parallèle de
l'ennemi est établie^ il est iogé sur les
glacis, il s'avence i le double sape sur
m Kât
tes eapRalei desbastioM et de ta demi' |
hine : son bat est de nous chasser da
dieinln couvert pied à pied, e'est^à-
dlrè par des cataliers de trândiée qui
ètt enfllent les branches : eh bien I il
Ant le contraindre à rattac|Qer de vite
Ibree, car son avantage est de la pren^
drë autrement : é'est nne sotte de la
«anime fondamentale de M. de Van*
bn, et c*eit ce qn'il arHcale ailleurs
lÊTuné manière posithre et spéciale,
pottr rattaqoe dn chemin couvert
é Toutes les Ibis, di^il , <(a*on peut se
li tendre mailre du chemin couvert par
» Indnstiie, sans être obligé d*en venir
%wn mains, c'est sans contredit le
nmellleuf moyen qu'on puisse em-
«plofer.
» Hais si ee chemin couvert n'est
» point battu des ricochets, qu'on ne
9 aolt pu en état de le dominer par de
* fètils cavaliers , qu'il soit bien tra-
% versé et la garnison forte, on sera
W'ptiùirèVrt obligé d'en venir aoi
n naine, et de le forcer par une atta-
» que générale. *
LeiplUi habiles générant ont tous
ideplé cette méthode d'attaquer les
ébeminft easverts. « Cette manière dr-
« «Mipecteetsage, dit M. deFeuquiè-
• Ni, aiMre tellement la possession
)s d*ttn gladi, ipi'M ne le peut plus
» perdre. Je rejette entièrement l'an-
** den uaage d'attaquer des contrescar-
a pes de Tive force, comme étant d'une
il t#op grande eeniommation d'hom-
a nea. La manière de forcer l'attaqué à
' w abandonner sa footrescarpa et son
a Cliemin couvert pratiqué et mis en
# wagepar M.deVaubaa,est ta meil-
a lenra, ta plus sAra et cane qui eoAta te
ik flUdhM d'hommes, le ne rapporterai
t M que troia eiemplei des oontrea-
a eârpaa attaquées de vive força, pour
a fiMvar qaa ealta andaame manière
^■m abaeimMrt à rslaiar. a
Les trois eiempiaa que dte M. da
Feuquiëres, sont ceux de Mastricht^
en 1873, de Mayence, en 1660, et de
Namur, en 1696.
Puisque l'intérêt de l'assiégeant est
d'éviter l'attaque de vive force dans
l'invasion du chemin couvert, celui
de l'assiégé est évidemment d'empê-
cher que son ennemi puisse s'en em*
parer autrement; et te moyen nous en
est indiqué par les paroles de M. de
YaubaUf rapportées il^dessus. Car,
puisqu'on est obligé d'en venir aux
mains, lorsque le chemin couvert n'est
point battu de ricochets, ni dominé
par les cavaliers de tranchées, l'assiégé
doit fliire tout ce qu'il faut pour empé»
cher tes uns et les autres. Or, il est
évident que les elTets du ricodiet et
des cavaliers sa réduiront à bien paa
de chose, si avant les attaques on a
"élevé aux anglea saillans du chemin
couvert des bonnettes fort hautes. Car
alors l'ennemi ne pourra plus donner i
ses cavaliers, qui sont vers le milieu de
ta pente deaglads, asset de relief pour
s'élever auMiessus de ces bonnettes et
plonger dans les branches du chemin
couvert. Ces mêmes bonnettes, parleur
élévation formant traverse, arrêteront
en grande partie l'action du ricochet,
même avant rétaUisaeniani des cava-
lière; et ceui«d, qui aont placés sur
leurs directions, les iotareepteront on-
Uèrement , si on essaie de les construire.
Par te moyeu de cea iimplei bonnet-
tes, qui aoni des oovrsges de campa-
gne médiocres, on empêche donc l'ef-
fet des rioodMlts et des cavalière, et
par conséquent on aaaèna l'ennemi i
ta néceasité d'attaquer te chemin cou-
vert de vivo forée.
C'est ee qua M. da Vauban observe
htl^'Wême. a II 7 a t dil-U^ une chose
a Menaértense à reuMU'qtter^ c'est tpie,
à eaaaiA# tes ptaoaade fuerraaaM prea*
M Lk •tWI»B
» que tontes irrégtif ières el différem-
» ment situées , il s'en tron?e sur des
» hauteurson lericochet« ayant peu de
» prise ne pourrait dominer avec assez
» d'avantage. Il y a encore celles où les
» situations, qui pourraient coRvenir
» anricochot , sont ondes marais ou des
» lieu coupés de rivières qui empè-
»ehent l'emplacement des batteries,
» et celles enôn où les glacis élevés par
» Icnr situation sont si raides qu'on ne
9 peut plonger ie chemin couvert, par
» les logcmens élevés en cavaliers
» qu'on peut faire vers le milieu du
» giocis. Lorsque cela se rencontrera,
» on pourra être obligé d'allaqœr le
» chemin couvert de vive force. ».
La manière de résister à cette der-
nière attaque n'est point de la soutenir
long-temps de pied Terme, mais seule-
ment Jusqu'à ce que l'ennemi ait coupé
la palissade, opération qui sera (nfes
meurtrière pour lui, puisqu'il sera obli-
gé de la foire sous les baïonnettes de
Tassiégé, attendu que les ricochets
n'ont pu la détruire. Pour empêcher
l'assiégeant d'aborder faeilement cette
palissade, il faudra jeter sur le glacis,
jusqu'à trois ou quatre toises en avant,
une grande quantité de chausse-trapes;
ai cet espace en est, non pas simple-
ment parsemé, mais en quelque sorte
couvert, ce sera un très grand obstacle
et on se rétablirii dans le chtiunn co«-
vert.
Il est vrai que, suivant les principes
de M. de Yauban , l'assiégeant ne doit
tenter une aeroUale eipédilion que
quand il est parvepu à éteindre préala-
blement tous les Ceux de la place. Biais
si les feux de la place sont éteints h
cette époque, c'est que l'assiégé l'aura
bien voulu* Celui-ci ne doit tirer qu'à
barbette , jusqu'à l'établissement de»
premières bilterios de l'assiégeant: û
cette époque, il doit se, hftter de retirer
son canon qui, sons cela, serait bieotét
tout démonté; ne plus tirer qu'à la dé-
robée, tantôt d'un point, lantét de
lautre. Ensuite , lorsque l'ennemi at-
taque le chemin couvert, et que ses
batteries ne peuvent plus i^ir, de peur
de tirer sur ses propres gens , qui ne
sont presque plus séparés de l'assiégé,
on garnit de nouveau, bien vile, le
rempart de petites pièces de canon i
mitraille, ou d*obusiers« il. est impos-
sible que l'ennemi persiste à demeurer
dans une pareille position*
Le lieu le plus favorable à l'assiégé,
pour se retirer après cette attaque de
vive force , est la place d'armes ren-
trante de chaque côté, sous la protec-
tion de son réduit, et des feox du bas-
tion et do la demi-lune; mais il faat
convenir que cette retcaite n'est pas
et qui coùteni beaubodp de monde à très commode,.parl/| manière dont nos
l'ennemi. Si enfin il vient à bout de
couper la double palissade qu'on a
coutume de mettre sur le front d'at-
taqile, on se retirera subitement, et
cependant en bon ordre, afin de lais-
ser l'assiégeimt seul exposé à tout
-le feu de l'artiUerie et de la mous-
queterie des remparts préparés pour
cela; et lorsque, ftttigôé du massa-
r ère , il prendra le parti de s'en retour-
ner, on reviendra sur lui, on aicbèvera
sa déroute, on détmbr» tes toifaox, peu prèiintantttf Uimr deeoutnNk
places sont construites, et que si l'ea-
nemi, bravant tous les feux dont il est
entouré, continuait à poarsuivre l'assié-
gé, et le forçait d'abandonner aussi ses
places d'armesrentranteSh etde seréfu-
gierdanale iossi, celui^ n'aurait plus
de moyen de revenir sur l'assiégeaut,
nprèsl'aUaque de vive force, sinon par
quelques petits escaliers ^'on nomme
Pas-de^uris, et qoe-fe retniir offen-
sif dont aoos' avons pariée lui seeiit à
DB9 PLACB» F0RTJI9. Mp
' .• • •
oarpe se tournerait donc alors contre I être va de tous les Ceux du corps de ta
l'iissiégé luUnième, et l'assiégeapt se
trouverait sur le chemin couvert,
comme dans un fort, dont il serait
désormais impossible de le débusquer.
C'est sans doute d*aprèà ces observa-
tions justes, que de très habiles gêné-
rau7 ant pensé que les murs de con-
trescarpes éteient beaucoup moins
utiles que nuisibles; car, ainsi que
aous venons de le dire, ils se tournent
contre Tassiégé du moment que le che-
min couvert est pris ; il n*y a plus de
retours offensifs à espérer , puisque ce
n'est pas en défilant par des pasKle-
souris et des barrières étroites, qu'on
peut tomber en colonne à Timproviste
sur une sape. Si au contraire, au lieu
du mur de contrescarpe, il y avait p;ir«
tout un talus en pente douce et pres-
que en glacis, il est évident que l'as-
siégé serait toujours en mesure d'atta*
quer avec supériorité tel point du che-
min couvert qu'il jugerait a propos; et
que si l'ennemi, pour se garantir de
ces attaques soudaines, voulait cons-
tamment se tenir en force majeure
partout, il serait forcé de laisser per-
pétuellement exposée au feu de la
place une grande quantité de troupes
qui seraient bienlÂt entièrement dé-
truites.
Observons que si le mur de contres-
carpe était supprimé, et qu'à sa place
il exist&t un glacis en dedans, il serait
inutile de laisser, comme on le fait,
cinq toises de largeur au chemin cou-
vert, quatre pieds suffiraient , c'est-à-
dire, qu'il n'y aurait pins, à proprement
parler, que la banquette ; mais cette
banquette serait accessible partout , et
ieglads dont nous venons de parler ser-
virai td*un chemin couvert en pente, très
large, qui donnerait peu de prise aux
ressauts du ricochet, et sur lequel
raist^ot ne pourrait se loger saua
place.
Les murs de contrescarpe ne sont
donc avantageux que dans les petites
places où la faiblesse de la garnison ne
lui permet pas de tenter le moindre
coup de main, et se trouve par consé-
quent réduite à retarder Tennemi par
des chicanes; et il serait à souhaiter
que du moins les gorges des places
d'armes rentrantes fussent en glacis
vers le fossé, au lieu de n'y communi-
quer q^e par des escaliers.
11 est vrai que l'assiégeant , lorsqu'il
aura réussi à enlever de vive force
le chemin couvert, pourra poursuivre
l'assiégé jusque sous ses murailles d'en-
ceinte ; mais ce n'est là qu'un avantage
apparent et faux ; (uir il ne s'agit pas
pour l'assiégeant de faire une incur-
sion momentanée dans les fossés de la
place, il s'agit d*y former un établisse-
ment solide. Or, c'est ce qu'il ne saurait
faire loin de la masse des forces qui de-
vraient le soutenir, exposé a tous les
feux de la place, des caponnières, des
demi -lunes, des réduits déplaces d'ar-
mes saillantes et rentrantes, et à tous
les coups de main de la garnison-
Mais je m'abstiendrai d'étendre plus
loin ces observations; car il n'est au-
cun<sment question ici de proposer de
nouveaux systèmes de fortification «
encore moins de conseiller des dei->
tructions sous prétexte d'améliorer;
il faut savoir se borner à ce qui existe,
et en tirer le meilleur parti possi-
ble (1).
C'est cette continuelle alternative
des coups de main et du jeu des batte-
(1) Sitr les nonyellei Idées qol pèaTfiit
à méfiortr k lyHtoe éékoêki, on Un iwm
fnùtrofavnge iHê M. Gay de TcrD^n, iiAU«M:
Tr^Ui élimêiUairê ^ÂH miUlalf f il tff A
"Ma
iKB !▲ Mywwm
lies qui doit elnpflcher Paésiég^int de
couronner le chemin couvert^ sans
^*il en coûte rien, pour ainsi dire, i
Tassiégé ; Il est aisé de voir combien
ces manœifvres alternatives sont faciU-
tées par ta non-existence du mur de
contrescarpe, lorsque cela se rencontre
ainsi ; et il faut se rappeler, à ce sujet,
ce que nous avons déjà cité dç M. te
maréclial de Saxe sur le siège de Can-
die, où un ouvrage, non revêtu i ta
gorge, fut pris et repris trente six fois»
et coûta vingt-cinq mille hommes aux
assiégeans. Il lie reste donc à ceux-ci
que la ressource de la guerre souter-
raine: or c'est avoir déjà fait t>eaucoup
que de l'avoir réduite à un moyen si
lent, et ou l'assiégé lutte contre lui
' d^égal à égal sur un terrain préparé
par lui-même, et dont lui seul a le se^
cret. Mais il est à remarquer de plus,
que cette ressource ne conduit Tassiè*
géant à rien. Il ne fait que remuer la
terre par l'explosion de ses mines, il
ne peut l'emporter ; elle reste là pour
être le théâtre de nouveaux coups dd
main semblables aux premiers. Le$
contre-mines de l'assiégé, au con»
traire, détruisent les logemens de son
ennemi, et l'empêchent de gagner
on pouce de terrain. Obligé de gar«
der la tranchée pour se garantir des
' ittaques imprévues sans cesse renou-
velées , il reste en butte à tous les
feux de la place , et son armée 89
tonsume jusqu'au bout, tant qu'il y
a des mineurs et de l'artillerie dan9 la
garnison.
Pour empêctier cet ellbt de rartille-
rie de la place , If. de Tauban prescrit
avec raison , comme nous l'avons déjà
dijk, de l'éteindre eoUèreoient ; il le
fceicriL à ohaquo iosUnl. comme la
-^lose la plus essenlieHe, parée qu'il
lent bien que le succès de sa méthode
M dépend absolument; mais aussi,
pour empêcher oa auocta, it o*) a qtt%
savoir eonserver ces feux quil veut
éteindre, et c*est ce que Tassiégé peot
et doit loujoura faire. Pour cela, il ae
ftiut pas qui! lea abandonne dès le pre-
mier instant au ravage des batteries à
ricochet II faut qu'il sache qu'an seol
coup de canon, ménagé pour la dé<-
fensé rapprochée , est plus ttUle qm
cinquante, tirés sur la queue des tnir-
chées ; ijuSine on deux pièces d'artil-
lerie adroitement dérobées è la vue de
Tennemi, cachées seulement derrière
un orilloB , et mises à Tabri de h
bombe sous un blindage, est une choie
si précieuse, quit est comme impos-
sible aux colonnes ennemies qu'eUti
prennent en flanc, de monter à fu-
saut ; que s'il attend le moment favo-
rable pour ouvrir de nouvelles embra-
sures, derrière lesquelles sont des ptè*
ces de canon couvertes contre les feax
verticaux , jusqu'au moment du be-
soin , l'ennemi verra san^ cesse tes feoi
de la place se rallumer, lorsque b
croyant bien éteints» il aura peoié
pouvoir venir poser son logement lar
b Crète du cheiuin couvert.
Avec ces altentîons, Fassiégé con-
servera certainement son feu jusqu'à
la On , et il viendra même une époque
où il pourra être mis dans S4 pins
grande activité, tandis que celui de
l'assiégeant sera forcé de se taire. Cette
époque est celle où la %ne de démar-
cation entre tes deux armées commen-
cera à s'effacer ; car, dans cette mêlée,
les batteries de Tassiégeant hit détrui-
raient plus de monde qu'A Tassiégé, et
cetui-d , au contraIre« après avoir ai-
tiré son ennemi au plus près, n'a qu'à
se retirer brusquement , pour le lus-
ser seul exposé au feu 10 phis meur-
trier.
Je ne pens^ donc pas que Jamais
rasatégeanf puisse s'établir soUdemeat
ùm HJlCB» fORTBS.
fOr «Mcoiilregotfpc kien faite, en pré-
MDOt d'une bonne garnison , et cepen-
dant ca n'est praprement là qne le
fooimenoenent des hoslililés. il font
ensoiU 4u*U busse la descente de fossé
par nne galerie, et qn'il arrire par un
toag défilé an fond de oe fossé. Com-
ment concevoir qu'il puisse y débou-
eher« si Tassiégè, au lieu de n'opposer
que du perpétuelles retirades, prend le
parti d'attaquer hii^nième à chaque
Bûnuta? Il a tant de déboaché& pour
arrirer, en un instant , à ce passage
étranglé, il lut est si facile de disperser
les matériaux de Tépaulement , de brû-
ler en masse des fagots passés un à un ,
de renverser les frêles travaux d'un
pont mal affermi , qoe si , en rase cam-
pagne, une poignée de soldats pouvait
ae aaiair d'une pareille position, elle s'y
regarderait avec raison comme inatta-
quable.
Joignons i ce coup de main les bat-
teries biaisées de la courtine et de la
tenaille, qui ont vue sar ce débouché ,
et qu'il est très difficile de détruire, les
batteries sur chaloupes dans les fossés
irieina d'eau , les feux de caponnières ,
les coups dérobés que l'on dirige du
haut de la brèche même, lorsqu'elle est
faite , les fourneaux qui peuvent ren-
verser vingt fois la descente de fossé, et
enfin les abattis aveo lesquels, en s'y
prenant de bonne heure , on masque
ce déboudié par des obstacles contre
lesquels le canon ne peut rien , et la
iK^mbe très peu de chose , et l'on sera
lans doute surpris que ce pas hasar-
deux soU franchi par l'assiégeant, quel-
ques efforta qu'il fasse.
J'ignore comment l'ennenû parvien-
dra è la brècba^ si le chemin couvert
et le passage du fossé sont bien dé-
fendus. Mais en supposant qu'enfin
le terme est venu de la défendre,
MQiyons ce qu'il faut faire pour «pie l'as-
siégeant ne puisse outrepasser fé^
tranglement qu'elle forme.
Je suppose que d*abord le gonver^
neur a eu sein de faire faire un bon re-
tranchement; autrement, la brèche
une fois forcée, la place n'aurait aucun
moyen de se garantir. Avec un retran-
chement, au contraire, Fenceinte dé
la place peut être prise et reprise non>-
bre de fois, et c'est précisément cette
série d'actions de vigueur qui doit faire
snceomber enfin l'assiégeant , si la dé-
fense est habilement conduite.
Voyons d'abord comn>ent H. de
Yauban veut qu'on attaque les brè-
ches ; prenons pour exemple celle de
la demi-lune.
« Il faut , dit-il , se préparer an 1o«
» gement par l'amas des matériaux n^
» cessaires, comme fascines, gabions,
» sacs à terre et quantité d'outib
» dont il faut avoir provision , le plus
» près qu'il sera possible, sans embar-
» rasser la tranchée, et les ranger sur
» le revers par tas. On aura soin de
» bien accommoder les logemens qui
» doivent faire feu , préparer toutes
» les batteries de canon , de bombes
» et de pierriers, de commander cinq
» ou six compagnies de grenadiers
» d'eiiraordinaire, à telle fin que de
» raison , et avertir ceux qui comman-
» dent les batteries de ce qu 11s de-
» vrottt exécoter, suivant les signaux
» qu'on leur transmettra, et pour cet
» effet, les faire venir sur les lieux pour
» les voir de pins près et recevoir leurs
)» instructions.
9 Le signal pourra se faire par un
» drapeau qu'on élèvera sur fa pointe
» des logemens du chemin eouVcri ,
» en lieu où il puisse être vu de ton-
» tes les batteries en même temps et
9 des logemens, observant de faire dis-
» paraître les autres; moyennant quoi
» tout étant prêt » les fasSa passés entra
ff»
D£ LA OBFBNSB
» les MC8 à terre, préU à faire feu , on
» attendra en silence le signal , qui
» sera de hausser le drapeau quand il
» faudra faire feu , et de le baisser
» quand on le voudra faire cesser. Cela
» préparé de la sorte ci les brèches en
» état , on fera monter deux ou trois
» sapeurs dans la brèche, non vers la
» pointe, mai^ sur la droite et la gau-
» che, joignant les endroits où finira la
» rupture des murs du c6ié des épau-
» les» où il se fait pour l'ordinaire un
» couvert entre la partie du revète-
B ihent qui demeure sur pied et celle
a qui tombe.
9 Ces deux ou (rois sapeurs se roet-
X» tront dans ces couverts, et tireront
» les décombres en bas en remontant
» vers le haut; ils feront place pour
» eux et pour deux ou trois autres
» qu'on y fera monter, avec ordre à
» tous de s*en revenir quand l'ennemi
» se mettra en devoir de les en chas-
» ser. Dans ce cas , aussitôt qu'ils en
» seront dehors, il faudra faire le si-
9 gnal ; et les batteries de toute espèce
» et les logemcns faisant leur devoir,
» il est sûr que l'ennemi n'y demeu-
)> rera pas long-temps, et qu'il en sera
» bientôt écarté.
» Sitôt qu'on s'en apercevra « il fau-
» dra baisser le drapeau et faire re-
» monter les sapeurs, qui, reprenant
» leur ouvrage, le diligenteront de leur
» mieux, avec ordre de l'abandonner
» comme la première fois , dès que
B l'ennemi se représentera; ce qu'il
» pourra bien faire une seconde fois,
a et même une troisième. A chaque
a fois il faudra toujours recommencer
» à faire jouer les batteries , même
» celle du chemin couvert , ce qui
» écartera certainement l'ennemi et
1 laissera la liberté d'établir le loge-
» ment : ce ne sera apparemment que
a là preqiiàre et seconde fois qu'ils re-
a viendront , qu'ils feront jouer lei
» mines, a'il y en a, te qui lerab
» marque infaillible qu'ils abandaa*
1» nent l'ouvrage. Ce^^ mines ne seroat
a pas d'un grand effet, attendu qn'dki
» joueront à vide si nos gens D*y
» pas , ou dans l'endroit où il n'y
» personne, comme à ia pointe, ai
» dans celui où il y en aura peu ; ai-
» quel cas elles ne pourront attraper
» que trois ou quatre hommes ao|rii|.
x> Cependant les sapeur? auront fvi-
a paré quelques couverts dans l'ena-
» vation, qu'il faudia occuper par^
» petits détachemens quand ii en
» temps, sans trop se presser;
p sitôt qu'ils auront abandonné l'oB-
» vrngc , il faudra travailler, de viv
» force au logement , et le bien êm
» rer dans l'excavation des brèches, «I
D non plus avant; ensuite rétendisà
» droite et à gauche sur le rempart, it
» y entrer par des sapes, formant lae
D portion de cercle qui occupe tovt h
» terre- plein de son angle Oanqaé,
x> d'où l'on coulera après par les n-
9 trémités le long des faces do la droik
» et de ia gauche, jusqu'à ce que i'M
» se soit mis en état de forcer les if-
» tranchemens de la gorge, ce qui a'in
» pas loin.
y> La suite du logement de la déni-
D lune sera continuée jusqu'à son «h
» tière occupation , qui ne sera tenn-
0 née que par la prise du retraDCll^
a ment de la gorge, s'il y en a, eiftf
» rétablissement fait tout le long è
D ses bords ; ce qui aura lieu parlepia^
» longcment des sapes à droite et i
» gauche le long du rempart , conM
» ii a été dit ci-dessus, et par une trai-
D chée menée en dedans de b plaal*
» Les prolongemens des sapes met*
n tront à portée de prendre les travo^
» ses en état de. voir la eommunict-
» tion de la tenaille à la domi^Boe, K
Mi PLACBS POBTM»
«rs
» te Èrmcliée fSKttHera Im tttaqoies des
» rebindieoieM à te gorge qnend il
» en flere tm|». »
On Yoit, par ce détail, que M. de
Taliban, fidèle à son prindpe, vent
qa'on tâdie de s'emparer de te demi-
lune, {ried à pied, et non derife-foree.
Telle est sa 'maxime, oeostamment
couronnée du suçote, tant qu'il est po^
iiMe d*eB fsire usage : celle de Pas-
siégé doit donc être au ecmtraire d'em-
pêcher, de toutes les manières possi-
bles, qa» Tennemi puisse emporter
cette Blême demi-Iuoe autrement que
de Tife-force. En effet, dans une at-
taque de Tite-foroe, il est évident qu'à
bravoure égale entre Tassiégeant et
raasiégé, celui-ci doit remporter, car
il ne peut être attaqué que sur on
front égal an sien , ainsi le nombre ne
fait plus rien en ce moment , et Pa-
vantage de la position est , sous tons
les rapports, pour lui : il ne peut être
inquiété sur ses derrières, et c'est lui
an contraire, qui par ses sorties inopi-
nées pourra surprendre ceux de son
ennemi , en même temps qu'il aura pu
ménager <pielqiies pièces d'artillerie
pour le pnûidre à revers. Enfin la re-
traite est assurée par le réduit, non
pas pour 7 trouver un dernier reluge,
mais pour en déboucher cent fois de
suite et reprendre la position momen-
tanément abandonnée.
Puisque l'avantage est tout pour l'as-
siégé, dans le cas de Tattaque de vive-
foice, c'est à lui de réduire l'assiégeant
i ne pouvoir l'attaquer autrement. La
mardie à suivre est ta même que celle
qui a été prescrite pour te défense de
la contrescarpe; mais à la brèche , Ve-
vantageest bien plus grand puisque le
front d'attaque est plus resserré, le
foyer des corps de réserve plus rappro-
ché, et que l'ennemi ne peut aborder
cette brèche que par de longs défilés.
Il s'agit donc d'empêcher que Ten-
nemi n'établisse son logement au haut
de te brèche, que de là il ne s'étende
de droite et de gauche pour vous cer-
ner et embrasser bientôt tout le terre-
plein de l'ouvrage, ainsi oue le Anescrlt
M. de Yauban.
Gomme tout ce travail s'exécute pied
à pied , en cheminant à la sape, il faut,
pour l'arrêter, harceler sans aucune
interruption les têtes de sape. Chacune
d'elles est conduite par quelques tra-
vailleurs sans moyens de défense, et
soutenus seulement en arrière par un
très petit nombre de soldats ; il n'y a
done qu'à tenir au plus près de ces
travailleurs, de médiocres détache-
mens abrités jusqu'au moment d'agir.
Ces détachemens ne laisseront pas
un instant les travailleurs tranquilles;
fls tomberont sur eux avec vivacité,
les tueront, renverseront leurs tra-
vaux commencés, et seront retirés
avant que les soldats destinés à sou-
tenir ces travailleurs soient arrivés,
quelque diligence qu'ils puissent faire.
D'autres fois les petits détachemens de
l'assiégé chass^ont les travailleurs en
jetant force grenades dans la tête de
sape ; d'autres fois enfin , ils la culbute-
ront par une fougasse ou Teifilosion
d'une simjde bombe enterrée à proxi-
mité.
Si la chute de l'escarpe n'a pas en-
traîné le parapet, et que l'ennemi
cherche à se couler dans son épaisseur
pour gagner insensiblement les épau ^
les de l'ouf rage à droite et à gauche
il suffira de tirer du réduit avec de gros
canons dans ce parapet; car, quoiqu'il
soit à l'épreuve , comme le logement
de l'ennemi le partage en deux suivant
sa longueur , le boulet percera jusqu'à
ce logement et y tuera les travailleurs.
Le même moyen peut être employé
dans un i^nd nombre d'occasions, et
mk
DÉ LA DÉFBIISB
il est Hurprenaiit qu*ori ne se «oit point
encore avisé de le mettre en usage. Si
le parapet était encore trop épais pour
que le boulet pAt atteindre Vennemi
dans son logement, il suCRrait do le dé<
maigrir un peu. Lesobus pourront être
ciiiployé^î dans ces occasions avec en-^
core plus de succès».
Mais un moyen plus efficace encore,
sera celui de pratiquer quantité de eem-
pures perpendiculairement depuis l'es-
carpe jusqu'à la gorge , ce qui fera de
l'ouvrage une suite alternatif e de tra-
verses • -paisses de trois ou quatre toi-
ses au sommet , et de fbssés profonds,
par exemple de douze pieds et Inr^e de
même an Tond. Alors les sapes de l'en-
i»emi ne pourront cheminer sans tra-
verser ces fossés qui sont des espèces
de lignes de contre approche et sans se
faire prendre en flanc par les fusiliers,
ou même le canon à larfonche qnV>n
aura mis i ta gorge dans l'enfilade de
chacun de ces fossés. L*8ssiégé emlmo.
que dans ces mêmes fossés , dans de
petits enfoncemens, et abrité par
quelques blindages, s^ trouvera ea
uies^ire de tomber à chaque instant
comme l'éilair sur les travailleurs,
ou de les accabler de grenades, ou
enfin de s'enfoncer dans le massif des
traverses et de faire sauter pièce à
pièce toute> los parties du logement
de Tennem!.
Par ces manœuvres, il est évident que
rassiégé aura rempli son principal objet
qui est 4e réduire l'assiégeant à l'atta-
quer de vive force , c'est-à-dire à lui
livrer l'assaut, et ainsi disparaîtra, non
pas h supériorité de Tartillerie , qu'on
ne saurait empêcher, mais celle qui
résulte de la marche prescrite par
M. de Vauban, et qui est fondne essen-
tfellement, comme nous Tavons dit,
' '!r ce principe qu'il faut envahir gra-
ihî'lhmonf et plwf A pîpff , toutes Ks
; position^ de l'assiégé. L*ennemi ne
I pourra plus attaquer que de vire fores
I partout, comme on Msaît dam le
! seizième siècle , lors des défenses de
I
Rhodes, de Mets, de Leyde, et
on Ta fait encore postérievreraeiit à
Ostr>nde, à Candie, à Lérîda.
Il nous reste donc à traiter de h der-
nière scène , mais la pins sanglaiile et
ta plus décisive, celle dei assauts: Les
anciens , qui ne défendaient pes toan
plaees autrement, nous ont apprfi fir
leur expérience comment o»d«?vritlto
soutenir. L'Invention des amm à Uni
étant survenue , il fallut modifler h
méthode des anciens, et Voo adaph
celle qui s'est pratiquée jii9qn*a« mûà-
chai de Vauban. Depuis eette ép<N|ai,
il n'y a presque phis d'assaut, et c'«t
\ fetkî même de sa nouvelle ndliiale
f des attaques', mais comme nouacfOfaii
^ avon* prouvé que Taesiégé pevi Iti-
' jours réduire son ennemi è ne I^Ul-
j «•••AT que de vive torce, nous paann
que i('S assauts seront né^êsqpii»-
ment remis en vigueur tel que h
doctrine de? anciens à cet égard, €M-
binée sur l'usage des arsiei à tact
des mines» doit redevenir te hêm k
notre nouveau système de défeoia. le
ne puis donc mieux termioer eatOi-
r vrage qu'en rapportant le b^au ehl-
I piti^ du chevalier de VilK sur la bm-
: nière de soutenir les aasauts.
a C'est è préseol, dit-il, fa'N faut
0 desployer ee qu'on a d'iuueoliaa,
9 mettre en eeuure toute aorte d'art-
» flces, et eipoaer toute la force at le
» courage; ear tout oe que V^anmàj
» a Ait n'est que pour venir i l^aiNnt
» et entrer dans la plaee; et toutca les
» presparations qu'on fiait dans vue pkt-
» ce, tant des fortîAcatioBa eilérienei
^ 9 que du corps metme , et toutes hi
; » résistauee», ne foui que l'eupeaifeer
'vd^nfrtr v:) cstaal si ftoJïm H ae
, T
DKS PLACBS FORTES. 675
raiitrien espargner puisqu'on a des- j » bien ferme en terre, ayatit Ses pôln-
» Une le tout à cet eQect
p I^s nvachines et les 9rtlBce$ ser-
» oent beaucoup en cette action, mais
» plus que toute autre chose , la force
» et |é courage des soldats. C'est en
» cçtte occasion qu'on connoist ceux
» qui sont braues geps; car sans doute
» ç'i] y a des poltrons, ils commenceront
)» 4 qxuf murer eti parler de 5e rendre;
» ce que le gouuerneur ne doit aucil-
» nement permettre : ains chàstier
» exemplairement ceuf qui en diront
» le moindre mot.
» Auant que Tennemy vienne à Tas-
n 5aut, il faut qu'il ait fait bresche 00
» Ituec le canon, pu auçc la mine, telle » Tennemy en donne le loisir. 8*11 bftt
» que la montée en soit aisée. Pour
» sçauoir si elle est raisonnable ,. il
» enuoyera quelquVn pour la recon-
» noîstre. Il faut tascher qu'il n'en rap-
» porte pas la nouuelle ; car on doft
» auoir aux costez de la bresche des
» mousquets à crocs ou des pièces coiir-
» tes pour tirer contre ceux-là ; car les
» canons seront alors desmontez si
» Tennemy a fait son deuoir, ou bien
» on aura ruiné les lieux où on les peut
» mettre ; et quand mesme on en au-
» roit quelqu'vn en estât, il faut le gar-
» der pour defibndre la bresche, parce
» que, si on le tire auant Tassant /Fen-
» neroy fera en sorte de le desmonter;
» c'est pourquoy il faut le cotiseruer
» pour Tne meilleure occasion.
9 Sî Tennemy fait la bresche auec le
» canon , il ne peut tirer que de jour ;
» de nuit, quelle inu^ntion qu'on ^â-
» che auoir , les coups sont presque
» tous perdus. On taschera à taresparer
» de nuit, refaisant ce qui sera rompu
9 on auec do [a terre, ou auec des pî^
1) ces de bois , ou bien , si ou peut , on
» mettra en diuers endroits de la mon-
B têe de la bresche des palissades de cinq
» tes de fer pliées en bas ; cela arreste
» Fennemy lorsqu'il vent monter, ou
D s'il les veut rompre à coups de ea*
» non. Il luy faudra beaucoup de temps,
0 et la nuit en suiuant, on en peut re-
» mettre d'autres.
t Que s*fl bat si ftirfeusement qu'il
n ne donne aucnU relasche, on diîipo-
» sera le lien de telle façon qu'on le
» puisse deffendre h conuert; car outre
» tes retranchemens qu'on doit anoir
» desia faits plus arrière sur le bord de
)» la bresche , on eslenra quelque petit
» parapet de sacs de terre, on de gn-^
» bions, on (f autre chose si toutesfots
9 tousionrs, on se mettra à eosté, de
p façon qu'on flanque et deseonnre k
» montée, et qu'on solt à counert dé la
» batterie.
» An haut de la bresche , où it ftittt
» que l^ennemy se toge estant mofrié,
> on aux premiers retranchemens lorft-
p qu'on voit ne pouuoir pins resparer
> ces lieux, on fera de nuit quelque
» fougasse, a laquelle on puisse donner
x> te feu qnand on tondra , des tîetix
» qui sont plus arrière ; on parsèmertr
» sur la bresche plusieurs eloux à qua-
x> tre pointes, qu'on appelle diausse-
x> trapes; ce sont autant d^empesché^
Bmensponr l'ennemy; des planent
» toutes pleines de ctonx pofnlos qn^
» sortentdehors quatre doigts sont et-
» ceTleibraent bonnes pour mettre sur
D la bresche; mnfsilfantqu^enes sofent
9 épaisses et de boi^ pesant, et qn'elles
D soient attachées auec des ehalsnès de
9 fer, afin que l'ennemy m pfiisse ny
9 tes oster n^ renuerset*. Les eheuatx
9 de ft-ise seroÉt aussi yn grand obsla-
9 de à ceux qui voudront monter.
' 9 A costé de la bresche on ranger*
9 quantitt dé moustfuéfis i evoc peuf
» ou, six pieds de hauteur, plantées |» tirer contre les premièlti|ÉT Vfeu
Vît
Di LA ntnmi
t dront armet i TespreoTe du mous-
» quet, des pièces courtes diargées de
D ferraille « et particultèrenieDt de ces
» pierriers qoe nous avons cy-deuant
» ditqaisecbargentàboëte: les canons
» de réserue seront aussi en estât. On
» tiendra prests tonte sorte de feux
» d*artiBce, comme bombes, qn'on peut
» faire rouler par dessus des aix qui
0 auront yn rebord de chaque costé
p qui les conduisent bien auant dans la
» bresche, afin que les nostres ne
soient endommage! ; des grenades »
des barils foudroyans, des soliues
roulantes armées et chargées de feux
d'artifice, des mortiers pour jetter,
plusieurs autres inuentions , des es-
pinars, des bruslons, des sautereaux,
des flasmes, des taupes , et plusieurs
antres que nous descrirons antre
part. On aura aussi des diaudières
pleines d'huile bouillante qu*on jet-
tera auec de grosses cuillères aman-
chées d'vne longue perche, quantité
de pierres pour jetter à la main , et
tout ce qu'on croit pouuoir nuire à
l'ennemy.
» Quand l'ennemy fait la bresche
auec la mine, parce que c'est vn
prompt efibrt , et qu'il donne bien-
t<ist après, on n'a pas loisir ny de
resparer la bresche , ny d'y mettre
les obstacles <pie nous nuons dit. Il
faudra auoir presparé deux ou trois
retranchemens à l'endroit où on doit
faire la mine, afin que, s'il en em-
porte yn,^^ y en reste vn autre, ou
deux tout entiers, ou afin de ne point
perdre de terre sans disputer, n'en fai-
sant qu'?n fort arrière. Du reste, on
presparera toutes les machines, ar-
mes et artifices, ainsi <pie nous auons
dit, les tenant toutesfois vn peu es-
loignez du lieu où la mine doit joiier,
aùn qu'ils ne soient emportei par
» Puisque Kennemy fait vne nrioe ,
s on est bien asaeuré qu'il ne montera
» pas au haut de la muraille qu'elle
9 n'ait joiié ; c'est ponrquoy il ne faut
» pas tenir des soldats là-dessus oy ao-
» tour de ce lieu , au moins de jour,
» parce que de loin on peut descouorir
9 s'il voulait faire quelque surprise : de
9 nuit, on y tiendra seulement voe
» sentinelle : le oorps-de-garde sera
a vn peu è l'escart du lieu où se fait h
p mine.
» On est aussi asseuré d'estre atta^
» que par les endroits auxquels on yoît
» que l'ennemy s*est approché pied à
» pied, de telle façon qn'anec ses trao-
» chées , trauerses et galleries, il s'est
s logé an pied de la fortification , et
s qu'il a rompu ou sapé, ou miné ; c'est
s l'endroit par où sans doute il taschen
p d'entrer, ou pour le moins s'y loger.
» n y a aussi des indices par lesqaeb
a on peut connoistre quand Tennemy
» veut donner. Ouelquefois, auant que
» mettre le feu à la mine, il fait som-
» mer ceux de la place à se rendre, et
» c'est afin de ne gaster pas la place,
» de lacpielle il espère bîentost estre
s maistre, ce qui pourtant ne se doit
» faire qu'aux lieux qu'on est aasearé
s de prendre , parce qu'à vn lieu fort
» de monde, ce seroit les aduertir de
9 se mettre en deffence ; l'ennemy
9 fera aussy des efforts extraordinaires
9 toutle jour et toute la nuitprécédente,
9 pour rompre les deffences , ne don-
i> nant aucun relasche aux ennemis,
9 ny temps de les réparer : on verra
9 aussi que plus de soldats, qu'ils n'a-
9 uoient aecoustumé , entrent ce jonr
9 dans les tranchées; si on ne peut pa*
9 les voir, on les jugera par le bruit et
9 par les piques qu'on verra sortir bor»
9 destranchéesen plus grande quantité
9 que ks autres jours : tout le monde
9 sera en action ; l'armée se presparera
z^»^^;-
PL.ICBt FOKffcS.
et 1DIII16 camp se moûtira exlraordi-
ndrement: ceux qui ne oomtaUeDt
pas. et qui vienneiit par oorioiité,
a'aeieBiblent en tronpes ior les lieu
hauts, poor tov ee combat: bref on
voit des moatemeos qoi donnent as-
SOI à connoistre qne l'eonemy se
preqiare à cette action ; ies espions
ne doinent pas manquer de faire leur
deaoir, d'adnertir eeu de la place
des lien qne l'ennemy veut atta-
q^^^ du nombre, de la qualité des
soldais qui sont destinez à cet ef-
fect, des armes , madûnes et artifices
desquels il se veut semir. Tordre qu'il
doit tenir, et toutes les autres parti-
cularités qu'ils pourront descouurir,
et qu'ils jugeront seruir à U deffence
des assaillis.
» Ce sont leschoses qu'on doit prea-
porer; reste à dire du nombre des
soldats, de leurs armes, de l'ordre
qu'on doit tenir tant, en la distribu*
bution des soldats, du jeu des artifi-
ces, du temps qu'il faut pour les faire
agir, et toutes les autres circonstan-
ces nécessaires d'estre obseruées
dans vue action si importante.
» Je Youdrois distribuer mes soidata
en la façon suiuante, j'en ferois trois
parties, don 1 1' vue feroit ungros qne je
tiandroisdansia grande placed'armes
en estât d'aller aux lieux où il seroit
nécessaire pour la d^Geoee : du reste
j'en ferois quatre parties, les trois
me seruiront pour deflèndre les trois
attaques que je suppose que l'enne-
raj peut faire, et l'autre quart seroit
dispersé au reste de la place , par
» les lieux qui ne seroieat pas atta-
M quez ; comme, par exemple, si j'auois
» trois mille honunes, je mettrois un
B gros de mille bommes dans la place
» d'armes, cinq cents bommes à cha*
• mne des trois attaques, et cinq coïts
a nommes au reste de la pif ce : jesdnq
» cents qui seroii ^mix anaques, je von-
» drois les partager ainsy : cent qui se*
» roient à la brescbe pour tirer et de(-
» Csndre, cent cinquante seroient plus
a arrière pour soustenir et rafraischir
» ceux-ci, les autres cent dnquante se-
a roient en bas du bastion en bataille,
» ouàcostésur les remparts, à couneii
9 des parapets, les cent restant se met*
» troient aux flancs ou lieux qui pour*
»ioient fianquer et descouurir la brea*
» che ; les bourgeois seroient disperses
» en mesme proportion queceux qui se*
>» roient destineipourd^endre les posp
» tes attaquez, parce que difficilement
a ils se veulent exposer aux péribqu'lla
» voyent deuant eux ; ib sendroient
a pour jetter des feux d'artifice , ruer
» continueliement des pierres , appor-
» ter des munitions et autres rairais-
» chissemeos ; les autres feroient dea
9 oorps-de-garde par les places et rues,
» bien que j'estime cela fort peu né-
» cessaire, et se mettronten garde tout
a autour du reste de la place , meslei
» auec les soldats, parce que dans vna
» place assiégée je ne voudrois jamais
» me fier à garder vn poste, fiist-il at*
V taqué ou non, à des bourgeois seuls,
9 car d'eux-mesmes ils sont craintilk;
a il faut nécessairement quelqucs-vns
a bardis meslez parmy eux pour les en-
a courager, et cela les fait quelquefois
» esiiertuer;ilfautgarnirtoutlecontour
h de la place de soldats, c'est-à-dire
a qu'il y ait garde partout; encore que
a Tennemy n'y fasse point d'attaque ,
» si on en abandonnoit quelques par*
a tiessans y laisser personne, l'enne-^
a my en pouiroit estre aduerty , l'atta-
» quer et l'emporter, mesme les lieux
a qu'on croit forts de nature , et diffi*
» cilement accessibles; il faut les gar-*
a der de peur d'estre pris par là, corn*
a me plusieurs autres l'ont esté ; il est
a vrai qu'il y faut moins de moMai»
)» chapitre d« s gardes.
h Les m>ldats doiaent être ainsi ar»
toett à chaque corps, ii y en doit
éttoir vn nombre d'armez à l'espreuue
da mousquet; comme par eiemple,
âa premier cent 4 je voudrois qu'il y
en eus! vingt ainsi armec^ et aux au*^
très qui aousiiéndroient, autant à cha-
que corps, y en ayant tout autant à
eiiaque attaque ; il y en faudroit pour
Iroto^ eetit octante , ai ob en éuoit de
reste, on lea bailleroit au corps de
résertie. Il Sefoit nécessaire qu'il y
euat tout autant de rondaches^ qui ie^
f oient portées par ceui qui ne seroient
pas armez ; au defihut d'iceux « on
pourroît porter dés mantelets à l'es^
prenue du mousquet , pour en faim
i Yti instant rn parapet tout autotir
de la breicfaei or parce qu'il faut
qu'ils soient fort épais peur estre à
l'espreune^ et par conséquent diiBcî'-
les è manier ; je Toodrois les faire
fort estroits de six ou huit pouces «
hauts de quatre pieds^ auecdes trous
pour tirer; on les mettroit les ms
contre les autres, afin de tenir a cou<»
oert tous ceux qui seroient à la def-
ftince; les soldats, outre leurs épées,.
auront des piques fortes , et quel«
()ues-Tns auec des crochets pour jet*
ter par terre, mu attirer à soy, ceux
qu'on pourroit accroclier des enne-
mis; les pertuisanes et hallebardes
seroient aussi fort bonnes.
0 On entre-meslera m piquier et vn
moBsquetaif c « et en quelques cn<»
droits on mettra lea mousquets h
eroc, et les deux tiers des mouFquets
qui seront autour de la bresche, je
Vondfois qu'ils fussent fort courts ^
açaYob* de deux pieds, on deux pieds
el demyt ayant ?n pouce ou dauin*
tage de calibre, chargez de plusieurs
btiiea ; et la raison est , parce que les
DB LA n^.FE!fSa '
» tirs sont forts oovli^ d UtmA iw
h ?ne medée, cette quantité de halsi
» endonunagemit grandement lea as»
» aaillans. Lea antres motfapals» ki
amousqnutsè croc et pièuescanhi
» seruhront pour nuira à^eux q^ sa>
a roient anbei à reapranue des
a quets ordinaires: parœ que f
a téndi que les mousqueta dei gani»
a aons loient plus forte que ceuk qifaa
» porte è la oampagUei teHemént^il
a n'y ait foint d'armes, mi bien peu 4
a l'eapreuue de oes usousqueta*
a Les pièces courtes que notts
a dit , ^t léte pierriers qui ae
» à boâte^ aerofit logez è costé dé h
9 breschei aux lieux où ils ne pour*
a ront estf e ny tus ny rompes par lei
» canons des ennemis : lei UMirtien i
a jotter les feux d'artiOee seront auss;
a 4n lieux couuerta» et toutes lesaulfn
a inuéhèions qu'on aUra pieapééct
• pour défendre la breaiihe, aeroat
» tnises aux endroits qili ne aont pelai
a descoùuerts, desquels on se aenrirs
a comme noua Je d»una cyniprèa. .
a £n cette occasion on peut feir
» clairement combien aont néoeasaHei
et utiles les orillona; car outra lea ad-
uantages dés flanca eootiefta puar
rompre les galleries auec lea Mi
pièces de réserue que renneaiy ba
sçauroit desmonter ; açanoir^ r^ntaa
flanc haut ^ l'autre au flanc bas« al
l'autre à la fausse braye, eneûra
quelles ne ieaconurent que la faci
du bastion, aussi ne peut-^ou kl
gaster, si on ne loge les batterfai
là dessus; el lorsque l'onnèmy vîrni
è l'assaut pour se log elr dans la bres*
che, il n'y a personne qui ne Yoye
comme on peut faire pàsaèr le temps
aux assaillana auec res trois pièces *.
on les tiendri donc toutes prestes* el
quantité de cartouches pour lea re^
I a charger promptement ; au lieu dl
]»
Mm ft4AW
a balles seulaSf on y ^eltra Ues thms-
1» ne$, ferrailles, barres de fer et autres
» biocailles.
1» Tout estant disposé en bon estât «
• et tons les Ueuji attaques t garnis éga-
» Ipmeot , et le rosl^ de la plaee gardé
x> par le nombre des soldats nécessai-
» res , lorsqu'on verra que TeimeKiy
veut faire JQÛer la mofà^ ce qu'on
conooistra par tes indicé que nous
auons dit.« on fera retirer tous les
soldats, qii'il n'y ait personne sur le
bastion i se- tenant un peu à l'eacart ;
lorsqu'elle aura joiié, on s'appro-
chera, se ceuurant sur le bqrd de la
bresche, auec des sacs ou hottes^ ou
barriques, ou mantelets ; mais il ne
faut pas se haster de se présenter,
parce que les ennemis auront sans
doute pointé touft leurs canons pour
tirer sans cesse contre la brescbe^ aûo
,qu'on n'y. viepne è la deffence ; c'est
pourquoy on se tiendra au costei
ou .aux. retranchemeas qui descou^
vriront dans icelle ; cependant il faut
que reqnemj passe le fossé à des-
eounertf à cauii^ que la. gsjlerie sera
rompue et cQUuerte du débris de la
muraille; c'est lors, que ceux des
flancs dptueht faire leur deuoir à
force de tirer de9 coups de mous-
quets, et de canons, dds qu'ils com-
menceront à les dçscouurir : comme
ils s'approcheront, een\ qui seront
à la deffence 4^- K brescl^e les sa-
lueront de leurs aM>rtiers, pierriers,
canons courts, mousquets et autres
aiDDses qu'ils auront presparées ; k
OKesurex|u'ils s*i4V>irocberont et qu'ils
tascheront à itionter, on jettera les
feux d'arti&te, grenades, bombes, et
tels autres qiie nous auons dit cy-
dessus : les pierres voleront conti-
nuellemont^ jettées par ceux qui
seront plus arrière à conuert; s'ils
^.s'eJDtorfiènt à monter, plus haut, on
fOWBS.
«T»
D
»
»
S
»
P
opposera les manteMsi les ronds-*
ches, les piqaeiS, et toute sorte d'au*
très armes, les huiles bouillantes, les
artifices, et la recharge des boëlos
continuera tousiours, tellement que
tout le lieu soit, continuellenient eu
feu; les mousquetaires, tout aussi*
tost qu'ils auront tiré, se retireront
pour recharger, et feront place aux
autres qui seront tous prests : si l'en-
nemy opiniastre le combat, il faudra
rafraischir ceux-ci , et faire aduan- '
cer les autres frais, qui sont plus ar-
rière, qui s'opposeront à ceux que
rennemy eauoyera . de nouueau.
Quand on a sousCena le premier
choc, il faut bien espérer du reste;
car il faut croire que ce sont les plus
hardis, et les mieui^ armez ; lorsqu'on
sera dans l'effort du combat , on fera
joiier quelques bsrils foudroyans> ou
bien si on auoit pq apprester quelque
fougasse, comme lorsque )a bresche
se fait auec le canon , on y donnera
le feu : les bombes et autres artifices
qu'on fera rouler dans la foule, fe*
rontun très grand efiTect : on fera tout
agir san.s cesse ; si l'eonemy se retire
pour réunir et donner lieu au canon
de tirer contre les nostren, ils se met-
tront aussi tost k Gouuert^ a coslé ou
dans les plus proches retranchemenSf
et s'ils reuiennent , on les receura en
la mesme façon qu'on aura fait la
première fois.
» Les ennemis rencontrant vne si
asseurée résistance , se contenteront
pour cette fois de se loger sur la
bresche , se icouurant auec des ga-
bions et planches; alors les canons
qui seront aux flancs, tireront conti-
nuellement là-dessus, et du haut de la
bresche on. fera rouler ou descendra
les naesmes artifices que nous auôns
dit pour rompre la gallerie, jusques
à ce qu'oncles aura fait desloger ; et
ra LA BÉvniHi
» en mesme temps \n nuit on resparera
V la bresche le mieHX qu'on pourra ,
» en escarpaiit la montée et y faisant
» plusieurs palissades, et vn fossé an
» haut, laissant autant de terre qu'il
» faut pour estre h l'espreuue du ea-
» non , lequel sera sans doute en angle
» rentrant comme est tousioun la bres-
» che, a6n que tout soit flanqué : on
» mettra aussi en bon estât les retran*
p chemens qui seront plus arrière , y
D faisant des palissades au deuant, et
B toutes les deflences qui peuuent em-
» pescher l'approche à l'ennemy, et
» arrester ses efforts. Icy on remar*
» quera que les flancs iichans ont vn
» grand aduantage , parce qu'ils des-
n couurent dans les logemens que l'en-
» nemy fait dans la bresche, ce que les
» rasans ne sçauroient faire.
» Parce que les feux d'artifice sont
» vne des principales pièces et des plus
» nécessaires pour la deSence d'vne
» bresche, je diray le moyen de s'en
» seruir, sans tomber aux accidens qui
» arriuent ordinairement : ceux qui
» auront charge de les garder, se tien-
» dront à couuert plus arrière, les met-
9 tant en des lieux couuerts; et lors-
» qu'on s'en voudra seruir, ceux qui
» les doiucnt jetter les prendront des
» mains d'autres, qui les prendront de
» ceux qui les ont en garde, et qui leur
» porteront : pour les jetter, ils s'ad-
» uanceront sur le bord de la bresche,
» et les ayant jettex , se retireront tout
9 aussitost pour en aller prendre d'au-
» très.
» Les grenades dans les pots de terre,
» achevez de remplir de poudre, et des
» mesches allumées autour, sont bon-
> nés pour jetter dans les bresches,
n parce qu'elles prennent immédiate-
p ment, et les pots tombent i terre et
Bse cassent; mais il faut estre bien
> adroit à les manier, car si on les laisse
9
»
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choir, elles feront autant de mal aut
nostres, comme jettées a propos, en
font aux ennemis. Je donneray dans
mrs artifices quelques inuentîoiis
pour faire prendre les grenades îm*
médiatement comme elles tombent,
a Que sy on est contraint d'abandon-
ner la bresche , on se retirera aux
plus proches retrandiemens pour
faire nounelle deffence ; cependant,
s'il est besoin, on enuoyera quérir
du secours de ceux qui sont dans la
place d'armes, ce qui toutesfois ne
sera plus lors nécessaire ; car après
auoir fait vne bonne résistance à la
bresche, et ayant vn retranchenient
fait à propos, l'ennemy ne bazardera
pas le reste de ses soldats, et ne les
fera pas donner à descounert conlre
vn lieu bien fortifié, et quand il le
feroit , asseuKément il n*y gagnerait
rien , parce «qu'il y aura palissade ,
fossé, bons flancs, armes et artifices
de toute sorte, et gens frais pour k$
deflTendre.
p Pour s'aduancer, il se seniira de
la mine ou de la sape ; la nuit d'après,
comme il prospérera ses logemens et
recommencera l'attaque, il faadra
faire vne sortie, et porter leainstra-
mens et machines nécessaires, pour
rompre et bnisler les logemens des-
quels nous auons parié aox sorties,
et conune il fiiuC rompre la gallerie.
p Lorsque l'ennemy attaquera les re-
tranchemens, on fera les mesmes ré-
sistances qu'on a fSiites à la bresche
et aux dehors, à quoy on cura beau-
coup plus d'aduantage ; parce qu'as-
seurément après tant d'efforts bits, S
faut que les plus courageux ayeot
esté tuez , et si les autres sont rebo-
tez , ih ne voudront pas retourner
aux attaques , et si on les y con-
traint , ils ne feront rien qui vaSIe;
car véritablement dans vne anoéa,
ee o*eit pM ie Mmlm t|«i iUt ki
fMte, maïs c'est le mwaim des geis
de coBiir, et lonqa'il n'y en a phia, il
M faut rien craindre, esfésifllerafc*
cBenaent au «itrea.
» Le fonnemeur qoi ve«t faifetont
ce qa*ni boame de bien peut feke ,
doit te défendre jmiua i ce qu'il
B'awa pfau de qaoy. le covwir ; ce-
pendant fn'il aura aonatenu ces lieni
qne nous aiionf dit, il aura en loisir
de faite ses relnnchettras géaé-
lanx , dans lesquels 11 doit encore
faire vue nouvelle deSçnce , encore
qne ces ouvrages ne puissent pas
estre si faits, «itant. nouvellement
faits ; aussj les OBnemis sont les plus
fofliies^ leuiu canons gestes, etos-
veirtea i^feiee de tirer ; ks no nitions
coBsoflMuées, et toute ramée lassée,
la disposition et Tordre de ladelleoce
seront les awsmes que nous avons
dit. Tm gounemeur ne doit jamais
parier de c^ùtuler qu'alors que le
prince, loi commandie, ou qu'il man*
qa$ de Heu ou de terre pour se
oonorif, ou de soldati, oo de mu-
nitions. »
On seot qu'a cause du perfectioBno-
aMBt des aroMSy il y a quelques modi-
ScatioBsi faire à te q!ttudit, dans tout
ce chapitre, le chevalier de vaie; mab
le bon sens indique lulHsamment ces
Bodifleations.
Pout-dtre n'Jnsiste-t-il pas asses sur
l'emploi des chausse-trapes; c'est une
excellente défense en pareilles circons-
tances, parce qu'elle est eitrémement
portative, et qu'elle embarrasse, plus
que toute autre chose, la marche de
l'ennemi; il faut en couvrir la baèshe.
Le canon même n'a presque aucune
prise sur ces petits corps pointus ;
et, lorsque la brèche en est convena*
biemeot couverte, il faut è l'ennemi
un temps considérable pour les enc-
laver, de qneiqpie maniim qu*B s'y
prenne.
On doit également employer tsite
arme défenslre , avec proAHhm, au--
devant des uidt-de«pie et des petites
places d'aroMS que fait l'ennami pour
soutenir ceux de seascMali qui sont
haut 4e la brèche; car ils ne peunont
passer que dlBdlemaut et trte lente-
ment par4essus toutes. ces potetes
étendues sur une grande lacgeuvi peur
arriver au secours de leur tète delran-
diée attaquée à l'improviste, elle sera
culbutée , leurs tnvstjllenrf tués , et la
retraite i^ectnée «vaut qu'ils aieni pu
les joindre; et, lorsqu'ils ^en retour-
neront, ils éprouveront encore un re-
tard qui les laissera long-temps expo-
sés au feu des réduits, des coiqiuras et
des retranchemens.
Les chevaux delrise et les herses de
fer sont aussi très utile»; mais ilssoot
dilBciles à manier et facUes i rompre
par le canon ; j'abnerais mieux em-
ployer, è leur place, des espèeaa d'é-
toiles à six pointes, pesant dq^ dix
jusqu'à ta-ente livres, chacune, peur
qu'un seul hooMne puisse la porter et
la ^acer tout doauiteoàfl faut» On en
poorrait garnir te haut do la brèche au
iBfflmMit de l'assAUt. f hafiMi dm tirtdats
portant uiie ou deux 4e cea espèaes
de hérissons qu'il piaaerait devant tau ,
oà, 09 les endievAtiunt loi. uns dans
les entras, ils formeraient une sorte
d'abattis.
Pour fafa^ une de ces étoiles, il n'y
a qu'à prendre trois petites bAcbes à
brûler, soit de brin, soit fendues , de
deux ou trois pieds chacune , ou des
bâtons gros comme le poignet , et les
assembler perpendiculaireBsent les uns
aux autres , en les encastrant à mi-«
bois, et les arrêtant avec de grande
clous, des boulons, ou seulement des
; *
M Uft DÉFINMK
taillés en pointe , ou armés A^lt fêr
f«inlQi
PirtMi de it firadra «rrAter moffiM-
tttAéiiiMt bti flÉoilveiiieiit bhisqtte de
r«tobMil{ dëiKt eu Uroto Ttili|^5 de fes
Sloilëi èliélti^étrééfr Ibnneihitil Me
tsfbéê dé èlMvM de frtoer eontiM ^i
¥MldrA lAitlll i|tt*ilid ^isside ^ et
i|tt*on {Miti#ni Mleferfiénd ^u voudra
M fdporter aiUètti^ ; on (miil fhcileiMtit
trouterto iBôyM deled «ttodier sor
flIMcertUië I radtre par des esjièeètf de
érodiets.
' Eonn^ AMI tie dévMi jmé onietlre
un avère irai bon mbyén d*erihM^#
fMt an tempit an bord dHine Irèche
en &ant , nmtiÀneêiié de rbsêanhint :
(f «M de MnMf , t<Mit lè lotig de ééfte
d*eiilrèiiniri eemid Mv njuaiMiié
•ottYmltiM flttceèi, nDgnndfeift
pM de la brMiei patee-^ll m fte
wfBoHe é raasiégt d*eiilinCeM -dMo)-
ci, et plus facile^è I^ÉaaMgdaill d*ré-
teiddre , 40e totB4«rïl «il «lUrf dans
nn ibMé in babt de la brèilie.
' Dans cet ottffage^jeÉkeniiadlliriié
an grand prineifpe de là dMaoBef prii-
efpe fiHidé anr eetad dea moIRenwMi-
taqnea eottnieat qni aeni ceHei de
M . de VMbatt ; e^aM à %» Atae fÊià-
olpeqifHfont rapj^orter eisnbeMba-
ner nne femle de déMie dftM HH^Us
nodfn'anrions pn entrer mHê rf|Mr
wifU settoure datie bednltoapd^l-
tr^s ouvra^^eê eoffMËaj; et aMiMalfcrpéP*
drê devne le bttleSBeMt^nmie^
nettsf devions tendre eeMttnflMMfC Ce
brebhe, tmft>s8é1ai>geetpre(bndqtt*ea tat est lé pf)Mf|iè dont mifeliMMks
remplit de bois à blAlèf, de flgtotl dejpiêriéf^prinelpe qtfl tetiatiuililluu
gondreiHiês et de teàtea sûHes de maf ies^ientpleadennM «aÉA'lèfPeUr
Hères WtobdsHMes. On attend i|be tbd|Utre de eîetteaeflWdd Mtfe, àfcto
t'iMeilireonithetiée de toonierÉres^ qdë fonrnHMnt ie« jMMiiârÉx «9 tt|e
lauti <t l'on dUMie sur^enf^am^,- da «iir lei^tiela Mt élê Mail M»afclb
tduieepintSf rèmiadeboto; od t jette, rélMéb ddft» lé ehé^tM^ tT deltfA-
de tdna I detf feni tfUiltMcé et nombre tMèfé , tfe%%^it^ difé « «uMWM le
de petNs aaea de tMmdre. AuésI long* maximum de la défense Ar MMMbi,
tenipa qtron peut enMtenir r«eti«fté M enlM fa dêfelMe fUir fhrtMrMIthche
de ^ene BMniie, I*ennei6l eet arrêté à M dSftnae par leairtnes àiéi-^
«f Mitiez ex^ an» fMt de liiic / teriifine peM
ÉîMtivaenlMiM^etàfntfMfiitefli* lire de» étiom et m proeggft» tmk
"eettqitftoiÉbMIftariuii cette dêflMi- deraagteijeâillf WodarttiuliiiitiMid^i
M i VraiMée fÊt^¥aiÊtJÊtê HlflHàMs, la conclusion qui suit;'H^'lMféfMlhf
'et ^dMeMiêMflMM fMf" M.- TauMèr, | dd eetUJF nndrMfd ei iA|NMfaMiriioc«
rR ^i^iiv ■ enCvVe prefeTavie • esiie 1 irtife
/ ■ *
. ' i .
>< ■ .V..
.' l- ■
Di» flMtS' fOMRft.
CONCLUSION GÉNÉRA LE.
Deê fdwipéé ëi^dsés d«M eel écrit,
4tli naos A d«rf I «*é^|fa|ih(i t
Mm té êiféMè dfê pÛÊéêÈ fMêê^ la
Nlfinr a rindêiffi^ K^ Hffiè^nê point
TMM MHè î'aifMt mûi$ Mlê$ péutféfU
VALktRÎ IUttUMutt! T^to la d6-
t^tuie dai plâi^ ë$i dâM c^ deox
Wioiê, qui ôUt Mt thfténii le sujet d'tiâe
«Midtnii p»mi dé tèt Ottvtàgë » tiMdft
On a âA remarqua, dah9 tadt eë qtii a
été dtt, qtle pôuf Mra «flSbaces, H ftint
qk'éilèil lit;ha«tit toiijolu^ de eoticen;
ciU*6llés fié ces^efit Jttmai) de se lecoù-
der ttmtUèHénUértt.
Ed éllbt, ttnéilé 4ae éMI M kfaVMi^e
de rci^légé, pM^ eèlto de l'asifé*
géant Idi èit laippeMiFg égèto. it est évi^
d«nt i|tie 1* petite treape Mmt fb/Me
de eédér à la grande $ è iàefiia qM la
première nm dM inéitiitrfe ^ kd
S4HI pfulM, péitf totapéiMi» rtuNirio-
Htédttmmfcrc; MM^ %à pirefleaa,
ta BmvMte Mdiér Ail «watt Ibi M^
fire.
LItMtsttto iiiii, iofl fiiidèiiNnit se-
cmiéédé nfBt «ndert imIi»} «tri dia-
pré» It e^wd dM piQè samsii ittgé-
aïKMf, il ii^«it tMÊmm pkMe, sÉMe
CMiSéMidiMillil iMlilia^fitiK^ia,
qui, abatrlMMU llltè dM aM«s eatra-
ordinairea d0 vigomir, qtt^M M peut
faira entrer dans le oatoiil, puisse tenir
plus de qQanmtë jonrs de traitdtiée
oavertei eonti*e une attaque régu-
lière.
Mail s'il est vrai qne, prises aépanft*
tuent , la valeur et Timittstrie ne siil^
flsant poini, d'bn autre oôM , tes fa-
meuses déflMfisès dés SMiens ooii#e
des ennemis ittssi braftbqtt'ei», celles
qti otit eu Ueu, kirsA» la cHevats#i9èt
}«aq«*à rinventtod de Ui poodee, cMtre
des assaiiiaM non mUns iMrépidea^ et
enfin ^ plttsîeiit^ (#fefisi» égatofisent
brillantes, qnl apperUennQnl ant sib-
«les postérieurs < ptooTetit que qeaiid
la valeur d'une garirison se jcHnt au
talent des chefs qui la dfn'gent, la dé*
flmsè peut se prolonger Indéfliiimant,
e» raism des aubsistaiieès et des a^
provisionueasens^de la place;
La véritable eanae d»reai»étti& dif-
férence qui ésialè eiMiu Ifta Mles^-
fsnsÉs doiit a0ua veuon^de paHer, et
ealM qui unt Muakattee matMini-
tigidiusut , fj^t dvldaauaiàit de <e
qttoeeadéitiiànuaoutr su^oeiiis aV
péwauiuqliaianl parla'feUf«t4u«e
qu'un duaragev «ne lais «idevè^ *^at
«uuaé M pouaMT juaDaiaétnercj|n;|
tendis qoé lea anaita^ilè cMuÉlsaaHnti
pas oiéme tes ènus à ftu; que dans*
le oioyea-êge, un en employait très
pea à la gnerre des sièges ; qa'enfin ,
au petit nombre de défenses brillantes
qui ont eu lien dans les temps moder-
nes, les assiégés n'ont regardé les ar-
mes à feu que comme des moyens se-
condaires;qu*iisfondaientleursmoyeflS
prtncipanx sur l'emploi de l'arme blan-
ehe^t les combats corps à corps. C'est
par ce genre de combats que , dans le
cours d'un siège, le même ouvrage
était pris et repris nombre de fois ; ce
qui est la naie manière d'en prolonger
extnordinairement la durée , et d'é-
puiser las forces de rennemi.
Or, la bravoure est plus nécessaire
. sans doute , dans le combat corps à
oorps, que dans celui des armes à feu,
soutenu derrière un parapet; ainsi,
quoique les troupes soient aujourd'hui
aussi braves qu'elles l'aient jamais été,
c'est bien léellemont parce quon ne
fait pas jouar à leur bravoure, dans la
défense des places, le même rôle qu'au-
trefois, le osème rAle qu'on lui fait
jouer encore dans la guerre de campa-
gne, que les défenses modernes sont
inférieures à ce qu'elles étaient; et il
demeure prouvé, comme on l'a dit ci-
dessus, que ces deux éiémeas, la bra-
voure et l'industrie, qui , pris séparé-
ment , ne sauraient suiBre , peuvent ,
au contraire, tout, lorsqu'ils sont com-
binés; qu'alors ils se multiplient, pour
ainsi dire , l'un par l'autre , et qu'ils
produisent dea résultats supérieurs à
eeux de l'attaque eUe^méme.
UdeaaeureégaleaieDt prouvé, par
suite de cette mailme, que ai les ar-
mes à feu août lei plus faivonriiles à
l'assiégeant, les amea l>lBndies^ au
contraire, sent leaplus favorables i
l'assiégé ; et ipie caluh^ doit , autant
on'il le peut, rameser le syalèoM gé- i
MMl de sa défense i une série non in- 1
UuTompue de coups de main. En effet, :
que peut-îl y avoir de plus insignitot
qu'une défense qui se borne è faire an
feu continuel sur des tranchées où Toa
ne voit personne, et à se retirer à me- i
sûre que l'ennemi avance, au moyen
de la sape dans cette tranchée cou-
verte? N'estai pas évident que oelai<i
marche presque sans aucune perte, et
qu'il exécute ses travaux presque aossi
vite que si l'assiégé ne tirait pas on
seul coup? C'est cependant sur celte
prétendue défense qu'est calculée la
durée du siège dans les principes de
M. de Cormontaingne et de ceux qui
professent sa doctrine ; aussi , de leur
propre aven, toute la perfection qa'ib
ont pu ajouter au tracé de M. de Vsa-
ban, se réduit à une prolongatioa de
sept à huit joura au plus; cbétive amé-
lioration, que même on leur conleste,
et qu'ils achètent par un surcroît de
dépense. Convenons que ce n'est point
en tirant force balles dans les parapets
d'une sape, qu'on peut en arrêter les
progrès; mais que c'est en attaquant
de vive force la tète de cette sape, en
tuant les travailleurs qui j sont sans
défense , et qui ne peuvent être que
faiblement soutenus par les fusiliers
qui sont derrière eux ; c'est, dis-je, en
harcelant perpétuellement cette tète
de sape, soit par de petits détachemens
qui tombent dessus à l'improviste, soit
en y jetant sans cesse des grenades ,
soit en la faisant sauter par de petites
fougasses. Ainsi l'art doit se diriger es-
sentàellemeot vers lea moyens de loger
ces petits détachemens à couvert, au
phis près de ces tètes de sape, et d'en
aasurer la retraite.
ÂJOtadùU on n'attaNpMit guère que
de rive force; on se défendait de mê-
me, et lea plus mauvaisea places te-
naient dea années entières; aigoor-
d'hui les attaquée ae fout pied è pied :
la défense suit le mima procédé, eiie»
M» «LACM rotarit.
melMurit ^Im^ 40 gwne tiwaaB^à
pe<M nu moto* D*oA vjwt cehi? Ce
n'eflC point de la s^périimlé de FertU*
lerie des «saiégeaos , puisque Fra ?oU
encore de temps en tempe dee défen-
les oomparables à celles des.anciens;
mats cesdéfenses n'ont lien qoe quand
on prend le parti de se défendre com-
me eox, c'est-4^re par deseoups de
main. Il faut donc, si l'on yent conser<*
ver aes places^ en revenir à ce mode;
il Tant rétablir, dans la défense des
rempacts» l'osage des combla à l'anne
blanche , reconnus d^à pour si déci-
sifs partoutailleurs pour la valeur Iran*
çalse; il faut qu'au lieu d'être accessoi-
res, comme on a vu que le suppose
H. de Gormootaingne pour établir ses
calculs, ces combats aient essentielle-
ment partout la préémiuence; qu'enfin
le système des constructious, l'usage
de rartillerie, l'emploi des contrenni-
nés, toutes les ressources, en unmçt,
que peut suggérer l'art, suivant les di-
verses circonstances, soient rapportés
et constamment subordonnés à cette
défense majeure, à ce but principal.
On se convaincra facilement qp'ici
la théorie doit être d'accord avec l'ex-
périence ; car, dans l'emploi des armes
i feu, il est naturel que l'assiégeant ait
toute la supériorité ; son artillerie est
tottjonrs beaucoup plus nombreuse:
comme il enveloppe le front d'attaque,
ses feux sont convergens, et l'assiégé
prête de toutes parts le flanc aux rico*
chets. Mais à l'arme blanche , c'est le
contraire; dans la mêlée, l'assiégeant
ne peut plus faire usage de son feu ,
parce qu'il se détruirait Ini-mêm^B ; il
ne peut se présenter à la brèche sur un
front plus grand que celui de l'assiégé.
Celui-ci ne peut être pris en flanc ni
or les d^rières; il occupe la hauteur,
et ne peut être abordé que par nn che*
min escarpé et miné, sur lequi^l il peut
fUre rouler des paqtres, des pierres ,
des boaUies, desleta d'artîiice ; ^oAs^
il voit lui-même en flanc les colonnea
de son ennemi ; et, avec un peu d'in^
dustrie , il peut les battre de revers.
L'assiégé a donc tont Tavantage dans
ce genre de combats»
L'art de la défense n'est dwc poiat^
pomme l'ont Imaginé quelques per-
sonnes, ceini d'éluder le choc à la fa*
veur d'un rempart, mais, au oanlvaire,
celui de pouvoir se battre avec avan-
tage un oonti^ dit; oehii d'êlre sans
cesse agresseur, lorsqu'on semblait
condanmé, par les droonatances, à être
constamment chassé et poursuivi , A
chercher perpétuellement quelque re-
traite nouvelle pour éviter d'être aeca<^
blé par un ennemi supérieur. L'indus-
trie est de convertir le système géné^
rai de la défense en une suite d'attaques
partielles, mais multipliées et combi*
nées de nmnière à opposer toujours 1/$
fort an faible, sans cependant jamais
compromettre mm partie trop coqsi*
dérable de ses forces.
Si, pour éviter l'avantage ^pie don*
nent A l'assiégé les attaques hites de
vive force par son adversaire, celui-ci
prend le parti de procéder méthodi^
queaaent, et de s'emparer, pied à pied,
de toutes les défenses de la place , ce
qui constitue le grand principe des at-
taques de M. de Yauban , l'assiégé ne
sera pas forcé pour cela de renoncer
aux coups de main, qui doivent faire
toujours la base de son système défen-
sif ; mais il devra les combiner avec
l'emploi des armes à feu , de manièri
cpie par le jeu alternatif des uns et der.
autres, U empêche l'ennead de s'é-
tablir jamais solidement en aucno
point.
Le véritable esprit de la défense an
consiste ni à livrer daa combats ietem--
pertifs et trop Mfim^, nii Un dt
M Lk raMffst
cdfitiiittBlle9 retihkiet . en 9e Gonleii-> '
tant de retarder lé marehe de Passlè* >
^eant par une aérie de péltts obstacle» ,
mais à épier toutes les occasions de
prendre celuis;i , snr lé temps, par un
mnp de main inopiné, lorsqu'il 8*af^
faiblit quelque part, pour s'étendre et
peur embrasser, par son développe-
mettt, les wnagea de la place, et, M
contraire, à le lâlMer tout d'un éoop
e«)N>sé au plus grand* feu de la place ,
préparé peur cela, torsqifoH le toit se
ràunir en masse. Efi général, en peut
di»^ que contra les attaques, IMtes par
eeiipB de malâ, Il faut se défeiidre pied
à pied ; et contre les attaques , faites
pied à pied, H faut se défendre par
coups de mahi.
Sur œ principe , dans les points oA
l'ofi erahit d'être attaqué de vive force.
Il faut semer le plus d'obstacles possi-
ble, comme palissades, herses, chaussa*
Irapes , étoiles à pointes , mabtelets ,
abattis , puis se retirer, pour laisser
t'enneoBl deiil eiposéau plus grand ffen
de la place, pendant tout le temps quil
emploiera à détruire <m écarter ces
obstacles ; il Aiut , de plus, avoir des
corps de r^erve à couvert:, et à quel-
que distance, pour tomber sur les pre*
liiieR détachemens qui auraient fran-
chi c<^ mêmes obstacles. Sens les
points, au contraire, ou renneifii pousse
ses attaques pied à pied, comme aux
têtes des sapes, il AMit se loger au plus
près de lui, et nettoyer Tintervalle qui
en sépare , afin de pouvoir tomber à
chaque instant sur ses travailleurs, les
surprendre, et avoir opéré sa retraite,
avant que la forée , qui doit soutenir
ces tPffraUteors puisse être arrivée.
Oe mede essentiel de défense doit
cependant , par sa nature même , être
aéierfé pour la feniière période du
siège : dans les prMriêres, il ne pour-
fw wefr iim, piHym iMidratt riler
éhérdiér l'ennemi trop teh pour pou*
vefr le sutfTendi^ ,' et revenir suns
éprouver sarédctlM. A' cette disunee,
H serait absurde aussi de'prélenére Ar-
rêter le progfês de sea tranchées , I
force d'artilierie. Il Ihot donc, pendtat
les ppof Bières poNocieB uu nege , se
berner à tirer sur les pointa négUgts
par feufiend, et à (kire de temps ea
temps des sorties, ordinairement peti-
tes, pour disperser ses travaMeors , le
rencbre eirconspecSt dans sa marche, et
PéUiger de donner à ses travani ane
solidité qui len empêche l^avanceroent
trop rapide. B*aHletirs l'alternative con-
ftrmélle du ftm et de Terme l>lanche,
qui doit fisire la bètse de la défense rap-
prochée , ektge que Ton conserve soa
feu ]ttsqii*àr la (In, et qu'on ne l'eipose
pas, dêa les premiers jours, au ravage
des ricochets et des bombes. Ce priiH
cipe résuite évidemment de ce qae
M. de Yauban , dont la méthode dans
les attaques est, avec raison, regardée
eomme la meilleure , ne veut pas que
l'assiégeant se porte sur fe théâtre de
cette défense rapprochée, que les feai
de la place ne soient prAilablement
bien éteints. El, en etfet,sans cette pré-
caution, ses trandiées, ses paraRMes,
ses cavaliers , ses eenronnemens de
chemin couvert seraient Menlét dé-
truits, et il n*y aurait aucune sêreté
derrière ses minces parapets gabien-
nés, ou de terre remuée, qui sont bien
à l'épreuve du mousquet, mais non pas
à l'épreuve du oanôn ni des obus ; d'oâ
il suit que tout le système desattaqoes
de M. de Vauban est à peu près anéanti,
du moment que Tassiégé trouve la
moyen de conserver une bonne partie
de son artillerie ponria dernière pé-
riode du siège; etêertea, cela ne M
est pas bien tfffldie. Cette observation
est très importante ; « Ces (tadneïi,
aeei trêteaut, dit M. d6 Toreoae
*9<"iV».
DBS PLACKS F0RTB9.
en
3 {iÊémmr€ê iwrla guerre), vous déro-
» bent à ToBil de l'ennemi , qui , sans
B cela, verroit tout ce qui se fait dans
» la tranchée ; ik vous mettent aussi à
9 couvert du mousquet, mais non pas
» du canon. » «
Db l'écrit qu*on vusnt bb urb,
RÊSULTB, JB CROIS, BIBN ivmBM-
MBNT, GBTTB VÉRITÉ TRANOmiXI-
SANTB : C'BST QUB LBS BARRIÈRES DE
l'empire FRANÇAIS SONT ABSOLUMENT
INEXPUGNABLES, POUR QUELQUE PUIS-
SANCE ou RÉUMON DE PUISSANCES QUB
CE SOIT, SI ELLES SONT BIEN DEFEN-
DUES : c'bst qu'unb bonbb garni-
son, ÉTABLIE DANS L'UNB DB NOS
PLACES ACTUELLES, BT ANIMÉB DU
NOBUB DÉSIB DB S'iLLUSTRBR PAR UNE
DÉFENSE MÉMORABLE^ ^PEUT, AUSSI
LONG-TEMPS QU'ELLE SB TROUVERA
POURVUE DE SUBSISTANCES ET DE
MUNITIONS, TENIR TÊTE A UNE AR-
MÉE DIX FOIS AUSSI NOMBREUSE, ET
SE PROMETTRE ENFIN DE LA FAlàs
ÉCHOUER ET MÊME DE LA DÉTBUIRB
ENTIÈREMENT, SI CELLE-CI S'OBâTl-
NAIT A VOULOIR SORMONTEB LA BK
SISTANCE.
^•^
*v.
• .■»■>.
»»-^
MÉMOIRE ADDITIONNEL
ou L*ON PROPOSE
UNE NOUVELLE IHANIÈRE DE DÉFENDRE LES PLACES
Il y a bien des années qne j'ai ima-
giné une nouvelle manière de défendre
les places ; mais je ne Tai point fait
connaître jusqu'à présent, parce qu'elle
aurait pu être employée contre la
France elle-même par les ennemis ; je
me réservais de prendre , à cet égard ,
rinitiative dans une occasion impor-^
tante, si je me trouvais un jour chargé
de la défense d'une place assiégée,
comme cela pouvait arriver par les
fonctions de mon état. Mais aujour-
dliui que le temps est arrivé d'appli-
quer à la plus grande sûreté des fron-
tières françaises tout ce qu'on pourra
découvrir d'utile pour perfectionner
Fart défensif, je n'hésite plu» à rendre
fRibliques mes anciennes réflexions.
Si le moyen que j'ai à proposer mé-
rite quelque attention, c'est sans doute
par son extrême simplicité, qui le rend
applicable partout, et indépendant de
tout système de fortiflcation ; c'est parce
qu'il n'exige l'emploi d'aucune arme
nouvelle, et qu'à proprement parier, il
n'a rien de nouveau lui-même , puis-
qu'il ne consisli que dans l'emploi
plus fréquent d'un moyen déjà usité ;
ce moyen est celui des feux verticaux,
que je propose de multiplier prodi-
T.
gieusement dans la défense des places,
et dont je vais discuter les effets sous
ce nouveau rapport. Ce n'est pas d'au-
jourd'hui qu'on a senti l'utilité de ces
feux verticaux multipliés. « Comme les
» pierres et les grenades (dit M. de Van-
» ban ), jetées avec des mortiers , font
» plus de mal encore que les bombes,
» et qu'elles tuent et blessent beaucoup
9 plus de monde • il faudra s'en pré-
» cautionner de son mieux. »
Mais l'effet de ces feux verticaux
n'ayant point été exactement analysé,
on n'a pu apprécier le ravage extrême
qu'ils peuvent occasionner, et l'on n'en
a jamais fait la base de la défense ,
comme je le propose ici.
Un fusilier, qui tire de derrière un
parapet, est obligé de se découvrit
beaucoup. Un canon que l'on tire, soit
à barbette, soit même par une embra^
sure, reste fort exposé à tons les coups
de l'assiégeant, ainsi que ceux qui le
servent; et, de plus, les feux horizon-
taux qui partent des fusils et des ca-
nons de la place, vont presque tous se
perdre dans les parapets des tranchées
et des sapes de l'ennemi. Mais si , au
lieu de tirer horizontalement, le fusi-
I lier tirait obliquement en l'air, comme.
.«^.*
)90
DE I.A DEPBNSB
par exemple, »om l'angle de 45 degrés,
et si, au liea du canon, on faisait usage
\ de mortier sous fe idéiK atg(tf, Il M
serait pas nécessaire de faire des cou*
pures dans les parapets pour les embra-
sures; les fusiliers et les mortiers se
trouveraient entièrement à cotrr^rt Sé^
feux directs, et l'on conçoit même
qu'en s'enfonçant au-dessous du para-
pet, il serait kciht d'éliiUir de^J^M^rc
ges qui garantiraient les hommes atta-
chés à ces batteries, des bombes et des
ricochets. II reste donc à savoir quel
est le degré d'efficacité de ces^
verticaux, substitués, comme je le pro-
pose, à la plus grande partie des feux
horizontaux.
Je suppose ju^on nq CQnpm^cç â
faire usag/e dîç ces feux verticaux qu'à
rétablissemeiU de la troisième parai-
«
lèle, parce qu'auparavant les coup§ se^
raient trop inceftains ; depuis cette
époque jusqu'à fouvertur^ des brè-
ches, il se passera au moins dix îours ,
suivant les cafculs les plus restreints.
Il s'agft donc dasavoic quel sera, pen-
dant ces dix |ours ^ rcflTèt qu'auront
produit, dans farmée assii£geante , les
feux verticaux tirés de la pïacf?,
La troisième parallèle étant suppo-
sée à cinquante toises des angfes flan-
qués des bastions et de la denu lune,
et le côté extérieur dupolj^gofie. étant
supposé de cent qiiatre-viugJiS toises^ le
champ occupé par l'a^méa a^siégjsaïUa,
.entre les deux c^pitalea des but^tions
attaqués, sera h Rço^pr^sde ceatqpar
tre-vingts toises, nmlUpUées par cijar-
qaante toises ou oeuf milb toises^car-
rées ; n^ais j^ Tes porte à (yJÛQxe oûUe
loises carrées, pour calc»|lçr sht le mi^
nimum d'effet ^ et pour tenir liieu de
l'espace otcnpépar rénoemi^.à droite
et à gau(îie du front attaqpé , parce
qu'en eltet les bonnes règ)e& exigeât
jirîl s'f tende difts deux rAt#f«,. eadj^
bordant les capitales, pour embrasser
le front et contenir rassiégé.
MdbiéiMil« Mtt btttte étendue de
quinze mille toises carrées, il faut sa-
voir la superficie que couvrent réelle-
ment, i^ar leurs corps, les hommes de
f'arMééf ifssîégeante, qui composent les
travailleurs et la garde de la tranchée.
On compte ordinairement que ce nom-
b» Hh^fBfKm^^ dfîMtra iir iQ#p égal
aux trois quarts de celui qui forme
la garnison, parce qu'il faut toujours
que cette portion du corps assiégeant
en état de repousser la sortie
que pourrait faire la garnison tout en-
tière. Supposant donc seulement une
garnison de qjaatre raille kpmroes ,
i( fau<ïr^ au moins troia oiilte hottunes
de garde â la tranchée» c'est-à-dire
que le nombre dés âssiégeans^ répan-
dus sûr les avenues de ta place , sera
au moins de (rois mille hommes ; et
puisque ces aveuueii occppent, comme
on Ta dit ci-dessus, ua eq^ace de
quinze ipille. tpises carrées^ le nombre
dfes assiégeant 9era lacinquièsie partie
du nombre des toiseacarréeii occupées
par les méfies avenues,, c'est-à-dire
dans la proportion Cuo bomuaie s«r
cm€( toise» carréeav
Supposons maiiUeoant que la pr(H
jectjoa du corps d'uu homme sur une
surface hori^ntaie.aQitse«leaieQld'wi
pied carri, i1 faudra trente-six hoin-
Q[ies pour occuper pieinemeut et sans
iuterstice^s la "Valeur d'aue toise carrée;
donc ^ le nombre des assi<^éans étant
d'un bomhi^e p^ur. cinq. toiseS'asrrees,
sa projection sera itu«. pied carré sur
cent quatrerviiigt^ c!est-Mii*o 4^ ^
superficie,, OQCupée: réeUenaient pa^ les
individus qui composent Vannée «ssié-
geantov sera la cent g^atre- vingtième
paj'tie de t^out le cAfim9 ^W lequel s'é-
tendent se^ txavaux*
Tïsuît 4(iV»n dp rà,qn'en général,, sor
0BS PLACES fORTKS.
ë9t
cent quaUe-YiDgts coups tirés de la pta- j cuo de ces ouvrages, à Tangle flanqué
ce eu ligne inclioée ou parabolique, un : dans le sens de la càpîlatè , poilr tirer
doit frapper renneml dans une longue 1 4e long de cette même capitale, sur les
série de décharges ; c'est le minimum
des effets que puissent pDduire les
feux verticaux t f9sce que j'ai supposé
toutes les données beaucoup au-des-
tous de ce qu'elles sont réellemeut.
Par exemple, j'ai supposé l'assiégeant
qu'il occupe; or, environ la moitié de
ce terrain est pnsc par les fossé» où
rennemi n'est pa» encore , il est con-
centré sur le glacis^ où il est facile de
concentrer aussi tous les feuit verti-
caux, ce qui en double à peu près l'ef-
fet, surtout en dirigeant ces (eux sur
les capitales où, l'ennemi est plus ras-
semblé. Be même, j'ai évalué à un
pied carré seulement la projection du
corps d'un homme ; mais un travail-
leur courbé, un homme qui marche ou
qui a les bras en mouvement, offre
bien plus de prise ; et d'ailleurs la li-
gne décrite par la balle ne le frappe
pas perpendiculairement: elle vient
sous un angle qui approche de qua-
rante-cinq degrés; et, sous celte direc-
tion, un homme présente une surface
plus que double de celle de sa projec-
tion sur un plan horizontal. Il est donc
clair que l'effet des feux verticaux es^
beaucoup plus considérable que nous
ne l'avons supposé ; que le calcul se-
rait encore fort restreint, quand nous
supposerions que sur cinquante balles
lancées en l'air, il y en a une qui porte ;
mais, pour éviter les fausses objec-
tions, nous nous en tiendrons à notre
premier résultat^ que sur cent quatre-
zigzags de l'ennemi, parce que c*es( là,
comme nous venons de le dire, qu'il se
trouve te plus ra^seniblé.
J'observe d'abord qiï^en s'établissant
derrière le parapet, redressant inté-
rieurement ce parapet perpendiculai-
nniformément répandu sur le terrain rement à la capitale « s'enfonçant de
douze ou quinze pieds dans le terre-
plein du rempart, s'epaulant de droite
et de gauche, et blindant la batterie a
l'épreuve de la bombe ,. de manière à
ne laisser que le jour nécessaire pOiir
que le feu s'échappe librement sous
l'angle de qiiarante-cinq degrés, j'^ob-
serve, dis-je, d'abord que cette batterie
de deux mor(îers, l'un à droite, l'autre
à gauche de la capitale , se trouvera
parfaitement à l'abri des bombes et des
ricochets , aussi bien que des feux di-
rects. Les derrières de la tatterie se-
ront laissés tout ouverts pour éviter la
fumée , et on fera régner autour , soit
une barrière, soit un petit fossé plua
bas encore que le sol de cette batterie^
pour éviter les éclats des bombes qui
pourraient tomber aux environs.
Le mortier de douze poUces, dont fa
bombe pèse cent cinquante livres, peu{
lancer un poids éga/ de petites balles
de fer battu, d'un quart de livre eha*
cune, ce qui fera six eenta Ëallea 4
chaque coup ^ ainsi les deux mortienf
de la batterie lanceront ensemble , i
chaque décharge , d(ouze cents balles „
et par conséquent les six mortiers des
trois batteries en lanceront, à chaque
décharge, troië mille six cents^ Donc^
vingts balles i«mcéeS| une au moins ' puisque, sur cent qucttre-vingts baltes^
frappe l'ennemi. | une doit porter, sur les trois mille six
Je suppose qu'on établisse seulement cents, il y en aura vingt qui porteront,
six mortiers de douze pouces sur le ' c'est-à-dire qu'à chaque décharge dèii
rempart des bastions attacpiés et de Ur trois batteries, il y aura vin^t des «^
demi-lune, c'est-à-dire deux sur chan ' siégeans mis hors de combat.
693
DR LA DÉPRNSË
Il nous reste à savoir combien de
décharges on peut faire dans les vingt-
quatre heures , tant du jour que de la
nuit.
• Je suppose que de chaque mortier,
on tire cent coups par jour ; ce qui fait
à peu près un quart-d'heure d'inter-
valle d*un coup à l'autre. Puisque les
batteries mettent hors de combat vingt
hommes à chaque décharge, il y aura
pour chaque jour, depuis l'établisse-
ment de la troisième batterie, deux
mille hommes hors de combat , et par
conséquent, pendant lesdix jours com-
pris jusqu'à l'attaque des brèches, vingt
mille hommes.
L41 force de la garnison a été sup-
posée de quatre mille hommes; sup-
posant donc Tarmée assiégeante cinq
fois aussi forte, elle se trouvera de
vingt mille hommes, c'esl>à-dire qu'elle
sera entièrement détruite, avant seu-
lement que d'être en mesure d'insulter
les brèches.
Si la garnison était plus forte, l'en-
nemi perdrait des siens en proportion,
de sorte que pour une garnison de dix
mille hommes, il en perdrait cinquante
mille par la seule action des feux ver-
ticaux, indépendamment des autres
genres de défense et des maladies.
Je n'ai supposé que dix jours depuis
l'établissement de la troisième paral-
lèle jusqu'à l'attaque des brèches ; mais
quelle est la place qui n'en exige pas
le double ou le triple? Or, le nombre
d'hommes perdus par l'assiégeant de-
viendra aussi double ou triple; mais
j'ai voulu prévenir tous les sujets de
contestation, en adoptant le minimum
même des calculs que j'ai réfutés ail-
leurs. Par cette même raison, j'ai sup-
posé que chaque mortier ne tirait
qu'un coup par quart- d'heure, quoi-
qu'on puisse facilement lui en faire
tirer le double san» échauffer la pièce.
Il est donc impossible de rodaire
une place quelconque, soit petite, soit
grande, défendue de cette manière, à
moins qu'on n'invente quelques nou-
veaux moyens d'attaque, quoique ces
moyens soient aujourd'hui regardés
comme parvenus au maximum de leur
perfection.
Si l'assiégeant , pour se soustraire à
cette pluie de balles , essaie de che-
miner sous des blindages , on 'X)nçoit
qu'à la moindre sortie, il sera mis dans
la plus grande confusion ; car com-
ment se dégagera-t-il de ces longues
galeries blindées pour faire tête à l'as-
siégé? Comment réparera t-il , à cha-
que fois, le désordre occasionné dans
ses logemens? Comment empêchera-
t-il qu'on ne les culbute ou qu'on ne
les brûle? Et où trouvera-t-il une assez
grande quantité de bois pour suffire i
un semblable travail, abstraction faite
du temps énorme qu'il faudrait ponr
l'exécuter.
Si l'assiégeant prend le parti de che-
miner sous terre, en se bornant à atta-
quer par les mines, il se réduira de Ini-
même à une condition pire que celle
de l'assiégé, qui a ses contre-mines
préparées; il ne pourra plus avoir de
batteries, au moins rapprochées, puis-
qu'elles ne seraient plus gardées. Vb^
siégé conservera donc tout son feu , et
il est évident qu'un pareil siège est
impossible.
Observons que la garnison n'est
point du tout exposée, ni fatiguée pai
ce nouveau genre de défense; quelta
roule tout entière sur quelques com«
pagnies de bombardiers; qu*il n'y a ni
canons démontés, ni affûts brisés; qu'il
s'agit seulement de seconder celte
opération par des sorties faites à pro-
pos, pour inquiéter l'ennemi, et le
forcer d'avoir toujours grand monde h
la garde des tranchées, afin d'augmcri-
DES PLAGES FORTES.
693
ter l'effet des feux verticaux qui doi-
vent le détruire; qu'enfin ii est impor*
tant surtout d'y joindre la guerre sou-
terraine, qui coûte fort peu d'hommes,
afin de gagner du temps et d'arrêter
l'ennemi, le plus possible, sous la gréie
des balles.
Ce genre de défense a encore cela
de particulier, que l'assiégeant ne peut
user de réciprocité envers l'assiégé;
car celui-ci laisse agir ses mortiers qui
lont sous des blindages, en se tenant
rai-même sous les abris de la place ;
tandis que l'assiégeant est obligé de
cheminer à ciel ouvert, et de conser-
ver toujours dans ses tranchées un
nombre d'hommes suffisant pour les
garder contre le9 sorties imprévues de
l'ennemi.
Je n'ai supposé que six mortiers en
activité ; on peut en mettre beaucoup
plus, et les placer ailleurs qu'aux points
indiqués : par exemple, dans les pre-
miers jours, on peut les mettre sur les
saillans du chemin couvert, et pendant
les derniers, sur la courtine ou le mi-
lieu de la tenaille. Le lieu le plus con-
venable pour enfiler les branches du
chemin couvert est sur les deux faces
de la demi-lune , aux points où elles
sont rencontrées par le prolongement
de la crête du chemin couvert des bas-
tions ; et « sur les faces des bastions ,
aux points où elles sont rencontrées
par les prolongemens de la crête du
chemin couvert de la demi-lune. En
plaçant deux nouveaux mortiers à cha-
cun de ces quatre points , on en aura
en tout quatorze , qui couvriront sans
cesse tout le glacis de projectiles, et ne
permettront certainement pas que
l'ennemi s'y établisse.
On peut aussi suppléer aux mortiers
de douze pouces par d'autres de dix ou
ie huit , par des obusiers , ou même
par des pierriers qu'on chargerait , si
l'on veut, de balles. Ces balles ne de-
vant être portées qu'a cinquante toises
au plus, la charge de poudre serait très
petite, fatiguerait peu les pièces, et
n'occasionnerait que peu ou point de
recul, ce qui en rendrait le service fa-
cile.
Enfin on peut, comme je l'ai dit au
commencement, employer de simples
fusiliers qu'on exercera à tirer se us
l'angle d'à peu près quarante-cinq d^
grés, et qu'on pourra placer, soit le long
de la courtine, soit dans les fossés, au-
près des angles flanqués , vis-à-vis des
capitales, où l'on pourra même, si l'on
veut, établir des blindages pour les fu-
siliers.
En se servant des mortiers, pierriers
ou obusiers, il sera nécessaire de faire
auparavant quelques coups d'épreuve ,
pour régler les portées, et faire varier,
au besoin, l'angle du pointage.
Il me reste à dire un mot sur la dé-
pense qu'entraîne ce nouveau mode.
Comme il s'agit seulement ici de six
mortiers, ou, si l'on veut, de douze ou
quinze, qui tirent de quart-d'heure en
quart-d'heure, avec de très petites
charges de poudre, et que cela dispense
de tirer grand nombre d'autres pièces
d'artillerie, il est évident que l'écono-
mie en argent, aussi bien qu'en hom-
mes, est un nouvel avantage de cette
méthode. Quoique j'aie supposé les
balles faites de fer battu , comme les
charges de poudre seront fort petites,
il est possible que les balles de fer
fondu puissent résister aux chocs sans
se briser, ce qui épargnerait considé-
rablement sur la dépense; mais, en
supposant le contraire, ce que l'expé-
rience peut apprendre facilement , il
ne serait pas nécessaire, pour cela,
d'avoir de grandes provisions de fer
battu; ii suffirait d'avoir des barres or-
dinaires de fer carré, depuis huit jus-
6M
DB LA DEFEHSB DBS PLACB8 FORTBS.
qn'n rtorzc lîgnc^J d*équarri$sage ; ces
barres, qui peuvent servir à toutes
sorte> d'usage, seraient coupées pen-
dant le siège même, en morceaux longs
d'un pouce à peu près, et sons se don-
nef la peine de les arrondir, on char-
gerait de cette mitraille les mortiers,
obusier^ ou pierriers, ce qui produirait
ie méine effet aiae les balles; et non
seulement on ferait usage (fe ces fers
tenus en magasins et toujours utiles,
mais on en trouverait des provisions
toutes faites chez les serruriers et ma-
réchaux de la ville ; cependant il serait
à propos que tout cela fût ensaboté et
appuyé sur un culot de fer, placé aa
fond de l'âme de la pièce.
»'
MÉMOIRE
FORTIFICATION PRIMITIVE
PODK 8EKym DE 801TB
AU TRÂlTË DE LA DÉFENSE DES PLACES FORTES;
Pae CARNOT.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE
TRAITÉ DE LA DÉFENSE DES PLACES FORTES.
•••
QuoiQint, dans tout le cours de ce Traite ^ j'aie eu à coeur d'être
tompris par les personnes qui ont seulement les premières notions de
Tart militaire , j'ai pensé que la longueur seule de l'ouvrage , et la né-
cessité où je me suis trouvé quelquefois d'entrer dans des discussions
techniques^ pourraient en interdire la lecture à* un assez grand nom-
bre : et comme cependant , dans un sujet qui intéresse si fort la société
entière, il importe que les connaissances ne soient pas concentrées
dans un seul corps , je me suis attaché , dans ce discours prélimi-
naire , à résumer , avec toute ta précision possible , les principaux
points de cette partie de l'art, qui d'ailleurs n'est point abstraite;
afin que tout le monde , même ceux qui n'en ont fait aucune étude ,
puissent en saisir l'esprit et en juger sainement. Je me propose donc,
dans ce discours, d'exposer en peu de mots l'état de la question,
sujet de cet ouvrage, de faire connaître la situation actuelle des
choses à cet égard , la nécessité reconnue d'y apporter des change-
mens , et enfin quels sont ceux de ces changemens qui paraissent les
plus propres à l'améliorer.
C'est réqttilîbre des forces militaires qui rend les États indépendans
les uns des autres. Mais toutes les puissances ne pouvant mettre sur
698 DISCOURS PHÊLl MIN AIRS.
pied le même nombre d'hommes , cet équilibre ne saurait jamais sub-
sister, que par des obstacles, soit natyrek, ,soit artifipieU^ gui prêtent
un point ^appui au plus faible, et retardent au moins ITûvasion de
son pays, jusqu'à ce que les autres puissances, intéressées au maintieD
de cet équilibre, aient réuni leurs efforts pour contrebalancer ceux de
la puissance prépondérante.
Si de jgraqçles cbatne^ de mQptqj^04S| 4'iAn^PQ^^s fprèl»^ 4w4l^serts
arides, des marais impraticables, ou la mer, séparent les frontières
de ces diSërentes puissances, ces obstacles seront des fortifications
naturelles^ supérieures À. 1ûu& kft.tcu'âiULik Tart; mais si les lignes
de démarcation sont établies au milieu de plaines fertiles, traversées
par des communications faciles, il faudra suppléer par des travaux
d*iod4«MPia à cqs dé£Qp$68 »«tur^lai.
Des retraaolMiii^Dfi qqïUmw^ du musailles von interrompues,
comme celliÇ H^î borne la Chiae m oûrd ^ swûm^t dçs ouvrages trop
(tispepdîeux, trop iifMim à garëw êê/^ twte leur éfenëfie: etflsrf-
&ml' W» Yemkfmi le» «ôt fbrcëa m un points pour qu'il en fikt maître
partout, Ifi l)es(HP ^t h rftflexkm ont béentôt fait lentir qu'il vaot mieux
sfi hormt jt g^rdm- kw points priiieipaui par des piaefe isolées, dns
Jfisqualie» on fMsepabto tous les moyens nè0essa»r#» i une dèfonw lo-
^Alâf M 4^1» qpoiquo séparées, n'en font pas moips l^effist d'une ligne
coRtiwM ' pAro6 que si Tenoemi voulait pénâtrer daps lee intervalles,
il f» trouTerait eiponé h Mre bareelé sur ses demères., et ceu^ psr
Iw garuîsQOd de ces plaees , qui ae r^andf aîent dans ces întervallss,
et reudraienl la retraite inpossiUQ ou du mpms très pènlleuse.
De «e«l>lablM points d'appui ne sont paa jqAbmi instlilei tu plus
fori I pare* que les autres puissanees pouffaient à bod ii^n fimner des
0oaUtioas«(mtjre lui > Vattaquer 4 rimpnmete, eu profiter de queiqwas
troubles intérieurs dans ses Ëtats , les susciter mèmei pour j fospèoher
«ee levée» 9 et rorgmiiatîon eiiaete qu'eaige toute fwoa «rmte» quel-
que uflHiiireuee qu'elle eoit»
L'expériçpcp a prpuvé qw'HP cordoij r^uU^r de pUe«5 fortin, dis-
tribuées (îpDv^fiabl^iQjeot si)r las frontière, ëUit le p}«A$ ^K moym de
prévpQir 063 cri^asy e^ 4e préâçryçF les ZW^ de ca3gF»ii4p&el wNto^ rid-
volulions qui Iqs ^juley^F^fent ^ fSOM^ftnt ^-utf^fo'th ^ W h^^^^v^mt
eucpre, Jes pays qui «pat ^n^ièr^WfîPl^éogâ» de fortifiwatiwsî que c'est
rar e]le^ qq'pp «$( dispensé d'^ypir «pf^m^^lleBwpt me j^ d'ke*
;..>uibr^fi9« »rin^4 pdfir garder twjte» )e$ la? eou^ àl tavrîtoire ;
qu'elle ompâpheot )aib peup)^ c^yilîsé» de dev/^r 1« ppoie des bar-
bares, 4 )p $pjrl 4es ii4^as d'être epippKoujfe pM* Je WftiivAÎjs 3uc,cés
fl'ap^ Vieille; /p'^lte8 n^altriçept jiijsqq'à Wiî^rteip^^^^
assurent la possession des passages importans, des ports, ide^i^titre-
pôi» de^swlv^t^qisas, 4^ gr^nd» /6tobli;»s(^naenis 4e coflimeriçai qu'^t^Hes
préy)(}W99t une qdulUtudç 4e guerres, par la série dm diffieullés
qu'eU(^ Iftiffi^qt pntrewfr «wx copqu^rans^ et par Im r^soyrws qu'elles
Ce n'e^ p^s ^'P9 ne punisse abiifiçr des places fortes , icouiiiiD oo
jl)}i)^ d^ tmAliÇurey e)^.$a$ ; mus leur ins(îtMtfoo n'eq est pafi moins
bonne et utile , l'abus facile à éviter, et leurs inconvénieus générale-
ment bien au-dessous des avantages qu'elles peuvent procurer. Ce sont
les armes défensives des puissances, comme les boucliers le sont des
individus : les boi^çliers ne blessent point , ils ne font que parer les
cpup§. jl^ies plope^ fbr^ ^nt 4e n)èpe (^^sepUellement con«orvatrice9,
et aeute nous oe rapfMNrt, pami 1m grands iiMtnmam de fcuerre,
dies semblent être justifiées aux yeux de Inhumanité.
Mais po' ir que les places fortes puissent produire les heureux effets
qu'on a i^ dfpti 4'eo «tteoi^, U f«ut qp'eUe^ i^jent ût^xpugnable^ A
laide de Imv gttriMûB^ au ifue (k moîaa, elles, puinteni étaa assez lm\r
guement défendues , pour 6ter aux ennentis Pea^ie de les attaquer, n
faut ausài qu^elles nMnspirent point une fausse ôonfiance, en laissant
penser qu'elles peuvent se défendre d'elles-mêmes. Il faut enfiu'
700 mSGODM nÔLlIflNAlBB.
*
qu'elles n'affaiblissent point l'esprit militaire , qui doit toujours etr.
puissamment maintenu dans chaque pays , pour que ce pays ne de-
vienne pas le jouet des puissances étrangères , et pour qu'il soit dis>
pensé du besoin d'être injuste ou astucieux envers elles.
Si les places n'étaient pas susceptibles d'une longue défense , elles
ne rempliraient pas leur objet; car elles ne donneraient pas i celui
qui serait attaqué le temps de réunir ses propres forces ou celles de ses
alliés contre l'i^resseur. La place tomberait entre les mains de celui-
ci, augmenterait encore sa force comparative, et produirait, par
conséquent , l'eflEet diamétralement opposé à l'équilibre qu'il s'agit de
maintenir.
Il faut savoir maintenant si les places, telles qu'dles existent, telles
que nous savons les défendre dans l'état actuel des choses, remplissenl
cette condition fondamentale. Or rexpérienœ prouve le coiitrure; car
nous voyons, par le relevé des journaux de tous les sièges moder-
nes, que, sauf quelques exceptions rares, dues à des circonstancei
particulières, nos places médiocres ne peuvent tenir phis de vingt
jours, et les meilleures plus de quarante jours (1) : intervalle qui ue
(1) M. de Vautan calcule les munitions nécessaires tant pour l'assiégeant que pour
Tassiégé , sur le pied de trente jours, à peu près, de tranchée ouverte; M. de Gx^
montaingne , sur le pied de vingt â quarante jours , suivant la grandeur des places.
Personne ne doute cependant que nos places de preoiier ordre» telles que
Lille, Mets, Strasbourg, ne puissent tenir beauœop plus long- temps, ei
rexpènence ie prouve. Mais ces exceptions sont en très petit nomlNre« el vieDoeoi
de ce que ces places ont des enceintes redoublées, ou des manœuvres d'eau,
ou d'autres avantages tirés de la nature du site , ou enfin de ce qu'elles sodI
•ontreminées; mais surtout de ce qu'en temps de siège elles sont toujours pourvues
d'une garnison vigoureuse, et de tous les approvisioonemens dont elles ont besoin
pour une longue résistance. U n'en est pas moins vrai de dire qu'en général, dans le
mode actuel de défense, la durée moyenne des sièges est de trente jours au plus; et
c'est M. de Cormontaingne lui-même qui pose en principe que le maximmm est de
quaratile jours.
DISCOURS PRÉMMINAIRB. rOi
5ufPt point pour rassembler des forces imposantes . surtout si les ar-*
mées se trouvent employées à des expéditions lointaines.
II n*en était pas ainsi autrefois : les places fortes se défendaient pen-
dant des années entières , et le plus souvent , après de vains efforts^
/assiégeant se voyait obligé de lâcher prise , avec une armée totale-
ment ruinée. Le siège d'une place était donc alors une opération dé-
cisive^ aussi bien pour celui qui l'entreprenait que pour celui qui avait
à le soutenir.
Tel était l'état des choses lorsque parut M. de Vauban: elles
changèrent bientôt de face; Yauban créa un nouvel art des attaques,
aucune place ne put tenir contre ses procédés; toutes succombèreni
au terme à peu près dont nous avons parlé ci-dessus.
Mais cet illustre ingénieur, toujours occupé de l'attaque , ne fit rien
d'important pour la défense : il construisit à la vérité beaucoup de
places neuves ; mais presque toutes avant que d'avoir fait ses grandes
découvertes sur la science des attaques : elles ne furent donc pas dis-
posées pour contrebalancer l'ascendant de son nouvel art, et ces nom-*
hreux monumens firent seulement connaître les ressources du génie ie
leur auteur, pour adapter la fortification au terrain, et profiter de ses
avantages naturels ; mais elles ne rétablirent point l'équilibre que M. de
Vauban avait rompu lui-même, et laissèrent, pour ainsi dire, rd-
gretter l'inexpérience où l'on avait été jusqu'alors.
Ses successeurs ont cherché à rétablir cet équilibre sans y avoir
réussi ; et de leur aveu , les changemens qu'ils ont faits à sa mani^'^
de fortifier, ne procurent pas aux places fortes une résistance sensibn^
ment plus grande que celle qui avait lieu auparavant.
Cette branche de l'art militaire est donc restée inférieure aux au-
tres, et Ton sent chaque jour le besoin de travailler à la rétablir dans
le rang qu'elle a perdu.
Malheureusement, les talens supérieurs des hommes qui s'en sont
occupés sans succès remarquAbles. ont conduit à la persuasion coni*
70^ DISCOURS PR^imilAliB.
m une que la chose est impossible. M. de Vauban lui-méilie, obligé
de changer de rôle sur la fin de sa vîé , et dé chercher Ae nouveaux
moyens de défense, n'a laissé sur éela qu'iiri petit iioiîîbfe d'idées
éparses; et tes travaux qu^ît fit exécuter alors, portent le caractère
d'imperfection de tous tes arts naissans. Sa méthode des âftaqueS avait
eu pour objet et pour résultat , de ne pas laisser sur lés remparts un
seul point qui fût habitable pour les défenseurs, où l*on pût conser-
ver une pièce d'artillerie. // voulut alors rendre à t assiégé ce quHl
lui avait ôté; il renouvela, pour le mettre à couvert, l'emploi des
casemates qu on avait abandonnées, il en fit établir d'une construction
particulière a Lanrfau et à Neufbfrisâch ; maïs elles n'atteignirent qu'im-
parfaitement le but qu'il s'était proposé, et laissèrent seulement voir
quelles avaient été ses interiiiohs.
Ses disciples, au nombre desquels M. de Cormontaingne tint le
premier rang, tout en affectant la plus scrupuleuse fidélité aux prin-
cipes de leur maître , exclurent néanmoins précisément celui de ces
principes, que M. de Vauban avait regardé comme seul capable de
rétablir l'équilibre perdu; les casemates furent abandonnées de nou-
veau , et décidément bannies des fortifications modernes. On imagina
un nouveau système qui fut annoncé comme une simple modification
de celui de Neufbrisach, quoiqu'il en différât par ce point essentiel;
on établit des formules pour calculer la durée probable des sièges,
suivant la nature de leur tracé seulement, et sans y tenir aucun
compte, ni des actes de vigueur que peut faire une garnison, ûi des
moyens que peut procurer la disposition des ouvrages, soît pour fa-
voriser les coups de maîti, soit pour mettre Tartillerie à couvert; on
décida, d'après ces formules, qu'on avait atteint le maximum de la
perfection, et il fut en quelque sorte interdit d'autorité aux jeunes
officiers du génie, de se livrer à de nouvelles recherches sur fa fnême
question. C'est ainsi que cette branche de la science militaire devint
une sorte de trafisaction tacite entre l'assiégeant et Tassiègé; qu6 des
) otiraàes méthodiqties fixèrent Vèpoqbe ptécm de la capittildtlod pour
4'baque ûrdre de forteresie*^ que cfé firèi fttt pltts faH de dèfdttdref lés
piaces qui fut enseigné dans ieê écoles, niaîs celtii cfé les rendre bcmcH
rablemenl ^ »près oei'taines (orriiaHtèiir con vmtfes;
Une fëflexton bi«n sînlpte fttiraH dû eependai»^ f«ife VeéùnMtte
de suite le peu à^ ÈoMàë des base» de eë Mleol ; e'e^t qn'il eM MaMi
en principe dam Tari n^iKtaffe y et p^ôuté psir uà gràm} M^bréf
d'expérience», qife tonie place qtA peut èt#e ravihtillée à folcFàté,
cmnme le si&nt ovà'mMtemmt }m port^ de mef , ési toajodt^ très dtf^
fieile à prendre, quel quesoil (f ftiflleftfrs le traeé' de sa fefttifioAtien. Il
n'est donc pas vrai que ce tracé soit le seul ni même le principal élé-
ment de la défense^ C'e^ au corrfi^ttire vttt élément tfds seeondaire ; le
principal , comme on te Toil par le faH ({ce nous venons de tapportef,
consiste dans la force de k gftrnison et le matériel des appi^ovisk>t<ne^
mens.
M, de Montelemberl, qui n'ëUif paiêtt astreint à la diseiplMre deâ
ofiSciers do génie , ressuscita le système dei^ easeniates qn'ârait v ot/fd
intf oduire M. de Vauban ^ mdis sur de^ basë9 diSérentes et beattôoup
plus étendues ; elles ne furent pfus dans sa fortification une é^ce
d'aceessoife^ maist le principe fondamfental de tmites ses consfruetioiffe;
il proQva par de grande» expériences y qoe l^s défaits qui les év^^etft
fait proscrire pouvaiest être corrigés, el que T usage en éfa4t ftiéfle.
Cette décottveirte fit époqatr, elle fut eombatttfe ave^ d'itufîBitft mfoifif»
d'urbanité par le» antagomi^es d^ M« de liotf(alen>bert , qtM te raisott
n'était pas de leur côté.
Mais M. de Montalembeft, quevqae' #un esprit in^véttfif , ne fti^a db
sa découverte amouA parti arraiièâigdmt^ et les appK^Mii^i^ qef ?f eftf fit
à la coosp^sitioA d'ao grand nombre de s^tèMe?,- ne fafent point
heureuses^ A si^ fia trop èk la nÉBkikvd»' ië sm iMir 6>â^nMtès po^
empêcher les approcbea d^ resneim;* il ae les déf oiMfi poiitf^ aul battte^
ries- de lai campagne , (fii'N prétendit faire taire in>ec tes siettne»^ satis*
7M DISCOURS PBéLIMlNAlRE.
prendre garde , que quand même il aurait eu la supériorité du nombre
des canons, les clefs de ses voûtes battues de plein-fouet, de^
vaient être bientôt détruites, sans qu'il pût les rétablir, et que
U quantité seule des munitions qu'il aurait fallu consommer pour
^vrêter les progrès de l'ennemi « était un obstacle invincible à Tadop-
$on de ces systèmes. Cependant la vérité fondamentale a surnagé, et
/es casemates sont généralement reconnues aujourd'hui par les ingè^
nieurs eux-mêmes , comme Tunique moyen de conserver TartiUerie,
et de sauver les défenseurs , sans lesquels une place, quelque parfaite
qu'elle soit par elle-même, n'est plus qu'un corps sans âme, une
machine sans moteur.
Mais, à quoi serviront ces casemates, si l'on ne parvient à les dé-
rober aux vues de l'ennemi? Et si on ne les empêche d'être vues par
l'ennemi, comment le verra-t-on soi-même, puisqu'il est évideot
qu'on ne peut voir sans être vu 7 Comment fera-t-on feu sur lui , sans
recevoir ses coups réciproquement? Comment enfin pourra-t-oR l'ar-
rêter ou seulement ralentir sa marche? Voilà le problème qui est
maintenant à résoudre , et dont M. de Montalembert ne s'est point
occupé.
La solution de ce problème est cependant fort simple , et c'est Tud
des deux points principaux qui servent de base à la nouvelle* doctrine.
Cette solution s'obtient bien simplement, en substituant des feux cour-
bes ou verticaux, tels que celui des mortiers et des pierriers, au feu
direct des canons et de la mousqueterie. Car les premiers peuvent,
étant casemates , tirer par-dessus les parapets qui les dérobent aux
vues de la campagne, se trouver ainsi à l'abri de tous les coups, et
néanmoins aller chercher l'ennemi derrière ses épauleraens, tandis
que des feux directs , tels que ceux qui font la base de la défense ac-
luelle , sont nécessairement aperçus de tous les points qu'ils peuvent
découvrir eux-mêmes; que le plus souvent ils sont battus par plongée,
d'enfilade et de revers, et qu'enfin ils ont à lutter contre la force
toujour» npéiiettre de raniègeaift, qui, manqué par des parapets
contre ces feux directs, ne leur laisse presque aucune prise.
Hais la solution de cette première difficulté ne suffit point pour dé^
truire Teflet des attaques de M. de Yauban ; car sa méthode consiste a
marcher avec peu de nsoude, à s'avancer pied à pied, à cerner et eiK
veloppor peu i peu par ses lignes toujours bien liées entre elles , tou-
jours bien soutenues les unes par les autres, toutes les défenses de la
place ; sana jamais brusquer les attaques, tant qu'il peut s'en dispen^
ser; sans Jamais rassembler sur un même point une grande masse de
forces; sans jamais compromettre, comme on le faisait wuxA lui, par
des coups de main hasardés , une portion considérable de son •armée*
Marchant toujours avec circonspection, toujours couvert par ses épau«-
lemens, le feu de la place ne peut lui atteindre, dans ses têtes de tnusK
chëe, que par hasard un petit nombre de travailleurs qu'il fait rem*
placer aussitôt; et c'est avec cette marche compassée et Irate en
apparence qu'il abrège pourtant d'une manière inimaginable la durée
des sièges; qu'il en atténue prodigieusement le danger pour l'assié-
geant^ et qu'il rend le succès de ses opérations infaillible.
Peu de personnes paraissent avoir saisi le véritaUd esprit de oi
système des attaques de M. de Yauban ; peu ont remarqué en quoi
précisément consiste le caractère qui le distingue de la méthode pr&
tiquée avant lui, et c'est ce qui iait sans doute qu'on n'a pas trou\é
le véritable genre de défense qu'il convient ft'opposer à ce systèrai
d'attaques. M* de Yauban lui-même semble croire que la jdace dd.
toujours finir par être prise , et que l'assiégé ne peut se promettre
autre chose que de retarder plus ou moins la marche de l'ennenki. Ci
préjugé pouvait en quelque sorte paraître légitime chea un homme
accoutumé à ne trouver jamais d'obstacle insurmontable; mais son
influence n'en a pas été moins nuisible , en ce qu'elle a détourné les
idées du noble but qu'elles doivent se proposer , qtd est la levée du
S et les a retenues dam cet esprit de chicanes et de relirodeê
■ <f-
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CToi» qui doil se faite (,1)- Ce q«« i ses pour se trouver sous la
baiaon des idées, et pour mettw îi^ ^ur |^ gi^^jg ^^^^^ j^
Quelque certaines, au surplus force, l'assiégé met en
rites que je viens d'établir, ce se iqb que les coups de
4a l'esprit humain, que de p< iaJa place, sinon
éprouver de longues contradiction
autres vérités; elles seront long-temp^ W de iape>
rance, La force seule des choses en amènera foiJBie une
ou moins tardive. 'WMhuit
« La coutume, dit le général Lloyd, est un tyran plu^ ^^ ^ '**
» que tous les despotes de TOrient. Il n'y a point d'argumeM
» qui puisse arracher des esprits une opinion bien ou mal toM^
» c'est au temps seul, aidé de quelques circonstances favorables 4u
» sécher dans ses racines. On se donne bien de la peine, pour im
m gagner que de la haine, quand on entreprend de démontrer à hq
» homme qu'il est dans rerreur, et que son opinion est absurde. «
0
Ces observations du général Uoyu, quoique faites avec un peu
greur, n'en sont pas moins vraies et de tous les pays.
Quelques objections m'ont été ftutes sur les premières éditions; fai
répondu en peu de mots dans celle-ci à ces objections , qu'il m'eAt
suffi peut-être d'énoncer, pour en faire sentir la petitesse et le ridicule.
Mais il en est une sur laquelle je me crois obligé d'entrer ici dans
quelques développemens , parce qu'elle a séduit des personacs de
bonne foi, et je reconnais qu'en effet, je n'avais pas donné sur cela.
dans les premières éditions, des explications suffisantes. Il s'agit du sa-
^fice d'hommes qu'exige en apparence le nouveau mode de défense
l»t>po8è. Ce sacrifice, au contraire, comme on va le voir, n'est pas, à
(1) Ceux qoi veulent connaître à fond ce qui se praUque réellement a^ourd'hui
'dans la construction , rattaque et la défense des places, ne peuvent mieux ikire que
de eooiQlter Tonvrage de M. de Bousmard^ en quatre vDlomes in-4^, avee un lUas in-
Is^depwcfeai.
q^qu^ travaux du momeat , multiplier et agraadîr ces débouchés
t^kaut les localitëii, et suppléer auj: casemates par des blindages, fai
discuté au. long» dans Touvrage même» oes déE[ittt3 et beaucoup
d'iudres quiaput mhérens à la foriificaUon actuelle* at j'ai proposé les
mpfçnsd'yjremèdieri soit dans le cas de forteresses neuves à cons-
truirei, aoit dws le cas où il s'agit seulement de corrections ou de mo-
diOcations à faire aux anciennes places. Dans ce Discours préliminaire
jctïBie bonie^ & ce qui regarde l'acte même de la défense propremeot
ditie f sans m'occuper des crastructfons*. J'observerai seulement )ue
dfps la système de fortifications appelé moderne, bien loin de remé-
dier aux deux défauts majeurs doqt nous venons de parler, on n'a fitit
que les aggraver: l"" en en proscrivant absolument les iSeux couverts;
2^ en multipliant les barricades qui séparent l'assiégé de son ennemi^
de sorte que les retours oCfonsifs sont devenus encore plus diCBdles
qu'autrefois. On y est donc réduit, pour toute défense , au feu direct
dont nous avons fait voir la presque nullité. Ajassi on peut accor-
der à M. de Cormpntaingne , que ses calculs ^ f(mdés sur cette hypo-
thèse, sont réellement aiqplioableç à son pro{Nre système, dont ils dé-
montrent la foiblesse; mais ils pe le sont nullement au nouveau moda
qp'il n'anait pu prévoir dans ses formules, absolument étrangères à
l'^ternative des deux moyens essentiels sur lesquela est fondé ce oou-
ypVl système de défense.
, Ce sont les développemens de ce que nous venons de dire, les
preuves détaillées, les applications, les diverses conséquences q^ en
dé^vent^ qui font le siyet de l'ouvrage que j'ai entrepris; ainsi pour
ft^ les idées sur le but précis de cet ouvrage, et afin qii!on n'y. <to^
che pas ce que je n'ai pas eu la prétention d'y mettre, je dirai que
c'est simplement F exposé des changemens qui me paraissent étevcir
éfre faits aux méthodes actuellemerU pratiquées dans la çonsbructim
et la défense des places. Tel est le cçrcle dans lequel je me sub ren-
^pdé; mon but n'étant pas d'enseigner ce qid se faj^ mais, ce que je
mooim MÉiniiiuiiB. 7M
crois qui doit se flûre (i). Ce que f ai dit de plus n'est que pour la
iniaoB dtos idèes^ et peur mettre de reusemble dans les principes. (
4>iielqiie certnaes, au sarplns, quelque palpables que soient (es Té^'
rites que je viens d'établir, ce serait méconnattre la marche ordinaire'.
4a,L'e^îtr humain^ que de penser qu'elles seront accueilles sans '
éprouver de ki^$iies contradictioiis; elles avont le sort de tontes !es^
autres vérités; elles seront long-temps repoossèes^ elles le sont d'à-
raoce* La force seule des ckoses en amènera un jour l'adoption plut
ou moins tardive.
« La ootttttme, dit le général Llaffdj est un tyran plus impérieux
» que tous los despotes de FOrient. H n'y a point d'argnment direct
» qui poisse arradber des esinrits une opinion bien ou mal fondée;
» c'est au temps seul, aidé de cpielqnes circonstances (hvorablcs, à la
« séeher dans ses racines» On se donne bien tle la peine , pour ne
B gagner que de la hame^ quand on entreprend de démontrer à Un
» bomma qu'il est daas rerrrar, et que son opinion est absurde. «
Cea observations da général IJoya, quoique faites avec un peu d'ai-
greur; n^en sont pas moins vraies et de tous les pays.
Quelques objections m'oot été (kîtes sur les premières éditions; f ai
répondu en pen de mots dans oelle-^i à ces objections , qu'il m'eAt
suffi peat^'étre d'énoncer, pour en faire sentir la petitesse et le ridicule.
Mais il M est une sur laquelle je me crois obligé d'entrer ici dans
qaelqnes développemens , parce qu^elle a séduit des personacs de
boBM foi 9 et je reconnais qu'en effet, je n'avais pas donné sur cela,
dans les preniérés éditions, des explications suffisantes. D s'agit du sa-
crifice d'bomraes qu'exige en apparence le nouveau mode de défense
proposé. Ce sacrifice, an contraire, comme on va le voir, n'est pas, à
■
(i) Ceux qtii vedlent oooaaltre à fond ce <iui se pratique réellement ai^ourd'lmi
dâni la '€<mstnicU<m , rattaque et la défenae des places, ne peuvent mleui Ikire que
flii tiamillir runitagn in M* éè WomuMé^ en qnalre volamef iè-a^^ avee an atlas io-
es attoodant que repoemi s'ap{iro(^e assez pour se trouver sous la
portée de ses. pierriers casemates , c'est-à-dire sur le glacis même de
la plaoe. Atora , si œt ennemi se présente en fopce » Tassiégé met ea
jeu tous lei^ pîerriers et l'acoable de projectiles, sans que les coups de
rasaiégeant puissent tomber sur qui que ce soit de la place, sinon
par un hasard qu'on ne saurait pr6¥oîr.
Si au contraire l'assiégeant se borne à pousser des téces de sape ^
dans lesquelles il y ait seulement quelques travailleurs , on forme une
multitude de petits détachemens qui, partant à Vimproviste, pendant
qu'on sui^nd Tacticm des pîerriers, marchent rapidement sur les
tâtea de sape, tuent les trayailleurs, culbutent leurs tranchées, et
sont reyenus avant que rennemi, dont le système supposé alors est de
SB tenir hors de la portée des ieux vei*iicaux , ait pu venir au secours
de ces travaillefu^s. Telle est la marche prescrite à V assiégé, depuis le
commencement du siège jusqu'à la fin.
Je den^ande maintanant laquelle de ces deux méthodes est la plus
sûre pûuc les d^enseurs, et la plus meurtoière pouf l'assiégeant ? Il ne
faut pas être bien savant pour répandre i cette questiop.
Sapa doute il lut de la valeur et de l'industrie toikt ensemble, poinr
eoaduice une défense telle que je viens.de la proposer; il faiit de la
valeur pour les coups de main midtipliés qui doîventavoîr lieu à Tat^*
taque continuelle des tétas de sape ; il faut de 4'hidustri6 pour saisir' le
iBomeQt,coAV)enable^ prendre l'ennemi sur le temps, mettre Fartittene
et les hommdsÀ.cowerti lorsqu'ils ne sont pas employés à ces atta^
q^es} mais n'eatr^ilpas évident que^ces deux éiémens mconlestables ""
de toute boone défense , la valeur et l'industrie, sont ici combiofo de
la n^aniére la plas avantageuse , tandis que, dans les procédés ordi-
nairesy ils le sontsebs fcuH ; cpie le aooottd y manque absoklment, e|
que le mauvais eniRloi d«i prenuer ne bit qu-aooélérer la perte totale
de r.ftssiégé.
I^ méiJ^Qée piopMe eit (ondée 1^ elleeoH-
711 MSGOlJBf ncfeUlDIlAIBII.
siste essentiellement à convertir le système fèn^nl de la défense en
une série d*altaqiies partielles ; mais remarquons que ces coups de
^ main se iont toujours en opposant le fort au faible , un détachement
^ de gens armés contre un groupe de travailleurs surpris et peu ou point
soutenus. Remarquons que ces attaques partielles n'ont jamais lieu au
loin ; que la scène se passe toujours sur le glacis et sous le feu iinmë-
diat de la place ; que si Tenncmi y vient, il est accablé de feux verti-
caux ; que s'il n'y vient pas, on n'a rien à en craindre, et qu'on reste
alors mattre du champ de bataille.
L'expérience prouve qu'on court bien moÎDs de risque en faisant,
par intervalle, des incursions momentanées pour surprendre rennemi,
qu'en demeurant toute une journée collé derrière un parapet, enfilé et
plongé de toutes parts ; et cependant la première manœuvre produit
un tout autre effet que la seconde, au moral aussi bien qu'au physique.
Elle entretient le courage ; elle soutient la confiance, qui est le gage
de la victoire. Le caractère national du Françab est d'attaquer tou-
jours ; il gagne de l'audace en atiant à Tennemi ; il en perd , s'il at-
' tend ; un rôle passif ne lui convint jamais. Pourquoi ne ferait*oa pas
usage de ces données dans la défense des places, aussi bien que dans
la guerre de campagne? Cest une grande erreur que de négUger, dans
un calcul, ces résultats d*une longue suite de faits.
Dans le système actuel des retirades méthodiques , la perte de la
place est inévitable ; dans le nouveau système, au contraire, on n'est
jamais forcé de la rendre, aussi loi^* temps qu'on a des hommes, 4les
' subsistances et des munitions , parce qu'on ne perd pas un seul point
du théâtre de la défense rapprochée , qu'on ne le reprenne aussi-
tôt, et avec moins de perte d'hommes que s'il avait flillu le défendre
quelques heures seulement de pied ferme. La valeur est donc mieux
employée dans le nouveau mode, mieux secondée par l'industrie.
La valeur et l'industrie sont donc, ainsi que je l'ai avancé, les deux
él^m^RS de lA d^NtB^ ^ ^Mvm Mt le n^jet d'uae des fartiai de
mon ouvrage. C'est daii9 la première de ces deux parties que î'ai cilé
une multitude d'exemples de sièges aucieus et modemesy pour faiie
connattre combien le prunier de ces élëmens influe sur la dèfeme
des places, combien il est fécond en ressources, combien il prête de
«ecoiurs à l'industrie elle-même.
Ce serait cependant prendre le changç, que de considérer cos
exemj^ comme des règles à suivre lillèralement. Us ne sont tels ai
S0U6 le rapport de l'industrie , ni même sous celui de la bravoiuw.
Sous celui de l'industrie^ quoiqu'ils suggèrent une foule de stratagèr-
mes toiyours utile;; , ils o£Brent néanmoins , en général , des procédés
trop inférieurs à l'état des connaissances actuelles ; sous celui de la
bravoure, ils n'offrent point une conduite suffisamment tempérée pnr
les mœurs de notre siècle ; ils se ressentent de la bartmrie que les
cordons de places fortes ont eux-mêmes infiniment contribué à baoûr
de l'art militaire. L'opinion générale se révolterait contre les furciifs
qu'ont souvent inspirées, dans la défense des places anciennes, l'aveu-
glement des prétentions et les haines personnelles. Ce n'est (riitt là du
courage, car le courage est généreux ; il sait fiûre le sacrifice de aas
ressentimens, et reconnaître les lohi de la nécessité.
La ligne de démarcation qui existe entre la bravoure, qui fait la
Ivoire des béros, et la férocité, qui déshonore les faux braves, est
tracée dans les cœurs. Les lois positives, qui doivent toujours être les
int^rètes de l'opinion des sages, la déterminent clairement; elles
assignent le terme auquel un gouv^neur peut se rendre, ^ je ^ai
fflêoie qu'alws il le doit ; car elles ne l'autorisent point à laire égoi^gv
la population d'une ville confiée à sa surveillance. Elles ont marqué
l'ouverture du dernm* retranchement pour le terme de la capîtnlatims;
mais elles exigent de lui qu'il se hâte de faire ce retranchement, et
qu'il défende tout ce qui est en avant jusqu'à son dernier soupir. La
loi exige des défenseurs tout ce qui est dans Tordre des choses possî*
blés ; evger pli» qu'ellei c'est vouloir qu'eU« 09 l'PJiMo pai^
fil MBOOra» ««ÉLWfllAn»
Il n'y ft «ucone contradiction à poser, en princij^, qu'une place ne
(bit jamais se rendre^ tant qu'elle «t pourvue d'hommes^ de vivres et
"Ae munitions, et à fixer néanmoins, pour terme de la défense , Tou-
verture de la brèche au dernier retranchement. Cest qu'en ^fot, cette
brèche ne peut jamais avoir lieu, si la place est bien défendue; car,
pour foire brèche au retranchement , il faut que Tennemi dresse sa
^batterie sur Tenceinte du corps de place. Or, cette baiiene ser^ ou ne
•sent pan soutenue ; si elle n'est pas soutenue , elle doit éftre enlevée
sifr-4e-champ , d'un coup de main, par la garnison; et si elle f est,
<èile aéra écrasée , ainsi que le détai^ement qui la soutient, par les
4dm verticaux sans nombre, qui doivent être blindés ou casemates
derrière le parapet du retranchement. C'est la brèche au oorps de
^laoe qui doit être défendue à toute extrémité ; en la défendant ainsi,
ae» empêchera qu'il n'en soit fait une au retranchement, et le salut des
'-iMlsîtans ne sera jamais compromis. En posant donc, en prînoipe, que
•la place ne doH point ae rendre, on ne fait qu'imposer aux eommao-
idans l'obligatton de la défendre avec toute la bravoure dont ils soot
^^ftpables, et a\'ec tons les moyens d'industrie dont ils ont pu acquérir
la connaissance, par une constante application à des devoira d'une si
kaute importance.
n serait trop long* de faire voir ici combien, sous divers autres
rapports^ le nouveau système de déCense épargne de rigueiars et de
dévastations gratuites. J'observerai seulement, et c'est ce qu'il y a de
plus remarquable à cet égard, que comme il concentre toute 4a défense
mr le glaeis même, il n'exige plus ni le rasement des maisons qui
«|Dl au-<^à sous le canon de la place, ni l'incendie des &ubouifs (1 V
.fM Teipiilaidn même des bouehes, appelées inutiles, n'est plus uns
(1) Il faut 86 rappeler que quatre années après, le général Carnot, gouverDeor
d* Anvers, a mis ce principe d'humanité en application, et sans nuire à la défense
de la plafe quf hii était confia. {Jfoté ia Miéact$wrê^
«onnemens qui dérive des principe» géniaux établit
M>jC9 n'^4»9Q poiol tu système qwjQ propose^ loai» u^ sfitème
qu9 jt ^)Qmb«|s, ^'îl faot wpuler de laoriBer înitfileBieDt lee bomnm
rtl)«t ^^iKMeiu Sttivaat ce dernier, le mérite d -mie lortereMe doA se
pnwwr WJWjUiroert per la> dofée pr<4mble dniiége, saos «mm dfsifd
;illK. ftrtef : iwp^ma 4ee dèiu parUes beU^énmtffw B vaut mîen
#Mir, tt$9ilkgéf dam^eil lyslèmei retarder d'un jour la marche des
ttiêVm% 4iMi d'inéul» U moitié de Tarméa eniieaw} il intr mmx
^glfgm^ ime>hwire que de leover la meitié de lafanriMHt; OnAe
»lltaiW gue le tempe ( fautai être étomié que les sectateurs d'uee
pifllft dMtriim se mettent si peu en peine de preeurer des abris à
âgmikrààbmpBimf et qu'ils u'imaginesit rien de mieuv que d'entasser
jlAMwes sur clûcaatst
^ Maïs m4iMiifWiNP«lA tmiaMa pesns mofesi» m nmpKsseDt point
robjet qu'on s'en était promis : ils ne retardent en aucune 'aMMière la
-•fPt^4ftl*^ptMB» (pÂsint B^wssakesseatloelours. ortie de ses défen-
«liKii? Ul «ml mojimàe retarder oeltofertat de rempèeber^ larsqn^ene
iflil^4b« empéehée^eet done de toemer asa vues sur la oonsemtôon de
)Ma Biémeadébnseufs^ et la phia grande destnmtioo des ennemis* Or,
•4tMMlWDta»«nA<« qit-oii p'ohimdrft paiy ea tbuNhNMWDt enêk-
Vwmm, pwi4in|^f>'i» eootMir» eelunci diui||iu dans sM tran-
tbéet* ««MWMkUtt à ton» Ib» «oup» dirai»!», ta» Mal»qif«ii ail vAMlu
lÉ^lw VOrtaK B 4«4 é«i<]Ml fM» e'Mt jmtotaeafc 1» pMtm*^ tfo ee
•fMoM^^'il finit pr«Mht«>; qa'illiut éQinMrdai.abrià%ox.«Mfeiii^eaft,
iBif nhtrrhni l'anneott an frad de sn Utt^àbhmjm» éaïf tàik pkw-
jMNi, ,«t MftpMtee en méiM.ttnipa fa'ifc ■• pmiid m 4kid«r tes
dbtaiL;»qw iNHic pelu A fMA te «Dnlqùndraiè ■'■ai|MB<d«(* tfalM ots
moBUietK «1 à y: àroiaiwy ^iMÉtanmeat <■: l(>fc»j ^ fa
éMram par éts ooups ée maôtis tMpiiite. Or teiki <M âàM mù fXh
semble la noaydle maitbe froposbe.
Ces moyem» dmHk-^en^ ne aoBt<»flB pas employësçoe ftniHUms
^csscNTtîes; n'a^^4«^80 pas ées pierriOFS poor la dèfeose ées placea?
Oui, on bit ées softies, et Ten a des pierriers; mais ces moyens
^ssBt îaftrâiaiil seooiidaires daas la dèAmse aeluétte, taois qtt'fls doi-
vent en fairer le moyen priwipal. On fait des sorties grandes A^rarte;
H tmA qu'elles soisot au contraire petites et firéqomtes, et que, pour
en assnmr l'effirt, il y ait sor tontes les aimmes éb h plMtp memal-
«titiide de dèboochès : ot^ oes débcwàéê n'exmtont pas. On a qoBlqaK
pierriers; mais il en fMit sa très grand nombre , il faut qn'ils soient
; rendus indestmctS^eSy et po«r cela li faut des abris Mitidès on casih
. mfttès; or il n'y a point de send^Ues abris. Ce sont les deminoMiyeDs
qui perdent tout, qui discréditent les meillènres dlMMësy qui font
: échouer tous les piofets^^ el q« ne font jamais qn'aggrafër le mil en
tons genres»
Les oonteeHûunes^ din-^*€» eneore , soM depuis le«fg-4empfli <km-
sidérëes comme méritant la i^Mrenoe sur tons les lotrer moyens
connus y pour rétablir antaut que posaftle réquffibre entre ratlaqoesl
la déCrase; ne ▼audrail-'il pM mîeut empfloyer 00 moyeu que oeui
que vous proposesf Sur ceh f obsenre, 1* qu'un des moyens n'empêche
pas l'autre, et qu'au ecmtraire ces deux moyens secondent très eBon
cemeut l'un l'autre ^2* que malgré l'utiKlé tien reconnue des conlie-
mines, elles avantages ré^ qu'où en a tirés dans quelques occasioBs,
l'eiliérieoce n'a pas en général répondu aux graÉds éSiefIs qtfon s'en
était promis; 8* qu'au contraire, dèpais l'inventiou èes minis smralUff-
gées et de la auppranioti possible du bourrage, lu gwAu seutemine
panait être un nouveau mojun d'abréger encore la pfine des plaees,
]Ant6t qu'un oMyen de prulongsr leur déinlso; V queies gvpndssje-
. témes du couti^-nneus s'euatent presque plus «aile pariuteutaidns-
*l«mi» à des dépeuaa^ éMniMB^ s^il frilait lesé^^
MI00CB8 niuHiiuiw.
7«
«ystèioes qui s'étendent au loin dans la <^pagne, ei^leur supposant
tout le succès possible ^ ne font que gagner du temps , mais sans contri-
buer efflcacement à la destruction bien plus importante de l'ennemi , qui
est encore trop éloigné ; 6* que la guerre souterraine ne peut produire
à Ut ibis ces deux effets, savoir, le retard des progrès de l'assiégeant
et sa destruction, lesquels ne pçuvent avoir lieu que dans la défense
rapprochée, en le retenant sous le feu voisin des remparts. Hais alors
les simples fougasses produisent le même effet que des contre-mines
préparées d'avance : et Fempio de ces fougasses entre tout aussi
bien dans notre nouveau plan de défense que dans le mode actuel.
Tel est le compte préliminaire que j'ai cru devoir rendre , de mon
ouvrage, aux personnes dont on doit respecter l'opinion, et qui s'iden-
tifiant au bonheur de la patrie, ne peuvent cependant approfondir
toutes les questions qui s'y rapportent
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LA FORTIFICATION PRIMITIVE,
vom tiftinK M loixa
AO TRAITÉ DE LA DÉFENSE DES PLAŒS PORTES.
les premières fortifications furent
probablement de sitnples mnrailles, ou
des terrasses revètoes, sans formes dé-
terminées et sans flanquement. La né-
cessité d'empêcher l'ennemi d*âppro-
cher dn pied de ces murailles ou de
ces terrasses, pour les saper sans qu'oU
pAt le voir d'en haut, fit successive-
ment imaginer les mâchicoulis, les
tours , les lignes angulaires ou à re-
dans, et enfin la ligne bastionnée.
Hlîs rénorme quantité d'artillerie
employée dans ta suite à l'attaque des
places, et surtout Finvenlion du rico-
chet, rendirent à peu près inutiles ces
remparts droits, derrière lesquels
étaient rangé les défenseurs, et il fal-
lut songer à de nouveaux moyens de
conservation.
Alors on s'occupa d'améliorer le
tracé ; on couvrit le corps de place par
ua grand nombre de dehors ; on in-
venta l'art du défilement; an rail à
profit les aecfden» dit terrain , pour se
dérober aux plongées de l'ennemi,
pour prendre des revers sur les ave-
itfi«a de la place ; on coiNrtnttttt des
rvtPtacheHiens, des Miiida^»t dea^ca^
semâtes ; on likiit en usage les contre-
mines, les lignes de contre-appro^
che, etc., mais toujours sans succèii
remarquables; et l'attaque conserva
sur la défense la supériorité qu'elle s'é-
tait aequtse.
S'il est quelques moyens de rétablir
Tespèce d'équilibre qui existait autre-
fois entre l'attaque et la défense, il me
semble que ce doit être en convertis-
sant le système général de cette dé--
fense en une série d'attaques partielles,
en combinant les retours offensifs avec
l'emploi des armes à feu , de manière
à prendre toujours l'ennemi sur M
temps ; tellement que là oà il est ped
nombreux , on tombe «nr lui à fîm-
proviste par détachemen; et que Ift dd
sa sûreté t'oblige de se rassembler en
grand nombre , on fasse pleuvoîr sur
lui une grêle de projectiles.
C'est ce prîndpe que j'ai essayé' de
développer dans mon Ttàiti âe la Dé-
fense des Places fortes^ ouvrage très
imparfait sans doute, mais qui peut
mettre sur la voie pour parvenir à des
résultats plus importans.
Mais à ce sujet, une nouvelle ré-'
flexion se présente naturellement ; c'est
de savoir si ta fortification bastionnéor'
71»
iDR UL vonviCATKm ramitTfs.
ou angulaire , en général , est bien en
effet la plus propre à favoriser cette
combinaison , et si , en prenant pour
base de la défense cette alternatiTe ,
dont je viens de parler» des coups de
main avec l'emploi des armes à feu , il
ne serait pas plus avantageux d'en
revenir, pour le fbnd« à ces anciens
remparts circulaires, ou qui n'avaient
aucane forme déterminée. Telle est la
question que je me suis proposé d'exa-
miner ici.
Je diviserai ce que i*ai à dire sur cet
objet en deux paragraphes : dans le
premier, je traiterai de la fortiBcation
primitive en général : dans le second ,
j'appliquerai les mêmes principes aux
améliorations . possibles du système
bastionné.
SI''-
De la Ibrtiflcation primitive en aéatetl.
Le fléau de toutes nos fortifications
modernes est le ricochet. Or, le moyen
le plus eiScace pour l éviter sur des
rempurts découverts parait être de
donner à la magistrale de ces remparts
toute autre forme que la ligne droite ,
t'est-à-dire toute autre forme que cçlle
|tti loi est assignée par des systèmes
lastionnés ou angulaires quelconques.
U seul changement des lignes droites
01 lignes courbes remédierait donc
léjà , en grande partie, au plus grave
des incunyéniens connus ; mais la chose
esl-elle praticable , sans donner lieu à
d'autres inoonvéniens plus graves en-
core? Voilà ce qu'il s'agit de savoir.
Or, il m'a paru que non seulement ce
changement était très possible , mais
que , loin d'être nuisible , il devait au
contraire procurer une foule d'au-
tres avantages, tcb que ceux de la sim-
plicité, de l'économie, et surtout de la
grande facilité qui en résulte de plier
la fortification à tous les accidens d'an
site frrégqlî^r,
four fixer les idées , je supposai
d'abord que Tespace à fortifier soit ab-
solument circulaire , et que la ligne
magistrale, ou cordon du mur d'escarpe
du corps de place , soit une circonfé-
rence exacte.
Derrière ce mur d'escarpe circulaire
j'établis un rempart en terre composé
d'un chemin des rondes ^ d'un parapet
et d'un terre-plein pour l'artillerie.
Ce corps de place est entouré d'an
fossé, puis de deux couvre -faces con-
centriques, en avant l'un de Tait-
tré , eomme deux ceintures parfaite-
ment circulaires, ayant chacune son
mur d'escarpe, son chemin des rondes
et son fossé. Le tout est enveloppé par
un glacis ordinaire, au-delà duquel est
un avant-fossé que termine un mor
de contrescarpe, toujours de forme
circulaire et concentrique au corps de
la place.
D'après ce \é%e€ aperçu du nouveau
système, je vais entrer dans tous les
développemens nécessaire^ au moyen
du profil pris sur l'un quelconque des
rayons de l'enceinte circulaire ; ce|ifD-
fil étant, par hypothèse, le même poor
tous.
Soit AB (planche I**, fig. 1), one
ligne horizontale « que je suppose re-
présenter le tenain naturel. A dooie
pieds ou quatre mètres (1) au-dessous,
(1) Dant ce Mémoire, comne diDi le TraiU
de la Défeniê det Placu flirtes, fai fait nm^
indlfréremment des meturet aneieniiei et des
mesarcs nouvelles . paroe que fai ea loofeaC
à y parler dei forliacationa eilalanlea i|iii tôt
été tracées sur lei anciennea mesures. Aa loi^
plos, comme it ne s*sgit pas ici d'une pré-
cision malhémariqae , Je supposerai , en néon
t>res ronds , <|oe la toise est é^valeBle à
deux nètrefc Laa desateaaenl eoléa en mkm
seutemenl. *"
»•
S}IE LA lOKTif ACATIOK PAIMITIVE* 7S1
|e trace une seconde cligne horizontale | rieur du glacis, je donne à sa base le
pour r^résenter le fond des fossés.
De ce fond des fossés s'élève le mur
d'escarpe eb du corps de place, auquel
je donne vingt-quatre pieds de hau*
tour . six pieds . d'épaisseur , et que je
suppose être vertical des deux côtés,
c'est-à-dire sans talus ni retraites. Cette
hauteur de vingt-quatre pieds est suf-
fisante ici pour empêcher les surprises,
parce qu'en avant du corps de place, il
y a deux autres enceintes revêtues.,
celles des deux couvre-faces qu'il fau-
drait escalader.
Du sommet a du mur d'escarpe , je
mène une droite horizontale aC , à la-
quelle je donne dix toises ou vingt
mètres de longaeur ; le point C repré-
sente la crête du premier couvre-face.
De ce point C, j'abaisse une verticale
Cm sur la ligne horizontale qui repré-
sente le fond des fossés; puis, de ce
point m, je porte en avant, sur cette
même horizontale, dix-huit fois la
hauteur Cl», c'est-à-dire soixante-et-
douze toises ou cent quarante -quatre
mètres ; ce qui détermine le point F.
Je mène la ligne CF , que je nomme
ligne dt plongée. Cette ligne de plongée
aura par conséquent vingt-quatre pieds
de pente sur cent quarante-quatre
mètres de longueur, ou quatre pouces
par toise, qui est la pente ordinaire des
glacis,
A vingt-sept mètres en avant , dans
le sens horizontal , je marque le point
D , qui représentera la crête du second
couvre- face ; et a vingt-sept mètres en
avant de cette crête , je marque sur la
même ligne de plongée le point £, qui
représentera la crête du glacis.
Je donne trois toises ou six mètres
d'épaisseur au terre-plein de chacun
aes deux couvre-faces, et je suppose
leurs talus intérieurs et extérieurs à
terres roulantes. Quant a^ talus ioté-
double de sa hauteur, afin qu'on puisse
y monter très facilement.
Par cette construction la tête du gla-
cis se trouve élevée de trois pieds au-
dessus du terrain naturel , et par con-
séquent de quinze pied^oucinq mètres
au-dessus du fond du fossé. Ain.^i la
base de son talus est de dix mètres. >
En avant de chacun des deux cou«>
vre-faces, dans le fond des fossés qui
les séparent entre eux et du glacis,
sont des murs de trois pieds dépais-
seur et douze pieds de hauteur, éloignés
chacun de deux mètres du talus des
terres qui sont en avant. Derrière cha
cun de ces murs est un chemin des
rondes qui le sépare du couvre-face
qui est derrière, et auquel ce mur sert
d'escarpe. Le terre-plein de ce chemin
des rondes, est de six pieds au-dessous
du sommet de ce mur, afin que
rbomme qui ^'y trouve soit entière-
ment couvert par ce même mur, qui
est crénelé ; le long de son parement
intérieur on place une quantité de dez
de pierre ou de bois de dix-huit pouces
de hauteur, pour exhausser le soldat
lorsqu'il veut tirer ou jeter des grena-
des pardessus ce mur.
A l'extrémité de la ligne de plongée,
c'est-à-dire au point où elle rencontre
celle qui représente le fond des fossés I
je laisse sur le prolongement de cette
dernière un espace de quelques toii^es.
qui se règle daprès lo be.soin qu'on a
de terres pour les remblais. Cet e>pace
forme un avant-fossé continu, et tient
lieu d'une grande place d'armes, faisant
tout le tour de la forteresse en dehors
du glacis. Enfin y cette place d'armes
est couverte , du cdté de la campagne,
par un mur vertical de trois pieds d'é-
paisseur, élevé depuis le fond du fossjé
jusqu'au terrain naturel. Ce mur, qui,
par conséquent, aura douze pieds de
V
1^
StR LA PORTIPICATIOII MlBItlIré^.
hauteor, eA ce que j'appeflerat fnur de
eontrefcarpt.
Derrière le revêtement du corfis dte
place, que je suppose crénelé et de six
pieds d'épaisseur, est le rempart en
terre, composé d'un chenu n des ron-
des, d'un parapet et d'nn terre-plein
pour l'artillerie. Le chemin des rondes
a douze mètres de largeur, et son
terre-plein est de douze pieds aa-des^
sous du somrfiet de revêtement; la
crête du parapet en terre, qui est der-
rière , est élevée de vingt-quatre pieds
au-dessus du terrain naturel, ou trente-
sh pieds &u-des<;us du fohd dû Tof^sé ;
la largeur de sOki terre-plëlti est de
ttDi^ toises ou sît inëtres, et son talus
(extérieur est à terres roillante<t. Au
pied de ce tàlUS, dans le chemin des
t'onde^) , règne un contre-itoui' de neuf
pieds de hauteur et trois pieds d'épais-
seur pour arrêter les projectiles qui
(bourraient tomber sur le talus, et pour
tes empêcher de rouler dans le chemin
des rondes. Le tefre-plein pour l'artil-
lerie est supposé de quinine ou seize
mètres de largeur , et huit ou neuf
pieds au-dessous de hl crête du para-
pet ; derrière ee terre-plein sont sup-
posés son talus et ses ranipes. On com-
munique du pied de Ces talus intérieurs
au fond du fossé du corps de place par
des poternes.
Comme le canon placé sur ce terre-
plein est peu ou point exposé an rico-
chet, à cause de sa forme circulaire ,
les pièces en batterie ne peuvent guère
être atteintes autrement que par la
bombe. Une fbis que ces pièces sont
établies, elles ne sont sujettes à aucun
déplacement, à moins que , par ha-
sard, quelques-unes d*entre elles ne
viennent à être démontées, et qu'il ne
Mï\e en amener d'autres à leur place.
Le chemin des rondes forme une
tetterle b»^(* qtti fliit tout fc tour , pt
dans laquelle on établit une rtilgft
continue de mortiers et dé j[^efHen^.
On communiqué de plain-pled de Hn-
térleur de la place à cette batterie basse
par dés passages souterrains pratiqués
sous le rempart en terre ; ee qui rend
flicile l'approvisionnement de cette
batterie eontiiiaé. Les créheaiix percés
dans le revêtement qui c -^uVre le che-
min des rondes servent pour les l\i!i{-
fiers et grenadiers , lorsqu*on susperid
Faction des mortiers et pieHîers. Ce
revêtertteht n'ëtaht, par la construc-
tion , éloigné que de vingt mètres de
la crête du premier couvre-ftce , il est
évident qu*on pleut défendre ce couvre-
face, depiïis le cheihin des roMdes, par
des grenades jetées à h main ; le ^
cond couvfe-flice est défendu de la
même manière depuis le chemin des
rondes du premier ; et, en6n, ta crête
du glacis est encore défendue de mê-
me depuis le chethin des rondes do se-
cond couvre-face, avec des grenades
lancées à la malh , et qui vont tom-
ber Jusque dans le couronnement du
glacis.
On fait au premier oouvre-fhce une
banquette de deux mètres Seotemoat
de largeur , pour y mettre des fusi-
liers, tant que la batterie des pierriers
qui sont dans le chemin des rondes
du corps de place , tt*est po^ encore
mise en jeu ; le peu de largeur de cette
banquette et sa forme (airtukh« la dé-
robent à raction Al ricochet ; et , com-
me elle est commandée de vingt-
quatre pieds par la batterie de canons
du corps de place, le fleu de cette Srtil-
lerîe et cehii de la motBqheterie du pre-
mier coUvre-fiice peuvent avoir tien •»-
multanément.
On commum'qbe d'une coupure à
Tautre par des passages t)ratiqués soos
les couvre-faces, voûtés à l'épreuve, et
forme? ji^T (^ t^oîitiî.s pnrtï*' î rr:;(r.'e
WÉ là "fMIMfMàiiÉil PtÊÊuUtfË*
•m
MfdteHlfm «ut : i^ de IMnief et assn-^
ref lé fibre tircatatlmi dM défeMeiM ;
S^ de ^strilT d'abHs pt^t éMx qui sont
desthiés éax txftps de mkîn et fieUtes
sorties; 3*des^op|k»eràuieiiMprlBëi
dti itiinfeur qiii eheitliënittCfcit'eMQter
le cotivre-fiice. Il e^t e^tentid éè re^
marcfiier, I eet égéifà, ^t Ul n&élè
fùtïctàM dû 66ntre-i!iheiir est d'aller
8009 terfë Mi-tféVatit de fêotieiM ptm
rempèèhèir ffétablUr së^ féiMëaQt;
inabqûit Mt bien ne garder d^tf lllfl^
M'ioèmé tû cet éfidrôtt , piiiM|M M
serait détriilM te» ^WMles pMehafiM
de 8ôh eôrt)à dé fdan^ : 11 a tout Taf att^*
tage aiif t'éonelAI êh ne eonstràfftriit
point de fourheààt , })fiis()tae Mù tHt-
Tàil en est d^âtitÀât ittolildrë , et (pkH
n*a proprement qti^ttoe tftiiple sorvelU
knce à èièrcél*.
te talQS intériedf du glacis, tt^MaUt
point retèbl, iiials ait conthiire fc pente
très douée, tort Wx défetisettnl ft fMré
dès sortfès bfQs<|ties îtar-d^sns la crête,
qaand ils testent et où il» tetdetlt, ed
flranehisMItit Hietté crëtle totit4-6mip,
flOtl pour attaquer ' en flatic li^ tlrafi-«
diées faites ^r le gtads, sôit pour bàr^
celer àé front léft tAtes dé sftpe ; c'est
ntk dêbducbé Cbtithiu tpA occupe tout
re circtitt de la ^tâcé. Là i«ifaile eat
protégée pa^ h tttur créfielé fohriatit
i'escartie dû inoutl^face t^i est der-
rière , tt qut tièut liea d*otie palissade
qûé le canon ne saurait roMp^. LéS
soldats, rangés derrière ce tuur, ne
mas^tieittthrfhtlè ^ de ratttlIeHe do
fempart, iktfA j^luè que tseMt de fiiouS'^
quetettedttpréiiUef COitre-fecel fetcé^
luf qd'iB fàxit de iMrt crêfiêàttt , jbiat
aùr i^nAdeS tfûnti jettetit, pttf-dessus
le mur, danS les tètés de isft de 1"^^
nenii, etnpëche qtte cèlul-cl tte puiasè
eouTôntier le glàds pied à )[»ied. Si &eA
dé tif 6 fàlt^ ^tfS Ifedlife'^oiiêni^ %
sôiis le fëd dlret^ du cafioii db liptioi'i
sous eeiuf de M dtoMtueleHë lUiigM
sur la banquette du (n^emier courre^
face et sous eëlitf des greùadéa qui M
seront jetées à la mëfn du eheuM
des r6U(tes dU toeoud couvhMIiee, IMI
cea feui peutàut a?off lieu sMndtàirt*
uieht;
tl eii (tut diM autatic du ttui* cM<>
nMé 4af est datis rautre ooupune. tiiMh
cun de ees ftiurs peut être edusidéilt
tout-iKia-fbis, Il l'égard du enuTre-IMu
qui estdeftfère, éotumé tau KVêteniétll '
d*«sc*rpe, auquel n flidt uéeessaiM^
ment faire brèt^e aMMt de pouHA^
dUnneC f âslàttt ou ftIM sou fegemelil
à la sape; et, paf rappoit au cobtre^
fteé ota au ^laeH qui est en ayant , m
mèuie fatuf piN>duff rëlKt ^'une pé»
lissade (tue f entietti ne peut briser par
le rieoehet et qui Vempèche d'y étàMtf
son logement.
Pour appl-éder lès eifets de ce genre
de défense, il faut se rappeler ce que
dit M. deCormontaingne au sujet du
courbuuement du glacis dans le iji-
tème ordinaire. « S'il arrivé, dit té sfr^
y vantiugértieuf, qu'il soit resté quel-
» qu'un dans Pangle du eheuiin cdu^
» vert, oà !1 y U un petit espace que M
» catalters uè sauraient décoiitrlr, «I
» que Im gfetiadès laueées dé fcepoMk
aintommodent'li tùH les sapettri,
a qtfils^e puissent éheufiner. Il hé^
é dra, sans hésiter, faire ^soHIr un sei^
»gêtat atec ait <m huit grenadteM
» qui, se imiadt ttibitement suf lu
a haut dtt efaeUiîu eoutèrtde cet angM^,
a feruut feu à bout toudiant tat eeut
a qiii rocéupent, Viendront regagteT
a eusutle te boyaU au i^us ttte, et r^
a pètertntoétte nianoeurre ti réunemi
» If obàtimé. a
Ce que dft id M. de Cbftnontaingn*
pdur tes ataftaui^iév iiWtwÉ ût^ gwia
T^r
sOB tk Miuiric^riw «imijf |v«.;
tèiM poor toiia le» points <ia cireuît de
Ia4iia€0. Il n'eo.ert aDcuxi sur. tout le
pourUMV du couronnemp^t pu Tassiégé
nf^puitte jeter à la matu aotantdetgre-
n{^çs qu*il le veut de derrière le mur
CE^Ié qui règne dans le fond du fossé;
maift il y a cette différecice^ que, dans
le nouveau système , il ne servirait 40
riea à Tassiégeant de laire sortir de la
tranchée des grenadier pour faire feu
sur IjBs défeusçurs, attendu que ceux-
ci sont couverts paf le mur, et que ce
niur étant crénelé» ce seraient les gre*
nadters assiégeans eufL-mèmes qui rer
cçvquient \o^ coups de fusil.
lAdépendanunant de ces gcenades
que Tiussiégé lance de ce cbeoûn des
TQodes dan9 le couropuement du gla-
cis^ et de la mousqueterie qui part de
sf s créneaux , il pe^t se porter lui-même
t9utàconp du haut cle ce glçicis, par
son tnlus intérieur, qui est à pente très
douce, faire feu sur les trayaiUeiiirs
qui sont dans la tète de sape, ou leur^
j^ter des grenades, et faire ^ retraite
aussitôt Après sous la protection de
ces créneaux.
M. de Yauban pose en principe,
avec grande raison^ qu'on .ne doit ja-
mais attaquer le chemin couvert de
wve force que quand il. n*.est pas pos-
sible de s'en emparer pied à pied, par-
ce que l'attaque de vi^e force est une
opération des plus critiques et de/» pins
meurlrières pour Tassiégeant. D'un
^i^bre côté,, il déclare qu'on est cepen*
d/int obligé d'en v^nir à. cette extré-
mité lor^u'OB n'a pas pu parvenir i
rompre la palissade par le ricocdb^et, qu
i\.plonger dans le terre-plein par des
cavaliers de tranchée, parce qu'alors douze toises de longueur en rampe,
et ne leur penoeltmit fas d^tfaocer.
Or tel est {e cas dans le nouveau syi-
tèn^» paroe que. l'escarpe de chacun
deftcoavre4iBces.rempiiC 4 l'égard de
l'QUvtage qui est en Rivant, l'effet d'une
palissade que le ricochet ne saurait
roippre. L'assiégpaot est doue obligé
d'attaqper de vife force pour chasser
Passiégé par un combat corps à corps ;
miMSConiaie le. premier ne peut pas
pljtts couper ou détruire à la main ce
mur tenait liea de. palissade que le
rompre avec le canon, il s*e)asuit qu'il
ne saurait joindre son .ennemi, ni par
couaéqneut le chasser de vive force de
sop chemin des rondes, qui lui tient
lieu de chemin couvert, et que, par
conséquent, il ne peut enlever la crête
du glacis, non plus que celles des deux
couyre-fa<:es qui viennent ensuite, et
qui sont défendues de même, ni pied à
pijed^ ni de vive force.
Avant d'arriver au couronnement de
C|Ç glacis» il est clair qu'il faut avoir fait
un premier couronnement au haut de
la contrescarpe. Or, si .l'on a pratiqué
dans le mur de cette contrescarpe , en
la construisant, des enfoucemens ou
petites galeries souterraines de six oa
huit toiles de longueur, de plain-pied
avec le fond du, jbssé, et fermées à leurs
entrées par. 4ef portes à l'épreuve du
mousquet, les défenseurs pourront s'j
mettre à L'abri, et en partir à voionU
pourinquiéter l'ennemi dans ce couron
nement, soit par la guerre, souterraine,
soit pfur des sorties.
Pour exécuter ces sorties, je prati-
querais, dans la contrescarpe , et dans
le sens des rayons, des coupures de
deux toises de laigair chacune, et de
l'assiégé, demeurant maître de son,
chemin couvert , ne cesserait de har-
celer de Jà les tètes de sape, qui ^
tfouverai^qt^jtoiypurs à sfi proximité»
pourmonterdei'avant-fossé ou grande
place d'armes au terrain de la cam-
pagne «nviroonante., et faire, i Tim-
Pftovirt^^.d^exciujiinns,^ les dtr-
Mi' M »oimM:A¥ÉMf îteMTiVi.
fannemLOe»cflWf f(», conme 6it le
MMdei»f»liKr«ii {looftaitles esp»-
ter PMeét i'thitHi i^iMrènr eent m6-
itiMM, lesMbiieelMmmi i^êlifM ga-
C<i éfhouiiiéaMWlitftftMliiiéspfcrdés
feirrilim;i^€h0«MXide M»e bu des
«ntoide hMip, wêê ItiHitii du jetterftH ,
.«H tapoMr>, 4e piUto- p6iilft YélaM en
Twl ^MitMMMnl MTff MMfé loin
liT 0Mkp«gM, oii se cottten(«ra
4e tîrâ*ilH^#eiiipm à rieochdf:^r«es
Mgsagf^ et^de f^ fNMl ^or ses bnt-
lesies; lirsquITseiii Arrivé sa haut de
la contrescarpOi l^rt ftii^ son loge-
■leiiiel oanslniire è iés batteries, il
s'y tibatein, mt léut ie pourtour, en
fiise m feu dfire^ de VàiHtlterre du
eorps 4e fd^e, à lli Inousquetefib du
' preiBler -twrwpfcce, tst à toute' la rati-
fée4èiiMrHlin t^^ l'Assiégé liura pu
étobUr dtn^'lé ^emht des rondes tiù
jee4qd cMnrfcMiice , 'le plus voisin dû
glBei9,iaihs qMles dfitenseurs, àînst As-
Irfbufit, «trient Hxposéi è tirer les uns
sorte anHTM;
' Lon(|ii'èns<lite renneml ouvrira la
«Ofltrdscartle pottr opélier sa dtesteïite
4efMisé; dMftue é^\é^ êêt âécouverle
jiiqt*att' pied[ , taiat des rempart! du
IrDnt^lMritè^tqye^ë ses parties cblla-
léiiates, lé dêboBéhé ietH battu difèc-
4m6iitiet «d'écbarpe par un immense
'4èvekHlfKênieiit d'artillerie et de tnous-
queterie, sans que pour cela ràctîon
des feux verticaux du cheteifa des ron-
des du second couvre-face soîl inter- i
"• Aprtsisf descente de fos^é, et pen-
8ant que rëiinemi s'avancera sur le projectiles tout le teuain qm «si an
glacis» oa é\»ïAm UM aoii«eUe ra^ avMtv où r«i¥ieiiii, conme 4m vient
1^ -4» fèmriêm* dtai -lr>4keaiii ^4aa de le dire, est obligé de se tenif ^h.
116
premier c(Hivre4kdè, et l'Âi
retirera ceux du second. Ainsi, le
taênse nombre de pierriers sera tou- f
jours en action , sauf les points vis-à- '
vis desèpiels il se trouvera des liommes '
étftis le dienfib 'âe/& rondes du second \
eoiivt*e4iKe, sur quoi H sera toujours '
fiwHe de s%0lendre, à causé de ta'
préxlMté des deiix endroits;
£n supposaÉit que l'assiégeant soit
parvenu à 8*emparer de la ck-étedu gla-
cis et du coilvreM*ace le j^us évincé , il
fkttdri nééessairement qu'il se tienne
en foreè dàbs la coupure qufles sépare,
pour ne pas être attaqué à l'improvt^
dans cette même coupure sAr ses deux
flanés: alors t'aèsiégé cjuifte la bah-
queftté de son premier couvre-face .
qu^Haveit occupée jtisqu*aiors, et ifétd-
Mil sa ligne de mousqueterie' dans le
ôbeinin des rondes du corps dé place,
d*où il tiré par h^ créneaux , dès que
Pennemi commence h paraître au haut
de ce couvre-face , ce qui n'em()èc1ve
j)ds le* feu Simultané du canon du rem-
part. De pins, lesdéfenseurs, étant ainsi
i^etirés du c6uvre-fo<^e, lan(;ent leurs
grenades à la main , depuis le chemin
des rondes du corps de place, sur ce
même couvre-face, qui n'en est éloi-
gné que de dix à douze ' toises. En-
fin , on met en Jeu la nouvelle rangée
de piérriers qu^on à dfi établir dans
ce chemin des rondes, en observapt
de faire retirer les soldats qui soDt
en avant dans ce^ liiéme âiemirJ des
rondes dhaqué toh qu'on se dispose
è^ mettre le feu aux piefrieré qui sont
derrière.
Ces piérriers , qui sloipprovisionnëflt
facilement de la place par les passages
pratiqués de plain-piéd sous là^ masse
de terre du rempart, inonderont 4p
196
«m 14 fQMtmuTiM nuMrqm.
force, pour w pu être sans i^eue
harcelé sur ses deai( flancs.
Tels doivent ^tre lea procédés de la
défense jusqu'à ee que la brèche soit
faite au corps de U place. Que cette
brèche soit anfio ouverte * aoii avec ie
canon placé je un saia où , soit par la
f uerre soutOT^e* je ne sais cobd-
ment, au pnoini sera-ce toujowi dans
un mur d*escarpe dont le parapet est
isplè par le chemin des roudes. Ainsi
ce parapet ne tombera point dans le
fossé, et l'assiégé le conservera jusqu'à
la fin. Par conséquent . en supposant
qu'il soit décidé à soutenir l'assaut , il
ne cessera de pouvoir faire rouler des
grenades grosses et petites le long de
cette brèche, qui restera haute et es-
carpée; et si l'assiégeant ne parvient
point à donner à cette brèche une
grande largeur « il ne pourra éviter
d'être pris « pendant l'assaut , sur ses
deux flancs par le chemin des rondes ,
en même temps que ses derrières seront
menacés d'être attaqués de même par
les coupures du glacis çt par la grande
place d'armes, qui règne au bas de la
contrescarpe « tout autour de la place.
Quoique ce nouveau système de for-
tification ne soit pas fondé sur le prin-
ci()c du flanquement, il est à remar-
quer qu'il n'est aucun point du théâtre
des opérations qui ne soit défendu de
très près par une grande quantité de
feux , soit d'un genre, soit d'un autre ;
ce qu'on ne saurait dire du système
bastionné, tel qu'on l'admet aiU<W>'
d'hui , et p9nr lequel ce qu'on appelle
flanquement n^existe véritablement
, que de nom (>)• U est à remarquer
(1) On filt ius tes o^yraist aa t|fiàM «p^
pelé moderne lont. pour la plupart, tfè$ wêI
iiiiqiiéi, oa ne le loot polnl du tout. Le corps
4ie plate «éme IMI pohrt eieoipt de ce débat,
^ eii «i frtvi an ToiK ési piviiMM de esfff*
surtout que, dana fci
ici proposé , l'anMai»* depuis I» eau*
ronnement 4n glada jva^à ie Bnéi
siège, ne cesse pas wa aesl iesisBt
d'être aoH« la jet de la gsteide ik
main, qui, an jugaMeoi éaiiihiaa^
lèbres ittgéajeiiff ^ est, 4e ImIbb te
aroea coneuesé la piv deegewMsa et
la pins prappe à amller MMis<M«eHi
marebe de l'ennenl. Ce fleora éei^
fenae rend CMuee JMpoaaiMe le
eédé méthodique 4ea eepaa,
par M. de Yauban, et réduit Vi
à n'attaquer jamaiafM^e vive faaee,cs
qui doit être « eonuM je M dit «ri»-
tes foia« le but eoeslnet dea eSoilsds
l'assiégé, puisque e'eai eiiisl q«*il paat
ramener l'état des eheeee à ee fÉl
était avant U. de Veubw.
Si l'on deeaeure iNeo eenTuiMB ds
cette vérité, que le aecoèe 4e ie dfc»
fense consiste, en effet «
ment dans l'art de co^MpdM Vi
nemi à n'attaquer îeneîa ^iiede
force, afin de le tenir
exposé à découvert eu iaa délai
queterie et de l'artillerie 4e le
on sentira que le vrai «eyee d'y
venir est de le harceler leUemeet
ses têtes de sape, qu'il loi aeit
aihle de cheusûier ainai pied à pied. Or
il est visible que ce qu'il y e 4e
eflkace pour harceler «inai Vi
dans les tètes da Mpe ea|« d'une parti
la multipliâté dee pettipa
de près 4 fippaoviale , fit 4a Vi
le jet CMt avec proteioe de
jeiéei à la uiaiii dans ces mêmm IMe
de sapes (1) ; Il fiint dnw «uc la iu^
ment de l'a»idrt ao|t (tmnrtenwiimf
(I) De ee qata doit tM^eoi,
posiible, coelnJpdiy reaafnl à qfMaew b^
a»aU qae de ^re toree, Q CifU |e fHrder #e
coDchnre q«*0B doive «ton lai rdMtler de pW
eiMlei eaneiN ton le
leas
sm.iâ wmmncknmi mmmMm,
79T
plos piè^ possible de eeiui de l'asdé-
geîMit ; et pour qQ'eoe lartificelten soil
bonne, il fimt «ii'eHe purnsf ae prêter
à ee genre de défenie, c'est-à-dire
qn*dle doit è(re disposée de meoière
que dons le débnse rapprochée , le
cbemnement de reqnemî ne pnisse
m faire «pie aona le jet imniédiet des
grenades à la nmin , et sans cesse me*-
nacé d'une attaipie snbiie. Les eonps
tirés de loin nepeiifent qœ ralentir,
asais non aifèter entiàrenaent le prcH
grèsd€» sapes ; les grandes sorties sont
iiçileinent prévennea etrepovssées par
reanemi. La proiisiité eortinnelle de
legenient de l'assiégé de eelui de Tae-
siégeant, pendant toute la défense
rapprochée, est donc indi8peQ3aUe
poiff le succès de cette défense; et
foilà pourquoi M. de Yauban prend
toHÎQurs tant de soin , lorsqu'il veut
pofl^r son attaque sur nn point qne^
conque, de conesenoer par en écarter
l'assiégé, soit par ses ricochets, aeît
par ses pierriers, soit par ses cavaliera
de tranchée , et qu'U o^attaque enfin de
vive force que quand il hii est inpoa**
fjble de iiiire autrement. C'est donc
à renqdir oatte condition , de se loger
toujours au pins près de l'ennemi , à
couvert autantque possible de son feu
et( de ses coupa de main, que doivent
s'appiviuer oeu|[ qui sont chaigéa de
construire les plaees fortes; et la forw
tîficatiou primitivcqui Gsit la base du
système préoédeut « me parait être ee
qu'il y a de plna propae à remplir cette
oondition«
foice ans ftnT ébUgm l'MtaeBii ëe n monU«r
w n%sM «spûié «a feu <ftt la fhee. €a leraii
4oiie allef dlncteoiani eonlre le but ^ue d^op-
•ton ta défaOM d« pM fmne, piiiique,
ta niSMa, ta Iba et ta ptaee én^tun
nSctaninirotnt MtfpeBdu. Lt rîgto BâtvraU^
«MU ■mna^Wr par ta réacitoa ctl que, «Mira le t
attaquât df Tiva forte, il te^ emptayer pr»-
ta tan*«ci et rwJUhita ai da
Ce système n'est, àrpropveroent par-
ler, qne la fortification primitive elle*
même ; c'est**JHdire telle qu'elle pouvait
eiister avant l'inventiim du flanque^
ment: ce n'est autre chose qu'un long
glacb, commençant près dn corps de
place, et finissant à ^extrémité de la
ligne prolongée. Dans ce glacis sont
faites transversalement phtsteurs cou-
pures assez peu tioignéea l'une de l'an •
tre pour qne chaouue d'elles puisse être
défendue de celle qui est derrière par
des grenades Jetées à la main , et pour
qu'il en résulte autant d'enceintes re»
vêtues, auiquellea il faille faire brèdie,
soit pour les enlever d-assaut, soit poni
s'y loger à la sape. En un mot , la place
entière n'est, à proprement parler,
qu'une vaste tenr enveloppée d'un
glacis,, dont tous les points sont sos«
ceptibles d'être défendus par une al-
ternative continuelle de coups de main
et de l'emploi des armes à feu , oonfor*-
mément au principe que j'ai posé pour
la défense des places fortes en général.
On ne manquera pas de m'objecter
que ces coupures dans iea glacis sont
autant de pamllèlea ou places d'armes
toutes faites pour l'assiégeant, et que
les couvre-faces en terre sont des pa-
rapets tont constniits. Admettons cela
pour un instant ; maiscesera seulement
lorsqu'ils seront pris. Or la dilBculté
est de les prendre, d'empêcher ensuite
que l'assiégé ne les reprenne : c'est de
s'y garantir des retours offensifs qui ,
pouvant à diaque instant se renonve^
1er sur ses deux flancs par ces mêmes
ta Moutqnaiiffte ; et ^ne^ aoatra toi attigaei mé-
ibediquea on faiUf pied à pted, ee tout princf-
pataaienitoi Ami eawbet taaeét de prèti conmM
ta grenade à ta naata, al tas petitee eortiee, qvHI
ÛMH OMttra an Mace^ le tefteadral. daiM ane
aatre aoie 4e ee Mémolra, sar ta défease dite
de pied ftaie, pafee qne è^eit ta potat ta plut
inttal ae toaa» «t quakf idéesà ee tqjel m
19^
SDR LA FORimCATTOn mmtiTB.
f-oopures, oUigent rtssiégeant à de-
mûfirer coDStamment en force sar le
thédtre des attaques, m pleuvent les
feui verticaux. La meiHeure place
^ possible pour ia défense d'un pays de-
vient aussi une Torteresse toute faite
pour l'ennemi , du moment où elle est
prise.
Je ne. reviendrai pas sur ce que j'ai
dit , dans mon ouvrage, au sujet des
feux courbes ; je crois y avoir répondu
d'avance à toutes les objections qui
m'ont été faites depuis : il se peut qu'il
y en ait quelques-unes de vraies ; mais
elles ne se rapportent qu'à de simples
aecessoires, et le^ principes n'en sub-»
sistent pas moins.
. Des expériences faites sur des pro«
jectiles trop petits Re prouvent rien ,
sinon qu'il faul en erafrfoyer de plus
gros;
Celles qui ont été faites par le géné-
ral prussien Sbamliorst ont confirmé
l'opinion que nos prédécesseurs s'é*
taient formée de Tefficadté des feux
courbes, et l'ont augmentée; elles ont
appris que le pierrier, employé d'une
manière convenable, porte beaucioup
plus loin qu'on ne lavait cru jusqu'à*
lors, et disperse moins ; que les pierres
ne s*éorasent point et sont meurtrie*
res ; qu'en un mot, cette arme remplit
à elle seule toutes le^ vues d'acticHi et
d'économie qu'on peut désirer. Cela
suRità mon. objet, qui est uniquement
celui de la défense des places; et le
surplus n'est, à cet égard, qu'une
théorie oiseuse (1).
(1) M. le mi^or Borkeoslein, dans to Mvanl
Traité 4u*il %ienl de publier à BerUo, ror rAr<«
tîilecie, rail voir que inoa oakul sar les chraeet
rcl«li\ea aux feux eourbea s'accorde fMiftile-
mem avec les résallals qu'oot founiis ies-ei|^
ri^ncesdugéoérai Sbaroborst, et que je ii*eo
lii évalué tous les avantages qu'au minimmn;
r. CI t-a^iia que, sur cent qwir«-»viii9tt coups
tirés au baatfd ev lis*e panboliqqe, «■ aai
Je passe sous silence une fonle d'i^n-
très considérations relatives aux avan-
tages de ta forttflcatîon primitivedontje
viens de parler, teisque celui d'un meil-
leur oommàndettent sur la campagne,
celui d'une plus grande sAreté dhins les
communications, celai de la suppres-
sion du paiissadement et des nombreux
trvmnx d'urgence qu'exige, dans le
système ordinaire, la éeule mise en état
de siège ; enGn , et principalement, ta
conservation des défenseurs, qui , dans
le nouveau système, sont la plupart du
temps sous des voûtes & l'épreuve <m
dans des chemins des rondes dérobé:)
aux vues de l'ennemi , ou sur des ban-
quettes qu'on ne peut battre en rico-
chet , à cause de leur peu de largeur et
de leur forme circulaire ; tandisquedans
le système aujourd'hui pratiqné, le Th-
Cochet en détruit une si grande quan*
tité , sur les remparts et sur les che-
min» couverts, sans ^a'il en. résulte b
moindre utilité pour le succès de la dé-
fense.
J'ai supposé d'abord , pour plus de
simplicité, que l'encctnte de la place
était parfaitement circulaire; mais il
est évident qu^on peut lui donner une
autre forme courbe quelconque, sans
rien changer à ses propriétés, et . par
là, adapter cette fortMcatton à tous les
aecidens du terrain ; tondis qu'on ne
saurait y plier les longs cAtés de la ii-
gne bastionnée sans la livrer aux effets
désastreul de la plongée des ricochets.
Ce nouveau système est donc inflni-
ment plus maniable et plus convenable
iDoins doit porter , conmie ja l*ai soppaié , ea
prenant le terme moyen sur «n très grsod
nombre de coups. Quant è ce qui regarde It
grosseur des prqjeetiles,- if. le major llork«a>-
tem fait observer, avec Juste ralsoo, que oe a'eil
point là le maud de ladiflicvllé, psrcaqaesl
les iirejectiles de quatre onces ne snfisent pss»
on saura bien ea employer -de huit; que si crus
d9 buH tpti afmore trop pelka, on^an aiofiMfqi
MB lA MaTinCAnOM miMITlYS.
W9
k le foiiiie&UoD irréguiière ; on peut
hii faire siûfre les uiiuosilés d'une en*
ceinte déjà iracée« ceux d'une rivière,
d'une ebainedc hauteurs ou de la mer.
On pei|t égidement , suivant ce sys-
tème, fortifier les endroits trop res*
serrés pour la ligne bastioonée, et les
rendre «isceptibles à peu près de la
même défense que les grandes places.
de feiie; qn*enfln, si ccax d*an6 livre M «ont
pas encore âsseï gm, od esemploitrâ de deux,
de tiH^ii, etc. Yojejc fon ouvrage écrit en al-
lemand , 2 >ol. in-4, inlitulé :
Versuch zu einem iBhrgebâuâê dêr theoriteh-
praetitehen artiUerie wU»nsehaft. ^on
Cerl Friedrich B^rkentttiny majur in *on<-
fUeh norme§i$ehêi¥ dienste, rUtif von
S^hwéfdforden, Btrlin, 1892. * Gedruehi
und verUgt bey G. Reimer.
Ceiu mémei qui se sont le plus ailacbës à
raire la critique de mon sjstème de défense par
les feos verticaat convienneni tous que Jasqu*i-
d on ft en la tort de négliger beaucoup trop ce
moyen, nnanimement recommandé par les pluf
célèbres ingénieurs. Cet aveu me suffit. Je n'ai
ccriatnement pas eu U pensée de m'en attribuer
la décoaverte, puisque j*ai moi-même invoqué
ranlorHé de cea maîtres de l'art par la citation
^pne J'ai fsite de Uml ce qu'ils ont dit de plus Tort
à ce a«jel. Biais si ce moyen de défense n'éiait
pas nouveau en tbeorie, il l'était au moins dans
la pratique; je pouvais donc, ainsi qiic Je l'ai
fait dans mon ouvrage, mcrélre réservé pour
en dire 1 appDcatlod dans quelque «ocaaion im-
portante. Je pourrais Uire ok^erver aussi qu'il
y a quelque diCTé^ence entre remploi des feui
courbes comme moyen simplement auxiliaire,
ainsi qu'on Ta toujours fait, et remploi de ees
viémes feui comme moyen principal (quoique
noltément cMluslf), comme Je Pai propeaé; car
cette difrérence cbange totalement , non seule-*
ment le aysiéme général de la défi^nse, maia
encore celui de larmt ment, et ce!ul delà cons-
tmctiott même des places.
En dernicte analyse, û seule objection plaa-'
4ible qui m*ail été faile est celle de dire : Vos
projecUica sont trop petita; or , à cela il y
a amai une seule réponse à faire : Employai-
en de plus gros, les pierres ne manquent pas.
Sans me livrer à de vaines discussions sur le
mérite compiraïKdea umea aneleiinei et des
dmaa WMivêlkf , il a» iqrAt de ipvo^ fBCwm9
Par exemple » \o moindre iari oirré
bastienné, en lui donnât pour cdté
^térieur troiseents mètres seoleme^t,
exigerait un emplacement de q^atin-
vingt-dix mille mètres 4airrés entre les
quatre cAtés extérieurs, et cependont
ne procurerait qu'une fortifiealion
étranglée et très mauvaise à 4ous
égards: tandis qu'une enceinte df-
ll^cbe est meurtrière pour que Je lui donne la
préfétvnce» même sur Isa armea à feu. loraqée
rusage en est plus ter et plus cojnmoda* loi.
par exemple, je crois qu'on pourrait employer
avec succès des arcs, des arbalèles ou la fronde,
pour rempTSccr, au besoin, les plerrlers dans
les chemfns des rondes des rouvre^'fecefl et du
oérpa de placer liea morticrt portaiill de
Cobeorn pourraient y être d'un «eelleal impo
de même que le petit moriier à main quelTai
proposé pour tirer par les créneaux. Si les In-
convénlens auxquels on prétend que cetoi-cl est
fujet ne aont pas entièrement Imagtnairei, 4u
moins est-il miUemoyena d*y remédieri solian
diminuant convenablement la cbarge de pou-
dre, soit en augmentant l'angle d'inclinaison,
soit en l'armant d'un Tort crochet, pour empê-
cher le recul. Quand même la portée de cette
arme serait réduite à Iranle ou quarante taista
aeulemeot par la diminution de la. charge de
poudre , eile serait encore très précieuse, par*
ce que, lancine ainsi de l'iniérieur d'un ou-
vrage, elle aora't encore a^sex de force pour
f^nchir lea ftiMés les plua larges, et aller lom-
ber dans lea batteriea Ut brédbt ai lea contet-
batteries de l'ennemi.
J'ajouterai, par occasion, que. malgré le ridi-
cule qu'on a voulu jeter sur l'expédient proposé
par M. Flacbon de la Jomarière. de détremper
au moyen de pompes les terrea du loKsrocnt do
t'aone mi , je persista à croire que ce moyen
pourra s'utiliser. Si. par exemple, lorsque l'af-
siégeant donne l'attautau bastion. Il y avait au
bas du rempart, derrière la brèche, plusieuta
pompes dont les Jeta retombassent aur cette brè-
che, Je doute fort qu'il lui fat poasibk d*y awa-
ter, et encore moina d'y établir un logeant. Il
y a des personnes auxquelles il ne .faut point
proposer d'innovations; ce n'est cependant que
par des innovations que les arta font des pré-
grès. Lea premieii eiMia en toutes «boaea aant
ordinaireaieat irèa impivfeilsi naia lia rqifer-
i^ent qneit^uafoia la f^riMe de vérUdf aaiti*
1M
Mm LA WWmtàTlM VftHUnVB.
cUlifre Al rêjam de cent mètres, qui
a*êxtgeniil q^'un einpiacemeiit de
trente Mille mètres carrés, c'es(<44lre
te tien seulement da fort dont on vient
de inrler, disposée soif ant le nouveau
tfstène, pourrait Hiire une excellente
puee*
Au premier eoupHl'oBil on poorrait
croire qoe la dépense da nooveaa sys-
tème. Ici proposé, doit être plus consi-
dérable que celle du système de M. de
Cormontaiiif ne ; mats avec en pea d'at-
tention , on reconnaîtra facilement que
e^est le contraire, et qu'on peut la ren-
dre encore beaucoup moindre san9 al-
térer essentiellement ses propriétés.
1* Le mouvement des terres pour les
déblais et remblais est beauconp moins
^spendieui dans le nouveau système
que dans l'autre, parce que lés fossés
iOBfc moiiis profonds, et que les eica-
nations s'y font sans épuisement d'eau.
S*" Les murs du nouveau système ,
étant tou9 circulaires, exigent beau-
eoup moîos de développement pour
renfermer un espace donné, que ceux
qol ont une forme angulaire ou bas-
tionnée.
3" Ces murs étapt détapbés des terres
•xigent moins d'épaisseur, etœux aux*
quels j'attribue six pieds d'épaisseur,
par exemple, peuvent, sans nuire es-
sentiellement à leur solidité, être ré-
duits à cinq ejt même à quatre. De
plus, leurs peremens étant verticaux ,
ees murs ne sont point sujets aux dé-
gradations qui minent en peu d'an-
nées les murs terrassés ou eu talus.
fc« Lm mon d'escarpe et de contres-
earpe du neuveau système, ainsi que
oeux qui sont dans les coupures du gla-
cis, sont beaucoup moins élevés rcspec*
tivémeut que ceu;( d'escarpe, de cou-
• tresearpe et de getfo de l'ancien.
P On peut , sans Inconvénient sen«-
siHè, supprimer etetiferélment la con*
treacarpe en nomreau tyetèRae, en
substituant un ample tahia en terra
ou un glacis à contre^pente ; on peot
également supprimer le controHaar
de trois mètres de hauteur et de troif
pieds d'épaisseur, étabK dans le che-
min des rondes du corps de place
pour arrêter les projectiles qui roirien^
sur le talus, et y suppléer par aae
simple tranchée faite au pied de ce
talus.
6* L'immense quantité de pierni
de taille employées dans le systètnc
actuel poir revêtir les angles saillans,
et pour les soubassemeps dans les fos-
sés pleins d'eau, est d'une trèsgraade
dépense, qui n'a pas Keu dans le noo-
veau système, où tontes les fonda-
tions, d'ailleurs, se font è sec.
T" Le terrain occupé par la fortift-
cation, et qu'il faut par eooséqaeat
acheter des parttculiers, est beancoap
moins considérable dans le noQveaa
système que dans l'autre.
8° Le nouveau système dispense da
palissadement et d'une ioMnenaequaa-
tité de barrières, de rampes, de tan-
bours en charpente, etc., qui devien-
nent bientét inutiles si la place n'est
point assiégée.
Je fais abstraction dea feirancheaeas
et autres ouvrages accessoires, parée
que c'est pour un système comme
pour l'autre.
D'apiès ees considérationa, et «as
entrer dans te loésé oiroonstandé de
chacun d'eux , il est évident que la dé-
pense du nouveau système est tout sa
plus moitié de celle du système de H. de
Gormontaiogiie.
On peut renforeer de pinstean aa-
nières le système dont on vient de par-
ler. La première, et la plus Importante,
est un retraocbçmeot général, c'est-
àniira une neuirelte eneeiuto en de-
dans de M prcmiefe, et Msant ton is
0IUI 14 mmmwnm nmrnn*
m
Ifilir ifi la place iptérienrement : cette
Movelle enceinte est Biuceptible de ëi-
v«rs degrés de force ; on peat se con-
^epter d'en fairq un simple mur de ci-
bitubitioo , pour l'instant où renoemi .
iéjl maître do corps de place, serait par*
!nw à J éUMk ses batteries de brtehe.
l^V^ ce CM, U suffit d'un bon mur cré*
,ffllé» isolé 49 rempart p«r une rue, et
mtffi depiMs le sol de la place jusqu'à
^|l bant^ de la crAte i^ oième rem-»
■art* Si roQ Teot augmenter la força
fece ratraochemeot , on adossera à ce
K^ eu 4(4eoB de la place, une suite
sades à l'épreuve de la booibe, de
iç|!t 9u huit toises de profondeur, sur
)^|aqiielles ou établira uq terre^plein
pour les batteries de canops, soit dé-*
çonrertes, soH blindées, dont le para-
Mt sera en pierres ou eu briques, at-*
laftda qn*il ne peut être aperçu de la
jpavipagne. Les arcades qui sout w
deMOQS forment autant de sopterraios
peur aenrir de magasini et même de
casernes.
Mab le mieux serait, en eifet, de
eoDstrqire une caserne défensive qui
lit tout le tour de la place, en laissant
0Dtre èUe et le pied du rempart une
ki^ esplanade cpii servirait au:^ exer-
dces de la troupe, ainsi que de parc i
rariillerie et pour les effets de la for-
tlllcation , et ou Ton pourrait réserver
liii emplacement pour servir de pro-
menade publique. Il fout toujours de
grandes casernes et de vastes ^uter-
ni&a dans iMie place assi^ée^ pour
£*eDè soit capable d'une bonne dé-
ise; et la dispositiop ipdiquée ici
«se paraît la meilleune. Au surplus ,
Vla-I^vls des parties de l'enceinte qiM
aont éloignées des froat^ attaqifables.
In dâtore pourrait être rédujte, comme
m Ta dit plus haut, i un ^mple nuir
Qm aaeoode ipiavi^ ^ mfSfW
l'enceinte de la place serait de pro;or^
ger la queue des glacis jusqu'à six
pieds au moins au*dessous de Teau «
lorsque le terrain s'y prèia , en éloi-
gpant d'autant la contrescarpe, qui
aurait alors beaucoup plus de hauteur,
et régnerait ainsi derrière un fossé
plein d'eau. Comme cette contres-
carpe serait toujours vue dîrectemeo
fin plein depuis le corps de place,
aipsi que le fossé , la descente et le
passage de ce fessé plein éprouve-
raient de grandes difficultés. L'assiégé
se ménagertiit ses communications par
de petits ponts da bois ou de petites
chaussées.
Une troisième nsanière de renforcer
les parties faibles de l'enceinte serait
4e construire au haut de la controH-
carpe, à quelques toises eu avant du
bord , une chaîne de fortins, pour ser*
Tir de postes avancés, et tenir l'en-
nemi plus long -temps éloigné de la
place. Ces fortins paqvent recevoir
toutes sortes de fonnes, comme ceUes
de redoutes, de flèches, de lunettes,
suivant les circonstances; on y entre
par des passages souterrains , dont la
porte est dans le nuir de contrescarpe,
dont le fortin doit être assez proche
pour en être défendu par des grenades
jetées è la nMin ; chacun de ces fortins
doit aussi pouvoir se défendre isolé-
ment, en jetant des grenades de son
intérieur sur le logement de l'ennemi ,
lorsqu'il vient le cerner-
Par exemple, poipr construire un
semblable fortin en forme de redoute
carrée, dont pu ifi$ angles regarde
la campagne , il n'y a qu'à examiner
le tracé donné (planche I, fig. 2).
A est une portion du mur de la con-
trescarpe ijaos tequel est pratiquées
une porte dont le seuil est au niveau
d/e rayantr-fossé qui aatdnrrjèra, ou uii
nw nkr4«HU9 de Vên» «'H j m ^
dans cet amnt^fa^. l>e "cette porte , | dont ih j»otjr «^on parapet, denx poor
on Gomamniqve de plain-pfSed par uo
^ssagé dooterrain, voAlé à l'épreave,
de six à hùU toisea ^eoleinetiC , à Thi-
térienr de la redeute» par Tun des an-
fies; ce aonterrain dctt se fermer par
une double porte à rentrée et' a la
sortie. €elte redoute n'est autre chose
ifu'une petite place d'armes de dix mè-
tres s6«denent dé flice, close par un
mnr de six pieds d'épaisseur et haut
de dtx-'hult, de manière qu'il domine
le terrain environnant de six pieds.
Au niTean de ce terrain, £*e^t-à^iré à
six pieds au-dessous du sommet de ce
mur de ia redoute, règne intérieure*
•uienl une iMmquetfè de deux pieds de
' lafgeor, prise sur l'épaisseur du mur,
dont le haut se trouYe ainsi réduit à
• (|U8tre pieds d'épaisseur, et forme une
espèce de parapet, dans lequel sont
peircés des créneaux de trois en trois
' pieds ; et, entre ces créti^ux, sont des
• dés de pierre, pour exhausser le soldat
lèTsqn'U veut tirer ou jeter des grèna-
lies par-dessus ce parapet -, on monte
à cette banquette par des gradins. Il y
a, dans hi partie inféfieiife de ce mur,
un second rang de créneaux, pratiqués
sous de petites arcades, pour abriter le
soldat, et dont le seuil est d'un mè-
'tre aùHlessus du terre«-plein de la re-
doute.
Cette redoute est entourée de tous
eMés par un fossé de six mètres, ex-
cepté à l'endroit du passage d'entrée,
'^i est séparé de ce fossé par un mur
^nelé semblable au premier. Ce fossé
tst de plain^ed avec le terre-plein de
la redouté, et son mur extérieur ne
s'élèf e qu'a là fiauteur de la cohtres-
carpe.
Au-delà de ce fossé, mais seulement
vis-à-vfs des deux faces extérieures ,
est le oouvre^ace de la redoute , au-
'i|uel je dcHine dix mètres d'épaisseur.
le talus extérieur de ce parapet, et
deux pour là baifiquette qui est der-
rière. La hauteur de la crête de ce
couvre-face est ta même que celle da
mur de la redoute.
Ce couvre-face est revêtu et entouré
d'un fessé qiii est de plaln-pied avec
l'autre, et vient se réunir à lui; il en
est seulement isolé par un mur cré-
nelé placé dans l'alignement des faces
intérieures de la redoute, mais qui ne
S'élève qu'à là hauteur de la gorge da
couvre-face, et se termine en dos d'Ane
au-dessus.
On communique de Tintérieur de la
redoute au petit fossé clos qui la sé-
pare de son couvre-face, par une porte
de quatre pieds seulement de hauteur
et huit de largeur, aDn que l'ennemi,
s'il voulait pénétrer dans l'intérieur de
la redoute par ce petit fossé, ne put le
faire que dilTicnement, en se baissant
beaucoup, et en défilant un par un,
dans cette redoute, au milieu des dé-
fenseurs. On donne trois pieds de lar-
geur à ces portes, pour qu'elles puis-
sent servir à ramener les blessés; on
monte , du petit fossé clos à la ban-
quette du couvre-face , par de petits
gradins.
En examinant cette construction, on
voit : l"* que l'ennemi ne saurait coo-
per la communication du fortin i la
place, puisqu'elle 'se fait par une gale-
rie souterraine dont l'entrée appar-
tient à l'assiégé ; 2* que le couvre-face
dé la redoute Tournit un feu de mous-
queterie rasant sur la campagne, rt
que le peu de largeur de sa banquette
ne donne point de prise au ricochet;
S<> que l'ennemi ne peut aborder ce
couvre-face d'aucun côté sans venir
s'établir sur le bord de son fossé, qui
est défendu par les fj^enades que l'as-
siégé peut jeter à fa main, tant de la
SCR LA FOKTiriCATlOK VUMITIVB.
^^
I
I 1
banquette du eouvre-face que de celle
âe h fëêmte éUé-fnèkne; ^^^ que si
Kevinemiteut se loger sur lé couvre^
^e , f I flfy trouvera ^tonl 1è feu de
moinqueterie des créneauï de la rè-
d(»ufe et 90US le jet des grenades lan-
Gées i la maîD , de son intérîeur;
S* que quand même Tennemf serait
maître du fosse extérieur' du couvre-
hee , il ne )e serait pas pour cela da
Ibssé intérieur, et encore moins de la
redoute elle-niême; •<" qifén suppo*
sant fai rédouté prise et oecupée par
rènnemt, on peut Ty accabler par des
grenades lancées à la main depuis le
hârut du mur de contrescarpe, aiiquet,
dans ce cas; on aura eu soin de faire
une banquette; 7^ que cette petite
pièce se défend par elle-même sans
le secours d'aucune autre; et !nâé-
péifdattifhenl de tout flanquemènt;
§^ qu^elIe prend des reterS sur la con-
trescarpe, de manière qu'on ne peut
couronner cèfle^ci sans avoir pris totis
les fortins q\Ah couvrent sur l'éten-
due dû front d'attaque ; 9* qu'enfin ,
en supposant Une chaîne continue de
ces fortins sur le bord de là contres-
carpe, éloignés Tun de Tantre d'envi-
ron cent mètres, de manière que cha-
cune des' coupures ftiitës à la Contres-
carpe pour les sorties, comme nous
TavoDS dit phis haut, se trouve placée
entré deux de ces fortins , ces sorties
seraient efficacement protégées dé
droite et de gauche. '
On voit, par ces détails, que de sem-
blables fortins peuvent augmenter con-
sidérablement la défense de ta place;
qu'ils tiennent Kea d'une première
enceinte, et donnent le tempâ néces-
saîre pour faire Intérieurement les dis-
posîfiOns'convenables.
J'ai dit qu'on pouvait donner à ces
fortins toutes sorteLd&formes : les fi-
gures a, 3, k, eu oBreat divers eiem-
ples, et s'expliquent assez d'elles-mè*
mes, d'après ce qui vient d'être dit.
Un antre moyen d'augmenter la
force de la place consisterait à établie,
sur la pente du glacis, des lignes de
contre-approche, pour favoriser les
sorties et prendre des rereri sur M
trsfvaux de Tennemi.
De simples tronéhées droites creu^
sées en terré, telles que le sont les Ih
gnes ordinaires de contre-approche ,
né rempliraient point l'objet, parce
que leur Intérieur ne pourrait être dé^
robe aux vues de Fennemi ; Il faut ici
qu'elles soient faites en relief et en
zigzags, c'est-i-dire qu'elles soient for-*
mées d'une suite de traverses élevées
sur la pente du glacis , en recouvre-
ment l'une de l'autre, de manière quil
y dit entre elles un libre passage que
l'ennemi ne puisse apercevoir, mafs
dont tous les points soient vus et dé*
fendus de la place, problème qui peut,
je croîs, se résoudre comme il suit :
Je trace ( planche I, fig. 5 ), dans la
direction du rayon, une droite AB, de
la crête du glacis Jusqu'à Pavant-fossié
qui la terminé au bas ; à droite et I
gauche de ce rayon, je lui mène deux
parallèles, qui en soient éloignées de
douze mètres chacune , ce qui fait un
intervalle de ringt-quatre mètres entre
ces deux parallèles, rétablis ensuite
entre efies des traverses en recouvre-
ment,'telles qd'on les wit dans la fl-*
gure; ces traverses forment comme
une sàlté de zigzags , dont les angle»
sont supposés de soixante degrés, là
largeur de chacune de ces traverses est
de quatre mètres , et leur hauteur de
deux ; de sorte que lé terre-plein su-
périedr de ces traverses forme une
pente parallèle à ce glacis, commandé^
de deux mètres par le parapet du corps
de placé, {a ligne serpentante , qui
patte eiftre elles^ inarque le sentier de
i^ fim u foûtmcàtiQn nmmn.
GommaDioation de la crèta du libds à
ravaot-fowé de la grande place d'ar*
me» qui rigDe ao bat de te contrea*
carpe. Toutea les parties de ce sentier
lotit aperçues du corps de place , en
mime temps qu'elles sont couvertes
des vues du dehors par les traverses
eUes-ro£mes{ ces traverses couvrent
^leanent, par leur relief, te crête du
gteeis par où se font les sorties. Enfin,
il est évident que Tassiégé peut, non
seulement se servir de ces traverses,
comme parapets, pour faire feu sur
l'assiégeant , mais encore déboucher
partout , à droite et à gauche , entre
elles, sur les travaux de l'enneoNi, pour
l'attaquer de flanc et de revers, ou tirer
par Ici iulcrvalles.
Je suppose qu'il j ait de semblables
lignes de contre*approcbe de cinquante
ep cinquante mètres, ce qui occupera
près de te moitié de te surface du gte*
cis ; alois l'ennemi ne pourra exécuter
ses opérations à cAté de ces lignes,
sans se voir continuellement harcelé
4e droite el dte gauche. S'il prend te
parti d'étendre ses tranchées des deux
côtés , pour s'en en^arer, U en ren-
contrera d'autres plus loin; ainsi,
quelle qgoe soit l'étendue tpCH veuilte
f^mbrasser, il aura toi^ours une de ees
lignes de eootre^approche très près de
lui, sur chacun de ses flancs. On œn-
ceit que ces ouvrages doivent être
faits d'avance ^ et q|ii'ii faut les met*
tre an nombre des ouvrages perma«*
pens,
£nfin,.un moyen dont on pepte»*
çore se servir poqr augottnter te forea
de ce système, consisterait à ptenter et
entretenir soigneusement, ai haut éje
la contrescarpe, une forte haie vive de
huit ou neuf pieds de hauteur, avec
une berme de quelques mètres en de-
dans, sur le bord, et qui fera tout te
toui de te place.
Cette benne smriisa mmmt iu
prenUer cbeann des rondes poor ean
pécher tes surprises et te reconnsis*
sauce de la pteoe; car celni qui est an
dedans voiteehii qui est en dehors da
loin et sans être vu.
Les avantages que procure cette hsia
vive regardent moins te front d'atta-
que lui-même immédiatement, que \m
portions de Tenoeinte qui en sont k
pins poignées, parce qu'elte dérobée
te vue de l'enneoii ce qui se pasM an
cet endroil sur te glacis; de torte
qpi'on peut, par exemple, y faire psr-
quer te bétail nécessaire à te coomoh
mation de te garnison. On peut ami
j faire des manœuvres et des dispoé-
tiens pour tomber en ordre et en farasi
même avec de te cavalerte et de l'ar*
tillerie* sur les derrières dn front d'aï»
taque, par te grande ptece d*armes si
avant-fossé, en appuyant Tune des si*
les i te contrescarpe, tersqne reoaemi,
après te descente de ^ avauMesiéi
s'avanoe en cheminant sur te glacis.
Si l'assiégeant pepse qu'il lui soit né-
cessaire de détfuire cette haie, soit sa
te coupant à la main, soit 4 coups de es-
non, ce ne sera pas sans une grandi
perte d Vnv>^^ m une greuda coar
sommation de mnnitiqns de guena.
Dans tous les cas , elle wm iwdu dsi
services importens» surtout celui d'enh
pêchiv te reconnaissance de l|t place*
L'assiégé coupe lui-mêm^ ensuite lei
portions de cette haie qui pourraieat
lui dérober les manc^vreé de l'enaa»
mi, ce qui ne sera nécessaire qu^aprèi
l'achèvement cte la s^nde parallèle,
parce que jusqu'alors on voit très bica
les cheminemens it U tranchée, de-
puis le rempart, par-^èiaus te liste.
Nia lA MATlftGftnOM tMllinVBt
fil
SU-
Ap^iMtton lies prlndpff esposdâ (htli le pirt-
grapto pHeédml, à l'aoïéiiortikMi dis Ifitè^
met buiioidiés.
I^es observations développées dans
le paragraphe précédent peuvent, jus-
qu'à un certain point « s'appliquer à
ramélioration des systèmes bastion-
nés ; tel est l'objet de ce second para-
graphe.
Pour cela, je reprendrai le plan que
j'ai proposé dans mon Jr«i<^ d€ im D^
fenst d€ê Placée, en y faisant des bm>-
difications propres à rendre plus sen-
sibles les avantages qu'on peut tirer
de l'emploi des Ceux courbes combinés
avec le^ retours offensifs*
La fig. 1, planche II» représente le
plan d'un des fronts du système pro-
posé; je suppose que ce front appar*
tienne à un octogone régulier.
Je trace la ligue magistrale du corps
de place comme dans le système or-
dinaire de M. de Vauban, c'est-à-dire
que le cAté eitérieur est supposé de
cent quatre-vingts toises, les faces des
baations d'environ cinquantenleux toi-
ses, les flancs à peu près perpendicu-
laires aUK lignes de défense*
Derrière le reviiteaient ou mur d'es*
carpe » que je suppose avoir 9ix pieds
d'épaisseur, et ving^uetre piecb de
hauteur au dessus du fond des fossés y
est le rempart en terre , oeaaposé :
1' d'un chemin des rondes large de sit
pieds V et aussi de six pieds plus bas
que le dessus du mur^ La portio» de ce
mur, qui couvre le ohemin des rondes,
est crénelée; V d'un pars|»ei en terre
élevé de douie pieds au-dessus de la
nmmlle, et lame de sit toisas, savoir :
trois toises poiv son terreirieia, et
trM^ (oisea peur «on talus ealéfieut«
qui se lenmM en Imé m cbeniin des
rondes ; S^ du teire-pMn du rempart
destiné à rartiHerie, de sept totSes de
largeur, sans eomptertes rampes et le
talus. On communique; de l'intérieutr
de la place au chemin des rondes, par
des passages soutemrifls pratiqués sous
le rempart.
Derrière ce rempart est une rue de
dii ou dottie mètres de largeur, après
laquelle vient le retranchement géné^
rai faisant tout le tour de la place $ el
composé : i^ d'un revêtement dé six
pieds d'épaisseur^ et élevé jusqu'au ni-
veau de la crête du pampet qui est euh
avant, c'est<^*è^ire de vingt- quatre
pieds aihdessus du sol de la place. La
portmn de ce retrahebement qui ré*-
pond à la gorge du bastion, est per*
pendiculaire à la capitale; 2^ d'un ter-
re-plein établi à deux toises au-des-
sous du haut du revêtement ^ et dont
la largeur etot A» seite mtires, sRn de
pouvoir y cousiruire des batterie! Min-^
dées, dent nous douneroils Pexplica^
tiou phis bas; 8* tfutt espace suffisant,
derrière le terre^^pldn , pour les rsm^
pes et les talus.
En svant de la portion de ce retran-'
chôment « qui fliK fice I lé gorge du
bastion, est M épatleméM en telte,
pour couvrir le revêtement qui est
deiTièle, eontre les cbupft de ricochet
qui peuvent tetiir dans le sens de li
capitale, et pour servir de parapet à
une batterie de mortiers et de pfer-
riers, qui sera dressée peMant le sié»
ge4 et dont reflfet doit être d*émpêcher
le logement de retmêmi «m" les faees
des bastions.
Au-devant de la eonrUoe est la te-
naille avec son aratft^cof^s , que |é
nommerai ensemble houki^art contrat;
le tout est revêtu ; niais l'escarpe a
dtx-4mit pieds de hauteur au-dessus
dti têêé dtt foMêf tft Ik gofgo deotè
7S9
ftVR LA P0RTfnC4TIOK MlfMlTlTK
^uleioeiit, c'eii-à-ïdire que celle-ci esl
4e niveau avec le teiraÎD naturel. Les
ailes sont dans le prolongement des
faces des hastioas. Les faces de l'avanlr
oorps sont alignées aux angles de flanc
du corps de place^ et le sommet de son
angle saillant est le point-^miiieu dtt
rôté eitérieur du polygone ; de sorte
(|Ae les trois angles flanqués des deux
bastions et du boulevart central sont
en ligne droite. Les flancs de ce bou-
levart sont perpendiculaires aux lignes
de défense V et leur longueur est de
seize à dix-huit mètres. La crête du
parapet de ce même boulevart est de
six pieds au^essous de celle du corps
déplace, ou dix-huit, pieds au-dessus
du terrain naturel « il est séparé de la
courtine et des flancs des bastions par
un fossé de six à huit mètres.
En avant du boulevart central est la
denû-lune , qui a le même relief que
lui ; ses branches ont vingt4iuit mètres
de l9rgeur, savoir : huit mètres pour
le terre-pleia, y compris la banquette,
et dix mètres pour chacun des talus ,
qui sont à terres roulantes; le bas de
son talus extérieur est aligné à Tangle
d'épaule du bastion. Cette demHune ,
étant de mêfne relief que le boulevart
central, empêche qu'on ne puisse pren-
dre de la campagne aucun ricochet sur
celui-ci , dont les faces et les flancs
vfMit couper les branches de cette de-
mi-lune.
Au-devant 46 chacun des bastions
et de la demi-lune est une contre-gar-
de ou couvre-face, dont le relief est de
douxe pieds au-dessus du terrain natu-
rel, ou vingt-quatre pieds au-dessus du
fond des fossés ; de sorte qu'ils couvrent
exactement les nsaçonneries des ou-
vrages qui sont derrière. Leur largeur
est de vingt-quatre mètres , savoir :
hi^it mètres pour le terre plein, y com-
pri)^ la bapqttotti», et huît mities pour
chacun des talus, qui sont à terres rou-
lantes.
Les couvre-faces des bastions n'en
sont séparés , au fond des fossés , que
de six mètres, aBn que du chemin des
rondes, qui est derrière l'escarpe de
ces bastions, on puisse jeter a la main
des grenades snr le tenrè-plein, cl jus-
que sur le talus extérieur de ces pièces.
Ces f ouvre-faces se trouvent ainsi sé-
parés à leurs épaules, dont je suppose
les profils en maçonnerie, par un fossé
d'environ douze mètres du boulevart
central, et par un fossé de dix mètres,
des épaules de la demi-lune et de son
couvre-face.
Une traverse appuyée a la branche
du couvre-face du bastion et parallèle
à celle de la demi-lune, couvre le dé-
bouché qui existe entre Tune et l'au-
tre : le relief de cette traverse est le
même que celui du couvre-face. Le cô-
té opposé est terminé par un mnr qui,
prolongé de part et d*autre , joint In
demi-lune avec son couvre-face, ce qui
forme entre elles un large fossé ser-
vant de place d'arnies. Le mnr dont
nous venons de parler est crénelé i
droite et à gauche de la traverse, pour
défendre la place d'armes, d'une part,
et de l'autre pour sauver l'angle mort
formé par la jonction de cette traverse
avec le couvre-face du bastion. Dans
ce mur doivent être ménagées des
portes pour les communications et les
sorties. La demi-lune est revêtue ex-
térieurement d'un mur crénelé, der-
rière lequel règne un chemin des ron-
des. La place d'armes, dont nous ve-
nons de parler , fournit un vaste em-
placement pour les feux verticaux.
A l'angle flanqué de chacune des
trois contre-gardes, dont nous venons
de parta', est établi un fortin à redoute
pentagonale, tel que celui qui est in-
diqué (planche I, flg. 3 ^, peur doaner
ilDm L4 fOATlFICl 1 lUN FftUlinVE.
191
des feux rasant sur la campagite» el dé-
fendre les fossés.
EofiD^ tout le système de cette for-
tificatioD est enveloppé par on i^ds à
ooDtre-peote , qui vient Bnir dans le
fossé à dooie nôtres des couvre-foces,
et s'étend da c6té de la campagne au-
tant qn*il en est besoin ponr foornir leà
terres nécessaires à tous les remblais.
Il me reste à eipliqaer , comme je
rai annoncé pins haut, la construction
des batteries blindées, qui doivent être
établies sur le terre-plein du retran-
chement général vis-à-vis de la gorge
des bastions.
Le sol de ces batteries (planche II,
6g. 2) est, CQmme je Tai dit plus haut,
à douze pieds au-dessous du cordon
du revêtement: dans ce revêtement
sont percées les embrasures à trois
pieds au-dessus du sol ; ees embrasu-
res sont éloignées de quinte pieds de
milieu en milieu. Chaque pièce de ca-
non occupe sa case particulière de neuf
i dix pieds de largeur dans œuvre, huit
pieds de hautenr et dix mètres de pro-
fondeur. Les fluirs de refend sont donc
de cinq i six pieds d'épaisseur , huit
pieds de hauteur et dix mètres de lon-
gueur; ils ^nt perpendiculaires an
mur de revêtement avec lequel ils sont
liés par la construction des maçonne-
ries. Sur ees murs de refend sont po-
sés, de l'un à l'autre, des poutres ou. de
simples corps d'arbres en grume for-
mant au-dessus de chaque casetun
blindage do quatre pieds d'épaisseur,
lequel, par conséquent, arasera le des»
sua du revêtement. Enfin, on chargera
encore ce blindage desix ou huit pieds
de terre ou de fésdnea, pour le mettre
entièrement à l'épreuve de la bombe,
La batterie est ouverte par derrière
pour l'évacuation de la fumée , et il 7
règne un terre^plein de six mètres
pour la facUîlé desasouvemans.
Si l'on mauquaitoe nois ou œ temps
pour l'exécution d'un pareil blindage,
on pourrait se borner A une espèce de
demî-bllndage, c'est-à-<lire qu'au lien
de l'étendre depuis le revêtement ju^
qu'A l'extrémité intérieure des murs
de refend, qui ont dix mètres de lon-
gueur, on ne l'éteudrait que jusqu'A
trois oa quatre mètres de revêtement,
ce qui servirait toqjouia A couvrir les
caoonnlers.
C'est avec ces batteries blindées^ fai
ne peuvent d'ailleurs être aperçues du
dehors, et qu'on peut, par conséquent,
regarder comme indestructibles, que
Tassiégé accueillera l'ennemi , lorsqne
cehii-ci commencera A paraître sur le
haut du bastion, pour y former s<m lo-
I gement ou nid de pie. A l'elTet de ces
batteries de canon blindées se joindra
celui de vingt A vingt-cinq pierriem
rangés derrière l'épaulement de la gor-
ge du bastion , comme il a été dit ci-
devant.
Lorsqne l'ennemi entreprendra le
siégede cette place, il pourra se pro-
poser d' j pénétrer, ou par un senl bas-
tion, on par les deux bastions d'un
mèm» firent, conune on le fait ordinai-
rement.
Autrefbis on attaquait par un sedt
bastion, mais on a reconnu les incon-
véniens de ce procédé. En efiét, ou ces
bastions sont retranchés d'avance , ou
ils ne le sont pas. S'ils ne le sont pa»«
et qu'on attaque par un seul bastiou
l'aisiégé pourra s'y retrancher pendan
le siège ; mais s'il est attaqué par deux
bastions A la fois, il ne le pourra pas;
car il faudrait alors qu'il Ht un retrait
chôment A chacun des deux bastions
attaqués, ce qui ne se peut, puisqu'il a
déjA bien de la peine A en retrancher
un, tant bien que mal. L'assiégé^
daoÉce cas, n'euia donc pas besoin do
se kmer sur les bastions pour y établir
W
7.'»
SUA LA FOKIiFlCAMON t»RlMtTlfVB.
w^H batteries , et la place sera obligre
de se rendre dès qae les brèches y se-
ront faites.
Supposons maintenant que les detlt
bAiitlons soient nstranchés d'arance. Si
t'ennemi attaque par Tun des deux
seulement, H flradni quMI s'étnblîsse
au-dessus pour feiire brèche au retran-
chement; mais alors son logement sera
battu des deux bastions collatéraux
qui , n'étant pas eux-mêmes attaqués ,
n'ont point à s*occupe1r de lébr propre
défense, et rendront ce logement très
difficile à établir. Si, au contraire, Ten-
nemi attaque tout-A-1a-(bis les deux bas-
tions d'un même fVont , les défénsetirs
de chacun d^eui ayant à pourvoir à leur
propre sAreté, concentreront leurs
moyens autour d'eux, et ne s'occupe-
ront point de l'autre bastion attaqué ;
o'est ce qoedémontre Texpérience, car,
ainsi que le dit le généra) d'Arçon, a On
)i voit dans chacun des ouvrages qui,
D de près ou de loin, partit ipent (Via
n crise d'une attaque , qn'il existe une
M sorte d*égoïsme , dwfuel il résulte
» qu'on s'intéresae infiniment moins à
» la Mkotéde ses voisins qu'à la sienne
» propre. A ])eine , dit pareillement
» M. de Bousmard, s*aperçoit-on du
» feu de flanc pendant le passage du
» fossé ; on est bien plus occupé des
n greiiodes qu'on reçoit du haut de la
» brèche, et des parties de la face en-
» core debout de part et d'avtre. »
Il est donc évident que , soit qu'il y
ait des retranchement propnrés d'a-
vance dans les bastions, soit qu'il n'y
eu ait pas, u est, en général, plus avan-
tageux pour l'assiégeant d^attaquer
lout-ft-la-fois lea deux bastions d>Hi
même front qu'un seul.
Cependant on doit aussi considérer
le nombre di^s pièces à prendre ; car,
dit .\i. de Vaukiii , il «Eut »'aîlendre k
Wki»i d'affairps. Si, par i !icm|>le , U.^s
dcmMunes n'ont point de réduits, itj
nura également trois pièces à prendre,
soit qu'on atta((ue par les deux bastioip
à~1a-1bfs, soit qu'on attaque pat Hft
seul. Dans le premier cas, n fbndi^ l!B^
cer une demi-lune et deui bastloDi,
et dans le second un bastion et deux
demi-hmes. Si les deux denAMunëi
ont des réduits , et qu'on actaqae pv
un seul bastion, il y aura cinq ^èeeii
prendre, savoir, les deux demi-lqiMp,
les deux réduits et le bastion , tHI^
qu'il hy en aurait que quatre en ilti-
quant les doux battions à la fols, savoir,
la demi-lune , son réduit et lëS dèttX
bastions. Ainsi , dans ce second cas, oa
aura un motif de pfais pour attaqMï
les deux bastions è-la-foîs. Si, an co^
traire; il n'y avait point de réduits ma
demi-lunes, maïs qu'il y eût des con-
tre-gardes aux bastions , en attaquait
deux d'entre eux , il y aurait cinq j/Uh
ces à prendre, savoir la demf-lune dl
liront, les deux oontre-gardes et Itt
deux bastions; tandis qu'en attaquant
par un seul bastion , il n'y aurait qé
quatre pièces à prendre, savoir, \à
deux demi-lunes, la contre-garde et
le bastion. C^tte considération poaf'>
rait donc d('*terminer è n'attaquer,
dans ce cas , que par un seul bastioS.
Dans le système proposé, if y a neuf
pièces à prendre avant d'arriver an r^-
tranchement général , soit qu'on atta-
que deux bastions i In foh, soit qu^
en attaque wi seul ; savoir, pour le pre-
mier cas, les deux bastions attaquM ,
leurs deux couvre-fa'-es (tf leum deax
fortins, la demi-lune, s^ couvre-Aci
et son fbrtin : en tout neuf pièces. Fotf
te second cas , il y a fe bastion d*atta-
qoe, son eouvre^hce et son IbrNn . IM
deux demf^lnnes, leurs deux couvre-
fé<^e!» et leur» deux fortins : en tout pa^
reitiement neuf pièces. Ainsi, darts oe
Ci:s, piT !c* v'.:[:^\ iLTtitions dCMfUij j»i!i«*
9uA'lA'h)BTIF1CATION PRÛlltivil. 7;rà
i'âcêinÈ, n'y AiiraK arantage ponnle retrancfi^rfient , s'il y en a un;
'éidégeanti attaquer deto baitîoasà- ' que la rhnte de cm terres aplanit la
•-fois. > brèche et la rend d'un accès facile ;
ttàft ai nctoa ooiflpift)nê aM§l , tous ! qu'enfin, la trouée , qui exiMe entre
\rilhppcH dh nonÂre dea pièces à le bastion et la tenaille, donne à Tas-
liMMrfs, le ttoitTeau système proposé siégeant la faculté de faire brèche à la
iC ' ifMïmt actuellement pratiqué, i rourtine , et de tourner le retranche-
MÉf&f&ni un arantage Immense en ment qui pourrait être fait à la gorge
féléit dd premier, pulsqti^il s'y trouve dti bastfoYi. Or totrtës ces défectuosité
néllf pièces è prendre avant d'arriver disparaiss<>int dans le nouveau système.
M retranchement général » tandis que Pour faire brèche au bastion , il hut
d'abord s'être établi sur la contrc-^rde
ou ravoir fait sauter par urie mine, et
le peu de lari^enr de celles ne permet
ni run ni l'autre sans les plus grandes
diiflcnltés. L'assiégé conserve jusqu'à la
fin le parapet de son bastion , la brèche
demeure hante et escarpée ; et si Ten-
nemi ne vient pas à bout de détruire è
peu près tout le mur d'esc^npe qui rou-
Ulàêie système actuel H n'f en a que
ptitiie, éh supposant qu'il existe un pa-
m înétrahchement, et pas une seule
ojfiifiie le reGranchement n'existe pas,
xi «tni est le cas ordinaire (1).
(^e si taaintenant nous considérons
à 'dMkddté de prendre chacune de ces
;iiti(M partlculî^reniient, nous trouve-
"ôiniitueravantageestencore beaucoup
im'granddn même cAté; car si nousr vrele chemin des rondes, l'assiégé vien-
90ÉI|parona, par exemple, la défense du dra par ce même chemin des rondes
ÛÉtlofi dans les deux cas, nous voyons Taltaquer sur ses deux flancs lor^qn'il
ibe, dans le système aujourd'hui pra- donnera l'assaut, ou le harceler dans
tiMé, la brèche s'ouvre è la face de ce ses tètes de sape , s'il procède pied A
bStfon dès que l'assiégeant est logé sur
la |tolnté du glacis de la demi-lune (dé-
lut radical de ce système ) ; que son pa-
rjmfet tofribe dans le fossé avec l'esr^iipe,
en hisse è découvert tout le terre*plein
ijf'tanpaft qui est derrière, et même
m
(1) tl Ml de fjiil qu'une plseé qal n't point de
r%lMitefaeiTCnt, thifl que le lont presque tonlei
qpil «Minl «HmiiPd'htl. eit mlie ea M^
«èe te fMlrièBe Jow» de ce qu'en peut «p*
Bf|j|yi,pnpreincDt b déteuc rapprocliée, G*esi-
b^jirt députe le couronnement du chemin coo-
aef, per coUfdquent. obligée de se rendre le
ne Joar an irfUs lird, fi Ton ne vent per
|yili>>an ttpieiB àdlre eatpertéed^wentr»
H^^eppe fue Veaneari «il une seule pièce à
Hffpdtt.io jKNirraii ajouter que même un ro-
imchenient ne garanlirait point la place de cet
MneînenteflN de! parapet», que la brèche fti-
nÉlÉé dai* le fÊtêêt eumam eeui qui eil<ilent.
lie^iynidBlt epyeia nsedsrwg ne remédia peftni à
OfiMHulnH^attf ; mels ses païUsuM préiendeM
|U*U est ùnpOMiMe de flUre mieui, et que le
pied. Ensuite, lorsqu^I voudra s'établir
sur la brèche, il y sera pris de flanc et
de revers, A bout touchant, par le
boulevart du centre, qu'il ne peut
battre en ricochet, et par tout le flanc
de rantre bastion, par-dessus cebou-
peu de riftistance dont il est susceptible tie ht à
la mtnre même des armes employées par Te»-
sMgmnt; mels puisqu'il eai p»ne?é par l'eipé*
rienee que le mode des atiaquci eonlrilme a in
reddition plus ou moins proiopte de la plavs*
pourquoi le mode de défense ne contribuerai t-Ii
pas à retarder ou à empêcher cette reddition?
Pourquoi ne pas convenir d'un faîl notoire?
G'eit que, depuis remploi de llrlillerie dans la
8;uerre des sièges, les procédés de i 'attaque se
soni infiniment perfectionnée, tandis que ceux
de la défense el de la construction sont restéx les
mêmes, à très peu de chose prèst 11 est cepen-
dant difficile de croire que la défense qui. par
sa nalttre« est subordonnée au mode d'atuque,
soit parvenue, avant co|ltM:i, i son plus haol
degré de perfecHon,
710
mm là fOETrriciiTion miuriti^
levait (1); lorsqu'enRn il sera panreott
toat en haut pour fornier son nid-de-pie»
il s'y trouvera sons le feu direct da ca-
non dn retranchement, et sous la grêle
de projectiles lancés par les mortiers et
pierriers cpil sont rangés à la gorge du
bastion.
La prise de la contre-garde 4e ce
bastion n'oflBre pas moins de diflBcultés,
car elle est battue de flanc et de revers
par les feux plongetns du boulevart
du centre et du bastion opposé. Elle
est sous le feu direct à bout touchant
de la mousqueterie des créneaux dn
bastion qu'elle couvre, et sous celui des
grenades jetées à la main du chemin
des rondes du même bastion, qui n'est
éloigné du terre-plein de cette contre-
garde que de dix-huit à vingt mètres.
Le talus intérieur de cette pièce étant
à terres roulantes , elle peut être prise
et reprise maintes fois, avant que l'as-
siégeant puisse s'en assurer la posses-
sion définitive. Les sorties pour faire
ces coups de main ne peuvent être em-
pêchées que des logemens qui seraient
établis sur la pointe même de cet ou-
vrage ; logemens qu'il est comme im-
possible, de maintenir sous la multitude
des feux auxquels ils seraient exposés
de toutes parts, sans pouvoir se couvrir
par le peu d'espace qu'ils occupent,
prétendre se frayer un passage sous
cette pièce, à la sape, malgré le contre-
mineur^lea sorties, le feu direct des
créneaux «et la piniedes grenades lan-
cées du Mut de la pièce elle-même, de
•
(1) On peut, à chacira des angles d'épaole
perpeodicoliireiiient à la ftee, établir, pendant
le li^ge, deaz pièoet de canon blindécsp pour
enfiler le chemin des rondes. Ces pièces seront
eonvertes, contre le ricochet, par des pièe^ de
iMis inclinées, jusqu^aa moment del'assnut; alors
eOes seront toot4-coQp démasquées, et l>nne-
ffH ne pourra pins tlr^r sur elles, parce qu'il se
•rottYora. sur la brèehe. interposé entre elles et
sas propres haiMrles.
la traverse qui s'appuie Sttr elle et da
chemin dea rondaa, €st eneere ploi
absurde.
MAn| de pijsndre eei ouvrage, il faat
s'être emparé du fortin qui est à ion
angle flanqué. Or ce fortin est non
seulement défendu par les demi-hiBei
collatérales çt leurs couvre-faces, mais
il est par lui-même, et sans le secours
d'aucune autre pièce, capable d'une
résistance opiniâtre.
De plus, il est évident que l'enoemi
ne peut s'établir sur ce fortin, situé
dans un angle rentrant , sans s'être
préalablement emparé de la demi-
lune, et que, pour être maître de celle-
ci, il faut d'abord être maître de soa
couvre-face et de son fortin : or ceoi-d
sont flanqués et défendus par une ioh
mense quantité de feux, tant d'artille-
rie que de mousqueterie. H ne faot
donc pas croire qu'il fût facile à l'as-
siégeant, ni même qu'il pût luiêtrebrt
utile de se faire, sur la pointe de ce
couvre-face, un logement pour obser-
ver les mouvemens intérieurs de l'es-
siégé ; car cehû-d l'aurait bîentêt dé-
busqué d'un poste si mal soutenu. Eo
effet, cette pointe est battue par toate
l'artillerie des tèct$ des bastiims , par
une grande partie de celles de la coor-
Une et du boulevart central, et par
tout le développement de mousquete-
rie des deux couvre-faces des deax
bastions. U n'existe pua un aonl poial,
dana toute la fortiflcalioii , sur hMpel
on puisse concentrer une si graade
quantité de feux de tous genres. Si,
néanmoins, l'assiégeant veut.i toat
prix se maintenir sur cette point»,!!
sera indispensable, atnai que le prescrit
M. de Vauban pour tous les cas aaa*
logues , qu'il pousse son logement de
droite et de gauche jusqu'aux extré*
mités des bmnehea, iutraMot l'i
gé reviendrait, par cea
•m jjk FonTincATmif nuaurrrx.
m
che», mmpifsrpHrMis deas flânes, en
nontant à Timproviste sur ces deu
brattcfaes, uÂl fêr les rampes, soit par
/es talas intériêfors, qiii*smt à terres
roQlaiites, et qa'on peut adoucir aviaot
qa*on le ?eQl.
En veilè , je pense , asset ponr oon-
vnnae les personnes de bonne foi:
c'est pour ^es seolement que j'éeris.
D*aiitres poorront sfBrmer, si cela est
entré dans leurs irnes , qn'nne senle
enceinte, qui est mise en brèehe dte le
prenter numient de la défense rappro-
diée. Tant mieux que cinq bien coo-
vertes, et qu'il faut enlever socœssiTe-
ment à la sape ou de vi?e force. Il n*j
a point de paradoxe qu'on ne poisse
soutenir, point de vérité qu'on ne
puisse obscurcir.
En prenant, comme je Tai fait, dans
mon Traité éê la IHfrnu des Plae$9^
rallemative des retours oflensl& et
de l'emploi des armes à feu, pour base
de cette défense , j'ai supposé que les
attaques étaient dirigées suivant la mé-
(1) Lei demi-mcfares perdeot tom, eomme
je rai é^ dH •lileort. Béen ém perfoimet ctol'
raienl pMi^te« avoir fiyt hmoeaup^ ea mal»
um dasi «da place anWgéa aviavt de laoïtien
os de plerriets que de pièce» de canoo, aiui
que le propoie M. de Taoten. Qu'arriTeraiMi
alors? Ceil qae la place ieialt eensée avoir été
déflBodM par d^ feax vertioaax, et que, eepen-
dasl. #«raBC paa Mt ane réiiitattca beanoonp
pl«t $nuidoqM lei anina» on eo coBdaraH
que la déteue par lea feux varticau ne vaut
pa« mieux que parles feux directs, elle pr^nçé
ne ferall qné's'eiiraeiiier de plus eu plus. Mais
H. de Yaoban, non plwqae toosceoi qui oaf,
josqa'tel, la plii leiiiwnwiwM rmaee dM tax
oonrbea, ne tes a Jaawds eonsMéids qaa coaMoe
uo moyen poremam secondaire ; et, dans cette
bypolhèse, c^est beaneonp. ea effet, d'armer la
ptaee d'entant de mortier» on de pîerriers que
de canons. Il n^en ast point ainsi l<irsqae foo
•a piopeat» cmnsin Je l'ai Mt, do coosIdéKrles
tax eonriMs comme inoycn principal dans la
détonsa rapprochée. Ceoe sont pas alors autant
4» pIsrricTf qos <N eanons qifil fant employer,
thode de M. de Yaoban, qui consiste à
s'avancer graduellement par des opé-
rations toujours bien Hées , à cou?ert
par de bons parapets, les lianes bien
appuyés, et c'est contre de semblables
attaques que j'ai soutenu, et que Je
soutiens plus que jamais,' qu'il faut
prindpalement employer les feux ver-
ticaux, comme pouvant seuls atteindre
reonemi au fftHid de ses trandié«i (1).
Mais si l'on juge à propos d'abandon-
ner les principes de M. de Yauban ; si,
au lieu d'approcher pied à pied , on
multiplie les attaques en Tair et de vive
force, comme au seixième siècle, je
me défendrai aussi comme on le faisait
au seixième siècle, lorsque les sièges
duraient plusieurs années etéchouaient
le plus souvent. Il n'y a pdnt de pacte
tut entre l'assiégeant et l'assiégé pour
la manière d'attaquer et de défendre;
et il faut croire que l'un n'est pas
moins attentif que Tautre à profiter de
tonales avantages que les drconstanoes
peuvent lui offiir.
mais dli fois plus : Il faut au moins deux cents
de ces pierriers, dont la moitié soit toujours en
action : telle est ndée fradamentale de mon
syalèraé de défense; et c'est là qn>st la non*
veaulé« Ces pierrten^ pouvant être de fer eonlé
et de peu d'épaissenr. eoùteraient peu; et.
comme ils ne Jettent que des pavés avec de pe-
tites charges de poudre, la dépense qa'ils occa-
ilonneraieni serait, en résultat, l>eanconp moi»
dre qne celle qu^nife lé mode wiuel. De pini,
|e suis persuadé qu'on pourrait, en très ginudo
partie, suppléer à ces feux verticaux par dm
arcs, des arbalètes et la ftonde; mais U ftu-
dnit, pour cefei, le vouloir, et avoir dans cha*
que place, suivant son taponanee, «n batalUon
ffune ou une compagnie franelie, inamovililai
et rompus à ces divers exercices, ainsi qu*au tir
de larqueiiuse. Mais Je le répète , ces moyens
ne sont point exclusifs, et ne doivent diminuer
en rien l'action des feux directs. Cmtde la
eomMnsisoii des uns et des autres employés |u-
dtcieusemeni avec les retours offensm, que ?ér
suliera Is bonne déflipse.
*\-J
m^
Sro ié • l^aBf tf iCATlON PUMITVVB4
En résumé, quai doit 6lr6 ratsoDDêr
Uenient lo but de nos recherches? il
me semble qae c'est de ramener , s'il
est possible « Tétat des choses à ce qu*U
était avant les méthodes imaginées piU'
y. de Vauban. Or^ toutes les décoU'*-
irer tcH essentielles de M. de Vauban ,
dans Tart d'attaquer les places , se ré-
duisent, à deui puiots : !<> l'invention
du ricochet; â"" la substitution des atta-
ques régulières* ut faites pied à pied
aux attaques décousues et de vive fopoe
qui étaient autrefois qsiti«s» C'est
donc essentieilement à neutraliser les
effets de cea deuK procédés qu il faut
a'appliquer dans l'art de eonstruiru et
dk| défendre les pbces.
Or, quant au ricochet, les meilleurs
eipédiens qu'on ait imaginés jusqu'ici
sont : 1^ la soieuce du déGlement^ qui
consiste à faire passer les plans qui con-
tiennent lea branches des ouvrages
«tt-Hlessus des positions où l'ennenû
peut établir ses batteries; if" à couvrir
ces branches par des tuonnettes, des
cavaliers ou des traverses suffisamment
élevées; 3" à diriger ces mêmes bran-
ches dans des marais ou autres points
Inaccessibles, it&ode lea soustraire aus
enfilades; hf* à étendre la fortiOeatîon
en tiçne droite, afin que les prolonge-
niuiis (les hces tombent si près des
filtres parties de la fortification, que
Vemuuni ne puisse s'y établir sans se
trouver à la grande proximité de Tar-
tilterie de la place; 5* à donner aux
ouvrâmes un gratid relief aRn que les
baqlçts dû l'itunem passent par-des^ns
sans y retoaiher , eu qn'-en y remon-
lent , ce soit sous un angle trop grand
pour se relever et faire des ricochets ;
Ç« & donner aux bra^chea des ouvrages
4ràs peu de longuwr en ligne droite, et
ivèmeèles rendre absobimeiit eoivbes
8*11 est po<nible;T*A leur donner très peu
dt- Ini^inir, alin qu'elles offrent moins
de prisa aux battariea d'anfiMa de
rennemi ; 8* à btinder on caseoMter lai
amplaeeniiens destinés à l'artiHeria de
la place et à set ll&feMevft; 0* i déta-
ber entièfement lia OBVfigea au vaei
du dehors, en ne leur donnant pas plu
da relief qn^à ceux qui sont an atMit;
lOû a n*amployer anr les rempvli
qu'une artillerie très légère et Mi
mobile, afin de pouvoir la déplacerai-
sémeni et la soustraire promptenaat
aux batteries préparées de l'ennoH.
La oombinaison de tona cea eM>ya«
fiiit une partie essentielle de la
des officiers du génie ; eC , en les
ployant habilement, ils pearent
venir, sinon , à détmire entlèreaMBt
las affi^ da ricochet , du moina 4 In
atténuer infiniment.
A ces moyeps )'an ajouterai id aa
antre, qui me parait mériter dlaoM
plus de considàpation qu'il est très sia^
pie, et également applicable aua plien
andannaaet aux placée i conatraîre.
Ce aaoyea eonaialamii i planter 1^
régulièrement sur tous les glacis an
grand nombr(^ d'arbrisseaux de daq i
9ix mètres de haytewT, da «Mnièic
qu'ils déroberaient è l'enneosi , paa-
dant les premiers jonrs dn siège, Fan-
semble des ouvrages de la place, réia-
pëcberi^ieqt d*en faire la reeoiiiyaik
sauce , et d^ prendre lea aUysanMii
nécessaires pour remplacanaent dsi
batteries de ricochet. Il serait loi^OMi
facile à l'assiégé, en étudBant le terralB
et en élag^ant à propq9 OM aif|ri>-
saaux, de ae ménager antre wx du
échappéaa pour déoonvrir |ie la piaoe
tous les points de la campagne ; taadb
qu'ils n'offriraient à Tcnnemi qu'un
labyrinthe, dont l'f^pect changerait aa
gré de l'assiégé, qui abattrait eu éla-
guernit à volonté , tantèt fnn , laaiit
ruutr(^ (le ces arbrisseaux. Toute celte
pltipiiilioo peut et doit se flaire
SUB M nBtrïrtiJktimxJfmn^rvfU'
Tir'î
«•ire à«Bih<de»gfaiids flrbre»^ qui ont
été proposée par M. de Sâiot^Anil pour
«B autre objet, et dont V\ài}ilé est T9r
Le BeeoBd obfet de Taseiégè doit
tire d'enqièdier rmnfiTBi de suivre»
au moins dans la défense rapprochée ,
la marehe méthodiqBe dessapes^ afin
de le ooDtraiBdre à n'attaquer jamais
qae <te inve forée. Voyons^ s'il est pos-
sible 4 Qotnment^a remplira ee second
eb}el;» escere plu» importaol que le
premier.
Ce qui a'oflhe d'idNNïd, comme nous
l'aiioQft défà dit plusieurs fois , est de
se loger, toujours «u plus près de Ten-
Mmi^ de maniàre à oe qu'il ^ trouve
continuellement sotti le jet de Ui gre-
nade 4 et exposé» dans ses tranchées ,
aux eeups de. mtin bcus<piesi aiix peti-
tes sortiea , sana qu'il puisse user île
fepréaaUtes; car^ »e trouvant ainsi sans
eesae harcelé dane ses tâtQS de sape, il
aef u oUIgé de tea discontinuer et d'at-
laqia a* da vite forée» Il a'agit dope de
savoir comment l'assiégé peut se pro-
curer de senibl9)>les logemens pendant
tout le cour» delà di^use rappfoebée;
of , c'est M. de Yauban lui-même qal
va nous l'îfidlquër,
« Toutes les fois, dît ce grand ingé-
4^ nieur, qu'on peut se :rendre maltrç
» du diemin couvert, par indualrie,
vsnm ^e obNgé d'en venir adi
» mains/c'est, àftns (îonti'cdlt, le meif-
» leur moyen qu'on puisse employ<^r.
» Maia aï ce cbemin oouvert n'e^t
» pMol batiu de» rkodietay ou ai )ei
i glads,élevé»{i«i'leùrsltuatimi,adittM
D taides qu'on ne petit pldrigef dtfns lé
:«(<^liemin couvert par lea logemens
a élevée en ûavalieca qu'on peutlaire
» verU le milieu du «toda^ M pourra
n ètte dbfîgé d'ateft^nér le chemtn toit-
rf vert de vîvc force. »
jreeonnatt que l'assiégeant peut se trou>
Ter obligé d'attaquer ^ vive, force. :
c'est lorsque Tassîégé'eat couvert dam;
sa position par un obstacle, ne CAt-cie
qu'une palissade^ que le ricochet ne
saurait détruire , et qu'on ne peut
d'ailleun» parvenir à le dominer nt
plonger dans cette position r pour Teri
chasser préalablement.
Bêla, je conclus que pour réduire
renaemi à ne pouvoir attaquai Je < be*
min couvert, ou toute autre position
semblable « que de vive force, il n'y a
qu'à : l'^ sutMStituet. à la palissade un
obstacle que ne saurait rompre le rif-
cochet, tel) par eiemple« qu'un bon
mur crénelé; V" substituer au glacis
bas à pente douce , comme les glacis
ordinaires, un glacis très haut à pente
raido, comme les glacis coupés»
. DiOBc ,, pour ré4uire l'ennemi à ne
pouvoir jamais attaquer, que de vir?
force pendant tout le cours du siégea U
faut lui présenter une série d'obatacles
de ce genre , c'est-^rdire ioujours des
glacis coupés à l'épreuve du canon di-^
reot , avec un mur crénelé derrière à
l'épreuve du canon à ncochet.
Teliea sont^ en eQet,. les conditions
que. j'ai téehé de remplir dana les deux
ayalème» exposés ^Mlessus, et princH-
^lement danacaW de la foctÂfication
primitive.
D'après caa prinaipes« qui me pa-
raissent incontestablesi je penae qu'il
aérait posaiblo^ aana* beaucoup de dé**
penaaai d'Augmenter eowdérablenient
la force des places actuellemant eaia^
tantes 4 en trauaformant aux angles
aaillans lea^Ufaeia ordinaires en glacto
coupés* ,#l e» aubatituant i la palissade
un mur orénelé qui régnerait, iPera la
mllMBU de la largeur dq cbemîA cour
verty tout le long de ses branches. .
Je remarque d'abord que^ par celle
Vojjà donc DP cas ^ M' de Vaubaa t ounstruction* tout demeure flanvuésur
7i4
sm u MvnncATioif wmmikxt.
tv
les glacis , et qu'elle ne donne lien k
aacan angle mort ; car, pour cela , Il
n'y a qu'à prolonger les pans de glacis
de places d'armes rentrantes, jnsati'an
terrain naturel, et enlever tout le mas-
sif des terres comprises entre ces plans,
ainsi prolongés, et les talus des glacis
coupés Tis4-Yis des angles flanqués des
bastions et de la demi-Inne. Ces mas-
sifs de terres entêtées pourront être
employés très utilement, soit à relever
les glacis en général , soit k faire des
traverses, des bonnettes, des barbettes,
des cavaliers ; car il ne fhut pas oublier
que le relief de la fortification ne sau-
rait être trop grand, ainsi que l'observe,
avec raison, M. de Cormontaingne, et
qu'on n'a jamais autant de terres qu'il
serait à désirer.
Je suppose d'abord qu'on en emploie
une partie à former, dans le terre-
plein de chacune des places d'armes
saillantes, taht des demi-lunes que des
bastions , dans le sens de sa capitale ,
une traverse élevée de deux mètres au
moins au-dessus de la crête du glacis
coupé. Cette traverse arrêtera la plu-
part des coups de ricochet, et très peu
de ceux qui passeront par-dessus pour-
ront retomber dans le chemin couvert.
De plus , cette même tranrene annule-
rait également l'eflfet des cavaliers de
tranchée, s'il y en avait; mais ces ca-
valiers ne sauraient même avoir lieu ,
parce que le glacis n'existant plus , il
faudrait leur donner trop de hauteur
pour qu'ils puissent plonger pardessus
la traverse.
En général, malgré le préjugé con^
traire, il est certain que les glacis cou-
pés sont beaucoup plus avantageux que
les glacis à pente douce. Ceux-ci sont
aux autres ce qu'une brèche très apUh-
nie est à une brèche escarpée , et qui
demeure telle malgré les coups de ca-
uou qa'on peut tirer dedans, Ite plus,
leur peu de largeur ne permet point
à l'assiégeant de se loger Mh-des»»
pour y établir ses batteries; et, si!
veut les attaquer par la guerre souter-
rune , elle est tout en faveur de l'as-
siégé, auquel il est toujours facile de
prévenir l'ennemi, et de l'empêcher
d'établir ses fourneaux , sans qu'il ait
besoin d'en faire luf-même. Les glacis
à longue pente favorisent d'aïUeurs
singulièrement l'attaque méthodique,
tandis que les glacis coupée ou à pente
raide nécessitent l'attaque de vive f(»
ce , comme l'observe H. de Vaubui ;
et enfin les premiers absori>en.t noe
immense quantité de terres, qui poQ^
raietit être employées d'une manière
infiniment plus utile.
Tels sont les moyens par lesquels on
peut neutraliser, en très grande partie,
les deux découvertes principales de
M. de Yauban, et ramener l'état des
choses à ce qu'il était autrefois, en ré-
duisant cehû qui assiège à n'altaqeer
jamais que de vive forœ (1). Les autres
(1) r«t dit, diiif wnn de meenotef préeédei-
t», qw Je veTiendnto rar k naaiére de n dé-
fendre contre les atta^net de vive force, et dci
ineonvénicns de ce qu'on nomme dëreniedB
pied ferme ; ceit eit d'autant plus néoeifaire,
que bien des personnes me semblent être en-
core dans rerreor à cet égard, et qne M. ds
Yaaban luf-rotoe ne panlt paa avoir en dei
idées entièrement fliet s«r ce point essenlieL
TantAl U approoTC, par exemple, et UnlM U
blâme la défense des chemins eonrerts de Kay-
senrert, qui fàt faUe de pied Anme. C'en
qn*en effet ta défense de ces ebemins eooreils
fot admirable comme trait de bravoure, «ait
liés maavilie sooa le rapport de riaduitiic.
« L'assiégé, dit M. de Tauban, y perdit trois
» cent cinquante à quatre oems bommes aa
» deui heures de temps, ce que dix Jours di
• siège de plis n*aartient penl-étit pas bit, â
• ledétoildétadérense eûtétépini ménsfé.»
Mais comment failait-U ménager ealte délmsat
C'est ce que M. de Vauban ne dit pas. Paiiqas
l'ennemi attaquait de vire force, il fallait aé-
cerMitment oo IqI leidr I6is, cwxm sa fi
nm Là roAiipicATioii psuitutb.
745
moyens d'améliorer la défense ont été
aidRsamment dé?eloppés dans le coani
de cet OQfTage, et sont fondés princi-
palement sur la combinaison des re-
toors oflensîfc et de l'emploi des armes
à fea; mais sortont sur eelai d'une
immense quantité de feux verticaux. II
ne me reste rien à dire à ce sujet ; c'est
i l'expérience seule qu'il appartient
ie confirmer, de détruire ou de per-
fBctionner les aperças que j'ai propo*
ses. Je retiens, en finissant, au princi-
pal objet de ce Mémoire , qui est la
fortification primitive.
De ce que j'ai dit sur le peu d'effica-
dté des feux de flanc dans le système
bastiooné, liiat-il en conclure que je
regarde le flanquement en général
comme une cbose absolument inutile?
Non , sans doute ; je dis seulement
qu'on ne doit pas en faire un principe
exclusif; et les plus habiles ingénieurs
Clit, en aètndooaer le càernln eonverl pour me
pfiM Y retitter, puisque loole commanlealloQ te
Inwvalt à rinslaot eonpée, aa moytn en mir
de comrcicerpe. La gemiioQ a^eit Imveiiieiit
défendae de pied ferme; mais elte a perdu trola
cent eloquaDle à quatre cents hommetf Mns
fruit, sant Mre autre cboie qv'accélérer la
|rtn de la place par la perle de lee déta-
LorM|ue renoemi eotrepreodda eoaraïuer la
ehemin coavert de vive force , ce n'est ni de
pM renne, ni par des sorties prématurées, qa*il
thvÊ. le eombatlre, mais onliiQeBient par la
OMNiiqMlerie etrartfUerie dea remparts, ait-
<|iielles H f«it m lAler de faire Jow, penr lemr
laisser prodalre librement tont leureflbt, ce
qui dure ordinairement deoi on trois bearca.
« Après qnoi, dit M. de Tanban. on peut rêve-
• nlr par la droite et par la gauche par de bons
» Macbenens. et ntlaqaar Tenneml, ponr lors
» nffbibU, et eneate mal établi dans ses Boweanx
* logemena »
On peut donc être surpris de lire dans un
onvrege moderne^ répuléclasstque, que dans le
cas du eouronnement entreprit de vive Ibree»
reaalégé doit. anmiiAtQM leaeolenea éssaU^
âmes fagnent le baut dn glada. Mre teuirè-
Qoop cepser k H^ ét$ rempern, sohir de m
ont pensé de notème, puisque tous leurs
systèmes sont remplis Sangles morts
ou de parties non flanquées. La forti-
fication est assujettie à plusieurs maxi-
mes dont aucune n^est absolue , mais
qu'il faut combiner et modifier suivant
les circonstances, de manière q«e Ten»
semble ou le résultat seul de cette
combinaison aille le mieux possible au
but ^'on se propose.
* On prend pour axiome que tont
point doit être flanqué et défendu. Le
mot flanqué est ici de trop ; il suiBt
que ce point soit défendu , n'importe
comment, pourvu qu'il le soit bien. Il
peut être défendu par des feux de
flanc ; mais il peut Pètre aussi, et sou-
vent beaucoup mieux, par des feux di-
rects, par des feux courbes, par des
feux souterrains, par des sorties, par
des manœuvres d'ean. En admettant
tontes ces défenses comme propres à
plioes d'armes, ef mareber à reumml pour le
eombattre.
G*wt le renversement de teoe lea prinsipm;
il s'agHici de l'opération lapins décisive, som-
me Tobserve tr^ bien Tauteor ; et certes, c'e»t
mal choisir son moment pour aller eombattre
un ennemi sopérienr, pour dealer en sa pré-
aenee par dm barriérea, pour fbira taire le ta
de ses pfeprm remparts, que dTnttendM qae cet
ennemi arrive »vec Télite de sm troqpm en «^
dre de baUtlle; tandis que cette seule Uàê, peo-
dhnt tout le cours' do siège, il est obligé de M
montrer, en masie et très tong-temps, entière-
ment à déeenveit Ce n'est peint, ainsi qu^en k
voHpar les peieles ctléee plue beat de M* de
Vauban. aussilèl que les colonnes aasaUiantai
gagnent le bsut du glacis , qu'il fsut sortir de
s« places d*armes ponr le eombattre, maia
deux ou trois bedrm après, lorsqri'liest aMbN
par des déabarges mompHdm d'artillerie et de
nmusqiiBiefAe* et encore mal (Mabll dane sas
nouveau legemens.
J*al cru devoir signaler une erreor aossi gra-
ve, échappée, sans donle, i un auteur mtl-
mable, parce que le passage qui la «oMIent s été
non comme un emiliH«^,.nMli cemiM M*^
rtid, panr Mpr di fvmm dosiriafi.
i
246 SUg Ik FQRTinCATlON paiifiTi^B-
se suppléer les unes aux autres, ainsi le même temps pour constniire Ip4
que la raison Tindique, on se donne batteries, le même temps pour faire
une grande latitude pour varier la dis- brèche, le mâme temps pour le diifo-
position des ouvrages, et pour sortir sitif de Tassaut ; mais, cpmnM on va le
çnfîn d*9ne routine dont les effets sont
pt bornés, d'après tapt de journaux de
siège , tant réels que fictifs : un vaste
champ s*oavre dàs-lor9 à rimagioa-
tion.
Prenons pour exemple un hexagone
voir , la fortification bastionoét est
d'ailleurs, sous tuua les rapporlu, tiès
inférieure à celle qui est puiwMnt
circulaire.
V Celle-d coAtera beaucoup noîr^.
parce que le mur d'escarpe aura moini
régulier bastionné. Sa tenue, suivant ! de développement, et que répai^sear
le journal fictif, doit Atre de vingt sera moindre, n'ayant point de poyf^
Jours seulement, savoir : quatone jours
jusqu'au couronnement du glacis, et
six autres jours pour forcer le corps
de place , desquels , deux pour l'éta-
blissement des batteries, deux pour
foire brèche, et deux pour le dispositif
de ^assaut.
Maiutenant , an Heu de cette place
)mUoiinée« supposoQS-en une autre
de mèinei capacité intérieure, oieis
dont la magistrale soit entièrement
circulaire, eutoivée d'un foasécoocen-
trique de cinq ou six toises seulenent
de iargeifr, enveloppé d^Hti glads de
même relief et de mène pente que
celui du polygone bastionné, dont nous
venons de parler, mais avec on ch^
ifiiii CHvert on simple banquette de
six pMb seoleHienl de levgeiir. Je
Supposé, de phis, que Tescarpe soit un
mur Yerticat de quatre pierfs d*épais-
seur, percé de oréneaux , avec un che-
min dea rondes par derrière. Je dis
qui eelte derntèle pièce doit tenir
iottfttt que rstitre , d*après le Journal
fictif; mais qu'en réalité, elle aura sur
elle de grends avantages.
Je dit d'ebofé qu'elle tiendra vingt
Jom, de même qve la preenière; eer
il faudra évidemment les mètn^ tnm-
chées, les mêmes places d'armes et de-
Bî-flaeas d'armei, la même somme
enfin de toevanx leetAriels, pourairi-
Wr an eouronneOBtent du glacis ; puis
sée à soutenir. Se dégradation, psr
l'intempérie des saisons « aéra anni
beaucoup moindre, à censé des pare-
mens verticaux de son ravàtenwet;
if le rempart circnlaine ne donne as-
cuoe prise au ricochet^ non pins fK
son chepiio couvert, tijndjs qn en pso
de jours toute l'artillerie de la phci
bastionnée aerp hors de service, le
palisMdement de^ chemina cpnv^rb
ruiné, et les défenseurs en très gnade
partie tués ou blessée; 8* le brèche
sera très difficile à faire et à reain
praticable à Tenoeinte eifenialre,pBvee
que le peu de targenf du fMié fié per-
met pas au cdtton de l^aAlégêviot <k
plonger jusqu'au pied de TeBcaips,
dont une partie restera debeni el aon
recouverte de terres, comme aui sv-
tres brèches; qtié le chemid dés fon-
des empêche le para|»ct de tomber
dans le fossé et de le combler; et
qu'enin le tains eiléricnr, étant à lar-
res roulantes, eonserv e ht raidear de
sa montée, malgi^ Teffet des batle-
ries de brèche ; 4"* le chemin des ron-
des procure une ligne de mousquetohe
couverte 4 qui tire à bout loorinitt
sof Tennemi, lorsque cetai-H vent Aa-
blir son logement sur le haut du giscû
et le cbemiu couvert. i)e plus, le che-
min des rondes n'étant qu*à la distsase
d'environ huit toises de la crête ds
gleds, le codrefinerliefkt de tt ghrH se
Iroavc sous le jet des grenades lancées
-É ta fflaln, ée «e chemin des nwdes ;
S* si l'ennemi n'a pas prodigtettsement
«MgilalirMle,tora(|n*flvMHmdoilner
FMtdl, rmilégft poaM venir da SnUs
tu d«gRaclMper Icdiemlli des rondes,
«HtiiWtfIft «nlAMne isMinanM inr aes
dewt Ame»'; rrsBsIégfknt ne mrtrt
^■ttMlMr le (Btaetir la corpi de plaee ,
iMHe qtte Mld-d est ctmtert par le
mât VtHetrpt qai «at détMhé des ter-
VM, «t <(Q*Mi tts peat l'atthiiier d'an
éiié util Mi« «Mtendn de firatre;
^lA MnimnlaitlMii sont beatinap
yioa farina (uns te Knpltt clK&laire ,
fbrrt fè'ettM M flwt par des pÉMagn
lto«t(jimlM 4ttt servent M tMaie temps
oWIn MK BeflinMim.
^^H ne peoMenl pu pht lofn ce pt-
fiMe tnntn h fBrfiOatfen bastionnée
WlfUirtiflaitloa pttrettsnt cjretdalre.
Wm éWdent ^e ee partlMAe ert Mqt
flUmnltte A» U denilèr«. I^ Bia-
^jtiettnt nt dont une oéTenu pét]
Ml)MHlU(e , et M. de Bountara , (pie
fâd^'dtè, dit yvee nboA <^ l'on
^ iparçottl {tdoe. Cependknt cette
MtMterfteH dMolaire n'e|t que r^btn-
cbe dn s^tème qui a été propoif tu
MtttttaMmwiit né C9ll.|^inoifE).
' (iiMi^;)W'eiKon <le ce taèt^ p^
.NMte, qiAl né ftm ^ loger du mé-
rite d'une fortèMlKe tinn|neibent par
U somme des travaux matériels que
doit Taire l'assiégeant pour s'en erapa-
rer, mais aussi et surtout par It diffi-
culté de ces travaux, et par les moyens
que savent se procurer les défenseurs.
solvant les localités, pour s'opposer à
lenr exécution. ''
L'un des plus grands avantages de la
fwtiBcation circulaire est de pouvoir
fournir des feux directs dans tous les
aens, sur les avenues de la place , tan-
dis que dans la fortiBcation bastionnée
ou angulaire, it y a au-devant dechaqu^
SDK j^ roi-nriUTtQ9 f/iiiuiiiji.
,W
angle Danqué, i droite et 9 jUi)cbc de
la c«p{tale, un grand espace qui en e^
entièrefpent dépourvu,; çt t^ei^ ce qt^
fait que raa^gdant choisit les ca|Hts-
les pour j i^ire cheminer ses ÛV)-
chées. Par exeqipte , sj )'tn|le flanqué
d'un hasttçn est droit , Il y a vn quatt
entier de j'horlion dont le fummçt Jfi r
cet angle est le centre, mi ne rccoîl
aucun fïù direct : si l'angle est de 60',
comme aux demi-lunes ordinaires, it 7
aura d<-ax tiers. À'IS vérité, l'on peut
diriger de loîp, comme de la courtine,
quelques pièces d'artillerie sur ces es-
paces, en biaisant les embrosuret ; mais
outre que l'on afihiUi^alui:! beaucoup les
parapets, comme le fusilier tire natu-
rellement devÉlit lui, ces mé^es e»?
paces n'en dçmeurent pas mtilia ààn
nues du fou de monsquelerle , qui est
le plus Imporfvit. Cev de ce genre
qui se croiaept turtesotpîttles.'par-
(ept de trop 1<^ pour Atré fbrt ran-
gèrent, I)^^, torique Tùaté^eant
vieat établir Ses Utterles w Ûi Baîl"
laos du (ilaçls, ris^vis du angles flan-
qués, I9 pièce de fortlBcsMiiu qui est
derrière, et qui , tl elle était arrondie
Sur le devant, pourrait bire feu sur ces
bafteriei, en plougeapt et j) b()ut tou-
chant, se trouve n'avoir absoluqieivE
aucune Action sur eQes.
On iBn peut-être que d l'enoehilé
était sans Banqaement, l'ennemi pour-
rait y attacher sur-lfrchamp le mineur
ou des sapeurs, pour y faire brèche
sans canons ; mais indépendamment
de ce que cela ne peut avoir lieu parce
que le mur est détaché des terres et
A^elé t c'est ici , sous tous les rap-
ports, une grande erreur qu'il est im-
portant de relever. Ces sapeurs ou mi-
neurs ne viendront pas seuls ou faible-
ment soutenus, car alors rassiét;é
n'aurait qu'une sortie à faire pour les
(uer. Il faut donc qu'ils soient appujés
718
fUA Lk lOnVIGATlOlf raiMIflTB.
par nne fbite capable de tenir tète à
b gamifon. Or« cette force ne peut
venir à découvert, piii8qa*elle serait
évidemment fondroyée par l'artillerie
de la place. Elle ne peat donc arriver
qne par dea trandiéei bien liées et bien
aontennes les unes par les antres,
c'est-à-dire, en solvant les mêmes
procédés qae ceu qu'on emploie an-
Jonrd'hni.
C'est en cela que les sièges actaeb
difl%rent essentiellement de ceux qui
étaient en usage avant l'invention de
la poudre. Les anciens venaient an
pied des murs pour les saper ou pour
les battre avec le bélier, et comme
nous, ils étaient obligés de soutenir
leurs travailleurs contre les sorties de
l'assiégé; mais les soldats qui soute-
naient les travailleurs n'avaient pas,
comme nous, besoin de se couvrir de
parapets, et de venir en louvoyant par
des boyaux de tranchée, parce que les
projectiles lancés par les assiégés ne
pouvaient les aller dierdier bien loin,
et que les casques, les cuirasses et les
boucliers des assiégeans suffisaient
pour les garantir contre la plupart de
ces projectiles. Ainsi , ils paraissaient
avec sécurité en force autour des murs
de la place, tandis qu'aujourd'hui
now ne pouvons en approcher que
par des tranchées profondes et bwa
couvertes.
iM tours dont les anciens IUb»
quaient leurs murailles leur étaient né*
cessaires, parce que c'était de li ses
lement qu'ils pouvaient combattre avsi
quelque avantage leur ennemi , att»-
dié au pied de ces murailles pour Isi
saper ou pour les battre avec le bélîer;
mais le canon , qui tient aujourd'hai
lieu du bélier, ne saurait se pbesr
comme lui au ped de la muraille à la
quelle on veut faire brèche : ce causa
est éUUl sur la crête du giads» st
pourrait être battu directement ds
haut du rempart qui est via-è^ i
celui-ci était approprié pour cela beaa
coup plus efficacement qn'D ne peat
l'être d'un flanc très éloigné, eontrs
lequel il est aisé de se couvrir par aa
simple épanlemenL C'est donc um
fausse analogie qui a fait penser «pi'oa
pouvait remplacer les tours andennei
par des bastions, lors de llnventioa
de la poudre , et la découverte des
armesà feu aurait dû ramener à la Ibr-
tiflcation primitive, au lieu d'en écaiter
de plus en plus.
n serait à souliaiter que l'on voaldt
peser ces réflexions mArement, daai
le seul intérêt des progrès de l'art
passion et sans pr^ngés.
JOURNAL
OPÉRATIONS MILITAIRES
DU SIÈGE ET DU BLOCUS DE GENES,
COUPD'OEIL SUR LA SITUATION DE L'ARMÉE D ITALIK,
M ËM MOMBIIT 0« Ll «faliftAL IIAMÉllA ÏÏK rUT LB COVUAMDBIUNT, iOtQO'AU •LOCV»
ACCOMPAGNÉ DE PLUSIEURS TABLEAUX
BT D'UNB CARTK DB LA VLACB BT DBt BlfVlBONS BB «ÈBBi
' Wr P.1» «IIÉBAIILT,
«àflfalAl. IM MUSABa.
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PRÉFACE.
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' TmÈBkVti t}ë baron l?aul-Charle^François-Adrien-Henri-Dieu-
donné), ils deThlébaalt, secrélaire du grand Frédéric. En 1792, la
Firànce était attàqdèe ; lô jeune Thiébault , qui Venait de terminer ses
études en droit , s'engagea volontairement dans un des bataillons ^ue
Paris efâvoyàit aux frontières. Sa bravoure , sa capacité 1q firent dis-
lîKigtiek'; i1 edf l^honneur de parcourir tous les grades , et chacun d'eux
fat la récompense d^une action d'éclat , de blessures ou de services im-
portais. Tow-à-tour sergent y lieutenant , capitaine , nous le voyqns
aox armées de la Moselle, des Ârdennes, du Rhin ^ du Nord et d'Italie.
Cbéf de bataillori après la bataille de Rivoli, nommé adjudant-«énéral
, • • •
sur le champ de bataille de Cipoué , il rejoint ensuite le généra] en chef
Méseèttûk tSénes. En iSOd, promu au grade de général de brigade,
encore sur te <5hkmp de bataille; membre de la Légion-d'Honneur â la
cfAatiofi dé Pordrë, puis commandant, il fait avec la mém^ distinction
\m campM^e^ dTAnâterlitz et d'Iéna. Gouverneur du pays de Fulde,
^ hâbitans hii offirirenl tine épêe d'honneur en témoi^ag^ de leur
rwofiiiliisMtiice ; Thiébauit avait administré paternellement leur payi*
759 niFÀGt.
Après la paii de Tilsitt , tiomtnè chef d'ëtat-inajor du corps qui marche
sur Lisbonne; en 1808, général de division, gouverneur de la Biscaye
\ A de la Vieille-Castille , il fit bénir son administration. N'oublions pas
la particularité suivante : le général Thiébault , dans les mains duqud
I l'épéeet la plume étaient également bien placées^ écrivit T histoire do
rUniversité de Satamanque, qui, pour lui témoigner sa gratitude, lui
oonfera te doctorat ; cet ouvrage manquait ; les Espagnols Font tra-
duit et adopté; certes il est piquant de voir réunis sur la même tète
le bonnet de grenadier et celui de docteur. A Salamanque , les habi-
tans donnèrent le nom de Thiébault à la belle place que le générai
fit établir au centre de la ville. A Aldça de Poute, à la tête de trois
mille hommes, il soutint pendant trois jours de glorieux combats con-
tre Tarriére-garde de Wellingtou , forte de quinze mille hommes. En
1813, de retour à Tarmée d'Allemagne, il fut nommé gouverneur de
Lubeck, puis commandant supérieur de Hambourg* U servit la France
jttsqu^au dernier moment, car, en 1815, il commandait woote au
pont de Charenton. En 1818» Thiébault fut Tun des huit lieutenans-
généraux d'état-major et président de la commission chargée de r6-
diger les programmes des cours de l'Ecole d'application , car il est
telle direction élevée dont le prétendu zèle ne saurait se charger, et
pour laquelle force est bien de recourir aux capacités, lliiébaidt a Mè
suivi dans sa retraite par l'estime et la sympathie du pays ; sa carrière
a été glorieusement remplie; peu d'états de services peuvent être com-
parés aux »ens; c'est par ses talens, par son courage que de la position
de soldat il s'éleva aux premiers grades. Le général Thiébault est Ym
de nos écrivains militaires les plus distingués; sa place est marquée
auprès des Mathieu Dumas, des Suchet, Davoust, Lamarque et de
tant d'autres officiers, houneur de nos armées, également recommaa-
dàbles par leurs faits d'armes, leurs combinaisons du champ de bar*
taille et par leurs travaux dans le cabinet; réponse concluante aux
vaines allégations de ceux qui , vainciui nar nos armes et par le Wfh
ntria. 768
rag9iiiti^gMi46 fios chefe, s'eSbrçaieiit de rabaisser les hautes com-
bmaisoDs àB la tactique et de la stratégie & la force brutale du euue-
tenre moBuloMBi.
Les principaux ouvrages militaires du général Thiébault, sont :
1* Mmml été Mjwirmê Qénirmm H ém MIoMê m^ph§é$imi»Uê EnOê-Uai^f
divigionnaireê , un TOl. ÎD-e», 1799.
2*^ Vuis iur la RéorgoÊiiêatim dn QiuKrHir$'6énér(mœ $i du EiaU^Majotê , un vol.
in-^, 48iO. ( Les principes exposés dans cet ooTrage o&l été en partie adoptés
lom ée la deraiére oifanisatton du eorps royal é'étatHOMdor.)
3* /ovrMl à$» Op^rmikmê ém SMjff $$ dm Bheuê d$ tUnm (déelaré clapsique p«r
Carnet), un vol. iii-4*.
4^ Mamiêl général dm arvia deê BlaU^Mai^ri fénêramm «1 démitUmmairu dami 1$$
arméetf un vol. in-8*» 1813.
5» B0laii^dirE9pédUimdêPùriagalmiWIHim»^
6* JÀUrêd^nm O0i€i9f fnmfai» à kfd WMm§$iim, mmrêêitim dênUèm eampagmm,
«815.
Eo parlant du Journal des opérations du siège et du blocus de Gè-
nes, Camot a dit : L^ Journal de la défense de Géne$ doit êbre lu en
entier par le$ militairee appelés à défendre les places^ eùimne une
source d^instmetions précieuses H comme un modèle de constance et
dHntttépiati. La seconde édition de cet excellent ouvrage est entière-
.rnent èpiiisAe. Le gteéral Thiébault , et nous aimons à l'en remercier
.comÉied'ua nouveau service qu'il rend ATarmée, a iHen voulu non
seulement nous permettre de le reproduire en extrait, mais encore
noue eonwiuniqtter le paragraphe suivant qui sera placé en tète de la
trosiène édîtioB qu'il pr^are. Ce fragment fera comprendre fin
AiMOce:que kt drosse héroïque de Gènes , défense prolongée au prix
dw plus aAreuses privations et d'un courage qui résista même A la
•faiiA ,' ow^çasur f événement de la bataille de Marengo qui avait rendu
41tftlie ArlA Fcanoe. Nous forons seulement remarquer que le général
Tbiébaub s'est attaché à &ire ressortir les services de ses camarades
ie*loiia gfades, tsidis que par une modestie qui sera dignement e^
Dans rëditioD nouyelle que nous anaonçons, et 4111. MiMWI* 4e
faire çlu JoiiirnaV4» 8^^ et 4h ^qç»^ (|{| Çlôqes W fl«YWift * !♦'<»»
historique, didactique et classique, ouvrage dont la place est marquée
dans toutes les btbllolBèqlles mflltdlrôs, lô général Thiëbautt, après
ivoir consacré qne partie de son iatfodpctioa i çoo^^er ce^ éYène-
,WPRt ^ve,ç le? siégps çt WPSW-te» film célèhren^e Vhi*|»ira«ideime
et moderne 9 $oii& les rap^ito de \a gihiatîsa rit|padÎ¥6 éet troupes
^■vank te siège et le Moei]9/«te la duiée ete ftm et de Patitre, de la
disproportion des forces , des moyens et dé facbarnement dans les
combats , de l'héroïsme de la défense et des résultats de sa {prolonga-
tion^ Ç9n4ujjte;^i}gj: .......
v «Et oapQi»4anfeëidei«eSi.{a4to4é)à^«iti«»éina»^0iy J9|^^
» rage dans les souffrances, au stoïcisme dans les privatioiiif» à larè-
.«^ ligAsOioA Mu^ oK^véïçitè^ qmminAéAé U mà^ je tMtttw|i qta'ils
.'«( dist^Qgu^ai. et ^ni>£«pV tes dtfaoseurs de GAoea auUtiit et fiai peo^
v^f^ êt^ gue h glowe des- iMFW^> qwib «a peNMttaoi aMuaft ei<fa
, D SaQ&da^kâQ9 ae pauV rieo «jouter iVlMin«w dd U ftil^tirt ^te
A ^upport^ept to$ b^bitoDs de ^frMwe^ de flagni^, d# f^Wkip,
.j^ d^Mis^^ 4a ^rus«kw, de Palniyne, daCalMt^ ii*(La BadWIe,
. l^ d'Uari^Wx «t «ttoie de PBj?i»^ asaiëg^par tteBii.IVi.4M. MiMigtind
> ou pmsa qu'ai Pa(is4:'èMie»lde&rèmtt4akit^iitoQ^Ml^
t i|ou^ 9^ justice^ à La Rooh^a, dta f99tatam «mbàtlMl foor
^ lew religion ; à Uavtem » des faabitaM dèroiié» cil piîÉe»<iM)iio
;^ «t bMâftant les Espf^gttolsk; à Calais, ie^Vnmifm iwiIwiébI kâimàâ
14 d^ lewi? soiikveraiA et voulant sauves lew mlàê' «1 iM»:iHiiM( et
t^dana les autres a^égea que je vien» dévoiler, ifMifc'èliwsV èta» faMMlei
ji^ d6(pu4^it k\w patries leur« bieoA^ iem fibsrtè^ liiii i fiiiniBw, leur
% exi^tenee et G^e^liwl46Qhafipwairp91ap^ 4V«DlMÉfiiu wmmm-
/ •
PtÊÊim. 7N
ttottf k «Mr éeikhMitial «»tiér«V qUattd oa lidngto (jMdnif c«rMoar-
iMMs ki toMil* dt» iMbltAiw^ rètiakd'iolirdtoft 4'eff»tts> failaieat
IMM» «onmaiM» imn tesr iroiqpei , tes titcitainft , lés «oulMioleDt par
IM «vri^Mrto d'MI toM iMavhM, ë*liD itttértt tmMNMe el cnmomD ,
#ttM AniMi» ^ tMait de ^ MalsMy el >lii mforçueM ea com-
battant avec elles, on conçoit que l'on se soit xMuit 4 maa^ar-ides
iMMMifiiÉnmidMy de rheilM, dÉ:via«x:oQir») el D^^
lintnliiM,«Oiiill«a«d0niieriiég»deMr^.eb) •nténwraaratft^ anx
dê^flk d»«inc«r« etdf MtUMileBi pv Titaa^ eti eb fiiii^ adopttv la
MMliltl4»» «omiMOitagnal to fità Alak } et l'on fiqpfiqua de tndttit
le dèseepeir dea SyrAciMi«(s «tdaa Irait cents traanfiiges' de Carthafle^
tes MuiMiktiflÉ M tuant «uk-iBènM») an moment de la chut» de leur
plaee^ doute mille personnes mourant de faim i La Aochelle, et
ptMqw autant à Calai», sans parler de se rendre; les bahiUng
dikrfedi tdidani se ^^Acipttef, en masse, sm* les baïonnettes des
tatiègeaiM^ 0to,, etc. Mai» ce gué $$1 mtifm dàm PktaMrt, e'est
(|tie pour ancun de ces motifc, en défisodant une viUe étrangère, et
qui renfermait soixante -"quinse mille habitans et réfugie«, qn'il
ftdlaH tfb^nrer tk cMleBip) 6q faiiaftt une i^iierre ordînaîre^ eo \u\^
liût y (Btme pArt, mnite dts iatrigoes, 4m •èduetions^ des tFahisoDs,
â p^jATM A dftiiMrftUsêf ^ rebuter et dicoomger toa troupes, à exci^
tef lee b^MltM à la rM<dtô^ «i à€ fauire, eostre une arnnto et yne
ÈaWi^i éént ta» clMfii, êmo tentes lee gwantm du drûH des sens,
offriieM) SMS ««sset IM p/M AMiardWfe randttfons^ on eût fsit,
{«f dèvooemetit fwtf sâ pstrie^ per l'efst du o«raetère d'uq seul
boDittiQ, ffmt l'hdDMvf^ enfla ^ w qui a'^atût jemaîs j^BUltô que de la
iMUff dea pAHii^ d» taMtnDe^ de la terreur^ du dàs^spoir^ et d'une
^folMlè «MDtilto^ jUftiftfte fmt IduIm lea ooasidèratMNia buoiaines;
eulàb^ùey êê eette soete ^ on ail pôilé k CMMiistaoce jusqu'A dévorer
M'qtti ne paMfssait pa» su«teptîUe à-élnmêÈigb^d$»lkwrer*$a4:s
« imglèèNmf jasqtsIkfeHba p«r hêi faMÎM M lea «pûMwee^ ua
7M P«te 4CS.
» nombre éffiraiant de citoyens el de soldais , c'estp-àntire plus de
» trente mille^ et que, {lar Texcès du besoin^ Ton ea spk ïenu k
)/ oette épouvantable eztrémiléy dont on ne oonsacre ici le souTeqir
«, qu'avec un sentiment màlè d'honreor et de pitié > je veux dire de
» manger de la chair humaine ^ ttim que oela est arriva sur plusieurs
» champs de bataille.
» Enfin, sous le rapport des résultats, la censtaiice et la bramure
» des Syracusiens, sous Harmocrate« d^vrèrenl leur patrie} et l'qii-
» niâtre défense de Spolette et autres petites places de l'Itdie» retarda
s l'exécution des projets d'Aonibal centre les Romains et sauva Bomoi
» peut-être ; la valeur des Parisiens les préserva du joug des Nor*
» mands; deux fois , et sous les ordres d'Huniade, les babitans de Bet-
9 grade, en conservant leur ville,, arrêtèrent les ravagesd'Âmuratet de
» Mahomet H, et couvrirent l'Europe; la délénse de Marseille débar*
» rassa la France d'une des armées de Charlest-Quint; et LaQdreeies
H fut recueil de sa fortune; la prise d'Ostende coûta quaitre-vingt-dix
0 mille hommes aux assiégeaus, et le siège de Candie immortalisa
» Gorsini. Qu'ajouterai-je?... De nos jours, la durée des sièges de
» Lille, de Thionville et de Landau, la durée des blocus deMaubeuge,
» concoururent puissamment à couvrir nos frontières, à arrêter l'eft-
9 nerni , et à donner à nos armées le temps de se remettre et de se
» réorganiser, et la défense de Mayence, tout en conservant sa garoi*-
» son à la France, détruisit, pour ainsi dire, une armée tout entière
i> à rAulriche; et cependant la durée de la défense de Gènes eut des
» conséquences plus importantes, puisqu'elle força l'ennemi à se mof-
> celer, qu'elle commença la ruine et la défaite d'une des plus belles
» armées que P Autriche ait mises en campagne; qu'elle la oontraigoit
>i à des sacrifices que l'occupation même de cette ville ne pouvait plus
» compulser, et qui furent irréparables; qu'elle fiacifita l'entrée de
» l'Italie à l'armée de réserve, et qu'elle rendit Ui victoire de Mareogo
» possible; et que d'autant plus glorieuse iia'elle résuttaH4e phis tfef*
PAtTAGB. m
» forts et fut plus importante j cette défense forma le premier anneau
» de cette chatne d'èvènemens surnaturels qui en 1800 , et postërieu-
» rement à cette époque, illustrèrent la France et couyrirent l'Europe
» des monuœens de sa gloire.
9 Ainsi ^ sous le rapport de la situation respective des troupes, de
» l'état de débandement dans lequel le général Masséna trouva Tar-
» mée d'Italie, du temps bien évalué, des forces , de la famine, des
» épidémies et des pertes; du nombre comme de la nature des com-
» bats, et de leur acharnement, des résolutions les plus hardies, des
» motifs les plus magnanimes, enfin des résultats, il est évident que
» le siège et le blocus de Gènes , déjouant les plus vastes projets , con-
» tribuant au succès des plus hautes conceptions, et faisant briller
» d'un nouvel éclat la gloire d'un grand capitaine, l'emportent sur tovt
» ce qu'en ce genre de guerre il esi possible de leur comparer, m
IMf|. ISI pliiTlÔM an n républicain.
AifBHÉ MÂSSËNA,
Au CITOYEN Paul Thiébault, général de brigade
Je vous renvoie ci-joint, citoyen général, le manuscrit d'après lequel
doit se faire la seconde édition du Journal du Siège et du Blocus de
Gènes.
Je Tai lu avec toute l'attention que mérite un ouvrage destiné à
consacrer un événement que le zèle et le dévouement de tant de braves
rendraient mémorable, quand même les circonstances eussent été
différentes.
Il est impossible d'être plus exact dans les détails, plus rigoureuse-
ment vrai dans les raisonnemens , et plus juste dans les conséquences
que vous ne Têtes.
Je ne vous parlerai pas de ce que votre amitié vous a dicté relative-
ment à moi; mais je ne puis manquer de vous témoigner combien j'ai
aimé à remarquer le soin particulier avec lequel vous vous êtes plu à
rendre justice aux corps qui ont défendu Gênes , et aux chefs de tous
grades sous les ordres desquels ils ont combattu durant cette é[)oque
si pénible et si glorieuse pour eux tous.
Je vous assure de mon estime et de mon attachement.
AIabséna.
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COUP^D'OEIL
LA. SITUATION M L'ARMÉE D'ITAUE,
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LB MOWSUT 017 LB GBMBBAL MA8SB9A BU A PBlI LB COMMA|IDpMBKT ,
JUIQU'aV BLOCUf DB CÉBBa.
La lOle de fiéaes, sîtaée f^uf le bord
de ta mer^ est hàtîe en amphilbéAtre,
furie peBehanid^mie montagne, donl
ta baie ocoupe une étendue d'environ
quatre milles d'Italie, et qui aépace ta
Ugorie en de» periiesà peu firèa éga-
ta8. Btle est entre tasiorrenade ta Pot-
cevera et du BiaagUQ, qui donnent en
dcMvent lenranomaà deux valléea à pen
prèapacaUètaa^ par leaqeeltas on arrive
à ta baitfe crAte des Af>eniHna<
Cette viUe est fermée par deux en->
ceintes de fertiilcations; l'une, inté-
rieiire« oooupe ta moitié de la menta-
gne sor le penchant de laquelle G6nes
est bMie; et l'autre, eitérieure, ren-
ferme ta totalité de ta montagne, et
forme un an^ exact, dont la mer est
ta base. Les deux cMés de ce. môme
triangle s'élèvent sur des escarpeqiens
qui regardent les deox vaUées, et far*
ment un angjie aigu, sur la sommité de
ta montagne ; l'ouvrage* qui ta couvre
se nomme TEperon , à cause de ta fi-
gure que forme l'eusembta de cette
doiibta enceinte» IL part de luette somn
mtté mm oréte jcn dos .d!ène, qni dé-
veiie par des èscarpemens. tvès ditt-
eitaa«.sttués à sa droite et à «a gaucbei
•nr les denx.toTrees.JPu rM& opposé
icetad par lequel ^le, tient k ta ^îlle,
elle déverse sur uneespèf:ede'Coi par
lequel se (ait la comaïunitation des
deux vallées de ta Poleevera et du Bi^
sagtto. Cest entre l*£peron et ce col
que se trouve ta poaitîen des Ueni^
Flores, c'est-à-dire deux pointes qni
coupent cette oréte et ta tbmmatideDt,
et le Meot-^isoié. sur foquel est bèti 4e
fart Diamant. Au^ta de ce eel , la
crête lecônmienee et se prolonge eu
s'élevnnC jusqu'à ta sommité* des A4Mn-
nins* C*est sur la gaucba du Bisiigne
que se trouvent les forts deQoemi ^ de
Sainle-Técle el de Rieheliett, qui dé-
fendent les approebes de ta Medona»
del-Monie et>d'Alban>.
Le terraio, sur lequel les foitfSea^
tiens de <iénes se trouvent traeéea» a
été parfaitement saisi i les' ftanca et les
vues y sont mullipliéB avec une
naissance exacte des sites biaarraa
l'environilént. Le refeipart^t d'i
largeur ^urodigteuse, ce qui toren
ceptibta de toutes les sottes d'envrogaa
qui peuvent ajouter à la défense.
* Le MocttS de Génea est, par son in^
poitanee et par tes cifoonataneea qui
l'ont accompagné, l'oie des opérations
lés plus faites pour însphor nn vif* in^
térèt aux militaires et à touotae FfOlf-
çais, et pour tenîrnne ptaeedistingiiée
ïiS
ôS0f^ii*SltL
dans l'histoire de cette aoavelle guerre
de b révolution.
Afin qu'il ne reste aucâh dditlté k cet
igard , il suflBt de se rappeler c|ue Gè-
nes ( la seule place importante qui , efi
1800 , nous restât en Italie) se trouvait
en mèm te*ifi l^bjet |4 r»iiliitio»
de la maison d*Autridie, et de la sol-
licitude de la République française;
que Gênés, défende paf Une fbipiéé
de soldats débiles, composUftt, après
les désastres de la dernière campagne ,
les débris de l'armée d'ItaUe, fiil«Hi«
qnée par une armée fraîche, victo-
rieuse et quintuple de la nètre ; que la
ffise de Gènes avait paru si importante
à l'emperaur d'Àutridie, que c^est à
VièBM qut a'êrtètfe le plan de eeUe
attaque, diM toqudie on mit à profil
soi maui piéiciii et pissés, notre dé^
•fenainlf notre niairei et tous leadé*
atvMtâgn de no^ position niyMre i
flt qni It eoalUiM en tièM lembhit »f oir
«n qittlque sorWi attaahé rhonnlHi# dé
la funipÉgne, «u du Moioa de son éé»
IM^ à rodiupalien de eette i^aéé.
VaiUMra toiil dsrail d'antanl plus éfi^
denHent faire délirer eui puisaanees
de la cealHieli de eonquèrir fièÉiei«et à
ta VKaMe de la eeesenr«'« qœ Peilipe^
reur parvenant à ne«a l'enfever ^ se tfftii^
v«it iMltre de ritalle entière , poetait
ëifJHf de f epwndre ses prainièrei p»-
iitiaiia wiêé les ÀlpM-liarttimetf aùi*^
•uiBMv Mt i^ee la févnion de
iMiMr tOÊL eff^rli qm
WÉè peorffMpMrede cecètd, m en^
MfesbraePMiarfliéeAiiMiln jelfHd
Mevtf'Seafaawfei^ewaflMMPeeeefieiiesi
nous iMBieÉa une diiwiioli peiniiitf^
fsà ne pMivaK OMM^ilef de fiilMider,
#li»eiuMlèpe Immise, |ei epèntleii
8e eee aiMoes eees w setsfe^ eai wêêêê
'
*--
MeM taèépin leniieet de mi ooii^
sidérations majeures, et wmà
fMTtef f4P Heotages conuBCfcian qM
Geties 0fo<Àre, de quelle ImportiBn
militaire n'est pas, pour l'armée qri
doit foire la guerre dans le Piénaet,
cette place qui offre en même tenp
les magasins, et un point d'appvi ial-
nimeqt respectable? De ^oudle impor-
tance n'est-^lle pas pour le oonunem
et là sAfété de la Corse et dn midi de
la France?
tmà fuldenc mis en usage par l'en-
nemi pour s'assurer de cette oonqoèle,*
qu'il entreprit avec tous les avantagei
possibles. Sidvèns ta èlrtt êUÊmlHà
des faMs qd cetopdWbt eel IMI#
4M, et veyeiia eeMbled te fitta H*
suppléer aoi reÉ^ureesi et ta tMtf
ati nenriiret
Mais tvant dé émÊMÈ&U ta ÉÊm
tleA des flilta parttmfiWinuiêinwiaM
«I MoœSi )etMis toi ydtt tir ta M»
MâMéM «tr pril iè MaMtttMMMf
tout préMgMrtt VMf «M tfliiVMÉi
dèsastMe^ el ee inet , #9 4fÊi8ÊçfÊl§ wtt
que r on penèl les NlglMi, 8fe M 1»'
eelifMtt <tue dii prtÉéipM 4é détNp
Biiition el dif mtali
Oéntlée de tous iéëMr^, oèftaf^Ml»
keuMttièiMiéef'difis H iiMbiii lifHi
^MN^Rwee, oCfteiMM rnirer le infla w
Hilel, lÉllgaïuieiffâ el' QèflgUHI^ MV*
inei uv nos, cieeourvgce es uMitnBr, vs
KMdata dé MttlMihMI j^ èfW i(WM
Spcoirvs» EÂÊw rcpuiea esaieDC eevwMS
dèliloâ#Étiiëld«è«<iafll»; ellta
hMJfltlIi qitf pftl^^èèîéAf i §ê
fuK^ ott kèpMI, y dWéif
psn^nif MBa 19 piu ro^^n amBe^ra, sue
IWi M ttâÊtrét (4b««ÉMt II W,
SUE LA SlTDATiOtl M L'aAMÉE D*1TALIB.
M
tf^t béAUeM|> d*hdpltatii, on n'enter-
rnll phi^ que très tard ), une mort pins
pMnpte, plue <Mruelle et plufl certaine
<pié àM% hM ektnpft nahains et sur iet
Mtltèt ({iilla quittaient.
MnaTamiée, toutes lea parties de
êisrAèè pfê^ntaienl d'aussi déplon^
bto« résuRats t partout la misère la plut
cruelle faisall les ratages les plus af«-
9hÊM\ éi emnant y ramédierf tout
élitl irtds, tes magasina et les caisses;
fois Ma «ft>rts saeoassib dea différons
ihofhi do Mtte armée o'afàient servi
4É*I yaonvir leor inutilité, toutes las
pttUlques et ptHrées étaient
toutes lea espérances étaient
lUiOiles; otràrméo, dans eet état pi^
ItfiMi, se consumait a? ee vue rapî-
el>ayawle, par lei épidéoiiea.
IH déaertloiia, la faim» et las mala»
Ul quelles p#aduiaalent, tnlévaieDt
lit trois à quatre coula houH
àl*miiée, et il étall à craimbo que
cUMiUiearéuwItsno parfiossmtafant
peu à la dissoudre entièrement.
• BesiupuU da natte natiira, portés à
eu iapi, et auiqueb le gouvaroMiattt
BtrwtOflal» uiMgré ita promesses sans
MM «éfM«éua4 n'avait uppUqué depuis
fegpinfula auBUu remède oncace, n'e--
nuleut ptt naauquor d*en predkure tou'*
)MM do uoiveen; ul o^esl par leur
eeuteuta que /eflillUett cliaque jour
rentière dissolution du FanUée. Tout
«i^UBonéa Ihyattcua eoulvées Uvrées au
^iuaiipoivvUD cberchaM à éahappar a la
aeoM/qui ^ tous eAtéa | peraissait
euuais figura la pha bi*auiu> guiteiaii
quu^ sens fli^iu usage de ses ennea,
mâioBBi noua til« dane le rivière de
Oluea, puiFJiâ deue un aeul hîvor(le
fi» désusHuui dent loi euualea du la
|uem puissesil faire moutiett ) près de
iMBla UrfHecomliellans. La soUe était
Mllréu *a einq , aix et sept umis.
M éM pourtant Tétat épouvanlu-
bie de cette armée, lorsque le général
Masséna, par le dévoueuient le plus gé^
néreut , quittant une armée victorieuse
et dans Taboodance, en accepta le
commandement.
Le général en ebaf , de son c6té« M
exécuter avec tant de rigueur Tordre
qui praacrivait à tous les Italiens réfor-
giésde se rendre à Dijon i qu'il débar ^
raasa Gènes d*HU gr^'od nombre de boo^
ehes inutiles.
La faim que nos soldats éprouvaient
était teBe, qu'ils MOgeaieot toutes le»
radnea et les herbes qu'Us pouvaient
découvrir sur lei rocbers arides qu'ils
défendaient : a'est ainsi que toute um
compagnie de la W^* de Ugne sempoi-^
sonna en mengeani ud9 9Qupu 4â ci-
guoi A la fin, loi bounMidr corvée 4ff
corpa «u peu éloigié«4u Gèaefi n><^
voient pins le forae de vew 4ux dis-
tributieus.
Cette mlièN gépéiul^t oaiUl WR^^?
Iwnsion oaoliuueVe du di«eUo é^em
eeeeMMles^ Tout contoaiieit les ioteik
tiens du général em ak^fr etmnutait
aeneffarta* Su eQMi toul «»«iub)^t se
réunir contre lui i la uéglîgance 4ui
unSf la mauvaise foi des uufar#s, Yî^t
capàailé, le défaut de nioyeiia« et iei
venta qui , peudaul ptail4e quatre mois
I (dicouatauce quî u*étei| jaipais arrir
iét), reatèrauA coustauipientGQutcairea
à l'arrivage dea convoie v^n^nt. 4e
Frenouè fièoea^ U« djeui Ul ln^hom-
nset paraiaseiea*oen|urési peur èmm
la parti do l'enuiu, et du la Miurîe,
00 pour prépereff, ^ le difficulté du
anooèa^ fa gMru hitto britliote m ce^
hii qui , eudgré tant d'oheteeka, pus-
viendrait à on réaidtat lieurem(^
Meia que foui nui maw préaeus «t
uffgeua dee remèdes qui uu pui»veut
agir que dans le suite? Aumi,tuut^
espéraul uu avenir plus taeypeux , lis
j embarras se multipliaient totyours* et ^
COCP-UUHI.
respoJr alors fondé de tes voir sous peu
terarinés, était pow le général en chef
un soulagement d'autant plus faible ,
que toutiiiiTer s'était passé en raines
espérances et en une attente inutile ;
qu'il était arrivé au moment où les dé-
bouchés des Alpes étaient devenus pra-
ticables; qu'il savait que Tennemî se
préparait à rentrer en eampagne, com^
mençait à se rassembler, manœuvrait
sur toute sa ligne, et déjà serrait les
avant-postes de Tannée française ; qu'il
ne pouvait se dissinraler que ses trou«
pes n'étaient pas en état de faire la
guerre, et qu'il voyait leur décourage*
ment augmenter chaque jour, avec le
prolongement de leurs maux. En effet,
l'ennemi s'était renforcé et reMt, pen-
dant qu'en Italie l'armée française avait
continué à se fondre et à s'anéantir.
On ne peut disconvenir que l'entrée
en campagne du général de Mêlas ne
soit digne des plus grands éloges, et ne
mérite d'être citée, par les mesures au
moyen desqueHes il ca^ha les forces
qu'il avait en Italie.
Toute cette armée autrichienne, tê^
surée par notre état et notre faiblesse ,
S'était bornée, pendant t'hiver, à nous
ftiire observer par un simple cordon ,
et avait été répartie dans toutes les
places du Piémont , de la Lombardie,
'du pays de Yenise, du Bolonais, de la
Marche d'AncAne et de la Toscane.
Ainsi divisée, eHe avait en effet paru
fiible partout; mais die avait reçu fii-
dlement tout ce qui avait pu être né-
cessaire à so» entière restauration. Les
recrues et les renforts qu'elle s'était pn>-
curés pendant son long repos, répar-
tis d'après le même systètre, n'avaient
presque pas été sperçus >es rapports,
de qudque cêté qu'ils aient été reçus,
hvaient Mt mention de si peu de trou-
'pes, que l'on regardait généralement
cette armée comuM* ir^^ M^ d'.ivoîr
réparé les pertes de la dernlèrocanipa-
gne, d'autant plus que l'on avait ré-
pandu et accrédité le bmit que les ma-
ladies l'avaient oonsidérabiemeBt ré-
duite. Enfin l'on croyait encore qu'elle
rentrerait tard en campagne, ou méflae
que l'on pourrait la prévenir, lorsque
déjà les corps qui la composaient mar-
chaient pour se rassembler.
Quand, par ce mouvement spon-
tané, on vit toutes les villes fournir
tont-èK^oup de nombreux bataiBoiis à
l'armée active, et M. de Mêlas réanir
en pea de jours àix mille houunes ea
avant de Bobbîo« sept nûHe en avant de
Tortone, trente^sinq miHe à Aeqm et
Alexandrie, et nous attaquer avec des
forces aussi respectables , en faMssnt
encore dans le Piémont tente sa esva-
lerie, une artillerie superbe, et vingt
mille hommes d'infénterie J'étonne-
ment fut oniveisel, et l'on ne pat
s'empêcher d'admirer le seeret de eei
préparatifli, et la prédsim^de l'exéco-
tion.
Mais un rapprochement qii , sans
doute, n'échappera pas à l'hiskure.
c'est que deux mois et dix jours après,
M. de Mêlas a été battu par l'effet d'ane
luse en partie sembhèie à celle qa'ii
venait d'employer, et bien plus éton-
nante par la hardiesse de sa concqh
tion , et par les difBcullés que son eié*
eution présentait.
De ces fisits découlait ^ioe consé-
quence accablante : c'est qua, forcée
dans ses positions, l'armée n'avait ea
grande partie que Gênes peur retnaie,
et Oêties n'était pas approvisionnée ;
Savone mêUMs n'avait pu l'être. D'an
cêté, le gouvervKDBent ligurien décla-
rait ne pouvoir phis concourir à novr*
rir les troupes; et pour surcroit de
douleurs, les mdadies costinoiient
leurs ravages; et pour comble d'em-
barras, l'argent, si néœsaatfe dansunf
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4^ » • • <■
i^ mT'^ >*4^>i- • â *^
50K LA MitATlON i>E l'aRMÉÈ D^ITÀlIB.
706
armée où tout abonde, manquait ab-
solument dans celle-ci , où to4 mash
quait avec lui. La poste dès cour-
riers , et des officiers de tout grade ,
portait sans cesse ces afflîgeans détails
au premier consul ; mais la position de
Tarmée était telle^ qu'elle nç pouvait
être seoovue où ^e '^tait C'ast une
vérité que le gouvernement n'avait pas
pu avouer, mais qu'il est facile d'éta-
blir; et en eCfet, il lui aurait faHù, à
cette armée, des sommes énormes pour
changer sa situation ; et de moindres
dépenses pouvaient créer une armée
tout entière. Il lui aurait fallu en in-
fanterie d'immenses renforts : or, les
troupps ne pouvaient y arriver qu'a-
près une marché aussi longue que fa-
tigante, et il n'y avait pas même dans
la Ligifrie de quoi nourrir et solder le
peu de troupes qui y étaient. Il lui au-
rait fallu de la cavalerie, et fon n'avait
pas même le fourrage nécessaire pour
faire vivre le petit nombre de chevaux
des généraux employés dans l'armée.
Il lui aurait feliu de Tartillerie, et il n'y
avait pas de route pour l'amener, pas
de chevaux pour la conduire, et pas de
fourrages pour nourrir les chevaux. La
mer, le seul moyen de nous procurer
dea secours, appartenait aux Anglais.
Quant au général Masséna, qui ne
pouvait penser que l'armée de réserve
fût en mesure de secourir l'armée d'Ita-
Ke,iletttladouleurdesevoirbloquédans
le moment où la pénurie et la misère
étaient à leur plus haut degré ; dans le
moment où l'armée, sans fournisseurs,
et après avoir épuisé une grande par-
tie des ressources locales, n'avait pas
dans ses noagasins pour vingt-qualre
heures ^ poin ; et où , pour comble de
malheur, il attendait à l'aile droite
trois demi-brigades et trois régimens
de cavalerie, et où il savait deux mil*
lions arrivés à Nice, et les dix - huit
miUe quintaux de blé eipédiés de Mar-
sei^ pomt Cènes^ par la cempagnie
Guyot.
Mais nu 15 germinal , l'ennemi qui ,
par son attaque, ne nous laissa pas le
temps de recevoir de secours, détruisit
à la fols toutes nos espérances d'ar-
gent, de vivres et de renforts. Aussi,
comme nous n'étions point en mesure,
et qu'il n'y avait aucun équilil»'e de
forces ni de moyens entre nous et lui ,
nous ne pouvions rien opposer au choc
de ses masses; nous ne pouvions lui
faire, avec quelqu'avantage , qu'une
guerre telle que, par le résultat dès
mouvemens, nous parvinssions à le di-
viser, afin de nous porter réunis sur
ses parties éparses. C'est d'après toutes
ces données, que s'étant principale-
ment dirigé sur Vado et sur Savone,
il s'empara de la première de ces deux
places dès le second jour de l'attaque,
et isola par ce mouvement l'aile droite
de l'armée. Cette dernière, seule, dé-
fendit Gênes contre tous les efforts des
coalisés. Gênes était le but connu dea
tentatives de l'ennemi. Ce journal ne
comprendra donc en détail que lés
opérations de cette aile, qui sont, par
cette raison , ce qu'il y a de plus inté-
ressant dans le rôle que ces débris de
l'ancienne armée d'Italie furent appe-
lés à remplir au commencement de
cette nouvelle campagne.
n
JOURRAL
wm
OPÉRATIONS MILITAIRES
DU 3l|:Gfi ET DU BLOCUS DE GÊNES.
l qotW^ «V90 1q resU) dd Varaée; oe
Aa IQi gefikitDai » jour de la reprise ] ^ d«vwaU mèoM ebaque jaur d'M-
des hostilités , l'aUe droite de rari^ae
d'Italie, aux ordres dq Ueutenap^ d'ar-
mée, le générât Soullc, formait trois
divisions.
Ijd tableau qui se troute & la fin de
ce volume, sous le n* 1 , indique Tem-
placenient et la força de cette aile.
£lle était cQinposée de quinze mille
trois ceqt vingt ^QiUDies, desquels dé-
falquant un cinquième, qui est au moins
ce en quoi les états de situation diffè-
rent du nombre des combattans , Ton
verra Vélite de tout ce qui restait de
Varmée d'Italie^ à peu près douie mille
tiommes.
Telle était la situation militaire de cette
aile de Tarinée, losrque la campagne
«'ouvrit. S^a ligne qui , sans compter (a
jnarine, avait plus de soixante milles d'é-
tendue, ré(ai( beaucoup trop sans doute
pour le nombre des hommes qui pou-
vaient être employés à sa défense. Elle
ne pouvait néanmoins être resserrée :
il fallait nécessairement garder les cA-
tes pour prévenir le débarquement et
prctféger les arrivages, occuper tous les
débouchés, et conserver, autant qu'il
lapt plua important « que les nsienn
btemeqs, laa mouvemens et les reooiH
Miasancei que , depuis ptas de dii
jours, l'ennemi faisait sur tout uoUt
front, et les magasins i;onsidéreUai
qu'il avait formés en plusieurs poioU
différens de sa ligue, se pouvaient
permettre de douter d'uM itiifse
nrochaine et générale. Il était doK
indispensable de l'observer de |iès «i
sur tous les points, et de suppléer a k
faiblesse des moyens par tout oa qui
pouvaient la valeur, l'afitivîté, et Vn--
périeuce la plus éclairée«
Aussi les instructions les plus pié-
cises et les mieux détaUléea avahea^
elles été données par le général «o
chef à ses lieutenans. £U#s a'acco^*
daient toutea k recommander de mi-
vre1e système des massMftft (Wréa-
nir d'après cela chaque ditisioa aai
premières tentatives de renneroi, ce
parti étant le seul qui pût diminuer les
risques de notre position , qui nous ré-
duisait à n'avoir sur les différens poiuU
de notre ligne qu'une apparence de
forces : enfin Gènes, le but connu def
i»
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i'
768
JOUENAL DES OPERATIONS MILITAIRES
projets de la coalition , avait de même
été indiquée pour le point de retraite
des trois divisions de l'aile droite.
Nous étions ainsi dans l'attente de
l'explosion , lorsque le 16, l'apparition
de toute la flotte anglaise fut le signal
des attaques, qui en effet commencè-
rent le même jour : savoir à Recco que
nous évacuâmes le matin , mais où nous
rentrâmes le soir ; à Borgo-di-Fornari,
où l'ennemi voulut couper la ligne de
nos troupes, et où le général Poînsot le
repoussa en lui faisant quatre-vingt-
quatre prisonniers ; et sur les hauteurs
qui se trouvent à la gauche de Cadi-
bona (1), où nous conservâmes, par
une résistance opiniâtre , toutes nos
positions.
16 Germinal.
Le 16 germinal l'attaque fut géné-
rale. Afln d'en présenter les principa-
les circonstances, suivons-la de la droite
à la gauche, c'est-à-dire depuis Recco
jusqu'à Vado.
Elle eut lieu sur les troupes de la
première division par un corps de dix
mille Autrichiens, rassemblé en avant
de Bobbio, auquel s'étaient joints tous
(1) Il y a trois prinripaui débouchés, qui,
dans la rivière du Ponent, versent du Piémont
à la mer. Ces débouchés, tous praticables pour
l'artillerie, sont le Col de Tende, Cndibona et
la Bochetia. En choisissant le premier, les Au-
trichiens réunissaient presque toute l'armée d'I-
talie sur leur derrière, manquaient un de» pre-
miers buts qu'ils devaient avoir (celui de la di-
viser), nralUpliaient les obstacles, cl augmen-
taient leurs risques. En s'avancent par la Bo-
chetta, ils réunissaient toute Tarmée française
lurleur front, et ne tiraient aucun parti des
avanUges de leor position militaire.
Cadlbona nuI leur présentait prosqM tons les
avantages réunis sans incon\éniens. En s'aven-
ir çant par là. Ils coupaient noire ligne, bloquaient
Savonne qui éuit sans vivres, se liaient à la
flotte anjïlni^e par la rade de Vado
les révoltés de Fontana-Buooa, et qui,
soiis les ordres du lieutenant-générd
Baron Otto , i^lalt destiné à se porter
sur Gènes.
«
Monte <Cornua fut de ce oAté le
point de la principale attaque. L'en-
nemi , après avoir forcé Panesy, Saiat^
Alberto et Bargaglio, y arriva sur trois
fortes colonnes, et par un mouvement
rapide, contraignit la 7i', qui défen-
dait cette position, à Tabandonner.
Cettii demi-brigade se retira, partie
sur Nervi y partie sur le Honte-Facdo,
où la 106« se porta pour la soutenir.
Dans raprès-dtner, cette dernière po-
sition fut encore enlevée, malgré tout
ce que, dans différens combats (aax-^
quels la nuit seule mit fin ), le généni
de brigade Darnaud et ses troupes aient
pu faire successivement poiu* la con-
server et la reprendre.
Malgré ces avantages, l'ennemi eat
cent prisonniers de faits dans cette
affaire, où il ne nous en fit point (1).
Nos troupes près d'être reployées de
llecco, de Nervi et même de Bogliasco,
prirent cependant position de manière
à couvrir Gènes, et à ne pas abandon-
ner Quinto, qui nous resta.
A Torriglia et Scoffera, Tattaqne
de cette rivière où les vaisseaui poissent sftre-
meni mouiller) ; forçaient l'aile droite à faire,
pour les attaquer, des mouvemens eilrémemeai
difficiles, pénibles et dangereux; et enfla ils
trouvaient, contre ses eflbrts et ceux du cealrr,
d'inexpugnables positions sur les bauteuisée
Saint-4acqucs, de Monle-Notte, etc. Hais U
lenteur des mouvemens de l'armée antrichieoBe
annula pour elle la majorité des elTels qu'clb
devait attendre de ton état, du nette, et de la
bonté des plans arrêtée pour la eampagne.
(1) Le cbef de balaUlon du Peliet, de la 100*,
y fut blessé de cinq coups de ton.
Parmi les braves qui eurent encore oeeMJoa
de se disUnguer dans ceUe journée, e général
Miulis nomma avec éloge le citoyen Guinnoat,
lieulenant des grenadiers de la St« de ligne.
DU
1 1
SIKGB BT DU BLOCUS DB ûéNBS.
7(S9
avait aussi été 1res vive. Le général
de brigade Petitot , qai y commandait,
s'y était défendu avec toute rinlelli-
gence possible; mais le Monte-Faccio
ayant été emporté, sa brigade, forte de
mille combattans seulement, se trou-
▼ant compromise, il fut contraint d'o-
pérer sa relnite sur Prato dans le Bl-
sagno, où le général en rhef le Ot sou-
tenir par Idildr^ qu'il tira de Gènes à cet
effet.
Le général Petitot, en donnant,
dans une des charges de Tennemi,
l'ciemplc de la plu^ grande bravoure,
fut blessé d*un coup de feu (1). Le chef
de brigade Gond , de la Si' de ligne,
le remplaça momentanément dans le
commandement de cette brigade.
La sec(mde division avait été atta-
quée avec moins d'acharnement. Après
un combat peut-être plus long qu'opi-
niâtre, les postes que nous avions à
Caiella, Savîgnone, Borgo di-Fornan.
Pianone, Castagno et Ronco, afin de
ne rien compromettre, s'éiaient reti-
rés devant des forces supérieures (2)
que l'ennemi , après avoir bloqué Gavi,
dirigeait par plusieurs roules sur la Bo-
chetta, pour attaquer cette position de
front et la tourner en même temps ; ce
qui détermina le général Gazan à faire
prendre aux 2* et 3« de ligne, posivJwi»
à Buzalla, poste flanqué par la Scri\ia
et le Monle-Jovi , et si important à
cause de Tembranchcment des routes
qui s'y croisent. Il retira aussi sur Mo-
lini les troupes qu'il avait à Voltaggio,
et en avant de cette AoûLion • et oui,
<i) La 21* de >lgDe tH dans cette araire doute
ofActers et ceoi einqua;)te sous-officiers et sol-
dats \uéû ou btesséfl.
{'i) tans ce mnuvrnnent rétrograde, nou4 per-
dîmes uu contol de Tarinr et d'eau-divvte. des-
tina i Gavr et qui fut pris près de Caruzio, par
ta cavarerie «nnemie.
(3) La ^ dqni-Urigade de li^ne, qui sa dia-
par Pianone et Castagno, aurnient pu
être enveloppées (3). Les cabanes ^e
Marcar'^lo, Rossiglione et Monte-
Calvo, attaquées cvec beaucoup de vi-
gueur, furent de même évacuées en
un instant malgré les efli rts de la 78*,
chargée de les défendre ; mais les truu
pes de cette demi-brigade reprirent
presque de suite ces positions confiées
a L> valeur (%), Cette reprise de Mon-
te-Calvo était d'auiant plus importante, i
que de celle position rennemi se liait
avec les troupes qu'il avait à SasscUo,
pouvait, en descendant sur Cog )lello,
couper toutes nos communications par
terre avec Savone , et envelopper la
troisième division.
Pendant que ces divers évènemens
avaient lieu dans la première et la se-
conde division , la troisième, comman-
dée par le général de brigade Gjrdane,
soutenait de terribl«>s combats.
Des trente mille homm* s que M. de
Mêlas avait rassemblés seulement dans
la province d*Acqui, vingt mille, sous
ses ordres, marchaient sur Savone,
par la route de Spigno, Dego, Cairo et
Altare, et nous n'avions dans cette par-
tic que trois mille combattans. Par des
prodiges de valeur, ils arrêtèrent l'en-
nemi pendant trois heures en avant
des redoutes de Torre, d'Altare et de
Monte-Notte; mais, accablés par le
nombre et toujours attaqués et chargés
par des troupes fraîches et nouvelles,
ils quittèrent, vers les dix heures du
matin , ces ouvrages pour se retirer à
Cadibona, oii ils devaient prendre po-
ff ngua par aa valenr et la préeisf on de ses mou-
vemens, flt, vers le soir» soixante prisunniers à
renneml.
(4) La rentrée de n<>s troupes dans Roasl-
glionf est entièrement due au dëvouemeiit que
montra dans cette oecaiion le troisième bal«ll-
ioodelaWdeligne.
U
770
JOUBNAL DES OPÉRATIONS MILITAIEBS
■il I ■ ■• '
sition , mais où il fût Impossible, de les
l^allier, 'Pentiemi ayant profilé de son
pren)ier succès avec tant de vitesse et
d'impétuosité, que ce village fut pres-
qu*aus8itôt enlevé qu'attaqué.
C'est dans ce moment qu'arriva le
lieutenant gér.éral Souît (par i dans la
nuit de Corneçiliano). H voit le danger
qui, d«ns le désordre où il la trouve,
menace toute cette division; et ju-
geant qu'il n'y avait qu'un coup de vi-
gueur qui pût la sauver, il cède à la
fois à un mouvement généreux et i
rimpétuosiié de son courage, il s'é-
lance au milieu des soldats, saisit un
drapeau de la 97* demi-brigade, et le
porte dans Vendroîl où les Autrichieni
faisaient les plus rapides progrès. Ce
trait d'audace, et d'un dévouement gé-
néreux, produit sur des Français un
effet digne d'eux ; les troupes se ral-
lient, rhomme intimidé devient un
brave, et l'ennemi est arrêté. L'adju-
dant-général Malhis, employé auprès
' du géfiéral Soult., est blessé dans ce
moment.
Le général Soult prend , vers une
' heure après midi, la position de Monte-
Moro. Le feu se ralentit; mais l'en-
nemi déborde bientôt la ligne des
tniupes qui lui défendaient les appro-
ches de Savone avec tant d'opiniâ-
treté. Tne dd sos colonnes, dont le
mouvement occupait le plus le général
Soult , était c«lle qui , descendant des
Ibauteurs de la Stella, se dirigeait sur
' Albissola, seul point par lequel la divi-
I
(1} En tués et Messes, la 97* perdit dans cet
difrércns conibali quinze officier!!, an nombre
dc$qur>1fl ii^tk le cftef ^ ibi'aU'.on Criwy. cl cent
80iiai>lP-elBq ^uaKtffiriprs el Sijdats.
(2y Toulf la troisième division fut rasseinbJée
}h, eic pU le deuxième ei Le Lroiaiénie batail-
lon de la 3« J^^^ére. et le druiième balaiU^o de
la 63*. Ces trol^ batalUonf , laÎMéa 4i«n« les re- i
d .utes de Montenes no, ne les quktérenl apréa >
cinq beures du soir qii'nn ttovcti d\in si- $ iiv r.l justiiU'o.
sioa pouvait se retirer rar G^nes : sa
posîtton devenait critique : le général
eût bien de suite effectué ^sa retraite;
mais^ pour jeter quelques vivrea daus
le fort àp Savane, qui n'avait l^p^i^re
approvisionné à cause de la djisette.(|e
Tarmée. il fallait gagner b nifit^ife
général Soult, frappa de. celte jaéces-
sîlé, manœuvre pour t>*;cijper l'en-
nemi : ce dernier prend le change pen-
dant deux heures; mais vers trois lieu-
res après midi^ il.mj^che sQr Monte-
Moro. Cette position se trouvant à la
fois tournée et attaquée de front , la
retraite fut ordonnée; l'eunemi nous
serra même de si près, qu'il entra avec
nos troupes dans les faubourgs de Sa-
vone. Il en fut néanmoins chassé, et
la ville nous resta pendant la nuit(l),
temps précieux, pendant lequel le gé-
néral Soult jeta dans le fort la 91* de
li|^*», forte de six cnts hommes, char-
gea le général de brigade Bujet de sa
défense, et lui donna, pour approvj-
siormemens les vivres qui devaient
être distribués le 17 à la troisième
division.
A deux heures du matin , ayant éva-
cué la ville de Savone, il se rassembla
aux Capucins [-2] et se retira de la sur
les hauteurs d'Albissota , où Tenneroi
était déjà, mais d'où il fut chassé avec
vigueur (3), par l'effet des mouvemens
au moyen desquels le général Soult se
fit jour.
Quelque succinct que soit ce taUeaa,
il suffit néanmoins pour prouver que
gtié\ eontebo ï cet efîpt : coap^ dn reste de
la division, ils se dirigèrent sur Voltry . a»rés
avoir forcé rennemi à la SifU«« ri pa ff|i<^
gnireiii la di^UioD que le i8, i Ja pûsUioadB
VarrajEgio.
(3) Ifp gén*r9\ de brigade .Gardanne/ fwna
par ses tait ns di»iiogués, ei par des rQaML<ja»-
ces militaires intmiment nrea, ijcatt apieen
dans cette Journée fanglanle à at'^paialioail
MitiÂeg ur Ml Au^GHs M eftiiw.
771-
ces coiHbili de Torre, de CadiboDa el
de Monte-Moro« qui furent soutenu^ 4
CQSïfm de bâîoDoeUes, de pierres et de
crosses « ont dû coûter beoucou^ dt.
monde de perl etd*sutre. H n'y eut ce-
pendant |M|A plmde proportion entre
le nombre des morts et des blessés 4e
Tennemi et le nombre des n6tres« qu'il
n'y en evait entre les forces respecU-
Ycs. En raison de notre faiblesse, Fen*
nemi ne poaveii Ifrer que. eur des
hommes éfiers ; ee raisoB de sa force ,
nous tirions toujours sur des masr
ses (1).
Vers deui henres après midi , peu*
dant que nos troupes noutenaiofit de
tous eMés les attaques nombreuses et
terribles, ai moyen desquelles l'en*
neni sépara l'aîte droite du centre dq
l'armée, et prépara ainsi le blocus de ,
GAnes^ une frégate anglaise approcha
de cette ville, et tira sur le quartier de
Cnrigyian (le pins populeux et le plua
pauvre), à peu près quarante coups de
canon Le but , qui était de produire
Jm soolèvefD^|it fut manqué. M peu-
ple resU tranquille, et la frégate reprit
le large vers trois heures.
17 Germinsl.
L^neml, parvenu le 16 au soir è la
tiiedeOèn«eper roccupation du Monte»
Faedo, y «vattrilamé^ pendant la nuit,
DntfAagraod nombre de feux, poor auf-
menter encon l'idée que ses premiers
soooèa avaiem donnée de aa force.
Gétie tottdalte avait poor but prines»
pal d'exdteri un aeutèvement le peu**
pie de la ville et celui de la campagne.
Ce moyen ne fht pas le seul dont Pen-
nemi fit usage dans les mémes^vues.
(I) Va ia> pflrSU w Jmir là «eiM vHigt.-Wt
baornét; dti«ii le Dombra âm bleftés fe trouva
Uth^àf baiMlliHi tMafllt.
fw)x#MlS'SIMt "M fV^nSf li ^psnle Ml^ ISSMS<"
paiilioDi ci-dctsui rapportées, et partie sur des
Par son ordre, le tocsin tat sonné en
même temps dans, toutes les valléea
qui avoisinent Gènes: de nombre»
émissaires furent envoyés dans tous
les villages; et faisant à la fois servir à
l'exécution de seadesseios, les voies de
la rigueur et ceUes de la persuasion »
ses agens furent chargés de caresser *
les uns et de menacer les autres. On fit
plus, è l'égard d'un peuple pauvre el
memntiit; ceux des hebitans qui prî* .
rent les armes furent soldés, et les au-
tres Curent imfiosés (2).
Un de res êtres vils qui trafiquent
partxwt de leur infamie, ce même Aa«
sereto, dont nous avons parié daas
l'une des notes de cet ouvrage, était
le. principal instrument de ces ma*
ncFuvres : M. le b ron d'Aspres, colo-
nel dn régiment des ehass* urs de soai
nom , commandant alors le corps* da
troupes qui nous avaitenlevé le Monte^
Faccio, était regardé par tous lesGé»
nois , comme rbomma qui en était
l'âme.
Le général en chef, trop mililaim
pour ne pas chercher è tenir campa-
gne le plus long-temps possible, et
trop poUtique à la foi< pour ne pas sen-
tir la nécessité de battre l'ennemi sona
les yeux de ces mêmes Génois quif.
avaient été témoins de ses avantagea^
résolue < avant de se livrer à jdes
opérations qui pouvaient le retenir
quelques jours loin de Gênes) de ra^
prendre la Monte Facoîo, et ari^
cette attaque pourlelandensaîn mai*
tin. La nuit Alt donnée aux disposé*»
lions, et le soleil en se levant éclaira
la marche des deux colonnes destinées
à cette entreprise,
féadsDinrafs à esl dtH par la dudieMe de Pir-
ms» li ros f'm rapporte «ai dépetitian» 4a
plMieuis etpiSQi AisUléi à Gènes pea^aat |s
oaan du aiQsai.
^ ■»
rtà
joorhal dm méeatioiis aiurAïass
f.e général Dartiaud commandait
celle de droite, compoeée de la 7fc« et
dé la iOO» de ligne , et déboucha par
Qninto.
Le général de division Miplia com-
mandait celle de gauche, composée de
deux bataUloDSde la 2B* légère, moina
leurs carabiniers (1); et marcha par Fa-
rine!
Le feu des deux colonnes, qaoicpie
parties de points très éloignés, com-
mença à quatre minutes de distance.
Cet ensemble si heureui, et si remar-
quable dans un pays de montagnes, la
valeur des troupes, qui fut supérieure
à* tous les éloges qu'on pourrait leur
donner, le dévouement desofBciers,
l'exemple des chefs, la présence du
général Masséna, tout concourut,
malgré la supériorité du nombre et
les avantages inappréciables de la po-
sition , à ramener la victoire sous nos
drapeaux {i).
L'ennemi culbuté sur le Monte-Fac-
cio , le fut de môme à Panesi , à Saint-
Alberto et à Scoffera, que successive-
ment il voulut encore défendre, et où
le général Darnaud prit position après
l'en avoir chassé. Pendant ces derpiers
mouvemens, le général Miolis oeoopa
le Monte-Cornua arec un corps de ré-
serve.
• Cette affaire fut hardie , rapide et
brillante. Le «hef d'escadron fiurthe,
premier aide-de-eanqp du général en
chef, et qui, d'après ses ordres, avait
suivi le mouvement des troupes com«-
mandéea par le général Miolis, se cou-
■
(I) La 95* légère partit à trois heures da
matin de Coroegliano pour sa rendre à la pre-
mière dlTitlon , elle y fui remplacée par la 3« de
ligne qui y resta en réscrre.
' (t) Pour grttTir œtre mioiitagne. les soldats
forent eoRtralnls de marebrr pendant une demi-
heure, et sous on feo très meortrler, toomino
par homme. Cette atuque eoùlo à la 8&* légère
cent braves. Le cai^iudne LaUemand, les lieiir
vrit de gloire dans cette nffabe, et
particulièrement en chargeant à la
tète des grenadiers du bataillon de la
U* et de ceux des 73» et 106* qu'il
avait eu ordre de conduire. On peut
dire de ee militaire, que jaranis le ba-
sait! ne loi oflRre on vain Toccasion de
justtOer et d'accroître la réputation que
ses talens et sa bravoure lui ont ao-
quise.
Au moment où le général en dief
vit rennemi forcé sur ce point , il en-
voya aux deui bataillons de la 35* 1^
gère, qui combattait encore sous les or
dres du général Miolis, Tordre de seren
dre à Gènes, et partit pour le Bisagno,
avec sa réserve ( le troisième bataillon
et les carabiniers de la »" légère).
Mais la victoire, organisée par hii , Ty
avait précédé, et déjà la brigade du gé-
néral Petitot , alors sous les ordres de
radjndant-<général Hector, et qui,
après avoir été renforcée par la 92" de
ligne, était chargée d'opérer une di-
version , battait l'ennemi de ce cèté,
lorsque le général Masséna y arriva, et
se portait sur Campnnardigo, où elle
arriva dans la journée.
La reprise du Monte-Faccio, celle du
Monte-Cornua , quinze cents prison-
niers faits à l'ennemi , parmi lesquels
se- trouva le baron d'Aspres, nous of-
frent les résidtats de ces diffiirens com-
bats (S). La réputation de ee demki
peut seule donner une idée de l'im*
pression heureuse que sa prise Dt en
faveur de la bonne cause. £lie doubla
nos avantages par son effet moral. Les
tenana Hasfy et Morcenary, et le sergeot-nni-
JorBeHeville, tons qua re de celte dcmi-dri-
gade, s*élane^r<nt Ie« premiers dans les rftrsa-
cbemf ns du Monte- Facdo.
(3) Le teron d*Aspce8, échappé ans U09f»
qnlaraiontenUYé le Mooto-Faccla se Iroafa
dans le nombre dei prlsonotera qoa fit la à4*
ligna, •Di.nrdfisde ratttnÉantrsMial Uadar.
DU SIÂOB ET DU BLOCUS DB GÉMBS^
m
Patriotes reprirent courage, et le&agi-
tatears forent comprimés (1 ). •
La rentrée du général eq chef à G£-
nes fut touchante ; les acclamations
universelles, produites par l'admira-
tion et la reconnaissance, Tacçompa*
gnèrent (2).
La seconde division reprit dans la
même journée Borgo-dî Fornari , Sa-
vigone et Cazclla, L9 troisième recUOa
sa ligne de Varraggio à Ciampani (3).
18 Germinal.
Toute cette journée fut donnée à des
dispositions générales et particulières.
Les dispositions générales consistè-
rent à diviser l'aile droite en deux corps
d'armée.
Le premier, chargé de la défense de
Gênes, sous les ordres du général Mkh
Us, forma deux divisions: la première,
commandée par le général de brigade
Darnaud , occupant Testetle nord^eat;
et la seconde, commandée par le gé-^
néral de brigade Spital, occupant l'ouest
et le nord-ouest.
Le second corps d'armée, devaht te-
nir canq)agne, Gorma de même deux
divisions : celle de droite, anx ordres du
général de division Gazan , et celle de
gauche, aux ordres du général de bri-*
gade Gardanne; le lieutenant-général
Soult, marchant avec la première, elle
général en chef avec la seconde.
Le but du mouvement général , était
{i) Devx «ireoniiaDcet t joutèrent earore à la
^oire de cette Journée; rune bonort noe tron-
pfs, qiif, malgré leur misère, ne dépou>UèrfjDt
pu les prisonniers qu*ellcs firent; Tauire honore
l4»B Génoia, qui app^n'lèrrirt au-ndevant de nos
blessés, du yn et du kioulllon. et se dUputèrent
le plaisir de les porter sur dei maielas, et dans
des porlaMlnes ou ettaiset à porteurs préparées
par enȈ cet effet.
(2) Nous Tf%rtiUmÊ de ne psa atoir le nom de
tous lea Imveftde la» déiMm MMlia qoi ae lonl
parti
de débloquer. Savone, de rétablir les
communications avec le général Su-
chet, et de reprendre notre première
ligne.
Le plan consistait à forcer rennemi
de ae morceler pour faire face à cha-
cune des deux divisions f|ui devaient
marcher à lui , séparées par tont l'ia-
tervalle qu'il y a des hautes crêtes des
Apennins à la mer ; de lui refuser brus-
quement la gauche, lorsque les trpupes
de la division Gardanne auraient dé-
passé les ppsitiona de Varnaggiç ; de
réunir, par un mouvement rapide, les
deux divisions à Monte Itotte ; aussitAt
réunies par ce mouvement suc la crête
des Apennins, d'attaquer les troupes
que l'enneo^i aurait dans cette partie,
ou bien de se reployer sur celles qui
tiendraient la marine, et surtout sur
Savone et Yado, pour nourrir les trou-
pes, et approvisionner cette première
place avec les magasins que Tenneipi
avait 4éjà dans la dernière; ou bien de
conserver les hauteurs pour empêcher
l'arrivée dès renforts que l'ennemi
pourrait recevoir ; ou bien encore, de
marcher au-devant du général Suchet,
si ce dernier s'avançait vers nous, et
parvenait à se porter à Cugliano ,
comme il en avait l'ordre, ou seule-
ment occupait Saint-Jacques; le tout
suivant les circonstances.
Dans la nuit du 18 au 19, tous les
corps qui devaient composer la colonne
(3) L'activité de rad||udanl*généiBl Dégiovani
et les mesures par te^quellea U acheva de iipain-
tenir la tranquillité à GéoiS, méritent ici uoe
observation pan içu Hère.
GVst dan« cette cireonslance majeure, (|ue se
€réaaidaiff«ourcea.M «aauvamayeiKl'ulfM',
pour le servioe de la place, Je .iét«. .^e «tous lp<
Italiens réfugiés qui restaient à.Gjônea; qu'il. fi
former en compagnie volontaire loui les em-
ploya français dé ramée, et qu'il IravàUla 'si
elBéaGenaent à loujoui^ ranimer 00 à abdleiiti^
nHedela
t'-i
» 1
• ith
T74
iOimil'At DÉS (yPÉKATIdlfS IfrtlTAtlIVft
du général Sonît forent dirigés «ir Vôl-
fry; quant à IVnnemi (par nue inao
ffon dont le motif nous e^t htconnn ),
il employa reniement cette journée à
nous observer, et à porter dîfférens
corps de sa gauche et de sa dh)îte vers
le centre de ses positions qui était à
Sbs»IIo.
De toutes parts autour de Gènes, le
focsîh eoniinna de sonner pendant
cette journée ; et ce qui prouve que
l*f nnemi avait des intelligences nom-
breuses drns la ville et dans les fau-
iKMirgs, c*est que dans la soirée du 18 ,
des fusées partie^ de Carîgnan et de
Satfit-Merre-d'Arena , répondirent à
diflérens sl^naut aperçus dans les
montagnes et sur fa mer.
IftGarakul.
A trois heures du matin , le tocsin
redouble de tous côtés, et le bruit se
répand que ptu>icurs milliers de Pié-
moiitals, réunis aux insurgés ife la Li*
gurie, descendent de fa Polcevera,
pour coup* r la communication de Gè-
nes à Voltry. La position de Tarmée
qui, dans ce moment, se trouvait
mbrcetée à Gènes, à tollry et à A^ar-
raggio, rendait ces nouveftts très alar-
mantes.
L*on annonce cependant des co-
lonnes descetidant sur Gènes de tous
côtés.
* Le général en chef, malgré Taglta-
tion que produisent ces nouvelles, ne
ehange rien à ses résolutions.
Les bruits du mouvement de Ten*
nemi devenant toujours |>las sérieux ,
ta Bodifttia «yMt été évacuée» et une
iarle eotoonft^meaiie ft'afaofaiil aiir
tontte^Dedfno/le géoéral en chef se
liiiermineà laisser à Gènes le général
Je divbîQQ OodiQot ^ chef de Tétat*
mmotH^^ni, et U ctaisf de jkwide
Mirèa. rnmmanffayil la MJ/Êkk •/
4».»
D*après le plan arrêté, îe généra
Soult devaiC être le même soir i Sa»-
seKo; mais un des mouvêmnns de Teih
nemFretsrda le sien (1), par la nécM-
sité d'assurer ses derrières , et de
conserver ses communications avec
Gènes.
Yers deux heures du malin , an mo-
ment où ce général se disposait i quit-
ter VoWry pour se porter è SasseHo,
il apprit que l'ennemi , maître du poste
des cabanes de Marcirollo, s*était avan-
cé jusqu'à Aqua-Santa, ou Nostra-Si-
gnora del Aqua (â trois milles deVol-
tr]). Dans cette situation, convainca
de l'indispensable nécessité d*attaquer
f ennemi dans ses nouvelles positions,
le général Gazan est chargé par lui de
cette opération.
D'après les dfsposft?on^ arrêtées, le
général Poinsot marche sur Campo-
Pireddo avec un bataillon de la 78* de
Hgne et la »2», pour y observer et y in-
quiéter PennemI, pendant que deni
autres colonnes parties, Pune de Sestri,
et l'autre de Massone, se dirigent sur
les Cabanes, qui, ainsi que Rossiglione,
irous avalent été enlevée!^ le 18.
A rapproche de nos troupes, Aqua-
Santa est évacuée ; mais, près de Mar-
earollo, rennemi , rassemblé au nom-
bre de trois mille hommes, accepte le
combat, dans fequH, forcé i>ur totis
les points par une charge extrêmement
vive, H est complètement mis en dé-
route, et perd , sans compter ses morts
et ses Measéa* deui pièces de «mon et
six cents prisofiniers qii'R laisse aa
(K»nvoir du générar Gatan
Ce succès obteuu, (e. g^éralCaïao
(S> G#ilt •taMMiaiy'' , foi m*WÊêà H»t ^
pré%ae. détruirit ewtiérf mcot et io#yiittilfii«t
ijot(ii*-Mafvi
n «Ée* Bv BV iMciTs M fiAiin<
^5
qm l'ennemi ne put loi désister, ni m
rallier nulle part. La viHe fut emporlèe
au pas de rharge ; une partie du régi-
ment de DeuIschmeMer fut coupée de
la même manière ; et lor»qiie W général
Poînsot, àan mille au delàde SasscNo,
alteîgnît rarlillerie de Tennemî, e»^
ix>rtée par cinquante hu^^ardti, il travail
avec loi que quinte chasseurs, qni seuls
avaient pu le suivre dans m course ra«
pide.
La victoire souriant à Tandace, tn^is
pièces de canon restèrent en son poo*
voir. L*eniiemi perdit , outre cela , par
la prise de Sassello, un convoi de deux
cent miHe cartouches, et six cents pri*
sonniers.
Le général en chef, qui ne put être
instruit des retards forcés que le gé-
néral Soult éprouvait dans son mouve-
ment sur Monte Notte Soperiore, n'en
effectuait pas mollis le sien avec les
trmpes de la division Gafdanrie, qui
venait'd*ètre renforcée par un bataillon
de grenadiers des corps restés autour
de Gènes.
Cette colonne, qui ne formait pas
plus de quatorze cents dombattans, dé-*
bouche, vers huit heures du matin, de
Verraggio, passe pAf Gastagnabo, et
se ^rige sur la 8te|la. 'A la moitié de
sa route, eite se trouve en présence dé
dtfférentes«olonnes, qu'i urre très pe-^'
tite distance, Tennemi portait dans la
même direction ; %n suivant les ma-^
se porta è Cmpo^-Freddo, que le gé^
néral Poinsol venait de traverser, et
où la divMon prit poaîttan dass la soi*
rée4iil9(l).
Cette victoire, ramfiortée è Marca«*
rollo, assura le mouvement et les
derrières de la division Gaian ; mais la
nécessité absolue de ce rombat n'en
produisit pas moina le mal inévît «ble
de mettre ks troupes do général doult
bera d'état de conroarir aux opéra-*
lions que le général en chef atait ar<*
rèties pour la kndeaEMMn.
aaGamiiial.
Le 30, à quatre heures du matin, le
lieutenant-généri)! Soult se dirigea par
Aqua-Bona , Mariino et Sau-Pîetro del
Qrba^sur Sassello. A un mille de Pallo,
il fut informé que quatre régimens en-
neniis, formant huit mille hommes,
venant de Monte* Notte, se portaient
t la Verreiria, et que le^ lendemain cette
colonne devait attaquer le détache-
ment que nous avions à Ciampani « et
le porter ensuite à Voltrj afin de cou-<
per la retruit^ 4 \» colonne qui suivait
la marine, et avec laquelle marchait le
général en chef. Pour déjouer ce pro-
jet, le général Qaxan prit^ avec les 3« et
78« de ligne, position à PsUo, sur le che-
min qui conduit de la Verreria^ ffotàr
zenrie, et le général Poinsot reçut. or«»
dre d'^ttequer^ à la ha^tew d^ Sassellon
rarrière-garde de lenneoûi qoi filaîM anelons opposés i celui que tenatent
par U sur la Vorreria.
. A la tète du bataillon de la 2&* lé^
gère « le général Poinsot exécuta ce
ipoHvement avec tant 4*MPpétuoiMâr
(1) Ba avint da Cawpo-Frtddoi le sénéral
Mnwa atiéigait laiM»#analdrAlviafi, ratta**
4{ua M lui fit cent fmglrauatre priioniilerf. Daas
cette afTaire, le capiuiDe HuiabefUliarcbaiil,
de la 1»*, fil k loi Mi|l doq prliooDleri à Teo-
nos troupes.
Oes colomieaaiitridiiennes, compo-
sées des corpé des brigades de Saint-
Julien , de Bfentano et do Bellegarde ,
formaient la gauche et le tewtre ûé
Tenneari.
Dana cette situation , Tennemi com-^
meace le feu; nos troupes y répondent
sans ralentir leur mouvement ( le bnt
1 étant da gaffer les hauteurs sur les-
776
joimifAL DES opÊmATioifs muTAimcs
quelles la colonne de droite se diri--î
geait] ; rennemi, qui s'en aperçoit,
marche sur nous, et déployant des
forces décuples des nôtres, en couvre
bientôt par différentes lignes les hau*
teurs, et force le général en chef à pren^'
dre position , aHn d*attendre que le
mouvement dugénéralSoultsurMonte-
Kotte force l'ennemi à se diviser, et
que l'arrivée de la colonne de droite, et
du deuxième bataillon de grenadiers
arhève de le mettre à même d'agir of-
fi^iisivemerit, et de suivre les disposi-
tions du plan arrêté, plan d'après lequel
cette di vision devait attendre l'attaque
du général Soult pour faire la,sienne.
Le feu devient terrible. Le général
Gardarme est blessé : immédiatement
après lui l'adjudant-général Cerisa l'est
également; Tadjudant-général Cam-
pana, le chef d'escadron Burthe, le
chef de bataillon Laudier, et le capi-
taine Marceau) tous trots aides -de^
camp du général en chef) le sont en
moins de trois heures, soit en portant
des ordres, S')it en ralliant les troupes,
soit en soutenant la valeur des soldats
par l'exemple de h .leur.
Pendant ce temps, l'ennemi charge
six fois notre front, et six fois il est re»
poussé avec une perte considérable;
mais, comme nous* n'étions pas €n état
de le poursuivre, il juge uotre faiblesse,
et se détermine à proQter de noire opi-
niAtre résistance pour nous envelopper.
Les impressions morales font tout
sur nos troupes; l'idée qu'elles allaient
être secondées par un second bataillon
de grenadiers, et par la colonne de
l'adjudant-général Sacqueleu, et que le
général Soult tournait l'emiemî , leur
fit faire des prodiges, en faisant sou-
tenir, à mille quatre cents hommes, un
combat de huit heures, contre plus de
dix mille.
Le feu se ralentit pendant près de
trois heures, que renimni emptr.r ^
former les deux fortes colonnes qui f:
valent nons tourner; et vers ^i;«tr>
heures du soir, il exécuta son monve-
ment, et nous força d'autant plus vite
à une prompte retraite , que ni le
deuxième bataillon de grenadiers, ni
la cotonne de droite , ni le général
Soult n'avaient paru.
La siupériorité de Tenncmi , la na-
ture de son mouvement , son achar-
nement, les pertes de la journée, les
difficultés du paya, tout ayant démon-
tré au général en chef l'impossibilité
de rien entreprendre avec les troupes
de cette colonne, il laissa au général
Frcssînet (qui en avait P'çu le com-
mandement au moment on le général
Gnrdaime avait été blessé), le soin de
la retraite, lut envoya pour renfort la
compagfiie de ses gardes à pied , qui
arrivait sur le champ dé bataille, et se
rendit à la coloime de droite, à travers
d'horribles précipices, suhî de trois
officiers, qui seuls lui restaient de tout
son état -major, au risque d'être pris
par l'ennemi, ou assassiné par les
paysans armés quil rencontra dans
les montagnes.
Mais enfin , à travers des périls de
tant d'espèces, et après avoir été, vers
la fin de sa marche surtout , constam-
ment talonné par les tirailleurs enne-
mis , il arriva, après une heure et de-
mie, précisément dans la route par la-
quelle cette colonne se retirait. Il loi
fit de suite reprendre ses positions dn
matin sur les montagnes en arrière de
Verraggîo, et, se tronvant i^u-làsur
le flanc gauche de l'ennemi , qii déjà
avait dépassé ce village, il fit seconder,
par le capitaine Mathivet , comman*
dant quatre compagnies de la H^, \eê
elTorts du second bataillon des greno*
diers, qui enfin arrivé, favorisait U re-
traite de la colonne de gauche, et p<iri
WS MÉGB ET DU BMCUS OU OÉSIBS.
Tn
vint ainsf , vers les neuf heures du soir,
à arrêter l'ennemi.
A dix heures, il se rendit à Cogo*
letto (1)^ et , en faisant prendre A too-
te^ les troupes position en avàtit de ce
villflire, il donna les ordres les plus pré-
cis pour que les corps fassent de suite
reforma, et rassembla en un seul eorps
les lieux bataillons de grenadiers, qui
avaient successivement donné dans
cette journée. Son projet était de quit-
ter la niorine, d'appuyer sur sa droite,
et de se rc'^nnir pendant la nuit au gé-
néral Soult, afin de ne plus former
qu'une masse, et alors de manœuvrer
sur les différentes ^divisions de Ten^
nemi, ou de marcher ^rolt a Loano
pour 7 opérer la jonction du centre et
de l'aile droite de l'armée, et de re^
marcher ainsi rassemblé au secours
de Gènes, la nuit pouvait cacher son
mouvement pendant quatre heures,
et quatre heures pouvaient lui suffire
pour assurer la réussite de cette entre-
prise : il instruisit les généraux Oudi-
not et Miolis de cette résolution , et
Gt de suite évacuer sur Gènes tout ce
qui 86 trouvait sur la marine.
21 Germioêl.
Cette idée de la réunion subite de
toutes ses forces sur la droite de ses
positions était vraiment militaire, et
conséquente au système de guerre ar-
rêté par le général en chef. C'est ce
(1) De louift ceMe iouraée» le général en chef
n'avait point quitté le«.liraiilear§. Il avait perdu
un général de brigade sur4e«i, deui adiadan«-
généraui <ur troi», et tittis aides-d ^^amp sur
cinq. Vf rg la fin de raffaire, il dit ave« .amar-
tant» à Tadludant^général Tbiébaull, ce mot
^ut proQve combien U élait virement affecté d»
aa fil nation... . La mort , JhUbmult , na donc
^êwmlu da noMiI.Dans la joamée, il Jiii était
éctiappé à dkffénMilea repriiea de l'écrler.^...
qu*il pouvait faire de plus décisif dans
ce moment ; ceux qui la comprirent
furent frappés de sa justesse, que la si-
tuation des choses rendait évidente :
cette jonction inattendue assurait en
effet l'anéantissement du corps ennemi
que le général SouU avait devant lui,
et pouvaitconduire à des résultats heu-
reux.
Le départ étant fixé à deux heurei
du matin , le général en chef flt appe-
ler à une heure le général Fressinetet
toHS les chefs des corps, pour leur coni"
muniquer son plan , et donner à cha»
cun ses ordres particuliers sur ce qu'ils
avaient à faire pour concourir à sa
réussite.
Mais le général Fressinet lui dédara
(( qu'il avait été absolument impossible
» de reformer les corps, etqu*il lui pa-
» raissait impossible de faire, avant te
» jour, aucun mouvement. »
Cette déclaration ayant été en subs-
tance celle de tous les chefs des corps
de cette division , le général en chef
fut contraint de différer son entreprise.
Si le lecteur veut bien se rappeler Té-
tât des troupes avant le blocus, leur
faiblesse physique, le délabrement de
leur santé à tous, et toutes les causes
de découragement qui les entouraient,
il concevra combien il était difficile de
leur faire tenir campagne, et combien
elles devaient être loin de pouvoir sou-
tenir de nouvelles privations et de
grandes fatigues.
Le jour vint et éclaira le peu d'or-
dre qui régnait parmi les troupes; le
rapport fait par le générât Fressinet et
les cbeft, était vrai à la l^Vtre, et les
corps ne se formèrent que dans la ma-
tinée. <
Unereconnaissancequelechefde bri-
gade Cassague lit à la pointe du jour, et
le rapportde l'adjudant générai Gautier
<|ui arr<va rera dix lieurea 4u matin fl«
WB
joraHAi 9BS winxt9on9 miTAitss
te diWskm de Faile droite, achetàr ént
46 démontrer au général en dif f hi né*
eessitt^ de renforcer le général Soult.
Avant midi , ces troupes, comma^«-
dées par le général de brigade Ffessî-
tiet , étaient en marche : mois, soit qne
Tenliemi ait eu connaissance do mouve-
ment que le général en chef avait voulu
faire , soit qu*il Tait prévu , soit <|0*ll
ait voulu renforcer le corps que legé-
fiéral Soult combattait, soit qu'il ait
voulu se porter entre lui et le général
en chef, ou les tourner l'un ou l'antre.
le fait est qu'il faisait en méoie tempe,
et dan» la même direction , un moove-
meat semblable à celui du général
Fressifiet, et que pendant quatre
milles, les colonnes autrichiennes et
françaises fUèrent sur des crêtes pa-
rallèles A portée du canon l'une de
l'autre.
Le lendemain , âf germinal , le gé-
néral Mouton reçut , en conséquence,
à deni heures du matin , l'ordre de re-
connaître la p<isition de l'ennemi avec
quatre cents hommes choisis par lui
dans son corps. Dans sa marche, il ra-
massa quelques traînards autrichiens ,
et s'éclairant de leurs réponses, il ap-
prit , entre autres choses d'eui , que
les trois régiment qui tenaient la Ver-
reria, étaient Lattt>rmann , Detttd*
dimeister et Wokasowitsch.
Au crépuscule, il arrive à la vue des
premiers poste» ennemis, soutenu par
un bataillon de la 35* légère et par les
grenadiers do la il* de ligne; il les at-
taque avea un seul détachement ^ et les
force tous* Lt major du régiment de
Latlermann , avec une partie de son
eorps, É'avance pour proléger leur re-
traite. Son détachement est culbuté,
•I lui-^roêmeest pria. C'est ainsi que nos
trMipea arrivèrent à h Verreria, prin-
eipale position de l'ennemi. Alors la
«éfMBO devint tratamH opiniêlre;
nmt^ la bravoure eitvaovdinaire de
nos troupes, jointe à la bonté des dis*
peaitions^ leur fit surmonter lea^bsta-
olea des lieui et du nombre ; et Te ih
nemi« p^nssé de loua cêtés, fat, au
bout de d ni heures de rombat, coa*>
ir.'iint d'effectuer sa retraite ; ce mrHH
veinent rétrograde fnl aaisi ; les eforti
redoublèrent avec les aoecèa^ et la vie*
toire fut complète. Deni rnlHe priMO*
niera et sept drapeaux en lurent rheu-
renx résultat.
Cette affaire » dit le général Soult
( dans son rapport an général en chef |,
fait'le plus grand honneur- au général
Gacan< L'adjndant-général Gauthrin,
chef de rétat-major de l'aile droite, s'j
distingua* Les cbefa de brigade Mou-
ton , de la 3* de ligne, et Godinol , dt
la 95^, s'y comblèrent d'honneur. \jt
premier devança les phis braves dam
l'attaque A importante de la Verreria.
La conduite des troupes et de U plu-
part doH officiers fut de même au-des*
sus de tout éloge, par les prodif^es de
valeur qui se renouvelèrent A chaque
instant.
Cette jonction infiniiaent heur^^uie
acheva de compl* ter cette journée,
l'une des plu» glorieuaes comme des
plus pénibles, de tout le mouvement
du général Soult (I). Ellecoâta à Teu-
(1) Sur r«s ffitr«flittii, t«i)4ii ^«s \m Aulri-
cliieDs pliaient sou^ lot efforU re^loubl^ de boi
braves, A»fereto, ce d^erleur de soo p«y<» et
des drapf aui de la lil»erté, cet lioviintf, que >ofl
infamie CMMiaiMie i mm têpUê ëa «éléSri:i
•4Mifiiak Géua» da aspHolar.
Cdiak MM daole le asaaia àé rioifodMre
alleeaop da piad de Tana» quoique le iiaeac
fil pat mauraoU
Dans GSiia dégfiùlanta gasMMnda, Julit-lh'
ntHiéfm A99ÊT9tOt au bap Oé— 1^ prof»Mii««i
à sa» campaivioCai quil aH^t» k U iHù do ^M
rania niUla twaimas da travpaa» mwnmtm* per
<|uatra<*vlnii nUla ibaliMiaiM, prm&n M»
d'assaut . aiai wiiniiliii diait fa/Hda.
nemi près de étttl ttiflle hommes, dbrrt;
Ips trois cinquièmes tMttM faits pri-
sonniers de piètre (1).
' la Tïxiit obscnfe qti'î! fatSutt (î), et le
dispersement des troupes, décidèrent
fe ïieutenant-gériéral ( pour lié rien
comprOïtteftnf), à ordonner que les
troupes se ralliassent à' fîrOs-Pa^to, H
que la position de rBermetfe ne (û%
tenue que par dcs'posl^. Cest a^ifi
que se termina , pour les troupes du
général Souft , cette journée dans la-
queHe elles rortibatttrcnt avec taut de
succès tes brîjfêdes de Btfssy, de Lat-
termaun et de Sticher, quî formaient,*
sous les ordrôfi du comté de Palfy, le
centre du éorps qtfe commandart en
î>er»ofine le général Hféla!!.
tn batalBoft de la 7» fttt chargé de
conduire à Cènes le» pièces de canons
et les prfsonnfefs que Tennemi avait
perdus, tant dans cette journée que fa
veillé et l'avant-veîffe.
Mais pendant que fa victoire conroft-
nait ainsi sur notre droite les efforts
des braves que commandait d'une ma-
nière si brillante le généf^l Souif , FeU-
nemi , qui avait vu partir toute la co-
lonne conduite par fe général Pres>l-
net, pressentit la faiblesse dû corps
qui restait k h gàucbe, él résolut d'en
protfter pour lé battre, et pouvoir, en
cas de besoin , porter etisùftW toutes
ses forces réunies contré le gétiêrhl
Soult.
Veirs une îifem*e après ifaBt , iT atta-
qua ta !^, qui , sous lés' ordres de sou
chef , tenait ta position en ayant de
Cogotefto, sm* la rive dfWte du torrent,
et qiii, en cas de retraite, avait drdtfe
de se retirer sur la position q«ri se
trouve à la gauche du même torrent,
et oA l*ad}vda*t-gènéral Oanfter, qoi
arrivait de Fa colonne du général Soull,
était en réserve avec le bataiHon dé
grenadiers.
Pressée par des forces wpérteurw,'
on doit tfes éloges à la résistance
que la 97* opposa aui premfèï^ at-
taques de Fennem?; mais une fUi
chassée de sa position, sa retraite
fut une véritable' déboute. Tous les
efforts pour la rallier ou lui faire
monter la eôte oè était la i^ésërve
fttreint înutites ; et dan» te f4ti grand
désordre, elle se* jeta tout entiim
sur Im bords de la mer, oé «Me fR
v)v«menl! eanonnée par ^ (fMfoupk
ennenilai(quisiii>afentMEisnos moti-
if^mens), et Uentdt chargée par la
ôavaierîe. ^
Oiiint an gAnéral ^ ekef , brSqtTil
vit que dans un paya de montdgneS,
iluamnré^inq tnimmea des hussards
ée Steekkr ehargeaieiit Impunément
une dem«^brfgade tout évitiez, et qite
déjà «la étaient maftres de Collet to,
M scf mit, avec; le général Oud^tOt,
è I» tète d'une freffitalne d'officiers
et deguidea ^'11 avait tffét Inl, les
chargea et lea rejeta au^elà du ti^-
fiena; I*, wmtcrmis par lenr InfanterK^,
ilraenHiérent: pea éMnstant après Hs
revinrent * la ehaife, tit ftarent une
aeeondtf fola repousséfs ^, ddn» mîe
domttai6 aliarge 4H6 tMdnisit le éhèf
fSr jjçur ei»iidiilpç I-» priioonieri» pi qu^yi ^r^sod
DPmbi-é (feiftrè eut t^è -happa, et retourna à
Vf nof mi' CHlé Mrrô^^tftniDé obd fftf ai perafe
DO griod oombrc daos toutei Ici aflklref de ce
Moelle.'- •■' - /
: ALaVMMdNeaariemleniiréUllMleèl^
AMoreeiiledeliBoaiqiMCcrit.' ""^ n*^i **)
(3) Ht eqreot ao hanerd t^f» deux jptii, \t^%
eu quatre beâj^és» dans ces deux charges qui
nous eoûl^rent irofi blessés d-ms le nombre
a«>ji4aMi»e iMiiiv 1» eneyi^n it«rry; f*m^M* ad-
loinra rMJMHajoff^éiMrsl^ et^^f. pef la>«atfie!
HÊ» ieii'eli4*i«l,'atfi' ^t^'à^fi» aveiv ttçè daql
ê&tàpê'tàemÊam/ Mttue^iiSlnieéaiMMaiMiaeene^
chirgê le vafnemeilre-fâidcii^ •
7IM
nVM$X DBS OFERATIOtfS If lUTAIRBS
d'escadron Contant , commandant tes
{{aides du général en chef (1).
On voit par le tableau des évène-
meos de cette journée, que le but du
général en chef fut cependant entière*
ment rempli , puisque la diversion qu*ÂI
parvint à opérer par Teflet de sa pré*
sence, assura les avantages si impor-
tans du général Soult, qui avait en
effet non seulement les quatre ciur
quiëmes, mais encore l'élite des trou-
pes, et tous les généraux.
22 Germinal.
Nous trouvons ici une nouvelle
preuve de ce que nous avons déjà dit
sur les dangers que la difficulté des
eommunica tiens apporte A la guerre
des montagnes. En effet, le général
en chef, qui ignorait ce qui s-étaît
passé aux divisions de droite, avait
vainement envoyé au général SouH
dnq officiers pour le prévenir de son
mouvement rétrograde. Aucun n'était
nrrivé; et tandis que la colonne de
gauche se replinit sur Gènes , celle de
droite marchait sur Monte-Notte.
Le général en chef n'ayant point de
nouvelles du général Souit, jugea par
son silence qu'il n'avait reçu aucune
de ses dépèches, et résolut alors de re-
prendre l'offensive pour seconder ses
<q)érations, s'il avait des succès, ou fa-
ciliter sa retraite s'il avait des revers.
Pendant fes différens mouvemens,
l'ennemi, en faisant descendre un nou-
^au corps de troupes de» montagnes
auxquelles Santo-Martino est appuyé,
avait repris l'Hermette avec un autre
corps d'environ unq mille hommes, et
(1) Cet offlcier i^élantun peu trop alNUMloiuié
en pouraiiviDtl'ennenii , Ail coupé du memeiit
•I faiUit être prti. 11 n'échippe qo-ea pefimt
avec «nu elMval à traven les barques qui omi*
Yri<«ai le nn^ u
le général Soult, toojoim supérieur anir
difficultés qui de tous cAtés et à chaque
instant se multiplhiient sous chacun de
ses pas, avait de nouveau formé le pro-
jet de l'en chasser.
. Les munitions commençaient à man-
quer; cette circonstance eût été em-
barrassante pour beaucoup de chefs;
elle ne le fut pas pour le général Soult,
qui suppléa à ce manque, par l'ordre
d'enlever cette position an pas de charge
et à la baïonnette, et par la défense
faite, sous peine de mort , de tirer un
coup de fusil. Ces dispositions furent
scrupuleusement suivies. Presque tou-
tes les troupes furent , pour l'attaque,
formées par sections en colonnes. La
charge fut battue, et la position em-
portée. Nous fîmes dans cette affaire,
très meurtrière pour l'ennemi , deux
cents prisonniers, dans le nombre des-
quels se trouva le colonel du régiment
de Keith (2). Le chef de bi:igade Cassa-
gne, qui faisait alors fonction de géné-
ral de brigade, justifia dans cette occa-
sion l'opinion que Tarmée avait de ses
talena et de sa valeur.
Chassé des premières positions de
l'Hermette, l'ennemi se rassembla sur.
les dernières hauteurs de cette mon-
tagne, ce qui détermina le général
Soult à l'y faire attaquer par les géné-
raux Gaxan et Poinsot ; mais l'ennemi
avait sur ce point des retranchemens
qui ne permirent pas de Ty forcer.
Quant au corps ennemi qui était des-
cendu par Santo-Martino. il alla dans
le plus grand désordre ^ rallier aux ré-
serves qui étaient placées sur les hau-
teurs de Yerraggio.
En conséquence de cette non-réns-
9ite de l'attaque de droite, la division
se rassembla et prit position sur les
(2) Le général Poinsot, en làUani ce cohiorl
pritonnUfi eut la fourreau éê aou af Wa coapf
par deux lMiiiet« •< 1 • .Mur. »
t .BC iUtaK BT «V BLOCi;» »E gArI».
781
hpatoiiift qtf elto avait conquise» dans
la matinée, et la 63* partit {lour Gènea,
eacoiiaat les priaooDÎefa et ks lilessés.
83 Germinal.
Laa troupes aux ofdres du général
Sonlt ne firent ee jonr-là aucun okmik
vemest : lirnaturedes nouvelles posi-
tions de reanemi « la fatigue, la Csim
et le manque de munitions, furent les
niotirs de cette halte, que , dan» tous
les cas, les nuages e&trèmement é[«is
qui, pendant une.gtande partie de la
raaUnée, enveloppèrent ces montagnes
si élevées, auraient
94 Gennioal.
Le âfc , Tennemi se resserra, et pre-
nant la ligne de l'Ërro et du Resio, ap-
puya sa droite à Albissola. 11 renforça
en même tempsses camps de la Moglia,
de la Gâtera et de Sanin-lustina* '
Le général Soult suivit le roou?e«-
roent , et voulut en profiter pour enle-
ver le camp de Santa^iustina ; mais ce
fut iraineanent qu'il le fit attaquer par
les 35* légère et 3* de ligne, C4>mman-
dées par le général Poînsot. Ce camp
étail retranché, et cet ob^ttade, qui
n'avait pas été prévu , rendit dans cette
entreprise l'effort de nos troupes inu-
tile.
De son e6té, legénérai en chef par-
tit de Gènes le SS au matin, arriva
▼ara neuf heures à Voitry ; les troupes
fUi y étaient se portèrent jusqu'à Ver-
raggio, sans qu'il s'engageât d'affaire,
rennend ayant de même abandonné
toute la marine pour se rassembler snr
les hauteurs de Savone.
La. lendemain, le général en chef
prît position eu arrière d'AUussola,
ayant son quartier^^^éoéral à-Galie (I).
Cette journée du'S4 se passa en re-
connaissanaes départ et d'autre^
Le soir, le général fit partir un ba- '^
teaù chargé de grains pour Savone;
mais les corsaires l'empêchèrent d'ar-^
river, et ie forcèrent de rétrograder à^;
Celle. f
25 Garmloal.
De très grand matin , l'ennemi dé-
tache une forte colonne des hauteurs
«
de Savone. Celle colonne, qui paraît
dirigée sur la Stella, appuie sur sa gau-
che, lorsqu'elle est arrivée h la hauteur
de ce village; peu après elle quitte les
crêtes et disparait dans les gorges des
montagnes, en remontant la rive droile
du Resio.
Le général Masséna, dan? la vue
d'empêcher que celte colonne n'ache-
v&t son n^ouvement contre le général
Soult, pu du moins qu'il ne s'en déta-
chât d'autres, désirant d'ailleurs con-
nuîlre les forces que l'ennemi conser-
vait devant lui , et ses moyens de dé*
fense, le fait attaquer après quelques
reconnaissances faites dans les mêmes
vues.
En ordonnant ce mouvement , Tin-
tention du général en chef était bien
de profiter du succès, si la chance des
combats lui avait décidément été fa*
vorable ; mais il ne voulait pas com-
promettre le peu de troupes dont il
pouvait disposer: c'est d'après cela,
qu'en leur recommandant de ne rien
aventurer, il ordonna au chef de la
73* de ligne de marcher avec sa demi-
Ci) T«dle cette marcke ae SI aow le fev de la
Sou» ansMie» qai nous lua pluai^ori hominef,
et Dous força de quitter le chemiii de la marine,
et de marcher à traveri les monlagnef. La J06«
feule perdit dans ce trajet naur honuaes» doai
luiaflkiar.
brigade «nr lecowrent des Capadiiii, 1 Lecon^l dora prêt de tPOislM^
]
situé sur tat heuleura qui serrent Al-
bissola de Sav one, eià lad jiidaot*g6né<>
rai Gautier d'atlaquer^ avec le bataillon
de grenadîen, le» flnoatagiiei fiii iaii'»*
qnentlagaiir^hedecelteposiltoii» i^e gé-
nérai de dî vision OudîMl, ohef de l'élan
major géuéral de l'armée, chargé de
commander cette attaque, conduisit la
colonne de gaucne. Quant au général
en chef, qui par ces dispositions, ne
conserva avec lui que la lOÔ* demi-bri-
gade, il la plaça de manière è en for-
mer sa réserve, et à mettre sa droite à
Tabri de toute insulte.
Ueniiemi avait dans c^te partie
deux de ses meifleùrs régtmens dln-
fantcri». et cinq bataillons de grena-
diers ; aussi sa défense, digne de ces
troupes d'élite, fut-elle très opiniâtre;
Il se trouva cependant forcé un mo-
ment, et par le général Oudinot, et
par Tadjudant-général Gautier, cha^
cun sur des points dlGTérens; mais sou-
tenu sur toute sa ligne par des troupes
en échelons, et i des distances très rap-
prochées, il reprit vivement le terrain
qu'il avait perdu, et poursuivit de
même les grenadiers qui , en gravis-
sant celte montagne, et par la nature
du terrain , s'étaient éparpillés et n'é-
taient plus en mesure de se rallier.
Dans les pays de montagnes, cet
ordre par échelons est {pour peu
que d^nlteurs les dispositions soient
bonnes] le plus Tormidible de tous
pour la défensive. AussitAt que le gé-
néra! en chef >*aperv'til que ses troupes
ballaionl en retraite, il s'nvança à la
lèle d'un dos bataillons de 1 1 106*, ar-
rêta l'ennemi au moment où ce der-
iiier voiihit 4niv«nier le torretHd'Albis*
«ola; raeilfttt de cette manière la re-
traite des grenadiers, qui de suite se
reformèrent «. et rejeta l'enneaii sur la
montagne. . .
lea : il ftU soiri par un tiraiUemettl qai
«a finit qu'avec h jonr» el ehaeun ra>
prit sa position primitive, après aveif
fait de part et d'autre quelques pertei
en blessés, morts et prisonniers. L'ad*
judant-général Gautier eut an chev^
tué aoKsIui danaxille aflam. La auit
f enoe, et aor t'avia que l'eanemi fiMt
sur netfe droite, le général en ehef «e
rendit à Verraggio, e€ lit prendre t
radjudanH^iéral Gantier, q«i oook
aaandaît alors la totalité des traoïMS
dont noua venons de parler» la poriUou
an avant dn village.
C'est U que le général en chef, ia-
quiet de ne point amr de nouvelles éa
général Suchet e t désirant surtout hiter
les attaques qu'il lui avait ordonnées,
fit partir à c^t effi't le général Oudi-
not (1) : conduit par le brave Bavastro,
ca|iitaine de oarsairo, on général , ac-
oempagné de son aide-deKsanp Oa-
mangeot , arriva à Finale après psn
d'heures de navigalioD.
Dans celte journée, la vidoire as
couronna nnlle part noa «iérts; car
pendant que la colonne, condoila par
le générai en chef, «vait fait sur 6i-
voneup inutile effiort, leatraapesdn
général 6o«iitcédaitnt de niéine i ans
supériorité tro^diSfraporUonnée.
DiMrans motifs qui Tdwaiiainat de
sa position et des oMNiveinaM da l'en-
nent, avaient déêaraiiné ce fénéwri à
risquer une affaire générale. D'un celé,
ses troupes oiaBqnaMint 4a paie de-
puis deux jours^ et loMchaîent à la in
de leurs «Qnttilmê etd'iio.awlniaêié,
i'enneov ae retfaoehait à la JfogHa»at
•
les q«i«Utés r«r«s ti ji pré<*ieuii>f qii^ carK;4-
r*8ent Thomnie de guerre, )fS Ulens qui W
I errfeUoniwiit , oetlê Sélicateue ^ai lès anlh
bUi, wt Pairmta bsureuMt qol toMMuiC'
fi ^
M iltiB jfr M SUHSOê M OAMt.
$*éteitMBfMi« ^ SMMiio, d'oA il
Mçail les denièreê du général Sa«tt.
Pour prévenir net deseeûit que ite ommi*
vcmani découvrait, il iiJiftitcopibaltre.
Le général Gazan fit son expédilkia
de SiflgpUo «vee attiaol de oéléffîté 4ue
de «uccès.
On Mt dansoelte oTiaaMon la iM9wt
de ce que peoveni dea Croupes fraoçai*
lea. Saoa repoa^ tons paifi • ei presque
gant cartottiiiea» les aaîdaU «ardièreut
à rennemî avec*, un courage liérou|Mk
Tout œ que peuvinl Th^tueur et i'in*
trépîdiié, fui déployé daos o^le aclioo
eiktrèMement oieurti-iire. Deui foia*
dii miUe Autrkhiena retraqcbéa jua^
qa*fiux dents,» et ayant une nomlN'euse
artillerie, cédèrent à la valeur d*une
poignée de braves^ qui deui fois par*^
iinf«ot sur la oréte des hauteurs de
Poute-iirrea, et qui auraient fiol par s'y
étiAlîr^ éi M. de Mélas^ atec nue ré*
serve de eioq mille oemlNittiiUit (l)« ne
ttt arrivé vers la Au de la journée, et
ii*eèt ranimé ses troupes par sa pré*
aeoce« et par ce renfort. Cette circoaa-
tance nous enleva une victoire qui fut
loiig«>4emps halaucée par les efforts
aomaturels que ûreot nos troupes, par
la t)onté des dispositions, et par la ma*
Btàre avec laquelle (à Teiemple du
général Soult) cette aSair^ fut cou*
dttite par tous les autrei chefs qui s'y
trouvAreut sous ses ordres» La nuit mit
fin à ce eooibat terriWe, après lequel
chacun reprit les positions qu'il avait
avant rott*K|ue,
La général Freasinnt fiit blnmé an
conwMînnraarnt de cette affiwre d'un
onup de Cbu é la enÎMe fauiibe,et ne
qnitia cependant le <:liamp de bataiUe
que, lorsqu'une demi-heure après, il
meut une seconde t^lainufe éia téta.
||) tes mêmei ((u1 le msUn éuient partis de
Mvooe.
nftetar
Veapèee de gnavra que fait me aiw
pén, fésnitant nécesaaîreaient de sa
sitoalieo et de aa farce, il 4tait tout
naturat que M. de Mêlai, et le général
Masséna^ suivissent une tadiqaa tanft>>
à'ttt diiérante» 'EQiqottrs ans prisai
avec un ennemi inQniownt plus
brans qna lui, Inèut du fénénl
chef avait toujoum été de le di vîesr
assrehant. sur deui eelenoes. LHina
faîMa^ mansBuvrait autant que cela hrf
était passible, tairait d'oaeaper l'en*
nemi> et ne l'attaquait, en ne reoavatt
la combat que quand il n'y avait pas
d'autre nioyen de le teinr aa présence^
ciamBiff à Albîasoltf , on anaup saoyen
de l'éviter, eomme à Cogelello ; Tautn
tAehait de aoutenir l'oSensive, en ntan
nissant la presque totalité ée sas, trou*
pesaur les difinkenseorpsde l'annenni
et de cette manière, de battre auoces-
sivament aes divisions» coramn on la
vnit é Marearofo, Sasaela, ia Verr^
ria,etc. L'annemi^ eu cantralret poa«
vaut se diviser sans trop a'affalblir,
cherchait toujours à nous tenveiopper,
et ne nous faisait faee aana nous ehar^
ger, qiie<pendant que des eolonms dé*
tachées nous tournaient de tous «Aléa.
Dnna le eouNnencensecit des affaires,
rimpétaoiité de qadqueamoi de nea
aerps, cette valeur qui fait parfois dia«
parattre l'avantage du noaibre, et dea
nonvemens heurenaement cemhinéa
avaient fait tourner ciite dernière ma^
nœuvre à notre avantage ; maia^ oMi
fés d'employer toujoun tM snêmes
f orps, d était inévitable que des efforts
si souvent idpélés ne fiaisaaot par las
épnisevé
L'ennemi paedattaana doute quatre
ou eioq fais plus de inonde que nous ;
nuiis^ avec oatte diiéranoa qp'il élail
JOOHNAL DE» OPÉRA TftOMl- MlUTAmS
en mesure de réparer ses pertes, et
que les nôtres étaient d'autant plus ir-
' réparables, que nos avantages étant le
prix du déyouement te plus entier, les
journées de gloire se payaient du sang
des plus braves, de sorte que , tout en
baltatii l'ennemi, Aous nous affaiblis*
sionspar nos fietoires, tandis que re-
lativement à nous il se fortiOait même
par ses défaites.
L'attaque des positions de Teniiemi
à Albissola, la Gâtera , Ponte<-Ivrea et
k Moglia, B'ayant pas réussi, il ne
restait qu'à se retirer. A quoi pouvait
servir de s'arrêter plus long4emps dans
d'affreuses montagnes^ où les troupes
étaient en proie aux privations de toute
espèee, et où i\ n'y avait plus que des
dangers pour elles? Indépendamment
de ees considérations générales , il ne
restait pas au générai Soult trois car-
louches par homme; il n'existait pns
même une once de pain dans toute sa
division. Les horreurs de la faim étaient
telles, qu'elles avaient réduit les trou-
pes aux dernières extrémités. Une si*
tuation semblable ne pouvait pas lais-
ser de doute sur le parti qu'il y avait à
prendre ; aussi le 26 , à une heure du
matin , lea troupes reçurentpelles Tor-
dre de se porter à Sassello, où le lieu*
tenant-général , dans la vue, soit d'ar-^
réter l'ennemi en Toccupaut , soit de
le divber, soit de le porter à faire de
faux mottvemens, et de se procurer
f^f^ABi les moyens de donner un peit
de repos à ses^eorps, prit uae posiiion
telle, qu'il annonçait une marche vers
Cairo ou Dego.
r L'emiemi ne prit cependant pas le
ahangesur les intentions du général
Soult, eta6a.de ralentir aa marche, il
ne tarda pas a l'attaquer, pendant que^
fidèle à son système, une de ses oo-
tonnes se portait sur l'Uermette pour
pouvoir aeconder le&troiqpes destinées
à t»uper la retraite à celtes du général
âoult. Ce dernier pénétrant les vues de
l'ennemi , pressa s:i marche pour ar-
river rapidement à Gros^Pasto, et s*y
rassembler.
Le général Soult n'était pourtant pas
encore en position à Gros-Pasto, et déjà
les postes avancés de la 9^ de ligne, qui
était à la Verreria, se battaient contre
des troupes que remiemi avait déta-
chées de ses camps de la Galera et de
Santa^-Jostina^
En arrière de la Verreria, il y a une
position d'où l'ennemi fK>uvait A erloat
moyen de jonctioit- ontn' les colonnes
conduites par le général en chef et le
général Soult. M. de Bellegarde, que
ta supériorité de ses forces rendit trop
confiant dans cette occasion , négligea
de s'en emparer. Quant au général
Soult, il profita d'un brouillard très
épais pour faire reployer ses brigades,
et pour s^y porter avec la plus grande
partie de son monde » et quand ce
brouillard fut dissipé, l'enni^mi nous
vit sur deux lignes, déboniant son
flanc droit, et placés de manière à coq-
vrlr VoKry. H n'était que six heur(*5
du soir, les troupes à petite j»ortée de
fusil ; le combat paraissait inévitnbie.
Ces dispositions en imposèrent néarn
moins à Termemi. L'affaire ne fut point
engagée, et , dans une immobilité par-
fiiite, Ton demeura en présence jus-
qucs après dix heures. Le général Soolt
alors, malgré l'excessive fatigue des
soldats, absolument affamés, ordonna
au général Gazan de mettre , à truis
heures du matin , 27 germinal, s s co-
lonnes en mouvement, et de les diri-
ger sur Yoltry, en passant par Area-
zano.
Elles arrivèrent à Lerca et i Aren-
zano en même temps que les troupes
de la division de gauche, avec laquelle
se trouvait le général en chef, ei
DU ÈIÈQH £T DU BLOi:i]S DK GÉNBS.
7ttô
qui , parties de Cogoletto, eATectoaient
mènie leur retraite sur Yoltrj, où les
deux divisions prirent position dans
Vaprès-midi . et où toutes les trou-
pes qui les composaient furent réu-
nies sous les ordres dn général Soult ,
et reçurent dos vivres et des munitions.
Tous les militaires éclairés, qui ont
suivi le lieutenant-général Soult dans
cette expédition , se sont plu à rendre
hommage aux taleus si distingués qu'il
y a développés. Une circonstance qui
a été principalement remarquée et ad-
mirée, c'est que tous les corps ont
donné à leur tour ; tous ont eu occa-
sion de se faire connaître ; aucun d'eux
n'a été plus exposé ou plus employé
que les autres; cette attention, qui a
été la même pour les officiers-généraux
et supérieurs qu'il avait sous ses or-
dres, lui a fait le plus grand honneur
dans l'opinion générale.
Pour le général en chef, il se rendit
à Gènes, où d'autres soins l'appelaient.
sa, 29 el 80 GermlDâl.
Voltry ne nous présentant aucune
position susceptible d'une défense
avantageuse, du moment que l'en-
nemi était maître de la Madona di Ses-
tri et de Rîvarolo, il n'est pas douteux
que, sous les rapports militaires, il n'eût
été préférable de continuer, dès le ma-
tin du 28 , la retraite des deux divisions
sur Gènes, aOn de ne pas risquer d'être
coupé par Seslrî ou Coniegliano. Mais
il existait un peu de grain à Voltry;
les distributions de la journée ne pou-
vaient être faites que le soir, et notre
misère était telle, que les moindres
quantités étaient précieuses pour nous.
Il fut donc arrêté que le 28 , les deux
divisions seraient nourries a Voltry, et
que cette journée serait employée à
évacuer sur Gênes tout ce qui pouvait
V.
se trouver de vivres à Voltry, Pra, Sea-
tri du Ponent et Cornegliano.
M. de Mêlas, qui ne pouvait perdre
de vue le double avantage que sa posi-
tion militaire lui donnait constamment
sur nous, résolut de profiter du séjour
que nos troupes faisaient à Voltry, pour
empêcher leur rentrée à Gênes ; et ei
conséquence, dans la matinée du 28,
il partagea en deux corps toutes celles
qui se trouvèrent à sa portée. Sou
corps de droite, composé de trois ré^
gimens, devait, sous les ordres de
M. de Bellegarde, attaquer notre cen*-
tre, et occuper nos troupes en avant
de Voltry, Son corps de gauche, com-
posé de six régimens, et conduit par
lui-même, devait se rendre à Sestri,
forcer notre droite , et attaquer en-
suite, par leurs revers, toutes les po-
sitions occupées par nos troupes (1).
Ce plan fut suivi à la lettre par l'en-
nemi ; mais l'attaque de notre centre se
fit avec trop de vigueur, le mouvement
de ll.de Mêlas avec trop de lenteur «
de sorte qu'au moment de leur retraite
(qui se Qt sous les ordres du général
Gazan), nos troupes ne trouvèrent
point encore l'ennemi à Sestri. Pen«-
dant ce mouvement rétrograde, elles
soutinrent à Voltry, et en avant de
cette position , de terribles combats : .
l'extrême valeur de la 106% et 3ur-[
tout des trois compagnies de grena-
diers, qui forcèrent la passage du pre-
mier pont de Voltry, déjà occupé par
Tennemi , et protégèrent jusqu'au der-
nier homme, la retraite de la brigade
de gauche, aux ordres de l'adjudant-*
général Gautier, vainquit sûr ce point
tous les obstacles. Mous eûmes, dans
ces différens combats, des compagnies
à moitié détruites. Le soir, nos divî«
(i) Vers midi, ce mouvement «?aUélé
nonce par un déserteur auUkiiieo.
786 JOUKNAL DES OPÉRATIONS MILITAIRES
frons prirent position à la hauteur (fe qui, par leurs résultats, nous (tarent à
Saint-André , et conservèrent même peu près tous favorables. Ceux qui
Sestri toute la nuit, afin de ractiiterla { peuvent être cités sont ceux du 19,
retniite des corps qui la soutenaient. [ celui du 2V , et celui du 27 germinal.
Pendant cette marche nocturne, la 78* ; Ceux du 19 , sur les hauteurs deTor-
perdît quatorze hommes qui se précî- riglla , où Tadjudant-général Hector,
pîtèrcnt dans dos abîmes, et la même ; attaqué par une forte colonne enne*
demi-bri[^adc soutînt, sur la droite de mie, parvint, en Tenveloppant , à la
Voltry, un combat que les Autrichiens battre et à lui faire près de trois cents
lui livrèrent, éclairés par des fiam- prisonniers; et à la Bochetta, où nous
beaux et par des torches. filmes forcés, et où^ en faisant un mal
Le citoyen Sibille , commandant des
fbrces maritimes de l'armée, et qui,
dons le moment où cette affaire s'enga-
^a, exécutntt avec sa llotille son nNm-
Tement sur Voltry, rentra dans Gênes.
Ce même jour fbt marqué par la
mort du général de division Marbot,
oflRcîer justement estimé; il ne put
échapper aux ravages de Tépidémie
dont il avait été atteint k Savone, et
qui , délitant alors tous les pays oc-
cupés par cette malheureuse armée
d'Italie, leur faisait de cette manière
partager une partie de ses désastres.
Le lendemain 89, les troupes pas-
sèrent la Polcevera, après avoir em-
ployé hi nixlt à se rassembler. La 68*
soutint dans cette retraite un combat
assez vif « sous les ordres du chef de
brigade Cassagne.
Pendant cette série d'opérations de
guerre, les troupes, restées aux ordres
du général Miolts , avaient soutenu
presqtre journellement des combats,
(1) Dans le commencement de cette aflkire,
le elier de ferigade Briio eut le brat droit tra*
vtné duttcballa^ Blal^sé cette ^le«Mie^ U resta
toute la journée lur le dkamp de bataille; U fit
plus, il ne quitta pas un moment soo corps
pour se faire traiter. Parmi les braves que cette
journée cotMa encore à la même demi-brigade,
nous citerons le chef de batailto» Moitié, blessé
en cbargeao; a la tête des carabiniers, et qui ,
à l'affaire du 15, s*éiait déjà distingué, à Buha,
«Tttne manière particulière.
3) !) :ti« }* ît; p rt de se» upcratious. le gé-
prodigieux à l'ennemi , la S* légère per-
dit, par sa résistance, cent vîngt-dcui
hommes sur quatre cent vingt combat-
tans. Celui du 24^ , en avant de Saint-
Martin d*A!baro, et dans lequel , puis*
samment secondé par le chef de bri-
gade Brun , commandant la 8* légère,
le général Darnaud fit plus de cent
prisonniers à l'ennemi, après l'avoir
complètement battu; et (!) celui du
27, sur notre ligne, entre les forts du
Diamant et de Richelieu, ligne que
rennemî attaqua trois fois, et où trois
fois il fut, malgré sa supériorité,
repoussé par -l'adïadanl-général Ot-
tavi (2), qui, en le poursuivant, par-
vint à lui enlever la posftion de Monte-
Croce, 011 il hii prit plus de cinquante
hommes.
Le dO, tous los ouvrages de la place
et toutes les positions environnantes
forent visités par le général en chef ,
accompagné k cet effet du lieutenant-
général SouH, du général L^martiV
Dérat MioMa, en VMdaal oonapia do tes diflift-
roules aflaires. depuis le ih jus^n'aq 90» dooaa
les piiis grands éloges aux géoéraot Darnaud si
Pcliioi. et À l'adjudant-général Oti^vi; il ea
donne de même au chef de brigade Bmo. sa
chef de bataillon DnpelKer, de Fa 106* > su chef
d*eaeadiron la Vîllette, an elMf de bataJUoo La»
ccoÎA, au capMsinedo g^nie DekMS, asoa aiife-
de-<'amp le cspUioc Bcroard^ au citoyen Me-
Dard, 5f)ti9-licu;enarit à U 106% etaui ciioveos
M MteB KT BO ftijOeUt »• GÈMÊê^
78»
lière« cMinMnidMit en chef f «rimeriez ( qni^ outie d'anlrat afaotasM iacaU»"
et lia chef de krigade Mv es, eontmaiK labtas, étail cinq fois ph» nomtaraM
dant le génie. Tontes les réparations ! qoe taî , et Tenait d'obiemr sur lé gé«*
nécessaires aoi forlarorefeit ordonnées m néral Stiehel an avantage qni avait no*
les changenMms k opérer daaa le plaoo* mentanément forte ce général à un
ment des pièces lé furent de mèoie : mouvement rétrograde. Il s'attaeho
UR système général de défense fkit ar- f donc a se fortifier dans ses posittona^
/été, et le eorps d'armée de droite rcH à falra contiinier la redierehe dea
^t une organisation nouvelle. moyena de subsistanoe qai pouvaieul
D'après cette refonte, Il ne C^rnaa se trouvera Gènes, et à établir la plua
plus que deoi divisions et une réserve: grande économie possible dans rem"
la première ani ordres de général
Miolis; la setoonde an ordres du gén^
rai Gaxan , et la réserve aoi ordres du
général Poiosot.
La dîvtsioii du général Miolfa était
forte de quatre mille cinq cents com*
battans, et oecupo toul le Levant de->
puis la mer, Jusqu'à la position des
Deux-Frères^ ainsi que nous veoons
de le détailler.
La division Gaean était forte de trois
miUe cinq eenta lieuamesy et occupa
tout le Panent, c*est*à-«dire Saint*-
Pterre d'Arena, la rive gauche de la
Poleevera, jusqu'à Hivarolo, Uant sa
droite avee les postes avancés dea
Deux-Frères.
La réserve , forte de seiae cents
hotttoes, fui placée à Gènes*
Onvoitf par la force de ces trois
corpa« qu'en quime joura de eoaabat ,
rarmée avait perdu plus d'uu tiera éea
braves qui lu eomposaieut.
ter et 2 Floréal.
(juelque brillante qu'eért; été roffèn-
srre^ que pendant quinre jours le gé-
néral Masséna avait soutenue, elle n'a^
vait pu cependant lui laisser de doute
sur la certitude qu'abandonné à ses
propra» larces, H D*avait, avec des
troopea qui , à raison de leur état el
de leur nombre, vouaient de Cslre tes
pta» grands effsrls, rien à eapéret par
forea dea umea contre ia»
plot de ceoi enistans. Four le premier
de ces objets, Il appela toute la garde
natlonafe au maintien du bon ordre el
à la défense de la viHe ; diaque cenofi^
nier liourgeois eut sa place marquée
daos une des batteries ; chaque bataH^
Ion son service réglé, et ses plaoas
d'alarme déterminées; il fit de plue
former en légion m> grand nombre do
réfugiés Italiens qui étaient à Gènes, el
aoiquels se joignirent volontairement
quelques centaines de Polonais, qui Sis
trouvèrent parmi les prlsomiters Mio
à rennemi.
Le commandement de cette légion ,
que radjudant- général Gautier a veto
organisée, fut confié ati chef de iMk
taHlon Rossignol.
Ces mesures nairent le général oé
chef à même d'avoir presque toulea
ses forces dispouiftiea contre l'arméo
autrichienne.
Pour le second objel il fit ^ par teuo
les moyens, acheter tout ce qn€ l'aw
put trouver de grains;; et de plus fl
écrivit en Corse , il écrivit au général
Suehet,ll écrivit à Marseille. Il aetim
outre cela les recherches reialivea mtâ
subsistances, d se fit rea^ttre l'état do
toua lea chevaus eiistaa»dans Génea.
Pour le troisSème, il étaftM tne sur*
veihmce très sévère sur la maautear^
tieo im pain et sur les dMribulieM.
Excepté la reprisé dar Montai'Ralfi^
pm bpsmmer baiaillem de<l»W^
78S
JOURNAl DKS OPittATlOMS MlUtURM
ligne^ eeê deux jours se passèrent sans
évènemens remarquables sous les rap-
ports de la guerre ; mais ils n'en furent
pas moins activement employés par le
général en chef. Une des c^rations
essentielles de ces journées , fut de
centraliser le gouvernement, aBn d'ac-
célérer encore la marche des affaires»
et d'assurer la prompte exécution de
toutes les mesures arrêtées. A cet ef-
fet, le général en chef fit nommer,
dans le sein même du gouvernement «
une députation ou concmiission spé-
ciale qui siégea chez lut , et qu'il pré-
sidait lui-même ; mais comme il sentit
qu'il fallait toujours laisser aux Ligu-
riens l'exercice du pouvoir, et ne pas
leur enlever l'autorité nationale, le
gouvernement resta chargé de la sanc-
tion des arrêtés pris par cette commis-
kiion.
C'est à ce moment que le général
Masséna commença à recueillir une
partie du fruit de toute sa conduite
politique, militaire et administrative,
depuis son arrivée à Gênes. La manière
dont chacune de ses actions avait été
caractérisée, ce qu'il avait fait, et, au-
tant que tout cela, ce qu'il avait cher-
ché à faire ; l'expédition éternellement
glorieuse qu'il terminait, tout en un
mot l'avait tellement entouré de l'es-
time et de l'admiration générale, qu'il
se trouvait, par l'effet de l'opinion,
une force morale qui le mettait en état
d'exécuter, pour le salut de Gênes et
celui de l'armée, tout ce qui était hu-
mainement possible : aussi sou in-
fluence, pendant les soixante jours du
Uocus, fut telle, qu'elle s'étendit à
tout, et suppléa à tout. Elle valut i
l'armée une force double de celle qui
résultait du nombre de ses soldats; elle
fit découvrir ou livrer tout ce qui exis-
tait en comestibles; elle donna, à
iM population aussi nombrouse, et
qui après tout ne pouvait voir en aous
que des étrangers, une patience qoi
n'a jamaia eu d'exemple, et que peut-
être on eût vainement attendue de
beaucoup de villes de France; et elle
fit supporter aux troupes les fatigues,
la mauvaise nourriture, la misère et
tous les fléaux qui les accompagnent.
L'on peut dire de lui qu'il se molli-
plia, qu'il nwitiplia tout autour de loi;
et que, dans le nombre des problèBies
que ce blocus laisse i résoudre, on le-
marquera surtout celui de savoir com-
ment, dans un pays où, avant le blo-
cus, il n'y avait pas de vivres pour
trois jours, il en trouva ensuite, et pea-
dant le blocus le plus rigoureux, ponr
soixante , de même qu*il retrouva des
guerriers et des héros dans des soldsts
qui semblaient ne plus pouvoir suppor*
ter une marche.
L'homme ordinaire admirera ces ré-
sultats sans les comprendre ; l'homme
borné voudra douter de ce qu'il ne
pourra concevoir ; mais l'homme pen-
sant et judicieux reconnaîtra danseei
faits les effets sublimes des grandes
mesures et des grands exemples.
D'après l'avis que rennemi préps-
rait une escalade, le général en dief
fit rassembler toutes les grenades qoi
existaient dans les arsenaux de Gêaes,
et ordonna que, dès le jour même, les
soldats employés à la défense des ou-
vrages et des forts, fussent exercés i en
faire usage.
Quelques désordres commis dans
nos troupes donnèrent, à cette épo^
que , lieu à l'adresse suivante :
« SOLUATS ,
» L'on m'a déjà porté plussaurs fois
» des plaintes relativeaoent à dea voies
» de fait et à des pUiages exercés par
a quelques-uns d'entre vous; ees excès
» viennent de se reaouvnler très r '
W nÉaS BT ou BU>CUS DB GÉHBSr
«aament è Bisagno et i Casteletto.
9 lis sont bien criraÎDeis, les mili-
taires qui s'abandonnent à une con^
daite aussi atroce, et qcà aggravent
de cette manière les manx que la
grcrre fait déjà si cruellement peser
sur les habitans de la Ligurie.
» Au surplus, songez que c'est une
obligation pour moi de punir et de
protéger, et croyez que je la rempli-
rai tout entière.
9 Je protégerai les (citoyens, et je fe-
rai respecter leurs personnes et leurs
propriétés.
9 Je punirai les coupables ; et dès ce
moment j'ordonne que tous les effets
volés soient restitués ; que les auteurs
des vols soient arrêtés et traduits à
une commission militaire ; que les of-
flclers commandant les compagnies
cantonnées dans les villages , soient
mis aux arrêts forcés, et qu'ils soient
destitués, si, dans les vingt-quatre
heures, ils n'ont pas trouvé et dési-
gné les coupables.
9 Soldats, dont la carrière militaire
se compose de bravoure , de priva-
tions, de vertus, ce n'est point à
vous que je m'adresse , et vous êtes
le plus grand nombre ; je ne désigne
id que quelques malfaiteurs, qui veu-
lent déshonorer nos armes, et qui
servent les vues de l'enneoû. »
3,4,5et6F1ordal.
Le 3 Ooréal, rennemi tenta Tenlève-
ment des troupes chargées de la dé-
fense de Saint-Pierre d'Arena.
Son plan, ingénieusement conçu,
fut exécuté avec audace ; mais la va*
leur française et la présence d'esprit
d'un seul homme, Grent tourner cette
entreprise à la gloire de nos armes.
A trois heorea du matin, une grande
)ieiire «vant le foor^ rennemi fit fatset
9
9
9
9
9
9
9
9
9
la Polcevera i tout le régimeât de Na-
dasti. Il fila entre Saint-Pierre d'Arena
etRivarolo; coupa, parce mouvement,
la 5* légère, qui tenait ce dernier poste,
et la sépara des 3* et 25' légères, qui
occupaient le premier ; a riva par les
jardins à Saint-Pierre d'Arena , força
les gardes qui se trouvaient sur sa route,
surprit le premier bataillon de la 3*, et
les premier et troisième bataillons de
la 25* légère, les rejeta sur les hau-
teurs et sur la Lanterne, et proQta de
ce moment d'avantage pour prendre à
revers le deuxième bataillon de la 25^,
qui était en position sur la Marine. Le
colonel Nadasti , et l'un des aides-de-
camp de M. de Hélas, avaient déjà fait
trois officiers de ce bataillon prison-
niers, lorsque le général Cassagne, avec
les premier et troisième bataillons de
la 25* légère, chargea. Le colonel Na-
dasti , déconcerté par ce mouvement ,
demanda au capitaine Chodron , de la
25* (l'un de ses prisonniers), le che-
min le plus court pour regagner le pont
de Cornegliano. Celui-ci , par une ruse
que sa présence d'esprit hii suggéra ,
lui indiqua un chemin au travers d'un
jardin. Ce colonel s'y jeta , quatre cent
cinquante hommes de son régiment l'y
suivirent ; à peine y furenWls entrés ,
que les citoyens Moogenot, capitaine,
Henrion, lieutenant, Gautheret , sous-
lieutenant , et Boulogne , chasseurde la
même demi-brigade, s'emparèrent de
la porte, et crièrent : Bat les armeê! Le
capitaine Chodron , changeant de rêle,
leur dit aussitôt : Messieurs, c'est wm$
mainiman$ qui êiss tnss pmontiterf .
Ce capitaine Chodron avait été dés-
habillé par les Autrichiens. Au moment
où ils se virent pris à leur tour, les offi-
ciers de Madasli , qui né s'étaient point
opposés à la manière avec laquelle il
avait été traité, lui offrirent leurs mon-
tres, pour qu'il les fH respectert 6«r*
IMMAL DM OfWATIOfIfi HlUirAmBS
toi bijoux , répondit ce capitaine,
H* en ai pas 6e<o»A pour faire pour vous
ce que voue n*av€Z pae su faire pour
moi. L'an des afficiers répliqua... Nous
avio9hs perdu la téie.'^La tUel répliqua
le capitaine , on n'est pas fait pour éire
officier , quand on peut perdre la iéte au^'
irtsneai que par un boulei de eanon^
L'ennemi laîaia soixante morts dans
Saint*Pierre d*Arena; nous perdîmes
quarante hommes pris et trente^-cinq
Ûessés ou lues.
Le chef de brigade Godinot , com^
«andadt la iS* légère « s'étant trop
avancé pour reconnaître Tennemi, fut
pris dàs Je commencement de TaSaire.
Il fut échangé le surlendemain contre
te colonel du régiment de Nadasti.
Cette attaque de Saint-Pierre d'A-
fiena fut combinée avec une autre que
l'ennemi fit faire dans le même mo-
ment par un bataillon des chasseurs
d'Aspres, sur la position des Deux-
Frères, que défendait la 97* de ligne,
et d'où , après une heure de combat ,
il fut repoussé avec perte.
Le même jour, le général Miolis fit
faire de fortes reconnais^nces dans le
fiiaagno, et en avant de la Sturla. Ces
reconnaissances avaiept pour but de
suivre différent movvemens CaiU de
ces c6tés par Teniemi ; elles donnè-^
rent Iteo à des combats très vils, et
coâtèrent quelques braves.
Le 4 , le général en chef, fortement
pressé de faire connaître sa positioo
flo premier consul , profita d'une nuit
fmmbre pour lui dépécher le chef d'es-
cadron Franceschi, aide-de^camp du
CénéiiiSottlt* aS&tiu qui s'était cou^
■ (1) Taeiaa las ftis qos le tewjps le iMmeW
laiw lo$Mny eo chefeip^i^it de» of Aciers ap
premier consul oo au géoéral Sucbet. Beaucoup
d*eDtre cui furent pris : de ce nombre soBt 10
ebef ^ttoeétoû Dreuin^ la cief ée bataUloa
vert d'honnenr daoa les durmèns af-
faires, et qui , à reotrée de la nuit,
partit dans une nacelle (!)« pour nn-
plir cette mission.
Un règlement que le général en chef
fit publier, eut pour but de déterminer
tout ce qui tenait à la police de la
place.
Dans la matinée, un parienentaire
anglais étaf t entré daQ:^ le port de Gè-
nes, apportant au général Maaséna une
sommation rédigée dans la ferme b
plus honorable. Le général en chef y
répondit en déclarant qu'il défendrait
ia ville jusqu'à la dernièpe extrénilé;
et fit connaître le tout aux habitaosde
Gênes par une proclamation.
Le £ , le général Maaséna , snr ia de-
mande des généraux Spital « Gaaan et
Soult , destitua un oflicior supérieur,
pour s'être permis devant sa troupe
quelques propos de nature à la décoa-
rager. U crut auMi devoir le «iiénie
Jour ranimer, par iessouvellea suiTaii-
tes, l'esprit public de Gênes.
lUSiÉifA , QijfBaAL %n cur« aux ha-
BiTAMs nn tx viixn mt efims.
a Le général Ondinot , chef de l'état-
» major-général ♦ est airfvé près diigê-
» néral Sachet*
» U est faux qne it générai finchet
» ait été battu ; il a repoussé rennenii,
» et au lien d'avoir perdu mille bom-
» mes à la dernière affaire, il a fait trois
)» oentis pri)»Qaniers ; il a reçu et fo^i
a des renforts de i raiicc,
» Les anné# du Khi» ^t '^^ i^' ' '^®
y ont dA se motice en mo9veaM.fU «la
Uacnee» lu premier étaii diCT^renliv fois parvetto
à braver ou à tromper les vais&eaui qui ftr-
maieot le blocus de Gènes ; et prind patement
deas aae nilssioft diffletle el impevtaate, 4eBl
Il M «av0é aanr la toai» al^aM ffMvVl i«^
î ^
DU hltQK ET DU BLOCUS DB gAiW.
» 10 au M germfnal ; celle du Rhin e^t '
70t
« f'orle de cent cinquante mille hom-
» mes ; celle de réserve de soixante-
)»dix raille hommes. L'armée de ré-
1» serve entre en Ilalie par la vallée
» d*Aosl.
» Le MoBt-Cenis est repris par nos
» troapes.
9 La forteresse de Savone est appro-
» visionnée pour un mois.
» Le général Carnot est ministre de
1» la guerre ; le général Berthter com^
» ttiande Tarmée de réserve.
» L'ennemi a voulu la guerre; les
» armées françaises ouvrent la campa-
» gne avec tin développement de for-
» ces imposantes, et tel , qu'il doit , par
» la victoire , le forcer d'accepter la
» paix.
9 Habitans de la ville de Gènes ! l'ar-
» mée d'Italie, ferme dans la résolution
» de vous défendre, voit approcher Té-
» poqne de votre délivrance; persévé-
9 rez avec elle , et avant quinze jours
» l'ennemi aura évacué la Ligurii*. »
Le 6 floréal se passa sans offrir au-
cun fait militaire qui mérite la peine
d'être rapporté.
On conçoit néanmoins que, de notre
cAté, le désir de connaître la position
et les mouvemens de Tcnnemi , nous
faisait faire de continuelles reconnais-
sances, et que, de son côté, l'ennemi,
qui était intéressé à tout nous cacher,
et à rétrécir le cercle de notre ligne,
s'opposait partout à notre marche. Il
résultait donc inévitablement de là des
escarmouches très fréquentes, mais
dont le détail aurait d'autant moins
d'intérêt qa'eUes n'eurent aucune in-
fluence directe ni indirecte sur le sort
de Gènes ou des armées respectives.
7, 8 cl 9 Floréal.
Depuis plusieurs jours, le général
Masséna savait, par le contenu des d&
pèches qu'il avait reçues, le mouve-
ment de l'armée de réserve. DiO'urens
rapports annonçaient des marches et
contre-marches de la part de l'en-»
nemi. Tout cela détermina le général
en chef à ordonner le 7 une recon-
naissance forcée sur la position de
Tentiemi, au-dessus de Corncgiiano.
Le général de brigade Cassugne, en
conséquence des dispositions arrêtées
à cet égard , passa, entre Saint-Pierre
et Rivarolo, la Poicevera avec les pre-
mier et second bataillons de la 3^ lé-
gère ; il flt d'abord replier devant lui
tous les avant- postes autrichiens; mats
arrivé aux positions de l'ennemi , ce
dernier, en montrant des forces con-
sidérables, démasqua par son feu plus
de quinze pièces de canons qui , dans
tous les sens, battaient la rivière et les
routes qui y conduisent ou qui en par-
tent. Lorsque le général en chef eut
vu ce qu'il désirait sur les forces et les
moyens de défense de l'ennemi , il lit
replier le général Cassagne, qui , dans
son mouvement , avait été secondé par
une fausse attaque que le second ba-
taillon de la 25* légère avait faite vers
l'embouchure de la Poicevera, sous les
ordres de son chef de brigade Godinot.
La connaissance de quelques faits
particuliers, et les rapports de déser-
teurs autrichiens déterminèrent le gé-
néral Masséna à faire un appel à tous
les Français, Italiens et Polonais qui
se trouvaient dans l'armée austro-
sarde. La proclamation qui eut cet
objet pour but, fut en conséquence
Ce même jour 6, le règlement de 1 traduite en allemand et en italien , im-
polke , arrêté le 4 , fut suivi de diffé-
primée par colonne dans les trois laii-
rena ordres relatifs à des mesures de | gués , et répandu» dans l'armée en-
défense en cas d'attaques nocturnes. | nemie avec profusion , et (mr .tom
7ra
JOmHAL MS 0P£RATI01«S MIIJTAIRBS
les moyens possibles, surtout par le»
espions , les prisonniers qu*on ren-
dait, etc.
Les 8 et 9 il n'y eut rien de nou-
veau. Ce calme était celui qui précède
les grands orages.
10 Floréal.
Le 10 floréal , à deux heures du ma-
lin , il s'engage une vive fusillade aux
avant-postes de la position des Deux-
Frères. Vers trois heures, le feu se ra-
lentît dans cette partie. Avant quatre
heures, notre ligne du Ponent est at-
taquée (1); l'action y commence par
une vive canonnade qui part de toutes
les batteries de la Coronata, et de six
chaloupes canonnières qui prennent
en flanc les reiranchemcns de la Ma-
rine, que défendait le deuxième batail-
lon de la 25* légère, à la tète du village
de Safnt-Pierre d'Arena.
A cinq heures, les avant-postes de
la S"* légère sont obligés de se replier
sur Uivarolo. L'ennemi charge trois
fois, mais toujours inutilement, les re-
tranchemens que les carabiniers de
cvAie demi-brigade défendaient a l'en-
trée de ce village.
A six heure», l'ennemi se présente
à la fois sur toute notre ligne du Le^
vant; partout il déploie des colonnes
d'attaque soutenues par de nombreu-
ses réserves. Il nous force sur plusieurs
points, et en faisant descendre du
Monte-Faccio des forces très considé-
(1) Par ces di«pofilionf et la conduite des at-
taques de celle Journée, Bf. le général Otto
rendit hommage à son prédécesseur, M. de
Fchulembourg, qui, le 13 Juin 17f6, et avec des
forces égdles, attaqua de la même maDière les
troupes qui, soui les ordres de M. de Boufflers,
défendaient Géoes.
Mais ce n*est pu la seule remarque que le
rapprochement de ces deux Journées fera laire
à ceux qui les compareroqi. Le militaire ohser*
YiifQr y Tfmi ep mlviii( to <l<mif q4'9l|««
rabics, nous enlève le Monte^Rati^
bloque le fort de Richelieu et s'empare
du fort de Quezzi , dout la construc-
tion n'était que commencée, et en
avant duquel il prend position. Il tente
l'enlèvement de la Madona-del-Monte;
mais le chef de brigade Vouillemoct
manœuvre avec tant d'habileté, que,
malgré le petit nombre de ses tfoapes,
il conserve sa position.
Dans le même temps, f ennemi presse
vivement Saint-Martin d'Aibaro. Par-
venu dans les premières maisons da
village, il soutient par un feu terrible de
croisées celui de ses tirailleurs, qui ar-
rivent sous le plateau. Nos troupes s'é-
branlent; déjà les ordres du général
Darnaud ne sont plus entendus, et sa
bravoure éclairée n'offre plus qu'un
exemple inutile, lorsque le général en
chef qui , parcourant toujours tous les
points de sa ligne, ne peut jamais se
faire attendre là où sa présence est
nécessaire, et qui souvent semble s'y
porter par inspiration , arrive accompa-
gné de l'adjudant-général Thiébaultet
de quelques autres officiers, qu'il charge
aussitôt de se joindre au général Dar-
naud , pour arrêter un tiraillement qui
devenait général, et qui, chei nos
troupes, est toujours on présage de re-
traite ; pour faire rentrer les hommes
détachés dans leurs compagnies res-
pectives ; pour renforcer les réserves
en diminuant le nombre des éclai-
reurs, et pour faire prendre à quelques
présentent, combien la manière actuelle rfe dire
la guerre remporte sous les rapports de lachar-
nemcnt dans le combat, de la dur^ de rsction.
de la complication des opératloi» et de leur ra-
pidité, sur celles dont resi>ectivement on iaUsH
usage alors. En 1800. les Autricbiens fircpt ro
une maiinée ce qu'en 1716 ils devaient eiécoler
en deux jours. En 1800, le général Mafféoa fit
en trois heures ce qal devait en coftterqea-
renle4iqH à M. de PoafQers,
M «iteB Bf DC BljQCOS DB 6âHBS«
798
corps une position plus resserrée. €es
mesures rétablii^sent Taflaire au point
que renoemi, qui avançait sous le
feu le plus nourri et à la vue de beau*
coup de troupe», s'arrête à l'instant où
il cesse (i), et ne tarde pas à se res-
iierrer lui-même» du moment où il voit
moins de monde.
Vers neuf heures du matin , à la fa-
veur d'une attaque extrêmement vive,
et tout-à-fait inattendue, Tennemi
nous enlève la position importante des
Deux-Frères (2), d'où il bloque le fort
Diamant , qu'il somme quatre fois de
se rendre (3), et d'où il commande les
ouvrages de l'Ëperon.
A peu près à la même heure, quatre
cents Autrichiens, passant la Polcevera
à la droite de Saint-Pièrre, rejettent
sur les hauteurs le premier bataillon
de la 3« légère qui tenait cette posi-
tion , et , soutenus par le feu de toute
la ligne, pénètrent dans ce village
(1) Deax eauMs peaveiil avoir produit eet
effoi; la première e>t qae le réublisscmeot de
Tordre parmi do« troapes, muliipliait les obs-
tacles pour ri-nneiDî ; la seconde est qu*il povH
Tait eroire que nous nous préparions à charger.
(a!) Aprèf avoir donné à diflKrrntes reprisct
l'eiemple du plus grand courage. Je chef de ba-
taiîloi Frossaro, commaDdanl la OT«, a éié tué
à celte attaque, en chargeant l*ennemi à la lèle
de Fes grenadiers.
(3) Les deux premières sommations ftirent
Mtf s le ma Un par le comte de Ptlfy, et les deux
dernières par le comte de Hohenxollern, dans
raprès-midi.La fermeté du commandant'Ber-
irand, et la conflunce que ne pouvait manquer
de lut donner la valeur si souvent éprouvée de
la H* de ligm*, qui eomposalt la garnison de ce
fort, rendirent toutes rcs sommations inutiles.
Nous ne rapporterons ici que la dernière
sommation, et la réponse qui fut foite.
Copie de ia sommaiion réitérée, faiU par le
iieuienant^général eopUe de HohentolUrnf
au commandant du fort du Uiamant,
« Je vous somme, commandant, de rendre
9 voira fort dana rinitaBt; aani cela, tout est
t prêt. )6 voqv priwlf d*iiss«|it,Mvoaf paiM •«
jusqu'à la croisée des chemins* Le
chef de brigade Godinot les charge à
la tète du troisième bataillon de la 25*
légère, leur tue plusieurs hommes,
leur fait vingt prisonniers, et les force
a repasser rapidement la rivière (4).
Enfin la 2i« de ligne, qui occupait te
revers de la montagne qui verse du
fort de l'Eperon dans le Bisagno, sou-
tint pendant plus de deui heures, et
avec un avantage décidé, les eObrtsd'un
ennemi très supérieur^ et finit même,
en lui enlevaut le pont de Carega, par
lui faire cinquante prisonniers.
Pendant ces opérations, qui prirent
une partie de la matinée, et durant les-
quelles, malgré la pluie la plus abon-
dante , le feu ne fut interrompu sur
aucun point, la Hotte combinée rasait
les côtes, et tirait, afin d*exciter le
peuple à la révolte; mais tout était
contenu par la force et la sagesse des
mesures prises.
a fil de Tépée. Vous pouvez encore obtenir ooo
» capitulation honorable.
» Devant le Diamant, à quatre heures du soir.
a Lb COMTB OB HOHBNBOLLBmR. »
t
iteponse du commandant du fort.
« M. le général, rhonnoor, le bien le plus
9 cher aux vrais soldats, défend trop impérieu-
» sementi li brave garnison que Je commande,
» de rendre le fort dont le commandement
» m'est confié, pour qu'elle poisse consentir à
a se rendre sur une simple sommation ; ei ]*ai
a asioz à cœur, M. le général, de mériter voire
a esiime, pour vous dé larer que la force seule»
a et Timpossibilité de tenir plus loog-tempa,
a pourront me déterminer à capituler.
» Signé BBBTBJtHd. a
(4) Les rapports des ofOdors pris dans cette
Journée se sont accordés à porter à vlngt-claq
mille hommes les forces que l'enoeml employa
contre nous au nord et dans le Levant, et à
douze on quinze iMtalUons celles qa*U avait
dans le Ponent. En effet, comment eat-41 pu
suffire sans cela 4 dos attaquas si moltipUées,
dans on pays surtout où 11 était diOMIa qa'«|M
eolonno i|tl wt plm €w potalf
Aux premiers coups de canon , legé- ' MioKs, et la renforça, pour F^éetttaii
néral Masséna s*était porté à la Lan- i de ses desseins, des deoi premiers bt-
terne, pour observer les mouvemens taillons de la 2* et de la 3^ de ligne,
de l'ennemi d«nns le Ponenl. En un ' Mais afin de ne rieii ayenturer,et
moment, il avait jugé que l'ennemi | avant de mettre ses réserresen
ne pouvait rien espérer de ce côté , et,
en conséquence, Il s'était rendu dans
le Levant, où Gênes présente à la fols
beaucoup moins d*étendue et beau-
coup moins de défense, et qu'il jugea
devoir être le point de la véritable at-
taque de l'ennemi.
Aussi , vers deux heures après midi,
lorsqu'à travers tant d'attaques succes-
sives et différentes, de tant de mouve-
mens divers, le général en chef se fut
assuré que le but de l'ennemi était de
conserver la po.-ition des Deux-Frères,
et d'enlever celle de la Madona-del-
Monte, d'où il nous forçait d'évacuer
Albaro, et d'où seulement on peut
bombarder Gênes, il résolut de pro-
fiter de ses réserves qui n'avaient
point encore donné, et de la sécurité
'que notre retraite et le temps affreux
qu'il faisait , devaient donner à l'en-
nemi, pour l'attaquer à son tour, re-
prendre, s'il était possible, s^es pre-
mières positions, et faire ainsi tourner
contre l'ennemi ses propres entrepri-
ses. Celte résolution était audacieuse
.dans la situation des choses; 'mais que
serait la guerre sans l'audace?
D'après ce plan , le général Soult fut
chargé de l'attaque des Deux-Frères,
et reçut à cet eOel les Td'' et 106% ainsi
que le troi>ième bataillon de la 2® de
liguo. JLo général en chef continua à
diriger les opérations de la première
divisiou, commandée par le iiénéral
(1) Le capUaiDe ilatbivei , de la 6^ de ligne,
•djoini à radjadam^céBéffal Tb&ébauU, se irou-
'\9fti, a%ec le» eiioyena VaiUe, capiUine, ei Dra-
• plar, ifvieiilHMiJor au ménie corpa. avoir, par
vement , et de se porter ainsi sur le
centre de l'ennemi, il jugea devoir en
affaiblir la gauche, et pour cela il fit
donner au général Damand l'ordre de
ne laisser qu'un cordon devant l'en-
nemi , de forcer sa gauche, el de le
reporter rapidement sur ses derrières,
afin de le battre, et de lui enleverme
partie des troupes qui avaient faillie
l'attaque de Saint-Martin, et passé h
Sturla, près de la Marine, où l'adjndaat-
général Ottavi se trouvait avee le troi-
sième bataillon de la 62* de ligne, et
quelques compagnies des 8^ légère et
7i* de ligne.
Ce mouvement , que le général Dar-
naud exécuta avec autant de prccisioii
que de vigueur, hii fit infiniment
d'honneur, et lui livra quatre cent^
prisonniers (1).
Cette opération assurait la droite des
corps que nous pouvions faire avancer
à la gauche d'AIbaro. il était alors prè$
de trois heure^ du soir, et c'est i ce
moment que le général Poînsot fat
chargé de reprendre le fort de Quczii,
avec les premier et deuxième batailioos
de la 3*" de ligne, pendant qu'a la tête
de la 78* de ligne, l'adjudant-génénl
Hector tournerait le Montc-Rati, en
suivant la crête qui lie la Madona-dei-
Monte au fort Richelieu.
Ce dernier mouvement, nécessme
ment très lent, ne put suffisamment
seconder le premier, dans lequel nos
tricbiffM, «oniinaDdés par quatre oflleienL fi
étaient perdus; mais la présence d'esprit dn ea-
piiaine Bf atbivet les sauva ; elle fbt telle, qu'il
parvint à penuder aux enaamii q«'Hs élaieet
VtWm éê leu> c—rigi, davaucé leoci caoïarades, | enveloppéa, à leur feife metire iMi les arnai,
tombéreot séirtaan nittea 4e qoaiff^ioiU Au- » età ica rameaer
M aiÉM Sr 00 SMG1I8 QB «Ém.
«16
trMp«É fiirent TiTMient repousséet,
H dMS leqael le chef de brigade Mou*
ton« ewnmÊSkJmi 1*3^ de ligne (i), et
te chef de hitaiHon Ghana, du néme
corps, ftirenl grièvement bleasés.
Cette réftMtance opiniâtre de li part
de l'ennemi achève de juattfier cette
eatreprîie aux yeux da général en
chef; et quoiqu'il ne lui reste plus qne
deux bataillon» de la 9* de ligne, il or-
donne au générai Miolia de se mettre
à la tête du premier, e t de se diriger sur
ie flapç droit de rennemi , et A Tadjor-
dant-f^néral Thi^boultde se portera la
tète des quatre premières compagnies
du second batailloo^etaupas de charge,
lor son flanc gauche, pendant que les
deux bataillons de la 3^, après avoir été
ralliés par le général Poiasot , soute-
naient au centre, et dans une poâiition
bvorable, Je choc redoublé dea eo-
nemis.
Le mouvement de Tadjudant-géné*-
lul Thiébault, qui était le plus direct,
et c^lyi qui coupait la retraite à l'en-
nemi, s'il avait pu s'eiécuter vive-
ment, donpa Ueu au combat le plus
acharné sur ce point ; l'ennemi se dé-
fendit en désespéré; attaqué trois fois,
trois fote il repoufaa cette petite co-
(1) L'amie diU «ni loiat vrttmcst nit^r-
self de madame Brignalet ehn taqiielle le eom-
mandaDt Mouton élatt logé, d'avoir conservé en
lai on tles ofûciers do mérite le plus rare.
Que cette note lef ve à comacrer à cet égard
to rcflDBMliaiaoa da toaa eesx qai tavam èp-
préckr la varia» ei a*iméf«iaar aa aari des
Graves.
(2) £n ce anoment TadjodaDt-génëral Dégio^
vanl n*avan qoe quatre-vingi» Français dans
Géaea pour le serTioe de la place et du port.
^3) U cbif tfosiadraa Hcrvo adrlie dédire
«MédMSiaUa masiian, par lawaolèro^lDiiiil
aatoadoMu là qaiiaqMMlblBd» ne paa nom-
«MT l0ll»«har dTMadM» MaMigoa» «iri •• dii-
HPiM noiHaifaraMi ialidfli4tié,«t plr la an-
Bléra il«aiélia airpvlacar am irsapw» il so-
da ua^ pas^ partHi da ci-
lonne. Trop près pour faire usage des
armes à feu, le combat continua à
coups de crosses et de pierres. DoM la
aeconde charge, le citoyen D^ey, ad-*
joint à l'état-major général , ht tué ;
peu après, le capitaine adjoint Mar-
ceau fut blessé; mais bientôt, profi-
tant de laaupérioriié du nombre, l^en-
nemi enveloppa cette colonne.
C'est aJors que le généial en chef
fit avancer les quatre dernières com-
pagnies du second bataillon de la i« de
ligne, 4ui étaient tout ce qui lai restait
de troupes en réserve (1)« L'adjudanf>-
général Andrieux fut chargé de con^
duire ce demi-bataillon, et le général
Masséna hiimème, à traveraies pierres
et le feu le plus meurtrier, suivi de ses
officiers, marcha à la tète de ce« trou>
pes, jusqu'à ce qu'il eât opéré leur jonc-
tion avec la colonne à la tète de laqiiette
ïhiébault combattait encore. Ce reu^
fort décida la victoire, et deni ceals
prisonniers eu furent le résultat.
Les adjudans^générauz Thiébault et
Andrieux cootinuèrent à pmirsnivre
l'ennemi (3), et effectuèrent en avant
du fort de Quezzi (k) leur jonction avec
les troupes du général de division Mio-
lis (5)« qui , de son côté, avait culbuté
foyen Jamea, t0É»<4ieiilenant do Ip 2» de bé-
taillc, qui. par son audace, ao eoovrlt aussi de
gloire (^ns cette anaire» apris la^elto il fut
r«iit lieiiti'Dant.
(i) Ce point de Queizi avait été désigné pour
la eonstrueUoo d'an fort ; to Iraeé en éiali fait ,
et i*eaéottilon ooamwacde. Il y tfait delà dea
partira de revétemept de quarante pieds de
baut, d'autres plus basses, mais sans remparts
en terr^, et sans parapets. Trois grandes ouver-
tures dans les parties mortes, et très accessibles,
élolgaaient tonte idée de rétablir ee fort, et ni
lia Autriehteoi, hilés Français n*avaieht en-
Bore iongé à en tirer ancoa parti pour la dé-
•feasisdeiapDSltiOtt.
'{bi Ue gdaéral Miblii se loua beaoeoap de la
eomiotlè do ebe# de-balanièn Manhin et do ea-
l«taiaaliai|err;tfèUr1l».
IfBo
JOURNAL DES OPtEATlONS MlUTAIftBS
tont ce qni tétait troové sur son pas-
tfsige, et avait fait trois cent cinquante
prisonniers.
Sarcla droite, l'adjudant-général
Hector, secondé par une sortie faite à
propos par la garnison du fort de Ri-*
dielieu , et par la charge que sur son
front le général Miolis fit exécuter au
général Poinsot , et à l'adjudant^éné-
rai Andrieux , et au moyen de laquelle
ils enlevèrent à Fennemi ses deux der-
nières redoutes sur le Monte-Rati , fit
mettre bas les armes à un bataillon
ennemi de quatre cent cinquante hom-
mes qui se trouva sans retraite, et qui
fut pris avec son drapeau. On s'empara
dans la même soirée de sept ou huit
cents échelles destinées à l'escalade de
Gènes et de ses forts, et faites de ma-
nière à ce qu'on pût y monter jusqu'à
trois hommes de front. Ces échelles
furent, pendant la nuit, brûlées par
nos troupes.
De son dVté, l'adjudant-général Gau-
tier, qui , avec très peu de monde, oc-
cupait une forte colonne ennemie sur
larivegaucheduBi8agno,lui Otsoixante
prisonniers, et l'empêcha de prendre
les troupes du général Miolis à revers.
Enfin , sur tout le front de la pre-
mière division, l'ennemi se trouva,
vers cinq heures du soir, battu et mis
en pleine déroute (1).
Trop habile pour ne pas profiter de
reflet que la vue de ces avantages avait
produit 9ur ses troupes, le général
8outt , placé de manière a planer sur
les points de ces ditTérens combats ,
saisit cet instant pour ordonner l'at-
(i; Dus lOQ rapport Mir les âdiiirct de celle
jeuniée, le cspiialne lleyiavter, commaiideiil
•lor» la a3« de ligne, rend uo compte iofiniineBl
ftfantegeax de la cooduile &n lieoleaaos Ville,
Abel et Galand, et da loaa-lieiileDant Nogier.
9) En alMBdoBiiÉaC les DoHZ-Frèrtt, lef
Amrklilspaaorllreiiilmsdeiiv cafMinf de )f «fi
taque des Denx-Frères, position ter-
rible, où M. le général Hohensolleni
avait rassemblé de grandes farces , et
où, malgré les difficultés du terrain , il
avait déjà fait porter à bras deux piè-
ces de canon , tant il sentait Pimpor-
tance de la conserver.
Le général de brigade Spital fat
chargé d'enlever cette position, qui
fut vigoureusement défendue; maïs
les talens et la valeur de ce général 6-
rent surmonter tous les obstacles; et
par reflet de son exemple, l'ardeur des
attaquans s'étant toujours accrue à rat-
son de la résistance, rien ne put ra-
lentir leur mouvement. La 105* se con-
duisit dans cette alTaire avec sa bra-
voure accoutumée. Au nombre de ses
blessés , l'armée vit avec douleur le
chef de bataillon Dunesme, qui la com-
mandait. Cent cinquante hommes for-
mant les débris de la 73* de ligne, com-
mandés par le chef de bataillon Cou-
tard, officier d'une grande distinction,
arrivèrent les premiers , et sans avoir
tiré un seul coup de fusil , au naut de
la position d'où l'ennemi fut chassé, et
où il laissa , avec une centaine de pri-
sonniers, ses deux canons, qui de suite
furent employés contre lui (2).
La terre resta jonchée de ses morts,
dans le nombre desquels se trouva le
colonel de Colloredo.
Les citoyens Fantucci, adjudant-
général cisalpin , et Legrand , chef de
bataillon du génie, au service de la ré-
publique romaine, se firent remarquer
dans cette affaire par leur conduite (3).
Ainsi se termina cette journée, b
eBcaitrenens, et les flieM rottler damk» iNids
qui avoAaiiiaienl la iMllerte. liée greuediait deb
73* s*eo aperçureal» el Icf reportéreoi au Iml
de la moBlagneavee une rapidité léHe* qv'aviM
4|tte les eonefliia riianDi hors de partée, en 9ê,
le tempe de eTea aerriroonm coxHBiènKt.
ra) Jakm d» telor le ploa irnaé Jiir ^w «f
«9 mtM n M mjocm u» ain».
7W
plus brUlaote du blocus ; jouniée qui
coûta à renneini plus de quatre miUe
hommes, dans le nombre desquels il y
en eut seize cents de pris, et qui le vit
successivement attaquant , et attaqué^
\ainqueur et vaincu.
Cette journée, que la fortune sembla
partager entre les combattans, et dans
laquelle la victoire fut toujours pour
celui qui prit l'offensive, sera éternel-
lement glorieuse pour le général Mas-
séna, aux yeui de tous les hommes en
état de juger les opérations de la
guerre.
Mais si elle fut belle sous les rap-
ports militaires, combien ne fut-elle
pas importante, relativement à l'esprit
public des Génois, qui le matin avaient
vu l'ennemi établi sous leurs murs, et
qui perdaient par celle victoire, la
crainte d'une attaque sérieuse par
terre. Aussi l'enthousiasme fut-il tel ,
que le retour du général en chef chez
lui fut un triomphe.
L'ordre du jour contint le lende-
main le témoignage d'estime et de sa-
tisfaction que la conduite de tant de
braves avait provoquée , et qu'il est si
doui à un chef de leur rendre.
La 41* de ligne et son commandant,
qui avaient défendu le fort DîMsant ,
reçurent du général en chef une lettre
ae féliciUtion sur leur conduite.
Une distribution extraordinaire d'eau»
de-vie fut faite à toutes les troupes.
Les résultats de cette journée furent
de plus rédigés, adressés au gouverne-
ment ligurien, traduits et imprimés
faits hittoriqvei qoi UhuirèreBt dans celle }oar-
oée lei trmei Uranfaiiet, aont Dommeroas eih-
cofe !
DulUaune, leiseut-eMijor de canUoierf à
Lei ciloyeu de Flandre et Térove, Heatenaas
de la 7S«, qui . lecondéi par deni loldaU feule-
ment, firent mettre bas les âmes à eani Ànlrl-
dans les deux langues, publiés et aA*
chés partout.
llstiaPlerSal.
Le général en chef pensa devoir
proflter des différentes impressions
que la victoire du 10 avait dû faire
sur nos troupes et sur celles de l'en-
nemi; et après avoir laissé reposer
les corps pendant la journée du 11, il
chargea, le 12, le général Miolis do
faire différens mouvemens , afln d'at-
tirer l'attention de l'ennemi dans le
Levant, et d*y occuper les troupes qu'il
y avait ; et de son côté il Gt porter, à la
pointe du jour, une forte reconnais-
sance sur les positions de Coronata ,
occupées par l'ennemi , avec rinten*-
tion de la soutenir vigoureusement si
Tcnneroi faisait le moindre mouve--
ment douteux ; ou si, comme cela était
possible, le défaut de succès de son
attaque générale du 10 déterminait sa
retraite, que le mouvement de l'année
de réserve pouvait ne pas tarder i
rendre nécessaire
Le chef de brigade Godinot , de la
25* légère, faisant fonctions de généra!
de brigade, fut en conséquence cbaigé
d'inquiéter l'ennemi sur la Polcevera,
depuis la mer jusqu'à Rivarolo, avec la
3* légère, la 3* de ligne, et douze com-
pagnies de grenadiers des corps non
employés dans cette affaire.
Le général de division Gazan dé-
boucha de ce dernier village : sa co-
lonne, composée des 5* et 25* légère,
Gansin et DekNine, sergeiis-majoft an même
corps» et ifttl, qneiqiie Uauéi, restèreot an
feu.
Châtelain, AlsUier, qal i'eaiMra dn dm«
pean.
Et enfiu le capitafae Robilfard, le ronrrier
BtcaMe, Abonelte, umboor; Lenation, HoU
lier, qui M diitiMvArait * «i^uie par dea pio*
dlfss de vaisor.
tn
IMMAK
et de là iW^ie ligM^ «e^dtriges sar la
f^auciie de la Coronata, et mardia de
tnanière à la prendre à revers (1).
La 97<' de ligne, débooehant de la
position des Deux-Frères, fit de son
cMé une fausse attaque sur !a char*
treuse de Rivarolo.
Il y atait è peine une heure que le
(eu était commencé , et déjà le géné-
ra! Gazan, A la fareor d*une attaque
pitrèmement vire , arrivait aut pièces
lerenneroi, qui de son cAté commen-
rail à les évacuer; déjà tout un régi-
ment de troupes légères autrichiennes
avait posé les armes ; mais quelques
coups de fusri, tirés sur ce régiment au
moment oà il se rendait, etTarrivée
d'une forto réserve autrichienne chan-
gèrent soudainement la face des aiTai-
res, et nos troupes hirent repoussées,
emmenant cependant quatre-vingt-dix
prisonniers avec ellos (â).
Le général Soult fit soutenir la divi-
sion Gazan par la 2« de ligne qui était
restée en réserve sous les ordres du gé-
néral Poinsot, et marcha lui-même è
la tète d'une partie de cette demi-«bri-
gade , dès qu*il sut que Te général Ga-
zan était blessé; et, débouchant dans ta
Polcevera par le centre do village de
Rîvarolo, il prit un ordre de bataiîte tel
que, par son feu, il arrêta les chasseurs
de Bussi et le 5» régiment de hussards
hongrois qui, par lé lit de ce torrent,
chargeaient pour couper la retraite
à nos trotipes (3).
La diflicnlté du terrain, le créneJla.
(1) C« lOMiTtoieBl aMwlaiL mm «ranéft pa»-
tie (te rarliUfrie teM y>Mwii «Mit hétiMé
toat le coteaa de It Coronata.
(^ Daoa ې moRieil ǝ l'amesil inlfiitlt le
feu de son ariillerie, un obus, après avoir frappé
le mur, roula su nsUita du giwipe tmaé p«r
iegéaéctl en chef, aikaolQcitrsdefODélat-
iQiyftr.aa coaunenceaieAi d« I'avomm de &iv^
tolo, el y écUU aaisli6t ; il ooavjaL v tèkf^ U*
HMttdeliai les mars ^ ]ai#iM qrf
se fronveiit sur 6t coteaa, les ouvrages
mulli^Késdont reanewirafait couvert,
les chenaux de frise dont toutes les
routes étaient remplîet , le feu croisé
de plusieurs batteries tirant à nrityaiile,
la graiftie aupériorilé des forces de
Temiemi , Pétat de ses troupes, la fal^
blesse que prodnisatt ehei les nAtrei
le manque de nourriture , la perte de
tant de bons officiers, le coaunaiide-
oMit de presque tootes leaoonupagnies
conOé dans nos corps à des officier»!
la suite, les longues souffrances, H mi-
sère, répiiisemeiil et le décourage-
ment d'un grand nombre ( eflet ordt-
naiie de ces' différentes causes), et en-*
fin la blessure que , dans le nomeni
décisif le général divisionnaire Gazas
reçut à la tète , furent les CMSts évH
dentés de la non-réussite de cette ten«
tative qui était très militaire, pnisqn'ea
mettant à profit les effets de kt victoire
du 10, elle tendait à nons livrer Partit-
lerie dont Fennemi afait cowert la
Coronata, tous ses pféperattfs de siège
et d'escalade, beaucoup de prisonniefS
et les vivres que le général savait être
arrivés pour pkisieors jours à Sestri;
elle avait outre ceh Pavairtage de for-
cer reenemi à amener de nouvelles
troupes contre nous, et à perAre da
temps & reprendre cette position , et à
la fortifier de nonveen.
Après cette aSkire, a y eut vme trive
de trois quarts-d'benre que i^nnemi
demanda afin, disaient les oflfeiersqoi
plusgraads ravages, wmmme^am mm^ém è
rcfieU«r qm ,1e oikpilpiMCwlier. eOwMttrè»
estimé, et qui, à côté de ropl, tooslia raide bmcI
par ne 4cUi qii^ l»i Uifsm le piàiriw Ud
grenadier qui se u>ottTaii dtas le greepaettle
(a)U M^ paMi
ta proposèrent, que chacun pût ramas- i ronata et à le hérisser de nouveltes
ser ses morts et ses blessr*^, mais q-.rils !
employèrent à débaucher nos soldats.
Plusieurs désertions suivirent des en-
tretiens particuliers où des éaûgrés
SQuls avaient paru
Aussilât que le général en chef eut
avis de cette (rêve, et avant d'en con-
naître raôme les détails, il avait ordon-
né qu'elle fût rompue.
Pendant tout le comhat, dans lequel
la â* légère se conduisit très bien (1),
Tescadre anglaise, forte de cinq vais-
seaux et frégates, fut en batailledevant
Cornegliano et Saint-Pierre d'Ârena.
Cette journée fut cruelle pour l'élat-
miyor.
Le général de division Gazan y fut
blessé, ainsi que l'un de ses aides ae-
camp et son officier de correspon-
dance.
L'adjudant-général Fantueci fut tué.
Ses adjoints Fascarolo et Gasparinelti
furent blessés. Le citoyen Carlier, ad-
joint à l'état- major-géiréral, fut tué
ainsi que nous venons de le dire.
La capitaine llosa , attaché a l'adju-
dant-général Reille, fut légèrement
touché par ua boulet heureusement
amorti.
13, 14. 15, 16, 17, 18, 19 et 90 Floréal.
L' adjudant-général Heille , parti le
11 d'Anttbes, arriva le 13 à six heures
du matin h Gènes, apportant des dé-
pdchiss importantes au général en chef.
Pendant toute cette journée, l'en-
nemi travailla à ajouter encore de nou-
veaux ouvrages à son camp de la Co-
(1) En UM» ci h\nsé9^ ïtt &e légère perlit
dans celle affoice cent cinquaote-oeaf hommes,
donl dix-huit ofOciers, au nombre desquels se
troQta le chef de bataillon Manset. Ce dernier
rut blessé en se faisant jour à travers les enne-
mis fé Vivaient anitlippé.
pièces. Il fortifia surtout le côté par le*
quel nous avions manqué le lui enlever
la veille, et fit sur plusieurs points des
démonstrations d*attaque, dans la vue
sans doute de protéger les travailleurs.
Dans la mAme journée le bruit se ré-
pandit qu'il avait roço des renforts et
que dans la nuit il devait escalader
Gônes. Lef.iit est qu'entre autres mou-
vemcns, il porta une colonne de plus
de deux mille hommes du cAté de
Monte -Crelo.
Ijsl 73" passa de la deuxième division
dans la première et fut chargée de la
défense du fort de Quezzi.
On rapporta dans la même journée
que la cavalerie ennemie filait dn côté
du Piémont. Cette nouvelle confirma
nos espérances sur la marche de Tar*-
mée de secours. Malgré cela les vîvrea
éprouvèrent tout-à-coup un renchérir
sèment considérable.
Le i^, dès la pointe du jour, l'enne-
mi fait joiier toutes ses musique?» eiv
signe de réjouissance.
Le 15, un petit bateau chargé de
grains trompe les efforts des Anginfa
et apporte à Gènes des vivres pour
cinq jours.
Les 16 et 17 n'offrent absolument
rien de remarquable, aucun fait mili^
taire, aucune nouvelle ne consacra ces
journées, si ce n'est quelques re-
connaissances qu'exécuta le général
Miolis, le 16 surtout , mais qui * ne
conduisirent à aucun résultat qui
puisse intéresser. Un dea évènemens
de ces journées, que ik)u»^ ne pourront
cependant manquer de rapporter, c'est
la destruction d'un aqueduc que les
paysan» armés coupèrent le 16 , et qui
était d*autant plus important qu'rl fai-
sait aller une grande partie des mou-
lins de Clones.
[ Le 18 f un espion nous apprend que
JOOMAL DBS OnfcAATJOfH MILITAIABS
l'on a entenda pendant deux jours une
très forte can nnade du cAté de Ta-
rin ; que ropinion générale est que Ten-
nenû a été battu, que les Français
marchent sur Milan. Le même espion
ajoute que le 16 au soir, M. de Mêlas,
à la tête de dix mille hommes , a passé
à Sassello, marchant vers le Piémont.
Le besoin d'encouragement fait re<-
cevoir ces nouvelles avec avidité.
Vers dix heures du matin, la flotille
napolitaine , arrivée le 17, canonne et
bombarde Saint-Pierre d'Arena et es-
iaie ainsi son effet sur les réduits de
quelques pauvres pécheurs et sur
quelques palais non habités ou changés
en hôpitaux militaires. Deux corsaires
français sortent du port de Gènes et
répondent au feu de la flotille. Ils sont
protégés dans cette sortie par la batte-
rie de la Lanterne et par celle de la
Marine établie à Saint-Pierre d'Arena.
Au bout d'une heure, une des barques
ennemies est traversée par un de nos
boulets ; cette circonstance met 6n à
ce combat ridicule et barbare.
Dans la même journée, le chef de
brigade Poochin , de la 108*, remplace
dans le commandement de la place de
Gênes , Tadjudant-général Dégiovani ,
qui est particulièrement employé au-
près du général en chef.
Le 10 , à la pointe du jour , la flotille
napolitaine bombarde Albaro : son feu
dure trois ou quatre heures.
L'ennend fait dans cette journée
différons mouvemens dans le Levant :
le bruit se répand qu'il est arrivé douze
cents Calabrais à Nervi.
Le 20, dans l'après-midi, dix-neuf
coups de canon tirés par l'amiral an-
glais, et quelques décharges d'artillerie
faites dans le camp ennemi se font en-
tendre et donnent lieu à diverses con-
jectures.
21 Floréal.
Deux fois déjà depuis notre blocus,
le Levant avaitété pour nous un théâtre
de victoires. Attaquans et attaqués
nous y avions vu des légions menaçao'
tes se changer devant nous en colonnes
de prisonniers timides, et descendre
humblement des cimes qu'elles cou-
vraient avec orgueil.
Deux fois, et toujours par l'effet des
combinaisons du général Masséni,
l'armée y avait moissonné d'abondans
lauriers ; mais cette terre amie n'était
point encore épuisée pour nous, et les
victoires des 17 germinal et 10 floréal
devaient en quelque sorte être éclipsées
par une nouvelle victoire plus éclatante
encore.
Une circonstance particulière en dé-
termina l'instant: le général en chef,
bien résolu de profiter du départ de
M. de Mêlas, et d'une partie de son
armée, pour affaiblir encore le corps
ennemi qui était resté chargé de notre
blocus, méditait depuis plusieurs jours
la manière de le forcer à s'éloigner oa
à se renforcer autour de Gênes poor
opérer une plus puissante diversion;
mais le point, ou plutôt le montent de
son attaque n'était point encore décidé,
lorsque, le 20, il reçut du général Otto
une lettre par laquelle ce dernier le
prévenait que le jour même son canon
tirerait en réjouissance d'une victoire
remportée sur le général Suchet : cette
nouvelle, qui aiu'ait intimidé un honinne
faible, ou découragé un homme ordi-
naire, produisit sur le général Masséna
un effet tout contraire. Une noble in*
dignation s'empara de son âme, elle
l'excita à venger son lieutenant, et Ini
fournit, avec cette idée mftie et géné-
reuse, tous les moyens de l'exécutof.
En conséquence, et de suite , il ar-
rêta pour le leDddfoaîo des diqigai*
m anÊUÊcm^WÊ
WM
HMt^ tf apito iMcpieilét H difîsa en
foalra corps les truupet qii*il résotak
4b hke coneouf ir à reiécutton de son
opojet
Vnn « sa» les ordres du général
Miolis, fut composé des «h , 7^« el 78*
demi-brigides debattiHe.
L'asbre, sons les ordres da Mente-
nantiiénéral Soolt, le fnt des K* lé-
gère, 9% 8» et9b* de ligne.
La 106^ forma la réserve de la divi-
sion Miolls, et les 92* et 97«, destinées
à kl fausse altaqoe, reçurent l'ordre de
ae porter en avant du Diamant pour
occuper Tennemi dans cette partie.
Le général Mîolts fut chargé d'at-
taquer le Monte-Faccio, et le général
Souk de le tourner, et d'envelopper
par ce monvement les troupes chargées
de le défendre.
L'attaque de front se fit sur trots co*
tonnes, savoir: la 78*, formant celle
da gauche, et marchant sous les or-
dres de Tadjudant-général Gautier.
Le général MioUs occupait le centre
avec la 74", et avait sur la droite l'ad-
judanl-générnl Relllc, commandant la
62^, pendant que le chef de brigade
Wouillemont , avec la 8* légère, occu-
pait la Marine.
L'adjudant-^général Gautier obliiit
des succès rapides, succès qu'il com-
manda autant par son courage que par
ses dispositions et ses manœuvres, et
au moyen desquelles il enleva à l'en-
nemi son camp relraiiché de Bavari ,
dans lequel la 78* trouva trente à qua-
rante sacs de riz.
' Le général Miotis et l'adjùdant-gé-
néral Reille s'emparèrent de même
d^s premières positions de l'ennemi
sur le Mùnu-Faccio; malheureuse-
ment ce dernier, en se repliant , ayant
formé ses masses, proQla d*un moment
de fluctuation parmi nos troupes , et
des avantages que lui offrait sa posi -
f.
tioo; reprit lHiaM|uei)ienl t'offensiviC,
les chargea avec beaiiconp de vigueur,
et les rejeta sur la Sturla, sans qu'il Mt
possible de les rallier, nu seulement do
les arrêter ; et cela , quoique le général
en chef eût successivement fait, dans
cette vue , avancer toute la réservé*
Mais pendant que l'ennemi suivait avè 1
acharnement cette partie de nos tfoii^
pes, le général Soult opérait victorieth
sèment son mouvement. i
II avait divisé ses forces en une avant-
garde, et en un corps de bataille ou r^
serve. Le générai Damaud comman-
dait à la première les 25* légère et 24*
de ligne, le général Poinsot comman-
dait à la seconde les 2* et 3* de ligne.
Parti vers cinq heures du matin (sa-
voir, son avant-garde de Gavctfo dans
le Bisagno, et son corps de bataille des
glacis de la porte Romaine), le gêné*
rai Soult avoit suivi la gauche liu Bisa-
gno, passant par BUantino, Olmo^
Prafo, Olhetio et C(i*soto^ culbutant
devant hii les postes autrichiens qUl
étaient dans ces dilTérens cantonne-*
mens, en même temps qu'un corps dé-
taché avait forcé les camps que l'en-
nemi avait sur le Monte-Creto. Arrivé
à Cassolo, il pa^sa la rivière ; le gêné*;
rai Darnaud s'empara rapidement des
avancés du pont, et se porta jusqu'i.
l'embranchement des chemlr^ de Tor-^
riglia et de Campanardigo, où l'en*
nemi pouvait prendre une position
avantageuse; mais il n'eut pas le temps
de se rallier. Pour le général Darnaud,
il s'y arrêta le temps qui fut nécessaire
pour y rassembler toutes ses troupes.
Arri>é au pied du Monl-Salviaggia ,
la 3* de ligne fut chargée, par le gé-
néral Soult , de combattre une colonne
ennemie qui s'avançait pocr l'atta-
quer, et de couvrir ses derrières, ce
qu'elle fit avec un entier succès.
Quant à la colonne dû général Dar
U
te éihgem sv tes hantenrs l Quant att général 60
ii-9tem^ pvriiit à la cièle deti
eteaofft lechoun ileSorri .
PcBiiul ce tnjct, te général Dar-
avait kaUm reaneinî à différantes
cC lui aiaîi d^ fait plus de
û ccsts priuiMitera dn rcgimeot de
Jardâi et da» cbasems de Braoteno.
Msii» ie troïKvaal alon e&UèfneflKnt
éiii^pë Ja c«rpi de kateilte, il Ait a»-
ntUi par un -^urp» taaatai beanewp
nperuînr ja au par k Donbre, et
fliu earanï eai cis i|ue tes traepcs ^
k cuiii(Ki!HLea& a* êUMl pa», aioiî fw
ciiks dtt j^HUfffal Oanasii. aSaméca et
konfiâctrs ik £iîi(nK. Oiks celte poaft-
tiQa criUi^« il !)UiaiiAt pfaft de daoi
k*un» an ccmbat «knt jim Uka* aceb
duBicaèn:oc l'un^galiU*. Oepeadai
Vitiwkxt ik U :^ Je li^ae, et ae»
aaJKPk JiTi^inuit ^n» kl ocdres de
isètttênl Poiosot . «t aùnwt à ratee de
cLjGfer ciKie défeoRTe pàukk et dif-
ficiie en uck offenbive bciiteBlr. Parka
ori!n» du ^rèoérii âoalt « qni arma iaa-
mêdiatemoQt aprèi cette cofoene, k
bataillon de la 2*, et ie$ jj^oadîefs» fo-
rent de suite formés dans k centre en
colonne serrée : la charge donna k si-
gnal de l'ai laque ; k 25^ s'ékn^ sur k
flanc gauche de Tennemî ; b 2«* sur
ton flanc droit ; par cette manœoTre «
rennemi surpris fut culbuté et préd-
pilé (lu haut (Ses rochers. Plus de huit
cents Autrichiens roulèrent dans les
abfmes; un plus grand nombre fut
pris dans hrs retranchemens de Monte-
JFaccio, monument éternel de la gloire
du nom français, et témoin constant des
défaiti's de ses nombreui ennemis.
Le général :ioult, maître de Monte-
Faccio, y fit faire une halte, après k-
quelle le général Darnaud se dirigea sur
Nervi , dont il s'empara. Il y trouva des
vivres pour ses trouves» et jr xu-it deux
pièces de canon.
■laiiièrfe dont toatea ka
eéral Mklis (eirepté k n»4
de Fadjudant -général Gavlicst,
laknt rottréas k oBatûa ««veit
itait alors impolaiUe de
suite li's corpa iqei lea
k«r avait fait prendre peaiti
Martk d'Albaroet à k patim
avait fait rccompléter lêure
et kur avait fait faire aoe
eitraordinaire de. vin ; cette
mit i Blême de ks reporter
vera une heure apria midi ; et i ai
trouva si bkn en mesure poor aaeae-
lir k féoéralS^uit ( ail en avait ee ba-
seia )i qa*avant quatre heorea de aair
k gwérel Miolis avait déjà rdleUI kl
coBaaoicatJORS avec ka troiqie>4Bab
général Soult avait laissées dans k ih
sagno; qu'a k méaiie heure, k MPélai
ce poaitieo sur k lionte-Beti , et
k tète de k ookene de dreile%
posée de k 8* légère, eirite à Nart
eemème temps que lea troopea du gé-
eéral Darnaud.
A b nuit« ce dernier se replkà C«^
tagna. La ^ rentra à Géoes. j naM*
nant plus de quinze cents prisoenicifr
Le reste des treupes acheva le kndt-
main de reprendre ses premières pa-
silioBs , en conservant cependant b
Monte-Facdo.
Vers k seir^ cette victoire fat an-
noncée à Gènes au son des bandai
militaires, et b ville fut illuminée.
L*enlhoostasme fut âiéme d*auteal
plus grand , que du moment où k di-
vision Miolis avait battu en retraite» il
n'avait plus été possible au gén^
en chef d'avoir des nouvelles dM géné-
ral Soult; et cette circonstance était
extrêmement sérieuse, attendu que oa
général se trouvait enveloppé par l'en-
nemi qu'il avait toorné; qu'agissant
seul, îîjDOUvnît^^rc arr*aM<* j>nr ••^ •'"ni'
bre ; et qûé pâ^ consiéqnent beaaeoup I sacré au repos; il le ftit de mime a la.
de personnes avaient cm la Journée
complètement malheureuse, jusqu'au
moment où Ton en publia le brillant
résultat. Dans son rapport au général
en chef, le général Darnaud donne ,
relativement à cette affaire, les plus
grapds éloges aux chefs des S5« légère
et 31* de ligne, au cherd*escadron La-
vileite [blessé dans la dernière charge),
et au sous-lieutenant Mamard , de la
ICtt*, qui y fut de même blessé.
22 et 23 Floréal.
Le général en chef, qui avait pour
bot constant d'approvisionner Gènes,
à la Eiveur des avantages par lesquels il
parvenait à éloigner rcnneroi de ses
mors, jugea pouvoir proGter de la vie--
toire du 21 , pour chercher à en rem-
porter une nouvelle avant que rennemi
eût eu le temps de réparer ses per-
tes. Les succès brillans obtenus dans
cette journée avaient bien fait appor-
ter, des villages enlevés à Tennemi ,
quelque bétail et des herbes dans Cô-
nes; mais pour avoir des grains, il fal-
lait encore étendre les conquêtes.
D*Qn autre côté, le général Masséna
connaissait assez la situation de son
armée, pour savoir que dans un pays
où la victoire échappe souvent au plus
brave, pour favoriser le plus robuste,
il était impossible, avec des troupes
épni>ées par de longues souffrances, et
usées pour ainsi dire au moral comme
an physique, de combattre deux jours
de suite, surtout sur ]e^ rochers pres-
que inaccessibles de la Ligurîe, et con-
tre on ennemi en présence duquel Ton
De pouvait arriver qu'après deux ou
trois heures des efforts les plus péni-
bles, et déjà à moitié vaincu par la fa-
tigue.
Le 22 fiit donc, par néce&fité, cbta^ de ta 3« légère.
célébration de la victoire de la veille ,
qui se flt à midi par vingt-cinq coupa
de canon, dont le motif fut offlcielli^
ment annoncé aux généraux enne-
mis (1). Mais, le 23 au roatiti, le géné-
ral en chef, malgré la nouvelle de la
retraite du général Suchet sur le Var«
se trouvant toujours supérieur aux cMt-
prîees de la fortune, ou bien indépen-
damment de toute autre considération «
voulant faire usage de toutes ses rei^
sources, et cherchant à presser lea
évènemens à proportion que le teoipa
semblait lui échapper avec plus de ra*»
pidité, marchait déjà à une eipéditioÉ
nouvelle , et qui , relativement à l'of-
fensive (si souvent reprise par lui),
devait être décisive entre les troopaa
qui défetidaient Gênes, et celles qoi^
en ce moment, bloquaient cette placer-
Le but de cette attaque était Teniè-
vement du camp de Monte -Creta^
point central de toutes les positions da
1 ennemi autour de Gênes , et réello^
ment la clef de toute la ligne ; je dit la
clef, parce que, maîtres de cette mon*
tagne, les localités sont telles que nooa
devions le forcer à s'éloigner de Gè-
nes. Par suite de ce mouvement, noi
forces pouvaient tout-à-coup être réo«
nies , et par sa continuation , nooa
étions les maîtres de nous porter d'w
côté sur les derrières de Coronata^
d'où l'ennemi, dans le Ponent, nooa
gênait le plus, et de l'autre, dans leLo-
vaut , où l'ennemi n'avaR que de ùi^
blés points d'appui. La perte de son
(1) A roinatt, le 22, rennemi Attaqua SiMi^
Pierre d*Arena ayec vigueur. Deui centi bm»
mes passèrent même la Polcevera ; mate comao
cette afTéire n*ett d'aucun intérêt eonno, naia
nous bornons à la citer, et à dire que erê deua
cetis bonunes furent battus et repousses par le
soQ9-4ieutenant Bazière, et Yingt-clnq chasseart
«01
JOCENAL PRft OPAbAVONS MlUtAimSI
camp de Monto-Crelo l!obUgeaît donc
à se retirer sur la Bochetta et eo ar-^
rière de VoUry et de Sestri du Levant,
à évacuer PortoQiio, et à abandonner
l'artillerie qu'il avait à CornegUano, et
à Sestri du Pooent , où niôiiie nous
avions Tespérance de trouver quelques
magasins.
Rien ue fut négligé pour assurer la
réussite de cette opération si majeure,
par les résultats qu'elle ne pouvait
manquer d'avoir. C'était , en quelque
sorte, la dernière tentative que le gé-
népi Masséna pouvait songer à faire.
La nécessité de contenir le peuple de
Gènes , que des souffrances trop pro-
longées aigrissaient tous les jours da^
vantage « et que par tous les moyens
possibles on excitait à la révolte , ne
pouvait plus guère permettre de sortir
de cette place. Le choix des troupes
et des chefs se fit avec un soin égal.
Les troupes reçurent tout ce qu'il était
possible de leur donner. Enfin, un es-
poir fondé faisait d'avance ranger cette
journée au nombre de celles qui de-
vaient nous laisser des souvenirs glo-
rieux et consolans.
Mais, par un premier malheur, l'ep-
nemi , qui avait senti l'importance de
sa position de Monte-Creto , y avait
rassemblé ou en avait rapproché une
grande partie de ses forces ; cette cir-
constance , ignorée par le général en
chef, ne put donc rien changer à ses
résolutions, et le corps destiné à cette
attaque fut divisé en deux colonnes.
Celki de droite, composée des 3* lé-
gère, et des 2% 3% 2V et 62« de ligne,
marchait, sous les ordres du lieutenant-
général Soult, sur le camp de Monte-
Creto. Elle partit de la porte Romaine,
à huit heures du matin , et se dirigea
par la vallée du Bisagno.
Celle de gauche, commandée par le
général Gaxan , déboucha par le fort
de l'Éperon ; et, passant par les Deux-
Frères , se dirigea sur les Quatre-Âs ,
qui »se trouvent à leur droite , et qae
l'ennemi occupait par de fortes re-
doutes , en même temps qu'il soute-
nait ces dernières par un camp consi-
dérable.
Les 3* légère et 02' de ligne , for-
mant , sous les ordres de l'adjudaDt-
général Gautier» l'avant-garde du gé-
néral Soult, commencèrent le combat
vers onze heures du matin. La valeur
des troupes, l'intelligence de leur chef,
leur confiance réciproque, signalèrent
le début de celte journée par des suc-
cès marqués. Partout l'ennemi ployait
devant cette petite colonne ; et, au boat
de plusieurs heures d'une marche qa'un
combat continuel rendit extrèmemeot
pénible, et après avoir enlevé deux
camps et plusieurs retranchemens, elle
arriva au camp de Monte-Creto, dé-
fendu par de nombreux ouvrages , et
par une ligne de troupes soutenues par
plusieurs réserves.
Pendant que l'adjudant-général Gan-
tier avait obtenu ces diffërens succès,
la 2V* de ligne, sous les ordres de son
chef, avait attaqué et enlevé, malgré
la plus vigoureuse résistance, la mon-
tagne de l'Aspino & Fennemi , et se
trouvait de cette manière seconder les
troupes chargées sur ce point de la
principale attaque, et les flanquer.
Dans le même temps, la division di^
général Gozan était également aux pri«
ses avec l'ennemi ; déjà la brigade da
général Spital s'était emparée de ses
premières positions ; déjà l'on formait
des pelotons pour suivre , un peu ras^
semblés, les braves qui marchaient sur
les redoutes de l'ennemi , lorsque l'o-
rage le plus violent et le moins attendu
sembla tout-à-coup confondre la terre
avec les cieux : des nuages, tellement
épais qu'en se touchant l'oii ne se
M MteS RT W WÎXHXS M OÉlfBS.
foytitpaâ, ooaYrirent les montagnes
élevées qae aeos occapions, et enve-
loppèrent tons les combatUins, au
point que Ton ne s'epercerait plus qn'à
lafaTeiir des éclairs. Après trois quarts-
é*heure d'un yéritable déluge, pendant
'feqoel personne Vosaît faire un pas,
chaenn se trom-a on l'orage Tavait pris ;
mais tOQt était mouillé , et la terre et
•tes armes. Le moment de Ténergie (1)
fiait passé. Ler sentiers étaient deve-
hoa extrêmement giissans et difficiles ,
et pendant ce temps , l'ennemi s'était
'encore renforcé par l'arritée des corps
-qui , placés dans tea Tallées enriron-
nantes et au-dessous des nuages,
avaient pu marcher pendant l'état de
atagnalion dans lequel nous avions été
si )ong*temps. Les obstacles, en un
met , avaient augmenté en proportion
de la diminution de nos moyens. On
fit encore des efforts , mais ils furent
tous malheureux. L'enthousiasme, ce
ressort des Ames, qui est tout pour les
Français, était usé.
Sur la gauche , le général Spital , en
cherchant à ranimer ses tronpes , eut
son cheval tué sous hii , et lui-même
ae blessa dans sa chute. L'adjudant-
général Rente prit sa place, se jeta en
avant, et ne put faire partager le cou-
rage dont il donna l'exemple avec le
plus grand dév^nement.
Sur la droite, l'adjudant -général
Gautier, par la force du sien , obtint
encore une diarge , nu moyen de la-
quelle il enleva les redoutes qui dé-
• fendaient le camp ennemi ; mais aus-
sitôt , ce dernier fait donner l'une de
ses réserves, que conduit le général
Hohenzollern lui-mèma. Le choc est
terrible; Kon ae bat corps à corps, et
(i) A U fln do blocus, elle éUK Mbie dans
pof troupes, par reffet de toatee qu'aies sytient
foalVm
Gautier tombe blessé. Ses troupes re»
culent. Le lieutenant-général fait ra-
pidement avancer le général Poinsot,
à la tète de la 2* de ligne ; l'ennemi
plie à son tenir, nos troupes arrivent
au camp de Monte-Creto. Le feu x^st
mis par elles aux baraques de ce camf> ;
mais Tarrlvée d'un nouveau corps en^ >
nemi rend encore cet effort inutile, et
nos troupes se dispersent de nouveatl.
C'est alors que lé lieutenant-générAl
Soult, accompagné et secondé du chef
d'escadron Souk, son frère et son arde-
de*camp, et du citoyen Mengodt, lieu-
tenant au k* régiment de hussards,
rallie la 3^ de ligne. Les troupes , & sa
voix, s'arrêtent un instant; il semble
leur communiquer la valeur qui l'ani-
me; mais une balle, qui lui fracassé Ta
jambe droite, nous arrache la victoire.
La retraite s'opère ; et , pour comble
de douleur, le général Soult reste au
pouvoir de l'ennemi. Le terrain, natu-
rellement glaiseux et incliné, était
tellement imbibé, que nos soldats, ex-
ténués de fatigue et s'y soutenant à
peine , ne purent l'enlever, malgré les
efforts qu'ils firent pour y parvenir.
L'ennemi suivit d'autant plus fiiiMe^
ment notre mouvement rétrograde',
qu'il avait détaché une colonne pour
nous tourner. Cette colonne serait, en
effets arrivée assez à temps pour cou-
per la retraite à la moitié de nos trou-
pes , si elle eût eu affahe è tout autre
qn'à des Français.
n y eut , dans cette rencontre im»-
prévue pour nos bataillons, une action
assez vive, et dans laquelle le chef de
brigade Perrin , commandant la 2* de
ligne , reçut , à la jambe gauche , une
balle dont il mourut vingt^trois jours
après.
Au moment où le général en chef
avait jugé f entreprise roanquée^ il
^aît d^ttdu^ > dé te diviaion fii«a^^
m
JOimilAL BES OraBATlOIfS mUVâKBS
*•
radjudtnl^éiiéral Hector, qai, ayec la
Itier^ descendit dans- le Bisagna pour
protéger la retraite des troupes du gé-
néral SouU. Ce corps seconda très
heureusement les eflbrta par lesquels
4a 2* de ligne se fit jour. Le soir, cha-
que corps rentra dans ses kneiennes
positions.
Pendant ces différens combats « le
fénéral Mîolis occupa Tennemidans le
Levant et dans le Blsagno, au moyen
de fortes reconnaissances.
C'est atnsi que se teimina pour nous
eelte journée d*un véritable deuil;
cette journée fatale è tant dé braves ,
et dans laquelle l'armée fit trois pertes
irréparables pour elle. Le lieutenants-
général SouU, par les services les plus
aigaaiés, justifia, pendant ce blocus, sa
haute réputation.
La fortune inconstante partagea ses
faveurs, et se joua, ce jour-là, de nos
voBux et de nos espérances^
Cent vingt prisonniers ennemis res-
tèrent en notre pouvoir ; on prit avec
eux un colonel, un major et huit au-
tres officiers.
- Pendant que Tarmée avait été atnsi
occupée hors de Gènes, quatre mille
taumes, des sonnettes à la main, s*é-
4(iient rassemblées dans la vilto en de-
mandant du pain « et la fin de leur
misère. De Targent, distribué è propos
par le commandant de la place « et ca
sagesse, dissipèrent cet attroupenieiàl ,
mais ne purent tranquilliser sur un
peuple nombreux, soiÙErani» et agité
par des meneurs adroits.
M^aSiiS^ t7t », sa et 30 Florétf .
' Le jnr,è deux heures do matin, tes
galères et chaloupes napolitaines bom-
^Mrdeut Gèties, et prindpatetnènt le
Ifuartler éa la lUttrftié. Le peuple fê^
•pwranle et fait de toutaSfrtrti. Au
milieu de la nuit, la ville est pletae de
monde, des rumeurs sa font entendra,
des iîisées partent de Tim des endroit»
où soiit les prisonniers. La générrie
bat, mais ne rassemble presque per-
sonne de la garde nstionale qui , da^
puis le 29, ne prenait presque plus de
part aui mesures de poKce. Le itts
des patriotes était refroidi. Les menac-
ées dont Assereto remplissait loutas
ses proetarmatious les intimidait à pré-
portion que notre position dofrâatt
plus critique.
Au milieu de tout le désordre ds
cette nuit, le général en diet parooa»
rut toute la ville.
Le jour mit fin aubomlHirdemeotfi).
Le S8, l'ennemi Cait une forte ra-
connaissance sur le Monte-Faccie ; il
est repoussé après un combat d'una
denû^heure.
Pr«riàre4éGad«4s SiaivisL
Rien ne peut peindre la cmelle pra-
portion dans laqueMe chacun des jours
du mois de prairial a multiplié les
maux que Gènea a aoufiipartf par les ef-
fets de ce cruel blocuSf U faudrait,
pour présenter è cet égard wi tableao
fidèle et complet, aoaty^, pour ainsi
dire, les tourmens que l'on y a éprou-
vés, et calculer le nomhc^ 4oa malhea-
reux qui, pendaot ces jours de dou-
leurs, ont été inuaolés à la nécessité,
cette divinité terrible, devant la^ieUe
tout plie , et qu'avec tant de raisoa
les anciens di^ieut être de fer, Mail,
sans chercher À présenter tous les de-
tails de cette aiGreusc .sîMiatioii, «uis
(1) Im raaiMSSMrtail ssnUaa^at
malgré le jour, à rester en groupes. Prés (Toa
de ees groupes des cris se firent entendre si
XDomant da pscHse du a^rsl Uaiséot: S
s*arcé(|. p^ |« i^lUaux^at «an r^gird at umi
fuir.
OT MÉM » W BIMVS DR OtMI.
npfÊXm tMfè» RM dreonstmcH 4e
cm démtnês , mdb déerire la ftim dé-
vorante remplissant jour et nuit les
airs^es cris du désespelr , les mes de
Merls et de menrans (i), «ans parler de
eea Woliai^ qnt, flMrte de pain , ont
terminé, dans des réduits hiden, leur
an^eose existence; sans chepcheF des
contrastes dans la rage des nns, dans
la asome et profond abattement des
antres ; sans scruter toutes les horreors
do eette misère; sans tracer le tableau
éetont on peuple pèle, défiguré et li*
▼Me se disputant les choraux qui,
morts de maladie, éioîent traosportéa
èJoToirio, s'arrachent les chteni, les
ehate et les antres animaui domesti<*
^uos, et mangeant jusqu'à des souris,
éei rats et de rherbe, la pâture des
feesHant qui amant été dévorto; sans
nous étendre davantage sur ces lugu*
Mot aouveoirs, nous laisseious à cha-
oUAde nos iodeurs i se flgurer quelles
hoareum la fasuioe doit avoir produites
dans une enceinte de cent soisanto
mille âmes, oà do tout temps il y a
Ou fceaueoup do pauvres» et où , au
eoHMseaeeaMut du blocus, le peuple
uoreoevuit défè plus par jour qu'une
de pain ppr personne,
Aa 90 iloréak le général Masséna,
unodn omtéaaiutions qui sont f4*
ill Va pstisal M (leMa diNiloa9>M9S 4paiasb
iBçllSiSaCoKVCtMitfiMr^ |Nir le spavemo.-
■ni»! de tel relatiopf ordiniiret avec |e gétkérat
en chef, à tfn daas an rifipoft qtnr fit à ce tu-
fgl! « Det weHweriut réptmémà <mi lei reet,
• baol à chaque pas de pure débUlaoftt «les
% fiafana déUUi^f et ceurant dans la villa tn
• jelaat des cris algni ; des pbysioDomles pâles
» et défigurées où se pflgnaleot i-la>*fils le
é'dSseipeir au prtoat ei^s ânfaiiies éa fave?
»lirgdei nena ei aea aieavaai que ia pallea
1 liliaii bkniftl ealeier s«m tes feniiaUUi a^
» eoelnmées : voilà eoe faible esquisie du iMr
• bleaa déchirant qu'offrait aui yeuT dé
tes pour étonner tous eeuz qui sont à
même de les apprécier, oao ( dans ce
moment où celte immense population
détenait cependant si redoutnble) don^
mr Tordre de retrancher an peuple le
pain que de temps immémorial le
gourernement lui faisait distribuer, oi
qui lui étttt alors plus nécessaire quo
jamais.
Le but de cette mesure audacieuin
était de tout réserver à l*armée ; mais,
pour prérenir les asalhcurs qu'elle
pouvait occasionner, le générai en chef
fit multiplier les soupes d*berbes quo
Ton vendait à bas prix au peuple, do
mémo que pour le mettre à même dO
payer ces soupes , il fit soldw, par la
classe riche ou aisée, tonte la classe in*
dîgenle. Ainsi diaque père ou mère
pauvre reçut seiae sous par jour , et
chaque enfant, ou autre individu pau^
vre MUS enfant, dix sous.
Les curés donDèren| les listes do
leurs paroissiens^
Le réie de Fimposition peraonnello
servit de base pour Tassiette de ce
nouvel hnpét; et, de eette manière,
ces secours furent régohmaés.
Cette mesure, en formant deus
nouveaux partis dans la ville, produis
sitoneoio io Mon do faire cesser dea
Dmrmuiea qui doronaiant alamanit
il ODdsieiite. » El l*«a pourrait ajgn|«r aies
rautmir de ri?ii<i< mut Cétat d$ Ginu : Cette
ville célèbre , qui couvrait la nrr de ses valF-
seadx, qui atait pris et déirrré des rois, doal
la iiaissueoa a? aH potié la soerre atoc des suc*
césinaliPi 4fm dlwnes oartiaa du monde qi
itoot plailem £^eu dltiOle ovaieoi rcçq la
loi.
Mais un hit que rblstolre recneHlera avee
éléasement, c^l qo*ao iDiHea d*oa état de
choses 4 fiBlul, U flVf eut presque point d'il»*
subordination dans Tannée, ni de mouvemeal
dans le peuple , point de yoIs, point de désor*
dast, eiliasdanakaMaa«lora du bombaiile«
■Mlbelqii% aiB bsuias du aoir toM ka oèr
al I leyuoa éuleet habltneUeDMol roUids
80B
jovnuÊL w^ onktATioNs uutunii
eonn Ton parvint par elle à sobstanter
Tarroée jusqu'au l" prairial.
Alors les embarras les plus cruels se
Grent sentir. Il n'existait plus de quoi
faire pour deux jours le pain déjà si
mauvais que Ton distribuait aux trou-
A peu près dans ce temps, l'ordw^
nateur Aubernon fit faire un easal qû
prouve encore combien le désir de se
créer des ressources était en propor»
tion de leur manque total. Cet essai.
consista à faire sécher dans les foun
pes. Dans celte extrémité, le général de la ville les épis encore verts des
en chef, qui pensait si justement que
gagner du temps était tout gagner ,
mit tout en œuvre pour prolonger Ta-
gonie.
A cet effet, il fit ramasser tout ce qui
existait en amandes, en graine de lin ,
en amidon, en son, en 9j^oïne sauvage
et en cacao; et, amalgamant le tout,
il en fit faire une composition que Ton
donna au lieu de pain. 11 est impos-
sible de rien imaginer de plus dégoû-
tant que cette nourriture, que la difli-'
culte de sa manutention achevait de
rendre exécrable, qui n'était qu'un
mastic pesant, noir , amer, et tell^*
ment imbibé par l'huile du cacao et
du lin, qu*il n'avait aucune consistance
et n'était susceptible d'aucune cins-
son (1).
Le besoin de diminuer les maladiea
que cette nourriture multipliait déter-
mina à distribuer en même temps aux
troupes du fromage, le peu de légu-*
mes verts que l'on pouvait se procurer,
et quelques salaisons, de même que
l'on distribua aux officiers des rations
de chocolat. Dans les hôpitaux, où les
besoins étaient doublement cruels et
pu Ton manquait de tout, on recevait
à peine un peu de pain de son et quel-
ques mauvaisesoonBtures que l'on au-
rait encore été bientôt obligé de sup-
primer (à cause du mal qu'elles Grent],
quand même ce qu'on put en trouver
n'aurait pas été de suite épuisé.
» (1) Od ne peot doDoar aae fdés de Mtlt
oompotiliOB qtfen li eonnjpanwl a ds Is loorè»
champs de blé qui se trouvent entra
les deux enceintes de la ville, pour voir
si Ton pourrait en retirer quelque
chose qui ressemblât à de la farine.
Mais les grains étant encore trop jeu-
nes, leurs épis ne renfermaient qu'une
substance laiteuse, et presque tousAh
seront Le petit nombre de ceux tfà
étaient plus formés donna en séchant
une espèce de semoule, encore en à
petite quantité., que dans huit jours
tous les fours de la ville auraient à
peine suffi pour distribuer anx IroBpes
de quoi faire une soupe.
L'espérance que cette idée avait faH
concevoir s'évanouit donc par eetls
expérience et fut mise au nombre daf
beaux rêves.
C'est ainsi que , par des efforts wam
naturels, le dévouement le plus rare il
le plus constant , fit d'une part mntli»
plier les ressources, et de Tautre soih
tint le courage avec lequel les troupsi
supportèrent leurs privations, leurrfa-
tigées et leur misère, et surtout fit tm
cevoir, sans de trop vives plaintes,
cette e^tpèce de pain auquel cependant
si peu d*estomacs pouvaient rèiister. '
Les chiens rendaii^nt ce pain aprtîj
ravoir avalé : chez les honunes* il ajov:*
tait la fièvre à cette marque d*indi->
gestion.
A onze heures du matin, Taide-de*
camp du général Gazan arrive chex la
général en chef et le prévient que fw
entend le canon du côté de la Bochel*
ta, et la fusillade du côté de Oampo-
• \
M niM BT 00 BIOCUS »B OÉKBi*
Wii. Les on» se félîoitent, les autres
s'embrassent; les figures de nos enne-
asis secrets s'aUengent aux cris de joie
des patriotes. Un mouvement nouveau
inime tout Gènes. De rétonnement
on passe a Tenlhousiasme qui bientôt
se change en délire. Déjà les troupes
avaient pris les armes, et le général en
chef était sur les hauteurs en avant de
. la Tenaille, pour voir si Tcnnemi fai-*
sait quelque mouvement; mais les
trois camps qu*ii avait sur la rive droite
de la Polcevera étaient dans leur état
naturel. Partout il nous montrait ses
forces ordinaires ; un orage lointain
parut expliquer le "bruit i^ntendu , et,
après avoir presque acquis cette dou-
loureuse certitude « tout le monde re*
prit ses positions ordinaires.
Ainsi se passa , pour Gânes et Far*
mée» œtte journée si douce d'abord,
et ensuite si cruelle , à cause du dé-
courageuient qui succéda chez tout le
flspndeàuoe espérance trompeuse^à
laquelle il en coûtait d'autant plus de
renoncer, qu'elle devenait à tout ins-
tant plus nécessaire , et qu'on s'y était
plus entièrement livré.
I^ général en chef reçut dans cette
journée une demande d'entrevue de la
part desgéoéraui Keith, Otto et Saint-
. Jidion. Il leur envoya l'adjudant-géné-
rai Andrieux pour connaître les motifs
de cette demande : elle avait pour but
la remise d'une lettre que M. de Mêlas
écrivait au général Masséna, pour lui
• renouveler les offres de la capitulation
. ia plus honorable.
(1) On croyait g<5néra1einent à Géoes que le
' prcniicr congol, proflianl de renUtvmom da
général Mêlai à couvrir le blooaf, lèekerallda
aurprendre MaÉUMM» ra Jalcrait da là dans le
Tyrol» (arallyco caniii\uani aofijnouvciBea(,«a
Joociioo ovec le général Sloreau, el. à la iéle
des deai annéei. Irait à Tienne dicter les con*
diilons de la paii. Mais tt portait des eeopf
plas lûitai ^taf rs|»MM,
Le citoyen Andrieux M se emt
point autorisé à s'en charger du mo»^
ment où il en connut la contenu, et ae
borna à en rendre compte au général
en chef pour lequel elle fut portée
. dans la journée aux avantrposies fraor*
çais.
Accoutumé à ne traiter avec les en-
nemis de son pays que les armes à la
main, le premier mouvement du géné-
ral en chef fut de rejeter toute ouver-
ture semblable; mais nous étionsarrivés
au terme ou Bonaparte savait que nous
devions tomber. Le moment où il noas
avait semblé pouvoir nous débloquer
était passé. Ayant toujours su se mé-
nager les moyens de faire ce qu'il a
projeté ou résolu, il semblait à qud-
ques militaires que Gènes n'était pis
nécessaire à l'exécution de ses projets,
puisqu'il ne débloquait pas cette pla-
ce (i); et que , pendant que le généfai
Mêlas morcelait son armée pour la
couvrir, Bonaparte marchait à l'exécu-
tion d'autres desseins. L« diversion
que la défense de Gènes avait faitlute
à l'ennemi, et qui avaiUacilitéii l'année
de réserve le débouché des Alpes, et
son entrée dans le Piémont et la L09-
bardie, pouvait être tout ce que Bona-
parte avait attendu de nous. L plan
de campagne prouvait d'ailleurs que le
but du gouvernement n'avait jamais
été de sacrifler l'armée d'Italie à Gè-
nes; mais seulement de l'employer i
tenir cette place autant que possibldi;
et, après cela, d'occuper l'ennemi éêm
le Bas-Piémont (S) afln da l'y envek^
[% 11 est rare de voir an général réaliur kl
espérances de son ennemi aassi cooiplètemetl
qae Te fit M. de liélas, es portant «ne partk
de aon armée rar la Tar. En attaqaaat la mÊ^i
de la Fmaco» il crut être pivs haorcux qaaaa
J*avatent éié le prince Eugène et la géiiéml
Brawn, et il se trompa. Son plan et la maniera
dont U fat exécnié valafeat en alM enoaie
snomi ^^s lai wars»
"MO
MTAÎAL HES 6PÉilATIO]9« MMàMM
fèr ensuite. D'un antre côté, Il n'exis-
tilt plus i>ar homme une rntion com-
plète de cette composition , qu'à la
plftce de pain on donnait aux troupes,
#1 qui , distribuée par Taibles portions,
«• poii?ail mener que jusqu'au i(^.
Presque tous les chevaux étaient man-
féaiil était, an surplus, teniips de faire
^velqne chose pour des troupes qui ,
éi teur cAté, avaient tout fait , et que
k patrie était si intéressée à conser-
'^nr. n était encore également impof-
'liBt de sauver tout un étaVmajor gé-
néral et près de six mille malades ou
Meaaés ; enfin , c'eût été faiblesse que
de ne pas savoir supporter un revers,
^dontaH surplus, et indépendamment
de toute antre considération , rien ne
'fouvait plus garantir, et que tons les
rttorts possibles avaient vainement
^encouru à prévenir, à éviter, ou du
«Mrina à retarder.
^* Ces motifs, qui tous démontraient
révidente nécessité de se conserver t*a-
fttntagè qu*oOrait la démarche de l'en-
'Mmî^ déterminèrent le général en
ehef k répondre : « fuê quoique cette
1 autêriure fût prématurée^ U te réser"
% vott cependant ée traiter de $tHi objet
JÊ lorsqu'il /an eeraii emfj^mment 00-
*' » (Supé, 9
UPraiiiaK
Avant une heure du mat'm, le bom-
>ardtaient de Gènes était déjà recom-
mencé} mais U fut moins long et
«>PM>ioa vif qu'à r«nlinaire. Le général
çn chef ^ qui, aux premiers coups, se
|)jflapdait toq|ours, k la batterie de la
^Cave« (st de là à celle de la Lanterne ,
peur observer par hii-môme tout ee
' qui se passait , tant au-dedans qu'au
dehors de la place, se porta ce jour-là,
lils-CieUi^ . dernière pla(:e au fort de V$-
peron, pour juger do bvuît dij^oanan
que l'on croyait 7 entendre ; mais (Ci-
tait encore Tillusion du désir, qui série
renouvelait cette errenr si douce. Aprti
s'être assuré par lui*même de cette vé-
rité, et après avoir appris, par les rap-
ports de plusieurs généraux , enTOjfi
à cet effet de tous cètés , que Temieni
tenait toutes ses positions ordinaires ,
et n'avait finit pendant la nuit anem
mouvement, il rentra vers sept heuro
chez lui.
Instruit de ces drlTéreiis faits, le gé-
néral en chef rassemble cbex loi , ven
midi, les chefs des eorpsqai compa-
senl l'armée. H se fait rendre compte
par eux de Tétat de leurs demi-briga-
des, n concerte avec enx les moycas
d*y ramener l'ordre et d'y resserrerki
liens de la discipline, que Texcès dei
souffrances y relAchait sans eease. D
fait des promotions; il charge les cM
de l'avancement de leurs sotis-ofl-
ciers , et les autorise même à eiMr
ceux qui , dans cette cireonstance dl-
flcile, ne justifieraient pas leurs pra-
motions antérieures; enfin, Il lem* de-
mande sur quoi il pourrait eompler,
s'il se déterminait à tenterune trouéeT
A l'unanimité, tous lui dédarèreat
qu'il ne pouvait espérer être suivi qae
par des officiers , les soldats n'étant
plus en état de soutenir un combat, ai
même une simple marche.
iSPrstrM.
Jamais besoin de nouvelles ne fat
plus grand ; jamais silence ne IM plai
complet ni plus accablant
Quelques hruita vagues se répandent
que six espions de Bonaparte ont déiji
été arrêtés autour de Gênes, et fusillés
par l'ennemi, et que la crue des eaox
du Pd rç^rde I9 marche et les opéra-
tions de 4'#r(]9é(l dpieçauri. fiiUle».
était cependant raiieinM^o à Y
M nàUL M BD mtoam »b oâmsi
f?tA tout ce qoi parvint joaqa'i doim ,
encore avec tous les caractèrei de l'ie-
certilude.
Ce qui malheitreasemeot était trop
4vkleBt, c'était l'accroiasemeDt ém
naax de toute espèce , le progrès des
maladies, le nombre effrayant des
nerts dont la famine semait les mes ,
le laUeau de ^ misère la plus affrejise ;
enfin celui du. découragement , de la
tristesse, du méeontenteoKnt et du
fléaespoir, qui se manifestaient égale-
ment sur les visages décolorés des ha-
hitans et des militaires.
r Mais enfin, comme nous touchions
«W manque total de subsistances de
-tMA genre , et que nous avions perdu
tint espoir d'éire secourus à temps ,
rw^odant-général Andrieux, sous le
fféteite d'une entrevue relative aux
prisonniers, fut chargé d'aller recevoir
A Rivarolo les propositions de l'enne-
:», et; d'entrer en négociation.
. Le premier mot de l'ennemi fut que
Jf capitulation qu'U offrait était, que
l'armée retournât en France, mais
^e la général restât prisonnier de
guerre.
« Vous valez ieul viH§t mille âom-
» mes, » écrivait M. Keith au général
. Mais ce dernier, déterminé à mou-
rir plutAt lea armes à la aiain, qu'à
consentir â rien qui ne fût digne de
lui, tranchant sur toutes les petites
JWBcuités en eUcanes, répondit à cette
première proposition, en dédaraat
qu'aucune négociation ne serait jamais
ouverte, H le moi éê ccptlu/olton détail
%iltêemflo\ié.
précieux que fussent les momens 4^.
cette journée, déjà ^i critique ^ elle #e
passa en négociations orageusea. La
ténacité des négociateurs ennemis eiÉ*
pécha d'arriver au bot voulu par le
général Masséna , qui tenait à la eon-
servation de la totalité des armes et
des bagages de son armée, et è ea
qu'elle eût tous les moyens d'évacua
tion qui pouvaient lui être
satfes.
14 Prairial.
^ Cette réponse fut porfée par le ci*
toyen Andrieux aux pléajpotftntlijias
dm généraux ennemis, et quelque
Le li au matin, les négedatioae re-
prirent cependant ; mais , vers quatre
heures du soir, Tadjudant^énéral An-
drieux fit prévenir le général en chef
que les dlfflcultds ne s'aplanissaient
pas, et que les ennemis refusaient d'ac-
corder que rarméoi, évacuant Gèaee,
emportât avec elle pins de trois miUe
fusils et six pièces de canon.
U bJiait eepeodaat se bâter de pren-
dre un parti ; car il n'y avait plus au-
cune distribution à Caire le 16 à midi,
et c'est dans cet état de détresse que
le U, vers six heures du soir, le gé-
néral Masséna donna au citoyen Uorin
les pouvoirs extraordinaires d'après
lesquels il se réunit de suite aux con-
férences , et pour instructions ce qui
suit : V9irm4ê4m§m$rm Génee^ a«#e ar-
mu et ba§€§eê , eu bien elle se ferajmfr
dtmoM pac la fane dee btaon$uUu, .
Pendant toute cette journée, la viHe
resta calme. La publicité des négocia*
tiens contribua â cette traoquiUité :
car les souffrances étaient horribles (1).
(1) Cet éltt de dooteon produisit même ud
effet n^al ^ niérfte d'être comêcré : cet efftt
est que le protongemcnt de min insapporli-
blet «Ttlt SbI par fpeler tout le monde; on ae
teneU plos lei aai i«i aatres que p«r fapprS-
hensloii de revenir, et le beiotn de coneourir
aivtuellement à la défeBM eomnrane. Il n'y
Était féeUement plft d^^rei Uéni qie ee«i #
•M JOOft N^4 L DBS OrteATlMt «lUT AlftES
Tout l69 traits étaient décomposés, Iq ht'me d^ Génois contm le (;oimr-
-^Btes les figures portaient ^empreinte
d'oee profonde douleur ou d'un som-
bre désespoir; les rues retentissaient
des cris les plus déchirans; de tous
côtés la mort nmUiplialt ses victimes ,
et l'épidémie dévastatrice et la foim
dévorante, mettant le comble à tant
d'horreurs, exerçaient à l'envi des ra-
vages effrayans ; tout enfin , dans ces
affreux momens , semblait tomber en
dissolution, et le peuple et l'armée (1).
Relativement à Gênes , on ne peut
s'empêcher de l'observer ici, la con-
duite de cette malheureuse ville laisse
un grand exemple de résignation (2) !
Qui pourra jamais croire, en eflM, que
cent soixante mille âmes, si long-temps
en proie k toutt'S les horreurs de la
famine , vovant mourir de besoin un
nombre prodigieux de vieillards et
d'enfans, réduits i vivre d*herbes , de
ntioes et d*antmaiix immondes ou
VBorts de maladie , et malgré le dépé-
rissemeitt évident de leur santé, se
aoieiit déterminés à prolonger tant de
ealamités , plutôt que de tenter une
"révolte contre une troupe faible par
son nombre, mais bien plus faible par
son état physique, et pendant que de
tons côtés on excitait ce même peuple
i profiter de l'anéantissement de l'ar-
mée, po0r terminer, disait-on, lés souf-
frances de tous (à); effet, à jamais re-
marquable, de ce que peuvent sur un
peuple les inimitiés nationales, et de
ee qiio produisit, dans cette occasion ,
.^ (I) Pendiol ce Uoc«f , le jour naissani a
ionvant éclairé dia» Géoei d*borrU>lef ta-
lileanx.... A différeatat iapris«i» Il eat arrivé, à
cea beurea, .da tranvar daaa les rues dca ca4a-
vrea e alaaaéi^ dei mérat aiortei de têkn, ayaat
.au sein def^cnfaiu mortacomneaHeal elc.
. (9) Si ]ai^ Fran^ia fircol. en i74a, eaaae
/(OfnmDi^ avec l^ CîéaoU^ oonua iea troupea
fif r Aalriehe et du Pfémoii) il flift mm^
nement autrichien.
Mais il y a plus à cet égard : c'est
que le peuple , sans argent faute de
travail , sans alimens à cause du prix
excessif du peu de denrées que l'on
voyait, réduit h la misère la pins hi-
deuse, et livré a toutes les ealamités.
n'a jamais enlevé un pain, ni dans les
boutiques, ni dans les rues de Gênes,
et que phis de quinze mille Ames ont
ainsi expiré de besoin à côté du pain
qui aurait (momentanément do moim)
pu les arracher au tombeau.
Cependant l'heure de la délivrance
avait sonné; mais ee ne fut qu'apMs .
une discussion dé neuf heures, et dans
laquelle les négodateurs français vei-
lèreut, par une contenance froide et
assurée, et par une énergie teojoQts
soutenue, te senthnent profond et
douloureux que Kélat dans lequel ils
savaient Tarmée et la ville, ne pouvait
manquer de faire natire en eux, qu'ils
]iarvinrent à annuler les efforts qu'une
politique savante leur opposa de h
part des négociateurs ennemis, et
qu'ils remplirent les intentioDS du gé-
néral en chef.
Cette conférence ise termina le 15, i
trois heures du matin , et Tadjudant-
général AnArieux, ainsi qUe le dtoyen
Morin, portèrent de suite au général
en chef, qui les attendait avec nôipa-
tience inséparable de sH position , des
conventions qui hoiiOraîettt el Parméa
et son chef.
qae les habiûins de la ville de Géaes acquitté*
refit, dan« cette ocGsaloa, la dette contractée
par pui 80U9 M. de Boufllere.
(3) Des Françaii «aêaae toenl asaei aeélérali
pour parlagtr ce rôle inràme, pour provofpier
le massacre ne Tarmcc, et peindre, sons Ictoat-
leurs les plus noires . la conduite héroïque du
génial en elief.
Dtns 1a cottffirence dont bous venons
de parler. Ton étsit ceHyenu que de
part eê d'autre les cheb des armées se
rénaîniîent le malin pour la clôture
des négociations, la signature défini-
tive des articles et TéchaDge des trai-
t4^.
Celte disposition Tut maintenue, et
à iMMif heures du malin , Teatcevue eiU
làuidans la petite chapelle qui est eu
nailieu du pont de Cornegliano^ et qui,
pac k position respective d^s armées,
se trouvait entre les postes français et
iHitrichiens.
C'est là (pie se rendirent le général,
Masséna, commandant en chef Tarmée
fiîan$aise eu KaUe, accompagné de
l'adjudaiit-général Reilie et de Tadju*-
daot-général Andrieuj^^ du citoyen
Morîn et du chef dleacadron Coiir-
tant, commandant les gardes; n^lord
Keith, oonumandant dans la iMéditer-
ran^e les fprces iiavales combinées, le
général Otto , commandant le blocus
deGènes» et le général 3aint^ Julien,
dmgé de la partie polKlque, chacun
d'eux suivi de deux ou trois personnes
seulement.
Pendant toute cette entrevue, qui
allait décider du sort de tant de bra-
ves, le général Jklasséaa conserva une
frat^heur d'idées si parfaite , et une
galté si biei^ soutenue, qu'il fut tou-
jours égaleçient léoond et heureux en
saillies.
Jamais négodateur ne couvrit plus
d'adresse par des formes plus franches
et plus naturelles.
Celte aisance parfaite, et qui con-
trastait -d'um manière si particulière
avec la gravHé des autres contractons,
eut pour Karrnée Tavanlage de persua-
der à Tennemi que notre position dan#
Gènes n^était pas mA Mmt^^,.
qu'elle l'était réeUament ; et pour la .
général Masséna, celui de lui faire ob*..
tenir tout ce qu'il demanda, en même,
temps qu'elle lui flt jouer etsouteujr
seul le premier r^ avec des hommes
qui , par les circonstances, semblaient,*,
momentanément du moins, appelés 4 ,
le partager.
Un des moyens par lesquels il. par-*
vint au but qu'il s'était proposé , fut
d'alimenter la mésintelligence qu'il 9dr ,
vait exiater (quant aux individus), en-
tre les Anglais et les Autrichiens ; et ,
c'est ainsi que flattant à propos For-
gueil des uns aux dépens de Fampur-
pnipre des autres, il se fortifia des fai-
blesses de tous.
Rdatiyement à l'armée, une seule,
clause donna lieu ce jour-là à u^e vivaç.
discussion, et manqua d'annuler en
un moment le travail de plusieurs joui»
de négoeialions.
Celte clause fut celle de faire partir,
huit mille hommes de nos tix>upes par
terre (L). Le général Otto voulut même
soutenir le refus d'y adhérer. Mais
le général Masséna, reprenant alors,
toute la fierté qui convenait à son rôle,
à son caractère et à son nom , termina
cette contestation en rompant toutr-à->
coup une conférence qui , cependant • .
était sa dernière ressource. Ses adieux,
aux généraux ennemis furent : Vous m
le voulez paef eh bien, JUesiieurs^ à de^
main. Celte fermeté , la manière dont
son parti fut pris, en imposèrent. Il fat
rappelé, et Tarlicle pas>a (2).
Dans tonte cette conférence, le gé-
néral Masséna eut Infiniment à se louer
(1) Ccftt'à-dire le ooinbrc eiagéré de tout ce
qui n'était pu dam les hôpitaux.
(2) Ou nous avait bien as>uré que le généri|
Masséna était vir, dit alors un officier autri*
chien ; mais nous ne pensions pas alors qu'U li
fft^ aatsai «ne cela.
a»
i*
watmiâ. tm ûÊÉÊÊOMM
dêrnMNittiMtdde t'anifral Keith , qui,
îiAkistaiit tOQjoani pour qa'oivlai acooi^
dât tout, répétait à chaque instant:
Ifbiùieiir le génétûl^ totr$ éifkn$e èêi
ttiff hirtÂqwê ptmr ^ fan jnilue riem
««il» refk9$r. Il lui donna ttêmd dM
manfoea toutes pèttieairèrea de défé-
rénfe, d*eatlme et de conaîdéralion (1).
Mais malgré tout ce que ee traité
d*éfacu8tiou arait d'honorable, et par
lé fbnd, et par les formea que les gè-
néraùt ^nnemia y mirent, U ne oo»-
rehaitimint au général en chef, et
contrariait aea désira et ses espérances,
sei ycBQi et ses deséeins. Aussi , la pos-
sibilité de recerotar encore pendant la
journée quelques noufelles qui chaii>*
geasscnt su situation, le détermina-
t«^le à ne signer que vers la nuit, et
après afoir ? ingt fois répété aux Gré-
DOIS qui remplissaient ses apparte*-
Olens : Mt^lhmteua^ «ontis doneaiMors
votre patrie I Donnez-moi on aoimroM^
moi quelqneê vivres pour qnettre ou cinq
jâUre seulrment , ei je déchire le traité.
Mais tout était épuisé, le courage des
îftdiTîdus et les ressources publiques,
et ce traité d'éraenation était le seul
moyen qui restât au monde, pour ne
pas perdre avec Gènes , que rien ne
pouvait plus sauver, les débris des
corps qui Tavaient défendue d'une Mh
mère sl^ étonnante.
Enfin , à sept heures du soir, le gé^
néral Masséna signa le traité, tel qu'il
âtait été arrêté le ttatin , et I*on se
donna réciproquement des étages.
(1) Lt général ea ckief Toaltll «amsotr les
ciag corMir^t français qni se uonvaieoi à Gè-
neii, et contre cette demanle, le vice-amiral
Keith alléguait les dispftsilions d*un blll que
fous n'êtes pai Unu dt eonnaitre, djsalt-il au
|én<:*ral iUa.^séna; mais que Je dois reepeetert
étâWeurs, monsieur le général, ajoula-t-il,
iMhif avons , vous le savez, un parlement et
hùix partU en Angleterre, Ca l'iisotis éUiéttC
iTQp l;<Mines pour «Ire combàltÙM |iar dès têt^
Le 16 au soir, la porte de la Lan-
terne fut occupés psur deux batailloos
hongrois.
Le ehef d'escadron Bortbe , alon
convalescent des blesaurea reçues la
30 germinal , à Varraggio, fut chai|i
de porter au premier eoMul les
peaux pris par Tarmée.
Une partie de la nuit do IS an M
employée à délivrer dos passeports #
tous les réftagiés et patriolea italitM.
Le 16, avant le jour, le chef de fei*^
taillon Graaiani, chargé pur le généfri
Maaséna de porter «n premier ceMai
copie du traité d'évaenatioD, partit la
Gènes i cet effet.
Le 16, à la pointe du jour* tottt II
qpiartier général partit peur AntilMa,
sur cinq corsaires nrançais.
La division Gazan ae rendit lenlM
jour à Voltry .
L'embarquement des troupes du gé^
néral Miolis commença et continua kl
IT, 18, 19, etc.
L'évacuaUon des hépltanx Ait piv
lente , mais se flt de même avec oïdie.
Le général Miolis et rétat-major di
Tarmée ne quittèrent Gênes que le 11.
Telle fut la fln de ce bloeus i j
mémorable.
L'histoire des guerres de lu
tion n'offre pas en effet de Mie plas
glorieuse. Eh! qui ne toitcpiu^ dsM
cette lutte , tout militait eu fu? eur éê
rennemi , auquel nea troupes n'anrainl
eu à opposer qu'un courage ifiTindHat
Vérité sur laqnelle la série des faiu
timêtH\a§ifiémLMêeeémU senUt; ntii^f^-
ptrenant le Ion de U plaisaoïerie MSomtien
l'amiral, lui dlt-tl, quelle eatitfoêtionlm pKn
de quelques chitift eorsaireê pomi^èOie oiemÊir
poutveme à la prive êo Cémmi fmi eak Mife
emiooé %mu lee ams, e'ail Hm le «mOu fni
voue ma MaHsx le» petUe, — Ek aiafi,niMi-
i^Mir la gitUrat , répliqua ramlral BaHb M
Mm, KrmpfMonà phie.
110 uiam m m wdw9 m «inti.
itÊt
iséo parcourir, ne pentlait»]
lir «won lUrate ; renié qoi €st recon-
■M éi evMée par les «niB ci les Mae»
jBte du la gloire française « par cet»
§a'eUe oanaeie et qu'elle honore ^
cowne par tem. qu'elle doit le phii
hooiilier ; vénié qui est également évi'^
deate, soit que nous tappeKoftis la si*
taatîOQ des deux armées avant le Mo-
eus» soit que nous les eiaasiaieni pen-
dant le blocus même.
et qu'y a*t*il de plus remarquable
et de pkis glorieux que ee qui lient à
ae blocus? Qui pourra jattaîs le citer
sans que l'orgueil national en soit
flatté; ae rappeler sans une noble sa^
tjsfiiçti0n d'en avoir pdrtngé les tra-
Tfu , et y penser saaaélonnemeiit?
Menneé d'être assailli par des forces
totalement supérieures au siennes, le
fénéral Wasaéna» après avdîr prévenu
l^gouTernement de tout, ose (en s»*-
crffiant ce qui le concerne personnel-
lement), «ttendre l'ennemi dans ses
posMions.
I! y est attaqué, et , ainsi que cela
ne pouvait manquer d'arriver, forcé
sur tous les points.
Maia bientét il reprend l'ofibnsive,
et non cmitent de battre Tennemi sous
les murs de Gênes, II Ta , avec huit ou
neuf mille hommes débiles, jusqu'aux
portes de Savone , disputer la victoire
à plus de trente mille hommes, choisis
dans la plus belle armée du monde , et
Qent campagne pendant quinze jours;
les braves qu'il commande tuent ou
blessent plus de huit mille hommes à
r«nnttiit ; se repiolent autour de Gè-*-
(I) On volt, par ce rapprocbemetit à quelle di-
v^rdon pntsséme cette déFenfte oftenlt ve de Génps
{«! f^!c nprHskm petit être admise) força Tannée
impériale, et combien elle dut Ikvoriser toutes
len opéra llontide rirtaiéé de réserve, \ la tête de
lifl^tile le g;én^ral ftertbier descendait alors vie-
n#téti»Ptnent des Alpeu, H celles du cen tre de far-
nes sans que M. de Hélâft pérfienne H
tes itiuper ; mntènenl ptns de sii iniHe
prisonniers, et y NppoKent , entre an^
très dépouilles, sept Arapeaox et (Aw
pièces de canon , gage de leuf vk
toire.
Tandis que des détails d'adminblni*
tion et de foovemement semMafenl
devoir absortner tous les instans du gé«*
néral en chef, et que par des tfsvaua
pénibles il se crée des ressoatees «M
ions genres, l'ennemi , qui regardé aoti
ineatinn «lomme une preuve de la fti^
blesse de ses troupes, viehi Tadaqnar
de nouveau ; et senUabie au volcan ,
dont les irruptions soudaines portent
k flamme et la mort dans Ions kâ Hbok
qui l'ûvoisinent, cette poignée de hé^
ros, se rappelant son audace tndomp*
tée, mnUiplie encore ses victoirta^ lota^
qu'elle semble réduite a «ne simple dé*»
fensive, repousse l'ennemi partout eè
il se présente, l'attaque encore, le force
à chereher sa sûreté derriè^a de kioai-
breui retranchcmenfl ; le bat pdf tbttt
où elle peut le combatll-e, ou du moins
lui fait éprouver, à différentes reprisea«
des pertes énormes, et force de eett*
manière , à l'étonnement et k l'admis
ratio» les ennemis les plus acharnés
du nom frànçafs, de la liberté et de la
gloire de la république (1). Qui pouvait
jamais rien attendre de semUaUe de
ces tristes débris de l'armée d^ttulie?
Qui aurait cru que, malgré la dripro-
portion la plus marquée des moyens et
des forces, ces malheureux soldats,
sans pain ot sansargcot, sans habitset
sans chaussure, souvent sans muM-
*
mée d'Italie commandée par le ftfaéraL aecfcev
Il est en effet reconnu qoe par ceUa suitt
non interroDipae de combats al aanalam* H. aa
Alélas fut à pluslevrs reprises obUsé de raMr »
cbir et de reoforcer les troupes du blocuSi ai 4^
tenir constammeni lea honuMS 4'^ls antanr da
Géoeâ.
«W*li&**
9$^
iOÇMAI. M» OFtRATlOltS MUTAOIBS
tfoDS, à It fin presque «in» diefs,
a'ayanfc pins an monde que le senti-
meut de l'honneur national , aient en-
core été en état de soutenir pins de
soiiante^tx combats outiataiHes, aient
détruit à Tennemi près de deux fois
pins de monde qu'ils n'étaient de com-
batiaos; lui aient pris plus d'hommes
qu'ils n'en avaient à lui opposer; l'aient
souvent comtNittu avec ses propres car-*
louches (1 ) ; aient subsisté de son pain ;
aient contenu , au milieu de tous ces
évènemens^ nne population de plus de
soiiante mille âmes (2) ; aient défendu
par terre et par mer une ville dans la-
quelle il faut , suivant les règles, vingt
mille hommes de garnison , et devant
laquelle les Autrichiens n'ont jamais eu
moins de vingt-cinq miUe hommes de
leurs meilleures troupes (3) ; aient vécu
d'une nourriture que les chiens refu-
saient ; aient supporté dans cet état
(1) Nom éUans à proportioii prei^oe «ai tl
INuivrei en monitioai qu'eo sobslstaneci. ku
moment où m>ui fûmes bloqués, la crainte de
manquer de poudre fut une de celles qui orcu-
pèfcnt le ploi le général rn chef. On travailla de
Mlle à eo fabriquer, mais on ne put en faire,
pendant le blocus, qne douse mille livres; lors
de l'évaenaiion, il ne rcaiail pas dana les arse*
naux quatre mille livres de poudre, celle ava-
riée y comprise, et cela pour le service de l'ar-
tiUerie, de Tinfanterie et des pièces des côtes
(les pins approvisionnées de toutes), qui pour-
tant ne Tétaient oas i dix coups chacune. Si lV>n
>onge que chaque nuit de bombardement nous
coûtait près de deux milliers de poudre, on
sentira que si Vennemi avait connu notre di-
satio, quant k eet ohjt't, il pouvait en deux Jours
épuher tantes nos munitions.
(S) Gènes offre une population do eent i eeni
vingt mille âmes. Albaro, Saint-Martin , Uisa^
gno, Saint-Pierre d*Arena, Casielcito, la Ma-
dOQO-del-Monte. Ions les autres villages com-
pris dana son enceinte, et les nombreux indivi-
dMqttl.deiotttelaL^gurie. parra-son d'opinion
oa 4e erainte. s'étalent réfugiés à Gènes lors de
Il reptile des fto^Hlilés, ajoutaient à ce premier
eéitti de qnifailte à soiiante niille per-
soixante jours de blocua,
cinq jours de siège, quinae jours de
marches oontinueiies oans les rocbeis
les pltis difficiles, et sur les montagnes
les pltis escarpées ; et sans compter tons
les jours de combats qui les ont suivis,
toutes les nuitsde bomlNir dément, la Ta-
mine, plus terrible que tons ces maui ,
et la misère accablante qui y mettait la
comble? Mais aussi quelles pertes de la
part de l'armée! qned'eflbrts inouis!
et quel fut le prix de tant de gloire (V) !
Le lieutenant-général SoukfutUesséet
pris. Dé trois généreux de division , an
mourut d» l'épidémie (le général Mar*
bot), et un fut blessé (le général Ga-
zan ). Oe six généraux de brigade, qua-
tre furent blessés (Gardanne, PelîM,
Fressinet et Damaud]. De douxe adja-
dans*généraux , six furent blessés (Ce*
risa, Mathis, Hector, Keilie, Gantier et
Noël Huart); un fut blessé et pris
(8) Non seulement la viHe de Gén^s Ait pré»
serrée dune attaque de vite force tant de km
annoncée, non seulement le peuple futrooleno,
mais même (ouïes les approcher de la place fd-
rcnt conslammont défendues; et il f^tllut poor
cela un iripto effort, celui de rési.<ter à l'enne-
mi, celui de supporter i i misère et celai de la
faire supportera une population dorent aoisania
mille àmef. 11 c»l vrai qu'à la fin du blocus Tev
ces du mal rendit ce dernier effort peu pénible.
Ce malheureux peuple, par les erfels de la fa-
mine, des épidémies et de toutes les calamités
que peuvent engendrer tei> guerres les phis
cruelles, était réduit à un état d'aoéaniisaemeBl
tel que la force physique nécessaire ponr sne
iosurrecUon n'existait réellement plus.
(I) Les ravages de cette misère ne $e son^ pm
bornés auxbVaves que nous avons perdos i Gè*
nés même. Pendant plusieurs mofa chaque Joar
a ajouté parmi nos iroupes de nouvelles victi-
mes à celtes que les maladies nous avaient
déjà enlevées, cl la moindre fatigue en a cod-
duil dans les hôpitaux un nombre d*auiaiit plus
grand, qu il a été impossible u'cropécher qaa
l'intempérance ne suivii de si longues et de «i
crut il s privations. Quant aut habilan$,ilcn
est mort, après l'évacuation, pièa de
Joar pendant trois jBois.
ou ilÉei BT I)U Bi.OCUS DB GÉHBI.
MT
(Campana); an fat taé(Fantacî); les
officiers d'état-major et aidefl-de-camp
forent aussi cmeUement traités; deux
d'entre eux furent tnés, sept pris et
qnatone blessés, parmi lesquels plu-
Âean le furent deux fois ; le capitaine
Marceau ( frère de feu le général de ce
nom )« le fut en trois affaires diffé-
leolei, trois fois en trente-un jours. Le
dief de bataillon Lavilette , employé
•après du général Hiolis, le fut , en un
seul jour, trois fois, outre deux autres
fois pendant le même blocus. Onxe
chefs de corps, sur dix-sept, furent
blessés, tués ou pris. Les trois quarts
des officiers des corps le furent égale-
ment (1), ainsi que cinq à six mille corn-
battans sur douze mille.
Et si Ton défalque encore près de
deux mille hommes qui , par leur épui-
sement et leur dépérissement , étaient
hors d*état de faire leur service, on ne
trouvera plus dans dix-sept demi-bri-
gades que trois à quatre mille hommes
en état de se battre, la veille du Jour de
(1) Rien D*est plus digne dVloge et d'admi-
ration , qae la conduite des offtders des corpi
dsns ce biocui; pénétrés de It néeeKlté de
coooBMnder, par leur eiemple, lei laerlflirei et
lot efforts que les cireoostances rendalenl In-
dispenssbiet, Ib se dévouèrent de la manière
Is pàm honorable. Un exemple suffira pour
^roinror cette vértlé. De quatre-vingt-dii-srpt
^lOcicirs qui. au commencement du blocu«, tt
ivoavaient dans la S* de ligne, U n*y en eut que
qui ne tarent point Mewés. La première
I de cet héroïsme f<ut sans doute la valeur
i; nais ce qui ne dut pas manquer d*y
heaacoup, re fût le rare mérite des
ifh de prOMiue tous les corps, qui avalent
d'Inexprimables trésors....
M Dens ces trois ou quatre mille combat-
•n grand oombre avaient encore, à raison
]0«r HMMeise, rauiortsaUon de faire Ikction
I, ei avaient besoin qu'on 1rs aidât k arriver
Tau Heu de leur fSiclion. Or. que pouvait
», dans cet état surtout, oetie poignée d*liom-
pour une défer.»e comme è^l'e <le Gène??
•f rappeler s rrl «*fi«M! q»»e ou« I** rom
la convention d'évacuation (2) ; non^ di*
sons Ja veille, parce que le jour même,
les troupes, n^ayant reçu dans la distri-
bution , qui ne laissa rien dans aucun
magasin ni dans aucun four, que deiii
onces de l'espèce de pain qu'on leur
donnait, il est facUe de concevoii
qu'elles étaient hors d'état de faire
une marche, ou seulement de suflBre
à aucun mouvement (3).
Après tant d'efforts, de constance,
que peut-il manquer à la gloire de
cette armée et de son chef? Rien , bi
ce n'est d'avoir eu un succès digne de
l'un et de l'autre.
C'est à quoi la fermeté du général
Hasséna sut encore suppléer, lorsqu'il
n'avait plus pour la soutenir que la
force de sou caractère.
C'est par elle qu'il en imposa à l'en-
nemi , au point de ne pas permettre
que le mot de eapiiulation fût seule-
ment employé dans la rédaction du
traité d'évacuation de Gènes. C'est par
elle qu'il obtint des conditions telle-
mandement de M. de Boufflers . dii-buit mille
hommes n'ayant pu paru sufAsans pour la garde
Journalière des seuls ouvrages de la place de
Gènes , le sénat rendit un décret par iequt*! Il
fût enjoini aui porteurs de cbaifes, et à tout do-
mestique en Age de porter les armes de les
prendre aussiiôl 11 n'y eut, ijoute Booamid,
pas un maître qui n'offrit ses geni, pas un do-
mestique qui refusât d'obéir.
(3) Les rues et ks places étaient ce Jour-là
pleines de soldais couchés et qui n'avaient pas
la force de se relever. Aussi étions-nous perdus
lii l'ennemi (ainsi qu'il en a^alt reçu l'ordre;
a>ait ce Jour-ii le^é le blocus: notre dHres^e
était telle que, dans celte dernière supposition,
nous aurions été obligés de capiiuler avec les
Anglais puur ne pas mourir de faim; les envi-
rons de Gènes n'offraient aucune espèce de rea*
sources, et nous ne pouvions plus être sauvés,
c'est-è-dirc être nourris que par TennemL Ainsi
débloquer Gènes n'éuit plus rien, si Ton ne
FMiuvait en même lemps la ravitaiUer, ou ds
moins sustenter l'armée
k
8t8
JOURNAL DM ôrâftATlONS HlLlTAlRhS UO S|KGB Pg HÏblfSS.
ment honorable», qu'elles sont jusqu'à
présent «aiiS exemple ; qu'il dicta des
lois aux vdinqu^un : <|tt'il changea une
iufaile en un triomphe; et qu*aiiisi
qi4*l)9 oRici^r «uirichien robserva avec
tQ^l.V>ùne#y CQ fu| l'ftiinomi qui eut l'air
i^ (;^piluiûr avec hii.
Préiicotoiiii par un mol le résumé de
toijit ^ qui pfféoUe : ce mot consiste
à dire que pendi|B( aalxanle inurs, le
général iMasséna a fait, presqaeMm
troupes, la guerre à toute une annép,
s*esl bsittu souvent seos munitiorn, a
sufli saui) fond$ n d*inévitablfs dé-
penses, et a nourri Tarmée san» ma-
gasin^,
Ce rapprochement nous offre, pour
ainsi dire , tout ce qui tient m bK>cu9
de Gè|)e&; tout, eicepté la f?ioire des
hrave$ qui n'y IQA& immortalisés.
i
EXTRAITS DE JOMINL
PRÉCIS
L'ART DE LA GUERRE,
NOUVEAU TABLEAU ANALYTIQUE
»BS PRINCIPALKS COMBINAISONS DB LA STRATÉGIB DE LA GRANDB TACTIQUE
BT DB LA POLITIQUE HILITAIRB;
Par le Bmrao 4a S^JUtESn^
Atde-d*-eanp itaéral de S. BL rBraperenr de toatei lei BoMiefr
«fOUYELLE ÉDITION»
i
JOMINI (Il fiidui làiM K).
n est des hommes sur la conduite desqueh rhistorieu , avaût de
prononcer , doit attendre que le temps ait calmé reffervescence des
opinions et ramené les partis à une juste impartialité. Tel est le baron
de Jomini. Étranger à la France par sa naissance , mais plein d'en-
thousiasme et de cœur, et saisi d*admiration pour Théroisme de ses
armées , il Tint lui offrir volontairement le secours de son génie et dt
son bras. Militaire aussi intrépide sur les champs de bataille qu'histo-
rien profond et stralégiste habile dans le silence du cabinet , il rendit
de grands services à sa patrie adoplive, depuis le jour où les faisceaux
de larépubliqw rayennéreot , i Zurich, de l'éclat d*une grande vie-*
V
cCtilà loft «M raatcv de r JR»|o#)i tft fo C»
m yifwi 4i Sam attrtbae «i général Jomini d'avoir
• fméf aax alliés, le Mcm des opératloiis de la cani-j
9 pagne et la situatfon du corps de Ney. Cet offlcier oe
• eonnaissait point le plan de TEmpefeor ; Tordre du \0
9 monvement général, qai était toiUours envoyé à cba-
9 e«n des maréchaax, ne lai avait |^s été communiquéi
9 «t rcûMl conna, rEopereor ne l'acenaerBlt pas da
9 crime qu'on lui impute. Il n*a pat trahi ses drapeaux ;
9 a ataiî à te plaUiêrê d^uM grande Urfustieê ; U a
9 49é av$ugl4 ^t un Ê9nHmtnî honorable. Il n*était
9pa$ Franpaii; l*aniour de la pairie ne Fa pai re-
9 lena. » (Extrait d«i Hémoires dktés par Napoléon à
Saint^-OélèM.)
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^*i pmêWm Wmfmwm^êtiim pHmtUanê U TakhM MMjfiff 4K^4|Dvqf|imr 4t Im
.^ r. ' JMitiq^ •mroj^imê , difuU Louis XI Vju$quà la Révolulian , wn Ut principaki
Causes et les principaux Évènemens de celle Révolulion. Paris , 181^1824 »
15 vol. io-S' et Atlas.
P Vie politique et mililaire de Napoléon , raconUe par luù-méme. Paris , itH l
1 4 vol. în-8» ( anonyme ).
4^ Précis polilique et mililaire de la CatApagHi de i^fSI. P&rif ,4839.
5» Précis de VArl de la Gueirc et de la Politique des Élali ; fiéiumê àéfniràèlé éêê
grandes Jftaximes qui ont fàU la ghirg iéi ptus oéièbrtê Cmpiêmines , H ftrl Ml
'' être <e Bréviaire de toÈi Uf Bommeê d'étal. 2 vol. in-S^.
#* Pladieors Brochures intèressantos, entre autres : Obsertalions sur les Pr^be^
bilités d*une Guerre avec la Prusse , et $ur les Opérations qui auront vraisembla-
blemenl Ivu. — Une Réfutation des Erreurs du général Sarrazin , sur la Campagne
de 1813. — Une Réfutation des Erreurs du marquis de LondonJerry, ^-«- VlfÊ
Polilique stratégique avec le général RUhle de Lilienslern. — Corrtiptmdmsoê emi
le baron Monnier. — Cmretpfmdaneê atee M. Cape figue sur l'Invcuion de Im
Suisse par les Autrichiens , — Deu» Epitres d* un Suisse à ses Concitoyens, — >
Système militaire de la Suisse.
De tous les ouvrai}[os du général Jooiini, le plus important^ celui
ifai mérite le plus incoutesUblerncnt de passer à la postérité, c'est h
Précis de F Histoire de la Guerre (1). Nous aurions vivement désiré
de pouvoir le reproduire en entier, mais des motifs que Ton com-
pqrend d'ailleurs de la pari du libraire-éditeur, nous obligent à ne
donfier que des extraits raisonnes des articles les plus importans, et
cette reproduction a été consentie par Fauteur et par l'éditeur, avec
une bienveillance pour laquelle nous ne saurions leur témoigner trop
de reconnaissance. Cependant , pour donner une idée juste de l'ou-
vrage, nous présenterons Texposition complète des matières qu'il
traite. Cette nomenclature suffirait pour attester qua le général Jo-
mini est également remarquable comme homme politique et comme
militaire , si ses ouvrages ne l'avaient pas prouvé depuis long-
temps.
(1) Paris , 1838 , 2 vol. in-8*. Chez Anselin el Dumaine , rue Daupiiia«,
lifÊÊmî {IM atstKAJL BABUN Ml)
Dans son Pr€Cf9 de fArt de la Guerre , Tauteur ccwninqpmj par
définir les six branches distinctes qni constituent Fcnsemble de Fart,
1* La politique de la guerre. — 2^ La stratégie ou l'art de bien
diriger les masses sur le théâtre de la guerre j soit pour Tinvasion
d'un pays étranger , soit pour la défense du sien. — 3* La grande tac-
tique dés batailles et des combats. — 4* La Ic^tique ou l'applica-
tion pratique de l'art de faire mouYoir les armées. — 5* L'art de
l'ingénieur , l'attaque et la défense des places. — 6* La tactique de
détail. On pourrait même y ajouter la philosophie ou la partie morale
de la guerre, mais il parait plus convenable à l'auteur de la réunir
dans une même section avec la politique. I^ chapitre I*' traite de la
politique de la guerre, en dix articles intitulés : Art. 1*'. Guerres of
fensives pour revendiquer des droits. — xVrt. 2. Guerres défensives en
politique et offensives militairement. — ^Ârt. 3. Guerres de convenance.
— Art. 4. Guerres avec ou sans alliés.
Le chapitre II, intitulé : De la Politique mitilaire , traite de tout 3e
système d'organisation intérieure , par lequel un état doit se préparer
& la guerre par la création d'une bonne armée, de bons états-majors
et de bonnes institutions.
Le chapitre DI de cet ouvrage si remarquable renferme la stratège
proprement dite ; ici la bonté de l'auteur et celle de l'éditeur nous
permettent de donner plus (Texténsion i nos citations. Nous allons
profiler de cette permission que nous considérons à juste titre comme
■
une bonne, fortune pour nos lecteurs et pour nous.
DE LA STRATÉGIE.
Mflnttioo ei principe fondaniMitaL
L'art de la guerre se compose de
ciDq branches principales : la stratégie,
la grande tactique, la logistique, la
tactique de détail et l'art de l'ingé-
nieur. Nous ne traiterons que 1^ trois
premières ; il est donc urgent de com-
mencer par les définir.
Pour le faire plus sûrement , nous
suivrons l'ordre dans lequel les combi*
naisons qu'une armée peut avoir à faire
se présentent a ses chefs au moment
où la guerre se déclare; commen-
çant naturellement par les plus im-
portantes, qui constituent en quelque
sorte le plan d'opérations, et procédant
ainsi à l'inverse de la tactique, qui
doit commencer par de petits détails
pour arriver à la formation et à l'em-
ploi d'une grande armée (1).
Nous supposons donc l'armée en-
trant en campagne : le premier soin
de son ohef sera de convenir, avec le
gouvernement, de la nature de guerre
qu'il fera ; ensuite il devra bien étudier
le thé&tre de ses entreprises ; puis il
choisira, de concert avec le chef de l'É-
tat^ la base d'opérations la plus conve-
nable, selon que ses frontières et celles
de ses alliés s'y prêteront.
(i> Foor apprMdre la Uttllqne, il ftut étudier
d'abord l'écele de peloton, puis celle de batail-
lon, fnfln Ict évolniionade ligne; alora on passe
aux petitei opération! du service de campagne.
Le choix de cette base, et {dus en-
core, le but qu'on se proposera d'at-
teindre, contribueront à déterminer la
s6ne d'opérations qu'on adoptera. Le
généralissime prendraun premier point
objectif pour ses entreprises ; il choisira
la ligne d'opérations qui mènerait à ce
point, soit comme ligne temporaire,
soit comme ligne défiqitive, et s'atta-
chant à lui donner la direction la plus
avantageuse, c'est-à-dire celle qui pro-
mettrait le plus de grandes chances
sans exposer à de grands dangers.
L'armée , marchant sur cette Kgne
d'opérations aura un front d'opéra-
tions et un front stratégique : derrière
ce front elle fera bien d'avoir une ligne
de défense pour servir d'appui au be-
soin. Les positions passagères que ses
corps d'armée prendront sur le front
d'opérations ou sur la ligne de défense,
seront des positions stratégiques.
Lorsque l'armée arrivera près de son
premier objectif et que l'ennemi com^
mencera à s'opposer à ses entreprises,
elle l'attaquera ou manœuvrera pour
le contraindre à la retraite ; elle adop-
tera à cet effet une ou deux ligues strar
tégiques de manœuvres, lesquelles
étant temporaires pourront dévier,
jusqu'à certain point, de la ligne gè*
puis à la castraméUitlon. ensuite les marclies,
enfin la formation des armées. Mais ea stratégie,
le commencement part dn sommet, e'esl^Mire
du piMi 4a la campagne.
{
W6
ÉHÈLà/tÈOtÈ',
Demie d'opéntîons, arec laqueDe il ne
faat point les confondre.
Pour li r le front stratégique à la
base, on formera . à mesure qQ*oA
avano ra, la liiine d'étapes et les lignes
d'approvi'iionnemens, dépôts, etc.
Si In lijin - lionéralions est un peu
é-endue en profondeur et qu'il y aK ra deni TÎties à Tabri d'insulte qaoo
des corps ennemis à portée de Tinquié-
ttr, on aura a (•hoi>ir er tre Tattaque
el l'expulsion lie tes lorps, ou bien à
pourstthre Tenfreprise contre farinée
ennemie, soit en ne s*inquiétant pa»
des corps secondaire» , soit en se bor-
nant à l^ obscn er : ^t Ton s'arrête à ce
dernier parti, i! en résultera an double
front stratégique et de grands détache-*
mens.
L'armée étant prés d'atlefndre son
point objectif et Fennemi foutant s'y
opposer, il y aura bafdilfe : lorsque ce
choc sera indécis, on s'arrêtera pour
recommencer la lutte ; si Ton remporte
la victoire, on poursuivra ses entre-
prises pour atteindre ou dépasser le
premier objeciif et en adopter un se-
cond.
Lorsque le but de ce premier ot>-
jeciif sera la prise d'une place d*armes
importante, le siège commencera. Si
l'armée n'est pas ass/^i nombreuse pour
continuer sa marche en laissant un
Lorps de siège derrière soi, elle pren-
dra près de I j une position stratégique
pour le couvrir; aest ainsi qu'en 1796
l'armée d*i:a!tc, ne comptant pas ciii-
quanlc mille comballa.' s. r:e put dé-
passer Manlone pour pé:»étrer au coeur
de TAutrichc, m laissant \in«'t-ci:iq
nîHe ennemis dans (tUe piace, et
ayant en outre qnarant" mille Aîih-
chiens en face sur la doubl- ligne du
r^rol et (lu Friuul.
Dans le cas, au contr ire, où l'armée
aiarail U'}» forces suflisan tes pour tirer
lui plus granJ fruit de sa victoire, ou
bien qu'il n*y aurait pas de aiége à M-
re, elle marcherait à un second objectif
plus important encore» Si ce point se
trouve à tfne certaine âisttfnce, il sera
urgent de se procurer un point d'ap-
pui intermédiaire ; on formera donc
une base éventuelle au moyen d'une
aurait sans doute occupées: en cai
contraire , on formera une petite ré-
serve stratégique qui couvrira les der-
rières et protégera les grands dé|>ôts
par des ouvrages passagers. Lorsque
rarmee franchira des fleuves considé-
rables on y construira a la hà!o dai
têtes de pont; et si les pof)ts se trou*
vent dans dis villes ferniéesde nmraii-
ies, on élèvera quelques retranche^
mens pour augmenter la défense dt
ces pos:es et pour doubler ainsi la 9f>^
MrCé de la base éventuelle ou de la ré-
serve stratégique qu'on y placerait.
Si au contraire la bataille a été per*
due, il y aura retraite, atin de se rappro-
cher de la base et d'y puiser de noÊr
velies forces, tant par les détachemens
que Ton attirerait à soi, que par les
places et camps retranchés qui arrê-
teraient l'ennemi ou Tobligeraient à
diviser ses moyens.
Lorsque l'hiver approche , il y avra
cantonnemens d'hiver, ou bien les
opérd!ions seront continuées par celle
des deui armées qui, ayant oblew
u..-e supériorité décidée el ne trouvait
pas d'obstacles majeurs dans ki ltj(iie
de défense ennemie , voudrait profiler
(ie son ascendant : il y atiraii «lors
campagne d'hiver; cettiî résoiniion,
qui dans tous les m de^vient e^aie-
m nt pénible poor les dem arp^éas,
ne pn sen'e fviis de combinaisons pas-
ijf iiiieres, si ce n'est d'exiger un re-
doubtement d'activité dans les euCre-
prises afin d'obtenir le dénouement le
plus prompt.
8TIUTE0t«.
817
Telle esl la marçbe ardioaire d'une
guerre ; telle sera aussi celle que nous
suivrons pour procéder à Teiainen des
(iiuérentes combinaisons que ces opé-
raUoo^ amènent
Toutes celles qui embrassent l'en-
aapble du tbéAlre de la guerre sont du
domaine de la stralégie qui compren-
dcaaiafti:
l"* La dôQnilion de ce thé&tre et de$
diverses combinaisons qu'il offrirait;
^ La détermination des points dé-
cisifs qui résultent de ces combinai-
SOR& et da la direcuon la plus favorable
à donner aux entreprises;
d"* La choix et réiaWsaeaient dé la
baae fixe, et de la zone d'opérations;
4^ La il txTmi nation du poiut objec*
tif qu'on se propose, soit offensif, soit
défensif;
6^ Lea fronts d'opérations, les fronts
atratégiques et ligne de défense;
6" Le choix dvs lignes d'opérations
qui mènent de la base au point objee-
Uf ou au front stratégique occupé par
rarmée ;
7° Celui des meilleures lignes stra-
tégique» à prendre pour une opération
doDiiée; le» manœuvres différentes
pour embrasser ces ligne» dans leurs
diverses combinaisons ;
S* Les bases d'opérations éventuelles
el les ré^rvea stratégiques;
9* Les marches d'armées considérées
eomme manœuvres ;
10* Les magasins considérés dans
leurs cai^curtsiavec les marehes dtfs ar-
mées;
11^ Les forteresses envisagées com->
me moyens stratégiques, comme refu-
ges d'une armée , ou comme obstacles
4 sa optarchQ: les sièges à faire et a
a>iivrir;
IS" Les points nà i) importe d^as-
13* Les diversions et les grands dé-*
tachemens qui deviendraient utiles ou
nécessaires.
Indépendamment de ces combinai-
sons qui entrent principalement dans
la projeclion du plah général pour le*
premières entreprises de la campagne,
il ostd'autresopérationsraixtesqui par-
ticipent de la siratégie pour la direct ion
à leur donner, et de la tacliquo pour
leur exécution, comme les pa^^sagis de
fleuves et rivières, les retraites, les
quartiers d'hiver , le^ surprises , les
descentes, les grands convois, etc.
La deuxiènie branche indiquée est
la tactique» c'est-à-dire Içs manœuvres
d'une armée sur le champ de bataille,
ou de combat, et les diverses forma-
tions pour mener les troupes à Tat-
taque.
La troisième branche est la logisti-
que ou Tart pratique de mouvoir les
armées, le détail matériel des mar-
ches et des formations, l'assiette des
camps non retranchés et cantonne-
mens, eu un mot l'exécution dv s com-
binaisons de la stratégie et de la tac-
tique.
Plusieurs controverses futiles ont eu
lieu pour déterminer, d'une manière
absolue , la ligne de démarcation qui
sépare ces diverses branches de la
science : j'ai dit que la stratégie est
l'art de faire la guerre sur la carte, Fart
d'embrasser tout le théâtre de la guer-
re ; la tactique est Tart de combattre
sur le terrain où le choc aurait lieu ,
d'y placer ses forces selon les localités
et de les mettre en action sur divers
points du champ de bahrîUe, c^sl-à-
dîre dans un espace de quatre <ra cfftq
lieues, de manière que tous les corps
.agissans paissent recevoir des ordres et
les exécuter daas le courant mêoM de
seoir des camps retranchés, têtes del Tactfon; eiiOn ta log1sHqn«f n'est au
pont, ctCti ^ fond que la science de préparer OQ
STRATÉait.
d'assurer l'application des deux autres.
On a critiqué ma définition sans en
donner de meilleure ; il est yrai que
beaucoup de batailles ont été décidées
aussi par des mouvemens stratégiques,
et n'ont été même qu'une série de pa-
reils mouvemens ; mais cela n'a jamais
eu lieu que contre des armées disper-
lées, c^s qui fait exception ; or la dé*
finition générale ne s*appiiquant qu'à
des batailles rangées, n'en est pas
voins exacte (1).
Ainsi, indépendamment des mesu-
les d'exécution locale qui sont de son
lessort, la grande tactique, selon moi,
comprendra les objets suivans :
I* Le choix des positions et des li*
gnes de bataille défensives;
2* La défense offensive dans le com-
bat;
3« Les différens ordres de bataille,
ou grandes manœuvres propres à atta-
quer une ligne ennemie ;
k* La rencontre de deux armées en
marche et batailles imprévues;
5^ Les surprises d'armées (2);
6^ Les dispositions pour conduire les
troupes au combat ;
7* L'attaque des positions et camps
retranchés ;
8* Les coups de main.
Toutes les autres opérations de la
guerre rentreront dans le détail de la
petite guerre , comme les convois, les
fourrages, les combats partiels d'avant-
garde ou d'arrière-garde, l'attaque
même des petits postes, en un oiot
(1) On ponrrall dira ^«e la taeUqoe ett la
lombat, et que la iirailftie c*e»t toute la guerre
avaol le C(»mbai al apré« le combat, les siégea
aeult cxceptéi, encore appariiponont^Ug à la
•Iraiégie pour décider ceui qu'il faut faire et
eomment il fout let couvrir. La stratégie dét-ide
o* l'on doit agir: la logistique y amène et
place les troupes ; la tactique décide leur em-
niai elle mode d^iéeotioa.
tout ce qui doit être exécuté par
division ou détachement isolé.
Du principe fondamental de la guerre.
Le but essentiel de cet ouvrage estdt
démontrer qu'il existe un principe
fondamental de toutes les opérationi
de la guerre , principe qui doit pré'
sider à toutes les combinaisons pour
qu'elles soient bonnes (3). Il con-
siste :
1* A porter, par des combinaisons
stratégiques , le gros des forces d'une
armée successivement sur les points
décisirs d'un théâtre de guerre, et au-
tant que possible sur les communica-
tions de l'ennemi sans compromettre
les siennes;
2"* A manœuvrer de manière à en-
gager «e gros des forces contre des
fractions seulement de l'armée enne-
mie;
o" Au jour de bataille, à diriger éga-
lement, par des manœuvres tactiques,
le gros de ses forces sur le point déci-
sif du champ de bataille, ou sur la par-
tie de la ligne ennemie qu'il importe-
rait d'accabler;
k* A faire en sorte que ces masses
ne soient pas seulement présentes sur
le point décisif, mais qu'elles y soient
mises en action avec énergie et en-
semble, de manière è produire un ef-
fort sirouHané.
On a trouvé ce principe général si
(aj U s'agit des snrprisea d'armées en pleine
campagne, et non de surprises de qoariien
d'hiver.
(3) SI maintes entreprises ont réussi qnoiqee
eiécutées contre les principes, ce n'a été qae
dans le cas où l'ennemi s'en éearuit inl-niéne
encore davantage, et Jamais lorsqu'il opérait
bien Ce n'est que contre des bandes indiscipli-
nées que ron peut »'en écarter siOf
mmAtàmm.
«9
simple que les criliqnes ne lot ont pas
manqué. On a objecté qu'il était fort
aisé de recommander de porter ses
principales forces sur les points déci-
sifs et de sayoir les y engager, mais
que Tart consistait précisément à bien
reconnaître ces points.
Loin de contester une vérité si naïve,
l'aToae qu'il serait au moins ridicule
d'émettre un pareil principe général,
sans l'accompagner de tous les déve-
loppemens nécessaires pour faire sai-
sir les différentes chances d'applica-
tion ; aussi n'ai-je rien négligé pour
mettre chaque officier studieux en état
de déterminer facilement les points
décisifs d'un échiquier stratégique ou
tactique. On trouvera , à l'article 19
ci-après, la définition de ces divers
points, et on reconnaîtra dans tous les
articles 18 à 22, les rapports qu'ils ont
avec les diverses combinaisons d'une
guerre. Les militaires qui , après les
avoir médités attentivement, croiraient
encore que la détermination de ces
points décisifs est un problème inso-
luble, doivent désespérer de jamais
rien comprendre à la stratégie.
En effet, un théAtre général d'opé-
rations ne présente guère que trois
Ednes , une à droite , une à gauche ,
ime au centre. De même , chaque
lône, chaque front d'opérations, cha-
que position stratégique et ligne de
défense, comme chaque ligne tactique
de bataille, n'a jamais que ces mêmes
wbdivisions , c'est-à-dire deux extré-
mités et un centre. Or il y aura tou-
purs une tle ces trois directions qui
fera bonne pour conduire au but im-
r portant que l'on veut atteindre ; une
des deux autres s'en éloignera plus ou
moins , et la troisième lui sera tout à
fait opposée. Dès-lors, en combinant
les rapports de ce but avec les posi-
tions ennemies et avec les points géo-
graphiques, il semble que toute ques-
tion de mouvement stratégique, com-
me de manœuvre tactique, se réduira
toujours à savoir si , pour y arriver,
l'on doit manœuvrer à droite, à gau-
che, ou directement devant soi : le
choix entre trois alternatives si simples
ne saurait être une énigme digne d'un
nouveau sphinx.
Je suis loin de prétendre néanmoins
que tout l'art de la guerre ne consiste
que dans le choix d'une bonne direc-
tion A donner aux masses; mais on ne
saurait nier que, c'est du moins le
point fondamental de la stratégie. Ce
sera au talent d'exécution, au savoir-
faire, à l'énergie, au coup-d'œil, A com-
pléter ce que de bonnes combinaisons
auront su préparer.
Nous allons donc appliquer d'al)ord
le principe indiqué aux différentes
conîbinaisons de la stratégie et de la
tactique, nous réservant de prouver,
par l'histoire de vingt campagnes cé-
lèbres , que les plus brillans succès et
les plus grands revers furent, A très
peu d'exceptions près , le résultat de
l'application ou de ronbli que Ton ett
fit (1).
Do iystéiiM dsi^pératioBS.
La guerre une fois résolue , la pre*
mière chose A décider, c'est de savoir
si elle sera offensive ou défensive.
Avant tout, il convient de bien dé-
finir ce qu'on entend par ces mots.
L'offensive se présente sous plu-
sieurs faces : si elle est dirigée contre
un grand État, qu'elle embrasse, sinon
(1) On trouvera la raltUon de eei ainsi «•»-
pasnf I, avec cinqoanla plani dt btttUlet, dans
VHUt9tr$ â» ia guêrr$ àê «<pt ont, dtni eetPa
des gnerret de la BéYOliiUon, el dans la Tle pe-
liUqne et mllf faire de NepeMea, pakIMs par la
géniral JemiaL
&3Û STRATÉGIB.
en entier, du mains en grande partie, ' Appliquée à une simple opération
c'est alors uni invaision; si elle ne s'ap- I passagère, c'est-à-dire conNÎdérée com-
plique qu'à l'attaque d'une province,
ou d'une ligue de défense plus ou
moins bornée, c'e.4 alors une offensive
ordinaire; enfin, si ce n'est qu'une at-
taque sur une position quelconque de
Tarmée ennemie , et bornée à une
seule opération, cela s'appelle l'initia-
tive des mouvemem (1). L'offensive, con-
sidérée moralement et politiquement,
est presque toujours avantageuse,
parce qu'elle porte la guerre sur le sol
étranger, qu'elle ménage son propre
pays, diminue les ressources de l'en-
nemi, et augmente les siennes; elle
élève le moral de l'armée et impose
souvent la crainte à son adversaire;
cependant il arrive aussi qu'elle excite
son ardeur, lorsqu'elle lui fait sentir
qu'il s'agit pour lui de sauver la patrie
menacée.
Sous le rapport militaire, l'offensive
a son bon et son mauvais cdté; en
stratégie, si elle est poussée jusqu'à
Vinvâsion , elle donne des lignes d'o-
pérations étendues en profondeur^ qui
sont toujours dangereuses en pajs en-
nemi. Tous les obstacles d'un théAtre
d'opérations ennemi , les montagnes,
les fleuves, le» défilés , les places de
guerre, étant favorables à la défense,
«Of>t aussi contraires A l'offensive ; les
habitans et les autorités du pays se-
ront hostiles A Tarmée envahissante ,
au lieu d'être des instrmnens ; mais si
cette armée obtient un succès , elle
frappe la puissance ennemie jusqu'au
eœur, la prii^ de ses moyens de guerre,
ti peut amener un prompt dénoue-
jnent de la lutte.
(i) Cettt diaUneilOB ptnUfa Irop «ubUl» : Je
]» qroi« juMe 8«rs j aiUcber «n graiid prix, n
•tt. certain qu« Ton pem preikdfe riiii(Utlv«
d une attaque pour une demi-b«arc^ Umi en
ftuivani en général le sjsléme défensir.
me initiative des mouvemens, l'ofTeD-
sive est presque toujours avantageuse,
surtout en stratégie. £n effet, si l'art
de la guerre consiste à porter ses for-
ces au point décisif, on comprend que
le premier moyen d'appliquer ce prin-
cipe sera de prendre Tinitialive des
mouvemens. Celui qui a pris celte ini-
tiative sait d'avance ce qu'il fait et ce
qu'il veut ; il arrive avec ses masses au
point où il lui convient de frapper.
Celui qui attend est prévenu partout;
l'ennemi tombe sur des fractions de
son armée; il ne sait ni où son aJvei-
saire veut porter ses efforts, nî les
moyens qu'il doit lui opposer.
£n tactique , l'offensive a aussi des
avantages; mais ils sont moins posi-
tifs, parce que les opérations n'étatit
pas sur un rayon aussi vaste, celui qui
a l'initiative ne peut pas les cacher à
l'ennemi , qui , le (découvrant à Tins-
tant, peut, à l'aide de bonnes réser-
ves v remédier sur-le-champ. Outre
cela, celui qui marche à l'ennemi a
contre lui tous les désavantages résul-
tant des obstacles du terrain qu'il de-
vra franchir pour aborder la ligne de
son adversaire, ce qui fait croire qu'en
tactique surtout, les chances des deux
systèmes sont assez balancées.
Au reste, quelques avantages que
Ton puisse se promettre de l'offensive
sous le double rapport stratégique et
politique, il est constant qu'on ne sau-
rait adopter ce système exclusivement
pour toute la guerre, car il n'est pas
même certain qu'une campagne, com-
mencée offensivement, ne dégénère
en lutte défensive.
La guerre défensive, comme nous
l'avons déjà dit, a aussi ses avantages
lorsqu'elle est sagement combinée:
elle est de deui espèces : la défense
STBAltelB.
m
inrrtc ou passive, et la défense actiTe#fdibles de Tennemi, en prenant rini-
a\ec lies retour» ofTensifs. Ln première | tiative dcë mouvemens.
csl toujourH pernicieuse ; la s^^nde
peut procurer de grAnds succès. Le
but d*uDn guerre défensive étant de
couvrir le plus long-temps possible la
portion du territoire menacée par l'en-
nemi, il est évident que toutes les opé-
rations doivent avoir pour but de re-
tarder ses progrès, de contrarier ses
entreprises en multipliant les difficul-
tés de sa marche, sans néanmoins
laisser entamer sérieusement sa pro-
pre armée. Celui qui se décide à l'in-
vasion le fait toujours par suite d*un
ascendant quelconque; il doit cher-
cher dès-lors un dénouement aussi
prompt que possible. 1^ défenseur,
in contraire, doit le reculer jusqu'à
ee que son adversaire soit affaibli
par des détachement obligés , par
les marches, les fatigues, les priva**-
tions, etc.
Une armée ne se réduit guère à une
défense positive que par iurte de re-
vers ou d'une Infériorité flagrante.
Dans ce cas elle cherche, sous l'appui
des places, et à la faveur des barrières
naliirelles ou artiffcielle», les moyens
de rétablir l'équilibre des ehances , en
ninhipliant les obstacles qu'elle peut
4>pposer à renoemi.
Ce système, lorsqu'il n'est pas pous-
sé trop loin, présente anssi d'heureu-
ses chances, mais c'est dans le cas
seulement où le général qui se croi-
Mit obligé d'y recourir, aurait le bon
esprit de ne pas se réduire à une dé-
tMise inerte, c'est-à-dire qu'il se gar-
èsfait d'attendre sans bouger, dans les
féstes Êxes, tous les coups que l'en-
•eml voudrait lui porter; il faudra
qu'il s*appli«|ue, au contraire, à redou-
Mv l'activité de ses opérations , et à
saisir toutes les occasions qui se pré-
senteront de tomber sur les points
Ce genre de guerre, que j'ai nommé
autrefois la défen6ive-oflensive(l), peut
être avantageux en stratégie comme
en tactique. En agissant ainsi, on se
donne les avantages de^ deux systè-
mes, car on a ceux de riniliative, ei
l'on est plus maître de saisir l'iiiKtanfi
où il convient de frapper, lorsqu'on
attend l'adversaire au milieu d'un échi-
quier que Ton a prép;iro d'avance au
centre des ressources et des appuis de
son propre pays.
Dans les trois premières campagnes
de la guerre de sept ans, Frédéric-le-
Grand fut agresseur; mais dans les
quatre dernières, il donna le vrai roo-»-
dèle d'une défense-offeusive. 14 faut
avouer néanmoins qu'il fut mer>cil-
leuseraent secondé par ses adversaires-,
qui lui donnèrent à l'envi tout le loisir
et les occasions do prendre l'initiative
avec succès.
Wellington joua le même réie daas
la majeure partie de sa carrière en
Portugal, en Espagne et en Belgique ,
et c'était en effet le seul qui cenvînl à
sa position. Il est toujours facile de faire
le Fabius lorsqu'on le fait sur un terri**
toire allié , que l'on n'a point à s'in-
quiéter du sort de la capitale ou des
provinces menacées, en un mot, lors-^
qu'on peut consulter uniquement les
convenances militaires.
En définitive, il paraît incontestable
qu'un des plus grands lalens d'un gé-
néral est de savoir empleyer tc»ur à
tour ces deux systènes, et surtout «iii ê
savoir ressaisir l'initiative eu milieu
mèflM d'elle latte défensive^
(1) n^Miires ToBÉ wornuoét dél^Me aett? e. ce
qui n'eit pas aussi Juste . puisque la défende
pourrait élre très acUve sans être orTensivt
pour cpla; on peut n<^anmoins adopter le mot,
qui est le plus grauiinatieal. ^
•TMATtfiUW
IHi tUÉtn det opértitont.
l
Le théâtre d'une guerre embrasse
^ toutes les contrées où deui puissances
peuvent s'attaquer, soit par leur pro-
ifre territoire, soit par celui de leurs
alliés on des puissances secondaires
; 5|u'elles entraîneront dans le tourbil-
lon par crainte ou par intérêt. Lors-
qu'une guerre se complique d'opéra-
tions maritimes » alors le théâtre n'en
est pas restreint aux frontières d'un
État, mais il peut embrasser les deux
hémisphères, comme cela est arrivé
dans la lutte entre lu France et l'An-
gleterre depuis Louis XIY jusqu'à nos
jours.
Ainsi le théâtre général d'une guerre
est une chose si vague et si dépen-
dante des incidens, qu'il ne faut pas
le confondre avec le théâtre des opé-
rations que chaque armée peut em-
brasser indépendamment de toute
eomplication.
Le théâtre d'une guerre continen-
tale entre la France et l'Autriche peut
embrasser l'Italie seule , ou l'Allema-
gne et l'Italie, si les princes allemands
y prennent part.
Il peut arriver que les opérations
soient combinées, ou que chaque ar^
mée soit destinée à agir séparément.
Dans le premier cas , le théâtre géné-
ral des opérations ne doit être consi-
déré que comme un même échiquier,
sur lequel la stratégie doit faire mou-
voir les armées vers le but œmmun
•ipii aura été arrêté. Dans le second
cas, chaque armée aura son théâtre
d'opérations particulier, indépendant
de l'autre.
Le théâtre d'opérations d'une armée
comprend tout le terrain qu'elle cher-
cherait s eî>vrihîr, Pt tout relnî qu'elle
peut avoir à défendre. Si elle doit opé-
rer isolément, ce théâtre Ibrme tout
son échiquier, hors duquel elle pour-
rait bien chercher une issue dans le
cas où elle s'y trouverait investie de
trois c6tés , mais hors duquel il serait
imprudent de combiner aucune ma-
nœuvre , puisque rien ne serait prévu
pour une action commune, avec l'ar-
mée opérant sur l'autre échiquier. Si.
au contraire, les opérations sont con-
centrées, alors le théâtre des opérations
de chaque armée prise isolément, ne
devient, eu quelque sorte, qu'une des
zones d'opérations de l'échiquier gé-
néral que les masses belligérantes doi*
vent embrasser dans un même buL
Indépendanunent des accidens to-
pographiques dont il est parsemé, cha-
que théâtre ou échiquier, sur lequel
on doit opérer avec une ou plusieurs
armées, se compose pour les deux
partis :
1* D'une base d'opérations Sic;
9* d'un but objectif principal ; 3* de
fironts d'opérations, de fronts stratégi-
ques et de lignes de défense ; k* de
zones et de lignes d'opérations ; 5' de
lignes stratégiques temporaires et de
lignes de communications ; 6* d'obsta-
cles naturels ou artiflciels â vaincre ou
â opposer à l'ennemi; 7o de points
stratégiques géographiques importans
à occuper dans l'offensive , ou i cou-
vrir dt^fensivement ; 8* de bases d'o-
pérations accidentelles et intermédiai-
res entre le but objectif et la base pO'
sitive ; 9* de points de refuge en cas de
revers.
Pour rendre la démonstration plus
intelligible. Je suppose la France vou-
lant envahir T Autriche avec deux ou
trois armées, destinées à se réunir sous
un chef et partant de Mayence, du
Haut-Khin, de la Savoie ou des Alpes
maritimes. (Chaque contrée, que l'une
ou laulre de cos troi:^ armées aurait à
iVClÂtéâlB.
paAiniritr; Miré en quel^ef sorte Qtie
i6iiie''d\>pératioti9 de Téchiquier géné-
riiT; ma» si Pàrmée d^Itaiié ne doit
agir que jusqu'à TAdige, sans rien oon-
êerter avec Tarmée du Rhin, alors ce
qui n'était considéré que comme une
idoe d'opérations dans le plan gêné*
hil, devient Tonique échiquier de cette
armée et son théâtre d'opérations.
' Dans tous les Cas, chaque échiquier
doit avoir sa base particulière , son
point objectif, ses zdnes et ses lignes
d'opérations qui mènent de la base au
but objectif dans l'offensive, on du
but objectif à la base dans la défen-
sive.
Quant aux points matériels ou to-
pographiques dont un théfttre d'opé-
rations se trouve plus ou moins sillon-
•
ne en tous sens» l'art ne manque pas
d'ouvrages qui ont discuté leurs diffé-
rentes propriétés stratégiques ou tac-
tiques : les routes, les fleuves, les
montagnes, les forêts, les villes offrant
des ressources à l'abri d'un coup de
main, lés places de guerre ont été l'ob-
jet de maints débats, dans lesquels les
plus érudits ne furent pas toujours les
plus lumineux.
Le^ uns ont donné aux noms des si-
gntiîcalions étranges; on a imprimé et
professé que les fleuves étaient les li-
gnes d*opé^atfons par excellence I Ôr,
comme une telle ligne ne saurait exis-
ter sans offrir deux ou trois chemitis
pour fnouvoir Tarmée dans la sphère
dé sies entreprises, et au moins une li-
gne de retraite , ces nouveaux Moïses
prétendaient donc transformer ainsi
les fleuves en lignes de retraites , mê-
me en lignes de mananivres î tl parais-
sait bien plus naturel et plus juste de
dire que les fleuves sont d'excelleales
lignes d'approvisioiMiement, de pois-
sans nnxîllaires^pour faclfiter rétablis-
sement d'une bonne ligne d*opéra-
1 •
tions, mais jamais cette ligne elle-*
même. ^
Wous avons vu , avec un égal éton-
nement, un écrivain grave allirmer que,
ii l'on avait un pays à créer pour en /at-
re «ffiBoA ihédtrê de guerre, U faudrait
éviter d*y eomtruire des routes conver--
génies parce qu elles faettitentCinvasion î l
Comme si un pays pouvait exister sans
capitale, sans villes riches et industrieu-
ses,etc6mme M lesroules n'allaient pas
forcément converger vers ces points
où les intérêts de toute une contrée se
concentrent naturellement et par la
force des choses. Lors même qu'on fe-
rait une steppe de toute TAIIemagne
pour y reconstruire un théflire de
guerre au gré de l'auteur, des villes
commerçantes se relèveraient, des
chefs-lieux se rétabliraient, et tous
les chemins iraient de nouveau con-
vergei vers ces artères vivificateurs.
D'ailleurs ne fut-ce pas à des routes
convergentes que r<irchiduc Charles
dut la facilité de battre Jpurdan en
i79G? Et dans le fait ces routes ne fa-
vorisent-elles pas la défense plus en-
core que l'attaque , puisque deux mas-
ses, se repliant sur deux rayons con-
vergens, et pouvant dès-lors se réunir
plus vite que les deux masses qui les
suivraient, seraient ainsi à même de
les battre séparément. ;
D'autres auteurs ont voulu que les
pays de montagnes fourmillent de
points stratégiques, et les nniagonis-
tes de cette opinion ont aflirraé que
les points stratégiques étaient au con-
traire plus rares duns les Alpes que
dans les plaines , mais qu'en échange,
s'ils étaient moins nombreux, ils n'en
étaient que plus imporlsns et plus dé-
cisifs.
Quelques écrivains ont présenté
aussi les hautes montagnes comme
autant de murailles de là Chine inac-
8S> &xp4^V4WI'
re^sîbles pour tpus| ^udis que Napo*- 1 fncUQn d'un ét9t û*iA mif WniV
léon, en parlant des Alpes Rhétieooea,
'disait ff qu'une armée devait paner par^
tout où ¥11 homme fouwait fçeer 1$
fiid, x>
Des géni^ram non noins expéri-
mentés que lui dans la guerre de mon-
tagnes, ont partage wii dpute la mèr
me opinion en proclamant la grapde
diRiculté qu'on éproure i y mener
une guerre défensive, à moins d^ réu-
nir les avantages d'une levée en maM^
des populations à ceux d'unei armée
régulière, la première pour ^rder les
ctmes et harceler l'ennemi» la demjàre
pour lui livrer bataille sur les poii^t^
décisifs à la jonction des grandes val-
lées.
En relevant ces contradictions, nous
ne cédons point i un (utilç esprit de
critique , mais seulement à l'envie de
démontrer à nos lecteurs que, loin
d'avoir porté l'art jusqu'à ses dernières
limites, il existe encore une multitude
dn points à discuter.
Nous n'entreprendrons pas de dé-
montrer ici la valeur stratégique des
divers accidens topographiques ou ar-
tificiels qui composent un théâtre de
guerre, car les plus Importans seront
examinés dans les diSérens articles de
ce chapitre auxquels ils se rapportent;
cependant on peut dire en général que
cette valeur dépend beaucoup de l'ba-
bileté des chefs , et de Tesprit dont ils
sont animés; le grand capitainç qui
avait franchi le Saint-Bernard et or-
donné le passage du Splîîgen, était
loin de croire à VimêœpmgfMbiUii de ces
chaînes.
Diibate tfapÉwUiBi.
Le premier point d'un plan d'opéra-
tions eft de s'assurer d'une bonne ba-
•e ; on nomme ainsi l'étendue ou la
tinsra aea retaourçi^ «t resM» (tli
celle d'où elle devra partir pow on
expédition ofTenaive , ti Qik elle Umr
verauq refuge w beeoî»; celle eeli
sur la jtteUe elle dem e'uppiijfr ê 4i
cpuvre 90Q peys défeoeit eau? ot
Ursqu'anefirq^iUitre offre. 4a beeni
barrji^ oetiireUee et ertîQcielM, db
peut foimw pinsi , tour k tpor, toit
we excellente bafte ppur rofleesîfei
sQît une ligne de défense lompi^oe f»
tK)rnerait à vouloir pr^rT^ k P9
d'Inyaidon.
Dans ce dernier caa« il aère pmdentii
se ménager alors une bonne base tti^
cQnde ligne, car, biem qu'an food e^
arme soit censée trouver un appui |l|:
tout dans son propre paja, eoom
existe-t-il une grande différence eaiff
lea parties de ce pays entièrement dfc*
nuées de points et de moyens militai'
res, d'arsenaux, de forts, de magasiai
à l'abri, et les autres contréea oq lea
trouverait de puissantes ressources 4e
cette espèce : ce sont celiea-li H^
ment qui peuvent être oensidérici
comme des bases d'opéralteM seB^r
des.
Chaque armée peut avoir Mocevi-
yemept plusieurs bases : par fT^■*flt^
une armée firançaise opérant eu Allei'
magne Ura pour prenuère baie b
Rhin« elle pourra en atoir aa-deiA#
fleuve partout où elle aura des alliés tm
des lignes de défense permapeelai
d'un avantage reconnu ; UMûa ai elle aH
ramenée derrière le fleuve . eUe tn^
vera une nouvelle base nr le
(I) m la base ir«etetfoM su If |lM
•UMi celle des ippffpvitioonamiM, Q y a ||9
eieepUoMy da mofDi pour ce qui coaceraa Ip
iFiffSi. Dm année frençeite. plirée emfÊlèej
poerrak tirer la ■afcaÉHinte ée$ pMvtecaeaii li
laretiplttUe aa ae la FaMieaale» ai ta leailii
STftATfiGIS. ^
835
ou la Moselle; ellt fMl %m vm^
troisième sur la S^ne, une quatrième
sur la Loire.
En citant ces b^ses successives , je
pe veux pas dire Qu'elles doivent tou-
jours être i peu {près paraHàles à la
première: il arri^ souvent au coa-
traire qu'un chantement total de di-
rection devienne} nécessaire : ainsi ,
une armée françiise, repoussée der-
rière le Rhin, poiy'rait bien chercher
sa nouvelle base brincipale, soit sur
Béfort ou Besan|on, soit sur Mé-r
lières ou Sedan ^e^inme l'armée russe,
après l'évacuation de Moscou, quittant
la base du nord et de l'est, vint s'ap-
puyer sur la ligne de l'Oka et sur les
pirovippes piéridionales. Ces bases laté-
rales, perpendiculaires no front de dé-
fense, sont souvent décisives pour em-
pêcher l'ennemi de pénétrer au cœur
du pays , ou du moins de sY main-
tenir.
Une base appuyée sur un fleuve
large et nnpétueux , dont on tiendrait
les rives par de bonnes forteresses si-
tuée i cheval sur ce fleuve, serait sans
contredit la phis favorable qu'on pût
désirer. •
Plus la base est large, moins elle est
facile ft couvrir, mats moins il sera fa-
cile aussi d*en couper l'armée.
Un État, dontia capitale ou le centre
de puissance esl trop prêt de la pre-
mière frontière , offre moins d'avanta-
ges posrbaaer ses défenseurs, qu'un
Élut dont ta capitale serait plus éloi-
gnée^
Toart» Mae, peer êtie pariktte, doit
oOHr ffom oe trois placta dTMe eapa-
cRé mfltaante pour y établir des maga*
rim, ée»dépAls, Ho. KHe doit afolr au
moine «se MtedQ pont reimiidiéemir
diaoïfie des rivières isgoéabies qa> a>
troui^eiit.
d'aaaofd aug. lentes les quali-
tés que nous venons d*éaumércr ; mais
il est d'autres points s|r lesquels les
avis ont été plus diviséç.-.PIusieurs écri-
vains ont voulu qu'une |ase, pour être
parfaite , fût parallèle iavec celle de
l'adversaire^ taijis qn'i|i contraire j'ai
éqis l'opinion que 1rs b^ses perpendi-
culaircnr S 'celles de re|iuemi étaient
les plus avantageuses^ notamment
celles qui, présentant deux faces à peu
près perpendiculaires IJune à l'autre,
fit figurant un angle relitrant, assure-
raient une double base au besoin ,
rendraient mattre de deux côtés de
l'échiquier stratégique , prociireraîcrit
deux lignes de retraite fort dîstanlrs
Tune de l'autre, enfin fncîHt<*raIcnt t'ont
changement de ligne d'opératfons rjue
la tournure imprévue de? chances dé
la guerre pourrait nécessiter.
La configaratroo générale du IhéfttfV.
de la guerre peut avoir aussi mie
grande influence sur k dh^ctfon à'
donner aux lignes d'opérations fet par
conséquent aux bases).
En effet , si tout théâtre de guerre
forme un échiquier ou figure présen^
tant quatre faces plus on moins rég««
lières, il peut arriver qu'une dee ar*
mées, au début de la campagne , oo»
cupe «ne seule de ces far^s , eomnae^t^
est possible qu'elle en tienne deuir,
tandis que l'ennemi n'en oecoperait
qu'une seule, et que la quatrième for«
meraît un obstacle insurmontable. La
manière dont on embrasserait ce tbéli<^
tre de guerre présenterait donc des
combinaisons bien différentes daoa
chacune de ces hypothèset.
Pour faire mieux comprendre retle
idée, je dlerai le Ihéétre de la guerre
ilea arméea françaises en Weslphalie,
depuis 1757 >ttsqn'en i7Si« et celui de
Itepoléoa en 1806, représentés Tua et
l'autre par la figure ci-après :
I •
iTIUTtelB.
Dans le premier de cet IhéAtret de
guerre, le c6té AB était formé par la
mer da Nord, le c6té BD par la ligne
du Weser, base de l'armée du duc
Ferdinand ; la ligne du Mein formait
le côté CD, base de Tannée française,
et la face AC était formée par la ligne
du Rhin, également gardée par les ar-
méea de Louis XV.
On voit donc que les armées fran-
çaises, opérant offensivement, et te-
nant deux faces , avaient en leur fa-
veur la mer du JNord formant le troi-
sième côté, et que par conséquent elles
n'avaient qu'à gagner le côté BD par
des manœuvres, pour être maîtresses
des quatre faces, c'est-à-dire de la
base et de toutes les communications
de l'ennemi comme le montre la figure
ci-dessus.
L'armée française £, partant de la
base CD, pour gagner le front d'opé-
rations FGU, coupait l'armée alliée J,
du côté BD, qui formait sa base; cette
dernière aurait donc été rejetée sur
l'angle L«A,M, formé vers Embden
par les lignes du Rhin, de rJEms et de
la mer du Nord ; tandis que l'armée
française £ pouvait toujours comnra-
niquer avec ses bases du Mein et du
Khin
La manœuvre de Napoléon sur la
Saale , en 1806, fut combinée absolu-
ment de même : il vint occuper à Jéna
et à Naumbourg la ligne FGH« et
marcha ensuite,, par Halle et Dessao,
pour rejeter l'armée prussienne i mr
le côté AB, formé par la mer. On sait
assez quel en fut le résultat.
Le grand art de bien diriger ses li-
gnes d'opérations consiste donc à com-
biner ses marches de pnaoière à s'em-
parer des communications de l'ennemi
sans perdre les siennes ; on volt aisé-
ment que la ligne F G H» par.sa posi*
tion prolongée et le crochet laissé sur
l'extrémité de l'ennemi , conserve tou-
jours ses communications.avec la ba^e
CD; c'est l'application exacte des
manœuvres deMarengo, d'Ulm et de
Jéna»
Lorsque le théâtre de la guerre ne
sera pas voisin d'une mer, il sera ton-
jours borné par une grande puissance
neutre qui gardera sas froattères et
fermée un des côtés du carré: sans
doute ce ne sera pas une barriàre aussi
insurmontable qu'une mer; mais, eu
thèse générale, on peut tMijours la
considérer comme un obstacle sur le-
quel il serait dangereux de se replier
après une défaite, al âvaolageiix fut^à
trmATÉeie.
mêoM de refouler son ennemû On ne
viole pes imimnément le territoire
d'oM pQiiMBce qui aurait cent cin-
quante à deux eeni mille hommes ; et si
usearmée batlne prenait ce parti, elle
n'en serait pas moins coupée de sa base.
Si c'était une petite puissance qui
bornât le théâtre de la guerre^ il est
probable qu'elle y sernit bientôt en^
giobée, et la face du carré se trouve-
rait seulement un peu plus reculée }qs>
qu'aux frontières d'un grand État, ou
jusqu'à une mer.
La configuration des frontières mo-
difiera parfois la forme des diverses
faces de l'échiquier, c'est à-dire que
ces formes se rapprocheraient alors d(
ce|Ie d'un parallélogramme ou d'ur
tropèze selon le tracé des deux ligo^
tUi \h figure suivante :
Dans l'un et Tautre cas, lesi avanta-
ges de l'année qui se trouverait mai-
tresse de deux des laces et aurait la
facilité d'y établir une double base,
seraient encore bien plus positifs, puis*
qu'elle pourrait plus aisément couper
l'ennemi de la Cace rétrécie qui lui res«
terait, ainsi que cela arriva, en 1806, à
l'armée prussienne dans le cAté BDJ
du p«f ^lélogramme formé par les li-
gnes du 9\Aiu de rOder, la mer du
Kord et Isk frontière des montagnes de
Franconie.
La base de la Bohême, en iS13, prou«
ve, aussi bien que tout ce qui précède,
en faveur de mon opinion , car ce fut
pat U direction perpendiculaire de
. cette base avec celle de l'armée fran-
çaise, que les alliés parvinrent à para-
lyser les avantages immenses que la
liffne de l'Elbe eAt procuiés saps cela
à Napoléon ; circonstance qui fit tour
lier toutes les chances de la campagne
en leur faveur. De même, en 1812, ce
fut en se basant perpendiculairemc;nt
sur l'Oka et Kalouga que les Russes
purent exécuter leur marche de flanc
sur Wiaxma et Krasnoï.
Au surplus , pour se convaincre de
ces vérités, il suffit de réfléchir que le
front d'opérations d'une armée, dont la
base serait perpendiculaire à celle des
ennemis, se trouverait établi parallèle-
ment à la ligne d'opérations de ses ad-
versaires, et qu'il lui deviendrait ainsi
très facile d'opérer sur leurs commu-
nications et leur ligne de retraite.
J'ai dit plus haut que les bases per-
pendiculaires seraient surtout favora-
bles lorsqu'elles présenteraient une
double frontière, selon ce qui est tracé
aux figures susmentionnées; or, 1^
?fc'
8^8
STflATÉOlC.
fTi tiques ne manqueront pas d'objec-
ter que ceci ne s'accorde guère avec ce
que j'ai dit ailleurs en faveur des fron-
tières sntllantes du côté de Tennemi ,
et contre les lignes d'opérations don*
• • ^ b'c.i é égalité de forces.
I /objection serait plus spédense que
jiisle , car le plus grand avantage d^ane
Jiiise perpendiculaire résulte précisé-^
mont de ce qu'elle forme ce saillant
qui prend à revers une partie du théâtre
des opérations. D'un autre côté, la pos-
session d'une base à deux faces n'em-
porte nullement l'obligation de les oc-
cuper en ferces toutes les deux; il
suffît , au contraire, d'avéir sur I'iHto
d'elles quelques points foftifiés avec
un petit corps d'observation, tandis
({ue l'on porterait tout le poids d^'ios
forces sur l'autre face, ainsi que cela
eut lieu dans les campagnes de 1800
et 180(3. L'angle presque droit , formé
^r le Rhin depuis Constance à Bâle,
et de là à KchI , offrait au^général Mo-
reau une base parallèle, et une autre
"^WJ^dhdlculaittî à celle de son antago-
' rtistè. Il poussa deux divisions par sa
gaachti sur la première de ces bases,
Vers Kchl , pour y atlifo^ l'attention do
'rèrinemi, tandis qu'il fila âvcd neuf di-
trsiuns sur l'extrêtalté de la face per-
pendiculuiro du côté de Schalîhouse,
ce qui ramena en peu de mafches
jusqû'aui portes d'Aug^bourg, après
(juc les deiix divisions détachées l'eu-
roht déjà rejoint.
iVhpotéotK en 1806, avait aussi la
double base du Meiu et dii Rhiir , for-
rrant presque un ringle droit renlraril;
I il se contenta de laisser Mortier sur la
^ face parallèle, c'est-à-dire sur celle du
Ilhin , pendant qu'avec toute la masse
de ses forces, il gagnait l'extrémité de
la face perpendiculaire, et prévenait
ainsi les Prussiens à (icra et à Natim-
bourg sur leur ligne de retraite.
8i Uni de fiiito Mi|MMM pNtMM
que les bases à dem Hmk» , ëtoifn
serait a pea prés perpsiidic«laireè«ii
de l'ennemi, soni les meiHeiirai îllpl
bien recofinattre aimi ^iia« «Insh
cas oà l'on manqverait d'une btsa pih
reilie, on pourrait y soppléer en p«tie
par un changement de firool stnitéfi-
que. ' *>
Une antre question non noina im-
portante sur la meilleure direction à
donner aux bases d'opérations , eit
celle qui se rattache aux bases établici
sur les rives de la mer et qui ont aMi
•donné lieu à de graves ^reurs, carat
tsnt elles sont favorables pour les aHi
autant elles seraient reUoutalrfes poar
les autres, ainsi qu'oo ^pu s'en assurer
par tout ce qui précèëe. Le daogrr
qult 7 aurait pour une armée conti-
nentale à être refoulée fur la mer a été
si fortement signalé, qte l'on ne sae-
rait trop s'étonner d*efttendre encors
vanter le» avantages d«k bases établies
sur ses rivages et qui ne sauraient ean-
venfr qu*à uiie armée itiiiiUVé.' Ea
etki . Weltingtoti vetiant htèç ÉhlkNle
au Siîcours du Portugal l!t de VÈê^
gne, né pfcmvilH: adopter de mdÊeiàt
bkse ((ué caite dé Llsbeùné^ M psir
ndiéui dtt^ èëllè de la |ll«iqi1te (b
Toites^Vedas , qui côéfté les Mriès
avet^tfes de cette capHèledo aélé de
terre. Id les rites du Ta^ el eeHlBi^
la mer ee cen^rèienl pateWiteftent ses
deôt llimcs , MMià elles éWwuaietfl ee-
Core ^H ligne de retftfite qui né peetait
avoir lieu que sur ses vaii^seaut.
Séduil!< ^êr les ataf litiges que 1 1- Ta-
meui camp retfatirh>^ de Tiirre»-Ve-
dras afait proeurés M généM tffigiais,
et nt jugeant que les eSMi «nr te-
monter aux ciusei, bien des gêné
faux , fort sttvans d'alllenni , m réé-
lurent plus Vdir de bonnes bases ber-
mis celles ^, placées 9ur les rtTesda
«ruifts»;
M!t
It flMf 4 pranMMiMt à rflvméé dt fn-
ailes iippniflBiMnemeiii«et desrefoges
ifeedetllatesà l'abri^ toute iroolte.
Utveog^HMnt fàtpOMsé à tel poiol,
4^6 le féeéral Pfuhl toeteneil, en
Mit s 4M Je beie eetoreNe im RiMe»
éieH * ili(re« bleèpMne s(i«lègiqae«
Feéciné per de «emUebles idées, le
eekNiel Gertoa^N&as imprima , qti'ee
tMSMepeiéoft aeieil dû placer le moi^
iMde son armée en Bohème, et jeter
eentelnqnante miHe hommes mm» bmê-
cèm 4ê IJMf , vers Himbovrgl 1 1 oq<-
kNem f|ee le première règle, poor toi»*
tae lea beses d'une armée eonUnetiiale.
est de s'appuyer sur le front le plus
oppoei à h mer, «Tes^à^dire sir celui
qet pleeereH ratmée ta eentie de lene
les élémens de sa puissance militaire et
desa peptfetlen^ dentelle se treuterait
•eperée et coupée, si «Aie commutait
!a A»te grave de s*ep|Miyer à la mer.
tl*e puissance immlaire, agissant sur'
le continent , doN natofellement Mre
le eatoiil dteméHralement opposé, et
eela peis^appUt|uef néannotes le mime
aiiènie, qui pteaerit à chacun ds fhtr^
dbir sa èass mr Ht ptfMt «d il pmil imi
intu^tr sa mèim lênnfê «m Hfmgé tmM^.
One paissanee, (brte à la fols mir
leiire eetuiÉie str iiiw, ei dont les es^
sadres nottbrtnies doMiiftêraient uAe
flier rMlIrte du théâtre de» opèratlons«
pQiunait bieii encete biMv une petite
armée de ^uaitnte * dhcpiante mille
MIMMÉ «arle rifage^ eu M assenrant
un refuge Mea protégé et dei àppro^
visionnemens de toute espèce : mais
donner aoe pareille base à des masses
sentinentales de eent eiofuente BHlIe
heiDffles. eojpigéet èontre des fortics
dttd^lineeset I peu près égales eh nom-
bre, ce serait toujours un acte de folie.
Cependant «eomma lente aaaxiasa a
•es exceptions, il eti IB eat dans le-
quel il peut être convenable de dévier
à (*e que nous venons de dire, et de
porter ses opérations du côté de la
mer : c'est lorsqu'on aurait affaire à
un adversaire peu redoutable en cam-
pagne, et qu'étant mattre décidé de
cette mer, on pourrait s*approvision«-
ner aisément de ce cèté tandis qu'il
serait difficile de le faire dans Tinté-
rieur des torrea. Quoiqu'il soit fort rare
de voir ces trois conditions réunies, ce
ftit néanmoins ce qui arriva dans la
guerre de Turquie en 1828 et 1839.
Toute l'attenlion fut fixée sur Wama
et Bourges, en se bornant à observer
Schumia, système qu'on n'eAt pas pu
suivre eu face d'une armée euro-
péenne, lors même qu'on eût tenu la
mer, sans s'exposer à une ruine pro-
bable.
Malgré tout , cette guerre fut asses
bien eondalte, à quelques fautes près:
on eut soin de se couvrir en s'assurant
des fbfteresses de Braîlof , Warna et
SiHsirle, pais en se préparant un dépôt
à Bkîspoli. Dès qu'on fut suffisamment
basé, en peusta droit sur Andrinopie,
ce qui auparavant eût été folie. Si l'on
n*étail pas venu de si loin, en 1888, ou
que l'on eftt eu deaii mois de bonne
saison de plut, tout eût été terminé dès
cette première campagne.
Outra les bases, permanentes, qui se
troiiven>nt oïdinaffement établies sur
ses propres flrontières, ou du moins
dans le payé d^m alUé sur lequel on
potttrttit compter, H eti est aussi d'é-
venluelles ou temporaires, qui dépen-
dent des opérations entreprises en pays
eooeaû : mais comme ceUair-ci sont plu-
Hldespointsd'appui passagers, nous en
dirons quelques motsdans un article par-
ticulier, afin d'éviter la tonfùston qui
pourrait résulter d'une similitude de
dèmMûaatîoB*
840
STSAHiOIE^
Des points et lignes stratégiques, des poinig dé*
cisiTs du théâtre de la guerre, et des objectifii
d'opérations.
Il y a des points et des lignes stra-
tégiques de diverses natures. Les uns
reçoivent ce nom par le fait seul de
leur site, duquel résulte toute leur im-
portance sur l'érhiquier des opéra-
tions; ils sont donc des points stra*
tégiqucs géographiques perroanens.
D'autres acquièrent leur valeur par l^
rapports qo*ils ont avec le placement
des forces ennemies avec les entrepris
ses que Ton voudrait former contre
elles : ce sont donc des points straiégi^
ques de manœuvres et tout-à-fait éven*
tuels. Enfin il y a des points et lignes
stratégiques qui n'ont qu'une impor-
tarice secondaire, et d'autres dont riui»
portance C2»t à la fois immense et in-
cessante : ceux-ci je les ai nonunés.
points êtratégiques décisifs»
Je vais m'eObrcer d'eipliqoer ces
rapports aussi nettement que je les
conçois moi-même, ce qui n'est |^s
toujours aussi facile qu'on le croit eo
pareille matière.
Tout point du théAtre de U guerre
qui aurait une importance militaire,
soit par son site au centre des com-
munications, soit par des établisse*-
mens militaires et travaux de fortifica-
tions quelconques qui auraient une in-
fluence directe ou indirecte sur l'échi-
quier stratégique, sera de fait un point
stratégique territorial on géograpbir
que.
(f ) On me reprochera peat-4irs encore un
barbarisme, fiarce que Je donne le nom de potaM.
décisif ou objectif à des lignes, et qu*un point
ne saurait être une ligne. 11 est Inutile de faire
observer à mes lecteurs que les points objectifs
ne sont pas des points géométriques, mais une
formule grammaticale ei primant le iMi qu'ont
irmée te propMS: Et li Von dtfputo lUiM %w le
Ud illiiitre géoénd. alBraie, a« m^
traire, que tout point qui réaeiiaîtki
condiUons soameDtionBéea se senil
pas pour cela qd point atnitégî^w»
s'il ne se trourait sur une ëiredii^
convenable relativeinenl à l'epéraiiia
qu'on aurait en me. On. me pardae^
nera de professer une opinion difli-
rente, car un point stntégiqof
jours tel par sn nature, el ceim
qui serait le plus éloigné et la sphèia
des premières entreprises, pourra f>
être entraîné par la tournure inpiA-
vue des événemens, el acquérir
toute l'importance dont il serait
ceptible. U eût donc été plus exact , à
mon avis, de dire que tous les poialf
stratégiques ne sont pat des poiolsdiN
cisifs.
Les lignes stratégiques sont égaie*
ment ou géographiques ou relalifBk
seulement aux manoeuvres tempocair
res; les premières peuvent être subdi-
visées en deux classes, savoir, les. Ii«
gnes géographiques qui par leur îbh
portance permanente appartienoeat
aox points décisifs du théAtre de b
guerre (1), et celles qui n'onlde valsar
que parce qu'elles lient deuit poiali
stratégiques entre, eux.
De crainte d'embrouiller oes difla-
rens sujets, nous traiterons dans m
article séparé, des lignes stratégiqQai
qui se rapportent à une inameuvm
combinée, pour nous borner id à ce
qui concerne Iss points déeiêifs H sèffs-
tifs de la zâoe d'opérations sur lafasis
les entreprises seront dirigées.
mot décisir, td qu'an poial par lol->uitae «t
rarement déeisif , on peut j sabslilner le mol
isy^ortmni^ bien qu'il n*cipiûiie pas Msai Sv-
tement U pensée que j'y ratucbe. Il est im-^
file, je pense, d^jooler qu'un point ne saurttl
être ôéchit qu'autant que }h Opérations tenieni
dlrisSeadans la sphèra ai» H pourraH avnir im
[secioaiirlsitréfaltst, ( ^
QDi)iH)t»tl éiistedes rapports iotimes
entre ces deux espèces de points, va
que tmitobjeetif devra nécessairement
être un des points- décisifs da théâtre
de ta cnierre, il y a cependant une dis-
tinction à faire, car tous les points dé-
cisifs ne sauraient être à la fois le bat
objectif des opérations. Occupoos-noos
donc d'abord de bien définir les pre-
miers, ce qni conduira plus fadleme^iC
au bon choix des seconds.
ie crois qu'on peut douner ie nom
de point siratigique décUif h tOttS ceuX
qui sont susceptibles d*excrcer une in-
fluence notable , soit sur l'ensemble
d'une campagne, soit sur une seule en-
treprise. Tous les poîntStdont le site
géographique et les avantages artiB-
ciels favoriseraient Tattaque ou la dé*
fense d'un front d'opérations» ou d'une
ligne de défense, sont de ce nombre,
et le» grandes places d'armes bien si-
tuées iieoneot le premier rang parmi
eux.
Les noinis décisifs d'un théâtre de
guerre sont donc de plusieurs espèces.
Lea^premiers sont les points ou lignes
géi^grapbiques dont l'importance est
permauenle , et dérive de la configu-
ration même de cet échiquier: pre-
îwuti. par exemple , le théâtre de la
guerre deâ Français en Belgique; il est
tout simple que celui des deux partis
qui sera maître du cours de la Meuse,
Aura des avantages incalculables pour
s'emparer du pays; car son adversaire,
débordé et enfermé entre la Meuse et
la mer du Nord , ne pourrait recevoir
bataille parallèlementa cette mer, sans
courir risque d'une perte totale (i). De
même, la vallée du Danube présente
une séria de pointa tmportans qui l'opt
(1) Ceci ne s'applique qu'à des armées conti-
rcnla^rs et non aux Anglais, q^i. basés »ur An«
%cr» 00' Ovtemte. n'aartteat rfan i rfiSotiffr de
) ocoapallapi 4a ls Nfiif 4s U Maaie*
«4
lait regarder comme la clef de F Aile*
magne méridionalOp
Les points décisifo geograpnques
sont aussi ceux qui rendreient maître
du noeud de plusieurs TuUées et du
centre des plus grandes communicft-
tiens qui coupent un pays. Par «cem*
pie, Lyon est un point stratégique im«-
portant , parce qu'il domine lea deui
vallées du Hhéne et de la SaAne, et
qu'il se trouve au centre des commn^
nieations de la France avec l'Italie et
du midi à l'est ; mais il ne serait déeir
sif qu'autant qu'il s'y trouverait nne
place forte ou un eamp retranché avec
tète de ponts.
Leipiig est ineontestableaent un
point stratégique, iiarce qu'il se trouve
à la jonction de toutes les communicvr
tiens du nord de l'AUemagoe. Si cette
ville était fortifiée, et située à cheval sur
un fleuve^ elle serait presque la clef du
pays (si un pays a une clef, et si cette
expression figurée veut dire autre ohose
qu'un point décisif).
Toutes les capitales , qui se tromveiit
au centre des routes d'un pays, seraient
ainsi des points stratégiques décisifs^
non seulement par cette raison , mais
encore par les autres motifs statistiques
et politiques qui ajoutent à cet^ im^
portance.
Outre ces points, il existe^ dans les
pays de montagnes, des défilés qui sont
les seules issues praticables ur une
armée ; ces points géographiques peu-
vent être décisifs dans une entrepriae
sur le pays ; on fait ce que le défilé de
Bard , couvert d'un petit fort , eut d'im-
portance en 1800. V
La seconde espèce de points décisifs
est celle des pointa éventuels de roa-
nceuvres, qui sont relatifs et résultent \
de l'emplacement des troupes des deux
partis ; par example, Mack se trouvant
coocentr^ en VWi ▼# r« Utm, et tlteii*
STRATEGIE.
4«titTailnée mbM if» la Monifie, lé
point décisif pour Tattoqner était Do^
nawertboale Bas'-Leeh, car, en le ga-
l^tiant atati^ lui, on coupait sa ligne de
retrafte Mt rAutriche et sur l'armée
destinée A le seconder. Au contraire,
en 1800, Kray se trontant dans la
mêine position d'Ulm, n'attendait le
eonconn d'aucune armée du côté de
ta Bobéole , mais bien du Tyrol et de
llhrtnée victorieiise de Mêlas en Italie ;
dès lors le point décisif pour l'attaquer
n*étaitplas Donawertli, mais bien du
eOlé opposé, c'est-A-dire par Schafl^
bouse, puisque e'était le moyen de
prendre à revers son front d*opéra-
floiis^ de le couper de sa retraite, et
Ile l'isole^ de l'armée secondaire anssi
bien que de sa base, en le rejetant sur
le Mein. Dans la même campagne de
f 800, le premier point objectif de Bo-
naparte était de fondre sur la droHe de
Mêlas par lé 8aint4^nard, pour s'em-
'^arer enstaite de tes communications ;
on juge que le Saint-Bernard , Yvrée
et Plaisance n'étaient des points dé-
tisib que par leurs rapports avec la
•marche de Mêlas sur Nice.
On peut poser comnie pHncipe gé-
néral que les pohits di^cisif^ de manœu-
vres sont sur celle des etttémités de
l'ennemi d'où l'on pourrait le séparer
plus fecilement de sa base et de ses ar-
mées secondaires , Sbtis s'ettk>ser soi-
même à courir ce risque. On doit tou->
jours préM^er l'ettrêmitê opposée è la
Mer, pafce qu'il est aussi avantageux
de refouler rennefUi sur la mer que
Hangereui du sretposer * pareHle
chance, à moins que Toé n'ait aOkire à
unie armée ittsirtain^ et iulUrieure : dans
ce cas oh peut chettber è là couper tfe
ses vaisseaui , bien que ce soit parMs
daugefèui.
SI l'hrfttéè éAheiÉie est morcelée, ou
itlendÉe sur une ligne trM longue,
alors le point décisif sera te fMirat car
en y pénétrant ou augnmien la dhi*
sion des forces eunemtes • <feg|'è dira
on doublera leur BiiMcsaa, ut ces trou-
pes accablées isotémedt auront iaus
doute perdues.
Le point décisir d^ni dHaap de ba-
taille se déteftuine :
i*» Par la configurutioh du terrain;
9* par la combinaiSM des toeaHtéaavec
le but stratégique qu'Une traaée sa
propO!<«; 9^ par TeaiplaDaiMut des
forces reSpeMivea.
Dfli )Mnls éHeSttft.
On pourtuit dire de ces polutai
me de cent qui précèdent, qu'il y a des
points objectifs de manœuvres et d'au-
tres qui sont géographiques, léhi qu'une
forteresse importante, lu ligué d'un
fleuve, un front d'opérations qui oflH-
Niit de bonnes Ngues de dêCsnaeeu de
bons points d'appri pour des entre-
prises ultérieures Cependant, conuie
le choii même d*un objèolir gêogra<^
phique est une combinaison qui peut
être rangée dans la classe des manceu-
vres, il serait plus eiuct de dira que les
nns ne se rapportent qu*à des points
territoriaux, et que léa autres s'atta-
chent exclusivement eus fbrcea euue-
mies qui occupent ceut-ci.
En sti^iégie, lé but d'une uaHipagne
détermine le point objedtiT. 81 ee but
eèi offèosir, le point sert roècupatiou
dé la cépitsié ennéttHé, ou eellé d'une
tA^o^nce mtlItaiM dont la perle pour-
rait déterminer l'enuettl I la paix.
Bah» là guerre ffiutafliou , M eipitale
est ordinairement le point objectif que
se propose rassaillant Toutefois, la d-
tuatîou géographiquo de cette eapitaie,
les rapports pelitiquea dul
b«Uiféra»l«i «vie len fwiigiMioet t
liai , le» reflflources, mil positives « «oit
fMénlîvM4 forment êulast de oondii-
MMoi» étrangères iu fond à le leience
deseombits, meie très intinenentliées
oéHBinoinaeveo les pltns d'opéraiioMt
eiqtti penvent décider si une armée
doi4 désirer onoraindre de pooaser jns-
i|a*à la capîiaie ennemie»
Asns ce dernier o», le point objee-
• ttf ponrra èlre dirigé oontre ia partie
« dn front d'opérations on de te ligne de
défense « on. se tronverait qneiqne
place imputante dont la conquête aa^
snrerfHi à J'armée, la possessioii da
temioife oecupé: par eiemple dons
une guerre oontre TAntriobe^ si la
France eûTafaissait riiatie« son premier
objeetif serait d'etteîodre la ligne dd
TesaÂn et daP6; le second poiM ob-
jectif serait Mantooe et la li^e de l'A^
«g».
OeP9 la défOMîve, le peint objeatir,
{Ml Uep d'être eeloi qne Ton feut eoli-*
i|nérir« sera cjsini 400 Ton dMTcbe à
eottYiir. La eapitalo étant eensée le
foyer de la puissance, devient le point
objeetif prineîpeLde te défensbe ; maii
H peut j aYoîff des points pins rappr^
fik6$r cemnm te déCenie d'une ptf^
asière ligne, et de te première baae
d'Qpévptioni; ainsi nne armée firan-
gaise« céduîte è te défensive derrière te
Abin^ ««ré pour premier point ot^ectff'
C^Bupèçtepr ite pamape du fleuie; elte
ener^ioim à.aeoanirtr leaptesead'AIsnee,
ai l'nwMiî pmveneît à effectuer aon
.pniaagn et à tes assié^sr; te second eb-
lectif eerede.eomrrirte pvemièrebeae
4fopérnslens qui se liMVera lur te
Mewe on te Moaelte^ but que l'on p€nt
égatemnnt atteindre par une défisnae te*
lémb» uQSSi bten fue par une détenae
defirMt.
gp psinis objecta ée «•-
ri e!flstè4ir» caim .qui se te^
Ma
portent surtout à te'^desMotton ou à la
décomposition des aniièea. ennemies,
on jogere de toute leur isagortanee par
ce que nous avons déjà dit ptas haut
des pirfnts décteifk de ta même espèce.
C'est en quelque sorte dans te bon
dioii de cea pointe que consiste^te U-
lent le plus précteui pour un géiiéml .
et te gage le plus sAr de grands succès i
Do moins est-il oertein que ce ftit le
mérite te plus incontesteble de Napo-
léon. Rejetant tes tteilles routines qoi
ne s'attachaient qu'à te priaed'unfr^u
deux placée, ou è roccupalioii d'une
petite province .Hmîteopiie, il psrat
oottvaiDcu que lu premier mojreo de
teire de grandes ehesea était de s*ap-
pliquer surtout à disloquer et rainer
rarmée ennemie, «nrteinquo lesËAats
ou les proWneeA losnbunt d'eux-^né-
meaquand îb a'uirt phisdefsraesor-
gsnisées pour tes cowrir. (I). Mesmer
d'uo coup-d œil s&r lee àbanees' qu'of-
friraient tes dlfférfotea nènea d'un
IhéMre de guerre; diriger sea masses
coneentriquement sur celle de ses aé-
nes qui serait éiidemment te pins
avantageuse; ne rien négliger pour
s'instruire de te position approalmative
des forces ennemies; pute fondre alors
avec te rigidité de l'éclair soit sur le
centre de celte armée si elte étidt di-
viséOi soit sur celte del dbui eiiréoM-
tés qui* conduiffuit plue dkeotemeut
sur ses communioattens« te déborder,
te couper , rentomer « te pousÉuivre à
outrance en lui InsptfteMnt.des direc-
tions divergentea; enfin ne ta quitter
qu'après l'avoir enéanite ou diapersée :
voite ce que toutes les premteres eam-
Hk} laeuMie d'Uiiuaaè et loaisi M gastim
iHUionIci p^arraiem éift sii^ oomeM êieea*
tioDs; eependant saoi le Mcourt ^*uac année
orgtttifée, loU iîfàn%èifé^ loli oÀUouTe, toute»
tans t^HNifê efei poiAiiàifdie istte^Mfili è
p
I
Mi
pagnes «ie NKpoléen incMqMni cooMie
^n des neiUeoTs systèmes, ou du
moins conjme les bases de celui qu'il
préférait.
pha tard am immenses
et mx contrées inhospita-
lières de ta Rossie, ces manœuvres
n'eurent pas è la vérité le même suc-
cès qu'en Allemagne : toutefois on
doit reconnaître que , si ce genre de
guerre ne convient ni à toutes les ca-
pacités, ni à toutes tes contrées, ni à
tontes les circonstances, ses chances
n'en sont pas moins ks plus vastes, et
qu'elles sont réellement fondées sur
l'application des principes : l'^us outré
que Napoléon fil de ce système, ne
saurai! détruire les avantages réels
qu'on pourrait en attendre lorsqu'on
saurait imposer une linsite à sessuceès,
et mettre ses entreprises en harmonie
avec rétat respectif des armées et des
nations voisines.
Les maximes que l'on pourrait don-
ner sur ces importantes opérations
stratégiques, sont presque tout entiè-
res dans ce qoe nous venons de dire
sur les points décisiili, et dans ce que
nous exposerons plus loin en parlant
du choix des lignes d'opérations.
Ponr ce qui concerne le choix des
points objectifs, tout dépendra ordi-
nairement du but de la guerre, du ra-
ractère qoe les circonstances ou la vo-
lonté des cabinets lui imprimeraient,
enfin des moyens de guerre des deux
partis^ Dans maintes occasions où l'on
aurait de puissans motifs de ne rien
donner au hasard , U serait phis pru-
dent de borner le but de la campagne
à l'acquisition de quelques avantages
partiels, eo ne visant alors qu'à la prise
de quelques villes ou à obtenir réva-
cuation de petites provinces limitro-
phes. Lorsque an contraire on se sen-
tirait les moyens de courir de grandes
ehanees avec espoir de saceès, eè sers ,
«emme Napoléon, à b destruction dr
l'armée ennemie qu'il fondra songer
On ne pourrait conseitler les manoa-
vres d'IJIm et de Jéna à l'année qoi
nsarcherait uniquement peur assiéger
Anvers. Par des motilï tont dîlBirefts,
il n'eût pas été prudent de les conseil-
ler à l'armée française au-dnià do liié-
men, à cinq cents lieues de ses fron-
tières, puisque leschanees désastreuses
eussent surpassé de beaucoup tous les
avantages qu'on aurait pu se pro-
mettre.
U est encore une wrtd partioohère
de points objectifs qu*on ne saurait
passer sons silence ; ce sont ceux qui .
ayant pour but un point mHiCanfe qnei-
conqne, se rattachent néanmoins aux
combinaisons de la politique bien pins
qu*à celles de la stratégie', dans ks
coalitions surtout il est rare qu'ils ne
jouent pas un très grand rMe , en in-
floant sur les opérations et sur les^^oas-
biuaisons des cabinets r or pourmit
donc les nommer dm poimi$ - ^èfweiifi
En effet, outre les rapports tntiOM
qui existent entre la politique et la
guerre pour la préparation de celle-ci,
il se présente, dans presque toutes les
campagnes, des entreprisea militaires
formées pour satisfaire à des ^ues po-
litiques, souvent ftort iaq^tifntes, mais
souvent fort peu ratioiinelles, et qui.
stratégiquement parlant, conduisent
A dea fautes gravns pliMt qu'i4ies opé-
rations utiles. Nous nous bornerons A
en dter deux exensples: l'expédition
du^ duc d'Yorck sw Dualmque en
1793, inspirée aux Anglaia par d'an-
ciennes vues maritimes et commer->
eiaies, demie aux «apArationa dea coa-
lisés une direction divergentoqulcaon
leur perte, et ce point objectif notait
hun aous aucun rapport mililsirr . Vn^
iMitiotfi en oièflHi- prince fittlc.ia Hil*
larmleeififWf égaienwiit dictée. par
imménm km» du ^UnetdeLontkea
eoiwboréeir par les airtèce^pensées de
rAvt^khesur la Belgique, ne Ait pas
nMrina f mieate , car eHe motiva la aiar«
dhe de^ Parchidne Charles de Zorich
MIT Manheim, opéralinn' fort contraire
au intéféts manifeates dm armées oofr*
Maéea à l'époqne ai eHe fat résolue.
'* Ces téritéii f»ron?efitc(ue le choix des
points objeetHb potKiqnes doit être
subordonné an tutérèts de la atraté«
gie, dtt moins Jusqu'à ce que les gran-
des questions nûiitairessoienldéeidées
par lés armes.
An démenrant , ce sujet est si faste
eC si compliqué qu'il serait absurde de^
vouloir le soumettre i des règles : hi
seule que Von puisse proposer est celle
que nous venons dMndIquer : pour la
mettre en pratique, il Riut , ou que les
points objectifs politiques ado|)tés dans
le cours d*une campagne soient d'ac-
cord avec les principes de In stratégie,
ou dans le cas contraire , qu'ils soient
ajournés jusqu'après une victoire déci-
sive. En appliquant cette maxime aux
deux évènemens précités , on recon-*
nattra que citait à Cambrai, ou au
coeur de la France, qu'il fallait conqué-
rir Dunkerque en 1793, et délivrer la
tilollande en 1799 , c'est-à-dire en réu-
nissant les eflbrts de la cooHtfon ëur
un point décisif des frontières, et en y
frappant de grands coups. Du reste ,
les expéditions de cette nature ren-
trent presque toutes dans la classe des
grandes diversions.
euxi que t'<>» ^aal wmmA t^oté de le»
piendre pour une senle et même oho«
sa ^ bien qu'ils difièrent aa fond.
De ce nombre sont les fmnis d'opéra*
tiens, les fronts stratégiques^ lealignef
de défense et les positions stratégl-
qoes. On pourra s'assorer, par les ob-
servations suivantes^ des rapports hiti*
mes et de la différence «ini eiistent
entre eux, et apprécier les motîEsqni
noua ont décidé à les réunir dans nn
même tttide.
Den Itontk d'cféiatiant, ém Ihwlf ftraléaiaati,
.des ligoea dedéfimia el flMjKiilltoDs«Ua-
T] bst certait)s pointe de h sden^^e
nUitaire qui ont tant d'aflDnité entre
Bn ftoau d'apéntoas «t *«iii steaU%taaM>
Dès qu'une armée est disposée aur la
iteederéchiquier qu'elle veut ensbras
ser, soit pour attaquer, soit pour se
défendre^ elle y occupe ordlnaireoiettl
des positions rtralégiques.
L'étendue du front qu'elles embi;aa«
sent et qui fait face du e6té de l'en**
nemi, se nonunera le front stratégi-
que. La portion de l'échiquier d'oè
Tenneaii pourra présumablement ar«*
river sur ce front en une on dans
marches, sera le front d'opérations.
II existe entre ces deux sortes de
fronts une si grande analogie, que
bien des militaires les ont confondues
tantM sous l'une de ces dénomina-
tions, tantAt sous l'autre* En prenant
néanmoins les choses à la rigueur. Il
est incontestable que le nom de front
stratégique convient mieux pour dé^
signer celui des postCions^védles ocou'*
pées par l'armée ^ tsndis que le nom
de fVont d'opénitions désignerait mien
cet espaee géographiqne qui sépare les
deux armées , s'étend à ttV3 ou pin^
sieurs marches an-deià de chaque ex*-
trémité de lefur frOnt stratégique , el
oà M est probable* enfin qu'elles vien*
dront s'entrechoquer.
Ceci parait si rationnel, qno je n*liéi«
riteiirif milleiMiil à eomterer détoii^
milf eetto douMe déflaitton, il Je m
craignah d^èlre encore aoeiMé de n'at-
taelier à dee sabUlité» de terminelôgie
par trop mlnotieiiaes ; car, dans Vêp-
pUcattôn pratique qae d'autiea écri-
rahis vouÂrontMre decea nota, il eat
probaHe f«e plualéuri d^enCre em
coetiDiienMal à ne paa les dbtingiier;
elleaemploieront indiaUnctement pour
ftinimler «m même idée« Je nae eon*
tente donc de signaler la dMértnee
que l'on pourrait assigner à ces deux
expressions, et de m*y conformer,
peur ma part, autant que eela peut ae
faire.
[ Dfcs qae les opérations d*OM cam-
pagne seront sur le point de commen**
cer, une des deoi années prendra sans
donte la résolution d'attendre renne»
mi ; dès-lors elle aura soin de s^asaurer
d'nne ligne de défense plus ou moins
préparée à Vavance, et qui pourra être,
soit sur la ligne même du front slraté«-
gique, soit un peu plus en arrière. De
là il résulte naturellement que parfois
aa front semblera former également la
ligne de défense , eomme le cas s'en
présenta en 1795 et en 1796 sur la li-
gne du Rhin , qui aenrit à la fois de
Ugae de défense aux Autrichiens ainsi
qu'aux Frsnçais, tandis que le liront
stratégique et le front d'opérationa dea
deux partis se trouvaient ausai sar
aette Kgne. C'est sans doute ee qui a
bit confondre souvent ces trois cfao^
ISS, qui, pour se trouver réunies par^
àtts dans une même localité, n'en sont
fm moina de| choses fort différantes.
En efièt, une armée n'a pas toujours
une ligne de déCaase, surtout lors*
qu'elle envahit un pays; elle n'a paa
non plua de front stratégique lors**
qu'elle se trouve réunie dans un seul
camp , tandis qu'eUa a loij^Mirs un
front d'opéyationat
U muttipydté dan
pouvant vendre Min^éiivUMIf atiaa qas
ptas claire, fea citaNé «mm
pour Éire juger la 4i$ÊimâiÊm
aée. Lors de la repHae éealMiatfliMa»*
la fin de 18tS, le btwt séiiérri 4l*0|ii»
letieM de Nepoiéon a'élMdnil dotaal
depoia Hambeusf imqa*A Wîtlen|gn>>
d'oà il hwgeait la ligne 4ee «IBAi j»
que vers Glogau et Irealnv^ priaquii
droite éUit à i/nrenbeff ; Min.ilsB
rabattait en arrière sur In ffMtièiidl
Bohême jusqu'à Baeade* tm $mm
étaient répartiea aor ce f caiHl ftW m^
quatre asassea, dont lea poailioQ^ str»*
tégiques étaient intérieuraa on ceQt%
lea, et présentaient trois fraati dil|^-
reos, Ranené plus tarddonrièmrEibe,
sa ligne réelle de défense ne l'étct*
dait alors qu'entre Wittenbeig et
Presde, avec un crochet en nrrî^ ait
liarienberg ; car Kambourg , et Magr
debourg oérne^ se Moavaieiik déjà 01
dehors de son édhiquier générait 4|
eût été perdu s'il eftt songé à y poi^
sea opérations.
Comme autre exemple, je citen} ^
position autour 4e Maatoue, on fnH^
son front d'opérationa a'^tea^ait
réalité depuis les montagnea 4o
game jusqu'à la mer AdrinMquo, tpt
dis qq'au besoin a^ ligne f^ello 4| #•
fenae était sur i'Adigo mfin 1« Im#
Garda et Legnago, e^suilê a^r taMtoa
do, entre Peaûhiere et MiiMmi«>()MNI
son front ftntt^qii» variai^ aetan IR
poBîtîona.
Ce serait^ diui rate, feii9 iRinn A
nos lecteurs que d'ÎQsi|t«r |||iq tfmfr
temps sur ce point, et la diatinction de
ces trois objets étant reconnue, il ne
noua reste q«*à les wnmiaier||É|iaré>
nient; et à présenter le pelif wmbre
de maiimes qui leur sont communes,
ou qui sont pKopros à cbacua d*eux ea
êtmhtàêmé
Le fn>nl 4'epéNllioii$ él|«l donc
l'atpaM géûirapU^M qui lépwre it
ffMil stvilégiqiie des deui armits, et
sur toquel «liea peufent venir 8e beur*
ter, il 88 trouve ain8i ordinairement
élaUî i pe» pria pefalMcmopt à la
kaie. Le froal atratégiqoo elisftlf,
to«l en eaajwpiiaant on eapace an pea
fluina étondo qoo le ftont dea opéra*
liena évestnellea on préamnaUea, aéra
dana la mtee directicMi, et devra être
erdîMiireiiient établi de pMBiire à oeii»
pev traaiwaaleiBent la Ugne princi-'
pale d'opérations, et à se prolonger
au-deli des flancs de celle-ci de ma-
nière à la ooavrir autant que pos-
sible.
Toutefois la direction de ce front
peut varier ausai selon les projets que
l'os forme , ou selon les attaques de
reonomi, et il arrive assea fréquem-
méat qno l'on aoit appelé à présenter,
au contraire, un front perpendiculaire
à la baae et parallèle à la ligne d'opé-
rations primitive.
Lea ohangemens de front stratégi-
que sont en eUM une des grandes ma-
nœuvres les plus importantes ; car, en
formaat ainsi une perpendiculaire avec
sa propre base, on se rend mettre de
deiii côtés de rédiiqnier, et on place
ahiai Pwmée dans une situation près-
qno «qsbI favorable qne si elle avait
nno boae à de« fliees.
Le troïïi stratégique adopté par Na-
poléo», dans sa marehe sur Eylan,
pfdaanlait toutaaees partirularités ; ses
ploelB d^opéralMoa étaient à Y arsovfe
et à Tboro, 00 qui Msalt do la Vistole
uos aorte do baâo temporaire ; le front
dMiol paraVèlo à la Marew, d'où Na-
paléOD pnrlR en É*appuyant sur Sie-
rook , Poltnsk et Ostrolenka , aBn de
moncBiivrer par sa droite poor jeter les
1IM8M sur BIbing ot la mer Bakiqne.
OMa do pareUa eas, le frenl atratégi-
847
que, peur peo quifou trouvât un point
d'appui sur sa nouvelle direction, pro-^
duirait le méane avantage que nous
venons de signaler. 11 faut seulement
ne paa perdre de vue que , dans une"
semblable manœuvre. Fermée doit être
sàrode pouvoir, an besoin, regagner
sa base temporaire , c'est^àmire qo*if
est indispensable que celte base se
prolonge derrière le front stratégique
et s'en trouve ainsi couverte : Napo*
léon , marohant de la Narew par A)«
loostein sur Eylau , avait derrière aa
gauche la plaoe de Tborn, et, plus loin
encore du front de Tarmée, la tête def^
pont de Praga et Varsovie; en fwt»
qoo ses eoroauinications étaient par-
faitement sAras, tandis que Beningsen,
forcé de lui faire face et do prendre sa
ligne de combat paraitèlemenl à la
Baltique, pouvait être coupé de m base
et refoulé sur les bouches de ta Vii-^
tule. Napoléon exécuta en change^
ment de front stratégique non mointf'
remarquable dans sa marche de Oéra^
sur iéna et Naumbourg, en 1806. Mo»*
re»ii en fit un pareil en IMO, en se
portant de l'Iller par sa droite sur
Aogsbourg et DilHngen , Ibisant face
au Danube et à la France, et fbrçant
par là Kray à évacuer son fbmeux camp
retranché d'Ulm.
On peut donner è son front siraté*
gique une pareille direction pevpoMI*
cvtaiire à sa base, soit par un meuve*
usent do eonversion momentané, exé-^
enté ponr une opération de qnelquea
joora seulement, soit 0b l'adoptant
pour un temps Indétei dans le but de '
OBOttre à profit les avantages majem
que certaines liicalttés pourraient of-
frir, pour frapper des coupa dédsHb on
procurer à l'armée nne bonne ligne do
défense et de bons pivota d*opératlona
qui équivaudraient presque à une baao
! réelle.
11 arrif e soq? eni qa'aoe année Si
forcée d'avoir des doobies fronts stra-
tégiqaef, soit par k oooGgiiratîon de
eerlaîDS théâtres de gaare^ soit parce
fue tonte la ligne d'opérations offen*
sifo, nn peu étendue en profondeur,
eiiged'Mre bien essorée sur ses flancs.
Dans le preoiier cas, on pent citer pour
exenqiie la frontière de Turquie et
celie d'Bspagne. Des armées qui Ton-
draient frandûr le Balkan on TÉbre
seraient foreées d'avoir nu double
front : la prenuère ponr Caire face à la
vallée du Danube, l*antre ponr Caire
tece aux Coroes venant de Saragosse ou
de Léon.
Toutes les contrées un peu vastes
offrent plus on moins cette même obli-
gation ; par exemple : une armée Cran-
fiaise, marchant dans la vallée du Da-
nube, aura toujours, soit du cAté de la
Bohème, soit du c6(é du Tyrol, la né-
cessité d'un double front stratégique ,
dès que les Autrichiens auraient jeté
dans ces provinces des corps assez
nombreux pour lui donner des inquié-
tudes sérieuses. Les pays seuls, dont
la frontière serait très étroite du c6té
de l'ennemi, feraient exception, at-
tendu que les corps qu'on y laisserait
en se retirant pour menacer les flancs
de l'ennemi, seraient eux-mêmes ai-
sément coupés et pris. Cette nécessité
des doubles fronts stratégiques est un
des inconvéniens les plus graves ponr
Oiie armée offensive, puisque cela
oblige à de grands détachemens tou-
jours dangereux jusqu'à certain point.
' Il va sans dire que tout ce qui pré*
cède se rapporte surtout aux guerres
régulières entre diverses puissances;
car, dans une lutte noUonale ou dans
une guerre intestine, les hostilités em«
brassant presque toute la surface du
pays, les divers fronts ne sauraient
être circonscrits de la sorte. Cepen-
dant chaque grande fractioa dHane ar-
mée qui agirait partîeUomcat
but déiermiilé, aurait
jours son front stratégique partiodMr, \
qui serait déterminé autant par les )a-
calités que par l'emplaceiiitBt dea^iBr-
ces ennemies qu'elle serait appelée à
combattre par grands rasseaaUenMns;
ainsi, dans la guerre d'Etpa^K» Su-
chet en Catalogne, M aasénn €o Parla-
gai, avaient chacun leur froot i4ralé-
gique , bien que d'autres oorpu da la
grande armée n'en missent
déterminé.
Oei lignes de déTeaia.
Les lignes de défense sont de phi-
sieurs natures; il y en a de stratégi-
ques et de tactiques. Dans les premiè-
res, il y en a qui sont pernuineoteset
tienneut au système de défense de
l'État, comme les lignes de frontièns
fortifiées, etc.; d*autrea>qui ne
qu'éventuelles, et se rapportent
ment à la position passagère on sa
trouve une armée.
Les lignes de frontières sont des i»
gnes de défense permanentes, lar»
qu'elles présentent un mélange d'obs.
tacles naturels et artificiels , tels que
des chaînes de montagnes, des granél
fleuves et des forteresses, formait
tre eux un système bien lié.
cliatne des Alpes, entre le Piémont al
la France , est une ligno de défenaav
puisque les passages praticables sont
garnis de forts qui mettraient de gran*
des entraves aux entrepnses.d'unoar»
mée , et qu'au sortir des gorges , de
grandes places d'armes couvrent en*^
core les différentes v<illéesdu PiénuMit.
De même le Rhin, l'Oder, l'Elbe, peu-
vent à quelques égards être aussi
sidérés comme des ligna» do dâ
STBATiGlK.
t^9
permanentes, à cause des places im-
portantes qui les couvrent.
Toutes ces combinaisons se rappor-
tant plutôt au système des places
qu'aux opérations d^une campagne..
Quant aux lignes de défense éeeniuel"
les, on peut dire que toute rivière un
peu large, toute chaîne de montagnes
et tout grand défilé ayant sur leurs
points accessibles quelques retranche-
mens passagers, peuvent être regardés
comme des lignes de défense à la fois
stratégiques et tactiques , puisqu'elles
servent à suspendre, durant quelques
jours, la marche de l'ennemi, et l'obli-
gent souvent à dévier de sa marche
directe pour chercher un passage moins
diiTicile ; dans ce cas, elles procurent
un avantage stratégique évident; mais
si Tennemi les attaque de front et de
vive force, alors il est constant qu'elles
ont aussi un avantage tactique, puis-
qu'il est toujours plus difficile de forcer
une armée derrière une rivière ou dans
un poste fort par la nature et par Tart,
que de l'attaquer en plaine découverte.
Toutefois il ne faut pas s'exagérer
cet avantage tactique, puisqu'on tom-
berait dans le système des positions
(starke positionen) qui a causé la ruine
de tant d'armées; car quelles que soient
les difficulté» de l'abord d'un camp dé-
fensif, il est certain que celui qui y at-
tendra passivement les coups de son
adversaire Gnira par succomber (1).
D'^oilleurj), toute position très forte par
<i nature étant d'un accès difficile (2),
il est aussi difficile d'en sortir que d'y
arriver, et l'ennemi pourra avec peu
de monde en garder les issues et blo-
quer, pour ainsi dhre, l'année dans sa
(1) li fiiat obferver qull nlett pas qawtlôii
ici éi eampt fortifléf , qoi font aat giaada 4if-
Céreoce.
(2) 11 eit qoettipo ici de pofitioof pour cam*
pt r et Don de cbainpf de iMlaiUe.
position avec des forces inférieures à
ses défenseurs ; c'est ce qui arriva aux
Saxons dans le camp de Pirna, et à
\^mser dans Mantoue.
Des pof itions i tratégiquei .
n est une certaine disposition de^
armées à laquelle on peut donner le
nom de position stratégique, pour la
distinguer des positions tactiques ou
de combat. Les premières sont celles
que l'on prend pour un temps donné ,
afin d'embrasser le front d'opérations
sur une plus grande étendue que cela
n'aurait lieu pour combattre. Toutes
les positions prises derrière un fleuye
ou sur une ligne de défense , dont les
divisions seraient à certaine distance ,
comptent dans ce nombre : celles que
les armées de Napoléon avaient à Ri-
voli , Yéronne et Legnago pour sur*»
veiller l'Adige; celles qu'il avait en
1813 en Saxe et en Silésie, en avant
de sa ligne de défense, étaient des po-
sitions stratégiques, aussi bien que
celleà lies armées anglo-prussiennes sur
la frontière de Belgique, avant la ba-
taille de Ligny (1814), et celle de Mas-
séna sur l'Albis, le long de la Limmat
et de l'Aar, en 1799. Même les quar-
tiers d*hiver, lorsqu'ils sont très serrés
et placés en face de l'ennemi sans èlrt
garantis par un armistice, ne sont au-
tre chose que des positions .stratégi-
ques; tels furent ceux de Napoléon
sur la Passarge, dans l'hiver de 1807.
Les positions journalières qu'une ar-
mée prend dans les marches qui ont
lieu hors de portée de l'ennemi, et
qu'on étend parfois pour lui donner le
change ou pour faciliter les mouve*
mens, appartiennent aussi à cette
classe.
On voit donc que cette dènommt-»
1150
STRATÉGIB.
tion peut s'appliquer également à ton- sont des places d'armes passagères oa
' tes les situations dans lesquelles une éventijblles.
armée se trouverait, soit pour couvrir
plusieurs points à la fois, soit pour
former une ligne d'observation (^el-
conque, enlln pour toute position d'at-
tente. Ainsi les positions étendues sur
une ligne de d: fcnse, les corps établis
sur un double front d'opérations, ou
couvrant un siège pendant queTarmée
opère d'un autre côté, en un mot jTes*
que tous les grands détachemens com*
posés de fractions considérables d'une
armée, sont également à ranger dans
celte catégorie.
Les maximes que Ton pourrait don*
her sur les divers sujets qui précèdent
sont en petit nombre, parce que les
fronts, les lignes de défense et les
positions stratégiques dépendent près*
que toujours d'une fouie de circons-
' tances combinées avec les localités qui
varient à Tinfini.
Pour les uns comme pour les autres»
le premier des axiomes sera«qu'ils doi*
vont offrir des liens sûrs de communi-
cation avec divers points de la ligne
d'opérations.
Dans la défensive, il est avantageux
que les fronts stratégiques et les lignes
de défense aient sur les flancs , de
même que sur le front, de grands obs-
tacles naturels ou artificiels qui puis-
sent servir rie points d'appui. Les points
d'appui que peut offrir un front straté-
gique se nomment aussi de:^ pivots d'o-
pérations, ce sont des bases partielles
pour un temps donné, et qu'il ne faut
pas confonure avec les pivots d'uue
manœuvre. Par exemple, dans la cam-
pagne de 1796, Véronne fut un excel-
lent pivot d'opérations pour toutes les
entreprises que Napoléon fit autour de
Mantoue pendant huit mois entiers
liresde était de même, en 1813, le pi-
Les pivots de manœavres soat dti
corps mobiles qu'on laisse sur oo peint
dont l'occupation est e>senlielle, pen-
dant que le gros de Tarmée mardie i
de grandes entreprises ; ainsi le' corps
de Ney était le pivot de la manceuvre
que Napoléon fit par Donavcrt et Aogs-
bourg pour couper Mack de sa ligne de
retraite; ce corps, porte à cinq divi-
sions, masquait CIm et gardait la rive
gauche du Danube. La manœuvre finie,
le pivot cesse d'exister, tandb qo^on
pivot d'opérations est un point maté-
riel, avantageux sous le double rap-
port stratégique et tactique, et qui sert
d'appui pour toute une période de la
campagne.
Quant à la ligne de défeose, la qua-
lité la plus désirable, selon moi, est
que cette ligne soit aussi peu étendue
que possible ; car plus elle sera rétré-
cie, plus facilement rarmée la couvria
si elle est rejetée sur ïf^ dléfensive.'%
convient ausM que le fronl stratégique
ait une étendue assez bornée pour que
l'on puisse réunir les fractions qui le
compo>ent, sur un point opportun,
aussi promptement que possible. Pour
le front d'opérations , il n'en est pas
tout-à-fait de même, car si ce front
était trop rétréci , il serait difficile i
une armée olTensive de faire des oêt
nœuvres stratégiques qui pussent ame-
ner de grands résultats, vu que ce front
rétréci offrirait à l'armée défensive les
moyens dp le couvrir plus aisément
Toutefois un trop grand front d'opéra
lions ne convient pas non plus anx
succès des opérations stratégiques of-
fensives: car une étendue trop im-
mense donnerait à l'ennemi, sinon
une bonne ligne de défense, du moins
des espaces assez vastes pour se sous-
wt de tousses mouvempns. Ces pnîfîls îraîrc aux r5st;!tnls dtorc m^r.Tuvre
«•:•
■tMfiiiriimn H^i^^uaMuLA Aimi Iêê
bfUnA gp»»tfQpi 4a Marwgo « 4'U|iii .
d« Jém , ii'a«r»i«Qt pa« e« 49 pareils
répwUAUi »i|r w (héAM fiWÎ éUn^fl
«pia ooliii de la gperre 4e Huiiîe» m
1913» pvm que rarmée, ^vpée de «a
FirfRcjpale ligne 4e retraite, aurait w
en trenvfr une autre ep «9 r^tae(
sur uue mAm diGEéreute 4e eelle ^'eU^
avfit prinMUireniefit ad(Vt^»
. J(^9 ppi'îtion» atraiégîivg»» fiffient» |^
peu 4^ .^o$e pr^, le« luénea çoiii)»Hr
naisees* i^ea aondittoo» ef^ati^Ues
npor iQRie {MmtieA pareille laet,
qu'elle soit plus conceutré^ que led
i«r$ea de l'euu^iDi aiiqqei^le lerait
O0po^, et que \ou\m lea partiin» de
rarxeée aieut de^i nîowi^uoka^us (ai-
Gilea e( aArei peur peuyeir se réuojr
seRft que rçopecol tiA en état d'y metp-
tre opposition; aiosi^ i (orées i peu
pr^ égales, toutes les positious ceu?
traLles ou inCérjieures seraieiit préféra^
blés au^ posHipns e;(térieures« peisque
pas dernières eipbrasaeraient néeesw-
Temm% un front beaucoup plus étendu
ef, occasiounçreient un qu>rcelleiuent
de forces toujours dangereux. La
grande mobilité des parties qui CQip-
peeent une position stratégique peut
au^si contribuer à . leur sécurité qu
Q)^e > leur supériorité sur l*^nnemit
par l'emploi alternatif et successif des
forces sur les dlflférens points de l'é-
chiquier qui ri^ultera de cette activité
de^le» Ru>UTen^en9. Enfin une armée
■• sanrait eoovper adreoient une peaif
tfoB atfttégiqm, sens prendre la pré-
caution favoir une ou dent positions
tactiques reconnues d*avance , i Teffet
d'y rénnjir Termée. de recevoir ren**
neni et de le eeesbattre avec toutes
les forces disponiUea lorsque ses pro-*
Jets seraient bien démasqué?; c*0St
ain^i qfie Napoléon avait préparé m
champs de bataille de RMâ et à'Aaê^
•M
et raNi44iiç çtMfiaa fwim 4» W«r
$oit qu'une aupée campai apitini*elit
tro«va à pri»9umUé4a WiP»siti9«s4M
caetonnemeas assea seir^a ppnr I pla-^
cer du moins une partie î^m b^riçef,
le géeéral 4qît surtout veiller à ce qqe
ces portions soient établies 4e ma*
Qi^re à ne pas étn) trop fMea49W «»
front } mu anrfa^ foe Vçm p^vrrait
nimper en queiqua 8ort« le earré atrfr
tégique. «t qui présepterait trob (IMI
à peu pr^ égales, parait )a »e4e pr^
férable ; w toutes les 4ivimn« n'aiM
raient q«'un espai^a mayw * pfrcv»^
rir pour arriver de toivia les pointa dg
carré vers le centre commw qni ternit
destiné k recevoir le cMKi* .
Comme d'ailleurs ces pqsitii^na atrar.
tégiquea tiennent i pe« pr^ A t4^
tes les combinaient 4'nne gue^na»
elles se représenteront daqs )a pl^t«
part 4es articiea qui traitw( 4e cuM
diverses combinaisons , et npus aif
saurions rien ajouter de laiUan^ MW
cet objet, sans tomber dans des re-
dites inutiles.
Avant de quitter des objets qui se
confondent souvent dans les mêmes
combinaisons, je dois dire encore deux
mots sur les lignes de défense straté-
giques. II est incontestable que cha-
cune de ces lignes doit avoir aussi son
développement, un point particùlfer
qui devra servir de ratliemeof pour )|
défende tactique, lorsqu'il s'agira 4^
oembattre sérieusement t'emieml vé
serait parvenu àfranaMriefmitdel»
position stratégique. Par eiemftè^
toute armée gardant une portiQn cQi)*
sidérabla dq eoers d'wa liviéra» na
peuvent 4eur eo force loate retendus
de cette ligne, devra avoir» un peu an
arrière au centre, un çbamp de te*
taille bien chçisi d'avancç pour j n-
8Si^ vTâMÊÊmS"
cueillir mi'&tfl^SdM iTtAéeftlifioif , et 1 oAe des comMnMNiM très* bonto,
■1k
opposer ainsi toutes ses forcer concen-
trées à Fennemi. Je n'observerai rien
sur ces tK>sîtiOns de combat «Jlif, t^n-
trent dans le donâaine de la tactique,
et je né dois imrlcr ici que des ligties de
défense stratégiques.
Une seule remarque qui nous resté
à faire sur ces dornières, c'est qu'une
armée offensive entmnt dans un pays
avec riritentiôn de le soumettre ou
même seulement de l'occuper tem>-
poralrement , agira toujours avec pru-
dence, quelque grands qu'aient été i^es
succès antérieurs, en se préparant une
bonne ligne de défense pour lui servir
au besoin de refuge dans le cas où un
revers de fortune viendrait à changer
la face des alTaires. Ces lignes rentrant
du reste dans la combinaison dès bases
teinporaires ou éventuelles; nous nous
bornerons à les indiquer ici pour com-
pléter l'aperçu que nous donnons. Dans
une science on tout se lie si étroite-
ment , ces répétitions sont un incon-
vénient inévitable.
ÇpnblMlfoof sUratéglqnet du cboii el delà
direction des li^ei d*opëratioiis.
Si le choix d'une zone d'opérations
(1) On a eiiliqiié celte déflDiUoii. $i comme
elle t po eo effet donner lieu à des méprises, je
croii devoir Feipliquer.
D*tbordil fiul ne pas oublier qa*il s*«gitde
Ugnes^maneiiifres. c'est-4-dirc deeoroblMl-
8on8*'et BOit de grands chemlot. Ensniie il laui
idaeitra aussi qa'ona armée, marchant pir
deux ou trois routes peu distantes les unes des
antres, de manière à se réunir en deux (bis
vingt quatre beorei, n'a pas pouf cela trof« li-
gnes d*opératlona-mancra?res. Lorsque Moreaa
at Jonrdan entrèrent ao Allemagne a?ec deux
aiasaes de soixantenlix mille hommes indépe»'
danlet l'ane de l'autre, iU formaient bien une
ligM doublé; mais nne armée française dont [
en ce sens qu'il n'eiiste jaoïiis que
deux ou trois de ces sAnes mr chaque
théâtre d'opérations, et que leontfaii-
tages dépendent le plus soo?ent dn
localités, il n'en est pas toot-à^futda
même des lignes d'opérations; car kvs
rapports avec les diverses positions de
rehnemi, avec tes commairieatiois
plus ou moins nombreuses de TécW*
quier stratégique et arec les mancst-
vres projetées par le général en chef/
les ditisent en autant de classes dilé-
rentes qui reçoivent leurs noms de tes
mêmes rapports.
Nous appellerons lignes d^ojpérmkm
timjiUê, celles d'une armée agissant
la même direction d'une frontière ,
former de grands corps indépendans.
Par U(ine$ (Tapiratioms doubles , jen-
tènds celles que formeraient deux ar*
mées indépendantes l'une de l'autre sur
uiie même frontière , on aussi celles que
suivraient deux masses à peu près égi^
lés en forces et obéissant^éanmoins m
un même chef, mais agissant séparé-
ment à de grandes distances et pour
un long espace de temps (1).
Les lignes d'opérations întétîsurss Soal
celles qu'une ou deux armées formé-»
ront pour s'opposer à phtsleurs masses
ennemies, mais auxquelles on donna-
on détachement seulement partirait doBw-
Rbin pour marcher sur le Mryn, taudis qaa
cinq ou six autres corps marcberaieBl dn HsM*
Rhin sur Ulm , ne farmerall pas pour cala «si
double ligna d*opératiow daw la aane fuaji
donna à ce mot pour désigner una maacBavia.
De même Napoléon, réunissant sept eorps
pour marcher par Bâmberg sur Géra, pcndaal
que Mortier, a?ec nn corps seulemaot, mtr^
chalt sor Csssel ponr oeeoper la Hvsaa et isa-
quer rentreprisa prlnelpala, na. formait ibiaa
qu'une ligue géoérala d'opérations avec on dé-
tachement accessoire. La ligna territoriale sa
composait de deux rayons ,
aȎiallpasdoobia.
nnr^n^
,jnAk uw dtçeçtioii teUe^ qœ Toç .p^t .4'ooe haute iipportaiice Milieu qa «
rapprocher Jes différens corp» et lier .ordînak eroent bien saisie» qaa par
leurs mouvemens. avant que Teopei^i [ génie vaste et actif.
eAt la possibilité de lenr opposer une
plus grande masse (1).
LêPligmu exlérieure$ présçuteut le
^xésuUat opposé ; ce sont celle» qu'une
armée formera en même temps sur les
deux extrémités d'une ou de. plusieurs
€asses ennemies.
L0i Ugnei à* opérations com»ntnqiuê
font plusieurs lignes qui partent de
points éloignés pour arriver sur un
même point, en avant ou en arrière
de leur base.
Ou entend par lignes divergenies
celles que prendra une seule masc^
.partant d'un point donné, et se divi-
sant pour se porter sur pluspeurs
ppints divergens.
Us lignes j^ro fondes sont celles qui,
parlant dQ leur base, parcourent une
grande étendue de terrfiin pour arriver oédeate, un résultat bien différant. Les
à leuyr but.
J*eaig^oierai le mot de lignu seconr
dnires pour désigner les rapports de
de. deax armées entre elles, Ifu^u'elles
agissent dana.una sphère à pouvoir se
prêter un mutuel appi^i ; ainsi Ta^inée
4e Sambre-^t'Meuse était, en 179S,
ligne se^ndaire de rarmée du Rhin;
en 1812, l!«rmée ^e liagratioa était se-
.fwdaîre de l'arnite d^ Barclay-
Jlfse lignes Mcçid^ntelks sont ceUes
ajneQées par de» évàneme^s qui font
/phasger le plan primitif de, aasipagne
.et doim^KU une< nouvelle direction aux
Of^tims. Ces deroiàre» sont rares et
*
\ (S>. QMU|Mi écrkalM aheuMiiNli «nt dit <|tie
Je eojafeMais Im fiviUons.€9ttratoi,(>e«n)faA^
eltsUunfi^) e^tfi la ligAp d>|{éfftlf9f..£n oolfi
il» ont lorl ; one année peui avoir une poslUop
centrale en présence de deux corps enoemis, et
ne p«a atoir des Ifgnet d'opérâtioni intérim: tirer.
aisaactt.aaim aliaset. Ibrt-difflrcmai. Deoti^
Enfin , on pourrait même ajouter à
cette nomenclature les îignu d'opéra-
lions profris^irse^ .et les ligu9 définitif
vts; le» premières désigneraient celles
qu^une avmée suit poiur marcher à
une première entreprise décisive,
sauf à en adopterune plus solide, ou
plus directe après les; premier» succès;
mais elles semblent appartenir autant
à là classe des lignes, stratégiques
éventuelle» qu'à celle des lignes «d'opé-
rationsr
. Ces définitions prouvent aaaer. com-
bien mes idées diffèrent de celle» des
auteuni qui m'oat devancé.
£o 1796, les Itgoe» d'opératious sur
le Rhin sont calquée» sur celles de
1737 et aor celles de Flandre en 17db ,
mais obtiennent^ comme i'aonée pré-
^armées du Mhin et de Sambre^-
lieuse partent des deux extrémités de
-la base pour pr^dre une direction
oonoentrique aur le Danube. EUe» for-
■lent comme, en 1794, deux lignes
.extérieures. L'atohidae Charles, plus
JialHle que le^ prince de Coboorg, pro-
fite de hi dîreotion intéaieure des
aienue» pour leur danner un point de
-coneenftealîon plus rapproché , pois il
aaiait l'ioatant oàle Baoube couvre le
4^orp».de Latour, pour dérober quel-
ques marches à Morcau, et Jeter tou-
te» ae» forces surhidroiLede Jourdan
qu'il aoeable; la bataiUe de Wartx-
piloyer le nom de rtyoM d'opératiott poar
iMsicBer. ae ^att J'ealaiida ^per ligoes' . ddo-
plt^ eto,; vital à o^Qx^d , .lâpr jPtjfaftaameot
e»t piuf ^pécieui.fortQut flTon vej|t figurer le
théâtre d'opérations par un cercle ; maii comme
tant rayon e»t une D^è. Je eroh nw'&m une
*'^\ *Ki4 ♦»• l
> I
4
Kk
M*àMitÉ.
bourg dtdde dtt wti de rAllemégtié,
et ooDtr«int Tantiée de Mofeatt, éten»-
dae sur une ligne inuneiifle, à faire sa
rUHiitek
BonaparlB commeoéé sa ettrrlère ex-
traordinaire en Italie. 8en systènie t^
d'isoler les années plédiontaise et an-
«riehlenne ; il rAossit, par la bataillé de
tlîliésimo, à lanr flUre pretKke deux
lignes alralégic|nes extérienrës, et les
bat ensuite snoceasirettient à Mondoti
et i Lodi» One armée fonni lable ee
rasaemMe dans le Tyrel , ponr sanver
Maotooe qu'il assiège; elle eonmiet
rimpmdence d'y marcher en deux
eer|M wéfuréi ftr un to». L'éclair est
moins prompt qne le général français;
il lève le siège en abandonnant tout, ae
perte, avee lamajenre partie desea for-
ées snr la première colonne qai débon-
she par Brescia, la bat et la recette dâtls
les montagnes. La seconde cellHine, ar-
rîfée MU* le même terrain, y est battue i
lentonr, et (broée à se retirer dans le
Tyral pmr eommnniifaer evee aa
droite^ Wnrmser^ p«nr qui ces le^oM
sont perdues, vent conrrir les deui W
gnes de Roveredo et de Yicenae ; Bo-
nàparte^ après eprta Avoir aocaUé et
repouasi ta premibré sm* le Lavis,
ehangenlors de direotten à droise, dé-
bottdM par lesfergeade la Brentasnr
la ligne de gaiidie, et forae les débris
de «atte belta erméei à se sanirèr dans
Mantenêv^'à ils sent enfin contraiiis i
eapitnier.
En 17901 ka hoetOâtéa reioBsmenf-
oent; les Fran^i funia pomt avoir
formé deux lignes extérieures en
il^d^ en ont néanmoÎDS trois sur le
I Rbin et ta Paswibe. Une nrmée 4e
gMKbe ebserre ta Bns4ibin; eeHe di
cenkt« ttsaréhe ini* le fibtttibe; la
finisse* fiii flanque fltalta et ta Soua-
be, est occupée par une
ermée anssi forte nue les di
#
Ls# fHii# 0ai^p9 aw |MlMiBinw vfPI VMMf
que âdm la tétUéèê l^Am; i fèdMl.
e(ii^ tieest A kkt iMé itpÊNMui
L'artMdttû a des foroM ÉfgâH, Btafc k
les réunit contre le oenttfb (|ll1l|bè8lii
k Mockaîch, et riMêé d1i«hflfk est
tbtcèé A'éntaiSt leiCtrlMMtM tlMA
eMétttalé;
Les ooalisés cetllittétteilt WmHWk
la même faute que lentlî àfflfeHiMI;
Étt lied de tMmfMfVHi le eMM^uêto da
«e bodlévart tentràl, qtil teW^odUll
chef ensuite , ils fMntent tMb MNlis
ligtoé ett Suisse et Sttf* lé ftS^MIL
Leur armée de Suisse est iècdbléil
Zurich, tandis que édita dM Miilts'a«
muse à Matibeim.
En Italie, tas FHIH«ai* fbrfiiêntk
doubte entrtepriS^âéNaples, eA trenll-
deux mille hommes seM 6ecdpé8 iift-
titeittent , tandis que ^br r Adigê , ei
doivent se fortertoSpIdsgtvMsconpi,
l^rmée trop fAlMe essuie des revM
accablant!. Lorsque cett# année del^
plé$ retient an Nord, elle éOMMÉél en-
core ta faMe de t^t^Mdré une dimtN*
stratégique opposée A celle ^e linreslg
Bt»ivaN>w pn^Bl^habftaident de ta jpl-
sition èentrale^Kh^en tni Mtase, mirclb
àta pi«toièfe de «es Mrmfeftb, et ta Mt
1 quelques MeueS dé Tautro.
En 1600, BeMparte est revéoÉdH-
gy pte, «t cette éampégite prCseMS Hàk
nouvelta oombltiaiaon des Ifgiiei dl'o-
pérattans t «Ml MMiniÉlt» teiHè IMi^
mes «tant Sur Ma deatt Itanél 4ê \k
«nisse, débbiichenid^ili MléSir taM*
irabe, et de l'entre êof le Mt MM
marche s^avante assura la conquête vis
contrées imaonses; rbirtetae modems
n'avait oAsrt jusqn'aiofiancHSoenmbI
itabon settbtabte;tesàfméMfraiCstsi
tbrment deux lignes ItitértaoïM pi M
soutiennent réciproquement; taa An»
trtahtanaaont lereia, on coAiMifo^è
fTBATtelE.
left mut hum dWtt Êé mimnniqiier.
Par la cembinalson habite de n raar*-
che, Tarroée de réserve coupe rennemi
de sa ligne d'opérationa , et conserve
elle-Diëme toutes ses relations avec ses
frontières et avec rarmée du Rhin, qai
forme sa Hgne secondaire.
La iig. ni,d-eontre, démontre cette
vérité et présente la situation respec-
tive des deux partis ; A et AA indi-
quent le front d'opérations des armées
de réserve et du Rlrin: B et BB« celui
de Mêlas et de Kray ; CCCC les passa-
ges du Saint* Bernard, du Simploo , du
SaiBt*Gothard et du Sptugen ; D indi-
qua lea deux lignes d'opérations de
l'armée de réserve; E retrace les deux
lignaa de retraite de Mêlas; LG mar-
que le choc qui eut lieu à Marengo.
HiK indiquent les divisions françaises
conservant la ligne de retraite. On voit
par celte figure que Mêlas est coupé
de sa base, et que le général français,
au oratraire , ne court aucun risque ,
puisqu'il conserve toutes ses comouini-
caliens avec les frontières et avec ses
lignes secondaires.
L'analyse des évènemens mémora-
bles dont nous venons d*esquisser l'en-
semble, suffira pour convaincre de
l'importanœ du dioix des lignes-ma-
noeuvres daua les opérations militai*
res. En effet, il peut réparer les désas-
tres d'une bataille perdue , rendre
vaine une invasion, étendre les avan-
tages d'une vidDire , assurer la cou *
quête d'un pays.
En coasparant les eombinaisous et
lea résultais des plus célèbres cam-
pagnes, ou verra aussi que toutes les
ligni^ d'opérations qui out réussi se
(1} Je croit d«?oir répéter qne Je o'ai jamais
admis la pofisibililë de tracer d*avanee le plan
de loote une campagne. Cela ne peut s'enteo-
dre que du préfet primitif qui indique le point
otijeetif que l'on le propeae d'atteindre, le tya-
rattacbaielit au prtndpe foudamental
que nous avons présenté à diverses re^
prises, car les Itgnêê êimplu et les H^ne§
iniérieures ont pour êui de mttlre en ath
twn^ au point le plu$ imporîont , et par
le «layea de mouwemonê straii^iquêi ^ um
ptui grand nombre de dMtione , et par
eoniéqvent une plue forte massée que iet^
nêmi. On se convaincra également que
ceux qui échouèrent renfermaient les
vices opposés à ces principes , puisque
toutes les lignes multipliées tendent à
présenter les parties faibles et isolées
à la masse qui doit les accabler.
Maxlmei nir lea lignes d'opéraUons.
De tous les évènemens analysés ci-
dessna, je crois qu'on peut déduire Us
maximes suivantes:
1^ Si Fart de la guerre consiste à
mettre en action le plus de forces pos-
sible au point décisif du théâtre des
opérations, le choix de la ligne d*opé-
rations étant le premier moyen d'y
parvenir, peut être considéré comme
la base fondamentale d'un bon plan de
campagne (1). Napoléon le prouva par
la direction qu'il sut assigner à ses
masses, en 1805, surDonawertb^et, en
1806, sur Géra; manœuvres habites,
que les militaires ne sauraient trop
méditer.
S" La direction qu'il convient de
donner à cette ligne dépend non
seulement de la situation géographi-
que du théAtre des opêratioNS , mais
encore de remplacement des forces
ennemies sur cet échiquier stratêgi-
téme général qn*OQ luirra poar y arri? er, et la
première entreprlie que foa ftmnen à cet eflh ;
le reite dépend natarenement da résultat de
cette première opération et dei noufeUee
chancei qu'elle amènera.
(ig.
que. T4mi9fék on ne nortmitr le
que iur le centre ou eur Tune dee estrémi'
téi : dans le ca$ eeuUment où l'on aurait
dee forces infiniment supérieures ^Userait
possible d'agti' fur le front et les esctré»
mués en même v^ttift ; dttns toute autre
supposition, ce serait une faute eapi-^
taie (1).
En général on peut poser en prin-«
cipe, que la meîUeare direction d'une
ligee^manmuvre sera sur le centre de
Tennemi , si celui-ci ooromet la faute
de diviser ses forces sur un front trop
étendu; mais que, dans toute autre
hypothèse, lorsqu'on sera maître de
son choix, on devra donner cette
direction sur Tnne des extrémités, et
de là sur les derrières de la ligne de
défense et du front d'opérations de
l'ennemi.
L'avantage de cette direction ne
provient pas seulement de ce qu'en
attaquant une extrémité Ton ^l'a à
combattre qu'une partie de l'armée
ennemie ; il en dérive un pins grand
nombre encore de ce que sa ligne de
défense est menacée d'être prise à re-
vers. C'est ainsi que l'armée du Rhin
ayant gagné, en 1800, l'extrême gauche
(le la ligne de défense de la Forêt-
Noire, la fit tomber presque sans com*
bat , et livra, sur la rive droite du Da*
nube, deux batailles qui , bien que peu
décisives en elles-mêmes, eurent pour
résultat l'invasion de la Souabeetde la
Bavière, par suite de la bonne direction
(le la ligne d'opérations. Les résultats
(le la marche qui porta l'armée de ré-
>f»rve par le Saint-Bernard et Milan
^ar l'extrême droite, et ensuite sur les
ilerrières de Hélas, furent bien plus
(1) On ne calcole pM rinfériorité d*aiie tr-
■lée d'aprèi le chiffre cuci du nombre des sol-
dau; le» talent du cUef . le moral dee troape;,
leuîi qualités coniUtuiiveiieoiopieAiaiuttdaiif j
1 rijiaos •More; Ha 8Mt
pour nous dispenser de les rappeler
ici.
Cette manœuvre se trouve, il est
vrai, en opposition flagrante avec
certains systèmes un peu trop ex-
clusifs, qui exigent des bases paral-
lèles à celles de l'ennemi , et des ii-
gnes d'opérations doubles formant un
angle droit dont le sommet sentit di-
rigé sur le centre du front stratégique
de l'adversaire. Mais nous avons déjà
assez parlé de ces systèmes ponr démon-
trer que nos maximes sont préférables.
Toutefois, lorsquMI s'agirait d'opérer
sur le centre de l'ennemi, rien ne
s'opposerait à l'adoption du système
à angles droits de Bolow, pourra qu'on
ne tint aucun compte des conditions
exagérées dont ses commentateurs
l'ont surchargé, et que les lignes dou-
bles qu*il nécessite fussent intériea-
res.
8* Il ne faut pas croire néanmoins
qu'iUufBse de gagner l'extrémité d'un
front d'opérations ennemi pour pou -
voir se jeter impunément sur ses der-
rières, car il est des cas ou en agissant
de la sorte on se trouverait soi-même
coupé de ses propres communications.
Pour éviter ce danger, il importe de
donner à sa ligne d'opérations une di-
rection géographique et stratégique
telle, que l'armée conserve derrière
elle une ligne de retraite assurée, ou
qu'au besoin elle en trouve une d'un
autre côté où elle pourrait se jeter
pour regagner sa base par un de ces
changemens de lignes d'opérations
dont nous parlerons ci-eprès.
Le choix d'une telle direction Qit si
la balance, el la anpërlorité lera tOY^oon rdi-
tive, bien que les proportion» numériq«ei y «»*
irent pçnr beaucoup.
STBATtelK.
857.
inoiDortaiit , qn*il caractérise à lui seul ' portance de ces sortes de combioai-
Due des plus grandes qualités d*un gé- | sons; revenons & la suite des maximes
néral en chef, eton me permettra d*en
citer deux exemples pour me faire
mieux comprendre.
Par exemple, si Napoléon , en 1800,
•près avoir passé le Saint-Bernard, eût
marché droit 'par Turin sur Âsti ou
Alexandrie, et qu'il eût reçu la bataille
à Marcngo sans s*ètre assuré auparavant
de la Lombardie et de la rive gauche du
Pô , il eût été coupé de sa ligne de re-
traite plus complètement que Mêlas de
la sienne ; tandis qu*ayant au besoin
les deux points secondaires de Casai et
de Pavie, du cdté du Saint-Bernard, et
ceux de Savooe et de Tende , du côté
de TApennin, Napoléon avait, en cas
de revers, tous les moyens de rega-
gner le Var ou le Valais.
De même, dans la campagne de 1806,
s'il eût marché de Géra droit à Leipzig,
et qu'il y eût attendu l'armée prus-
sienne revenant de Weimar, il eût été
coupé de sa base du Rhin , aussi bien
que le duc de Brunswick de celle de
'Elbe; tandis qu'en se rabattant de
Géra à Touest sur la direction de Wei-
mar, il plaçait son front d'opérations
en avant des trois routes de Saaifeld,
Schleiz et Uof , qui lui servaient de li-
gnes de communications, et qu'il cou-
vrait ainsi parfaitement. Et si , à la ri-
gueur même, les Prussiens avaient
imaginé de lui couper ces lignes de re-
traite, en se jetant entr^.Géra et Ba-
reith , alors ils lui eussent ouvert sa (!-*
gne la plus naturelle, la belle chaussée
de Leipzig à Francfort , outre les dix
chemins qui mènent de la Saxe par Cas*
sel à Coblentz , Cologne et même We-
sel. En voilà assez pour prouver Fim-
(i> QMod le» Iktcttou d'une armét «ont dit»
miflt 4e qaelqiict nartbei wvknmi du gret,
il Hortoot lonq«*ellei n» loni pM deeUaéeeè | deiHsMfd
annoncées ;
4* Pour manœuvrer sagement, il
faut éviter de former deux armées in-
dépendantes sur une même frontière :
un tel système ne pourrait guère con-
venir que dans les cas de grande coa-
litions, ou lorsqu'on aurait des forces
immenses qu'on ne saurait faire agir
sur une même zone d'opérations sans
s'exposer à un encombrement plus
dangereux qu'utile. Encore , dans ce
cas même, vaudrait-il toujours mieux
subordonner ces deux armées à un
même chef, qui aurait son quartier-
général à l'armée pnncipale;
5"" Par suite du principe que nous ve-
nons d*énoncer, il est constant qu'à for-
ces égales, une ligne d'opérations sim-
ple, sur une même frontière, aura l'avan •
tage sur une ligne d'opérations double ;
6* Il peut arriver néanmoins qu'une
ligue double devienne nécessaire, d'a-
bord par la configuration du théâtre de
la guerre, ensuite parce que l'ennemi
en aura formé une lui-même, et qu'il
faudra bien opposer une partie de l'ar-
mée h chacune des grandes masses qu'il
aura formées;
7« Dans ce cas, les lignes Intérieures
ou centrales seront préférables k de^x
lignes extérieures, puisque l'armée qui
aura la ligne intérieure pourra faire
coopérer chacune de ses fractions à un
plan combiné entre elles, et qu'elle
pourra ainsi rassembler le gros de ses
forces avant l'ennemi . pour décider du
succès de la campagne (1).
Une armée, dont les lignes d'opéra-
tions offriraient de tels avantages, se-
rait donc à même, par un mouvemeot
•glr fioléaeot poor lovl« la têniptpt9f tê mM
•ton dct iNMltlMt ttratéslqvef
8B8
STRATiGlB.
stratégique bieo combiné , d'accabler
saccessâyement les fractions de l'adver-
saire qui viendraient s'offrir alternative-
ment à ses coups. Pour assurer la réus-
site de ce mouvement , on laisserait un
corps d'observation devant la partie de
l'armée ennemie que l'on voudrait se
borner à tenir en échec, en lui pres-
crivant de ne point accepter d'en-
gagement sérieui , mais de se con-
tenter de suspendre la marche de l'ad-
versaire à la faveur des accidens du
terrain et en se repliant sur l'armée
principale ;
8* IJne ligne double peut convenir
aussi lorsqu'on a une supériorité telle-
ment prononcée, que l'on puisse ma-
nœuvrer sur deux directions sans s'ex-
poser à voir l'un de ses deux corps ac-
cablé par l'ennemi. Dans cette hypo-
thèse ce cérait une faute d'entasser ses
forces sur un seul point, et de se pri-
ver ainsi des avantages de la supério-
rité, en réduisant une partie de ses
forces à l'impossibilité d'agir. Néan-
moins, en formant une double ligne, il
sera toujours sage de renforcer conve-
nablement la partie de l'armée qui , par
la nature de son théâtre et par les si-
tuations respectives des deux parties,
serait appelée è jouer le r61e le plus im-
portant.
9^ Les principaux évènemens des
dernières guerres prouvent la justesse
de deux autres maximes. La première,
c'est que deux masses intérieures, se
soutenant réciproquement, et faisant
face, à certaine distance^ à deux mas-
ses supérieures en nombre, ne doivent
pas se laisser resserrer par l'ennemi
dans un espace trop rétréci , où elles
finiraient par être accablées simulta-
déliai liilpiig^ Wtpiléaa n*a«iii fèm a» Ind
qu'une teole Ugne tfopéwiMw»» 9i&m mméi i
M formatent plus qiM dei poiiiiooi strttégiquet
nément , ainsi que cela anÎTa k Nspo-
léon à la célèbre bataille de Leipzig (1).
La seconde, c'est que les lignes inté-
rieures ne doivent pas non plus donner
dans Texcès contraire, en s'étendnnt à
une trop grande distance, de peur de
laisser à l'ennemi tout le temps de
remporter des succès décisifs contre
les corps secondaires laissés en obser-
vation. Cela pourrait se faire néan-
moins lorsque le but principal que Ton
poursuivrait serait tellement décisif,
que le sort entier de la guerre en dé-
pendrait; dans ce cas on pourrait voir
avec indifférence ce qui arriverait sur
les points secondaires.
10^ Par la même raison , deux lignes
concentriques valent mieux que deux
lignes divergentes ; les premières, plus
conformes aux principes de la stratJ-
gie, procurent encore l'avantago de
couvrir les lignes de communicaliofis
et d'approvisionnement; mais pour
qu'elles soient exemptes de danger, un
doit les combiner de manière à ce que
les deux armées qui les parcourent, ne
puissent rencontrer isolément les for-
ces réunies de l'ennemi , avant d'être
elles-mêmes en mesure d*opérer leur
jonction ;
1 1"" Les lignes divergentes peuvent
néanmoins convenir, soit après une
bataille gagnée , soit après une opéra-
tion stratégique par laquelle on aurait
réussi è diviser les forces de son adver*
saire en rompant son centre. Alors il
devient naturel de donner à ses masses
des directions excentriques pour ache-
ver la dispersion des vaincus; mais
quoique agissant sur des lignes diver-
gentes, ces masses se trouveront néan-
moins en lignes intérieures» c'est-à-
esomtet) omlf te néoc
plkaMe à an pniiteni T
pétatteM:«*«ilte
i4^
vnMÈSlMé
«é
plus faciles à réuDir que celles de Peil-
neifli;
là* n «Mvé pftrfMft qu'une Année se
vdft fUtéè de Changer de lignes dV
péntidiil m mllifi d*une campa^e ,
èe que tiMé irtoAs désfgné sous le noiti
de ngnM âcddéntelles. Cest une tna^
ncMf^e dès plùê Jelicates et des plus
importantes, qùf peot donner de grands
MsuKabs, mais amener aussi de grands
reter^, lorsqu'on ne la combine pas
^▼ec sagacité , car on ne s'en sert guère
que p6nr tirer Tannée d*une situation
èrtibÂrrasMfite. Nous atons donné, au
chapitré X du Traité des grandes opé-
rations, un etemple d*un pareil chan-
gement, exécuté par Frédéric à la
Mié de la levée dti siège d'Olmuti
Napoléon en projeta plusietirs, car II
à?ait l'habitude , dans ses învèsions
aTehtareuses , d*àvoir un pareil projet
prêt à parer aux étènemens imprévus.
A l'époque de la bataille d'Austerlitz ,
il avait résolu , en cas d'échec ,' de
prendre sa ligne d'opérations par la
BohèiM tur Passau ou Ratisbonne,
qui lui offlràit lin pay^ neuf et plein de
resaoflltei , an Heu de rèt>rendre ceffe
de Yieme, Hjiâ ne préaéfttait que des
fwnét , ^ oà rarehiduc Charieâ aurait
p« le fîréireoir.
Stt 181^ , il eototaimc* l'etécntion
d'mft aiaiiMitre ptaê taurfie, maia ftH
torisée dn ikioins par lé» locâtilés, et
qui consistait à se baser stir Iti celntui^
des forteresses d'Atséice et de L(yrraine,
en ouvrant aux alliés lé chemin de ftj^
ris. il est certain qtie si tfortier et VUSè-
motit etisientpu le joindre, et s'il avâh
eu cinquante mille hommes de plus, À
projet aurait pu entraîner les suites les
plus décisives, et mettre le sceau à sa
brillante carrière militaire ;
13" Ainsi que nous llavons dit pkni
haut ( maxime 2*], ta configuration dea
frontières et la nature géographiqto
dû théâtre des opérations, peuvent
aussi exercer Une grande Influence m
la direction même à donner à ces U^
gnes, comme sur les avantages que Vétk
peut en obtenir. Les positions cen^
traies qui forment un angle saiiladt
vers l'ennemi , comniïe la Bohème et la
Suisse (voyez figures 2 et 3 de la carie
Annexée pag. 855), sont les phis avao-
tageûsès, parce qu^elleS mènent natil»
rellèment à l'adoption des lignes intér
rieures et facilitent les moyens de pren-
dre l'ennemi à revers. Les cAtéS de cet
angle saillant sont donc si imporlans,
qu*il faut joindre toutes les ressources
de l'art à celles de la nature pour li^s
rendre inattaquables.
Au défaut de ces positions cêntralet,
on pourra y suppléer j^r la diretS-
tion relative des lignes -manoeuvrèk
oorame li figure d-iprès l'expliqué ':
•»**
A
/ \
/ \
f ■
/
te IhÉt girtidié àè W , fori
ttfilM-i»; «t SU m- 1iaHMNlft> 1 (Mùl flMèllMèHéiiftl tX'
WIr
ffBATtalE'
une extrémité de chacune des , iiipes
extérienres AB , FG , qa*elles pourront
accabler Tune après Taulre en y por-
tant aitemativement la masse de leurs
forces. Cette combinaison présente les
résultatsdes lignesd'opérationsde 1796«
de 1800 et 1809;
U"* La cooOguration générale des
bases peut avoir aussi une grande in«-
fluence sur la direction à donner aux
lignes d'opérations, laquelle devra na-
turellement être subordonnée à la si^
tuation des bases respectives, ainsi
qu'on peut s'en assurer en se rap-
pelant ce que nous avons dit plus
haut. En effet, au simple examen
de la figure annexée audit article,
page 836, on voit que le plus grand
avantage qui résulterait de la con-
formation des frontières et des bases,
consisterait à prolonger celles-ci per-
pendiculairement à la base de l'en-
nemi , c'est-à-dire parallèlement à sa
ligne d'opérations, ce qui donnerait la
facilité de s'emparer de cette ligne sur
le point qui conduit à sa base, et d'en
couper ainsi l'armée ennemie.
Mais si , an lieu de diriger ses pro-
pres opérations sur ce point décisif,
on choisissait mal la direction de sa li-
gne, tout l'avantage de la base perpen-
diculaire deviendrait nul. Il est évident
jque l'armée E , qui posséderait la dou-
ble base AC et CD , si elle marchait par
la gauche vers le point F, au lieu de se
prolonger par sa droite vers GH , per-
drait tous les avantages stratégiques de
sa base CD.
Le grand art de bien diriger ses li-
gnes d'opérations consiste donc, comme
on vient de le voir, à combiner leurs
rapports avec les bases et avec les mar-
. ches de l'armée, de manière à pouvoir
s'emparer des communications de Ten-
nomi sans s'expoaer à perdre les sien-
pes , problème de stratégie le pM im-
portant comme le plus difficile irèv«-
dre.
IS"" Indépendamment des cas préci-
tés, il en est encore un qui exerce une
influence manifeste sur la direction i
donner aux lignes d'opérations : c'est
celui où la principale entreprise de la
campagne consisterait à effieduer le
passage d'un grand fleuve en présence
d'une armée ennemie nombreuse et
intacte. On sent bien que dans œ cas,
le choix de la ligne d'opérations ne sau-
rait dépendre seulement de la volonté
du général en chef, ou de l'avantage
qu'il trouverait i attaquer cedaiœ
partie de la ligne ennemie, ear ia pre-
mière chose à considérer, c'est de sa-
voir le point où Ton pourrait eflTectaer
le passage plus sûrement , et celui sur
lequel se trouveraient les moyens ma-
tériels nécessaires à cet eflet. Le pas-
sage du Rhin par Jourdan, en 1795.
s'exécuta vers Dusseldorf , par ia même
raison qui décida celui de- la Yistule.
pap le maréchal Paskiévitch, ven 0»-
siek, en 1831, c'est^àrdire purce que
l'armée n'ayant pas à sa suite dea équi-
pages de pontons suffisana, il fallut
faire remonter des grandes barques do
commerce achetées en Hollande par
l'armée française, de mAme que l'ar-
mée russe avait fait achetcar- les aiennes
à Thorn et Dantzîg. Le territoire
neutre de la Prusse founiit, dana ces
deux circonstances, ia facilité de faire
remonter le fleuve à ces barques sans
que l'ennemi pût y mettre obstacle.
Cette facilité, d'un avantage incalcu-
lable en.appareaffe% «etaalpa néan-
moins les Français aux invasions dou-
bles de 1795 et de 1796, qui échouè-
rent précisément parce que la double
ligne d'o|)érations qui en résulta donna
les moyens de les battre parâellement.
Paskiévietb , qm^uh avisée jm SH^fÊW^
la Hait^yislole qu'A im^iiiiqH«Hdéti
sriuMàA
> 4
8iH^
chemèot secondaire, et aprèsque far-
l'année principale fut déjà arritée à
Lbwicz.
Lorsqu'on a des pontons militaifes
en suffisance, on est moins soumis aui
vicissitodes du passage. Cependant il
faut encore choisir le point qui offre le
plus de chances de succès par Jes lo-
calités et la position des forces enne-
mies. La discussion entre Napoléon et
Moreau pour le passage du Rhin , en
1800, que j'ai rapportée dans le tome
13 de l'histoire des guerres de la révo-
lution , est un des exemples les plus
curieux des différentes combinaisons
que présente cette question à la fois
stratégique et tactique.
L'emplacement choisi pour 'le pas-
sage exerce la même influence sur la
direction qu'il convient de donner aux
premières marches après qu'il est ef-
fectué, vu la nécessité où l'on se trouve
forcément de couvrir les ponts contre
l'ennemi , du moins jusque après une
victoire; ce choix peut néanmoins, en
tout état de cause, présenter une juste
application des principes ; car, en dé-
finitive, il se bornera toujours à la
seule alternative d*un passage princi-
pal sur le centre ou sur une des extré-
mités.
Une armée réunie , qui forcerait le
passage sur l'un des points du centre,
contre un cordon un peu étendu , pour-
rait se diviser ensuite sur deux lignes
divergentes aOn de disperser les par-
ties du cordon ennemi qui , se trouvant
ainsi hors d'état de se réunir, ne son-
geraient guères k inquiéter les ponts.
Si la ligne du fleuve est assez courte
po0|f que l'armée ennemie reste plus
concentrée, et si l'on a les moyens de
prendre après le passage un front stra-
tégique perpendiculaire au fleuve, alors
ic meilleur serait peut-être de le passer
iiur une des extrémîtéi, afin de rejeter
toutes fes fbites ebrièkniea en dehors
de la direction des ponts. Au surplus,
nous traiterons ce sujet à l'article 87
sur les passages de fleuves.
16* Il est encore une combinaison
des lignes d'opérations qui ne doit pas
être passée sous silence. C'est la diffé-
rence notable qui existe entre les chan«
ces d'une ligne d'opérations établie
dans son propre pays ou celle établie
en pays ennemi. Là nature de ces
contrées ennemies influera aussi sur
ces chances. Une armée franchit les
Alpes ou le Rhin pour porter la guerre
en Italie ou en Altemagne : elle trouve
d'abord des étnts du second ordre ; en
supposant même que leurs chefs soient
alliés entre eux , il y aura néanmoins
dans les intérêts réels de ces petits
états, ainsi que dans leurs populations,
des rivalités qui empêcheront la même
unité d'impulsion et de force qu'on ren*
contrerait dans un grand état. Au con-
traire, une armée allemande qui pas--
sera les Alpes ou le Rhin pour pénétrer
en France, aura une ligne d'opéra-
tions bien plus hasardée et plus expo-
sée que celle des Français qui pénétre-
rait en Italie, car la première aurait à
heurter contre toute la masse des for-
ces de la France unie d'action et de vo-
lonté (1).
Une armée sur la défensive, qui a sa
ligne d'opérations sur son propre sol ,
peut faire ressource de tout ; les habi-
tans do pays, les autorités, les produc-
tions, les places, les magasins publics
et même ' particuliers , les arsenaux,
tout la favorise : il n'en est pas de
même chex les autres , du moins pas
ordinairement ; on ne trouve pas too-
fi) Ou rômprend qac )e |mrle ici et chaiioM
ordinatet duM uM gaerrs tnirc dcoi p«is-
MBccs 4eu|cment« e i ùtm tm éiu de calma i«-
iér^ur.--Lei cbaaoçt des auerf^de.partia|oi|l
4$ê •Utpll^Mê*
m
nÈàSÉÊiÈi
poser m drupenu n^Uooal.
J'ai dit qte la patore de$ oootrées
influençait a^iai Jei ckances de» li|in(i»
d'opérations ; en eQet , outre les mo-
difications qoe noqs venons d*eipri-*
OMT, il est eertaio que l'établissement
d^s lignes d'o|iérations dans des con-
trées fertiles, riches, industrielles, of-
frent aux assaillaos bien plus d'avan-
tages que celles dans des contrées
plus arides et plus désertes , surtout
lorsqu'on n'a pas à lutter contre des
populations entières* On trouvera ef*
fecti vendent dans ces contrées fertiles,
industrielles et populeuses, ;nîlle cho*
ses nécessaires à toutes jbss armées «
tandis que dans les autres, on ne ren-
contrera que des buttes et de la paille;
les chevaux seuls y trouveront de la
p&ture , mais il faudra traîner tout le
reste avec soi, en sorte que les em-
barras de la guerre s'en accroîtront à
l'infini, et que les opérations vives et
hardies seront plus rares et plus ha-
sardeuses. Les armées françaises, si
bien accoutumées .aux douceurs de la
Souabe et de la riche Lombardie, fail*-
llrent périr, eu 1S06, dans les boues
de Pulstuck, et périrent, en 18t2,
dans les forêts marécageuses de la U-
thuanie.
17* Il est encore une ri^e relative
aux lignes d'opérations* h laquelle ph^
sieurs écrivains ont attaché une haute
Importance, ^i semble fort juste
quand elle est rédoJte en formules de
géométrie , rpais qui , dans Tapplicfi-
tiioo Y pourrait être rangée dans te
iJasse des utopies. ^Ipp cette règle ,
il faudrait que les cuntrées latér«tles de
chaque ligne d'opérations fussent dé-
4wrassées de tout ennemi, à um dis-
Imce fui égalerait la profomleiir de
eette lis^ne , attendu qne , sans eela ,
ces ennemis pourraient menacer la
ligne 4e retraitai idée goe l'09 a tra-
duite géométriqqemeot conune n sdt:
c II ne peut y avoir de sûreté pour ane
a opéretipn que quand Teiinemi ^
a trouve refoulé en dehors d'un demi-
» cercle dont le milieu est le sujet le
a plus central (mittelstes subject], et
a dont le rayon (halbmesserj est égal
a à la longueur de la ligne d'opéra-
a tiens, a
Puis, pour prouver cet axiome, (aot
soit peq obscur, on démontre que lei
angles de périphérie d'un cercle , qni
ont le diamètre pour côté opposé, for-
ment des angles droits, et qi^'en con-
séquence l'angle à quatre-vingt-dii
degrés exigé par Bulow pour les ligoçs
d'opérations, ce fameux Càput^Pord
stratégique, est le seul système rai-
sonnable; d'où Ton conclut ensuite
charitablement que tous ceux qui ne
veulent pas que la guerre se fasse
trigonométriquement sont des igno-
rans.
Cette maxime , soutenue avec tant
de chaleur, et très spécieuse sur le
papier, se trouve néanmoins à chaque
pas démentie par les évèuemens de la
guerre; la nature du pa^fs, les lignes
de fleuves et de montagnes, l'état mo-
ral des deux armées , l'esprit des peu-
ples, la capacité et l'énergie des chefs,
ne se mesurent pas avec des angles,
des diamètres et des périphéries. Sans
doute des corps considérables ne sau-
raient être tolérés sur les flancs de la
ligne de retraite , de manière à Hq-
quiéter sérieusement; mais pousser
trop loin la maxime tant vantée, ce
serait s'enlever tout moyen de faire
un pas en pays ennemi ; or il Krait
d'autant plus naturel de s'en aftao-
chir, qu'il n'est pas une campagne des
dernières guerres et de celles du prince
Eugène et de Marlborough qui n'at-
teste la nullité de ces prétendues rê-*
^^ mathématiques. Le général Mo- 1 rations qui ^^ondoiraU « ds cette base
reau ne se trouvait-il pas aax portes
4e Vienne , en 1800 , quand Fussen ,
Scharniti et le Tyrol entier étaient en-
Qore au pouvoir des Autrichiens ? Ma*
poléoQ ne s6<trouvait-iI pas à Plai*
sauce quand Turin, Génea et le col de
Tende, étaient occupés par Tarmée de
Alélas? Je demanderai enQn quelle
figure géométrique fprmait l'armée du
prince Eugène de Savoie , lorsqu'elle
marchait par Stradella et Asti au se-
cours de Turin , en laissant les Fran*
cais sur le Mincio, à quelques lieues
seulement de sa base?
Il s^ilirait, à mon avis, de ces trois
év^emens, pour prouver que le com-<
pas des géomètres pâlira toujours, non
seulement devant les génies tels que
Napoléon et Frédéric, mais devant les
grands caractères , tels que les Souva-
cow, les Masséna, ete.
Dct inoyeDS d*as8urer lei U^oes d'opérations par
dea baaei paMo^érea ou dei résenrea atralé-
fhliMa.
Lorsqu'on pénètre offensivement
dans un pays, on peut et Ton doit
même se former éet basée évetUueiUi ,
qui, sans être ni aussi fortes ni ausnl
sères que celles de ses propres fron-
tières^ peuvent néanmoins être consi*
itérées comme des bases passagères;
«ne ligne de fleuve avec des tètes de
pont, avec une ou deni grandes lignes
à Pabri d'un eoap de main, pour oou-
vrir les grands dépMs de Tarmée et
servir à la réunion des troupes de ré-*
serve, pourra être une etceUente base
dip eette espèce.
Toutefois il va sans dire qu'une pa-
reille Ugne ne saurait point servir de
base passagère, ai une force hostile se
tiûwatt i iNPOumité de la ligne d'ope-
supposée, à la base réelle des frontiè«
res. -* Ainsi Napoléon aurait eu une
bonne base réelle sur TEIbe, en l8tS,
si l'Autriche était demeurée neutre;
mail) cette puissance s'étsnt déclarée
contre lui, la ligne de l'Blbe, étant
prise à revers, n'était plus qu'un pivot
d'opérations très bon pour favoriser
une entreprise momentanée, mais
dangereux à la longue, *ii Ton venait i
y essuyer un échec notable.
Or, comme toute armée battue en
pays ennemi peut toujours être etpo-
sée a oe que son adversaire manœuvre
de manière à la couper de ses frontiè»
res, si elle persistait i tenir dan«» le
pays, il faut bien reconnaftre que ces
bases temporaires lointaines seront
aussi plutôt des points d'appui Instan-^
tanés que des bases réelles, et qu'elles
rentrent en quelque sorte dans la
catégorie des lignes de défense éven--
tuelles.
Quoi ip'il en soit , on ne peut pas
non plusse flatter de trouver toujours,
dans une contrée envahie , des postes
à l'abri d'Insulte , propres à offrir des
points d'appui convenables pour for-
mer une base même temporaire. Dans
ce cas, on pourra y suppléer par l'éta-
blissement d'une réserve stratégique,
invention tout à fait particulière au
système moderne, et dont les avanta«-
ges , comme les ioconvéniens , méri-
tent d'être examinés.
Dai féierfsi attatéglqaef .
Les réserves Jouent un grand rôle
dans les guerres modernes ; i peine en
avaif^oii l'idée autrefois; depuis le
gouvernement , qui prépare les réser-
ves nationales; jusqti'tm chef d^m pe-
8M
$TaATÉGlB
lolon de tiraiilearift , chacun &ujour<^
d*hui yeat avoir sa réserve.
Outre les réserves nationales dont
noas avons parlé dans le chapitre de
la PoUtiqne militaire , et qui ne se lè-
vent que dans les cas nrgens, nn gou-
vernement sage a soin d'assurer de
bonnes réserves pour compléter les
armées actives : g* est ensuite au géné-
ral à savoir les disposer lorsqu'elles
sont dans le rayon de son commande^
ment. Un État aura ses réserves , Tar-
mée aura les siennes, chaque corps
d'armée et même chaque division ou
détachement ne manqueront pas non
plus de s'en assurer une.
Les réserves d'une armée sont de
deux espèces : celles qui sont dans la
ligne de bataille, prêtes au combat;
celles qui sont destinées h tenir l'armée
au complet, et qui, tout en s'organi-
^nt, peuvent occuper un point impor-
tant du théâtre de la guerre, et servir
même de réserves stratégiques. Sans
doute beaucoup de campagnes ont été
entreprises et menées a bonne fln ,
sans qu'on ait songé h de pareilles ré-
serves; aussi leur établissement dé-
pend-il , non seulement de l'étendue
des moyens dont on peut disposer,
mais encore de la nature des frontiè-
res, et de la distance qui sépare le
front d'opérations, ou le but objectif,
de la base.
Toutefois, 4ik> i^u'on se décide à l'in*
vasion d'une contrée^ il est naturel
qu'on songe h la possibilité d'être rejeté
sur la défensive; or, l'établissement
d'une réserve intermédiaire entre la
base et le front d'opérations offre le
même avantage que la réserve de l'ar-
mée active procurera un jour de ba-
taille : car elle peut voler sur les points
împortans que l'ennemi menacei^it ,
sons pour cela affaiblir l'armée agis-
sante. A la vérité, la formation d'une
telle réserve exigera certain nombre
de régimens qu'on sera obligé de dts-
tran-e de l'armée active ; cependant on
ne peut disconvenir qu*ane armée oo
peu considérable a toujours des reth
foKs à attendre de rintérienr, des re-
crues à instruire, des milices mobili-
sées à exercer, des dépêts régimentai-
res et des convalescens è utiliser; en
organisant donc un système de dépôts
centraux pour les laboratoires de muni-
tions et d'équipement , en faisant réu-
nir à ces dépôts tons les détechemens
allant et venant de Tannée, en y joi-
gnant seulement quelques bataillODS
de bonnes troupes pour leur donner
un peu plus de consistance, on forme-
rait ainsi une réserve dont on tirerait
d'émtnens services.
Dans toutes ses campagnes. Napoléon
ne manqua pas d'en organiser; même
en 1797, dans sa marche audacieuse sor
les Alpes Noriques, il eut d'abord le
corps de Joubert sur l'Adige, ensuite
celui de Victor, revenant des États-
Romains, aux environs de Vérone. En
1805, les corps de Ney et d'Augerean
jouèrent alternativement ce rêle en
Tyrol et en Bavière, comme Mortier
et Marmont autour de Vienne.
Napoléon marchant à hi guerre d^
1806 , forma de pareilles réserves sor
le Khin ; Mortier s'en servit pour
soumettre la Hesse. En même temps
des secondes réserves se formaient i
Mayence , sous Kellermann , et ve-*
nalent , i mesure de leur formation ,
occuper le pays entre le Rhin et PElbe,
tandis que Mortier était appelé en Po-
méranie. Lorsque Napoléon se décida
à pousser sur la Vistule^ i la fln €ie la mê-
me année, il ordonnna, avec beaucoup
d'étalage, la réarion d'nne armée de
rElbe ; sa force éUii de soixante raille
hommes, son but de couvrir Hambourg
contre lea Anglais^ et d'impofer a TAa-
triche, dent te dt^KnitlMi éMmi
•usti JMiiifoslet que les inlérèt».
Le< Prunîens ea avaient formé nna
•emblabie è Halle, m 1806; mais elle
était mal placée : m oo l'a? ait établie
MU* TElbe, à Wittembergoa Dessau, et
qu'elle eût Tait son deyoir* elle eét
peiil4tre laiifé l'armée, en doonaot
att prince de Uohenlolie et i BIncher
le tempi de gagner Berlin oa du meioa
ttetUn.
Caa réferres leront tnrtMt ntilet
dans let contrées qni présenteraient
m denMe front d'opécalions : elles
fenrront alors remplir la doable dek^
tination d'observer le second front , et
4a ponvoir an besoin concourir ani
opérations de j'arasée prindpele « si
rennemi venait i menacer ses OancSi
en si m revers la forçait à se rappro*
cher de la réserve. Uest inutile d'ajon*
1er qu*Jl font nésnmoins éviter de tom
ber dans des détachemensdangereni;
eliontes les fbisqn -on ponrro se dispen-
aer de oes réserves, H faudra le risquer,
on n*f employer do moins que les dé-
ffts. Ge n'est guère que dans les invn-
sionalointaiiies« on dans rintérienr de
aon. propre pays, lorsqu'il est menacé
d'invasioo^qu'eHes semblent utiles; car
st l'on bit la guerre à dnq ou sii mar-
ches seulement au-delà de la frontière,
fonr se disputer une province limi-
trophe, ces réserves seraient un déta-
chement tout-è-Mt superflu. Dsos son
propre peys on pourra te pins souvent
^ ^«n dispenser : ce ne sera que dans le
eaii d'Invasion sérieuse, lorsqu'on or-
donnera de nouvelles levéÂ, qu'une
pereille réserve, dans un camp retran-
dié, sons hi protection d'une ptsce aer-
mnt de dépét, sem même indispen-
-saUe. C'est au talons du général à
Juger de l'opportunité de ses rèierves,
d'apès l'état itt pays, la profondeur
de la ligne d'opérations, la nature des
pointa fMtiflés qu'on y posséderait,
enOn , d'après la proiimité de quelque
province ennemie. Il décidera aussi de
leur remplacement et des moyens d*y
utiliser des délachemens qui aflaiblh^
rsient moins l'arméo active, que 8i on
en tirsit des divisions d'élite.
. On Bse dispensera do démontrer qne
ces réserves doivent occuper les point
stratégiques les plus intéressans qui se
trouveraient entre la base réelle des
froetières et le front d'opérations, on
entre le pointobjeetif deeette mémebsl-
se ; elles garderont les places de guerre
s*il y en a déjà de soumises ; elles oh»
serreront ou investiront celles qui ne
le seraient pas; et si l'on n'en possède
aucune pour servir de point d'sppuî à
ces réserves, celles-ci pourront travail*
1er à tracer du moins quelques campi
retranchés on tôles de ponts, pour pro-
téger les grands dépôts de l'armée, et
doubler la force de leur propre position.
Du reste, tout ce que nous avons dit
sur les lignes de déiense, relativement
eux pivots d'opérations, peut s'appli-
quer aussi aui bases passagères conune
aux réserves stratégiques, qui seront
doublement avantageuses lorsqu'elles
posséderont ^^terailsjsivots bien si-
tués.
ëtt. lynian acuni ém ifdits.
On entend par le système de posiF-
tionSt cette ancienne amnière de bira
une guerre méthodique avec des arméCL
campées sous la tente, vivant de leurs
ma^tts et de leurs boulangeriee,
s'épient réctproqoemeat , l'une pour
assiéger une place, l'autre pour la con-
vrir; l'une convoitant une petite pro-
; vince, Tautre s'opposnnt à ses desseins
, par des positions soi-disant inutta-
té
mm% m ^ritkpn depoit te nofé»^
Ige jvtqv'i )• fèvdlalmi frmçMr^
Dm» ï% ooort de colle féf <4aiion« éê
fraiNh chingMHM iorfinffMt ; éMi
N 7 evi d'akoid diftrs sytlènMi, et
tous ne forent pae des perfeelîettoe-
aenede l'ert En «TM^ w eoanMça
b foerre eemae #» Ymmk taie eo
iTOA: leeariBéee
mm iMre pleeet, et leealUée
peur iee e«iéger . Ge de Ibt qn^en lft%
en debeti^fine le répnhUfne jWe nn
«illîeii d*benlniee el qurtforee ereséêe
«r eee ennenriei féna fnt eiora de
IMndra d'entrés aéttiodei) ee» et^
ttéee ii'eyeni ni tebleei ni loide; ni
eMgeiinSt nerehèrenl , bivenefdàrent
nn eenlennérenl I leni mohililij ffwà
eeernt et devint nk jnrtrnment dntte-
eto* IjHm laelîqoe timegen ensiâ; Inv»
eheb. W% tinreia en. eaMnl» ileir*
4»'eUei leni plee fedlee i HMnier ^e
lieUiBei déplef éee^ ei pAet en pnfs
ennpé de le Flendrn el dei Vetfes^tè
ile eembeMeient , île jetèrent nne pnt^
lie de Ieiir9 fereee en tiieiHenre ponr
einf Hr ieere coloeneik
Ce eystèM,..qnt ee^uWeiwideeeit^
constances, réussit d*abord au-delà de
toute attente ; il déconcerta les troupes
méthodiques de la Prusse et de TAu-
irieber ensaî bîen:qne lewe eheh:
Mack V enivn entrée, enqnel on attri-
buait le succès du prince de Cobourg ,
Mipfimte ie Mputettofi é# MeprMAint
v8e msiMMSitene penr mcntw we n**
MMe à eee tirtilMiitlH Lé f&êf¥9t
benme m ^éiell ilae epèrçn qM Ml
Hveilleon faîieleni le iMll « iMie i(aè
lee celonnes onleveient lee pesiMww t
Les premiers gfnérem de le répn-^
Mique ferent des hemneft de combet
et rien dephm; le frfiif4pelr dim*tf««i
wm! ne UÊÊfÉtM 0k wê dotMn dn Met
publie} eto fui qnelqMMlInflne; ■
Irai fmn&iér ndemnoine, nn dee mcii-
irare flBOTTceiMie etreleilpqneÉ neeeM
gnerre ^t de M : ee ftt M qnl perte,
à la fin deiivt,. nMl féeertn d'éKH
liKceMveâent en sehnrf de finn^
ner^qne^ de llenbenge m de ftlMee;
en eeMb %fÊê celle peMé nHMn« Irea^
pertén en peeln^ al eeeondén fm lu
troupes déjà reseemblées gnr leelMlÉi
pdMnl à ftdre^ «nMuer he lerrtMire
4
. ;• • • i*
Le owninfiiedb ilM Ai
endinii on Te dd)à dir; ne folie kiei
Mes trtnrieeynemni emednie mini»
eeenl etolégiqunde Veneén» A» hi Me^
eelle nv In aamhan« i;^ iMini pNn
peeraedue i en feeln^ en
«MaMite wctt.delluBiM tt li
4i4lé*» lirBel8ii|Éei
}.
r-
MieÉB ilrigÉn per Cleiiliyi;
Clialeler ntAthnidl, feepnlle*el
te prinen de Coberai* ^eÉiiiiX
^ili ce0ee%aienl bm tneUnUgin
en ITOU, dnieÉrdneeldn Mméeei, fi^
lin tnerebn qeî n*élÉil ^ l'ep*
MB4M->lè lee
pnur nient trente dee vieMi^ eM
ifeeleeiénémask
Aiiee en mettent lentes
en lignné heibenbè Item
de te» diepeuei ntteeeÉbet
l'iiileidetait» et nto geedetu Mi
eeeve ^pie dn minèee détediMneni
eepefaiee dn lien lépeiO il fin
veneM k cnibutet née seoln dt- cen di^
Te» Alatt l'étet dee ânee,
Nepnileo ddbiHe^ IteM : le live^iH
tTHAtieiÉ.
W8T
de feft marches dérouta Antfichffpns et
Plémontafs dès sèi premières opéra-
ticfns; car, déga^ de tont matériel ;
inatne, il aarpassa la mobilité de toutes
lea armées modernes, n conqnit la Pé«
niiisifTe par ane série de marches et de
combafs stratégiques. I
Sa course sur Vienne, en 1797, fut
dne opération téméraire, mais légiti-
iiié(! peut-être par la nécessité de vain-
cre f archidoc Charles atant l*arrivée
des renforts venant du Rhin.
La campagne de 1800, plus caracté-
risée encore, signala nne ère noufelle
dans la projection des plans de guerre
et dans la direction des lignes d'opéra-
tions ; de là datèrent ces pointa objec-
tfft hafdis qui ne visaient h rien moins
qd*it la capture ou à hi destruction des
armées. Les ordres de bataille ftarent
égaleiùent moins étendus , rorgsinîsa^
tiôn des armées en grands corps de deoi
ou trois divisions devint plus ration-
gj^He. Le système de stratégie moderne
^t dès lors porté h son apogée, caries
campagnes de 1805 et de 1806 tie hh-
rent que des corollaires du grand pro-
blème résolu en éSOO.
Quant à la tactique , celle dès co-
lonnes et des tirailleurs, qne Napoléon
trouva tout établie, convenait trop an
Sol coQpé de ritaKe pour qu'il ne Fa*
dopfAt pas.
AoJourd*hui se présente une ques-
tion grave et capitale, c'est de décider
si te système de Napoléon peut aller à
toutes les tailles, à toutes les époqttes,
k toutes les armées; ou si , en cas con-
traire, il serait possible que des gouver^
nemens et des généraux pussent rete-
nir ào système méthodique des guerres
de positron après avoir médité sm* lea
évènemens de 1800 h 1809. Que Ton
compare en effet les marches et les
campemens de la guerre de sept ans
iitt deut de te guerre de sefrt seiM-
nes (1), oti avec les trofs ntAt^tè^ -
coulèrent depuis le départ d« caM^ d»
Boulogne, en 1805, Jusqu'à TarrHiëo
dans les plaines de la Moravie ; et qM
l'on décide ensuite sr le système d»
Napoléon est préféraMe à f ancien.
Ce système de rempereur tlm Fran«
çaîs était de /Ssirt diM Hiuiê fm-Jamt,
dé wmhMft tÊ de cmntvÊmr m^mtêiw an
repof . Il m'a dit lui-même qill ne fon-
naissait jfas d'autre guerre que cel)e*K;
On objectera que le caractère aven^
turetix de ce grand capitaine se réunis*
sait à sa position personnelle, et à la si*
tuation des esprits en France, pooif
Teiciter à faire ce qu'aucun autre chef
n'aurait osé tenter à sa place^ soit qfi'il
fSt né sur le tréne, soit qu'il fttt simplÉ
général aux ordres de son gouverne^
ment. Si cela est incontestabtcï, il tliè
paraît vrai aussi , qu'entre lé systèiM
des invasions démesurées et celui det
positions , il y a un milieu ; en sortir
que, sans imiter son audace impèi*
tueuse, il sera possible de suivre let
routes qu'il a frayées, et que le Sy^
tème des guerres de position sera prtF
bablement proscrit pour long-temps»
ou du moins considérablement modiSâ
et perfectionné.
Sans doute si l'art se troute «grandi
par l'adoption do système des marches»
Iliumanicé y perdra plus qu'elle n'y
gagnera , car ces in<;ursions rapideir éC
ces bivouacs de masses considérable^,'
se nourrissant au Jour le jour des tàii-^
trées mêmes qu'elles foulent , ne irlp^
pellent pas mal les dévastation^ des peu'
pies qui Se rvèrent Mr PEurope depàii
le quatrième jusqu'aor trelrième sièefa.
Toutefois il est peu probable qu'on y M^
nonce de sitAt , car une grftttde vérité
a été du moins démontrée par !M
(1) Epilbéle que Napoléoa doooilC à la
iMkitoAfàtt.
ai
goMTOi dellipQléM, eul que les dit* I départ el de tear arriTée, les préc»
imcMiie tennieniplasnetire qo pajs { Uons de lear itiDéinire, lea moyens de
communicatioRS , soit entre elles, soit
avec le point qai leur est assigné, ton-
tes choses qui font une branche essen-
tielle des fonctions de Tétat-major.
Mais, outre ces détaib tout naatérieis,
il existe une combinaison des marcha
qui appartient aux grandes opérations
de la stratégie. Par exemple, la mar-
che de Napoléon par le Saln^Bemard,
pour tomber sur les communicatioos
de Mêlas ; celles qu'il Qt , en 1805, psr
Donawerlh, pour couper Hack, et en
1806» par Géra, pour tourner lesPnis-
siens; la marche de Souwarow, pour
voler de Turin sur la Trebbia au-de-
vant de Macdonald; celle de rarméo
russe sur Taroutin , puis sur Krasnoi,
furent des opérations décisives, non
par leurs rapports avec la logistique,
mais par leurs rapports avec la stra*
tégie.
Toutefois, à bien considérer, ces
marches habiles ne sont .jamais qu'an
moyen de mettre en pratique les di-
verses applications du principe que
nous avons indiqué et que nous déve*
lopperons encore : faire une belle mar*
che n'est donc autre chose que po^
ter la masse de ses forces sur un point
décisif; or, toute la science consistera
à bien déterminer ce point , d'après ca
que nous avons précédemment essayé
de démontrer. En effet, que fut la mar*
che du Saint-Bernard , sinon une ligne
d'opérations dirigée contre une extié-
miié du front stratégicpie de rennemi,
et de là sur la ligne de v^etraitet Que
furent les marches d'Dlm et de léna,
si ce n'est encore la même manosuvret
Que fut la marche de Blucher à Water-
loo, sinon l'application des lignes stra-
tégiques intérieures déjà recomman-
à l'abri d'invasion . et que les états qui
veuleat s'en garanUr doivent avoir un
bon système de forteresses et de lignes
de défense, un bon système de réser-
ves et d'institutions militaires, enfin un
bon système de politique. Aussi par-
liMit les populations s'organisent-elles
en milices pour servir de réserves aux
armées actives, ce qui BMintiendra la
force des armées sur un pied de phis
en plus formidable ; or, plus les armées
sont nombreuses , plus le système des
offératioAS rapides et des prompts dé-
nooemens devient une nécessité.
: Si , dans la suite , Tordre social re-
prend une assiette plus cahne , si les
nations, au lieu de combattre pour
leur existence, ne se battent phis que
pour des intérêts relatifs, pour arron-
dir leurs frpntières ou maintenir l'é-
quilibre européen , alors un nouveau
droit des nations pourra être adopté,
et il sera peut-être possible de mettre
kçs armées sur un pied réciproque qui
soit moins exagéré. Alors aussi , dans
une guerre de puissance à puissance»
on pourra voir des armées de quatre-
vingt à cent mille hommes revenir à
fu système de guerre mixte, qui tien-
drait le milieu entre les incursions
volcaniques d'un Napoléon et l'impas»
sibk système des iiark$ Ptmiùmem du
siècle dernier. Jusque-là nous devons
admettre ce système de marches qui
a produit de si grands évènemens, car
le premier qui oserait y renoncer en
présence d'un, ennemi capable et en-
treprenant , en deviendrai! probable-
ment la victime,
. Par la science des marches, on n'en-
tend pas seulement aujourd'hui ces mi-
nutieux détails de logistique qui consis-
tent a bien combiner Tordre des trou* dées.
,1
pas Oans les colonnes, le tempe de leur [ De là on peut concbire qiie tous las
moufcniiens stratégiques qui tendent
1 porter les niasses d'une armée ano-
oessivement s^r les dHTérens peints dn
liront d*opérations de Tennenii , seront
les marche* habiles, puisqu'elles ap-
pliqueront tè principe général indiqué
page 828, en mettant en action le gros
des forces sur des fractions seulement
de l'armée ennemie. Les opérations
des Français « à la fin de 1793, depuis
Dunkerque à Landau , celles de Napo-
léon, en 1796, 1809 et 18i& , sont à ci-
ter comme modèles eu ce genre.
Un des points essentids de la science
des marches consiste aujourdlmi à sa*
▼oir bien combiner les mouvemens de
ses colonnes, de manière à embrasser,
sans les exposer, le plus grand front
stratégique posaiMe, aussi iong-tempa
qu*elies sont hors de portée de Ten-*
oemi : par ce moyen on par?ient à le
tromper sur le vérilable objectif que
Ton se propose ; l'armée peut se raou-
Toir avec plus d'aisance et de rapidité,
et trouve plus facilement des vivres.
Hais alors il faut aussi savoir prendre
d'avance ses mesurea de concentra-
tion pour réunir ses masses lorsqu'il
B^agira d'un choc décisif. Cet emploi
alternatif des mouvemens larges et des
mouvemens concentriques , est le vé-
ritable cachet d'un grand capitaine.
Il serait inutile de nous étendre sur
toutes ces combinaisons, puisqu'elles
rentrent, pour leur application, dans
la série des maximes déjà présentées.
Nous observerons néanmoins en-
core qu'il existe une espèce de mar-
ches qu'on a désignées sous le nom de
marches de flanc, et que nous ne sau-
rions potwr sous silence. Dans tous les
temps on les a présentées comme des
manœuvres hasardées, sans avoir ja«-
mais rien écrit de bien satisfaisant sur
ce sujet. Si Ton entend par là des nsu-
ocauvre^ de tactique faites à la vw de
S9Z
la Hgne de battfltoemwwte, nutJnuiii
qu*ttn mouvement de flanc ne aolt akm
une opération fort détieate, bien qo'ella
réussisse parfois; mais si l'on veut pai^
lar de marches atvarlégiques«rdiMîrei,
je ne conçois rien au danger d'un
maithe de flanc, à moins qtie les phis
vulgaires précautions de logbtiqae
n'aient été négligées. Dana un mou-
vement stratégique, les deux corps
de bataille «onemia doivent toujours
être séparés par un intervalle d'envi-
ron deux marches (en comptant la dia-
tance qui sépare les «vant^gardes res-
pectives, de rennemi et de leurs pro-
pres colonnes). En pareil caa, H ne
saurait exister aucun danger réel dana
le trajet stratégique d'une poi^Uion à
une autre.
Il 7 a deux cas néanmoins où une
marche de Oanc semble tout à fait in-
admissible : le premier est cehii où le
système de la ligne d'opérations, des
lignes stratégiques et du front d'opé-
rations présenterait également le flâna
à l'ennemi dans tout te cours d*Me
entreprise; tel Ait le fameux projet
de marcher sur Leipxig sans a^inqoié*
ter de Dresde et des deux oeiit ein<*
quante miHe hommes de Napoléon «
projet qui , arrêté à Trachenberg an
mois d'aoAt 1818, eAt été probable-
ment fatal aux armées alliées , si les
sollicitations que j'adressai de Jung-
ferteinitx à l'empereur Alexandre,
n'eussent décidé Sa Majesté à le faire
modifier. Le second cas, c'est lors-
qu'on aurait une Kgne d'opérations
lointaine ou profonde, comme ceUe
de Napoléon à Borodino , surtout si
cette ligne d'opérations n'oflbat en-
eore quHine seule ligne de retraKe
convenable; alors tout mouvemenide
flâne qui la laisserait en prise smeil
une faute gmve. ' '
Bans les eontrées on lea oennMml^
«TO
K^ufjtou.
- !
m\mm teoMikiniii ieraiefii nouibreii
Mt. les mottveaieQfl dd fiafic seront
Aoiofi daiiKereuK , parce qu'au bcioin
an poarraii recoorîr à ub cbaogemeBt
i» Ji^ae d'opératiaM, h f oa était ra-
.pmifi^é. L'élat phyiique et BMOial das
-•nnAes, le earâotère jgHm ou moias
éMcgîqae 4es «heb et des troupes ,
yeuveot aussi ioBuer sur l'opportuoité
de pareils mouvemeos.
Jt Au foit , ias «larches soufent citées
de léna et d'Utm Airept de vérilaUes
ffiaaœuvres de Oanc, tout oomme celle
aar Milan après le passage delà €Uu-
aella, et celle du BMréchal Paskievitch
v^ar aller frauchir la Vistule i Ossiek :
•r chaeuB sait ai eil^à réussirent.
il en ^t autrensaot des nouveneos
tnciiques, faits par le flanc eu présence
^ reiiaaaii» tfey eu fut poni à Den-
iitwiUy MarnaMftt à Salamaniiue, et
Frédéri&to^raiid à KoUin\
Cependant la oianœuf re de Fiédé-
rJc-faMîfaad à LeuUien, devenue si
aélfelM-e dans les annales de l'art, fut
. an véritable manvement de cette es*
pèce ; mais luibilemeot couvert par
«ne masse de cavalerie, caché par les
hauteurs, et opéié contre une armée
*. i|ui demeurait iauBobiledanji son camp,
1 il eut un succès immense, parce qu*aa
- «noment du choc ce fut réellement
ramiée de Daun qui prêta le flanc, et
nun celle du ruj. Outre cela, il faut
€Uii»c4iiraus«Î4|u avei: l'aucieu système
de se oKNivoir par ligues , à distance
4^, pcrtotoiis , pour se former sans dé-
ploiement parnn a-droite ou un à-gau-
^e eu bataille, les moovemens paral-
lèles à la ligne ennemie ne ikhiI pas
4ies amiches de flanc , puisqu'alors le
flâne des coionnes n'est eu réalité au-
iro chose que le front de la ligne de
•. èntaiHe.
La fameus«> m.'Tche du prince £u-
flAna«n vne du camp français^ pour
tourner kê lignes de Tnrin» flit ftim
plus estraordioaire encore que œlls
de Leuihen, et ne réusait pas moins.
Dans ces différentes baitailles , je le
répète, ce furent des mouvemens tac-
tiques et non stratégiques : la marche
du prince Eugène, de Maotone sv
Turin , fut une des plus grandes opé-
rations stratégiques du siècle ; mais il
s'agit ici du mouvement fait, la veille
de la bataille , pour tourner le camp
français. Au reste , la différence des
résultats que présentent ces cinq jour-
nées .est une preuve de plus qu'en
ce point aussi la tactique est variaUe.
0c« frMliAstf «i de ItariSéfMMc pv lai ilfte-
raMci ou ppr Isi Us"^ re^êocbéts. ^hth
auerrt d« f iége.
Les forteresses ont deux
tîoiis capitales à remplir : la première,
€*est de couvrir les frontières; la i^
coude, de favoriser les opérations de
rarmée en campagne.
La défense des frontières d'un État
perdes places est en général une chose
un peu vague ; aans doute, il y a quel-
ques contrées dout les abords , cou-
verts par de grands obstacles naCoreis.
offrent très peu de points accessibles
qu'il serait possible de couvrir encore
par des ouvrages de l'art ; mais dans
ks paji» ouverts, la chose est plus di(-
licile. Ll*s ciiaincs ocs Alpes, des Pj-
rouées, celie^i, uiouis élcvôcs, des Crs-
packs, du Kiescngcbirg , ùc IX'^i^L-
birg, du Uobmerwalii . Ue la lurèt-
Noire, des Vot^jes, uu Jura, ^ut luuN'S
plus ou flooios susceptibles d*£tre cou-
vertes par un bon système de places.
^Je ne parle pas du Caucase, sosn
élevé que les grandes Alpes • parce
qu jl ne sera probablement jamais Is
mt
I>e toutes eesiraoUèrei, fig!^ ^oiJn
la France et le Viéff^qiétf^îi}^ nM^ia
coiiycrie ; k& va]ii^Q$ ^ U Sture et de
Sii«e « Ie4 P9«sagys d^ ^'Arfl^otièi» , «fa»
MiOUt-GeoèYe» dJi Mpui-CIeoys, lUMib
léputé» pratîcaM^ , M»i^ orairerta
de forts en ^a^^M^erie, p^M d#^ pbiT
ce« eoiisidérabl^^ i(i troiiraief4, am
^éboiu^hésdei vall^ 4«n^ lea plaînea
4^ Piémpnt : nM o§ |iiprai|ia)t pU»
l|if5cUe 9 yaiocTiç,
Toutefois , il faat bien l'aYoner, cea
h^lUifi défonaes de L>rt n'eqipAchfroni
jaqiiMi enti^enient une troM^ de pas*-
|ier» 4*alH>rd parce ^ne iea petita farta
ipi' w peot Gonstroifa il^os tea gi9q|W
0ûpt auiceptiblam 4'ètre wlevéi , eii«^
iijLiCe parce qa'joo trouva toi^oim flv^)r
i|ue chemin jugé ipnpraticïiU^ at oii
Mfi euMfDî aiKla<^ieiijL ptrvi^, i lorcf
da trayijl» à ;se fv^^fux^ m(fi, La
passage des Alpes par FfêMà^m V^ ff
Piw défiât pw G3iU«Fd< ci^VÎ ^ Sajnt-
j^ernard par Napoléon , J^fi9 T^ipé^
diiion du S(4iigen , si 4>i«tt rpqi^iibif
par Matthieu J^nni^a, prouvant qil^
jNapoiéou diaait î^vac mêon ^ i# gé^ér
rai, fil une 4rm4§ f^^ v^rtof^ oi^ PNI
Aampe fifu^ fQ$er U V^l Maxime pevir
être ipn peu augér^, mfii qw ^aracr
tériae c^ grpi)d %vilÊxmn f^ 49'M f
^pUquéaTtti-mivieikyec ^\ de W^
ces!
P'autry liiffftH^» #»'>> fioiurprtap par
de grand» fieuyaa « «iiu^o Mwnédiaîe*^
ment en première lÎKa^t f^ iPPiof ^f
aecoade. 11^ étopMO^lsepfsi^fuitqi^
ces Ugii^. /wi ^««■oMwt â bifff fai^
pour séparer deanatÀons^» saos ioter-
fepler iavs rapporta de oowMqce «t
de voi8Wfa« ne fisnaant nulle part la
l^tne réelle de» Êroiitîèrea; car on ne
pouvait paa dira § m la ligne du h9r
Q4l9ip«n l«A!i4|Qe te» Tor^, av«if fit
pied dans la Moldavie. 0^ mteie le
^bip o« fut jamais upe froati^e ré^Uf
entre la f ranime et.rAUeni#gne, fWh-
oue les Français eurent longrtempp
Ofa pièces snr la riT9 droite, tendis .Qgp
les AllemendaaTaient May^ce , {iUiem-
i^eipis et les tAtes de pont die Maiir
hnim et de Wesel aur le rive feiediew
Toutefois si le |>anabe, le Mhin, if
BMne, i'£l)>e, TOder, la ViMule, «e
Pô et r Adige , ne sont onUe part dep
lignes de première frontière, odp
n'empAche pea de les Certifier ponmf
lignes de défense perman^fitee » »iir
tons ka peints où il» peiwont offqr
un sf stème de défense satisfaisant pev
couvrir un front d'opérations.
Une des lignes de ce ivinns^ qv^on
peut piler pour e^eeiple , est ceUe d^
rinn * 4|ai aépareit le BevifN^ d^ r Aur
trieil^; flaiif^ au and par les Àlp»P
tyrolienne», an nnrd p»r osUes de Â^-
iKtaip et par le IMnot^i »on fronti m
vt0A pn» étendu , ae tren^re ennvntit
par In» pince» de Peaeau^ Itrannau fi
Salrtionff . iflofd 'CempoM % aveo w
peu de poé»ie, eette ijrnntii^e à dnnv
fcjstinn» ineipugeables, do^t la conrr
tîne, fnrmie 4ie Jtroi» ^UfS» place», »
ppurliossii nn des flenvn» Iw plus imr
pétueux ; mais il ^*eit np pen isiw^ifi
ce» avantage» mv^rlela^ioerrfépiUiète
d'ine&pngn»Me»j dont il le» décore^
a rfwt liToia sa^gtins jiMn^entî» 4M»
le» cwnpagpe» de 1890, mUf. tm>
Le plup^t des Ëtat» européens, loip
4'evnir des froi^tièie» f ua»i jEDyrmider
|)le» «ue icelle» des iMpes et da l'inn«
{fé»ente|iltdes pays de plaine» nnrerr
tes, ou des montignn» eeaossiMe» enr
un JMMpbm 4^nsidéral^le 4a feints;
nntoe pnojelt n'étnat pa» d'nfeîr le fée-
graphie militaire ,de TEnrepe , nnn»
nons borneren» è préiinter In» ma»-
me» gtteérale» qui ptuneni e'eppli^ner
9h
wnàitÈÊnL
^
è toutes les êoittrées fndisthieteliient.
Lorsqn'iine FrorHière se tronve en
fwys ouvert , il Taut bien renoncer k
Vidée de vouloir en faire une ligne
formelle et complète de défense, en y
nniUîpliant des places trop nombreux**
aes, qnî exigent des armées pour eii
garnir les remparts, et en définitîre
n'empêchent jamais d'entrer dnn» le
paya. Il sera phîs sage de se contenter
d'y établir quelques bonnes places ba**
bilement choisies, non plus pour em-
pêcher l'ennemi de pénétrer, mais
pour augmenter les entraves de sa
marche, tont en protégeant ou favori-
sant, au contraire, les mouvemens des
armées actives chargées de le repous-
ser.
S*it est vrai qu'une plaec soit rare-
ment par elle-même ira <dl)stacle ab-
aoiu à la marche de Tarmée ennemie ,
tt est incontestable qu'elle la gêne,
qu'elle la force a des détachemens , à
des détours dans sa marche; d*un au*
tre cêté, elle favorise, au contraire,
f armée qui la possède, en lui donnant
tous les avantages opposés ; elle assu^
fera ses marches, fsivorisera le débou-
dié de ses colonnes si elle est sur un
fledve, couvrira ses magasins, ses flancs
el ses mouvemens , enfin lui donnera
un refuge au besoin.
Les forteresses ont donc une in-
fluence manifeste sur les opérations
mlKtahres ; mais Tart de les construh-e,
de les attaquer et de les défendre te-
nant à l'arme spéciale du génie, il se-
rait étranger à notre but de traiter ces
matières , et nous nous bornerons A
eiaminer les points par lesqtiels elles
tiennent A la stratégie.
Le premier est le choix du site oà il
convient d'en construire i le deuxième
est la détermination des cas dans les^
quels 00 peut mépriser les places pour
passer auti^, H<mfx dsn^ losquels on
Ibfté de tes aMéger; le ft&hSkm
consiste dans les rapports existant eo«
tre le siège de la place et Tannée ac
tîve qui doit le couvrir.
Autant une place bie"^ sitaco .^vo-
rtse les opération» ^ autant les places
établies hors des directions importan-
tes sont funestes : c'est un fléau pour
l'armée , qui doit s'aflaibltr à l'effet de
les garder, et un fléau pour l'État, qoi
dépense des soldats et de Fargent et
pure perte. J'ose aflBm^er que beau*
coup de places en Europe sont dans es
cas.
L'idée de ceindre toutes les firon*
tières d'un État de places fortes très
rapprochées, est une célamité; on a
faussement impdté ce sjstèmeé Tau-
ban , qui , loin de l'approuver, dispu-
tait avec Louvois sur le grand nombre
de pointe inutile que ce ministre von*
lait fortifier. On peut réduire les maxi-
mes dé cette partie de Tari aux pria-
eipes d-après \
1* Un État doit avoir des places
échelonnées sur trois lignes depuis la
frontière Jusque vers la capitale. Trois
places en première ligne, autant ea
seconde , et une grande place d^armes
en troisième ligne, près du centre de
puissance, forment un système è peu
près complet pour chaque parlte des
frontières d'ttn État. S'il y a quatre
fronts pareils, cota fera de vingt-qua-
tre à trente places.
Oh objectera peut-être que ce nom-
bre est déjà très considérable . et que
f Âtitriche même n'en avait pos autant;
tnais il faut considérer que la France
en a plus de quarante sur un tiers seu-
lement de sa frontière ( de Besançon è
Dunkerque), sans qufe pour cela elle ea
ait sunisammènt en troisième ligne
du centre de sa pahisanœ. Vu eoniité.
réuni , f I y a Quelques année» . f*^*^
^ftiiffiec' mr res foriN-ess^ , a c^Rfik
i|ii*ft IMbift eh ajouter encoit. CêHi M
prouve pas qn'il D'y en ait déjà trop,
tnais bien qu'il en manque anr des
points importans, tandis qât celles de
première Hgne , trop entassées , doi-
vent être maintenues parce qa'elles
eiistent En comptant que la France a
deui fronts de Bunlierque iBàle, un
de BAlc à ia Savoie, un de la Savoie à
Nit-e, outre la ligne tout à fait séparée
des Pyrénées, et la ligne maritime des
côtes de i*Océtfn, il en résulte qu'elle
a sis fronts à couvrir, ce qui eiigerait
de quarante i cmquante places. Tout
militaire conviendra que c'est autant
qu'il en Aut, car le front de la Soisse
et eekii des c6tes de TOcéan en eil-*
gent moins que ceux du novd-eêt
L'essentiel, pour qu'elles atteignent
leur but, est de les établir d*après un
système bien combiné. Si l'Aalricbe
eut un^Aomlnre de places moins consi-
dérable, c'est qu'elle était entourée
des petits États de l'empire germani-
que ; qui , loin de la menacer, met-*
taient leurs propres fortereases à sa
disposition.
Au surplus, le nombre indiqué n*tt*
prime que celui qui parait nécessaire à
une puissance présentant quatre fronts
à peu près égaui en développement.
La monarchie prussienne, formant une
immense pointe de Kœnisberg jn»-
qu'nux portes de lleli, m saurait être
fortifiée sur le même système que la
France, l'Espagne ou l'Autriche. Ainsi
les dispositions géographiques, ou
rezirème étendue de quelques Étals ,
peuvent faire diminuer ou augmenter
ce nombre , surtout lorsqu'il y a des
places anaritimes à y ajouter.
8* Les forteresses doivent toujours
être construites sur des pofnts strate^
giques importans désignés i l'article
i8. Soua le apport tactique, on doit
a*attachei i laa uttuoir do préfétwce
m
dan* un sKe qui ne soft pal donriné,
et qui, fbdtRant le débouché, rendrait
le blocus plus diflicile.
3* Les places qui réuniront le plus
d'avantages, soit pour leur propre dé-
fense , soH pour favoriser les opéra-
tions des affinées actives , sont incon--
testablement ceHes qui se trouvent ki
cheval sur de grands fleuves dont elles
dominent les deux rives : llayenee,
Coblenti, Strasbotrg, en y comprt--
nant Kehl« sont de vi^iris modèles en ice
genre.
Cette vérité admise, on doit recoft-
naître aussi que les places étAllei au
confluent de deux grandes rivières ofat
l'avantage de dominer trois fironts d'o*
pérations différens , ce qui augmente
leur importance ( la place de If odRn
eatdansce cas). Mayenoe, lorsqu'au
avait encore le fort de Gustavsbouig à
la rive gauche du Meyn , et Cassel i
la droite, était U phu formidaMe plaeo
d'armes de l'Europe ; mai» comme ele
exigerait une garniaon de vlngt^cinq
mule hommes , un État ne saurrtt en
avoir beaucoup de cette étendue.
h* Les grandes places ceignant des
viles populeuses et commerçantes,
offrent des ressources pourune armée ;
dies sont beaucoup préférables aux
petites, surtout lorsqu'on peut encore
compter sur l'aide des cHoyena pour
seconder lagaroiaon : Mets arrèla toMo
la puissance de GbarlesHjuint; UNo
suspendit toute une année les opéra**
tions d'Eugène et de M arlboroogh ;
Strasbourg fut maintes fois le boula*
vart des armées frantaisea. Dana iaa
dernières guerres, on a dépassé cea
places, parce que tous tes flots de I'Bih
I rope en armes se précipitaient sur la
France; mais «»« «rm*® d« cent cin-
quante mille AUenwinda^ qui aurait
devant elle cent mille Flrançaia, pov^
jTa^'eUe tapunéumut ^éaéltiui aurli
«ri
•TEATÉGll,
|wi» amiMes? C*^t ce 411a i# ni gar-
derai d'affirmer.
50 ^^(j^9 QQ fî^sait U g^e^re ani pla-
ces, #iu G4I9P» f #u^ pcMiiofii ; 4v)P
jlfil 4^rAiei;ii temps , «n cwtram , #û net ^neioie» ao caïQpagiie , peiit«M
|l# la faisait piof ^u'aw CiM'Geaorfani-
aé^f «»&0 a'iiumiétiûr oî 4^ obaladea
ptMkî^ls, ni As cauK da r^rt. ftajare
0ld^menï^i V\m ou l^otre de eea
nttàm^ serait égajeiwni un «bus.
i# irériMWe acieoce de Je guaifecM- ^oflayne le Psmk^f to JMûii, TSibe,
liste à prendre un juste milieu entre
^deus ^xUémea.
. jïiw doute, |e plu9 in»pqrtaat aéra
tQsijpun 4e yiaer d'aiM^ à battre mai-
jifibteJMot et à dwottdftt le» maïaiep (DonM«uerra9tBaive||Nitwiseifle]iiit
' firyaiiii<ies d^ TenneiiM (VM tondreknt
lu caoiiN«ae. Poiar ài^îj^e <:e peîpt
idéctoif.^n yevt di^i^asaer lea forteMa^
aiid; imi» H l'on ii*4ibteiuMt w'w de-
. «p^vceàa, «lorf il devieiidr^it wpr«-
' lAw^t jde vpuraiiive we jnyaaioB aapa
^fusafire. An mate, toul d^yend de la
,ekMaMofi et de la force reapMtive ^p
aroiM» AifiM 4i9 4e l'eafTJii d#i fiefii^
lation^.
L'Autriche, gnerroj»»^ seule eontre
la Fi^uace^ ne pourrait pps r^f>étefp les
. 4q>éivitioos 4» ift greode iJliaMe de
I^H. i>e pataie , il4ist probable que
. l'on ne y#r«a fea de aUiM cjmquttate
Mille Framteis ae baaandar eu^df^ des
'. A1|MP Kori(|uea , m eieur de la mo-
«MTchie entriebiepne • oonune Hfapo-
. Moe le it eu 17»7 U). Oe pweilséyè-
Mmeee ddfeudent d'ue eoncours de i Oaea Ma paya de iwirlipieia, de ye-
woonatancea 4111 font eige^Mon wi lits forte, hiep studa* valeeiit ^es fb-
lèglea covmiHiea. |iiea;4yÂi»e s'eifPi^iB^fenBer det
pu|sqa*eu lîeiii d'iîoater eux fanes
de lyméo active, jl les éueneiait ea
fes divisant; flii'une enndn, «eubet
ayec raison chercher i détruire leslK^
daeger se gUascir eqtre plofiem plaœi
pour eUeûpdne W but, en #f eut leio
tontefoia de les Taire observer ; fu'ePê
ne aenrelt cependant envnbîr nu pejrs
ennem en pemaut on «rend •epie.
eani rddnîre w inoina une 4sf fiacss
«Ufiéea mr ^jBfNiy«, «fin 4'«vwr nés
Ua»$ de reireite liwmie. AMtmse
d'une telle p|a<ïe, rarmép ppwre alen
aon mi(ériei de eiége # r^Mirr simfs-
aiyeisent d*a»trpa f^fi^resee»; car phis
Tannée aglpsepte evw^ia , pkn le
eorfn de aîége pmwe se fleUef de tar-
J9iner |'ei|(re|«îfl^ eene Mtf^Umi
fir TenneiiMi»
7^ Si les irnnde» «itiDea aon» biea
§im ayaotageMseis que Je« Pfii|es,byv
4q[«e la pepplatiaii «K egiie, il f^teoe-
yenir aussi que ces demiJMt imriint
eveir cependant leur 4effé 4'inv<)r-
tMce, non panr arrêter f aiipeiei . yi
les maaquerait fedlmpont» naeii peur
Csywiaer |ea opéretiepe de l'erore
en ompegne; le fort 4n Knetiigstein
fut eeaa» ntibs ma Fnmcaia ^n ||f3
que la yeste place de Oniade. «efi»
i|u'il pnwnmit we tête die ppnl aar
l'Elbe.
t
9^ On cpnclura de ce i^ui précède :
flpe des places sont w eppni esseoliel,
passagea, et non de servir de nsAift i
une armée i le petit Cort ^3erd W-
{il ^9 m J^iAns ea» M>oléojp (T^yoji ffïê f^ renf^i}!^ P^JftWS ^Tsimu «m eiMii.
roflensive dini le Frioal; U avait devant tut parée 'qa*II a*j avab rien deTaot lai qai pn
^frenif -eliiq nHIe AaAfMSens, ^ ea attan- rMapromèifré n ^«taftle. It apéia éaat ki fé-
.eniei<lU0i«lllavtBaMa« RMd. U aénéral a*"' •* «'«UN 4ai aniéaiiMnt ta li
ftfS>»jlPaiti iaaaMaa aaea» l'anMa 4la • maaapfa^^avai
mmÊtÊmfÊimteM
«fMtte 4es Aoaittrat 4^ tbt Ml
•«n» autniDélée «« m U émi
ï^wrlel fiM9M4« i<rfii0l, de ylMCiiBt
•MdiirM. at «itaM te petfti iKiftei
propres à faciliter les opératioM des
d»«wraiUiP'Éfes u mimm fsNé. ptOf
>Mliii*wi ètwIartoMtoAnuni*-
Jtnr dK fvjt, poOT T phcer dw éi-
t*tK iM«p«. MagHiM, ti^pitau, «M. ,
-à l'akri ^»MfTi U«M qH hiimum
it mv. HTtMt ti la gHéi sa était
jHlhaw 1^ fMr l'&W «tfaiBie.
ItaiiSi yewreatawir^hafortiw
que daD* de* combinaisonB de gMH«
-— ritWWWi »WM *»—■■*— t^tei
iHHMtde voir MwlmiiK pavaM
>WaCrw(ta
Jtpjpgw faittil comiiwiWni im m-
i i CMM 4e la CadUM
4H atXfi nUt dMWtii fOltf iW «IfPft-
iwiiimwtiWi A t'waié» ikm, au
Um it M «Mcatnr, m iSIft, au
JpqltMà. «tait «DiriB ^anvr" «v
.fmm (t'iUm rei»ulé»^A la aBor, «ml-
fé» ieUmiimmêàiim étpuimar
<t^ iwtw*, il* Mut 4t 4WH d»-
d'attaquer les plapes ^u'etfe d^pf»; .
'•ni iè' ^rtÛA ae ^penafr' Ae les faire
■Maèttérroa dé imiiadelea oteerver;
dana tes en oè II f «M aonU ptustMvi
sur m espaœ rapprodlA , fl fMiAa
Utwer ufi corps entier M)U> an méà*
chef, i|«i tes iofMtini ad ohaerrert ,
selon les circoiislances.
atmm» tê u «raUctB.
La plHtiart des opéralisna il
tefi de la guerre parlitipant é U fols de
U t;tfulégiG peur Ig directioa dsos la-
qualle il ««infiit d'agir, et de b Ue-
tiqiu foiir la eenifaiile de l'action elte-
même. Avant de traibf de «ois^pd-
ralieiM aûites, il convient donc de
présenter ici les csmbiiiaiioiMt deia
greade tactiqae ri dm bataille* , aéaei
qti« leMmaumettà l'aide dee«{uelleH on
pe«t obtenir l'appUcatioii du principe
foodimentâl de 11 fuerre. Par ce moyen
on uiura mieui l'enaeeible de ces
opér^itioDS, moitié stratégtques, makHé
tactiqeea ; an ne peraellra sealeaeot
de réeaoïer, se préalable . le rontenu
daihapitre qu'on vient de lire.
l^ mvùèr^ d'applii|««r le priadfra
géoéral de la guerre i tow Jop tbéMi«s
d'opèrattoDi potttiUea, «oeuste eu «e
qui suit :
1° A «avoir tirer parli dei avantages
que pourrait procwer la dîrtMitioii ri-
luiproquedee deui bases d'opérplMw.
HEltm ce qui a été développé ea fiuwr
de» ligiMft «aillantes «t pefpe«die>lij-
rf s à la baMC eaiiMMe i
^ A «hoiiir. euli« les trata lù^fi»
que fniCiAle eediaairMNWt iw ÀtM-
quier stratégique, celte sur laquelle 6D
peut pvricr le^ «bn(W k» fim funestes
tl'eufiii«ti.«t0dl'<OD oowt aoi-m^flie
le moins (le risques;
3° A bien établir et bien diri^t;r mis
Ujgi'fA d'opération^, en adoptant. )(|Mr
io délens^ve^leSjej^jg^ J<H^=^'
m
. «Mt doonto pw rwnoUdoc Owriai, n
17M, el par Napoiéoii en 1814, oa
Mn 49eU Ai lurécbal So«It, eo 18U,
pour ks relnilei pHilMei au fnm*
UtttSm
i OtM roflènriTe, aa ooaCraire, oo
anra à iiuvre le aystème qui asiara les
nccèf de Napoléon en 1800, 180&,
1806, par la direcdon donnée i ses
forcei Mir une extrénuté du front itra-
(égiqw de rennemi, ou bien <elni de
la diiection anr le eentre, qui lui réos-
ait ai bien en iTM, 1800« 1814 ; le lent
aek» ka poaUiona leapeoiif ea dea ar-
niiéea« etielon lea difenea maximes
d^ présentées ;
4* A bien ohoiair ses Ugnea airatégi*
qnea éventueUea de manœuvre « en
. leur donnant la direoliott eonvenaUe
pour pouvoir toigoufa agir avec la ma-
jeure partie do aea diviaiooa, et pour
eaapècher^ au contraire, lea partiea de
l'année ennemie de ae eoneentrer ou
do ae soutenir réoipvoqueneBt ;
§* A bien eamUocr, éam k mim
toutes lea peaiUons stratégiquea, aiéal
que tous lea grands détacbemeos qu'on
'aérait appelé i faire pour embmser
lea partiea indiapeuaablea de récbi-
quier stratégique.
<^ Enfin i imprimer à ses masses la
plus grande activité et la plus grande
mobilité possibles , afin que par leur
«mploi aucoeaair et alteruetir aur les
points où il importe de ftupper^ on a^
teigne le but capiM de mettre en ae-
tloo dea forces supérieures contre des
iructions seulement de rannée enne-
mie.
C'est par la vivaeité dea marchea
qu'on mullipUe l'action de ses forces ,
en neutralisant, au contraire , ^^^
giraode partie de celles de son adver-
Mire ; mais si cetie vivacité auflt ait»
^unt peur procurur des auccis, sas et-
Ms sont eenlHpIés si rou
direction babile aux eflJorta qaréb
amènerait, «'est-inliiu longue om ef-
forta seraient dirigea aur les peinls
strut^utf dédsils de la uAne d'o-
péraiious, 0* ils pounuient portsr
les coups les ptas funestes à i
Cependant , cooame Fou n'eat pas
toojoQia en mesure d'edopter co peint
décisif, exdusivemettt i tout aulrs,
on pourra ae contenter parfob d'atp
teindre en partie le but de toute ea^
trepriae« en aacbant combiner l'emplai
rapide et aocoessifde ses forces sur dss
partiea isolées, dont In déimle serait
abrs inévitable. Lanqu*on réunira la
double condition de la rapidité et de
h vivacité d^na l'empM dea masses,
avec la bonne direction , oo ne sera
que pma asauré de remporter la vic-
toire et d'en obtenir de grands résal-
tais.
LesopécHions qui prouvent le mieax
ces vérités aont ceOea, ai aoovent d-
téea, de 1800, 1814, comme aussi ceHo
ordonnée à la On de 1783 par Carnet;
une quarantaine de batailionSt trans-
portés Sttceaa«âvement do Dunkerque
i lienio, i Maubeugc et à Landau, ea
renforçant les armées qui s'y tien-
vaiciit déjà, décidèrent quatre victoi-
res qui sauvèrent la France. Toute k
acicnce des marcbes se trouverait re»*
formée danscette aage opération, si, i
cette combinaison, on pouvait ajouter
le mérite de l'applici^n au point stra-
tégique décisif du tbéàtre de la guene;
maia il n'en fot paa ainai, car l*arméa
autricbienne étant alors la partie prin-
dpalo de la coalition, et ajaot m re-
traite sur Cologne, c'était sur la Meuse
qu'un effort général des Français eèt
porté les plus grands coups. Le comité
pourvut au danger le phis immédiat.
et l'observation fw je
>.^ k'K^ An*
>•• *>• »»4. •«•J»
• «A> « ••
MHmJt AmiaiMr eB rieD le mérite de
^ manoBaYre ; eOe renferme la moitié
du principe stratégique, l'autre moitié
eoDsiste précisément à donner i de
pareils eflforts la dire^n la plus dé-
cisive , comme* Nop^l^on le fit à Vlm ,
i léna, à Ratisbonne. — Tout Tart de
la guerre stratégique est dans ces qua-
tre applications différentes. On me
pardonnera de répéter si souvent ces
mêmes citations ; j'ea ai déji^ dédoit
les motirs. ^ . • . s - ; ^
il serait inutile, je pense, d'ajouter
qu*un des grands bots de la stratégie
est de pouvoir assurer des aianlage»
réels i l'armée, en lui préparant le
tli^Atre le plus favorable à ses opéra-
Uoui, si elles ont tieu dans sou propre
pays ; l'assiette des places , des camps
Hstranchés , des télés d^ ponts ; l'ou-
verture des grandes directions décisi-
ves ne/orment pas la partie la moinsi
intéreSÉaftte de cette science. Nous
avons indiqué tous les signes auxquels
on peut facilement reconnaître ces li-
tgneset ces points décisifs, soit perma-
nens, soit éventuels. Napoléon a don-
né des leçons dans ce genre par les
ch^sa^es dr Simficiii et du Hont-Ce-
nis ; rAutriche en a sagement profité ,
depuis 1815, par les routes du Tyrol
-mt la Lombardie, le Saint-Gothard et
le Splogen, ainsi que par diverses pla-
ees projetées ou eiéeiitées.
»« «c;»i «^
mmf^mmm^
ML4
GRANDE TACTIQUE
M.& BAtlILLËS
•
Les batailles sont le choc définitif
de deux armées qui se disputent de
grandes questions de politique et de
stratégie. La stratégie amène les ar-
mées sur les points décisifs de la zone
d'opérations, prépare les chances de la
bataille et influe d'avance sur ses ré-
sultats; mais c'est à la tactique, réunie
au courage, au génie et à la fortune ,
à les faire gagner.
La grande tactique est donc Tart de
bien combiner et de bien conduire les
batailles. Le principe directeur des
con^inaisons de la tactique est le mê-
me que celui de la stratégie , c*est de
porter le gros de ses forces sur une
partie seulement de l'armée ennemie,
et sur le point qui promet le plus de
résultats.
On a dit que les batailles étaient en
déHnitive l'action principale et déci-
sive de la guerre ; cette assertion n'est
pas toujours exacte, car on a vu des
nrmées détruites par des opérations
stratégiques sans qu'il y eât de batail-
les, mais seulement une série de petits
combats. Il est vrai aussi qu'une vic-
toire complète et décisive peut donner
les mêmes résultats sans qu'il y ait
eu de grandes oombinaboiis 8lr«U|i*
ques.
Les résultats d'une bataille dépen-
dent ordinairement d'un ensemble dt
causes qui ne sont pas tonjours du do-
maine de l'art militaire : l'espèce d'or-
dre de bataille adopté , la sagesse des
mesures d'exécution, le concours, phs
ou moins loyal et plus on moins écU*
ré, des lieutenans du généralissime; h
cause de la lutte , Télan , les propor
tiens et la qualité des troupes , la si-
périorité en artillerie on en cavalerie
et leur bon emploi , mais par-;dessiis
tout l'état moral des armées et même
des nations , voili ce qui donne des
victoires plus ou moins décisives et dé-
termine leurs résultats. Aussi M. le gé-
néral Clansewitz avance-t-il un gros so- ,
phisme en nous disant que sans na-
nœuvres tournantes , ane bataille m
saurait procurer de victoire complète.
Celle de Zama vit périr en quelqoff
heures le fruit de vingt ans de gtôir»
et de succès d'Annibal, sans que per-
sonne eût songé à le tourner. A ftî-
voii, les tourneurs ftirent complète-
ment battus, et ils ne forent plus he«-
reui ni à Stookach , en ITW , ni I
.L
M tk âRAlfDfi TACTIOCE Et Dl-S lATAILLlS.
S7f
▲luterliU » en 1805 Je suis loin de
repousser les manœuvres tendant à
déborder et tourner nne aile , car Je
les ai constammint prAnées; mais il
importa de savoir tourner à propos et
habilement, et je crois que les ma*
nœuvres stratégiques, pour s*emparer
des communications sans perdre le»
tiennes , sont plus sAres que celles de
tactique.
n y a trois smles de batailles : les
premières sont les batailles défensives,
<f fist-à-dire celles qoe Kvre mie arttiée
datir uftê position avantageuse où elltf
attend Penneiiri ; les secondes sont lea
batailles offensives, livrées par une
année jMMtr attaquer Tennemi dans une
Itosition reconnue ; le» tmiolèmes sont
lea batailles imprévues, ou livrées par
let deu fnrtis en tnarehe.
Oas fMMoot €C btiafllit MflNifiwa
Lorsqu'une aimée s'attend à un com-
bat, eHa prend position et forme sa
ligna de bataille.
Je nommerai ligne de baMHe la
porilioA déployée, ou composée de Imh
taillons en colonnes d^attaqae, qu*«ie
entrée prendra pour occuper un camp
01 un terrain où elle recevra le combat
sans but déterminé ; c'est la dénomi-
iMtfon propre à one trMrpé formée se-
lon fardonnatire d'eierciee , sur une
oo plusieurs KgriPS^ Je nommerai , an
eeniraire, ordre da bataille la dispaal^
(1> Ce n*eti poinilc plaftriv 4'laMver ^1 Bt
parla à modifier let dénoniiiiationi rrçuM, ou i
tu créer de Doaveltef. ^our dévrlo^iper une
•ëlèneè, iî nt orieat qu'an métlie ntoc ne ffght-
aa pat dent choife taot à hH difTéretitei; tl
l'iB lleal à MiMner aréire de Aainillt le fUnple
atffarllllou dei iraapci dent U ligne« elore da
■aina ne hot-U pu donner let nomt d'ordie
de twlaint tMIqai, tTordrt de baialUe eonciri
tion des troupes indiquant une me-
nœuvre déterminée; par eiemple,
rordre parallèle, Tordre oblique, Tor-
dre pefpendicnlafre snr les ailes.
Cette dénomination, quoique neuve,
parait fndispenssbie pouf bien désigner
deux objets qn*il faut se garder de (3efi-
fondre (I). Par là nature de ces deel
dioses, on volt que la ligne de bataille
appartient plus particulièrement «ai
système défênsif, puisque Tannée qui
attend Tennemi sans savoir ce qu*il fi
faire, IbrnM vraiment une ligne de ba-
taille vague et sans but. l/ordre de
balMIle, indiquant, au contraire , une
disposition de troupes formées avee
intention pour le combat, et supposant
une inanœtivre décidée d'avance, ap«
paHient plus part icvlièrement à Toitfre
oflcnsif. Je ne prétends pourtant pat
que la ligne de bataille soit etclusite-
ment défensive, car une troupe tK>urra
fort bien allef h Tatfaque dittnn posi-^
tion disns cette formation; de tnèmd
une afmée défensive pourra adoptei*
un ordre oblique ou tout aulrr ordre
propre à Toffbnsive. le ne parie que
des cas qui sont les plus fréqoens.
Sans suivre absolument ce qu'on
nomme le système de guerre de posl^
tioits, une arrbée peut être néanmoini
souvent dans le cas d'attendre Tentte««
ml disiis un poste atantageut, fort pkf
sa nature , et cboist d*atance peur ]f
r(*cevôrf bne bataille défenslte. On
peut prendre tm tel peste KMqu'oil
tient à coutrir un point objectif im^
portant, tel qn*dne capitale, de grandi
à det ■ewauii ■ tapoUeelM. Déni ce tet.
U fendcail déttsms cte waiwivne pat let Ui^
OMt de lyttteede kaleilie oblique, eie. Mait |e
préfère la dénominellon que i*ei idopl^ : Tor-
dre de betenie lur le papier phit te noatmè^ H^
bleaa e>ir|anlMltoa, et h ftiraiÉiioe
aalfè HT la iinaM picadm la ■amei
Mailk
Mi tATâJUJB.
dépôb on un point «intéghpw déchif , fiM» «or le centre. One tene posit..«.
,uidoiiii»e I. centrée, «itol«Hl'«««»« M»»»» d« pta» enatageaseï
protège un
Les maiiiaes qii*a bat ol>serfer or«
diouremeot «oni ;
1* DVoir d« d&boQcbés plos faciles
panr toiaber sur reonenû quand on
jBfe le mo«ent fa? orable, que TeoBe-
011 n'en aurait pour s'appiôcker de la
Ufpie de bataille;
i* D'assurer à rarlIUerie tout son
eOétdefensif;
a* 0*avoir un lamte a? antagen ,
pour dérober les ipoufemeas qu'on
brait d'une aile a l'autre, aûn de por-
ter dea masses sur ks point jogécoa-
b' De pouvoir» nu eontraire, décoor
?rir alaéiiient les noa?eBieos de l'en-
nemi;
6* D*«voir une retraite facile ;
<r D'avoir les flancs bien appnjés ^
i TeOet de rendre impossible une at*
laque sur les extrémités, et de réduire
l'ennemi i une attaque sur le centre ,
ou du moins sur le front ;
. T* On remédie quelquefois an dé-
faut d'appui pour les flancs par des
crochets en arrière. Ce système est
dangereux, en ce qu'fin crochet inbé*
rent à la ligne gène les mouvemens, et
que l'ennemi, en plaçant da canon sur
l'angle des dmx lignes, y causerait de
Îrands ravages. Une double réserve,
isposée en ordre profond derrière
l'aile qa'on veut mettre i Tabri d'in-
sulte, semble mieux remplir le but
qa*ttB crochet. Les localités doivent dé-
terminer l'emploi de ces deux moyens ;
g* Ce ne sont pas seulement les
flancs qne l'on doit chercher i couvrir
dans nne position défensive , il arrive
louvent que le front oOre des obsta*
des sur une partie de son développe-
meni, de manière è mettre l'ennemi
flans la nécessité de diriger ses atta^
pour une armée défensive*
Qb m peut se dissimuler néanmoins
qne toc9ce9 moyens ne sont qne à&
paUiaUfc, 3tow le meiUeiir de Um
pour une armée «i^J iUio* ftnai
i dàfpîiMvcmcnt, c'est de savoir rcprcç-
dre rinjliaUse lorsque le moment al
venu de le faire avec succès.
Nous aviODsmis au nombre des qm-
Utéa requises pe«r une poailion , oJU
d'offrir une retraite facile : eed noo*
mèttO/Ji l'emnen d'une qoestion soo-
levée par la bataille de Waterloo» Uos
anoéo» adossée i une (orèt, quand
elle aurait on bon chemin derrière son
centre et chacune des ailes, aerai(«Ua
compromise, comme l'a prétendu Na-
poléon , si elle venait i perdre la ba-
taille? Pour moi, je crois, au contraire,
que pareille position serait plus favo-
rable à une retraite qu'un terrain en-
tièrement déconvert, ear ramée bat-
tue ne saurait traverser une piaiae
sanareeter exposée an ptua grand dan-
ger. Sans doute si la retraite dégéné-
rait en déroute complète, une partie
di eanon, resté en batterie devant la
férêt, serait probablement perdue;
mnia l'infanterie , le eavelerie et la
surplus de l'artillerie se relirenieot
aussè bien qu'à Irivurs une plaine. Si
le retraite, an eontraira, se fait en ar-
dre, rien ne. «aurait mien la protéger
qa'uneforèt : bien entendu leutefoi»
qu'il existe an moina deux bons cbs-
mtns derrfèro la ligne ; que Toi» ne sa
laisse pas serrer de trop près sans an*
ser aux mesures lléceasaires pour la
retraite ; enfln qu'aucun mouvement
latéral n'ait permis i reonemi de de-
vancer l'arniée à l'issue de la forêt,
ainsi que eehreut lien à Hobentodee,
Nous avons déjà Indiqué, en parlant
des opéraâoos stratégiques, les diver-
ra Lk OAAM^JB TACTIQUE KT l>£S BATAULIMS.
»81
ses ehances que procurent à une armée
les deux systèmes offensif et défensif,
et nous avons reconnu qu*en stratégie
surtout , celui qui prenait l'initiative
avait le grand avantage de porter ses
masses et de frapper, là où il jugeait
convenable à ses intérêts de le faire ,
tandis que celui qui attendait en posi-
tion, prévenu partout et souvent pris
au dépourvu , était toujours forcé de
subordonner ses mopvemena à ceux
de son adversaire; mais nous avons
reconnu également qu'en tactique ces
avantages sont moins positifs , parce
que les opérations n'étant pas sur un
rayon aussi vaste , celai qui a l'initia-
tive ne saurait tes cacher à l'ennemi ,
qui, le découvrant à l'instant, peut, à
l'aide de bonnes réserves, y remédier
sur-le-champ. Outre cela, celui qui
marche à l'ennemi a contre lui tous
les désavantages résultant des obsta-
cles du terrain qu'il doit franchir pour
aborder la ligne de son adversaire.
Quelque plate que soit une contrée , il
y a toijkjours des inégalités dans le ter-
rain, de petits ravins, des buissons, des
haies, des métairies, des villages à em-
porter ou à dépasser ; qu'on ajoute à
ces obstacles naturels les batteries en-
nemies à enlever, et le désordre qui
s'introduit toujours plus ou moins dans
une troupe exposée long-temps au ftu
d'artillerie ou de mousqueterie, et Ton
conviendra quen tactique du moins,
l'avantage de Tinitiative est balancé.
A la longue, tonte armée qui atten-
dra l'ennemi dans un poste Gxe, Onira
par y être forcée^ tmidis qu'en profi-
tant toujours des avantages de la dé-
fensive pour saisir ensuite ceux que
procure l'initiative, elle peut espérer
les phis grands succès. Un général qui
attendra l'ennemi comme un auto-
mate, sans autre paKi pris que cehii
de combattre vaillamment, succom-
V.
bera toujours lorsqu'il sera bien atta •
que. Il n'en sera pas ainsi d'un général
qui attendra avec la ferme résolution
de combiner de grandes manœuvres
contre son adversaire, afin de ressaisir
l'avantage moral que donnent l'impul-
sion offensive et la certitude de mellr»
ses masses en action an point le plu
important, ce qui dans la défensive
simple n'a jamais lieu.
En effet , si celui qui attend se trouve
dans un po«te bien choisi , où ses mou-
▼emens soient libres, il a l'avontnge de
voir venir l'ennemi ; ses troupes, bien
disposées d'avance selon le terrain , et
favorisées par des batteries placées de
manière à obtenir le plus grand effet,
peuvent faire payer cher à leurs adver-
saires le terrain qui sépare les deux
armées; et quand l'assaillant, déjà
ébranlé par des pertes sensibles, se
trouvera vigoureusement assailli lui-
même au moment on il croyait tou-
cher à la victoire, il n'est pas probable
que l'avantage demeure de son côté,
car l'effet moral d'un pareil retour of-
fensif de la part d'un ennemi qu'on
croyait battu, est fait pour ébranler
les plus audacieux.
Un général peut donc employer avec
le même succès, pour les batailles, le
système offensif ou défensif; mais il
est indispensable à cet effet :
1« Que, loin de se borner à une dé-
fense passive, il sache passer de la dé-
fensive à l'offensive, quand le moment
est venu ;
2^ Qu'il ait un coup-d'œil sûr et beau-
coup de calme ;
3** Qu'il commande à des troupes sur
lesquelles il puisse compter;
ib* Qu'en reprenant l'offensive, il ne
néglige point d'appliquer les principes
généraux qui auraient présick* à son
ordre de bataille s'il eût commencé par
être l'agresseur;
M
ra lA «RAHDB TACTrQOB tT DÉS ftâTAlLlBi.
W2
S'' Qu'il porte ses coups lurlen poiflcs
décisifs.
L'exemple de Bonaparte à filvoll et
* Austerlitz , celui de Wellington à ta-
lavera, à Salamanque et à Waterloo,
prouvent ces variétés.
Des bauilles ofTenslTéi et des difTéreni brdrM
de bataille.
On entend par batailles offensives
celles que livre une armée qui en as-
saillit une autre dans sa poMtkm (1).
Une armée réduite à la déreosive stra-
tégique prend souvent Toffeiisive dans
Tuttaque, comme l'armée qui reeevra
l'attaque peut , dans le courant mime
de la bataille^ ressaisir l'inUiaUve et
reprendre la supériorité qu'elle pro-
cure, t
On ne saurait dissimuler que les as-
saillans ont, en général, l'avantage
que procure la supériorité de con-
fiance morale, et qu'ils savent presque
toujours mieui ce qu'ils veuleot et ce
qu'ils font.
Dès qu'on a résolu d'assaillir l'en-
nemi , on doit adopter un ordre d'at-
taque quelconque, et c'est ce que j'ai
cru devoir nommer des ordres de Im-
tallle. Toutefois il arrive aussi fré-
quemment que Ton doive commencer
la bataille sans un plan arrêté, faute
de connaître exactement la position
de l'ennemi. Il faut toujours bien se
pénétrer d'avance qu'il y a , dans cha-
que bataille, an point décisif qui pro-
cure la victoire mieux que les autres
en assurant l'application des principes
de la guerre, et qu'il faut se mettre
en mesure de porter ses efforts sur ce
Win t.
ri) Dam toutes les bauilles, il i a un atta-
j^aant et un attaqué; chaque bataille sera donc
trCcnslve pour l'un pt défenalTe r^r fMifr'».
Le point dédsif d'un dlUMip Use te-
taille se détermine, corome fiolis Tâ-
tons déjà dit , par la configurât idn du
terrain , par la combinaison des loca-
Ktés atec le but stratégique qu'une ar-
tiiée se propose, enfin piar l'emptace-
inent des forces respectives.
Donnons nti exettaple. Lorqu'une afle
ennemie appuie siir dés hatiteun d'où
l'on battrait sa figue daits tout son pro-
longemenl, i'éedepattofi Aë ces hau-
teurs semble le point tactique le plus
avantageux ; mais H pe«t se Mre néan-
moins que ces hauteurs soi enld^un ao-
ces très difflcile et situées précisément
nt point le moins important relatlve-
menr aux vues stratégiques. A la ba-
taille de Bèotten , la gauciie des a'Iiés
appuyait aux metitagmes escarpées de
la Bohême, alors plutôt Ofetttre qu'en-
nemie ; il somUait donc qu'en tactique
le versant de ees montagnes dAt être le
point décisif à endporter, et c'était tout
l'opposé, parce que le teiraia était li
très favorable à la défense, que l'armée
alliée n'avait qu'une seule Hf^ de re-
traite sur Reichenbach et Goriitz , et
fue les Franf ais, en formant la droite
dans la plaiiie, s'emparaiefti de rette
ligne de reiiraile et rejetaient l'armée
alliée ièm les montagnes, 0ù elle eàt
perdu tout son matériel cft lÊtàe grande
partie de son personnel. Ce parti offrait
donc plus de facilité de terrain , de plus
immenses réaultals , moins d'obatades
à vaincre.
I>e ce qui précède on peut , Je erois,
déduire les Vérités suivaniea : %• la det
topographiqoe d'un champ d4S bataille
n'est pas toujours la def taetiqne 1 1* le
point décisif d'un ebampde bataille est
incontestablement celui qui réunit l'a-
tantage stratégique avee laa IneaKtés
les plus favorables ; 9* dans le eas ad il
n'y a pas de diflieulléa de terrain trop
M tk èaâUDi tikeTlQ€f JIT bti tAtAIULBÉ*
ce champ de bataillé, ce ^HK éû eM
ordlnaireméftl lé plti* Imporiaût; »*
loulefoîs, Il arrive atiSrf (jtic la détef-
niinatioA de ce polht dépend aurtoat
de rémplacémeïït dé* tbfcëi ftip^c-
tîves : ainsi , dans les iRpié^ âe Imtaitle
trop étendues fet môfteiééâ, le cetttfe
sera toujours le plus essentiel à atta-
quer; dans les Hgncs Set^éës, le cen-
tre est au contraire te pdint lé plW
fort, puisque, Indépendamment àei
réserves qiiî s'y trouvetit , il sei'a facile
de le faire soutenir par les ailes ; alcirs
le point décisif serait au eôntralfê itir
une des extrémités. Avec më ^fatldfe
supériorité de fbfces on peut attaque!*
les deux extrémités cri même temps,
inaià non à fortes égales ou Itiférleb-
rcs. On voit donc que toutes les com-
binaisons d'une bataillé conststetit ft
employer ses forcés de matiiére à ce
qu'elles obtiennent !e plus d'action
possible sur celui des trois points qui
offre plus de chances, point qu'il
fiera facile de déterminer en le sou-
mettant à l'analyse que noue venoni
d'exposer.
Le but d'une bataille offensive ne
peut être que de déposter et entame^
l'ennemi , à moins que par des ma-
DODuvres stratégiques l'on n'ait préparé
la ruine entière de Son armée ; or, ort
déposte l'ennemi soit en culbutant ^
ligne sur un point queleotiqtlé dé Soft
front, soit en la débordant polir là
prendre en flanc et i revers, soîl efc
. faisant concourir ces dcnî liloyenS à la
(bis, (fest-â-dire par «ne àttaqtle «e
front, en même temps qu'une riMr
agissante doublerait et lotifiiefafi la
Hgtté.
Pàût atteitidré ces dît efs bifta , Il
faut chdisir Tordre dé bataille lé ^
approprié arf niode qti'on aura ptè^
fêré.
d'étéfta êè btliUtè , latlKr : i' Vmim
ptmmè IMft^W ; 9r tfftM ptrtfKM
avee tilt ere(*hét défëMif Wi ôffian^s
3* l'ordfé renfoÉ-cê silf M« êti dèiil «i^
les; i^ l'ordre fenfétGÉ ter le eêitt/0i
3ô l'ordre oMIqtift simple w Métl tèd^
forcé stn^ raflé asSéiîlIantÉf ; •'et7*rw-
d^é perpetidicdlaifé siit titie on êét M
deux ailes ; 8' Tordre concave ; 9^ fW»
dre cùftiené i W rûrite ééhélonflé star
une (rtf «df déiii èllei ; 11' Toffré édUe^
Kmné sur lé centre; W FotWe «oift^
Wné d*tlné fofte atta(|tie a«rf lè éerttri
et stlr une des extMfttKé» M vâèmê
tétt^ps. ( VôyéÉ planc1i« d^éo«#e * i^
^feS 1 à It. )
CMUAti de cea oMféa peut-être «ffh-
ptoyé slmplèiftelit , du teen être tofttih
bmé, conrméîôrt H dit, i¥M)âmê^
no^OVre dtrhe farté mtkme dëMMféè I
tourner la ligne ennentfë- fiîût JtJg#
du méilte dé ehaetan d'éûi , il tMt a'as-
snf ér de leurs t^ppmê àvee lé pf falcilM
général que nous avotfS posé.
On Volt, par exemple, que l'oréft
parallèle n« f est le phis nfautaM, càf
il n'y a aucune habileté i faire codia
battre les dettt partis à chanees égatetf
bëtaHlcin éont^e bataillôifr : c'est l'ab^
sénce de toëte tactique. Il est néatK
m(AiS tm èas hnpo^tant dans lequel
cet ordre éSt eontenaMe t iTest loré^
qu'une armée, lÈ^il^l pris l'initiatif*
dei ^andés opératima stratégiques,
Bwtè réuasi à Se pottef stli* lés eom mii<^
nièârfidtfa de soâ «dm/iaire^ et à Ml
dcmper sa IrgM de reitr^lte Irai M
éôutrattt la siëflné, aleri, ^and It
éboé déRMtif eMre les arméiB a lié» ,
celle qui ae ttmiirèf Mr lea derridroa
petit livrer une baf MHé panriWIe, puM-
^tfayant fhit M taàMWtrè décisii^i
Évatrf M bataille, tout sew bul eott-
afste à repousser tëStfti de feBMiM
pour (fbxÊHit nti paaMgê ; iMUda 0ê
éèpiêéï càs,roffl«pahillèto
«I
Btk PI LA «aAM» TACT|OV« BT DU BATÀUXBi,
tageuK. Gela ne Teat pas dire nian* | vir de rétenre aa besoin i l'année agi«-
moins qu'on ne paisse gagner une ba- santé. Cet ordre fdi employé par le r^
taille en l'adoptant , car il fant bien que lèbre Épaminondas , aux batailles de
quelqu'un la gagne, et l'avantage res-
tera alors è celui qui aura les meilleu-
res troupes, qui saura les engager plus
à propos^ qui manoeuvrera mieux avec
ses r^rves, ou enQn sera favorisé par
le sort.
L'ordre parallèle avec un crochet sur
le flanc (fig. S) se prend plus ordinai-
rement dans une position défensive ; il
peut toutefois être aussi le résultat
d'une comUnaison offensive, mais
alors il le trouve en avant de la ligne,
tandis que dans la défensive il est en
arrière. On peut voir, i la bataille de
Prague, un des 'exemples les plus ex-
traordinaires du danger auquel un pa-
reil crochet se trouve exposé locsqu'il
est bien attaqué.
L'ordre parallèle n* 3, renforcé sur
une des ailes, ou celui n* k , renforcé
sur le centre pour percer celui de l'en-
nemi , sont beaucoup plus favorables
que les deux précédens, et sont aussi
beaucoup plus conformes au principe
général que nous avons indiqué, bien
qu'à égalité de forces, la partie de la
ligne qu'on aurait affaiblie pour ren-
forcer l'autre, pût aussi être compro-
mise si on la plaçait en bataille pa-
rallèlement à l'ennemi.
L'ordre oblique n* 5 est celui qui
convient le mieux à une armée infé-
rieure qui en attaque une supérieure ;
car, tout en offrant l'avantage de porter
le gros des forces sur un seul point de
la ligne ennemie, il en procme deux
autres également importans ; en effet,
on ne refuse pas seulement l'aile affai-
blie en la tenant hors des coups de,
l'ennemi, cette aile remplit encore la
douDie destination de tenir en. respect
la partie de la ligne qu'on ne veut pas fondamental consiste à porter la a.i-
ailaquer, et cependant de pouvoir ser- jem^ partie des forces sur le point dé-
Leuctres et de Mantinée ; mais nous
présenterons le plus brillant exemple
des avantages de ce système qui fut
donné par Frédéric-le-Grand è la ba-
taille de Leuthen.
L'ordre perpendiculaire sur une on
deux ailes, tel qu'il est présenté aux
flgures 6 et 7, ne saurait être considéré
que comme une formule de théorie
pour indiquer la direction tactique sur
laquelle on porterait les efforts. Jamais
deux armées ne se trouveraient dans
des positions relativement perpendi-
culaires telles qu'on les voit tracées snr
la planche ; car si l'armée B prenait en
effet sa première direction en ligne
perpendiculaire sur une on sur les
deux extrémités de l'armée A , celle ci
changerait aussitôt le front d'une par-
tie de sa ligne, et même l'armée B,
dès qu'elle aurait atteint ou dépassé
l'extrémité , ne manquerait pas de ra-
battre ses colonnes à droite ou à gauche
pour les rapprocher de la ligne enne-
mie, en sorte que la partie C la pren-
drait à revers, et qu'il en résulterait
deux véritables lignes obliques comme
elles sont pointées à la Qgure 6 On
doit inférer de Ik qu'une seule division
de l'armée assaillante se porterait per-
pendiculairemcnt sur le flanc ennemi ,
tandis que le reste de cette armée se
rapprocherait du front pour l'inquiéter,
ce qui ramènerait toujours à une des
dispositions obliques indiquées par les
flgures 5 et 12.
Au demeurant, l'attaque sur deux
ailes, quelque forme qu'on lui donne,
peut être très avantageuse, mais c'est
quand l'assaillant se trouve fort supé-
rieur en nombre; car si le principe
Là 0KA1IIIB l'ACTlQCB BT DBS BATAtLLBB.
dsif t one ann^ infS6rieare violerait ce
principe en formant une double atta-
que coDtre une seule masse supérieure ;
BOUS démontrerons cette vérité dans le
cours de l'ouvrage.
L'ordre concave sur ie centre (n"^ 8)
a trouvé des partisans depuis qu'An -
nibal lui dut la victoire signalée de
Cannes. Cet ordre peut être en effet
très bon , lorsqu'on le prend par suite
des évènemeos de la bataille, c'est-à-
dire quand l'ennemi s'engage dans le
centre qui cède devant lui , et qui se
laisse envelopper par les ailes. Mais si
ou prenait cetle formation avant la ba-
taille, l'ennemi , au lieu de se jeter au
centre, u'aurait qu'i tomber sur les
ailes, qui présenteraient d'elles-mêmes
leurs extrémités, et seraient ainsi dans
la même situation que si elles se trou-
vaient assaillies sur un flanc. Aussi ne
prend-on guère cette position que con-
tre un ennemi qui serait formé lui-^
même en ordre convexe pour livrer la
bataille, comme on le verra ci-après.
A la vérité, une armée formera rare-
ment un denu-cercle, et prendra plutôt
une ligne brisée rentrant vers le centre
(comme la figure 8 bis) ; s'il faut en
croire plusieurs écrivains, ce fut une
disposilioa pareille qui fit triompher
les Anglais aux célèbres journées de
Çrécy et d'Azincourt. Il est certaiaque
cet ord|re vaut mieux qu'un demi-cer-
cle, en ce qu'il ne prête pas autant le
flanc, qu'il permet de marcher en
avant par échelons, et qu'il conserve
avec cela tout l'effet de la concentra-
tion da feu. Toutefois ses avantages
disparaissent si l'ennemi, au lieu de se
jeter follement dans le centre concave,
^i)IJno attaque sur les deai eitrémiléf
VOumii bien réaiêir auul dam qoelquei cir«
cooauaeea, aoii <|aa Koo eût d«s forçai fufll-
iMitaa poar la tenter, loit qaa rannemi fût
feert d'état dm déeaavrtr soa eantra poor looie-
se borne à le faire observer de loin, et
se jette avec le gros de ses forces sur
une aile seulement. La bataille d'Es-
sling, en 18(^, offre encore un exem-
ple de l'avantage d'une ligne concave ;
mais on ne saurait en inférer que Na«>
poléon fit mal d'attaquer son centre :
on ne doit pas juger une armée com*»
battant avec le Danube i dos, et n'ayant
pas la faculté de se mouvoir sans dé*
couvrir ses ponts, comme si eye avait
eu pleine liberté de manœuvrer.
L'ordre convexe saillant au centre
(n. 9) se prend pour combattre immé-
diatement après un passage de fleuve,
lorsqu'on est forcé de refuser les ailes
pour appuyer au fleuve et couvrir les
ponts, ou bien encore lorsqu'on com«
bat défensivement adossé à une rivière
pour la repasser et couvrir le défilé
comme à Leipzig; enfin, on peAt le
prendre naturellement pour résister à
un ennemi qui forme une ligne con-
cave. Si l'ennemi dirigeait son effort
sur le saillant ou sur une de^extrémi-
tés seule, cet ordre entraînerait la
ruine de l'armée (1). Les Français la
prirent à Fleurus, en 1794, et réus-
sirent parce que le prince de Cobourg,
au lieu de fondre en forces sur le cen-
tx^ ou sur une seule extrémité, divisa
ses attaques sur cinq ou six rayons di-
vergens , et notamment sur les deux
ailes è la fois. Ce fut à peu près dans
ce même ordre convexe qu'ils combat-
tirent à Essiiog, ainsi qu'aux deuxième
et troisième journées de la fameuse
bataille de Leipiig : il eut dans ces
dernières occasions le résultat infailli-
ble quil devait avoir.
L'ordre échelonné sur les deux ailes
air tes atlai. Mali en théia générais, «aa CnuM
aliaqoa, poar coolanir le centra et on . f rend
effort fur une seule extrémité, ferait surtoot la
plus favorable «entre une pareille llfiie cott<»
vaie.
%M
DB Là grands tactique fiT MS lATAilXai.
(il. 10) est dans le même cas que l'or-
dre f>erpeDdiculaire (n. 7) ; il faat ob-
server néanmoins que les échelons se
Fapprocbant vers le centre où se tien-
drait la réserve, cet ordre aérait meil-
leur que le perpendlcolaini « puisque
Tennemi aurait moins de facilité, d'e8<-
pace et de temps pour se jeter dans
l'intervalle du centre et y diriger une
contre-attaque menaçante.
L'ordre échelonné sur le centre seu-
lement (n. 11) peut s'employer surtout
avec succès contre une armée qui occu-
perait une ligne morcelée et trop éteo-
due, parce que son centre se trouvant
alors isolé des ailes de manière à être
accablé séparément, cette armée, cou-
pée ainsi en deux , serait probable-
ment détruite. Hais, par l'application
du même principe fondamental, cet
ordre d'attaque serait moins sûr con-
tre une armée occupant une position
unie et serrée; car les réserves se
trouvant ordinairement à portée du
centre, et les ailes pouvant agir , soit
par un feu concentrique, soit en pre-
nant l'offensive contre les premiers
échelons, pourraient aisément les re-
pousser.
Si cette formation offre quelque
ressemblance avec le fameux coin
triangulaire ou eapulporeî des anciens,
et avec la colonne de Winkelried , elle
en diffère toutefois essentiellement;
car, au lieu de former une nuisse
pleine, ee qui serait impraticable de
nos jours à cause de l'artillerie, elle
offrirait au contraire un grand espace
vide dans e milieu qui fai^iliterait les
mouvemens Cette formation couve^
naMe comme on l'a dit pour percer le
centre d*une ligne trop étendue, pour-
rait réussir également contre une ligne
qui serait condamnée à l'immobilité ;
i^ais si les ailes de la Ijgne attaquée
savent agir à propos contre les flan0
des premiers échelons, elle ne
pas sans inconvéïiiena. Mieux vwidnl
I peut-être un ordre parallèle fonsidè
rablement renforcé sur le centre (%.
4 et 12), car la ligne parallèle, daaso
cas, aurait du moina l'avantage ds
tromper l'eimemi sur le vrai point di
l'effort projeté, et d'empêcher les aihi
de prendre en flanc les écheioBS di
centre.
L'ordre d'attaque en eolonnesiv
le centre et sur une extrémité en nt-
me temps (n. 12) est plus convenable
que le précédent, lorsqu'il s'appliqie
surtout à une ligne ennemie conligui;
on peut même dire que de tous la
ordres de bataille c'est le plus ratiooel:
en effet, l'attaque sur le i*entre, »-
condée par une aile qui déborde T
nemi, empêche celui-ci de faire
Annibal et comme te maréchal à
Saxe, c'est-à-dire de fondre sur i'assiit
lanten le prenant en flanc; l'aile ei»
nemie qui se trouvera serrée eatit
l'attaque du centre et celle de l'eitré*
mité , ayant la presque totalité dei
masses assaillantes à combattre, scfi
accablée et probablement détruite. Ce
fût la manœuvre qui fit triompher
Napoléon à Wagram et à Ligny ; ce
fût celle qu'il voulut tenter à Boro-
dino, et qui ne lui réussit qu'fmparfU-
tement par l'héroïque défense dei
troupes de l'aile gauche des Russes,
par celle de la division Pa^kievitcl
dans la Csmcuse redoute du centre,
puis par l'arrivée du corps de Baçgt'
veut sur l'aile qu'il espéruît débnrdfr.
Enfln, il l'employa aussi à Bautzt-;!. là
il aurait obtenu des succès inouïs, sauf
un incident qui dérangea la mancecm
de sa gauche , destinée à couper la
route de Wurschen, etipii avait déjà
tout disposé pour cela.
Nqu9 devons observer q^e ces ditt-
rens ordfes m aauraîanl être prisai
DB JLk GRANDE TACTlQUfi ET DES BATAILLES. 887
pied de la lettre, comme les figuras- proposet bien combiné, rien n'est plus
géométriques les indiquent. Un gêné- j dangereux quand il est fait d'une ma-
ra( qui voudrait établir sa ligne de ba-
taille avec la même régularité que sur
le papier ou sur une place d'exercice,
serait incontestablement trompé dans
son attente et battu, surtout d'après la
méthode actuelle de faire la guerre.
Au temps de Louis XIV, de Frédéric,
lorsque les armées campaient sous la
tente, et presque toujours réunies ;
lorsqu'on se trouvait plusieurs jours
face a face avec l'ennemi, qu'on avait le
loisir d'ouvrir des marches ou chemins
symétriques pour faire arriver ses co-
lonnes a distances uniformes^ alors on
pouvait former une ligne de bataille
presque aus^i régulière que les figures
tracées. Mais aujourd'hui que les ar-
mées bivouaquent, que leur organisa-
tion en plusieurs corps les rend plus
mobiles, qu'elles s'abordent h la suite
d'ordres donnés hors du rayon visuel
et souvent même sr.ns avoir eu le
temps de reconnaître exactement la
position de l'ennemi, enfin que les dif-
férentes armes se trouvent mélangées
dans la ligne de bataille , alors tous les
ordres dessinés au compas doivent né-
cessairement se trouver en défaut.
Auiisi ces sortes de figures n'ont-elles
jamais servi qu'à indiquer une dtspo-
aitioo approximative , un sytème.
Des diveirsioM et grands déUchemeiu.
Les détachemens qu'une armée peut
être appelée à faire dans le cours d'une
campagne se lient si étroitement avec
le succès de toutes ses entreprises,
qu'on doit les regarder comme une des
branches les plus importantes, mais
aussi les plus délicates de la guerre.
En effet, si rien n'est plus utile qu'on
nière incoiisidérée. Frédéric-ie Grand
comptait même au nombre des qualités
les plus essentielles d'un généra), de sa-
voir engager ses adversaires à faire des
détachemens, soit pour aller ensuiteles
enlever, soit pour attaquer l'armée pen«
dant leur absence.
On a taut abusé de la manie des dé-
tachemens que, par un excès contraire,
beaucoup de gens ont cru è la possibi-
lité de s'en pas^ner. Sans doute il serait
beaucoup plus sûr et plus agréable de
tenir toujours son armée réunie en
une seule masse; mais comme c'est
chose tout-à-fait impraticable, il faut
bien se résigner à faire des détache-»
mens lorsque cela devient indispen--
sable au succès même des entreprises
que l'on voudrait former. L'esseuiiel
est d'en faire le moins possible.
11 y a plusieurs sortes de détacbe--
mens :
1* Les grands corps lancés au loin
hors de la zêne des opérations pour ef*
fectuer des diversions sur des points
plus ou moins es>en(ieis ;
2* Les grands détachemens faits
dans la zêne des opérations pour cou-
vrir des points importans de cette xéne,
former un sfiége , garder une i>ase se«-
condaire, proléger la ligue 4'opén*-
lions si elle est menacée;
3<* Les grands détachemens faits sur
le front même d'opéraiions, en face de
l'ennemi, pour concourir diractenu»
à une entreprise concertée;
4* Les petits détachemens iaueés au
loin pour tenter des coups de main sur
des postes dont la prise pourraH agir
favorablement.
Tentends par diversiens, aes eotr^
prises secondaires formées loin de }^
xône principale des opérations, aui
grand détachement, lorsqu'il est fait i ! extrémités d'un théâtre de «uerre, e^
•F*"*^^*"
«•• ••■^
888
DE LA Qi;A:Ti):.
oAlAILLbS.
snr le conc-:a»^ desqu(*iU»s on ^.urait la
folie (le calcuir,w- *o >u(xcs dune cam-
pngnc. De pareilic.-) diversioiii» ne sont
utiles que dans deux cas, celui où le
corps qui y serait employé se trouverai t
horsd*état, par son cloignement, d*èlre
mis en ai:Uon ailleurs ; ou bien lorsqu'il
serait jelé sur un point où il trouverait
un grand appui parmi les populations,
ce qui rentre dans le domaine des com-
binaisons politiques plus que dans
celles de Tart militaire.
Les grands détachemcns mobiles et
temporaires se font pour les motifs sui-
vans:
Contraindre 1' aite,
en menaçant sa ligne a*opérti.fons, ou
couvrir la sienne propre ;
Marcher au devant d'un corps en-
nemi empêcher sa jonction, ou bien
faciliter la jonction d'un renfort at-
tendu ;
Observer et contenir une grande
fraction de l'armée ennemie, tandis
que l'on projette de frapper un coup
sur l'autre portion de cette armée ;
Enlever un convoi considérable de
vivres ou de munitions, duquel dépen-
drait la continuation d'un siège ou le
succès d'une entreprise stratégique;
protéger l'arrivée d'un convoi qu'on at-
tend soi-même ;
Opérer une démonstration à l'effet
d'attirer l'ennemi dans une direction
où Ton désire qu'il marche, pour faci-
liter une opération entreprise d'un
autre côté ;
Masquer et même investir une ou
plusieurs grandes places pendant un
temps donné, soit qu'on veuille les at-
taquer, soit qu'on veuille se borner à
enfermer la garnison dans ses rem-
parts ;
^;^cr4ue séduisant qu*il i>;:idSO pa-
raître d'obtenir les divers buis indiquc5
iiâns cette nomenclature, il faut avouer
néanmoins que ce sont toujours dc9
objets plus ou moins secondaires, et
que l'essentiel étant de triompher sur
les points décisifs, il faut svt gardiT de
s'abandonner à rentrafncmcnt des dé-
tachemens multipliés , ( ar on a vu bico
des armées succomber pour n'avoir
pas su rester concentrées.
Nous rappellerons ici plusieurs dl
ces entreprises pour prouver que leoi
succès ou leur perte dépend, tantôt de
l'à-propos, tantôt du génie dé celui
qui les dirige, plus souvent encore dei
fautes d'exécution. Chacun sait com-
ment Pierre-le-Grand préluda à la des-
truction de Charles XII, en faisant en-
lever par un corps considérable le fa-
meui convoi qu'iimenait Lowenhaopt.
On se rappelle également conimeot
Yillars battit complètement à Denain
le grand détachement que le prince
Eugène avait fait sous d'Albermale,
en 1700.
La destruction du grand convoi qut
Laudon enleva a Frédéric, pendant le
siège d'Olmiilz, obligea le roi à éva-
cuer la Moravie. Le sort des deux dé-
tachemcns de Fouquet à Land^hut, en
1760, et de Fink à &Iaxen,en 1759, at-
testent également combien il est dif-
Qcile de se soustraire à la nécessité de
faire des détachemcns et au danger
qui en résulte.
Plus près de nous, le désastre de
Vandamme à Culm fut une .«Cinglante
leçon contre les corps aventur(''S trop
audacieusement; toutefois, il «mi {.)ut
convenir, dans cette derincro (urasir»
la manœuvre était habilement nièdi'*
t('»e, et la faute fut moins d'avoir poussé
Enlever un point iaiportaut sur Iqs î le détachement que de ne l'avoir pas
communications d'un enneipl ||^à,csn Ls$|||)(e^/Qmine on le pcmTait fadle«
velraîte. . . JiiHrt. Orial' 4e I^ink Ait détruite
DB hk GRANDS TACTIQCB BT DBS BATAILLES.
86n
Maxell ores^que sur le même terrain et
par la même raison.
Quant aux diversions démonstra-
tives faites dans le rayon même de
Tarmée, elles ont un avantage positif,
«'esl lorsqu'elles sont combinées dans
le but de faire arriver Pennemi sur un
point où il convient de fixer son atten-
tion, tandis qu'on rassemble le gros
de SCS forces sur un point tout opposé
où Ton déMre frapper un coup impor-
tant. Alors il faut non seulement éviter
d'engager le corps qui est employé à
celte démonstration, mais le rappeler
promptement vers le corps de bataille ;
Dous citerons deux exemples qui
prouveront l'opportunité de cette pré-
coution.
En 1800, Horeau voulant tromper
Kray sur la vraie direction de sa mar-
che, (kporter son aile gauche de Kehl
Ters Hastadt, tandis qu'il Glait avec
son armée sur Stockach : sa gauche,
après une simple apparition, se rabat-
tit alors vers son centre par Fribourg
en Brisgau.
En 1805, Napoléon, maître de Vien-
ne , lance le corps de Bernadotte sur
Iglau, pour semer la terreur en Bo-
hême et paralyser l'archiduc Ferdi-
nand qui y rassemblait un corps; il
lance d'un autre côté Davoust sur
Presbourg pour imposer à la Hongrie;
mais il les rabat aussitôt sur Brunn,
afin d'y venir prendre part à l'événe-
ment qui devait décider de toute la
^mpagne, et une victoire signalée de-
vient le résultat de ces sages manœu-
vres. Ces sortes d'opérations, loin d'ê-
tre contraires aux principes, sont né-
cessaires pour en favoriser l'appli-
cation.
On se convaincra aisément, par tout
ce qui précède, qu'on ne saurait don-
ner des maximes absolues sur des opé-
rations aussi variées et dont to succès
tient à tant de parlicularités si difficile»
à saisir. Ce sera aux talens et au coup-
d'œil des généraux à juger quand ils de-
vront risquer des détachemens; les seuls
préceptes admissibles : c'est d'en faire
le moins possible et de les rappeler à
soi dès qu'ils ont rempli leur destina-
tion. Au surplus on pourra remédier en
partie à leurs inconvéniens en donnant
de bonnes instructions à ceux qui les
commandent; c*est en cela que con-
siste ic plus grand talent d'un général
d'état-major.
Un des moyens qui peuvent con-
courir aussi à préserver des fâcheux
résultats qu'entraînent les détache-
mens, c'est de ne négliger aucune des
précautions prescrites par la tactique
pour doubler leur force par de bonnes
positions, mais sans perdre de vue
néanmoins qu'il est plus sage en géné-
ral de ne point les engager dans des
luttes sérieuses, contre des forces dis-
proportionnées. En pareil cas, la mo*
bilité doit être leur premier mo^en de
salut; ce n'est que dans un petit nom
bre de circonstances qu'un détadic
ment doit se résoudre à vaincre ou i
mourir dans la position qu'il aurait
prise ou qui lui aurait été assignée.
Quoi qu'il en soit, il est incontesta-
ble que, dans toutes les hypothèses
possibles, les préceptes de la tactique
et de la fortification passagère sont
applicables aux grands délacbemens ,
comme à l'armée elle-même.
Des corps légers lancés tu milieu de
la zone d'opérations de l'ennemi, quel-
ques centaines de cavaliers, ainsi ha-
sardés, ne sont jamais une perte grave,
et peuvent causer un dommage consi-
dérable a l'ennemi.
On emploie de préférence, à ces sor-
tes d'expéditions, des ofBders à la fois
rusés et hardis , connus sons le nom
de perltsans : vériteUes eoftms per-
8fW
DK tk 0B49D|{ TACTIQUE ET pB8 fATAILtES,
dos, ito doivent faire tout le mal possi-
ble ^ rennemi sans trop se compro-
mettre. Sans doute, quand l'occasion
de frapper un coup important se pré*
sente, ils doivent aussi savoir donner
t^te baissée sur l'ennemi ; mais en gé-
néral, l'adresse et la présence d'esprit,
pour éviter tout danger inutile^ sont ,
plus encore que l'audace calculée » les
véritables qi^lités nécessaires à un
partisan.
venir ^ Ulm, la couper de l'Auf riche,
et la refouler sur le Mein. Horeau
qui avait d^ Jà une tête de pont à Bile
aima mieux passer plus commodément
sur 1^ front de l'ennemi que de tour-
ner son extrême gauche. L'avantage
tactique lui parut plus sàr que tous
ceux de la stratégie ; il préféra un de-
mi-succès certain à la chance d'une
victoire qui eût été décisive, mais ex-
posée à plus de hasards. Dans la même
campagne, le passage (|u Pô par Na-
poléon offrit un autre exemple de Hro-
portance stratégique qui est attachée
au choix dM point de passage : l'armée
de réserve, après le combat de la Chiu-
sella, pouvait marcher par la gauche
du Pd à Turin , ou passer le fleuve à
Crescentino et marcher droit i Gênes:
Napoléon préféra passer li: Tessin, en-
trer à Milan, s'y réunir à Moncey qui
venait avec vingt mille homiiès P'^r
le Saint- Gothard, puis passer le Pô a
Plaisance, persuadé qu'il devancerait
plus sûrement Mêlas sur ce point, que
s'il se rabattait trop tôt sur sa ligne de
retraite, («e passage du Danube à Do-
navert et Ingolstadt» en 1805, fut une
opération a peu près du même genre:
la direction choisie devint la première
cause de la destruction de l'armée de
Uack.
Le point convenable en stratégie
est facile à déterminer d'après ce que
nous avons dit« et il o'e^l pas inutile
de rappeler que dans un passage de
rivière , comme en toute autre opé-
raMoD, il y a des points décisifs per-
manens ou géographiques , et d'autres
qui sont relatifs ou éventuels, puis-
qi^'ils résultent de l'emplacement des
forces ennemies.
Bi le point choisi réunit les avanta-
ges stratégiques aux convenances tac-
i àcMSbpuac p^ur prendra tiques défi loaiHié^ , ce choix ne lais-
* r^NM toute t'armée do KMy, l# pré- } ^% rien fi désirer ; pouiis s*il présentait
Des paiiafis da rivMifs ai de flcavei*
Les passages de' petitea rivières, sur
lesquelles on trouve un pont établi et
•Il l'on peut facilement en jeter un ,
Be présentent pas des combinaisons
qui apparlit^nnent à la haute tactique
M è la stratégie ; piais des passages de
grandes rivières ou de fleuves* tels que
le Danube, le Rhin, le Pô, lEIbe, l'O-
der, la Vistuie, l'Inn, le Tessin, etc.,
sont des opérations dignes d'être étu-
diées.
L'art de jeter des ponts est une con-
naissance spéciale, qui appartient aux
oiBcîers de pontonniers ou de »apeurs.
Ce n'est pas sous ce rapport que nous
IraRerons crs passages , mais comme
attaque d'une position militaire, et
comme manœuvre de guerre.
Le passage en lui-même est une opé-
ratioa de tactique; mais la détermina-
tion du poiat où il doit se faire ^t liée
aui grandies opéraUous qui embras-
sent toat k théêtre de la guerre. Le
passage du ftbia par le général Mo-
réas, eu tSQOt dout nous avons déjà
parlé, peut enofire servir d'exemple
pour mieux faire juger eette assertion.
Napoléon, plus habile en stratégie que
aan Ueutenaa^t . voulait le faire passer
Dni^ MA^W TMnriow n dm «iTAiLMIh
Ml
de$ oMteeies locaoi praïque inior-
monUbles. alprs il faudrait eo cbohir
un autre, en ayant aoio de préférer
celui qui aérait le pjua près de la dn
rcctioo stratégique qu'il importerait
d'atteindre. Indépendamment do pea
cûmbinaia^iil générales, qui doiventiu*
fluer sur le choix du point de paaaaga,
il en eat encore une autre qui aé rap-
porte auiliewi mèmea ; le meilleur em^
placement sera celui ou Tarmée, après
avoir paasé^ pourra prendre son front
d'opérations et sa ligne de bataille
perpendiculairement au fleuve, du
moins pour les premières marches,
sans être forcée de se diviser en phi-
sieurs corps aur diCférentes directions ;
cet avantage la sauvera égalenneot du
péril de recevoir bataille avec le fleuve
i dos, comme cela arriva à Napoléon à
Essting.
ËD voilà aaaei aur la combinatoon
atraiégique qui doit décider des passa-
ges ; il est temps de parler de leur eiA-
cution. L'histoire est la meilleure école
pour étudier les mesures propres è en
assurer la réussite. Lea anciens ont
fait une merveille de celai iiu Graniv-
que^ qui n*est qu'un ruisseau ; saua ce
rapport, lea modernes ont de plus
grandes actions à eittr.
Le passage en Rhin, k ThoUiuys, par
Louis XIV, n'est pas celui qui a fiait te
moins de bruit , et il faut avouer qu'il
est digne de remarque.
De nos Jours , le général Dedoa a
célébré tes den pacagea du Rhin à
KeM, et eehii du Danube à Hoehstedt,
en i800; son ouvrage doH être eon-
sulté comme daaaique pour les détalla;
or, la précision dans les détails est tevt
pour cea sortes d'opérations.
Enfin troia antres passages dn Da-
nube, et eelni, è jamais célèbre, de h
Révétliia, eut eorpassé famt ee qu^m
doux premiers sont cem que Napoléon
exécuta à Esaling et i Wagram. af
présence d'une armée de cent viiig|
mille hommes, munie de quatre centa
pièces de canon, et sur l'un des poinU
ou le lit du fleuve est le plus large ; S
faut en lire l'intéressante relation par
le général Pelet. Le troisième est cetoi
qui fut exécuté par l'armée russe i
Satounovo, pn iSiS; quoiqu'il on
puisse être mis en parallèle avee 4|fe
précédens, il fut très remarquable par
les difficultés excessives que les locaUi-
tés présentaient , et par la nature dan
efforts qu'il failli faire pour les mor
monter. Quant à celui de la Bérézioë;
il fut en tout point miraculeux. '^
Il est essentiel de donner le changia
à l'ennemi sur le point de passage,
afin qu*il n'y accumule pas ses moyens
de résistance. Outre les démonstrri^
tiooaatratégiques, il faudra èncore'de
fauaaea attaques à proximité du patf-
aage, pour diviser les moyens que Te»-
nemi y aura rassemMéa; i cet effet; Il
moitié de l'artillerie doit être employée
à faire beaucoup de bruit sur tous tai
points où l'on ne veut pas passer, tan-
dis que le plus grand silence doit ré-
gner au point réel où se dirigeront les
apprêts sérieux.
On doit, autant que possible, proté-
ger la construciion des ponts, en port-
tant des troupes en bateaux sur la riîlr
opposée, afin d'en déloger l'enneiii
qui gênerait lea liafaux ; ces troupee
devront s'emparer auasitàt dea ^lla^
ges , bois ou autres obstacles à proil-
mité.
U importe ansai de placer de fortia
batteries de gros calibre , non seiMi^
ment pour balayer celle rive oppoééi,
maia pour faiae taire l'artillerie i|tia
l'enneraî voudrait amener dans IIJV-
Mention de battre le pani i meampt
*
avait f impÊB là dans ce goÉre. Las | qu'on y «MvMHevtil; i eêt efMv^
tM
M LA ÔEAM M TAtTlQ0£ ET DES BATAHUtt.
eoDîient que la rive d'où rassaillant |
doât partir domine un peu la rive op-
posée*
Le voisinage d'une grande tie , près
de k rive cnDemie, offre beaucoup de
ficilîtés aux troupes de débarquement
ainsi qu'aux travailleurs. De même le
voisinage d'une petite rivière aflluente
donne les moyens de réunir et de
cacher les préparatifs pour les ba*
4eaux.
Il est bon de choisir un endroit où
le fleuve forta» une anse ou coude ren-
trant, aGn de pouvoir assurer aux trou-
pes un débouché sûr, protégé par des
batteries dont le feu, croisé sur l'ave-
•tue, empêcherait l'ennemi de tomber
MT les bataillons à mesure qu'ils pas-
^seraieot.
* L'endroit Cxé pour jeter les ponts
doit être à proximité de bonnes routes
«ttr les deux rives, «On que l'araée
puisse trouver des communications Ut-
ciics après le passage^ aussi bien que
.pour se rassembler. On doit éviter à
cet effet les points où les rampes se-
rraient très escarpées, surtout du côté
de l'ennemi.
Quant a la défense d'un passage, ses
règles dérivent de la nature même de
celles de l'attaque ; elles doivent donc
avoir pour but de s'opposer aux mesu-
res indiquées ci-dessus. L'essentiel est
jAt faire surveiller le cours par des
•eorps légers , sans avoir la prétention
de le défendre partout; puisde se con-
centrer rapidement au point menacé ,
.!}OQr foudroyer l'ennemi quand une
partie de son armée aura passé. Il faut
iaire comme le duc de Yendéme à
Caasano, et comme le fit plus en grand
Tarcbiduc Charles à Essiing, en 1809,
exemple mémorable qu'on ne saurait
trop recommander, bien que le vain^
i|ueur n'en ait pas tiré tout le fruit
qu'il pouvait s'en prooMttre.
Nous avons déjà signala nofloemv
que les passages de fleuves, an dfJMit
d'une entreprise on d'une campaigne .
peuvent exercer sur la diredioQ des
lignes d'opérations; il imhis reste a
eiamifier celle qu'ils peuveot avoir
sur les mouvemens stralégiqaes qui
les suivraient immédiatement.
Une des phis grandes difficahés qui
se présentent après les passages, c'est
de couvrir les ponts contre reaueiBi
sans cependant gêner trop les entre-
prises que l'armée voudrait faire. Lors-
qu'ils ont lieu avec une grande supé-
riorité numérique , ou à la suite de
grandes victoires déjà remportées, h
chose n'est pas si embarrassante ; mais
lorsqu'on les exécute au débot de ta
campagne, en présenoe d'un ennemi
presque égal en forces, le cas est dif-
férent.
Si cent mille Français passent le
Rhin à Strasbourg ou à Manheim , en
présence de cent mille Allemands; U
première chose qu'ils auront à- faire
sera de pousser l'ennemi dans trois di-
rections : la première devant eux , jus-
qu'aux montagnes de la Forêt-Noire,
ta deuxième à droite pour couvrir ks
ponts du cAté du Haut-Rhin, et la
troisième à gauche pour les couvrir du
côté de Mayence et du Bas-Rhin. Celte
nécessité mène à un déplorable mor-
cellement de forces ; mais, pour en di-
minuer les incouvéniens, il faut se gar-
der de croire qu'il soit nécessaire de
diviser Tarmée en trois parties égales,
ni qu'il faille conserver ces détache-
meos au-delà du peu de joure néces-
saires pour s'assurer du lieu de rassem-
blement des forces ennemies.
Toutefois on ne peut ae dissimuler
que c'est une des situations les plus dé-
licates pour un général en chef : car,
s'il se divise pour couvrir ses ponts, ci
peut donner avec une de ses trois frao-
i
Di. i^ •yfJmi ta<;tiqub n pis batailles.
893
fions contre le gros des mwefl enoe*
miee qui l'accableiniient ; s'il i^unit ses
forces svr une seule direoUoo • et que
reonemi lui donne le change sur le
point de son nssembleiiient, il pour-
rait s'exposer à voir ses ponts enlevés
ou délrutta, et se trouver compromis
avant d'avoir ou le temps de remporter
une victoire.»
Les remèdes les plus sûrs seront de
placer ses ponts près d'une ville que
l'on pourra mettre rapidement en
état de protéger leur défense, puis de
donner à ses premières opérations
toute la vigueur et la rapidité possi-
bles, en se jetant successivement sur
les fractions de l'armée ennemie, et
les battant de manière à leur Ater l'en*
vie d'ioquiéler les ponts. Dans quel-
ques cas on pourra ajouter à ces
moyens le système des lignes d'opé-
rations excentriques : si l'ennemi a
morcelé ses cent mille hommes en
plusieurs corps occupant des positions
d'observation » et qu'on passe avec une
masse égale sur un seul point voisin du
centre de oe cordon , le corps défensif
qui se trouverait isolé à ce centre étant
vivement culbuté, ou pourrait alors
sans risque former deux masses de
cinquante mille hommes, lesquelles,
en prenant une direction divergente,
disperseraient sûrement les fractions
ennemies isolées en direction exté-
rieure, les empêcheraient désormais de
se réunir, et les éloigneraient ainsi de
plus en plus des ponts. Mais si le pas-
sage s'était eiTectué, au contraire, sur
une des extrémités du front stra«
tégique de l'ennemi, en se rabat-
tant vivement sur ce Cront qu'on
battrait dans toute son étendue ,
comme Frédéric battit la ligne autri*^
chienne tactiquement à Leuthen , dans
loute sa longueur, l'armée aurait
j«» poim dwikre soi, et les cou*
vrîrait dans tous ses mouvemens en
avant.
n arrive parfois que des raisons ma-
jeures déterminent à tenter un double
passage sur l'étendue d'un même front
d'opérations, comme cela arriva à
Jourdan et à Moreau , en 1796. Si l'on
y gagne d'un côté l'avantage d'avoir
au besoin une double ligne de retraite,
on a l'inconvénient , en opérant ainsi
sur les deux extrémités du front de
l'ennemi , de le forcer pour ainsi dire
à se rassembler sur le centre, ce qui le
mettrait dans le cas de ruiner séparé-
ment les deux armées. Une telle opé-
ration aura toujours des suites déplo-
rables, quand on aura affaire à un gé-
néral capable de profiter de cette vio-
lation des principes.
Tout ce qu'on peut recommander è
ce sujet , c est de diminuer les incon-
véniens du double passage, en portant
du moins le gros des forces sur l'un
des deux points qui serait alors déci-
sif, puis de rapprocher le plus tét pos-
sible les deux corps en direction inté-r
rieure « pour éviter que l'ennemi ne
les accable séparément. Si Jourdan et
Moreau avaient suivi cette maxime, et
se fussent réunis vers Donavert au lieu
de courir excentriquement , ils eussent
probablement obtenu de grands succès
en Bavière, loin d'être rejetés sur le
ahin.
Oef retraites ei des pounnitei.
De toutes les opérations de la guerre,
les plusdifliciles sont incontestablement
les retraites ; cela est si vrai que le ce*
lèbre prince de Ligne disait, avec son
esprit accoutumé, qu'il ne concevait pas
comment une armée parvenait à se re-
tirer. Lorsqu'on songe en effet à r^at
physique et moral dans lequel une ar*
M LÀ QtLAHM tAGtlQOÉ If Bli tittlUlÉ.
mée se trouve lorsqo'elle bat en
traite, par suite d'uoe bataille perdue,
k là difljcuilé d*y maintenir Tordre,
aux chances désastreuses que le moin-
dre désordre peut amener, on com-
prend pourquoi les généraux les plûS
expérimentés ont tant de peine à S*y
résoudr
Quel système conseiller pour aiie
retraite? Faut-il combattre fi outrance
jusqu'à rentrée de la nuit , pour pou*
roir l'exécuter à la faveur des ténè-
bres? Vaut-il mieux ne pas attendre fi
la dernière extrémité , et quitter le
fhamp de !»ataille lorsqu'on peut te
faire encore avec bonne contenance^
Doit-on prendre, par une marche for-
cée de nuît , le plus d'avance possible
sur Tennemi , ou bien s'arrêter en boil
ordre à une demi-marche, en faisant
mine d'accepter de nouveau le com-
bat? Cha< un de ces modes, convenable
dans certains cas, pourrait dans d'au-
tres causer la ruine totale de l'armée,
et si la théorie de la guerre est Impuls-
santé en quelques points, c'est certai-
nement eu ce qui se rapporte aux re-
traites.
Si vous voulez combattre 1 toute
force jusqu'à la null, vous pouvez
vous exposer à une défaite complète
avant que cette nuit soit venue, et
puis si une retraite forcée devait se
faire au moment où les ténèbres Com-
mencent à tout envelopper de leur
voile, comment éviter la décomposi-
tion de l'armée qui ne sait et ne voit
plus ce qu'elle fait? Si l'on quitte au
contraire le champ de bataille en plein
jour, et sans attendre la dernière ex-
trémité, on peut s'exposer à perdre la
partie au moment où l'ennemi renoh-«
cerait lui-même fi poursuivre ses atta«^
en fetralte Étant êTf Ifrè éff itetameil
contraints. De pfns, qid aau^t gira»>
tir qu'une retraite êiécdMe ta {Ma
jour devaÉrt un ennemi kn peu enlra-
prenant, né dégénSreéffidérotfleT
Lorsque M rettidtè éftt eaAn oom-
mencée, on n'est paa ttoûiè eMihar^^
rass é de décider s'il ttni forcer 4t
marche pour gagner tooKl Taifanot
possible, puisque cette prMpilation
peut achever la perte de Tiftaée m
bien la sauver. Tout ce qu'il eet possi^
ble d'affirmer à eë sujet, ifealque,
fivec une armée un peu centidéraUe,
il vaut mieux en général faire «ne r^
traite lente, à petites jonrnèea et bien
échelonnée, parée qu'alcM on a toi
moyens de former d«f arrière^ardeê
assez nombreuses pour se iMinteBif
une partie do jour contre lea tètes da
cdtônnesde l'énnenil.
Les retraites sont dé diréraee eapè*
ces, selon te motff qui les déiermme.
On se retire Tblofltairefiieirt avant
d'avoir combatttï , pour ameifér Fen-
nemi sur un point moins avantageux
pour lui que celtii oâ il ae f ronve ; e'est
une manœuvre prudente plutAtiprnne
retraite; ce fut ainsi qtte Ifapoiéofi
se retira, en ISftSr, de Wiadiau ser
ftrnnn , pour amener les attiés sur k
point qui lof convenait ; ee fit! ainsi
qtic Wellington se PSiltÉ de QMtie-
Bras sur Waterloo. Enfin c'est ee qae
je Imposai de fëire avant l'attaque de
Dresde, lorsqu'on eut apfnîs Farrivée
de Napoléon. Je prisentàt fa rtécessité
d^une marché sûr Dippodis#aide, potr
choisir un éhamp de betàillê avanU-
geux; on confondft cette idée avec
une retraite, et irti péMf d'honnaar
rhevaleresque ontpAchtf dé rétrogra-
der sans tirer l'épée, ee qnl eM peor-
ques, ce qui ferait perdre toute la con- tant évité la cataStrcifAe dV leideai<n
fiance des troupes, toujours disposées
fi btftmer (es chefs pnidens qui Battent On Se retti'èr auSM sans MM dMit
(^6 août mS).
M Lk «AANDI TACTlQtE fit 0Ë$ BAtAltUCft.
S9S
poûif courir à la défense d'an point
menacé par rennemi, soit sur les
flahes, soit sur ta ligne de retraite.
Lorsqu'on marche loin de ses dépôts,
dans une contrée épuisée, on peut
être obligé à décamper pour se rap-
procher de ses magasins. EnQn on se
retire forcément après une bataille
perdue, ou A la suite d'une entreprise
manquée.
La retraite de Moreau, en 179C,
exallée par l'esprit de parti, fut hono-
norabte sans avoir rien d'citraordi-
naire (1}. Celle que l'armée russe exé-
éuta sans se laisser entamer, depuis le
Niémen jusqu'à Moscou , dans un es-
pace de deux cent quarante lieues, de-
vant un ennemi comme Napoléon , et
une cavnterie pareille à celle que con-
duisait Tactif et audacieux Murât, peut
certainement élre mise au-dessus de
toutes les autres. S-ms doute elle fut
facilitée par une multitude de circons-
tances, mais cela n'ôte rien de son
mérite , sinon pour le (aient stratégi-
que des chefs qui en dirigèrent la pre-
mière période, du moins pour l'aplomb
et la fermeté admirable des corps de
Iroupos qui Texécutérent.
Enfin , bien que la retraite de Mos-
cou ait été pour Kapoléon une san-
glante catastrophe, on ne saurait con-
tester qu'elle fut glorieuse pour lui et
pour ses troupes, à Krasnoî comme i
la Bérezina , car les cadres de l'armée
forent sauvés, tandis qu'il n'aurait pas
dû en revenir un homme. Dans ce mé-
mtirable événement , les deux partis se
couvrirent d'une gloire égale^ les cban-
(1) ta retraite de Lecdorbe de ilSD^««fin iù§-
fii'à Allorf, el celte de llacdôntld par Ponire-
BoU. npréi la déralle de Trebbfa. fUrent, aintl
que celle dé Sooiraruw de Muttenthaf jusqa'à
Coire, dei oJttf d*ariAêi alortedi mais Aartrelst
•I di eoiirtc darée.
ces Sentes dlflérèi-ent comme les ré-
sultats.
Il y a cinq manière de combiner une
retraite :
La première, c'est de marcher en
masse sut* une seule route ;
La seconde , c'est de s'échelonner,
sur cette seule route, en deux où trois
corps, marchant à une journée de dis-
tance pour évitéf la confusion , surtout
dans le hiatëriel ;
La troisième consiste à marcher sur
un même front, par plusieurs routes
parallèles menant au même but;
La quatrième, c'est de partir de deux
points éloignés vers un but excentri-
que;
La cinquième serait de marcher, au
Contraire, par plusieurs routes concen-
triques.
Lorsque les premières divisions de
Tarmée d'Italie furent repoussées par
Warmser, Bonaparte les rassembla
toutes à Roverbeila, et quoiqu'il n'eût
que quai^ante mille hommes, il en bat-
tit soi xaçte mille parce qu*il n'eut!
combattre que des colonnes isolées.
S'il avait fait une retraite divergente,
que seraient devenues son armée et
ses conquêtes? Wurmser, après ce pre*
mier échec, fit une retraite excentri-
que, en dirigeant ses deux ailes vers les
extrémités de sa ligne de défense:
qu'arriva-t-ii?La droite, quoique fa-
vorisée parles montagnes du Ty roi, fut
battue à Trente; Bonaparte se diri-
gea ensuite sur les derrières de la gau-
che, et la détruisit â Bassano et à
Mantoue.
Lorsque l'archiduc Charles céda aux
premiers efforts de deux armées fran--
çaises, en 1790, aurait-lf Sauvé t'Alle -
magne par une manœuvre exconlii-
que? N'est-ce pi^ , au cootruiro ù U
diredioa eMiteiilrîqiie de mi rt^ia^^^
<{ife KAItaMigM êm sM MlniT Kofln,
DB lA GRANDS TACTlQCi: KT DES BATAILLES.
Moreaa, qui avait marché sur un dcve-
lopperoent immense par divisions iso-
lées , s'aperçut que ce système .incon-
cevable était bon pour se faire détruire
lorsqu'il était question de combattre et
surtout de se retirer ; il concentra ses
forces disséminées, et tous les efTorts
de l'ennemi se brisèrent devant une
masse qu'il faRait observer sur tous
les points d'une ligne de quatre-
vingts lieues. Après de tels exemples,
on ne saurait, ce me semble, rien ré-
pliquer (1).
Le maréchal Soult, abandonnant les
Pyrénées en 1814 , avait à opter entre
une retraite sur Bordeaux, qui l'eût
mené au centre de la France, ou une
retraite sur Toulouse, en longeant la
frontière des Pyrénées. De même,
Frédéric, en se retirant de Moravie,
marcha sur la Bohème au lieu de re-
gagner la Silésie.
La France est très propre k ce genre
de guerre, surtout lorsqu'il n'existe
pas dans le pays deux partis politiques
qui peuvent aspirer à la possession d^
la capitale, et rendre son occupation
décisive pour l'ennemi. Si celui-ci pé-
nètre par les Alpes, les Français peu-
vent agir sur le Rhône et la Saône, en
tournant autour de la frontière jusque
sur la Moselle d'un côté, ou jusque sur
la Provence de l'autre. S'il pénètre par
Strasbourg, Mayence ouValenciennes,
il en est de même- l'occupation de
Paris serait impossible ou du moins
très hasardeuse, tant qu'une armée
française intacte resterait basée sur sa
ceinture de places fortes. II en est au
reste de même pour toutes les con-
(1) Dix aos aprèi celte première réftitalion
de Bttlow, la retraite concenirique de Barclny
et de Bagration saava l*armée ru9sc; bien
qii*eUe n'empêcha pas d'atK>rd les succès de Na-
poléon, elle fm la première eauie de >à perte.
(IJ'Paw ira» M cptailf» ji iWP^iv Mi ii»r«
trécs ayant doubles fronts d*opéi
tions (1).
Lorsqu'une armée se met en re-
traite , par quelque motif que ce soit,
il y a nécessairement aussi une pour^'
suite.
La retraite, même la mieux ordon-^
née, exécutée avec une armée intacte,
donne toujours un avantage à celui qui
poursuit; mais c'est surtout après une
défaite et d^ins des contrées éloignées
que la retraite devient toujours l'opé-
ration la plus épineuse de la guerre,
et ses difficultés s'accroissent propor-
tionnellement à l'habileté que l'ennemi
déploiera dans sa poursuite.
On peut difficilement donner des
règles absolues sur tous les cas qu^uoe
poursuite peut présenter, mais il faut
reconnaître :
Qu'en thèse générale, il est avanta-
geux de la diriger sur le flanc des co-
lonnes plutôt que sur la queue, surtout
quand on est dans son propre pays, et
que l'on peut sans danger prendre une
direction diagonale ou même perpen-
diculaire h la ligne d'opérations de
l'adversaire. Toutefois, il ne faudrait
pas se laisser entraîner à des mouve-
mens trop larges, qui feraient perdre
la trace de l'ennemi ;
Qu'il est aussi généralement conve-
nable de mettre dans la poursuite le
plus d'activité et d'audace possible,
siKtout quand elle est le résultat d'une
bataille gagnée, parce que la démo-
ralisation entraîne la perte de l'armée
battue ;
Qu'il est peu de cas où il soit sage
de faire un pont d'or à Tennemi, quoi
cet k peu prés égalei; li l*année envabissanle
est le double plus forte , alors elle peut suivre,
avec la moitié de ses iroupcs. celle qui se relire
parallèleinent. et porter Tautre moiié sur li
capitale; mais à forces égalesi cela serait
possible.
M Là aiU2t0fi TACTMiUJ£ BT DH& BA TAILLES.
897
qu'eo dise l'ancien adage romain; cela
ne peut guère arriver que dans les oc-
casions où uneSrmée inférieure en
forces aurait remporté un succès près*
que inespéré.
Un des moyens les plus sûrs de bien
exécuterune retraite, c'est de familiaf-
riser les officiers et les soldats avec
l'idée que, de quelque côté que vienne
fennemi , ils ne courent pas plus de
risque en le combattant en queue qu*en
tète; il faut aussi les persuader que le
maintien de l'ordre est le seul moyen de
sauver une troupe inquiétée dans une
marche rétrograde. C'est surtout dans
ces occasions que l'on peut apprécier
les avantages d'une forte discipline,
qui sera dans tous les temps le meil-
leur garant du maintien de Tordre;
mais, pour exiger de la discipline , il
importe d'assurer les subsistances, aOn
d'éviter que les troupes se débandent
en maraudant (i).
Si on passage de grande rivière offre
tant de chances délicates lorsqu'on est
suivi en queue par l'ennemi, c'est une
affaire bien scabreuse* encore quand
l'armée ne trouve assaillie à la fois en
tête et en queue, et que la rivière à
franchir est gardée par un corps im-
posant.
Le passage doublement célèbre de la
Bérézina par les Français est un des
exemples les plus remarquables d'une
pareille opération : jamais armée ne se
trouva dans une s^itualion plus déses-
pérée et ne s'en tira plus glorieuse-
ment et plus habilement. Pressée par la
famine, abîmée par le froid, éloignée
de cinq cents lieues de sa base, assaillie
en tète et en queue sur les bords d'une
(I) Les quaUiee qui dUllngueni un boa gé-
néral d'arrière garde ne sont pas communes,
dans les armées méridionales. Le marécbat
Ney était le type de ce que l*on pouvait désirer
é9 ^tts parCûi ea c« §»un.
rivière marécageuse et au milieu de
vastes forêts, comment espérer qu'elle
pût en échapper? Sans doute elle pnya
cher cet honneur; sans doute la faute
de l'amiral Tschitchagoff contribua
puissamment à la tirer d'embarras; mais
l'armée n'en fit pas moins des efforts hé-
roïques auxquels on doit rendre hom-
mage. On se sait ce qu'il faut admirer
le plus, du plan d'opérations qui ame-
na les armées russes du fond de la
Moldavie, de Moscou et de PoJotsk,
sur la Bérézina, comme à un rendez-
vous de paix, plan qui faillit amener la
capture de leur redoutable'ad versai re,
ou de la constance admirable du lion
ainsi poursuivi, et qui parvint i s'ou-
vrir un passage.
sua LA LOGISTIQUE,
••
AaT FBATIQUB 0B JUOUVOia LES
▲auÀfts.
Quelques mou sur la logistique en généraL
logistique est-elle uniquement
une science de détail? Est-ce au coik^
traire une science générale formant U14
des parties les plus essentielles^ de Yù\
de la guerre, ou bien ne serait-ce qu une
expression consacrée par Tusage pour
désigner vaguemeot les diverses bran»
ches du service de Tétat-major, c'est
à-dire les divers moyens d'appliquer
les combinaisons spéculatives de Ya^
aux opérations cfiectives?
Ces questions paraîtront singulières
j à ceux qui sont dans la ferme persua-
sion qu'il n'y a plus rien à dire sur la
guerre, et qu on a tort de chercher de
nouvelles délinitions lorsque tout leur
semble si Mea défini. Pour moi| qui
57
f9S
DB LA GRANDE VACTIOI L i:T DES BATAILLES.
mis persuadé que de bonnes déflni- 1 tracer anssi tes méthodes les plus pro*
tîons amènent la clarté de» concep-
tions, j'avoue qne je suis presque em-
barra>sé de résoudre ces questions es
app »rence si simples.
Le mol de logistique dérive, eomme
on sait, de celui de major-génénrt àes
logis (traduit en allemand par celui de
qnarliermeister). esi)èce d'officier$ qui
avaient jadis la fonction de loger ou
camper les tronpes, de diriger le» co-
lonnes, de les placer sur le terrain.
Là se bornait toute la logistique qni ,
comme on le voit , embrassait néan-
moins la casiramétation ordinaire. Mais
d*après la nouvelle matiière de Mpe la
^erre sans camps, le» raouvemens fu-
rent plus compliqués, et Tétat-major
eut aussi des aUributiens plu» élenT
ducs. Le chef de l'état major fut chargé
de transmettre la pensée du généra-
lism* sur les points les plus éloignés du
thé«^tre de la guerre, de toi procurer
des documens pour asseoir ses opéra*
tions. Associé à toutes ces combinai-
*«on«i, appelé à les transmettre, à les ex-
plii^uer, et même h en surveiller l'exé-
cution dans leur ensemble ainsi que
dans leurs moindres détails, ses fonc-
tions s'étendirent nécessairement .à
toutes les opérations d*une campagne.
L'ancienne logistique ne saurait
' donc suffire pour désigner la science
de» élats-majors, et les fonction» ac-
tuelles de ce corps, »i l'on tenait k lui
donner une instruction qui répondit
pleinement à son but, demanderaient
encore à être formulées, partie en
corps de doctrines, partie en disposi-
tions réglementaires. Ce serait aux
gouvernemens à prendre Tinitialiveen
' publiant des règlcmens bien mûris,
qui , après avoir tra<'é tous les devoirs
ei les attributions des chefs et officiers
4e l'état-major, seraient suivis d'une
' instruction claire et précise pour leur
près à bien remplir ces devoiis.
L'état-major autrk^hien «fait jadis
une pareille mstniÀion régleiMii<p
tarre, maïs un peu snranDée; eUt se
trouvait plus appropriée «m vietUfs
méthodes qu'^u système noQveao.
Quelques généraux, tels que ThiébaoH,
6rtmoard, ont mis aa jour des ma-
Ruels d'état-majer ; la nouveau eorps
royal de France a fait impriner pb-
sieufs instruelions partielles, mais on
ensemble satisfaisant n'existe encore
nulle part.
S'il est reeoniio que l-aneiemie lo-
fislique n'était qu'une adence 4e ié-
tails pour régler le matériel éeê nar-
ches, s^il est avéré que les fonctkHis
de l'état-rmajor embrassent anjoiir-
d'hni les combinaisons les plus élevées
de la stratégie, il faudra admettre aussi
qne la logistique n^est plus qu'une par-
celle de la science des états-majors, ou
bien qu'il faut lui donner un autre dé-
veloppement et en hire une sdedke
nouvelle, qui ne sera pas seulement
celle des états-majors , nais enoore
celie des généraux en chef.
Afin de nous en convaincre, éno-
mérons les points principaux qi'elle
devra embrasser pour comprendre tbat
ce qui se rapporte aux mouvemens de»
armées et aux entreprises qui en ré-
sultent :
i" Faire préparer d'aranee tous les
objets matériels nécessaires pour met-
tre l'armée en mouvement, c'est-à-
dire pour ouvrir la campagne. Tracer
les ordres, instructions el tfînéraircs
(MaQichroute) pour la rasseoibler et la
meftf% ensuite en action.
2* Bien rédiger tons les ordres da
général en chef pour les diverses en-
treprises, de même que les projets
d'attaque pqm* les combats prévuf oa
prémédiitéf.
I
H M WAm» TACTiQVfi ti pn f^;r4tirWL-
m
3^ Conosrter avec les chefs do géni9
et de l'arUllerie les mesures à prendre
poar meltre à l'abri les différens ppstes
nécessaires à réiabUssemeMl des dé-
pôts, comme ai^i ceux qu'il convien-
drait de fortifier à reRl^t d? faciliter les
opérations de l'armée.
t.0 Ordooner et diriger les reconnais-
aancesde toiite espèce^ et procurer,
tant par ce moyea que par llespion-*
nage, les rfîfiseignemefis aussi exacts
que possible des positions ctdQS niou-
Temeiis de rennemi.
i* Prendre toutes les n^^ures aSu
de bien combiner les iBouvemens or-
donnés par le géné/al en chef. Con-
certer la marche des diverses colonnes»
«fin qu'elle se fasse avec prdre et en-
semble ; s'aawer que tpus les moyens
usités pour rendre cette marche i la
fois aisée et sûre, soient préparés à
cet effet ; régler le mode et le moment
des halles*
o"" Bien composer, et bien diriger par
de bonnes iostructions , les avant-gar*
'des ou arrière-gardes, ainsi que les
corps détachés, soit comme flanqueurs,
soit avec d'autres destinations. Munir
ces différens corps de tous les objets
nécessaires pour remplir leur mission.
7^ Arrêter les formules et inslruc^
tions aux chefs des corps ou à leuri»
états-majors, pour diverses méthodes
de répartir les troupes dans les colon-
nes à portée de l'ennemi « de même
que pour les former le plus convenable-
ment, lorsqu'il faudra se mettre en li-
gne pour combattre, selon la natpre de
terrain , et l'espèce d'ennemi à laquelle
on aura affaire (1).
8* Indiquer aux avant-gardes et au-
tres corps détachés, des points de ras-
semblement bien choisis, pour )e cas
(11 II 8'«a^t '^' d'iQ.«truciion$ et rormujes gé-
nérale « et non répétées pour chaque mouve-
mtvX journalier; ce qai ferait impraticable.
où ils seraient attaqués par des forces
supérieiu'es, et leur faire connaître quel
appui ils peuyent se flatter de trouver
au besoin.
9' Ordonner et surveiller la marche
des parcs d'équipages, de munitions,
de vivres etd'ambulapçes, tant dans les
colonnes que sur les derrières, d^ ma-
nière i ce qu'ils ne gênent point les
troupes teut en restant à leur proxi-
n^ité ; prendre les mesures d'ordre ef
de «i^reté, soit en marche, soit dans le)
gîtes et wagenburg ( barricades de cha-
riots),
IQ* Tenir la main à l'arrivage suc-
cessif des convois destinés ^ rempla-
cer Içs vivres ou munitions ron>6m-
mées. Assurer |a réunion de tous les
moyens de transport tant du pays quf
de l'armée, et en régler l'emploi.
11'' Diriger rétabllsseiuent des eampS
et régler le service pour leur sûreté,
l'ordre et la police.
12» Établir et organiser les lignés
d^opérations et lignes d'étapes de Tar-
mée, ainsi que les communications des
corps détachés avec cette ligne ; dési-
gner des officiers capables pour or-
ganiser et commander les derrières df
l'armée , y veiller à la sûreté des déta-
chemens et convois , les munir de bon*
nés instructions, veiller aussi à l'entre*
tien des moyens de communication en-
tre l'armée et sa base.
13"* Organiser sur cette ligne les dé-
pôts de convalescens, d'éclopés^ de
malingres; les hôpitaux mobiles, les
ateliers de confection ; pourvoir à leur
sûreté.
ik^ Tenir note exacte de tous les
détachemens formés, soit sur les flancs,
soit sur les derrières ; veiller à leur sort
et à le^r rentrée aussitôt qq'ils ne sè-
ment plus oécessaires; leur donner
su besoin un centre é'aaiion et m% ftm
mer des réserves stratégiquat.
900
DS LA GàAUDB TA€T1QI£ ET DBS llAtAItLBi.
lô* Organiser les bataillons ou com-
pagnies de marche pour réunir en fais-
ceau les hommes isolés ou petits déta*
chemens allaat de l'armée à la base
d'opérations, ou de cette base à l'ar-
mée.
16' En cas de sièges, ordonner et
surveiller le service des troupes dans
les tranchées, se concerter avec les
chefs du génie sur tous les travaux à
prescrire à ses troupes, et sur leur con-
duite dans les sorties comme dans les
assauts.
17* Prendre* dans les retraites, les
mesures de précaution nécessaires
pour en assurer Tordre; placer les
troupes de relai qui devront soutenir
et relever celles de l'arrière-garde ;
charger des officiers d'état-major in-
telligons de la reconnaissance de tous
les points où les arrière-gardes pour-
raient tenir avec succès pour gagner
dji temps ; pourvoir d'avance à la mar-
che des Impedimenta , aOn de ne rien
abandonner du matériel ; y maintenir
sévèrement l'ordre et prendre les pré-
cautions pour veiller à leur sûreté.
18* Pour les cantonnemens, en faire
la répartition entre les différens corps,
indiquer à chacun des corps d'armée la
place d'alarme générale, leur prescrire
les mesures de surveillance et tenir la
main à ce que les règlemens s'exécu-
tent ponctuellement.
A Texamen de cette vaste nomen-
clature, que Ton pourrait encore gros-
sir de bien des articles minutieux,
chacun se récriera que tous ces devoirs
sont autant ceux du généralissime que
ceux de Fétat-major; c'est une vérité
que nous venons de proclamer tout à
(i)Lescbefkderartinerie. da génie et de Fad
minlttritioB. prétendent tout Irtvaiilter a?ee le
féoérat en chef ci non tvec le gImI d*état-aie-
jor. Rien aiM do«le ne doit eopècker ces rap-
fiorta direcif de eea autorités avec le général en ]
l'heure, mais il est incoulestable
que c'est précisément pour que le gé-
néral en chef puisse vouer tons ses
soins à la direction suprême des opéra-
tions, qu'on lui a donné un état-major
chargé des détails d'exécutioB , dès lois
toutes leurs attributions sont néces-
sairement en communauté, et malheur
à l'armée quand ces autorités cessent
de n'en faire qu'une ; cela n*arrîve ce^
pendant que trop fréquemment, d'a-
bord parce que les généraux sont hom-
mes et qu'ils en ont tous les défauts;
ensuite, parce qu'il ne manque pas
dans l'armée d'intérêts ou de préten-
tions en rivalité avec les chefs d'état-
major (1).
Avant de quitter cet intéressant su-
jet , je crois devoir rapporter quelques
évènemens remarquables pour faire
apprécier toute l'importance d'une
bonne logistique : l'un est le rassem-
blement miraculeux de l'armée fran-
çaise dans les plaines de Géra, en
1806 ; le second est l'entrée en cam-
pagne de 1815.
Dans l'un et l'autre de ces évène-
mens. Napoléon sut faire affluer, avec
une précision admirable , sur le point
décisif de la zone d'opérations, ses co-
lonnes, qui étaient parties des points
les plus divergens, et assura ainsi le
succès de la campagne. Le choix de ce
point décisif était une habile combi-
naison stratégique, le calcul des mou-
vemens fut une opération logistique
émanée de son cabinet. Long-temps,
on a prétendu que Berthier était Tar- 1
tisan de ces instructions conçues avec '
tant de précision , et transmises ordi^
nairement avec tant de lucidité ; j'ai
cher; mais U doit travailler avec eUeaeo fr^'%
sence du chef d'état-m^or, et lai renvojer
loate leur correspondanec, anlrement 11 y aaralt
confusion.
Vm tk GlANDB TACTIQUE ET DES BATAILLES.
oot
eu cent occasions de m'assurer de ia
fausseté de celte assertion. L'empe-
leur était lui-même le vrai cbef de
son état-major: muni d*un compas
ouvert à une échelle de sept à huit
lieues en ligne directe (ce qui suppose
toujours neuf à dix lieues au moins
par les sinuosités des routes], appuyé et
quelquefois couché sur sa carte, où les
positions de ses corps d'armée et celles
présumées de Tennemi étaient mar*
quées par des épingles de diDTérentes
couleurs, il ordonnait ses mouvemens
avec une assurance dont on aurait
peine à se faire une juste idée. Prome-
nant son compas avec vivacité sur cette
carte, il jugeait en un clin-d'œil le
nombre de marches nécessaires à cha-
•
cun de ces corps pour arriver au point
où il voulait Vavoir à jour nommé;
puis plaçant ses épingles dans ces nou-
veaux sites, et combinant la vitesse de
la marche qui! faudrait assigner à cha-
cune des colonnes* avec Tépoque pos-
sible de leur départ, il dictait ces ins-
tructions qui , è elles seules , seraient
nn titre de gloire.
C'est ainsi qu'en 1806, Ney venant
des bords du lac de Constance, Lannes,
de la Haute-Souabe, Soult et Davoust ,
de la Bavière et du Palatinat , Berna-
dotte et Aujgereau, de la Franconie,
et la garde impériale arrivant de Pa-
ris, se trouvèrent en ligne sur trois
routes para'dèles débouchant à la
même hauteur, entre Saaifeld, Géra
et Plauen , quand personne dans l'ar-
mée, ni en Allemagne, ne concevait
rien à ces mouvemens en apparence si
complijiiés (1).
De ifiême en 1815, quand Blucher
ipanlonnait entre la Sambre et le Rhin ,
' (f) Ttn eicepie tdotefois le petit nomliR
^Mdm e^MMri» Imvéàétfmt par ^wlefie
jiT^^M^ pf^eeo^we»
et que lord WeIlingtoi|^onnait ou re-
cevait des fêtes h Bruxelles, attendant
l'un et l'autre le signal d*envahir la
France , Napoléon , que l'on croyait à
Paris tout occupé de cérémonies poli-
tique.s d'apparat, accompagna de sa
garde, qui venait à peine de se refor-
mer dans la capitale, fondait comme
réclair sur Charleroi Qt sur les quar-
tiers de Bluiher, avec des colonnes
convergeant de tous les points de l'ho-
rizon pour arriver, avec une rare ponc-
tualité, le 14 juin dans les plaines de
Beaumont , sur les bords de la Sambre.
(Napoléon n'était parti que le 12 de
Paris.)
La combinaison de ces deux opéra-
tions re4)osait ^ur un habile calcul stra-
tégique, mais leur exécution fut in-
contestablement un chef-d'œuvre lie
logistique. Pour faire juger le mérite
de pareilles mesures, je rapporterai,
en opposition avec elles, deux circons-
tances ou des fautes de logistique fail-
lirent devenir fatales. Napoléon » rap-
pelé d'Espagne en 1809 , pnK les ar-
memens de l'Autriche, et certain d'a-
voir la guerre avec cette puissance ,
dépêcha Berthier en Bavière , avec la
mission délicate de rassembler Far-
mée, toute disséminée depuis Braunaa
jusqu'à Strasbourg et Er^urt. Davoust
revenait de cette ville ^ Oudinot de
Francfort; Masséna, en route pour
l'Espagne, rétrogradait por Strasbourg
sur Ulm ; les Saxons , les Bavarois et
les Wurtembergepis quittaient leurs
pays respectifs. Des distances immen-
ses séparaient ainsi ces corps , et les
Autrichiens, réunis depuis long-temps,
pouvaient aisément percer cette toile
d'araiguée et en détruire ou disperser
I les lambeaux. Napoléon , justement in-
I quiet , ordonna à Berthier de rasseifl-
! hier l'armée a Ratisbonne. si la guerre
p'éi^il pifS. cpwmepr^ à son arrivée ;
i
902
DB LA GRANDES TACTIQUE ET DES BATAILLES.
mais dans le cas CoDtrafre, de la réunir avant Wagram ; les mesures pour fiif«
plus en arrière vers Ulra.
La cause de celte double alternative
n'était pas difflclle à pénétrer: si la
guerre était conimeni.*ée, Ratisbonne
se trouvait trop près de la frontière
d'Autriche pour l'assigner comme ras*
semblemet.t . car les corps pourraient
venir se jeter isolément au milieu de
deux cent mille ennemis; en flxant la
réunion i Utm, Tarmce serait concen-
trée plus tôt, ou du moins Tennemi
aurait cinq à six marches de plus à
faire pour l'atteindre , ce qui était an
point capital dans la situdliou respec*
tive des deux partis.
t\ ne fallait pas ètte un génie pour
comprendre la chose; cependant, les
hostnités n'ayant commencé que quel-
ques jours après l'arrivée de Berthier
à Munich, H eut la bonhomie de s'at-
tache rlittéralement à f ordre reçu ,
sans en expliquer l'intention mani-
feste ; non seulement i! persista à réu-
ï\h Varméé à Ratisbonne, mais il fit
même retourner sur cette ville Da-
voust , qui avait eu le bon esprit de
se rabattre d'Amberg sur la direction
d'Ingolstadf.
Heureusement Napoléon , averti en
vingt-quatre heures, par le télépraphe,
du passage de l'Inn arriva comme
réclair à Abensberg, an moment oà
Da voust allait se trouver ravestf et
j'aruiée scindée ou morcelée par une
masse de cent quatre-vingt mille en-
nemis. On sait par quel prodige il (a
rallia et trionipha, dans les cinq jour-
nées glorieuses d' Abensberg, de Sie-
genbourg , de Landshut, d'Ectmuhl et
de Ratisbonne. qui réparèrent les fau-
tes de logistique de son chef d^état-
q^jor.
Nous terminerons ces citaflofis par
les évènemens qui précédèrent et ao-
•ompagnérenl te passage du Datlube
arriver à point nommé, dans l'Ile de
Lobau , le corps du vice-roi d'Italie
vetiant de la Hongrie, celui de llar-
mont venant de la Sty rie, et celui de
Bernadotté venant de Lînz, sont moiiy
étonnantes encore que le fameux ar-
rêté ou décret impérial en trente-ua
articles, qui réglait les détails du pas-
Sfige et de la formation dans les plaines
d'Enzersdorf, en présence de cent
quarante mille Autrichiens et de cinq
cents pièces de canon , comme s'il ^
fût agi d'une fôte militaire. Toutes ces
masses se trouvant réunies dans Tile, le
k juillet au soir, trois ponts sont jetés
en un clin d'œil sur un bras du Danube
de soixante-dix toises, par la nuit la
plus obscure et au milieu de torrens de
pluie ; cent cinquante mille hommes y
dédient en présence d'un ennemi re-
doutable, et sont formés avant midi
dans la plaine, à une ïieuc en avant
des ponts qu'ils couvrent par un chan-
gement de front; le tout en moins de
temps qu'il n'en eût fallu pour le faire
dans une manœuvre d'instruction ré-
pétée à plusieurs reprises. A la vérité,
rennemi avait résolu de ne disputer le
passage que faiblement , mais on H-
gnorait , et le mérite des dispositions
prises n'en est pas moins manifeste.
Un exemple non moinà extruordi-
naire de Timportance des mesures de
bonne logistique, fut donJié à la ba-
taille de Leipzig. En recevant cette ba-
taille, adossé à un déQlé comme celd
de Leipzig, et à des prairies lK>iaées,
coupées de petites rivîèfes et de jar-
dins, il eût été important de jél6f ^and
nombre de petits poni<, d'ouvrir des
abords pour y arriver, et dé jalonner
ces chemins ; cela n'eût paa empêché
la perte d'um bttai^e décisive^ mais
6»eÉt mai9é hmt^ mmakm é'tmmmM,
de canons et de caisaduv,* <|«i Mr^it
DK tA érfASoè +AfctiQriî tet bc* bataiiibs.
aWffdcfhhés faute d'ordre é dl^Siïeâ
pour se retirer. L'explosion inconcé-
vaWe du pont de Liiulcnau fut (éga-
lement le résultat d'une insouciance
impardonnable de Tétat-major, qui du
reste n'existait plus que de nom dans
Tarmde, grâce è \û manière dont Ber-
thier le composait et le traitait. D'ail-
leurs, a faut en convenir. Napoléon ,
qui entendait parf.iitement la logisti<
que pour organiser une irruption, n'a-
vait j^imais songé à une mesure de pré-
caution pour le cas d'une défaite, et
quand il était présent , chacun se re-
posait sur l'empereur, comme s'il eût
dû lui-même tout ordonner et tout pré-
voir.
En voilà a«*sex pour faire apprécier
toute riciduence qu'une bonne logis-
tique peut avoir sur les opérations mi-
litaires.
Des reconnaissances et autres moyens de bien
Coaoallre le» mouvetncns de leonemi.
Un des moyens leé plus important
pour bien combiner d'habileâ manœu-
vres de guerre, serait sans contredit
de ne jamais les ordonner que sur une
connaissance exacte de ce que ferait
l'ennemi. En effet, comment savoir ce
que Ton doit faire soi-même , si Ton
ignore ce que fait l'adversaire. Mais
autant celte connaissance serait déci-
sive, autant il est difficile, pour ne pas
dire impossible, de l'acquérir; et c'est
précisément là une des causes qui ren-
dent la théorie de la guerre si diflerente
de la pratique.
C'est de là que viennent tous les mé-
comptes des généraux qui ne sont que
des hommes instruits sans avoir le gé-
nie naturel de la guerre, ou sans y sup-
9(3
grande habitude de diriger des opéra-
tions militaires. Il est toujours nisé, en
sortant des banrs d'un»» académie, de
faire un projet pour déborder une aile,
pour menacer les communications de
l'armée lorsqu'on agit pour les deux
partis en môme temps et qu'on les dis-
pose à Son gré, soit sur une carte géo-
graphique, soit sur un plan de terrain
simulé; maïs quand onaaflïnreà un
adversaire habile, actif, entreprenant,
et dont tous les mouvemtns sont une
énigme, alors l'embarras commence,
et c'est ici que se montre la médiocrité
d'un génénd ordinaire, dénué de toute
étude des principes.
Il y a quatre moyens pour parvenir
à juger les opérations d'une armée en-
nemie : le premier est celui d'un es-
pionnage bien organisé et largement
payé (recommander l'espionnage pa-
raîtra une œu\re impie aux so< gcs-
creux philanthropes, mais je les prie
de rie pas oublier qu'il s agit d'épier
les itiouvemens d'une armée et non
de délation); le secoj.d est celui des
reconnaissances faites par d'habiles
officiers et des corps légers ; le troi-
sième consiste dans les renseignemens
qu*on pourrait obtenir des prisonniers
de guerre ; le quatrième eht celui d'é-
tablir soi-même les hypotiiéses qui
peuvent être les plus vraisemblables
d'après deux bases diflV»rentes. Eidin,
il est un cinquième moyen, celui des
signaux ; quoiqu'il s'applique plutôt à
indiquer la présence de Tennemi qu'à
juger de ses projets, il peut être rangé
dans la catégorie dont nous nous oc-
cupons.
Pour tout ce qui se passe dans l'in-
térieur de l'armée ennemie, l'espion-
nage semble le plus sûr, car une
reconnaissance» quelque bien faite
qu'elle soit, ne peut donner uucune
pléer par le coupnl'œil exercé que peut
donner une longue expérience el^one 1 idée de ce qui se passe au-delà de Ta*
?K);
DR LA GRANDS TACTIQini BT MS BATAOUS.
vant-rrnrdc. Coin ne vent pas dire qu'il
n'en faille pas faire , car il faut tenter
tous les moyens de se bien instruire ;
mais cela veut dire qu'il ne faut pas
compter sur leur résultat. Il en est de
même des rapports des prisonniers de
guerre, ils sont souvent utiles, et le
plus souvent il serait fort dangereux
d'y ajouter foi. En tout cas, un état-
major habile ne manquera pas de choi-
sir quelques officiers instruits qui ,
chargés de ce service spécial, sauront
diriger leurs questions de manière à
démëItT parmi les réponses ce qu'il
peut être important de savoir.
Lorsque les armées campaient sous
la tente, presque entièrement réunies,
alors les nouvelles de l'ennemi étaient
plus certaines, car on pouvait pousser
des partis jusqu'en vue de leur camp,
et les espions pouvaient rendre compte
de tous les mouvemens de ces camps.
Mais avec Torganisation actuelle en
corps d'armée qui cantonnent ou bi-
vouaquent, la chose est devenue plus
compliquée, plus embarrassante, et en
'résultat presque nulle.
de bons services lorsque l'armée de
l'adversaire est conduite par un grand
capitaine ou un grand souverain, mar-
chant toujours avec la majeure partie
de ses forces et réserves. Tels étaient,
par exemple, l'empereur Alexandre et
Napoléon ; lorsqu'on parvenait à savoir
où ils avalent passé et quelle direction ils
prenaient, on pouvait, sans s'arrêter
au détail des autres mouvemens, ju-
ger à peu près le projet qu'ils avaient
tn vue.
Un général habile peut suppléer à
Tinsuflisance de tous ces moyens par
dos hypothèses bien posées et bien ré-
solues d'avance, et Je puis le dire avec
suis rarement trompé en y ayant
cours.
Il nous reste à dire aussi ce que Toh
peut obtenir à l'aide des signaux. Il y
en a de plusieurs sortes, et à la tête de
toutes on doit naturellement placer les
télégraphes. Ce fut h l'idée qu'il eut
d'établir une ligne télégraphique entre
son quartier-général et la France, que
Napoléon fut redevable de ses éton-
nans succès de Ilatisbonne, en 1809. H
se trouvait encore à Paris quand Tar-
mée autrichienne franchit ï'Inn, ven
Braunau, pour envahir la Bavière et
percer ses cantonnemens. Instruit en
vingt-quatre heures de ce qui se pas-
sait à deux cent cinquante lieues de
lui, il se jette aussitôt en voiture, et
huit jours après il était vainqueur dans
deux batailles sous les murs de Ratis-
bonne; sans le télégraphe la r^mpagoe
était perdue : ce trait suffit pour en ap-
précier l'importance.
Un essai d'une autre nature fut teuté
en 1791, à la bataille de Fleurus, où le
général Jourdan se servit d'un aéros-
tat pour reconnaître et signaler les
L'cspionnige peut rendre néanmoins mouvemens des Autrichiens. Je uv
sais s'il eut lieu de s'applaudir de cet
essai, qui ne fut plus renouvelé, bien
qu'on ait prétendu dans le temp» qu'il
avait concouru à la victoire, ce dont je
doute fort. Il est probable que la diffi-
culté d'avoir un aérostat (out prêt à
faire son ascension au moment où cela
serait opportun, celle de bien observer
ce qui se passe ici-bas quand on est
ainsi aventuré dans les airs, et linsta-
bililé des vents, ont pu faire renoncer
à ce moyen. £n maintenant le ballon
à une élévation peu considérable , en
y plaçant un officier capable de bien
juger les mouvemens de l'ennemi, et
en perfectionnant le petit nombre de
une certaine satisfaction, ce moyen nt; | signaux qu'il faudrait en attendre, il
m'a presque jamais manqué, et je me ' est des circonstances où l'on en tirorait
tm lA OBAVD£ TACTIQUE liT DBS 'BATAI^W^
soD chef, il faat avouer que ce sera ^^'
core long-temps un problème difficile
a résoudre; et, a part le cas d'un
hourra général , imprimé à toute une
ligne par le pas de charge répété de
proche en proche, il sera toujours dif-
ficile d'appliquer les signaux par inslru-
mens à d'autre usage qu'aux tiraiP
leurs : même ces hourras généraux ei
spontanés sont-ils plutôt TelTet d'un,
élan des troupes que le résultat d'un
ordre : je n'en ai tu que deux exemples
dans treize campagnes
M LA
penl-êlre quelque fruit. Toutefois, la
fumée du canon, la difliculté de distin-
guer à quel parti appartiennent les
colonnes qu'on voit se piouvoir comme
des troupes de Lilliputiens, rendront
toujours ces rapports fort incertains :
nn aéronaute eût été , par exemple ,
assez embarrassé de décider, à la ba-
taille de Waterloo, si c'était Grouchy
ou Blucher qui arrivait par Saint-Lam-
bert.
Il est une espèce de signaux plus so-
lides, ce sont ceux qu'on donne par
de grands feux allumés sur les points
élevés d'une contrée: avant l'inven-
tion du télégraphe, ils avaient le mé-
rite de pouvoir porter rapidement la
nouvelle d'une invasion d'un bout du
pays à rentre. Les Suisses s'en ser-
vaient pour appeler les milices aux ar-
mes. On en fait aussi quelquefois usage
pour donner l'alarme aux cantonne-
mens d'hiver afin de les rassembler
dIus promptement : ils peuvent d'au-
tant mieux servir à cet elTel, qu'il suf-
fit de deux ou trois variantes dans le
signal pour indiquer aux corps d'ar-
mée de quel côté l'ennemi menace les
quartiers plus sérieusement, et sur
quel point ils doivent effectuer leur
rassemblement. Par la même raison,
ces signaux peuvent convenir sur les
côtes contre les descentes.
Enlin, il est une dernière espèce de
signaux, ceux que Ton donne aux
troupes pendant l'action à l'aide des
instrumens militaires; comme ils ne
touchent pas directement au sujet que
nous traitons, je me bornerai â obser-
ver qu'on les a perfectionnés dans l'ar-
mée russe plus que partout ailleurs. (l) Toui ce qui concerne le» rormaUom tp-
Mais tout en reconnaissant de quelle pariieni piuièi h la logiMiqoe qu'à la lacilque;
\ 1 «'» A^ 4.^..»^* .,n maii j'ai cru que ce chapitre, rédigé àlDfl de-
importance il serait de trouver "«l J"„,,i^p,.„,%,,.a ,|eo rester idqailéu^
moyen sûr d'imprimer un mouvement j ^^ ^ rormaUon dépend de remploi, «i rem-
spontané et simultané à une masse de pi^i dépend aoMi an peo de )a formUon it
troupes d'après la volonté subite dei pim fiimiliére à «n« tnnde*
FORMATION DES TROUPES
POUR ALLER AD COMRAT (1),
BT M &*BHPt.OI PAKTlGOtnni 017 CÙMMaà M»
TMO» Aumt.
Deux articles essentiels de la tacti-
que des batailles nous restent a exami-
ner : l'un est la manière de disposer
les troupes pour les cx)nduîre au com-
bat; l'autre est l'emploi des différentes
armes. Bien que ces objets appartien-
nent à la logistique et à la tactique
secondaire , il faut avouer cependant
qu'ils forment une des principales com-
binaisons d'un énéral en chef lors-
qu'il s'agit de livrer bataille; dès-lors
ils entrent nécessairement dans lé
plan que nous nous sommes pro-
posé.
Ici les doctrines devienneAt moins
fixes, et l'on retombe forcément dans
le champ des systèmes; aussi n'est-ce
•06
M LA éilinm TACTIQUE Et DES BATAILLES.
pas sânS étonnement que noua avons
TU tout récemment un deâ écrivains
modernes les plus célèbres prétendre
que la tactique est flxée, mais que la
stratégie ne Test pas , tahdift que c'est
précisément le contraire.
La stratégie se compose de lignes
géographiques invariables, dont Tim-
porlance relative se calcule d*après la
situation des forces ennemies, sllua-^
tion qui ne peut jamais amener qu*un
peiit nombre de variations, puisque tes
forces ennemies se trouveront divisées
ou rassemblées, soit sur le centre, soit
sur une des deux extrémités. Rien de
plus possible que de soumettre des
elâmeiM si simples à des règles déH-
vant du principe fondamental de la
guerre, et tous les efforts d'écrivains
méCtdiIettx pour embrouiller la scienee
en voulant la rendre trop abstraite et
trop eiacte , ne sauraient faire naître
an douté à ce sujet. Il en est de même
des combinaisons des ordres de ba-
tailles , qui peuvent être soumises à
des maximes également rapportées au
principe général; mais les moyens
d'exécution, c*est-à-dire la tactique
proprement dite, dépendent de tant
de circonstances, qu*il est impossible
de douner des règles de conduite pour
les cas innombrables qui peuvent se
présenter.
ba^lactaiétft Ûh froopéi âàiu la Itgne de
Mimé.
Après avoir défini ce que Ton doit
entendre par la ligne de bataille, il
«onvioDl de dire de quelle manière el-
leg ae formeol^ et comment les diffi-
reutéa troupes doîtent y être répar-
ties.
Avant la révolution française, toute
rihranterie, formée par régimens et
brigades, se trouvait réunie en un seul
corps de bataille, subdivisé en pre-
mière et Seconde lignea qid avaient
chacune leur aile droite et leur aile
gauche. La cavalerie se plaçait ordi-
nairement sur les deux ailes, et Tar-
tillerîe, encore très lourde à cette épo-
qne, était répartie sur le front de cha-
que ligne (on tramait du canon de 16.
et il n'y avait pas d'artillerie à chetal}.
Alors Tarmée, Campant toujours réu-
nie, se mettait en marche par lignes
ou par ailes, et comme il y avait deux
ailes de cavalerie et deux d'infanterie,
si l'on marchait par ailes , on formait
ainsi quatre colonnes. Quand on mar-
chait par lignes, ce qui convenait
surtout dans les marches de flani-,
alors 6n ne formait que deuï colonnes,
à moins que, par des circonstances lo-
cales , la cavalerie ou Une |)ar(ie de
l'infanterie eussent campé en (roisièirie
ligne, ce qui était rare.
Cette méthode siitiplîtlait ta logisti-
que, puisque toute la disposition con-
sistait à dire : « Oh marcher.i dans
x> telle direction par lignes ou par ai-
» les, par la droite ou par 1;^ gauche. >
On sortait rarement de cette mono-
tone, mais simple formation « et dans
l'esprit du système de guerre qu'on
suivait, c'était ce qu'il y avait de mieux
a faire.
La révolution française amena le
système des division^, qui rompit ta
trop grande unité de l'ancienne for-
mation , et donna des fractions capa-
bles de se mouvoir pour leur propre
compte sur toute espèce de terrain, ce
qui fut un bien réel, quoique l'on tom-
bât peut-être d'un extrême dans ud
autre, en revenant presque à l'orga-
nisation légionnaire des Romains. Ces
divisions , composées ordinairement
d'infanterie , d'artHlerie et de cavale-
DB Uk ÙkkKÙÉ ikCnObt tt mi feATAtlLCft.
»0T
rio, manœuvrnient et combattûlènl sé-
parément; soît qu'on les élendft outre
mesure pour les faire vivre sans hiaga-
sins, soit qu'oti eût !â manie de pro-
longer sa ligfie dans Tespoir de dé-
border celle de l'ennemi , on vit sou-
vent les sept otl huit divisions, dont
une armée se composait, marcher de
front sur autant de route!;, à quatre ou
cinq Heoes Tune de l'autre ; le quar-
tier-général Èé phçùli au centre, safis
autre réserve que cinq ou six minces
réglmens de cavalerie de trois cents à
quatre cents chevaux ; en sorte que si
renne mi vendit à réunir le gros de ses
forces sur nhe de ces divisions et h la
battre , la ligne se trouvait percée , et
le général en chef, n'ayant aucune ré-
serve d*infanterie sous la main , ne
voyait d'autre ressource que de se
mettre en retraite pour rallier ses for-
ces morcelées.
Bonaparte, dttns sa première guerre
d'Italie, remédia à cet inconvénient ,
tant par la mobinté et la rapidité de
ses manœuvres, qu'en réunissant tou-
jours le gros de ^es divisions sur le
point ùik le coup dédslf devait se por-
ter.
Lorsqu'il se fut placé à la tête de
l'État, «( qu'il vit chaque Jour agrandir
la sphèfe de ses moyens et celle de ses
projeta, If apotéoff comprit qn'tn/e of-
ganiaatioti plus forte était nécessaire;
il prit donc on terme moyeu eotre
l'aneieii système et lé tiouveau, tout
e» conaérvftAt FirTantage de l'orgalri-
flili0fi divi^iMas#e. Il forma , de» h
mmpÊiSÊm de 1800, âeê eotp» de deux
0V Uokê difistonA, ipfn plActf sons des
liroiiimwii géiiérant pour former les
riicA, le cMire oo It léaerte de l'al^
Cl) Ainsi rarmée du Kkm éUMcamposH 4e
faile droite, loqi Lecourbe, trois divi&ioos; du
Ce Système fut définitivemcnl ron-
soildé au Camp de Boulogne , où l'on
orginîsa des corfis d*arrtiéc permà-
nens sous des fnaréchaux, qui com-
mandaient trois divisons d'infanterie,
une de cavalerie légère, et trentè-Mi
h quarante {iièces de canon avec déè
sapeurs. C'étaient autant de petites aN
méeS , propres ft formcf*, au besoin ;
toute entreprise pdf allés-mémes. Là
grosse cavalerie fut réunie en une forte
réserve, composée de deux divisions
de Cuirassiers , qtiatre de dragons et
une de cavalerie légère. Les grchàî-
diers réunis et la garde forfuérènt Une
belle réserve d'infanterie; plus tard,
en I8l3, ta cavalerie fut aussi Organ}«
sée en corps de trois divisions, afln dto
donner plus d'Unité aux màSseê tOd^
Jours Croissante^ de cette arme.
Il faut en convenir, cette organisa-
tion laissait peu k désirer, et cette
graride armée, qui Bt èfffecttvément
de si grandes choses, fut biéntét le
type sur lequel toute l'Europe se mo-
dela.
Au demeurant, fa meilleure orgafit-
sation à donner è une armée qui entre
en campagne, sera long-temps ertcore
un problème de logistique à résoudre ,
è cause de la difficulté qu'on éprouve
à la maintenir au milieu âei évèrtë^
mens de la guerre et des détachemeits
iircessans qu'Ai nécessitent plus ôu
motna.
La graode àntèé de Boulo^^ue, que
nous venons ie dter, en est la preùte
la plus éviâ«ti(e. Il aemMait que i^oh
orgam'satldA parfaite dût M théUfé à
rabrt de tMiëà les ticisSHUdeir possi-
Mes. Lé eeiftref, sou» le maréchéi
BôqK; ta droite, sou99tf6Mt; la gair-
cfce, Éùxii Nefy ; lA rési^rte, soitS Lari-
laocke, sons SmiUrSuiaiiae. deui diviiioBs; le. .
génésal cp chef avau en outre troi> divf»ioot*^
iiflir-tjF*, trdb dlfftttfai, ^déUlét r^rvé sous ses ordres (mmtifllfs
J
008
m LÀ GRANDS TJLCTIQCii hT DBS. BATAILLES»
nés, présentaient un corps de bataille
régulier et formidable de treize divi-
aions d*iufanterie, sans compter celles
de la garde et des grenadiers réunis.
Outre cela, les corps de Bemadotte et
Harmont, détachés i droite , et celui
d^AugcreaUy détaché à gauche, étaient
disponibles pour agir sur les flancs;
mais dès le passage du Danube, à Do-
navert, tout ru( interverti.
U sera toujours fort difficile de don-
ner une organisation tant soit peu sta-
}Ae ; cependant il semble que l'orga-
nisation de l'armée en quatre frac-
tions, savoir : deux ailes, un centre et
une réserve , est la seule rationnelle.
La composition de ces fractions pourra
varier selon la force des armées ; mais
nour pouvoir la maintenir, il sera in-
dispensable d'avoir un certain nombre
de divisions hors de ligne, pour four-
nir les détachemens nécessaires. Ces
divisions, en attendant qu'elles soient
détachées, pourraient renforcer l'une
ou l'autre de ces fractions, qui serait
la plus exposée à recevoir ou à frapper
de grands coups , ou bien on les em-
ploierait, soit sur les flancs du corps
de bataille, soit à doubler la réserve.
Chacune des quatre grandes fractions
du corps de bataille pourra ne former
qu'un seul corps de trois à quatre di-
visions, ou bien se diviser en deux
corps de deux divisions. Bans ce der-
nier cas, on aurait sept corps, en n'en
comptant qu'un pour la réserve ; mais
il faudrait que le dernier e&t toujours
trois divisions, aGn que le centre et les
ailes eussent chacun leur réserve.
£n formant ainsi sept corps, si l'on
n'en avait pas toujours quelques-uns
hors de ligne pour fournir les détache-
mens, il arriverait souvent que les
corps des extrémités se trouveraient
détachés , en sorte qu*il ne resterait
pour chaque aile que deux di^^tQns ,
dont il faudrait même parfois dcU b r
encore une brigade pour flanquer la
marche de l'armée , de manière qu*il
n'y resterait plus que trois brigades,
ce qui ne constitue pas un ordre de
bataille bien fort.
Ces vérités font croire qu'une orga-
nisation de la ligne de bataille en qua-
tre corps de trois divisions d'infanterie
et une de cavalerie légère , plus trois
ou quatre divisions destinées aux dé-
tachemens, serait moins sujette i. va-
rier qu'une en sept corps de deux di-
visions.
Du reste, comme tout dépend, dans
ces sortes d'arrangemens , de la force
de Tarmée et des unités qui la compo-
sent, autant que de la nature de ses
entreprises, il en résulte des variantes
multipliées qu'il serait trop long de
détailler ici, et je me bornerai à tracer
sur la planche cigointe les principales
combinaisons que présenterait une for-
mation, selon que tes divisions seraient
de deux ou de trois brigades, et les
corps de deux ou trois divisions. On y a
tracé la formation pour deux corps
d'infanterie sur deux lignes, soii Tun
derrière l'autre , scAt l'un à côté de
l'autre.
Ceci nous amènç à examiner s'il
peut jamais être convenable de placer
ainsi deux corps l'un derrière l'autre ,
comme Napoléon le fit souvent, no-
tamment à Wagram. Je crois qu'A
l'exception des réserves, ce système
ne saurait s'appliquer qu'à une posi-
tion d'attente , et nullement à un oi^
dre de combat ; car il est bien préfé-
rable que chaque corps ait en lui-même
sa seconde ligpe et sa réserve^ qœ
d'entasser plusieurs corps sous des
chefs diOTérens. Quelque bien disposé
que soit un général à soutenir un de
ses collègues, il loi répugnera toujours
dç morc^ se9 fofcçs i œt effet; et
I tj
DB LA GEAMUK TAilTlQlfi liX DBS BATAaLBi.
909
quand « au lieu d'un collègue, il ne
verra dans le commandai?! de la pre-
mière . ligne qu*uQ rival envié , ainsi
que cela n'arrive que trop souvent , il
est probable qu'il ne lui fournira pas
avec empressement le secours dont il
pourrait avoir besoin. Outre cela , un
chef, dont le commandement est ré-
parti sur une longue étendue, est bien
moins sûr de ses opérations que s*il
n'embrassait que la moitié de ce front,
et qu'il trouvât en échange, dans plus
de profondeur, le soutien qui lui serait
nécessaire.
EnOn , pour compléter cet aperçu ,
on verra par le tableau ci-après (1)
combien cette question de la meilleure
formation est subordonnée à la force
de l'armée et combien elle est com-
pliquée.
On ne saurait^ guère se régler au-
jourd'hui sur les énormes masses mi-
ses en action de 1812 à 1815, où nous
avons vu une même armée former
jusqu'à quatorze corps qui avaient de
deux jusqu'à cinq divisions. Avec de
telles forces, il est incontestable qu'on
ne saurait rien imaginer de mieux
qu'une organisation par corps d'armée
de trois divisions; on destinerait huit
de ces corps pour la ligne de bataille ,
et il en resterait six, tant pour les dé-
tachemens que pour renforcer tel point
de cette ligne qu'on jugerait conve*
nable ; mais pour appliquer ce système
a des armées dans les proportions, déjà
fort respectables , de cent cinquante
mille hommes seulement, on pourrait
à peine employer des divisions de
deux brigades , là où Napoléon et les
alliés employaient des corps d'armée
entiers.
Si une armée ne passe pas cent mille
hommes, la formation en divisions,
comme en 1800, vaudrait peut-être
mieux que celle par corps.
Après avoir recherché le meilleur
mode pour donner une organisation
un peu stable au corps de bataille, il
ne sera pas hors de propos d'examiner
si cette stabilité est désirable, et si l'on
ne trompe pas mieux l'ennemi en
changeant fréquemment la composi«-
tion des corps et leur emplacement.
(1) T««te inaée • deox «Iles» nu oeotra «i nue réserve, en Umi qiaire Aracikmi priocipalet,
Mirt lef déucbenieiif évcnluels.
Tolci les diveries rormaUoos qa*OD peut donner à l'infanterie :
i* £n régimen»à deum batailUm$ es huU unie komma.
4e»r|»àdeiniiiviilOM — 8
Fins S divlflMt 90Qr déUebemeos
i cofpe M tUM dimioos «— 12
lldiviiiont 29 brigades 88baUJlloM ^ 7i,€00tanni.
Plut 3 diviiions pour détacheiDens
h
ao
lia
96.000
:i
19B
103,000
7 corps d'armée i 2 divffioof . . . |i4 »
Plut un 8* pour détachement . . ) 9 »
2* En régimêm à traie baiaiihni, brigaieê de six balaUhnê.
4 corpt à a divii», outre les détach* 11 divitiont 18 brigades 133 bataiUont « 105.008 bomm.
4 eorpe à 3 dirit<«, outre les détacb* 15 » 30 » 180 » ^ 141.000 »
8 corpt à 2 détachement 16 » 3-ai » 192 • ^ 151,000 »
Si à ces ehirrret an ijoute on quart pour la eatalerie. rart!tlerfe et tapenn, on peut eilculisr
la idrce nécetiatre i^r eus diwnes fonnatimit.
Il tottleaaieineoi obseirvat qnt las i4giaieat à deux balaillont de huit centt hommes serejeni
bien faibles au bout de deux ou trois mois de campagne. S*ilt n'ont pat lioit btUitioii^, Il ftu-
éraii alors aa moios que las bataiUont aotseol Bille
910 DB U. «lUJfDf TACTIQini BT OBt mâTAIIUB.
Eq définitive, quels que soient la trouvent presque en entier à râteau
fprce ei le nombre des subdivisions ou garde, ce qui n'empftche pas qn'av no»
fractions de Tarmée, l'organisation par { nient de livrer bataille, elles ne repreo*
corps d'aripée restera probablement I nent aussitAt le poste qui leur est a^
long-temps comme type normal chez signé/ sott par la nature du terrain.
toutes les grandes puissances coniinen-
tides, et c'est d*après cette vérité que
U ligne de bataille doit être calculée.
Quoi qu'il en soit , la formation clas-
sique, si l'on peut lui donner ce nom ,
ast encore à l'heure qu'il est, pour Pin-
boteriey celle sur deux hgnes ; f éten-
iœ plus ou moins rélrécie du champ
^e bataille, et la force des armées
pourront bien motiver quelquefois une
formation plu9 profonde, mais ce sera
toi^ours à titre d'exception ou pour
up coup do collier seulement, car l'or-
dre sur deux lignes, outre les réserves,
paraissant suffire pour la solidité, et
doun«|Qt plqs de forces combattant à la
fois, semble bien aus6i le plus conve-
nable.
Lorsque l'armée possède un corps
permanent d'avant- garde, ce corps
peut aubsi être formé en avant de la
ligne de bataille ou retiré en arrière
pour augmenter la réserve (1); mais
comme on l'a déjà dit ailleurs, cela ar-
rive rarement d'après les formations
actuelles et la manière de combiner les
marches qu'elles nécessitent; chaque
aile de l'armée a sa propre avant-
gtrde, et eelle du corpt de bataille se
trouve tout naturellement fournie par
les troupes du corps d'armée qui mar-
cherait en tête ; quand on vient en pré-
sence, ces divisions rentrent dans leurs
positions de bataille respectives. Sou-
vent même le^ réserves de cavalerie se
(1) L'«v«9lp-aarde étant ton» Ifsjoari eip(»iée
a» (àce <Ji« l'wnfiMi e( fbrinaat iMma Vtrrièrç-
garde qutnd il s*igit de rétrograder, il lemble i . ^^^
«s&ez juue, aa moment de la bataille, <le lui i •''•'^ •*•• ■• »«»•
soit par les vues du général en chef.
D'après ce que nous venons d*eip4H
ser, nos lecteurs s*assureront que lei
erremens suivis depuis la renaisaanea
de Tart de la guerre et l'inTenlton dt
la poudre jusqu'à la révolution fran^
çaise, ont Subi de grands changemens
par l'organisation actuelle, et que pour
bien apprécierlesguerresde LmilsXIf ,
de Pierre-le-Grand et de Frédéric II, il
faut nécessairement se reporter au sys-
tème adopté de leur temps.
Toutefois, une partie des anclenno
méthodes peut être encore employée,
et si , par exemple, le pl.icement de h
cavalerie sur les ailes n'est plus une rè-
gle fondam(*ntate, il peut être bon pour
des armées de cinquante à soixante
mille homm« s, surtout quand le cen-
tre se trouve sur un terrain moins pro-
pre à cette arme que l'une ou Tautre
des extrémités. Il est généralement
d'usage d'attacher une ou deux bri-
gades de cavalerie légère à chaque
eorps d%faot«rie , eeiii du eentiv la
placeront préMrablenient derrièr* la
dernière ligne : ceux des ailes peu-
yent la placer rar lenrs Qancs. Quant
aux réserves de cette «nM« ai elle est
assez nombreuse p^nr orgMitaer trois
corps, a6n que le centre et chacnne
des ailes ait sa réserve, ce serait uo
ordre aussi parfait qu*on puisse le dé-
sirer. A défaut de cela, on pourrait dis-
poser cette réserve en deux colonnes,
l'une nu point où le centre se He à la
droite, l'autre entre le centre et la
gaocbe ; ctîs çolonnea ppiprraient ainsi
sur tons
donner un poste moins exposé que celui d'être
placée en avant de la Ugoe de bataille.
les points dn la lîgiie fw aamiMt ne*
nacét.
L'9i1illwe, aujourd'hui plus mobile, I l^gèr^s t n rés^rv^, car oHes cootnbu^
e9( bien comme autrefois répartie s^ur 1 rent puissamment è rétablir »§» afiairc»
^ut le front . puisque chaque diviiiion entre le centre et la gauebe« 014 sa li-»
a la Mcnne. Cei>enilant il est bon i|*ob- gne yenait d'itfe enfoncée*
ierver que, son organisation s'élapt
perfectionnée, on peut rpieui la ré-
partir selon Ie9 besoins, et c'et^t tou*-
jours un grand tort que de la trop
éparpiller. Il existe, au reste, peu de
règles positives sur cette répurtition
^ l'artillerie ; car, qui oserait conseil-
jkr, pur e:iemple, de boucher une trouée
dans une ligne de bataille , en plaçant
•l^nt pièces en une seule batterie, fort
loin de toute la ligne, comme Napoléon
1^ fit avec tant de succès à Wagram?
Ke pouvant entrer ici dans tous les dé-
tails de cette arme, nous nous borne-
,fOas à dire :
t* Que Tartillerie k cheval doit ^tre
pMicée sur un terrain où elle puisse se
piiouvQir en tout sens.
S"" Que Tartillerie à pied, surtout
nUe de po^ûtion , serait mieux placée,
au contraire, sur un point çù elle se
trouverait couverte de fossés ou de
hilies qui la missent à Tabri d'une
charge subite de cavalerie. Je ne dirai
pas que, pour lui conserver son plus
grand effet , on se garde de la f placer
sur des émin^nces trop plongeantes,
. quais bien sur des terrains plats ou des
,taluM en glacis; c'est ce que chaque
.tous- lieutenant doit nécessairement
savoir.
3* Si Tartillerie h cheval est principa-
lement affectée à la cavalerie, ilest bon
t^Hitefois que chaque corps d'armée ait
la sienne , pour gagqer rapidement un
point essentiel à occuper. Outre cela,
D est convenable qu'il y en ait aussi à
Il réserve d'^tiilerie, a6n de pouvoir
la porter avec plus de promptitude au
If^cours d'un point menacé. Le général
Benningsen eut lieu de s'applaudir, à
SyUv I d'avoir réuni cjuquanta pièces
k"" ^ Ton est sur la défensive, il dniin^
vient de placer une partie des batte^
ries de gros calibre sur le front t w lieu
de les tenir en réserve, puisqu'il s'agit
de battre l'enoea^i du pkis loin pissai-
ble, pour arrêter l'impulsion de son
aUaque et semer le trouble dans ses
colonnes.
5» Dans le même cas de défensive,
il aemblerait convenable, qu'à part la
réserve, Tartillerie f4t également dis-
tribuée sur toqte le ligne, puisqu'on
a un égal intérêt à repousser l'ennemi
sur tous les points : cela n'est cepen-
dant pas rigoureusenDK^Mt vrai, car la
nature du terrain et les projet^ évidans
de l'ennemi pournûent nécessiter de
porter le gros de l'artillerie sur une aile
ou sur le centre.
$*" Dans Toffi^nsive, il peut être éga-
lement avantageux de concentrer uoe
très forte masse d'artillerie sur un
point où l'on voudrait porter un eOuft
décisif, aQn d'y faire, dans la ligne eiÊr
nemie, une brèclie qui faciliterait la
grande attaque d'où dépendraH le suc-
cès de la bataille.
N'ayant d'ailleurs à traiter ici que de
W répartition de l'artillerie, noua par-
lerons plus tard de son emploi dam i|a
combats.
Uci Ut CuivMioa et <lf (wipifi de riafnilefilu
L'infanterie est sai^s contredit l'arme
la plus importante, puisqu'elle forme
le^ quatre cinquième» d'upe «rm^,
que c'est elle qui enlève les positions
eu qui les défend. Mais si l'on doit re^
connaître qu'après le taleut du gûnéral
eUe est la premier iostrum^Pt d« 1*
911
DK LA aRAMIHB rACTlQUli £1 DBS ftÀTAlLUBS.
Victoire, il fiiut avouer aussi qu'elle
trouve un poissant appui dans la cava-
lerie et l'artillerie, et que sans leur se-
cours elle se verrait souvent fort com-
promise, et ne pourrait remporter que
des demi-succès.
Nous n*évoqoerons pas ici les vieilles
disputes sur Tordre mince et l'ordre
profond, bien que la question, qu'on
croyait décidée, soit loin d'être épui-
sée et placée sous un point de vue qui
permette de la résoudre du moins par
des exemples et des probabilités. La
guerre d'Espagne et la bataille de Wa-
terloo ont renouvelé les controverses
relatives à l'avantage du feu ou de l'or-
dre mince, sur l'impulsion des colon-
nes d'attaque ou de l'ordre profond;
nous dirons plus loin ce que nous en
pensons.
(I ne s'agit plus aujourd'hui de dis-
puter si Lioyd avait raison de vouloir
donner à l'infanterie un quatrième
rang armé de piques, afin d'offrir plus
de choc en allant à l'ennemi , ou plus
de résistance en recevant son atta-
que; chaque militaire expérimenté
convient , de nos jours, qu'on a déjà
assez de peine à mouvoir avec ordre
des bataillons déployés sur trois
rangs emboîtés, et qu'un quatrième
rang augmenterait cet embarras sans
ajouter à la force. 11 est étonnant
que Lloyd, qui avait fait la guerre,
ait tant insisté sur celte force maté-
rielle; car on s'aborde bien rarement
au point que cette supériorité mécani-
que poisse être mise à l'épreuve ; et si
trois rangs tournent le dos, ce n*est
pas le quatrième qui les retiendra.
Cette augmentation d'un rang dimi-
nue, dans la défensive, le front et le
feu; tandis que dans l'offensive elle
est loin d'offrir la mobiliié et l'impul-
sion qui sont les avantages des colon-
nes d'attaque. On peut affirmer même
qu'elle diminuera cette impulsion , car
il est plus difficile de faire marcher
huit cents hommes en bataille sur
quatre rangs pleins, que sur trob,
bien qu'il y en ait un quart de moins
dans rétendue du front; la difficulté
de l'embottement des deux rangs da
milieu compense amplement cette lé-
gère différence.
Lloyd n'a pas été beaucoup mieux
inspiré dans le choix du moyen quH
propose pour diminuer l'inconvénient
du rétrécissement du front ; il est tel-
lement absurde , qu'on ne conçoit pas
qu'un homme de génie ait pu l'ima-
giner. Il veut déployer vingt bataillons,
en laissant entre chacun d'eux soixante-
quinze toises, c'est-à-dire un intervalle
égal à leur front ; on peut penser ce que
deviendront ces bataillons tous désunis
et isolés à une pareille distance, lais-
sant entre eux vingt lacunes où la ca-
valcrie pourrait pénétrer en fortes co-
lonnes, les prendre en (lanc et les ba-
layer comme la poussière au vent.
La question, avons-nous dit, ne
consiste plas à discuter sur l'augmen-
tation du nombre des rangs d'une li-
gne, mais seulement h décider si elle
doit être composée de bataillons dé^
ployés, n'agissant que par le feu, ou
bien de colonnes d'attaque formées
chacune d'un bataillon ployé sur les
deux pelotons du centre, et n'agissant
que par leur impulsion et leur impé-
tuosité. Plusieurs écrivains modernes
ont traité ces matières avec sagacité,
sans qu'aucun d'eux soit parvenu à rien
présenter de concluant , parce qu'en
tactique tout est bien plus subordonné
aux évènemens imprévus, aux inspira-
tions soudaines, au moral et aux indî*
vidnalités.
Je vais résumer les points de vue que
la question présente.
Il n'existe au fait que cinq maniera
M^ LA eâAHM TACriQUË BT IMGS BATMSUSS.
9»
ie former (èft trdopés pour aller à Ten-
aemî :
!<' En tirailleurs ;
&<»En lignes déployées, soit oonti-
guës, soR en échiquier;
9* En lignes de bataillons ployés sur
fe centre de chaque bataillon ;
k^ En niasses profondes ;
5* En petits ferrés.
Les tirailleurs sont un accessoire,
car ils ne doivent que ooafrir la ligne
proprement dite à la faveur du terrain ,
protéger la marche des colonnes, gar-
nir des^ intervalles, ou défendre les
abords d*an poste.
Ces divers modes de formation se
réduisecHainsià qtsatre systèmes: l'or-
dre mince ou déployé sur trois rangs ;
Tordre demi^ofond , fonné d'une li-<
gne de bataiiionaen colonnes d'attaque
sur le i^ntre, on de carrés par batail-
lons; Tordre mixte oir les régtmens
seraient <cn parité déployés, et porlie
en colonnes; (^nfin Timtre profond,
composé de grosses colonnes de batail-
lons déployés Tun derrière l'autre.
L'ordre déployé sur deux lignes,
avec «ne réserve, était jadis généra-
• lement nsité r i^ convient soriout à la
défensive. Ces lignes, déployées peu-
vent être coritiguës, formées en échi-
quier eu en échelons. *
Xt'ordre par lequel choque bstaHIon
d'une lignese trouve focmé^n eolonne
d'àttaqu» par divisions sur le centre,
est plus caneentrÀ; c'est eU' qoeique
sorte une li||ne de .pelilcs colonnes
^4x>aime.daus la figure 6 de la plandie
.ci^QBire).
Dans l'ordonnance actuelle sur trois
nngpr le halaiUoo ayant quatre divl-
.»'
M
• I >
(l> Dtat rami^iniMf on prrnd 1^» Mfttil|riin
sions, cette colonne présenterait douie.
rangs en profondeur, ce qui donne
sans doute trop de non combattans et
trop de prise au canon. Pour diminuer
ces inconvéniens, on a proposi^i, toutes
les fois qu'on voudrait employer Tin -
fanterie en colonnes d'attaque, de la
former sur deux rangs, de ne plncr*^
que trois divisions de chaque balaillon^
l'un derrière Tautre, et de répandre la
quatrième en tirailleurs dans les iotcr-
valles des bataillons et sur les Oafu;s,
sauf à les rallier derrière les trois di-
visions si la cavalerie venait à cliargor
( voyex Hgure C). Chaque bataillon au-
rait par ce moyen deux cents tireurs
de plus, oulre ceux que donnerait
l'augmentation du tiers du front en
mettant le troisième rang dons leS(ioux
premiers. Ainsi il n'y auraii au fuit que
SIX hommes de profondeur, et on ob-
tiendrait cent files de front et quatre
cents tireurs pour chaque colonne d'at-
taque d'un bataillon. Il y aurait ainsi
force et mobilité réunies (1). Un ba-
taillon 46 huit cents hommes, HM-mé
d'après la méthode usitée, en colonne
de quatre divisions, présente environ
soixani|9 files à chaque divi.sjon , et la
première seulement faisant le feu de
deux rangs, il n'y aurait que cent vingt
coups àJournir par chacun des butai!-/
Ions aînM plauis en ligne, tan<iis que,;
d'après le mode proposé, il en donne-
rait quatre cents.
Mais tout en recherchant les moyctis
d'obtenir plus de feu, au hc^soin ^ il im-
porte ile se rappeler aussi que la co
loniie d'attaque n'est point dcstiait à
tirer, et qu'elle doit réserver ce moyen
pour un cas déseepéré; car, si elle
l« colooiMi peat-i^lr« notfraiujl «ntinlf ein-
dans le irois éfiie ran< dt chaque CQmfiagnie.ou [ plujcr la quaJh^me diviaion emière,.on asjrji
di%i ion , ce qui r^duil l<i colonne è huit rangs ' alon
iu It^^o de doute.' 't procare plus de mobltté. ^ coifii
Maia pour la têtiHié d« raUl*' ^^ amiiuiini k i ràoa^ contre la eafaleile.
' . ■ - — — — '. . — »'— •
'!i npur rangs ou IruU diviMons à Irois rangs
Ire rinTant rie cl la colonne pleine d<3 douze
tt^ M Là «Muaw tAcnvn n §m mvmu».
fomiomaB à IMre fes en swthMt à { gtnifnt dan» te première Kgp«« oiqiri,
refifieini , ton impolMoq devtfodrt i pour le feu, ne servit pas indilT fwt ;
mais il serait à cnîfidlQ W^ 09^ 4>vî-
SHHia f^ HMMant i iiraiU«r, Ira deox
bataillons gardé» m wA^mom pour lef
ianoeff »ir Kenomi, f«Mieot nr>iiis
facilement dîfponibtai. T«Hitoloi» il y
a bien des et» eè «d onirt parpil aérait
avantageux, cela «iiSt pour devoir Tio-
dollar.
L'ordft f« naiMa tmp piN9r(Mdef est
OMrUûMBiMk la «oina «MMwal^le
(Hgim S). Ob a vi Hmip lea 4fnH*Ns
guerres dea divi^ioiMi de éeuae batail-
lons déployés et sennii lea mm derrière
les eolffia* forieettl treele«#ii ran^
ptemk et eotaiaéa. De pe raiHea m»
ae» aoal eiposéea a^a mrafae de Ter-
tiHerie, dwunuent la a^bilité «I rim-
fidiioD sens rien ijeater i la fiaree ; ce
fat ane 4m caaaea da pe« de aoeièa des
Fiaoeais i Waterlaa.
Quand aa ap dédde à riSfaer «le
pereîUe aiaïae» il but da SHiiu ateir
eeia d'élaUir sur elmpie laae ^ ba-
tailieii AMTohaat par filea, afin foe si
Teaneod vanail à ehaigar aa laroe sur
sea Oenca, cria a'ebligeAt ^ la eo-
lanae à a'andiee ( aojiez llgare S ); pro-
tégée nnreaa balaUbaeqni feaMl Ibce
i fevaeni , aile pavra da «leifia eeo-
tinuer sa marche Jaaqa'aa bal ^ lui
est assigné; aalniBieol« eetta aase
iaerte« ib^dreyéepardaa Ibiia eeaver-
gaaa auxfaela elle «% pas aMtoe é ep-
peaer une kapoWea eeaeeoable, aéra
niseaa déseMreeoaMM la eeloMe de
Veattaer, oa ra^pue eeiaae la plia-
lange macédonienae le Ait par Paul
iadle.
r AS ^^amSÈÊ. ^t^ÊlÊ ^AÉMi ^Hk* È^m. mmÈm^^^m
et contre on ennemi supérieur en
nulle et Tattaque sera aDanqaée. Outre
eela, cet ordre ammd ne aérait evea-r
tageua que epatra riaraateria. car la
eolonne sur quatre sectioan de trois
rangs , fornuuit une espèce de earré
plein , vaudrait mieuii contre la eavar
lerie»
J'en cenelfls que le système employé
par les Rosses et lea Prussiena, celui
de former la colonne de quatre divi-
sions sur trois rangs, dont on peut ea
besoin être employé en tiraillears, est
celui qat supplique le plus générale-
ment è toutes les aî<oations) tandis
que Tautre doat nous avens parlé ne
conviendrait que dans eertaiaaras, et
eiigerait oa double mode de laraUf-
fion.
Indépendamment des deox ordres
susmentionnés, il en eiiste on miatq,
que Napoléon employa aa TagUaaMmto
et les Rosses h Byfau : leurs réglmens,
de trois bntalllons, en déployèrent up
en première ligne, et formèrent Iqs
deox autres derrière celui-ci en co-
lonnes sur les pelotons des extrémHés
(figure %y planche 4). Cette ordon-
nance, qui appartient auasi à Tordre
deml^profond , convient en efltet è la
défonsive-offensive, parce que les troii-
pes employées en premièfe Hgne ré-
sistent long-temps par on foo meurtrier
dont reffet ébranle leojooni on pen
Pennemt : ale^ les troupes formées en
colonnes peuvent déboucher par les in-
tervalles et se jeter sur lut avec succès.
teoiétre peowait-on aagmenter l^a-
venlage de cette fonoeiim , en pla-
çant lea dem bataMens des aHes Mr la
même ligne que celui du centre qui
ferett déployé, ée nmnièfe que les pre- tôlerie ; on lea fofmaR jette tfèe grands.
nilères divisions de ces bataillons se-
raient en li(nq. Il y aurait au94 un
demMMtaillon de plu» par chaque lé-
knai9 H est reconqu que le carré per ré-
giment etft le meilkur pour (« défen-
sive, ei leeaflvé par hataUkM pner IV-
LA «lAlIBB TACTIQI» ME DM ■A.TA1LLBS#
fensire. On peat , telon les eiramitaiH
ces, le» former en carrés parfaits on
en carrés longs, poor obtenir un plus
grand front et présenter pins de feni du
cAté où rennemi est €e»ié devoir venir I der si la troupe offensive la plus brave«
( voyez figures 8 et 9 ). Un régiment de
trois bataillons formerait aisément un
carré long , en rompant le katailion du
Milieu et faisant faire un à droNe et un
à gauche i chaque demi^batailion.
Dans les guerres de Turquie, on em-«
ployait presqtoe exclusivement les cai^
rés, parce que les hostilités avaient Heu
dans les vastes plolnes de la Bessara*
bie, de la Moldavie ou de la Valachie,
et que les Turcs avaient une cavalerie
immense. Mais si les opérations ont
lieu dans le BaliLan ou au-delà, et si
leur cavalerie féodale fait place à une
armée organisée dans les proportiôtis
^UDpéennes, Timportanoe des carrés
diminuera, et Tlnfanterie russe mon -
tarera toute sa supériorité en Roméiie.
Quoi qu'il en soit , Tordre en carrés
par régimens ou bataillons, paraît con
venable à tout genre d'attique, dès
qu'on n'a pas la supériorité en cavale-^
rie, et qu'on manœuvre sur un terrain
uni , propice aui charges de l'ennemi.
Le carré long« surtout appliqué à un
bataillon de huit pelotons, dont trois
marcheraient de front et un sur chacun
des cAtés, vaudrait mieux pour aller à
Fattaque qn^dh bataillon déplojré; il
l^ait moins bon oue la cotoiine pro-
posée plus haut , mais if y auratt moina
de flottement et plus dMmpuision que
s'il marchait en ligne déployée ; ilau''
lalt de plus l'avantage d'être on me-
sure contre la cavalerie.
Il serait difllcile d'affirmer que cha«
ciuie de ces formations soit toujours
bonne ou toujours mauvaise ; mais on
Conviendra du moins qu'il est de règle
incontestable que, pMr Toffensivu, il
faut un mode qui réunisse mobUM, aa-
4
»lb
HiM et imfidHm^ tandis que pour la
défensive , il faut la soUiM réoiiie ot
pUtg de feux fouib^t.
Cette vérité admise, H restera à déd»
formée en colonnes et privée de liaux,
tiendrait long-temps contre une troupe
déployée ayant vingt mille coupa de
fusil è lui envoyer, et pouvant en cinq
minutes lui en tirer deux ou trois cent
mille. Dans les dernières guerres, on t
vu maintes fols des colonnes russes,
ftançaises et prussiennes, empoKer
des positions l'arme an bras sans tirer
un coup de fusil ; c'est le triomphe de
rimpulsion et de l'effet moral qu'elle
produit; mais contre le feu meurtrier
et le sang-froid de l'infanterie anglaiae,
les colonnes n'ont point eu ie m^e
succès à Taiavera , à Busaco, à FRnte
di Honor, à Albaera, encore nMîoa i
Waterloo.
Cependant , a serait imprudent d'en
conclure que ce résultat Cssse pencher
décidément la balance en faveur de l'or-
dro mince et des feut, car, si les Fran-
çais se sont entassés dans toutes ces af-
faires en masses trop profondes, comme
je rai vu plus d'une fois de mes propres
yeux, il n'est pas étonnant que d'énor-
mes colonnes , formées de bataillons
déployés et flottans, battues de front et
de flanc par un feu nseurtrier, et Ja-;
saillies de tous oMés, aient épnHmr le
sort que nou« avona signalé» Mais le
même résultat aurait^il eu lieu avec
des colonnes d'attaque, forcaéea cha*
cune d'un seul bataillon ployé sur la
centre selon le téglement? C'est ce
que je ne pense pas ; et pour Juger de
la supériorité décidée de l'ordre minea
oudM feux sur l'ordre demi -profond ou
dimpulstott offensive. Il faudrait voir»
à plusieurs reprises» ce qui arriverait i
une ligtie déployée qui serait Ira»*
chement iboiîlée par im ennemi aiiiii
910
DB LA'QBâMVm TACTIQOB BT DBf B4MlI.LBSi
(.
formé (figiire6de ta plandie^). Quant |
à moi , je puisaiBrmer que, dans toutes
les actions où je me sois (rouvé, j'ai vu
réussir ces petites coloones.
D'ailleurs, est-il bien Tacile d'adop-
ter ua autre ordre pour marcher à l'atr
taque d*une position? Est-il possible
d'y conduire une ligne immense en
wdre déplayé et faisant feu? Je croia
que chacun se prononcera pour la né-
gative : lancer vingt et trente bataiW
Ions en ligne, en eiécutant des feux
de files ou de pelotons, dans le but de
couronner une position bien défendue,
c'est vouloir y arriver en désordre
comme un troupeau de moutons, ou
plutôt c'est vouloir n'y arriver ja«
maïs.
Quedoit-en conclure de tout ce que
nous venons de dire? l"" Que si l'ordre
profond est dangereux, l'ordre demi*
profond est excellent pour l'oiTensive;
â"" que 4a colonne d'attaque par batail-
lons est le meilleur ordre pour empor-
ter une position , nnis il faut diminuer
autont que possible sa profondeur,
pour hii donner plus de feux au be-
!<oin , et pour diminuer l'action du feu
ennemi : il convient en outre de la
couvrir par beaucoup de tirailleurs et
de la soutenir par la cavalerie ; 3* que
l'ordre. déployé en première ligne, avec
jaaeconda ligue en colonne, est celui
qui convient le mieux à la défensive ;
k* que l'un et l'autre peuvent triom-
pher selon le talent qu'aura un géué«*
rai pour employer à propos ses forces
disponiblet.
A la vérité, depuis que ce chapitre a
été.éait, les nombreuses, inventions
qui ont eu lieu dans l'art de détruire
les hoffioies pourraient militer en fa-
veur de l'ordre déployé, même pour
aller à l'attaque. Toutefois il serait
diiBelIe de devancer les leçons qu'il
fout attendre de l'expérience seule ; .
car malgré tout ce que les bailef ies de
fusées, lea obosiers de Scbmpuel ou
(le Boonnan , et même les fusils de
Perkius, peuvent offrir de menaçant,
j'avoue que j'aurais de la peine à con-
cevoir un meilleur système pour cou-
duire de l'infanterie à l'assaut d'une
position , que celui de la colonne de
bataillons. Peut être même Caudra^t-il
songer à rendre a l'infanterie les cas*
quea et coiraises qu'elle portait au
XV* siècle, avant de la jeter sur l'en-
nemi en lignes déployées. Mais si loo
revenait décidément à ce système dé-
ployé, il faudrait du moins, pour mar*
cher à l'attaque, trouver un mo}on
plus favorable que celui des longue»
lignes contiguës, et adopter, soit lc>
colonnes A distances pour déployer en
arrivant sur la position ennemie, sott
les lignes rompues eu échiquier, soit
enûu la marche en bataille par le Qatic
des pelotons, opérations toutes plus
ou moins scabreuses en face d*UD ad*
versaire qui saurait en profiter. Ce-
pendant, comme nous l'avons dit, un
générai habile. peut, selon les circons-
tances et les localités, combiner l'em-
ploi des deux systèmes.
Si l'expérience m'a prouvé depuis
long-temps, que l'un des problèmes les
plus difficiles de la tactique de guerre
était le meilleur mode de former lea
troupes pour aller au combat , j*ai re«
connu aussi que vouloir résoudre ce
grand problème d'une manière absolue
et par un système exclusif, est chose
Pour approcher le piqf possible de la
solution du problème il me semble
donc que l'on doU rechercher :
^ a) Le meilleur mode de se mouvoife-
en vue de l'ennemi , mais encore hors
de portée de ses coups,
b) Le meilleur mode d'aborder à
l'attaque.
M LA €AAIfra TACTIQUB BT DU BÀTAUUS.
9^^
c) Le meilleur ordre de bataiUe dé-
feostC
Qaelqqe solmlioa que Ton donne à
ces qoea^tîoai, ii me- parait conve-
pable, dans ioiisJea eaa , d'exercer les
troupes :
1* A la marche en colonnes de ba-
t|illoas.sur le centre pour déployer, si
l'on veut, i portée de mousquet, ou
pour aborder Tennemi avec les coton-
iie$ noèmea s'il le Taut
2* A la marche en lignes déployées
et conliguës par hnit ou dix bataîUons
A la Ibis.
3* A la marche en échiquier de ba^
êûUians déployéit , qoi oflrent des lignes
brisées plus faciles à mouvoir que de
longues lignes conliguës.
h* A la marche en avant par les
flancs des pelotons.
6^ A la marche en avant par petits
carrés, soîl en ligne, soit en échiquier.
6* Aux changemens de front, par le
Bioyen de ces diverses méthodes de
marcher*
7* Aux changemens de front exécu-
tés par des colonnes de pelotons h
dbtances entières, pour se reformer
sans déploiement, moyen qui est plus
espédiurque les autres manières de
ebanger de front, et qui s'adapte
mieux à toutes tes espèces de terrain.
Outre les lignes de colonnes, il y a
encore trois antres moyens d'aller à
l'attaque en ordre demi-profond.
Le premier est celui des lignes mé-
langées de bataillons déployés et de
balaiMons en colonnes sur les attes de
ceux déployés. 1 ^ bataillons déployés
et les preniières divisions de ceux en
colonne feraient feu à demi-distante
de mousquet , et se jettcr«ieiit ensuite
sur l'ennemi.
Le deuxième est de s'avancer aree
la ligne déployée, et en faisant feu ,
terie, puis en lançant des colonnes de
la seconde ligne à traters les inter-
valles de la première.
Le troisièene est l'ordre échelonné
mentionné à la page 31 et à la Ogure 11
de la planche i.
Enftn ied^frniertnoyen est de s'a-
▼ancer eotièfrement en ordre déployé ,
par le seul ascendant du feu , Jusqu'à
ce que l'un des deux partis tourne le
dos, ce qui parait presque imprati-
cable.
Quoi qu'il en soit de toutes ces con-
troverses, on ne saurait trop le redire ;
il parntt absurde de rejeter les feux de
mousqueterie , comme de renoncer
aux colonnes demi-profondes, et ce
serait perdre une armée que de vou-
loir lui imposer un système absolu de
tactique pour toutes les contrées, et
contre toutes les nations indistincte-
ment. C'est moins le mode de forma-
lion que l'emploi bien combiné des
diOérentes armes qui donnera* la yin-
loire : j'en excepte néanmoins les co-
lonnes trop profondes que l'on doit
proscrire de toutes les théories.
Nous terminerons cette dissertation
en rappelant qu'un des points les plus
essentiels pour conduire rinfhnterie au
combat , c'est de mettre ses troupes
à l'abri du feu d'artillerie de Tennerei
atttant que faire se peut , non en les
retirant mal à propos, mais en profi-
tant des plis de terrain ou d'autres ac-
cidens qui se trouvent devant elles,
afin de lies défller des batteries. Qùnrtd
on est venu sous le feu de mouse^uete-
rie, alors il n'y a pas à calculer sur des
abris ; si l'on est en mesure d'assaillir,
H faut le faire; les 'abris M^^vent
conventrtNins ce cas qu'aux tiriiilléurs
et aux troupes défensives. ' •
Il importe assex gênérèlemèkit de
défendre les villages qui sont -sur Te
jusqu*» ta deiuMiatmM de mèusque* { firmt , eu ^ éhereher *• Ms «rftevér si
118 D8 LA OMARDE TACTIQVE BT IHI8 SATAILLM-
Ton est •fwaillaDt; mais il ne fait . reaseiiibtedMOpérationftd*iinegiiem«
pas non plii|^ y ailacher ane impor- j la cavalerie ne saurait défendre une
tance déplacée, en oubliant la fameuse ' poaMien par etta-méme f^afit secours
bataille de Uochsledt : Marlboroug et j d'inflMilerie; son bot prineipal est de
.Kugène, voyant le gros de rinlinterie
françaij^e enterré dans les villages, for-
cèrent la centre et prirent vingi-qua-
Ire bataillons sacrifiés pour garder ces
postes.
Par la même raison , il est utile d*oc*
cuper les bouquets de bois taillis qui
peuvent donner un appui à celui des
deux partis qui e^ est le maître. Ils
abritent les troupes, permettent de
cacher les mouveineos, protègent ceux
de la cavalerie, et empècheut celle de
reimeiBi d'agir i leur proximité.
Delà cavaMa.
L'emploi qu'un général doit bire de
la cavalerie dépend naturellement de
sa force relative avec celle de Tenneaii,
soit en nombre, soit ee qualité. Néan-
moins, quelques modifications que ces
variations apportent, une cavalerie in-
térieure, mais bien conduite, peut tou-
jours trouver l'occasion de faire de
grandes choses, tant l'à-propos est
décisif dans l'emploi de cette arme.
La proportion numérique de la ca*
Valérie avec riuCanterie a beaucoup
▼arié« En thèse générale, on peut ad--
mettre que Tarmée en campagne doit
avoir un sixième de sa force en Uott^
pes à cheval ; dans les pays de monta-
gnes, il suffit d'un dixième.
Le mérite principal de la cavalerie
gtt dans sa rapidité et sa mobilité; oa
pourrait même ajouter dans son impé*
tuosité , si l'on ne devait pas craindre
de ipoir Caire une fausse application de
éetta demiérequalilé»
Quelitae importmitii qu'elle soit daoi | redv|gtabl« 4'arfillerie» eade lente a«*
prépireroa d'achever la TicCeire, de h
rendre complète en enlevant dea prf*
sonnlei» et des trophéee, de poorsai-
▼re l'ennemi, ée porter repldement^a
secours sur un poi»t mettaeé, d'enfen-
œr l'infanterie ébranlée, enfin de cen-
vrir les retraites de l'infanteiie et de
l'arlHIerie. Voilà poorqnoi «ne armée,
manquent de cavalerie , obtient lare-
ment de grands succès, et pouiquoi mi
retraites sont si dîflBctlea.
Le moment et le mode les plus coa-
fenaUes, poor faire donner le cavale-
rie, tiennent «n eoop^d'cBîl du chef,
en plan de la hetaUe » à oe que fait
l'ennemi, et à mille combiiuiiaona trap
longuea à énumérer id ; noua iren ia-
diquerona donc qne lea |irincipaei
traita.
U est façonna qu'mie attaque géné-
rale de cavalerie, contre une ligne ea
bon ordre, ne saurait ètfe tentée avec
succèii sans être soutenae par de Fia-
fanterie et beaucoup d'artUlerie , da
moina à certaine distance* On a vu à
Waterloo tout ce qu'il en coûta à la
cavalerie flrançaise pour avoir agi con-
tre cette règle, et la cavalerie de Fré*
déric éprouva le même aorl à Kikners-
dorf. On peut aa trouver appelé néan-
moins à faire donner la cavalerie seule ;
mais ea général, une charge anr une
ligne d'infanterie qui se trouverait déjà
aux prises avec l'inranterie adverm«
est celle dont on peut attendre te |»lus
d'avantages : les bataillea de Mareogo,
d'EyIaa, de Borudino et dia autres,
l'ont prouvé.
On exécute aussi de grandes chavges
avec succès o(mtre de riaCanterie qu^en
aurait d^ fémni i ébranler par oa fea
m-
\ï
ri
M U «BAIiPft TACriQOB KT DiBS BATAIUIS. 919
tré ftaftMtfa* UM des charges d« ce ^ charge plus séricQse. Pour le feu de
genre lia phii reeMr^nahlea fat celle carabine, on ne sait vraiment à quoi il
de tai ra?alerie praaaienne» à Uohen- peut être bon , puisqu'il eiige d'arré-
friedfeery, en ilkk (vo jei le Traité des
opéralkMa) ; ma» Uml6 charge contre
de» aarréa de bemie taiSulerieiion en-
taliée ne savait léoaair.
iA Mie ebarge des Français sur
Gesà,è la balaîHede Leipaig, le Ift octo-
bre, esl^ii grand eaeflapie eo ce genre.
CelM qs*Ua eièonèreat i Waterloo,
daaw le mèaie boit farent adaiirables ,
oMia mn$ f ètttliala fasie de soutien.
De anèflae la cbarfa audacieuse de la
faîM» cavalerie de Ney « sur rartillerie
du pnmùà de Hehenlohe, i la bataille
d'Miia , eaC on eaempk de ce qu'on
pa«l finre e» paseil easi
■nM eu fait des charges générales
os(Dtf% hr cavalerie ennemie pour la
chasser dtt champ de bataiUe, et reve-
niv enauite centre ses bataiikons avec
il bT; a If» quatre manières de
charger, savoir : en colonnes 4 dis-
iBMav ignés aai isni (i); en lignes au
|akat>r Mlhi à hi débandade : toute»
peuvent être employées avec succès,
muas hi dsmge en mus sille ou en ligne,
hr lance eAm den avantages incootesf^
laMaa; dÉM Isa mèléen^ le sabre vaut
pent-^êre mimn ;rd« là est venue l'if-
dén ée dnnnsi to laoae au psemier
rang qv» dekt enfoMBi, et le sabre a»
aeeaadqpii doièaehever per des kitlea
pnrtinilaaii Uê tiMîUeasentavec le pis»
tnlnt ne aanf¥ienl guèra fu'aui' avant-
pgsliU^ dntin une- chasys en fourra-
gauiBiim» lesaqoe- ta cavalerie légère
faut hareelar do l'infanterie et la dé-
^unnitf ie son feiiv. aflft^ fiseerisernne
ter toute la troupe |*our tirer de pied
ferme» ce qui l'exposera à une défaite
certaine, si elle est abordée tranche <
ment. Il n'y a que des tiraitfeiirs qtti
puissent faire un feu de liioCiïUiuel efl
courant
Nous venons de dire que tônfé^ lés
nuiiiières de cbargef pouvaient 6tfê
également bonnes. Cependtfnf il faut
bien se garder de croire que ('impé-
tuosité soit toujours décisive dans tii
choc de cavalerie contré cavalerie ; \ë
grand trot, an conirairef, me paraît la
meilleure allure pour les étisrges eti
ligne, parce qu'ici tout dépend déTenf-
semble, de l'aplomb et de l'^ordré, con-
ditions que l'on ne rétrouve pès dans
les charges au grand gafop. Celfcfs-cf
conviennent surtout contre f afliHei'i^,
parce qu'il importe plus d'àMVer tite
que d'arriver en désordre. De' même ,
avec une cavalerie armée de sabres ,
on peut se laucèf au gafop à deux
cents pas contre une (îgne ennemie
qui vous éltendfail d'é pied ferme;
uiais bi l'on a une cavàierré armée de
lances, le grand trotesf la térilabicf
allure , car l'avaùlagef de' cetiie* âfme
I dépend surtout de la éonservafion de
l'ordre : dès qu'il y a mèléeT, b tafetctf
perd toute sa vafeui^.
Lorsque l'ennemi iiëûi k yotti M
grand trot , il né Sembfo pai pforfeaf
de courir sur lui au galop, car \ùùs Hr^
riverez tout désuni coùfiré une massa
compacte et serrée, qiii ti'ayersWà tof
escadrons décousus. Il u'f aurait qu«
l'effet moral produit têf fâudbtér tlp^
tf»l.iwinn»>artskadn
Il B'y «aucaM OMUradlctioB tveeeeqae i*ii
•vaocé aiUeuri ; o» ooaipraiMl qu'il ae bISstt |fiÉ
pieiUurt ébfonoet Méùànéêf, doiV h mt
aw pflMr canHne'na ^nan an tfan mbUpUimi'*,
qal aMaaidéplarSf paar la
920 DB tJL GRANDK TACTlQUfi BT DBS BÀTA1LL».
]»arcnte de votre charge qui pourrait caralerie ont été Tobjet de bicn de»
vous élre rivorablc; mais si renncmi controverses, qq*il serait facile deré-
rapprécic à sa juste valeur, vous serez duireé quelques ventés. La lance est
perdu; car dans l'ordre physique et na- la meilleure arme offensive pour une
turel, le sud es doit être pour la masse
compacte contre des cavah'ers galopant
sans en^emUle.
Des oflTiciers expérimentés préfèrent
le galop en carrière, commencé à deux
cents pas. Je sais que beaucoup de ca-
valiers le pensent ainsi ; mais Je suis
aussi que les généraux les plus distin-
gués de celte arme penchent pour les
charges au Irot. Lasalle, un des plu<
habiles de ces gént raux, disait un jour
en voyant la cavalerie ennemie accou-
rir «u galop : « Voila des gens pt r«ius ! d^
et ces escadrons furent en effet culbu-
tés ou petit trot. Au demeurant, ta
bravoure personnelle inllue plus sur
les chocs et les mêlées que les diffé-
rentes allures ; le g'ilop en carrière n*a
contre lui que d'amener la dispersion
et de changer le cho«; en môlée, ce que
l'on pout é\iter avec les charges au
trot. En échange, le fameux coup de
HoUrail, seul avantage du galop, n*est
qu*nn fantôme dont on effiaie les ca-
valiers sans expérience de la guerre.
Quelque système que Ton emploie
pour aller à un choc, un des meilleurs
moyens de réussir est de savoir lancer
à propos quelques escadrons sur les
flancs d*unc ligne ennemie que Ton va
assaillir de front; mais pour que cette
manœuvre obtienne un plein succès,
dans les charges de ca\aieri(^ contre
^Cavalerie surtout, il faut qu'elle ne
b'exôcule qu*à Tinstantoù lis ligu'^^ en
viennent aux prises, car une minute
trop tôt ou trop tard , l'effet en serait
probablement nul ; aussi est-ce dans
troupe de cavaliers qui chargent en
ligne , car elle atteint un etineroi qui
ne saurait les approcher; mais il peut
être bon d*dvoir un second rang on
une réserve armée de sabres, phis fa»
ciies à manier lorsqu'il y a mêlée et
que les rangs cessent d*6tre unis. Peut*
être même vaudrait-il mieoB encore
faire soutenir une charge de lancien
par un échelon de hussards, qui, pé-
nétrant après eux dans la' ligne enae-
raie, achèveraient mieui la victoire.
La cuirasse est Tarme défensive pir
excellence. La lance et une cuirassa
de fort cuir doublé ou de buflle me
semblent le meilleur armement de la
cavaièrre légère; le sabre et la cui-
rasse en fer celui de la grosso cavale-
rie. Quelques militaires expérimentés
penchent même à armer les cuirassiers
de lances, persuadés qu'une telle ca-
valerie, assez semblable aux anciens
liommes d'armes, renverserait tout
devant elle.
Quant à la troupe amphibie des
dragons, les avis seront élcrncliement
partagés; il est constant qu*il serait
utile d'avoir quelques baialHons d'io-
fanterie à cheval, qui pussent devancer
rennemi à un détilé , le défendre en
retraite, ou fouiller un bois; mais faire
de la cavalerie avec des fantassins , oa
un soldat qui soit également propre
aux deux armes, parafi chose difficile.
On a dit que le plus grand inc*onvâ*
nient des drirgons provenait de ce
qu*on était ol^gé de leur prêcher te
matin quun carré ne saurait résistera
ce coup-d'œil précis et rapide que | leurs charges, et de leur enseigner, le
con!>*i>tp le plus (i;ra»d mérite dun ofll- '- soir, qu'un fantassin , armé de son fu-
cier de cavalerie; • siU.. devait culhuter tous les cavaUen
L'armement et l'organisation de la j poasihlea. Cetaigum^t, fl^( l^usspi-
DE LA t^RAllOfK i-ACTIQn BT D» MktAMàMré^ 9M
cie^x (\ue vr&i; W 'au lieu dé leur f soit qo'M préfère dos ligneiplejneft,.
prêi her HtVs maifAie^ §i cotllradfeCf^ la 4M«nee det lignes^ eiitoe ^Ues iloii
res, 1 >vr; :t plus ilaturcfl de leur dire < être asaet grande ftoor q»*eil(miie
^ue îii «le* brnfcs cflvatfers peuvent en-^
Foncer iitrriïrtré, de' braVes fantassins
peuvent m<'^ n»pousser celle i^àrge;
que fa vîcl' ire ne dépend pas toujours*
de Id supér.of lié de Tàrnie, mais bien
de mille circonstances ; que le courte
dos troupes, la préiscrtce d'csprtt des
chefs, une manœuvre faite à propos ,
reffet de rartillerie et du feti de mous-
queterie, la pluie, la tioae même, ont
contribué à des échecs ou à des sue*
ces; mais qu*effi thèse générale, on
brave, à pied ou à dieval, doit battre
un poltron. En inculquant ces vérités
k des dragons, ils pourront se croire
supérieurs à leurs odveraeires, soit
qu'on les emploie comme fantassins,
soit qu'ils chargent comme tavellera.
On ne saurait nier qtf'ilestXaasai
bien des circonstances, surtout dam
les batailles rangées, ou dit mille hom-
mt*<i, transportés vivemetit à cheval
su un point décisif et y combattante
pied , pourraient faire penèber la ba*
lain'e.
f f)ut ce qu'on a dit pour la forma-
t n I de rinfanterie peut s'appliquer à
la javalerie, sauf les modiGcalions sui-
viîntcs :
l.es lignes déployées en échiquier
ou en échelons sont beaucoup phis
convenables à la cavalerie que des li-
g r- Y pleines: tandis que dans Tinfaih
tene, l'ordre déployé en échiquier pa-
raît trop morcelé, et dangeréatf si la
cavalerie venait à pénétrer et à pren^
dre les bataillons en ftanCb L'échiquier
n^est sûr que pour des mouvement
{.ré^aratoiros avant de heurter ' Vm^
nemi, ou bien pour des lignes en co-
lonnes d'attaque pouvant se défeudre
par elles-mème» en totts sens contre la
cavalerie. Boit qu'on rormeréoUquier,
s'entratnent pas rértpsoqvenettt en
cas d'échec, vu la rapidité avec laquelle^
on est ramtoé si la chaage.^si mai-
lienrense. Seulement il est ton A*ob^
server que, dans.réchtquitrv-Ja 41$^
tance peut-être moindre que. daiM la
ligne pleine. Dntia «ueun cai^, la se-
conde ligne ne «aurait 6(re pleine. On.
doit la former 1 en cannes par divK
sioDS> ou^u mi^na y laisser des ou-
vertures de deux escadrons, qu'on peut
ployer en colonnes sur le flanc de chfi-
quo régiment, (lour. faciliter l'écoule-
ment des troupes ramenéea.
Bans l'ordre, en colonnes d'attaque,
sur le centre; la caifalerie doit être par
régimeiis, et rinCanterie seulement par
bataiHons. Poiv lûen se prêter à cet
ordre, il faut alors des fégimcos de six
escadrons, afln qu*en se ployait sur le
centre par divisions « ils puissent en
former trois. S'ila n'avfMentqueqiiatre
escadrons, ils ne fonneniient alors
que deux lignes.
La colonne d'attaque de cavalerie
ne doit jamais^tre serrée conune celle
de PinISinterie , niais à distance onde^
mi-distance d'escadron, afln d'avoir du
champ pour débotter et charger. Cett^
distance ne s'entendtau reste que, pour
les troupes lancées au coqoAMt; lors.
qu'elles sont au repos derrière la Jigite,
on peut lesj serrer pour couvrir wmu»
de terrain et diminuer l'espace qu'été
les auraient à parcourir, pour s'enga^
ger» bien enteMo neannu>ins que ces
masses seront à l'abri ou hors de porr
tée du canon* , .
L'»itaqae de flanc étant plus à re-
douter dans la cavaierip fue «lins w
comM d'infsnteije contre infipterie,
il est néc^^aire d*éiii^lir, sur to ei-
tKéqiiMAfiliuid Usoe4e c«vi4me,.qu9lr
M lA «lA»» TM7I«9B BT M» lÂTAIlUi.
qMi uminM Midottiié» ptr pelo^
tonâ« pMT iiQ^ib fttiitMi Èbktmer
ptr un adroite M oo i faorhecM»
tm rêMMOrifui TiMdriil imfoiéler le
9m le nAne mMt, il eil eneMiel ,
comÉio M re déjà dit, de saveir la»*
œr à propos qnekioe» «scadione ter
les flâner d*iine Hpie de tafelefieqee
roo est pfts d*eliorder; li l'on e deli
cevelerie tarègûlière ereo toi , e'eH
sortoori ode qee ITeii doil Futiliier
deii!i le cemM; car peer eet oMge,
eHe taet antanc eipeeMCie erien^o»
la régulière*
Une obM^tkm haportante eDflri«
e'est que danala eanleile mxiUn^^ il
éat biia qoe le eommandemeet de cHef
«^étende en pretMdeur plelM qe^en
longueur. Par ei6mple« dâfes une dM^
tfion de dent brfgaéai qo) déptoienM «
il ne serait paa bon que diaque brigade
formât me «eule Ngne derrièr» revire;
Hiaîs Me» que chaque brtgaie edt tm
nSgroient en première Rgne et M en
aecoiide; ainal ehaique unité de le ligne
aura sa propre réserve derrière eHe^
a?antAge qe'oit ne saurait méconnaî-
tre, car les évènemena iHMt ai tite dena
les charges , qu'il est impemMe à en
oflBci%'r'géiiéral dittre maître de deoi
pégimem déployéa.
Il eat vrai qtf*eri adoptant ee mode,
diaque général de brigade aura la le-
aillé de disposer de sa nSserve, et qaTil
•sraM bon néaneoieine <f en avoir wie
pour toole la drviaiew; c'est ce qui (kit
penser qee le eiemAre de da^régi^
nene par difhiw conviefit fort lien à
br cavalerie:
Deux maximes essentieReesMtgé^
nérateamot admises ponrleeeiottiéats
ût dsielefls eescrtf cet aKsrte . r^soe
eso ^ea asnse pMmiQre p^nv oth else
«t on tird mnenée; €ar^ dasii la
9k
ni le obarge la plus henrense» il est
pnAaMe vie rennemi, en lui oppe-
San* dae escadrons frais , le forcera à
venir se rallier derrière la seconde li-
gne; rentre maaime est qu'à mérite
égal des tiMpea et des obeCi, la vic^
teire fesCere à calniquî aura les der-
niers escadrons eii réserve, et qui san*
rn leslanaer i propos snr les flancs de
la Ugaie enoemie, d^ aux priées avec
la sienne*
C'est sur ces den vérllés qn^on
penrra se fonsMr ene juste idée d«
syslèoM de fermallen le plus cowve-
nnblepenreondntoe on gros oorps de
cavalerie an eembet*
Quel que seît l'ordre qu'on adopte,
il Cnit se garder de déployer de grands
corps de eavetarie en lignes pleines;
car ee sewt des eohues dittciles i ma-
oier« et si In psemière ligne eet rarae^
née, b seosnde sera entmlnée sans
peenroir tirer le sabre.
Je ans suis élevé centre la Cemaation
de in cavalerie snr plus de deii» lignes;
mai» Je n'ai jamais entenda exclure
plttsèeursr Kgnos en édii^fiier ou éche-
lonnées , ni des réf^erves formées en
colenne!*; je ne voulais parler <|ue de
la cavalerie déployée pour dwii^r en
mnraiUe^ et dont le» lignée. Inutile-
ment entassées l'une derrière l'autre ,
sersîenienifalnées dès que le première
vîaadf ait è tourner te doau
An denMurant, en cavalevie pins
qm'en îniMterie CMore^ l'aecendant
BMml faitbeaneenp) le conp^caft et
le aanf-fipoié du eheC, l*întelli0aBce et
la bravonrO'dii seUat, snis dana In mê-
lées» soit peur IgraUiementp. proeare-
seni In vieloise plua soumet qpie telle
M telle «nUe fermetiea; eependent,
quand nsi peut réunir ces deux aven*
tmae« o» &*e» est ^ plue sAr de
uLaiftA. Bin. nuu^ldflîiiflMff Va-»
I
M Là MA19M f Mffffm BT Ml BATAILUB»
(1819 à IM5) a renoufelé afosn d^n<*>
ciennes controverses pour décider ri
la cavalerie, rmnbalUiit en Hgiie, fMit
inompher i la tongtie d'ane eavaleria
irrégolîère, qui, évitant tool engage*
meiil aérieux , fuit avec la véieieilé dû
Fertile «I revient an combat avec la
même vivacité ^ le bernant i harceler
reonesAi fiar des attaquai indivîdaeU
les. Uoyd s*est prononcé pour la iià»
gatâve ; amia il ne hut pas s'y tromper,
et croire qii^il serait posiîUe d'exicn*
ter les mènes choses avec des régî^
asenade cavalerie légère disciplinée,
qu'on taBcerail en fourragftur» cuotre
des escadroMbien unis; C'est la grande
habitude de se mouvoir eu déaordra
qui fSait que les troupea irréguUères
savtBt diriger tous les effi>rts ifidivh>
duels vers un but oaaamun.
De tout ce qui précède, on doit con-
clure, à mon avis» que ^oor les batail-
les» ime cavalerie régulière, munie
d*anDea de longueur, et pour U petite
guerre une cavalerie irrégulière , ar^
mée d'escelleos pistolets, de iancea et
de aabrea, sera toujours la mei Heure
organisatâou pour cette branche im-^
portante d'une armée bien constituée.
Au demeurant, quelque systèaoïeip»
Ton adopte « il n'en paraît pas moins
incootesiahle qu'une nombreuse cavu*
lerie, queue qu*eu »oit la uature, doit
avoir une grande influence sur lea rè«-
sultats d'une guerre ; elle peut porter
au ioîA la terreur cbe^ l'ennemi; die
enlève ses convois, bloque* pour ainsi
dire, l'armée dans ses positioua, rend
aea eommuntcatîoos difficiles, si ce
s'est même impossiblea, trouble toute
harmonie dans ses Dntie^isaa et dans
aea opoiureaiient; ea uu mut» elle pro-
cure w^HW ton nèvMa avantages
^*«iie )ev4e^en «Misses deapopulatiuui^
e»fflftiutl»t«aubtemirta« flancs et
les derrières d'une armée «nueraie^ ei
en réduisant son général à l'impeali«
bilité de rieu calculer avee eiactîtMde*
Toute oi^nteatioB qui teodrait donc
à doubler les cadra de la esvalei ie en
cas de guerre, en y incorporant des
mHiees, serait un bon système; car
cea milices, aidèea de quHquea boni
escadrons, pourront, au bout de quai'
queemois de campagne, bire de bous
portisans. Sans doutq^sa milices n'aur
ront pas tontes les qualités que possè**
dent les popnlalions guerrières et no**
modes qui passent, pour ainsi dire«
leur vie è clieval, et dont le pi^emior
des instincta est celui de la petite
gueree. Sous ce rapport la Eussiaa ui
grand avantage sur tous ses veisiuf %
tant par Is quantité et Is qualité de S4I
chevaux du Don, que par Is nature des
milices irrégulîères qu'elle peut lever
au moindre diguaU
La seule de mes maximes qui a ex-
cilé quelquea eantroversea cet celle
relative i rallnre du trot peur ko cba^
ges contre cavalerie. Quoi qu'on en ait
dit , je crois eueora, i 1 heure ou j'é-
cris, que le succès dépend beaucoup
du maintien de l'ordre jusqu'au mov^*
ment du choc, et que, pour les lau«
ciera surtout, le: choc d'une auims èim
$n ordres et au trot, triompherait d'uuf
troupe éparpillée par ie galop eu pleine
carrière.
Au demeurant, maintenir Tordre»
autant que possible, dans le choc»;
s'appliquer à le faire seconder, au m^
meut opportun , par une attaqué de
flaue ; savoir deuuer i'iaspulsiou ohk
laie à sa troupe , et nvoir un échelon
prêt pour soutenir à prepoa« voila Uu
seuls élémMO de succèa fuo l'aie '^
mais recenuua peur pratteables dans
lea ohaigea de cavalerie centre cavale*
m* fiar Imiteft lea bellpa raaiimfta du *
moud» viennept aipiieg dana we hrtte
H LA GRANDE TACflOm Vïï Mft AATAliLVt.
rapide comme réidair, où les phis
biles profe«:sem n'auraient que le
temps de parer les eoups de sabre,
sans même se trouver en état de don-
ner nn ordre qui put être enU»dtt et
exécuté»
Je n*ai jamais nié que la cavalerie
ne oonconn&t è la défense d'une po»i*
tion ; mais qu'elle la défendit par eltoi-
même , je le nierai toujours. Placée
sur une position, derrière cent pièces
de canon, elle pourra s'y maintenir, si
on se contente de la canonner, comme
la cavalerie française se maintint si
bravement è Eylau ; mats que rinhn-
terie et rartillerie marcbenl sur elle
après avoir paralysé son canon, et
fOus verrez si la position sera défen-
due.
De remploi de rvtillerfe.
L'artillerie est à la fois une arme
offensive et défensive également re<^
doutable.
Comme moyen offensif , une grande
batterie bien employée éf rase une li-
gne ennemie, Tébrartle, et facilite, aui
troupes qui l'attaquent, les moyens de
renfoncer. Comme arme défensive, il
fsut reconnaître qu'elle double la force
d*i]ne position , non seulement par le
mal qu'elle fait de loin à Tennemi^ et
par l'effet moral qu'elle produit à une
longue distance, mais encore par la
défense locale qu'elle fera sur la posi-*
tion même, et à portée de mitraille.
Elle n'est pas moins importante pour
l'attaque et la défense des places ou
des camps retranchés, car elle est l'Ame
de la fortification moderne.
'Nous avons dit quelques mots ^m sa
répartition dans la ligne de bataille,
mais nous sommes plus embarrassé de
dire la manière dont on ta fait agir dans
le combat Ici les chances se nndti-
plient tellement, à raison des droona-
tances particulièoes de t'affoire, du ter-
rain et des mottvemeos de l'ennemi ,
qu'on ne peut pas dire que l'artillerie
ait une action indépendante de celle
des autres armes. Cependant on a vu ,
à Wagram , Napoléon jeter une batte-
rie de cent pièces dans la tmuée occa-
sionnée à sa ligne par le départ du corps
de Masséna, et contenir ainsi tout Tef-
f6rt du centre des Autrichiens ; mais 0
serait bien difOdle d'ériger en maaime
un pareil emploi de rartillerie.
Nous nous bornerons à présenter
quelques données fondamentales, en
observant qu'elles sont basées sur l'état
de cette arme, tel qu'il e&istait dans
les dernières guerres; l'emploi des
nouvelles découvertes n'étant pas en*
core bien déterminé ne aauraît troih
ver place Ici.
1* Dans l'offensive, on doit réunir
une certaine masse d'artillerio sur le
point où Ton se prépare a perler les
grands coups ; on l'emploiera d'abord
è ébranler par son feu la ligne de l'en-
nemi, aOn de seconder l'attaque de
rinfanterie et de la cavalerie.
2« Il faut en outre quelques batteries
d'artillerie à cheval , pour suivre le
mouvement offensif des colonnes, in-
dépf'ndammeift des batteries légères a
pied qui ont U même destination. Tl
ne faut pourtant pas lancer trop d'ar-
tllleriïs à pied dans un mouvement of-
fensif; on peut la placer de manière à
ce qu^elle atteigne le but sans soine
immédiatement les colonnes. Toute-
fois, lorsque lé train est organisé
pour y placer les artiHéUrs, on peut la
risquer plus facilement.
9* Nous avons déjà dit que la moitié
au moins de rartiilerie A cheval doit
être réunie en réserve, pour se porter
rapidèmentpartoUtoftte besoin Veiige.
»IU/ «MMOB
A cet «ffiel , îlYaEatla plaenr sur ie ter-
rain le pios ouvert, oà elle puisse se
mouvoir en tous sens.
i' Les batteries, qttoiqiie répendues
en général sur toute une ligne défen-
sive, doivent savoir diriger leur atteo-
tîoD sur te point oul^énneim trouve-
rait plus d'avantages ou de fistcilités à
pénétrer ; il faut donc que le général
'eommandant rartillerie connaisae le
poltit élratégiqueet tactique d*tn champ
dé bataille, auS2»i bien que le Uerrain en
lUfoinéme , et que toute la répartition
des réserves d*artlHerie soit calculée
sur cette double donnée.
5* Chacun sait que rarlHlerie placée
en plaine, ou au milieu dé pentes dou*
cernent inclinées en glacn, est celle
dont reffet, i plein fouet ou à rico-
chets, sera le plus meurtrier : pemonne
n*ignore non plus que le feu concen-
trique est celui qui convient le mieui.
6* L'arttfierie de toute espice em-
ployée dans les batailles ne doit jamais
oublier que sa prindpale destination
est de foudroyer les troupes ennemies,
et non de répondre à leurs batteries.
Cependant, comme il est bon de ne
pas laisser le champ libre à l'action du
canon ennemi, il est utHe de le com-
battre pour attirer son feu ; on peut
destiner à cela un tiers des" pièces dis-
ponibles, mais les deux tiers au moins
doivent être dirigés sur la cavalerie et
IMnfAnterie.
!• Si Tennemi s'avance en Kgnes
déployées, les batteries doivent cher*
cher i croiser leur feu pour prendre
ces lignes en écharpe ; celles qui pour-
raient ac placer sur ier fiSncs, et'battre
les lignes dans leur prolongement , fe-
raleat on* «âet décisif.
^ 8P Iioraqite L'eraemi s'arance en co-
lonnes, oo peut les battre de front,
c'estf-à-dh e dam leur profendeor. Too-
tefojp, il B'fist paa meîiis avantageux
hut w» Bâjr Aiu«Sb fm
detesbattreen écharpe, et-surtout de
flanc ou de revers. L'effet moral pro^
dttit sur ies troupes par rartillerie qui
prend de r<;vers, est incalculable : il est
rare que les plus vailians soldats n'en
soient pas étonnés ou ébranlés ; le beau
mouvement de Ney sur Preitâiz [bataille
de BauUen) fut neutcaUsé par quel-
ques pièces de Kleist,quï prirent ses
colonnes en flanc, les arrèièreot, et
décidèrent le maréchal à changer sa
bonne direction. Quelques pièces d'ar-
tillerie légèrov lancées à tout risque sur
lea flancs pour obteoir un pareil résul-
tat^ ne seraient jamais aventurées sans
utilité.
0* Il est reconnu que les batteaies
doivent être constamment soutenues
par de Tinfanterie ou de la cavalerie,
et qu'il est avantageux de bien ap-
puyer leurs flancs. Cependant il se
présenta des cas ou il faut dévier, de
cette mat ijHie, et l'exemple de Wagram
en est un des plus remarquables.
10? il est important que, dans ies
attaques de cavalerie, l'artiDerie ne se
laisse pas effrayer, et qu'elle tire d'a-
bord- à boplets, puis à mitraille, aussi
Icmg-teoips que cela se pourra (1). Dans
ce cas, l'infanterie chargée de protéger
les batteries doit être fermée en carrés
i proijoiilé, afin de donner refuge aux
chevaux , et ensuite aux canonniers ;
les carrés longs, proportionnés à re-
tendue du front de la batterie, sem-
blent les plus propres à ren»plir cette
, destination quandj'infanterie est der-
rière les pièces ; sieUe se trouve à c^,
les carrés parfait&seron t préférables. On
assure aussi que les batteries de fusées
peuvent être emptoyées ^sontre la ca-
. (1) Les obas de nouvelle invention , donnant
IM moyens de porter cas projectites k mille
Uiies avec aas iriiiMa InsèailUa» s erovl mè
arns MffiWaaiiuas ia cavaMa.
Mo
Bft ul MÂim tA€Ti«tni mt
ralerte dont eHas effrtleiit les ehe^
faai ; iMts, je le ré|iète, c'est encore
une eipérîence à faire, et on ne sMh
mit baser une maiime sur des doo-
nées nussi incertaines.
11* Dans les attaques d'infanterie
contré rartillerie, la nfiaiime de tirer
le plus lonK-t«*nips possible, sans oéan-
moins commencer de trop loin, eat
encore plus rigoureuse que dans te cas
susmentionné: les eanonnien «nront
teujoun le moyen de se mettre à l'abri
Ile rinfanterie s'ils sont oonvenaUe-
ment soutenus. C'est ici un des cas de
faire donner è la fois les trois armai,
car si rinfanterie ennemie est ébranlée
par l'artilierie, une attaque combinée
d'infanterie et de cavalerie causera aa
destructîoii.
. li* Les proportions de l'artillerie
ont considérablement varié dans les
dernières guerres. Napoléon s'en ftat
conquérir l'Italie, en 1800, avec qua-
rante ou cinquante pièces, et il rétiasit
complètement; tandis qu'en 1814, il
envahit la Russie avec mille pièces at-
telées, et ne réussit point. Cela prouve
asseï qu'aucune règle absolue ne sau-
rait fixer ces proportions. On admet
généralement que trois pièces par
mille combattans sont suffisantes , et
même en Turquie, comme dans les
montagnes, c'est beaucoup trop.
Les proportions de la grosse arlille-
rie, dite de réserve, avec celles de l'ar-
tfiterie plus légère, varient également.
C'est un ^rsnd abus que d'avoir trop
de grosse arilllerie, car dans les ba*
tailles, le cinon de 6 ou de 8 fait è peu
près le même eOet que celui de 13 , et
M jdi pourtant une grande différence
dans la mobilité et les embarras acces-
soires de ces calibres. Au reste, une
des preuves les plus notables que Ton
snocès des armées^^fiai dannte par Ki-
poléon , après la bataille d'EyIau : las
pertes cruelles que ses troupe» essuyè-
rent par le Gea de la ooaabreuae artille-
rie des Ruades, lui firent sentir la né-
cessité d'augmenter la sienne. Avas
une activité difluile è ooncevoîr, il il
travailler dans tons les artenaui de la
Prusse, de la ligne du Rhin et mèmt
de Metx, à renforcer le DO«ibre de aei
pièces et à en couler 4e nouvelles
utiliser les munitioos ifu'il avait
quisea dans la eampagne. Sa liaii
mois il doubla, i quatre ctota lieuesde
ses frontières, le personnel et le WÊr
térial de son artillerie, chose |iras(|M
inouïe dans les annaleade la guenib.
13^ Un des moyens les plus conie^
fiables pour obtenir le meillear eaq^
possiUe de rartiUerie« aérait de doBBtr
toujours le couuDandemeat snpériev
de cette araae à on géuéral d'artillerie
à la fois bon tacticien et atratégiste ; ce
chef aurait la faculté de disposer dob
aettiement de la ^ réserve d'artillerie,
mais encore de la moitié des pièœi
attadiées aux différons corps ou divi-
sions.
Il pourrait aiosi se conQNrter avec le
génératiasinie sur le moment et le liea
où des masses Goosidérablea d'artillerie
pourraient le nùeui contribuer i la vie»
toire; maisU ne ferait jiimais une teUa
réunion de masses sans avoir pris » aa
préalable, les ordres du fommandml
en chef.
Ds rsnaM estsMné to imii
Pour terminer entfèreaaeni ce pré-
cis, il restait à parler de remploi eooH
biné des trois armes : omis oombien de
puisse citer, pour faire juger l'influence 1 variations minutteuses ce aolet ne pié-
des proportions de l'armemeat sur les JLsenleraitHl pm, ei l>n arait la piéln
M iA êÈÀMM TAcnon n W$ BATIOUM,
999
► / .
tion de pénétrer dans tous les détails
qu'exige l'application des maximes gé-
nérales indiquées pour chacune de ces
armes en particulier?
Plusieurs ouvrages , et les allekQftt^df
surtout, ont sondé cet abîme sans
fond , et Us n'ont obtenu de résultats
passables, qu'en multipliant à l'infini
les exemples pris dans les petits com-
bats partiels des dernières guerres. Ces
exemples suppléent en effet aux matt-
mes, lorsque l'expérience démontre
qu'il serait impossible d*en donner de
fixes. Dire que le commandant d'un
corps composé des trois armes, doit les
employer de manière à ce qu'elles
s^appuient et se secondent mutuelle-
ment , semblerait une niaiserie, et c'est
néanmoins le seul dogme fbndamen**
toi qu'il soit possIMe d^établir, car vou-
loir prescrire à ç6 cbef la manière dont
ii devra s'y prendre dans toutes les cir-
constances, ce serait s'engager dans un
labyrinthe inextricable.
Placer les différentes armes selon le
terrain , i»$ioa le but qu'on se propose,
et celui que l'on peut opposer à l'en-
nemi ; combiner leur action simul-
•
tanée d'après les qualités propres à
chacune d'elles, en ayant soin de les
faire soutenir réciproquement, voilà
tout ce que Tart peut conseiller ; c'est
dans l'étude des guerres, et surtout
dans la pratique, qu'un officier supé-
rieur pourra acquérir des notions, ainsi
que le coup-d'œil qui inspire leur ap-
plicalion opportune. L'histoire mili-
taire, accompagnée de Mine critique,
est la Térîtable école de la guerre (1).
M44ri^f ceU0 d« Guêttu é$ te révoUUiom »
sik f il di IfapoUon qm j'ai pabliées.
••»•>■''''
»• f
-amtBiBmm
ssKs3âtfisse&^=sssséa9BiâsaHBa^:^
".
CONCLUSION.
Koof Douf sommes efforcé de re-*
tTicer les points principaui qui nous
ont paru susceptibles d*ëlre présentés
comme maximes fondamentales de la
guerre. Touterôis là guerre, dans son
ensemble, n*cst point une science,
mais un art. Si la stratégie, surtout,
peut être soumise à des maximes dog-
matiques qui approchent des axidmes
des sciences positives, il n'en est pas
de même de l'ensemble des opérations
d*une guerre, et les combats enlra-aii^
tr^ échapperont souvent à toutes les
combinaisons scienliflques, pour nous
offrir des actes essentiellement drama-
tiques, dans lesquels les qualités per-
sonnelles, les inspirations morales et
mille autres causes, joueront parfois le
premier rôle. Les passions qui agite-
ront les masses appelées à les ht'urter,
les qualités guerrières de ces masse?',
le caractère, Ténergie et les lalens de
leurs chefs, Tesprit plus ou moins mar-
tial, non seulement des nations, mais
encore des époques ; en un mot tout
et que Ton peut nommer la poéi^ie et
la métaphysique de la guerre, inOuera
éternellement sur ses résultats.
Est-ce à dire pour cela qu'il n'y a
pas de règles de tactique, et qu'aucune
liiéorie de tactique ne saurait être
utileT Quel militaire raisonnable
rait prononcer un tel blasphème? Or,
quand Tapplication d'une telle maxime,
et la manœuvre qui en a été le résuilat,
ont procuré cent fois la victoire à d'ha-
biles capitaines, et offrent en leur fa-
veur toutes les chances probables, suf-
Gra-t-il qu'elles aient échoué quelque-
fois pour nier leur eflicacité, et con-
tester toute influence de l'étude de
l'art; toute théorie sera-t-elle vaine
^rce qu'elle ne procur^Ta que les trois
quarts des chances de suci es?
La stratégie, comme ihuis l'avons
dit, est l'art d'amener la plus grande
partie des forces d'une arnu't: sur le
point le plus important du ih/à're de
la guerre, ou d'une zdne d'opérations.
La tactique est l'art d'utlil^er ces
masses sur le point où de<( ma^thes
bien combinées les auront rendues
présentes; c'est-à-dire l'art de les
mettre en action au moinent et ao
point décisif du champ de bataill;^ sur
lequel le choc déflnitif doit avoir lieu.
Toute maxime de guerre sera bonne
lorsqu'elle aura pour résultat d'assurer
l'emploi de la plus forte somme de
moyens d'actions au moment et au
point opportun. Pour ce qui concerne
la tactique, la principale de ces» «. v^m-
M LA 6ftA!fM TACTIQgyS ET JULS^
binaisons sera toujours. le Ghoix de
Tordre de bataiîie le plos convenable
d'après le projet que l'on aura en vue.
' Ensuite, quand on en viendra à Tac-
tfon locale des masses sur le terrain ,
ces Aïoyens d'action peuvent être
aussi bien fine charge de cavalerie
feite à propos, une' forte batterie
placée et démasquée au moment le
plus convenable, une colonne d'in-
fanterie chargeant avec impétuosité,
ou une division déployée fournissant
avec aplomb et sang-froid des feux
meurtriers, en6a des raouvemens tac-
tiques qui menaceraient l'ennemi en
flancs et à revers, de même que toute
manœuvre qui ébranlerait le moral de
ses adversaires. Chacun de ces actes
peut, selon l'occurrence, devenir la
cause de la victoire; vouloir détermi-
ner les cas où il faudrait donner la pré-
férence à chacun d'eux , serait chose
impossible.
Pour bien jouer de ce grand drame
de la guerre, le premier des devoirs
sera donc de bien connaître le théAtre
sur lequel on doit agir, afln de juger
les avantages du double échiquier sur
lequel ^è deux partis manœuvreront ,
en appréciant les avantages de Ten-
nemi comme ceux de son propre parti.
Cette connaissance acquise, on avisera
aux moyens de se préparer une base
d'opérations; ensuite il s'agira de choi^r
la zAne la plus convenable pour y diri-
ger sea efforts principaux , et d'embras-
ser cette zAne de la manière la plus
coifforme auv principes de la guerre
en choisissant bien ses lignes et front
d'opérations. L'armée assaillante de-
vra s'attacher surtout à entamer sé-
rieusement Tnrmée ennemie en adop-
tant à cet effet d'habiles points objec-
tifs de manœuvre; puis elle prendra
ensuite pour objectif de ses entreprises
4>roportiomé^ fOf ^uocé^ qi^eiie aura
obtenus.
L'arméç défensive, au contraire, do«
vra calculer tous les moyens de neu-
traliser cette première impulsion de
son adversaire^ en traînant les opéra-
tions en. longueur, autant que cel^
pourra se faire san^ compromettre !&■
sort du pays, et en ajournant le choc
décisif, jusqu'au momedl où une par-
tie des forces ennemies se trouverait
usée par les fatigues, ou disséminée
pour occuper les provinces envahies,
masquer des places, couvrir des sièges,
protéger la ligne d'opérations et les dé-
pôts, etc.
Jusque-là , tout ce que nous venons
de dire pourra être l'objet d'un pre-
mier plan d'opérations : mais ce qu'au-
cun plan ne saurait prévoir avec quel-
que certitude, c'est la nature et l'issue
du choc déflnitif qui résultera 4e ces
entreprises. Si vos lignes d'opérations
ont été habilement choisies, vos mou-
vemens bien déguisés; si l'ennemi , au
contraire, fait de faux mouvemens qui
vous permettent de tomber sur les
fractions encore dispersées de son a^
mée, vous pourrez vaincre sans ba-*
tailles rangées, par le seul ascendant
de vos avantages stratégiques. Mais n
les deux partis se trouvent également
bien en mesure au moment où la ren-
contre aura lieu , alors il en résultera
une de ces grandes tragédies comme
Borodino, Wagram , Waterloo, Baut-
zen et Dresde, dans laquelle les pré-*^
ceptes de la grande tactique pourrool
certainement exercer une influence
notable.
Si quelques militaires obstinés, après
avoir étudié attentivement l'histoire
raisonnée de quelques campagnes des
grands maîtres, soutenaient encorequ'il
n'y a ni principes ni bonnes maximes
l
subséquentes, les points géographiques I de guerre, alors on ne pourrait que les
<iao
V. ^« !...•.• I j r. r»^ t 1 )t'|
..1
!
i ..
triaitiAë ël T«Ar MYK)hâfë par Ye Ta-
meai mot de Frédéric-le4rrand : « tin
'mulet tfA «tiJraU faft vingt campagnes
90IM te prince Eugène D*éa serait {ifa
meillènr tactîcièh poor cela. »'
' De bonnes thé<iKesToridâes sor les
^indpes, Jdstiflées par les évdnémens,
et johitél à riibttilf 6 Hiflltaiire nisoD-
»"»• I '♦;•• •• *
nee« seront à mon atia la? éritabk^soh
des générani. Si ces moyens ne far«
ment pas de grands lioaunea^ qui se
forment toujours^ par fi^7,oiiéflMS
quand les circonstances 1^ ff^Tonsent,
ils formeront do moins dç^jgéyiérau
assez liabiles poor tenir le seonoÂiittg
parnù les grands dviUiÎM. ..
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PRINCIPES GÉNÉRAUX
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DES GftAMDES OPÉRATIONS MlLiTAiRBS
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ft a existé dé totit temps dés prind-
pes fonrlamêntaui^ sûr lesquels repo-
sent tes bonnes combinaisons de la
guerre, et duiquels on doit toutes les
rapporiçr, pour juger de leur v^ritabtç
mérite.
' Ces principes sont immuables, in-
dépenaans de l^espèce d'armes, des
temps et des lieux, te ^énie et Tex-
périehce indiquent les variations dont
leur application est susceptible. Depuis
trente siècles, il y a eii des généraux
qui tes ont plus où moins heureusë-
ifteht appliqués. Cyrns (voyez Cyropé^
die de XéoophonJ, Aniibdt, furent dé
grands capitaines; la Grèce et Itohle
en fournirent plusieurs; Aletandré
manœuvra sduvenl avec habileté ; Cé-
rame fit pas avec moins de succès la
giierre dMovasion et la grande guerre ;
Tamerlah méûie/quë nousi connais-
sons a peu , a laissé des institutions
empreintes â thaquepagede ce génie
DàtUrël i\(ti sait coœman^^r'aux tiom^
mes , et triompher de toaa les éB|â^
des (tnstitut. dé îiâiouC, par ÏÀu^
glës). En comparant les cauéés deîi tti^
toircs de Tantiquité et des térnps tn6^
dernes, on est tout surpris de trouver
que les batailles de iVagfarfii dé PhAf*-
salë et dé Cannes ont été gagnées ^Û
la même cause première.
Cependant, par une fatalité diAlntl
à concevoir, la plupart des ècrlvaidà
qui ont traité de fart tnilitâireJé^-
btent s*ètre donné Te ifaot pour r^cji^i'
cher', dans ibilië délaits accesSoirei.
ce (]ùi ne provenait que de la bonnè-
direction des grandes opérâtiôfis , ôft
du sage emploi des masses uit joir de
combat. Il en est résulté uhé' foule
d'ouvrages où les aiiteu^, .arrangèàiit
à leur manière des détails însigniàans,
ont prouvé sans doute beaucoup cTes^
1)rit et d*érudrtjon, mais en èmbrôuil -
ant une science qu'ils. ava||^i jl'iDtçn.*
tion de mettre à la porté^ cle tcgie
monde ; plusieurs ont été si loin que ,
nn
Ma
nnians «ÉiiÉftAra
>■•■
■•-K
l»7
dans des oavrageft intitulés V^rî d$ la
Cruerre, on troave de longs chapitres
sur la manière dont les officiers doi-
vent porter leur épée, et sur la forme
des baguettes de Fusil.
Le r4aaltat de ces fatigantes disser*
tatioin a été de persuader è beaacoap
de militaires, d'ailleurs fort estimables,
qu'il n'y avait point de règles à la
guerre : erreur absurde, iosQujtenable.
Sans doute il n'existe pas de ayslè-
me de guerre exclusivement bon,
parce que tous sont le résultat de cal-
culs hypothétiques ; c'est une combi-
naison de l'esprit humain , sujet à se
Ifromper, et q^i^soevent , A Taide de
phrases et de mots techniques arran-
gés avec art, colore d'ane apparence
de vérité les idées les plus fausses;
mais il en est bien autrement des prin-
cipes ; ils sont invariables : l'esprit hu-
main ne peut ni les modifier ni les dé-
truire.
Pour donner des notions exactes de
guerre, il aurait donc fallu que les au-
teurs , au lieu de créer des systèmes
absurdes, détruits les uns par les au-
tres, eussent commencé par établir les
principes auxquels les combinaisons se
rapportent. C'était un travail plus
grand, plus difficile, mais qui eût of-
fert un résultat assuré. On ne trouve-
rait plus tant d'incrédules sur la réalité
4e la science, Mack n'aurait pas écrit,
en 1793, que les longues lignes étaient
les plus fortes ; Bulow, dans son cha-
pitre des retraites excentriques, n'au-
rait pas prétendu qu'une armée battue
devait, pour se saaver, se partager en
autant de corps qu'elle pourrait pren-
dre de routes, dût-elle ne jamais par-
venir à rassembler ses colonnes ainsi
disséminées ; on n'aurait pas non plus
introduit un système de cordon , qui
éparpille une armée sur tons les che-
mina, au risque de la voir enlever
comme Turenne fit de celle de Bout-
non? illf en Alsace.
Frédéric avait écrit sagement que le
talent du grand capitaine était de faire
diviser son ennemi , et cinquante ans
après, plusieurs généranx trcpvaîent
admiraÙe ile se -diviser eux-mêmes
autant qu'ils le pouvaient. Une telle
subversion dans les idées n'a pu pro-
venir que de l'incertitude qui régnait
9anç lei$ opinions iiidjvîd{iellea ; en ef-
fet, les erreurs les plus grossières n'au-
raient pas ainsi été avancées, et lo
plus grandes vérités de l'art n'eussent
pas été méconnues par les militaires,
si, au lien de SQp|>osîUopa ^vpgues, de
calculs incertains, on s'était attaché i
démontrer des principes incontesta-
bles, et à donner un régulateur com-
mun à des opinions jusqu'alors di-
vergentes^
J'ai osé entreprendre cette tftche
difficile, sans avoir peu(4tre le talent
nécessaire pour la remplir; mais il m'a
paru important de jeter des bases dont
le développement jurait pu être re-
tardé longtemps, si l'on n'avait pro-
fité des circonstances pour les fixer.
Le seul moyen d'arriver i mon but
était d'indiquer d'abord lesjuîndpes,
d'en offrir ensuite l'applicxtion et les
preuves par IViistoire de vingt campa-
gnes célèbres. Cette histoire devait
alors présenter une critique forte et
ralsonnée de toute opération qui se
serait écartée des règles établies. Si
j'avais pu approuver ce qui était en
opposition avec ces règles, j'aurais été
guidé par des motifs bUmables et in-
dignes du travail auquel je m'étais li-
vré ; quelles que fussent les qualités
personnelles d'un général et la répu-
tation dont il jouissait, j'ai dû relever
avec franchise toutes les fautes qu'il a
pu conraiettre ; je n*ai pas même hé-
sité un instant à froisser maa afie^
DB L ART' DB LA OUBÉU.
0»
fioiift pafticalières. Après un tel aveu,
qa*on n'attribue mes réflexions ni à
rînimilié personnelle , ni à l'envie ; la
cause en sera tout entière dans l'in-
térèC de Tart.
Le principe fondamental de toutes
tes combinaisons militaires consiste à
tpérer, avec la plus grande masse de
ses forces, un effort combiné sor te
point décisif.
On comprendra bien qu'un général
labile, avec soixante mille hommes,
peut en battre cent mille , s'il parvient
à mettre cinquante mille hommes eu
action sur une seule partie de la ligne
ennemie. La supériorité des troupes
non engagées de\ tent en pareil cas plus
nuisible qu'avantageuse; car elle ne
fait qu'augmenter le désordre, comme
la bataille de Leuthen l'a prouvé.
Les moyens d'appfiquer cette maxi*^
me né sont pas très nombreux ; je vais
essayer de les indiquer. Le premier
moyen est de prendre l'initiative des
mottvemens. Le général qui réussit i
mettre cet avantage de son c6té, est
maître d'employer vs forces où il juge
convenable de les porter; celui, au
contraire, qui attend l'ennemi, ne
peut être maître d'aucune combinai
son , puisqu'il subordonne t^ mouve«-
mens à œux de son adversaire, et qu*il
n*e8t plus à temps d'arrêter ceux-ci ,
lorsqu'ils sont en pleine exécution^ Le
général qui prend l'initiative sait ce
qu'il va faire; il cache sa marche, sur^
prend et accable une extrcmfté, une
partie faible. Celui qui attend est battu
sur une de ses parties, avant même
qu'il soit inrormé de ral(acpie.
Le second moyeu est de diriger
les mbuvémens sur ia partie faible la
plus avantageuse. Le choix de cette
partie dépend de la position de l'en-
nemi. Le point te plus Important sera
toujours celui dont Toeeupation pro-
curera les plus favorables et tes ph»
grands résultats. Telles seront, par
exemple, les positions qui tendraient '
h gagner les couMminicationa de Ten*
nemi avec la base de ses opérationa, et
è le refouler sur un obstacle insurmon-
table, comme une mer, un graéd '
fleuve sans pont , on une grande puis^ | i
sance neutre. '
Dans tes lignes d'opérations doubles
et mcrcelées, c'est sur le point du cen-
tre qu'il convient de diriger ses atta^
ques ; en y portant la masse de ses
forces, on accable les divisions isolées
qui les gardent. Les corps morcelés à
droite et à gauche ne peuvent plus
0|>érer de concert et sont forcés à des
retraites excentriquoj^, dont les armées
de Wurmser, de M ack et du duc de
Brunswick ont éprouvé tes ferrfMes
effets. Dans les Ugnes d'opérations
simples et dans tes lignes de bntalKc
contiguës, les points faibles sont ali
contraire les extrémités de te ll^ne.
En effet, le centre est à portée d*ètre
soutenu siosultanémeAt par la droite et
la gaudie; au lieu qu'une extrémité
attaquée serait accablée avaut que les
moyens suffisans fussent arrivés de
l'autre aile pour la soutenir, car. o^
moyens seraient beaucoup plus éloi^
gnés et ne pourraient être emptoyés
que les uns après les autres.
Due colonne profonde, atUquée sqr
sa tète, est dans la mémo situation
qu'une ligne attaquée sur son extr^
mité : elles seront l'une et l'autre en-
gagées et battues successivement ,
comme cela a été démontré par les
défaites de Rosbaeb , d'Ajieraliedt. Ce-
pendant il est phi9 facile de faire de
nouvelles dispositions avec ùlie co-
lonne en profondeur, qu'avec une li-
gne de batailto qui he trouverait atta-
quée sur une extrémité.
En exéeotaiït, par la stratégte, un
mouyeBieDt général sur rextrémilé de
la li^ne d'opérations de rennemi , non
leulemcni on met en action une masse
mf une partie faible, mais Ton peut de
Delte eitrémité gagner facilemeot les
derrières et les communications, soit
iveo la ba^e, soit avec les lignes secon*
daif^ Ainsi Napoléon, e(i geignant, en
1805, Donauwcrth et la ligne du Lecii,
avait établi sa massesur les conmiunica-
tÂons (te >lack avec Vienne, qui était la
iKise de ce général avec la Bohême, et
il le mit dans l'impossibilité de joindre
l'armée russe, qui était sa ligne sc*-
condaire la plus importante. I.a mèxpe
i^pération eut lieu en 1806, sur Vex-
uiémité gauche dt-s Prussiens, par
.Saaifed et Géra. Elle fut répétée en
|812 par Tarmée russe dans ses mou-
vemeÉÉ sur Kaluga et Krasnoï , et eo
1819 par les alliés, qui se dirigèrent à
travers la Bohême, sur Dresde et Leip-
lig, contre la droite de ^'apoléon (I).
Le résultat des vérité^ précédea-
(f) On a rrmarqDé 4110 l#t liimes ceiit raies
a*avii«nt pat uuyé N«|iOl<^c>a v^ri l)r*ide en
i^S» ni dans la GUampaj^oo. en tM4 ; maU
J*ob>anrerai à mon luur que c><t bien à ce
fysttne qu'il a dû néanmoins xes succèa mo-
ièentanéi dans ces deut camfMgnfe. La eauae
éb les retm a été dans rinégalMé de la luiie
aides moyens Mcondairea; dans la diffireocc
de la nature de set» iruupes; dans le filacrnieni
de la Bohême el de la Bavière en arriére de
son eitréme droite, et pour «ainsi dire sur 8>s
cbmmiinkaiionB. An reste, j'ajouu rai em-ore
que !<■ système des masses cou traies n avait éié
appliqqé. ju>qu*alor<i que par des armées de
cent cinquante à deui cent mille lioriim'^s au
plus, et qu'il St rait nuiiie de concentrer pins de
ftyrces sur une même ligne, puisqu'il est déjà
UnieMe d'engager aniani de troupes te même
Ifgwt et snr an même ehimpila bataiUn.
Je n*ai pas non plus d nné nne pf^férençe
eielu.«ive aux opérations cenirales, puisque j*»i
iOQf ent présenté celles sur nne extrémité de ta
Hgne cmîetmie comme plos avaiitageosef. D'as-
leors il ne faut pas cnalindfe ane ligae d'opé-
- ratioas ^atialeappai^ à demi aartiçs aar nn
tes prouve que, 8*ii faqt alUquer.de
prérérence Textrémité d'i^ne ligne, il
faut pussi se garder d'attaquer iesdeus
eitréuiU^eaqnémetempS9>noiusqtte
Ton n'ait des forces très supérieures.
Une armée de trente niille copibattaiis,
pour al laquer les deu \ ex tréfilés d'une
armée égale çnnoi^bre, s'ç.nlévç les
moyens de frapi>er un coup décisif eo
multipliant inutilement le i^ombredes
moyens dQ résistance que rennemi
peut opposer i ses deux délai heqieus.
Elle s'expose même, par un moiive-
ment étendu et dé>uni , à ce qu^ son
adversaire rassemble a^i masse sur ud
point , et l'anéantisse par un effet de
sa supériorité. Lps attaques multi-
pliées sur un plus ^aiid nombre de
colonnes sont encore plus dangereii*
ses, plus contraires aux grands pna*
cipcsde Tart, surtout lorsqu'elles ne
peuvent entrer eu action au màme ins-
tant et sur le même point. Par soite
de cette maxime, il convient Ai coih
même front ( par exemple eelle de rarrildic
Clîarlfs contre Slorrau et iouidaD. en tM)»
avec une ligne d'ot-éraitoos tolalf pH'Ul epiOJ*
réc d'ennemis; cq» dernières sont bt-auconp
moins favorables, elles peuvent même devenir
dangereuses, lorsque les masses ennemies si>ni
plus nombreusea.
Enfin je d^rai en nie résnmant» q«*uM BMie
eniooréc de toute l'Europe ïou'evée contre «Ma,
composée de parties hétérogène», anamée par
sa \ ropre grandeur, et par des troupes 'légéiei
! comme on n'en avait jamais vu, ne po«nait.
' par il' folt »e>il «16 sa position cenunle» éviter Is
sort dont cdie d- ^'apolêon a été frappée et
Saie. )tfais une cicepunM i|e détruit pa» une
règle ou msiimi' générale; et/ dao« tou'e- -et
guerres ordinaires, unepi)is>anfequ: coiuj^tin
à ci;ances égales, r'e»t-è-dtim a moyen» ^us,
«n apphqaant ce sysiàou), trioiunlifra inéti.j-
b'eroen), si les enn'mis siib aient an S)stèmB
contraire. Ten appelle aux orfii-iers-^ènéraui
les plus distingués de tontes les amiéé», « Je
donne pour preweles plus beau fbib fti
tratei lorsqu'on 1 4o8 niipses fort m-
périeures à celles de rentiemi , de faire
attaquer ses debi eitrémités; on par-
VieQt ainsi à mettre en action pins de
monde que lot sur chacune de ses
ailes, tandis qu'en ([«rdliut des forces
1res supérieures massées sur un seul
point , Tadversaire pourrait en dépbyer
et faire coml^attre un nombre égal. II
hui avoir soin, dans ce cas, de porter
)e gros de ses forces sur Taiie où r«t-
teque promettrait au succès plus dé-
cisif : c*est ce que nous avons démon-
tré par la relation de la baUiHe de
iBochkirch , dans lamérre de sept ans
(chap. xif). ' /
JPour opérer on effort eon[ibiné
d'une grande masse sur un seul point,
il iroportç, dans les mouveipenS stra-
tégiques, do tenir ses forces rassemblées
sur un espace h peu près carré, afin
qu'elles soient plus disponibles (l}« Lea
grands fronts sont aussi contraires aux
bons principes que les lignes morce*
fées, les grands détachemens et les di-
visions isolées hors d'état de se sou-
tenir. .
Un des moyeps les plus efBcac^
pour appliquer le principe généra) que
nous avons indiqué, est celui de faire
commettre à l'ennemi des fautes con-
traires à ce principe. On peut, avec
quelques petits corps de troupes lé-
gères, lui donner des Inquiétudes sur
plusieurs points iinportans de ses cooi-
muniçaiionsl II est vraisemblable que,
ne connaissant pas leur fvrce, il leur
opposera des divisions nombreuses et
morcellera ses masses ; ces troupes lé-
gères contribuent d'ailleurs à éclairer
Darfaitemeht rarmée. «
(1) Oa B'aMaiii PM paa M^M Mb iMMr
mb intian I i«Ha»l<^ aw» m^^lm Mall-
IttBft.mteM dii^MÉA tu m Ubêèm da uêêêMwb
K ÊMù Ift Bina BfwiaiiiilBiii
ÛA'f?*^»
Il est bien important , lorsqu'on
prend l'initiative d'un mouvement dé-
cisif, de ne rien négliger pour être ina- f
truit des positions de l'ennemi et des ^
mouvemens qu'il pourrait faire. V^h
pionnage est un moyen utile à la perfeo^
tipn duquel on ne saurait donner tfop
de soins; mais ce qui est plus ementiel
encore, c'est de sq foire bien éclairer
par des partisans. Cn (général doit se-
mer de petits partis sur toutes les direc-
tions, et n faut ^n multiplier le noiq-
bre avec autant de soin qu'on éviters
ce système dans les grandes opérations.
On organise i pet effet quelques gran-
des divisions de cavalerie légère, qui
n'enireut point dans les cadres 4^
combattans. Opérer sans' ces précaq-
tions, c*est' marcher dans les ténèbrjK '
ets'eiposer aux cbances désastreuses
que produirait un inouvement secret
de rennemi. On tes a trop négligées,
on n'organise paç assef i l'avance la
partie de l'espionnage ; et les officiers
de troupes légères n'ont pas toujours
Texpérie^ce néceséaire pour conduire
leurs détachemens.
ir ne suffit pas, pour bien opérer
à la guerre, de porter habilement ses
masses sur les points tes plus impor-^
tans, il faut savon* les y en^agçr. Lors-
qu'on est établi sur ce^ points, et qu'on
y reste dans l'inactfon , le principe e^t
oublié. L'enneinl peut Aii^e des contre-
manœuvres, et, pour idfiftter be moyei^J
ii faut , dès qu'on a ga^^né ses comiuV
nieations, ou ufié de ses extrémités ,
marcher i hii et coiubâttre. C'est alors
surtout qu'il fout bien combiner rem-
ploi simultané de ses forces. Ce ne tont
fOê h$ mai$9$ fr4iêni€$ qm éicidmiU éet
hataUtêê, ce toni hs ma$se0 aft9$anie$^
Les preukières décident dans (es mou-
vemens préparatoires de stratédç^)^
dernières déterminent le succès m
Vêéiim.
raiHcmi
Pour obtenir ce résultat , an général
(labile doit saisir Tinstant où il faut en-
lever la position décisive du champ de
baloitle, et il doit combiner l^altaque
de manière k Taire engager toutes les
forces en même lemps, à la seule e%-
eeption des troupes qui seraient desti-
nées à la réserve.
Lorsqu'un effort, basé sur de tels
principes, ne réussira pas à procurer
la victoire, on ne pourra l'espérer d'au-
cune combinaison, et il ne restera d'au-
tre parti à prendre que celui de Taire
donner un dernier coup i cette ré-
servé, de concert avec les troupes déjà
engagées.
Toutes les combinaisons d'une ba-
taille peuvent se réduire à trois syth
tëmes.
Le prenuer, qui est purement dé-
TensiT, consiste à attendre l'ennemi
dans une forte position, sans autre
but que celui de s'y maintenir; tel-
les Turent les (dispositions de Daun à
Torgau , de Marsin aux lignes de T^f
rin. Ces deux évènemens suffisent pour
démontrer combien de semblables, dis-
positions sont vicieuses.
Le second système, au contraire* est
entièrement ofl*ensiT; il consiste à at-
taquer l'ennemi partout où on.pçut le
rencontrer, comme Frédéric le lit à
Lcuthen et à Torgau, Napoléon à
léna et à Ratisbonne^ les alliés a
Lépzig.
Le troisième système enGn , e$t en
quelque sorte un terme moyen. entre
les deux autres : il consi&t^ à choisir un
champ de bataille recop nu d'après tou-
tes les convenances siratégiquesî étales
avantages du terrain, ^ùn d'y ollendrè
Tennemi, et de choisir dans la journée
même le moment convenable pour
prendre Tiniliative et toii^ber sur son
adversaire avec toute chance ç|e sifc^
cèa. Les combinaisons de Napoléon à
GÉirimAUX
Rivpli et à Austerlitz, celles de Wel-
lington è Mont-Saint-Jean et dans U
plupart de ses batailles défensives en
Espagne, doivent, être rangées dans
cette classe^
;
II serait difficile de donner des rè-
gles ffxes pour déterminer l'empbi de
ces deux derniers systèmes, qui sont
les seuls convenables. Il faut avoir
égard à l'état moral dès troupes de
chaque parti, au caractère national
plus ou moins flegmatique ou impé-
tueux , enfin aux obstacles du terrain.
On voit donc que ces circonstances
peuvent seules diriger le génie d'un
général , et^ doit réduire ces vérités
aux trois points suivans :
!• Qu'avec des troupes aguerries et
dans un terrain ordinaire, l'offensive
absolue ou l'initiative d'attaque con-
vient toujours mieux;
2» Que dans les terrains d'un accès
difficile, soit par leur nature, soit par
d'autres causes, et avec des troupes
disciplinées et soumises , il est peut-
être plus convenable de laisser arriver
l'ennemi dans une position qu*on au-
rait reconnue, aOn de prendre ensuite
l'initiative sur lui lorsque ses troupes
seraient déjà épuisées par leurs pre-
miers efforts;
•
3» Que la aituation stratégique des
deux partis peut néanmoins exiger
quelquefois qu'on attaque de vive
force les positions de son adversaire,
sans s'arrêter a aucune considération
locale; telles sont, par exemple, les
circonstances où il importerait de pré-
venir la jonction des. deux armées en-
nemies, de tomber sur une partie d'ar-
mée détachée, ou sur un corps isolé
•Lesordrea^^iie batHiHe;XMi let»4i»*
posHfofls \€9 pittff eohtenftbiës pour
condùîre'le's troùpëi au coiiîbal , dof-
vent avoir pour but de leur proc^ro»
M L^ART Dfc
en même temps mobilité et solidité. Il
me poratt que, pour remplir ces deux
conditions, les troppes qui restent sur
la dérensive peuvent être en partie
déployées en colonnes, comme Tar-
mée russe à la batailles d'E) lau ; mais
les corps disposés pour Fattaque d*un
point décisif doivent être composés
e-
k^
LA gubbIui. 931
de deux lignes de bètifflons; cha-
que bataillon , au lieu d'être déployé;
serait formé en colonnes par divisions
de la manière suivante. (Une division
est de deux pelotons; ainsi le bâiaillon
étant de six compagnies, ou six pelo-
tons, aura trois divisions . ce qui , dani
le fait , le formera sur trois lignes.)
»
U'W*,
t^i *
i»
11'
10»
»
Cet ordre offre infiniment plus de so-
lidité qu'une ligne déployée, dont te
flottement empêche Timpulsion si né-
cessaire pour une seule attaque, et met
les officiers hors d'état d'enlever leoiv
troupes. Cependant, pour faciliter la
marche, pour éviter la' trop grande
profondeur de la masse, et pour aug-
menter an contraire le front, sans
nuire toutefois à la eonsistance; je crois
qu'il est convenable de placer l'infan-
terie snr deux rangs. Les bataillons se
trouveront ainsi plus mobiles, car la
marche du second rang, pressé entre
le premier et le troisième, est toujours
fatigante, flottante, et par conséquent
moins vive. Ils auront d'ailleurs tonte
la force désirabfe, puisque les trois di-
vi^ions ployées présenteront six rangs
en profondeur, re qui est ^lus que suf-
Osant. Enfin , le front , augmenté d'un
(1/ Oo«4lîlqtte.|ard WfiUnalMi camteUfit
presque umioart^ déployé; C(;U pent éUe yrjl
pour le» iroupcft qui devaient resler défcof ivcs,
■Mis pour Ici êilei oikmkvm et siaMBiivniiileK,
}e croif qu'il a dft tonner des eolonnes. Sa cai
ceamire» ee sérail la taie de ceai qui it le-
lien, offKra phM de fen, dans le cas
oè t'on tiendrait i s'en servir; et en
raAme temp» qu'il en imposera ëavan-
iage i l'ennemi , «n lui montrant ftas
de monde, il donnera moins de prise
i t'erUlterie.
Dans \^ terrains d'm diffleile •!>-
ces , comme ifignes , endos , jardins
et hauteurs encaissées» l'ordre de b»-
taillff défénsif doit être composé de ba-
taillons déployés sur deux rangs, et
converta par de nombreux pelotons 4e
tfraHYenrs. MaisMtrovped'attaqueaQasi
bien que lu réserve ne sauraient être
itiienx disposées qu'en cetonnea d*at-^
taque par le centre, comme nous l'en-
tons indiqué à l'article précédent ; car
la réserva, devant M^è prête à tombar
sur rennemi tu moment décisif, doit
le faire avee fbree et vfvadié, c'eat-*4-
dire en eoloanes (l).On peut néan-
raienl liiisé battre à forrei égales par uo syt-
tèmesemolabSe, car un générai ne pourrait rien
désirer de mieui qae d*avolr un ddveràaire qui
•>o servll toi^oun
J*eo appelle enrore une foU à ce lôjet ani
léoéraoi qii oat fili iei giandea gaerrei eonn
moins jla|9^r cette résenrç ep partje
déployée ]u8qu*a9 niçmenide donnef^
|fin que son étendue en impose à l'en-
Si I>rt de la guerre consiste ï
concerter un effort supérieur d'une
roasse contre les parties fjiibleâ, il ^^t
incontestablement nécessaire de poi^r
ser vivement une armée baiiue.
Lib fmve d'une armée consiste dans
son. organisa tion ^ dans J'ensembie tés-
Bultanlde la liaison de toutes les parr
tiea avec le point central qui les fait
mouvoir. Après une défaite, cet en-
semble n*existe plus; l'harmonie entre
la tète qui combine et les corpa.qui
doivent exécuter est détruite ; leurs
rapporta sont suspendus et presque
toujours rompus. L*armée entière est
«ne partie faiWe; l*ettaqoer, c'est im»-
•dier à an trtomplie certain. Queiks
preai^s de ces vérités ne trouvona^
ekiqs pas dans lajnarrhesur Rovf fedo,
•I les govgea de la Brenta« iiour acbe*-
ver la ruine de Wurmscr, dans la mar-
che d*Ulm satff yiifnne, dans celle; de
léoa sur WiUembeffg , Cu^n et Stet-
tîo ! Ceita maxime est souvent néglî-
fée par lea généraux médiocres* Il
semble que leui l'effort deleurgéni^
et le tcrao de leur ambition se lier«-
neot à gagner te champ de bsA^ille.
Cœ telle vktoire n'est guère qu'on
déplacement de-Uiiupea» sans utilité
céelle.
. Peur remise décisif ce cbpc mk-
pérfteur d'une masse* il fanit que k
général ne donne yas moins ^e soins
«a^Biocal 4e son arméOf A quoi servi-
rait» en eifet, que cinquante mille
hommes fussent mis en bataille devant
péeoDef. Àa reste, en donnant on ordre de
combat comme le plus avaniageui. ce n'est pat^
dire que toute vktoirè serait impossible, si on
oe I appliquait PM strictement: les localités, les
causes aéDëràfès, la rapèltoiilé dn nombre, le
tp
vingt mille^ s'ils manquent djs nqnri-
sion nécessaire pour enlever et cmba-
(er l'ennemi? Ce n'est pa^ seulenient
du soldat qu'il s'agît , c'est plus par-
tir^ilièrement encore de ceux qui doi-
vent le conduire. Toutes les troupes
sont braves Iprsque les chefs donnent
l'exemple d'upe noble émulutit^n et
d un beau dévouement. Il ne faut pas
qu'un soldat reste ^a feu par la çpinte
seule d'une discipline rigoureuse; il
faqt qu'il y coure par Tamour-propre
de ne pas céder à ses officiers en hon-
neur et en bravoure, et surtout parla
confipfce qu'on a^ifa su lui iftspîrer
dans la aagesse de ces chefs et dans te
Qoiirage de ses cofnpagnons d'arr»^.
Un général dt>it pouvoir compter
dans ses calculs sur le dévouement de
ses lîeutenaaa pov rhunnf^c des ar-
me^ nationales. U fant qu'il SQi| assuré
qu'.ujQ cbof; vigourem ait.lifHiti|if^^<M^
tàù, il ordi^noe qu'il en soit fait ^o. Le
fif eipier moyen de parvenir 4 ee Initi
As'est de se faire aimer^ a^timçr et
O'Widre; le secoi^d moyen est de re-
niettre efilf? Ipamfi4^4^>ce. général
le clioii^ et le sort 4<^ ses lieutenans.
&'ils sont parvenus ^ ce grade fv la
seul droii de l'aoçief^ieté, on peut dé-
cider d'avance qu*Us nç.pii^sçédefont
presque jamais les qualités nécessaires
pour en remplir )ea jpipvUnles foue-
ttons. Cette pirconstaoce. Kt^ p^^
taire manquer Iqseqtf^pf^esle?^ mieux
Cm voit , par cet exi^osé rfipide, que
la science de la guerre ^ compose de
trois /^Q^inaiaous générales, dont
chf^uqp ^'offre q^'un pçtit nombre
de subdivisions ou de chances d'exé-
ttof>m<iiimpeietabagftÉdwm.— ntdea
lidéranotosqui «ntreu aiMileii li9M4e
et . pour rtlsoBDtfr sur «néwsKlaM
Un» •dMHM -qM IMMt» <las ofeéMea su
#a4as.
il
iM
CUtiOQ. Les SQO)^ |^p(&r9tpf|9 RV^U^Htif
(jlicaliçp de qçs, trois -c(pl^.çajj^?.^
manenle du priocfpe icéuérai i^f|jî^'4^
igv*..h^.W, ;.,
M Rfciçl^ç dç ces aqm^it92vi»)94 e^
tion» de Igi, njapièrç I4 pjud ^xaQta:^
geu3e;c;p$t5^^'ojp goippjip çpffwu-
némen^ Qt 'H^pr^fir^nie^tm)^ plai) de
qipp4i(9e^.^,,ne VQiXpas en efiel ce
que rpA efilji»4 pjir pejUç f^éooinina-
jiiuii,.caf il f^iio)p(ji9$i^|e.d^ fujre.uii
piao génefift BQpr jtpute. upe, cpuipa-
Kne« 4<rpU^fr^;iV^( m»avçineqt peut
ren vcRjftT (,f i*J, 1 ^c<MifaAji)^e^ e^. dai>^
kq^e^ il ^fiH: jqMR9^i))içL 4^ ftrévftir
a(i-dik ^ di4 second oaouvefivçpt.
JLa 4^ux^^«}e br^jjch^ç jgîit l'art de
PQTt^ fiç» W"^^ )f^ piu^ rapi4einei^.t
inmip\^ fiif tft wott «làci^F 4(1^ to iiim^
^ Qpéwtloïf.primUiyjB» qp .de la ligi^t;
açcid^tçlVe. (^*e$( ce qu on eiUenU
KUtgaJr^m^ft jjar.flçitégie. M rtrivr
^^Ste. i\'ç9t qne )e lipoypp d'ex^uUon
de cette seçaudû4rQmb}qfH&0Ay po p
trouve les principes dans les chapitre^
•i^-f^entio^néf.
Ui itoiiifvm »W«»rt« firt l'art 4^
combiner Tçipplol fifflultaoé 4e sa plu?
grandetopse sqf (ç; pqiiU; le plHS iq^
portait d'm}^ Q^Anp^ dç^ .Mtei|l^.; c'e&t
propreimçat Tari di^ i^ov^b^U que plur
Aieurs attteivra.ootap|telé ordre de ba-
tiMUe« Qt qu/? fl'wtiiçs opt pré^té spos
le DOfD de Uctiqap*
yoil4.}il ici^iNf^ 4e > gDi^iDe fUi peu
jfp^ ^^rpUffVL ^ 9e^r^f(iM i d^^e^ g^rriii de
cette âpéce, ll^st difpci'e (fo «^um^ltre saiif le
dfYl«er; lartquoa veoi s**iiefbblér pmir çoa*
èattèe, êii Mr^m l 'j^rératoimifÎMieetevi^
«« I
«^
• 4*
4S'î»oJ? ; c'est pour #y«f wU»^ çç p*
UlnAnfbre deprinqpçiSjqijpJja^^énè-
r^uv.^Hiriçbien^ qi\\ jé^ tai.l4i^.4epHii
J7î)3 }iim]^ 180PsM§û5; c'jçjLïw I4
niÇ/i4î.ç.auîi|i quç;j^ Çéiï^flï^^ftanc^
avrienl perdu ta ^ejjjjqpfl ^ «93,
rAHe^gUe eq t796. ^'IJ^lie. cl It
8oua^)e pi? t799.,
Je. n'ai pas bçpfjin d*.9i)^rser «|.roe»
)l?fl/B«r)| q/ie je ij^'aj trajfé «Cl floe les
pyucipp^ relatifs, ^.V.«iflftloi^^.es tro^j
pes, 014 Içi partie |\uf.çm^pt «jilitairer;
d'aulref coiql|iiN|jiiOf)g.uoif. moîq^s iwr
P9r(Antes^ont in4j^De9sab]€;s pQuri)içD
conduire unQ^rfndejgpexjre, ipai^ elles
ajîpy^-iiennent i ^ science dc^gojwef;
fî^r tes. enipir.e%,^|iH/QWt j(m*j^ <;^llç 4e
j^rowander des armées. . '
. Pour.céwir: 4§ïw. 4e fra,nfjps .çntre-
Bf^ises, il imp<wr(e.,pftp,^çu|eKient dç
calcij^er*l*état re^ep^if des armées,
quHs eiu^ofe çpl^i^es moyens de se-
conde ligpcqjii dojv^U îi^rvir (îe ré-
serve çit reuîpkcei" les gerlcs de toute
espèce» ?in pçjfsônjael cl en tyiitCTieJ. Il
faut aussi savoir juger Tétat inlérieur
dçs pat\^f^,d*()prc$ ce qj^'ell^s auraient
déjà eq à soutenir antérieuren^ent , et
d'après^ la ^'tualioo relative de leurs
voisins. }1 n*e,st pas n^oins nécessaire
de mettre dans la balance les passions
des peuples, contre lesquels pn a àcom-
bfittrf^, leur$ ipsUtvitjona et rpit^ich&r
mpnt qu^ils ont pour elles. Il iaut cal-
culer aussj, la situation 4^^ provinces^
réioignemeçt j)e la puissance qu'on
yeut attaqu^r^t^r les 4é.^avpntage> ip
l'agresseqr se ogpiyplicot à ipesmfefqu'il
d*««air MMia»4i qpl lieiieli caÉupagNu^i
^s (jkrrj^n^^ aivi^M» doiveoi «lori. étfe
cornmaDdé^'ft par dés généraui instruits, boni
adiniiiMrit'eiirf, frrtnéf et )U»K8, parte qte<
tettrt liwVtaii^pMÉviol eêoMimr. UHêM i|oei
ftU
pRma^Bh ^skKÈMàxft
augmente lâ profondeur de sa ligne
d'opérations. Enfln il faut jager la na-
ture du pays dans lequel on va porter
la guerre, et la solidité des alliances
que l'on peut se ménager pour une
entreprise lointaine.
En un mot , il est indispensable de
connaître cette science, mélonge de po
litiquc, d'administration et de guerre,
dont Montesquieu a si bien posé les
bases dans son ouvrage sur les causes
de la grandeur et de la décadence des
Romains. Il serait difflcile de lui assi-
gner des régies Aies, et même des
principes généraux. L'histoire est la
seule école dans laquelle on puisse
trouver quelques bons préceptes, et il
est encore bien rare de rencontrer des
circonstances qui se ressemblent assez,
pour qu*on doive se régler, à une cer-
taine époque, sur ce qui aurait été fait
quelques siècles auparavant. Les pas-
sions des hommes influent trop sur
les évènemcns pour que les uns n'é-
chouent pas là même où d'autres ont
réussi.
Napoléon connaissait peut-être cette
science, mais son mépris pour les hon^
mes lui en a fait négliger rappitcation.
Ce n'est pas l'ignorance du sort de
Cambysc ou des légions de Yarus qui a
causé ses revers ; ce n'est pas non plus
l'oubli de la défaite de Crassus , du dé-
sastre de l'empereur Julien ou des ré-
sultats des croisades; c'est l'opinion
dans laquelle il était que son génie lui
assurait des moyens Incalculables de
supériorité, et que les ennemis au
contraire n'en avaient point. Il est
UmM d«4 falie des grandeurs pour
avoir oublié que l'esprit et la fbfce
de l'homme ont aussi leurs bornes, et
que plus les masses mises en mouve-
ment aonténorraes, plus le pouvoir du
génie «st'SobOMiwiné aux lois impres-
criptibles de la nature. Cette ^érM,
qui a été déniontrée par* tv;^ résultais
des affaires de la Katxbach, de I>en-
neiritz et de Leipzig même, ferait à
elle seule un sujet d'étude inté-
ressant
Il n'entre pas dans mon plan de ré-
péter ici les fi-êceptes importans que
Montesquieu 'et Machiavel nous ont
laissés sur ce grand art de diriger les
mouvemens des empirei; on retrou-
vera cependant , dans le cours de la
narration de ces campagnes célèbres,
quelques réflexions sur les changemens
que les guerres de la révolution ont ap-
portés dans les idées -sur rorganiaaUon
et le déplacement des forces nationa-
les, sur leur emploi et sur les suites qui
en résulteront probablement dans les
révolutions futures du corps politique.
Les armées ne sont plus composées
aujourd'hui de troupes recrutées vo-
lontairement du superflu d'une popu-
lation trop nombreuse; ce sont des
nations entières qtt*une loi appelle
aux arînes, qui ne se battent plus
pour une démarcation de frontières ,
mais en quelque sorte pour leur exi<t-
tence.
Cet état de choses nous rapproche
du troisième et du quatrième siècle,
en nous rappelant ces chocs de peu-
ples immenses qui se disputaient le
continent européen ; et si une législa-
tion et un droit public nouveaux ne
viennent pas mettre dés bornes à ces
levées en masse. Il est iiDpossible de
prévoir où ces ravages s'arrêteront. La
guerre deviendra Un fléau phis terrible
que jamais, car la population des na-
tions civilisées sera moîssiHinéQ, non
comme dans le moyen-4gè, afln de
résistera des peuples sautages, mais
pour le triste maintien d'une balance
politique, et afin, de savoir au bout
d'un siècle si telle province aura un
prflPM de Pirto; (te Wltisbuwrf ou de
DB l'art DB la GUBREB.
Ml
IHeiine, i|iii la gonvernerait d'après
les mêmes lois et les mêmes usages,
à fort peu de chose près.
Il serait bien temps néanmoins qne
les cabinets revinssent à des Idées plus
généreuses, et que le sang ne coulât
plus désormais que pour les grands in-
térêts du monde.
Si ce vœu , vraiment européen , doit
être relégué à côté des beaux rêves sur
la paix perpétuelle, déplorons les pe-
tites passions et les intérêts qui por-
tent les nations éclairées à s*égorger
plus impitoyablement que les bar-
bares ; déplorons ces progrès des arts
et des sciences morales ou politiques,
qui, loin de nous conduire au perfec-
tionnement de rétat social , semblent
nous destiner à revoir les siècles des
Huns, des Vandales, des Tartarea.
».• •-•
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TABLE DES MATIÈRES
GOKTENIIBS
DANS LE CINQUIÈME VOLUME.
FREDERIC II.
HISTOIRE DE MON TEMPS.
▲tu MM Apimnt»
Tl
iHTBOMcficr». '- Al*t ê9 là rnme i
U wÊùfi «e Frédério-Goillaame. ^
CariMre éêê prioeai ia l'Earopa»
de leort mloittret , da latin géôé-
raul. — Idéa de \énn twtê§,
de lêttiv rmdtfraet et de lêar i*-
flaatfaa dans lai ifTalrafl da TEaropa.
— État daa adlaneaf et det batthE-
artl. '^ Ce <(M donna llaa à la
* foem contra U malion d'Antrieha
CHAPITRE I.
Saiionfl da laira la f oaira à la raina
da OéÉtfvfadf Ha U aort da V^mt-
parenr Charlea YI. — Gampifna
d*hiTar an SUésia
CHAPITRE n.
Campagne da 1741. — Néfociationi
. éê pais. — Hommafa da Braalan.—
Eatonr à BaHili .
OHAPITMI m.
11
48
53
4UlaaM foiUiyai da la
€nam des Françaif et dea BaTâr
roif en Bohème. •— L'Eipagna le
déclara oonUd ÀlAWdbè. — Diète
de Tamplta. -^ MvalaiiiaD «■ Ma*
Dirariat néfoeiations. . •
69
^ Départ dn roi. — Ce «ni m paa-
la à Dratda , Praf ne et Olmota. •—
Néfociationt de Fiunar. — Ezpé*
diiions de MoraTia* Autriche et
Hongrie. — Négociaiiona de ianini*
— Blocoa da Bneg. — La rpi quiua
la Morafia et joint aon armée an
Bohême» à Cbrudim. -7 Ce qai la
patM en Morat ie après fon départ.
— Cliangemant de miniatèra à Lan*
dret. -> ^*égoci§tioB inCroatoeafa
da Chradim. qui fait prendra lapais
ti de décider i*irréiolution dea An-
par une bauille. . . .
qiAJPiTRE y. ,
ÉTènemenf qui précédent la bataille
de Choloaiu. — Diipoî.ition de la
bauilla. — Affaire de Sâhé. -M. de
Belle-laie rient an camp pruaaien ;
il part pour la Saxe. — Paix da
Blratlan. •....*•••
CBAPITBBTI.
De la paix. — Notideatlon aux altiéi.
— Guerre d'Italie. — Lea Haod-
Trieos joignait lea Aaglafi en Flan-
dre. ** Guerre de Fialanda. — Ga-
pilulatioo da Fredariehahaaun. •—
Le duc de Uoliteln appelé à la iuo-
oeaaion de ta 9uède. — Mailleboia
mdNiia^ av'mtiBama ^ ûe ut an Ba*
f ièn« ** ndf oalationf det Fraoçala
7i
•u
TABU DU MATlÉBBt.
st ADflaU à Mrtfa. *- tfèi^ntfBf^
Jafqa*à l'année 1743. ..... 92
CHAPITRE VII.
ÉTènemeni 4ei «nnëet 1743 et 1744.
et ce qoi précéda, la 4«efTft*dte
PruMieiis • • • . 100
CHAFITUB TIII.
Wégociationf de Tannée 1744. et eè
qa{ précéda la guerre que iaJ^raettt
entreprit contre la malkm^d'Aà-
iriehe
Campegnee d*llalie, en Flandre, eor le
Ehin, et enfin eelle du roi. . . •
CHAPITRE X.
Imi» ^Anlrichlenf font nne inTaaion
daoi Ta Banle^Slïéiie et dam lé com-
té de 0latk ; ili font repontiés [ter
le prince d'Anhalt et par le général
Lehwald. — Kégoclationi en Fran-
ee. — Mort de Charles TH. ^ In-
trifoet dei Françaii en 8aie. —
Anirea négociatloni ateo \tt Frtn-
çaii. ^ Négociation! avec les An-*
glalf podr la paii ; difficulté qu'y
met le traité de TanoTie. — L'An-
gleterre promet iet bone officee. ^
PréparatUii pour la câmptgne. <~ Le
115
124
rôi|»^rt ponr II ^ttéJe.' #* Le Jeone
électeur de Barièrerait/en 1745,1 a
paix de Fiiftsen avec l'Aotrlolke. . i46
CHAPITRE XI.
Gempâguo d'ftaU^*ti> Campagne de
Flandre. — Ce qui se passa sur le
Rhin. ~- Événemens qui précédè-
rent les opérations de Tannée 1745 1M
CHAPITRE XII.
BatlRle do trlidlierg. — liarcbe eo
Bohème ; ce qui s*y paasa. — Ba-
. tiiiUn de fiorr. — &f M^ ^1m trou-
.il^qASllMé... .il! . . . . IM
CHAPITRE Xin.
Rérolotion d*Écoaae» qni fhitqoitiar
HanoTre an roi d'Anglelerro, et
^filentit les négociations do la paix.
~ Dessein des Autrlt&ions A'iéb'
• /fienons aor Je 4lmndehoofg Édnin
▼eq|.miÇ9n4reéllfliifi«« ^Mllfi ««P^
seil des^mMstres. «n tse^ta^ mm
pagne. *- Le jrlaœ d*Aiil»nl|.rnSi-
semhie ton armée à UalU *-t I^ ra^
part^pour la ftilésia. — Eppédit'oa
de la Lnaace. -^ L^ prUwsp f^AjiMl^
marvlie à UaUsan. — Bataille de
Kaikalsdftrf. .- Pcipo da Piaede, -
MégpcAatia» ai «ipalMi^ da la
paU
*..
• 4
INSTRUCnON MILintRE DU ROI DE PRSSeB
9 ■
pouk SES ckitÉRAtix;
I / »• ; i
'. ; >
^J
BiTT ai cim nfiTBtrcTfOK. . . . tu
DitcovBs no aaiM «aretia à tes gé-
néraux, la teille de la bataille de
Torgau. 2l3
ARTICLB IH.
Desmapeapfitfsi^nnei^ de leurs dd* ^
fants et da tents araniagea. . . ."915
ARtiCLE II.
Pe la mhsiaiaBaa dee ipaapa» «i 4fii
•: Tifrea (feld^oommlsiaria^^ ; « « » tlT
.lABfftCLS/llL
Des TlreadlPTi , da> U^-tUft •fit #r-
rean^dé^yte .• . ;". . "î . -. M9
ARTICLE ly.
Des fawmegaadaa saa atan Yan> • ^.i^
• • • ' A«tlCtl! Y. •
Pa la oanaalÉiaaêa» da piya» , • .
TABLB DSft «ATitEBli.
946
m
%u
t»
251
ARTICLE Tl.
ARTICLE YIL
De là distribation dei troupes.
AETIGLB Vni.
Deioampt.
. AETICLE DL
CowMDt il ftioi aiturer ton
ARTICLE X.
Conment et par quelle raison 11 Ciiit
eoToyer des détachemens. . . •
ARTICLE XI.
Des straiacèmes et roses de gaerre. •
ARTICLE XII.
Des espions ; comment il faut s*en ser-
vir en tonte occasion, et de quelle
manière on peut avoir des Dentel-
les de Tennemi
ARTICLE XIII.
Dé certaines marques par lesquelles
on pent d^ouvrir Vintentloii ^
l'ennemi •^^
ARTICLE XIV.
De nos pays, des pays neutres, des
pays ennemis ; de la différence des
religions» et quelle conduite ces ob-
jets requièrent
ARTICLE XTC.
Des passages des rivières
ARTICLE XX.
r
Gomment il faut défendre le passage
des rivières.
ARTICLE XXI.
Dee iorprises des Tilles
ARTICLE XXIL
Des eombats et des bataiUet* . . •
ARTICLE XXUI.
Par quelle raison et comment il faut
livrer bauiUe
ARTICLE XXIT.
Des hasards et des aooidens imprévus
qui arrivent à la gnerre. ....
ARTICLE XXV.
9*il est absolument nécesiaire qu'un
général d'armée tienne conseil de
gnerre
ARTICLE XXVI.
Des maDOBUTtei d*une armée. . . .
ARTICLE XXVIL
Des quartiers d*hiver
ARTICLE XXVIII.
Des campagnes d'hlrer an partico-
UÊ
M
ta
ta
tlT
t59
ta
ARTICLE XV.
M tentée les iMf cbes Qu'une année
peut faire
ARTICLE XVL
Quelles précautions on prendra» dans
une retraite, contre les hussards et
lespandonrs
ARTICLE XVn.
De quelle saanière les troupes légères
pcvssiennes oombattront contre les
hoasards et les pandonrs . . • .
ARTICLE XVni.
Far quels monvemens on pentforeer
l'ennemi d'en faire aussi . • • •
t36
Uer
ta
t41
tu
nsTftucnoH secrète
DÉROBÉE A FRÉDÉRIC U,
LOI Di nossi.
Contenant les ordres secrets expédiée
aux officiers de son armée, partien-
lièrement à ceux de la cavalerie ,
pour se conduire en campagne ; tra-
duit de l'originel allemand, par le
prince de Ligne
PnÂFAcm DO WÀnncTBUB
ImnonucnoM ^9
Y.
%k6
GHAPiTEE l«r.
De» grtodet f ardef. ••••.. iti
CtlAI^ITRE tL
Dei patroniites et dei décoaTerlea. . $77
CHAPITRE m.
Dea patrouilles de nait t8S
CHAPITRE lY.
De la conduite de Toffloier à îio pwto
Sétachë. «è
tiHAprmÈ * .
De la oMidult» do roflBciflr lonq«il
feit euToyé pour faire dei ptiaon-
nien S87
CHAPITRE TL
Gftinment un offioler doit cttaqver
la caTalerie enoemie t88
CHAPITRE VIL
De la oondaiie d'un offidor eontro im
doiachemeat do hoaaarde égal M
TAfiLH: DfiS MATiEREl.
Pages, i
couTrir la Booondo lifao, • . •
CUAPITRB X.
sien
CHAPITRE YUL
De la oonduito d'an offiolor 4aBf iipo
graudo atuque
CHAPITRE IX.
De la oonduito d'un ofBoior fol éoit
Do la conduite que doit tenir oa o^
Ûcier lorsqu*il est au etfrdon, M
quand le oorptd'armdvfMiODBO. . 19i
CHAPITRE XL
Devoir d'un cfAcièr dJiMié avee
Tingt, tremo on qnaraaie hommea»
pour garder un village ûtué devant
le front on dàhi lé flanc d'une ar>
inee* •••* ••«•*•
CHAPITRE Xll.
Comment l'officier attaqnera un quar-
tier do huaiardi areo de la
rie
CHAPHRE XIII.
De Tatmqae d*nn qnwtier de
paniaat la nuit • . • •
ir
CHAPITRE xnr.
Gendoite de l'officier lonqe*U §&n
contr^aer W
CHAPITRB XT.
Dei plAoea d'alarme lot
CHAPITEB ttL
D« oéap-d*«iI mlUiiire IM
MÉMOIRES MIUTAIRES ET POUTIQUES
DD
.' -a:
LLOYl^,
VAUT D'amwMJcnoa
OIRE DE LA GUERRE EN ALLEMAGNE,
easxa tfc èoi d< pKoè&z nr LiMPiftAnact tr tts it^j^fc
mm
MftvacB BT HOTien aes ta ûtnktML
ILCYD
*
• 867
OUFITIB
IN» Il conj^M^n de« difféfeate»
Fagçi.
iii4m •DoîsDnef •! mod^roe».. • • 311
he U guerre en général 311
CHAPITRE II.
De la oMiposition d'aoe armée. • . 515
CHAPITRE ni.
DeUphalaoge 314
CHAPITRE lY.
m la légion. 316
CHAPITRE y.
JDf l'ordonnance des modernea. . • 317
CHAPITRE VI.
Dm avantagea et dea défaou de Tar-
aae à ieo et de Tarme blanche . .
CHAPITRE VII.
De la formation dea bataillona et dea
321
eaeadrona
3t3
CHAPITRE VIH.
De U cavalerie 3«ft
De Tordre dea bauiliea dea modernea. 327
MATIÈRES.
9^1
CHAPITRE IX.
PigeSh
1
Deaeription d*ane bataille. . . ,
. 310
CHAPITRE X
Nonrean ijatême
. ist
CHAPITRE XI.
De l'habillement dof ioldata. . .
. 335
CHAPITRE XII.
1^ armea dMensitea
. : &3I
CHAPITRE XIU.
De la formation des bataiHonÉ. <
1 . 836
CHAPITRE XIV.
De la cavalerie
. • 338
CHAPITRE XT.
De la formation de ('escadron.
. . SiO
CHAPITRE XVI.
De la conatitution d*nne armée. <
. . 541
GHAPltRE XVn.
De Tordre de bataille. . . . .
5ea
Réfleziona généralea . • . •
5av
DE L'ÉTAT ACTUEL
DE LA POLITIQUE
DE LA SCIENCE MILITAIRE
EN EUROPE,
Paa GUIBERT.
Pages.
wx HoncB gra «vibut bt
suB asa omrBAGBs 353
CHAPITRE «V^
Tablean de la poliliqne actuelle ; son
parallèle aveo celle dea anciens;
aea vicea ; obataclea qu'elle apporte
à la proapérité et à la grandeur des
peuples 357
CHAPITRE B.
Tableau de Tart de la guerre depaia
le commencement du monde. —
Situation aetoelle de cette aelenee
en Europe. — Son parallèle avee ee
tfff'elle fat autrefois. — Nécessité
du rapport des coostitntiona mill*
ta ires avec lea constitutions politl*
ques. — Vices de tous noa |0over*
948
TABLE DBS MATliRBS.
Page*.
oemeDS modernes sur cet objet. . 375
CHAPITRE m.
1>e rétat actael de la politique et de
la fclence militaire en Earope, suivi
de pensées détachées sur des objets
IntéreHani 386
CHAPITRE IV.
Système de goerre actoel , examiné
•ODS le rapport de la politique et de
Tadministration. — Qu'il serait im«
possible et même désayantageax de
le changer. — Que ce système, en
outre qo*il est plas parrait et plus
savant que tons ceux qui ont existé,
tat moins ruineux pour les peuples»
plus propre à entretenir la paix et
empêcher les conquêtes, les déyas-
tations et les grandes révolotiona
que la guerre entraînait antrefois 413
(ÈïtvaitB Hf €>utbf rt.
CONSIDÉRATIONS
SUR I.'ARTII.I.1IRXB.
PsiFAGB BT IfOTICB SUR «BlBBAUTAL. 431
CfOifsioÉ RATIONS SUR l'artillbbib. . 435
PAR GUIBERT.
CHAPITRE l«r.
De l>'»'UA]rto en général.— > Ses avan-
uges trop élerés par les nus» et trop
abaissés par les antres. ^ Son uti-
lité réelle
CHAPITRE n.
Constitution aetnelle de notre artill^
rie. — Parallèle de Tancien système
aTec le nouTeau.
CHAPITRE m.
InconTéniens d*nne artillarie trop
nombreuse
CHAPITRE IV.
Mnovemens de rartillerie ....
CHAPITRE V.
Exécution de Tartillerie
m
441
441
4a
CHAPITRE VI.
Rapport de la science des fortifications
avec la tactique et avec la g^oerre en
général.
...
4tt
CHAPITRE Vn.
Considérations générales. .
CHAPITRE Vin.
Ordonnance de Vinfanterie — Sa for-
mation. — Principes qui doiyent dé-
terminer l'une et l'autre ....
CHAPITRE IX.
Essai sur la tactique de la caTalerin .
CHAPITRE X.
Des ordres de bataille. — Ordre paral-
lèle, ordre oblique
CHAPITRE XI.
Rapport de la connaissance des ter-
rains avec la tactique.
441
411
474
• • .
414
CHAPITRE XU.
Snbsistanoes
«
TABLB JD£S MAT1£UES.
9'*i
DES CONNAISSANCES NÉCESSAIRES
A UN GÉNÉRAL EN CHEF D'ARMÉE,
Pwp le CSénëral C^mte de IiA€U£E CBS9A.C.
ÀTlt DM àMTKXmê, ......
Des oonnaiisanccf néceuairet à an gé*
Pagei.
485
nénl en chef d'armée 487
întendaDce miliuire 499
DE LA DÉFENSE DES PLACES FORTES,
OUTBJkGB COMPOSB
PAR ORDRE DE SA MAJESTE IMPÉRIALE ET ROYALE,
Pour rinstruclion des Elèves du corps du génie .
. ET PUBLIÉ EN 1810, PAR CARNOT,
▲HCnM OFTICIU DB Cl CORPS, AMClE!f MIIUSTOB DB LA GCSaBB,
BT DB LA LBGlOR-O'nOliKkBCa.
MBMBU SB lIoCSTITUT DB nUBCB
PbBFACB BT NOTICE SUR CARHOT. .
Db la DBFkNSB DBS PLACES VORTBS.
Objet et |»lan de cet ouvrage. . .
Pages.
499
. 503
Di u mm
DES PLACES FORTES.
* PBBniinB PART».
Que tout militaire, chargé delà défen-
se d'une place, doit être dans la ré-
sointioo de périr plutôt que de la
rendre.
CHAPITRE !•'.
L'obligation de défendre les places
fortes, jufqii'è la dernière eitré-
mité, est imposée par les lois de la
disoipline militaire. — Faussos ob-
Pages.
Jections contre ce principe. — Un
militaire n'est refponsable qfae de
l'exécution des ordres qu'il reçoit.
— Il ne lui appartient pas d'en eia-
mioer ni les motifs, ni les consé-
quences SOS
CHAPITRE II.
Obligation de défendre les places frè-
tes jusqu'à U dernière extréioiié,
conÛrméc par l'importance ds c&J
points militaires. -- Qud le» fort' -
rcsfie» ne se placent point au basau.
— Qu'elles forment un grand en-
semble, dont tontes les parties sont
liées entre elles, et avec le syetème
général de la guerre. — Que cet en-
semble peut être entièrement rom-
pu, les plus grands projets décon-
certés, et la sûreté de l'État com-
promise par la mauvaise défense
d'une seule forteresse 516
•M
CHAPITRE III.
rABI.E r>BS MATliRBS.
Pages. ,
Lm raonacei de l'ennemi, les bombar-
dement, les sarpri^es, les attaques
partielles, annoncent ordinairement
rimpaissance où il est de former
une attaque rtfg^uliére. — Tous ces
moyens doîTeot être repoussés atec
mépris
520
CHAPITRE ly.
81 nm plaee ne se défendait pas jus-
qa*à la dernière eitrémité, il serait
à peo près indifférent qu'elle fftt
bien on mal fortifiée. — Les diffi-
enltéf ffSelley ne cQmroencent qu*aq
fl40l9. -^ Les défenses des brèches,
étant l'opération la plus critique et
la pins meurtrière pour Tas^^iégeant,
est anssi \% pips capable de le rebv-
ter, et la plus décisive pour Thon- *
near de la garnison 525
CHAPITRE T.
Combien il est dangereux de laisser
parlar «onp au moral du soldat. — .
Pttissanoe de l'opinion dans une
place assiégée. - Ressort qu'impri-
me une généreuse résolution. —
— Découragemetit que produit la
jenle idée qu'il faut finir par se ren-
dre. -— Prodigieux effeis de Ten-
thouaiasme, de )a belle contenance
des oImIs, du dé»ir de la gloire, de
l'amoia de U puirie , des principes
religieux §30
CHAPITRE VI.
Absurdité des calculs par lesquels on
prétend déierminer la durée d'un
siège et en fixer le terme» — Con-
tradictions de ceux qui établissent
de semblables calcul*. — Ils sont
démentis par les faits les pins im-
portsns. — Ils ne tendent qu*i^ af-
faiblir l'énergie des défenseurs. . 53G
GHAPTTRE VU.
jPléees ofAeleDes relatives à l'objet
traité dans cette première partie. —
Non^ellas lettres-patentes délivréee
par 8a Majesté aux gouvertieura et
eommandena de plaeea. — Bnqvéïa
anr la ooaduite de eedx qui sont
prévepqa de les aTpir n^al ^Mi^
dues
Pi^BTIM.
CHAPITRE I^r.
Insirurtion pratique par l'exemple. —
Exemples tirés de I histoire an-
cienne. — Exemples tirés de Thia-
toire moderne
BxmeLBs nais m LhnsToiaa Amamni
Siég^ de S>r«cu&e par les Athéniens,
Tan 415 avant Jésus-Chrisl. . . .
Siège (i^ y^w pur ieji Romai«s, ifQ
ans ayant Jé^us-Christ
Siège de Tyr par Alexandre-le-Grand,
332 ans avant Jésus-Christ. . . .
Siège de Lil>bée par lea CartliatlPfi*»
l'an 24i avant Jésas-Christ . . .
Siège de Cartha-^e p&r les Romaina,
146 ans avant Jéçus Christ . . .
Siège de Numance par Scipion, 133
ans avant Jés JS-Christ
Sifige d'A|i;e par Jules-César, 52 ane
ayant Jésus-Christ
Siège de Paimyre par Aurélien , an
548
m
51S
574
S»
677
57$
#
864
27i .
ninpLBs nais na L*aiSToiRa Moonan.
Siège de Paris par lea Noraaanda. en
h85
Siège de Toulouse par Simon de Honl-
fort, en \t\l
Siège d'IIennebon par Charles de
Biais, en 1341
Rlocus de Calais par Edouard m, roi
d'Angleterre, en 1346
Siège de Rennes par les Anglais» en
1357
Siège d'Oileans p^r i«| Anglaia, ma
iiiS
Siège de Compiègne par lea ^TgVaitj.
en 1430
Siégea de Belgrade , 1 un par Amn-
rat II, en 1439, Tautre par Maho-
met U, en 1455
Siège de Beaavaia par Charles-la»
Hardi, duc de Qoujcgc^na, an 1489.
Siège de IMeuèrea pat l'amia dn
Charles-Quint, en 1590 . . .
8se
597
801
TJkBLB »» IIAT1BRI$.
èiégt d« Rhodet par les Ottomans» en
1521 «H
8i«fe de Marseille ^f l'améa de
Charles-Qoint,eii 15S4 614
Biége de Péronne par le oonle de Het-
saOf en 15Sb • 615
Siège de Landrecies par Temperear
Gharle»-Qnint, en 1543 615
«lëge d# IMt pat Cteitomnlat, en
165t 616
Siège de «elteper les Twet, en 4666. 6S6
Siège deTergoSs par les Flamands «
en 1679 6i0
Siège de Harlem par les fispegneit,
en 1573 666
Siège de Llvron par Saint-Lary-Belle-
garde en 1694. (it3
Siège de Leyde parles Espagnols, en
157t 643
Siège d'Anvers par les Espegnols, en
1584 *«
Atuqoe de Oiâleao-Beiiaud par Je
4oo de Mayenne, en 1589 . « . . 6r>0
Aiuqee de Quiiieb^of par l'evAiral de
Villsrs,en \tm 4r.O
Siège d*Ostende par les Espagnols, m
601 430
Siège de àloiuaubao par le. cennéla-
MedeLuynes, en 1621. * . . • 631
Siège de La JUcbeiie par i^nis XIII»
eul6i7 631
Siège de SaintrXean-de-Ldae, en 1636 633
Siège de Dôle par Henri II, ^riaeede
Coodè, en 16d6 633
Siège de Lèrida par le prinee de Coa-
dè, en 1647 #33
Siège de Candie par les X«reê> en
1667 » 636
Siège de Grare par lesHeilendals, en
1664- «37
#iège de Philipsbonrg per le piteee
de Bade, ee 1676. 636
Siège de Mastrichl par le priaee d*(K
renge, en 1676 640
Siège de Barcelone par le mafèeàai
Ber>\icki en17t3* «•«,«• 646
Siôge et blçoiis de Gdnee per tes An*
triebiens et par lee Anglais, en
1806(1) 64^
il) ▼♦«»• I •*
CHAPITRE II.
Pagat.
656
Reconnaissance que doivent faire mê-
me ea temps de piix. dé. )aur ar-
rirèe dans une place, les comman-
4ens et les offioiers du génie aux-
quels cette place est confiée. — Des
pr4>priété8 de celte place relatiye-
ment à robbemblc de la frontière.
— Dfl site. — De U for aie de< oa*
rrages et de leurs rapporis respec*
ti6i. >- Des bâtimeifs militeiree. . 644
CHAPITRE lit
De la place supposée en état de guerre.
^ Diêposâtîons défensives. — Du
personnel ( t du ^at licl nécissaiies
4 la défense. — €hitfiist> .. — Artil-
lerie. — Subsistances. — Approvi-
sionnemens de tous genres. . . .
CHAPITRE IV.
De ta mise eu état de siège. - Mesu-
res commandéei> par les ci rcons ten-
aces. — InTostis^eniont.— Ouverture
de la trauchr^e. - Défense éloignée.
Déft«n9e rapprochée
Couclusiou générale
MÉnoïKB AOoiTieNaKL, eà l'on pr»-
po(»e une nuuvelie m«Mière de dé*
feiidre les pLceb; par Carnot. • .
Mbmoirb sua la fort i fi cation »bi-
MiTiVE, pour servir de suite au
Traité delà défeuhe des places for-
tes; par Camot
Discours prèljmiraire du traita ^n
LA DÉFBPfSB DBS PLACES FORTES . .
MÈMOIBB SUE LA ¥ORTIPlCATtOlf PM-
MiTiTE, pour servir de suite an
Traité de la défense des places for-
test par Carnot ....«.«
tr
666
665
666
667
De la fortUkwtion primitite en
rai ,
6 11.
Application des principes exposés dans
le paragraphe précédent, à l'amè-
Horation des système» bastionnès. •
766
755
«~. .^
TABLB DES MATIBBBS.
JOURNAL
DES OPÉRATIONS MILITAIRES
DU SIÉGB ET DU BLOCUS DE GÉIŒ8,
COUP-D'CEn. SIJR LA SITUATION DE L'ARMËE D'ITÂUE,
Dl^OIt &■ MOMBIIT
OU Ll GIllàSAL «ASSftlCA IH VmiT !•■ €01
jusqu'au blocus»
ACCOMPAGNÉ DE PLUSIEURS TABLEAUX
6t d'une Carie de la Place et des enviroiu de U Plaeo ,
Ptor Pau& THIEBAULT, Général de Brigade.
p««».
Pi*VAe« ar vonct sur le général
Tbféb«iilt . • . . ....
Lettre do féDéral en chef Masséoa an
dtoyen Paal Thiébaolt, général de
brigade
Coop-é'flBil snr le sitoalion de Varmée
d'Italie, depuis le moment oà le gé-
néral Masiéna en prit le comman-
dement Jnsqa'ao blocas de Gènes.
751
759
761
jouavAx
MS OPlRATIONS IIUTAIRIS
nu
SiteE ET DU BLOCUS DE GENES.
aeprite des hostilités, le 15 germinal
an Ylli (1S00)
Attaque de Monte-Cornna ; reprise
de Monte-CaUo par les assiégés;
altefne snr Savone par le général
antrichien Mêlas. — Occupation de
Monte Faocio par rennemi — Re-
prise de Monte-Faccio, Borgo di
Fornarl, Satignole et Gasella par le
général Msi^séna
Dispositions ponr la défense de Gènes.
7U7
771
ManoDUTTes autour de Gènes. 775
Le lieutenant-général d'armée Soute
marche au secours de la Tille. . . 777
CombaU i la Verreira, i Voliry, i la
Polcérera» à Salnt-Pierre-d*Aréna,
i RWarolo. — Reprise de Monte-
Rati 78&
Proclamation du général en chef Mas-
séna aux babitans de Gènes . . . 790
Attaque de la position les Detus-/^.
ru par le lieuienant-général SooU. '7^4
Mou ve mens sur Qnerii par les adju-
dant-généraux Tbiébault et An-
drieux 795
Brillans résultats de la Journée du 11
floréal 796
Beaux monremens du lieutenant-gé-
néral SouU. du général Miolis sur
Nerri, Monte-Faccio. — Leur ren-
trée à Gènes avec quinze cents pri-
sonniers ^ffi
Combats acharnés autour de Gènes. • 806
Bombardement de la -ville par les for-
cps de mer des Anglais et des Na-
politaine gQg
Première décade de prairial. — La
famine, les maladies désolent In
ville. >— La garnison réduite i troia
et à deux oiicoa par Jonr d*ane exé-
crable composition qui remplaçeil
le pain
TABIJB DES MATliuS.
Pagei.
N éfodadODt poor TéTacoation de Gè-
811
Le fénéni en ehef refue lee oondi-
Pat» 1.
don» offertes |N>ur la caféUtdaHon
de Géoes ; il oonseot i Vàwtmation
de la Tille ... 814
EXTRAITS DE JOMINI.
PRECIS DE UART DE LA GUERRE,
00
NOUVEAU TABLEAU ANALYTIQUE
DES PEINCIPALES COMBINAISONS DB LA STRATÉGIE, D£ LA G&ANDc TACTIQUE,
ET DE LA POLITIQUE MILITAIRE,
Par le Baron de jrOIUlllI^
eôfaui. « ciuF, AiDi-DB-CAVPHiiiiiaAi. m B. M. L*BiimBijm wê Toim» un m
ROGVELLS EDITION CdSIlÉRABIZUENT AUlafENTiK.
PlCM.
Notice sub lb eiifftBAL iOMiifi et sue
tBSOQVBAGES 821
DE liA STR JlTÉCSIE.
Déflaition et principe foodamental. . 825
Do principe fondamental de la
guerre 828
Du système des opérations .... 829
Des bases d'opérations 854
Des poinu et lignes stratégiques ; des
points décisifs du théâtre de la
guerre et des objectifs d'opérations 840
Des poinu olyfectifs 842
Des fronts d'opérations, des fronts
stratégiques , des lignes de défense
et des positions stratégiques. . . 845
Des lignes de défense 848
Des positions stratégiques 849
CombinaisoDS stratégiques ; du eboix
Pages,
et de la direction des lignes d'opé-
rations 852
Maiime» sur les lignes d'opérations. 855
Des moyens d'assurer les lignes d'opé-
rations par des bases passagèree ou
des réserTes stratégiques • . • 865
Des réserres stratégiques. . . . 863
De l'ancien système des fnerret ée
positions « et do système aetael dee
marches 865
DES FRONTIÈRES,
ET DE LEUR OÉrEmHB
WàM LBi FOBTBBBSSBS OU BAB BBS UeilJ
BBTBÂHGUkBS.
De la guerre de siège .
Résumé de la stratégie.
• • • •
• •
870
875
»S4
Dt la fraudé tactique M des batafllei. 878
Hm poiitidnl et btft«lll«t dërensWet. . 879
htê biuflieg offimsifes et des diffé»*
rcni ordres de bâtai Ue 88t
Des dÎTersioDs et grand» décachemens 887
Des passages de rivières et de flenyes. 880
Des retraites et des poursuites . . . 88S
Sur la logistique, ou art pratique de
kiouToir les armées 881
Des recoDuaissaDies et antres moyens
de bien apprcoier les mouYemens
de l'enoemi
Formation des troopes pour aller au
combat, et de l'emploi particulier
combiné des trois armes
Do placement des troopes dans la U-
f ne de bataille. .••*«••
Ha la formation t^. de l'emploi de la
tàMiM ùitÊ HjoÉÈÊà:
Mi
Di la cavalerie* •••••••
De remplet éa F taierie> . . • «
De remploi eemJbiiié daa tioia araMa.
Côièioiion
884
9a8
EXPOSÉ
MBI nmClPKS GENERAUX
de
L'ART DE LA GUERRE.
Dae ffrandes Opérations miliuiras.far
FIN DK LA TABLE.